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ŒUVRES
COMPLÈTES
DE
M. DE MONTESQUIEU.
TO M. II.
DES
LOIS.
DE
L'ESPRIT
DES LOIS.
NOUVELLE EDITION ,
TOME SECON D.
M. DCC. LXXXIV.
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TIT
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31 JUL 265
RD
OF OXFO
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RAR
LIB
DE L'ESPRIT
DES
LOIS.
Tom. II.
DE
L'ESPRIT
DES LOIS.
LIVRE X.
CHAPITRE PREMIER,
De la force offenfive.
MA
CHAPITRE II.
De la guerre.
CHAPITRE III.
Du droit de conquête.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
R
LO 1:
ST
RD
LO
FO
LIV. X. CHAP. VI. II
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VII. .
Continuation du mêmeſujet.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
1
D'une monarchie qui conquiert autour d'elle.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
B
J
18 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XIII.
CHARLES XII.
CHAPITRE XIV.
ALEXANDRE.
(b) Ibid.
Ibid.
Ibid. liv. III,
22 DE L'ESPRIT DES LOIS ;
C'eft ainfi qu'il fit fes conquêtes : voyons com
ment il les conferva.
Il réſiſta à ceux qui vouloient qu'il traitât [e].
les Grecs comme maîtres , & les Perfes comme
efclaves : il ne fongea qu'à unir les deux na
tions , & à faire perdre les diftinctions du peuple
conquérant & du peuple vaincu : il abandonna
après la conquête , tous les préjugés qui lui
avoient fervi à la faire : il prit les mœurs des Per
fes , pour ne pas défoler les Perfes , en leur faiſant
prendre les moeurs des Grecs ; c'eſt ce qui fit
qu'il marqua tant de refpect pour la femme &
pour la mere de Darius , & qu'il montra tant de
continence. Qu'est-ce que ce conquérant , qui eft
pleuré de tous les peuples qu'il a foumis ? Qu'eft
ce que cet ufurpateur , fur la mort duquel la fa
mille qu'il a renversée du trône , verſe des lar
mes ? C'eſt un trait de cette vie , dont les hifto
riens ne nous difent pas que quelqu'autre con
quérant puiffe fe vanter.
Rien n'affermit plus une conquête , que l'u
nion qui fe fait des deux peuples par les ma
riages. Alexandre prit des femmes de la nation
qu'il avoit vaincue ; il voulut que ceux de fa
cour [f] en priffent auffi ; le refte des Macédo
niens fuivit cet exemple. Les Francs & les
Bourguignons (g) permirent ces mariages les
Wifigoths les défendirent [4] en Eſpagne , &
(m)Ibid.
(n) Abid. lib. VIL
sées
LIV. X. CHAP. XIV. 25
rées plutôt comme des malheurs , que comme
des chofes qui lui fuffent propres ; de forte que
la poftérité trouve la beauté de fon ame prefque
à côté de fes emportemens & de fes foibleffes ;
de forte qu'il fallut le plaindre , & qu'il n'étoit plus
poffible de le haïr.
Je vais le comparer à Céfar : Quand Cefar
voulut imiter les Rois d'Afie , il défefpéra les
Romains pour une choſe de pure oftentation ;
quand Alexandre voulut imiter les Rois d'Afie ,
il fit une choſe qui entroit dans le plan de ſa con
quête.
CHAPITRE XV.
CHAPITRE XV I.
CHAPITRE XVII.
C 2
28 DE L'ESPRIT DES LOIS ;
LIVRE XI.
CHAPITRE PREMIER.
Idée générale.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV,
|
Liv. XI. CHAP. IV. 31
nelle , que tout homme qui a du pouvoir eft porté
à en abuſer ; il va jufqu'à ce qu'il trouve des
limites.Qui le diroit ! la vertu même a beſoin de
limites.
Pour qu'on ne puiffe abuſer du pouvoir , il
faut que , par la difpofition des chofes , le pou
voir arrête le pouvoir. Une conftitution peut
être telle , que perfonne ne fera contraint de
faire les chofes auxquelles la loi ne l'oblige
pas , & à ne point faire celles que la loi lui
permet.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
De la conftitution d'Angleterre.
(a) A Venife.
LIV. XI. CAAP. VI. 35
formés par des magiftrats du même corps ; ce
qui ne fait guere qu'une même puiffance.
La puiflance de juger ne doit pas être don
née à un fénat permanent , mais exercée par
des perfonnes tirées du corps du peuple (b) ,
1 dans certains temps de l'année , de la maniere
prefcrite par la loi , pour former un tribunal
qui ne dure qu'autant que la néceffité le re
quiert.
De cette façon , la puiffance de juger , fi ter
rible parmi les hommes , n'étant attachée ni à
un certain état , ni à une certaine profeffion ,
devient pour ainfi dire invifible & nulle. On
n'a point continuellement des juges devant les
yeux , & l'on craint la magiftrature & non pas
les magiftrats.
Il faut même que , dans les grandes accuſa
tions , le criminel , concurremment avec la loi ,
fe choififfe des juges ; ou du moins qu'il en
puiffe récufer un fi grand nombre , que ceux
qui reftent , foient ceniés être de fon choix.
Les deux autres pouvoirs pourroient plutôt
être donnés à des magiftrats , ou à des corps
permanens ; parce qu'ils ne s'exercent fur aucun
particulier , n'étant l'un , que la volonté géné
rale de l'état , & l'autre , que l'exécution de cette
volonté générale.
Mais files tribunaux ne doivent pas être fixes ,
les jugemens doivent l'être à un tel point , qu'ils
ne foient jamais qu'un texte précis de la loi. S'ils
étoient une opinion particuliere du juge , on
vivroit dans la fociété , fans favoir précisément
les engagemens que l'on y contracte.
CHAPITRE VIL
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX.
L'EMBAR
' EMBARRAS d'Ariftote paroît viſiblement ,
quand il traite de la monarchie [4]. Il en établit
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
E3
54 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
CHAPITRE XIV.
QUUATRE
A chofes choquoient principalement la
liberté de Rome. Les patriciens obtenoient
feuls tous les emplois facrés , politiques , civils
& militaires ; on avoit attaché au confulat un
pouvoir exorbitant ; on faifoit des outrages au
peuple ; enfin on ne lui laiffoit prefqu'aucune
influence dans les fuffrages. Ce furent ces quatre
abus que le peuple corrigea.
1º. Il fit établir , qu'il y auroit des magiftra
tures , où les plébéïens pourroient prétendre ; &
il obtint peu à peu qu'il auroit part à toutes ex
cepté à celle d'entre-roi.
2º. On décompofa le confulat , & on en
forma plufieurs magiftratures . On créa des pré
teurs [a] , à qui on donna la puiſſance de juger
les affaires privées ; on nomma des quefteurs (b) ,
pour faire juger les crimes publics ; on établit des
édiles , à qui on donna la police ; on fit des tré
foriers (e) , qui eurent l'adminiſtration des deniers
publics : enfin , par la création des cenfeurs , on
ôta aux confuls cette partie de la puiffance lé
giflative qui regle les mœurs des citoyens & la
*
62 DE L'ESPRIT DES Lois ,
CHAPITRE XV.
1
LIV. XI. CHAP . XV. 63
voir politique & militaire , que par la connoif
fance des affaires civiles ; & qui dans les circonf
tances de ces temps- là avoient befoin au- dedans
de la lâcheté des citoyens , pour qu'ils fe laiffaffent
gouverner , & de leur courage au-dehors , pour
les défendre ?
Le fpectacle de la mort de Virginie , immolée
par fon pere à la pudeur & à la liberté , fit éva
nouir la puiffance des décemvirs. Chacun fe
trouva libre , parce que chacun fut offenfé : tout le
monde devint citoyen , parce que tout le monde
ſe trouva pere. Le fénat & le peuple rentrerent
dans une liberté qui avoit été confiée à des ty
rans ridicules.
Le peuple Romain , plus qu'un autre , s'émou
voit par les fpectacles. Celui du corps ſanglant de
Lucrece fit finir la royauté Le débiteur , qui parut
fur la place couvert de plaies , fit changer la
forme de la république. La vue de Virginie fit
chaffer les décemvirs. Pour faire condamner
Manlius , il fallut ôter au peuple la vue du capi
tole. La robe fanglante de Céfar remit Rome dans
la fervitude.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII.
F2
68 DE L'ESPRIT DES Lois ,
CHAPITRE XVIII.
.
De la puiſſance de juger dans le gouvernement
de Rome.
Album judicium.
» Nos ancêtres n'ont pas voulu , dit Cicéron ,
» pro Cluentio , qu'un homme dont les parties ne ſe
» roient pas convenues , pût être juge , non- feule
» ment de la réputation d'un citoyen , mais même de
la moindre affaire pécuniaire ",
(g) Voyez , dans les fragmens de la loi Servilienne ,
! de la Cornélienne & autres , de quelle maniere ces
lois donnoient des juges dans ' es crimes qu'elles fe
propofoient de punir . Souvent ils étoient pris par
choix , quelquefois par le fort , ou enfin par le fort
mêlé avec le choix.
(h) Séneque , de benef. liv. III . chap vII. in fine.
(i) Voyez Quintilien , liv. IV. p. 54 in-fol. édit de
Paris , 1541 .
(k) Leg. 2. §. 24. ff de orig. jur. Des magistrats ap
70 DE L'ESPRIT DES LOIS,
Les Rois le réferverent le jugement des affai→
res criminelles , & les confuls leur fuccéderent en
cela. Ce fut en conféquence de cette autorité que
le conful Brutus fit mourir fes enfans & tous
ceux qui avoient conjuré pour les Tarquins. Ce
pouvoir étoit exorbitant. Les confuls ayant déjà
la puiffance militaire , ils en portoient l'exer
cice même dans les affaires de la ville ; & leurs
procédés dépouillés des formes de la juſtice ,
étoient des actions violentes , plutôt que des ju→
gemens.
Cela fit faire la loi Valérienne , qui permit
d'appeller au peuple de toutes les ordonnances
des confuls qui mettoient en péril la vie d'un
citoyen. Les confuls ne purent plus prononcer
une peine capitale contre un citoyen Romain
que par la volonté du peuple (1).
On voit dans la premiere conjuration pour le
retour des Tarquins , que le conful Brutus juge
les coupables ; dans la feconde , on affemble le
fénat & les comices pour juger (m).
Les lois qu'on appella facrées donnerent aux
plébéïens des tribuns , qui formerent un corps
qui eut d'abord des prétentions immenfes. On
ne fait quelle fut plus grande , ou dans les plé
béïens la lâche hardieffe de demander , ou dans
le fénat la condefcendance & la facilité d'accor
der. La loi Valérienne avoit permis les appels
au peuple ; c'est- à-dire , au peuple compofé de
1
Liv. XI. CHA P. XVIII . 77
ou voulût s'oppoſer à ce défordre , & qui osât
punir ces eſclaves , parce qu'ils appartenoient
aux chevaliers qui avoient à Rome les juge
mens [ e] . Ce fut pourtant une des caufes de la
guerre des efclaves. Je ne dirai qu'un mot : Une
profeffion qui n'a ni ne peut avoir d'objet que
le gain; une profeffion qui demandoit toujours ,
& à qui on ne demandoit rien ; une profeffion
fourde & inexorable , qui appauvriffoit les ri
cheffes & la mifere même , ne devoit point avoir
à Rome les jugemens.
CHAPITRE XIX.
CHAPITRE XX.
Fin de ce Livre.
€+
LIVRE XII.
CHAPITRE PREMIER.
Idée de ce Livre.
CHAPITRE II.
De la liberté du citoyen.
CHAPITRE III.
Continuation du mêmeſujet.
CHAPITRE IV.
(a) Saint Louis fit des lois fioutrées contre ceux qui
juroient , que le pape fe crut obligé de l'en avertir,
Ce prince modéra fon zèle , & adoucit fes lois. Voyez
fes ordonnances..
86 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
qui fait la mefure & le temps de fes vengean
ces. Que fi , confondant les chofes , le magiftrat
recherche auffi le facrilege caché , il porte une
inquifition fur un genre d'action où elle n'eſt
· point néceſſaire : il détruit la liberté des citoyens
en armant contr'eux le zèle des confciences ti
mides , & celui des confciences hardies.
Le mal eft venu de cette idée , qu'il faut ven▾
ger la divinité. Mais il faut faire honorer la di
vinité , & ne la venger jamais. En effet , fi l'on
fe conduifoit par cette derniere idée , quelle fe
roit la fin des fupplices ? Si les lois des hom
mes ont à venger un être infini , elles fe régle
ront ſur ſon infinité , & non pas fur les fóibleſ
fes , fur les ignorances , fur les caprices de la
nature humaine.
Un hiftorien (a) de Provence rapporte un
fait qui nous peint très bien ce que peut pro
duire fur des efprits foibles , cette idée de ven
ger la divinité. Un Juif, accufé d'avoir blaſphê
mé contre la fainte Vierge , fut condamné à
être écorché. Des chevaliers mafqués , le cou
teau à la main , monterent fur l'échafaud , & en
chafferent l'exécuteur , pour venger eux-mêmes
l'honneur de la fainte Vierge.... Je ne veux point
prévenir les réflexions du lecteur.
La feconde claffe , eft des crimes qui font con
tre les mœurs. Telles font la violation de la con
tinence publique ou particuliere : c'eſt- à- dire "
de la police fur la maniere dont on doit jouir des
plaifirs attachés à l'ufage des fens & à l'union
des corps. Les peines de ces crimes doivent en
core être tirées de la nature de la choſe : la pri
4
LIV. XII. CA A P. IV. 87
vation des avantages que la fociété a attachés à
la pureté des mœurs , les amendes , la honte "
la contrainte de fa cacher , l'infamie publique ,9
l'expulfion hors de la ville & de la fociété ; en
fin toutes les peines qui font de la jurifdiction
correctionnelle , fuffifent pour réprimer la témé
rité des deux fexes. En effet , ces chofes font
moins fondées fur la méchanceté , que fur l'ou
bli ou le mépris de foi- même.
Il n'eft ici queftion que des crimes qui inté
reffent uniquement les mœurs , non de ceux qui
choquent auffi la fureté publique , tels que l'en
levement & le viol , qui font de la quatrieme
eſpece.
Les crimes de la troifieme claffe , font ceux
qui choquent la tranquillité des citoyens : Et les
peines en doivent être tirées de la nature de la
chofe , & fe rapporter à cette tranquillité ;
comme la privation , l'exil , les corrections , &
autres peines qui ramenent les efprits inquiets ,
& les font rentrer dans l'ordre établi.
Je reftreins les crimes contre la tranquillité ,
aux chofes qui contiennent une fimple léfion de
police car celles qui , troublant la tranquillité ,
attaquent en même temps la sûreté , doivent
être mifes dans la quatrieme claffe.
Les peines de ces derniers crimes , font ce
qu'on appelle des fupplices. C'eft une espece de
talion , qui fait que la fociété refuſe la fureté a
un citoyen qui en a privé , ou qui a voulu en
priver un autre. Cette peine eft tirée de la nature
de la chofe , puiſée dans la raiſon , & dans les
fources du bien & du mal. Un citoyen mérite
la mort , lorsqu'il a violé la fureté au point qu'il
a ôté la vie , ou qu'il a entrepris de l'ôter. Cette
peine de mort eſt comme le remede de la fociété
88 DE L'ESPRIT DES LOIS , I
CHAPITRE V.
CHAPITRE VL
D
CHAPITRE VII.
Du crime de lèfe-majeſté.
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX.
(e) Ibid.
(f) Aliudve quid fimile admiferint. Leg. 6. ff. að
leg. Jul maj.
(g) Dans la loi derniere au ff. ad leg Jul, de adul
teriis.
CHAP .
LIV. XII. CHA P. IX. 97
CHAPITRE X.
CHAPITRE XL
Des pensées.
C
UN N Marfias fongea qu'il coupoit la gorge à
Denys [a ]. Celui - ci le fit mourir , difant qu'il
n'y auroit pas fongé la nuit , s'il n'y eût penfé
3 le jour. C'étoit une grande tyrannie : car, quand
même il y auroit penfé , il n'avoit pas attenté [b].
Les lois ne fe chargent de punir que les actions
extérieures .
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
Des écrits.
13
102 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
K
*
I
N
R
LO
S
T
I 4
D
OXFOR
104 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII.
CHAPITRE XVIÌI
1
LIV. XII. CHAP. XVIII. 107
milles. Leurs républiques en furent ébranlées ;
l'exil ou le retour des exilés furent toujours des
époques qui marquerent le changement de la
conftitution.
Les Romains furent plus fages. Lorfque Caffius
fut condamné pour avoir afpiré à la tyrannie ,
on mit en queſtion fi l'on feroit mourir ſes en
fans : ils ne furent condamnés à aucune peine.
» Ceux qui ont voulu , dit Denys d'Halicarnaffe
" (c) , changer cette loi à la fin de la guerre des
2 » Marfes & de la guerre civile , & exclure des
» charges les enfans des profcrits par Sylla ,
» font bien criminels «<,
On voit dans les guerres de Marius & de
Sylla , jufqu'à quel point les ames , chez les Ro
mains , s'étoient peu -à- peu dépravées. Des cho
fes fi funeftes firent croire qu'on ne les rever
roit plus. Mais fous les triumvirs , on voulut
être plus cruel , & le paroître moins on eft
défolé de voir les fophifmes qu'employa la cruau
té. On trouve dans Appien (d) la formule des
profcriptions. Vous diriez qu'on n'y a d'autre
objet que le bien de la république , tant on y
parle de fang froid , tant on y montre d'avan
tages , tant les moyens que l'on prend font pré
férables à d'autres , tant les riches font en sûre
té , tant le bas peuple fera tranquille , tant on
craint de mettre en danger la vie des citoyens ,
tant on veut appaifer les foldats , tant enfin on
fera heureux [e]..
Rome étoit inondée de fang , quand Lepidus
CHAPITRE XIX.
T
(f) Sacris & epulis dent hunc diem : qui fecùs faxit,
inter profcriptos efto.
(4) Il ne fuffit pas , dans les tribunaux du royau
me , qu'il y ait une preuve telle que les Juges foient
convaincus ; il faut encore que cette preuve foit for
melle , c'eft- à-dire , légale ; & la loi demande qu'il y
ait deux témoins contre l'accufé : une autre preuve
ne fuffiroit pas. Or , fi un homme préfumé coupable
de ce qu'on appelle haut crime , avoit trouvé le moyen
d'écarter les témoins , de forte qu'il fût impoffible de
le faire condamner par la loi , on pourroit porter
contre lui un bill particulier d'atteindre ; c'est- à- dire ,
faire une loi finguliere fur fa perfonne. On y pro
cede comme pour tous les autres bills : il faut qu'il
paffe dans deux chambres , & que le roi y donne fon
confentement ; fans quoi , il n'y a point de bill , c'eft
à-dire , de jugement. L'accufé peut faire parler fes
avocats contre le bill; & on peut parler dans la cham
bre pour le bill.
(b) Legem defingulari aliquo ne rogato , nifi fex mil
LIV. XII. CHAP. XIX. 109
faites par le fuffrage de fix mille citoyens. Ils fe
rapportent à ces lois qu'on faifoit à Rome contre
des citoyens particuliers , & qu'on appelloit pri
vileges [c]. Elles ne fe faifoient que dans les
grands états du peuple. Mais de quelque maniere
que le peuple les donne , Cicéron veut qu'on
les aboliffe , parce que la force de la loi ne
confifte qu'en ce qu'elle ftatue fur tout le mon
de (d). J'avoue pourtant que l'ufage des peu
ples les plus libres qui aient jamais été fur la
terre , me fait croire qu'il y a des cas où il faut
mettre pour un moment un voile fur la liberté ,
comme l'on cache les ftatues des dieux.
13
CHAPITRE XX.
CHAPITRE XXI.
CHAP.
LIV. XII. CHA P. XXII. 113
CHAPITRE XXII.
CHAPITRE XXIII.
CHAPITRE XXIV.
CHAPITRE XXV.
€ 66
CHAPITRE XXVI.
CHAPITRE XXVII.
CHAPITRE XXVIII.
CHAPITRE XXIX.
CHAP.
i
LIV. XII. CHAP. XXX. 112
CHAPITRE XXX .
*
XX
LIV. XIII, CHAP. I 123
SENSTEY
pech
LIVRE XIII.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II
CHAPITRE III.
L'ESC
L'ESCLAVAG
LAVAGE de la glebe s'établit quelquefois
après une conquête. Dans ce cas l'esclave qui
cultive doit être le colon-partiaire du maître. Il
n'y a qu'une fociété de perte & de gain qui puifle
réconcilier ceux qui font deftinés à travailler ,
avec ceux qui font deſtinés à jouir.
L3
126 DE L'ESPRIT DES LOTS ;
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
Plutarque.
(a) C'eft ce qui fit faire à Charlemagne fes belles
inftitutions là-deffus. Voyez le liv. V. des capitulai
res, art. 303.
Liv. XIII. CHAP. V. 127
taire. Mais s'il veut lever des tributs en argent
fur les eſclaves de fa nobleffe , il faut que le Sei
gneur foit garant [ 6 ] du tribut , qu'il le paye
Pour les efclaves & le reprenne fur eux : & fi
Ï'on ne fuit pas cette regle , le Seigneur & ceux
qui levent les revenus du Prince vexeront l'ef
clave tour-à-tour , & le reprendront l'un après
l'autre , jufqu'à ce qu'il périffe de mifere , ou fuie
dans les bois.
CHAPITRE VI.
L4
128 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE VII.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XIL
"
LIV. XIII. CHAP. XII. 134
pays , en Angleterre , en Hollande , & dans tous
les états où la liberté va fe dégradant , jufqu'en
Turquie. La Suiffe femble y déroger , parce qu'on
n'y paye point de tributs : mais on en fait la
raifon particuliere , & même elle confirme ce que
je dis. Dans ces montagnes ftériles , les vivres font
fi chers & le pays eft fi peuplé , qu'un Suiffe paye
quatre fois plus à la nature , qu'un Turc ne paye
au Sultan.
Un peuple dominateur , tel qu'étoient les Athé
niens & les Romains , peut s'affranchir de tout
impôt , parce qu'il regne fur des nations fujet
tes. Il ne paye pas pour lors à proportion de
fa liberté ; parce qu'à cet égard il n'eſt pas un
peuple , mais un Monarque.
Mais la regle générale refte toujours. Il y a ,
dans les états modérés , un dédommagement
pour la pefanteur des tributs ; c'est la liberté. Il
y a , dans les états [ a ] defpotiques , un équi
valent pour la liberté ; c'eft la modicité des
tributs.
Dans de certaines monarchies en Europe , on
voit des provinces [ b ] qui , par la nature de
leur gouvernement politique , font dans un meil
leur état que les autres. On s'imagine toujours
qu'elles ne payent pas affez , parce que , par un
effet de la bonté de leur gouvernement , elles
pourroient payer davantage ; & il vient toujours
dans l'efprit de leur ôter ce gouvernement même
qui produit ce bien qui fe communique , qui fe
répand au loin , & dont il vaudroit bien mieux
jouir.
CHAPITRE XIII.
CHAPITRE XIV.
M
138 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XV.
Abus de la liberté.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII.
(a) Il est vrai que c'eſt cet état d'effort qui main
tient principalement l'équilibre , parce qu'il éreinte les
grandes puiffances.
(b) Il ne faut , pour cela , que faire valoir la nou
velle invention des milices établies dans preſque toute
l'Europe , & les porter au même excès que l'on a fait
les troupes réglées.
LIV. XIII. CHAP. XVII. 141
troupes des plus petits , cherchent de tous côtés
à payer des alliances, c'eft-à- dire , prefque tou
jours à perdre leur argent.
La fuite d'une telle fituation eft l'augmenta
tion perpétuelle des tributs : & ce qui prévient
tous les remedes à venir , on ne compte plus fur
les revenus , mais on fait la guerre avec fon ca
pital. Il n'eſt pas inqui de voir des états hypo
théquer leurs fonds pendant la paix même ; &
employer pour ſe ruiner , des moyens qu'ils ap
pellent extraordinaires , & qui le font fi fort ,
que le fils de famille le plus dérangé les imagine
à peine.
CHAPITRE XVIII.
CHHPITRE XIX.
CHAPITRE XX.
Des traitans.
3
3
Tome 11. N
146 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
LIVRE XIV.
CHAPITRE PREMIER ,
Idée générale.
CHAPITRE II.
N 4
352 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VII.
Du monachifme.
=
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
» des doigts ; j'en bois dix pintes par jour , & cela ne
» me fait point de mal «. Voyage de Bernier , tom. II.
pag. 261.
(b) Il y a dans le fang des globules rouges , des par
ties fibreuſes , des globules blancs , & de l'eau dans
laquelle nage tout cela.
(c) Platon , liv. II. des Lois : Ariftote , du foin des
affaires don ftiques : Euſebe , prép. évang. liv. XII. ch.
XVII.
W
` 160 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
Vous y trouverez l'ivrognerie aller vers le
midi [d], comme de ce côté - ci elle avoit été
vers le nord.
Il eft naturel que , là où le vin eft contraire
au climat & par conféquent à la fanté , l'excès
en foit plus févérement puni , que dans les pays
où l'ivrognerie a peu de mauvais effets pour la
perfonne ; où elle en a peu pour la fociété ; où
elle ne rend point les hommes furieux , mais
feulement ftupides. Ainfi les lois [e ] qui ont puni
un homme ivre , & pour la faute qu'il faifoit
& pour l'ivreffe , n'étoient appliquables qu'à
l'ivrognerie de la perfonne & non à l'ivrognerie
de la nation . Un Allemand boit par coutumne ,
un Eſpagnol par choix.
Dans les pays chauds , le relâchement des
fibres produit une grande tranfpiration des li
quides mais les parties folides fe diffipent
moins . Les fibres , qui n'ont qu'une action très
foible & peu de reffort , ne s'ufent guere ; il
faut de fuc nourricier pour les réparer ; on
peu
y mange donc très peu.
Ce font les différens befoins , dans les diffé
rens climats , qui ont formé les différentes ma
nieres de vivre ; & ces différentes manieres de
vivre ont formé les diverfes fortes de lois. Que
dans une nation les hommes fe communiquent
beaucoup , il faut de certaines lois ; il en faut
d'autres chez un peuple où l'on ne fe commu
nique point.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII. 1
CHAPITRE XI V.
CHAPITRE XV.
OX
Tom. 11. P
170 DE L'ESPRIT des Lois,
LIVRE X V.
CHAPITRE PREMIER
De l'efclavage civil.
CHAPITRE II
4
[a ] Inftitut de Juftinien , liv. I.
P 2
172 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
clave , on ne peut pas dire qu'il ait été dans la
néceflité de le tuer ; puifqu'il ne l'a pas fait. Tout
le droit que la guerre peut donner fur les cap
tifs , eft de s'affurer tellement de leur perfonne ,
qu'ils ne puiffent plus nuire. Les homicides faits
de fang froid par les foldats , & après la cha
leur de l'action , font rejetés de toutes les na
tions (b) du monde,
2. Il n'eft pas vrai qu'un homme libre puiffe
fe vendre. La vente fuppofe un prix l'efclave
fe vendant , tous fes biens entreroient dans la
propriété du maître ; le maître ne donneroit
donc rien , & l'esclave ne recevroit rien. Il au
roit un pécule , dira-t- on mais le pécule eft
acceffoire à la perfonne . S'il n'eft pas permis
de fe tuer , parce qu'on fe dérobe à fa patrie
il n'eft pas plus permis de fe vendre. La liberté
de chaque citoyen eft une partie de la liberté pu
blique. Cette qualité , dans l'état populaire , eft
même une partie de la fouveraineté. Vendre fa
qualité de citoyen eft un (c) acte d'une telle ex
travagance, qu'on ne peut pas la fuppofer dans un
homme. Si la liberté a un prix pour celui qui l'a
chete , elle eft fans prix pour celui qui la vend.
La loi civile , qui a permis aux hommes le par
tage des biens , n'a pu mettre au nombre des
biens une partie des hommes qui devoient faire
ce partage. La loi civile , qui reftitue fur les
contrats qui contiennent quelque léfion , ne
1
Liv. XV. CHAP. II. 173
peut s'empêcher de reftituer contre un ac
cord qui contient la léfion la plus énorme de
toutes.
La troifieme maniere , c'eft la naiffance. Celle
ci tombe avec les deux autres. Car fi un homme
n'a pu fe vendre , encore moins a-t-il pu vendre
fon fils qui n'étoit pas né : fi un prifonnier de
guerre ne peut être réduit en fervitude , encore
moins fes enfans.
Ce qui fait que la mort d'un criminel eſt une
chofe licite , c'eft que la loi qui le punit a été
faite en fa faveur. Un meurtrier , par exemple ,
a joui de la loi qui le condamne ; elle lui a con
fervé la vie à tous les inftans : il ne peut donc
pas réclamer contr'elle. Il n'en eft pas de même
de l'efclave : la loi de l'efclavage n'a jamais pu
lui être utile ; elle eft dans tous les cas contre
lui , fans jamais être pour lui ; ce qui eft con
traire au principe fondamental de toutes les
fociétés.
On dira qu'elle a pu lui être utile , parce que
le maître lui a donné la nourriture. Il faudroit
donc réduire l'esclavage aux perfonnes incapa
bles de gagner leur vie. Mais on ne veut pas de
ces efclaves-là. Quant aux enfans , la nature qui
a donné du lait aux meres , a pourvu à leur nour
riture ; & le refte de leur enfance eft fi près de
l'âge où eft en eux la plus grande capacité de fe
rendre utiles , qu'on ne pourroit pas dire que ce
lui qui les nourriroit , pour être leur maître , don
nât rien.
L'esclavage eft d'ailleurs auffi oppofé au droit
civil qu'au droit naturel. Quelle loi civile pour
roit empêcher un efclave de fuir , lui qui n'eft
point dans la fociété , & que par conféquent
P3
·
174 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
aucunes lois civiles ne concernent ? Il ne peut
être retenu que par une loi de famille ; c'eſt-à
dire , par la loi du maître.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
P 4
176 DE L'ESPRIT DES LOIS;
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VII.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
3
CHAPITRE XII .
Abus de l'esclavage.
CHAPITRE XIII.
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
CHAPITRE XVI.
CHAPITRE XVII
Plutarque de la fuperftition.
Voyez la conftitution d'Antonin Pie , Inftitut.
liv. I. tit. 7.
(e) Livre IX.
(f) Ce fut encore fouvent l'efprit des lois des peu
ples qui fortirent de la Germanie , comme on le peut
voir dans leurs codes.
la
LIV. XV. CHAP. XVII. 193
la diminution de leur prix. A Athenes (g) , on
puniffoit févérement , quelquefois même de
mort , celui qui avoit maltraité l'eſclave d'un au
tre. La loi d'Athenes , avec raiſon , ne vouloit
point ajouter la perte de la sûreté à celle de la
liberté.
CHAPITRE XVIII.
Des affranchiffemens.
1
R 2
196 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XIX.
d
R 3
198 DE L'ESPRIT des Lois ,
}
LIVRE X V I.
CHAPITRE PREMIER.
De la fervitude domeftique.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
De la polygamie en elle-même.
CHAPITRE VII.
CHAPITRE VIII.
C'ESTU
EST une conféquence de la polygamie , que ,
dans les nations voluptueufes & riches , on ait
un très grand nombre de femmes. Leur fépara
tion d'avec les hommes & leur clôture , ſuivent
naturellement de ce grand nombre. L'ordre do
meftique le demande ainfi ; un débiteur inſolva
ble cherche à fe mettre à couvert des pourfuites
de fes créanciers. Il y a de tels climats où le
phyfique a une telle force , que la morale n'y
peut prefque rien. Laiffez un homme avec une
femme ; les tentations feront des chûtes , l'atta
que sûre , la réfiftance nulle. Dans ces pays , au
lieu de préceptes , il faut des verroux.
Un livre claffique (4 ) de la Chine regarde
comme un prodige de vertu , de fe trouver feul
dans un appartement reculé avec une femme ,
fans lui faire violence,
CHAPITRE I X.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
De la pudeur naturelle.
CHAPITRE XIII.
De la jaloufie.
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
J
216 DE L'ESPRIT des Lois ,
CHAPITRE XVI.
T2
220 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
LIVRE XVII.
CHAPITRE PREMIER.
De la fervitude politique.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
Du climat de l'Afie.
CHAPITRE IV.
Conféquence de ceci.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII.
CHAPITRE VIII.
De la capitale de l'Empire.
XXXXXX
LIVRE XVIII.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
Lastérilité
A des terres rend les hommes induf
trieux , fobres , endurcis au travail , courageux ,
propres à la guerre ; il faut bien qu'ils fe pro
curent ce que le terrein leur refufe. La fertilité
d'un pays donne , avec l'aiſance , la molleffe ,
& un certain amour pour la confervation de
la vie.
On a remarqué que les troupes d'Allemagne
levées dans des lieux où les payſans font ri
ches , comme en Saxe , ne font pas fi bonnes
que les autres. Les lois militaires pourront pour
voir à cet inconvénient par une plus févere
diſcipline.
CHAPITRE V.
f
Des peuples des ifles.
CHAPITRE VI
ช
LES pays que l'induftrie des hommes a rendus
habitables , & qui ont befoin pour exiſter de la
même induftrie , appellent à eux le gouverne
ment modéré. Il y en a principalement trois de
cette efpece ; les deux belles provinces de Kiang
nan & Tche - kiang à la Chine , l'Egypte & la
Hollande.
Les anciens Empereurs de la Chine n'étoient
point conquérans. La premiere chofe qu'ils fi
rent pour s'agrandir , fut celle qui prouva le plus
leur fageffe. On vit fortir de deffous les eaux
les deux plus belles provinces de l'Empire ; elles
furent faites par les hommes. C'eft la fertilité
inexprimable de ces deux provinces , qui a donné
à rEurope les idées de la félicité de cette vafte
contrée. Mais un foin continuel & néceffaire
pour garantir de la deftruction une partie fi con
fidérable de l'Empire , demandoit plutôt les mœurs
d'un peuple fage , que celles d'un peuple volup
tueux ; plutôt le pouvoir légitime d'un monar
que , que la puiffance tyrannique d'un defp ote
Liv. XVIII. CHAP. VI. 237
Il falloit que le pouvoir y fút modéré , comme
il l'étoit autrefois en Egypte. Il falloit que le
pouvoir y fût modéré , comme il l'eft en Hol
lande , que la nature a faite pour avoir attention
fur elle- même , & non pas pour être abandon
née à la nonchalance ou au caprice.
Ainfi , malgré le climat de la Chine , où l'on
eft naturellement porté à l'obéiffance fervile , mal
gré les horreurs qui fuivent la trop grande éten
due d'un Empire , les premiers législateurs de
la Chine furent obligés de faire de très bonnes
lois , & le gouvernement fut fouvent obligé de
les fuivre.
CHAPITRE VIL
CHAPITRE VIL
CHAPITRE IX.
Du terrein de l'Amérique.
Ce
CE E qui fait qu'il y a tant de nations fauvages
en Amérique , c'est que la terre y produit d'elle
même beaucoup de fruits dont on peut fe nour
rir. Si les femmes y cultivent autour de la ca
bane un morceau de terre , le maïs y vient d'a
bord. La chaffe & la pêche ache vent de mettre
Liv. XVIII. CHA P. IX. 239
les hommes dans l'abondance. De plus , les ani
maux qui paiffent , comme les bœufs , les buffles ,
& c. y réuffiffent mieux que les bêtes carnaffie
res. Celles-ci ont eu de tout temps l'empire de
l'Afrique.
Je crois qu'on n'auroit point tous ces avan
tages en Europe , fi l'on y laiffoit la terre in
culte ; il n'y viendroit guere que des forêts , des
chênes & autres arbres ftériles.
STEVE ESS
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAP .
Liv. XVIII. CHA P. XII. 241
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIIL
CHAPITRE XIV.
"
De l'état politique des peuples qui ne cultivent
point les terres.
CHAPITRE XV.
(a) C'est ainsi que Diodore nous dit que des ber
gers trouverent l'or des Pyrénées.
X2
244 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XV I.
CHAPITRE XVII.
CHAPITRE XVIII.
30
Force de la fuperftition.
CHAPITRE XIX.
CHAPITRE XX.
CHAPITRE XXI.
諗
250 DE L'ESPRIT des Lois ;
CHAPITRE XXII.
Tit. 62.
Nullas Germanorum populis urbes habitari fatis
notum eft , ne pati quidem inter fe junctas fedes ; colunt
difcreti , ut nemus placuit. Vicos locant , non in noftrum
morem connexis & cohærentibus ædificiis fuam quif
que domum fpatio circumdat. De morib. Germ.
Liv. XVIII. CHAP. XXII. 251
qui eft clos & fermé. « Tacite parloit exacte
ment. Car plufieurs lois des codes ( c ) barbares
ont des difpofitions différentes contre ceux qui
renverfoient cette enceinte , & ceux qui pénétroient
dans la maiſon même.
Nous favons , par Tacite & Cefar , que les
terres que les Germains cultivoient ne leur étoient
données que pour un an ; après quoi elles rede
venoient publiques. Ils n'avoient de patrimoine
que la maiſon , & un morceau de terre dans l'en
ceinte autour de la maiſon [d]. C'eſt ce patri
moine particulier qui appartenoit aux mâles. En
effet , pourquoi auroit-il appartenu aux filles ?
Elles paffoient dans une autre maiſon.
La terre falique étoit donc cette enceinte qui
dépendoit de la maifon du Germain ; c'étoit la
feule propriété qu'il eût. Les Francs , après la
conquête , acquirent de nouvelles propriétés , &
on continua à les appeller des terres faliques.
Lorfque les Francs vivoient dans la Germa
nie , leurs biens étoient des eſclaves , des trou
peaux , des chevaux , des armes , &c. La mai
fon , & la petite portion de terre qui y étoit jointe ?
étoient naturellement données aux enfans mâles
qui devoient y habiter. Mais lorſqu'après la con
quête , les Francs eurent acquis de grandes ter
res , on trouva dur que les filles & leurs enfans
ne puffent y avoir de part. Il s'introduifit un
ufage , qui permettoit au pere de rappeller fa
fille & les enfans de fa fille. On fit taire la loi ;
1
i
Liv. XVIII . CHA P. XXII. 255
dans la loi (m) des Francs Ripuaires , fidèle in
terprete de la loi falique dans le titre des aleux ,
où elle fuit pas- à-pas le même titre de la loi
falique.
Si le pere laiffoit des enfans , la loi falique
vouloit que les filles fuffent exclues de la fuccel
fion à la terre falique , & qu'elle appartint aux
enfans mâles.
Il me fera aifé de prouver que la loi falique
n'exclut pas indiftinctement les filles de la terre
falique , mais dans le cas feulement où des fre
res les exclueroient. Cela fe voit dans la loi fa
lique même , qui , après avoir dit que les fem
mes ne pofféderoient rien de la terre falique ,
mais feulement les mâles , s'interprete & fe ref
treint elle - même ; « c'eft - à - dire , dit - elle ,
" que le fils fuccédera à l'hérédité du pere ».
2º. Le texte de la loi falique eft éclairci par
la loi des Francs Ripuaires , qui a auffi un ti
tre (7) des aleux très conforme à celui de la loi
falique.
3. Les lois de ces peuples barbares , tous ori
ginaires de la Germanie , s'interpretent les unes
les autres , d'autant plus qu'elles ont toutes à
peu-près le même efprit. La loi des Saxons [o]
veut que le pere & la mere laiffent leur héré
dité à leur fils & non à leur fille ; mais que , s'il
'n'y a que des filles , elles aient toute l'hérédité.
Tit. 62.
Tit. 1. §. 3. tit. 14. §. 1. & tit. 51.
↓ (u) Liv. IV. tit. 2. §. I.
(*) Les nations Germaines , dit Tacite , avoient des
ufages communs ; elles en avoient auffi de particuliers.
(y) La couronne , chez les Ostrogoths , paffa deux
fois par les femmes aux mâles ; l'une , par Amalafun
the , dans laperfonne d'Athalaric ; & l'autre , par Ama
lafrede , dans la perfonne de Théodat. Ce n'eft pas
que chez eux les femmes ne puffent régner par elles
mêmes : Amalafunthe , après la mort d'A halaric , régna
& régna même après l'élection de Théodat , & con
curremment avec lui. Voyez les lettres d'Amalafum
the & de Théodat , dans Caffiodore , liv. X.
Y
258 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
dans la monarchie des Francs & dans celle
des Bourguignons , tous les freres fuccéderent
ils à la couronne , à quelques violences , meur
tres & ufurpations près , chez les Bourguignons.
CHAPITRE XXIII
W
De la longue chevelure des Rois Francs.
*
Les peuples qui ne cultivent point les terres ,
n'ont pas même l'idée du luxe. Il faut voir
dans Tacite , l'admirable fimplicité des peuples
Germains ; les arts ne travailloient point à
leurs ornemens , ils les trouvoient dans la na
ture. Si la famille de leur chef devoit être re
marquée par quelque figne , c'étoit dans cette
même nature qu'ils devoient le chercher : les
Rois des Francs , des Bourguignons & des Wi
figoths avoient pour diadême leur longue che
velure.
CHAPITRE XXIV.
CHAPITRE XXV.
CHILDERIC.
Y 2
260 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
CHAPITRE XXVI.
" (g) Il avoit à peine cinq ans , dit Grégoire de Tours , liv.
V. chap. 1 , lorfqu'il fuccéda à fon pere en l'an 575;
c'est-à-dire , qu'il avoit cinq ans. Gontrand le déclara
甘
majeur en l'an 85 : il avoit donc 15 ans.
E
(h) Tit . 81 .
(i) Tit. 87.
262 DE L'ESPRIT DES LOIS,
jeurs à quinze ans. Dans la fuite , les armes
devinrent pefantes ; & elles l'étoient déja
beaucoup du temps de Charlemagne , comme
il paroît par nos capitulaires & par nos ro
mans. Ceux qui [k] avoient des fiefs , & qui
par conféquent devoient faire le fervice mili
taire , ne furent plus majeurs qu'à vingt- un
ans [4.
CHAPITRE XXVII.
Continuation du mêmefujet.
CHAPITRE XXVIII
CHAPITRE XXIX.
CHAPITRE XXX.
Ibid.
(2) Nec regibus libera ant infinita potefias. Cæterim'
neque animadvertere , neque vincire , neque verberare , &c..
De morib. Germ .
(b) In pace , nullus eft communis magiftratus ; fed'
principes regionum atque pagorum inter fuos jus dicunt.
De bel'o Gall. liv. VI.
{
(c) Livre II.
Tome I Z
266 DE L'ESPRIT DES LOIS ,
« Les Princes (d) , dit Tacite , déliberent fur
» les petites chofes , toute la nation fur les
grandes ; de forte pourtant que les affaires
" dont le peuple prend connoiffance , font
" portées de même devant les Princes ». Cet
ufage fe conferva après la conquête , comme [e)
on le voit dans tous les monumens.
Tacite (f) dit que les crimes capitaux pou
voient être portés devant l'affemblée. Il en fut
de même après la conquête , & les grands
vaffaux y furent jugés.
CHAPITRE XXX I.
R IN
O S
L
Y
отково
1
XX
TABLE
DE'S
1.... fi
LIVRES ET CHAPITRES
120
LIVRE X.
ove
Des Lois ? dans le rapport qu'elles ont
avec la force offenfive,
LIVRE XI.
LIVRE XII.
LIVRE XIII
2
Des rapports que la levée des tributs & la
LIVRE XIV.
ib va
Des lois > dans le rapport qu'elles ont
avec la nature du climat.
LIVRE X V.
LIVRE XVI.
LIVRE XVII
LIVRE XVIIL