Vous êtes sur la page 1sur 3

DM de philosophie à rendre pour le vendredi 4 février 2022

Vous traiterez l'un des sujets suivants :

Dissertations (entièrement rédigées cette fois) :

Sujet 1 : Faut-il regretter la marchandisation de l'art ?


Sujet 2 : La religion aide t-elle les hommes à vivre ?
Sujet 3 : L'artiste doit-il nécessairement innover ?

Explications de texte :

Sujet 4 :

« Le fait seul de vivre en société impose à chacun une certaine ligne de conduite
envers autrui. Cette conduite consiste premièrement, à ne pas nuire aux intérêts
d’autrui ou plutôt à certains de ces intérêts qui, soit par disposition expresse
légale, soit par accord tacite, doivent être considérés comme des droits ;
deuxièmement, à assumer sa propre part (à fixer selon un principe équitable) de
travail et de sacrifices nécessaires pour défendre la société ou ses membres
contre les préjudices et les vexations. Mais ce n’est pas là tout ce que la société
peut faire. Les actes d’un individu peuvent être nuisibles aux autres, ou ne pas
suffisamment prendre en compte leur bien-être, sans pour autant violer aucun
de leurs droits constitués. Le coupable peut alors être justement puni par
l’opinion, mais non par la loi. Dès que la conduite d’une personne devient
préjudiciable aux intérêts d’autrui, la société a le droit de la juger, et la question
de savoir si cette intervention favorisera ou non le bien-être général est alors
ouverte à la discussion. Mais cette question n’a pas lieu d’être tant que la
conduite de quelqu’un n’affecte que ses propres intérêts, ou tant qu’elle
n’affecte les autres que s’ils le veulent bien, si tant est que les personnes
concernées sont adultes et en possession de toutes leurs facultés. Dans tous les
cas, on devrait avoir liberté complète – légale et sociale – d’entreprendre
n’importe quelle action et d’en supporter les conséquences. »

Mill, De la liberté (1859)


Sujet 5 :

« Analysez le sentiment du remords dans l'âme du grand criminel. Vous


pourriez d'abord le confondre avec la crainte du châtiment, car ce sont les
précautions les plus minutieuses, sans cesse complétées et renouvelées, pour
cacher le crime ou pour faire qu'on ne trouve pas le coupable ; c'est, à tout
instant, l'idée angoissante qu'un détail a été négligé et que la justice va saisir
l'indice révélateur. Mais regardez de plus près : il ne s'agit pas tant pour notre
homme d'éviter le châtiment que d'effacer le passé, et de faire comme si le
crime n'avait pas été commis. Quand personne ne sait qu'une chose est, c'est à
peu près comme si elle n'était pas. C'est donc son crime même que le criminel
voudrait annuler, en supprimant toute connaissance qu'en pourrait avoir une
conscience humaine. Mais sa connaissance à lui subsiste, et voici que de plus en
plus elle le rejette hors de cette société où il espérait se maintenir en effaçant les
traces de son crime. Car on marque encore la même estime à l'homme qu'il
était, à l'homme qu'il n'est plus ; ce n'est donc plus à lui que la société s'adresse :
elle parle à un autre. Lui, qui sait ce qu'il est, il se sent plus isolé parmi les
hommes qu'il ne le serait dans une île déserte ; car dans la solitude il
emporterait, l'entourant et le soutenant, l'image de la société ; mais maintenant il
est coupé de l'image comme de la chose. Il se réintégrerait dans la société en
confessant son crime ; on le traiterait alors comme il le mérite, mais c'est bien à
lui maintenant qu'on s'adresserait. Il reprendrait avec les autres hommes sa
collaboration. Il serait châtié par eux, mais, s'étant mis de leur côté, il serait un
peu l'auteur de sa propre condamnation ; et une partie de sa personne, la
meilleure, échapperait ainsi à la peine. Telle est la force qui poussera le criminel
à se dénoncer. »

Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion (1932)

Vous aimerez peut-être aussi