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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

COURS D’INTRODUCTION GÉNÉRALE AU DROIT

Objectifs du cours

Le cours d’introduction générale au droit permet, à toute personne, y compris celle qui est
déjà dotée de connaissances techniques, d’avoir à sa portée :
- « une feuille de route » qui doit la guider d’une manière générale non seulement dans
l’acquisition d’un savoir et donc, dans la compréhension de la manière dont le droit organise ou
régit les divers aspects de la vie en société, y compris ceux du cadre social ou professionnel qui la
concerne.
- une précieuse ressource utile pour préparer avec beaucoup d’efficacité (en étant animé par le
souci de ne négliger aucun détail), la maîtrise de toute étude sur tout cadre juridique contraignant
qui concerne son environnement socio-professionnel et l’exercice correcte de toute activité en son
sein.

Descriptif du Cours

Le cours d’introduction générale au droit porte d’abord sur les règles ou normes constitutives
de l’ordre à respecter par les sujets -dans la plupart des aspects de la vie en société-, ensuite sur les
droits subjectifs reconnus à ces sujets pour leur plein épanouissement dans le cadre politique,
social, économique, notamment professionnel ou technique…, et enfin sur le cadre de règlement de
tout contentieux -soit en cas de violation des normes, soit par rapport à la nécessité de protéger ou
de préserver les droits subjectifs reconnus contre toute atteinte à ceux-ci-.

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

- BILONG NKOH Francis Riche (2022), Essai sur la méthodologie de production normative et
scientifique en Afrique subsaharienne. L’exemple du droit et de la science du droit, PUAM ;

- CORNU G. (2014) , Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, 10ème édition ;

- Jean-Marie TCHAKOUA (2017), Introduction générale au droit camerounais, PUCAC

- -Sylvain Sorel KUATÉ TAMEGHÉ (2021), La justice, ses métiers et ses procédures : OHADA, Union
Africaine, Nations Unies, Afrique Centrale, Afrique de l’Ouest, Cameroun, L’Harmattan.
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Plan de progression du cours

INTRODUCTION GÉNÉRALE.............................................................................................................20
Première partie : LE DROIT OBJECTIF : LES RÈGLES OU NORMES CONSTITUTIVE DE
L’ORDRE JURIDIQUE..........................................................................................................................21
Titre I : Les règles de droit ou normes de l’ordre juridique positif..................................................23
Chapitre I : L’essence de la règle ou norme juridique : les généralités sur la connaissance des
règles de droit ou normes de l’ordre positif....................................................................................24
Section I : Les fondements –racines ou bases profondes- de la règle de droit ou norme de
l’ordre positif par rapport à la diversité des ordres de règles...................................................24
Paragraphe I : Les fondements, racines, bases profondes, causes -originelles- scientifiques
de la règle de droit : la règle de droit comme expression normative d’une pensée –de
l’esprit- de l’Homme fixée par la science ou la doctrine savante du droit –doctrine lege
ferenda-......................................................................................................................................24
A) Les fondements formalistes de la règle de droit: La règle de droit comme expression –
traduction- normative d’un ordre formel ou d’une forme de situation pensée par la
volonté en dehors de toute réalité positive..........................................................................25
1) Le formalisme à tendance idéaliste : le droit comme expression –traduction-
normative d’un idéal d’inspiration charismatique ou d’une forme de situation liée à
l’idée d’une volonté non contrôlé par la raison humaine et par la logique en dehors de
toute réalité positive..........................................................................................................25
a) La règle de droit comme émanation de l’ordre ou l’idéal moral –philosophique
ou métaphysique- divin ou théocratique- de valeurs fondamentales ou originelles- :
Le droit comme expression formelle d’une œuvre divine ou comme posée par un
ordre –normatif charismatique- divin ou de ses valeurs............................................25
b) La règle de droit comme émanation d’un ordre ou idéal moral autocratique : Le
droit comme expression formelle d’une œuvre autocratique ou comme posée par un
ordre –normatif- autocratique.....................................................................................26
2) Le formalisme à tendance rationaliste : le droit comme expression normative d’une
forme de situation issue d’un ordre- normatif- idéal guidé, contrôlé et organisé par la
–pensée ou le discours- sur la base d’un ordre normatif non social ou ordre logique en
dehors de toute réalité positive........................................................................................27
a) La règle de droit comme expression formelle d’une œuvre présentée par la raison
humaine comme la production logique de la nature ou la traduction des normes
posées logiquement par un ordre-normatif d’inspiration philosophique et
métaphysique- naturel de valeurs –originelles ou fondamentales- selon le jus
naturalisme, rationalisme jus naturaliste ou positivisme jus naturaliste....................27
b) La règle de droit comme expression des normes posées comme obligatoirement
applicable par un ordre formaliste ou essentiellement normatif par la volonté des
autorités habiletés à poser les lois selon le normativisme ou le positivisme
normativiste...................................................................................................................28

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B) Les fondements réalistes de la règle de droit: la règle de droit comme expression ou


traduction normative d’un ordre réel ou d’une forme de situation pensée par la volonté
à partir de la réalité positive sur la base d’une expérience réelle......................................28
1) La règle de droit comme expression normative de la –totalité de la- réalité
sociale positive: la règle de droit comme expression normative d’une forme de
situation posée par les faits –phénomènes- sociaux au regard de l’expérience ou de
l’approche sociologique -de la sociologie du droit-.........................................................28
2) La règle de droit comme expression normative d’un aspect spécifique de la réalité
sociale positive: la règle de droit comme expression normative d’une forme de
situation fourni par un aspect particulier la réalité sociale positive par rapport à une
expérience concrète...........................................................................................................29
a) La règle de droit comme expression normative de l’aspect temporel ou spatial de
la réalité sociale: la règle de droit comme expression normative d’une forme de
situation fournie ou éclairée par l’histoire de la société –ou de ses normes- ou par la
comparaison géographique des sociétés ou de leurs normes.....................................29
i) La règle de droit comme expression normative de l’aspect temporel de la
réalité sociale : la règle de droit comme expression normative d’une forme de
situation fournie ou éclairée par l’histoire –par l’expérience ou l’approche
historique- de l’histoire du droit..............................................................................29
ii) La règle de droit comme expression normative de l’aspect spatial de la réalité
sociale : la règle de droit comme expression normative d’une forme de situation
fournie ou éclairée par la comparaison géographique –l’expérience ou l’approche
comparative- du droit comparé...............................................................................29
b) La règle de droit comme expression normative de l’aspect économique de la
réalité sociale: la règle de droit comme expression normative d’une forme de
situation fournie ou éclairée par l’expérience économique ou à travers une analyse
économique –des normes-.............................................................................................30
Paragraphe II : Les fondements, racines, bases, causes -efficientes- techniques ou
artistiques de la règle de droit : la règle de droit comme expression normative d’une
« construction » –de l’esprit- de l’Homme...............................................................................30
A) Les acteurs de la construction, l’élaboration ou production technique de la règle de
droit applicable –de l’ordre positif- ou artisans –architectes- de la règle de droit ou de la
norme applicable...................................................................................................................30
1) Les acteurs de la construction technique ou artisans –architectes- formels de la
règle : le législateur et le juge ou juriste –praticien- législateur....................................30
2) Les acteurs de la construction technique ou artisans –architectes- réels de la règle
de droit : La doctrine –juriste de doctrine lege lata- et les praticiens –juristes
praticiens-..........................................................................................................................31
B) Les instruments de la construction, l’élaboration ou production technique................31
Section II : L’identification de la règle de l’ordre des normes de droit positif par rapport aux
autres normes des autres ordres normatifs dans l’univers éthique ou normatif.....................32

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Paragraphe I : L’identification de la règle de droit positif à travers ses caractères ou ses


traits...........................................................................................................................................32
A) Les caractères de la règle de droit ou de la norme juridique partagée avec d’autres
ordres de normes : Le caractère général, objectif, abstrait, impersonnel et extérieur....32
B) Le caractère spécifique de la règle de droit ou de la norme de droit positif : le
caractère contraignant ou obligatoire, coercitif ou expiatoire –spécifique-.....................33
Paragraphe II : L’identification de la règle de droit positif à travers son objet ou son rôle
et ses finalités ou ses buts par rapport aux valeurs –causes- finales poursuivies distinctes
des valeurs –principielles- originelles ou fondamentales.......................................................36
A) L’objet, le rôle ou les fonctions de la règle de droit.......................................................36
- la fonction d’organisation :............................................................................................36
- La fonction d’expression :..............................................................................................36
-La fonction d’imposition :...............................................................................................36
- La fonction de proposition :..............................................................................................36
B) Les finalités ou ses buts par rapport aux valeurs –causes- finales poursuivies
distinctes des valeurs –principielles- originelles ou fondamentales...................................36
1) Les finalités matérielles ou positives...........................................................................37
a) Les finalités matérielles d’ordre socio-économique : le progrès social ou
économique individuellement ou collectivement utile................................................37
b) Les finalités matérielles d’ordre politique : la sécurité et la stabilité ou l’ordre
comme corolaires..........................................................................................................37
2) Les finalités idéales ou morales : la justice –principalement-et l’équité...................38
Section III : Les grandes subdivisions ou domaines des règles du droit positif au regard des
divers ordres de règles de droit –national ou interne ou étatique et supranational ou supra-
étatique- de l’ordre juridique -d’un pays-..................................................................................40
Paragraphe I : Dans le domaine du droit –objectif- privé.....................................................40
A) Les règles ou normes du droit substantiel et processuel de droit commun en droit
privé.......................................................................................................................................41
1) En matière civile ou par rapport à la norme –règle- civile........................................41
a) Dans l’ordre interne –des règles de droit- ou ordre juridique interne.................41
b) Dans l’ordre supranational des règles de droit privé ou ordre juridique
supranational de droit privé : le cas des règles de de droit international privé.......43
2) En matière pénale ou par rapport à la norme –règle- pénale....................................44
B) Les règles ou normes du droit substantiel et processuel de droit commun dans les
domaines spéciaux du droit privé proposé par les ordres juridiques interne et
supranational........................................................................................................................46
1) Dans le domaine économique.......................................................................................46

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a) sur le plan interne.....................................................................................................46


b) sur le plan supranational.........................................................................................48
i- Sur le plan communautaire : le cas des règles ou normes de droit
communautaire applicables aux relations ou rapports privées.............................48
ii- Sur le plan international......................................................................................52
2) En dehors du domaine économique.............................................................................53
Paragraphe II : Dans le droit public.......................................................................................53
A) Les règles ou normes du droit substantiel et processuel en matière de droit public
dans l’ordre juridique interne.............................................................................................54
1) Dans les domaines regardés comme de droit commun..............................................54
a) En matière constitutionnelle....................................................................................54
b) En matière administrative.......................................................................................54
2) Dans les domaines regardé comme étant des domaines particulier de certaines
matières regardées comme de droit commun.................................................................55
B) Les règles ou normes du droit substantiel et processuel en matière de droit public
dans l’ordre juridique supranational..................................................................................55
1) Dans droit commun du droit international public ou droit international public
classique.............................................................................................................................55
2) Dans les domaines particuliers du droit international public...................................56
Chapitre II : L’existence des règles de droit –objectif- positif dans l’ordre juridique : le cycle
de vie de la règle ou norme juridique dans l’ordre juridique –d’un pays-...................................58
Section I : La naissance des règles du droit objectif dans l’ordre juridique...........................58
Paragraphe I : les sources du droit –objectif- positif ou source des règles de droit positif. 58
A) Les sources directes du droit objectif ou des règles de droit........................................59
1) La loi –au sens large- comme source formelle du droit objectif : Ensemble à
contenu normatif ou textuel considéré comme source directe du droit ou des règles de
droit...................................................................................................................................59
a) La loi –au sens large- d’origine interne ou nationale.............................................59
i- La Constitution : texte constitutionnel ou loi constitutionnel.............................59
ii- La loi au sens strict : le texte législatif et la loi référendaire.............................60
iii- Le règlements –d’application des loi- : les textes réglementaires....................62
b) La loi –au sens large- d’origine extranationale......................................................63
i- Les textes –de loi au sens large- internationaux ou instruments –de création de
loi au sens large- internationaux : les textes internationaux ou instrument
internationaux...........................................................................................................63

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ii- Les textes –de loi au sens large- communautaires : les textes communautaires
....................................................................................................................................64
2) La coutume : source considérée comme source matérielle du droit objectif............65
a) Les divers aspects de la coutume en tant que source de droit ou de règles de droit
........................................................................................................................................65
i- Les coutumes populaires : les usages comme forme manifeste de la coutume. .65
- Les usages locaux :..................................................................................................65
- Les usages professionnels :.....................................................................................65
- Les usages conventionnels :....................................................................................66
ii- Les coutumes d’origine savante...........................................................................66
- Les maximes juridiques (proverbes ou adages):..................................................66
- Les principes généraux de droit :..........................................................................66
b) La coutume comme source autonome de règles de droit...................................66
i- La délimitation -ou la limitation- du domaine d’application –ou d’expression-
de la coutume.............................................................................................................66
ii- Les principes de règlement des conflits relatifs au champ d’application de la
coutume.....................................................................................................................68
c) La coutume comme source complémentaire du droit écrit....................................68
i- La coutume en tant que source s’appliquant par délégation de la loi : la
coutume secundum legem.........................................................................................68
ii- La coutume s’appliquant dans le silence de la loi : la coutume praeter legem 68
iii- La coutume s’appliquant contre la loi : la coutume contra legem...................69
B) sources indirectes des règles de droit objectif ou sources d’interprétation –sources
issues de l’interprétation- des sources directes du droit objectif : la jurisprudence et la
doctrine..................................................................................................................................69
1) La jurisprudence..........................................................................................................69
a) La formation de la jurisprudence............................................................................69
i- Le processus formel de formation de la jurisprudence : l’usage du formalisme
dans un sens rationaliste ou théorique et technique...............................................70
ii- Le respect de la hiérarchie juridictionnelle........................................................72
b) L’autorité de la jurisprudence en tant que véritable source de droit..................72
i- L’autorité de la jurisprudence en tant que véritable source de droit dans le
système civiliste ou de droit écrit ou textuel............................................................72
ii- L’autorité de la jurisprudence en tant que véritable source de droit dans le
système de Common Law ou système d’inspiration jurisprudentielle..................73
2) La doctrine............................................................................................................73

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Paragraphe II : L’ordre des sources des règles de droit : la hiérarchie des normes...........73
A) La structure ou description de la hiérarchie des normes.................................................73
- La Constitution :.....................................................................................................73
: - Les Traités et Accords internationaux................................................................74
- Les textes de droit communautaire originaire (primaire) et ensuite de droit
communautaire dérivé : d’abord à l’échelle régionale (africaine), puis, à l’échelle
sous-régionale............................................................................................................74
- La loi -au sens restreint- ou texte législatif :.........................................................74
- Les règlements :......................................................................................................74
- Les us (usages) et coutumes :.................................................................................74
- La jurisprudence :..................................................................................................74
- La doctrine :............................................................................................................74
B) Le respect de la hiérarchie des normes : le contrôle du respect de la hiérarchie des
normes...................................................................................................................................74
1) Le contrôle a priori du respect de la hiérarchie des normes.....................................74
a) Le contrôle de la conformité des traités internationaux à la Constitution...........74
b) Le contrôle de la constitutionnalité des lois............................................................75
c) Le contrôle –controversé- de la conformité de la loi –parlementaire- aux traités
internationaux ou aux conventions internationales : contrôle a priori de la
conventionalité des lois.................................................................................................75
2) Le contrôle a posteriori du respect de la hiérarchie des normes...............................75
a) Le problème du contrôle de la constitutionnalité des lois par voies d’exception. 76
b) Le contrôle de la légalité du règlement...................................................................76
i- Le recours pour excès de pouvoir.........................................................................76
ii – L’exception d’illégalité.......................................................................................77
b) Le contrôle –a posteriori- de conventionalité ou contrôle de la conformité de la
loi aux traités internationaux.......................................................................................77
Section II : La vie du droit objectif : la vie des règles de droit positif......................................78
Paragraphe I : L’application des règles de droit....................................................................78
A) L’application de la règle de droit dans le temps............................................................78
1) L’application de la règle de droit en l’absence de conflit entre deux règles - conflit
de loi- dans le temps..........................................................................................................78
2) L’application de la règle de droit en cas de conflit entre deux règles dans le temps78
a) La controverse doctrinale à propos des conflits de règles ou conflit de loi dans le
temps..............................................................................................................................78

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b) Les solutions du droit positif à propos des conflits de règles ou conflit de loi dans
le temps –conflit de droit transitoire-..........................................................................79
i- La non-rétroactivité de la loi ou de règle nouvelle..............................................79
ii- L’application immédiate de la loi nouvelle.........................................................79
B) L’application de la loi ou de la règle dans l’espace.......................................................80
1) L’application de la loi dans l’espace en présence d’un élément d’extranéité...........80
2) L’application de la loi dans l’espace en l’absence d’un élément d’extranéité..........80
Paragraphe II : L’interprétation des règles de droit..............................................................81
A) L’interprétation de la règle de droit par les juristes civilistes en droit écrit ou textuel
................................................................................................................................................81
1) Le cadre d’interprétation.............................................................................................81
a) Le domaine de l’interprétation................................................................................81
b) L’auteur de l’interprétation....................................................................................81
- L’interprétation judiciaire ou interprétation du juge :.......................................81
- L’interprétation authentique ou interprétation du législateur............................81
2) Les méthodes d’interprétation.....................................................................................81
- La méthode exégétique :.............................................................................................81
- L’interprétation téléologique :...................................................................................82
- La méthode dite de libre recherche scientifique :....................................................82
- La méthode méta-textuelle :......................................................................................82
3) Les techniques d’interprétation...................................................................................82
a) Les arguments d’interprétation...............................................................................82
- L’argument par analogie (ou argument a pari) :.................................................82
- L’argument a contrario :.......................................................................................82
- L’argument a fortiori ou a maiori :.......................................................................82
b) Les maximes d’interprétation..................................................................................83
i- Les maximes d’interprétation stricte :.................................................................83
- Les exceptions sont d’interprétation stricte :.......................................................83
- Les peines sont d’interprétation stricte (proche Poenalia sunt restringenda –les
lois pénales sont d’interprétation stricte) :..............................................................83
ii- Les maximes d’interprétation plénifiantes.........................................................83
- Là où la loi ne distingue pas, il ne faut pas distinguer (Ubi lex non distinguit,
nec nos distinguere debemus) :................................................................................83
- Il ne faut pas juger sans considérer la loi dans son entièreté :............................83

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iii- Les maximes d’interprétation privilégiante......................................................83


- Le doute profite à l’accusé (in dubio pro reo) :....................................................83
- La loi spéciale déroge à la loi générale (specialia generalibus derogant) :.........84
- La loi postérieure déroge à la loi antérieure (lex posterior derogat priori) :.....84
B) L’interprétation de la règle de droit par les juristes de Common Law.......................84
1) Les méthode d’interprétation en Common Law........................................................84
a) La mischief rule ou « règle de la bêtise »..................................................................84
b) La littéral rule ou méthode d’interprétation littérale............................................84
c) La golden rule............................................................................................................85
B) Les techniques d’interprétation : les présomptions d’interprétation...........................85
Section III : La fin du droit objectif : l’abrogation des règles de droit positif ou retrait de la
règle du droit positif.....................................................................................................................85
Paragraphe I : La compétence abrogative..............................................................................85
Paragraphe II : Les modalités d’abrogation...........................................................................85
A) L’abrogation expresse.....................................................................................................85
B) L’abrogation tacite..........................................................................................................86
- L’existence d’une loi nouvelle ou postérieure incompatible et inconciliable avec la
loi ancienne :.....................................................................................................................86
- La question de la désuétude :.........................................................................................86
Paragraphe III : La portée de l’abrogation............................................................................86
Titre II : Le système juridique (système de droit) ou ensemble particulièrement structuré de
règles de droit constitué par l’ordre juridique...................................................................................87
Chapitre I : Les grands systèmes de droit......................................................................................88
Section I : Les grands systèmes classiques : le système romano-germanique et système de
Common Law................................................................................................................................88
Paragraphe I : Le système –d’inspiration- romano-germanique..........................................88
A) La formation du système d’inspiration romano-germanique......................................88
B) Les traits caractéristiques du système romano-germanique........................................89
Paragraphe II : Le système de Common Law ou système d’inspiration anglo-saxon.........89
A) La Common Law et de l’Equity.....................................................................................89
1) La Common Law..........................................................................................................89
2) L’Equity........................................................................................................................91
B) L’unité ou la consolidation du système juridique d’inspiration anglo-saxonne..........91
Section II : Les autres grands système de droit : le cas des systèmes d’inspiration religieuse
musulmane....................................................................................................................................92

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Chapitre II : Les systèmes de droit africains : le cas du système juridique camerounais...........92


Section I : Les composantes particulières ou systèmes juridiques particuliers constitutifs du
système juridique-pluraliste- camerounais.................................................................................93
Paragraphe I : Le système juridique -ou composante- marginalisé au sein de l’ordre
juridique camerounais : le système juridique originel –endogène- d’inspiration
traditionnel................................................................................................................................93
A) Les institutions juridiques normatives privées du système juridique originel
d’inspiration traditionnel.....................................................................................................93
1) Les principes fondant les institutions privées ou le système de droit encadrant les
rapports privé...................................................................................................................93
- La solidarité :..............................................................................................................94
- Le communautarisme ou le collectivisme (l’esprit communautaire) :....................94
- Les autres principes :.................................................................................................94
2) Les règles déduites des principes ou normes originelles coutumières–d’inspiration
traditionnelles- coordonnées et structurant le système ou encadrant les rapports
privés.................................................................................................................................94
i) Sur le plan interne.................................................................................................94
- En matière civile :...................................................................................................95
- En matière criminelle :...........................................................................................96
ii- En matière de rapports internationaux (en cas de conflits)..............................96
B) Les institutions juridiques normatives publiques du système juridique originel
d’inspiration traditionnel.....................................................................................................97
1) Les règles concernant l’organisation politico-administrative...................................97
- Les règles relatives à l’autorité traditionnelle, à la transmission de l’autorité et à
son ses épouse (s):..........................................................................................................97
- Les règles relatives aux conseillers, les notables, des anciens ou des patriarches,
griots :............................................................................................................................98
- Les règles relatives aux sociétés –secrètes- traditionnelles (d’initiation, de décision
ou de conseil, de législation...) :....................................................................................98
- Les règles relatives aux corporations de professionnelles, d’esclaves ou
d’étrangers, et les responsables de famille :................................................................98
2) Les règles d’ordre processuel......................................................................................99
a) Les règles relatives aux juridictions........................................................................99
- le conseil de famille (N’da bot chez les beti-Éwondo-, Ndabo a mbia chez les
Douala, Bôma li mbaï-chez les Bassa’a) :...................................................................99
-Le conseil de quartier ou de village :.........................................................................99
- Le conseil de tribu (le Ngondo par exemple peut jouer ce rôle chez les Douala)......99

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b) Les règles relatives aux procédures.........................................................................99


i- Les principes de la procédure en droit traditionnel............................................99
ii- Les règles encadrant le déroulement de la procédure déduites des principes du
cadre processuel ou de la procédure........................................................................99
Paragraphe II : Les composantes ou les systèmes particuliers d’inspiration étrangère....100
A) La composante d’inspiration étrangère imbriqué dans le système de droit
traditionnel marginalisé : le système de droit musulman applicable au Nord-Ouest du
Cameroun (auprès des Alkali courts) et dans la partie septentrionale comme droit
traditionnel ou coutumier avec les traitions ou coutumes locales...................................100
B) Les composantes d’inspiration étrangère dominante au sein de l’ordre juridique
camerounais : le système français inspiré du droit romano-germanique en vigueur dans
la partie francophone du Cameroun et le système anglais inspiré de la Common en
vigueur dans la partie anglophone....................................................................................101
1) La composante d’inspiration romano-germanique : le système français inspiré du
droit romano-germanique en vigueur dans la partie francophone.............................102
a) La constitution de la composante française ou l’intégration du système français
au sein du système juridique camerounais pendant la période de mandat............102
b) La constitution de la composante française ou l’intégration du système français
au sein du système juridique camerounais dans le cadre de la tutelle....................102
2) La composante d’inspiration anglaise : le système anglais inspiré du droit romano-
germanique en vigueur dans la partie francophone.....................................................103
Section II : L’évolution vers l’unification des systèmes au profit de la composante étrangère
du système juridique camerounais............................................................................................103
Deuxième partie : LES DROITS SUBECTIFS RECONNUS AUX SUJETS DE DROIT................106
Titre I : La typologie des droits subjectifs........................................................................................107
Chapitre I : Les droits extrapatrimoniaux...................................................................................108
Section I : Les droits –subjectifs-extrapatrimoniaux ou fondamentaux de la personne dans
les rapports substantiels ou non processuel : les droits fondamentaux d’ordre substantiel. 108
Paragraphe I : Les droits fondamentaux communs à toutes les personnes physiques......109
A) Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux de la personne de première et de
deuxième génération...........................................................................................................109
1) Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux de la première génération : Les
droits-libertés ou droits civils et politiques ou droits fondamentaux de la personne en
tant qu’être humain........................................................................................................109
a) Le droit à l’intégrité de la personne......................................................................109
i- Le droit à l’intégrité physique –réservé aux personnes physiques-.................109
ii- Le droit à l’intégrité morale..............................................................................110
b) Le droit aux libertés fondamentales......................................................................112

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2- Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux de deuxième génération : Les


droits-créances ou droits socio-économiques et culturels ou droits fondamentaux de la
personne en tant qu’acteur économique, social ou culturel.........................................112
B) Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux d’ordre substantiel de troisième et
quatrième génération..........................................................................................................112
1- Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux d’ordre substantiel de troisième
génération : Les droits de solidarité..................................................................................112
2- Les droits fondamentaux récents ou droits à l’avancement de la science: Le droit
aux technologies émergentes et aux biotechnologies....................................................112
Paragraphe II : La problématique des droits fondamentaux spécifiques aux femmes et aux
enfants.....................................................................................................................................113
A) Les droits fondamentaux propres aux femmes............................................................113
B) Les droits fondamentaux propres aux enfants............................................................113
Chapitre II : Les droits patrimoniaux..........................................................................................116
Section I : Les choses ou biens objet de droits patrimoniaux ou non......................................116
Paragraphe I : Les choses ou biens classiques : les biens susceptibles d’appropriation....116
A) Les meubles....................................................................................................................116
1- Les meubles par nature.............................................................................................116
2- Les meubles par anticipation....................................................................................117
3- Les meubles par détermination de la loi...................................................................117
B) Les immeubles...............................................................................................................117
1- Les immeubles par nature..........................................................................................117
2- Les immeubles par destination..................................................................................117
a) L’unité de propriété des deux biens......................................................................118
b) Le rapport de destination......................................................................................118
3- Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent...................................................118
C) Les classifications secondaires ou subsidiaires...........................................................118
Paragraphe II : Les biens ou choses insusceptibles d’appropriation individuelle.............119
A) Les biens du domaine public.........................................................................................119
B) Les biens ou choses protégées.......................................................................................119
Section II : La typologie des droits patrimoniaux: les différents droits patrimoniaux.........119
Paragraphe I : Les droits personnels ou droits de créance : les obligations.......................120
A) Les règles communes à toutes les obligations : Le droit commun –règles générales -
des obligations.....................................................................................................................120
1- La naissance des obligations ou droits personnels...................................................121

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a) La source des obligations........................................................................................121


i- L’acte juridique...................................................................................................121
- L’acte juridique unilatéral :................................................................................121
- L’acte juridique bilatéral ou multilatéral : le contrat –pour soit même-:........122
ii- Les faits juridiques.............................................................................................123
- Les quasi-contrats :..............................................................................................123
- Le délit et le quasi-délit ou faits générateur de responsabilité civile (délictuelle et
quasi-délictuelle) :...................................................................................................123
b) L’affectation de modalités aux obligations et la preuve des obligations.............124
c) La preuve des obligations (voir infra la preuve des droits subjectifs)...................124
2- L’existence ou la vie des obligations ou droits personnels : l’exécution de
l’obligation.......................................................................................................................124
a) L’exécution de l’obligation indépendamment de toute idée de sanction............124
i- L’exécution de l’obligation en l’absence d’incident..........................................125
ii- l’exécution de l’obligation en présence d’incidents : cas particulier de la
survenance d’incident pouvant perturber l’exécution du contrat.......................125
b) L’exécution de l’obligation à titre de sanction d’un fait illicite contractuel ou
extracontractuel : la responsabilité civile ou obligation de réparer........................125
i- Le droit commun de la responsabilité civile.....................................................125
- Les différentes dimensions de la responsabilité civile ou nature de la
responsabilité...........................................................................................................125
- Le régime de la responsabilité civile....................................................................126
3- L’extinction des obligations ou droits personnels....................................................126
a) L’extinction pacifique des obligations...................................................................126
i- Extinction pacifique sans transmission de l’obligation....................................126
- le paiement pur et simple du débiteur :.............................................................127
- L’extinction pacifique de l’obligation par des modes autres que le paiement :
l’extinction pacifique en dehors du paiement :.....................................................127
ii- L’extinction pacifique avec transmission -totale ou partielle- de l’obligation :
l’extinction de l’obligation au profit du créancier................................................128
- La cession de l’obligation :...................................................................................128
- Le paiement avec subrogation :...........................................................................129
b) L’extinction forcée des obligations........................................................................129
i- Dans le cadre individuelle :.................................................................................129
- Les mesures individuelles dirigées contre les tiers –en relation avec le débiteur-
..................................................................................................................................129

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- Les mesures individuelles dirigées contre le débiteur : les procédures simplifiées


de recouvrement et les voies d’exécution forcée ou saisies des biens du débiteur
..................................................................................................................................130
- Dans un cadre collectif : les procédures collectives de traitement des difficultés
du débiteur..............................................................................................................130
B) Les règles particulières –spécifiques- ou régimes spéciaux des obligations...............131
1- Les contrats spéciaux.................................................................................................131
Dans ce groupe, il y a des contrats translatifs (qui ont pour effet de transférer) la
propriété (i) et les contrats liés à l’usage (conclus pour l’usage) d’une chose (ii).........131
i - contrats translatifs de propriété sur une chose................................................131
* la vente..................................................................................................................131
* l’échange :.............................................................................................................132
ii- Les contrats liés à l’usage d’une chose..............................................................133
* contrat de bail à loyer ou contrat de louage de chose :......................................133
* Les autres contrats relatifs à l’usage d’une chose..............................................134
b) Les contrats relatifs aux services...........................................................................134
i- Le contrat de louage d’ouvrage et d’industrie : le contrat d’entreprise –ex-
contrat de louage de service-, la sous-entreprise –ou sous-traitance- et le contrat
de travail – ex- contrat de louage des domestiques et ouvriers- :........................134
*Le contrat d’entreprise –ou contrat de louage de service -marché privé ou
contrat de travaux :.................................................................................................134
* La sous-entreprise ou la sous-traitance :............................................................135
* le contrat de travail – ex- contrat de louage des domestiques et ouvriers- :....135
ii- Le contrat de dépôt, de séquestre et le contrat de mandat ou procuration –
représentation-........................................................................................................135
* Le contrat de dépôt et de séquestre :..................................................................135
*Le contrat de mandat ou procuration ou de représentation..............................135
iii- Les autres contrats relatifs à une prestation de service..................................135
*Les contrats liés au service de garantie d’une créance : les contrats créateurs de
droits personnels accessoires :................................................................................136
* Les contrats relatifs à une prestation de service assimilables à la vente d’un
service :....................................................................................................................136
- Le transport :..........................................................................................................136
- L’assurance (CIMA) :.............................................................................................136
c) Les autres formes de contrats................................................................................136

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i- Les contrats liés au transfert ou transmission d’un droit personnel : la cession


d’une obligation......................................................................................................137
* Le transfert classique de l’obligation :...............................................................137
* L’affacturage et le mécanisme de subrogation :................................................137
ii- Les contrats basés sur l’aléa : les contrats aléatoires.......................................137
* le jeu et le pari......................................................................................................137
* Le contrat de rente viagère..................................................................................138
iii- Les contrats relatifs aux litiges.........................................................................138
* La transaction :....................................................................................................138
* L’arbitrage (AUA):..............................................................................................138
* La médiation (AUM) :.........................................................................................139
2) Les régimes spéciaux des obligations extracontractuelles –d’indemniser ou réparer
le dommage-: les régimes spéciaux de responsabilité civile extracontractuelle..........139
a- L’indemnisation des victimes de risques professionnels......................................139
b- L’indemnisation des victimes d’accidents de circulation et des dommages liés aux
transports....................................................................................................................139
Paragraphe II : Les droits réels.............................................................................................140
A) Les droits réels principaux..............................................................................................140
1) Le droit de propriété.................................................................................................140
a) Généralités sur la propriété...................................................................................140
i- Les attributs et caractères du droit de propriété...............................................140
ii- Les limites du droit de propriété.......................................................................141
b) Les catégories de propriété....................................................................................141
i- La propriété individuelle....................................................................................141
ii- La propriété collective........................................................................................142
2- Les démembrements du droit de propriété..............................................................142
a) Les démembrements classiques.............................................................................142
i- L’usufruit, la nue-propriété, l’usage et l’habitation.........................................142
ii- Les servitudes......................................................................................................143
b) Les démembrements spécifiques...........................................................................143
i- Le bail emphytéotique.........................................................................................143
ii- Le droit de superficie..........................................................................................144
B) Les droits réels accessoires fixés comme garanties de crédit ou de créance : les
sûretés réelles......................................................................................................................144

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1- Les sûretés mobilières................................................................................................144


a) Les sûretés réelles mobilières avec dépossession du débiteur : le droit de
rétention et le gage et la réserve de propriété...........................................................144
i- Le droit de rétention ou sûreté réelle avec nécessité de dépossession..............145
ii- Le gage ou sûreté réelle avec possibilité de dépossession.................................145
* La forme générale de gage :................................................................................145
* Les formes particulières de gages :.....................................................................145
iii- Les sûretés réelle consécutive à une dépossession ou sûreté propriété :
propriété retenue ou cédée à titre de garantie après dépossession......................146
* La réserve de propriété (par clause de réserve de propriété) :.........................146
* La propriété retenue à titre de garantie : la cession de créance à titre de
garantie et le transfert fiduciaire de créance à titre de garantie :.......................146
b) Les sûretés réelles mobilières sans dépossession : le nantissement et les privilèges
......................................................................................................................................147
i- Les privilèges......................................................................................................147
* Les privilèges généraux :.........................................................................................147
* Les privilèges spéciaux.........................................................................................148
ii- Le nantissement..................................................................................................148
* Les formes de nantissement classique :..............................................................149
* Les sûretés réelles mobilières particulières assimilables aux hypothèques : les
sûretés sur les navires –hypothèques maritimes- et aéronefs –hypothèques......149
2- La sûreté réelle immobilière : l’hypothèque.............................................................149
Titre II : Les titulaires et la preuve des droits subjectifs.................................................................151
Chapitre I : La personne physique et la personne morale...........................................................152
Section I : La personne Physique..............................................................................................152
Paragraphe I : Le régime général applicable aux personnes physiques.............................152
A) L’existence de la personne physique............................................................................152
1) Les moments de certitude dans l’existence de la personne physique......................152
a) L’acquisition de la personnalité juridique............................................................152
b) La perte de la personnalité juridique....................................................................154
2- Les périodes d’incertitude sur l’existence des personnes physiques.......................154
a) L’absence ou incertitude mineure.........................................................................154
b) La disparition ou incertitude majeure..................................................................154
B) L’identification et l’individualisation de la personne physique..................................155
Paragraphe II : Le régime particulier –de protection- des incapacités..............................155

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A) Le mineur incapable : Le régime de protection –des droits- du mineur incapable. .155


1) La représentation –légale- du mineur non émancipé...............................................156
a) L’administration légale –des biens- du mineur...................................................156
b) La tutelle du mineur...............................................................................................156
2) L’autorisation, l’assistance et l’émancipation du mineur........................................157
2) Les conséquences de la minorité................................................................................157
i- sur le plan civil : le sort réservé aux actes passés en violation des règles
relatives à la protection du mineur........................................................................157
ii- sur le plan pénal..................................................................................................158
B) L’incapacité du majeur : La protection du majeur incapable...................................158
1) L’interdiction du majeur incapable : le majeur interdit (en représentation)........158
2) Le majeur en curatelle...............................................................................................159
3) Les conséquences de l’incapacité du majeur............................................................159
Section II : La personne morale................................................................................................160
Paragraphe I : La classification des personnes morales......................................................160
A) Les personnes morales de droit privé...........................................................................160
B) Les personnes morales de droit public.........................................................................161
1- Sur le plan interne......................................................................................................161
2- Sur le plan international............................................................................................162
Paragraphe II : L’existence des personnes morales.............................................................162
Chapitre II : La preuve des droits subjectifs................................................................................164
Section I : L’objet et la charge de la preuve.............................................................................164
Paragraphe I : L’objet de la preuve......................................................................................164
Paragraphe II : La charge de la preuve................................................................................164
Section II : Les moyens, modes ou procédés de preuve...........................................................165
- la preuve littérale : acte authentique ou acte sous seing privé.............................................165
- La preuve testimoniale ou preuve par témoignage :.............................................................165
- La preuve par présomption judicaire ou présomption du fait de l’Homme :.......................166
- L’aveu ou preuve par aveu : L’aveu judiciaire et l’aveu extrajudiciaire.............................166
- Le serment ou preuve par serment : le serment décisoire ou serment déféré et le serment à
l’initiative du juge ou serment supplétoire..............................................................................166
Troisième partie : L’ORGANISATION OU SYSTÈME JUDICIAIRE............................................168
Titre I : Les principes et les acteurs de l’organisation ou système judiciaire.................................169

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Chapitre I : Les principes ou garanties encadrant les procédures et structures ou organismes


du système judiciaire......................................................................................................................170
Section I : Les principes ou garanties d’ordre juridictionnel..................................................170
Section II : Les principes ou garanties constitutifs de la défense de la personne justiciable :
les principes ou garanties d’ordre procédural..........................................................................171
Chapitre II : Les acteurs du système judiciaire...........................................................................172
Section 1 : Le magistrat..............................................................................................................172
Paragraphe I : Le magistrat du siège ou magistrat assis : le juge.......................................172
A) Le juge ordinaire ou juge de jugement........................................................................172
1- Sur le plan interne......................................................................................................172
a) Le juge relevant du droit dite moderne.................................................................172
b) Le juge relevant du droit traditionnel : l’autorité ou le chef traditionnel..........173
2- Le juge ou l’arbitre relevant sur le plan international ou communautaire............173
B) Les juges spécifiques......................................................................................................173
1-Le juge d’instruction...................................................................................................173
2- Le juge commissaire...................................................................................................174
Paragraphe II : Le procureur : magistrat du parquet ou magistrat debout......................174
A) Les magistrats du parquet au sein des tribunaux : le procureur de la république, ses
substituts et le commissaire du gouvernement et ses substituts......................................174
B) Les magistrats du parquet au sein des cours : le procureur général, l’avocat général
et les substituts du procureur général...............................................................................175
1- Le procureur général.................................................................................................175
2- L’avocat général et les substituts du procureur général..........................................175
Section II : Les autres composantes subjectives ou les autres acteurs de la justice : les
auxiliaires de justice...................................................................................................................175
Paragraphe I : Les auxiliaires de justice interne au pouvoir judiciaire.............................175
A) Les auxiliaires de justice ayant le statut d’agent public..............................................176
1- Les auxiliaires de justice ayant la qualité d’OPJ.....................................................176
a) Les officiers de police judicaire à compétence générale.......................................176
i- Les OPJ relevant de la sureté nationale.............................................................176
ii- Les OPJ relevant de la Gendarmerie................................................................176
b- Les OPJ à compétence spéciale et les agents de l’administration pénitentiaire.177
i- Les OPJ à compétence spéciale...........................................................................177
ii- Les agents publics en relevant de l’administration pénitentiaire....................177

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2- Les auxiliaires de justice ayant la qualité d’officier public non titulaire d’une
charge : Les Greffiers.............................................................................................177
B) Les auxiliaires de justice relevant des professions libérales........................................178
1- Les auxiliaires de justices ayant le statut d’officier public titulaire d’une charge :
officier -ministériel -public.............................................................................................178
a) L’huissier de justice................................................................................................178
b) Le notaire................................................................................................................178
2- Les auxiliaires de justice ayant une charge en qualité d’officier ministériel sans
office –publique- : l’avocat.............................................................................................178
Paragraphe II : Les auxiliaires de justice extérieurs au pouvoir judiciaire.......................179
A) Les auxiliaires de justices rattachés au pouvoir judiciaire dans le cadre de l’exercice
de leur fonction...................................................................................................................179
1- L’expert-technique-judiciaire et l’assesseur.............................................................179
a) L’expert-technique-judiciaire................................................................................179
b) L’assesseur..............................................................................................................180
i- L’assesseur de droit traditionnel........................................................................180
ii- L’assesseur de droit moderne............................................................................180
2- Les administrateurs judiciaires -de biens-................................................................180
a) Dans les domaines relevant du droit commun......................................................180
b) Dans les domaines spéciaux du droit.....................................................................181
B) Les auxiliaires de justice non rattachés........................................................................181
1- Les agents publics ou administratifs.........................................................................181
a) Les agents publics intervenant dans le service social du système judiciaire......181
b) les agents publics ayant des missions à caractère judiciaire................................182
i- Sur le plan interne : le cas des inspecteurs de travail en cas de conflit de travail
et des sous-préfets statuant en matière de consommation et autres acteurs de
l’administration et du médiateur public ou public independant conciliator......182
ii- Sur le plan international ou communautaire : le cas des agents de la COBAC
..................................................................................................................................182
2- Les personnes privées.................................................................................................183
a) Le conciliateur privé...............................................................................................183
b) L’arbitre des centres institutionnels privés d’arbitrage et ad hoc et le médiateur
institutionnel et ad hoc...............................................................................................183
Titre II : Les ordres juridictionnels..................................................................................................185
Chapitre I : L’ordre étatique de juridiction ou ordre de juridictions étatiques : L’ordre
juridictionnel étatique....................................................................................................................186

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Section I : L’ordre judiciaire ou ordre des juridictions judiciaires........................................186


Paragraphe I : Les juridictions de premier degré : les juridictions de première saisine...186
A) Les juridictions traditionnelles de premier degré ou de première saisine.................186
1) Les juridictions traditionnelles de l’ex-Cameroun oriental ou Cameroun
francophone.....................................................................................................................186
a- Le tribunal du premier degré –TPD-...................................................................187
b- Le tribunal coutumier –TC-..................................................................................187
2- Les juridictions traditionnelles de l’ex-Cameroun occidental.................................188
a) Les alkali courts......................................................................................................188
b) Les « Customary courts »......................................................................................188
B) Les juridictions de premier degré ou de première saisine relevant du droit considéré
comme moderne..................................................................................................................188
1- Les tribunaux de l’ordre judicaire à compétence ordinaire....................................188
a- Le Tribunal de première Instance –TPI-..............................................................188
b- Le tribunal de Grande Instance –TGI-.................................................................189
2- Les tribunaux de l’ordre des juridictions judiciaires de première saisine à
compétences spéciales.....................................................................................................190
a- Les tribunaux de l’ordre des juridictions judiciaires juridictions à compétences
spéciales en matière criminelle (répressive ou correctionnelle)...............................191
i- Le tribunal criminel spécial................................................................................191
ii- Le tribunal militaire...........................................................................................191
iii- La haute cour de justice....................................................................................192
b) Les tribunaux de l’ordre des juridictions judiciaires juridictions à compétences
spéciales en matière civile : la Commission du contentieux de la prévoyance sociale
......................................................................................................................................192
Paragraphe II : Les juridictions saisies sur recours ou juridictions du second degré.......193
A) La cour d’appel..............................................................................................................193
B) La cour suprême............................................................................................................193
Section II : Les autres ordres de juridiction étatiques : l’ordre administratif, l’ordre des
comptes et l’ordre constitutionnel.............................................................................................194
Paragraphe I : L’ordre administratif....................................................................................194
A) Les juridictions de premier degré ou de première saisine dans l’ordre administratif :
les tribunaux administratifs...............................................................................................194
B) Les juridictions de second degré ou juridiction saisie sur recours : La chambre
administrative statuant en appel et la chambre administrative statuant en cassation. .194
1- La chambre administrative de la cour suprême statuant en appel.........................195

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

2) La chambre administrative de la cour suprême statuant en cassation...................195


Paragraphe II : L’ordre juridictionnel des comptes............................................................195
A) Les juridictions de premier degré ou de première saisine dans l’ordre des comptes :
Les tribunaux régionaux des comptes...............................................................................195
B) La juridiction saisie sur recours ou juridiction de second degré dans l’ordre des
comptes : la chambre des comptes de la Cour suprême...................................................196
Paragraphe III : La juridiction de l’ordre constitutionnel : la cour constitutionnelle.....196
Chapitre II : Les autres ordres juridictionnels non étatiques : l’ordre supranational ou
extranational et l’ordre alternatif.................................................................................................197
Section I : L’ordre supranational ou extranational.................................................................197
Paragraphe I : Les juridictions communautaires ou d’envergure communautaire..........197
A) La cour commune de justice et d’arbitrage de l’organisation pour l’harmonisation
en Afrique du droit des affaires -CCJA de l’OHADA : Juridiction de second degré
statuant comme cour suprême –en dernier ressort- par rapport à l’application du droit
OHADA...............................................................................................................................197
B) Les autres juridictions communautaires......................................................................198
1) Sur le plan sous-régional : la Cour de justice de la CEMAC, la cour des comptes de
la CEMAC la Cour de justice de la CEEAC................................................................198
a) Sur le plan sous régional : la Cour de justice et la cour des comptes de la
Communauté Économique et Monétaire des États de l’Afrique centrale..............198
b) La cour de justice de la Communauté Économique des États de l’Afrique
centrale (cour de justice de la CEEAC).....................................................................198
2- Sur le plan régional ou continentale : la cour africaine des droits de l’homme et des
peuples.............................................................................................................................198
Paragraphe II : Les juridictions internationales..................................................................199
A) Les juridictions internationales à compétence universelle.........................................199
1) La Cour internationale de justice –CIJ : juridiction civile à compétence
internationale..................................................................................................................199
2) La Cour pénale internationale –CPI- : juridiction pénale internationale à
compétence imparfaitement universelle........................................................................200
B) Les tribunaux pénaux ad hoc à compétence restreinte ou limitée créés par les
résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU: l’exemple –passé- des tribunaux pénaux
pour le Rwanda et de l’ex-Yougoslavie...............................................................................200
1) Le Tribunal Pénal international pour le Rwanda....................................................201
2) Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie..........................................201
Section II : Les juridictions de l’ordre alternatif.....................................................................201
Paragraphe I : Les juridictions d’arbitrage ou centre d’arbitrage institutionnel.............201

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Paragraphe II : Les juridictions ou centre de médiation –institutionnelle-.......................202

INTRODUCTION GÉNÉRALE

« Ubi societas, ibi jus » (ou « ubi jus, ibi societas »), qui signifie que là où il y a une société, il y a un droit
(ou alors là où il y a un droit, il y a une société). Ce qui traduit clairement l’idée que le droit est inhérent à
l’organisation sociale, depuis l’origine des sociétés humaines. Sa présence s’explique davantage par le fait qu’il a
vocation à fixer l’ordre de choses, un ordre précis, dans presque tous les domaines ou les aspects de la vie en société
(économique, politique, social, culturel…), afin de faciliter une évolution harmonieuse des rapports et rendre la vie
plus agréable.

Le droit, dans son sens étymologique, se présente déjà comme ce qui donne une direction convenable, juste.
C’est la raison pour laquelle il se sert de l’instrument qui est réservé à cet effet. Il s’agit de la règle –objective- ou
droit objectif établie comme l’expression de la direction –droite- d’un ordre d’organisation des rapports ou des
situations posée par la société (ou les organes qu’elle désigne ou habilite à cet effet) qui fixe la norme. La norme,
posée par la règle qui fixe en guise d’objet la ligne d’organisation ou l’ordre à suivre par les sujets (les personnes),
sert d’étalon de mesure à partir de laquelle toute situation ou rapport d’ordre réel (par rapport aux choses) ou
personnel (par rapport aux personnes) régie (réglée) par le règlement (régime) que fixe la règle, sera appréciée ou
jugée comme conforme (au modèle normatif –fixé par la norme-) ou non. En cas de non-conformité, des
conséquences, en général négative, peuvent en découler. Ceci permet de faire ressortir la dimension objective du mot
« Droit », c’est-à-dire que cela fait voir la première acception du mot droit, « le droit objectif », en guise d’ensemble
de règles organisant les rapports au sein de la société et dont le non-respect est sanctionné.

La conformité à la règle ou à sa norme, soit fait échapper aux conséquences « dites juridiques » (parce que
fixées par le droit), soit donne droit à des récompense subjective qui se traduise cette fois par une possibilité ou
faculté conférée au sujet concerné, en guise de prérogative subjective, de fixer selon sa volonté la direction (les
règles) à suivre par rapport à une chose ou par rapport à une personne avec lesquelles il a des liens d’une certaine
nature. Il s’agit de l’expression de son droit subjectif qui est la deuxième acception du mot « droit », en ce sens que
« le droit subjectif » se présente comme une prérogative réelle (par rapport aux biens ou choses) ou personnelle
(par rapport aux personnes) reconnue à la personne (sujet de droit) par le droit objectif, et donc la preuve doit
parfois être rapportée.

Il semble donc nécessaire, avant d’en avoir une connaissance, d’abord parce la nécessité de respecter les
règles ou les normes juridiques (règles ou normes fixées par le droit) permet de savoir si l’on a eu le juste
comportement en conformité avec la voie droite fixée ou non, si l’on s’expose à des conséquences négatives ou si
l’on peut échapper à celles-ci, ou alors dans quelle mesure l’on peut bénéficier de certaines privilèges, pouvoir ou
prérogatives nécessaires à notre épanouissement dans la société. En outre, sur un plan beaucoup plus pratique, la
connaissance du droit, permet à tout professionnel de connaître le cadre dans lequel il doit agir, ses limites, et la
marge de manœuvre dont il dispose pour être efficace dans le déploiement de ses compétences techniques, et agir
professionnellement sans aucune crainte.

Le cours d’introduction générale au droit procure donc à toute personne, y compris celles qui sont déjà dotées
de connaissances techniques, d’avoir à leur portée « une feuille de route » qui doit les guider d’une manière générale
non seulement dans l’acquisition d’un savoir et donc, dans la compréhension de la manière dont le droit organise ou
régit les divers aspects de la vie en société, y compris ceux du cadre social ou professionnel qui le concerne. Pour y
parvenir, il semble nécessaire de faire savoir que l’ensemble des éléments liés au droit peuvent être regroupés autour
de trois piliers : Les règles ou normes constitutives de l’ordre à respecter par les sujets, les droits reconnus à ces
sujets, et le cadre de règlement de tout contentieux entre les sujets en cas de violation des normes et surtout par
rapport à la nécessité de protéger les droits subjectifs reconnus.

À cet égard, le cours tournera au de trois piliers :

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- Le droit objectif : les règles ou normes constitutives de l’ordre juridique (première partie)

- Les droits subjectifs reconnus aux sujets de droit (deuxième partie)

- Le cadre judicaire (troisième partie)

Première partie : LE DROIT OBJECTIF : LES RÈGLES OU NORMES CONSTITUTIVE DE L’ORDRE


JURIDIQUE

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Titre I : Les règles de droit ou normes de l’ordre juridique positif

La règle (contenu) que la loi (contenant –source-) fait jaillir, élément principal ou atome du droit objectif,
renvoie à une proposition linguistique qui contient des normes, c’est-à-dire une proposition linguistique normative
constituée d’énoncés. La norme quant à elle est « ce qui doit être » ou prescription que quelque chose « doit
être » ou « avoir lieu –d’être- » (et d’une manière restrictive une prescription qu’une conduite « doit être » ou
« a lieu d’être »), sous forme d’énoncés soit en tant que principe ou précepte -normatif- doté d’une très grande
généralité par rapport à d’autres règles qui doivent l’incarner ou la traduire d’une certaine manière en guise de forme
ou espèce particulière du principe, soit en tant que précepte –normatif- particulier en application d’un principe ou
non –simplement- doté d’une certaine généralité.

En droit, de la même manière que l’on confond le droit objectif contenu dans les lois avec son contenu qui est
la règle (de droit –objectif-), l’on confond également et généralement la règle –de droit- avec la norme qu’elle
contient et consacre, de sorte que l’analyse de la règle de droit ou règle juridique est en quelque sorte une analyse de
la norme juridique qu’elle établit. Il faut cependant relever que la règle de droit objectif qui doit être appliquée, et
donc qui se présente comme le droit –règle de droit- applicable, constitue ce que l’on appelle le droit –objectif-
positif ou simplement, le droit positif ou alors règle de droit positif.

Il convient donc par rapport à cette analyse, de présenter les questions liées à l’essence de la règle, et
notamment celles relatives aux généralités sur la connaissance des règles de droit ou normes de l’ordre positif
(Chapitre I), puis d’aborder les questions liées à son cycle de vie, à son existence (chapitre II).

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Chapitre I : L’essence de la règle ou norme juridique : les généralités sur la connaissance des règles de droit
ou normes de l’ordre positif

Connaître la règle de droit exprimé ou traduite normativement sous forme de lois ou posséder un certain
savoir sur celle-ci suppose que l’on est capable de dire au moins ce qui:

- d’une part fait du point de vue de sa base ontologique (grâce à une approche phénoménologique) non
seulement de quoi la règle ou norme du droit positif tire ses racines ou ses bases en guise de fondement (section I),
mais aussi qu’est-ce qui fait la spécificité de sa substance à travers ses éléments –traits- d’identification à partir de
son essence profonde parmi toutes les autres règles de l’ordre social (section II),

- et d’autre part permet du point de vue de sa structure et de sa fonction à partir du champ ou le périmètre
voire le rayon d’action dans lequel elle se déploie, de préciser son domaine au regard des différentes branches ou
grandes subdivisions du droit objectif dans l’ordre positif (section III).

Section I : Les fondements –racines ou bases profondes- de la règle de droit ou norme de l’ordre positif par
rapport à la diversité des ordres de règles

L’analyse de l’essence des règles de droit exprimées en tant que lois, laissent apparaître que les normes qui en
constituent la substance sont, au regard de leur élaboration ou production, le résultat du produit des forces créatrices
à l’œuvre et renfermé en leur sein, d’une double activité ou œuvre : une œuvre –force- scientifique issue de la pensée
ou de l’esprit en guise de « donné » de la science tiré par la doctrine savante du droit de plusieurs ordres normatifs
(du point de vue de l’élaboration ou de la production scientifique), et une œuvre –force- technique issue d’une
construction humaine en tant que « construit » artistiquement par les juristes (du point de vue de l’élaboration ou
de la production technique).

Le « donné » de la science (ou donné scientifique) et le « construit » technique ou artistique que renferme la
règle de droit ou la norme de droit applicable ou droit positif (règle de droit posé comme applicable) en guise de
forme d’expression d’une loi, permet alors de mettre en exergue les différents fondements, racines ou bases de la
règle de droit, qui sont soit scientifiques (paragraphe I), soit techniques (paragraphe II).

Paragraphe I : Les fondements, racines, bases profondes, causes -originelles- scientifiques de la règle de droit :
la règle de droit comme expression normative d’une pensée –de l’esprit- de l’Homme fixée par la science ou la
doctrine savante du droit –doctrine lege ferenda-

Les fondements ou bases scientifiques (analysés dans le cadre de la politique juridique d’une société sur la
base de l’orientation philosophique ou de philosophie de politique législative), en guise de cause originelle de la
règle ou norme de droit, peuvent se présenter comme les éléments d’expression d’une loi (la loi s’exprimant comme
dans d’autres domaines des sciences par des règles formulées) parce qu’ils permettent à la loi d’apparaître pour être à
la portée de l’Homme. La loi constituée de règles ainsi présentée, renferme la norme juridique que cette règle met en
évidence, expliquent clairement la raison pour laquelle le droit est d’abord et avant tout considéré comme une

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science, en guise d’œuvre d’une savante doctrine. Cette doctrine dont l’œuvre savante non seulement permet de
justifier l’existence dans l’univers juridique (univers ou milieu du droit) du paradigme scientifique (modèle
scientifique) de la règle –étalon ou instrument général de mesure et formule de générale de détermination des
solutions ou situations constituant un genre ou un ensemble- en tant qu’expression de la loi essentiellement générale
et abstraite, applicable à des formes concrètes constituant des espèces particulières du genre ou de la forme
générale dans les cas particuliers (en vue d’établir, mesurer ou déterminer formellement la conformité, la non-
conformité ou l’écart, la similitude ou la différence entre les éléments –conditions ou conséquences- fixés
abstraitement dans la généralité et ceux du cas fait –forme- concrète du particulier en raison du fait que la valeur
bonne ou mauvaise, positive ou négative du cas concret n’est mesurée ou déterminée qu’à partir du cas général),
varie aussi en fonction des écoles ou courants de pensée. Il peut s’agir –de l’œuvre- du courant ou de l’école
formaliste à tendance idéaliste ou rationaliste, on parle des formalistes qui tirent ou pensent le droit à partir d’un
ordre formel –abstrait-, ou du courant ou école réaliste, on parle alors des réalistes qui tirent ou pensent le droit à
partir d’un ordre normatif réel –ou d’une forme réelle-. Le droit –objectif- en tant que science, et constitué des
sciences (qui varient en fonction des courants ou école), s’enracine donc soit dans des formes –abstraites de
situation- vue comme idéal à suivre ou comme expression de la raison contenu dans la nature ou dans une autre
norme posée (A), soit dans la réalité ou dans le réel –dans une forme de situation réelle- (B), tout ceci pour présenter
ou décrire scientifiquement la règle comme l’expression formelle du produit d’un composé d’éléments: divin
(volonté ou autorité divine), humain (volonté ou autorité humaine), rationnel (volonté ou autorité de la nature ou
raison naturelle), réel (autorité ou volonté de la réalité), normatif (autorité ou volonté normative positive des
organes ou acteurs habiletés à poser –édicter- la norme à appliquer). Ce dernier élément (normatif) se présentant
comme l’élément dominant.

A) Les fondements formalistes de la règle de droit: La règle de droit comme expression –traduction-
normative d’un ordre formel ou d’une forme de situation pensée par la volonté en dehors de toute réalité
positive
La règle de droit ou la loi qui la renferme contient donc en son sein la trace ou la marque de l’œuvre soit de
ceux (des savants) qui estiment que le droit objectif ou la règle de droit découle d’un idéal –forme abstraite idéale-
conçu en dehors de toute forme de situation réelle comme le produit d’une idée qui exclut le contrôle de la raison, tel
que présenté par l’école idéaliste (1), soit de ceux qui estiment que le droit objectif ou le règle de droit découle de la
raison ou d’une forme de situation fourni essentiellement par la raison tel que l’envisage l’école rationaliste (2).

1) Le formalisme à tendance idéaliste : le droit comme expression –traduction- normative d’un idéal d’inspiration
charismatique ou d’une forme de situation liée à l’idée d’une volonté non contrôlé par la raison humaine et par
la logique en dehors de toute réalité positive

Selon l’école idéaliste, le droit –objectif-ou la règle de droit ou la loi est le produit d’une forme abstraite de
situation qui traduit l’idée d’une volonté charismatique (exerçant une exceptionnelle influence sur tout sujet) qui peut
être d’origine divine (a) ou non (b).

a) La règle de droit comme émanation de l’ordre ou l’idéal moral –philosophique ou métaphysique- divin ou
théocratique- de valeurs fondamentales ou originelles- : Le droit comme expression formelle d’une œuvre
divine ou comme posée par un ordre –normatif charismatique- divin ou de ses valeurs

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La règle de droit ou la loi est ici l’expression normative à caractère moral d’une forme –d’essence
philosophique, métaphysique et charismatique- de situation découlant de la raison de la volonté divine en dehors de
toute réalité positive. L’ordre est ici dicté, à travers des commandements imposés au sujet humain, par la divinité à
partir d’une base métaphysique.

Selon l’école idéaliste (école ou courant à tendance formaliste à tendance idéaliste), le droit objectif ou la
règle de droit est une forme de situation qui est le produit de l’idée de la volonté divine (commandement divin)
mettant en exergue ou véhiculant les valeurs –davantage morales- à partir d’une base métaphysique théocratique ou
religieuse soit d’inspiration polythéiste antique (Grecque ou romaine), soit d’inspiration monothéiste impériale
romaine (Constantin, Justinien), soit doctrinale (doctrine religieuse antique juive notamment) ou philosophique
théologienne antique puis médiévale soit chrétienne (encore appelée scolastique » -Gratien, Saint Augustin, Saint
Thomas d’Aquin), soit musulmane (en fonction des écoles –sunnites ou shiites et leurs différentes tendances
modérées ou radicales- ou fonction de ce que conçoit la Oumma –communauté musulmane-).

Les tenants de ce courant ont estimé que le droit naturel provient de Dieu, le créateur des êtres et des choses.
Ainsi, le droit positif doit être conforme à l'ordre naturel de ces êtres et choses. Ceci a conduit Saint Thomas d'Aquin,
qui s’inspire considérablement d’Aristote (à partir de son syllogisme développé dans ses Organon), à distinguer trois
sortes de lois :

- La lex divina, révélée aux hommes par Dieu (qui doit inspirer toute loi humaine) ;

- La lex naluralis, universelle et intemporelle, susceptible d'être découverte par la raison qui fixe les préceptes
(ou principes de base de toute règle applicable comme solution aux cas particuliers) à partir de ce que pose comme
commandement la lex divina comme sa forme particulière par rapport à un ensemble de situation dans un domaine
général précis;

- La lex humana, correspondant au droit positif ou règle directement applicable solution ou forme
particulière concrète aux situations ou cas des faits particuliers dans un domaine précis –inspirée- de la loi divine à
partir des préceptes de la lex naturalis.

Cette distinction a tendance à s’appuyer sur la distinction romaine faite à la période antique (qui précède celle
médiévale de Saint Thomas), avec une distinction faite entre : le jus ou ius naturali (loi naturelle), le jus gentium
(droit des gens en guise de forme particulière de la lex naturalis constituant un corps de règles établissant des
situations ou solutions applicables à toutes les races –tous les peuples- civilisés), et le jus civile (la loi civile qui
s’inspire du jus naturali et du jus gentium –par rapport aux solutions concrètes applicables entre le « quirite » ou
citoyen de Rome et le pérégrin ou étranger à la Rome antique- en tant que leurs formes particulières).

Ce fondement permet de présenter le droit comme découlant a priori (en dehors de toute réalité ou de toute
expérience) de la raison divine ou l’émanation d’un ordre –normatif- divin, le droit objectif ou la règle de droit
n’étant que le fruit de ce que la divinité commande de respecter.

b) La règle de droit comme émanation d’un ordre ou idéal moral autocratique : Le droit comme expression
formelle d’une œuvre autocratique ou comme posée par un ordre –normatif- autocratique

La règle de droit ou la loi qui la renferme, est ici l’expression normative d’une forme d’une émanant d’une
raison ou d’une volonté humaine réelle et charismatique non guidée ou non contrôlé par la logique en dehors de toute
réalité positive, qui promeut des valeurs précises.

La tendance autocratique, que certain range parmi les écoles réalistes), est celle qui prévaut dans les régimes
de gouvernement de la société purement monarchiques ou regardés dictatoriaux. Elle permet de présenter le droit

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objectif ou la règle de droit, comme c’était le cas dans l’antiquité, comme le fruit ou l’expression formelle d’une
forme de situation relative à une idée issue de l’unique volonté d’un autocrate ou monarque (Roi, Empereur,…
dirigeant de régimes autocratiques), regardé par une certaine doctrine (Machiavel) comme le « prince », qui serait
l’incarnation de la divinité sur la terre.

Ce fondement permet de présenter le droit comme découlant a priori (en dehors de toute réalité ou de toute
expérience) de la raison autocratique ou l’émanation d’un ordre –normatif- autocratique, le droit objectif ou la règle
de droit n’étant uniquement que le fruit de ce que le monarque commande de respecter.

2) Le formalisme à tendance rationaliste : le droit comme expression normative d’une forme de situation issue
d’un ordre- normatif- idéal guidé, contrôlé et organisé par la –pensée ou le discours- sur la base d’un ordre
normatif non social ou ordre logique en dehors de toute réalité positive
Selon l’école ou le courant rationaliste (école formaliste à tendance rationaliste), la règle de droit ou la loi est
le produit d’une forme abstraite de situation qui est l’expression soit de ce que la raison ou l’esprit (sur le plan
métaphysique) de tout sujet tire logiquement de la nature des choses (a), soit de ce qui formellement d’une norme
posée par une autorité habileté à la poser comme obligatoire (b).

a) La règle de droit comme expression formelle d’une œuvre présentée par la raison humaine comme la
production logique de la nature ou la traduction des normes posées logiquement par un ordre-normatif
d’inspiration philosophique et métaphysique- naturel de valeurs –originelles ou fondamentales- selon le jus
naturalisme, rationalisme jus naturaliste ou positivisme jus naturaliste
La règle de droit ou la loi qui la renferme, est pensée par la raison humaine comme l’idée traduisant
expression –métaphysique, philosophique morale non divine ou laïque- normative rationnelle et formelle de la
nature- des choses- ainsi que des valeurs qu’elle véhicule tantôt comme précepte de base, tantôt comme idéal auquel
il faut universellement se conformer ou partir desquels toute situation normative doit résulter. Ce n’est plus l’esprit
divin qui, sur le plan métaphysique, édicte des commandements à l’intention de la saine raison humaine, et édicte ou
impose l’ordre, mais, c’est la nature (des choses) qui le fait. La règle de droit objectif, regardée ici comme étant une
règle ou norme de droit naturel, comme conçu par la volonté ou l’esprit de l’Homme serait alors l’expression
normative d’une forme issue logiquement d’un ordre naturel transcendantal -d’inspiration philosophique- sans
rapport avec l’expérience réelle ou des valeurs qui la fondent ou qu’elle véhicule, et donc, de ce que pose la nature,
afin que les formes des cas concrets à l’expérience s’y conforment ou soient appréciés, déterminés ou déduites sur la
base des jugements de valeurs (comme bon, positif et conforme, ou non) par rapport à la forme abstraite.

Selon l’école rationaliste, la règle de droit est le produit d’une forme abstraite de situation fixée naturellement
(en dehors de toute expérience réelle) qui est l’expression des formes subjectives (droits subjectifs) ou objectives
(situations juridiques) de situation traduit par des axiomes (maximes, préceptes de base ou règles de principes en
guise de normes fondamentales) abstraites constituant le genre ou l’ensemble général, que la raison ou l’esprit de
tout sujet tire de la nature des choses pour déduire logiquement les règles, formules ou solutions applicables en guise
d’espèce particulière de la forme générale. Tout ceci passera alors par une approche philosophique morale et non
religieuse (laïque), développée à partir des démarches des sciences exactes et notamment de la mathématique par
ceux que l’on appelle les jus naturalistes.

Ce fondement permet de présenter le droit objectif ou la règle de droit comme découlant a priori (avant toute
expérience) de la nature des choses, ou posée par la nature (d’où l’expression positivisme –jus naturaliste-), ou
encore l’émanation d’un ordre –normatif- naturel, le droit objectif ou la règle de droit n’étant que le fruit de ce que la
nature commande de respecter.

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b) La règle de droit comme expression des normes posées comme obligatoirement applicable par un ordre
formaliste ou essentiellement normatif par la volonté des autorités habiletés à poser les lois selon le
normativisme ou le positivisme normativiste
La règle de droit pensée par la raison humaine est ici l’expression normative rationnelle et formelle d’une
norme posée par la volonté de l’autorité habileté à poser les lois qui s’exprime par les règles, en dehors de toute
réalité et de tout jugement de valeur, c’est-à-dire du jugement comme bon ou mauvais du contenu de la règle ou de la
norme posée. Seul ce qui est posée « formellement » par la norme de l’autorité habilité à faire la loi compte, sans
égard au contenu, en guise de norme ou règle de droit positif.

Le droit est alors conçu ici comme par la volonté ou l’esprit de l’Homme comme l’expression formelle d’une
norme ou forme situation issue d’un ordre « purement » et essentiellement normatif (en dehors de toute réalité
positive, de toute divinité, de toute nature des choses) posée (positivisme) par une autorité qui se présente comme la
seule source des lois, des règles ou des normes à appliquer obligatoirement sous peine de sanction. Chaque norme ou
précepte découlant alors ou étant alors l’expression formelle soit d’une norme plus générale et qui lui est supérieure
dans le respect de la déduction logique, soit d’une norme qui la précède (par rapport à un cas identique ou similaire
au cas qui a fait jaillir formellement la norme précédente) dans le sens de l’analogie.

C’est l’approche retenue par l’école formaliste normativiste ou dite du positivisme normativiste qui domine le
milieu du droit, en ce sens que les règles regardées comme « règles de droit » dans la plupart des États, sont
uniquement règles de droit ou les normes posées par les autorités habiletés comme applicable sous peine de sanction
en cas de non-respect, à savoir le droit positif constituant ainsi l’ordre normatif positif, bien qu’inspiré du produit des
autres ordres et de ceux qui vont suivre.

B) Les fondements réalistes de la règle de droit: la règle de droit comme expression ou traduction normative
d’un ordre réel ou d’une forme de situation pensée par la volonté à partir de la réalité positive sur la base
d’une expérience réelle
Le réalisme juridique permet de présenter les règles comme l’émanation de la vie sociale, de la pression des
besoins sociaux, voire du progrès social. La règle apparait donc ici comme l’expression des réalités sociales soit dans
leur totalité (1), soit dans certains de leurs aspects particuliers (2).

1) La règle de droit comme expression normative de la –totalité de la- réalité sociale positive: la règle de droit
comme expression normative d’une forme de situation posée par les faits –phénomènes- sociaux au regard de
l’expérience ou de l’approche sociologique -de la sociologie du droit-
Selon le tenant de cette école, la règle doit être le reflet de la réalité sociale manière, et notamment de la
manière dont elles évoluent, des actions individuels des individus dans leur quête du bonheur, de l’organisation
sociale dans le même sens de l’organisation de tout être biologique réel (selon la tendance réaliste anglo-saxonne –
Herbert Spencer, Bentham, Darwin), et ceci en excluant toute idéalisme métaphysique ou forme « a priori », pour ne
considérer que les faits positifs de manière radical (tendance réaliste de la sociologie française avec Compte ou
Durkheim).

Auguste Comte a dans ce sens décrit l’évolution de la connaissance vers l’établissement de règles –sociales-
objectives beaucoup plus rationnelles, selon lui, en distinguant 3 principaux états qui présentent les autres éléments
(religieux et métaphysiques) qui dominent les règles comme préscientifiques avec une tendance à les disqualifier
comme pouvant et devant contribuer, en guise de cause originelle, première, essentielle, à la formation de la règle
dans tout domaine, et notamment de la règle de droit:

- l’état théologique (des périodes antiques et surtout médiéval ou féodal): qui se présente comme l’état dans
lequel l'esprit de l'homme cherche à imputer les phénomènes naturels qu'il observe à l'action d'agents surnaturels
qu'il imagine en plus ou moins grand nombre. Ici, c’est un élément surnaturel d’inspiration fétichiste (dimension
consistant en l’attribution aux êtres –animaux, végétaux,- ou bjets matériels –astres- extérieurs une existence

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identique à celle de l’Homme de manière anthropocentrique), polythéiste (dimension consistant désormais en


l’attribution aux êtres surnaturels imaginaires, fictifs ou mystérieux et éventuellement invisibles le pouvoir créateur,
en guise de cause originelle, de tout phénomène réel), et enfin monothéiste (dimension consistant, en tant que plus
haut degré du stade théologique, en un seul être surnaturel le pouvoir créateur comme cause originelle de toutes les
lois universelles invariables, comme objet auquel tout humain doit être assujetti) ;

- l’état métaphysique (de l’époque moderne de la période dite des « lumières »: qui n’est qu’une modification
du premier état et surtout de la dimension monothéiste, dans lequel les agents surnaturels sont remplacés par des
forces abstraites, véritables entités (abstractions personnifiées) inhérentes aux divers êtres du monde, et conçues
comme capables d'engendrer par elles-mêmes tous les phénomènes observés, dont l'explication consiste alors à
assigner pour chacun l'entité correspondante. L’idée qui prévaut théoriquement part soit d’une supposition abstraite
et métaphysique d'un contrat social primitif (Rousseau), soit d’un raisonnement dans l’abstraction sans rapport avec
la réalité du monde physique, à partir des droits individuels communs à tous les hommes (Grotius puffendorf…),
pour dégager des préceptes ou principes présenter comme étant naturel à destination de la seule et saine raison (qui
est la seul qui puisse les découvrir),et déduire logiquement les règles -de droit- applicables comme formes
particulière de ces principes pour des cas particuliers.

- L’état positif ou scientifique : qui se présente comme un état dans lequel l’esprit humain reconnaissant
l'impossibilité d'obtenir des notions absolues, renonce à chercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître
les causes intimes des phénomènes, pour s'attacher uniquement à découvrir, par l'usage bien combiné du
raisonnement et de l'observation de la réalité positive, leurs lois effectives, c'est-à-dire leurs relations invariables de
succession et de similitude.

L’approche positiviste développé par compte a considérablement influencé le positivisme logique à caractère
normativiste qui ne voit dans la règle de droit que le produit d’une norme applicable posée effectivement, non pas
par la société dans le sens des mœurs sociales (comme l’estime le courant sociologique en cause ici), mais, par les
autorité étatiques habilitées.

2) La règle de droit comme expression normative d’un aspect spécifique de la réalité sociale positive: la règle de
droit comme expression normative d’une forme de situation fourni par un aspect particulier la réalité sociale
positive par rapport à une expérience concrète
Les aspects spécifiques ou particuliers visés ici dont la règle de droit porte la marque ou la trace, peuvent être
liés soit à l’aspect temporel ou spatial de la réalité (a), soit à l’aspect économique de la réalité sociale (b).

a) La règle de droit comme expression normative de l’aspect temporel ou spatial de la réalité sociale: la règle
de droit comme expression normative d’une forme de situation fournie ou éclairée par l’histoire de la société –
ou de ses normes- ou par la comparaison géographique des sociétés ou de leurs normes
La règle de droit dans ce cadre peut apparaître soit comme l’expression de l’aspect temporel (i) soit de
l’aspect spatial (ii) de la réalité sociale.

i) La règle de droit comme expression normative de l’aspect temporel de la réalité sociale : la règle de droit
comme expression normative d’une forme de situation fournie ou éclairée par l’histoire –par l’expérience ou
l’approche historique- de l’histoire du droit
Selon le courant concerné ici qui le courant ou l’école historique (Savigny), la règle résulte d’une
accumulation d’une masse de données historiques, pour être ancré ou ré-ancré dans l’histoire ou déterminée par
celle-ci, et particulièrement les coutumes et usages ou traditions spécifiques d’un peuple donnée peut être dégagé à
des fins conservatrices.

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ii) La règle de droit comme expression normative de l’aspect spatial de la réalité sociale : la règle de droit comme
expression normative d’une forme de situation fournie ou éclairée par la comparaison géographique –
l’expérience ou l’approche comparative- du droit comparé
Selon la présente école ou le présent courant, comparatiste (Édouard Lambert, Saleilles, Legrand…), il serait
possible, soit dans une perspective intégrative, d’ouvrir les frontières pour former un droit commun par-dessus et au-
delà des diversités particulières à partir de l’une supposée universalité de ce que la nature permet de poser
scientifiquement ou logiquement comme théorie du droit –objectif-, de la proximité des fonctions des règles, de la
structure des textes, du rôle assigné par les règles aux acteurs, des interprétations…, soit dans une perspective
différentielle en préservant les spécifiés ou les différences en raison de la culture.

b) La règle de droit comme expression normative de l’aspect économique de la réalité sociale: la règle de droit
comme expression normative d’une forme de situation fournie ou éclairée par l’expérience économique ou à
travers une analyse économique –des normes-
Selon les tenant de cette école (Marx –sur l’expérience économique-, et Coase, Posner,…-sur l’analyse
économique-), la règle de droit (superstructure relevant du monde des idées) peut être l’expression des conditions –
matérielles- économiques (en guise d’infrastructure), ou alors être tirée (découlée) d’une analyse ou d’une
description qui repose soit sur l’affirmation subjective de ce que devraient être les normes constitutives du droit ou
d’un régime juridique donné, soit sur l’évaluation des institutions juridiques, le tout à partir des outils économiques
traditionnels et des conditions d’efficacité des règles de droit.

Paragraphe II : Les fondements, racines, bases, causes -efficientes- techniques ou artistiques de la règle de
droit : la règle de droit comme expression normative d’une « construction » –de l’esprit- de l’Homme
Il s’agit ici non pas des préceptes issus des courant ou écoles de pensées à l’œuvre dans la règles qui en font
certes l’essence, mais, davantage du travail (efficient) effectué par certains acteurs sur ce qui est fourni
scientifiquement en guise de faits bruts, matière première originelle par les écoles ou courants de pensées, afin que ce
travail, une transformation en règle directement applicable puisse donner une image concrète de l’ordre normatif
(ordre des normes) juridique positif.

Il existe à cet effet des acteurs (A) et des instruments (B) de la construction technique des règles de droit.

A) Les acteurs de la construction, l’élaboration ou production technique de la règle de droit applicable –de
l’ordre positif- ou artisans –architectes- de la règle de droit ou de la norme applicable
Il est possible de citer ici les acteurs formels (1) et les acteurs réels (1).

1) Les acteurs de la construction technique ou artisans –architectes- formels de la règle : le législateur et le juge
ou juriste –praticien- législateur

-Le législateur : organe qui fait la loi (droit positif ou règle de droit applicable) au sens large en relevant
principalement du pouvoir législatif (assemblée nationale et Sénat constituant « le parlement » qui est dit ici
« bicaméral » avec ces deux chambres) pour ce qui concerne la « loi » applicable, ou dans un sens large, en intégrant
d’autres auteurs de textes contenant des régler à appliquer nécessairement (auteurs de textes réglementaires –décrets,
arrêtés, décisions, circulaire…- qui relèvent du pouvoir exécutif-) en général pour faciliter l’application des lois voté
par le parlement.

-Le juge : Personne ou organe qui incarne institutionnellement celui qui a le pouvoir de régler un litige ou de
satisfaire les prétentions (réclamations) fondées des justiciables et de prendre des décisions –verdict- appelées
sentences (jugements dans les tribunaux, arrêts dans les cours) considéré comme « jurisprudence » à cet effet, soit
dans le cadre du pouvoir judiciaire reconnu à sa corporation constitutionnellement en appartenant dans ce sens au

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corps de la magistrature (juge des juridiction –tribunaux et cours- de droit moderne), soit en n’appartenant pas au
corps de la magistrature ( juge de droit traditionnel, notamment des tribunaux coutumiers). Dans le cadre de la
construction du des règles juridiques, le juge ou la jurisprudence fait l’objet de précédents (jurisprudence ou décision
d’une affaire ou d’un cas auquel se réfère les juges qui seront confrontés à des affaires identiques ou cas similaires
pour prendre leur décision) dans le cadre de l’application judiciaire créatrice de concepts et de catégories du droit (en
cas de carence ou de défaillance de la règle formelle), très souvent grâce à son rôle d’interprétation (en faisant usage
des principe de l’herméneutique –ou science de l’interprétation-), de règles de droit contenu dans les précédents, ou à
défaut dans les principes généraux de droit ou en faisant appel aux règles de l’équité (soit pour combler le défaut ou
le silence de la loi –équité praeter legem-, soit pour compléter un texte –équité secundum legem-, soit pour contrer
les effets injustes d’un texte –équité contra legem-….).

2) Les acteurs de la construction technique ou artisans –architectes- réels de la règle de droit : La doctrine –
juriste de doctrine lege lata- et les praticiens –juristes praticiens-
-La doctrine : D’un point de vue subjectif (des sujets –humains-), la doctrine est constitué par l’ensemble de
ceux qui émettent des opinions, par leur écrit, sur le droit (enseignant, auteurs d’ouvrages…). D’un point de vue
objectif, il s’agit des opinions émises. Par rapport à la fonction constructrice de la doctrine, il s’agit ici de la doctrine
dans une moindre mesure scientifique (doctrine qualifiée de lege lata qui décrit le droit qui « est »), mais dans une
très large mesure non scientifique (doctrine qualifiée de lege ferenda dont l’œuvre est tourné vers le droit qui « doit
être ») qui contribue à la production du droit dans son travail d’interprétation aidant à faire savoir et à faire
comprendre le droit, de systématisation ou de représentation par ses constructions conceptuelles.

- Les praticiens : ensemble de ceux qui appliquent ou qui mettent en œuvre les règles de droit. En cas de
lacune ou d’insuffisance, ils peuvent créer techniquement des solutions –création priée des règles-, ou alors participer
à perfectionner une solution consacrée par la règles de droit.

B) Les instruments de la construction, l’élaboration ou production technique

Elle est en général le fruit de l’œuvre, dans les droit d’inspiration européenne, de certains artisans que sont :
le législateur dans le cadre de la légistique et le juge ou la jurisprudence faisant l’objet de précédents dans le cadre de
l’application judiciaire créatrice de concepts et de catégories du droit (en cas de carence ou de défaillance de la règle
formelle). Il convient donc de préciser que certaines exigences de cette transformation relèvent de la légistique (étude
des méthodes permettant de déterminer les meilleures modalités d’élaboration, de rédaction, d’édiction et
d’application de la norme) pour les sociétés qui ont un droit codifié. Cette légistique se présente donc comme un art
législatif qui permet de construire le système en établissant ses règles applicables (qui « doivent être »
nécessairement appliquées sous peine de sanction) dans le but de structurer la vie sociale. Elle aurait donc un lien
avec la politique juridique qui indique ce devraient être les normes constitutives du droit positif. Cette légistique
peut être matérielle (technique ou instruments techniques appliquée à une matière ou à des données -
scientifiques- matériels comme les données morales –d’origine religieuse ou non-, sociales, économiques,
politiques, historiques, etc. qui sont les considérations de base les causes matérielles ou forces créatrices du droit
objectif) et renvoyer dans ce sens à la technique législative qui utilise un ensemble d’instruments (la quantification
et la réduction des faits de la vie sociale, formes –intégrant soit les sources d’où vont jaillir les règles de droit, soit
les formes qui permettent de faire entre un fait dans ce qui doit être appliqué ou respecté dans les règles- , les
« catégories » de situation configurées comme situation juridique hypothétique ou impérative abstraite et générale,
les « concepts » –représentation abstraite et mentale d’un fait à partir de ses traits, des éléments de sa substance, sa
forme…- contribuant à configurer les catégories – de situation juridique- en raison de la proximité de leurs traits
ou des éléments de leur substance, la langue et l’usage d’une linguistique précise -étant donné que les règles se

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présentent sous formes de proposition qui contiennent des énoncés-…) pour traiter la matière première (les faits,
données –scientifiques- en guise de causes matérielles ou de forces créatrices du droit) constitutive du droit
applicable, afin d’élaborer la solution applicable (ou une image claire et précise de celle-ci). Elle peut également
être formelle (légistique formelle) et renvoyer à des procédés d’élaboration ou au processus formel qui s’intéressent
davantage à la mise en forme de ce qui doit être appliqué, au sein d’un cadre ou d’une forme précise (loi ou coutume
–qui seront abordées dans le chapitre suivant sur l’existence des règles dans l’ordre juridique) en guise condition
d’existence ou de naissance des règles dans l’ordre juridique ou dans l’ordre des règles applicables. Cette dernière est
donc considérée comme la « nomographie » et la première serait la « nomologie ».

Section II : L’identification de la règle de l’ordre des normes de droit positif par rapport aux autres normes des
autres ordres normatifs dans l’univers éthique ou normatif
Il s’agira de distinguer dans l’univers éthique ou normatif, d’une part les règles ou normes de l’ordre de
normes du droit positif, d’autre part des normes des autres ordres normatifs à l’instar des normes l’ordre moral qui
peuvent être issues de la morale religieuse (ordre des normes issues de la religion, c’est-à-dire l’ordre normes issues
de la morale divine) ou non religieuse (ordre des normes de la morale sociale laïque positive et ordre des normes
morale laïque des règles du droit regardé comme naturel), à l’exclusion de tout ordre non normatif, comme l’ordre
logique qui les organise tous, u du moins la plupart d’entre eux.

Il serait alors possible d’identifier la règle de droit à travers ses caractères (paragraphe I), ou grâce à ses
finalités (paragraphe II).

Paragraphe I : L’identification de la règle de droit positif à travers ses caractères ou ses traits
L’identification de la règle de droit positif passe par la mise en exergue certes de ses caractères qu’elle a en
partage avec les règles des autres ordres de normes (A), mais, davantage des caractères qui lui sont spécifiques et
qu’elle ne partage donc pas avec les normes des autres ordres normatifs (B), et notamment avec l’ordre moral.

A) Les caractères de la règle de droit ou de la norme juridique partagée avec d’autres ordres de normes : Le
caractère général, objectif, abstrait, impersonnel et extérieur

La règle de droit est générale, objective (droit objectif), abstraite ou extérieure et impersonnelle: cela signifie
qu'elle a vocation à s'appliquer objectivement (en dehors des sujets), sous forme de représentation abstraite et
générale ou théorique conçu par l’esprit (mentalement) comme l’idée d’une situation ou d’un rapport externe
(extérieur) par rapport aux faits concrets, générale à tous les cas particuliers qui présentent les caractéristiques
identiques ou similaires à ce qui est présenté abstraitement dans le cas ou formule générale. En effet, la loi (au
sens large) permet toujours de présenter formellement, ou de représenter abstraitement par des concepts, de la
même manière que dans les sciences dites exactes (mathématique, physique…) ou dites de la nature (biologie,
physique…), la règle comme une idée théorique ou une formule sous la forme d’une situation ou d’un rapport
qui indique que d’une manière générale, certaines conséquences doivent se produire ou avoir lieu si certaines
conditions sont remplies. Ainsi, lorsqu’un cas ou fait particulier (situation particulière) présente ces conditions,
les conséquences fixées abstraitement dans le cas ou cadre objectif et général par rapport à ces conditions doivent
se produire, et ainsi de suite. Cela explique qu'elle soit toujours formulée objectivement de manière abstraite,
générale, impersonnelle et de manière extérieure, à destination des cas concret ou particulier. On rencontre souvent
les formules: "Quiconque..."Toute personne...". La règle concerne chacun et ne vise personne en particulier. Cela ne
signifie pas pour autant que toutes les règles de droit ont vocation à régir toutes les personnes. Parfois la règle de
droit s'applique à un groupe de personnes les salariés, les propriétaires, les conducteurs employeurs, les médecins, les
consommateurs, d'automobiles, les époux. La logique dont va s’imprégner l’application (sur laquelle il sera possible
de revenir en détails dans l’étude de l’application des règles) sera alors dite formelle, avec une tendance
considérable au recours au syllogisme consistant en des règles se présentant comme des formules applicables à des

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cas ou situation d’espèce en vue d’une conclusion qui permettra de subsumer le cas d’espèce sous le cas abstrait ou
général posé par la règle et d’en jauger (mesurer, calculer) la conformité ou l’écart –violation-(la règle objective
abstraite ou cas –cadre situation- posé de manière générale étant l’instrument ou l’étalon de mesure des cas, cadres
ou situations particuliers).

La règle est générale parce qu'elle a vocation à s’appliquer à toute personne appartenant à cette catégorie. La
règle de droit n'en est pas moins générale parce qu'elle vise une catégorie de personnes sans viser personne en
particulier. Même si la règle vise une catégorie à laquelle une seule personne appartient, (ex. Le président de la
république française en fonction), elle conserve un caractère général parce qu'elle ne nomme personne en particulier.

En principe, ce caractère général de la règle de droit est une garantie contre l'arbitraire, contre la
discrimination individuelle. Mais le caractère général de la règle de droit ne signifie pas égalité. La règle de droit
peut être discriminatoire à l'égard d'un groupe de personnes pour des motifs louables (accorder plus de droits aux
personnes âgées, plus de protection aux femmes enceintes, aux enfants ; être plus sévère à l'égard des automobilistes
qui créent un risque pour les non-conducteurs) ou des motifs condamnables (race, sexe, religion, convictions
politiques, etc.…) La généralité de la règle de droit est une protection nécessaire mais insuffisante contre l'arbitraire.

Par rapport au caractère général et abstrait, la règle de droit doit régir d’une manière théorique des
situations d’une manière générale et non pas des faits ou cas particuliers concret. Ex. : la loi ne va décider si Jean
est l'enfant légitime de M. et Mme Dupont. Mais la loi décide que tous les enfants nés pendant le mariage sont
légitimes. Il faudra appliquer la loi à cette situation. En revanche, le juge statue sur des cas particuliers, il rend des
décisions et non pas des règles de droit.

Ce caractère général et abstrait de la règle de droit permet de la distinguer d'autres normes Juridiques. Ainsi,
une décision individuelle prise dans un cas concret, même si elle émane de l'Administration ou du Parlement, n'est
pas une règle de droit (Ex. : un permis de conduire, une notification de droits, nue loi qui ordonne les funérailles
nationales pour les obsèques d'un homme d'Etat, un ordre de réquisition, une nomination par décret à une fonction
publique ou à un titre honorifique etc.…). Ce n'est pas règle de droit mais une disposition personnelle, mais, un acte
créateur (source) de droit –subjectif-personnel. Il en est de même d'un jugement tranchant un litige particulier il
n'édicte pas une règle de droit à vocation générale. Il répond, au contraire, à un problème particulier. Dans ces deux
cas, il ne s'agit pas d'une règle de droit mais d'une décision.

B) Le caractère spécifique de la règle de droit ou de la norme de droit positif : le caractère contraignant ou


obligatoire, coercitif ou expiatoire –spécifique-
La règle de droit ordonne, défend, permet, récompense ou punit. La logique dont la règle s’imprègne alors
dans ce sens est celle du devoir, encore appelée « la logique déontique ».

Ainsi, il est possible de noter que quand bien même la règle de droit serait permissive, elle a un caractère
obligatoire parce qu'elle interdit aux autres de porter atteinte à cette liberté (ex. le droit de grève est une règle
juridique obligatoire et l’employeur ne peut s'y opposer, l'avortement est, à certaines conditions, un droit et nul ne
peut s'opposer à la pratique de ces interventions médicales).

Ce caractère obligatoire permet d'opposer la règle de droit aux autres règles de l’univers éthique (qui relève
de l’ordre moral métaphysique ou non). Ainsi, la règle religieuse (morale religieuse –d’un ordre métaphysique
divin), la règle morale laïque (de la morale dite de droit naturel –d’un ordre métaphysique dit rationnel-) ou la
règle de politesse des mœurs sociales (de la morale sociale), sont toutes dépourvues de ce caractère obligatoire et
expiatoire particulier ou spécifique qui expose à des sanctions qui:

- d’une part ne relèvent pas de la simple conscience de l’individu (comme c’est le cas pour les sanctions qui
relèvent du non-respect des règles de la morale divine ou laïque-dite de droit naturel), ou qui ne se limite pas à
frapper le non-respect des devoirs comme les règles morales (qui n’imposent d’ailleurs davantage que des devoirs),
mais frappe non seulement la violation d’un droit subjectif ou prérogative reconnu ou établi au profit d’une

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personne par la règle de droit (la règle de droit prévoyant en dehors des devoirs, des prérogatives ou droits
subjectifs), mais aussi le non-respect des règles étrangères à toute considération morale formellement imposé par
la règle applicable fixée par l’organe habileté de l’État;

- et d’autre part sont prévues et organisées par les autorités habilitées de l’État- à édicter ou poser les
normes applicables-, de manière à faire que la sanction accompagne la règle (à la différence des normes de la
morale sociale dont les sanctions ne relèvent pas de l’ordre normatif fixé par les autorités étatiques habiletés) afin
de la mettre en œuvre en cas d’écart à l’égard de la norme ou de la violation de celle-ci.

Ainsi, la violation d'une règle religieuse peut donner lieu à des sanctions émanant de Dieu ou de l'Eglise
(excommunication) et la violation d'une règle morale ou de politesse peut entraîner la réprobation sociale, le blâme
public, l'exclusion, mais l'exécution de ses règles ne peut être pris en charge par l'autorité publique (autorité de
l’État). L'Etat n'est pas à l'origine de la contrainte exercée pour le respect de la règle religieuse ou morale. On perçoit
immédiatement qu'une telle proposition n'est valable que pour les Etats laïcs. Car toute règle morale, religieuse ou
autre, a vocation à devenir juridique, indépendamment de son contenu et de sa finalité il lui suffit d'être rendue
obligatoire et sanctionnée par l'Etat. Or, pour les Etats religieux, la distinction entre règle religieuse et règle de droit
n'existe plus puisque le droit procède de la religion.

Il existe alors plusieurs formes ou types de sanctions prévues qui accompagne le non-respect, la violation de
la règle de droit (l’écart à l’égard de la règle de droit) : la sanction-exécution, la Sanction-répression, la sanction
réparation et la sanction-inhibition.

- La sanction-exécution (sanction à caractère civile en cas de lésion de l’intérêt privé d’une personne –
posée par principe par la règle de droit issue formellement d’une loi civile-) : C'est elle qui frappe très souvent le
débiteur récalcitrant (lorsque l’intérêt d’un particulier ou d’une personne -physique ou morale- a par principe été lésé
par le non-paiement ou règlement d’une dette). Face à l'insoumission de son cocontractant, le créancier doit recourir
à l'exécution forcée. La coercition à exercer sur le débiteur varie selon le type d'obligations en cause. En effet,
lorsqu'il s'agit d'une obligation de payer une somme d'argent, le moyen de contraindre le débiteur est de procéder à la
saisie de ses biens. La saisie est une voie d'exécution dont le premier effet est de placer sous-main de justice tel
élément du patrimoine, en vue de le faire vendre aux enchères publiques afin de se faire payer sur le prix de la vente.
En outre, lorsqu'il s'agit d'une obligation de faire ou de ne pas faire, plusieurs voies de sanction-exécution s'offrent.
L'inexécution d'une telle obligation peut ouvrir droit tantôt à la condamnation au paiement des dommages-intérêts,
tantôt à l'exécution manu militari c'est-à-dire en ayant recours å la force publique, tantôt à l'exercice du procédé de
l'astreinte qui est une condamnation accessoire fixée å tant par jour de retard, qui s'ajoute à la condamnation
principale pour le cas où celle-ci ne serait pas exécutée dans le délai prescrit par le juge

- La sanction-réparation (sanction à caractère civile en cas de lésion de l’intérêt privé d’une personne–
posée par principe par la règle de droit issue formellement d’une loi civile-) : La sanction-réparation vise à rétablir
l'équilibre détruit par la violation du droit, lorsque l’intérêt d’un particulier ou d’une personne (physique ou morale) a
par principe été lésé. Elle consiste, soit à indemniser, c'est- à-dire à verser des dommages-intérêts compensatoires
lorsque la victime a subi un préjudice matériel ou moral ou des dommages- intérêts moratoires lorsque le
déséquilibre résulte d'un retard dans l'exécution de l'obligation, soit restituer ce que l'on a indument acquis. Ce
dernier cas peut s'illustrer par le mécanisme de la répétition de l'indu ou de celui de la lésion.

- La sanction-répression (sanction à caractère pénale–posée par principe par la règle de droit issue
formellement d’une loi pénale en cas de violation de celle-ci, bien que des formes de peines privés peuvent exister
en matière civile-) : C'est la forme rigoureuse par excellence, en ce qu'elle n’est pas strictement calquée sur la lésion
du droit violé. Elle inflige au récalcitrant soit une peine publique, soit une peine privée, selon les cas, en raison de la
commission d’une infraction ou violation de la loi pénale. Justement, dans le premier cas, lorsque l’intérêt général
ou public a été atteint, en raison de la violation d’une norme qui interdit formellement certains comportements ou
situations au sein du corps social (homosexualité, proxénétisme, vol, crime contre la sûreté de l’État, corruption…

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toutes prévues par des dispositions à caractère pénal) deux catégories de peines peuvent être prononcées. Il peut
s'agir 1°) à titre principal des peines principales, d'un châtiment corporel (peine personnelle qui touche la personne
ou son corps) consistant essentiellement dans la privation de la liberté ou d'une condamnation au paiement d'une
amende (peine réelle qui touche le patrimoine de la personne), des peines alternatives (aux peines principales)
comme les travaux d’intérêts général ou la sanction-réparation (en général en cas d’infraction moins grave –soit
qualifié de « délit » qui expose à une peine d’emprisonnement supérieure à 10 jours et au plus égale à 10 ans avec
une amende de plus de 25 mille frs, soit de contravention « exposant à une peine d’emprisonnement d’un maximum
de 10 jours et d’une amende maximale de 25 miles frs cfa- mais pas en cas de crime exposant à une peine
d’emprisonnement–ou infraction supérieure à 10 ans-), 2°) et à titre accessoire des peines accessoires sous formes
de mesures de sûreté ici « post délictum » ou prononcées à la suite d’une condamnation (même si elles peuvent aussi
être prises « ante delictum » ou à titre préventif afin d’éviter la survenance de certaines infractions au regard du
comportement de certains individus) prises à l’égard des personnes afin de limiter l’exercice de leurs droits
subjectifs, au moyen des mesures comme la confiscation des biens d'un délinquant au profit de l'État ou d'un
établissement public (mesures de sûretés réelles d’ordre général), la fermeture de l’établissement -qui serait le lieu de
commission de l’infraction- ou l’interdiction de l’activité (mesures de sûretés réelles d’ordre spécifique aux
personnes morale), les déchéances ou incapacité d’exercer (mesures de sûretés personnelles spécifiques aux
personnes physiques), la relégation ou mesure de sûreté personnelle spécifique au personne physique et parfois au
mineur (consistant en un confinement dans un établissement spécial en général aux fins de réadaptation), mesures de
surveillance et d’assistance postpénales, l’internement dans une maison de santé(mesures de sûretés personnelles
spécifiques aux personnes physiques)... Dans le second cas, la peine privée, qui est toujours à incidence pécuniaire,
profit à la victime exclusivement. Elle peut également être prononcée en fonction d'un intérêt privé, et non en
considération de l'intérêt général. On en distingue deux sortes selon le résultat qu'elles produisent. Il s'agit, d'une part,
d'un gain manqué qui se traduit par la privation d'un bénéfice qui aurait enrichi le patrimoine du contre venant, et qui
lui échappe parce qu'il a mangue à son devoir. On cite à titre d'illustration 1'article 727 du Code civil qui exclut de 1a
succession pour cause d'indignité successorale, celui qui a attenté à la vie du défunt ou a porté contre lui une
accusation jugée calomnieuse. L’autre sorte de cette sanction est une perte éprouvée qui sanctionne un comportement
malhonnête du contrevenant. Par exemple, l'article 955 du Code civil, en matière de libéralités, incrimine
l'ingratitude du donataire qui a attenté à la vie du donateur ou s'est rendu coupable envers lui de sévices, délits ou
injures graves, ou lui a refusé des aliments la peine consiste alors pour l'ingrat à restituer les biens tels qu'il les reçut,
à défaut leur valeur appréciée au jour de la demande en révocation.

- La sanction-inhibition (sanction par principe à caractère civile en cas de lésion de l’intérêt privé d’une
personne –posée par principe par la règle de droit issue formellement d’une loi civile, bien certaines peuvent
exister en matière pénale) : Elle vise la paralysie de l'acte juridique ou l'action en justice qu'entraîne le vice qui les
entache. Le degré d'inhibition est fonction de la gravité de l'ampleur de l'incorrection juridique: elle est totale ou
partielle. 1°) Dans le premier cas, elle empêche l’existence d’une situation juridique ou d’un droit subjectif
qu’elle permet d’établir sur la base d’une règle qui les consacre, ou met un terme et détruit –même
rétroactivement- la situation juridique établie par la règle de droit, et donc, tout droit subjectif –prérogative établie
et reconnue par la règle de droit- en cause qui fait l’objet d’une violation matérialisée par un vice ou défaut dans
le respect de la règle (par rapport à la situation juridique concernée), et repose sur : les vices –défaut- de
malformation (le non-respect des conditions –intrinsèques- de validité) d’une situation juridique ou d’un droit
subjectif et peut consister en la nullité, le vice d'impossibilité d’une situation juridique ou d’un droit subjectif et
consister en la caducité (en raison de la survenance d’un événement ou d’une absence d’un élément, en guise de
cause qui fait perdre à une situation juridique donnée les effets qu’elle comporte généralement -en termes de droits
subjectifs ou prérogatives reconnue à une personne-), le vice de tardiveté ou de retard par rapport à la mise en œuvre
d’une situation juridique ou d’un droit subjectif et consister en la prescription (pour frapper et éteindre le droit
subjectif ou la prérogative que la règle permet d’exercer) ou la forclusion (pour empêcher définitivement sur le plan
processuel l’exercice ou la défense d’un droit subjectif ou d’une prérogative que la règle établit par rapport à
l’inaccomplissement d’une formalité dans les délais), le vice d'infidélité à un engagement par rapport à une situation

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juridique ou un droit subjectif notamment contractuel (notamment dans les contrats synallagmatiques qui imposent
des obligations à chaque parties au rapport) et consister ici en la résolution –du contrat-(pour inexécution) et lorsque
le contrat est à exécution successive, ce vice d’infidélité aboutira à une résiliation (afin de mettre un terme à celui-ci
pour l’avenir). 2°) Dans le second, la sanction-inhibition dite partielle repose sur des vices –de clandestinité ou
d’irrégularité- qui ont une portée limitée dans la mesure où elle empêche de se prévaloir d’une situation juridique
du tout droit subjectif –prérogative- qu’elle permet d’établir sur la base d’une règle de droit, ceci en neutralisant
ou en rendant inefficace ses effets (par une incapacité d’atteindre le but visé) à l’égard d’un public victime du
vice de clandestinité ou de l’irrégularité (notamment du fait d’un défaut de publicité), tout en laissant subsister
comme valable en 1'état le droit subjectif-la prérogative établie et reconnue par la règle de droit- ou la situation
juridique posée par la règle de droit en cause. Elle repose sur les vices de clandestinité ou d’irrégularité, provoquant
l’inefficacité, qui entraine simplement l’inopposabilité, en raison d'irrégularité et d'inaccomplissement.

Paragraphe II : L’identification de la règle de droit positif à travers son objet ou son rôle et ses finalités ou ses
buts par rapport aux valeurs –causes- finales poursuivies distinctes des valeurs –principielles- originelles ou
fondamentales

Il sera simplement question d’analyser ici d’une part l’objet, le rôle ou les fonctions de la règle de droit (A), et
d’autre part ses finalités (B).

A) L’objet, le rôle ou les fonctions de la règle de droit


Le droit peut avoir plusieurs fonctions :

- la fonction d’organisation :
La fonction première de la règle de droit est d’organiser la société, c’est-à-dire de doter la société de règles
dont l’objectif est de faciliter son fonctionnement et de lutter contre les activités non désirables. Le droit va donc
établir des règles pour permettre la vie en société en organisant les relations entre les personnes (entre créancier et
débiteur, entre époux, entre salarié et employeur…) et les relations avec les institutions (le droit de vote, le paiement
de l’impôt…), entre les biens (l’accessoire suit le principal –un droit patrimonial accessoire suit un droit patrimonial
principal). Ces règles pourront être des interdictions (de stationner, de fumer…), des obligations (entretenir ses
enfants, livrer la marchandise…), ou des droits accordés à des individus (se marier, contracter…).

- La fonction d’expression :
La règle de droit exprime les valeurs ou préceptes de base de la société qui l’engendre ou l’établie (élaboré).
Ainsi, comme l’on reconnaît l’oiseau à son plumage, l’on reconnaît le droit positif ou les règles de droit positif à
l’État ou la société qui l’a élaboré.

-La fonction d’imposition :


La règle de droit impose un semble de situations –juridiques- ou de comportements en fonction des domaines
de la vie –sociale- ou de l’organisation économique, social et politique ou d’un espace plus ou moins large (national
ou supranational -sous-régional, régional ou international-). Le respect de certaines situations ou comportements est
exigé de manière impérative sans donner la possibilité aux destinataires de la règle de pouvoir y déroger ou de les
écarter (exclure du champ de leur situation) par la manifestation d’une volonté contraire. Il s’agit des règles d’ordre
public.

- La fonction de proposition :
La règle de droit propose par-dessus-tout un modèle de conduite, de situation ou de rapport. Les règles de
cette catégorie lorsque les parties peuvent déroger à la règle qui proposée pour régir la situation ou le rapport. La

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règle n’est alors que supplétive (règle supplétive) de volonté (dans ce cas, la volonté du législateur remplace ou
supplée simplement la carence de celle exprimée par les parties dans le rapport ou la situation en cause).

B) Les finalités ou ses buts par rapport aux valeurs –causes- finales poursuivies distinctes des valeurs –
principielles- originelles ou fondamentales

Les valeurs finales (qui répondent à la question du « pourquoi les règles ? », pour quelles fins ? pour quel
but ? qu’est-ce qui justifie la règle ?) dont il est question ici, sur le plan axiologique, ne sont pas les valeurs qui se
présentent sous forme de principes ou règles consacrées sous forme de préceptes originels de règles applicables, mais
il s’agit des valeurs qui apparaissent comme les causes finales des règles, celles que les règles ou normes doivent
exprimer pour en comprendre le sens, guider l’interprétation, orienter l’application ou en prévoir l’évolution . Ces
valeurs qui se présentent l’ordre ou l’idée supérieure que la règle de droit veut promouvoir pour la cohérence du
système, varie en fonction de l’approche scientifique adoptée. Il peut s’agir d’un ordre matériel posé ou d’un ordre –
idéal- moral précis.

C’est ainsi que les valeurs ou finalités (fins que le droit doit servir) ou causes ont fait l’objet d’une
systématisation qui permet de les présenter soit comme étant matérielles ou positives sur le plan socio-économique
ou politique (1), soit comme idéales ou morales, à l’instar de la justice –par principe- et de l’équité –qui est le stade
le plus élevé de la justice (2).

1) Les finalités matérielles ou positives

Les finalités matérielles ou positives peuvent être d’ordre économique, à l’instar du progrès social et
économique (a), ou d’ordre politique, à l’instar de la sécurité et ses corolaires, à l’instar de la stabilité ou de l’ordre
(b).

a) Les finalités matérielles d’ordre socio-économique : le progrès social ou économique individuellement ou


collectivement utile
Le progrès social renvoie au triomphe de l’élément, l’œuvre ou la pensée réaliste dans la règle de droit. Ici, la
règle de droit ou la norme s’assigne pour mission de réaliser, le progrès de la civilisation ou de l’espèce humaine ou
de contribuer simplement à celui-ci. L’idée de développement social et économique à partir du droit –objectif- ou de
la règle de droit, qui passe aussi par le développement ou la modernisation des règles ou des normes, c’est-à-dire des
lois, est le produit du triomphe de plus en plus palpable de l’orientation réaliste du droit objectif vers le progrès
social et économique.

La règle de droit aura alors pour objectif ou finalité, dans le sens du progrès, de rechercher (ou de chercher à
réaliser) le plus possible le bonheur du plus grand nombre, tant sur le plan individuel que collectif. Elle doit alors être
utile à l’individu (en promouvant comme valeur suprême par exemple sa liberté dans sa quête par tous les moyens
appropriés son bonheur –en plaçant l’intérêt individuel sur l’intérêt collectif- et en repoussant sans cesse les limites
de l’interventionnisme étatique tout en exaltant les droits subjectifs ou prérogatives individuels sur les droits
collectifs ou sur les devoirs ceci dans le même sens que les jus naturalistes) et à la société ou à la communauté (en
plaçant l’intérêt collectif, commun ou social sur tout autre, notamment individuel).

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b) Les finalités matérielles d’ordre politique : la sécurité et la stabilité ou l’ordre comme corolaires

La sécurité –juridique-et ses corolaires, résulte du triomphe de tout école ou de l’œuvre ou élément formaliste
(théocratique, jus naturaliste ou normativiste) dans la règle de droit. Selon cette orientation, la valeur sociale à
rechercher et à atteindre par toute règle est la sécurité juridique, sans laquelle l’ordre juridique ou le système
juridique qu’il contribue à établir ne serait bâti que sur du sable mouvant sans aucune garantie à offrir à ses
destinataires. Même la justice qui est une finalité d’ordre morale, ne viendrait que renforcer subsidiairement cette
valeur, la justice consacrée par la règle ne contribuant à garantir la sécurité des destinataires de la règle. C’est
d’ailleurs le caractère contraignant et la sanction qui accompagne la règle qui renforce et conforte cette valeur. Cette
sécurité, qui permet de protéger contre des risques, de mettre à l’abri de tout danger et surtout de tout risque
(agressions, accidents, atteintes matérielles…), peut être subjective (sécurité subjective) dans la mesure où elle
protège les droits subjectifs ou prérogatives reconnus par la règle de droit aux personnes sur leur corps (leur
personne) ou sur leurs biens, et concerner ainsi soit la personne (sécurité des personnes) en étant individuelle
(sécurité individuelle) ou collective (sécurité publique), soit ses biens (sécurité des biens), dans le but d’assurer la
salubrité, la tranquillité et garantir la liberté. Elle peut aussi être objective (sécurité objective) et visé le droit ou la
certitude de son respect au regard de la qualité des textes qui fixent la règle ou l’absence de prolifération
désordonnée et bouleversement ou révision, sous un fond d’instabilité, des textes.

Cette sécurité objective permet de mettre en exergue les éléments sur lesquels repose la sécurité, en guise de
corolaire, pour être efficace. Il s’agit de :

- La stabilité : la stabilité consiste essentiellement en la permanence, la fixité et la solidité d’une situation ou


d’un rapport juridique établit par la règle de droit, contre tout bouleversement. Elle peut passer par des principes
comme la non-rétroactivité de la règle de droit (la loi ne régissant ou n’encadrant pas par principe les situations ou
rapport nées avant elles sur la base de certaines prévisions des parties audit rapport –article 2 du Code civil-),
l’autorité de la chose jugée (res judicata pro veritate accipitur qui signifie la chose jugée est tenue pour la vérité) qui
désigne le fait que la solution arrêtée par un juge dans une affaire est considérée comme la vérité définitive si la
décision ne peut plus être attaquée par aucune voie de recours. En plus des principes, des formes (dans le cadre du
formalisme) ont été consacrées pour que lorsqu’une situation les revêts, ou alors lorsqu’elles caractérisent en
frappant une situation ou un rapport juridique dans laquelle les droits acquis ne sont qu’en apparence conformes ou
non conformes à ce que prescrit la règle ou norme juridique, il y ait consolidation et stabilisation définitive de la
situation ou de la conformité (s’il y avait apparence de conformité) ou de la non-conformité (s’il y avait apparence de
non-conformité) suivant le cas, dans le sens voulu par le législateur qui établit ces formes. Il s’agit des délais pour
accomplir des formalités relatives aux actions en justice (les voies de recours y compris), ou à la publicité d’une
opération…en matière de procédure à suivre pour défendre et faire valoir son droit subjectif ou la prérogative
reconnue par la règle de droit (délais au-delà desquels l’on est forclos et la situation, le rapport les droits subjectifs
apparemment conformes ou non conformes avant que les délais –de forclusion- ne frappent cette situation ou ne
cessent de courir, se consolident définitivement), délais de prescription –acquisitive ou extinctive- dans le cadre des
rapports substantiels ou non processuels (délais au-delà desquels le droit subjectif ou la prérogative reconnue par la
règle de droit qui n’était qu’en apparence soit acquis, soit inexistant, avant lesdits délais, se consolident
définitivement conformément aux prescription des règles dans le sens soit de l’acquisition –prescription acquisitive
ou usucapion- s’il y avait apparence d’acquisition, soit de l’extinction –prescription extinctive- s’il y avait apparence
d’inexistence avant l’écoulement du délai ou avant que le délai de prescription ne frappe la situation ou ne cesse de
courir à son égard), les délais de réflexion en vue d’une acceptation ou d’une rétraction (qui opèrent de la même
manière que le délai de prescription en apparaissant comme ses déclinaison particulière dans certains situation ou
rapport juridique d’ordre contractuel par exemple).

- L’ordre –permanent- : L’ordre à établir ici vient de l’ide qu’un juge ne pourrait pas écarter l'application
d'une loi, règle ou norme, parce qu'elle ne lui paraît pas opportune. Si les conditions prévues par la règle sont réunies,

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

la règle a vocation à s'appliquer. La règle de droit est permanente parce qu'une fois née, la règle de droit s'applique
avec constance et de façon uniforme à toutes les situations qu'elle réglemente jusqu' à ce qu'elle soit abrogée par
l'autorité compétente (en principe, la même que celle qui l'a fait naître).

2) Les finalités idéales ou morales : la justice –principalement-et l’équité

La justice (ou le juste) résulte du triomphe des tendances idéalistes (théocratiques –religieuses- et
jusnaturalistes-rationnaliste-) qui sont par ailleurs formalistes. Ce point de vue moraliste qui doit guider la règle
selon ces tendances se résume dans l’adage Suum cuique tribuendi qui signifie « chacun ce qui lui revient ».C’est
l’analyse faite jadis par Aristote, et pr la suite Saint Thomas d’Aquin, qui paraît encore la meilleure, dans la mesure
où elle met en évidence 04 formes de justice à savoir la justice commutative, la justice distributive, la justice
corrective, la justice rétributive, qu’il serait possible de ramener à 02 principales formes de justice à rechercher par
les règles de droit ou les normes par rapport à tout rapport qu’elle entend organiser dans le sens d’une justice légale
(justice effectivement recherchée par la loi, les règles ou les normes de droit):

- La justice commutative qui préside aux échanges dans un environnement où les rapports sont de type
horizontaux, ceci en impliquant un rapport d’égalité arithmétique, une équivalence objective dans les situations ou
les prestations entre parties (contractantes par exemple). Elle a tendance à intégrer en son sein la justice corrective
qui aura dans ce sens pour fonction de corriger les déséquilibres dans les rapports causés par le comportement de
l’individu qui se verra obliger, au nom de la justice, de réparer le tort ou le déséquilibre qu’il aura causé à l’autre.

- La justice distributive : Elle préside à la répartition des charges ou obligations à respecter et des richesses ou
avantages matériels (du pouvoir et des devoirs), dans un cadre où les rapports sont de type vertical, ceci en
impliquant un rapport de proportion géométrique dans la fixation, au moyen d’un certain ordre, de la place qui
revient à chacun. Elle permet alors de tenir compte dans une appréciation objective des situations strictement
identiques, du fait qu’il faut faire varier dans la proportionnalité dans le sens de la correspondance, les quantités de
ce qui revient à chacun en fonction des qualités, des besoins, des missions ou des contributions respectives de
chacun, suivant un ordre précis. Elle semble intégrée la justice rétributive dans la mesure où elle permet de corriger
une défaillance qui trouble l’ordre établi en infligeant par exemple une peine qui tient compte de la gravité du trouble
causé dans la recherche d’une correspondance objective entre la peine et le désordre causé.

Quant à l’équité, elle se justifie d’abord par un vieil adage de Cicéron affirme que le droit (la règle de droit)
poussé jusqu’au bout (dans la quête du juste ou de la justice), peut entraîner les injustices les plus graves ( Summun
jus, somma injuria). En réalité, il veut dire que l’injustice serait plus grave lorsqu’elle se justifie ou s’appuie sur la
règle de droit. Elle se justifie aussi dans une moindre mesure par un autre adage, dura lex, sed lex (qui signifie la loi
est dure, mais c’est la loi). Ainsi, la loi peut en effet être dure pour un cas d’espèce, parce que conçu de manière trop
générale, sans avoir intégré le cas particulier qui se présente en l’espèce. Il en résulte donc que nul ne peut garantir
que l’application d’une règle de droit permettra toujours de réaliser la justice. Ainsi, la justice normative ou légale
(justice incarnée par la norme) peut ne pas nécessairement conduire à la justice individuelle. Cependant, des mesures
peuvent être établies par les règles pour éviter des injustices individuelles, de sorte que lorsque l’application d’une
règle de droit ou d’une norme peut se retourner contre celui qui devrait être protégée grâce à une certaine idée de
justice qu’incarne la règle, il serait possible de faire appel à l’équité. Tel est parfois l’attitude du juge face à certains
cas qui se présentent à lui. L’équité peut intervenir en fonction de certaines volontés et suivant certains modes:

- S’agissant des volontés qui permettent à l’équité d’opérer ou de s’établir, c’est d’abord par la volonté des
parties (à un rapport ou à une situation ou cas) dans un litige (comme les litiges commerciaux ou en général les
litiges dans lesquelles elles ont la libre disponibilité de leurs droits subjectifs –d’ordre patrimonial-) qu’elles ont la
possibilité de soumettre, grâce à une convention d’arbitrage (qui peut être une clause compromissoire –lorsque le
litige n’est pas encore né-ou un compromis d’arbitrage –lorsque le litige est né-), à un juge appelé arbitre, ont donné

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cette possibilité à l’arbitre (dans la convention d’arbitrage par exemple). C’est aussi en raison de la volonté
législative, parce que les règles le permettent. Dans ce dernier cas, le recours à l’équité varie suivant que l’on se
trouve dans le système civiliste ou de droit civil où la règle est écrite (dans lequel le juge peut se voir autoriser par la
règle explicitement ou implicitement à recourir à l’équité –par exemple lorsque les règles lui donne une large mesure
d’appréciation des faits), ou selon que l’on se trouve dans le système de Common law ou anglo-saxon (dans lequel
l’Equity est un corps de principes qui forme un appendice (un prolongement complémentaire) –qui s’ajoute- aux
règles générales, communément ou ordinairement applicables (règle de Common law), afin de remédier aux
injustices qui résultaient éventuellement des règles de Common Law, tout en modérant sa rigueur ou la dureté.

- S’agissant des modes d’intervention de l’équité, l’équité pourra intervenir pour apporter un correctif à la
justice de plusieurs manières. Elle peut intervenir par l’effet de la volonté législative qui autoriser le juge à compléter
la loi, on parle ici d’équité infra ou segudum legem (par une interprétation créatrice d’obligation par exemple).
L’équité peut aussi, soit permettre l’extension d’une solution (imposant par exemple tel ou tel type de comportement)
à une situation où il semble juste de le faire et pour laquelle le droit n’a pas prévu de solution dans le sens de l’équité
praeter legem, soit pour restreindre l’application d’une loi dans une situation où son application totale peut conduire
à une injustice, dans le sens de l’équité contra legem.

Section III : Les grandes subdivisions ou domaines des règles du droit positif au regard des divers ordres de
règles de droit –national ou interne ou étatique et supranational ou supra-étatique- de l’ordre juridique -d’un
pays-

Les règles de droit positif au sein de l’ordre juridique se subdivisent ou peuvent être classées en deux
principales branches (summa divisio) qui correspondent au deux principales catégories formelles du droit objectif
(des règles du droit objectif), et donc, au deux principaux domaines au sein desquels toutes les situations ou les
rapports peuvent être rangées ou classées catégoriquement : le droit privé (paragraphe I) et le droit public
(paragraphe II). Ainsi, selon la configuration formelle des situations ou des rapports par les règles, tout rapport ou
situation est théoriquement au départ ou par principe soit de droit privé, soit de droit public. La distinction entre droit
privé et droit public remonte au droit romain et demeure encore aujourd’hui le principal critère de classification des
règles de droit.

Paragraphe I : Dans le domaine du droit –objectif- privé

Le droit privé est constitué d’une manière générale :

- par l’ensemble des règles juridiques qui gouverne, régit, encadre ou organise les relations entre personnes
privées (personnes physiques et personnes morales de droit privé dans leur statut, leur situation patrimoniale, leur
relation familiale, contractuelle et notamment professionnelle…) que ce soient des particuliers, des sociétés ou des
associations ;

- il a par principe un caractère égalitaire, sauf exception dans certaines matières (domaines);

- il vise par principe la satisfaction des intérêts privés des personnes ou particuliers, sauf exception où
l’intérêt privé peut se greffer à l’intérêt général du général.

Au sein du droit privé ou des règles de droit privé constituant l’ordre privé –des rapports-, il existe des règles
de droit substantiel (ordre substantiel)qui organise la substance ou le contenu des rapports ou les situations
juridiques en fixant par exemple leur contenu en termes de droits subjectifs c’est-à-dire les d’avantages ou pouvoirs

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

en guise de prérogatives et les obligations ou devoirs en guise de charge. Il existe à côté de chaque de domaine visé
par les règles de droit –objectif- substantiel précis, des règles de droit processuel (ordre processuel)
correspondantes nécessaires lorsqu’il y a violation d’un droit subjectif fixé par le droit substantiel correspondant
dans un rapport ou une situation encadrée formellement, et qui ont vocation à encadrer ou à organiser la procédure
(démarches à observer, actes à poser ou formalités à respecter) qu’il faut suivre pour défendre son droit subjectif –
avantage ou pouvoir-, et donc, pour réclamer l’exécution de toute obligation, charge ou devoir qu’un autre doit
respecter à notre égard, ou pour en contester l’existence lorsque des éléments prouvent qu’ils n’existent pas. La
nécessité de rapporter la preuve pour fonder sa réclamation ou sa défense, est toujours nécessaire dans le cadre
processuel.

Il faut cependant noter que dans le domaine du droit privé, et c’est d’ailleurs le principe en droit objectif qui
marque ou traduit la prise en compte du souci d’équité qui voudrait que des situations particulières, spéciales,
spécifiques ou qui s’écartent des situations générales soient traitées particulièrement, il existe d’une part des règles
générales ou communes qui ont vocation à s’appliquer ordinairement à l’ensemble des rapports ou situations (soit par
rapport à l’ordre substantiel –droit substantiel commun- ou soit par rapport à l’ d’ordre processuel-droit processuel-)
en l’absence de toute règle spéciale ou particulière dérogatoire (qui écarte la règle commune –de droit commun-,
ordinaire ou générale), et d’autre part des règles spéciales, particulières ou spécifiques qui ont vocation à s’appliquer,
en guise de régimes spéciaux, à certains rapports ou situations qui ont des éléments particuliers, en guise de formes –
cas- spécifiques, particulières ou variantes de la situation générales appréhender par la règle de droit commun. Ainsi,
il existe des régimes spéciaux propres au droit substantiel et des régimes spéciaux propres au droit processuel.

De ce qui précède, il en résulte que le droit privé, ou surtout les règles de droit privé, se subdivise en deux
branches, et permettent donc de situer abstraitement ou classer formellement les rapports ou les situations dans ces
deux branches. Il y a d’une part les règles ou normes du droit substantiel et processuel de droit commun en droit
privé (paragraphe I) et des règles ou normes du droit substantiel et processuel de droit commun dans les domaines
spéciaux du droit privé proposé par les ordres juridiques interne et supranational (paragraphe II).

A) Les règles ou normes du droit substantiel et processuel de droit commun en droit privé

S’agissant des règles de droit qui doivent s’appliquer (appréhender ou concerner) ordinairement ou
communément à un ensemble de situations ou de rapports visé par les règles, ceci en l’absence de dispositions ou
normes particulières, le droit objectif au sein de l’ordre juridique distingue celles du domaine civil -matière civile-
qui sont issues de la norme- civile et qui permettent de ranger ou classer les rapports dans le cadre civil –ordre civil
ou non répressif- (A) de celles qui relèvent du domaine pénal -matière pénale – qui sont issues de la norme pénale et
qui permettent de ranger ou classer les rapports dans le cadre pénal –ordre répressif ou pénal- (B).

1) En matière civile ou par rapport à la norme –règle- civile

Dans le cadre ordinaire ou commun au domaine civil -ordre civil ou non répressif- au sein duquel les rapports
sont encadrées de sorte que les sanctions ne consistent pas en des peines pénales (privatives ou restrictives de liberté,
en des amendes, et toute autre peine fixée alternativement ou accessoirement par la législation ou les règles pénales),
les règles de droit substantiel et processuel peuvent être dans l’ordre des rapports (ou situation de droit) soit internes
ou sur le plan national (a), soit supranationaux (b).

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a) Dans l’ordre interne –des règles de droit- ou ordre juridique interne

Dans l’ordre interne ou sur le plan national, la plupart des règles est contenue d’une part pour ce qui concerne
le droit substantiel (règles de droit substantiel) dans le Code civil –version de 1804 applicable au Cameroun- qui fixe
ordinairement, en guise de règles applicables –droit commun- à toutes les situations ou rapport relevant du cadre
privé en matière substantiel (sous réserve de texte ou législation particulièrement complémentaire au Code civil), et
d’autre part pour ce qui est du droit processuel (règles de droit processuel) dans le Code de procédure civile –version
applicable au Cameroun- qui fixe ordinairement, en guise de règles applicables –droit commun- à toutes les
situations ou rapport relevant du cadre privé en matière processuel.

Plusieurs catégories de rapports ou situations sont abstraitement et formellement encadrées (organisées ou


régies) dans ce cadre, de sorte que les règles de droit sont généralement au nom des rapports ou situations
appréhendés par elles (personnes, familles, contrat ou convention…).

Il s’agit sur le plan substantiel civil- ordre civil ou non répressif substantiel- (tel que fixé par les règles du
Code civil et les textes particuliers et complémentaire) du :

- droit –objectif- des personnes ou droit des personnes : qui est l’une des branches principales du droit civil
qui, à travers les règles qu’elle consacre, régie les personnes en tant que sujets du droit, au regard de ce qui concerne
toutes les personnes d’une part en tant que personne physique (individu ou être humain) en s’occupant des éléments
qui permettent de fixer son statut individuel en tant que personne sur le plan juridique, et notamment son existence
en organisant les moments ou périodes soit de certitudes de cette existence (début et fin de la personne juridique ou
personnalité juridique), soit d’incertitude (l’absence et la disparition), son identification (nom, nationalité, domicile),
son individualisation (à travers les actes d’état civil –acte de naissance, acte de mariage et acte de décès-), ses droits
fondamentaux ou extrapatrimoniaux, et d’autre part en tant que personne morale –de droit privé-(association,
société-civile, commerciale, coopérative- ou fondation), et au regard des règles spécifiques aux incapables (mineur et
majeur) ;

- droit de la famille : qui est une autre branche principale du droit civil qui, par ses règles- encadre ou régie
(organise) fixe le statut familial en organisant soit les rapports extrapatrimoniaux –droit extrapatrimonial de la
famille- entre les membres d’une famille, au regard de la manière dont ce lien se constitue et vie, notamment le
mariage (alliance) et les situations voisines au mariage (concubinage ou union libre et fiançailles –le Cameroun
n’ayant pas reconnu le PACS-), la filiation (le sang –bien que l’adoption y est aussi envisagée-) qui est le lien qui
unit un parent ou les parents aux descendants, soit les rapports patrimoniaux –droit patrimonial de la famille-
pendant la vie de la famille à l’instar de celle du couple marié à travers le droit des régimes matrimoniaux (règles
relatives à la gestion des biens ou du patrimoine –gestion patrimoniale- des époux soit qui n’ont pas opté pour un
régime conventionnel de gestion de leur biens en se soumettant au régime légal de la communauté légale ou
communauté des meubles et acquêts, soit qui sont sous séparation judiciaire des biens –prononcée par un juge- à la
suite d’une crise ouverte dans le ménage, soit qui ont opté pour un régime comme la séparation des biens ou pour
tout autre régime conventionnellement aménagé dans un acte notarié), ou après le décès d’un membre de la famille à
travers le droit des successions (s’agissant de la succession légale ou sans testament –ab intestat-, de la succession
conventionnelle ou de la succession testamentaire).

- Le droit des biens : qui est également l’une des branches du droit civil qui fixe le statut des biens (choses) meubles
(corporels, incorporels ou intellectuels) matériels ou immatériels et immeubles qui constituent le patrimoine des
personnes , ainsi que les rapports entre les personnes et leurs biens ou surtout les prérogatives –droits subjectifs- des
personnes sur leurs biens, à savoir les droits réels (res signifiant chose) tant sur le plan individuel avec les droits réels
principaux comme le droit de propriété et ses démembrements (usufruit, servitude, bail emphytéotique, droit de
superficie, droit d’usage, droit d’habitation) ou les droits réels accessoires ou sûretés réelles (droit de rétention, gage,
nantissement, hypothèque) que sur le plan collectif (indivision, copropriété, mitoyenneté), de même qu’il fixe la

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manière dont on acquiert les droits réels et notamment le droit de propriété (conventionnellement et en dehors de
toute convention –succession ou accession mobilière et immobilière), son étendu (au-dessus en principal et en
accessoire –accession- et en dessous –avec l’invention ou la découverte du trésor-), comment on l’exerce à travers
ses attributs (usus, fructus, abusus) avec des limites à respecter (éviction de l’abus du droit, de trouble de voisinage et
possibilité d’expropriation pour cause d’utilité publique), comment on le prouve et comment on le perd.

- le droit des obligations : autre branche principal du droit civil qui encadre, régie d’une manière générale les
obligations, droits –subjectifs-personnels ou droit personnels (créance ou dette), à travers ses règles fixe la manière
dont elles se forment (soit par un acte juridique unilatéral ou par un acte bilatéral comme le contrat, soit par un fait
juridique qui peut être un quasi-contrat ou alors un délit –fait dommageable volontaire- ou quasi-délit- en guise de
fait dommageable volontaire-) de manière à prouver aisément leur existence (la preuve des droits-subjectifs- ou des
situations et donc des créances) et ceci avec éventuellement les modalités qui peuvent les affecter, la manière dont
elles vivent ou sont exécutées, et la manière dont elles s’éteignent (paiement et autres modes d’extinction, jusqu’à la
prescription). Il évoque également certaines sources spéciales d’obligations notamment certains contrats spéciaux
comme la vente civile (à un non commerçant ou entre non commerçant), l’échange, le contrat de louage ou bail civil
(pour un usage non professionnel ou bail à usage d’habitation), le bail à ferme ou fermage, le bail à cheptel, le
contrat d’entreprise (par devis et marché-privé-), le prêt de consommation (simple prêt) ou le prêt à usage
(commodat), le dépôt (y compris le séquestre conventionnel –distinct du séquestre judiciaire qui y est aussi prévu-),
le contrat de rente viagère, et le mandat.

Sur le plan processuel –ordre civil processuel-, c’est la procédure civile qui régit ordinairement ou communément
à travers des règles de droit contenu dans le Code de procédure civile (sous réserve des règles des textes
complémentaires comme celles qui concerne le droit traditionnel), et ceci en l’absence de règles particulières ou
spécifiques (spéciales) dérogatoires, la procédure à suivre lorsqu’il y a lieu de défendre son droit subjectif reconnu
par le droit civil substantiel, en déterminant ou en fixant par exemple l’organisation des juridictions (ensemble
tribunaux de droit moderne–TGI et TPI- ou de droit traditionnel – TPD ou TC- et cours –CA et CS-) de l’ordre
judiciaire (appelées à connaître des cas ou causes mettant en jeu des règles de droit civil), leur compétence matérielle
(matière de droit civil), organique et territoriale, le déroulement du procès ou de l’instance devant le juge ou devant
ces juridictions avec les éventuelles voies de recours, et l’issue du procès avec l’exécution des décisions de ces
juridictions.

b) Dans l’ordre supranational des règles de droit privé ou ordre juridique supranational de droit privé : le cas
des règles de de droit international privé

Le droit international privé peut être défini comme la branche du droit privé qui a pour objet de régir,
d’encadrer ou d’organiser les situations ou relations internationales entre les personnes privées, c’est-à-dire les
relations ou situations entre personnes privées dans lesquelles il existe (qui présentent) un élément d’extranéité
(l’extranéité étant qui a la qualité de ce qui est étranger, qui fait allusion ou intervenir ce qui est étranger au territoire
national). Son objet est de permettre au juge de déterminer par rapport aux conflits de lois entre les règles de droit
de deux États qui se discutent l’encadrement d’un même rapport ou d’une même situation si c’est la loi du for (du
juge saisi) qui va s’appliquer ou si c’est une loi étrangère, ceci au terme d’un processus par lequel il va qualifier le
rapport ou la situation en principe grâce à sa propre loi (ou ses propres règles), afin de le rattacher, situer, ranger
ou classer dans l’une des catégories juridiques (statutaire en droit international privé) qui peut concerner la
personne (statut personnel constitué de certaines règles relatives à l’état et à la capacité des personnes avec des
matières liées à l’existence de la personne–absente, disparu, morte-, l’individualisation ou l’identification -l’état
civil, le nom, le domicile, la nationalité- ou le mariage –conditions de fond, effets extrapatrimoniaux et patrimoniaux
avec le régime matrimonial et dissolution avec le divorce-, la filiation, les successions, la capacité des personnes-),
les biens (statut réel qui concerne les biens ou droits réels), les actes juridiques (en ce qui concerne certains aspects

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de leur validité comme la forme et leurs effets), et les faits juridiques (comme les délits et quasi-délit ainsi que les
quasi-contrats), tout ceci pour identifier au final avec précision quelle loi la catégorie désigne comme compétente
pour régler le litige (pour le statut personnel c’est la loi nationale ou personnelle de l’individu qui s’applique, pour le
statut réel c’est la loi du lieu de situation du bien –lex rei sitae- pour les actes juridiques c’est soit la loi désignée par
les parties lorsqu’elles ont la possibilité de faire le choix, ou alors la loi du lieu de formation pour la validité –sous
réserve de la soumission de la capacité à la loi nationale de chacun partie- et la loi du lieu d’exécution pour les effets,
et pour les faits juridiques la loi du lieu de survenance du fait –préjudiciable-), sous réserve soit du renvoi de la loi
étrangère désignée à une autre loi ou à la loi du for après qualification, soit encore de l’éviction (exclusion) de la
loi étrangère en cas de contrariété de celle-ci (loi portant atteinte ou contraire) à l’ordre public ou de l’éviction de
la loi qu’une partie aurait intentionnellement recherchée par fraude (fraude à la loi), soit enfin que la situation,
après qualification, relève impérativement des catégories pour lesquels c’est la loi du for (juge saisi) qui s’applique
impérativement à titre de lois de polices ou de sûretés. D’un autre côté, le droit international privé peut aussi
consister au règlement des conflits de juridiction à travers des règles qui permettent, en cas de conflit –positif- de
compétence où deux juridiction d’États différents se reconnaissent come compétentes (différent du conflit négatif où
les juridiction rejettent leur compétence), de déterminer quelle juridiction est compétente pour connaître et statuer
ou régler un litige (la juridiction camerounaise -nationale ou personnelle- étant applicable, en raison du privilège de
juridiction, au cas où il s’agit d’obligations impliquant un camerounais, sous réserve de l’hypothèse où, les parties
notamment dans un domaine comme le commerce où elles ont la libre disponibilité de leur droit, peuvent soumettre
leur litige à un médiateur ou un arbitre qui peut être un juge étranger), et de déterminer de quelle manière les
décisions ou sentences (jugements ou arrêts) rendues à l’étranger et actes publics (actes notariés ou procès-
verbaux…) étrangers peuvent s’appliquer sur le territoire national (après reconnaissance et exéquatur auprès de la
juridiction compétente –TPI- au Cameroun) .

Bien que dans cette matière -que d’aucun présente comme spéciale par rapport au droit civil- la jurisprudence
soit prépondérante, il demeure que les règles du Code civil en constituent une source d’organisation majeure des
situations ou des relations qui peuvent être classées ici.

Ainsi, en matière substantielle, il serait possible de citer dans le Code civil l’article 3 sur les matières où les
règles nationales s’appliquent automatiquement (de polices et de sûretés - relatives à l’organisation étatique et lois
pénales dont l’observation est nécessaire pour la sauvegarde de l’organisation politique, sociale et économique et qui
excluent l’application des lois étrangères-, les immeubles situés sur le territoire national, le statut personnel constitué
des catégories ou situations formelles et abstraites comme celles qui se rapportent soit à l’état des personnes) et en
matière processuelle, il existe des règles comme les articles 14 et 15 du Code civil qui établissent des privilèges de
juridiction au profit des nationaux camerounais, par lesquels pour toute obligation contractée par un Camerounais,
même à l’étranger, ou pour toute obligation impliquant un camerounais, les juridictions nationales camerounaises
pourraient être saisies.

2) En matière pénale ou par rapport à la norme –règle- pénale

Le droit pénal ou droit criminel –droit répressif ou ordre répressif ou criminel- est la branche du droit
objectif que l’on peut rattacher au droit privé qui, pour des raisons pratique (même si certains le rattache au droit
public) en raison du fait que les situations ou rapports visés (incriminés, érigés en infraction par la norme comme ce
que la société condamne) sont pour la plupart celles qui concernent les rapports entre particulier(même si certains
rapports intégrant les personnes public sont inclus), et qui s’intéresse à la criminalité –au crime au sens large-. On
parle alors de droit criminel qui est constitué sur le plan substantiel du droit pénal qui se divise en droit pénal
général et en droit pénal spécial, et sur le plan processuel en procédure pénale et en droit pénitentiaire.

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Sur le plan substantiel (droit pénal de fond ou droit pénal substantiel), le droit pénal, dont les règles
prévues par le Code pénal, et ceci en l’absence de dispositions particulières, ont pour objet classique ou principal la
prévention et la répression des infractions (violation ou non-respect de la norme pénale en guise de comportement
incriminé –ou érigé en infraction-comme comportement que la société reprouve ou rejette et condamne) qualifiées de
crimes, délits ou contravention (en fonction de l’importance des peines principales). C’est dire que les règles de cette
branche organise ou encadre ordinairement les rapports en prévoyant des sanctions pénales (principales, ou
alternatives et éventuellement accessoires dont la plupart apparaissent comme des mesures de sûretés –s’agissant des
peines accessoires-). D’une manière générale, le droit pénal général s’intéresse à soit la règle de droit pénal ou
criminelle d’une manière générale à son contenu (en terme de norme en guise de comportement prohibé comme
incrimination sur le plan substantiel ou comportement prescrit sur le plan processuel et la sanction qui
l’accompagne-, les rapports entre droit les ranches du droit pénal ou criminel), sa forme (générale sous forme de
principes généraux, légale, coutumière, conventionnelle, réglementaire), son application dans le temps (pour les lois
pénales de fond l’application immédiate de la loi ou règle pénale nouvelle plus douce en terme de sanction –peine-,
l’application de la règle à sanction plus forte en cas de concours d’infraction, sous réserve de l’application rétroactive
d’une loi nouvelle interprétative ou d’une loi nouvelle instituant des mesures de sûretés ; pour celle de forme, il y a
application immédiate des lois pénales de procédure –notamment celles qui modifient l’exécution des peines ou qui
concernent l’exécution des condamnations civiles prononcés par une juridiction répressive pour rendre l’exécution
plus efficace-, sous réserve des tempéraments qui concernent les règles nouvelles de compétence pour les instances
qui ont déjà connu ou subi l’épreuve d’un jugement en premier ressort, ou les règles de preuve qui dénie à un
justiciable le bénéfice d’une preuve qui pourrait lui être utile ou qui créé contre lui une présomption, ou encore les
règles relatives au droit aux voies de recours.. ; l’application immédiate des règles de prescription de l’action ou des
peines favorable au délinquant), son application dans l’espace dont une partie importante relève du droit pénal
international qui a pour objet d’une pat de déterminer les limites de la compétence législative et judiciaire
répressive des États en face du phénomène de la criminalité internationale en précisant les modalités de
collaboration interétatique dans la lutte contre la criminalité, de prévoir la codification des règles répressives
internationales, l’institution d’une justice pénale internationale (tout ceci passant par la prévision des règles relatives
au règlement des conflits de normes criminelles dans l’espace avec des règles comme le principe de la territorialité
des règles de droit pénal pour les infractions soit commises sur le territoire national, soit totalement ou partiellement
à l’étranger - et si c’est un étranger il doit être arrêté et poursuivi au Cameroun-, soit en participation comme
complice par exemple ou en tentative ou préparation-, soit pour les crimes et délits commis à l’étranger par un
camerounais- à condition d’être poursuivi au Cameroun-, soit pour les infractions internationales – et si c’est un
étranger il doit être arrêté sans extradition et poursuivi au Cameroun-, sous réserve des exceptions liées aux
immunités diplomatiques), et d’autre part de d’encadrer l’application des sentences rendues par les juridictions
étrangères pour crimes et délits commis à l’étranger ; le droit pénal s’intéresse aussi à d’une part à l’infraction et
sa structure juridique (avec ses éléments constitutifs, sa qualification ou classification en tant que crime délits ou
contravention –de droit commun ou spécifique-, les causes qui la suppriment –cas fortuit et contraintes matérielles, la
démence totale, l’intoxication involontaire, la minorité de moins de 10 ans ou de 14 ans, la menace pour des
infractions non punissable de peine de mort, l’obéissance à autorité légale, la légitime défense proportionnée à la
gravité de l’atteinte, et l’état de nécessité-, qui l’atténuent simplement –la démence partielle, la minorité de plus de
14 ans à 18 ans, la menace pour des infractions punissables de peine de mort, la crainte révérencielle due au respect
des parents pour le mineur de 18 ans ou des chefs et patrons, la réaction proportionnée à une provocation-), la
structure matérielle de l’infraction (les actes et le résultat), les auteurs, agents ou protagonistes de l’infraction au
regard de leur culpabilité (dans le cadre d’une tentative, d’une conspiration, d’une coaction ou d’une complicité), de
leur psychologie (dol –intention- général par rapport à la commission de l’infraction ou dol spécial par rapport à
l’intention de commettre telle infraction) ou de l’imputabilité de l’infraction à leur égard ( en tant que personne
physique ou morale responsable) et d’autre part à la sanction avec les différents types de sanctions pénales, les
mesures d’individualisation de la peine (au regard des causes qui déterminent la responsabilité –exclusion de l’erreur
de droit ou de l’ignorance de la loi ou règle ou norme pénale-, qui atténuent la condamnation ou la peine –
circonstances atténuantes qui tiennent compte des circonstances de l’infraction, du danger qu’elle représente pour

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

l’ordre public, de la personnalité du condamné qui peut être un délinquant primaire ou un mineur, de ses possibilités
de reclassement…- ou qui les aggravent –récidive et statut de fonctionnaire-), les obstacles à l’exécution des
sanctions ou peines (le sursis –simple ou avec probation ou mise à l’preuve à travers des obligations à respecter sous
surveillance ou assistance- réservé aux délinquants primaires, la liberté conditionnelle par décret après
accomplissement de la moitié de la peine, la suspension des mesures post-pénales), l’extinction de la sanction pénale
(par la grâce, la prescription –extinctive- de la sanction ou de la peine non subie, la mort du délinquant) ou
l’effacement de la sanction ou de la peine (par réhabilitation –de plein droit ou judiciaire demandée au juge par le
délinquant ou par les ayants droit s’agissant de la réhabilitation post-mortem- qui implique un effacement pour
l’avenir de la sanction ou de la peine, l’amnistie –qui implique un effacement rétroactif de la sanction) . D’une
manière spéciale, le droit pénal spécial, et ceci bien que relevant des règles de droit commun ou ordinaire, prévoit
le régime juridique propre à chaque catégorie ou espèce d’infraction (comportement incriminé ou érigé en
infraction) ou surtout leurs éléments constitutifs respectifs (pour chaque infraction, l’élément légal –nullum crimen,
nulla poena sine lege-, l’élément matériel et intentionnel –sous réserve de ce que pour la plupart des infractions,
l’intention suffit-la tentative punissable qui traduit l’idée que l’intention vaut l’acte- et pour d’autres l’élément
matériel seul suffit, s’agissant notamment de la criminalité matérielle) et leur sanction respectives (les peines)
correspondantes.

Sur le plan processuel (droit pénal de forme ou droit pénal processuel), la procédure pénale le procès pénal
d’une part d’une manière générale dans ses éléments préalables d’ordre subjectif (autorités judiciaires –police
judiciaire à compétence générale et à compétence spéciale-, le ministère public ou parquet –procureur et substitut-, le
juge d’instruction et le juge de jugement) ou d’ordre objectif (les juridictions – tribunaux comme le TGI et le TPI- et
les cours avec leur composition et compétence respective), dans les éléments de mise en œuvre de la procédure ou
du procès avant la phase de jugement (avec l’action publique –à finalité principalement répressive- et l’action civile
à finalité réparatrice avec les actes, mesures prises dans ce cadre ou les sanctions y afférentes) tant au niveau de
l’enquête qu’au niveau des poursuites ou au niveau de l’instruction, ou dans le cadre du jugement (audience,
preuves, récusation, règlement des juges, condamnation, voies de recours), et après le jugement (extradition des
personnes condamnées ou poursuivies à demande soit d’un gouvernement étranger ou du gouvernement
camerounais, de la réhabilitation, de la libération conditionnelle), et d’autre part par rapport à la poursuite et au
jugement des mineurs (dans le cadre de la délinquance juvénile) ; et le droit pénitentiaire étudie concrètement le
régime –administratif- d’exécution des peines en rapport avec l’univers ou le milieu carcéral, au regard des
structures, organismes ou établissements, les agents ou acteurs visés tant du côté administratif que du côté des
personnes en détention (prisonniers ou détenus) et leurs droits ou prérogatives, ainsi qui gouvernent objectivement
le milieu.

B) Les règles ou normes du droit substantiel et processuel de droit commun dans les domaines spéciaux du
droit privé proposé par les ordres juridiques interne et supranational

Dans les domaines spéciaux du droit privé, il est possible d’analyser les règles des branches qui relèvent du
cadre économique (1) ou qui permettent de ranger ou classer les rapports dans des cadres qui existent en dehors du
domaine économique (2), tous ayant en leur sein des règles à la fois non répressives et répressives –spécifiques-
(intégrées ou non dans le Code pénal) et très souvent, substantielle et processuelle, sous réserve des cas où les
règles processuelles existent spécifiquement comme un corps de règles constituant, en général, un ensemble
spécifique ou particulier par rapport aux règles d’ordre processuel commun de l’ordre civil.

1) Dans le domaine économique

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Dans le domaine ou le cadre économique –ordre économique-, les règles particulières ou formes spéciales des
règles communes peuvent être classées comme étant de l’ordre interne (a) ou non (b).

a) sur le plan interne

Dans le domaine économique en général (qui concerne les règles qui en général aux activités économiques –
production, transformation, distribution et consommation-), que l’on ramène restrictivement au domaine des affaires
–ordre commercial-, plusieurs matières ou branches de l’univers juridique ou de l’ordre juridique (ordre des règles de
droit) sont concernées.

Il s’agit d’abord dans un sens restreint au domaine classique des affaires –davantage encadré par des règles
supranationales- qui concerne les activités du commerçant –personne physique ou morale qui réalise des opérations
bien précises qui font l’objet d’une énumération non exhaustive en recherchant principalement à terme un profit
pécuniaire-, du droit commercial général (dont les règles sont contenues sur le plan interne –au Cameroun dans une
loi de décembre 2015 et ses textes d’application et les lois complémentaires sur les prix, les normes, à la
commercialisation de produits d’importation ou de tout autre produit destiné au commerce, sur le commerce
électronique, la publicité… -) : ensemble des règles qui s’applique subjectivement au commerçant ou à son statut
(conditions principales et secondaires d’accès et perte du statut de commerçant), objectivement aux actes de
commerce ou à l’activité commerciale –classique ou virtuelle, au cadre juridique de l’entreprise –fonds de commerce
classique ou virtuel- et toutes les opérations il peut faire l’objet, aux règles qui encadrent l’activité commerciale
(comme les règles du droit de la concurrence qu’elle soit permise ou encadrée –restreinte-par des clauses comme
l’exclusivité, ou qu’elle soit proscrite comme déloyale ou anticoncurrentielle–ordre concurrentiel qui dispose d’un
dispositif répressif particulier en plus du non répressif-, celles spécifiques de la protection du consommateur, la
publicité y compris –ordre consumériste qui a un dispositif pénal ou répressif particulier en plus du non répressif et
un ordre processuel particulier- bien que la protection du consommateur ne relève pas spécifiquement du commerce,
mais elle y est rangé pour des nécessités d’ordre pratique, parce que le consommateur est plus vulnérable face au
commerçant, qui n’est guidé que par la recherche du gain, semble être la première cible, sinon la principale de ses
biens et services) ou du commerce extérieur (relativement aux activités d’importation, d’exportation et de transit –
issue de la loi du 18 avril 2016-), du droit bancaire (avec des règles à l’instar de celles se rapportant à certaines
opérations de banque comme celles issues de la loi du 24 décembre 2019 sur l’activité de crédit -qui les modalités de
la conclusion d'une opération de crédit, les obligations des parties y relatives, et le régime des responsabilités en cas
de non remboursement- celle sur les opérations de crédit-bail –issues d’une loi du 21 décembre 2010, sur le secret
bancaire de 2022 –relative au contenu de l’obligation de confidentialité à laquelle est tenue les établissements posant
des opérations de banque par rapport aux informations sur leur client dont ils disposent, à sa violation, aux personnes
publiques ou privées à qui elle ne saurait être opposé…-, celles régissant l’affacturage du 23 avril 2014 –tous les
aspects liés à la cession de créance par l’adhérent au factor-), du droit des transport s’agissant des personnes, selon
les types de transport –urbain et péri-urbain, rural, ou les engins de transport, du transport funéraire ou d’organisation
de messagerie, et concernant le transporteur, les auxiliaires de transport, la gestion des terminaux de transport, les
activités en rapport direct ou indirect avec le transport aérien –Code l’aviation civile- ainsi que la responsabilité du
transporteur aérien –toutes issues des textes réglementaires-, du droit des télécommunication (par rapport au
commerce électronique –bien qu’étant un aspect spécifique du droit commercial-, au communication électroniques –
les différents régimes d’exercice –concession, licence, autorisation, déclaration… des activités liées aux
communications électroniques-…), du droit relatif aux ressources naturelles minérales (règles du code –droit-
minier, gazier, pétrolier…).

Dans un sens large intégrant des domaines en rapport avec l’activité économique des entreprises qui ne sont
pas spécifiquement classées comme étant commercial au sens strict, il est possible de citer :

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

- le droit social constitué d’un part du droit du travail –prévu par les règles du Code de travail, et ses textes
d’application, des conventions collectives, du contrat de travail, des usages…-(ensemble des règles qui qui encadrent
ou régit la relation ou contrat de travail entre l’employeur et le travailleur ou salarié–formation, exécution normale en
termes de droits subjectifs et d’obligation ou perturbée par des vicissitudes comme la suspension ou la modification
et la fin de la relation ou du contrat- ainsi que les institutions soit représentatives de travail –délégué du personnel
des entreprises et syndicats d’employeurs et de travailleurs-, soit non représentatives –instituions administratives et
institutions juridictionnelles-, en relevant que dans ce cadre, les règles contiennent des dispositions non répressives et
quelques-unes répressives, ainsi qu’un dispositif processuel particulier dérogatoire au domaine processuel commun
en matière civil –passage devant l’inspecteur de travail pour conciliation avant toute saisine des juridiction, rapidité
des délais par rapport à ceux du droit commun-…) et d’autre part du droit de la sécurité sociale (ensembles des
règles qui organise la prise en charge par l’organisme de sécurité sociale ou qui assure la sécurité sociale –la CNPS-,
-de certains risques en raison de l’exercice par une personne, le travailleur, d’une activité professionnelle, et qui
porte principalement sur les personnes couvertes par la prise en charge ou bénéficiaire–d’une manière générale le
travailleur et les membres de sa famille comme la ou les épouses, les enfants à charges et ses parents en cas de décès
du travailleur et d’une manière spécifique pour les risques professionnels les marins ou les élèves des établissements
de formation professionnelle- et les conditions à remplir pour la couverture du risque –affiliation ou immatriculation
auprès de l’organisme de sécurité sociale et cotisation patronales et salariales à verser auprès de l’organisme de la
sécurité sociale-, les risques couverts -–au Cameroun, la vieillesse ou la retraite, l’invalidité ou le décès, les
allocations familiales qui concernent une allocation versée par la sécurité sociale au travailleur pour les charges liées
à la présence des enfants ou une allocation pour les charges liées à la grossesse et à la maternité de la femme salariée
ou de l’épouse d’un travailleur salarié, ainsi que les risques professionnel à savoir l’accident de travail et les maladies
professionnelles, la prise en charge par l’organisme de sécurité sociale –conditions à remplir pour être pris en charge
et modalité de prise en charge-, ainsi que le contentieux de la sécurité sociale qui se décline soit en contentieux lié au
versement des cotisations –assiette et recouvrement- et le contentieux de la prise en charge-) ;

- Le droit de la propriété littéraire et artistique (régit au Cameroun par la loi du 19 décembre 2000 et ses
textes d’application) : branche du droit de la propriété intellectuelle qui porte sur les droits –subjectifs- ou
prérogatives reconnus d’une part aux auteurs des œuvres littéraires et artistiques y compris les programmes
d’ordinateur en portant principalement sur l’œuvre à protéger par les règles sur la propriété littéraire et artistique, les
personnes bénéficiaires de la protection (auteurs et coauteurs), les attributs du droit –subjectif reconnu aux auteurs-
qui sont soit d’ordre moral ou extrapatrimonial perpétuels, inaliénables et imprescriptibles (décider de la divulgation,
revendiquer la paternité, défendre l’intégrité, mettre fin à la diffusion), soit d’ordre patrimonial ou monopole
d’exploitation de l’œuvre (le droit exclusif pour l’auteur d’exploiter ou d’autoriser l’exploitation de l’œuvre qui
comprend le droit de représentation, le droit de reproduction -qui intègre l’édition s’agissant des œuvres littéraires-,
le droit de transformation –qui intègre la modification-, le droit de distribution et le droit de suite), le contrat de
cession du monopole ou contrat de licence exclusive ou non – qui donne la possibilité d’autoriser à une tierce
personne d’exploiter l’œuvre comme l’auteur-, le contrat de production, et d’autre part aux droits voisins des droits
d’auteur (des artistes-interprètes, des producteurs de vidéogramme, de phonogramme des entreprises de
communication audiovisuelle), ainsi que la gestion collective des droits d’auteurs et droits voisins par des
organismes de gestion collective de droits d’auteurs et de droits voisins (société civile de gestion de droits d’auteurs),
et enfin des dispositions répressives en plus de celles non répressives évoquées existent aussi, de même que ceux de
droit international privé (sur la protection d’auteurs étrangers ou des droits d’auteurs dont jouissent les étrangers).

- Les règles sur les investissements-qui intègre des matières de droit public au droit économique comme le
droit des marchés publics, le droit fiscal, le droit public économique…- (la Charte des investissements du Cameroun,
et bien d’autres textes y relatifs, ainsi que la loi sur les PME -Petites et Moyennes Entreprises-) , sur l’artisanat (qui
regorge un large éventail de domaines des professions de l’environnement économique, en général regardé comme
informel et qui n’ont pas pu être rangés dans le domaine commercial ou dans un domaine professionnel encadré par
des textes particuliers du domaine économique), sur l’activité touristique et hôtelière, sur l’élevage, l’agriculture, la
pêche (par rapport à l’exploitation des ressources halieutiques)…

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

b) sur le plan supranational

Sur le plan ou ordre supranational, les règles dans le domaine économique peuvent relever du plan ou de
l’ordre communautaire (i) ou de l’ordre international (ii).

i- Sur le plan communautaire : le cas des règles ou normes de droit communautaire applicables aux relations ou
rapports privées

Les règles qui relèvent de l’espace communautaire –de l’intégration- régional ou surtout sous régional (par
rapport à l’espace africain) peuvent viser l’ordre commercial ou les affaires au sens strict, ou alors des domaines qui
relèvent ou que l’on classe dans le cadre de certaines activités économiques qui n’appartiennent pas au commerce au
sens strict et qui relève donc de l’ordre économique plus globalement. C’est ce qui peut être relevé aussi bien sur le
plan substantiel que sur le processuel.

Ainsi, par rapport au plan substantiel,

- Les règles de droit ou norme de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du droit des
affaires –créée en 1993 à Port-Louis le 17 octobre 1993 par un traité révisé à Québec le 17 octobre 2008 au Canada
pour harmoniser et moderniser le droit des affaires en Afrique afin de garantir, dans les États-membres qui sont au
nombre de 17 –la plupart étant francophone à l’exception de a Guinée équatoriale et de la Guinée Conakry
respectivement hispanophone et lusophone ainsi qu’une partie du Cameroun qui est anglophone, la sécurité
juridique –sur le plan substantiel- et judiciaire –sur le plan processuel- pour les investisseurs et les entreprises), dans
le cadre d’une intégration juridique des États dans un même espace (en vue de se soumettre à un même ordre
économique et surtout commercial), sécrétées par le Conseil des Ministre –au Cameroun c’est le ministre de la
justice- des États membres à travers des textes appelés « Actes uniformes » (qui ont pour la plupart des dispositions
répressives et non répressives) en guise de règles directement applicables, existent par rapport à diverses branches. Il
existe ainsi des 1°) branches du droit des affaires sur le plan substantiel d’une part regardées comme classique
au domaine commercial ou des affaires comme le droit commercial tel que définit plus haut et qui relève l’Acte
uniforme OHADA portant droit commercial général –AUDCG de 2010- (mais par rapport aux règles de droit issues
des actes uniformes, se limite à l’accès au statut de commerçant –conditions d’accès-, aux obligations
professionnelles –immatriculation au RCCM et obligations relatives à la tenue de la comptabilité- en guise de
conditions secondaires d’accès au statut, aux actes de commerces –énumérés- des différents –des commerçants et
intermédiaires de commerce- à exercer à titre d’activité professionnelle avec une place importante à la vente
commerciale), le droit des sociétés commerciales relevant de l’Acte Uniforme OHADA relatif au droit des sociétés
commerciales et au Groupement d’intérêt économique –AUSCGIE de 2014-(par rapport d’une part aux aspects
généraux de leur création, de leur fonctionnement normal ou en cas de survenance d’événements bouleversant leur
situation juridique- fusion, scission, transformation, cession ou apport partiel d’actif- et en cas de fonctionnement
dans le cadre d’un groupement faisant étant d’un lien avec d’autres sociétés –groupe de société en l’absence ou en
cas de création de filiale, de succursale ou de bureau de représentation et de liaison-, leur dissolution et aux aspects
particuliers de l’existence de chaque forme de société – SNC, SCS, SARL et SUARL, SA et SAU, SAS et SASU,
société en participation, société de fait et société créé de fait, GIE qui n’a pas vocation à faire le bénéfice, mais à
exercer une activité auxiliaire par rapport à celle des sociétés qui la constitue, c’est-à-dire une activité qui aide celle
de ses membres-), le droit des transports de marchandise par route – pour la plupart par rapport à l’activité
commerciale et d’ailleurs cité comme acte de commerce par nature par l’article 3 AUDCG- qui relève de l’Acte
uniforme relatif au contrat de transport de marchandise par route – AUCTMR de 2003- (qui traite de tous les
aspects du contrat de transport –formation, exécution et inexécution avec la responsabilité du transporteur ou de ses

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

préposés et mandataires- ainsi que le contentieux y relatif). Il existe également des 2°) branches du droit intégrées
spécifiquement dans le droit des affaires en tant que de domaine essentiel à l’entreprise du commerçant bien
que ne relevant pas spécifiquement du domaine commercial comme le droit des garanties de crédit ou droit des
sûretés ou droit accessoire à un droit personnel qui relève de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés –AUS
de 2010- (qui concerne les sûretés personnelles –droits personnels accessoires- comme le cautionnement personnelle
–la personne qui se porte caution s’engage à être poursuivi si la dette principale n’est pas payée- , les garanties
autonomes comme la garantie et la contre-garantie –donnée par une personne pour garantir l’exécution d’une
obligation-, et les sûretés réelles –droits réelles accessoires- comme le cautionnement réel –la personne caution
engage la valeur d’un bien pour payer la dette d’un tiers au cas où ce dernier ne le fait pas-, les sûreté réelles
mobilières portant sur les meubles corporels –qui est affecté en garantie du paiement d’une créance- comme le droit
de rétention et le gage, les sûretés réelles mobilières portant sur les meubles incorporels - qui est affecté en garantie
du paiement d’une créance- comme le nantissement et la sûreté réelle immobilière qui porte sur l’immeuble qui est
affecté en garantie du paiement d’une créance, à savoir l’hypothèque), le droit comptable dont les règles relèvent de
l’Acte uniforme relatif au droit comptable et à l’information financière et système comptable OHADA –
SYSCOHADA de 2017- (qui traite par rapport au droit comptable, des comptes –organisation de l’information
patrimoniale ou financière d’une entité ou sujet de droit- personnels des entités –personnes physiques et morales- des
comptes consolidés et des comptes combinés –avec les comptes d’une entité située en dehors du périmètre de
combinaison-, à côté du système comptable qui fixe d’une part le plan comptable en définissant au préalable les
éléments d’un cadre conceptuel du système comptable qui donne, à travers les états financiers structurés d’une
manière précise sur la base de principes précis ou l’information ou -données- financière ou patrimoniale qu’ils
contiennent et qui doivent être analysées, une image –représentation- utile d’une entité au profit d’utilisateurs –
étatiques et non étatiques de l’environnement des affaires- ou destinataires des états financiers, et en encadrant
ensuite la structure et le fonctionnement des comptes, le traitement d’opération et problèmes spécifiques ou la
présentation des états financiers annuels et d’autre part le dispositif comptable relatif aux comptes consolidés et
combinés-), ou en guise de domaine qui concerne des entités pouvant faire des affaires comme le commerçant –
en posant des actes de commerce comme profession- bien que n’étant pas commerçant (ou n’ayant pas
vocation à rechercher le bénéfice distribuable comme objet principal, mais à satisfaire les besoin de ses
membres), le droit des sociétés coopératives n’ayant pas vocation à faire un bénéfice distribuable, dont les règles
relèvent de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives –AUSCOOP de 2010- (qui traite, dans le même
sens que ce qui a été précisé au sujet des sociétés commerciales, des aspects généraux de l’existence de la société
coopérative depuis sa création par les coopérateurs fondateurs jusqu’à sa dissolution –sous la réserve que le groupe
de sociétés coopératives renvoie à un réseau coopératif constitué des unions, fédérations ou confédération de
coopérative- ainsi que les aspects particuliers à chaque type ou forme de société coopérative à savoir la société
coopérative simplifiée et la société coopérative avec conseil d’administration).

- En dehors de l’OHADA, certaines règles sont issues d’organisations, cette fois d’intégration économique
(suivant l’aspect concerné). Ces dernières ont aussi secrété des règles qu’il serait possible de ranger dans un pan du
domaine économique pour le régir. 1°) Il s’agir d’abord des règles des organisations qui traitent d’un aspect du
domaine des affaires ou du commerce au sens strict en guise d’acte de commerce (activité commerciale par
nature énuméré par les règles de l’AUDCG) par nature. Il serait possible de citer : les règles du droit des
assurances –terrestres- sécrétées par le traité CIMA (conférence Interafricaine des Marché d’Assurances) en 1992
(qui porte sur le système institutionnel des assurances –s’agissant par exemple des institutions comme le conseil des
Ministres, le Ministre des assurances qui est l’autorité national ou la commission régionale des assurances qui est le
régulateur-, les acteurs ou personnes morales qui peuvent procéder aux opérations d’assurance comme entreprise
d’assurance –société anonyme d’assurance et de capitalisation, société d’assurance non commerciale comme les
sociétés d’assurance mutuelle avec conseil d’administration et société tontinière en tant mutuelle constitué
d’associations, avec leur régime administratif, financier et comptable- ainsi que les intermédiaires d’assurance –
agents et courtiers-, sur les opérations contractuelles –formation, exécution, inexécution ou résiliation- en ce qui
concerne d’une part les règles communes ou spécifiques aux contrats comme les assurances de personne ainsi que les

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

assurances sur la vie ou les contrats de capitalisation ou les assurances de dommages non maritimes –parfois exigé
de manière obligatoire par rapport à l’exercice de certaines activités- comme l’assurance contre l’incendie,
l’assurance de responsabilité civile parmi lesquelles l’assurance automobile, les assurances de risques agricoles, et
d’autre part les assurances instituées comme obligatoire à l’instar de l’assurance des véhicules terrestres à moteur et
de leurs remorques et semi-remorques, et l’assurance des facultés à l’importation), les règles du droit bancaire issues
des textes des institutions de la CEMAC comme le Conseil des Ministres -des finances-, la BEAC (Banque des États
de l’Afrique Centrale), la COBAC (Commission Bancaire d’Afrique Centrale créé par une Convention de 1990)
depuis la Convention portant harmonisation de la réglementation bancaire d’Afrique centrale de 1992 et ses
annexes jusqu’aux règlements et autres textes actuels en matière bancaire (qui concerne tous les aspects relatifs à
l’activités des établissements de crédits et de microfinance, ainsi que les acteurs qui y interviennent-) intégrant des
règles sur la monnaie électronique (telles qu’issues du règlement CEMAC relatif à l’exercice de l’activité
d’émission de la monnaie électronique de 2011 sur autorisation de la BEAC), sur les services de paiement, leur
distributeur et sous-distributeur (telles qu’issues du Règlement CEMAC relatifs aux services de paiement de 2018),
le droit des marché financier ou boursier, issue des règles des institutions compétentes de la CEMAC comme le
Conseil des Ministres –des finances-, la COSUMAF, la BVMAC ou la BEAC -depuis le Règlement n°06/03-
CEMAC-UMAC du comité ministériel du l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) en date du 11 novembre
2003 portant organisation, fonctionnement et surveillance du marché financier de l’Afrique centrale- (qui traite
d’une part des acteurs institutionnels –le régulateur, l’entreprise de marché, le dépositaire centrale, la chambre de
compensation et la Banque de Règlement-, et les autres acteurs du marché–les professionnels de marché ou société
de bourse ainsi que leurs représentant agréés ou les agents de change, les émetteurs de titres –SA pouvant APE,
OPCVM, États-, les investisseurs ou consommateurs de titres, et d’autre part du fonctionnement du marché et en
particulier des opérations -à l’instar des opérations portant sur les IF et les opérations de marché- ou des exigences de
transparence à respecter sous peine de sanction-) ; des règles sur le transport en CEMAC, notamment sur le
transport maritime avec les activités y relatifs à l’instar des opérations et éléments liées au transport, l’assurance,
les acteurs concernés (telles qu’issues du Code de la marine marchande CEMAC de 2012), sur le transport
multimodal en CEMAC(transport de marchandises effectué par au moins deux modes de transport différents, en
vertu d’un contrat de transport multimodal, à partir du lieu situé dans un Etat ou les marchandises sont prises en
charge par l’entrepreneur de transport multimodal jusqu’au lieu désigné pour la livraison dans un Etat différent –tel
qu’issu de la Convention inter-État du transport multimodal de marchandise en UDEAC) . 2°) Il existe également
des règles des organisations qui traitent des domaines qu’il est possible de rattacher au domaine économique en
général, notamment le droit de la propriété industrielle qui relève des accords de Bangui du 02 mars 1977 révisé en
1999 dans le cadre de l’OAPI (organisation africaine de la propriété intellectuelle) qui est la branche de la propriété
intellectuelle qui se rapporte aux droits –subjectifs- d’ordre patrimonial, sur des œuvres immatérielles ou
incorporelles qui sont susceptibles d’être utilisées ou exploitées en industrie, qui s’assimilent à des monopoles
d’exploitation reconnus aux auteurs ; créations industrielles qui peuvent être soit des créations techniques comme
les brevets d’invention de produit, de procédé ou d’utilisation (le certificat d'obtention végétale , les modèles d’utilité
et les schémas de configuration ou topographie, soit des créations ornementales à l’instar des dessins et modèles
industriels, soit des signes distinctifs comme les marques, les dénominations sociales et les noms de domaine, les
indications géographiques. La plupart des droits protégés dans ce cadre peuvent faire l’objet de contrat de licence –
licence conventionnelle- à travers une concession qui permet au titulaire ou concédant, de céder au concessionnaire
pour une durée précise (et parfois dans un espace précis), son droit –subjectif- ou monopole d’exploitation. Il existe
en plus les règles relatives aux systèmes de paiement –système interbancaire permettant l’exécution à titre habituel,
par compensation ou non, d’ordres de transfert -, aux moyens ou instrument de paiement - chèque, le virement, le
prélèvement, la carte de paiement, la monnaie électronique et les instruments de crédit comme la lettre de change, le
billet à ordre- et aux incidents de paiements –à l’instar du refus par un établissement assujetti –de crédit ou de
microfinance- d’honorer un moyen de paiement, quel qu’il soit, pour défaut ou insuffisance de provision, telles
qu’issues du règlement 03 /16-CEMAC-UMAC-CM relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement, sur le
change (Règlement n°02/18/CEMAC/UMAC/CM du 21 décembre 2018 portant réglementation des changes dans la
CEMAC), sur la concurrence et notamment les pratiques anticoncurrentielles (Règlement CEMAC n°06/19 Du 07

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avril 2019 relatif à la concurrence) ainsi que les règles sur le blanchiment de capitaux (telles qu’issues du Règlement
CEMAC portant prévention et répression du blanchiment des capitaux, du financement du terrorisme et de la
prolifération en Afrique centrale), sur la protection du consommateur en général(telle qu’issu de la Directive
CEMAC y relatif) et du consommateur des produits et services bancaires en CEMAC en particulier (règlement
CEMAC y relatif), par rapport à la sécurité social (règles établit dans le cadre de la CIPRES- Conférence
Interafricaine d la Prévoyance Sociale-), par rapport aux libres échanges (accords sur la création de la ZELECAF)
….

Sur le plan processuel,

les règles sécrétées sur le plan communautaire sur le plan économique relèvent de cadres communautaires
différents dont certains, soit ne sont pas spécifiquement du droit des affaires au sens strict ou classique, mais ont
été intégrées dans le cadre de l’OHADA comme branches essentielles à l’activité de l’entreprise commercial ou
aux affaires, à savoir le droit de l’arbitrage dont les règles relèvent de l’Acte uniforme OHADA relatif au droit de
l’arbitrage –AUA de 2017- (qui porte sur les divers aspects –ouverture, déroulement, issue- d’un mode de règlement
de litige par lequel des entités –personnes physiques ou morales- privées –dans un domaine comme le commerce où
elles peuvent disposer librement de leurs droits subjectifs- ou public, confient à un tribunal arbitral –institutionnel ou
ad hoc- et donc à un arbitre, à travers une convention d’arbitrage, soit tout litige –différend- susceptible de naître
dans leur rapport –par une clause compromissoire en guise de convention d’arbitrage-, soit le litige né –par un
compromis d’arbitrage-, en vue de sa résolution), la médiation dont les règles relèvent de l’Acte uniforme OHADA
relatif à la médiation –AUM de 2017- (qui porte sur les divers aspects –ouverture, déroulement et issue- d’un mode
de règlement dans lequel les parties demandent à un tiers de les aider à parvenir à un règlement amiable d'un litige,
d'un rapport conflictuel ou d'un désaccord ou différend découlant d'un rapport juridique, contractuel ou autre ou lié à
un tel rapport, impliquant des personnes physiques ou morales, y compris des entités publiques ou des Etats), les
procédures simplifiées de recouvrement de créance et les voies d’exécution dont les règles relèvent de l’Acte
uniforme OHADA procédures simplifiées de recouvrement de créance et voies d’exécution –AUPSRCVE de 1998-
(qui porte d’une part sur les procédures simplifiées de recouvrement comme l’injonction de payer –permettant
d’avoir une décision judiciaire constitutive d’un titre exécutoire permettant de contraindre de manière forcée à régler
la dette- ou les procédures simplifiées tendant à la délivrance ou à la restitution d’un bien meuble déterminé, et
d’autre part les voies d’exécution consistant soit en des mesures conservatoires des biens meubles corporels ou des
créances–auxquels l’on fait recours au cas où il plane une menace sur le recouvrement futur de la créance- soit en des
saisies exécutoires ou à fin d’exécution forcée – lorsque l’on dispose d’un titre exécutoire qui permet de procéder à
ces saisies que sont les saisies-vente, saisie-attribution de créance, saisies et cession des rémunération, saisie
appréhension et saisie-revendication des meubles corporels et la saisie immobilière-) les procédures collectives
d’apurement du passif dont les règles relèvent de l’Acte uniforme OHADA portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif -AUPCAP de 2015- (qui traite du cadre organique de traitement des difficultés –
financières- des entreprises –unité économique sous forme non sociétaire ou sous forme sociétaire- ainsi que du
cadre matériel consistant aux procédures –mesures- de traitement des difficultés –financières- des entreprises suivant
que ces difficultés n’ont pas plongé l’entreprise dans la cessation des paiements de sorte que ces difficultés ne sont
que prévisibles –la procédure de conciliation est envisageable-, ou avérés mais sans être en cessation des paiements –
la procédure de prévention à travers le règlement préventif est envisageable- ou suivant que l’entreprise est en
cessation des paiements, de sorte qu’elle peut tout de même être sauvée par certaines mesures –la procédure de
redressement étant ici envisageable- ou alors selon qu’elle ne peut plus être sauvée –la procédure de liquidation est
ici envisageable), soit relèvent d’une branche relative au commerce ou aux affaires au sens strict, à l’instar de
celles du domaine des assurances issues du Traité CIMA de 1992 (en ce qui concerne le contentieux des assurance
entre l’assureur et la victime d’un risque à prendre en charge par l’assureur), ou encore du domaine bancaire
(s’agissant des règles ou procédures spécifiques de traitement des difficultés des établissement de crédit dans la
CEMAC –liées soit à l’assainissement qui consiste en des mesures préventives, disciplinaires, de restructuration,
soit à l’organisation des procédures collectives d’apurement du passif qui consiste au règlement préventif, au
redressement judiciaire et à la liquidation- telles qu’issues du règlement 02/14 relatif au traitement des

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établissements de crédit en difficulté dans la Communauté Economique), soit peut ne pas toujours relever d’une
branche relative au commerce ou aux affaires au sens strict, à l’instar de celles applicables à la procédure ou aux
affaires relevant du contentieux de la CEMAC qui intègre la violation du dispositif CEMAC qui porte sur le
domaine bancaire (qui relève du Commerce), ou non (par rapport aux règles qui concernent les autres aspects du
droit CEMAC comme le dispositif normatif sur la concurrence, sur les instruments de crédit, etc.).

ii- Sur le plan international

Sur le plan international et par rapport au plan substantiel, plus large que la sphère communautaire
régionale ou sous-régionale, il serait possible d’intégrer les multiples règles issues des traités internationaux (accords
internationaux ou convention internationales) dont la plupart dûment ratifiés dont la plupart l’étant sous l’égide
(couverture) des Nations-Unies –bien qu’il en existe en dehors-, par rapport aux domaines variés du droit
économique, notamment les règles de l’OMC –organisation mondial du commerce-, les ADPIC –accords sur les
aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce en annexe des accords de l’OMC-, les règles
de la convention des Nations-Unies sur commerce et le développement, toutes les lois de la commission des nations-
unies sur le commerce international –loi type CNUDCI- notamment sur l’arbitrage international, sur la conciliation
commerciale, sur la médiation commerciale internationale, sur les contrats de vente internationale de marchandise,
sur l’utilisation des communications électroniques, sur l’insolvabilité internationale, sur la cession de créance dans le
commerce international, sur le transport international, sur les sûretés, sur la passation de marché et partenariat public-
privé, sur les micro-, petites et moyennes entreprises, sur les paiements internationaux, et bien d’autres conventions,
notamment sur les contrats internationaux sur le transport ferroviaire –Convention de Berne-… des principes sur la
protection du consommateur, sur la propriété intellectuelle –Convention de Berne-, sur la corruption, les Conventions
de l’OIT, celle sur les lettres de change internationaux et les billets à ordre internationaux, les accords de Bâle dans
le domaine bancaire, les règles de Rotterdam sur le transport maritime, la convention de Montréal sur le transport
aérien…

Sur le plan processuel, il existe des règles qui fixe l’organisation, la compétence des organismes
juridictionnelle et acteurs concernés et le déroulement de la de la procédure devant des juridictions non étatiques,
notamment dans le cadre des litiges commerciaux internationaux et en matière d’investissement par rapport à
l’arbitrage international institutionnel.

2) En dehors du domaine économique


Sur le plan substantiel, il est possible de ranger dans ce cadre l’ensemble des règles issues des Conventions
qui ne sont pas liées au domaine économique au sens large. Il s’agira notamment des conventions et accords qui
portent sur les droits de l’Homme ou droit fondamentaux (soit par rapport à l’individu –droits-libertés, soit dans les
divers aspects de la vie sociale dans ses aspects purement sociaux –la situation des réfugiés par exemple-), sur la
diversité biologique.

Sur le plan processuel, il existe des règles qui fixent l’organisation, la compétence des organismes
juridictionnelle et acteurs concernés et le déroulement de la de la procédure devant soit des juridictions répressives
dans le cadre du droit international pénal par rapport à des atteintes graves aux droits fondamentaux –infractions
qualifiées de crime de guerre, crime contre l’humanité, crime de génocide, trafic ou traite d’esclave…- (Cas des
règles qui concernent la Cour Pénal International –CPI-, ou les tribunaux pénaux ad hoc –TPI pour le Rwanda, pour
l’ex-Yougoslavie..- créés sous l’égide des Nations-Unies pour juger certains crimes d’une particulière gravité).

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Paragraphe II : Dans le droit public

Le droit public renvoie à l’ensemble des dispositions :

- qui gouverne, régit, encadre ou organise le fonctionnement des institutions publiques, les rapports entre la
puissance publique (personne physique ou morale-de droit public-doté de cet attribut comme l’État, ses différents
pouvoirs -que sont le pouvoir exécutif constitué par une administration centrale, déconcentrée, décentralisée
structurellement au regard de l’existence des collectivités publics, des entreprises publiques ou des établissements
publiques, et piloté par un gouvernement, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire- et donc les personnes
publiques physiques ou morales –structures ou organismes, le personnel y compris, de l’administration centrale,
déconcentrée et décentralisée- qui les incarne ou les représente institutionnellement ) et les particuliers (à l’exclusion
des rapports où les personnes public ou de droit public renonce à leur prérogative pour intervenir comme personne
privé –notamment dans le domaine des affaires ou du commerce- de manière à inscrire ou classer ces rapports dans
le droit privé), ainsi que les rapports entre les États ou entre les États et les organisations supranationales sur le
plan supranational (sous-régionales ou régionales sur le plan communautaire ou de l’intégration, et sur le plan
international) et entre les organisations supranationales (organisations sous-régionales, ou régionales sur le plan
communautaire et les organisations internationales) entre elles;

- qui a davantage pour finalité la satisfaction de l’intérêt général;

- qui a caractère impératif (dans la mesure où les individus ne sont pas libres de déroger aux règles de droit
public en s’en écartant ou en ne les respectant pas) ;

- qui a un caractère inégalitaire (dans la mesure où le droit public il attribue aux pouvoirs publics –personne
public ou de droit public- des prérogatives de puissance publique, exorbitantes du droit commun –non reconnu aux
personnes privés-).

Tel que relevé pour ce qui concerne le droit privé, il existe des règles ou normes du droit substantiel et
processuel en matière de droit public dans l’ordre juridique interne (A) et des règles ou normes du droit substantiel et
processuel en matière de droit public dans l’ordre juridique supranational (B).

A) Les règles ou normes du droit substantiel et processuel en matière de droit public dans l’ordre juridique
interne

Il sera question d’aborder les règles qu’il est possible de regarder comme applicable ordinairement en
l’absence de règles particulières ou spécifiques dans le domaine qui les concerne dans le cadre du droit public sur le
plan interne (1), et ensuite il faudra se pencher sur ce qui est spécifique (2).

1) Dans les domaines regardés comme de droit commun

Les règles de deux domaines peuvent être regardées comme étant de droit commun. Il s’agit des règles de
droit constitutionnel constituant l’ordre constitutionnel (a) et des règles de droit administratif constituant l’ordre
administratif (b).

a) En matière constitutionnelle

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Sur le plan substantiel, le droit constitutionnel, dont les règles sont issues de la Constitution –ensemble des
règles fondamentales d’un pays-, porte sur l’État, les différents régimes politiques, les principales constitutions
étrangères, la dévolution du pouvoir (notamment dans les démocraties, le suffrage et les modes de scrutin), sa
répartition entre les organes constitutionnels (législatif-tenu par le parlement- exécutif-tenu par le chef de l’État aidé
ou assisté de son gouvernement, et le judiciaire), les moyens d’influence des uns sur les autres….

Sur le plan processuel, les règles du droit du contentieux constitutionnel l’organisation, la compétence des
organismes et acteurs concernés et la procédure en vigueur devant la juridiction constitutionnelle (ou l’organe
étatique qui joue ce rôle), lorsqu’il y a une contestation soulevé par rapport à l’application d’une règle de droit
constitutionnelle.

b) En matière administrative

Sur le plan substantiel, les règles de droit administratif –général-, issues en grande partie des décisions de
justice (sous réserve de l’existence textes qui établissent certaines règles), fixent l’organisation de l’administration,
c’est-à-dire des services de l’État –service public-et des autres personnes morales de droit public (démembrements
de l’État issus soit de la déconcentration, soit de la décentralisation comme les collectivités publiques –communes ou
régions-, les établissements publics…) doté de la prérogative de puissance publique (qui confère à la personne
morale entre autre le pouvoir de contraindre par des actes administratif unilatéraux dans un sens favorable à
l’efficacité du service public –d’intérêt général-), leurs relations ainsi que celles qu’ils entretiennent avec les
personnes privées ou administré, contractuelle ou non (bien que des pans entiers des activités de certaines personnes
morales de droit public, les entreprises publiques, sont régis par le droit privé).

Sur le plan processuel, les règles du contentieux administratif s’attachent à l’organisation, la compétence
des organes et acteurs ainsi que la procédure en vigueur dans toute instance à caractère administratif (devant
l’autorité administrative par rapport a recours gracieux préalable –RGP-) et ensuite devant la juridiction
administrative, lorsqu’il y a une contestation soulevée par rapport à l’application d’une règle de droit administratif.

2) Dans les domaines regardé comme étant des domaines particulier de certaines matières regardées comme de
droit commun

Sur le plan substantiel, des règles de nombreux domaines apparaissent comme des branches spéciales du
droit administratif, en tant portant sur certains de ses aspects particuliers, que l’on considère encore, à côté du droit
administratif général, comme du droit administratif spécial. Il s’agit notamment : du droit de la fonction publique
dans ses aspects généraux et spéciaux ( qui porte sur l’ensemble des aspects des rapports et institutions qui
concernent les agents publics travailleurs salariés –fonctionnaires- et leur employeur qui est l’État, tel que fixé par
les statuts généraux et les statuts spéciaux de la fonction public), du droit administratif des biens (qui porte entre
autre sur le domaine public –sa constitution ou sa composition en terme de biens, sa gestion, les opérations dont il
peut faire l’objet, les entités qui interviennent dans ce cadre…- tel que fixé par la législation domaniale ou foncière et
d’autres textes y relatif) accompagné du droit des services publics de l’État, du droit de l’urbanisme (qui porte sur
l’ensemble des mesures juridiques d’entités précises qui vise le développement harmonieux et cohérent des
établissements humains, en favorisant l’utilisation rationnelle des sols, leur mise en valeur et l’amélioration du cadre
de vie, ainsi que le développement économique et social, tel que fixé par le Code de l’urbanisme de 2004), des
libertés publiques et les droits fondamentaux, le droit de la santé (sous réserve des aspects liés au droit médical entre
le patient et un personnel soignant ou une personne morale en guise d’établissement soignant dans le cadre privé qui
relève du droit privé), du droit –interne- de l’environnement (les éléments protégés, les acteurs, les techniques et

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

approches de protection), des finances publiques (qui dont les règles portent entre autre sur le régime financier de
l’État et des personnes morales de droit public) accompagné du droit de la comptabilité publique, le droit des
marchés publics (dans le sens de ce qu’indique le code des marchés publiques), le droit public économique interne
(qui traite de l’ensemble des aspects liés aux activités économiques de l’État et de ses démembrements ou de leur
intervention dans l’activité économique), le droit fiscal (qui porte entre autre sur l’ensemble des aspects liés aux
prélèvements effectués par l’administration fiscale auprès des contribuables –principes encadrant les prélèvements,
différents prélèvements dus, assiettes, recouvrements, contrôle…, entité ou acteurs concernés- tel que fixé par le
Code Général des Impôts –CGI-).

Sur le plan processuel, il serait possible de citer le contentieux fiscal (qui est l’aspect processuel du droit
fiscal en guise de forme spécifique de contentieux administratif par rapport aux impôts ou prélèvements directs et
assimilés y compris la TVA, puisque les impôts ou prélèvements indirects –à collecter par les redevables et à
reverser par les contribuables comme les notaires pour les frais de mutation, les assureurs pour les vignettes
automobiles, les établissements hôteliers pour la taxe de séjour…- relève du juge judiciaire répressif ou non selon le
cas) ou le contentieux des comptes (qui est l’aspect processuel des domaines substantiel en rapport avec le cadre
financier et notamment les finances publiques).

B) Les règles ou normes du droit substantiel et processuel en matière de droit public dans l’ordre juridique
supranational
Dans ce cadre, il existe des règles qui concernent des aspects qui se présentent comme commun (1) et d’autre
qui concernent le particulier (2).

1) Dans droit commun du droit international public ou droit international public classique

Sur le plan substantiel, les règles de droit international public classique constituent un ensemble des règles
juridiques qui, sur la base du contenu des instruments internationaux (Conventions internationales bilatérales ou
multilatérales comme les traités et autres accords internationaux), traitent de ces instruments internationaux, et régit
les rapports entre sujet dit « de droit international, et donc les règles concernant les rapports entre les États
souverains, auxquelles on ajoute celles –les règles- qui gouvernent les rapports entre des entités ou des personnes
dotées de compétences d’ordre international (organisations internationales, collectivités infra- ou para-étatiques et
même personnes privées) constituant tous ensemble la communauté dite « internationale ».

Sur le plan processuel, des règles régissant la procédure de règlement de différend sur la scène internationale
entre sujet de droit international, et surtout la procédure résolution pacifique des différends ( d’arbitrage) devant une
juridiction internationale permanente créée sous l’égide des Nations-Unies, à savoir la Cour International de Justice
(CIJ), en cas de conflits entre États, à l’instar des différends frontaliers.

2) Dans les domaines particuliers du droit international public


Sur le plan substantiel, le droit communautaire (ensemble des règles matérielles uniformes applicables dans
les États membres d’une union dans le cadre d’une intégration –économique, juridique,…- dans un espace régional
ou continental ou sous-régional –espace continental plus réduit-, dont la source primaire ou originaire est constituée
par les traités d’institution et la partie –source dérivée par les règles établies par les institutions communautaires en
application des traités fondateurs –de l’Union ou de l’intégration communautaire), le doit public économique (qui
traite de l’ensemble des aspects non conflictuelles et conflictuelles des relations économiques, financières ou
monétaires internationales, les institutions et acteurs concernés ou qui interviennent) le droit international
humanitaire (qui s’intéresse aux conséquences des conflits armés), le droit international des droits de l’Homme (qui
traite d’une manière générale des droits fondamentaux consacrés par les instruments internationaux –et intègre donc
la situation des victimes de catastrophes naturelles-), le droit international de l’environnement (les éléments
protégés, les acteurs, les techniques et approches de protection)…

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Sur le plan processuel, des règles d’un droit processuel communautaire peuvent organiser la procédure qui
est mise en œuvre lorsque son en cause les règles du droit communautaire (aux règles applicables à la fonction
publique communautaire, ou certaines règles primaires dans le cadre d’une intégration juridique, économique,
sociale –par rapport aux protectrices des droits de l’homme sur le plan communautaire- à respecter par les États)
devant les juridictions fixées par les règles primaires ou originaire de cette communauté –d’États- sur le plan régional
–africain- ou sous régional –entre quelques États à l’échelle continentale-.

Conclusion :

La description des règles de de droit qui vient d’être fait est celle qui a tendance à s’intéresser uniquement aux
règles de droit positif, c’est-à-dire au règles qui sont effectivement posées comme applicables. Une telle description
se réfère donc à l’orientation normativiste qui ne considère le droit que comme ce qui est posé par les autorités
habilitées comme applicable, qui ne considère donc comme règle de droit que celle du droit positif. Une telle
description met en exergue la branche de la science ou description théorique du droit qui s’appelle la science du
droit positif comme unique orientation de « théorie du droit »-positif-.

Cependant, en dehors de cette orientation, il existe d’autres orientations scientifiques ou approches de


description du droit qui considère ce que la règle ou norme de droit positif établit comme un phénomène particulier
ou situation parmi tant d’autres avec qui elle (la règle de droit) peut être en concours, donc elle s’est inspirée, qu’elle
a rejeté ou ignoré… Les descriptions ou approches scientifique ou orientation de théorie, pourront donc être
notamment soit celle historique de l’histoire du droit (correspondant au point de vue de l’historien sur le droit –qui
décrit la règle de droit par rapport à l’évolution des faits historiques et sous le prisme de cette évolution de la règle
dans le temps-), celle sociologique de la sociologie du droit (correspondant au point de vue du sociologue sur le droit
–qui décrit la règle de droit en la mettant en rapport avec les autres faits ou phénomènes sociaux-), celle
anthropologique de l’anthropologie du droit (correspondant au point de vue de l’anthropologue sur le droit – qui
décrit la règle de droit en confrontant les différentes formes de pensée ou de culture dont elle est le produit tout en
ressortant les diverses influences qui en résultent), celle comparative du droit comparé (qui étudie le phénomène
juridique des sociétés différentes dans l’espace en s’appuyant pour chaque société de l’évolution historique du
phénomène de droit étudié), celle philosophique de la philosophie du droit (correspondant au point de vue du
philosophe sur le droit en quête de l’essence véritable, de la meilleure règle, des meilleures finalités du point de vue
moral –en opérant ainsi des jugements de valeur –bonne ou mauvaise- règle…), celle de l’économiste de l’analyse
économique du droit (correspondant au point de vue de l’économiste sur le droit…Toutes ces approches nécessitent
de solides connaissances non seulement en droit, mais des diverses branches dont les ressources ou éléments
(instruments) sont convoquées et mobilisées. Cependant, leur parfaite maîtrise non seulement perfectionne une
connaissance pluri et interdisciplinaire, mais, contribue à réaliser des œuvres et solutions, solides, équilibrées et
objectives, contribuant à bâtir un ordre de lois qui tient compte des forces et faiblesses ou limites de toutes les
tendances, aisément acceptable par tous.

Questions de cours (chapitre I)

1) Donnez un exemple que le droit aurait un fondement (est le fruit de l’influence d’une œuvre comportant un
élément) religieux, autocratique, essentiellement philosophique (moraliste), essentiellement normatif, réel du
point de vue social, réel du point de vue historique, réel du point de vue comparatif, réel du point de vue
économique

2) Citez trois artisans de la construction de la règle applicable (règle de droit positif) et donnez trois instruments
(outils) dont ils se servent

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

3) Donnez une caractéristique de la règle de droit qui la distingue des règles des autres ordres (règles de l’ordre
morale religieuse ou non religieuse ou de l’ordre social -distinctes des règles de l’ordre juridique positif-),

4) Citez une fonction de la règle de droit, ensuite une finalité matérielle d’ordre socio-économique, une finalité
matérielle d’ordre politique, et enfin une finalité d’ordre morale

5) Donnez un élément qui permet de distinguer, en citant une matière pour chaque catégorie de domaine du droit
évoqué :

- le droit public du droit privé,

- le droit pénal du droit civil,

-- le droit commun du droit spécial

- le droit civil du droit commercial

- le droit pénal des affaires du droit des affaires non répressif

- le droit interne du droit extranational

- le droit substantiel du droit processuel

- le droit civil de la procédure civile

- le droit pénal de la procédure pénale

- le droit public interne du droit public extranational

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Chapitre II : L’existence des règles de droit –objectif- positif dans l’ordre juridique : le cycle de vie de la règle
ou norme juridique dans l’ordre juridique –d’un pays-

Une fois les règles élaborées scientifiquement et techniquement, les règles doivent avoir une existence, un
cycle de vie au sein de l’ordre juridique.

C’est ainsi que les règles de droit tel que présentées ou logées dans les diverses branches par rapport à leur
existence au sein ou au cœur de l’ordre juridique positif tout entier, naissent (section I) principalement à travers des
sources précises d’où elles découlent à travers un processus précis, puis vivent (section II) principalement à travers
leur application après une éventuelle nécessaire interprétation, et puis, meurent (Section III) éventuellement et par
principe à travers une abrogation ou exceptionnellement une désuétude.

Section I : La naissance des règles du droit objectif dans l’ordre juridique

Pour que les règles établies scientifiquement et techniquement apparaissent formellement pour avoir ne
existence concrète comme applicables en pratique, doivent nécessairement naître pour pénétrer et être logées dans
l’ordre des règles de droit positif ou règles de droit applicables.

Cette naissance passe alors par la mise en place des sources des règles de droit positif ou sources du droit, au
terme d’un processus précis de légistique formelle comme technique de mise en forme de certaines règles précises –
mise des règles dans une forme précise ou un cadre formel précis- afin de leur donner une existence précise dans
l’ordre juridique (paragraphe I). Après avoir présenté ce qui précède, il sera question d’aborder l’ordre hiérarchique
dans le lequel ces sources, et donc leur contenu normatif, se présentent par principe. Ce sera dans le cadre de la
hiérarchie des normes dans l’ordre juridique (paragraphe II).

Paragraphe I : les sources du droit –objectif- positif ou source des règles de droit positif

Les sources du droit –positif- ou sources des règles de droit, renvoient aux moules officielles et formelles qui
énoncent les règles de droit d’une ou de plus branches (matières) relatives aux domaines de la vie encadré par le
droit objectif. Ce sont les cadres formels auxquels l’on peut se référer pour avoir ou puiser les règles de droit
applicable dans tel ou tel domaine, de telle ou telle branche du droit objectif.

Il s’agit donc ici des sources formelles du droit et non des sources matérielles qui président à l’élaboration
de la règle ou de la norme applicable. Ces sources formelles, seules concernées ici, qui sont alors élaborées –
formellement- au terme d’une légistique formelle, n’existeront qu’après l’élaboration scientifique et après
l’élaboration technique avec l’usage de la légistique matérielle qui s’intéresse aux causes ou données- purement
matérielles du droit objectif pour élaborer la règle ou la norme que la légistique formelle va enfermer dans des
cadres formels et textuels –les règles étant constituées de propositions normatives qui elles-mêmes sont constituées
de propositions linguistiques qui se présentent sous formes de textes ou termes écrits- précis, dans des formes
précises –d’ensemble de textes-, en guise de sources formelles du droit objectif ou des règles de droit dans l’ordre
juridique.

L’on oppose en général deux catégories de sources: les sources directes (A) que sont la loi –au sens large qui
désigne un ensemble de cadres formels normatifs et textuels- et les sources indirectes ou sources d’interprétation –
sources issues de l’interprétation- des sources directes (B) que sont la jurisprudence et la doctrine.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

A) Les sources directes du droit objectif ou des règles de droit

Il s’agit ici de la loi – au sens large- au sens large qui désigne un ensemble de cadres formels normatifs et
textuels- comme source purement formelle des règles de droit ou du droit (A) et de la coutume comme source
regardée ou considérée comme source matérielle particulière des règles de droit (B).

1) La loi –au sens large- comme source formelle du droit objectif : Ensemble à contenu normatif ou textuel
considéré comme source directe du droit ou des règles de droit

La loi au sens large désigne largement ou au sens large les sources directes du droit (dans le sens de ce
qu’indique l’article 1134 du Code civil qui prévoie « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi (…) à
l’égard de ceux qui les ont faites». Elle peut donc être comprise dans deux sens distincts. Dans un sens large, la loi
est une déclaration de volonté à contenu normatif et textuel en guise de source des règles applicables, formulée de
façon générale et impersonnelle, et émanant d'un organe –habilité- de l'Etat.

Au sens restreint, la loi désigne un texte adopté par l'Assemblée nationale et promulgué par le Président de la
République.

C’est donc le premier sens qui est envisageable ici car, dans ce sens, la loi englobe non seulement la
Constitution –texte constitutionnel-, mais aussi la loi au sens strict –texte légal-, et enfin les règlements –
d’application des lois –ou textes réglementaires constitués par les actes du pouvoir exécutif. Il conviendra
d’examiner cette configuration de la loi –au sens large- suivant qu’il s’agit d’une source des règles d’origine interne
ou nationale (a) ou d’origine extranationale (b).

a) La loi –au sens large- d’origine interne ou nationale

Sur le plan interne, il existe plusieurs catégories de sources du droit objectif à savoir : la constitution (i), la loi
au sens restreint (ii), les règlements (iii).

i- La Constitution : texte constitutionnel ou loi constitutionnel


La Constitution est la loi fondamentale d’un pays. Elle porte, en tant que source formelle du droit objectif,
l’ensemble des règles suprêmes fondant l’autorité étatique, organisant ses institutions, lui donnant ses pouvoirs, et
souvent aussi lui imposant les limitations, en particulier en garantissant des libertés aux sujets ou citoyens.

L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République et au


Parlement. Toute proposition de révision émanant des membres du Parlement doit être signée par un tiers au moins
des membres de l’une ou de l’autre chambre. Le Parlement se réunit en congrès, lorsqu’il est appelé à se prononcer
sur un projet ou une proposition de révision de la Constitution. Le texte est adopté à la majorité absolue des membres
le composant. Le Président de la République peut demander une seconde lecture. Dans ce cas, la révision est votée à
la majorité des deux tiers des membres composants le Parlement.

La Constitution peut aussi être issue d’une loi référendaire. Dans ce cadre, le Président de la République peut
décider de soumettre tout projet ou toute proposition de révision de la Constitution au Référendum. Dans ce cas, le
texte est adopté à la majorité simple des suffrages exprimés. Aucune procédure de révision ne peut être retenue si

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elle porte atteinte à la forme républicaine, à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’État et aux principes démocratiques
qui régissent la République.

ii- La loi au sens strict : le texte législatif et la loi référendaire

La loi, au sens étroit ou strict du mot, est en principe un texte votée par le Parlement. Il s’agit ici de la loi
parlementaire. Mais à côté de la loi parlementaire, il existe la loi référendaire.

La loi parlementaire apparaît donc comme l'œuvre commune de l'Assemblée nationale et du Sénat (les deux
chambres d’un parlement bicaméral –qui a deux chambres-, le Sénat étant la chambre Haute et l’Assemblée nationale
étant la Chambre basse). En principe, L'Assemblée nationale et le Sénat doivent se mettre d'accord pour l'adoption
d'un texte identique. Si l'accord n'est pas possible, même à la suite de la réunion d'une commission mixte composée
d'un nombre égal de membres de chacune des assemblées, le Gouvernement peut demander à l'Assemblée nationale
de statuer définitivement. Il peut s'agir d'un texte d’initiative gouvernementale (projet de loi déposé par le Premier
ministre) ou d'un texte d'initiative parlementaire (proposition de loi émanant d'un ou plusieurs parlementaires).

Il existe plusieurs catégories de loi parlementaire :

- la loi organique relative à l’organisation des pouvoirs publics (exécutif –gouvernement,


administration…-, législatif ou parlement, et judiciaire) inscrit dans la Constitution (loi constitutionnelle) ou
relative aux lois qui ont une incidence sur le fonctionnement de ces institutions qui est en dessous des lois
Constitutionnelles et au-dessus des lois ordinaires (présenté ci-dessous). Elle concerne notamment: le régime de
l’élection à la Présidence de la République, le régime des élections à lʼAssemblée Nationale, au Sénat et aux
Assemblées Régionales et locales et le régime des consultations référendaires, le régime des associations et des
parties politiques, l’organisation, le fonctionnement, la détermination des compétences et des ressources des
collectivités territoriales décentralisées, les règles générales d’organisation de la défense nationale, l’organisation
judiciaire et la création des ordres de juridiction.

- la loi ordinaire (dont la plupart porte le nom de « Code ») votée par le Parlement au cours de l’une de
l’une de ses deux sessions (sessions ordinaires) ou au cours d’une session extraordinaire. À l’instar des lois sur :
les droits, garanties et obligations fondamentaux du citoyen (la sauvegarde de la liberté et de la sécurité
individuelles, le régime des libertés publiques, le droit du travail, le droit syndical, le régime de la protection sociale,
les devoirs et obligations du citoyen en fonction des impératifs de la Défense Nationale), le statut des personnes et le
régime de biens (la nationalité, l’état et la capacité des personnes, les régimes matrimoniaux, les successions et
libéralités, le régime des obligations civiles et commerciales, le régime de la propriété mobilière et immobilière ), la
détermination des crimes et délits et l’institution des peines de toute nature, la procédure pénale, la procédure civile,
les voies d’exécution, l’amnistie, ainsi que les questions patrimoniales de l’État (le régime démission de la monnaie,
le régime domanial, foncier et minier, le régime des ressources naturelles, la programmation des objectifs de l’action
économique et sociale, le régime de l’éducation) ; N.B. : Dest textes comme le Code civil ou le Code de procédure
civile, bien que n’étant pas adoptés par le parlement camerounais, mais par le parlement français, ont la
même valeur que les lois ordinaires adoptées au Cameroun (parce que transposés de la France au Cameroun
respectivement pendant la période de mandat –soit en 1924 pour le Code civil- ou pendant la période de
tutelle –soit en 1954 pour le Code de procédure civile pour servir de loi applicable comme lois ordinaires –
pour des rapports ou situations regardés comme « modernes »-, ceci en concurrence avec la coutume –
réservée aux situations regardées comme de droit traditionnel ou de coutumes-).

- la loi des finances qui est un texte (assimilable à une loi ordinaire) contenant des dispositions budgétaires
(qui traite du budget de l’État), c’est-à-dire qui détermine la nature, le montant et l’affectation des ressources et
des charges de l’État. Elle se décline en : loi de finances de l’année (souvent appelée loi de finances « initiale ») qui

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arrête annuellement les ressources, les dépenses et le montant de l’excédent ou du déficit budgétaire de l’État, loi de
finances rectificative qui a notamment pour objet d’ajuster les prévisions de ressources de l’année en cours ou de
modifier les dépenses ou leur répartition, loi de règlement qui constate les résultats financiers de chaque année civile
et approuve les différences entre les résultats et les prévisions de la loi de finances de l’année et des lois de finances
rectificatives.

- Les lois parlementaires autorisant (par principe le Président de la République) à ratifier des traités ou
accords qui, régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois,
sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre ou les autres partie (s) (États) signataires
(s). Au cours de l’examen par les assemblées du projet de loi de ratification, les articles contenus dans les traités ou
accords soumis à ratification ne sont pas soumis au vote. Aucun amendement ne peut être présenté sur le texte du
traité.

- Les lois d’habilitation par lesquelles le Gouvernement peut demander au Parlement l’autorisation de
prendre par voie d’ordonnances des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. L’autorisation est
accordée par une loi fixant le délai d’habilitation, la finalité et le domaine d’intervention des mesures que le
Gouvernement entend prendre.

S’agissant du processus d’élaboration formelle de la loi -dans le sens étroit ou organique-formel du texte
législatif- comme condition essentielle de son entrée en vigueur ou de l’entrée en vigueur des règles ou normes
qu’elle consacre au sein de l’ordre juridique interne, il passe par une procédure précise qui commence par : 1°)
l’examen du projet ou de la proposition de loi pour amendements (modifications) éventuelles dans le cadre des
discussions lors des séances plénière (séances réunissant l’ensemble des membres) de chaque chambre dans le cadre
de chacune de leurs sessions parlementaires respectives, ensuite 2°) l’adoption ou le rejet du projet ou de la
proposition de loi, puis 3°) la promulgation par le Président de la République de la loi adoptée (en guise
déclaration officielle de l’existence de la loi à appliquer), et enfin 4°) la publication de la loi applicable (afin de
l’insérer dans l’ordre juridique interne ou national, c’est-à-dire dans l’ordre des règles juridiques applicables ou dans
le droit positif interne) par insertion au journal officiel en anglais et en français, en vue de son entrée en
vigueur, soit dès la parution du journal officiel comportant cette loi, soit à une date définie par le législateur dans
le texte (en général au niveau des dispositions transitoires et finales), soit suivant la procédure d’urgence qui rend
le texte applicable dès sa publication dans les médias (par voie de presse ou de radio) suivie de la régularisation
de la publication dans le J.O.. D’une manière concrète, les projets de loi (projets de textes de loi émanant du
pouvoir exécutif) et propositions de loi (proposition de textes de loi émanant du parlement) sont déposés à la fois sur
le bureau de lʼAssemblée Nationale et sur celui du Sénat. Ils sont examinés par les commissions compétentes avant
leur discussion en séance plénière. Le projet de loi examiné en séance plénière est le texte déposé par le Président de
la République. La proposition de loi examinée en séance plénière est le texte élaboré par l’auteur ou les auteurs de
celle - ci. Ces textes peuvent faire l’objet d’amendements lors de leur discussion. Les textes adoptés par lʼAssemblée
Nationale sont aussitôt transmis au président du Sénat par le Président de lʼAssemblée Nationale. Le Président du
Sénat, dès réception des textes transmis par le président de lʼAssemblée Nationale, les soumet à la délibération du
Sénat. Le Sénat, dans un délai de dix (10) jours à partir de la réception des textes ou dans un délai de cinq (5) jours
pour les textes dont le Gouvernement déclare l’urgence, peut : soit adopter le texte et dans ce cas, le Président du
Sénat retourne le texte adopté au président de lʼAssemblée Nationale qui le transmet dans les quarante - huit (48)
heures au président de la République aux fins de promulgation ; soit apporter des amendements (au texte) qui, pour
être retenus, doivent être approuvés à la majorité simple des sénateurs, et dans ce cas, le texte amendé est retourné à
lʼAssemblée Nationale par le Président du Sénat pour un nouvel examen, afin que les amendements proposés par le
Sénat soient adoptés ou rejetés à la majorité simple des députés, de sorte que le texte adopté définitivement est
transmis par le président de lʼAssemblée Nationale au Président de la République pour promulgation ; soit rejeter
tout ou partie du texte, et le rejet doit être approuvé à la majorité absolue des sénateurs. Dans ce cas, le texte en
cause, accompagné de l’exposé des motifs du rejet, est retourné par le président du Sénat à lʼAssemblée Nationale,
pour un nouvel examen. LʼAssemblée Nationale, après délibération, adopte le texte à la majorité absolue des

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députés. Le texte adopté définitivement par lʼAssemblée Nationale est transmis au Président de la République pour
promulgation. En cas d’absence de majorité absolue, le Président de la République peut provoquer la réunion d’une
commission mixte paritaire chargée de proposer un texte commun sur les dispositions rejetées par le Sénat. Le texte
élaboré par la commission mixte paritaire est soumis par le Président de la République pour approbation aux deux
chambres. Aucun amendement n’est recevable, sauf accord du Président de la République. Si la commission mixte
paritaire ne parvient pas à l’adoption d’un texte commun, ou ce texte n’est pas adopté par l’une et l’autre chambres,
le Président de la République peut : soit demander à lʼAssemblée Nationale de statuer définitivement ; soit déclarer
caduc le projet ou la proposition de loi. Le Président de la République promulgue les lois adoptées par le Parlement
dans un délai de quinze (15) jours à compter de leur transmission, s’il ne formule aucune demande de seconde
lecture ou s’il n’en saisit le Conseil Constitutionnel. À l’issue de ce délai, et après avoir constaté sa carence, le
Président de lʼAssemblée nationale peut se substituer au Président de la République. La publication des lois est
effectuée au journal officiel de la République en français et en anglais.

Les lois référendaires sont des textes relatifs à l’organisation des pouvoirs publics, y compris celles
ayant pour objet la révision de la Constitution, susceptible d’avoir des répercussions profondes sur l’avenir de
la Nation et les institutions nationales. Ainsi, le Président de la République peut, après consultation du Président du
Conseil Constitutionnel, du Président de l'Assemblée Nationale et du Président du Sénat, soumettre au référendum
tout projet de réforme relevant du domaine de la loi (au sens strict) susceptible d’avoir des répercussions profondes
sur l’avenir de la Nation et les institutions nationales. Ces lois sont adoptées au suffrage (vote exprimé) universel
(sans exclusion d’électeur en tant que personne replissant les conditions pour participer au vote) direct dans le cadre
d’une élection dans laquelle l'option choisie, « OUI » ou « NON » par rapport au projet soumis au référendum.

iii- Le règlements –d’application des loi- : les textes réglementaires

Le règlement, au sens classique du terme (s’agissant des règlements autonomes), est un texte (de loi au sens
large) de portée générale émanant de l’autorité exécutive qui entre en vigueur dès sa publication. Cette dernière (le
Président de la République et le gouvernement-avec les autorités administratives habilitées-) y fait recours en
général pour fixer les modalités d’exécution ou d’application des lois, soit à l’initiative du parlement dans la loi en
cause (dans la disposition -l’article- pour laquelle le règlement d’application de la loi doit être prise), soit à
l’initiative de l’exécutif dans le cadre de sa mission générale d’exécution ou d’application des lois. Il existe plusieurs
catégories ou formes de textes règlementaires ou de règlements dont l’un est législatif-règlement autonome-
(l’ordonnance qui est un texte règlementaire pris par l’exécutif dans un domaine qui relève de la loi issue du
parlement) et les autres autonomes –règlement autonome- (pris en application d’une loi pour en fixer l’application à
l’initiative de l’exécutif ou du parlement):

- L’ordonnance : Il s’agit des textes qui relèvent du domaine des lois ordinaires ou parlementaires que le
législatif, par délégation de pouvoir et ceci dans le respect de la Constitution, habilite (à travers une loi
d’habilitation) ou autorise l’exécutif à prendre. Ainsi, le parlement, peut autoriser le Président de la République,
pendant un délai limité et sur des objets déterminés, à prendre des ordonnances. Ces ordonnances entrent en vigueur
dès leur publication. Elles sont déposées sur le bureau de lʼAssemblée nationale et sur celui du Sénat aux fins de
ratification dans le délai fixé par la loi habilitation. Elles ont un caractère réglementaire tant qu’elles n’ont pas été
ratifiées. Elles demeurent en vigueur tant que le Parlement n’a pas refusé de les ratifier.

- Le décret : Il s’agit une d’une catégorie texte (de loi au sens large) qui se présente sous la forme d’un acte
administratif unilatéral pris par les deux plus hautes autorités exécutives de l’État que sont le Président de la
République et le Premier ministre, pour en général mettre en œuvre (appliquer facilement selon certaines modalités
déterminer par son contenu) une loi parlementaire à laquelle il est subordonné.

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- L’arrêté : Il s’agit d’une décision d’une autorité exécutive, comportant en la forme des visas (c’est-à-dire
des mentions –signes- officielles attestant qu’une chose a été examinée -par une autorité-), quelquefois des
considérants et un dispositif rédigé en articles qui se présente sous la forme d’un acte général, collectif ou
individuel, pris par les ministres (arrêté ministériel ou interministériel), les gouverneurs (arrêté du Gouverneur), les
préfets (arrêté préfectoral), les maires (arrêté municipal) et différentes autres autorités administratives, en général
pour fixer les modalités d’application d’une loi ou d’un décret.

- La circulaire : Il s’agit tantôt de la circulaire non réglementaire (instruction adressée par un supérieur
hiérarchique au personnel placé sous son autorité et qui, destinée à guider l’action des fonctionnaires et agents
dans l’application des lois et règlements, ne contient en principe aucune décision à l’égard des administrés, en guise
de mesure d’ordre intérieur, non susceptible de critique contentieuse devant les tribunaux), tantôt de la circulaire
réglementaire (qui est ici une instruction d’une autorité administrative renvoyant à un texte comportant des
dispositions juridiques propres concernant les droits des administrés et qui comme telles tombent sous le contrôle du
juge).

- L’instruction : prescription pratique donnée à un subordonné pour l’exécution d’un ordre ou l’application
d’une règle qui se présente en général comme étant adressée par les chefs de service aux agents placés sous leur
autorité et relatives soit à l’interprétation et à l’application des lois et règlements, soit au fonctionnement du service
et aux conditions d’exécution de leurs fonctions.

- La décision : acte qui contient une disposition écrite prise en général après une délibération opérée au
terme d’une assemblée.

Ils entrent en vigueur de la même manière que les textes législatifs, soit dès leur publication.

Les actes qui viennent d’être présentés doivent être distinguer des actes administratifs qui sont dépourvus du
caractère réglementaire comme le permis de conduire, de bâtir, arrêté de nomination…).

b) La loi –au sens large- d’origine extranationale

Sur le plan extranationale, les sources du droit objectif à savoir : les textes internationaux (i) et les textes
communautaires (ii).

i- Les textes –de loi au sens large- internationaux ou instruments –de création de loi au sens large-
internationaux : les textes internationaux ou instrument internationaux
Le Traité peut être défini comme un accord de volonté conclu entre deux ou plusieurs sujets du droit
international et destiné produire les effets qu'en attendent ses auteurs. L'article 45 de la Constitution –camerounaise-
dispose que les traités ou accords internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés ont, dès leur publication, une
autorité supérieure à celle des lois –au sens strict-, sous réserve pour chaque accord ou traité, de son application
par l'autre partie. Il ressort de cette disposition deux choses :

- la première est que l’entrée en vigueur d’un Traité comme source de droit au sein d’un État est subordonnée
à la ratification par le Président de la République (ou tout autre membre de l’exécutif qu’il délègue à cet effet),
après approbation par le Parlement -en forme législative- (sous la même forme que les lois votées par le Parlement
–dans le cadre des lois autorisant le Président de la République à ratifier un Traité ou un Accord international –
bilatéral ou multilatéral), ainsi qu’à leur publication par insertion dans le journal officiel (afin d’intégrer le Traité ou
l’Accord dans l’ordre juridique interne). Les étape qui permettent au Traité ou à l’Accord international d’entrer en
vigueur sont : 1°) le Président de la République ou tout membre de l’exécutif qu’il délègue à cet effet qui négocie

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le Traité ou l’Accord (bilatéral –avec un acteur étatique –un État ou un organisme étatique étranger- ou non étatique
–organisation internationale ou intergouvernemental-) ou multilatéral (avec plusieurs acteurs internationaux ou
extranationaux), 2°) le Parlement, sur la base du projet de ratification (sous forme de projet de loi émanant de
l’exécutif) en approuve la ratification (par le Président) à travers une loi qu’il a la compétence d’élaborer
formellement, 3°) le Président de la République le ratifie, et enfin, 4°) le Traité ou l’Accord est publié (publication
de l’accord ou du traité) dans le journal officiel comme texte de l’ordre juridique interne.

- Dès leur publication, le Traité ou l’accord international régulièrement approuvés ou ratifiés, se voit
reconnaître une place prééminente à celle des lois –au sens strict ou restreint- dans l'ordre Juridique camerounais,
sous réserve du respect par l’autre ou les autres parties de la condition de réciprocité qui consiste, pour chaque
accord ou traité, dans son application par l'autre partie. La condition de réciprocité n'est pas examinée par les
juridictions. Cette vérification relève de l'autorité du gouvernement. Le principe de supériorité du droit international
ne s'applique qu'aux traités régulièrement conclus. Ils entrent en vigueur de la même manière que les textes
législatifs, soit dès leur publication.

On peut se poser la question de savoir si le traité est ou non supérieure à la Constitution. Cependant, il faut
remarquer que cette question ne peut pas, a priori, se poser en ces termes. En effet, la ratification d'un traité
international suppose, s’il est contraire à la Constitution, une modification de celle-ci. Il ne pourra, dès lors, être
ratifié que s'il est conforme à celle-ci. A défaut, il ne peut d'intégrer dans la hiérarchie des normes camerounaises.

Quant à la supériorité du traité sur la loi interne, le problème suppose que ces deux Sources soient en
compétition, c'est-à-dire qu'ils aient 1es mêmes destinataires. Or, si toute loi interne est applicable aux individus, il
n'en va pas de même des traités internationaux. Certains n'imposent d'obligation qu'aux Etats (la Charte des Nations
unies, par exemple, ne crée ni droit ni obligation aux simples particuliers).

Quand un traité est source de droits ou devoirs pour les ressortissants des Etats qui y sont parties, on dit qu'il
est d'applicabilité directe. S'il ne l'est pas, le simple citoyen ne peut pas se prévaloir de ses dispositions (Ex. la
convention de New York sur les droits de l’enfant) et il est sans conséquence que celles-ci soient, théoriquement,
supérieures à la loi interne: elles n'ont pas le même domaine d'application. Dans ce dernier cas, il apparaît comme un
objectif à suivre par le législateur interne.

ii- Les textes –de loi au sens large- communautaires : les textes communautaires

Le droit –objectif communautaire (droit communautaire) renvoie à l’ensemble des règles ou normes d’origine
extranationale (supranationale) élaboré dans le cadre du processus d’intégration (processus marqué par un transfert
de compétences étatiques d’un État à une organisation extranationale –supranationale- composé de l’ensemble des
États membres de la communauté ayant mis en place ce processus dotée de pouvoirs de décision et de compétences
supranationales) juridique (par transfert de la compétence en matière d’élaboration des normes à l’organe compétent
–la Conférence des Chefs d’État, le Conseil de Ministres du domaine sectoriel concerné, le Parlement
communautaire et le Cas échéant la ou les juridiction (s)ou cours de justices- de l’organisation extranationale) dans
un espace sous régional (entre États d’une zone limitée d’un continent –intégration sous-régional- ) ou régional (à
l’échelle continentale –intégration régional) au sein duquel le Cameroun est partie prenante. Il existe deux catégories
de formes de droit communautaire liées respectivement à deux catégories de textes créateurs de règles de droit
communautaire :

-le droit communautaire originaire ou primaire ou droit communautaire premier ou droit constitutif
(ensemble des règles ou normes qui sont à l’origine du processus d’intégration ou de l’organisation communautaire
regroupant les États membres de l’organisation, c’est-à-dire celles qui lui donne naissance pour la première fois)
établit ou constitué par des textes comme le Traité (tel présenté dans le cadre des textes internationaux et établit

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comme tel) ou tout autre d’acte fondateur comme les protocoles et conventions annexés aux traités (émanant des
organes comme la Conférence des Chefs en général).

- le droit communautaire dérivé (qui renvoie à l’ensemble des règles ou normes qui découle du droit
communautaire originaire), en étant constitué par des textes comme les Actes additionnels au traité constitutif
(émanant de la Conférence des Chefs d’États qui complètent le Traité originel sans le modifier), et d’autres textes qui
sont l’œuvre de du Conseil des Ministres compétents –parfois Comité Ministériel- (du domaine sectoriel
d’intégration concerné) ou du Parlement communautaire et de bien d’autres organes compétents de l’organisation
communautaire (Commission, Banque, Juridiction, Cour…), comme les Actes uniformes (s’agissant du cas
particulier de l’OHADA) directement applicable au même titre que les lois internes –au sens strict- du même
domaine au sein des États membres, les Directives, règlements –communautaires- qui peuvent être des règlements
cadres (en général adopté par le Conseil des Ministres ou le Comité Ministériel) directement applicable au même
titre que les lois internes –au sens strict- au sein des États membres, et les règlements d’application ou d’exécution
(en général pris dans un espace comme la CEMAC par le Président d’une Commission ou le gouverneur de la
BEAC), les recommandations et avis, les décisions, les instructions, etc.

2) La coutume : source considérée comme source matérielle du droit objectif

Elle a été la source principale, voire exclusive du droit avant la colonisation. Aujourd’hui, elle a tendance à
être marginalisée en étant relégué au rang de source secondaire ou en étant ignoré simplement. Elle demeure la
source principale du droit traditionnel en concurrence en matière civil avec les règles du Code civil.

Elle se définie comme un usage (élément matériel de la coutume) ayant une certaine épaisseur dans le temps
et l’espace et qui a acquis un caractère juridiquement obligatoire (élément psychologique de la coutume). Elle peut
consister en des adages ou maximes qui inspirent les règles ou en des principes généraux (règles générales) en guise
de normes générales introduites dans les dispositions du droit.

En Afrique et au Cameroun en particulier, elle s’applique devant les juridictions traditionnelles.

La coutume, qui revêt divers aspects en tant que source de règles de droit (a), apparaît soit comme une source
autonome de droit (a) soit comme une source complémentaire du droit écrit (b).

a) Les divers aspects de la coutume en tant que source de droit ou de règles de droit
La coutume peut être cantonnée ou reconnue à la forme qu’elle revêt dès la première étape de sa formation à
savoir l’usage en guise de coutumes populaires (i), ou alors, ou alors être d’origine savante (ii).

i- Les coutumes populaires : les usages comme forme manifeste de la coutume

Les usages comme forme manifeste de la coutume peuvent exister sous trois formes : les usages locaux, les
usages professionnels et les usages conventionnels.

- Les usages locaux :


Les usages prennent racine ou corps dans la culture ancestrale locale des différentes ethnies ou groupements
sociaux, bien que plusieurs groupes notamment en Afrique aient des coutumes similaires (le fond des usages ou des
coutumes tant les mêmes, bien que quelques pratiques superficielles diffèrent –diversité des pratiques et similitudes
du fond-) que l’on regroupe dans un ensemble appelé tradition, le droit traditionnel ayant sa source principal dans la
coutume. Il s’agit donc d’un ensemble cohérent et complet. Ce sont ces usages d’inspiration traditionnelle qui font
l’objet d’application devant les juridictions traditionnelles ou de droit local.

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- Les usages professionnels :


Les usages professionnels se développent au sein d’une profession donnée et tente de régir les rapports de ses
membres. Certains usages sont très vastes et en constant essor. Tel est le cas des usages commerciaux (ou des usages
des professions commerciales) appelés lex mercatoria, c’est-à-dire la loi marchande ou la loi des marchands, en
guise d’ensemble des règles dégagés par les professionnels du commerce international et suivis spontanément par
l’ensemble du milieu des affaires indépendamment des règles de droit étatique. Un complément de la lex mercatoria
est apparu plus tard en tant que lex electronica ou lois des contrats internationaux électroniques.

- Les usages conventionnels :


Ils permettent de déterminer dans les relations contractuelles certaines obligations implicites. Ils résultent
pour la plupart d’une certaine pratique à laquelle les parties au contrat ont tenu tacitement à défaut de stipulation
expresse. Les articles 1135 et 1160, prévoient cette détermination complémentaire du contenu des contrats par les
usages conventionnels. Un exemple de domaine de prédilection de ces usages conventionnels est la vente
commerciale et les baux commerciaux.

ii- Les coutumes d’origine savante

Il s’agit en l’occurrence des usages qui ont une influence sur la création et l’application des règles de droit (en
limitant, bloquant ou autorisant leur mise en œuvre ou alors augmentant ou diminuant leur domaine d’application),
tout en se présentent soit sous la forme de maximes (proverbes ou adages), soit sous la forme de principe généraux
de droit.

- Les maximes juridiques (proverbes ou adages):


Ce sont des formes de règles pensées par une doctrine sur la base d’une pratique sociale, économique ou
professionnelle et jurisprudentielle ancienne, afin de condenser et rendre parlantes des règles de droit communément
admises. Ici, les théoriciens se contentent de formuler les règles qui existent déjà. Ils ne les créent pas
artificiellement, puisqu’elles sont souvent exprimées en latin sous forme de certaines formules qui ont été reprises
sous une certaine forme par le Code civil. Tous les principes juridiques ne sont formulés sous la forme de maxime,
mais en revanche, toutes les maximes constituent de grands principes juridiques.

- Les principes généraux de droit :


La différence entre les maximes et les principes généraux tient de la forme que du fond. En général les
principes généraux de droit ne sont pas le produit de l’opinion juridique, mais, des normes générales introduites par
déductions, sous une forme particulière, au sein des règles de droit applicables, bien que ce soit par l’influence de la
doctrine. Ces principes ont souvent une valeur juridique universelle et sont partagés par les grands systèmes
juridiques. Bien qu’il ne soit pas écrit, leur force obligatoire est reconnue par la jurisprudence.

b) La coutume comme source autonome de règles de droit


Au Cameroun, le dualisme droit moderne/droit traditionnel ou coutumier a été maintenu au point de faire du
Cameroun, comme tous les autres États africains, un pays de pluralisme juridique caractérisé par le concours ou la
concurrence entre plusieurs règles de sources différentes par rapport à l’encadrement d’un même rapport. Mais dans
ce dualisme ou se concours, c’est le droit moderne, et surtout le droit écrit ou textuel qui l’emporte et délimite ou
défini le domaine d’application de la coutume (i) tout en définissant les principes de règlement des conflits relatifs au
champ d’application de la coutume (ii).

i- La délimitation -ou la limitation- du domaine d’application –ou d’expression-de la coutume


Le droit coutumier, en l’absence d’un Code civil purement camerounais, demeure applicable en matière civile
devant les juridictions de droit traditionnel (confère troisième partie sur le cadre judiciaire sur ces juridictions),

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puisque dans toutes les autres matières (pénale, commerce ou affaires, travail, etc.) davantage inspiré du droit
moderne, le législateur camerounais a établi depuis l’indépendance en 1960 (et surtout la réunification depuis 1972)
des règles qui ont vocation à s’appliquer sur toute l’étendue du territoire (en considérant qu’elles intègrent déjà les
coutumes). Mais dans le cas contraire, notamment en matière civile, ce n’est pas encore le cas.

Il serait possible d’observer le dualisme en matière civile où la tradition demeure applicable dans les
rapports ou situations de droit traditionnel, en concours avec la législation d’inspiration européenne qui demeure
applicable dans les rapports ou situation de droit moderne, dans la partie francophone où la coutume (dans les
rapports substantiels) ainsi que le décret de 1969 sur la procédure devant les juridictions de droit traditionnel dans la
partie francophone demeurent applicables aux rapports ou situations de droit coutumier ou traditionnel (polygamie,
succession… par exemple), et le Code civil français de 1804 (transposé au Cameroun en 1924) et le Code de
procédure civile français de 1806 (transposé au Cameroun en 1954) s’appliquent aux rapports ou situations de droit
moderne. Dans la partie anglophone la coutume (dans les rapports substantiels) ou la loi n°79/04 du 29 juin 1979
organisant des juridictions traditionnelles de l’ex-Cameroun occidental ou Cameroun anglophone dans les rapports
ou situations de droit coutumier ou traditionnel et la Common Law, la doctrine de l’Equity ainsi que les lois
d’application générale en vigueur en Angleterre avant le 1 er janvier 1900 qui s’appliquent aux rapports ou situations
de droit moderne (articles 11 et 15 de la Southern Cameroon’s High Court Law 1955). La Constitution prévoie en
effet en son article 68 que la Législation résultant des lois et règlements applicables dans l’État fédéral du
Cameroun et dans les Etats fédérés à la date de prise d’effet de la présente Constitution reste en vigueur dans ses
dispositions qui ne sont pas contraires aux stipulations de celle - ci, tant quelle n’aura pas été modifiée par voie
législative ou réglementaire.

De ce qui précède, le domaine ou le champ (la sphère) d’application de la coutume est doublement limité .
D’une part en matière substantielle, l’application de la coutume est limitée dans les matières (ou domaines) pour
lesquelles le législateur n’a pas encore établi des règles depuis l’indépendance, notamment dans les domaines ou
rapports (situations) qui relèvent du droit civil où la législation dite « moderne » d’inspiration européenne (le Code
civil dans la partie francophone et les lois anglaises dans la partie anglophone) est en concours avec la coutume qui
s’applique uniquement dans les rapports ou situations de droit dit traditionnel. D’autre part, la coutume en matière
processuelle (ou de procédure), l’application de la coutume est limitée aux (la coutume est principalement appliquée
par) les juridictions de droit traditionnel (juridictions traditionnelles) donc l’organisation aussi bien dans la partie
francophone ou anglophone est faite par le législateur soit de manière réglementaire (pour les juridictions
traditionnelles de la partie francophone –décret de 1969 modifiée en 1971) ou législative (dans la partie francophone
–loi de 1979-). En plus, dans ce dernier cas (en matière processuelle), l’application de la coutume peut encore être
limitée par le fait que, selon le décret de 1969, la compétence d’une juridiction de droit traditionnelle est
subordonnée à l’acception des deux parties en cause puisque si une partie s’y oppose, c’est la juridiction de droit
moderne qui exerce sa compétence. Ainsi, l’option de juridiction emporte option de législation. Ce qui signifie que
les justiciables qui ont choisi ensemble de soumettre leur litige à une juridiction de droit traditionnel (juridiction
traditionnelle), choisissent de ce fait, de voir ce litige réglé conformément à la coutume, et inversement s’ils optent
pour une juridiction de droit moderne ou si l’une des parties déclinent la compétence de la juridiction traditionnelle,
ils peuvent se voir appliquer le droit écrit ou moderne (à moins que la situation ne peut être réglé que par la
coutume).

L’autre forme de limitation viendrait (a contrario de ce qui précède en matière substantielle) de ce que dans
les domaines où le législateur camerounais a déjà légiféré depuis les indépendances et surtout la réunification où
les textes de loi élaborés par le législateur camerounais ont vocation à s’appliquer sur toute l’étendue du
territoire, la coutume est écartée ou évincée au profit des règles ainsi élaborés, dans le respect de l’article 68 de la
Constitution (qui reprend une formule transitoire de la Constitution de 1972). Il apparaît en effet que la plupart de
ces textes sont davantage inspirés du droit moderne, notamment français et dans une certaine mesure anglais.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

D’autres formes de limitations apparaissent dans le fait qu’en matière civile, la coutume soit écartée ou
évincée directement ou indirectement. Directement, l’éviction directe s’opère de deux manières : d’une part
l’éviction ou l’exclusion de toute coutume contraire (non conforme) à l’ordre public, et d’autre part l’éviction d’une
coutume dite muette à propos d’une situation ou d’un rapport de droit. De manière indirecte, l’éviction peut
consister en la tentative de réécriture à travers une réinterprétation favorable au droit dit moderne dans le sens de
l’introduction de concepts ou d’une conception de droit moderne dans le coutume, par une juge de droit moderne
statuant sur litige faisant appel à la coutume.

ii- Les principes de règlement des conflits relatifs au champ d’application de la coutume

Il faut distinguer ici deux types de conflits : le conflit entre coutume ou droit coutumier et droit écrit, et les
conflits inter-coutumiers.

S’agissant du conflit entre coutume ou droit coutumier (la règle ou la norme de droit coutumier) et droit
écrit (la règle ou norme de droit écrit) par rapport à une situation où le droit coutumier et le droit moderne se
discutent la régulation d’un même rapport, d’une même situation (et viennent ainsi en concours pour sa
régulation), si l’on est devant un juge, la situation dépendra du tribunal saisi. 1°) Si l’on est devant une juridiction de
droit traditionnel, la coutume l’emporte, mais 2°) si l’on est devant une juridiction de droit moderne ou écrit, le
droit moderne peut l’emporter. Mais, 3°) si la situation a fait l’objet d’une réglementation après l’indépendance,
c’est cette réglementation qui l’emporte, sur la base de la maxime « lex posterior… » (la loi postérieure écarte la loi
antérieure).

S’agissant des conflits inter-coutumiers, caractérisant une situation où un rapport susceptible d’être régie
par plusieurs coutumes, 1°) c’est la coutume sous le régime duquel la situation a été établie ou sous le régime
duquel le rapport est né, qui s’applique ; 2°) en cas d’incertitude, ce sont les règles de droit moderne qui seront
appliquées. Enfin dans certaines matières précises pour lesquelles le conflit inter-coutume se pose à l’origine de
la situation, ce sont 1°) soit les règles de la coutume de la personne principale autour de laquelle la situation
tourne, au regard de sa filiation paternelle ou à défaut maternelle, 2°) soit les règles de la coutume où la situation est
née, 3°) soit alors la coutume la plus fréquemment suivie à l’endroit où la situation est née, qui s’appliquent.

c) La coutume comme source complémentaire du droit écrit


La coutume (les règles de droit coutumier ou règles coutumières) peut, par rapport au droit –objectif- moderne
(règles de droit moderne), peut jouer le rôle de source complémentaire, compte tenu du fait que la loi écrite ne peut
pas tout prévoir et que la coutume se présente souvent comme l’expression d’une solution –adaptée ou originelle-
aux besoins socio-économiques des individus d’un groupe social, de droit de 03 manières : en tant que source
s’appliquant par délégation de la loi (i), en tant que source s’appliquant en cas de silence de la loi (ii), en tant que
source s’appliquant contre la loi (iii).

i- La coutume en tant que source s’appliquant par délégation de la loi : la coutume secundum legem
La coutume secundum legem signifie ici que c’est la loi qui qui invite elle-même à s’y référer.

Dans certains cas, cette invitation est express. C’est cas lorsque la loi invite à se référer à la coutume pour
compléter ou interpréter la loi ou le contrat (dans le Code civil, il serait possible de citer les articles 593, 663, 671,
1135, 1160, 1390…qui invitent à se référer à la coutume ou aux usages).

Dans d’autres cas, l’invitation à se référer à la coutume est implicite, c’est le cas lorsque la loi utilise les
notios standards ou les notions cadres de : « bon père de famille », « bref délai »,…Toutes ces règles issues des

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

usages ont la même autorité que les lois, mais, elles n’ont le plus souvent qu’une valeur supplétive ou interprétative
de volonté.

ii- La coutume s’appliquant dans le silence de la loi : la coutume praeter legem

La coutume praeter legem signifie que la coutume s’applique à défaut de loi ou en cas de vide de la loi. Rien
ne s’oppose en effet que la coutume puisse s’appliquer indépendamment de la loi. Les rédacteurs du Code civil,
notamment Portalis, préconisent le recours à la coutume en cas de vide législatif. La coutume peut donc alors
utilement combler les lacunes de la loi.

Ainsi, dans le Code civil, il s’est créé la règle coutumière selon laquelle la femme a la faculté de porter le nom
de son époux.

De même, on observe un recours de plus en plus fréquent à la coutume par les juridictions de droit moderne
(ou de droit écrit) dans les matières où le recours au Code civil est insatisfaisant. C’est notamment le cas dans les
régimes matrimoniaux par rapport aux mariages polygamiques.

iii- La coutume s’appliquant contre la loi : la coutume contra legem

La coutume contra legem signifie que la coutume s’applique conte la loi. Il arrive en effet parfois que les
usages se forment en contradiction avec une loi qui tombe en désuétude : on dit que la coutume s’est formé contra
legem. Plusieurs dispositions du Code civil se sont retrouvées dans cette situation (article 931 qui subordonne la
donation à la rédaction d’un acte notarié alors qu’en pratique les donations se font sans forme particulière et à la
main –c’est-à-dire par tradition-, de sorte que les tribunaux les admettent.

Ensuite, «l’erreur commune fait le droit » (error communis facit jus), qui renvoie au fait que l’erreur,
lorsqu’elle est commune ou générale et inévitable, voire invincible, créée une règle contraire à la loi ignorée.

Enfin, sur le plan international, les usages du commerce international (la lex mercatoria), s’applique souvent
alors qu’elle prévoit des dispositions contraires à une loi nationale.

B) sources indirectes des règles de droit objectif ou sources d’interprétation –sources issues de
l’interprétation- des sources directes du droit objectif : la jurisprudence et la doctrine

Il existe deux principales sources des règles de droit qui résultent de l’interprétation des règles contenues ou
consacrées par les autres sources, à savoir d’une part la jurisprudence (1), et d’autre part la doctrine qui interprète
même la jurisprudence (2).

1) La jurisprudence
Le mot jurisprudence peut renvoyer à l’ensemble des décisions de justice rendues pendant une certaine
période soit dans une matière (commerciale, divorce), soit dans une branche du Droit (jurisprudence civile, fiscale,
etc.), soit dans l’ensemble du Droit –objectif- ou encore à l’ensemble des solutions apportées par les décisions de
justice dans l’application du Droit –objectif- (notamment dans l’interprétation de la loi quand celle-ci est obscure)
ou même dans la création du Droit (quand il faut compléter la loi, suppléer une règle qui fait défaut). Mais d’une

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

manière simple, elle se présente comme la solution habituellement donnée par les juridictions à un problème li à
l’application du droit positif dans une situation particulière, sous forme d’une décision appelée sentence qui selon la
juridiction qui l’a prise peut être un jugement (lorsque la juridiction qui l’a rendu est un « tribunal »), ou un arrêt
(lorsque la juridiction qui l’a rendue est une cours).

Il est important de connaître par à travers quel processus se forme la jurisprudence (a) avant de voir son
autorité dans les divers systèmes de droit en tant que véritable source de droit (b).

a) La formation de la jurisprudence

La jurisprudence se forme à travers un processus ou un formalisme qui fait intervenir une démarche
rationnelle et formelle précise et des techniques précises (i), sous réserve du respect de la hiérarchie juridictionnelle
en la matière (ii).

i- Le processus formel de formation de la jurisprudence : l’usage du formalisme dans un sens rationaliste ou


théorique et technique
Le raisonnement juridique dans le milieu juridique en général ou judiciaire en particulier, a toujours pour
objet de confronter une situation de fait à des règles de droit. Le but de la démarche étant de dégager la solution la
plus adéquate. Ceci en cherchant à partir d’une situation de fait ou des faits établis parfois à partir de techniques
précises, pour déterminer la règle abstraite de droit (c’est le cas de la démarche empruntée par principe par le juge
de Common Law pour élaborer la jurisprudence), ou en sens inverse, à chercher à appliquer une règle abstraite et
générale de droit à des situations de fait ou à des faits établis parfois grâce au recours à des techniques d’inspiration
formaliste précises (c’est le cas de la démarche empruntée par le juge dans les systèmes d’inspiration romano-
germanique à l’égard des situations de fait qui lui sont soumises).

Il s’agit ici des deux principales formes du raisonnement juridique (raisonnement utilisé dans le milieu
juridique) en général et de celui judiciaire en particulier (formes de raisonnements utilisés dans le milieu judiciaire)
dans le cadre de l’application et de la création du droit. Elles font en effet état de variantes ou déclinaisons
dominantes constituant l’essence de ce raisonnement formaliste, qui accorde la priorité aux éléments formels sur la
substance ou le contenu, notamment à la forme ascendante –induction ou descendante –déduction-du raisonnement
ou de l’opération qui guide la pensée du juge dans le cadre de la création ou de l’application.

Toute chose qui permet de faire apparaître que dans le raisonnement juridique, c’est l’usage considérable du
formalisme, et surtout des procédés de logique, et notamment de la logique formelle d’inspiration aristotélicienne
qu’il impose à travers le syllogisme, qui est marquant, en plus des techniques formalistes parfois utilisées pour établir
les faits. De toutes les façons, la jurisprudence est rendue au terme d’un processus qui est marquée par des étapes
précises : l’usage éventuel des techniques précises pour rétablir les faits ou les situations de fait, la qualification,
l’interprétation et l’application de la règle ou la production de la solution à travers l’usage de la logique.

- L’établissement des faits réels les faits étant sacrés) et vrais (en l’absence de vérité il n’y a pas de justice) ou
des situations de fait conforme à la vérité et donc à la réalité grâce à l’action des acteurs de la justice magistrats
(membre du parquet ou procureur) et auxiliaires de justice (OPJ, avocat, huissier, notaire…) en plus de celle des
parties à travers l’usage éventuel des présomptions et des fictions lorsqu’il est difficile d’avoir la totalité de la
réalité. Il s’agit de deux procédés qui permettent techniquement de tenir pour vrai un fait, une situation ou une
réalité imaginée. S’agissant particulièrement de la présomption, il est possible de la définir comme une opération de
l'esprit par laquelle on admet l'existence d'un fait qui n'est pas directement démontré. La fiction quant à elle est défini
comme un artifice de technique juridique, un « mensonge de la loi consistant à « faire comme si », à supposer un fait

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

contraire à la réalité, en vue de produire un effet de droit. Ces deux procédés permettront de tenir pour vrai ce qui est
« vraisemblable » (s’agissant surtout des présomptions avec possibilité de contradiction pour les présomptions
simples ou impossibilité de contradiction pour les présomptions irréfragables très proches des fictions) ou «
invraisemblable » (s’agissant des fictions qui s’écartent complètement de la réalité), et ainsi à consacrer comme «
vrai » (un fait vraisemblable dans le cadre des présomptions) ou invraisemblable (par rapport aux fictions).

- la qualification est opérée une fois les faits établis. Il s’agit de l’opération qui permet de déterminer la
catégorie juridique applicable en guise de régime approprié (règle applicable) à la situation factuelle, en mettant en
exergue les deux dimensions de la catégorie juridique, à savoir la dimension factuelle (situation de fait à qualifier,
ranger ou classer dans l’un des régimes qui lui correspond dans l’ordre des règles applicable en tant que situations
abstraites) et la dimension juridique (qui concerne le régime de droit positif applicable correspondant à la situation de
fait). La catégorie juridique établie correspond ainsi à la situation abstraite tracée par la règle appropriée. La
qualification permet donc d’établir, la règle appropriée au cas ou fait de l’espèce. Elle peut en réalité, et c’est
généralement le cas, très bien précéder le syllogisme, en contribuant à la règle détermination d’une règle abstraite
(majeure) applicable bien identifiable.

- Une fois la règle établie, elle doit être interprétée (pour en ressortir le sens), afin que dans l’application en
soit aisée. Dans le cadre de l’application, le raisonnement du juge civiliste consiste en une déduction (forme
descendante du raisonnement) où l’usage du syllogisme est prégnant, dans le cadre duquel il s’appuie au départ sur
les règles et principes abstrait et généraux déjà posés par le législateur pour les appliquer à des faits ; tandis que la
rationalité du juge de Common law est fondamentalement une rationalité inductive et de discussion.
Schématiquement, la règle applicable (davantage dans le système civiliste ou de droit écrit ou de sources textuelles)
ou la solution jurisprudentielle (le principe en Common law ou de droit jurisprudentiel - bien qu’utilisé dans le
système civiliste-) d’un cas précédent, forme originelle (à respecter sans égard au contenu, à sa fonction voire sa
finalité) se présente en général comme la prémisse ou majeure du syllogisme, en prévoyant par exemple dans la
proposition regardée comme la majeure ou prémisse, une condition qui entraîne une conséquence. Dans
l’application mécanique de la règle abstraite à l’espèce au sein de la mineure (seconde proposition), le juge se
bornera à vérifier au terme de la qualification (après interprétation) simplement si la forme de la condition fixée
par la règle est la même forme qui apparaît dans le fait de l’espèce. En cas de réponse affirmative, la conséquence
qui était fixée pour cette condition par la prémisse, s’appliquera automatiquement comme conséquence de la
condition du fait de l’espèce. Les arguments logiques -par analogie et a contrario- se trouvent voilée dans les
déductions. Il a été relevé que cette présentation –syllogistique- du raisonnement judiciaire n’est qu’un justificatif (au
regard de l’attractivité de la structure du raisonnement dont il fait état) de la solution déjà arrêtée au préalable sur la
base de la logique déontique. Car par rapport à certaines situation de fait, le droit interdit, permet ou admet,
sanctionne…, et ainsi en face d’une situation déjà qualifier, la solution peut déjà être connu, de sorte que le
syllogisme n’intervient a posteriori (et non a priori) afin de donner une certaine forme –attractive- à la démarche qui
a conduit à la solution judiciaire.

S’agissant de la rédaction matérielle dans les systèmes civilistes ou de droit écrit (de sources textuels) de la
sentence ainsi élaborée, la décision (dont l’original est la minute et la copie est la grosse ou l’expédition) est
structurellement subdivisée en deux partie : l’exposé des motifs (motivation en fit et en droit) et le dispositif qui est la
partie de l’acte qui matérialise la décision qui comporte la solution.

L’exposé des motifs contient les faits qui sont d’abord énoncés dans les « attendu que…. », « considérant
que… » de la décision. À la suite l’exposé des motifs, le dispositif (qui en général introduit par « par ces motifs… »
est lapartie qui contient la solution du juge (la solution judiciaire) du litige.

S’agissant de la rédaction matérielle dans les systèmes de Common Law ou de droit d’inspiration
jurisprudentielle, la structure de la décision est similaire, mais elle est structurée en exposé des motifs en première
partie, puis, dans la décion proprement dite, il y a l’obiter dictum (correspondant à la partie accessoire de la décision)
et la ratio decidendi (la solution ou partie fondamentale).

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Dans la première partie de la décision le juge procède d’abord à un exposé détaillé des faits du litige, puis, il
analyse les différentes lois et précédents (solutions judiciaires précédentes) qu’il considère comme pertinente par
rapport aux faits de l’espèce (relevant to the case).

Enfin, dans l’obiter dictum (partie non essentielle ou accessoire de la décsion) et la ratio decidendi, il énonce
la solution qui lui paraît s’appliquer (applicable to the case) et l’applique à l’espèce. Il s’agit ici d’une solution
théorie qui peut être applicable à une espèce ou un cas similaire présentant les mêmes faits, surtout si elle est
nouvelle. Elle se présentera ainsi comme un précédent qui permet ainsi de faire état de l’autorité du précédent sur les
cas similaires futurs. Cette autorité existe aussi lorsque les règles des textes applicables n’ont pas prévus une solution
appropriée ou juste, en dehors de celle du précédent. Cependant la hiérarchie juridictionnelle doit être respectée en la
matière.

ii- Le respect de la hiérarchie juridictionnelle

Le respect de la hiérarchie juridictionnelle en matière jurisprudentielle signifie simplement ici que la


jurisprudence rendue par les juridictions supérieures, notamment la Cour suprême (Cour de cassation en France) ou
CCJA (en ce qui concerne les solutions ou sentences relatives à l’application des actes uniformes de l’OHADA), doit
être respectée par les juridictions inférieures (Cour d’Appel et tribunaux), de même que celle des Cours d’appel doit
être respectée par les tribunaux d’instance et traditionnel.

b) L’autorité de la jurisprudence en tant que véritable source de droit

L’autorité de la jurisprudence en tant que véritable source de droit varie suivant que l’on se trouve dans un
système civiliste ou de droit écrit ou textuel (i) ou dans le système de Common Law ou de droit d’inspiration
jurisprudentielle (ii).

i- L’autorité de la jurisprudence en tant que véritable source de droit dans le système civiliste ou de droit écrit ou
textuel

Deux sortes de considérations affectent la jurisprudence dans les systèmes civilistes ou de droit écrit ou
textuel : la négation de jure de la jurisprudence comme véritable source de droit et la reconnaissance exceptionnelle
de facto du pouvoir normatif ou créateur de règles de la jurisprudence.

- S’agissant de la négation de jure de la jurisprudence comme véritable source de droit :

ce sont soit certains textes qui nient à la jurisprudence son pouvoir créateur (à savoir l’article 5 du Code
civil qui prévoie qu’il est défendu aux juges de prononcer par voie de disposition générale et réglementaire sur les
causes qui leur sont soumises, c’est-à-dire qu’il est défendu au juge de créer des règles ou normes par son jugement –
conséquence de la séparation des pouvoir qui permet d’interdire au judiciaire d’intervenir ou de s’immiscer dans la
sphère du législatif voire de l’exécutif- et l’article 1351 du Code civil qui prévoit que l'autorité de la chose jugée n'a
lieu qu'à l'égard de ce qui a fait l'objet du jugement, qui signifie que la chose jugée ou décision de justice -jugement
ou arrêt- n’est relative qu’aux parties au litige et au juge qui l’a rendu et n’a aucune autorité sur les tiers qui ne sont
pas concernés par ce litige, donc, il n’y a pas de précédent obligatoire à la différence du système de Common Law),
soit des arguments de politique normative (notamment les 3 principaux inconvénient de la jurisprudence à savoir
la lenteur de la formation de la jurisprudence – durée de plusieurs année des procès jusqu’à la solution de la

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juridiction suprême-, incertitude de la jurisprudence du fait de la domination des faits ou circonstance de l’espèce
dans les solutions des juges ou juridiction de fond comme les tribunaux et les Cours d’appel –alors que la règle est
abstraite et fait abstraction des faits- et enfin l’insécurité qui résulte des revirements de jurisprudence).

- S’agissant de la reconnaissance exceptionnelle de facto du pouvoir normatif ou créateur de règles de la


jurisprudence :

Dans la pratique, l’on reconnait à la jurisprudence une double fonction qui font d’elle, dans les systèmes
civilistes ou de droit écrit ou textuel, une véritable source de droit. Il s’agit de la fonction de suppléance et de la
fonction d’adaptation. La fonction de suppléance résulte d’une certaine interprétation de l’article 4 du Code civil
qui prévoie que le juge qui refusera de juger, sous prétexte du silence, de l'obscurité ou de l’insuffisance de la loi,
pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice. Ainsi, au cas où un juge est saisi d’un litige dans le cadre
duquel il est confronté à un vide législatif, il a une obligation de statuer sous peine d’engager sa responsabilité civile
pour le préjudice qu’il peut causer au demandeur, ou sa responsabilité pénale pour déni de justice (article 147 du
Code pénal). Dans ce cadre, il peut se référer à l’équité en admettant qu’il créera lui-même la règle qu’il a appliquée
de sorte que plus la défaillance législative ou le vide juridique est étendue, la création aura plus d’ampleur. La
fonction d’adaptation est une fonction qui permet au juge d’adapter les textes que le législateur néglige de
« rajeunir » ou « moderniser », au contexte actuel.

ii- L’autorité de la jurisprudence en tant que véritable source de droit dans le système de Common Law ou
système d’inspiration jurisprudentielle
Les juristes de Common Law conçoivent d’abord leur droit comme étant d’abord jurisprudentiel, car, dans ce
système (en vigueur dans la partie anglophone du Cameroun), le rôle de la jurisprudence n’est pas simplement
d’appliquer, mais de créer les règles de droit, même si ce système tend à s’estomper avec l’invasion des statutes law,
issus du système civiliste.

Le juge dans ce système créé ainsi le droit suivant le schéma qui a été indiqué à partir d’une espèce qui lui est
soumis, et une fois que cette règle a été inscrite dans une décision judiciaire, il y a obligation pour les juridictions de
respecter à l’avenir cette décision s’il s’agit d’un cas présentant des faits identiques : c’est le principe dit du
précédent qui lie une juridiction à toute les décisions qu’elle a rendues, dans le respect de la hiérarchie
juridictionnelle.

2) La doctrine
Il s’agit de l’opinion communément professée (soit dans un ouvrage juridique –traités manuels, notes ou
commentaires d’arrêts…- soit en dehors) –opinion doctrinale- par ceux qui enseignent le Droit ( communis opinio
doctorum), ou même ceux qui, sans enseigner, écrivent sur le Droit. La doctrine dans ses opinions peut proposer des
solutions au législateur, voire au juge (c’est d’ailleurs sa fonction classique en guise de fonction doctrinal avant
d’être pédagogique); elle diffère ainsi de la doctrine scientifique du droit qui fait par principe une description neutre
des règles. La « doctrine » s’oppose à la «jurisprudence ». Les juristes anglosaxons appellent « jurisprudence » ce
que les civilistes considèrent comme « doctrine ».

Paragraphe II : L’ordre des sources des règles de droit : la hiérarchie des normes
Les organes qui ont autorité pour édicter des règles ou consacrer des solutions juridiques sont fort divers et
hiérarchisées. Cette hiérarchie des règles présente une grande importance car un texte d'une catégorie inférieure est
généralement subordonné aux textes d'une catégorie supérieure et ne peut y déroger. Il convient d’en présenter la
structure de cette hiérarchie ou d’en faire la description (A) avant de voir à travers quels mécanismes son respect est
assuré (B).

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A) La structure ou description de la hiérarchie des normes

Selon la hiérarchie des normes, les textes de lois, en guise de source du droit positif, sont rangés dans l’ordre
juridique de telle sorte que le texte inférieur doit être conforme au texte supérieur pour être valide (comme
applicable). L’ordre est donc structuré de la manière suivante :

- La Constitution :
La règle constitutionnelle est au sommet de la hiérarchie des normes en tant que norme fondamentale à
laquelle toutes les autres règles (celles issues des autres sources) doivent se conformer. Tous les autres textes ou
sources (ainsi que leurs règles respectives) sont alors dit infra-constitutionnels.

: - Les Traités et Accords internationaux


Les traités ou accords internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés ont, dès leur publication, une
autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie.

- Les textes de droit communautaire originaire (primaire) et ensuite de droit communautaire dérivé : d’abord à
l’échelle régionale (africaine), puis, à l’échelle sous-régionale
Tous ces textes ont une valeur supra-législative.

- La loi -au sens restreint- ou texte législatif :


Les lois en vigueur ont une valeur supérieure à celle du règlement.

- Les règlements :
Les règlements sont des textes infra législatifs qui sont rangés dans un ordre précis : d’abord l’ordonnance,
puis le décret, ensuite l’arrêté, la circulaire, etc.

- Les us (usages) et coutumes :

Après ces sources, viennent les sources d’interprétation des règles juridiques consacrées par les autres
sources.

- La jurisprudence :
Elle consacre des règles contraignantes et obligatoires, très souvent à partir de l’interprétation des règles des
autres sources précitées

- La doctrine :
Elle ne consacre pas des règles contraignantes et obligatoires, tout en résultant de l’interprétation des règles
ou normes de toutes les sources sus-évoquées.

B) Le respect de la hiérarchie des normes : le contrôle du respect de la hiérarchie des normes

En dehors du domaine du droit du travail où la hiérarchie peut ne pas être respectée lorsqu’une source
d’un degré hiérarchique inférieur consacre une norme favorable au travailleur par rapport à une source
supérieure et du cas où une source hiérarchiquement inférieure qui consacre des règles spéciales ou
particulières à un domaine précis du droit peut écarter l’application des règles d’une source
hiérarchiquement supérieure qui ne consacre que des règles générales ou communes à plusieurs domaines, le
respect de la hiérarchie des normes doit être observé. Il peut passer par deux types de contrôle : un contrôle a priori

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(permettant d’évincer ou écarter une norme « contraire à la norme » (1) et un contrôle a posteriori permettant de ne
pas appliquer une norme déjà entrée en vigueur (2).

1) Le contrôle a priori du respect de la hiérarchie des normes


Le contrôle a priori peut prendre 03 principales formes : le contrôle de la conformité des traités internationaux
à la Constitution (a), le contrôle de la constitutionnalité des lois (b) et un contrôle –controversé- de la conformité de
la loi –parlementaire- aux traités internationaux (c).

a) Le contrôle de la conformité des traités internationaux à la Constitution

Ce contrôle est régit par l’article 44 de la Constitution –camerounaise- en vertu duquel, lorsqu’un traité ou
accord international comporte une clause contraire à la Constitution (constaté sur déclaration du Conseil
constitutionnel), l’approbation en forme législative ou la ratification de ce traité ou de cet accord ne peut intervenir
qu’après la révision de la Constitution. Cependant, si un tel traité est ratifié sans révision de la Constitution, les juges
seront conduit à le tenir pour inopérant dans la mesure de son incompatibilité avec la Constitution, cette dernière
s’imposant prioritairement.

b) Le contrôle de la constitutionnalité des lois

En tant que loi fondamentale d'un pays, la Constitution est la source des règles de droit qui est au-dessus de
toutes les autres normes Juridiques dans l'ordre interne. Elle est supérieure aux Traités et accords internationaux qui
constituent ce qu'on appelle le bloc de constitutionnalité et aux lois. Cette suprématie est garantie par le contrôle de
constitutionnalité des lois qui peut être exercé par voie d'action lorsque le contrôle se fait a priori, avant que la loi
n’entre en vigueur (le contrôle par voie d'exception étant un contrôle a posteriori, puisque la loi dont on veut
contrôler la constitutionnalité est déjà en vigueur).

Le contrôle de la constitutionnalité par voie d'action est celui par lequel l'on saisit directement l'organe chargé
de connaître des questions de conformité des lois à la Constitution pour s'entendre déclarer inconstitutionnelle une
loi. Au Cameroun, la Constitution a prévu un organe qui en est chargé, à savoir le Conseil Constitutionnel qui est
1'instance compétente en matière constitutionnelle. Il a parmi ses compétences de statuer sur la constitutionnalité des
lois. La compétence de cet organe ne peut être appréciée dans son exercice effectif que si l'on intègre dans la
réflexion le mode de sa saisine par des acteurs bien précis. Ainsi, avant leur promulgation, les lois (au sens strict)
ainsi que les traités et accords internationaux peuvent être déférés au Conseil Constitutionnel par le Président de la
République, le président de lʼAssemblée Nationale, le président du Sénat, un tiers des députés ou un tiers des
sénateurs, les présidents des exécutifs régionaux, pour que le Conseil constitutionnel statue sur la constitutionnalité
des lois.

Au cas où une loi est déclarée inconstitutionnelle, elle ne peut être ni promulguer (par le Président de la
République), ni adoptée (par le parlement). Il en sera ainsi de tout texte ou décision déclaré inconstitutionnelle qui ne
pourra être mis en application. Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. Elle
s’impose aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives, militaires et juridictionnelles, ainsi qu’à toute
personne physique ou morale.

Si un texte de loi est promulgué malgré les dispositions inconstitutionnelles et parce qu’aucun recours n’aura
été intenté, cette loi sera obligatoire jusqu’à son abrogation. Il faut cependant souligner que les lois référendaires, à la

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différence des lois ordinaires, ne devraient pas être soumises au Conseil constitutionnel pour qu’il procède au
contrôle de constitutionnalité, car, le référendum est l’expression directe de la souveraineté nationale.

c) Le contrôle –controversé- de la conformité de la loi –parlementaire- aux traités internationaux ou aux


conventions internationales : contrôle a priori de la conventionalité des lois

Les traités ou accords internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés ont, dès leur publication, une
autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie –au
Traité-. Les lois, au regard de cette disposition, devrait alors être conforme au Traité ou à l’accord international (sous
réserve de l’ordre public interne qui peut s’opposer à une certaine interprétation du Traité).

2) Le contrôle a posteriori du respect de la hiérarchie des normes

Contrairement aux USA où est respectée la décision prise dans l’Affaire Marbury contre Madison qui établit
la possibilité pour les juges ordinaires d’effectuer un contrôle de constitutionnalité des lois en vigueur (vérification
de la conformité d’une loi applicable à la Constitution), la Constitution camerounaise n’a pas expressément retenue
cette solution ou ce principe. En l’état actuel du droit positif ou des règles de droit applicable, le contrôle a posteriori
ne concerne davantage que l’épineux problème de la constitutionalité des lois par voie d’exception –puisque le
contrôle par voie d’action est un contrôle a priori, contrôle de la loi avant son entrée en vigueur- (a), la légalité du
règlement (a) et éventuellement la conformité d’une loi en vigueur à un traité international (c).

a) Le problème du contrôle de la constitutionnalité des lois par voies d’exception

C'est devant le juge ordinaire, c’est-à-dire le juge autre que le Conseil constitutionnel, que se pose la question
du contrôle de la constitutionnalité des lois par voie d'exception. Le mécanisme est simple: le juge s'apprête à
appliquer une norme à un cas qui lui est soumis, une partie relève que cette norme est inconstitutionnelle et lui
demande de ne pas l'appliquer. La question se pose en droit camerounais de savoir si le juge saisi peut retenir sa
compétence en exerçant ledit contrôle.

Pour le juge administratif, son incompétence à exercer le contrôle de la constitutionnalité par voie d'exception
a été relevée dans deux arrêts. En effet, dans l'arrêt Société des Grands Travaux de l'Est c/ Etat du Cameroun où la
société avait contesté une imposition qu'avait permise une disposition législative rétroactive, la Cour fédérale de
justice avait décidé que « Au regard de la constitutionnalité ou de l'inconstitutionnalité de la modification litigieuse,
aucun contrôle de la constitutionnalité par voie d'exception comme en l'espèce n'est pas par le droit camerounais ».
La solution similaire a été reprise par la Chambre administrative de la Cour suprême le 30 novembre 1978 dans
l'arrêt Moungole Diboussi Léon c/ Etat du Cameroun. Pour le juge judiciaire, la même solution a été en principe
affirmée par la Cour d'appel de Garoua dans 1'affaire Coffres forts. Cette Cour, saisie sur la question de rétroactivité
d'une ordonnance jugée contraire à la Constitution, a décidé qu’«en tout état de cause, la juridiction répressive n'est
pas au Cameroun juge de l'inconstitutionnalité des lois ». Cette réponse n'a jamais emporté l'adhésion de tous.

En effet, certains auteurs ont estimé que parce qu'il n'était pas formellement interdit, le contrôle de la
constitutionnalité des lois par voie d'exception était une solution possible.

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b) Le contrôle de la légalité du règlement

Les lois étant hiérarchiquement supérieures aux règlements, ces derniers leur doivent être conformes. Le
mécanisme du contrôle de la légalité garantit cette suprématie. Le contrôle de la légalité des règlements ou de la
conformité d’un règlement –d’application d’une loi- à un texte législatif peut être exercé aussi bien par les tribunaux
administratifs que par le juge judiciaire. Ces tribunaux le feront dans le cadre d’un recours pour excès de pouvoir (i)
ou encore dans le cadre de l’exception d’illégalité (ii).

i- Le recours pour excès de pouvoir


Il s’agit ici d’un recours exercé devant le juge administratif et qui a pour objet direct et exclusif, la régularité
des règlements au regard de la hiérarchie des normes. Il a pour effet de conduire en cas d’irrégularité, à l’annulation
du texte en cause à l’égard de tous, en le faisant disparaître non seulement au profit du règlement, mais aussi de tous
les autres citoyens.

ii – L’exception d’illégalité
Il s’agit d’une voie de droit consistant, à l’occasion d’un procès intéressant l’application d’un acte
administratif, à en invoquer l’illégalité, partant à conclure à son inapplicabilité par le juge et dont le régime est
différent suivant que ce juge appartient à l’ordre administratif ou à l’ordre judiciaire.

Ainsi, Cette exception d'illégalité peut être librement introduite devant les juridictions administratives. Les
juridictions judiciaires ne pouvant empiéter sur les prérogatives du pouvoir exécutif, l’exception d'illégalité n’est pas
admise.

Cette exception est habituellement admise devant les juridictions pénales.

Devant les juridictions civiles, l'exception d'illégalité n'est recevable que lorsque le règlement porte atteinte à
la. Liberté individuelle ou au droit de propriété.

b) Le contrôle –a posteriori- de conventionalité ou contrôle de la conformité de la loi aux traités


internationaux
S’agissant des Traités internationaux sur cette question, la réponse est différente selon que la loi est
antérieure ou non au traité, la Constitution prévoie que les traités ou accords internationaux régulièrement approuvés
ou ratifiés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque accord ou traité,
de son application par l'autre partie.

S'agissant du droit communautaire, deux éléments lui assurent primauté sur le droit national: l'effet direct et
la question préjudicielle.

L'effet direct résulte du fait que le respect des actes additionnels s'impose tant aux institutions de la
Communauté qu'aux Etats-membres. En outre, les règlements sont obligatoires dans tous les éléments et directement
applicables dans tous les Etats-membres; les règlements cadres ne sont applicables que dans certaines de leurs
dispositions. Les actes additifs, les règlements, les règlements cadres sont publiés au Bulletin officiel de la
Communauté et rentrent en vigueur à la date qu'ils fixent. Ainsi, s’agissant du droit communautaire de l’OHADA par
exemple, il est prévu que les actes uniformes sont directement applicables et obligatoires dans les Etats-parties
nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure. La CCJA s'est à plusieurs reprises
prononcée sur la suprématie et l'effet direct du droit unitif sur les règles nationales antérieures ou postérieures. La
Cour a précisé que l'effet obligatoire des actes uniformes touche un article d'un texte; un alinéa de cet article ou une
phrase de cet alinéa (CCJA avis n° 001/120/EP). Selon la CCJA, l'effet direct de cette disposition concerne aussi bien
l'abrogation des dispositions internes contraires mais aussi l’interdiction de l'adoption des dispositions législatif vers

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et réglementaires ayant le même objet que celles des actes uniformes et contraires à ceux-ci. La CCJA souligne
également que l’abrogation concerne les dispositions de droit interne ayant le même objet que les actes uniformes.

Le recours préjudiciel (recours pour question préjudicielle), grand acquis du droit communautaire général est
le mode de coopération judiciaire privilégié entre le juge national et le juge communautaire en vue d'une application
harmonisée du droit communautaire sur l'ensemble des Etats membres. Ce recours donne la possibilité au juge
national de solliciter l'interprétation ou l'appréciation de la Légalité d'un acte communautaire en cause dans une
procédure nationale. La CCJA souligne par exemple que pour ce qui est de la question préjudicielle concernant le
droit communautaire de l’OHADA, les juridictions nationales chargées de régler en première instance et en Appel
sont qualifiées pour saisir la CCJA. Les articles 57 et 58 du règlement de procédure Organisent l'accueil de la
demande devant la CCJA et déterminent le contenu de l'avis à délivrer par la Cour, sans toutefois faire mention de
l'autorité de ces avis

Section II : La vie du droit objectif : la vie des règles de droit positif


La vie du droit objectif ou des règles de droit objectif est marqué par son application (paragraphe I), qui
implique nécessairement dans ce cadre son interprétation (paragraphe II).

Paragraphe I : L’application des règles de droit

L’application des règles de droit peut se faire dans le temps (A) et dans l’espace (B).

A) L’application de la règle de droit dans le temps

Dans le temps, l’application de la règle peut exister en l’absence de conflit (1) ou en cas de conflit entre deux
règles, en général de droit écrit ou de source textuelle (davantage concernée ici), qu’il faut régler pour
l’application d’une seule règle (2).

1) L’application de la règle de droit en l’absence de conflit entre deux règles - conflit de loi- dans le temps

Dans le temps, la règle de droit s’applique dès son entrée en vigueur (après sa publication) s’il s’agit des
règles de source textuelle ou alors dès qu’elle déclarée exécutoire s’il s’agit d’une décision devenue définitive s’il
s’agit d’une décision de justice constitutive de jurisprudence, ou alors dès qu’elle est reconnue comme telle dans le
groupe social concernée, s’il s’agit de la coutume (les usages y compris).

2) L’application de la règle de droit en cas de conflit entre deux règles dans le temps
Les conflits entre règles de droit dans le temps entre une règle ancienne et une règle nouvelle de norme
contraire par rapport à un même rapport ou une même situation de droit, surtout entre les règles de source
textuelles (conflits de loi –au sens large- dans le temps), sont courants et sont réglés dans la plupart dans cas dans
les dispositions transitoires prévues par la loi nouvelle.

Cependant, l’absence des dispositions transitoires qui règlent efficacement le conflit entre la règle ancienne et
la règle nouvelle, ce sont les règles générales de droit transitoire qui doivent être appliquées, à l’instar de ce que fixe

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l’article 2 du Code civil à savoir que « loi ne dispose que pour l'avenir; elle n'a point d'effet rétroactif ». Ces règles
ont notamment été à l’origine d’une controverse doctrinale (1), que le droit positif règle d’une certaine manière selon
une orientation précise (b).

a) La controverse doctrinale à propos des conflits de règles ou conflit de loi dans le temps

Le texte ou la règle de référence en matière de règlement de conflit de loi dans le temps (conflit de droit
transitoire) est l’article 2 du Code civil qui prévoit que : « loi ne dispose que pour l'avenir; elle n’a point d'effet
rétroactif ». La mise en œuvre de ce texte a longtemps été dominée par l’opinion selon laquelle la non rétroactivité
empêche que la loi nouvelle ne s’applique à une situation de droit acquise ou née, et à l’inverse, la loi ou la règle
nouvelle peut s’appliquer à de simples expectatives, c’est-à-dire pour les situations à venir.

b) Les solutions du droit positif à propos des conflits de règles ou conflit de loi dans le temps –conflit de droit
transitoire-

Ces solutions s’articulent autour de deux principes : la non-rétroactivité de la loi ou de règle nouvelle (i) et
l’application immédiate de la loi nouvelle (ii).

i- La non-rétroactivité de la loi ou de règle nouvelle

Le principe de la non-rétroactivité trouve sa justification dans le double souci d’assurer la sécurité des
individus et l’autorité de la loi ou de la règle. C’est un principe d’ordre public que le juge peut appliquer d’office, il
s’énonce en deux propositions complémentaires à partir de la notion de situation juridique qui constituent le contenu
du principe de la non-rétroactivité e la règle nouvelle. Ce principe admet quelques exceptions.

S’agissant du contenu du principe de la non-rétroactivité de la loi ou de la règle nouvelle, deux


propositions peuvent être posées : selon la première, la loi ou la règle nouvelle ni à la constitution, ni à l’institution
des situations juridiques antérieures (nées antérieurement) à son entrée en vigueur. Selon la seconde, la loi nouvelle
ne s’applique pas aux faits ou effets déjà passés d’une situation juridique née avant son entrée en vigueur et qui se
poursuivent après son entrée en vigueur.

S’agissant des exceptions, il en existe 3 qui permettent une application rétroactive qui permet une
application rétroactive de la loi ou règle nouvelle par rapport aux faits et effets déjà passés d’une situation
juridique née avant son entrée en vigueur: La première exception concerne les lois pénales expressément
rétroactives qui contiennent des règles qui prévoient expressément qu’elles s’appliqueront aux situations juridiques
nées avant son entrée en vigueur. Il en existe en effet en matière pénale, avec notamment les lois pénales plus douces
qui suppriment une incrimination ou adoucissent une peine en s’appliquant aux infractions commises avant leur
entrée en vigueur si elles n’ont pas été définitivement jugées. On considère que si la loi nouvelle adoucit la peine,
c’est que le législateur a estimé que la sanction ancienne était excessive. L’idéal de justice et d’humanité impose
qu’on en fasse bénéficier aux délinquants. Il s’agit donc ici de la rétroactivité de la loi pénale (elle rétroagit
automatiquement dès lors qu’elle est plus douce que l’ancienne). Ainsi, en matière pénale, il n'est pas possible
d'édicter une loi expressément rétroactive lorsque ladite loi est plus sévère (nouvelle incrimination, aggravation de la
peine, suppression de circonstances atténuantes...). Il s'agit d'un principe à valeur constitutionnelle qui s’impose au
législateur. La seconde concerne les lois civiles expressément rétroactives. En matière civile en effet, les lois ou

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règles civiles expressément rétroactives sont plus rares. La dernière exception concerne les lois interprétatives. Ces
lois ou règles sont ainsi désignées parce qu'elles viennent préciser le sens obscur ou ambigu d’un texte antérieur. On
considère que la loi interprétative vient s’intégrer à la loi ancienne ou antérieure (obscure ou ambiguë) qu’elle
interprète. Le juge appliquera la loi ancienne, éclairée par la loi interprétative, à des faits accomplis sous l'empire de
la loi ancienne. La loi interprétative rétroagit donc au jour de l’entrée en vigueur de la loi ancienne.

ii- L’application immédiate de la loi nouvelle


Ce principe ou cette règle a un contenu et admet aussi des exceptions.

Par rapport au principe de l’application immédiate de la loi nouvelle, la règle se décline en deux
propositions complémentaires. Selon la première, la loi ou règle nouvelle s’applique immédiatement à la
constitution et à l’institution de la situation dite postérieure à son entrée en vigueur. Selon la seconde, la loi nouvelle
s’applique immédiatement aux effets futurs d’une situation juridique née antérieurement à son entrée en vigueur. Ce
principe, à travers ces deux propositions, se justifie par la nécessité d’assurer l’unité des situations. En outre, la loi
nouvelle est censée apporter un progrès, dont on souhaite qu’il profite à tous.

Par rapport aux exceptions à la règle de l’application immédiate de la loi nouvelle, il est possible de
relever que la loi nouvelle ne s’applique pas aux effets futurs des contrats en cours. En effet, le principe de liberté
contractuelle, et la volonté de sauvegarder la sécurité juridique des parties, justifient que les contrats en cours restent
soumis à la loi sous l’empire de laquelle ils ont été conclus. On leur appliquera la règle de « survie de la loi
ancienne ». Ainsi, Les contrats passés sous l'empire d'une loi ne peuvent recevoir aucune atteinte d'une loi
postérieure. Cette règle se justifie par le fait que le contrat réalise un équilibre entre les intérêts divergents des
parties, et cet équilibre dépend bien souvent du contexte dans lequel le contrat a été conclu : quand les parties se sont
engagées, c’était en fonction d’une législation particulière. Soumettre brutalement ces contrats déjà conclus à la loi
nouvelle, ce serait modifier les bases sur lesquelles les parties se sont engagées, et risquer de rompre l’équilibre du
contrat. Ce serait tromper la confiance légitime des co-contractants. Cependant, cette exception a elle-même deux
limites : 1°) la loi nouvelle peut prévoir dans des dispositions transitoires, une dérogation au principe de survie de
la loi ancienne en matière contractuelle. Ensuite, 2°) le juge peut écarter le principe lorsque la disposition est
impérative ou d’ordre public, c'est-à-dire qu’elle exprime un intérêt social suffisamment important pour qu’elle
l'emporte sur la sécurité juridique des parties contractantes. Elle sera donc applicable immédiatement et sans
distinction à toutes les situations, qu'elles soient légales ou contractuelles.

B) L’application de la loi ou de la règle dans l’espace

Le principe est que la loi ou la règle de droit camerounaise s’applique sur le territoire camerounais. C’est le
principe dit de la territorialité des lois. Mais cette loi ou ses règles ne va pas s’appliquer de manière uniforme,
puisque son application peut varier suivant qu’il existe un élément d’extranéité (1) ou non (2).

1) L’application de la loi dans l’espace en présence d’un élément d’extranéité

Lorsque les législations de deux ou plusieurs États ont cumulativement vocation à régir une situation
juridique, il peut apparaître un conflit de loi que le droit positif s’efforce de résoudre à travers des solutions
appropriées à partir des règles de conflit de lois relevant du droit international privé (voir supra, sur les règles de
droit international privé). Ce qui peut conduire à une application d’une loi ou d’une règle étrangère, de la même
manière que dans les matières où les personnes ont la libre disponibilité de leur droits –subjectifs- comme c’est le cas

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en matière civile et surtout dans le domaine commercial, en guise d’atténuation du principe de la territorialité des
lois, sous réserve de son application absolue (respect absolue du principe de la territorialité des lois) en matière
pénale et dans les matières où dominent les préoccupations d’ordre public.

2) L’application de la loi dans l’espace en l’absence d’un élément d’extranéité

Le principe est le maintien en vigueur des règles héritées de la colonisation de manière concurrente avec les
coutumes dans un certain dualisme, jusqu’à leur modification en vue de l’application d’une seule législation sur toute
l’étendue du territoire.

Paragraphe II : L’interprétation des règles de droit

Lorsque la règle de droit est claire, elle n’a pas besoin d’être interprétée. Elle s’applique simplement. C’est la
position classique.

Il peut cependant arriver que la règle ou la norme n’est ni claire, ni précise. Cette situation rend nécessaire
l’appel à une interprétation, sur la base d’une herméneutique (science de l’interprétation) précise. Interpréter c’est
faire apparaître une définition idoine par la recherche d’un contenu univoque ou la nette délimitation d’un domaine
opératoire. Cette opération ne s’effectue exactement pas de la même manière par les civilistes en droit écrit (A), que
par les juristes de Common law (B) en dépit de fortes convergences qui peuvent être observées.

A) L’interprétation de la règle de droit par les juristes civilistes en droit écrit ou textuel
Elle amène à distinguer le cadre (1), les méthodes (2) et les techniques (3) d’interprétation.

1) Le cadre d’interprétation
S’agissant des éléments du cadre d’interprétation, il est possible de citer le domaine d’interprétation (a) et
l’auteur de l’interprétation (b).

a) Le domaine de l’interprétation
Le domaine part de la maxime selon laquelle l’interprétation cesse lorsqu’un texte est clair. Dans la pratique,
il n’est pas toujours facile de distinguer un terme clair et un terme obscur, parce que les termes clairs dans le langage
courant peuvent cesser de l’être dans le langage juridique. Il existe en effet une linguistique juridique qui met en
évidence les spécificités du langage juridique. La situation se complique davantage lorsque l’auteur de la règle fait
recours aux concepts souples appelés standards qui impose une norme ou une conduite pour laquelle il faut ressortir
le sens exact.

b) L’auteur de l’interprétation
- L’interprétation judiciaire ou interprétation du juge :
La mission d’interprétation dans le système civiliste de droit écrit est dévolue au juge : il s’agit ici de
l’interprétation judiciaire.

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- L’interprétation authentique ou interprétation du législateur


Mais, il peut arriver que l’interprétation d’une règle particulière soit déjà donnée par le législateur (auteur de
la loi ou de la règle concernée) ou dans une loi interprétative : il s’agit ici de l’interprétation authentique.

2) Les méthodes d’interprétation


Il en existe plusieurs :

- La méthode exégétique :
Il s’agit de la méthode classique ou traditionnelle d’interprétation. Elle consiste à rechercher la signification
même du thème de la loi ou de la règle. Il s’agit d’une forme d’interprétation qui voue un véritable culte à la loi ou à
la règle même, à la volonté du législateur. C’est la méthode privilégiée du juge dans le cadre de l’interprétation
judicaire, puisque le juge doit toujours motivé sa décision en s’appuyant d’une règle de droit précise.

- L’interprétation téléologique :
L’interprète se demande ce qu’a voulu dire l’auteur de la règle en analysant par exemple les documents
préparatoires à la règle. Si les documents préparatoires ne suffisent pas, l’interprète va chercher à déterminer
l’intention (interprétation téléologique) du locuteur à travers l’esprit de la règle.

- La méthode dite de libre recherche scientifique :


Elle vise à rechercher la règle applicable à l’évolution de la société. L’idée qui fonde cette approche est que la
loi n’est qu’une vue de l’esprit et l’interprète doit se libérer de toute assise du texte écrit devenu obsolète ou inadapté.
Il doit donc faire preuve de « libre recherche scientifique » pour ne pas rester esclave de la lettre du Code ou de la
volonté du législateur, dans le but d’élaborer au regard de sa démarche, d’une œuvre scientifique, fondée sur des
données sociologiques, historiques, économiques,…que l’on peut résumer par la formule : « par le Code, mais au-
delà du Code ». Cette fait en général l’objet d’une rare application judiciaire.

- La méthode méta-textuelle :
Il s’agit d’une méthode selon laquelle il faut toujours partir au départ d’une loi ou de ses règles pour en faire
(ou évoluer vers) une interprétation constructive, afin de trouver les solutions adéquates aux problèmes à résoudre en
utilisant les textes en vigueur. Elle se résume à la formule « au-delà du Code, mais par le Code ». Elle permet, avec
des règles anciennes de résoudre des problèmes concrets et actuels.

3) Les techniques d’interprétation


Ce sont des procédés dont se sert l’interprète dans le cadre de chaque méthode utilisé. Ces procédés, peuvent
résider soit dans les arguments -logiques- d’interprétation (a), soit dans les maximes d’interprétation (b).

a) Les arguments d’interprétation

Il existe plusieurs arguments logiques qui induisent des formes précises de raisonnement :

- L’argument par analogie (ou argument a pari) :


L’argument par analogie qui implique le raisonnement par analogie l’idée que des situations similaires
devraient être traitées de la même façon. Dans l’interprétation des lois, il est employé pour étendre l’application
d’une norme législative à une situation qui ressemble à celle visée expressément par la loi. Son utilisation peut être
utile pour prévenir un vide juridique ou assurer la cohérence du droit. L’extension du champ d’application d’une
disposition législative par analogie doit respecter l’objectif poursuivi par la loi; c’est au regard de la raison d’être de

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la loi qu’une situation sera jugée suffisamment similaire à celle prévue pour y être assimilée et recevoir le même
traitement juridique.

- L’argument a contrario :
La règle interprétée a contrario, qui implique le raisonnement a contrario, suppose de retenir l’inverse de ce
que cette règle prévoit, dès lors que les conditions de son application ne sont pas remplies. En cas d’interprétation a
contrario, on considère que lorsque le texte dit quelque chose, il est censé nier le contraire. Quand un objet est inclus
dans une règle de droit, son contraire en est exclu.

- L’argument a fortiori ou a maiori :


Par ce type d’argument et donc de raisonnement, l’interprète étend la règle à un cas non prévu par elle
(identité sur ce point avec le raisonnement a pari) parce que la raison d’être de la règle se retrouve avec plus de force
encore dans le cas non prévu par le texte.

b) Les maximes d’interprétation

Il existe trois catégories de maximes d’interprétation : les maximes d’interprétation stricte (i), les maximes
d’interprétation plénifiante (ii) et les maximes d’interprétation privilégiantes (ii).

i- Les maximes d’interprétation stricte :

Il s’agit dans ce cadre des maximes qui concernent davantage les exceptions ou les peines.

- Les exceptions sont d’interprétation stricte :


En effet, une maxime ou principe précise que les exceptions sont d’interprétation stricte. Cela signifie que
lorsqu’une loi ou une règle fixe un principe et énumère une liste d’exception, chaque fois que l’on va se retrouver en
face de l’un des cas exceptionnel prévu par la loi ou la règle, on va automatiquement déroger au principe, et à
l’inverse, si le cas concret ne fait pas parti de la liste des exceptions l’on est obligé d’appliquer le principe.

- Les peines sont d’interprétation stricte (proche Poenalia sunt restringenda –les lois pénales sont d’interprétation
stricte) :
S’agissant des peines en effet, une maxime prévoie aussi qu’elles sont d’interprétation stricte. Les peines sont
d’interprétation stricte. Il s’agit d’un adage qui gouverne le droit pénal et conduit à exclure l’extension par voie
analogique des peines, en dépit de toute ressemblance entre les situations.

ii- Les maximes d’interprétation plénifiantes

Il en existe plusieurs :

- Là où la loi ne distingue pas, il ne faut pas distinguer (Ubi lex non distinguit, nec nos distinguere debemus) :
Cette maxime traduit l’idée que lorsque la loi ou la règle rédigée en termes généraux, l’on n’a pas à en
diminuer la portée

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- Il ne faut pas juger sans considérer la loi dans son entièreté :


Cette maxime apparaît comme une extension de l’article 1161 du Code civil qui énonce que : « toutes les
clauses des conventions s’interprètent les unes par les autres, en donnant à chacune le sens qui résulte de l'acte
entier ».

iii- Les maximes d’interprétation privilégiante


Il en existe aussi plusieurs :

- Le doute profite à l’accusé (in dubio pro reo) :


Lorsqu’un texte de droit écrit, une règle écrite, notamment de droit pénal, demeure résolument équivoque, les
tribunaux doivent toujours retenir le sens le plus favorable à l’accusé lorsqu’il s’agit de se prononcer sur son
absolution ou sa condamnation.

- La loi spéciale déroge à la loi générale (specialia generalibus derogant) :


Cette maxime d’interprétation intervient lorsqu’il s’agit de combiner deux textes successifs ou deux règles
successives, l’une générale et l’autre spéciale. En prévoyant que la règle spéciale écarte ou exclue l’application de la
règle générale, elle donne la mesure de l’abrogation qui résulte de cette succession et donc, de l’application de la loi
spéciale par rapport à la situation concernée.

- La loi postérieure déroge à la loi antérieure (lex posterior derogat priori) :


Selon cette maxime qui permet de régler le conflit de loi ou des règles dans le temps, une règle postérieure
écarte l’application de la loi antérieure lorsqu’elle est en concours avec une autre règle ou loi antérieure. Combiner à
la précédente maxime, lorsqu’une loi ou règle nouvelle est spéciale, la règle générale antérieure subsiste dans toutes
les matières non traité expressément dans le nouveau texte de loi. Lorsqu’une règle nouvelle est générale, elle
s’applique uniquement dans toutes matières non traitées par la loi ou règle spéciale, à moins que la nouvelle loi
n’exclue expressément l’ancienne pour la ranger expressément dans la nouvelle loi.

B) L’interprétation de la règle de droit par les juristes de Common Law


Dans le système de Common law, le juge peut avoir recours à diverses méthodes (1) et à des techniques
précises (2) d’interprétation.

1) Les méthode d’interprétation en Common Law

Il en existe 03 : le mischief rule -règle de la bêtise- (a) la littéral rule -méthode d’interprétation litérale- (a), et
la golden rule (c).

a) La mischief rule ou « règle de la bêtise »

La première des trois règles traditionnelles est l’équitable construction, mieux connue sous le nom de
mischief rule. Elle amène à se poser 04 questions :

- Quel était le droit –objectif- avant que la loi à interpréter ne soit adoptée ?

- Quel le problème ou « la bêtise » la loi a-t-elle voulu corriger ?

- Quelle solution le législateur a voulu apporter ?

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- Quelles raisons qui ont déterminé le législateur à adopter la solution retenue ?

Les réponses à ces questions vont permettre au juge d’identifier la bêtise que la règle législative ou le
législateur a voulu corriger ainsi que la solution proposée à cet effet. Elle se rapproche de la méthode méta-textuelle.

b) La littéral rule ou méthode d’interprétation littérale

Selon cette méthode, les termes de la loi ou des règles doivent être pris dans leur sens littéral, c’est-à-dire dans
leur sens courant.

c) La golden rule
Il s’agit d’une méthode qui vise à corriger les défauts de la méthode littérale. Ici, les termes de la loi seront
pris dans leur sens courant, à moins que ce sens courant ne conduise à une absurdité ou à un non-sens, par rapport à
la situation pour laquelle l’interprétation s’avère nécessaire. La Golden rule permet donc au juge d’aller au-delà du
sens courant pour adopter, le cas échéant, un sens usuel.

B) Les techniques d’interprétation : les présomptions d’interprétation

Le juge se fonde sur quelques présomptions pour interpréter la loi dans le système anglo-saxon :

1°) une loi est présumée ne pas changer complètement la Common law existante lorsque la loi est susceptible
de deux interprétations, l’une changeante la Common Law et l’autre non ;

2°) une loi est présumée ne pas être contraire aux lois internationales ;

3°) une loi est présumée ne pas avoir d’effets rétroactifs ;

4°) une loi est présumée être en faveur d’un individu lorsqu’il y a doute ;

5°) Une loi n’appelle pas un individu criminel (sauf si le crime prétendu a été prouvé).

Dans tous ces cas, il s’agit de présomptions simples auxquelles la loi peut déroger expressément.

Section III : La fin du droit objectif : l’abrogation des règles de droit positif ou retrait de la règle du droit positif

Le principe en la matière est que la loi ne cesse de s’appliquer que par son abrogation. Mais, il faut au
préalable savoir qui peut abroger (paragraphe I), selon quelle modalités (paragraphe II), pour quelle portée
(paragraphe III).

Paragraphe I : La compétence abrogative

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L’abrogation au sens strict se fait entre texte de même niveau hiérarchique, dans la mesure où seule une loi –
au sens strict- nouvelle peut abroger une loi antérieure, et seul un décret autonome nouveau peut abroger un décret
antérieur. Il en va autrement si la matière concernée entre temps a changé de niveau hiérarchique.

Paragraphe II : Les modalités d’abrogation

Elles sont variées. L’abrogation peut en effet être expresse (A) ou tacite (B)

A) L’abrogation expresse

L’abrogation expresse résulte de la disposition de la loi nouvelle prévoyant formellement la disparition de la


loi ancienne, soit partiellement, soit totalement. Les dispositions ainsi abrogées cessent ainsi de s’appliquer, qu’elles
soient ou non remplacées par d’autres.

B) L’abrogation tacite
- L’existence d’une loi nouvelle ou postérieure incompatible et inconciliable avec la loi ancienne :
Lorsque les dispositions des lois nouvelles sont inconciliables ou incompatibles avec celles des lois anciennes,
on applique le maintien de la loi postérieure.

- La question de la désuétude :
La désuétude est l’inapplication prolongée d’une loi. La question qui se pose est celle de savoir si une loi
restée pendant longtemps inappliquée peut être considérée comme abrogée ? La jurisprudence, sur ce point, une loi
n’est pas abrogée par désuétude, car, la désuétude s’apparente beaucoup plus à la léthargie qu’au décès. Cependant,
en pratique, tel n’est pas toujours le cas.

Paragraphe III : La portée de l’abrogation


La portée de l’abrogation est limitée ou fixée par le texte nouveau.

Cependant, elle est encadrée par deux principes subsidiaires :

- La prévalence de la loi spéciale sur la loi générale

-La prévalence, lorsqu’elle est possible, de l’interprétation conciliatrice sur l’interprétation totalement
destructrice.

Questions de cours (chapitre II)

1) Citez en indiquant leur objet les sources directes et les sources indirectes du droit

2) présenter la hiérarchie des normes

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3) Indiquez les deux exceptions au respect de la hiérarchie des normes et donnez avec précision un moyen
de contrôle du respect de la hiérarchie des normes

4) Dites par quels mécanismes la loi pénètre l’ordre positif comme source de règles applicables et par quel
mécanisme elle disparaît

5) Donnez un auteur possible de l’interprétation, une méthode d’interprétation, une technique


d’interprétation et une maxime d’interprétation

Titre II : Le système juridique (système de droit) ou ensemble particulièrement structuré de règles de droit
constitué par l’ordre juridique

C’est l’ordre juridique, c’est-à-dire l’ordre des règles ou des normes de droit d’origine étatique ou supra-
étatique qui concoure à l’établissement d’un système juridique ; et donc, c’est l’ordre ou l’ordonnancement
(agencement) particulier constitué par l’ensemble des lois ou règles (normes) juridiques, sous l’action de certains
organes, institutions ou acteurs et grâce à l’impulsion de certains principes à travers une démarche précise. Ainsi, un
ordre peut donner naissance à un système, ceci en fonction de l’orientation méthodologique empruntée pour établir
l’ensemble des lois, règles et normes posées comme applicable suivant un ordre précis. Dans ce sens, un ordre
juridique constitué de plusieurs systèmes, pour en faire un système juridique pluraliste, est lui-même l’expression de
l’existence de plusieurs ordres lois, règles ou normes en son sein, l’un pouvant être dominant par rapport aux autres,
en fonction de l’orientation législative dans la configuration de l’ordre ou du système global.

L’ordre est donc un bloc de lois, règles ou normes bien ordonnés. Lorsque les règles du bloc doivent être
utilisées dans le respect du sens fixé par l’ordre, on parle de système. Le système étant alors l’aspect fonctionnel ou
dynamique de l’ordre. L’ordre peut alors s’inspirer de la manière d’un système ou d’un fonctionnement (de
mécanismes de fonctionnement), voire de plusieurs systèmes d’inspiration étrangère, en concours avec le système
d’inspiration purement local (celui qui est issu de l’ordre traditionnel endogène marginal). Tel est le cas du
Cameroun

Il faut simplement souligner que l’expression « système juridique » ici renvoi à un ensemble juridique
regroupant des règles qui assurent d’une certaine manière, suivant certains mécanismes, les solutions des problèmes
qu’une société donnée peut connaitre dans un territoire bien précis. Le système juridique ici diffère du droit étatique
ou surtout de l’ordre juridique étatique qui renvoi à un ensemble des normes ou des règles et principes acceptés ou
pouvant l’être dans un Etat donnée. Ainsi, dans un Etat ou un ordre juridique, il peut exister plusieurs systèmes
juridiques propres à chaque espace précis. De même qu’un même système juridique peut s’appliquer dans plusieurs
Etats.

Les systèmes dont s’inspire l’ordre juridique de nombreux États en général et africains en particulier, parmi
lesquels le Cameroun, sont issus des ordres juridiques d’inspiration européens, à savoir ceux qui sont considérés
comme les grands systèmes de droit (Chapitre I). Cependant, l’analyse de l’ordre juridique camerounais permet de
ressortir la spécificité de l’ordre pluraliste, et donc du système pluraliste qu’il consacre à titre de système juridique
camerounais (chapitre II).

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Chapitre I : Les grands systèmes de droit

Il existe deux catégories de systèmes de droit : les grands systèmes classiques de droit (section I) qui sont les
principales sources d’inspirations du système de nombreux États parmi lesquels le système camerounais, notamment
par le fait colonial, et d’autres grands systèmes de droit dont l’influence est non négligeable (section II).

Section I : Les grands systèmes classiques : le système romano-germanique et système de Common Law

Les grands systèmes de droit sont : d’une part le système d’inspiration romano-germanique à l’instar du
système français (paragraphe I) et d’autre part le système de Common Law d’inspiration anglo-saxon ou système
anglo-saxon (paragraphe II).

Paragraphe I : Le système –d’inspiration- romano-germanique

Le système romano-germanique est le fruit d’une évolution précise qui marque un processus de formation (A)
qui lui a permis d’avoir des traits caractéristiques qui lui sont propres (B), dont s’est inspiré de nombreux États
européens à l’instar de la France, et bien d’autres pays européens continentaux (Allemagne, Belgique, Portugal,
Pays-bas, Luxembourg, Suisse…) qui les ont transmis à leurs diverses colonies d’Asie, d’Amérique, d’Océanie et
d’Afrique, de manière à former la famille romano-germanique.

A) La formation du système d’inspiration romano-germanique

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Le système romano-germanique est issu à la fois du droit –objectif- romain (de la Rome antique) et du droit –
objectif- coutumier médiéval (du moyen-âge) des peuples germaniques –barbares-, le tout avec un apport savant
moderne (de la période dite de la renaissance) non négligeable.

S’agissant du fond juridique romain, il a été compilé par l’un des derniers empereurs romains, Justinien, dans
quatre œuvres savamment élaborées, parmi lesquels le Code –justinien- (iuris corpus civili) qui reprenait entre
autres en son sein, les solutions judiciaires (établies dans le cadre des procès ou dans une procédure judiciaire) que
posait la formule de jugement des prêteurs romains ou jurisprudent du droit romain classique (dans l’antiquité
romaine) à respecter par les juges. Il s’agit d’ailleurs de l’un des premiers Code au sens moderne du terme
constitué d’articles et divisé en matières ou domaines (qui s’inspirait de la loi des XII tables de la première
période romaine –après la période du droit romain coutumier- précédant la période du droit romain classique, qui
elle-même était suivie de la période du droit impérial des empereurs –avec des Codes impériaux limités à des
questions ou matières précises- inspirées de la loi des XII tables-, puis la période tardive du droit Justinien), dont le
modèle a été repris plus tard en Europe moderne, grâce à l’œuvre chrétienne médiévale qui a repris ce modèle par
rapport aux lois de l’église dans le Code grégorien. Cette base juridique a été recueillie, enseignée dans les
monastères et universités, puis transmise par les soins des praticiens et savants ainsi formé au droit romain (tout en
étant regardé comme le droit moderne ou savant), aux autres territoires européens à partir de la chute de l’empire
romain vers la fin du 5e siècle, qui s’en sont largement inspiré dans leurs rapports, notamment commerciaux, sous
réserve de la conservation de leurs coutumes germaniques diverses, dans bien de domaine, notamment civil.

S’agissant du fond germanique, il a été recueilli par une doctrine savante (Loysel, Beaumanoir, Dumoulin,…)
sous forme d’adage ou de maximes dans des recueils de coutumes appelés Coutumiers. La coutume avait une forte
emprise sur les rapports non commerciaux, notamment familiaux. Vers la fin du moyen-âge, des formes de
Codification des règles de divers domaines (commerce, testaments, procédure…) apparaissaient déjà (par exemple en
France sous forme d’Ordonnances royales).

S’agissant du fond savant, son apport a été déterminant dans la systématisation des règles suivant un ordre
précis, grâce à des principes à partir desquels les règles devaient être déduites ou avec l’existence des cadres
généraux et ceux particuliers. L’apport des savants religieux (la scolastique) et de l’école du droit naturel y a été
incontournable à ce sujet.

Cet ensemble issu d’un apport romain, germanique et moderne (savant) a abouti à la codification des règles
inspirées de Rome.

B) Les traits caractéristiques du système romano-germanique

Le droit objectif ou les règles du système romano-germanique est un droit écrit et consigné dans un document
ou texte (Traité, Code, ordonnance, arrêté…) précis considéré comme la source principale d’où doit découler ou être
tirée toute règle positive ou applicable. Cette source est en général constitué d’articles qui fixe abstraitement, à partir
de la règle consacrée par chaque article sur le fondement d’un principe précis, la norme qui prescrit à partir de
concept précis, la forme de situation ou de rapport qu’il faut regarder comme valide et qu’il faut de ce fait respecter
ou appliquer en pratique.

La source codifiée (avec l’existence d’une hiérarchie des sources ou de leur norme) est également subdivisé
soit en matières ou domaines de l’aspect de la vie pour lequel les règles codifiées ont été établies, soit différentes
phases de l’aspect de la vie sociale qui a été encadré par ces règles codifiées.

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Paragraphe II : Le système de Common Law ou système d’inspiration anglo-saxon

Le système de Common Law étant formé de deux ensemble ou corps de règles à savoir la Common Law et
l’equity, il convient de savoir comment chacun de ses ensemble s’est constitué (A), pour se consolider par la suite
dans un système unitaire à avec deux catégories de règles (B).

A) La Common Law et de l’Equity

Il sera question de voir comment la Common Law (1), puis l’Equity (2) se sont formées.

1) La Common Law

Si la formation de la famille des droits romanistes est liée à la doctrine, et celle de Common Law est liée à la
justice sur son angle processuel. En effet, le respect du droit qui émane des juges, suivant des principes semblables à
ce qu’ils sont dans la famille romaniste, est un sujet de fierté pour les Anglo-saxon. Il s’agit d’un système fondé sur
la stabilité des décisions de justice, gage de la sécurité juridique dans la société. La Common Law s’est véritablement
formé de 1066 à 1485, à l’époque mdiévale.

Guillaume 1er (qui nomma un archevêque comme son conseiller en remplaçant les évêques saxons par ceux
normands), duc de Normandie, après la conquête du Royaume d’Angleterre, organisa le royaume (avec le soutien de
l’aristocratie normande et l’église) en comtés avec une monarchie féodale très forte (sur le modèle de son duché
normand) en installant d’ailleurs pour des buts politiques administratifs ou fiscaux et judiciaires, des barons
normands fidèles à sa personne. La curia regis (Cour ou Conseil du roi) s’imposa comme juridiction suprême des
cours seigneuriales, féodales, des tribunaux des comtés, ainsi que des juridictions de l’église (les officialités), en
effectuant des missions de contrôle grâce à ses membres. Ce qui a permis la création des juridictions formées de
juges royaux itinérants pour rendre une justice en eyre ou en plein air, sous forme d’audience foraine avec une large
compétence pour réprimer les atteintes à l’ordre public et aux propriétés ; tout en notant qu’ils étaient également
munis d’une commission pour tous les plaids avec la possibilité d’entendre toutes sortes de procès comme les plaids
de la couronne-violation de la paix du roi-, les plaids royaux –atteintes aux biens du roi-, les affaires civiles –plaids
communs dans le cadre desquels les assises ont créé plusieurs types d’actions tels que mort ancestor, novel
disseinsin….

Au 13e siècle, les juges royaux de la Curia regis (cours du roi) reçurent des commissions ponctuelles, pour
juger les affaires portées directement, à travers une action (demande ou « Déclaration ») d’une partie, à la
connaissance de la chancellerie (Conseil du Roi et espèce de ministère de la justice qui était constitué par le clergé-
religieux-, d’où l’importance des solutions du droit canon en droit anglais) et pour lesquelles celle-ci avait accepté
d’ouvrir une procédure de jugement de ladite affaire. L’acceptation de la Chancellerie était matérialisée par un ordre
de juger ou « writ » ou « bref » (en guise de convocation de la partie adverse et de formule d’action ou de jugement
contenant la règle ou solution abstraite applicable à l’affaire –cas- inspirée du droit romain classique de la Rome
antique) à présenter devant n’importe quelle juridiction du royaume, y compris devant la Cour du Roi détachée de la
Chancellerie (la Cour était séparée du conseil du roi ministère de la justice pour être indépendante) afin l’affaire soit
jugée pour satisfaire les droits (rights ou droits subjectifs du plaignant ou demandeur par le jugement –judgment-).
Le statut de Westminster II (1285) autorisa dans ce sens, le chancelier (Conseiller du Roi et ministre de la justice) à
délivrer des writs (ordres écrits de juger) dans toute espèce similaire à celle pour lesquelles il avait déjà délivré la
formule du writ ; en outre, les juges ont eu à accepter certaines actions (super casum) –nouvelles- en considération

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

des faits de l’espèce exposés dans l’acte introductif d’instance (Declaration). Ainsi, lorsque pour un cas ou une
affaire une formule de solution avait déjà été indiquée, notamment par les juges des juridictions supérieures de la
Cour du roi (Curia regis) siégeant à Westminster et parfois de manière itinérante, cette solution « précédente » devait
être suivie par analogie, par les juridictions inférieures lorsque des cas identiques ou présentaient des faits identiques
se présentaient dans le futur : c’est la règle du précédent qui est la principale caractéristique du système anglais. Elle
permet d’assurer l’uniformité des solutions dans les juridictions et dans le royaume d’Angleterre. L’autre
caractéristique est que c’est le juge (la procédure) qui créé principalement la loi ou les règles ou normes de droit ,
même s’il y avait des statuts écrits concernant l’organisation judiciaire ou toute aspect de la vie sociale.

C’est donc ainsi que s’est progressivement mis en place à partir des procédures judiciaires, le système
juridique de Common Law d’inspiration anglo-saxon, à la tête duquel la Cour du roi siégeant à Westminsters ( la
curia regis), à l’origine de la formation du droit commun au royaume, la Common Law. Elle était organisée en
chambres séparées spécialisées (King’s Bench –banc du roi- jugeant les affaires dans lesquelles le roi avait un intérêt
–ordre public et biens royaux-, la Common Bench ou Court of Common Pleas –banc commun ou cour des plaids
communs- jugeant les affaires entre les particuliers, et la Cour de l’échiquier jugeait les affaires touchant les finances
du royaume) et constituées de juges savants (formés au droit romain et canonique dans les écoles des évêchés et des
monastères, ensuite dans les universités anglaises telle qu’Oxford, bien que fondé au 13e siècle), qui se sont
autonomisées et la Curia regis est devenu plus tard le Parlement. C’est ainsi que, lorsque les différentes chambres de
Westminster n’étaient pas en session, certains de leurs juges (les juges royaux itinérants) faisaient des tournées pour
présider les jurys des tribunaux des comtés et les jugements étaient rendus à Westminster. En effet, les tribunaux
locaux devaient respecter décisions rendues par ces cours (de Westminster) qui étaient supérieures, étouffant ainsi les
coutumes rurales au profit d’un droit royal, celui qui devait être considéré comme Commun à toute l’Angleterre, la
Common Law.

2) L’Equity

Plusieurs dynasties de Roi anglais (des York à celle des Stuart du 15 e au 18e siècle) cherchaient, dans une
logique de monarchie absolue, à étendre leurs prérogatives royales. Cette volonté royale a rencontré une opposition
du parlement et celle des cours de Westminster, défenseurs de la Common Law. Pour les contrer, les rois créèrent de
nouvelles juridictions comme la cour de chancellerie –court of chancery-, la Chambre étoilée –star chamber-, et la
cour de l’amirauté –court of admarlty-).

Il faut cependant noter que l’institution de l’Equity est une conséquence de l’influence de cette domination du
droit savant romain. L’equity naît (entre le 16e et le 17e siècle) de la rigidité et du caractère technique de la Common
Law (ses défauts). C’est ce qui a conduit certaines dynasties à rechercher à étendue leur pouvoir royal en créant ainsi
de nouvelles juridictions. Ainsi les plaignants qui n’obtenaient pas satisfaction de cette justice retournaient vers le
Roi qui en tant que chrétien avait un devoir de conscience de rendre justice. Le chancelier qui était souvent le
confesseur du Roi ne manquait de lui rappeler d’instaurer l’equity. Cependant, les parlementaires (existant en
Angleterre depuis le 13e siècle) et les juges critiquaient cette équité en estimant qu’elle a pour mesure « la longueur
du pied du chancelier ». Malgré cela, l’équité devint la source de nouvelles poursuites, à savoir les suits (au lieu des
actions ou writ) délivrées par le chancelier et jugées par la cour de chancellerie selon une procédure inquisitoriale
sans jury ; ces suits étaient utilisées pour la défense des interests (au lieu des rights de la Common Law), donnant
lieu à des decrees (au lieu des judgements de Common Law). Notons que la cour de chancelier (statuant en équité),
peuplée de juristes formés au droit canon (compte tenu de la chrétienté du Roi) ayant ainsi un sens développé de
l’équité (la procédure en Equity s’inspirant de celle du droit canon) considéré comme un sens élevé de la justice, ont
pu créer de nouvelles suits.

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Certains principes de l’Equity se sont dévloppés afin de régler ses rapports avec la Common law, par
exemple: Equity folllows de law (l’équité suit la Common Law), en cas de rivalité entre la Common Law et l’equity,
c’est l’equity qui doit prévaloir, etc.

B) L’unité ou la consolidation du système juridique d’inspiration anglo-saxonne


La fusion et la modernisation de la Common Law et de l’Equity a eu lieu entre le 19e et le 20e siècle. Après
les réformes de la justice de 1832 et 1833, le parlement abolit en 1852 atténue ou supprime le formalisme antérieur
en abolissant des actions en justice, c’est-à-dire les writs, en détachant le droit lui-même de la procédure. Les
réformes de 1873 et 1875 (les judicature acts) réformèrent et simplifièrent la procédure. Les cours royales devinrent
les juridictions de droit commun (et la division entre cour de chancellerie appliquant l’Equity et les cours de
Westminster appliquant la Common law est abolie et le rapprochement entre Common law et Equity est encouragé).
Plus-tard, les deux ensembles du droit anglais furent appliqués par les mêmes cours, coordonnés, hiérarchisées (avec
plusieurs degrés de juridictions-cours inférieures, d’appel et une Cour suprême) et modernisés.

Par la suite, à partir de 1907, les laws of England , encyclopédie du droit anglais, ont commencé à être publié
et mise à jour continuellement. Son directeur éditorial est toujours le dernier Lord Chancelor et les articles qui y sont
publiés sont rédigés par des experts en droit qui exposent les sources du droit positif telles que la jurisprudence, la
loi, le droit européen, la doctrine anglaise. Bien que la législation occupe une certaine place à travers le
rapprochement de la Common Law et l’Equity (consolidation), la jurisprudence par la case Law conserve une
grande importante en droit anglais et la Common law, coutume générale, reste le principal fondement et pierre
angulaire des lois de l’Angleterre.

Section II : Les autres grands système de droit : le cas des systèmes d’inspiration religieuse musulmane
Le musulman en langue arabe désigne le fidèle, le croyant ou celui qui adhère à la foi de Dieu. Cette foi en
Dieu ou cette religion, ensemble des rites et croyances, en Dieu est l’Islam qui signifie abandon ou soumission (dans
tous les domaines-sociaux, politiques, économiques, militaires, intellectuelle…-) de plein gré à la volonté de Dieu.
L’Islam est fondé sur la révélation faite à MAHOMMED (Mahomet) par Dieu à travers l’ange Gabriel. Les califes
(successeurs du prophète Mahomet), sultan et cheikh doivent la faire respecter et l’appliquer.

Cette révélation est contenue dans le Coran : (première source du droit –de tous les devoirs et obligations qui
s’imposent au- musulman). Le Coran signifie récitation à voix haute de la parole de Dieu (textes sacrés que l’on
récite). La loi divine qu’elle révèle porte le nom de CHARIA (sharia ou voie). Il contient de nombreux versets qui
ont une portée juridique plus ou moins bien défini, puisqu’il arrive que, compte tenu de l’existence d’une pluralité
d’école d’interprétation, son contenu soit mis en œuvre de manière différente. Cependant, l’ensemble du Coran se
borne en tout état de cause à poser des principes fondamentaux (de la conduite humaine ou des rapports entre les
Hommes) tels que l’interdiction de la consommation du vin (tout contrevenant s’expose à la colère de Dieu),
l’interdiction de l’usure (comme principe édicté par Dieu),…

En plus du Coran, on peut citer la Sunna (manière de vire au d’agir, tradition du prophète et de ses
compagnons) ou tradition des sunnites. Elle est constituée des hadiths (récit des paroles –sahib-, faits et gestes du
prophète et des compagnons) ceux qui suivent cette tradition sont les sunnites (cependant, les shiites ont leur
propre hadiths) ; à côté de ces derniers existe, l’on cite les shiites qui ont une autre vision du coran des recueils des
hadiths en s’opposant à la tradition des sunnites existe également des révoltés.

En dehors du coran et la sunna, la troisième source du droit et constitué par la doctrine (ijma al umma ou
consensus de la communauté) fruit de l’effort des savants (ijtihad), constituée soit des théologiens et jurisconsultes
(fuqaha, au singulier fiqh qui sont généralement des imams, guides de la communauté, gardien de la tradition, avec
de grandes connaissance de la science de la loi musulmane), soit d’ulémas (savants ou docteur de la loi) ou de muftis

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(jurisconsultes interprètes du droit, habiletés à délivrer des consultations ou fatawa). Elle comporte plusieurs écoles
d’interprétions de loi divine fondée par les imams (école hanafite –qui fut la première créée par Abu Hanifa au
Moyen-Orient vers le 8e siècle au temps de premiers Abassides-, école malikite-fondé par Malik Ben Anas-très
répandue dans la partie septentrionale du Cameroun, shaféite –fondée par Al-Shafii qui recherche une voie médiane
entre les deux précédentes-, hanbalite avec pour héritier le wahhabisme –fondé par Ibn-Hanbal-, qui sont toutes
quatre écoles sunnites, d’une part l’école mutazilite, et d’autre part quatre écoles shiites que sont les kharijites,
djafarite, zeydite, shiite ismaéliens, ainsi que d’autres écoles ou mouvements nées plus tard telles que la salafiya -ou
retour à l’antécédent pour provoquer la renaissance de l’islam ou Nahdha- ou la confrerie des frères musulmans qui
prône le progrès de la salafiya et celui du progrès technique et scientifique.…, le panislamisme, ou encore le
wahhabisme).

Il faut dire pour conclure que sous l’influence coloniale, le droit des pays de droit musulman (à l’exception de
l’Arabie saoudite ou le golfe arabique -dans le Moyen-Orient ou Proche-Orient par exemple), s’est modernisé et a
connu l’influence européenne, notamment des droits anglais et français au sein des États qui l’ont adopté à la base.

Chapitre II : Les systèmes de droit africains : le cas du système juridique camerounais

Le système juridique camerounais, comme la plupart des systèmes d’Afrique subsaharienne, est un système
pluraliste. Le pluralisme (juridique) se définit en droit, non pas comme une situation marqué par la présence de
plusieurs normes ou règles juridiques simplement de sources différentes (jurisprudentielle, législative ou
réglementaire), mais comme la coexistence au sein d’un même système de droit des règles d’origine (en fonction
des sources ou des systèmes) différente en concours pour la régulation d’une même situation juridique.

Il apparaît donc que le système juridique camerounais est constitué de plusieurs composantes ou systèmes
juridiques particuliers en concours (section I), bien qu’une évolution vers une unification des systèmes au profit
d’une composante ou des composantes ou système est bien perceptible (section II).

Section I : Les composantes particulières ou systèmes juridiques particuliers constitutifs du système juridique-
pluraliste- camerounais

Le système juridique pluraliste camerounais, comme la plupart des systèmes juridiques d’Afrique, du fait de
la colonisation qui a facilité le transfert des règles ou normes des autres systèmes notamment européens en Afrique,
est un système dualiste. Ce dualisme, qui fait constater le pluralisme, s’observe à deux niveaux :

-le premier niveau de dualisme du système juridique –pluraliste-camerounais s’observe dans le concours,
la concurrence ou simplement la coexistence entre le système juridique originel d’inspiration traditionnel qui joue
un rôle marginal au sein de l’ordre juridique camerounais comme dans celui de nombreux pays africains
(paragraphe I) et le système juridique dit « moderne » d’inspiration européenne ;

- le second niveau de dualisme du système juridique –pluraliste-camerounais s’observe dans le concours,


la concurrence ou la coexistence entre les systèmes particuliers constitutifs du système dit « moderne » d’inspiration
européenne, à savoir le système français inspiré du système romano-germanique en vigueur dans la partie
francophone et le système anglais inspiré de la Common en vigueur dans la partie anglophone du Cameroun
(paragraphe II).

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Paragraphe I : Le système juridique -ou composante- marginalisé au sein de l’ordre juridique camerounais :
le système juridique originel –endogène- d’inspiration traditionnel

À travers l’analyse de certains éléments d’ordre culturel du point de vue juridique, le système juridique
africain originel ou traditionnel renfermerait des institutions (ce qui est établit de manière durable) privées (A) et
publique (B) propres dont certaines (d’autres ayant disparues du fait de l’invasion institutionnelle européenne)
continuent d’ailleurs de marquer le quotidien d’une partie importante de la population en ce sens qu’elles
apparaissent comme essentielles ou « fondamentales ».

A) Les institutions juridiques normatives privées du système juridique originel d’inspiration traditionnel
L’analyse des institutions privées du droit africain originel ou traditionnel qui continue de survivre malgré les
influences étrangères coloniales laisse apparaître qu’il existe des principes qui fondent ces institutions (1). À partir de
ces principes, des règles ou normes précises ont été formulées, pour encadrer les rapports au sein de la société (2)

1) Les principes fondant les institutions privées ou le système de droit encadrant les rapports privé

- La solidarité :
Elle semble d’ailleurs perçue comme l’un des éléments constituant la pierre angulaire du droit africain. La
réduction de celle-ci à l’obligation d’aider ou de s’entraider ne permettrait pas d’exprimer toute sa pertinence, son
importance et son contenu dans le contexte africain. En effet, il s’agit en Afrique d’un lien de dépendance (matérielle
et intellectuelle ou spirituelle) réciproque-de droits et d’obligations- entre les membres d’une communauté qui fonde
d’ailleurs la cohésion (ou lien étroit) qui les unie. Son caractère pluridimensionnel ou pluridisciplinaire lui permet de
servir de fondements à la réglementation de plusieurs institutions culturelles relevant du domaine sociale (mariage ou
les rapports d’ordre familial notamment) ou économique (contrat relevant du commerce ou de tout autre secteur de
l’économie) ; ceci qu’il s’agisse de l’aspect criminel (pénal) ou non. Elle se manifeste notamment par l’obligation de
coopération ou de collaboration (à travers le devoir d’assister ou de solliciter une assistance, de s’ouvrir) et de
loyauté à travers un devoir de transparence ou celui de cohérence (ces devoirs ou ces obligations pouvant être
considérés comme des droits pour ceux qui en sont créanciers). À ces éléments, l’on pourrait ajouter d’autres qui
donnent certaines caractéristiques formelles au droit traditionnel africain. Il s’agit notamment de la flexibilité (qui
permet de mettre sur pied un droit souple n’enfermant pas considérablement les individus dans un cadre législatif très
contraignant en permettant d’ailleurs en général dans l’Afrique traditionnel de développer des alternatives-pacifiques
voire équitables- de résolution des conflits) ou de l’oralité (dans la gestion des rapports).

- Le communautarisme ou le collectivisme (l’esprit communautaire) :


En dehors de la solidarité, il serait possible de citer le collectivisme ou communautarisme. Le collectivisme
implique la recherche du bien-être de tous les membres de la communauté et pas simplement le profit de quelques-
uns seulement ; de même qu’il vise essentiellement la recherche de l’ordre, l’équilibre, la paix sociale et l’harmonie
au sein de la communauté. Il semble être présent dans la plupart des domaines du droit traditionnel en Afrique,
notamment le droit des biens mobiliers ou immobiliers-et notamment fonciers- ainsi que celui des successions ou de
l’environnement.

- Les autres principes :


Il serait également possible d’évoquer des principes du droit traditionnel tout entier comme la séniorité (qui
est inculqué à tous les individus dès leur tendre enfance pour contribuer à instaurer un climat pacifique dans les
rapports), la bienséance ou qu’il serait encore possible de rattacher à ce qui est considéré comme le civisme (qui

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imposera non seulement le respect mutuel entre les individus de manière à permettre l’instauration de la paix avec la
séniorité dont elle serait la limite, mais aussi des comportements sains et vertueux), le raisonnable (qui facilite
d’ailleurs, avec une flexibilité et une plasticité ou une souplesse propre aux vieux sages et expérimentés , la
pénétration des solutions équitables ou tout simplement de l’équité dans le droit en amenant les individus à faire
preuve de cohérence ou à susciter confiance dans leurs rapports ).

2) Les règles déduites des principes ou normes originelles coutumières–d’inspiration traditionnelles- coordonnées
et structurant le système ou encadrant les rapports privés

La plupart des règles évoquées dans ce cadre sont des règles coutumières, qui ont vocation à s’appliquer aux
divers aspects de la vie sociale et économique des populations en régissant ou encadrant les rapports ou situations
juridiques de tous les ordres, qu’il s’agisse des rapports internes (i) ou ceux regardés comme internationaux (ii).

i) Sur le plan interne

- En matière civile :
D’abord de droit de la famille qui se conçoit de manière très élargie, l’encadrement des rapports établit des
pactes ou liens d’alliance, d’harmonie et d’amitié entre les membres (qu’il s’agisse du mariage ou de la parenté) du
groupe. La femme y joue un rôle de premier plan à l’intérieur du groupe ou de la cellule sociale (maîtresse de la
maison) et dans la préservation de son équilibre, par exemple dans l’éducation des filles ou des femmes plus jeunes.
Plusieurs interdictions existent, à l’instar de l’interdiction de l’inceste à un degré de parenté très éloigné au sein du
groupe social (et pas simplement entre frère et sœur) sous réserve des cas où certains cas de mariage peuvent être
autorisés pour des raisons précises (protection du patrimoine notamment), de l’homosexualité, de l’adultère, le non-
respect de l’aîné… L’entrée dans le mariage qui peut être polygamique est conditionnée par la validité des
communautés respectives des conjoints grâce à la dot qui symbolise l’accord ou l’union des familles dans un cadre
d’hospitalité, de savoir-vivre et de cordialité. La conception de la filiation ou de la parenté ne s’établit pas seulement
par le lien de consanguinité. L’union matrimoniale est un pacte social d’amitié, de complémentarité et d’entraide en
tout point. L’on succède à la personne (il y a continuation de la personne dans un esprit collectiviste) au moyen d’un
mécanisme de substitution (qui est très courant dans la société africaine originelle) dans le statut de la personne que
l’on remplace.

En ce qui concerne le droit des personnes, le statut (la condition, l’ensemble de droit et devoirs, de capacités
et d’incapacités) sur le plan juridique des personnes se détermine par rapport à l’appartenance à une catégorie de
personnes (roi, notable ou ancien ou patriarche, catégorie professionnelle, homme, femme, enfant, étranger…) dans
la communauté et varie avec l’âge et l’expérience dès la naissance. L’individu n’acquiert la capacité non par l’âge
simplement, mais, après une phase d’initiation familiale et surtout communautaire. Son identification s’établit à
travers des procédés qui établissent son appartenance à une communauté précise.

En ce qui concerne les biens ou le patrimoine mobiliers et surtout immobiliers, ils sont conçus dans un sens
qui permet de les regarder comme appartenant à une communauté ou comme des éléments qui doivent profiter à
toute la communauté. Et bien que le droit de propriété puisse être reconnu aux individus sur certains biens, la
primauté de ce que la collectivité pouvait en profiter au besoin était une réalité. De ce fait, la protection de la nature
ou de l’environnement et la préservation de l’équilibre écosystème au sein de l’environnement, dans un sens durable
est un très important enjeu pour les collectivités. En effet, la terre ou la nature et ce qu’elle renferme (faune, flore,
sol, sous-sol, bref, choses visibles et invisibles) est regardée comme une source de fourniture de ressources devant
favoriser et permettre la vie pour les générations présentes et même future. Notons que la prescription (acquisition

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

ou extinction d’un droit-subjectif- après l’écoulement d’un laps de temps) n’existe pas en principe en matière
traditionnelle.

Relativement aux obligations contractuelles, c’est la conception du contrat ou de l’obligation contractuelle


qui intègre la notion de devoir pesant sur le débiteur (et non le pouvoir de contrainte du créancier) qui est
prépondérante. Ensuite, la capacité dans la formation de l’obligation contractuelle est la traduction d’une maturité
conférée par la collectivité ou la communauté au terme, très souvent, d’une initiation de quelle que nature
(professionnelle ou sociale) que ce soit, telle qu’instituée dans les sociétés africaines. L’objet du contrat exclut, dans
certains cas et pour un certain type de transaction (la vente notamment), contrairement à une conception libérale et
non communautariste ou collectiviste, certains biens comme la terre ou les biens fonciers (compte tenu du
collectivisme), ou encore d’autres biens ayant un caractère sacré et important pour la communauté présente et à
venir. La cause quant à elle se réfère, à ce qui est important pour la communauté ou la société en général et dans ce
sens, à ce qu’elle peut s’engager à faire ou à supporter. Enfin l’échange de consentement met en avant l’aspect
solidariste de la formation du contrat (avec notamment l’existence de négociations conduites avec loyauté), et non
simplement l’aspect volontariste. En outre, l’existence de l’obligation contractuelle soit en l’absence d’incident
perturbateur (l’exécution en droit dit « moderne» étant caractérisé par une pression énorme faite par le droit au
débiteur bien que la référence à la bonne foi soit faite, ceci tout en ne prenant en compte que la satisfaction des
volonté individuelle ), soit en présence d’événement perturbateur ( en droit dit « moderne » le respect de la volonté
ou de l’intérêt subjectif du débiteur conduit à limiter l’aspect solidariste dans le rapport) tend à mettre en exergue
l’aspect collectiviste ou solidariste du rapport contractuelle. Dans le domaine économique en particulier dont le
contrat constitue le socle sur lequel il repose, la solidarité et le collectivisme a conduit à des formes de groupement
de personnes qui joue le rôle à la fois de banque et d’assurance pour les membres de la communauté. En ce qui
concerne les contrats spéciaux, la régulation est gouvernée par la logique du don et du contre-don et la recherche de
l’équivalence entre les prestations échangées, en plus des règles sus-évoquées.

Concernant à présent les obligations quasi-contractuelles, selon les règles d’inspiration locales, l’on ne
devrait pas d’une manière générale, dans un sens conforme à l’équité, profiter d’une manière quelconque de la
richesse ou de l’effort d’autrui (l’équité jouant en Afrique un rôle primordiale dans la mesure où elle semble
toujours présente dans la législation et la justice coutumière). Il convient en outre de préciser à l’égard des
obligations post-contractuelles que le droit traditionnel africain en général tient compte, à la fin des rapports, même
à l’issu d’un conflit régler devant le juge, des relations passées et de l’avenir ou du futur des rapports entre les
personnes en se fondant sur le caractère solidariste de ce droit. Il serait donc possible de relever dans ce sens que les
parties, dans l’élan de sauvegarde des relations futures, devront nécessairement respecter certaines obligations fixées
ou pas dans le contrat qui les lie, pour ne pas briser le lien qui s’est désormais établi par le contrat entre eux.

Relativement aux règles relatives à la responsabilité civile, celles-ci se fondent moins sur la nécessité de
réparer le dommage en imputant nécessairement la charge de la réparation à un individu (auteur ou tiers) qui en sera
désigné responsable. Mais sur l’importance de restaurer l’équilibre sociétal détruit, la nécessité de réparer le
dommage survenue, et partant, sur la solidarité, le collectivisme ou le communautarisme. Elle privilégie donc la
nécessité de préserver la paix, l’harmonie et la sécurité des rapports sociaux. Ici, toutes les communautés, celle du
responsable et si nécessaire celle de la victime (ou celle victime) se mobilisent (à travers des contributions directes et
parfois spontanées) d’abord ou prioritairement pour endiguer, même de manière désintéressée ou par altruisme la
victime du dommage, le mal, le déséquilibre causé (c’est donc en fonction de ce déséquilibre que la réparation sera
faite). Ainsi, la responsabilité civile sous sa considération fondamentalement africaine, privilégie donc surtout, le
souci ou l’idée de restauration du déséquilibre créé ou encore moins l’idée de réparation et non en premier lieu de
sanction.

- En matière criminelle :
Pour ce qui concerne la matière pénale ou criminelle, il faut préciser d’entrer de jeu que les principes qui
fondent les règles étant quasiment les mêmes, les règles de droit regardées comme pénal forment quasiment un

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

même ensemble avec les règles de droit civil. Il en est de même pour les procédures qui doivent conduire à infliger
une sanction civile ou une sanction à caractère pénale. Dès lors, la colère de la communauté en cas d’offense
commise s’exprime sous la forme d’un effort coordonné contre celui qui a perturbé ou troublé l’harmonie, la paix ou
l’équilibre social.

Il faut tout de même préciser s’agissant de la procédure –pénale- que, pour infliger des sanctions pénales, la
philosophie de la politique législative en matière de procédure à laquelle l’on peut faire recours dans ce cadre sera
proche de celle promue par la doctrine dite de la défense sociale (doctrine qui vise la primauté de la protection de la
collectivité sur toute autre considération en adoptant par exemple des mesures adaptées au délinquant afin de le
resocialiser et repousser les actes antisociaux) et dans une certaine mesure celle de la non-intervention ( qui vise
l’application au délinquant de peines non répressive lorsque la société n’est pas menacée dans son équilibre ou son
fonctionnement) qui nécessite de ce fait une procédure purement accusatoire à dominante libérale. Mais, ce ne sera
qu’en cas de récidive ou de grande dangerosité du délinquant (qui commet des infractions préméditées menaçant le
fonctionnement normal de la communauté ou susceptible de le faire) que le degré de sanction augmente. Une
philosophie de répression ou de sanction proche de celle du système néoclassique permettrait alors d’adapter la
sanction au degré élevé de dangerosité du délinquant par une rigoureuse forme inquisitoire de la justice criminelle.

ii- En matière de rapports internationaux (en cas de conflits)

En matière de droit international privé (en cas de conflit de loi de deux systèmes juridiques différents en
concours pour régir une situation donnée par exemple), il serait possible de relever que le statut personnel
(l’ensemble des règles qui s’appliquent à la personne en ce qui concerne sa capacité, les successions, le mariage, les
régimes matrimoniaux, la filiation…, et non celles qui portent sur les biens-statut réel- n’existent que par rapport à
une communauté) est dominant. Il y a donc davantage respect des coutumes de la communauté d’une personne ou de
celle en concours (d’accueil s’il se déplace).

B) Les institutions juridiques normatives publiques du système juridique originel d’inspiration traditionnel

Il existe dans le système traditionnel des règles qui concernent l’organisation politico-administrative de la
cité (1) et celles qui sont spécifiques au cadre processuel (2).

1) Les règles concernant l’organisation politico-administrative

- Les règles relatives à l’autorité traditionnelle, à la transmission de l’autorité et à son ses épouse (s):
S’agissant de l’autorité traditionnelle, les règles ou normes prévoient qu’il s’agit de celui d’une part qui
apparaît comme le dépositaire ou le gardien de l’ordre communautaire institué par la tradition reflétant la sagesse des
ancêtres, et d’autre part à qui il faut obéir dans la mesure où en le respectant, c’est la sagesse divine façonnée par les
ancêtres avec le temps que l’on respecte. En tant que tel, il s’assure du respect de cet ordre, tout en ayant la charge de
le parfaire pour bien de la communauté, avec la contribution nécessaire des autres organes institutionnels et surtout
de la communauté qui en est destinataire. La grandeur de son autorité et son honneur sont tributaire de son accord
avec l’œuvre des ancêtres auquel lui-même était soumis, en plus de la lourde charge qu’il a de l’améliorer dans le
strict intérêt de l’ensemble de la communauté. En tant qu’autorité dépositaire de la tradition ou surtout du respect de
la tradition, il est donc autoriser à « administrer » implicitement (à la suite d’une transmission de cette autorisation
après des rites d’initiation précis) par les ancêtres, en raison du fait que par sa gestion des affaires, il incarne les

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

ancêtres ou surtout leur œuvre. On utilise en général le terme « chef » (Lamido, fon, Nkukuma, Fô, sultan...) pour le
désigner.

Par rapport à la transmission de l’autorité, les critères fondamentaux de transmission de cette autorité
incluaient la proximité (familial, même s’il pouvait arriver qu’un membre ne relevant pas de la famille nucléaire
pouvait être visé) avec le dépositaire de la tradition (usages et coutumes) et l’initiation ou une longue observation par
ce dernier de celui à qui l’autorité devait être transmise, le désintérêt pour les biens matériel et l’absence d’amour
pour le « pouvoir » (en raison de la charge et de l’inspiration- considérablement morale- de la tradition, la mise en
avant de l’intérêt du groupe ou de la communauté, l’aptitude à être accepté par la communauté (absence d’une
quelconque réputation négative)…

La ou les épouse (s) de l’autorité traditionnelle joue (nt) un rôle de premier plan dans l’exercice de ses
fonctions, et ceci de manière complémentaire en tant que maîtresse de son foyer, pourvoyeuse et gardienne -de
l’équilibre- de la vie voire de la société, personne à l’égard de qui il a des devoirs et donc, à qui il doit un grand
respect, ou Être sans laquelle (sans le bonheur de laquelle) il perdrait toute considération (en tant « homme » -normal
et équilibré)… Le rôle de la femme s’exerçait donc aux côté de l’autorité traditionnelle, comme de toutes les autres
autorités, de manière complémentaire avec les attributions de celui-ci, et la réussite de ses missions en dépend
d’ailleurs.

Enfin, l’établissement des analogies entre certaines caractéristiques de certains éléments de la nature
(animaux ou végétaux) et certains éléments de la personnalité de celui qui aurait incarné et marqué d’une manière
particulièrement positive l’autorité traditionnelle, ou encore la considération d’un objet pour des raisons liées à
l’histoire de cette communauté pour toute autre raison, permet de traiter les éléments ou cet objet comme le symbole
emblématique d’identification de la communauté par rapport à d’autres. Ainsi, les objets ou les éléments considérés
incarnent ou expriment en quelque sorte l’emblème de l’ordre communautaire auquel les membres doivent se
soumettre (à titre de rappel chaque fois que l’on s’en éloigne).

L’autorité traditionnelle, dans l’exercice de ses missions, doit impérativement être accompagnée par d’autres
acteurs dont les règles coutumières méritent une attention particulière.

- Les règles relatives aux conseillers, les notables, des anciens ou des patriarches, griots :
Le ou les conseiller(s) (Kuipou ou kuétché par exemple en pays Bamiléké, Mukwandedi chez les Douala-qui
agit davantage lors des procès) sont des personnes les plus proches de l’autorité traditionnelle. Les conditions (ou les
critères) de leur choix, sont parfois les mêmes ou plus importants que celles qui orientent le choix de l’autorité
traditionnelle. Ils doivent être d’une grande sagesse et dans la plupart des cas, avoir une expérience et des
connaissances solides (de la vie en communauté). Il s’agit en effet des personnes qui sont à l’ombre de toutes les
décisions de l’autorité traditionnelle et apparaît de manière métaphorique comme « les yeux » et « les oreilles » de
l’autorité traditionnelle. L’épouse est d’ailleurs en général regardée comme le tout premier conseiller de l’autorité
traditionnelle.

Les notables, les anciens ou patriarches (Mbobog en pays Bassa’a) sont en général ceux qui, à travers un
certain charisme, une grande sagesse et expérience (de notoriété et indiscutable), observent, proposent, connaissent,
initient prudemment ou discrètement (avant son intronisation) assistent et guident l’autorité traditionnelle dans ses
missions administratives, législatives et juridictionnelle (en tant qu’entité qui veillent au respect de la tradition
qu’eux-mêmes, plus que tout autre, doivent nécessairement et sans équivoque incarné). Ils siègent en conseil présidé
par l’autorité traditionnelle chaque fois qu’une décision doit être prise. Il peut parfois leur être confié tout (en cas
d’empêchement de l’autorité traditionnelle) ou partie des prérogatives.

Les griots jouent, aux côtés des anciens, un rôle de premier plan dans la communication et l’enseignement de
la tradition (ou de l’histoire de la communauté) en tant que mémoire de la communauté. Il doit avoir pour cela une
maîtrise de l’art oratoire. Il peut dès lors être consulté par l’autorité traditionnelle en raison de ses connaissances de
la tradition dans le cadre de l’administration de la société.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

- Les règles relatives aux sociétés –secrètes- traditionnelles (d’initiation, de décision ou de conseil, de
législation...) :
Les différentes sociétés ou associations (constituées très souvent d’une crème d’anciens ou de personnes
précises de la communauté) dont il est question ici, au-delà de l’objet spécifique pour lequel elles sont créées, ont
pour but principal de renforcer et de maintenir rigoureusement les traditions, et donc les coutumes et les croyances en
contribuant par là au respect de l’ordre communautaire.

- Les règles relatives aux corporations de professionnelles, d’esclaves ou d’étrangers, et les responsables de
famille :
Les corporations professionnelles sont des regroupements de personne exerçant une même profession
(forgerons, artisans, éleveurs, cultivateurs…) ou ayant des éléments en commun (étrangers et esclaves) existaient
dans les sociétés traditionnelles. Ces regroupements avaient pour but d’aider à la formulation de règles ou à
l’adaptation des principes régissant la vie au sein la communauté soit dans l’organisation et la pratique des activités
professionnelles qui les concernent, soit dans leur situation particulière afin qu’ils ne se sentent pas marginalisées.

S’agissant des esclaves (qu’il s’agisse des personnes hostiles originaires en général d’autres communautés en
conflit avec la communauté qui les a fait esclave, ou qu’il s’agisse de ceux qui sont débiteurs de dettes importantes «
impayés »), les dispositions du droit traditionnel prévoient de les traiter comme membre à part entière de la
communauté. Cependant, ils doivent rendre des services d’intérêt général soit à la communauté, soit au créancier,
tout en étant traité en méritant le respect reconnu à tout membre de la communauté.

Pour le cas des étrangers (parfois assimilés aux esclaves), le droit traditionnel leur facilitait l’intégration, par
le biais de certains mécanismes (présentation à la communauté, bonne qualité de la vie chez leurs hôtes
conformément aux usages de la communauté pendant un temps assez long…), au sein de la communauté.

Les responsables de famille (sango a mboa –lorsqu’il s’agit des hommes- ou nyango a mboa –lorsqu’il s’agit
des femmes- par exemple chez les Douala, Mie dzala ou essai chez les beti) quant à eux sont aussi consultés ou
invités à se prononcer lorsqu’il s’agit d’une question qui touche directement à l’intérêt de la communauté.

2) Les règles d’ordre processuel

Elles concernent les différentes juridictions (a) et la procédure (b).

a) Les règles relatives aux juridictions

Il existe plusieurs juridictions organisées suivant un ordre précis dont la mission est de résoudre les litiges
relevant de tous les domaines de la vie communautaire :

- le conseil de famille (N’da bot chez les beti-Éwondo-, Ndabo a mbia chez les Douala, Bôma li mbaï-chez les
Bassa’a) :
Il est présidé par le responsable de la famille, en général le plus ancien ; et lorsqu’il s’agit des affaires
concernant strictement les hommes, les femmes n’y prennent pas part ;

-Le conseil de quartier ou de village :


(Ndongamen a tumba chez les Douala) présidé par l’autorité traditionnelle ;

- Le conseil de groupement ou de canton (regroupant plusieurs quartiers ou villages) ;

- Le conseil de tribu (le Ngondo par exemple peut jouer ce rôle chez les Douala).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

b) Les règles relatives aux procédures

Il existe des principes d’inspiration des règles d’ordre processuel (i) et des règles qui découlent de ces
principes (ii).

i- Les principes de la procédure en droit traditionnel

La procédure, tout comme le procès (Nka’a chez les Bassa’a, ekwali chez les Douala) est à dominante orale et
flexible (principe de l’oralité ou de la flexibilité de la procédure).

D’autres principes à l’instar de la gratuité (prix symbolique), la simplicité, la rapidité ou la proximité de la


justice existent afin d’asseoir une véritable sécurité juridique ou surtout judiciaire et une efficacité socioéconomique
et politique du droit.

Enfin, les principes de transparence et de publicité (permettant à la communauté de participer activement à la


recherche de la vérité) peuvent également être évoqués.

ii- Les règles encadrant le déroulement de la procédure déduites des principes du cadre processuel ou de la
procédure

En ce qui concerne les normes régulant le déroulement processuel, c’est-à-dire celui qui doit orienter les
justiciables sur les démarches à suivre pour résoudre leur différend et trouver une satisfaction à leurs droits-
subjectifs, il serait possible de relever plusieurs éléments :

-Elles privilégient les mécanismes souples de résolution des différends (déduction de la flexibilité et de
l’oralité) afin d’assurer la restauration de la paix détruite par le conflit. Parmi ceux-ci, il serait possible de citer
compromis qui a toujours en matière traditionnel servi de fondement à ce qui est considéré aujourd’hui comme les
modes alternatifs de résolution des conflits à l’instar de l’arbitrage et surtout de la médiation. Il se prolongerait
d’ailleurs dans la conciliation car, c’est en général dans cet esprit que se gère certains litige en Afrique , ceci dans le
souci de réconcilier pour restaurer l’harmonie ou de la paix qui devrait être à nouveau rétabli pour un avenir meilleur
des relations entre les individus et pour la communauté toute entière, étant entendu que leurs relations peuvent
influencer la stabilité de la communauté et la paix qui doit y régner . Par ces deux mécanismes l’on revoit l’idée de
solidarité en général dans les concessions que les parties (et surtout la victime-notamment si des dommages et
intérêts doivent être prononcés- vis-à-vis de l’auteur ou de sa communauté du ou des responsables et de leur
communauté le cas échéant) se feront éventuellement dans le cadre du compromis ou de la conciliation.

- Elles imposent une certaine souplesse de la procédure (absence de formalités) animé par l’esprit
communautaire ou collectiviste qui animera les justiciables. Dans une telle situation, le recours aux solutions
équitables censées corrigées des injustices éventuelles ou la rigueur de la loi (au sens large, coutume y compris)
pourra être facilité. Ces mécanismes permettent en effet de mettre alors véritablement la procédure dans une situation
d’équilibre entre l’inquisition et l’accusation, et surtout, de faire varier celle-ci en fonction des intérêts de tous ou de
l’adapter à la situation.

- Les frais du procès (Bekondo chez les Douala, Bidjè bi nka’a chez les Bassa’a, akon-kol chez les Beti) sont
versés de manière symbolique. Le respect des juges et de l’assistance (interdiction d’outrage) par les justiciables est
la règle. Les preuves incluent les témoignages, les serments (affirmations ou promesses que l’on fait en s’appuyant
sur son honneur) parfois accompagnés de gestes ou encore les ordalies (épreuves judiciaires auxquelles on soumet un

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individu pour savoir s’il dit la vérité sur un fait et dont l’issu dépend soit de la peur va éprouver à s’y soumettre, soit
d’autre phénomènes métaphysiques).

Paragraphe II : Les composantes ou les systèmes particuliers d’inspiration étrangère

Il existe deux catégories de composantes ou de systèmes d’inspiration étrangère qui constitue le système
juridique camerounais (avec le système de règles traditionnel ou coutumier endogène) au sein de l’ordre juridique
camerounais : une composante d’inspiration étrangère imbriqué dans le système traditionnel ou coutumier endogène
en se confondant parfois à ce dernier, à savoir le système d’inspiration musulmane en vigueur dans la partie
septentrionale francophone et dans le Nord-ouest –devant les Alkaly court- dans la partie anglophone du Cameroun
(A), et d’autres composantes d’inspiration étrangère dont les règles dominent l’ordre juridique camerounais dans son
ensemble, à savoir le système français inspiré du droit ou système romano-germanique et le système anglais inspiré
de la common Law (B).

A) La composante d’inspiration étrangère imbriqué dans le système de droit traditionnel marginalisé : le


système de droit musulman applicable au Nord-Ouest du Cameroun (auprès des Alkali courts) et dans la
partie septentrionale comme droit traditionnel ou coutumier avec les traitions ou coutumes locales

Il faut simplement préciser en ce qui concerne le droit musulman (relativement à l’Afrique en général et au
Cameroun en particulier) que c’est dès la première moitié du 7e siècle que l’expansion islamique (et donc du droit
qui l’accompagne) a été une réalité en Afrique. Elle a logiquement débuté par la conquête de l’Egypte et a atteint aux
environs de 650 les frontières de l’actuelle Tunisie en se faisant essentiellement le long de la méditerranée. Puis, les
Omeyyades (communauté de croyant musulman –Umma- majoritaire qui dès 658, reconnu comme calife ou «
successeur du prophète-Mahomet-», après la première période de l’Umma dirigée successivement par 04 califes
entre 632 et 659 dont l’un –Abu Bakr « le très véridique sous son califat entre 632 et 634- a lancé le Djihad ou guerre
sainte afin de convertir les peuples hors de la péninsule arabique, le gouverneur de Syrie -secrétaire de Mahomet de
l’époque-, Muawiya, petit-fils d’Ummayya -d’où le nom d’Ummayyades francisé « Omeyyades »-) lancèrent une
deuxième vague d’expansion dans le prolongement de la première (celle lancé par Abu Bakr). Au tournant du 7e
siècle vers le 8e siècle, l’occupation de ce qui deviendra plus tard le Maghreb va se réaliser. Cette occupation s’étend
de l’atlantique à l’ensemble du Maroc. Dès ce moment, les conquérants arabes n’évolueront plus vers le Sud par le
Sahara pour se retourner vers le Nord pour conquérir l’Espagne (au départ de l’Afrique du Nord).

Il serait dans ce sens possible de penser que c’est d’abord par la voie commerciale que l’Islam (et son droit) a
poursuivi sa pénétration en Afrique subsaharienne après l’Afrique du Nord à partir de l’Afrique de l’Ouest vers le
centre. Ensuite, s’en est suivie la création de mosquée (pour pratiquer la religion) et d’école d’enseignement de
l’Islam. Mais, les bouleversements ou les crises politiques et économiques ont provoqué une régression morale et
une ignorance de l’Islam (auparavant bien installé) ou sa dilution dans la tradition locale (avec parfois une apparition
d’une espèce d’Islam noir), ce qui est apparu comme le signe précurseur d’une expansion plus violente avec le
djihad.

Il faut relever qu’à la suite de cette expansion pacifique de l’Islam, le système de droit musulman,
actuellement en vigueur dans une partie du Nord-ouest camerounais, a émergé à la faveur du Djihad qui a pris corps
en Afrique subsaharienne à partir du 17e siècle. Il apparaît alors un islam plus guerrier, d'abord en Mauritanie, au
Sénégal et en Guinée, avec par la suite au 19e siècle le Djihad omarien ou Djihad du Cheikh el-Hadj Omar Tall ;
puis, dans le nord du Nigeria, où le mouvement culmine avec la fondation du califat de Sokoto dès 1804 (notamment
celui d’Ousmane Dan Fodio -descendant de Fulani ou Peuls installés dans les régions haoussas depuis le XVe siècle-
et de son fils Mohammed Bello), évoluant ainsi sur une bonne partie du territoire camerounais ; ce succès ou cette
réussite du Djihad étant due à l’alliance des marabouts peuls et des masses haoussa.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Après l’étape du Nord-Cameroun, les marchands haoussa, à la recherche du profit, prennent en assaut la partie
méridionale vers le milieu du XIXe siècle. Ceux-ci se disséminent ainsi dans les coins les plus reculés de la partie
méridionale. Ces marchands, dans leur progression vers le Sud, suivent trois axes principaux (outre l’axe de l’est et
de la RCA) le premier se fait en direction de l’Ouest et surtout du Nord-Ouest qu’ils vont peupler en y installant un
système d’inspiration musulmane (au regard de leur religion) dans une partie importante de cette région (Ndop
notamment). Ce système a donc pu survivre dans cette zone du fait de l’administration indirecte ( indirect rule)
pratiquée par les britanniques qui contrôlait ce territoire (rattachée comme nous le verrons, au Nigeria) en donnant
par exemple la possibilité d’appliquer les traditions locales, à l’instar de celles d’inspiration musulmane, dans des
juridictions (ou institutions en général) fonctionnant suivant une organisation judiciaire d’inspiration anglaise (ou de
Common law), permettant ainsi l’existence de tribunaux dans cette organisation judiciaire qui lui sont spécialement
dédiés (les Alkali courts). Ceci contrairement à la zone septentrionale du Cameroun (Adamaoua, Nord et Extrême-
nord) où, d’une part aucune juridiction (ou institutions) officielle (reconnu par la loi) n’est consacrée au droit
islamique, et d’autre part en raison du fait de l’administration directe et des procédés utilisés par les français pendant
la période de mandat ou de tutelle pour étendre au Cameroun (francophone comprenant la partie septentrionale) la
législation française (voir développements ci-dessous), le droit d’inspiration musulmane (et les coutumes avec
lesquelles il se confond) a été relégué au second plan au même titre que les traditions locales en
s’appliquant dans les mêmes conditions.

B) Les composantes d’inspiration étrangère dominante au sein de l’ordre juridique camerounais : le système
français inspiré du droit romano-germanique en vigueur dans la partie francophone du Cameroun et le
système anglais inspiré de la Common en vigueur dans la partie anglophone

Il convient de voir brièvement comment chacun des systèmes d’inspiration européenne, à savoir le système
français d’inspiration romano-germanique en vigueur dans la partie francophone (1) et le système anglais inspiré de
la Common law en vigueur dans la partie anglophone du Cameroun (2) ont pu constituer des composantes du
système juridique camerounais.

1) La composante d’inspiration romano-germanique : le système français inspiré du droit romano-germanique


en vigueur dans la partie francophone

Le système français d’inspiration romano-germanique s’est fait en deux temps : pendant la période du mandat
(a) français sur le Cameroun et dans le cadre de la tutelle française sur le Cameroun (b).

a) La constitution de la composante française ou l’intégration du système français au sein du système


juridique camerounais pendant la période de mandat

Le régime du mandat est un régime par lequel les colonies allemandes (parmi lesquels le TOGO et le
Cameroun) ou des possessions de l'Empire Ottoman, après la première guerre mondiale (1914-1918) furent confiées
à certaines puissances coloniales dès 1919 par le Traité de Versailles du 28 juin 1919, afin de les aider à accéder à la
civilisation (d’inspiration occidentale ou européenne) et donc, à la possibilité de se diriger eux-mêmes dans les
conditions du monde (occidental) considéré comme moderne. Ce régime pris fin après la deuxième guerre mondiale
(1939-1945) avec l’entrée en vigueur de la Charte des Nations-Unies en 1945 qui a transformé le mandat en tutelle.

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En ce qui concerne le domaine substantiel (non processuel) par exemple, c’est en effet un Décret du
gouverneur français (Marchand-1923 à 1932-) de l’époque en date du 22 mai 1924 qui a rendu applicable au
Cameroun francophone -excluant les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest actuelles considérées comme partie
anglophone, tout comme au Togo anciennement sous protectorat allemand, le Code Civil français de 1804 (encadrant
les domaines relevant du statut personnel des individus à savoir l’état y compris l’identification et la capacité des
personnes, la famille, les successions, etc. ainsi que les biens, les contrats…).

Il en sera de même de plusieurs autres textes en matière foncière, en matière administrative, de mariage, etc.

b) La constitution de la composante française ou l’intégration du système français au sein du système


juridique camerounais dans le cadre de la tutelle

Le régime de tutelle est un régime institué en 1945 par la Charte des Nations-Unies, et a pris fin avec
l’indépendance. Ce régime avait pour fin essentielle de favoriser le progrès politique, économique et social des
territoires entre autre anciennement sous mandat ainsi que leur évolution vers la capacité à s'administrer eux-mêmes
ou vers l'indépendance (pour permettre à leur société d’avoir une organisation sociopolitique et économique similaire
à celle européenne, en devenant des États –se définissant par une certaine souveraineté-).

De nombreux textes y ont fait leur pénétration dans ce cadre, notamment le Code de procédure civile
français de 1806 entrée en vigueur en 1807 (en France) a été rendu par exemple applicable au Cameroun
francophone par l’arrêté du 16 décembre 1954.

2) La composante d’inspiration anglaise : le système anglais inspiré du droit romano-germanique en vigueur


dans la partie francophone

Le Cameroun anglophone ou ex-Cameroun occidental ou Cameroun méridional (Southern Cameroon) est


celui qui est constitué pour l’essentiel des actuelles régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Il a été successivement
sous-mandat et sous la tutelle de la Grande-Bretagne qui a aussi par certains mécanismes introduit la législation
anglaise (Common Law) dans cette partie du Cameroun.

Pendant la période de tutelle, en vertu de l’administration indirecte, le droit traditionnel applicable devant les
juridictions traditionnelles semblait, dans une certaine (sous réserve de leur conformité à la « natural justice », à «
l’equity » et à la « good conscienseness »), mesure, maintenu.

Cependant, c’est pendant la période de tutelle que la Common Law a véritablement pénétré le Cameroun
anglophone. Cela s’est par l’adoption de plusieurs textes à cette période. Il s’agit de:

- the Evidence Ordinance CAP 62 Law of the Federation of Nigeria 1945, The Supreme (Court Civil
Procedure) Rules Cap 211 Laws of the Federation of Nigeria (1948) and the Magistrates Courts (Civil Procedure)
Ordinance (1948)

- la Magistrates’s Courts (Southern Cameroons) Law (1955);

- Southern Cameroon’s High Court Law (1955)

C’est surtout à travers les dispositions de la Magistrates’s Courts (Southern Cameroons) Law (1955) et de la
Southern Cameroons High Court Law -S.C.H.L.- (1955), que la Common Law a été véritablement introduite dans

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l’arsenal juridique du Cameroun. L’article 11 de la (Southern Cameroons) High Court Law 1955 est d’ailleurs d’une
importance particulière dans le système juridique camerounais. Il prévoit en effet que :

« Sous réserve des dispositions de cette loi ou de toute autre loi écrite :

a) la Common Law,

b) la doctrine relative à l’équité et

c) les lois d’application générale qui étaient en vigueur en Angleterre au premier janvier 1900 seront
applicables dans le ressort des tribunaux établis par cette loi, dans la mesure où elles se rapportent à n’importe
quelle affaire pour laquelle la législature de Southern Cameroons est compétente. ».

Section II : L’évolution vers l’unification des systèmes au profit de la composante étrangère du système juridique
camerounais

La particularité de la situation du Cameroun au sein duquel coexistent plusieurs droits étrangers notamment
(d’inspiration française et anglaise), fait que l’intégration, et aussi l’unification du droit semble être un objectif
majeur à atteindre. En effet, le mouvement d’unification territoriale du Cameroun Francophone et Anglophone
amorcé depuis l’indépendance en 1960 et poursuivi en 1972 (avec la réunification) a rendu nécessaire et a entraîné le
mouvement d’unification du droit dans le but d’assurer l’intégrité du pays.

Dans ce cadre ou ce processus d’unification législative, la composante française d’inspiration romano-


germanique davantage codifié, c’est-à-dire le droit –objectif- français, semble avoir une place plus importante dans le
système juridique camerounais (dans le fond comme dans la forme du texte ou des règles) au détriment de la règle du
précédent (en usage dans l’ex-Cameroun Occidental) d’inspiration anglaise qui perd du terrain, bien que des
solutions ou orientations de Common Law sont parfois prises en considération. Seules les règles de droit traditionnel
semblent considérablement marginalisées.

Plusieurs textes ont d’ailleurs été adoptés dans ce sens dans plusieurs domaines après les indépendances. Il
s’agit des domaines comme les domaines d’organisation politico-administrative de la société comme le droit
constitutionnel ou le droit administratif, et d’autres matières comme le droit du travail, la sécurité sociale, le droit
foncier, de la famille, de la nationalité, du nom, le code pénal, le Code de procédure pénal, les textes relatifs aux
affaires sur le plan interne ou sur le plan communautaire (OHADA, CEMAC, OAPI, CIMA)… Ces textes ont
vocation à s’appliquer sur toute l’étendue du territoire, en excluant et en abrogeant, dans le respect de l’article 68 de
la constitution, tout autre texte (traditionnel ou non) précédemment en vigueur.

Ainsi, le droit le droit traditionnel ne demeure en vigueur que dans les domaines comme le domaine purement
civil et notamment les matières du Code civil (mariage, succession filiation, contrats responsabilité civile, biens ou
propriété…), qui n’ont pas encore fait l’objet d’une législation élaborée par le législateur camerounais depuis
l’indépendance.

Questions de cours Titre II –chapitre I et II)

1) Citez les différents systèmes juridiques qui constituent le système juridique pluraliste camerounais (par rapport
à l’ordre juridique camerounais)

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2) Citez en donnant leurs différentes zones historique d’influence les trois systèmes juridiques (systèmes de droit –
systèmes des règles de droit-) d’inspiration étrangères ayant influencés la constitution du système juridique
pluraliste camerounais (par rapport à l’ordre juridique camerounais)

3) Quelles grands systèmes d’inspiration étrangère (deux) dominent l’ordre juridique positif actuel au regard de
l’origine historique des règles applicables, en marginalisant le système traditionnel local (coutumier ou
endogène) ?

4) Citez un texte de loi (Code) d’inspiration étrangère encore applicable dans la partie francophone du Cameroun
et donnez la date à partir de laquelle il a été rendu applicable

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Deuxième partie : LES DROITS SUBECTIFS RECONNUS AUX SUJETS DE DROIT

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Titre I : La typologie des droits subjectifs

Il existe deux catégories de droits subjectifs :

- les droits extrapatrimoniaux (chapitre I) ;

-les droits patrimoniaux (chapitre II).

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Chapitre I : Les droits extrapatrimoniaux

Dans ce cadre, le droit objectif (les règles de droit) se laisse présenter comme un modèle normatif émanant
de la personne du sujet de droit (selon John Locke de la propre nature –humaine- de l’Homme et non des lois du
gouvernement) pour le respect absolu des éléments liés à sa personnalité ou à l’humanité (singulière ou collective)
qui le distingue des autres êtres. Le droit peut donc fixer la loi (règle ou norme qu’elle établit) dans deux sens : dans
un sens objectif pour régler d’une manière générale les rapports entre les sujets ou entre le sujet et son
environnement en dictant ce qui doit être impérativement respecté (par rapport au droit objectif), et dans un sens
subjectif pour prévoir les propriétés (attributs ou prérogatives) du sujet dans ses rapports avec les autres comme ce
qui doit être impérativement respecté (par rapport au droit subjectif). Il est davantage question ici, s’agissant des
droits subjectifs extrapatrimoniaux, des propriétés, attributs ou prérogatives, liés aux éléments de sa personnalité à
considérer impérativement comme naturellement respectable.

Ainsi, contrairement au droit objectif constitué des règles objectives alors regardées comme émanant d’une
autorité, volonté, source formelle ou réelle extérieure (indépendamment ou en dehors du sujet) pour s’imposer à tous
et traduisant ainsi l’expression du contenu des sources du droit positif (posé comme seul valide) applicable dans des
matières ou domaines (politique, économique, social…) variées des relations humaines (droit civil, droit des contrats,
droit de la famille…), le droit subjectif quant à lui, et notamment les droits extrapatrimoniaux consacrés par le droit
objectif, renvoie à un ensemble constitué essentiellement par « le droit au respect de tel aspect de la personnalité du
sujet » (symétriquement, le droit du sujet au respect –par les autres- de tel aspect de sa personnalité) ou alors « le
droit au respect de tel élément en rapport avec la personnalité du sujet » (symétriquement, le droit du sujet au
respect –par les autres- de tel élément en rapport avec sa personnalité), que l’on résume synthétiquement d’une
manière générale en ce qui concerne les droits subjectifs (extrapatrimoniaux ou patrimoniaux) par le « droit à…. ».

Progressivement, et ceci sous l’influence des philosophes dit « des lumières » sur les premières Constitutions
et Déclaration (aux USA et en France notamment) de l’époque moderne, le caractère sacré, inaliénable ou incessible
(impossibilité de transmettre, imprescriptible (ne s’éteint pas ou ne se perd pas avec l’écoulement du temps),
insaisissable, des droits extrapatrimoniaux ou droits fondamentaux (de la personnalité) ont été affirmés, et la
violation de ces droits expose à des sanctions civiles (paiement des dommages et intérêts) ou pénales (peines
d’emprisonnement et/ou d’amende). Tous ces droits ont été proclamés par les textes fondamentaux des Nations-
Unies (à la suite de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen de 1789), notamment la
Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, le Pacte international des droits civils et politiques, le Pacte
international relative aux droits économiques, sociaux et culturels …, puis repris par les législations communautaires,
les accords bilatéraux et multilatéraux comme des objectifs à atteindre, et enfin, intégrés dans le corpus des
législations nationales soit dans le sens de les promouvoir comme orientation concrète à adopter, soit pour
sanctionner tout écart à leur égard (les atteintes à celles-ci sont d’ailleurs réprimées par la législation pénale).

Ces droits peuvent être regroupés en deux principales catégories : les droits –subjectifs-extrapatrimoniaux ou
fondamentaux dans les rapports substantiels ou non processuels, ou droits fondamentaux d’ordre substantiel
(section I) et les droits –subjectifs-extrapatrimoniaux ou fondamentaux de la personne justiciable ou droits
fondamentaux d’ordre processuel (section II).

Section I : Les droits –subjectifs-extrapatrimoniaux ou fondamentaux de la personne dans les rapports


substantiels ou non processuel : les droits fondamentaux d’ordre substantiel

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Il existe des droits fondamentaux (paragraphe I) et ceux qui sont spécifiques à certaines personnes physiques,
notamment les femmes et les enfants (paragraphe II).

Paragraphe I : Les droits fondamentaux communs à toutes les personnes physiques

Au regard de leur évolution historique, l’on a pu distinguer les droits fondamentaux de première et seconde
génération (A), de droits fondamentaux de troisième et quatrième génération (B).

A) Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux de la personne de première et de deuxième génération

La première génération de droits fondamentaux est constituée de droit-libertés ou droits civils et politiques (1)
consacré depuis la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 ou la Déclaration universelle
des droits de l’Homme de 1948, le Pacte international des droits civils et politiques et bien d’autres textes
internationaux, tandis que la seconde est constituée de droits-créances ou droits socio-économiques et culturels (2)
davantage consacré après la première guerre mondiale (après un long processus qui a commencé avant et s’est
accentué avec la seconde guerre mondiale), à partir de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948.

1) Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux de la première génération : Les droits-libertés ou droits civils
et politiques ou droits fondamentaux de la personne en tant qu’être humain

Il serait possible de résumer les droits dont il est question ici en deux catégories de droits : le droit à l’intégrité
–physique et morale- (a) et les libertés fondamentales (b).

a) Le droit à l’intégrité de la personne

Le droit à l’intégrité se décline endroit à l’intégrité physique (i) et en droit à l’intégrité morale (ii).

i- Le droit à l’intégrité physique –réservé aux personnes physiques-

Il s’agit du droit qu’une personne a d’exiger qu’aucune atteinte ne lui soit portée, ou porté soit à son corps,
soit à sa santé, soit à sa vie. Il s’agit alors du droit d’être protégé ou de protéger son corps contre toute atteinte. À
moins que « l’ordre public » ne soit en jeu ou que la loi ne l’autorise (s’agissant d’une personne dont la
condamnation implique une atteinte à son intégrité), ou même que la nécessité (thérapeutique pour sauver sa vie ou
préserver sa santé, bref, s’agissant des interventions chirurgicales ou médicales) ne l’exige ou en cas de
consentement du concerné (activités sportives), le droit positif reconnait à toute personne le droit de chaque individu
ou personne sujet de droit à son intégrité physique ou corporel et protège le droit à l’intégrité tant sur le plan civil
que sur le plan pénal

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Sur le plan civil, la violation du droit à l’intégrité physique ou corporel est sanctionnée par la mise en œuvre
de la responsabilité civile (obligation de réparer le dommage causé) de l’auteur de l’atteinte ou du dommage
corporel, au profit de la victime. La responsabilité sera délictuelle si l’atteinte est volontaire (article 1382 du Code
civil) ou quasi-délictuelle lorsque l’atteinte était involontaire par négligence ou imprudence (article 1383 du code
civil). Lorsqu’il s’agit d’une chose dont on est propriétaire (que l’on a sous sa garde en tant que gardien) qui cause le
dommage ou d’une personne dont on doit répondre qui cause le dommage (par rapport à la responsabilité du père
pour le dommage causé par l’enfant, des enseignants ou d’un établissement d’éducation ou de formation pour le
dommage causé par les apprenants, du commettant employeur pour le dommage causé par le préposé travailleur), la
responsabilité civile délictuelle ou quasi-délictuelle sera aussi engagé pour le fait de la chose dont on est propriétaire
(gardien) ou d’autrui dont on doit répondre (articles 1384 et suivants du code civil). S’agissant du contrat, le principe
est que tout contrat qui autorise ou permet de porter atteinte à l’intégrité physique (corporelle) d’une personne doit
être frappé de nullité, puisque l’intégrité physique ne fait pas partir des choses patrimonial qui peuvent être dans le
commerce et faire l’objet de contrat ou de transaction, au regard des dispositions du droit pénal ci-dessous (l’article
1128 du Code civil prévoie d’ailleurs qu’ il n'y a que les choses qui sont dans le commerce qui puissent être l'objet
des conventions). La responsabilité dans ce cadre sera délictuelle (extracontractuelle), puisque le contrat n’est pas
encore formé. Il convient enfin de préciser qu’il existe des limites quant au fait de sanctionner l’atteinte à l’intégrité
physique par rapport au contrat, à savoir dans le cas du suicide, qui concerne une personne peut vouloir délibérément
se suicider de telle sorte que l’atteinte soit apparu pour le tiers comme un cas de force majeure (irrésistible,
insurmontable, extérieur) qui exonère (libère) de toute responsabilité (en l’excluant ou en l’écartant) . L’euthanasie
n’est cependant pas reconnue au Cameroun. Il y a aussi l’hypothèse qui se présente en matière de recherche
impliquant une personne humaine (cf. loi du 27 avril 2022 relative à la recherche médicale impliquant la personne
humaine au Cameroun ou la loi du 14 juillet 2022 relative à la procréation médicalement assistée –PMA- au
Cameroun) qui impose de recueillir le consentement libre et éclairé du participant à la recherche (dans le cadre la
recherche impliquant la personne humaine participante), ou du couple concerné (s’agissant de la PMA), et enfin les
activités sportives (de contact ou de combat notamment).

Sur le plan pénal, l’atteinte à l’intégrité physique, et donc à l’intégrité corporelle est incriminée (érigée en
infraction –considérée comme infraction- par la loi pénale) et réprimée (sanctionnée pénalement) par les dispositions
sur l’homicide (fait de tuer ou faire mourir un être humain) volontaire qui concerne le meurtre ou homicide
volontaire sans préméditation –sans préparation à l’avance- (article 275 du code pénal) et l’assassinat ou homicide
avec préméditation (article 276 du Code pénal), les blessures graves (article 277 du Code pénal), mutilations
génitales (277-1), atteintes à la croissance d’un organe (article 277-2), torture (article 277-3), coups mortels en guise
d’homicide involontaire (278), coups avec blessures graves (279), blessures simples –entraînant une maladie ou une
incapacité de travail supérieure à 30 jours- (280), blessures légères –entraînant une maladie ou une incapacité de
travail 06 à 30 jours- (281), homicide et blessures involontaires (289), arrestation et séquestration (291), harcèlement
(302-1), viol (296) . Les exceptions qui ont été évoqués concernant le suicide, les activités sportives, la recherche
impliquant la personne humaine ou la procréation médicalement assistée, s’appliquent également ici. À cela s’ajoute
les atteintes autorisées ou légales comme la légitime défense consistant en une riposte à la violence ou à une attaque
sous la réserve de la proportionnalité à l’attaque (article 84 du Code pénal), les nécessités de santé publique
(vaccinations obligatoires, circoncision…) ou des nécessités d’ordre public (peine de mort, contraintes exercées dans
le cadre des mesures de maintien de l’ordre…).

ii- Le droit à l’intégrité morale

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C’est le droit d’une personne d’exiger qu’aucune atteinte ne soit portée aux éléments de sa personnalité qui ne
sont pas de nature physique ou corporel, notamment la vie privée, ses corollaires que sont l’image et le secret des
correspondances, l’honneur ou la dignité.

- S’agissant de la vie privée, qui se distingue de la vie publique (qui se déroule en publique et au regard de
tous ou accessible à tous), est protégée contre toute immixtion sans consentement dans l’intimité (familiale,
sentimentale et sexuelle) de la vie d’une personne. Son respect, qui intègre la protection de la réputation, est donc
exigé à tous. Cependant, la vie privée s’efface devant le droit de l’histoire (dans le cadre de l’éclairage sur la vie
privée des personnages historiques), le droit à l’information –du public- par rapport à la liberté de communication
sociale (cf. loi sur la liberté de la communication sociale) qui concerne les médias ou entreprises de communication
audio-visuelle, d’édition, de distribution, d’affichage, les organes de presse, les librairies et imprimerie. La violation
du droit des personnes à l’intégrité morale est sanctionnée sur le plan civil et pénal. Sur le plan civil, l’atteinte à
l’intégrité morale qui peut nuire ou déshonorer la victime, est sanctionnée par la mise en œuvre de la responsabilité
civile de l’auteur sur la base des articles 1382 et 1383 du Code civil (en cas de négligence ou d’imprudence). Des DI
punitifs dans certains systèmes juridiques peuvent être infligés lorsque l’auteur tire avantage (sur le plan commercial)
de cette situation (par rapport à une faute lucrative) et des mesures sont prévues pour faire cesser l’illicite. Sur le plan
pénal, l’incrimination vise à appréhender certains procédés utilisés pour porter atteinte à la vie privée de manière
classique ou sur le plan virtuel (dans le cyberespace). De manière classique, le code pénal réprime la diffamation
(article 305), des injures (article 307), l’outrage –offense- (article 152), la publication ou propagation de fausses
nouvelles (article 240), la violation de domicile (article 299). Sur le cyberespace, le respect de la vie privée est exigé
par les articles 49 et suivants de la loi de 2010 sur la cybersécurité et la cybercriminalité ou par les dispositions du
Décret n° 2013/0399 PM du 27 février 2013 fixant les modalités de protection des consommateurs des services de
communications électroniques en son article 4 et surtout son article qui prévoie que la protection de la vie privée des
utilisateurs ou consommateurs porte sur : la confidentialité et le respect du principe de l’inviolabilité et du secret des
messages transmis à travers leurs réseaux de communications électroniques, la protection des données à caractère
personnel des consommateurs, la sécurité des informations véhiculées à travers les réseaux de communications
électroniques et les systèmes d’information.

- le droit au respect de l’image peut être protégé même en l’absence de toute atteinte à la vie privée, car le
respect du droit à l’image vise la publication, l’exposition, la reproduction des traits d’une personne prise dans un
lieu privé sans son consentement, même sans intention malveillante (Affaire Dame Yomba c/ brasserie du
Cameroun). S’agissant de l’image prise dans un lieu public, la photographie peut être publiée sans autorisation dans
le respect du droit à l’information, sauf si cela va nuire à la personne photographiée. En cas de possibilité de
nuisance, des précautions doivent être prises pour qu’elle ne puisse pas être reconnue. Le droit à l’image ne disparaît
avec la mort du défunt (contrairement au droit au respect de la vie privée), car, il se transmet à la famille du défunt.
La violation du droit à l’image est sanctionnée civilement et pénalement dans le même sens que l’outrage ou l’injure,
mais surtout par la loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité par rapport au droit à la vie privée.

- Le droit au secret des correspondances implique l’interdiction de toute immixtion et de toute divulgation au
public des correspondances (lettre missives, conversations téléphoniques, électroniques, sms, mail...) échangées entre
les personnes sans leur autorisation. L’inviolabilité des correspondances est protégée par l’article 300 du Code pénal
et par la loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité, ainsi que le Décret n° 2013/0399 PM du 27 février 2013 fixant
les modalités de protection des consommateurs des services de communications électroniques.

- Le droit à l’honneur, à la réputation et à la dignité (respect de soi) sont intimement liés au droit à la vie
privée et sont protégés de la même manière. Cependant, le droit à l’honneur et à la dignité peut en plus être
pénalement protégé par la répression du travail forcé (articles 292), de l’esclavage (article 293), la violation de
domicile (article 299 du code pénal), des menaces (articles 301 et 302), le chantage (303). L’atteinte à la réputation
peut être affectée par la dénonciation calomnieuse (réprimée par l’article 304 du Code pénal).

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b) Le droit aux libertés fondamentales

Parmi les libertés fondamentales protégées, il serait possible de citer : le droit à la liberté de religion et de
conscience ou de conviction, le droit à la liberté d’expression (, le droit à la liberté d’association, le droit à la liberté
de manifestation, d’aller et venir…, dont la violation est réprimée par l’article 241, 291 ou 242 du Code pénal).

2- Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux de deuxième génération : Les droits-créances ou droits socio-
économiques et culturels ou droits fondamentaux de la personne en tant qu’acteur économique, social ou culturel

Il s’agit pour la plupart des droits extrapatrimoniaux qui ont connu un essor particulier au lendemain de la
seconde guerre mondiale, avec la création de l’ONU et de ses agences spécialisées. Ces droits fondamentaux sont
intégrés dans les législations sectorielles dont ils relèvent et nécessitent pour la plupart l’intervention sociale et
économique plus accrue de l’État (État-providence). Parmi eux, on cite : le droit à la non-discrimination, le droit à
l’égalité entre les hommes et les femmes, le droit au travail et à un emploi décent (droit à des conditions de travail
justes et favorables), le droit de former des syndicats, le droit de faire grève, le droit à la sécurité sociale, le droit au
logement, le droit des mères à une protection particulière avant et après la naissance, le droit des enfants d’être
protégés contre l’exploitation économique et sociale, le droit à un niveau de vie suffisant, le droit d’être à l’abri de la
faim, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit des parents de choisir la scolarité de leurs enfants, le droit de
participer à la vie culturelle.

B) Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux d’ordre substantiel de troisième et quatrième génération

Il sera question ici des droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux d’ordre substantiel de troisième génération
(1) puis de quatrième génération (2).

1- Les droits extrapatrimoniaux ou fondamentaux d’ordre substantiel de troisième génération : Les droits de
solidarité

Il s’agit pour l’essentiel ici du droit au développement -économique et social- afin de permettre à tous de
bénéficier du fruit de la croissance (conformément à la Déclaration des Nations-Unies sur le droit au
développement), du droit à la paix (par les moyens appropriés -y compris l’assistance humanitaire- d’après la
Déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples à la paix), le droit à un environnement sain (pour permettre
à chacun de vivre dans un environnement donnant accès à des conditions de vie satisfaisante, agréable et confortable,
à léguer au génération future tant sur le plan local, national, sous-régional, régional et mondial conformément aux
principes fixées par les Déclarations de Stockholm en 1972, Rio en 1992 et Johannesburg en 2002), et le droit au
partage dans l’exploitation du patrimoine commun de l’humanité (au regard des différentes Déclaration sur la
protection de l’environnement ou de la convention sur la protection du patrimoine culturel et naturel) .

2- Les droits fondamentaux récents ou droits à l’avancement de la science: Le droit aux technologies émergentes
et aux biotechnologies

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Il s’agit d’un ensemble récent qui est davantage consacré dans des systèmes comme celui de l’Europe, avec
une tendance progressive à la prise en compte dans le système des Nations-Unies. Ils sont en effet issus de l’article
15 (b) du Pacte international relative aux droits économiques, sociaux et culturels de 1976 qui proclame : le droit de
« bénéficier du progrès scientifique et de ses applications ». Ils se résument essentiellement de nos jours au droit à
l'avancement des sciences et des techniques et concernent principalement deux domaines : les nouvelles technologies
de l'information et de la communication -NTIC- (avec « un droit d’accès à internet » établit par exemple dans l’UE)
et les biotechnologies (« la nécessité de développer et mettre en œuvre les applications pacifiques du génie
génétique et de la biotechnologie au profit de l'humanité » a été consacrée sous l’égide de l’ONU par les Statuts du
Centre International pour le génie génétique et la biotechnologie de 1983).

Paragraphe II : La problématique des droits fondamentaux spécifiques aux femmes et aux enfants

Il existe des textes internationaux qui consacrent des droits fondamentaux spécifiques ou particuliers aux
femmes (A) et ceux qui sont propres aux enfants (B).

A) Les droits fondamentaux propres aux femmes

La première Convention qui consacre les droits spécifiques de la Femme est la CEDEF (Convention des
Nations-Unies sur l’élimination contre toute forme de discrimination à l’égard des femmes) du 18 décembre 1979,
qui exige aux États signataires de protéger dans leur législation nationale la femme contre les stéréotypes (clichés) et
préjugés, contre la prostitution, de promouvoir la représentation des femme dans la vie publique et politique, de lui
garantir une nationalité, l’éducation, l’emploi, la santé, de la considérer par rapport aux prestations économiques, au
même titre que l’homme, de promouvoir l’égalité devant la loi, de la protéger par rapport au mariage et dans la vie
familiale (par exemple contre les violence ou toute forme de discrimination), de protéger la femme rurale.

Le second texte international est la Déclaration de Beijing (Pékin) établit sous l’égide des Nations-Unies. Ce
texte prévoit aussi dans ses dispositions la promotion de la lutte contre toute forme de violence à l’égard des femmes
et la promotion de l’égalité de sexe dans tous les domaines de la vie sociale.

La législation nationale, et notamment le Code pénal du Cameroun a intégré de nombreux aspects de cette
orientation, en punissant ou sanctionnant par exemple des actes de violence sur les femmes comme, les mutilations
génitales -à l’instar de l’excision- (article 277-1) qui exclut la circoncision masculine-, l’atteinte à la croissance d’un
organe –à l’instar des seins- (article 277-2), les violences sur femmes enceintes (article 338), et le mariage forcé
(article 356).

B) Les droits fondamentaux propres aux enfants

Les droits fondamentaux spécifiques de l’enfant (moins de 18 ans) sont garantis par les dispositions de la
Convention internationale –des nations-unies- des droits de l’enfant (CIDE) adopté le 20 novembre 1989 à New-
york. Elle consacre des droits fondamentaux comme : le droit d’avoir un nom, une nationalité, une identité, le droit
d’être soigné, protégé des maladies, d’avoir une alimentation suffisante et équilibrée, le droit d’aller à l’école ou
droit à l’éducation, le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et
d’exploitation, le droit d’être protégé contre toutes les formes de discrimination, le droit de ne pas faire la guerre, ni
la subir, le droit d’avoir un refuge, d’être secouru, et d’avoir des conditions de vie décentes, le droit de jouer et

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d’avoir des loisirs, le droit à la liberté d’information, d’expression et de participation, le droit d’avoir une famille,
d’être entouré et aimé. La convention met en avant quatre principes fondamentaux concernant les enfants : la non-
discrimination (notamment entre enfant de même parent), l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit de vivre, survivre et
se développer ainsi que le respect des opinions de l’enfant. Trois protocoles facultatifs ont été ajoutés au texte
principal. Le premier vise à protéger les enfants contre le recrutement dans les conflits armés, le deuxième concerne
la vente –trafic- d’enfants (à des fins de travail forcé, adoption illégale, don d’organes…), la prostitution ainsi que la
pornographie mettant en scène des enfants. Le troisième définit la procédure internationale qui permet à tout enfant
de déposer une plainte pour violation de ses droits, directement auprès du Comité des droits de l’enfant des Nations
unies, lorsque tous les recours ont été épuisés au niveau national. Une agence des Nations-Unies, à savoir
l’UNICEF, a été créée et s’est vu spécialement confié une mission en rapport avec le respect des principes de la
CIDE. L’UNICEF est donc chargé par l’Assemblée générale des Nations Unies de défendre les droits des enfants,
d’aider à répondre à leurs besoins essentiels et de favoriser leur plein épanouissement. L’UNICEF s’appuie sur la
Convention relative aux droits de l’enfant et œuvre pour que les droits de l’enfant s’inscrivent dans une éthique
sociale et dans un code de conduite international en faveur des enfants. L’UNICEF fait valoir que la survie, la
protection et l’épanouissement des enfants sont des impératifs universels du développement dont le respect est
indispensable au progrès de l’humanité. L’UNICEF mobilise la volonté politique et des ressources matérielles pour
aider les pays, en particulier les pays en développement, à donner la priorité aux enfants, et pour renforcer leur
capacité de formuler des politiques appropriées et de mettre en place des services en faveur des enfants et des
familles.

Sur le plan communautaire ou régional africain, la Charte du bien-être de l’enfant (CADBE) de juillet 1990
à Addis-Abeba reprend les principes adoptés par la CIDE. Mais de manière spécifique, cette Charte appelle les États
à prendre « toutes les mesures appropriées pour abolir les coutumes et les pratiques négatives, culturelles et sociales
qui sont au détriment du Bien-être, de la dignité, de la croissance et du développement normal de l'enfant, en
particulier les coutumes et pratiques préjudiciables à la santé, voire à la vie de l'enfant. Elle vient par exemple
proposer aux États africain d’abolir le mariage des mineurs de 18 ans. Dans et élan, il existe, indépendamment de la
CADBE, un Comité interafricain (CIA) sur les pratiques traditionnelles depuis une vingtaine d’années. Selon le
rapport présenté par ce comité à la cinquième réunion du Comité d’experts de la CADBE à Nairobi (Kenya) du 8-12
novembre 2004, les pratiques traditionnelles africaines sont basées sur les opinions, les croyances et les coutumes et
de ce fait, elles pourraient soit être bénéfiques pour le groupe social, soit lui être nuisibles. La Charte innove
également en imposant, au-delà des droits subjectif, des « responsabilités de l’enfant envers sa famille, la société,
l'État et toute autre communauté reconnue l'également ainsi qu'envers la communauté internationale ». Ceci est une
innovation par rapport à la plupart des textes internationaux sur les droits de l'homme en général, et les droits de
l'enfant en particulier, où il n'y a que des droits et pas d'obligations (ou alors des obligations implicites). Enfin, La
protection des enfants réfugiés et des enfants déplacés à l’intérieur d’un pays est aussi une préoccupation spécifique
de la CADBE prévue à l’article 23.

Sur le plan national, la législation pénale prévoit des dispositions qui protègent l’enfant dans le sens des
principes sus-évoqués, en prévoyant dans le Code pénal, des sanctions pour des actes qui nuisent au mineur dans sa
personne ou dans sa vie familiale, comme : les mutilations génitales -à l’instar de l’excision- (article 277-1) qui
exclut la circoncision masculine-, l’atteinte à la croissance d’un organe –à l’instar des seins- (article 277-2), les
violences sur femmes enceintes (article 338) –par rapport à la protection de l’enfant à naître, l’infanticide, atteinte à
la filiation –qui prive l’enfant de sa filiation ou de ses lien avec son ou ses parents, mise en gage des personnes, le
trafic et la traite (article 343), prostitution, corruption de la jeunesse, danger moral, outrage à la pudeur d’une
personne mineure de 16 ans et de 16 à 21 ans, homosexualité, réception de mineur par le débitant de boissons
alcooliques d’un mineur non accompagné d’un majeur, vente ou offre de boissons alcoolisées au mineur de 18 ans
accompagné par un majeur et contribution à l’ivresse de mineur, abus de faiblesse d’un mineur, violence sur mineur,
enlèvement d’enfants, non représentation d’un enfant (par le parent administrateur ou par le tuteur), entrave à

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l’exercice du droit de visite, entrave à la scolarisation, mariage forcé, exigence abusive de la dot –comme obstacle au
mariage-, abandon de foyer, expulsion du domicile conjugal, dans les articles 338 et suivants du Code pénal.

Section II : les droits –subjectifs-extrapatrimoniaux ou fondamentaux de la personne justiciable ou


droits fondamentaux d’ordre processuel (cf. les principes d’organisation du cadre judiciaire –troisième partie)

Questions de cours (chapitre I)

1) Citez les différents droits subjectifs

2) quelle différence existe-t-il entre les droits extrapatrimoniaux et les droits patrimoniaux ?

3) Donnez un exemple : de droit extrapatrimonial de première génération (en indiquant pour ce cas un texte sur
le plan civil et un autre sur le plan pénal qui permet de le protéger), de seconde génération, de troisième
génération, de quatrième génération

4) Citez un droit extrapatrimonial propre à la femme, un droit extrapatrimonial propre à l’enfant

5) L’acte de naissance, le diplôme, l’adoption, la reconnaissance d’un enfant, sont-ils des actes patrimoniaux ou
extrapatrimoniaux

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Chapitre II : Les droits patrimoniaux

Le patrimoine étant constitué de droits (droits subjectifs pouvant constituer la richesse ou l’actif) portant
sur des choses précises -et des obligations-, il convient d’abord d’aborder dans ce cadre les choses ou biens sur
lesquelles portent ces droits patrimoniaux ou pas, c’est-à-dire les choses qui font ou pas l’objet de droits
extrapatrimoniaux (section I), avant de voir les différents types de droits patrimoniaux concernés (section II).

Section I : Les choses ou biens objet de droits patrimoniaux ou non

Parmi les choses ou biens sur lesquelles portent les droits extrapatrimoniaux, il existe les choses ou biens
classiques qui sont susceptibles d’appropriation (paragraphe I) et des biens spécifiques qui ont un régime particulier
et qui, de ce fait, peuvent ne pas faire par principe l’objet d’une insertion dans le patrimoine comme objet de droit
(paragraphe II).

Paragraphe I : Les choses ou biens classiques : les biens susceptibles d’appropriation

Selon l’article 516 du Code Civil, tous les biens sont meubles (A) ou immeubles (B). Cette distinction est
intéressante parce que la nature (mobilière ou immobilière) du bien détermine la nature de la sûreté. Ainsi par
exemple, les nantissements et les gages ne portent que sur les meubles alors que l’hypothèque ne porte que sur les
immeubles, De même, elle permet de comprendre et cerner les contours du régime applicable à certains actes
juridiques, du moins dans certains aspects comme la conclusion de l’acte. Ainsi par exemple, toutes les transactions
portant sur les immeubles sont passés par acte authentique alors que les transactions mobilières sont régies par le
principe du consensualisme. Toutes les autres classifications ne sont que secondaires ou subsidiaires (C) dans la
mesure où elles permettent simplement de décliner les différentes caractéristiques des biens meubles ou immeubles.

A) Les meubles

Le meuble par définition est un bien susceptible d’être déplacé soit par lui-même par l’action d’une force
extérieure. Cette définition est donnée par la doctrine car le code civil, en son article 527, se contente de disposer que
« les biens sont meubles par leur nature ou par la détermination de la loi ». Mais, u fond, on distingue donc les
meubles par nature (1), les meubles par anticipation (2) et les meubles par détermination de la loi (3).

1- Les meubles par nature

Ce sont des meubles qui répondent aux critères de la mobilité : exemple : un animal, une chaise. Ce sont des
biens qui peuvent être déplacés la différence de l’immeuble par nature qui ne peut pas être déplacé. Il s’agit ici des
meubles corporels.

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2- Les meubles par anticipation

C’est une qualification jurisprudentielle. Un meuble par anticipation est en principe, un immeuble par nature
fictivement qualifié de meuble parce qu’il est destinée à être détaché du sol. Une récolte sur pied est un immeuble
par nature, les fruits récoltés sont des meubles par nature. Mais des fruits à récolter sont des meubles par anticipation.
De même un arbre est un immeuble par nature tandis qu’un arbre abattu est un meuble par nature. Mais un arbre à
abattre est un meuble par anticipation.

3- Les meubles par détermination de la loi

Les meubles par l’objet auquel ils s’appliquent ne doivent pas être confondus avec les meubles par
détermination de la loi. Ce sont des biens qui sont meubles parce qu’ils ne sont pas immeubles. Ils sont meubles du
seul fait de la volonté du législateur. C’est le cas du fonds de commerce et du droit de créance qu’elle soit mobilière
ou immobilière.

B) Les immeubles

L’article 517 du code civil dispose que : « les biens sont immeubles ou par leur nature ou par leur destination
ou par l’objet auxquels ils s’appliquent ». Cet article permet de distinguer trois catégories d’immeubles : les
immeubles par nature (1), les immeubles par destination (2) et les immeubles par l’objet auxquels ils s’appliquent
(3).

1- Les immeubles par nature

Est immeuble par nature le bien qui est insusceptible d’être déplacée soit par lui-même ou par l’action d’une
force extérieure. Ce sont des biens qui répondent au critère de la fixité.

Constitue donc un immeuble par nature : le fond de terre (il est constitué de la surface au-dessus du sol et du
dessous du sol), les bâtiments (les maisons, les barrages etc., chose liée avec le sol), les végétaux sont immeubles par
nature en raison de leur incorporation physique au sol par leurs racines, les fruits encore rattachés à l’arbre, les
récoltes pendantes par les racines et les fruits des arbres non encore cueillis sont des immeubles par nature.

2- Les immeubles par destination

Un immeuble par destination est un meuble par nature fictivement qualifié d’immeuble parce qu’affecté à
l’exploitation d’un immeuble. La théorie des immeubles par destination est destinée à protéger les créanciers du
propriétaire de l’immeuble. Pratiquant une saisie immobilière, ils peuvent inclure dans l’assiette la saisie des meubles
immobilisés. De même le créancier hypothécaire peut inclure dans l’assiette de l’hypothèque les meubles affectés à
l’exploitation de l’immeuble hypothéqué. Les conditions de l’immobilisation des meubles sont au nombre de deux à
savoir : l’unité de propriété (a) et le rapport de destination (b).

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a) L’unité de propriété des deux biens

Pour que le meuble soit immobilisé il faut que le meuble et l’immeuble appartiennent au même propriétaire.
Si le meuble appartient à une personne autre que le propriétaire de l’immeuble, il ne devient jamais un immeuble par
destination. En effet le but visé étant de permettre au créancier d’étendre la saisie immobilière au meuble affecté à
l’exploitation de l’immeuble saisi, il faut absolument que le débiteur saisi soit propriétaire des deux biens car, la
saisie de la chose d’autrui est nulle.

b) Le rapport de destination

Il doit être établi par le propriétaire des deux biens. Le meuble doit servir, effectivement, à l’exploitation de
l’immeuble. Si celui-ci est simplement déposé ou abandonné sur un fonds de terre, il ne devient pas un immeuble par
destination de ce fonds. En outre, le propriétaire doit avoir l’intention d’affecter le meuble à l’exploitation de
l’immeuble. La détermination de cette intention peut poser quelques difficultés puisqu’elle impose une exploration
psychologique. Le législateur a donné quelques indices permettant d’établir la preuve de cette intention. Ce sont
notamment : le critère de l’attache à perpétuel demeure (immeubles dans lesquels l’on décèle une destination
somptuaire ou ornementale, et ici, le meuble doit être fixé par l’immeuble de façon apparente et durable -les meubles
scellés en plâtre ou à chaux ou encore à ciment et qui ne peuvent être détachés sans fracturer ou déterminé le meuble
ou immeuble), le critère de la destination commerciale (constitue un immeuble par destination les meubles affectés à
l’exploitation d’un établissement commercial -tables et les bancs dans les amphis et salles de classe d’une université
privée affectés à l’exploitation de ces amphis et salles-), la destination agricole (ensemble des biens affectés à une
exploitation agricole- animaux attachés à la culture comme les bœufs de labour, les semences, les ruches de miel
etc.), la destination industrielle (ustensiles nécessaires à l’exploitation des forges, des papeteries et usines).

L’immobilisation des meubles cesse dès lors que le meuble est détaché de l’immeuble ou lorsque le
propriétaire dispose séparément des deux biens. La seule intention du propriétaire est insuffisante. Lorsque le meuble
est encore rattaché à l’immeuble, la seule volonté du propriétaire ne suffira pas à mettre fin à l’immobilisation du
meuble.

3- Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent

Ce sont les droits réels immobiliers c’est-à-dire l’ensemble des droits portant sur l’immeuble. Il s’agit
notamment, des servitudes, du droit d’usage et l’usufruit des immeubles. Ce sont également des actions en justice
tendant à revendiquer un immeuble. Il peut s’agir dans ce cas d’action possessoire que sont la complainte, la
réintégrande et la dénonciation de nouvelles œuvres etc.

C) Les classifications secondaires ou subsidiaires

Tous les biens meules ou immeubles peuvent constitués : soit des choses fongibles ou choses de genre (choses
ou biens interchangeables comme l’argent), soit des corps certains (choses ou biens individualisés comme tel bien
particulier ou bien spécifié- dans le dépôt, c’est le même bien qu’il faut rendre et dans la vente c’est le bien spécifié
qu’il faut livrer); soit des biens consomptibles (qui se consomme et disparaît avec l’usage qu’on en fait), soit des

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biens non consomptibles ou biens de capitalisation (qui se conserve dans une perspective de transmission héréditaire
ou après une longue période –bien qui fait l’objet d’une rente viagère ou un contrat de capitalisation-), soit des biens
corporels (qui a une existence physique), soit des biens incorporels (qui n’a pas d’existence physique –créance,
compte droits de propriété, droits intellectuels –relevant soit des droits d’auteurs ou des droits voisins, soit des
droits de la propriété industrielle- données informatiques, matériel biologique –d’origine animale ou végétale- utilisé
par l’industrie biotechnologique… par exemple-).

Paragraphe II : Les biens ou choses insusceptibles d’appropriation individuelle

Il est possible de citer ici les biens du domaine public (A) et les biens ou choses protégées (B).

A) Les biens du domaine public

Il s’agit de manière classique des biens de l’État comme les biens du domaine public insusceptible
d’appropriation privée, en plus d’être inaliénables, insaisissables, imprescriptibles sauf concession donnée à un
particulier, conformément à l’article 2 de l’Ordonnance n°72-2 du 6 juillet 1974 fixant le régime domanial. C’est en
partie en vertu de ces dispositions que l’Etat bénéficie d’une immunité d’exécution –forcée- (protection contre
l’exécution forcée ou la saisie) sur les biens qu’il gère.

B) Les biens ou choses protégées

Il s’agit des biens ou choses que les lois particulières rendent insusceptibles d’appropriation, en les mettant
hors du commerce. L’on pourrait notamment citer les organes et tout élément lié au corps humain qui sont rendu
indisponibles par la législation aussi bien international que nationale (interdiction de trafic d’organe par exemple), ou
encore des espèces fauniques ou végétale précise (éléphant..).

Section II : La typologie des droits patrimoniaux: les différents droits patrimoniaux

Ici, le droit objectif autorise ou permet de se laisser présenter comme un modèle d’expression de normes ou
de prérogatives qui émane du sujet (d’où l’idée de « droit subjectif ») par rapport aux biens ou choses du
patrimoine (droits –subjectifs-patrimoniaux) et en considération des rapports qu’il a avec eux, à destination de tous
les autres sujets qui doivent le respecter (le sujet étant habileté par le droit objectif à faire la « loi » sur ses biens ou
son patrimoine). Comme relevé précédemment, le droit peut donc fixer la loi (règle ou norme qu’elle établit) dans
deux sens : dans un sens objectif (s’agissant du droit objectif) pour régler d’une manière générale les rapports
relevant de plusieurs domaines de la vie sociale entre les sujets ou entre le sujet et son environnement en dictant ce
qui doit être impérativement respecté, et dans un sens subjectif (s’agissant du droit subjectif) pour prévoir les

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propriétés (attributs ou prérogatives) du sujet dans ses rapports avec les autres comme ce qui doit être
impérativement respecté. Il est cependant question ici, s’agissant des droits subjectifs patrimoniaux, des propriétés,
attributs ou prérogatives, du sujet qui découlent de ses liens avec les biens ou choses de son patrimoine ; ces
propriétés devant elles aussi être impérativement regardées comme naturellement respectable.

Ainsi, contrairement au droit objectif constitué des règles objectives alors regardées comme émanant d’une
autorité, volonté, source formelle ou réelle extérieure (indépendamment ou en dehors du sujet) pour s’imposer à tous
et traduisant ainsi l’expression du contenu des sources du droit positif (posé comme seul valide) applicable dans des
matières ou domaines (politique, économique, social…) variées des relations humaines (droit civil, droit des contrats,
droit de la famille…), le droit subjectif quant à lui, et notamment le droit extrapatrimoniaux consacrés par le droit
objectif, renvoie à un ensemble constitué essentiellement par « le droit au respect de ceci sur tel bien ou telle chose »
(symétriquement, le droit du sujet au respect de ceci sur tel bien ou telle chose) ou alors « le droit au respect de tel
élément en rapport avec le patrimoine » (symétriquement, le droit du sujet au respect de tel élément en rapport avec
le patrimoine), que l’on résume synthétiquement d’une manière générale en ce qui concerne les droits subjectifs
(extrapatrimoniaux ou patrimoniaux) par le « droit à…. ».

Il existe deux types ou catégories de droits subjectifs : les droits personnels qui se résument à des
obligations ou droits de créance (paragraphe I) et les droits réels (paragraphe II).

Paragraphe I : Les droits personnels ou droits de créance : les obligations

Les droits personnels de la personne ou de tout sujet de droit, encore considéré comme le droit subjectif
patrimonial (qu’il est possible de ranger dans un patrimoine ou dans un compte) pour le créancier d’exiger du
débiteur l’exécution de son engagement, constitue ce que l’on appelle « obligation » au sens purement juridique
du terme. Ainsi considéré, le droit personnel, droit subjectif d’une première personne qui est ici le créancier, de
revendiquer quelque chose (exécution ou respect d’un engagement) à une autre qui est ici le débiteur, a alors deux
faces. Le nom des faces de l’obligation ou droit personnel dans le patrimoine (ou d’un compte) d’une personne
physique ou morale varie suivant que l’on se situe du côté du créancier, titulaire du droit personnel qui est celui qui
revendique, ou que l’on se trouve dans la position du débiteur qui est ici celui qui doit exécuter et qui est poursuivi.
Une même obligation sera alors dans le patrimoine du créancier une créance (un actif) et dans son compte elle
sera inscrite au crédit du compte. Or, la même obligation dans le patrimoine du débiteur sera une dette (un passif)
et dans son compte elle sera inscrite dans la colonne débit du compte.

Ce qu’il convient de retenir ici est que le droit personnel est en fait l’obligation (en tant que créance, actif ou
crédit du côté créancier et dette, passif ou débit du côté du débiteur), que l’on peut classer dans un patrimoine ou
dans la colonne d’un compte d’une personne physique ou morale.

Le droit (ensemble de règles) régit ou encadre tout le cycle de vie de l’obligation en fixant d’une manière
générale ou commune à toutes les formes d’obligations ou de droits réels des règles (A) qui prescrivent comment
faire naitre, vivre ou exécuter et éteindre une obligation. Il existe cependant des règles particulières, c’est-à-dire un
régime spécifique à chaque forme (ou catégorie) d’obligation (B), qu’il s’agisse des obligations contractuelles ou des
obligations extracontractuelles.

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A) Les règles communes à toutes les obligations : Le droit commun –règles générales -des obligations

Les règles communes de l’obligation prescrivent les dispositions à respecter dans le cadre de la naissance (1),
de la vie ou de l’exécution (2) et de l’extinction de l’obligation (3) de ladite obligation ou droit personnel (du
créancier contre le débiteur).

1- La naissance des obligations ou droits personnels

Il convient de préciser ici que les convient visées dans ce cadre doivent avoir les caractéristiques suivantes :

- elle requiert ou exige un créancier -de l’obligation- (ceci fait ressortir le caractère du personnel de
l’obligation vis-à-vis du débiteur) ;

- elle doit être possible (par opposition à l’obligation impossible qui ne peut pas être exécutée) ;

- elle doit avoir un caractère patrimonial c.-à-d. qu’elle doit exister dans un patrimoine en faisant partir
du patrimoine soit du créancier (comme actif ou créance), soit du débiteur (comme passif ou dette), tout en
portant sur les intérêts pécuniaires de ces personnes (elles sont ainsi différentes des obligations
extrapatrimoniales c.-à-d. qu’on ne peut pas évaluer en argent). N.B. : Ce caractère soit un peu atténué pour le cas de
certaines obligations, en l’occurrence les obligations résultant des actes unilatéraux.

L’ « obligation » en droit se définit comme un lien de droit (lien juridique ou rapport obligatoire entre un
passif et actif) qui unit un ou plusieurs débiteurs à un ou plusieurs créanciers.

L’étude de la naissance de l’obligation passe par l’identification de ses sources (a), les modalités qui peuvent
l’affecter (b) dès sa création, son origine ou sa naissance, pour lui donner une certaine nature qui facilitera parfois la
preuve (c) irréfutable de son existence en cas de contestation.

a) La source des obligations

L’obligation peut naître d’un acte juridique (i) ou d’un fait juridique (ii).

i- L’acte juridique

Il en existe plusieurs : l’acte juridique unilatéral et l’acte juridique bilatéral ou multilatéral, le contrat.

- L’acte juridique unilatéral :

L’acte juridique unilatéral est une manifestation de volonté émanant d’un individu qui entend créer certains
droits patrimoniaux au profit d’une autre, sans le secours d’aucune autre volonté, bien que les obligations, même à
caractère patrimonial, susceptible d’être créées ici ne seraient généralement pas transmissibles. Il existe plusieurs
catégories d’actes juridiques unilatéraux : ceux qui sont régis par d’autres réglementations, c’est-à-dire une

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réglementation autre que les droits des obligations (notamment l’acte administratif unilatéral), d’autres par contre
existent en Droit commun des obligations et surtout dans les droits spéciaux de contrat (des actes intervenant dans
la résiliation du contrat successif à durée déterminée comme le congé donné par le bailleur ou le locataire dans un
contrat de bail ; en droit du travail, le licenciement ou la démission du salarié).

N.B. : Il faut dire en conclusion que bien que portant sur un patrimoine, les obligations créées par les actes –
unilatéraux- dont il est question ici ne en principe pas transmissibles. D’où leur caractère extrapatrimonial d’autant
plus qu’elles sont créées en considération de la seule personne au profit de laquelle elles sont créées.

- L’acte juridique bilatéral ou multilatéral : le contrat –pour soit même-:

Le contrat constitue l’un des rouages de la vie quel que soit l’époque ou la société. Il s’agit, selon l’article
1101 du code civil, d’une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’engagent avec une ou plusieurs autres
à donner ou à faire ou à ne pas faire quelque chose. Son régime fait état de ce que pour sa formation, il faut, après la
phase précontractuelle (de négociation, du recours éventuel aux avant-contrats comme le pacte de préférence ou la
promesse de vente), respecter les conditions de fond (capacité de la personne qui contracte ou sa représentation ou
alors son assistance en cas de minorité, le consentement exempt de vice comme le dol, l’erreur et la violence, la
licéité de l’objet et de la cause du contrat, ainsi que la conformité du contrat à l’ordre public et aux bonne mœurs),
les conditions de forme (qui est en principe libre, sous réserve des cas exceptionnels où le législateur impose ou
exige le respect d’une forme précise comme la forme authentique pour les contrats qui ont pour objet un immeuble).
Le non-respect de ces conditions étant sanctionné soit par : la nullité qui peut être absolue (lorsqu’il y a violation
des règles visant à protéger l’intérêt général, c.-à-d. la violation des règles relatives au contenu du contrat -non-
respect des règles concernant l’objet ou la cause du contrat-) ou relative (est prononcée à la suite de la violation des
règles visant à protéger certaines personnes -les incapables- ou d’une manière générale les faibles –en cas de vices de
consentement par violence, dol ou erreur-) qui peut être contourné par la régularisation, la confirmation ou la
réfaction –du contrat exposé à la nullité-, l’inopposabilité (sanction qui frappe un acte solennel qui n’a pas respecté,
pour sa formation l’accomplissement de certaines formalités notamment celle de publicité, et qui permet ainsi aux
tiers d’écarter les effets de l’opération (du contrat) en cause à leur égard), la rescision –pour cause de lésion
(préjudice subi par l’un des contractants du fait du déséquilibre existant au moment de la formation du contrat entre
les prestations- par exemple lorsque le vendeur est lésé de plus de 7/12 ou reçoit un lot inférieur à 5/12 de la valeur
de l’immeuble-).

- Le contrat pour autrui :

Il s’agit d’une catégorie qui doit respecter pour sa formation le régime qui vient d’être présenté. Il peut s’agir
du contrat de mandat ou de représentation (qui procède juridique qui permet à une personne, le représentant, d’agir
aux lieux et placer d’une autre personne, le représenté de manière possible: la représentation parfaite – où le
représentant indique bien qu’il représente- et la représentation imparfaite –où le représentant ne le fait pas-), la
stipulation pour autrui (c’est une convention qui confère un droit à une personne qui n’est ni partie, ni représentée à
une convention. Dans cette convention, le promettant s’engage au profit, nom du seul stipulant, mais à celui d’un
tiers qu’on appelle tiers qu’on appelle tiers-bénéficiaire), la promesse pour autrui ou promesse de porte-fort
(engagement personnel -promesse du promettant- à l’égard de son cocontractant qu’un tiers ratifiera –promesse de
porte-fort de ratification- ou exécutera – promesse de porte-fort d’exécution- à un engagement déterminé).

- sous-contrat :

C’est un contrat qui se greffe sur un autre (ce second est dit principal) de telle sorte que le premier est
étroitement lié au second.

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- Les accords collectifs :

Les accords collectifs sont des accords entre plusieurs personnes, plusieurs groupes des personnes dont la
conclusion suppose généralement l’intervention de l’autorité publique (convention collective, accord professionnels,
interprofessionnels, accord d’entreprise,…).

ii- Les faits juridiques

Le fait juridique est soit un événement social ou un phénomène de la nature (fait naturel) soit un fait
intentionnel ou non (agissement) de l’homme, auquel la loi attache une conséquence juridique (à l’instar de
l’question d’un ou, pour ce qui non concerne de la création d’une obligation) ce fait surviendra alors en dehors de
tout échange de consentement entre des personnes ou de toute manifestation de volonté destine à créer les obligations
sur la base d’un acte. Ainsi, l’auteur du fait juridique peut ne pas avoir nécessairement recherché la survenance du
fait, ce qui importe ici est que ce fait doit être survenu en dehors de tout contrat (cas de l’hypothèse où un dommage
est causé au moment de la formation du contrat). L’hypothèse où un dommage est causé en dehors de toute
manifestation de volonté.

Dans le cadre de cette partie, seul seront abordés les faits juridiques créateurs d’obligation qui résultent des
agissements volontaire ou involontaire de l’homme, à l’instar des quasi – contrats constitué de fait volontaire licite
(la gestion d’affaire) et des faits volontaires illicites (répétition de l’individu et l’enrichissement sans cause). En
dehors des quasi – contrats, il existe d’autres faits illicites, notamment les délits et les quasi – délits (faits
involontaires illicites).

- Les quasi-contrats :

Les quasi – contrats sont, selon l’art. 1371 du cc des faits purement volontaires de l’homme dont il résulte un
engagement quelconque de l’homme envers un tiers et quelque fois un engagement réciproque des parties. Ils
peuvent être licite à l’instar de la gestion d’affaire (acte par lequel une personne, le gérant de l’affaire, s’immisce
dans les affaires d’une autre -le géré ou maitre de l’affaire- en général absent au moment de la gestion de son affaire
sans avoir reçu mandat -procuration- de celle –ci et ou lui rendre service) qui créé l’obligation pour le gérant de
poursuivre la gestion de manière raisonnable et efficace et pour le géré ou maître d’indemniser le gérant pour les
dépenses engagées dans le cadre de la gestion, ou illicite ce sera notamment le cas de la répétition de l’indu
(lorsqu’une personne accomplie au profit d’une autre une prestation que cette dernière ne devait ou ne pouvait exiger
soit parce qu’il s’est trompé de créancier-indu relatif ou subjectif-, soit parce qu’il s’est acquitté d’une dette qui
n’existe pas ou plus –indu absolu) qui créé l’obligation de restituer ce qui a été perçu indûment, et de
l’enrichissement sans cause (accroissement du patrimoine d’une personne -l’enrichi ou l’accipiens- du fait d’un
enrichissement provenant corrélativement de l’appauvrissement du patrimoine d’une autre personne -appauvri ou le
solvens-) qui créé l’obligation pour l’enrichi sans cause d’indemniser l’appauvri.

- Le délit et le quasi-délit ou faits générateur de responsabilité civile (délictuelle et quasi-délictuelle) :

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Le délit est un fait (agissement fautif ou non fautif, illicite volontaire c.-à-d. voulu par l’homme qui a causé ou
qui est de nature à causer un dommage ou préjudice à une autre personne). C’est la consécration en droit du devoir
morale ou général de ne pas nuire à autrui. Le quasi-délit est un fait involontaire.

Il convient de noter que les délits et quasi-délits comme fait générateur de responsabilité civile délictuelle et
quasi-délictuelle) reposait exclusivement sur l’idée soit de la faute ou du fait soit personnel, soit d’autrui (une
personne dont on a la garde, c’est-à-dire que les enfants mineurs qui vont créer une obligation à la charge de leurs
parents par leurs faits dommageables, les apprentis et les élèves qui, par leur fait créent respectivement à a charge des
artisanats et des instituteurs une obligation de réparer pendant que les premiers sont sans la surveillance des seconds,
les domestiques et les préposés qui créent à la charge des maitres par leur fait dommageable une obligation de répare,
et d’une manière générale, celui sur qui l’on a au pouvoir d’éducation ou de surveillance, d’orienter soit alors du
contrôle de l’activité, ou d’une personne dont l’on la garde temporaire ou intermittent), soit d’une chose (dont est
gardien ou propriétaire). Par la suite, après la révolution industrielle, le risque (qu’on crée par notre activité ou dont
on tire profit et la garantie (du dommage que la chose dont on est propriétaire ou gardien juridiquement) sont
apparues comme de nouveaux fondements, puisque la preuve de la faute ou du fait dommageable imputable à une
personne devenait difficile.

Cependant, l’idée de faute apparaît toujours derrière le risque dans la mesure où, concernant le risque, que le
chef d’entreprise commet une faute en ne prenant pas toutes les mesures pour que l’activité (à risque) qu’il créé ou
dont il bénéficie ne soit pas une source de dommage. Il en est de même de la garantie derrière laquelle la faute
transparaît dans la mesure où le propriétaire ou le gardien (d’une personne ou d’une chose) ne prend pas toutes les
mesures pour éviter que le fait d’une personne dont il doit répondre ou d’une chose dont il a la garde ne soit source
de dommage.

b) L’affectation de modalités aux obligations et la preuve des obligations

Les modalités qui peuvent être affectées à l’obligations sont : celle liée soit à son existence (la condition qui
est un événement futur et incertain dont dépend la naissance –condition suspensif- ou l’extinction –condition
extinctive ou résolutoire-), à son exécution (le terme qui est un événement futur et certain dont dépend l’exigibilité –
terme suspensif- ou l’extinction –terme extinctif- de l’obligation), soit à la pluralité des objets (obligations soit
conjonctives – qui comporte plusieurs objets de telle sorte que débiteur doit cumulativement au créancier, en vertu
d’une seule obligation, plusieurs prestations-, soit alternatives ou disjonctives – qui ont plusieurs objets, de sorte que
le débiteur, pour se libérer, ne doit exécuter qu’un seul objet-, soit facultative –qui objet unique de telle sorte que le
débiteur doit en principe le fournir, mais ce dernier peut se libérer s’il le préfère par une autre prestation-), soit à la
pluralité de sujets (obligations conjointes - celle qui comportent soit plusieurs créanciers, soit plusieurs débiteurs
entre lesquels l’obligation se divise activement entre créancier ou passivement entre débiteurs, de telle sorte que
chaque créancier n’a le droit de réclamer qu’une part-solidaire soit activement - lorsque chacun des créanciers est en
droit de réclamer au débiteur ou même la totalité de la dette-, soit passivement –lorsque le créancier peut poursuivre
n’importe quel débiteur pour le paiement intégral de la dette-, in solidum – dans le même sens que la solidarité
passive la responsabilité civile de plusieurs auteurs ou de plusieurs responsables du dommage-, indivisibilité - qualité
d’une obligation qui ne peut être divisée).

c) La preuve des obligations (voir infra la preuve des droits subjectifs).

2- L’existence ou la vie des obligations ou droits personnels : l’exécution de l’obligation

L’obligation peut être exécutée soit indépendamment de toute idée de sanction (a) soit à titre de sanction (b).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

a) L’exécution de l’obligation indépendamment de toute idée de sanction

Cette hypothèse concerne surtout les obligations contractuelles et dans une certaine mesure les obligations
quasi-contractuelle comme la gestion d’affaires. Dans cette hypothèse, l’obligation peut être exécutée en l’absence
d’incidence (i) ou en présence d’incident (ii).

i- L’exécution de l’obligation en l’absence d’incident

Ici l’obligation sera exécutée dans le respect de la volonté exprimée (par rapport à l’engagement contractuel
ou à celle résultant de la gestion d’affaire), conformément à certaines modalités (l’exécution de bonne foi –avec
loyauté et parfois collaboration ou coopération, avec prudence et diligence, en bon père de famille…).

ii- l’exécution de l’obligation en présence d’incidents : cas particulier de la survenance d’incident pouvant
perturber l’exécution du contrat

Les événements pouvant perturbés l’exécution du contrat sont de plusieurs ordres : la suspension (en cas
d’événement qui empêche temporairement ou momentanément l’exécution du contrat -par une partie ou toutes les
parties selon le cas- avec possibilité pour les parties de gérer ces évènements), la modification du contrat
(changement des circonstances qui existaient au moment de la convention, soit du fait de la loi -c’est la loi nouvelle
qui eut prévoir qu’elle va régir les situations qui existaient avant son entrée en vigueur-, soit du fait du juge -saisit
par l’une des parties en cas de changement des circonstances originelles entrainant un déséquilibre qui confère les
droits plus importants à l’une des parties-, soit par les parties -d’un commun accord ou lorsque la loi le prévoit à
l’instar du droit de travail, avec possibilité pour les parties de recouvrir dans un esprit de collaboration, de
coopération relevant de la bonne foi à des clauses d’adaptions du contrat aux nouvelles circonstances -à l’instar, de la
clause d’indexation-, ou à des clauses de négociation -à l’instar de la clause de hardship ou de sauvegarde, ou de la
clause de force majeur-) l’interprétation (en cas d’incompréhension avec possibilité de procéder à une interprétation
conventionnelle, légale ou judicaire) et la simulation du contrat (en cas d’ apparence ou secret dans la mesure où les
parties dissimulent leur volonté réelle de contracter, on sera donc ici en présence de deux situations contractuelle
l’une mensongère et visible et l’autre sincère mais secrète -la contre lettre- avec préférence donnée à celui qui
invoque l’acte de façade, car la contre lettre n’est pas faite pour profiter mais pour nuire).

b) L’exécution de l’obligation à titre de sanction d’un fait illicite contractuel ou extracontractuel : la


responsabilité civile ou obligation de réparer

Il existe un droit commun à la matière (i) et des régimes spéciaux (ii).

i- Le droit commun de la responsabilité civile

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

- Les différentes dimensions de la responsabilité civile ou nature de la responsabilité

La responsabilité civile ou obligation de réparer un dommage peut être :

• Délictuelle : lorsque la faute ou le fait qui a causé le dommage survient en dehors de toute exécution d’un
contrat ou d’un quasi-contrat (acte dommageable survenu dans le cadre de la formation d’un contrat ; fait
dommageable causé par un tiers au contrat ; fait dommageable volontairement ou intentionnellement causé par une
personne avec qui il n’y a pas eu échange de consentement du fait d’un délit par exemple-fait personnelle, d’autrui
ou d’une chose) ;

• Contractuelle : lorsque l’acte dommageable est causé dans le cadre de l’exécution d’un contrat c.-à-d. à la
suite de l’inexécution du contrat (non-exécution totale ou partielle du contrat, retard dans l’exécution du contrat ;

• Quasi-contractuelle : lorsque le fait dommageable résulte d’un dommage causé dans le cadre d’un quasi-
contrat, c’est-à-dire résultant soit de la mauvaise exécution de la gestion d’affaire, soit de l’inexécution par le géré de
son obligation quasi-contractuelle, soit enfin de la perception de l’indu ou de l’enrichissement sans cause.

• Quasi-délictuelle : lorsqu’il s’agit d’un fait non intentionnel et que ce fait dommageable est posé dans les
mêmes conditions que le fait entrainant la responsabilité civile délictuelle.

- Le régime de la responsabilité civile

Le régime ou l’ensemble des règles portant sur de « l’obligation de réparer » le dommage (c’est-à-dire portant
sur la responsabilité civile) laisse apparaître qu’il existe des conditions (fait dommageable, dommage ou préjudice
d’ordre patrimonial ou extrapatrimonial et lien de causalité entre le fait dommageable et le dommage ou préjudice) et
pour la mise en œuvre de cette responsabilité et des effets qui découlent de cette responsabilité civile (réparation
intégrale du dommage par l’auteur ou responsable -celui sur qui pèse en définitive la charge de la réparation à l’instar
de l’auteur du dommage, l’assureur, les parents, le chef d’entreprise, le gardien…., sous réserve des limites
aménagées soit de manière conventionnelle –clause pénale, clause limitative de responsabilité…- soit de manière
légale –barème, forfait, plafonnement d’indemnité…-).

3- L’extinction des obligations ou droits personnels

L’extinction de l’obligation peut être pacifique (a), ou forcée (b).

a) L’extinction pacifique des obligations

L’extinction pacifique de l’obligation peut se faire par le débiteur sans transmission de l’obligation (i) ou à
travers un transfert total ou partiel de l’obligation, assimilable à une extinction au profit du créancier (ii).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

i- Extinction pacifique sans transmission de l’obligation

L’extinction pacifique sans transmission de l’obligation peut se faire par le paiement effectué par le paiement
fait par le débiteur au créancier ou par des modes d’extinction autre que le paiement.

- le paiement pur et simple du débiteur :

Le paiement, en sa qualité de mode d’extinction de l’obligation (assimilable ici à un fait correspondant à une
exécution de celle-ci), permet de relever d’une part qu’il existe des éléments préalables à tous paiement qui doivent
exister (les parties au paiement –débiteur ou solvens et créancier ou accipiens-, un objet qui est la chose due en
totalité, un instrument de paiement qui est la monnaie de paiement) afin de garantir l’effectivité du paiement, et
d’autre part que le droit lui réserve un régime particulier (qui comprend le respect des délais ou échéance de
paiement sauf délais de grâce accordé par le juge, du lieu de paiement –soit le lieu indiqué ou à défaut au domicile
du débiteur-, la prise en charge des frais ou charge liés au paiement par le débiteur - taxes ou de timbres, de
comptage, de pesage…-, la preuve du paiement et enfin la gestion des incidents de paiements, à l’instar du refus
d’accepter le paiement –défaut de conformité en qualité et en quantité par exemple- ou l’impossibilité de payer
notamment en procédant, d’abord à 1°une offre réelle de paiement de l’intégralité de la dette en principal et en
accessoires signifiée par voie d’huissier ou de notaire au lieu convenu pour le paiement, de sorte que si l’offre est
acceptée, le paiement est fait et l’officier peut ministériels -huissier ou notaire-, mais en cas de refus ou
d’impossibilités d’offres réelles, l’autre phase interviendra à savoir : 2°la consignation qui implique soit le
dessaisissement volontaire par le débiteur entre les mains d’un tiers -caisse de dépôt et de consignation-
consignataire de l’objet de son obligation, soit alors -pour les corps certains- la sommation faite par le débiteur au
créancier de procéder à l’enlèvement du bien au lieu de livraison de celui-ci , et, en l’absence de suite, le juge peut
autoriser le débiteur à mettre la chose en dépôt aux frais du créancier -les risques passeront à la charge du créancier,
tout comme le cours des intérêts sera arrêté, mais la chose reste la propriété du débiteur- ; ce ne sera qu’après un
jugement reconnaissant les offres bonnes et valables que le paiement sera acquis -en cas de validité, c’est le créancier
qui en supporte les frais-).

En guise d’effet, le paiement a d’abord un effet libératoire. En outre, les paiements fait par le débiteur
peuvent être imputés à plusieurs dettes soit par le débiteur, soit par le créancier, soit par la loi. Concernant l’effet
libératoire (du paiement), le paiement intégral (qui est censé satisfaire le créancier) libère le débiteur et les garants en
entraînant ainsi l’extinction de la dette avec tous ses éléments accessoires. En cas de pluralités des débiteurs, le
paiement intégral fait par l’un lui donne le droit de subrogé (remplacé) le créancier contre les autres débiteurs. Mais,
en cas de pluralités des dettes, une imputation (ou une affectation du ou des paiement (s) à certaines dettes s’impose,
notamment lorsque le débiteur a plus intérêt à s’acquitter d’une dette en particulier). Parfois enfin c’est le juge qui
impute, notamment lorsqu’il accorde un délai de grâce pour certaines dettes.

- L’extinction pacifique de l’obligation par des modes autres que le paiement : l’extinction pacifique en dehors du
paiement :

En dehors de tout payement, l’obligation peut s’éteindre soit par des modes qui permettent de satisfaire
indirectement ou de manière différée le créancier (à travers d’une part les modes d’extinction qui opèrent par
croisement –extinctif- ou fusion –extinctive- de créance, à savoir 1° la compensation - extinction simultanée de deux
obligations de même nature existant entre deux personnes réciproquement créancières et débitrices l’une de l’autre-

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

qui peut être légale –en cas de la réciprocité des dettes, de fongibilité entre des dettes qui ont de ce fait pour objet une
somme d’argent, ou une certaine quantité de choses fongibles de la même espèce, à moins qu’il ne s’agisse de
prestations en grains ou denrées dont le prix est réglée par une mercuriale, c’est-à-dire dont le prix est réglé par une
cotation officielle, la liquidité des créances, c’est-à-dire que le montant des créances doit être déterminé et non
contesté, l’exigibilité des dettes, puisque la compensation est une forme de paiement, tout ceci à moins qu’il ne
s’agisse de créances insaisissables qui constituent des obstacles à la compensation- conventionnelle ou judiciaire
ainsi que 2°la confusion - réunion sur la même tête des qualités de créancier et débiteur de la même obligation-, et
d’autre part qui opèrent par intervention d’un élément extérieur ou nouveau, à savoir, 1°la novation – opération
juridique par laquelle les parties décident de substituer une obligation nouvelle à une obligation préexistante-, 2° la
délégation -opération juridique par laquelle une personne, le délégué, s’oblige, sur l’instruction d’une autre personne,
le délégant, envers une troisième personne, le délégataire, cette délégation pouvant être imparfaite ou sans décharge
du délégant envers le délégataire, ou parfaite avec décharge du délégant accepté par le délégataire pour opérer
novation-), soit par des modes qui vont provoquer l’extinction de ladite obligation sans satisfaction du créancier
(remise de dette –diminution, allègement ou réduction - ou prescription extinctive –destruction-), soit pour toute
autre cause (comme la perte de la chose ou l’impossibilité d’exécuter l’obligation pour cause de force majeure ou le
cas fortuit, arrivée du terme extinctif, la déchéance, la résolution –en cas d’inexécution, les effets du jugement
résolutoire rétroagissent à la date du contrat et les parties doivent se restituer les prestations qu'elles se sont faites en
exécution de la convention depuis la signature du contrat- ou la résiliation –mode d’extinction porte, en cas
d’inexécution du contrat, essentiellement sur des contrats à exécution successive et ne met fin au contrat que pour
l’avenir-).

ii- L’extinction pacifique avec transmission -totale ou partielle- de l’obligation : l’extinction de l’obligation au
profit du créancier

L’extinction pacifique avec transmission -totale ou partielle- de l’obligation consiste soit pour le créancier à
faciliter l’extinction de l’obligation à son égard, soit pour le débiteur à faciliter l’extinction de la dette à l’égard du
créancier. Cette transmission peut passer soit par la cession de l’obligation, soit par le paiement avec subrogation.

- La cession de l’obligation :

Il peut s’agit : de la cession -à un prix plus faible le montant à recouvrer à titre de vente ou à titre de cession
en garantie- de créances (soit de droit commun ou civil –concernant notamment les titres représentatifs de parts
sociales de sociétés commerciales et autres créance civil- dont la formation respecte les conditions de formation de
tout contrat avec l’obligation de signifier de la cession au débiteur par voie d’huissier notamment ou d’acceptation
par le débiteur cédé de la cession dans un acte authentique pour avoir comme effet le transfert de la créance et de ses
accessoires -comme les sûretés par exemple, actions, titres…- du cédant -qui en garantie l’existence- au cessionnaire,
de sorte qu’en cas de cession partiel le paiement fait par le cédé apure le passif ou éteint la dette à hauteur de la
contribution proportionnelle de chacun à la dette conformément à ce qui a été convenu sans préférence avec
cependant possibilité pour le débiteur cédé d’opposer toutes les exceptions –incapacité, nullité, vice de
consentement…- qu’il pouvait opposer au cédant, soit des titres négociables comme les effets de commerce et autres
bordereaux professionnels du domaine des affaires, les valeurs mobilières, les droits intellectuels - qui bénéficie non
seulement de l’absence de formalité à respecter, mais aussi de l’inopposabilité des exceptions, ceci avec une
présomption de solidarité des cédants successifs –signataires- au profit du cessionnaire ou porteur) ou de la cession
de dette (renvoyant au fait qu’un débiteur transfère à une autre personne son obligation envers le créancier avec tous

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

ses caractères et ses accessoires –en notamment cas de décès du débiteur principal, de cession d’entreprise avec les
charges salariales, fiscales…, ou de cession de police d’assurance soit par tradition à tout porteur ou par
endossement, ou en blanc-) et la cession du contrat (acte ayant pour objet le remplacement d’une partie par un tiers
dans une relation contractuelle -cession du contrat d’assurance avec la chose assurée, cession d’un contrat de voyage
avant le début du voyage-).

- Le paiement avec subrogation :

Il s’agit d’une transmission de la créance du créancier à un tiers qui a payé ce créancier pour subroger (pour le
remplacer). Le subrogé étant celui qui remplace (celui qui paye et prend la place, le solvens) et le subrogeant celui
qui se fait remplacé (celui qui reçoit le payement, l’accipiens).

Ainsi, plusieurs hypothèses ou cas de subrogation sont possible notamment celle conventionnelle (soit voulue
par le créancier ou ex parte créditoris – réservée au créancier qui souhaite rentrer dans ses fonds, même lorsque la
créance n’est pas échue en prenant l’initiative de recevoir son paiement d’une tierce personne qu’il subroge dans ses
droits à travers un document appelé quittance subrogatoire, tout en gardant le débiteur étranger à l’opération, comme
c’est le cas dans le cadre de l’affacturage-, soit celle voulue ou consentie par le débiteur ou ex parte debitoris –
réservée au débiteur qui, désireux de s’acquitter de sa dette, emprunte à cette fin les fonds nécessaire auprès d’un
tiers qu’il subroge, dans les droits du créanciers à titre de garantit, par acte notarié qui doit constater l’acte d’emprunt
avec l’origine et destination des fonds empruntés, accompagnée d’une quittance de subrogation délivrée par l’ancien
créancier), ou légale (soit au profit d’un solvens débiteur de la dette payée -1°cas où la subrogation a lieu au profit
des codébiteurs et caution, c’est-à-dire au profit de celui qui, étant tenu pour d’autres ou avec d’autres au payement
de la dette, avait intérêt de l’acquitter ou par extension le cas où la subrogation a lieu au profit au profit des débiteurs
tenus avec d’autres, mais à titre personnel, ou encore du 2°cas de la subrogation qui a lieu au profit de l’acquéreur
d’un immeuble hypothéqué qui emploie le prix de son acquisition au payement des créanciers auxquels l’immeuble
est hypothéqué, ou encore du 3°cas où la subrogation a lieu au profit de l’assureur qui paie les DI dus par le
responsable-, soit au profit d’un solvens non débiteur de la dette payée -1°cas où la subrogation a lieu au profit d’un
créancier de rang préférable qui paye un autre créancier afin de bénéficier de son rang en raison de ses privilèges et
hypothèques, du 2°cas de subrogation qui a lieu au profit de l’héritier bénéficiaire qui a payé de ses deniers les dettes
de la succession et enfin du 3°cas de subrogation qui a lieu au profit de celui qui paie par intervention un effet de
commerce-) avec un régime bien aménagé (qui pose comme conditions le respect des conditions de tout contrat et un
payement constaté dans une quittance de payement, avec pour effet le transfert de la créance à hauteur de ce qui a été
payé –ainsi que des accessoires de la créance- avec effet extinctif à l’égard du créancier subrogeant ou accipiens à
hauteur du montant du payement, et possibilité d’opposition des exceptions qui pouvait être opposé au créancier par
rapport à la créance transmise).

b) L’extinction forcée des obligations

L’extinction forcée peut se faire lorsque l’inexécution persiste après l’échéance à respecter pour exécuter
pacifique. Et peut passer par des mesures individuelles dirigées contre les tiers en relation avec le débiteur ou contre
le débiteur lui-même (i), ou collectives (ii) en fonction de la gravité de la défaillance du débiteur

i- Dans le cadre individuelle :

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

- Les mesures individuelles dirigées contre les tiers –en relation avec le débiteur-

On les regroupe en deux catégories : les mesures conservatoires du créancier vis-à-vis des tiers en relation
avec le débiteur indépendamment de toute idée de fraude du débiteur –dont le recours ne requiert pas le respect
de la triple condition d’exigibilité d’une dette arrivée à échéance, de la liquidité d’une dette dont le montant est bien
déterminé, ou de la certitude d’une dette qui n’est pas contesté dans son principe- (simple saisie conservatoire –
dirigée par exemple contre la banquier ou tout dépositaire des biens du débiteur- ou action oblique –action exercée
par le créancier contre le débiteur de son débiteur négligent- qui profite à tous les créanciers en tant qu’elle permet de
reconstituer le patrimoine du débiteur) ou d’exécution –à fin exécutoire- du créancier vis-à-vis des tiers en relation
avec le débiteur -dont le recours requiert le respect de la triple condition d’exigibilité d’une dette arrivée à échéance,
de la liquidité d’une dette dont le montant est bien déterminé, ou de la certitude d’une dette qui n’est pas contesté
dans son principe avec obligation de présenter un titre exécutoire comme une décision de justice devenu définitive
ou tout acte justifiant le recours à la force pour recouvrer la créance ou exécuter l’obligation (comme les saisie-
attribution de créance –notamment celle que le débiteur a contre une banque-, ou la saisie-vente des biens qui se
trouve chez un tiers) et l’action paulienne qui est une mesure conservatoire prise par le créancier à l’égard des
tiers en cas de la fraude du débiteur en complicité avec les tiers (action qui vise à rendre inopposable ou à
neutraliser tous les actes patrimoniaux qui ont un lien avec le patrimoine du débiteur- par exemple pour le diminuer-
frauduleux faits par le débiteur en complicité avec les tiers de manière à nuire au droit du créancier, de manière à ne
profiter qu’au créancier qui l’a intenté).

- Les mesures individuelles dirigées contre le débiteur : les procédures simplifiées de recouvrement et les voies
d’exécution forcée ou saisies des biens du débiteur

L’exercice par le créancier de ces prérogatives individuelles ou simplement, le recours aux mesures visées
ici est subordonné à certaines conditions (d’une part la mise en demeure préalable par acte –exploit- d’huissier à
l’instar d’une sommation à payer ou d’un protêt en matière commerciale qui constate le non-paiement à échéance
s’agissant des effets de commerce et d’autre part la disposition d’un titre exécutoire comme les décisions revêtues de
la formule exécutoires, les actes notariées revêtues de la formule exécutoire, les procès-verbaux de conciliation signé
par les juges et les parties, les sentences arbitrales et décisions étrangères exécutoires au Cameroun…). Une fois ces
conditions remplies, il peut exécuter ces mesures de plusieurs manières contre le débiteur (1°soit à travers
l’exercice du droit de gage général en menaçant de se faire payer sur les biens du débiteur –sous réserve du respect
de droits réels et privilèges de tout autre créancier sur les biens concernés-, 2°soit par des moyens d’action directs
par exécution en nature ou indirects qui consiste pour le juge à infliger une pénalité au débiteur afin d’exposer ce
dernier à éprouver un préjudice considérable chaque fois qu’il va refuser d’exécuter son obligation, 3° soit à travers
des mesures d’exécution forcée qui peuvent aussi être exercées au moyen d’une saisie-vente mobilière ou
immobilière –en guise de mesure qui permet de procéder à la vente des biens du débiteur pour satisfaire le créancier-
sous la réserve que la créance doit être liquide certaine et exigible et le créancier doit avoir un titre exécutoire , en
précisant que ces mesures d’exécution forcée peuvent également être prononcées au terme de procédure collective
d’apurement du passif demandé par les créanciers à l’encontre du débiteur insolvable ou en cessation de paiement ).

- Dans un cadre collectif : les procédures collectives de traitement des difficultés du débiteur

Elle est encadrée par l’AUPCAP de 2015. Elle vise à apurer le passif de l’entreprise d’une entreprise en
difficultés financière (faillite) débitrice à travers une procédure qui va rassembler les créanciers dans une masse qui
sera soumise à une certaine discipline, tout ceci dans le cadre d’une procédure judiciaire (devant le TGI).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Les difficultés doivent ainsi être détectées afin d’en connaître le niveau de gravité, par rapport à une notion
centrale qu’est la cessation des paiements (état où le débiteur se trouve dans l’impossibilité de faire face à son passif
exigible avec son actif disponible, à l’exclusion des situations où les réserves de crédit ou les délais de paiements
dont le débiteur bénéficie de la part de ses créanciers pour faire face à son passif exigible).Une fois les difficultés
détectées, il serait dès lors possible de mettre en œuvre, en fonction de leur importance, soit une procédure de
prévention consensuelle les difficultés sont simplement prévisibles (afin de trouver un accord de conciliation avec les
créancier qui vont éviter de graves difficulté à l’entreprise débitrice –avec l’aide d’un expert-), soit une procédure de
prévention judiciaire à travers un règlement préventif (arrêté à travers un concordat préventif entre le débiteur et ses
créancier avec l’aide un expert –l’expert au règlement préventif- avec possible intervention postérieur du syndic sous
le regard bienveillant du juge-commissaire) si les difficultés sont sérieuses ou graves, mais sans que l’entreprise ne
soit en cessations des paiements (de sorte que si elles ne sont pas prises, l’entreprise entre en cessations des
paiements).

Lorsque soit les mesures préventives n’ont pas permis de remédier aux difficultés, soit les difficultés ne
peuvent pas être résolues par des procédures préventives parce qu’elles semblent plus graves (l’entreprise étant déjà
en cessation des paiements), les procédures les plus indiquées sont le redressement judiciaire de l’entreprise
(lorsqu’il est encore possible de sauver l’entreprise en cessation des paiements par une procédure de redressement au
moyen d’un concordat de redressement) ou la liquidation des biens de l’entreprise (lorsqu’il n’est plus possible de
sauver l’entreprise en cessation des paiements par une mesure quelconque).

B) Les règles particulières –spécifiques- ou régimes spéciaux des obligations

Les règles particulières ou spécifiques des droits personnels ou obligations varient en fonction de leurs
sources (contrats ou non). Elles peuvent être dans ce sens regroupées suivant qu’il s’agit des contrats, on parlera
alors ici de régimes spéciaux des contrats ou contrats spéciaux (1) ou qu’il s’agit des régimes spéciaux des
obligations extracontractuelles ou régimes spéciaux de responsabilité civile extracontractuelle (2)

1- Les contrats spéciaux

Les contrats pris de manière spécifique (au regard des règles qui leur sont applicable- leur régime-), peuvent
être regroupés en : contrats relatifs aux choses (a), des contrats relatifs aux services (b) ou d’autres formes de contrat
(c).

a) Les contrats relatifs aux choses

Dans ce groupe, il y a des contrats translatifs (qui ont pour effet de transférer) la propriété (i) et les contrats liés à
l’usage (conclus pour l’usage) d’une chose (ii).

i - contrats translatifs de propriété sur une chose

Les contrats translatifs (qui opèrent transfert ou conclus pour le transfert, c’est-à-dire pour céder) de propriété
sont : la vente et l’échange.

134
Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

* la vente

La vente qui est la convention par laquelle l'un (le vendeur) s'oblige à livrer une chose, et l'autre (l’acheteur
ou acquéreur) à la payer, peut, en fonction des règles applicable, être :

- civile ou de consommation : vente qui s’opère soit entre deux particuliers non professionnels, soit entre un
professionnel et un non professionnel (client profane ou consommateur pour qui la vente demeure civile) qui achète
pour des besoins de consommation (usage ou utilisation des produits pour satisfaire ses propres besoins et ceux des
personnes à sa charge et non pour les revendre, transformer ou les utiliser dans le cadre de sa profession, ou toute
personne qui bénéficie des prestations de service) régie par le code civil et les textes protégeant le consommateur;

- commerciale entre professionnels : vente faite par un professionnel (bien qu’à un client consommateur pour
qui le contrat est civil –n’étant pas commerçant-) ou entre professionnels, notamment commerçant et est régie par
l’AUDCG ;

- aux enchères publiques à la suite des opérations d’exécution forcée ou saisies : vente aux enchères qui est
parfois proche de la licitation (lorsque la vente aux enchères a un rapport avec un partage à terme), consiste dans une
vente publique d’un bien meuble ou immeuble, après une opération de saisie-vente qui est ici la vente forcée (dans le
cadre de l’exécution forcée), à travers l’offre d’une somme supérieure à la mise à prix ou à la précédente enchère qui
permet à celui qui l’a faite d’être déclaré adjudicataire, si cette offre n’est pas couverte par une enchère postérieure.
Elle est régie par l’AUVE.

-une cession des droits intellectuels comme les monopoles d’exploitations des œuvres intellectuelles relevant
des droits de la propriété littéraires et artistiques en tant que droits d’auteurs et droits voisins du droit d’auteur et
de la propriété industrielle : cession qui consiste, s’agissant des d’auteurs et droits voisins-les programmes
d’ordinateur y compris-, en la cession par les auteurs des dites œuvres, de leurs attributs juridiques d’ordre
patrimonial, c’est -à- dire en un contrat de cession des droits (soit de reproduction -« contrat d’édition »- qui a
une dimension de transfert de propriété consistant en la fabrication ou production assortit d’une obligation de
« publier ou de diffuser » de l’éditeur et du droit à rémunération à travers des « royalties » de l’auteur sous réserve
d’une réédition des comptes et « contrat à compte et demi » -pour la cession partielle des droits et le partage des
bénéfices- bien que le contrat à compte d’auteur soit un accord qui permet à un auteur de rémunérer l’éditeur
afin que celui-ci fabrique les exemplaires de son œuvre et en assure la diffusion, soit de transformation, soit
de distribution -qui accompagne toujours en général le contrat de cession des droits de production ou d’édition-, ou
encore en un contrat de cession des droits dans un cadre collectif avec la création des de sociétés –civiles- de
gestion des droits d’auteurs), s’agissant des droits sur des œuvres immatérielles ou incorporelles qui sont
susceptibles d’être utilisées ou exploitées en industrie (brevets d’invention de produit, de procédé ou d’utilisation,
le certificat d'obtention végétale, les modèles d’utilités, les schémas de configuration ou topographie, dessins et
modèles industriels, et les signes distinctifs comme les marques et les indications géographiques ), ils peuvent faire
l’objet de contrat de licence ou licence conventionnelle- consistant en une forme particulière de cession de
monopole d’exploitation qui n’implique pas l’aliénation du Brevet, certificat ou de la marque -représentatif du droit
sur l’œuvre intellectuelle dans le cadre de la propriété industrielle-, à travers une concession qui permet au titulaire
ou concédant, de céder au concessionnaire pour une durée précise (et parfois dans un espace précis), son monopole
d’exploitation.

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* l’échange :

Contrat par lequel les parties se donnent respectivement une chose pour une autre. L’échange peut concerner
l’échange de monnaie (le change), voire le service. En matière financière, il existe des échanges particuliers appelés
SWAP –proche des accords de compensation- qui consiste en l’échange soit des actifs (devises ou stock de
marchandise à vendre par chacune des parties), soit des flux d’intérêts liés à une opération sous-jacente selon un
échéancier déterminé (échange d’une dette en devise ou de livraison de marchandise –le premier livrant à la place
d’un autre un stock et se fait payer, tout en s’engageant à accepter plus tard les marchandises du second qu’il
vendra-, la devise ou la marchandise étant le sous-jacent).

L’échange obéit au régime de la vente, avec la seule réserve de l’absence de prix et le règlement des
disproportions entre les valeurs échangées.

ii- Les contrats liés à l’usage d’une chose

Dans cette catégorie de contrats, l’on distingue le contrat de bail ou louage de chose, d’autres types de
contrats relatifs à l’usage d’une chose

* contrat de bail à loyer ou contrat de louage de chose :

Le contrat de bail peut se décliner en :

- bail ordinaire : contrat par lequel l'une des parties s'oblige à faire jouir l'autre d'une chose pendant un
certain temps, et moyennant un certain prix que celle-ci s'oblige de lui payer. S’il s’agit par exemple d’un immeuble,
l’usage pour lequel la chose est louée peut être l’habitation.

- contrat de bail spécial d’une part comme les baux ruraux (relatif aux exploitations agricoles ou
pastorales) comme le bail à ferme (louage d’un fonds rural moyennant une redevance appelée fermage, fixée d’après
le cours des denrées et à verser soit en espèces, soit en nature, suivant la convention des parties), le bail à cheptel –
bail ou louage qui porte sur le bétail ou les bêtes d’une ferme ou exploitation agricole-(contrat par lequel l'une des
parties donne à l'autre un fonds de bétail pour le garder, le nourrir et le soigner, sous les conditions convenues entre
elles qui peut se décliner 1°en cheptel simple ou ordinaire-contrat par lequel on donne à un autre sans transfert de
propriété des bestiaux à garder, nourrir et soigner, à condition que le preneur profitera de la moitié du croît, et qu'il
supportera aussi la moitié de la perte numérique- 2°en cheptel à moitié - une société dans laquelle chacun des
contractants fournit la moitié des bestiaux, qui demeurent communs pour le profit ou pour la perte-, 3°en cheptel
donné au fermier-celui par lequel le propriétaire d'une métairie ou domaine exploité par un système de métayage la
donne à ferme, à la charge qu'à l'expiration du bail, le fermier laissera des bestiaux d'une valeur égale au prix de
l'estimation de ceux qu'il aura reçus- et en 4°contrat improprement appelé cheptel, lorsqu'une ou plusieurs vaches
sont données pour les loger et les nourrir, le bailleur en conserve la propriété, il a seulement le profit des veaux qui
en naissent), et d’autre part des baux relatif au monde des affaires (OHADA) comme le bail à usage professionnel
5convention, écrite ou non, entre une personne investie par la loi ou une convention du droit de donner en location
tout ou partie d’un immeuble compris dans le champ d’application du présent Titre, et une autre personne physique
ou morale, permettant à celle-ci, le preneur, d’exercer dans les lieux avec l’accord de celle-là, le bailleur, une activité
commerciale, industrielle, artisanale ou toute autre activité professionnelle), la location-gérance (convention par

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

laquelle le propriétaire du fonds de commerce, personne physique ou morale, en concède la location, en qualité de
bailleur, à une personne physique ou morale, locataire-gérant, qui l’exploite à ses risques et périls).

- contrat bail complexe comme la location-vente (contrat qui combine le bail et la vente -dans le respect des
dispositions sur la protection du consommateur au cas où le locataire est non professionnel-, par lequel un
propriétaire s’engage à transférer à autrui, le locataire, la propriété de la chose, après une période de jouissance à titre
onéreux), la location-accession à la propriété immobilière (contrat par lequel un vendeur s’engage envers un
accédant à lui transférer, suite à la manifestation ultérieure de sa volonté exprimée par lettre recommandée avec
accusé de réception et après une période de jouissance à titre onéreux, la propriété de tout ou partie d’un immeuble,
à compter de la date de levée d’option-déclaration par le bénéficiaire de la promesse unilatérale de vente de la
volonté d’acquérir l’immeuble ou de la partie de l’immeuble faisant l’objet du contrat-, moyennant le versement
d’une redevance –contrepartie du droit d’option de l’accédant comportant une partie correspondant aux droits de
l’accédant à la jouissance du logement et une partie correspondant au paiement anticipé du prix du logement), ou le
crédit-bail ou leasing (opération de crédit entre le crédit-bailleur qui est tout établissement de crédit ou de
microfinance qui acquiert le bien donné à bail auprès d’un fournisseur et le crédit-preneur qui est toute personne
physique ou morale qui utilise les biens loués pour les besoins de son activité professionnelle).

* Les autres contrats relatifs à l’usage d’une chose

- le prêt qui peut se décliner en prêt à usage ou commodat (contrat par lequel l’une des parties livre une chose
à l’autre pour s’en servir, à la charge par le preneur de la rendre après s’en être servi) ou consister en un prêt de
consommation ou mutuum (contrat par lequel l'une des parties livre à l'autre une certaine quantité de choses qui se
consomment par l'usage, à la charge par cette dernière loi en rendre autant de même espèce et qualité) ;

- le contrat de société (contrat de société qui permet de mettre en place une personne morale, se défini
comme un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent de mettre quelque chose en commun, dans la
vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter) qui peut se décliner en société civile (est celle qui est régie à la
fois par le Code civil et les textes particuliers -loi de 1997 sur la promotion immobilière s’agissant des promoteurs
immobiliers et des sociétés de construction, les textes particuliers applicables aux ordres professionnels –avocats,
notaires, huissiers de justice, notaires, experts comptables, ingénieur, architecte, médecin…, l’AUSCOOP s’agissant
des sociétés coopératives n’ayant pas un objet commercial, les sociétés collectives de gestion des droits d’auteurs et
droits voisin de l’art musical, des arts audiovisuels et photographiques, des arts graphiques et plastiques) ou en
société commerciale (l’AUSCGIE, sous réserve des dispositions propres à chaque société commerciale qui impose
des formalités particulières –notamment agrément parfois après avis ou avec le concours du régulateur comme la
COBAC pour les banques et microfinances, la CRCA pour les assurances, l’ART en matière de télécommunication
et l’ANTIC la sécurité informatique, les réseau et système d’information, la COSUMAF en matière financière…).

b) Les contrats relatifs aux services

Il peut s’agir du contrat de louage d’industrie qui renferme en son sein le contrat d’entreprise, de sous-traitance ou
sous-entreprise et le contrat de travail (i), le contrat de dépôt, de séquestre et le contrat de mandat (ii), ainsi que
d’autres contrat relatif à une prestation de service (iii).

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i- Le contrat de louage d’ouvrage et d’industrie : le contrat d’entreprise –ex-contrat de louage de service-, la


sous-entreprise –ou sous-traitance- et le contrat de travail – ex- contrat de louage des domestiques et ouvriers- :

*Le contrat d’entreprise –ou contrat de louage de service -marché privé ou contrat de travaux :
contrat par lequel une personne, l’entrepreneur, s’engage moyennant rémunération, à accomplir de manière
indépendante (à la différence du travailleur qui n’est pas indépendant mais subordonné ou dirigé), au profit d’un
autre, le maître d’ouvrage ou client, sans le représenter (différence avec le mandat puisque le maître d’ouvrage n’est
pas représenté par l’entrepreneur qui travailleur pour lui-même en ne réalisant matériellement –par des actes
matériels- et personnellement que l’ouvrage commandé par le maître d’ouvrage –en dehors de tout pouvoir de poser
des actes juridiques créateurs d’effets de droit établissant des charges ou obligation et droits personnels ou créance
voulus comme licites à l’instar de ceux du mandataire-). Il est possible que le maître d’ouvrage, qui passe la
commande du travail, conclu avec une autre personne, un autre contrat d’entreprise qui est cette fois un contrat de
maîtrise d’œuvre pour l’assistance dans la conclusion et/ou le contrôle de la réalisation ou de l’exécution du travail
par l’entrepreneur.

* La sous-entreprise ou la sous-traitance :
Contrat d’entreprise entre l’entrepreneur principal et une autre entreprise ou un autre entrepreneur par lequel cette
seconde entreprise, qui doit par principe être accepté par le maître d’ouvrage, va se substituer au entrepreneur
principal (prendre la place de -ou remplacer- l’entrepreneur principal) dans certaines de certaines tâches.

* le contrat de travail – ex- contrat de louage des domestiques et ouvriers- :


Convention par laquelle un travailleur s’engage à mettre son activité professionnelle sous l’autorité et la direction
d’un employeur, en contrepartie d’une rémunération (régie par le Code de travail et ses textes d’application).

ii- Le contrat de dépôt, de séquestre et le contrat de mandat ou procuration –représentation-

* Le contrat de dépôt et de séquestre :

- Le dépôt : acte par lequel on reçoit la chose d'autrui, à la charge de la garder et de la restituer en nature en tant que
contrat réel conclu entre le déposant (qui effectue le dépôt d’une chose) et le dépositaire qui rend service au déposant
en conservant ou en gardant la chose.

-Le séquestre qui peut se décliner en séquestre conventionnel (dépôt fait par une ou plusieurs personnes, d'une
chose contentieuse, entre les mains d'un tiers qui s'oblige de la rendre, après la contestation terminée, à la personne
qui sera jugée devoir l'obtenir, ou en séquestre judiciaire (ordonné par le juge et concerne les meubles saisis sur un
débiteur -un immeuble ou d'une chose mobilière dont la propriété ou la possession est litigieuse entre deux ou
plusieurs personnes-), les choses qu'un débiteur offre pour sa libération.

*Le contrat de mandat ou procuration ou de représentation

Le mandat ou contrat de représentation peut se décliner :

- mandat ordinaire : Acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de faire quelque chose pour le
mandant et en son nom, qui se forme avec l’acceptation du mandataire.

- Mandat particulier du domaine du commerce (OHADA ou CEMAC) comme la commission (contrat par lequel un
professionnel qui, moyennant le versement d'une somme d'argent appelée commission, se charge de conclure tout
acte juridique en son nom propre, mais pour le compte du commettant qui l'a mandaté -celui qui est représenté par le

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commissionnaire-), le courtage (opération ou un contrat par lequel une personne physique ou morale appelée
courtier, met en rapport des personnes en vue de faciliter ou surtout faire aboutir la conclusion des conventions par
ces personnes), et l’agence (contrat par lequel une personne, l'agent commercial, se charge de négocier et
éventuellement de conclure des contrats de vente, d'achat, de location, de prestation de service..., au nom et pour le
compte de producteur, de commerçants ou d'autres agents commerciaux sans être lié avec eux par un contrat de
travail) ;

iii- Les autres contrats relatifs à une prestation de service

*Les contrats liés au service de garantie d’une créance : les contrats créateurs de droits personnels accessoires :

- Le cautionnement (AUS) et son application par rapport aux effets de commerce à travers l’aval (CEMAC):
Le cautionnement est contrat par lequel la caution s'engage, envers le créancier qui accepte, à exécuter l'obligation du
débiteur si celui-ci n'y satisfait pas lui-même, et consiste en deux contras ou engagements (obligations) : un contrat
ou engagement (charge) principal entre le débiteur et le créancier, et un contrat (charge ou engagement) accessoire
entre le créancier et la caution –droit personnel accessoire-. L’aval est un Cautionnement cambiaire d’une dette
cambiaire (cautionnement des dettes ou engagement résultant de la signature d’un effet de commerce) en général et
cautionnement du montant d’un chèque (instrument de paiement), en vertu duquel le donneur d’aval (avaliseur ou
avaliste) s’engage à payer tout ou partie du montant de l’effet de commerce en cas de défaillance de tel signataire
déterminé (nommé avalisé).

- Les garanties autonomes et contre-garanties autonomes (AUS): Elles se substituent dans certains cas au
crédit documentaire (opération par laquelle le banquier intervenant sur l’ordre de son client acheteur pour le
règlement d’une importation, promet de payer le vendeur exportateur contre remise par ce dernier de documents
attestant l’expédition des marchandises), au cautionnement bancaire et parfois au dépôt de garantie. La garantie
autonome se définie comme convention par laquelle, à la requête ou sur instruction du donneur d’ordre, le garant
s’engage à payer une somme déterminée au bénéficiaire, sur première demande de la part de ce dernier. La contre-
garantie autonome ou garantie de la garantie autonome (garantie des engagements du garant) , se définie comme une
convention par laquelle le contre-garant s’engage à payer une somme déterminée au garant, sur première demande de
la part de ce dernier. La lettre de contre-garantie obéit exactement au même régime que la garantie autonome.

* Les contrats relatifs à une prestation de service assimilables à la vente d’un service :
- Le transport :

contrat conclu entre un professionnel de transport personne physique ou morale ou transporteur qui est
commerçant par nature, et une autre personne physique ou morale ou expéditeur s’il s’agit du transport de
marchandise, par lequel le transporteur s’engage moyennant rémunération, à déplacer une chose ou une personne
d’un lieu à un autre, parfois pour le compte d’un destinataire –bénéficiaire- s’il s’agit d’une chose ou marchandise.
Le transport visé ici peut-être terrestre (OHADA, CEMAC, texte nationaux), ferroviaire (COTIF) maritime (Code
CEMAC de la marine marchande et règles de Rotterdam) ou aérien (Convention de Montréal), et concerner les
personnes ou les marchandises (choses).

- L’assurance (CIMA) :

opération, réalisée sur la base d’un contrat ou police d’assurance, par laquelle une personne (organisme sous
forme de personne morale), assureur, organise en mutualité –sous forme de collectivité- une multitude d’autres
personnes, que sont les assurés exposés à la réalisation d’un même type de risque (événement dommageable ou
dommage aléatoire dont la survenance n’est pas connu avec certitude, pour indemniser ceux d’entre eux qui
subissent un sinistre, grâce à la masse commune des primes de la collectivité –des assurés-). Elle est en principe est

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classée parmi les contrats aléatoires, parce que l’obligation incombant à l’une des parties, l’assureur, n’est pas
certain d’arriver ou alors n’est pas connu dans son étendu à l’avance (contrairement aux contrats commutatifs). Il y
a plusieurs catégories d’assurance : les assurances de dommage ou contre le dommage à l’instar de l’assurance contre
l’incendie ou l’assurance de responsabilité civile –obligatoire pour les propriétaires de véhicules et certaines activités
professionnelles, l’assurance des facultés à l’importation, les assurances de personne –avec l’assurance-vie ou de
capitalisation, les assurances de groupe…

c) Les autres formes de contrats

Il peut s’agir d’un Les contrats liés au transfert ou transmission d’un droit personnel, à savoir la cession de
créance (i), des contrats basés sur l’aléa à savoir les contrats aléatoires (ii), et des contrats relatifs aux litiges iii).

i- Les contrats liés au transfert ou transmission d’un droit personnel : la cession d’une obligation

* Le transfert classique de l’obligation :

Le transfert classique ou ordinaire de l’obligation a été largement abordée dans le cadre du régime commun
des obligations, s’agissant de cessions ordinaires de créances civiles (par le créancier, par le débiteur ou cession de
dette, et par les deux parties ou cession de contrat) ou de la cession particulière des créances civiles (comme la
cession des parts sociales des personnes morales qui respectent le formalisme de la cession des créances civiles) et
enfin de la cession des titres négociables soit émis par les personnes morales (en dehors de l’appel public à
l’épargne ou dans le cadre de l’appel public à l’épargne -en se conformant ici aux règlement CEMAC sur les
marchés financiers et le règlement de la BVMAC ou encore les dispositions de l’AUSCGIE sur l’appel public à
l’épargne et dans une certaine mesure la loi camerounaise de 1999 régissant le marché financier), soit constitutif
d’effets de commerce (lettre de change, billet à ordre et bordeaux professionnels –du transporteur par exemple, ou
relatifs aux biens faisant l’objet d’un nantissement) ou du chèque.

* L’affacturage et le mécanisme de subrogation :

L’affacturage est régit au Cameroun par la Loi n° 2014/006 du 23 avril 2014 régissant l’activité de
l’affacturage au Cameroun. Il s’agit d’une opération par laquelle, l’adhérent transfère par une convention écrite, avec
effet subrogatoire, ses créances contre ses débiteurs à l’affactureur ou factor qui doit être un établissement de crédit,
qui, moyennant rémunération, lui règle par avance tout ou partie du montant des créances transférées, tout en
supportant ou non, selon la convention des parties, les risques d’insolvabilité éventuelle sur les créances cédées. Il
concerne les créances commerciales certaines, liquides et exigibles. Elle facilite la gestion par l’adhérent en
difficultés financières de ses charges. L’affacturage peut être conclu avec recours (ici l’affactureur se réserve la
faculté de se faire rembourser par l’adhérent, en cas d’insolvabilité du débiteur) ou sans recours (ici l’adhérent
n’octroie aucune garantie à l’affactureur contre l’insolvabilité du débiteur.

ii- Les contrats basés sur l’aléa : les contrats aléatoires

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Il s’agit de contrats dont l’obligation d’une partie ou son étendu n’est pas connu à l’avance (comme le contrat
d’assurance), contrairement aux contrats commutatifs (où les obligations sont fixées ès la conclusion du contrat).
L’on cite parmi ces contrats le jeu et le pari, et le contrat de rente viagère.

* le jeu et le pari

Le jeu et le pari, reposent sur la chance (espérance) de gain et l’incertitude accompagnées du risque
(incertain ou relevant du hasard) de perte de chaque partie (d’une part le promoteur du jeu –ou de l’établissement
de jeu- et d’autre part le client ou participant au jeu), et c’est le même événement (futur et incertain comme une
condition dont la réalisation est déterminante) qui indique ou détermine le gain de l’une des parties et la perte de
l’autre. Les opérations ou contrats y relatives sont évoquées par le Code civil, dans ses articles 1965 et suivants.
Mais, ils sont régis par la loi n° 2015/012du 16 juillet 2015 fixant le régime des jeux de divertissement, d'argent et de
hasard et son décret d’application du 18 juillet 2019 qui place toutes les opérations contractuelles réalisées sous le
contrôle d’une Agence de régulation des jeux. Ces textes parlent plutôt d’une manière générale de « jeux de
divertissement, d'argent et de hasard ». Il existe des dispositions applicables aux promoteurs acteurs qui exercent
cette activité suivant que ceux-ci relèvent de la concession, de l’autorisation ou de la déclaration, et des dispositions
spécifiques.

* Le contrat de rente viagère

La rente est une créance qui a pour objet des prestations périodiques en argent ou parfois en denrées appelées
arrérages qui sont versés (ou dus) par une personne, le débiteur ou débirentier, à un bénéficiaire, le créancier ou
crédirentier. Il est aussi possible de la considérer comme un revenu périodique du crédirentier dû par le débirentier,
qui provient d’une source autre que le travail (comme l’aliénation d’un bien ou le placement d’un capital), et qui est
le plus souvent calculé en argent, tout en étant un revenu susceptible de révision ou d’indexation. Lorsque la rente
(créance ou revenu) est restreinte à la vie du crédirentier, on dit qu’elle est viagère (rente viagère). Le contrat de
rente viagère est donc le contrat en vertu duquel il y a constitution d’une rente. Il a plusieurs applications : l'usufruit
de l'époux survivant soit converti en une rente viagère équivalente (article 767 du Code civil), l’inégalité des lots en
nature se compense par un retour, soit en rente, soit en argent (article 833 du Code civil), dans la plupart des régimes
d’indemnisation d’un préjudice corporel, les lésions corporelles sont en général indemnisées au moyen d’une rente,
la rente peut être l’effet d’une donation ou d’un legs -transmission d’un bien par disposition une testamentaire- (tel
qu’il ressort de l’article 1969 qui traduit l’idée caché derrière les articles 917, 918 et 1015 du Code civil).

iii- Les contrats relatifs aux litiges

Il s’agit ici des contrats qui relèvent des modes alternatifs de règlement de conflit. Il existe ainsi quelques
contrats relatifs aux litiges : d’une part la transaction et d’autre part la convention d’arbitrage et la convention de
médiation.

* La transaction :

Contrat par lequel les parties terminent une contestation née, ou préviennent une contestation à naître. Il se
justifie par l’adage « un mauvais arrangement –une mauvaise transaction- vaut mieux qu’un bon procès ». Il permet
aux parties de se consentir des concessions réciproques (de faire des compromis) afin de mettre un terme au procès,
car sans concessions pas de transaction

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* L’arbitrage (AUA):

Forme de justice non étatique qui peut être civil ou commercial, visant à régler un litige qui sera confié à un
arbitre sur la base d’une convention d’arbitrage qui peut être soit une clause compromissoire (clause ou contrat par
laquelle les parties au litige soumettent à un arbitre tout litige qui va naître dans le cadre de leur rapport commercial à
un arbitre) ou un compromis (clause ou contrat laquelle les parties au litige soumettent à un arbitre un litige qui
existe déjà dans le cadre de leur rapport commercial à un arbitre). La sentence arbitrale qui en résulte peut être le
fruit d’une justice très souple dans laquelle les parties peuvent, dans leur convention, organiser de façon amiable la
procédure, de sorte que la sentence qui en sera issue, créatrice de droits personnels, pourrait être le fait d’accord
entre les parties (sentence d’accord-partie) qui peut faire l’objet d’exécution forcée après exéquatur

* La médiation (AUM) :

Il renvoie à tout processus, quel que soit son appellation, dans lequel les parties demandent (à travers une
convention) à un tiers, le médiateur, de les aider à parvenir à un règlement amiable d’un litige, d’un rapport
conflictuel ou d’un désaccord (différend). C’est à travers la convention de médiation écrite ou non, que le juge est
saisit. La procédure doit, compte tenu du caractère amiable du règlement (aider simplement les parties à trouver une
solution) qui caractérise la mission du médiateur, aboutir à un accord (espèce de contrat) qui créé ces droits –
personnels- et peut faire l’objet d’exécution forcée (après homologation par le juge ou exéquatur).

2) Les régimes spéciaux des obligations extracontractuelles –d’indemniser ou réparer le dommage-: les régimes
spéciaux de responsabilité civile extracontractuelle

Les régimes spéciaux (règles particulières à certains domaines) de responsabilité civile, pour la plupart
extracontractuels, peuvent concerner soit l’indemnisation des victimes de risques professionnels (a), accidents de
circulation et des dommages liés aux transports (b).

a- L’indemnisation des victimes de risques professionnels

Le régime d’indemnisation des accidents de travail, qui peut des dispositions des articles 1382 et suivants du
Code civil, est largement encadré par des textes particuliers qui ont été consacrés non plus sur le fondement de la
faute de l’employeur (ou sa responsabilité pour le fait des choses dont il est propriétaire) qu’il était difficile pour le
travailleur de rapporter, mais sur la base des risques d’accidents ou de maladies auxquels les travailleurs sont
exposés. Aidé en cela par un mécanisme de la mutualité fondé sur une certaine solidarité, un système de sécurité
sociale a émergé pour permettre à un organisme de prendre efficacement en charge ces risques, sur la base des
cotisations versées par ceux qui créés ou tirent profit de ces risques. Au Cameroun c’est la CNPS qui prend en charge
ces risques, sur la base des dispositions de la Loi n°77-11 du 13 juillet 1977 portant réparation et prévention des
accidents du travail et des maladies professionnelles, modifiée par la loi n° 80-05 du 14 juillet 1980 et ses textes
d’applications.

b- L’indemnisation des victimes d’accidents de circulation et des dommages liés aux transports

- Le régime spécial d’indemnisation des victimes d’accidents de circulation, relève par principe du Code
CIMA qui peut prévoir des limitations (barèmes et plafonds) d’indemnités. Compte tenu de la difficulté des victimes
à être indemniser face à une recrudescence des accidents (avec parfois des auteurs non assurés), un fond de garantie
automobile a été institué par la loi n° 2015/ 013 du 16 juillet 2015. Cette loi organise le régime d’indemnisation des

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victimes par le FODAC, notamment les conditions de demande d’indemnisation, exclusion de garantie et autres.
Après indemnisation, le fonds est subrogé dans les droits du créancier de l’indemnité contre la personne responsable
de l’accident ou son assureur ou tout autre débiteur de l’indemnité.

- S’agissant des transports, les régimes spéciaux varient suivant que l’on se situe dans le cadre du transport
terrestre, arien ou maritime. En matière terrestre, ce sont les règles du Code CIMA qui s’appliquent. En matière de
transport aérien, c’est le décret n°2009/0052/PM du 22 janvier 2009 relatif à la responsabilité des transporteurs
aériens et règles de compensation des dommages causés aux passagers, aux bagages et aux marchandises qui
s’appliquent (à côté de la Convention de Montréal). En en matière de transporteur maritime, c’est le Code de la
marine marchande CEMAC. Toutes ces législations prévoient des limitations d’indemnités.

Paragraphe II : Les droits réels

Un droit réel, contrairement au droit personnel qui permet à une personne de revendiquer une chose, est un
droit subjectif qui porte directement sur une chose et procure à son titulaire tout ou partie de l’utilité économique de
cette chose. Il en ressort donc que le droit réel est un droit subjectif qui porte sur une chose mobilière ou
immobilière, ou alors sur un bien mobilier ou immobilier. Le caractère patrimonial du droit réel transparaît par
l’élément sur lequel porte le droit, à savoir le bien ou la chose (caractère mobilier ou immobilier).

Ces droits réels (portant sur des choses ou des biens), peuvent être regroupés en deux catégories : l’une
concerne les droits subjectifs qui portent directement sur la chose ou le bien mobilier ou immobilier, ce sont les
droits réels principaux (A). Une autre catégorie de droits réels peut porter sur une chose en raison de l’existence d’un
droit personnel, dans la mesure où le droit subjectif ou prérogative sur la chose n’existe que pour garantir, soutenir et
garantir l’efficacité du droit personnel en accroissant la confiance et la certitude du titulaire du droit personnel que sa
créance sera payé (ou l’obligation dont il réclame l’exécution sera effectivement exécutée). Il s’agit pour cette
dernière catégorie du droit réel accessoire - d’un droit personnel- ou sûreté réelle (B).

A) Les droits réels principaux

Il existe deux catégories de droits réels principaux : le droit de propriété (1) et les démembrements du droit de
propriété (2).

1) Le droit de propriété

Il convient de présenter les éléments généraux sur la propriété (a) avant de voir les différentes catégories de
propriété (b).

a) Généralités sur la propriété

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Selon l’article 544 du Code civil, la propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus
absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements. La définition fait ressortir,
les attributs du droit de propriété, ses attributs (ce que le droit de propriété attribut ou confère comme prérogatives) et
caractères (i) ainsi que les limites (ii) de ces caractères.

i- Les attributs et caractères du droit de propriété

-Les attributs du droit de propriété: la définition ressorts 03 principaux attributs savoir l’usus ou droit
d’usage (utiliser –soit même ou par l’intermédiaire d’autrui- ou ne pas l’utiliser qui permet de poser des actes
conservatoires –inscription d’une sûreté ou entretenir et réparer la chose - et surtout d’administration ou de gestion
–donner à bail ou en location-), le fructus ou droit de jouissance (droit de percevoir tout ce que génère le bien ou la
chose –droit de percevoir les loyers ou les produits et revenus tirés de l’exploitation de la chose mobilière ou
immobilière concernée), l’abusus ou droit de disposition (permet de poser des actes de disposition qui sont les actes
les plus graves -donner en garantie, cédé, vendre-…).

- Les caractères du droit de propriété : le caractère absolu (possibilité d’opposer son droit tous, droit de
faire tout ce qui n’est pas interdit sur la chose sans nuire excessivement et anormalement de manière continue et
répétitif aux voisins sous peine d’engager sa responsabilité civile pour trouble de voisinage en cas de dommage subi
par le voisin de ce fait et sans abuser de son droit –pour faire du mal en le détournant de son but), le caractère
exclusif (seul à pouvoir exercer les prérogatives de maître sur la chose, sous réserve du respect des servitudes –
charge imposé sur sa chose immobilière ou fond pour l’utilité du fond d’un autre et de la mitoyenneté –à l’instar de
celle du mur partagé entre deux propriété-), le caractère perpétuel (pouvoir d’exercer ses droits sur la chose tant
qu’elle n’est pas détruite –le non usage n’enlève pas ce droit-, à l’exclusion soit du cas où il y a expropriation pour
cause d’utilité publique, soit en matière de propriétés intellectuelles limités dans le temps –et par rapport aux droits
d’auteurs et droits voisins ce sont les aspects patrimoniaux qui sont davantage concernés).

ii- Les limites du droit de propriété

C’est la nécessité d’éviter les troubles de voisinage en nuisant excessivement et anormalement de manière
continue et répétitif aux voisins sous peine d’engager sa responsabilité civile pour trouble de voisinage en cas de
dommage subi par le voisin de ce fait, ou l’abus du droit dans l’exercice du droit de propriété pour faire du mal en le
détournant de son but, la possibilité de se faire exproprier pour cause d’utilité publique, de respecter les droits des
riverains par rapport à la mitoyenneté et aux servitudes.

b) Les catégories de propriété

La propriété peut être individuelle (i) ou collective (ii).

i- La propriété individuelle

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

La propriété individuelle apparaît dans la législation civiliste comme le régime commun ou ordinaire. Elle
s’acquiert, c’est-à-dire qu’on accède à la propriété (notamment par 1°)un fait juridique comme occupation –
originelle ou après un événement comme le décès de celui dont on tient la propriété sur la chose-, ou l’accession –qui
peut être immobilière qui emporte la propriété du dessus et du dessous ou mobilière par adjonction d’une chose à une
autre, mélange de choses, ou spécification par transformation d’une chose-, ou alors à travers 2°) un acte comme
une convention ayant pour effet le transfert de propriété), elle se prouve (par la possession d’un titre de propriété)
et on la protège (à travers des actions comme actions en justice avec l’action pétitoire qui permet de faire valoir son
droit de propriété comme la pétition d’hérédité, ou encore l’action confessoire -qui vise à faire reconnaître
l’existence d’un droit réel- ou négatoire -qui vise à contester l’établissement d’un droit réel-, ou les actions
possessoires pour protéger la possession ou l’occupation immobilière sans titre -action en trouble de jouissance-, ou
encore par le biais de l’action en revendication d’un bien ou d’une chose). Mais il peut arriver qu’on la perde
(disparition de la chose, renonciation à ses droits, perte forcée imposée par la loi sur une partie de son bien comme
c’est le cas avec la servitude -charge sur son fond-, ou l’expropriation pour cause d’utilité publique).

ii- La propriété collective

Il existe plusieurs formes de propriété collective : la propriété des personnes morales de droit public, la copropriété
-des immeubles bâtis- (pluralité de propriétaires sur un bien ou plusieurs propriétaires ayant chacun une part ou un
lot sur le un bien - loi n° 2010-022 du 21 décembre 2010- avec des parties communes et des parties privatives, et une
gestion confiée à un syndic de copropriété par le syndicat de copropriété constitué par la collectivité des
copropriétaires, et encadrée par le règlement de copropriété), l’indivision (exemple de copropriété des biens non
partagés, notamment avant la liquidation et le partage de la succession et après le décès de leur propriétaire, ou après
le divorce et avant la liquidation et le partage de la communauté), la mitoyenneté. –des murs- (situation du mur d’une
clôture qui appartient indivisément aux propriétaires de deux fonds qu’il sépare, parfois élevé avec des frais
communs et qui ne doit pas être confondue avec la clôture privative qui appartient à un seul propriétaire).

2- Les démembrements du droit de propriété

Le droit de la propriété peut être démembré, c’est-à-dire qu’il lui a été retiré certains attributs, qu’il a subi une
amputation ou certains caractères ont été diminué dans leur force. Les différentes situations qui matérialisent le
démembrement peuvent être réparties en deux groupes : les démembrements classiques que sont l’usufruit, la
servitude et la nue-propriété (a), et les démembrements spécifiques à certains biens –immeubles-que sont le bail
emphytéotique et le droit de superficie (b).

a) Les démembrements classiques

L’usufruit, l’usage et l’habitation est le droit de propriété amputé de l’abusus (pour l’usufruit), de l’abusus et
du fructus (pour l’usage et l’habitation), tandis que la nue-propriété (i) est le droit de propriété dépouillé de l’usus et
du fructus ; et enfin la servitude (ii) est une propriété limitée dans l’expression de ses caractères.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

i- L’usufruit, la nue-propriété, l’usage et l’habitation

- L’usufruit et la nue-propriété

Droit de jouir des choses, dont un autre a la propriété comme le propriétaire lui-même, mais a la charge d’en
conserver la substance. L’usufruit peut porter sur les choses mobilières ou immobilières. Il est temporaire car limité
dans le temps. L’usufruit est un droit viager et personnel. Viager, car il existe pendant la durée de vie de son titulaire.
Il s’éteint donc avec la mort de son titulaire. C’est un droit personnel car il est rattaché à ce dernier. L’usufruit peut
avoir une source, légale : c’est le cas par exemple de l’usufruit légal des pères et mères sur les biens de l’enfant
mineur. C’est encore le cas de l’usufruit du conjoint survivant, portant sur les biens ayant appartenu au conjoint
décédé. L’usufruit a également une source conventionnelle. C’est l’exemple d’un père qui, de son vivant, transfère la
propriété de son immeuble à son fils tout en se réservant le droit d’en jouir jusqu’à sa mort. L’usufruit peut
s’éteindre, pour diverses raisons : d’abord la consolidation des deux droits sur la tête de la même personne, ensuite le
décès de l’usufruitier, enfin l’arrivée du terme prévu.

- L’usage et l’habitation :

Les droits d'usage et d'habitation s'établissent et se perdent de la même manière que l'usufruit. On ne peut en
jouir, comme dans le cas de l'usufruit, sans donner préalablement caution, et sans faire des états et inventaires.
L'usager, et celui qui a un droit d'habitation, doivent jouir en bons pères de famille. L’usager ne peut céder ni louer
son droit à un autre ; celui qui a un droit d'habitation dans une maison, peut y demeurer avec sa famille quand même
il n'aurait pas été marié à l’époque où ce droit lui a été donné. Le droit d'habitation se restreint à ce qui est nécessaire
pour l'habitation de celui à qui ce droit est concédé, et de sa famille. Le droit d'habitation ne peut être ni cédé ni loué.
Si l'usager absorbe tous les fruits du fonds, ou s'il occupe la totalité de la maison, il est assujetti aux frais de culture,
aux réparations d'entretien, et au payement des contributions comme l'usufruitier. S'il ne prend qu'une partie des
fruits, ou s'il n’occupe qu'une partie de la maison, il contribue au prorata de ce dont il jouit.

ii- Les servitudes

La servitude est une charge qui pèse sur un fonds, appelé « fond servant » pour utilisation d’un autre fond
appelé « fond dominant ». La servitude, peut avoir une source légale ou conventionnelle. On distingue : les
servitudes apparentes des servitudes non-apparentes. La servitude est dite apparente lorsque des travaux extérieurs
révèlent son existence. Dans le cas contraire elle est dit non apparente (lorsque son existence n’est pas révélée par
des travaux extérieurs). On distingue également les servitudes continues et les servitudes discontinues. La servitude
est dite discontinue lorsque son existence est révélée par un fait actuel de l’homme. Dans le cas contraire elle est dite
continue (lorsque son existence n’est pas révélée par un fait actuel de l’homme).

b) Les démembrements spécifiques

Il en existe 02 : le bail emphytéotique (i) et le droit de superficie (ii).

i- Le bail emphytéotique

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Il s’agit d’un droit octroyé sous forme de bail de longue durée soit sur les biens qui relèvent du domaine privé
de l’État (à la différence du domaine public qui renferme les biens publics–route, montage, mer…non appropriés)
par conformément à la législation domaniale. Ce bail confère au preneur ou emphytéote un droit réel susceptible
notamment d'hypothèque. Le bénéficiaire d’une concession (octroi de d’un droit jouissance d'un terrain au profit du
concessionnaire, assorti d'une promesse de vente sous condition suspensive de réalisation de mise en valeur dans un
délai déterminé) provisoire sur le domaine de l’État peut transformer son titre de concession provisoire en bail
emphytéotique.

Il est consenti pour une durée comprise entre 18 ans et 99 ans, sous condition résolutoire de mise en valeur
dans un délai déterminé et aux mêmes conditions que le bail ordinaire.

ii- Le droit de superficie

Le droit de superficie consiste dans le fait pour une personne, appelé superficiaire, de posséder des bâtiments,
ouvrages les plantations sur un fonds appartenant à autrui, le tréfoncier. Le superficiaire peut aliéner son droit et
l’hypothéquer. Il peut aussi grever des servitudes sur le bien qui fait l’objet de ce droit, mais dans la limite qui lui est
imposée par l’exercice dudit droit.

B) Les droits réels accessoires fixés comme garanties de crédit ou de créance : les sûretés réelles

Déjà évoqué par le Code civil, les droits réels accessoires est un droit –subjectif- sur une chose, constitués
comme étant l’accessoire d’un droit personnel (d’une créance ou droit de créance –droit que l’on a de réclamer
quelque chose à quelqu’un), apparaissent donc comme ce qui va garantir l’exécution du droit personnel en renforçant
la confiance et la sécurité ou la certitude du créancier dans ce sens, d’où le nom de sûreté ou de garantie de crédit.
Mais, à la différence des sûretés personnelles qui sont toujours des droits personnels (notamment le droit personnel
du créancier contre la caution ou le garant qui est accessoire au droit personnel ou de créance principal du
créancier contre le débiteur), les droits réels accessoires ou sûretés réelles portent sur des choses ou biens
susceptibles ou qui font l’objet de droits réels principaux ou démembrés.

Elles sont cependant constitués sur une la base d’un contrat en tant qu’opération contractuelle, tout comme la
chose –créance ou droit personnel- principale dont elles sont l’accessoire. Elles tirent donc leur origine ou leur
constitution –contractuelle -de la forme contractuelle de l’origine ou de la source de ce dont ils sont l’accessoire ,
tout en demeurant des droits réels. Les créanciers qui n’en bénéficient pas sont « des créanciers chirographaires », et
ceux qui en bénéficient ont un droit qui varie en fonction de la sûreté qu’ils ont constituée ou que leur a consenti le
débiteur (gagiste, rétenteur, nanti, privilégié ou hypothécaire).

L’AUS prévoie ainsi deux catégories de droits réels accessoires ou sûretés réelles : les sûretés réelles
mobilières (1) et la seule sûreté réelle immobilière qu’est l’hypothèque (2).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

1- Les sûretés mobilières

Les sûretés réelles mobilières, qui constituent des droits réels accessoires, sont de deux ordres : les sûretés
réelles mobilières avec dépossession du débiteur à l’instar du droit de rétention et du gage (a), et les sûretés sans
dépossession comme le nantissement et les privilèges (b).

a) Les sûretés réelles mobilières avec dépossession du débiteur : le droit de rétention et le gage et la réserve de
propriété

Il existe en effet deux catégories de sûretés réelles mobilières qui entraînent ou peuvent se matérialiser par la
dépossession du débiteur à savoir : le droit de rétention qui requiert pour son efficacité la dépossession (i), le gage
qui peut parfois se faire sans dépossession (ii) en étant parfois assimilé au nantissement, et la sûreté-réelle- propriété
qui implique ou est consécutive à une dépossession, à savoir la propriété retenue ou cédé à titre de garantie après
dépossession (iii).

i- Le droit de rétention ou sûreté réelle avec nécessité de dépossession

Le droit de rétention ou l’idée de la rétention d’une chose comme sûreté ou garantie est un droit subjectif du
créancier (constituant) de retenir entre ses mains l’objet qu’il doit restituer à son débiteur, tant que celui-ci ne l’a pas
lui-même entièrement payé. Le droit de rétention s’éteint à titre accessoire et à titre principal. Accessoire de la
créance qu’il conforte, le droit de rétention s’éteint lorsque cette créance disparaît pour une raison quelconque.
L’extinction à titre principal se produit dans plusieurs hypothèses: en cas de destruction ou de perte matérielle de la
chose; en cas de renonciation au droit de rétention. La renonciation peut se traduire par exemple par la remise
volontaire du bien au débiteur.

ii- Le gage ou sûreté réelle avec possibilité de dépossession

Il existe deux formes de gage : le gage classique, ordinaire ou général ou forme général de gage et les formes
particulières de gage.

* La forme générale de gage :

Le gage, évoqué par le Code civil en ses articles 2073 et suivants est actuellement régie par l’AUS (articles 92
et suivants) qui l’appréhende comme un contrat par lequel le constituant - débiteur ou tiers - accorde à un créancier
le droit de se faire payer par préférence sur un bien meuble corporel ou un ensemble de biens meubles corporels,
présents ou futurs. Le gage s’oppose au nantissement qui est l'affectation d'un bien meuble incorporel ou d'un
ensemble de biens meubles incorporels, présents ou futurs, en garantie d'une ou plusieurs créances, présentes ou
futures, à condition que celles-ci soient déterminées ou déterminables.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

* Les formes particulières de gages :

Il existe des gages particuliers assimilables au nantissement ou gage sans dépossession- (à inscrire au RCCM): le
gage des véhicules automobiles (assujettis ou non à une déclaration de mise en circulation et à immatriculation, des
véhicules ou engins qu’ils soient neufs ou d’occasion, qu’ils soient utilisés pour des besoins privés ou professionnels
–à l’exclusion des engins aériens ou maritimes soumis à des législations spéciales en matière de sûreté), le gage du
matériel professionnel (les biens visés ici sont des biens d’équipement professionnel, c’est-à-dire outillages et
matériels à l’exclusion des marchandises et autres biens de consommation qui biens doivent être utilisés dans
l’exercice de la profession -profession commerciale, professions libérales, industrielles voire artisanales-, peu
importe que le matériel soit neuf ou d’occasion) et le gage des stocks (il se caractérise par la fongibilité des biens sur
lequel il porte, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une quantité de choses d’égale valeur et interchangeables (pétrole, café,
blé, sucre) qui s’opposent aux corps certains qui sont individualisés dès l’origine et peut aussi concerner un stock de
matières premières ou de richesses naturelles, les produits ou récoltes d’une exploitation agricole, les produits de
l’exploitation industrielle, les marchandises destinées à la vente).

iii- Les sûretés réelle consécutive à une dépossession ou sûreté propriété : propriété retenue ou cédée à titre de
garantie après dépossession

Le législateur OHADA organise trois sûretés-propriétés à savoir la réserve de propriété, la cession de créance
à titre de garantie et le transfert fiduciaire de créance à titre de garantie (articles 71 et suivants AUS). La première est
qualifiée de propriété retenue à titre de garantie, à savoir la réserve de propriété, alors que les deux dernières,
savoir la cession de créance à titre de garantie et le transfert fiduciaire de créance à titre de garantie, font partie des
propriétés cédées à titre de garantie.

* La réserve de propriété (par clause de réserve de propriété) :

La réserve de propriété ou clause de réserve de propriété est une clause qui « suspend l’effet translatif d’un
contrat jusqu’au complet paiement de l’obligation qui en constitue la contrepartie ». La clause de réserve de propriété
suppose l’existence préalable d’un contrat translatif de propriété (à l’exemple du contrat de vente ou d’autres
contrats impliquant un transfert de propriété) dont la clause permet de garantir le paiement en permettant au vendeur
de conserver la propriété de la chose vendue.

* La propriété retenue à titre de garantie : la cession de créance à titre de garantie et le transfert fiduciaire de
créance à titre de garantie :

- La cession de créance à titre de garantie: opération à trois personnes qui implique le cessionnaire qui est le
créancier ou un tiers constituant, le débiteur qui est le cédant et le tiers cédé. Il s’agit d’une sûreté qui ne peut être
consentie qu’au profit des personnes morales effectuant des opérations de banque ou de crédit. Les créances données
en garantie sont celles détenues sur un tiers qui est le débiteur cédé. Elles peuvent être aussi bien actuelles que
futures. Il peut s’agir d’une créance isolée ou d’un ensemble de créances. La cession s’étend, sauf volonté contraire

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

des parties, aux accessoires de la créance cédée tels que les intérêts. Quant aux dettes garanties, elles peuvent être
actuelles ou futures. Il peut même s’agir d’un ensemble de dettes.

- Le transfert fiduciaire de créance à titre de garantie : convention par laquelle un constituant cède des fonds en
garantie de l'exécution d'une obligation. S’agissant de sa constitution, contrairement à la cession de créance à titre de
garantie, le domaine du transfert judiciaire est plus ouvert parce qu’il peut être constitué par toute personne (débiteur
ou tiers) en faveur de tout créancier et en garantie de tout type de dette. Le transfert de propriété est constitué par
l’inscription des fonds donnés en garantie sur un compte bloqué ouvert au nom du créancier de l’obligation, dans les
livres d’un établissement de crédit habilité à les recevoir. Le transfert donne ensuite lieu à l’établissement d’une
convention écrite. La convention détermine la ou les créances garanties qui peuvent être présentes ou futures, ainsi
que le montant des fonds cédés à titre de garantie, et identifie le compte bloqué à peine de nullité de l’opération ou de
l’acte et du respect du principe de la spécialité.

b) Les sûretés réelles mobilières sans dépossession : le nantissement et les privilèges

Il existe aussi deux catégories de sûretés réelles mobilières qui n’entraînent pas la dépossession des biens
meubles du débiteur : les privilèges (i) et le nantissement (ii).

i- Les privilèges

Le privilège renvoie à un droit que la loi donne au créancier, en fonction de la qualité de la créance, d’être
préféré aux autres créanciers. Il se caractérise par deux éléments. Le premier est son origine légale. Les privilèges
ont une seule source qui est la loi ; il n’y a pas de privilège sans texte. Le second est l’attribution en fonction de la
qualité de la créance. Les privilèges bénéficient soit aux créanciers privés dont les créances sont modiques mais
dignes d’intérêt pour des raisons de dignité humaine ou de justice sociale, soit aux créanciers publics : trésor, sécurité
sociale et ce, pour des raisons d’intérêt général.

L’AUS distingue essentiellement les privilèges généraux qui portent sur l’ensemble de l’actif mobilier et
immobilier du débiteur et les privilèges spéciaux qui sont essentiellement mobiliers et portent sur un meuble
déterminé de l’actif du débiteur. Les privilèges confèrent essentiellement un droit de préférence qui permet au
bénéficiaire d’être payé suivant l’ordre prévu par l’acte uniforme pour le classement des différents créanciers. Ils ne
confèrent donc pas de droit de suite.

Il sera question d’aborder tour à tour les privilèges généraux et les privilèges spéciaux.

* Les privilèges généraux :

Les privilèges généraux ont pour assiette l’ensemble du patrimoine du débiteur c’est-à-dire, tous ses biens
meubles et immeubles. Ils sont indivisibles en ce sens qu’ils s’exercent sur tout élément d’actif pour la totalité de la
somme qu’ils garantissent. Leur mise en œuvre est toutefois soumise à la règle de la subsidiarité en ce que
l’exécution sera poursuivie d’abord sur les meubles du débiteur et c’est en cas d’insuffisance du prix reçu que
l’exécution sera poursuivie sur les immeubles.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

L’ordre des privilèges généraux, à l’exception des privilèges soumis à publicité, est déterminé par l’article
180 AUS. Cet ordre est le suivant : 1°) les frais d'inhumation, les frais de la dernière maladie du débiteur ayant
précédé la saisie des biens ; 2°) les fournitures de subsistance faites au débiteur pendant la dernière année ayant
précédé son décès, la saisie des biens ou la décision judiciaire d'ouverture d'une procédure collective ; 3°) les
sommes dues aux travailleurs et apprentis pour exécution et résiliation de leur contrat durant la dernière année ayant
précédé le décès du débiteur, la saisie des biens ou la décision judiciaire d'ouverture d'une procédure collective ; 4°)
les sommes dues aux auteurs d'œuvres intellectuelles, littéraires et artistiques pour les trois dernières années ayant
précédé le décès du débiteur, la saisie des biens ou la décision judiciaire d'ouverture d'une procédure collective ; 5°)
dans la limite de la somme fixée légalement pour l'exécution provisoire des décisions judiciaires, les sommes dues
aux organismes de sécurité et de prévoyance sociales ; 6°) dans la limite de la somme fixée légalement pour
l'exécution provisoire des décisions judiciaires, les sommes dont le débiteur est redevable au titre des créances
fiscales et douanières.

* Les privilèges spéciaux

Les créanciers titulaires des privilèges spéciaux ont sur les meubles qui leur sont affectés comme assiette par
la loi un droit de préférence qu’ils exercent après saisie selon les dispositions prévues par l’article 226 AUS. Dans
tous les cas, il s’agit de privilèges mobiliers c’est-à-dire qu’ils portent toujours sur un ou des meubles déterminés du
débiteur. L’AUS dans ses articles 182 et suivants, prévoit sept privilèges spéciaux savoir 1°le privilège du vendeur
de meuble (garantissant le paiement du prix de vente au profit du vendeur de meuble impayé qui bénéficie du
privilège sur le meuble vendu en garantie du paiement du prix non payé s’il est encore en la possession du débiteur
ou sur le prix encore dû par le sous acquéreur-à l’exclusion du vendeur de fonds de commerce-), 2°du bailleur
d’immeuble (sur les meubles garnissant les lieux loués par le débiteur, institué par rapport à créances nées de
l’occupation des lieux, c'est-à-dire loyer, charges locatives, réparations locatives et toute créance accessoire
concernant l’exécution du bail et éventuellement les dommages et intérêts qui pourraient être accordés au bailleur,
pour garantir les créances des 12 derniers mois échus avant la saisie et des 12 mois à échoir après -sont exclus les
effets personnels, les meubles incorporels, le numéraire ou l’argent ainsi que les meubles qui ne peuvent être l’objet
de saisie et les meubles sans rapport avec l’occupation des lieux- avec obligation pour le preneur de ne pas poser des
actes frauduleux, comme la tentative de détournement ou de déplacement de ses biens-), 3°le privilège du
transporteur (au profit de tout transporteur, quel que soit le mode de transport, sur la chose transportée pour tout ce
qui lui est dû, à condition qu’il y ait un lien de connexité entre la chose transportée et la créance), de 4°l’auxiliaire
salarié (sensiblement du privilège des travailleurs puisque les bénéficiaires ont la qualité de travailleur, avec la
particularité qui tient cependant au fait que le travailleur est lié à un employeur de type particulier appelé « exécutant
à domicile », c’est-à-dire un prestataire de services qui exécute ses prestations non dans une entreprise au sens
traditionnel -à l’extérieur-, mais dans son propre domicile), 5°des travailleurs et des entreprises des fournisseurs de
travaux (privilège qui garantit le paiement des créances salariales et des créances assimilées de sorte que les
travailleurs et fournisseurs des entreprises de travaux ont un privilège sur les sommes restant dues à celles-ci pour les
travaux exécutés, en garantie des créances nées à leur profit à l'occasion de l'exécution de ces travaux –sous la
réserve que les travailleurs et les fournisseurs en disposant que les salaires des travailleurs (qui bénéficient par
ailleurs du privilège des salaires) sont payés par préférence à ceux des fournisseurs-), 6°du commissionnaire et des
frais de conservation (du privilège sur les marchandises qu’il détient pour le compte du commettant qu’il s’agisse
des marchandises déposées, consignées ou expédiées, même si elles n’appartiennent pas au commettant avec la
condition qu’il suffise qu’elles soient effectivement détenues par le commissionnaire), 7°du vendeur de fonds de
commerce (au profit du vendeur de fonds de commerce impayé dispose d’un privilège sur le fonds de commerce
vendu). À ces privilèges, il serait possible d’ajouter les privilèges des frais de conservation (au profit de celui qui a
exposé des frais ou fourni des prestations pour éviter la disparition d'une chose ou sauvegarder l'usage auquel elle est
destinée à un privilège sur ce meuble, privilège qui joue aussi bien lorsque les frais ont été engagés -souscription
d’une assurance, paiement des frais de gardiennage, soins matériels apportés à la chose qu’il s’agisse d’un meuble
corporel ou incorporel- que lorsque des prestations ont été exécutées -réfection, aménagement supposant l’achat de

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

pièces ou de matériel et le paiement éventuel d’une main d’œuvre- mais il faut que ces frais ou prestations,
évaluables en argent aient eu simplement pour but d’éviter la disparition totale ou partielle de la chose ou de
préserver son usage et non d’accroître sa valeur ou son rendement).

ii- Le nantissement

Il existe des formes de nantissements qui apparaissent comme classique et régis par l’AUS et d’autres formes
particulières assimilables à une hypothèque régis par des législations particulières.

* Les formes de nantissement classique :

Le nantissement, évoqué par le Code civil en ses articles 2071 et 2072, est régi par l’AUS (125 et suivants
AUS). L’AUS le définit en effet comme l’affectation d’un meuble incorporel ou d’un ensemble de meubles
incorporels présents ou futurs à la garantie d’une ou plusieurs créances présentes ou futures à condition que celles-
ci soient déterminées ou déterminables. Le constituant ou débiteur nanti est ici le titulaire ou propriétaire (créancier
originaire s’il s’agit d’une créance) de la chose incorporelle donnée en garantie contre le débiteur de la créance
nantie ou tiers cédé au profit d’un créancier –gagiste- nantie.

L’article 126 AUS énumère plutôt les différents biens pouvant l’objet de nantissement à savoir 1° les
créances, 2° le compte bancaire (portant sur le solde créditeur provisoire -arrêté provisoire- ou définitif -en cas de
clôture du compte- au jour de la réalisation de la sûreté ou au jour de l’ouverture d’une procédure collective contre le
débiteur sous réserve des opérations en cours -chèque émis, virement-, par rapport au compte du débiteur constituant
débiteur cédant auprès d’une banque cédé au profit du cessionnaire), 3°les droits d’associés et valeurs mobilières,
4°les comptes de titres financiers (convention par laquelle le constituant affecte en garantie d’une obligation, des
valeurs mobilières et autres titres financiers figurant dans un compte spécial ouvert au nom du titulaire et tenu par la
personne morale émettrice ou l’intermédiaire financier, dont l’objet porte sur un ou plusieurs titres ou instruments
financiers -valeurs mobilières- inscrits dans un compte et qui peuvent être de natures diverses, y compris les sommes
d’argent qui représentent en général le produit ou les fruits –dividendes- des titres inscrits en compte), 4°les droits
de propriété intellectuelle (dont l’objet concerne les brevets d’invention, les marques de fabrique et de commerce,
les dessins et modèles, etc) et 5°le fonds de commerce (convention par laquelle le constituant, propriétaire du fonds
ou débiteur nanti, affecte en garantie d’une obligation les éléments incorporels constitutifs du fonds de commerce, à
savoir la clientèle et l’enseigne ou le nom commercial -au profit du créancier nanti-).

* Les sûretés réelles mobilières particulières assimilables aux hypothèques : les sûretés sur les navires –
hypothèques maritimes- et aéronefs –hypothèques

- Sûretés ou hypothèques sur les navires ou hypothèques maritimes : sûreté conventionnelle qui confère au créancier
un droit réel sur le navire ; l’hypothèque doit être inscrite sur chaque registre national d’hypothèque maritime par
l’autorité administrative compétente qui en assure la conservation et la publicité.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

-Sûretés ou hypothèques sur les aéronefs : Il s’agit pour l’essentiel des suretés sur les aéronefs (tout appareil qui
peut se soutenir dans l'atmosphère grâce à des réactions de l'air autres que celles sur la surface de la terre régies par le
code de l’aviation civile -loi n° 2010/10 du 24 juillet 2013 portant régime de l'aviation civile au Cameroun-). Les
aéronefs et toutes leurs parties prises séparément sont considérés comme des immeubles et peuvent faire l'objet d'une
hypothèque qui peut être légale, conventionnelle ou judiciaire.

2- La sûreté réelle immobilière : l’hypothèque

Le Code civil établissait deux sûretés réelles immobilières à savoir l’antichrèse (articles 2085 et suivants) et
l’hypothèque (articles 2092 et suivants). Actuellement, il n’en reste plus qu’une seule : l’hypothèque. Elle est définie
à l’article 190 AUS comme « l’affectation d’un immeuble déterminé ou déterminable appartenant au constituant en
garantie d’une ou de plusieurs créances, présentes ou futures à condition qu’elles soient déterminées ou
déterminables». C’est une sûreté immobilière qui porte sur un immeuble ou généralement sur un droit immobilier et
qui confère à son titulaire un droit de suite et un droit de préférence. Elle n’emporte pas la dépossession immédiate
du propriétaire. Seuls les immeubles présents peuvent faire l’objet d’hypothèque. L’hypothèque est constituée pour
garantir une créance. La créance garantie est le plus souvent une créance présente c’est-à-dire concomitante à la
constitution de l’hypothèque. Il peut également s’agir d’une créance future ou d’une créance antérieure.

Questions de cours (chapitre II)

1) Quels différents types de biens peuvent faire l’objet de droits patrimoniaux ?

2) Donnez les types différents actes patrimoniaux (avec un exemple d’acte ou opération –contractuelle-
concrète matérialisant cet acte) pouvant être posés par rapport à la gestion des biens susceptibles de droits
patrimoniaux

3) Après avoir dit de quoi se constitue le patrimoine d’une personne, quelles sont les deux grandes
catégories de droits patrimoniaux

4) Citez les différents droits personnels (obligations) en fonction de leur source, citez leur différent mode
d’extinction, et enfin citez au moins une catégorie de contrat spécial avec un exemple de contrat relevant de cette
catégorie ainsi qu’un cas de régime spécial (ou particulier) de responsabilité civile

5) Citez au moins un droit réel principal et au moins un droit réel accessoire

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Titre II : Les titulaires et la preuve des droits subjectifs

- Les personnes physiques (chapitre I)

- Les personnes morales (chapitre II).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Chapitre I : La personne physique et la personne morale

Considéré de manière singulière, il existe en effet deux catégories de personnes : les personnes physiques
(section I) et les personnes morales (section II).

Section I : La personne Physique

La personne physique c’est l’Homme, l’humain, sujet de droit, peut être appréhendée, au regard des règles du
droit civil, suivant qu’il s’agit du régime (ensemble de règle) ou le statut général qui lui est applicable (Paragraphe I)
ou du régime particulier des incapacités en guise de règles spécifiques (paragraphe II).

Paragraphe I : Le régime général applicable aux personnes physiques

Le droit civil, notamment ses sources que sont les règles du Code civil applicable au Cameroun et les
règlements applicables à la personne physique, encadre d’une manière générale son existence (A) et les éléments qui
permettent son identification ou son individualisation pendant son existence (B).

A) L’existence de la personne physique

Le Code civil cherche à appréhender l’existence de la personne physique en encadrant des moments précis de
cette existence des personnes physiques. Il s’agira des moments dont on est certain qu’ils vont arriver, à savoir les
moments de certitude ( 1), et ensuite, les événements qui peuvent éventuellement survenir et laisser planer une
incertitude sur l’existence de la personne, à savoir les périodes d’incertitudes (2).

1) Les moments de certitude dans l’existence de la personne physique

Il existe deux (02) moments de certitude appréhendés par le droit civil: l’acquisition de la personnalité
juridique (a) et la perte de la personnalité juridique (b).

a) L’acquisition de la personnalité juridique

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Il convient de rappeler que la personnalité juridique, qui permet à toute personne d’être considéré comme
sujet de droit en étant apte à être titulaire d’un actif (ou d’acquérir des droits) et d’un passif (ou d’être astreint à des
obligations), s’acquiert par principe à la naissance. Il faut cependant naître vivant et viable (avec tous les organes
nécessaires ou être suffisamment constitué pour vivre).

La personnalité juridique peut aussi s’acquérir, selon la jurisprudence, dès la conception (avant la
naissance) dès lors qu’il y a un intérêt pour l’enfant, sous la condition qu’il naisse viable. Sur la base de l’article 313
du Code civil par lequel le législateur présume qu’une grossesse dure maximum 300 jours et au minimum 180 jours
(en guise d’intervalle fixé pour régler l’attribution de la paternité d’un enfant après la dissolution du mariage
notamment par divorce ou par décès afin d’éviter des confusions de part), l’on a pu déduire que la conception se situe
entre le 300e jour et le 180e jour avant la naissance. Ainsi par exemple, au cas où l’enfant naît à une période
inférieure ou égale à 300 jours à partir de la dissolution d’un mariage par divorce ou par décès, l’enfant est présumé
être celui de l’époux de cette l’union est dissout, et donc, l’héritier du de cujus (du défunt), de sorte que l’on va
présumer qu’il a été conçu entre le 300e jour et le 180e jour avant la rupture du mariage.

Pour que l’acquisition de la personnalité soit effective, le public et l’État doivent être informés. Pour cela, des
formalités relatives à l’établissement de l’acte de naissance doivent nécessairement être accompli par les parents. Il
s’agit de la déclaration de naissance qui doit être suivi de l’établissement de l’acte de naissance, régis par
l’ordonnance du 29 juin 1981 modifiée par la loi du 6 mai 2011 portant organisation de l’état civil et diverses
dispositions relatives à l’état des personnes physiques.

S’agissant de la déclaration de naissance, l’article 30 et 31 (nouveaux) des textes sus-évoqués (loi de 2011)
prévoit que ;

- la naissance doit être en principe déclarée à l’officier d’état civil dans les soixante (60) jours suivant
l’accouchement ;

- mais, au cas où ’enfant est né dans un établissement hospitalier, chef de l’établissement hospitalier, médecin
ou toute personne ayant assisté la mère) le chef dudit établissement ou à défaut, le médecin ou toute personne qui a
assisté la mère, est tenu de déclarer la naissance de l’enfant dans les trente (30) jours suivant l’accouchement ;

- et si la naissance n’a pas été déclarée dans le délai de trente (30) jours précédent par les personnes sus-
évoquées (, les parents de l’enfant disposent d’un délai supplémentaire de soixante (60) jours (ce qui porte le délai à
tout au plus 90 jours ou 03 mois) pour faire la déclaration auprès de l’officier d’état civil du lieu de naissance ;

- naissances déclarées après l’expiration des délais prévus par ce qui précède, peuvent être enregistrées sur
réquisition du procureur de la république saisi dans les six (06) mois de la naissance ;

- Lorsqu’une naissance n’a pas été déclarée dans le délai de six mois, elle ne peut être enregistrée par
l’officier d’état civil qu’en vertu d’un jugement rendu par le tribunal compétent, dans les conditions définies aux
articles 23 et 24 de l’ordonnance du 29 juin 1981 modifiée par la loi du 06 mai 2011 (qui concerne la procédure de
reconstitution ou de rectification de l’acte d’état civil). Le tribunal compétent peut être le tribunal de grande instance
–TGI- (relevant du droit moderne avec le TPI) selon les dispositions de la loi du 29 décembre 2006 modifiée en 2011
portant organisation judiciaire, ou alors plus rarement le tribunal de premier degré –TPD- relevant du droit
traditionnel mais rattaché au tribunal de première instance –TPI- (selon l’article 4 alinéa 1 (a) du décret du 19
décembre 1969 fixant l’organisation et la procédure devant les juridiction de droit traditionnel au Cameroun oriental
ou francophone). Toutes ces juridictions étant des juridictions de premier degré ou de première saisine.

L’acte de naissance doit être établit dans un centre d’état civil (mairie ou centre spécial ou secondaire d’état
civil) et son établissement doit se conformer aux dispositions de l’ordonnance de 1981 modifiée en 2011 (articles 34
(nouveau) et suivants).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

S’agissant d’un enfant trouvé, l’article 38 de l’ordonnance de 1981 fixe la conduite à tenir pour procéder aux
formalités devant aboutir à l’établissement de l’acte de naissance de l’enfant (déclaration auprès des services de
police ou de gendarmerie plus proches, réquisition du parquet –procureur de la république…).

b) La perte de la personnalité juridique

La personnalité juridique reconnue à la personne physique comme sujet de droit se perd par la mort naturelle
ou biologique (la mort civile -qui est la privation ou la cessation des droits civils et la disparition de la personnalité
juridique prononcée contre les condamnés aux peines les plus graves pour les réputer mort au regard du droit bien
que naturellement en vie- a été abolie depuis 1854).

Les moments de certitude ayant été présentés, il convient à présent de voir comment le droit –civil-
appréhende les incertitudes.

2- Les périodes d’incertitude sur l’existence des personnes physiques

Il en existe deux (02) : l’absence ou incertitude mineure (a) et la disparition ou incertitude majeure (b).

a) L’absence ou incertitude mineure

L’absence est l’état d’une personne qui a cessé de paraître à son domicile ou sa résidence et dont on est resté
sans nouvelles à telle point que l’on ignore si elle est vivante ou morte. Elle se distingue de la simple non-présence
(cas d’une personne en voyage).

L’absence est alors une institution juridique bien encadrée par le Code civil qui fixe d’une part les étapes qui
doivent être respectées pour aboutir à la déclaration d’absence. Une fois la déclaration établie, elle produit des effets
notamment sur ses biens qui pourront passer entre les mains de ses héritiers.

b) La disparition ou incertitude majeure

Il ressort de l’article 88 du Code civil que la disparition renvoie à la situation d’une personne qui a cessé de
paraître à son domicile dans des circonstances de nature à mettre sa vie en danger et qui laissent croire qu’elle serait
de ce fait morte. C’est le cas d’une personne qu’on ne retrouve plus après un crash d’avion ou le naufrage d’un
bateau (alors qu’elle était présente dans l’avion ou le bateau concerné), ou encore d’un militaire au combat qui
disparaît pendant la guerre, d’un individu dans une catastrophe etc.

Le droit ou le Code civil appréhende la disparition en fixant une procédure qui permet d’obtenir la déclaration
judiciaire de décès. Une fois la déclaration obtenue, des effets pourront se manifester comme s’il s’agissait d’un
décès.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

B) L’identification et l’individualisation de la personne physique

La personne physique doit être identifiée par rapport à chacun de ses semblables, à travers plusieurs éléments
dès sa naissance (le nom, la nationalité, le domicile), et à travers certains actes dont l’essentiel est constitué par les
actes d’état civil (acte de naissance, acte de mariage et acte de décès dressés par l’officier d’état civil) qui sont,
comme tous les actes qui concernent le statut civil des personnes, des actes extrapatrimoniaux inaliénables,
incessibles et indisponibles qui n’ont en principe pas de rapport avec le patrimoine (contrairement aux actes
patrimoniaux liés au patrimoine comme les actes conservatoires, de gestion ou d’administration et de disposition
que qui n’existent que -et que l’on ne pose que- par rapport aux biens du patrimoine ou les actes juridiques qui
créent des effets patrimoniaux).

Paragraphe II : Le régime particulier –de protection- des incapacités

La capacité est l’aptitude de tout sujet de droit à acquérir un droit –subjectif- et surtout à l’exercer (dans le
sens de ce qu’évoque l’article 1123 du Code civil à propos de la capacité de contracter). La capacité est le principe,
de sorte que c’est la situation normale reconnu à toute personne majeure âgée d’au moins 21 ans (article 488 du Code
civil -qui prévoie que la majorité est fixée à vingt et un ans accomplis et à cet âge on est capable de tous les actes de
la vie civile- ou dans une certaine mesure 388 du même code) ou encore au mineure émancipé (par le mariage;
l’incapacité étant l’exception ou la situation exceptionnelle qui n’existe que si les éléments qui rendent incapable
sont bel et bien présents chez la personne qualifiée d’incapable, et qui appelle essentiellement une protection ou un
système précis de protection.

L’incapacité est donc l’inaptitude à acquérir (incapacité de jouissance) et/ou à exercer (incapacité d’exercice)
des droits.

L’incapacité de jouissance est l’incapacité de jouir d’un bien ou d’une chose et donc, l’incapacité d’être
titulaire d’un droit subjectif. Elle est souvent liée à une situation donnée, à l’instar du médecin qui ne peut pas
recevoir un bien à titre de libéralité de ses patients. Ce n’est pas la forme d’incapacité qui est visée ici, puisque cette
forme prive la personne d’être titulaire de droit subjectif, notamment patrimonial.

L’incapacité d’exercice ne prive pas celui qui en frappé de la possibilité d’être titulaire de droit subjectif
d’ordre patrimonial ; il ne peut simplement pas l’exercer. Cette incapacité peut être générale (et concernées ici tous
les droits et actes) ou spéciale (et ne concerner que certains droits et actes bien déterminés), et visées soit le mineur
(A), soit le majeur (B).

A) Le mineur incapable : Le régime de protection –des droits- du mineur incapable

Le mineur, en fonction de son degré d’incapacité est placé sous un système de protection précis. Lorsque le
degré d’incapacité du mineur est élevé, parce que par exemple non émancipé, il est placé sous le régime de la
représentation (1), ou alors sous le régime de l’assistance, de l’autorisation (2). Il conviendra enfin de mesurer les
conséquences de la minorité (3).

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1) La représentation –légale- du mineur non émancipé

L’incapacité du mineur ou le mineur incapable est gérée, lorsqu’il est sous le régime de la représentation
légale, par un système de protection qui varie suivant que les parents du mineur vivent ou non. Dans le premier cas
(lorsque les parent vivent), le mineur incapable est placé sous administration légale (a), alors lorsque les parents ou
l’un d’eux ne vit plus, le mineur est sous tutelle (b).

a) L’administration légale –des biens- du mineur

L’administrateur légal doit protéger le mineur non émancipé, il doit administrer en « bon père de famille »,
avec les mêmes soins apportés à ses propres biens. Il existe des actes qu’il pet poser seul dans le cadre de la gestion
des biens du mineur, à savoir les actes d’administration (donner à bail –mettre en location- à court terme, n’excédant
pas neuf 09 ans) et les actes conservatoires (entretient par exemple). Il lui est interdit de procéder à des actes de
disposition (vente, donné en hypothèque, libéralités ou dons…), sauf autorisation du conseil de famille, du juge –
après réquisition du parquet- et intérêt supérieur de l’enfant. Au cas où l’administration est défectueuse,
l’administration peut cesser. Cette cessation peut aussi intervenir de plein droit en cas d’émancipation ou de majorité,
de décès de l’administrateur ou de la survenance de son incapacité.

b) La tutelle du mineur

Selon l’article 390 du Code civil, la tutelle des enfants mineurs et non émancipés appartient de plein droit au
survivant des père et mère. Selon l’article 397, le droit individuel de choisir un tuteur ou une tutrice, parent ou
parente, étranger ou étrangère, n'appartient qu'au dernier survivant des père et mère. Selon les articles 402 et suivants
du Code civil, lorsqu'il n'a pas été choisi au mineur un tuteur ou une tutrice par le dernier mourant des père et mère,
la tutelle appartient à celui des aïeux ou à celle des aïeules qui sont du degré le plus rapproché.

En cas de concurrence entre des aïeux ou des aïeules du même degré, le conseil de famille désignera le tuteur
ou la tutrice, sans tenir compte de la branche à laquelle ils appartiennent. Si la même concurrence a lieu entre deux
bisaïeuls de la ligne maternelle, la nomination sera faite par le conseil de famille, qui ne pourra néanmoins que
choisir l'un de ces deux ascendants. Selon les articles 405, et suivants, lorsqu'un enfant mineur et non émancipé
restera sans père ni mère, ni tuteur ou tutrice élue par ses père et mère, ni ascendants, comme aussi lorsque le tuteur
ou la tutrice se trouvera dans le cas des exclusions dont il sera parlé ci-après, il sera pourvu, par le conseil de famille,
à la nomination d'un tuteur ou d'une tutrice.

Dans toute tutelle, il y aura un subrogé tuteur ou une subrogée tutrice. Ses fonctions consisteront à surveiller
la gestion tutélaire et à représenter le mineur lorsque ses intérêts seront en opposition avec ceux du tuteur.

La tutelle prend fin avec le décès, la majorité ou l’émancipation du ou de la pupille.

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2) L’autorisation, l’assistance et l’émancipation du mineur

Certains actes ou situation de la vie peuvent exiger que la personne considérée comme mineur puisse agir
seul, avec cependant une simple assistance ou sur simple autorisation de la personne qui joue le rôle d’administrateur
ou de tuteur (représentant légal). C’est le cas du mariage où la fille peut se marier si elle a plus e 15 ans et le garçon
plus de 18 ans (selon l’article 52 de l’ordonnance de 1981 modifiée en 2011).

S’agissant de l’émancipation, l’article 476 du Code civil précise que le mineur est émancipé de plein droit
par le mariage. L’article 478 ajoute que le mineur resté sans père ni mère pourra aussi, mais seulement à l'âge de dix-
huit ans accomplis, être émancipé, si le conseil de famille l'en juge capable. En ce cas, l'émancipation résultera de la
délibération qui l'aura autorisée, et de la déclaration que le juge, comme président du conseil de famille, aura faite
dans le même acte, que le mineur est émancipé.

L’émancipation est l’acte qui permet de rendre majeur tout mineur. C’est le principe en matière commerciale,
car, l’article 487 du Code civil dispose que « le mineur émancipé qui fait un commerce, est réputé majeur pour les
faits relatifs à ce commerce ».

Dans la vie civile, l’émancipation confère une certaine capacité en ce qui concerne les actes d’administration
et de conservation, sous réserve de l’existence de limites s’agissant de certains opérations s’agissant surtout des
immeubles (actes de disposition ou actions), qui doivent être fait avec l’assistance d’une personne appelé curateur
(nommé par le conseil de famille au cas où c’est un mineur en tutelle qui est émancipé). Il y a donc transformation de
l’administration légale et de la tutelle (et ainsi du compte de tutelle) en curatelle du fait de l’émancipation.

S’agissant du « prodigue » (qui dépense exagérément), l’article 484 du Code civil précise qu’à l'égard des
obligations qu'il aurait contractées par voie d'achats ou autrement, elles seront réductibles en cas d'excès: les
tribunaux prendront, à ce sujet, en considération la fortune du mineur, la bonne ou mauvaise foi des personnes qui
auront contracté avec lui, l'utilité ou l'inutilité des dépenses. Tout mineur émancipé dont les engagements auraient été
réduits en vertu de ce qui précède, pourra être privé du bénéfice de l'émancipation, laquelle lui sera retirée en suivant
les mêmes formes que celles qui auront eu lieu pour la lui conférer. Dès le jour où l'émancipation aura été révoquée,
le mineur rentrera sous tutelle, et y restera jusqu'à sa majorité accomplie.

2) Les conséquences de la minorité

Ces conséquences varient suivant que l’on se situe sur le terrain civil (i) ou pénal (ii).

i- sur le plan civil : le sort réservé aux actes passés en violation des règles relatives à la protection du mineur

Par rapport aux situations en rapport avec les contrats, deux principales catégories de sanction peuvent
affectées les actes passés en violation des dispositions relatives à la protection du mineur. Il s’agit de la nullité –
relative- et la rescision pour cause de lésion. S’agissant de la nullité, l’article 1124 du Code civil précise que les
mineurs sont interdits de contracter. S’agissant de la rescision pour cause de lésion, l’article 1305 du Code civil
prévoie que la simple lésion donne lieu à la rescision en faveur du mineur non émancipé, contre toutes sortes de

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

conventions; et en faveur du mineur émancipé, contre toutes conventions qui excèdent les bornes de sa capacité, ainsi
qu'elle est déterminée au titre De la minorité, de la tutelle et de l'émancipation. La simple déclaration de majorité,
faite par le mineur, ne fait point obstacle à sa restitution. Enfin, l’article 1312 du Code civil prévoie que lorsque les
mineurs ou les interdits sont admis, en ces qualités, à se faire restituer contre leurs engagements, le remboursement
de ce qui aurait été, en conséquence de ces engagements, payé pendant la minorité ou l'interdiction, ne peut en être
exigé, à moins qu'il ne soit prouvé que ce qui a été payé ait tourné à leur profit.

Par rapport aux situations délictuelles, l’article 1384 précise que le père et la mère, après le décès du mari,
sont responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux, car d’une manière générale, on est
responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le
fait des personnes dont on doit répondre (…).

ii- sur le plan pénal

L’article 80 du Code pénal camerounais prévoit que le mineur de dix (10) ans n’est pas pénalement
responsable. Le mineur de dix (10) ans à quatorze (14) ans, pénalement responsable, ne peut faire l’objet que de
l’une des mesures spéciales prévue par la loi. Le mineur âgé de plus de quatorze (14) ans et de moins de dix-huit (18)
ans, pénalement responsable, bénéficie de l’excuse atténuante. L’excuse atténuante est également applicable aux
mineurs de dix-huit (18) ans ayant agi sous la contrainte de ses parents, des personnes en ayant la garde ou la
responsabilité coutumière. Selon l’article 87 du Code pénal, lorsque la loi prévoit une excuse atténuante, les peines
sont réduites comme suit : si la peine de mort ou une peine perpétuelle sont encourues, la peine est réduite à une
peine privative de liberté de deux (02) à dix (10) ans ; Si une peine est encourue en cas de crime, elle est réduite à
une peine privative de liberté de un (01) à cinq (05) ans ; En cas de délit, le maximum des peines privatives de liberté
et d’amende est réduit de moitié.

Le majeur de dix-huit (18) ans est pleinement responsable.

Dans tous ces cas, l’âge de l’auteur se calcule à la date de la commission de l’infraction.

B) L’incapacité du majeur : La protection du majeur incapable

Selon l’article 488 du Code civil, la majorité est fixée à vingt et un ans accomplis. Mais, il peut arriver que le
majeur soit considéré comme incapable en raison d’une cause qui altère son esprit. Au cas où son esprit est
complètement altéré (imbécilité, aliéné ou dément) en provoquant ainsi une incapacité totale, le majeur sera sous le
régime de l’interdiction qui impose une représentation (1). Lorsque le majeur n’est que faible d’esprit ou prodigue
entraînant ainsi une incapacité partielle, c’est à travers le régime de la curatelle qu’il sera protégé (2). Il conviendra
enfin de connaître les conséquences de l’incapacité du majeur (3).

1) L’interdiction du majeur incapable : le majeur interdit (en représentation)

L’interdiction résulte d’une procédure engagée devant le TGI (avec intervention du ministère public et du
conseil de famille-à l’exclusion de ceux qui ont provoqué l’interdiction-) par les enfants ou le conjoint du majeur

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concerné, sous la réserve de la présentation de la preuve ou des pièces et document (médicaux notamment) justifiant
l’interdiction. Le mari est, de droit, le tuteur de sa femme interdite. Selon les articles 507 et suivants, la femme
pourra être nommée tutrice de son mari.

En ce cas, le conseil de famille règlera la forme et les conditions de l'administration, sauf le recours devant les
tribunaux de la part de la femme qui se croirait lésée par l'arrêté de la famille. Nul, à l'exception des époux, des
ascendants et descendants, ne sera tenu de conserver la tutelle d'un interdit au-delà de dix ans. À l'expiration de ce
délai, le tuteur pourra demander et devra obtenir son remplacement.

S’agissant de la gestion des biens de l’interdit, L'interdit est assimilé au mineur, pour sa personne et pour ses
biens: les lois sur la tutelle des mineurs s'appliqueront à la tutelle des interdits (s’agissant des actes autorisés et
interdit ainsi que le compte de la tutelle). Les revenus d'un interdit doivent être essentiellement employés à adoucir
son sort et à accélérer sa guérison. Selon le caractère de sa maladie et l'état de sa fortune, le conseil de famille pourra
arrêter qu'il sera traité dans son domicile, ou qu'il sera placé dans une maison de santé, et même dans un hospice.
Lorsqu'il sera question du mariage de l'enfant d'un interdit, la dot, ou l'avancement d'hoirie, et les autres conventions
matrimoniales, seront réglés par un avis du conseil de famille, homologué par le tribunal, sur les conclusions du
procureur de la République. L'interdiction cesse avec les causes qui l'ont déterminée: néanmoins la mainlevée ne sera
prononcée qu'en observant les formalités prescrites pour parvenir à l'interdiction, et l'interdit ne pourra reprendre
l'exercice de ses droits qu'après le jugement de mainlevée (articles 509 et suivants du Code civil).

2) Le majeur en curatelle

Le majeur en curatelle passe lui-même les actes, mais avec l’assistance de son curateur. Selon l’article 513 du
Code civil en effet, il peut être défendu aux prodigues de plaider, de transiger, d'emprunter, de recevoir un capital
mobilier et d'en donner décharge, d'aliéner, ni de grever leurs biens d'hypothèques, sans l'assistance d'un conseil qui
leur est nommé par le tribunal.

3) Les conséquences de l’incapacité du majeur

Elles varient suivant que l’on se situe sur le terrain civil ou pénal.

Sur le plan civil, les conséquences sont quasiment les mêmes que celles qui concernent le mineur incapable,
s’agissant des actes posés par l’interdit sans représentation ou le majeur en curatelle sans l’autorisation. Il en est de
même dans le cadre de la responsabilité du fait d’autrui dans le cadre de laquelle la responsabilité pour les dommages
causés par l’incapable sera supporté par ceux qui sont ses gardiens ou sous la garde de laquelle il se trouve (article
184 alinéa 1).

Sur le plan pénal, l’article 78 du Code pénal prévoit que la responsabilité pénale ne peut résulter du fait d’un
individu atteint d’une maladie mentale telle que sa volonté a été abolie ou qu’il n’a pu avoir conscience du caractère
répréhensible de son acte. Au cas où la démence n’est pas totale, elle constitue simplement une excuse atténuante.

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Section II : La personne morale

La personne morale est un groupement de biens constitué par une ou plusieurs personnes considéré comme
une personne capable à travers son autonomie (qui la rend apte à gérer son patrimoine en vue de la réalisation de son
objet), et qui est doté, sous certaines conditions, d’une personnalité juridique plus ou moins complète appelé
« personnalité morale ». Il s’agit alors d’un sujet de droit fictif qui, sous l’aptitude commune à être titulaire de droit
et l’obligation, comme une personne physique.

Le droit positif appréhende la personne morale de sorte qu’il soit possible d’opérer une classification des
personnes morales (paragraphe I), et de fixer le régime de son existence (paragraphe II).

Paragraphe I : La classification des personnes morales

Il existe deux (02) catégories de personnes morales, à savoir : d’une part les personnes morales de droit privé
(A) et d’autre part les personnes morales de droit public (B).

A) Les personnes morales de droit privé

Dans la sphère des relations entre particuliers, il existe quatre 04 formes ou catégories principales de
personnes morales : les sociétés, les associations, les syndicats (qui demeure une forme particulière d’association), et
les fondations.

- La société se définit par principe comme un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes (associés)
conviennent de mettre quelque chose en commun, dans la vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter. Les
sociétés peuvent avoir une nature civile, commerciale ou avoir une nature particulière en étant des groupements
d’intérêts économiques, groupement d’initiative commune ou des sociétés coopératives. La société à caractère (ou
objet) civil (différente de la « société civile » qui désigne une catégorie particulière d’associations ou de
regroupement socio-professionnel non gouvernemental ou non administrative –non bureaucratique du point de vue
administratif- d’une population) est régie aussi bien par les articles 1832 et suivants du Code civil que par les textes
particuliers à chaque catégorie de société civile (à l’instar ordre professionnel –des experts comptables, des
ingénieurs de tel ou tel domaine, des médecins, avocats, huissiers, notaires, les établissements scolaires,
d’enseignement supérieurs, de promotion immobilière, de soins de santé, etc.). La société commerciale est soit celle
qui a un objet commercial dans le sens la pratique des actes (activités) de commerce tels que définis et énumérés par
les articles 3 et 4 de l’AUDCG, soit celle qui est constituée sous l’une des formes prévues par l’AUSCGIE de 2014
(d’une part les sociétés de personnes que sont la SNC, la SCS auxquelles l’on ajoute le GIE qui ‘est pas à proprement
parler une société mais un groupement de société ou d’entreprise avec un objet qui n’est pas de réaliser le bénéfice –
mais aider les entreprises membres dans leur activités respectives-, et d’autre part les sociétés de capitaux que sont
la SARL ou SUARL, SA ou SAU, SAS ou SASU) complété au Cameroun par la loi n° 2016/014 du 14 décembre
2016 fixant le capital social minimum des SARLS au Cameroun. D’autres sociétés ont une nature particulière, à
l’instar de la société coopérative (qui est un groupement autonome de personnes-associés coopérateurs-
volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs et non
pour réaliser le bénéfice-, au moyen d’une entreprise dont la propriété et la gestion sont collectives et où le pouvoir

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est exercé démocratiquement et selon les principes coopératifs) est régie par l’AUSCOOP de 2010. Les sociétés
coopératives ont vocation à remplacer les GIC ou groupements d’initiative commune (qui sont issus de la loi nº 92-
006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune).

- Les associations sont des Groupement – plus ou moins organisé – de personnes nommées sociétaires (et non
associés) qui s’unissent en vue d’un but déterminé qui peut être charitable, religieux, culturel, philosophique, sportif,
politiques, et non pour partager des bénéfices. L’association est régie au Cameroun par la loi n° 90-53 du 19
décembre 1990 modifiée en 2021 relative à la liberté d’association. Il existe de nombreux textes particuliers
concernant des formes particulières d’association (loi du 20 juillet 2020 régissant les associations artistiques et
culturelles au Cameroun, ou encore loi n° 99/014 du 22 décembre 1999 régissant les Organisations Non
Gouvernementales).

- Les fondations et syndicats sont des formes particulières d’association. Tandis que la fondation (masse de
biens affectée à une œuvre d’intérêt général et à but non lucratif) demeure régie pour sa création par la loi de 1990
sur la liberté d’association modifiée en 2021 en plus des textes particuliers applicables à certaines fondations à
certains aspects de leur fonctionnement en plus de ce que prévoit les statuts ou le règlement intérieur (comme les
fondations d’entreprise qui relève du mécénat est aussi régie en par la loi 2003/013 du 22 Décembre 2003 relative au
parrainage et au mécénat), les syndicats (groupement de travailleurs –s’agissant des syndicats de travailleurs- ou
d’employeurs –s’agissant des syndicats d’employeurs- ayant pour objet l’étude, la défense, le développement et la
protection de leurs intérêts notamment économiques, industriels, commerciaux et agricoles, ainsi que le progrès
social, économique, culturel et moral de leurs membres) quant à eux sont régis par des textes particuliers, notamment
le Code de travail (articles 3 et suivants) et certains textes d’application du Code de travail (à l’instar du décret du 28
décembre 2017 fixant la forme des syndicats professionnels admis à la procédure d'enregistrement).

B) Les personnes morales de droit public

Une personne morale est un groupement constitué par des biens ou capitaux soit totalement, soit
majoritairement d’origine public (biens de l’État et non des privés ou particulier). Il existe plusieurs catégories de
personnes morales de droit public, à savoir : les collectivités publiques, les établissements publics, les entreprises
publiques et les groupements d’intérêts publics. À côtés de ces organismes qui qui existent sur le plan interne (1),
d’autres organismes internationaux dotés de la personnalité morale mérite aussi d’être évoqués (2).

1- Sur le plan interne

- les collectivités publiques sont des Institution administrative à base territoriale qui, par opposition aux
simples circonscriptions, est dotée de la personnalité juridique. Parmi les collectivités publiques, l’on cite l’État
central, ses ministères et les démembrements issus du processus de décentralisation (les collectivités territoriales
décentralisées que sont les communes et les régions) conformément à la loi de 2019 sur les collectivités territoriales
décentralisés qui fait bénéficier à ses structures d’une autonomie administrative et financière.

- les établissements publics (personnes morales de droit public, dotées de l’autonomie financière et de la
personnalité juridique chargées de la gestion d’un service public ou de la réalisation d’une mission spéciale d’intérêt
général pour le compte de l’État ou d’une collectivité territoriale décentralisée), régie au Cameroun par la loi
n°2017/10 du 12 juillet 2017 portant statut général des établissements publics (sous réserves des textes particuliers
propres à chaque établissement public), peuvent être, selon l’article 2 des dispositions de la présente loi, à caractère
administratif, à caractère social, à caractère hospitalier, à caractère culturel, à caractère scientifique, à caractère

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technique, à caractère professionnel, à caractère économique et financier, à caractère spécial. Certains établissements
publics, à l’instar de l’université, peuvent revêtir une ou plusieurs de ces formes.

- les entreprises publiques (personnes morales de droit privé constituées sous la forme, dotées de l’autonomie
financière, exerçant une activité industrielle ou commerciale avec un capital qui est d’origine public), est régie au
Cameroun par la loi n°2017/11 du 12 juillet 2017 portant statut général des entreprises publique (sous réserve des
textes particuliers propres à chaque entreprise publique). L’entreprise publique peut être une société en général
anonyme, soit créée par l’État comme actionnaire unique, soit créée par des collectivités territoriales décentralisées,
soit créée par des entreprises publiques, soit alors une société d’économie mixte ou le capital est majoritairement
détenu par l’État ;

- le groupement d’intérêt public (personne morale de droit public constituée -dans divers domaines, comme la
recherche, l’action sanitaire et sociale, le développement scientifique et technologique, l’éducation et les activités
culturelles et sportives- entre l’Etat ou une collectivité territoriale décentralisée et d’autres personnes morales de
droit public ou de droit privé, pour exercer ensemble des activités ayant un caractère de mission de service public,
dans un domaine bien déterminé) est régie au Cameroun par la loi n°2010/023 du 21 décembre 2010 fixant le statut
du groupement d’intérêt public.

2- Sur le plan international

Sur le plan international, des organisations internationales ou communautaires (Collectivité composée d’États,
ou organisation interétatique, établie de façon permanente et dotée d’une volonté distincte de celle de ses membres)
qui peuvent être doté de la personnalité juridique internationale (au-delà des États) ou même rang que les États, en
dehors de la sphère interne aux États (c’est-à-dire sur la scène internationale). Ce sont donc des sujets de droit, mais
surtout des sujets non étatiques ou de droit international au même titre que les États (à la différence des sujets de
droit interne). Leur personnalité juridique est cependant spéciale et fonctionnelle. Ils sont en général créés par des
traités internationaux.

Paragraphe II : L’existence des personnes morales

L’existence des personnes morales, de leur constitution à leur dissolution en passant par leur fonctionnement,
est régit par les textes généraux et particuliers propres à chaque catégorie.

- Toutefois, s’agissant d’abord de la constitution, il convient de préciser que chaque personne morale est identifiée
sur la base des éléments d’identification des personnes physiques (étant entendu qu’elles ont été conçues sur le
modèle des personnes physiques), avec un nom ou dénomination sociale (raison sociale pour certaines entreprise
comme les SNC pour lesquelles la raison sociale fait apparaître le nom d’une ou quelques personnes physiques qui la
constituent), le siège social (qui tient lieu de domicile de la personne morale, la nationalité (qui est ici en général
celle déterminée en fonction du lieu du siège social). En plus de de ces éléments, l’objet de la personne morale ou
activité envisagée (pour les sociétés on parle d’objet social), la personne morale est créée sur la base de la volonté
des fondateurs (associés ou actionnaires dans les sociétés de capitaux que sont les SA et les SAS-, les coopérateurs –
dans les sociétés coopératives- les membres dans les autres personnes morales qui existent au moment de la création)
de s’associer (affectio societatis dans les sociétés, affectio cooperandi dans les coopératives) à travers le contrat de
société ou d’association matérialisé par les statuts. Des éléments spécifiques sont exigés pour la création des sociétés
et groupement, à l’instar du capital dont le montant doit être indiqué (uniquement pour les société au regard d’un

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minimum parfois exigé pour la création de certaines sociétés) qui représente l’ensemble des biens en nature, en
numéraire ou en argent et pour certaines sociétés en industrie –apport en industrie est cependant interdit dans les SA-
qui a été apporté pour la création de la personne morale et qui donne droit à des droits (parts sociales qui peut
prendre le nom d’action dans les SA et SAS) –pour participer à la vie sociale en percevant les bénéfices et en
contribuant aux pertes tantôt de manière solidaire et indéfini, tantôt à hauteur de ce que représente la part dans le
capital des sociétés de capitaux-. Pour toutes ces personnes morales des formalités de publicité (d’information du
public ou de l’État) doivent être respectées à travers l’accomplissement de ces formalités (qui requiert la
présentation des statuts qui doivent contenir tous les éléments sus-indiqués) auprès d’un service compétent de l’État
(RCCM pour les sociétés, préfecture pour les associations –fondations notamment-, Greffe de syndicat pour les
syndicats, Ministre de l’administration territoriales après avis du MINREX pour certaines associations étrangères,
Président de la République pour certaines associations religieuses –au regard de la doctrine qui sera enseignée- et
pour la reconnaissance de certaines fondations comme étant d’utilité publique, agrément pour certaines sociétés –
notamment celle du MINFI pour les banques, assurances, du MINTRANSPORT pour les entreprise de transport,... des
ministères compétents des secteurs concernés pour certaines activités enseignement –suivant l’ordre d’enseignement
concerné-, de promotion immobilière, de soins de santé, activité minière, piscicole, touristique ou loisir, commerce
de certains produits…, ou d’une autorité publique communautaire – de la CEMAC notamment pour l’activité
d’expertise comptable-, etc. Le respect de ces formalités est parfois nécessaire pour la reconnaissance de la
personnalité morale à une personne morale. S’agissant des organisations internationales, leur personnalité morale
leur est conférée dans le respect des traités fondateurs.

- En ce qui concerne leur fonctionnement, la personne morale fonctionne dans le respect des statuts et des textes qui
lui sont applicables (par rapport aux organes de gestion et/ou d’administration le cas échéant, au contrôle, aux
rapports entre les membres et entre la personne morale et l’extérieur…). C’est généralement le dirigeant de la
personne morale (gérant dans les sociétés autres que les SA, directeur, président directeur général, administrateur
général dans les SA, le président des SAS ou le président des associations) ou toute personne désigné par lui dans les
faits, représente la personne morale dans les rapports avec les tiers ou en justice.

- s’agissant de la dissolution de la personne morale, elle peut avoir lieu de plein droit (lorsque les textes applicables
prévoient que tel ou tel évènement –arrivée du terme, décès d’un associé comme c’est le cas dans les SNC ou les
SCS avec le décès d’un commandité, réalisation complète de l’objet social…- peut mettre fin à la vie de la personne
morale). Elle peut aussi survenir par la manifestation de volonté des membres ou de l’État, et notamment de
l’exécutif (par l’effet d’une sanction comme le retrait d’agrément ou de l’autorisation) ou du législatif (ordre public
interne menacé). Elle peut enfin survenir par une décision judiciaire (dissolution –anticipée- pour juste motif comme
la mésentente entre associé ou membre rendant impossible la survie de la personne morale, annulation du contrat de
société, décision de liquidation judiciaire.

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Chapitre II : La preuve des droits subjectifs

Prouver c’est faire apparaitre quelque chose comme vrai, réel et certain : la preuve est donc ce qui sert à
établir qu’une chose est vraie. Lorsque l’on est titulaire d’un droit subjectif, il faut toujours être capable d’en
rapporter la preuve, c’est-à-dire de rapporter la preuve de l’existence du droit subjectif, pour que le juge fasse droit
ou satisfasse sa demande.

Il sera donc question de dire ce qu’il faut prouver en guise d’objet de la preuve, sur qui pèse la charge de
prouver (section I), avant de voir les modes, moyens ou procédés de preuve (section II).

Section I : L’objet et la charge de la preuve

Il convient d’abord d’analyser l’objet de la preuve (paragraphe I), avant de voir la charge de la preuve
(paragraphe II).

Paragraphe I : L’objet de la preuve


L’objet de la preuve est ce sur quoi doit porter la preuve, ce qu’il faut prouver, ce dont il faut rapporter la
preuve. Ce qu’il faut donc en général prouver c’est la source du droit subjectif, l’acte juridique ou le fait juridique.
La preuve de l’existence d’une règle de droit reconnaissant le droit subjectif n’est pas nécessaire. Le fait à prouver se
limite à l’existence de la source du droit subjectif.

Cependant, lorsqu’il s’agit d’une situation régie par la coutume, les parties doivent, en cas de contestation,
rapporter la preuve l’existence et la teneur de la coutume qui établit le droit subjectif dont l’existence doit être
rapportée. Il en est de même de l’hypothèse où c’est la loi étrangère établit le droit subjectif dont l’existence doit être
rapportée.

Paragraphe II : La charge de la preuve

Il s’agit de savoir laquelle des parties à un litige ou à un procès doit rapporter la preuve de l’existence d’un
droit subjectif. Il existe à ce sujet un principe qui admet des exceptions se résumant à l’existence de présomptions.

- le principe relatif à la charge de la preuve : Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit la
prouver –actori incumbit probatio-. Réciproquement, celui qui se prétend libéré, doit justifier le payement ou le
fait qui a produit l'extinction de son obligation (article1315 du Code civil) :

Cette règle traduit l’idée que c’est au demandeur qui avance la réalité –existence réelle- d’un fait de le
prouver. En réaction, le défendeur doit rapporter la preuve du fait qu’il invoque ou la preuve du contraire de ce que
l’autre partie avance. L’enjeu de la règle est de savoir qui supportera les risques liés à l’insuffisance de preuve.
C’est alors celui sur qui pèse la charge de la preuve qui en supportera les risques.

Le juge peut toutefois ordonner des mesures d’expertises destinées à établir la réalité des faits afin d’éclairer
son jugement.

- L’exception relative aux présomptions légales : conséquences que la loi ou le magistrat tire d'un fait
connu à un fait inconnu (article 1349 du Code civil)

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L’on fait recours aux présomptions lorsqu’il est difficile d’établir le fait dont on désire prouver l’existence. La
présomption légale dispense de toute preuve celui au profit duquel elle existe Il existe deux types de présomptions :
les présomptions –légales- simples (qui peut être combattu par la preuve contraire) et les présomptions –légales-
irréfragables (celle qui ne peut pas être combattue par la preuve contraire).

Section II : Les moyens, modes ou procédés de preuve

- la preuve littérale : acte authentique ou acte sous seing privé


Le principe est que les actes juridiques doivent en général être prouvé par écrit (article 1341 du Code civil),
notamment lorsque la valeur sur laquelle porte la preuve est supérieure à 500 frs français. Ce qui fait planer une
ambiguïté sur la valeur à considérer en frs cfa (dont on ne saurait savoir s’il s’agit de 500 fr cfa d’ailleurs considéré
par une jurisprudence du 15 mars 1973– montant de la lettre du texte, ou 5000 frs cfa – à l’époque de
l’indépendance- ou 50. 000 frs cfa – dernière valeur en date avant le passage à l’euro-). Ces actes peuvent être des
actes authentiques, des actes sous seing (signature) privé, ou d’autres écrits.

L’acte authentique est l’acte d’un officier public comme le notaire ou l’huissier compétent (par exemple en
matière immobilière, le notaire compétent pour l’acte de cession ou de mutation est celui du lieu de situation de
l’immeuble). Il a une force probante qui ne peut être renversée par un autre écrit, un témoignage ou une présomption,
et qui s’impose aux parties et au juge, à moins qu’il y ait inscription de faux.

L’acte sous signature privé ou acte sous seing privé (ou tout titre, chèque, effet de commerce…) est celui qui
n’est pas rédigé par un officier public (notaire, huissier) soit par les parties, soit un tiers, et signé par les parties. S’il
concerne un contrat synallagmatique, il doit être fait en autant d’exemplaire qu’il y a de parties qui s’obligent.
Toutefois, c’est le créancier de l’obligation qui doit toujours détenir l’unique exemplaire ou l’original. Elle conserve
sa force probante tant qu’une partie ne nie pas avoir signé l’acte, à moins qu’il ne s’agisse d’une fausse dénégation.
Cependant, le problème peut ne pas simplement concerner la signature, mais la date portée sur l’acte, notamment
lorsque l’acte est antidaté. Dans ce cas, lorsque l’acte a fait l’objet d’enregistrement, c’est la date portée par l’officier
public qui fait foi et non celle portée par les partie. Au cas l’une des partie présentée comme signataire est décédée
en l’absence de toute mention de date, l’acte acquiert date certaine qui est celle du décès.

Les autres écrits peuvent être les lettres missives (correspondance, lettre sous pli fermé, télégramme…), les
courriels (écrits électroniques), les copies (y compris celle d’un acte authentique qui n’existe plus sous réserve de
l’absence de fraude), les livres de commerce, les registres, les papiers domestiques (agenda par exemple), les
décharges, les mentions libératoires (preuve de paiement, preuve de remise de dettes…) etc.

En deçà de ce montant, la preuve peut se faire par tout moyen comme c’est le cas pour les faits juridiques.

- La preuve testimoniale ou preuve par témoignage :


Le témoignage concerné par la preuve testimoniale est l’affirmation du témoin qui ici est celui qui a vu ou
entendu ce qu’il allègue ou raconte dans le cadre du témoignage, sans moindre penchant pour l’une des parties (les
parties ont alors la possibilité de faire savoir qu’elles pensent que le témoin ne pourra pas rester neutre, avant la
déposition de celui-ci – notamment dans le cadre du procès pénal-, ceci en faisant des reproches à témoin –parent,
allié, salarié,, compagnon…depuis la décision qui a ordonné l’enquête- de sorte que si le reproche est fondé, le
témoin ne sera pas entendu). Il doit être majeur et capable, bien que l’incapable puisse être entendu à titre
d’information. La loi (Code de procédure civile notamment) oblige non seulement à donner des éléments
d’information afin de pouvoir vérifier si tout reproche fait contre lui peut être fondé, mais aussi à jurer de dire la
vérité et le juge lui rappelle ici qu’il encourt des peines d’emprisonnement et d’amende en cas de faux témoignage.
Dans le procès civil, le témoin n’est interrogé que par le juge, alors que dans le procès pénal, le témoin peut être

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interrogé par les parties. Toute personne qui a connaissance des faits ne doit pas refuser, sans motif légitime, de se
présenter à une convocation comme témoin, sous peine d’être poursuivi pour témoin défaillant.

- La preuve par présomption judicaire ou présomption du fait de l’Homme :


Conséquence que le juge tire d’un fait connu à un fait inconnu. Le fait connu étant l’indice qui permet de
présumer ou déduire un autre fait. Ces indices peuvent provenir des constatations personnelles, des rapports
d’enquêtes fait par d’autres acteurs (officiers e police judiciaire notamment), des expertises qu’il a ordonné…

- L’aveu ou preuve par aveu : L’aveu judiciaire et l’aveu extrajudiciaire


L’aveu est d’une manière générale une déclaration par laquelle une personne tient pour vrai un fait qui peut
conduire contre elle des conséquences (sanctions notamment) sur le plan juridique. L’aveu judicaire est donc celle
qui est faite dans le cadre d’un procès, devant le juge, et donc en présence de la partie adverse. Elle doit émaner de la
partie au procès même et non d’un tiers (représentant légal par exemple) pour être pleinement efficace, à moins qu’il
y ait un mandat exprès pour le faire. Celui qui avoue ne peut plus se rétracter, à moins qu’il ne s’agissait d’une erreur
de fait (appréciation inexacte de la qualité d’un fait), à la différence d’une erreur de droit (interprétation inexacte
d’une règle de droit). Qui ne supprime pas l’effet de l’aveu sur la situation de celui qui avoue, et donc sur la suite du
procès à cet égard. L’aveu extrajudiciaire est celle faite en dehors de tout procès ou dans le cadre d’un procès de
celui qui oppose actuellement les plaideurs. Il peut être écrit et correspondre soit à un acte authentique, soit à un acte
sous seing privé (sa valeur probante dépendra alors de celle de l’acte auquel il correspond). Il peut être verbal et sa
valeur probante est plu faible (notamment lorsqu’une partie au procès dit au juge que son adversaire a avoué
verbalement en dehors du procès tel fait), à moins que cet aveu ne soit repris devant le juge (pour ainsi devenir un
aveu judiciaire). L’aveu peut aussi résulter du silence, notamment lorsqu’une partie, après avoir reçu un acte qui fait
le point de ses rapports avec l’autre partie, laisse passer le délai qui lui est imparti pour formuler des réserves par
rapport aux mentions de l’acte (elle ne pourra plus se raviser après et contester ces mentions).

- Le serment ou preuve par serment : le serment décisoire ou serment déféré et le serment à l’initiative du juge ou
serment supplétoire
Le serment est l’affirmation solennelle de la véracité d’un fait ou d’un acte dont dépend l’issu du litige. Le
serment décisoire ou serment déféré est celle qui résulte du fait que celui qui fait le serment a été invité à prêter
serment. En général, le plaideur qui invite l’autre partie à faire le serment est bloqué, le fait qu’il allègue étant
contesté sans qu’il n’ait ni preuve littérale, ni témoignage, ni présomption en sa faveur. Il va alors inviter son
adversaire à affirmer solennellement son point de vue par serment. Celui qui est invité soit peut faire des allégations
dans le cadre du serment en défaveur de celui qui défère et cela demeurera vrai (même s’il est condamné après la
preuve de la fausseté de ses allégations), soit refuser de prêter serment et son silence va le condamner, soit alors
référer ou retourner le serment et les allégations de celui qui est subsidiairement invité à faire le serment seront
tenues pour vrai, alors que son refus de prêter serment lui fera perdre le procès. Le serment à l’initiative du juge ou
serment supplétoire résulte d’une insatisfaction du juge par rapport aux éléments de preuves en sa possession (il doit
nécessairement avoir quelques éléments de preuve pour recourir au serment supplétoire), et il invite de fait l’une des
parties à prêter serment sur un point dont dépend l’issue du procès en se laissant guidé par la confiance que lui
inspire la partie à qui défère le serment, celle qui lui paraît plus crédible. Cette partie peut soit prêter serment, soit
refuser de le faire, mais elle ne peut le déférer à l’autre partie. Ce serment ne constitue pas à proprement parler une
preuve légale, elle permet simplement au juge d’asseoir sa conviction.

Questions de cours (titre II –chapitre I et II)

1) Quels sont les titulaires de droits subjectifs ?

2) Quels éléments permettent d’identifier et d’individualiser une personne physique

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3) Après avoir dit à partir de quel moment l’on acquiert la personnalité juridique pour devenir un véritable
sujet de droit, faites une distinction entre une personne capable et une personne incapable et citez les différents
régimes d’incapacité (régime de protection des incapacités)

4) citez les différents personnes morale

5) Citez les différents modes de preuve des droits subjectifs et dites sur qui repose par principe la charge de
la preuve

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Troisième partie : L’ORGANISATION OU SYSTÈME JUDICIAIRE

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Titre I : Les principes et les acteurs de l’organisation ou système judiciaire

Il existe deux catégories de principes :

- Les principes ou garanties encadrant les procédures et structures ou organismes du système judiciaire
(chapitre I) ;

- Les acteurs du système judiciaire (chapitre II)

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Chapitre I : Les principes ou garanties encadrant les procédures et structures ou organismes du système
judiciaire

Bien que leur apparition et développement s’est fait après la seconde guerre mondiale, on range facilement
certains droits évoqués ici dans le cadre des droits de première génération, parmi les droits civils de la personne, mais
ici en tant que justiciable dan toute procédure (judiciaire, disciplinaire, gracieuse, devant un organe de régulation…)
qui le concerne.

Sur le plan processuel, ces droits fondamentaux apparaissent comme des garanties que la justice sera bien
rendue. On distingue dans ce sens les droits fondamentaux de la personne justiciable, à savoir le droit à
l’indépendance et à l’impartialité de la justice qui sont des garanties d’ordre juridictionnel (section I), des droits de la
défense du justiciable qui sont des droits fondamentaux qui sont des garanties d’ordre procédural (section II).

Section I : Les principes ou garanties d’ordre juridictionnel

L’indépendance et l’impartialité sont des principes d’ordre juridictionnel parce qu’ils visent et mettent
directement en cause la juridiction ou ses principaux organes (les magistrats et particulièrement le juge) en les
affectant, avant d’avoir une incidence sur la procédure. Il s’agit de deux principes qui apparaissent comme deux
conditions ou exigences fondamentales de base dont le respect peut contribuer à garantir l’accès à une justice
équitable, en étant des éléments dont l’absence ou la limitation pourrait faire observer le contraire. Ils ont été
explicitement évoquées par l’article 10 Déclaration Universelle des droit de l’Homme de 1948 et l’article 14 du Pacte
international des droits civils et politiques de 1966 et repris par de nombreux textes régionaux de diverses parties du
monde, tout comme dans les différents ordres juridiques internes des États. Des principes fondamentaux des Nations-
Unies sur l’indépendance de la magistrature ont d’ailleurs été établis, en prévoyant l’impartialité comme un aspect de
l’indépendance.

- S’agissant du principe d’indépendance (proche de l’autonomie), il convient de rappeler qu’il découle des
postulats libéraux de Montesquieu. Selon ce dernier, le pouvoir judiciaire, dont les institutions du point de vue
structurelles sont concernées ici, doivent être indépendantes du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Ceci peut
contribuer à permettre à ces structures d’accomplir leur mission sans une quelconque influence, intervention ou
pression discrétionnaire ou arbitraire extérieure malsaine, surtout de la part de l’exécutif ou de l’autorité de
nomination (même s’il est possible de relever des possibilités d’influence du législatif à travers les lois d’amnistie –
comme mesure qui ôte rétroactivement à certains faits commis à une période déterminée leur caractère délictueux de
sorte que ces faits soient réputés avoir été licites -mais non pas ne pas avoir eu lieu- à la différence de la
réhabilitation qui n’efface que pour l’avenir et non le passé, les lois rétroactives ou interprétatives). L’indépendance
du juge (ou de la justice est consacré sur le plan national, (en dehors du pacte international des droits civils et
politiques et la Déclaration des droits de l’Homme de 1948), par l’article 37 alinéa 2 de la Constitution camerounaise
de 1996, article 126 du Code pénal (par rapport à la répression de l’empiètement de l’exécutif sur le judiciaire). Il
faut cependant noter par rapport à ce principe ou ce droit fondamental du justiciable, qu’il peut être mis à mal
(malmené) par le fait que que les magistrats du parquet (procureurs et assimilés) relève de l’autorité du ministre de la
justice. En plus, la carrière (la vie professionnelle) de tous les magistrats (assis ou debout) est gérée par le Conseil
supérieur de la magistrature présidé par le Président de la République.

- S’agissant de l’impartialité (proche de la neutralité), il est admis que dans le rendu de la justice,
l’invitation des juges à en faire preuve, ou du moins son existe (par rapport au juge) a été présentée depuis bien

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longtemps, comme une exigence à respecter. Il en sera ainsi pour que la jurisprudence qui résultera de son jugement
soit produite dans des conditions qui garantissent qu’elle sera juste. L’impartialité se distingue de l’indépendance
dans la mesure où elle se rapporte davantage aux rapports du juge ou de la juridiction à la chose ou l’affaire sur
laquelle il doit se prononcer. C’est dans ce sens que des auteurs ont estimé que l’impartialité s’attache à l’état
d’esprit du juge par rapport à l’affaire qu’il connaît. En plus du Pacte international des droits civils et politique et
de la Déclaration universelle des droit de l’Homme, le droit du justiciable à une justice impartiale a été consacré sur
le plan national. Ainsi, une possibilité de demander la récusation d’un juge ou le refus d’être jugé par un juge, un
magistrat du parquet ou de toute auxiliaire, à l’instar des experts qui participe au procès ou à la procédure, a été
consacrée. C’est généralement le cas lorsqu’il existe des liens d’affinité ou de parenté entre le magistrat et l’une des
parties (cf. article 36 et 158 et suivants du Code de procédure civile pour la récusation des magistrats et 116 pour la
récusation de l’expert judiciaire, les articles 59 et suivants Code de procédure pénale…)

Section II : Les principes ou garanties constitutifs de la défense de la personne justiciable : les principes ou
garanties d’ordre procédural

Il s’agit, pour la plupart des principes (garanties) en guise de droit fondamental du justiciable- d’ordre
procédural- à aborder ici, de ceux qui visent ou affectent d’abord directement la procédure même, ainsi que les
parties à cette procédure (dans une certaine mesure), et que le juge ou la juridiction (tribunal) doit impérativement
respecter. Il s’agit alors des éléments qui vont renforcer directement la qualité de la procédure, pour que les
justiciables soient sûrs que, dans le cadre du dérouler de la procédure, tout ce qui peut les affecter dans le processus
est considérablement limité, de sorte qu’ils aient la garantie qu’à terme un jugement (ou arrêt) juste et équitable sera
rendu. On range en général bon nombre d’entre eux dans ce qui est en général considéré comme « les droits de la
défense ». Ils ont été consacré par la législation nationale, dans le respect des textes internationaux (Pacte
international des droits civils et politiques et Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948) et régionaux –
en Afrique- (comme la Carte africaine des droits de l’Homme et des peuples).

De nombreuses garanties peuvent alors être évoquées dans ce cadre, à l’instar de la permanence ou de la
continuité de la justice (article 12 de la loi de 2006 modifiée en 2011 portant organisation judiciaire l’art 32 fixant
l’organisation et le fonctionnement de la cour suprême) qui renvoie au fait que le service public de la justice est
investi d’une mission c’est-à-dire d’une activité processuelle judiciaire continue, qui est destiné à fonctionner sans
interruption (mais les affaires pénales, les procédures d’urgences -de référés ou gracieuses- peuvent être gérées par
les juridictions), du droit de la personne justiciable à la présomption d’innocence (article 8 alinéa 1 et 2 du Code de
procédure pénale), au contradictoire -à la contradiction ou à la défense- (intimement lié au double degré de
juridiction –avec la possibilité d’opposition devant la même juridiction d’une décision rendu en son absence, d’appel
et de pourvoi en cassation comme de contestation), à la célérité de la procédure (pour éviter la lenteur et le
dilatoire), à la gratuité de la procédure -intimement lié au principe de la simplicité de la procédure- (article 8 al 1 de
la loi du 29/12/06 portant organisation judiciaire qui prévoit aussi des dispositions dans ce sens, les conditions du
bénéfice de l’assistance judiciaire gratuit au Cameroun sont fixées par la loi du 14/04/2009 portant organisation de
l’assistance judicaire, ainsi que par l’art 6 al 2 du décret n°2010/0243/PM du 26/02/2010 fixant les modalités
d’exercices, des demandes d’aides et des secours aux indigents et aux nécessiteux et enfin par l’art 3 de l’arrêté
n°2010/011/A/M/I/N/S du 27/08/2010 portant cahier de charges précisant les conditions et les modalités techniques
des compétences transférées par l’Etat aux communes en matière d’attribution des aides et secours aux indigénats et
aux nécessiteux), à la publicité (6 al 1 de la loi du 29/12/06 portant organisation judiciaire) –même si le huis-clos
peut parfois être exigé pour certaines affaires, ou encore à des principes spécifiques à certaines procédures comme le
droit de la personne justiciable (potentiel ou avéré) au bénéfice du principe de la légalité des délits et des peines
prononcés uniquement par le juge en matière répressive ou criminelle-au sens large- (article 17 du Code pénal), à
celui du principe dispositif (qui est de principe en matière civile).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Chapitre II : Les acteurs du système judiciaire

Les acteurs ou la composante subjective de la structure ou de l’appareil ou de l’organisme dont il est question
ici est un ensemble composé de sujets (personne physique) ou composante institutionnelle subjective investie d’un
pouvoir ou d’une mission particulière dans le cadre du service publique relatif à la justice.

Cet ensemble subjectif généralement saisit en cas de besoin (de justice) par les particuliers présentent
l’organisme comme constituer d’une composante influente, à savoir le magistrat (section I) et d’autres composantes
essentielles, à savoir les auxiliaires de justice (Section II).

Section 1 : Le magistrat

Le magistrat fait office de la figure influente du pouvoir judicaire. Il s’agit ainsi d’une personne qui appartient
au corps judiciaire et qui est investie à titre principal et professionnel du pouvoir de rendre justice ou de la requérir
au nom de l’Etat dans le cadre de l’exercice du pouvoir judiciaires. Il relève du ministère de la justice.

Lorsque le magistrat exerce son pouvoir de rendre justice ou lorsqu’il est investi de ce pouvoir on le considéré
en général comme magistrat du siège un magistrat assis (paragraphe I). Mais, lorsqu’il est investi du pouvoir de
requérir la justice au nom de l’Etat, ll sera considéré comme un magistrat debout ou un magistrat du parquet
(paragraphe II).

Paragraphe I : Le magistrat du siège ou magistrat assis : le juge

Le juge et le magistrat ou le sujet du corps judiciaire qui est doté d’un pouvoir juridictionnel, c’est-à-dire du
pouvoir de juger ou de contrôler le respect des normes en tranchant les litiges. Les magistrats du siège disposent
dans leurs fonctions juridictionnelles, que de la seule loi et de leur conscience.

Il existe cependant des juges qui n’appartiennent pas au pouvoir judiciaire étatique, sur le plan national il
serait possible d’évoquer les juges traditionnels (notamment dans les tribunaux coutumiers –les chefs traditionnels-),
et sur le plan non étatique, l’on peut citer les arbitres des centres privés d’arbitrage.

Il faut retenir que les magistrats assis peuvent être regroupés en deux catégories à savoir : une catégorie
ordinaire, à savoir le juge de jugement (A) et une autre spécifique (B).

A) Le juge ordinaire ou juge de jugement

Le juge ordinaire : est celui à qui l’originellement et principalement reconnu du pouvoir juridictionnel. Il en
existe sur le plan interne (1) et sur le plan international (2).

1- Sur le plan interne


Sur le plan interne, on distingue les juges relevant du droit moderne (a) et ceux relevant du droit traditionnel
(b)

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

a) Le juge relevant du droit dite moderne

Les juges concernés ici ont une compétence juridictionnelle à caractère général. Ceux-ci font partie de la
catégorie dont le statut est régit par le statut général de la magistrature issue du décret n°95/048 du 08 mai 1995
portant statut de la magistrature modifié par décret n°004/08 du 13 avril 2004, et dans une certaine mesure par le
conseil supérieur de la magistrature régit par la loi n°82/014 du 26 novembre 1982 fixant l’organisation et le
fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature.
Le rôle du juge est de rendre la justice (ou de juger) en restant, dans la plupart des cas assis dans les
différentes juridictions pendant les audiences en prononçant une sentence au terme du procès. Cette sentence est
prononcée au moyen d’un jugement (décision des juges qui relève d’un tribunal) ou d’un arrêt (décision d’un juge
qui relève d’une cour. Le juge agit généralement suivant un logique monologique (il est le seul à décider) et ceci un
démarrage manichéenne (en décidant de considérer exclusivement telle comme juste ou mauvais).

b) Le juge relevant du droit traditionnel : l’autorité ou le chef traditionnel

Le juge relevant du droit traditionnel renvoi au chef ou à l’autorité traditionnelle. En effet, le chef est celui qui
exerce l’autorité d’un groupe (village, quartier …) en étant investi du pouvoir considéré comme sacré et reçu de Dieu
ou des ancêtres sans toutefois être au-dessus des normes ou du groupe qu’il est censé ou supposé protéger. Les
notables (anciens) sont en principe ceux qui assistent le chef dans l’exercice de ses prérogatives. Cependant, il peut
arriver que l’un deux (le plus ancien) ou celui qui a été délégué par les anciens ou par ses pères, agisse comme juge.

La fonction juridictionnelle est reconnue aux autorités traditionnelles que par les articles 20 et 21 du décret du
15 Juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles.

Dans le Cameroun francophone, le juge ou les juges traditionnelle dans le tribunal de 1er degré sont désignés
par le ministre de la justice sur proposition du président de la première instance et du préfet. Ils sont considérés ici
comme assesseurs ayant qualités de juge siégeant aux côtés d’un président de juridiction avec voix délibérative (c’est
dire qu’en participant à la décision). Le président de premier degré sera ici le sous-préfet ou le chef traditionnel de
district nommé par le ministre de la justice. Dans les tribunaux coutumiers, le juge traditionnel et le chef ou un
notable désigné par le ministre de la justice. Le chef ou le notable sera assisté de deux notables (assesseurs ayant
qualité de juge). Dans le Cameroun anglophone, le juge traditionnel est en principe désigné par une commission
constituée de certain chef traditionnel et notable. Ainsi que d’expert en matière coutumière.

2- Le juge ou l’arbitre relevant sur le plan international ou communautaire

L’arbitre de la CCJA est un juge qui siège dans un tribunal instance à l’instar de la CCJA de l’OHADA
(organisme permanent institué par les Etats membres de l’OHADA et doté d’une fonction juridictionnelle). Il diffère
ainsi du juge de l’arbitre qui siège dans un tribunal arbitral non étatique (privé). Ils sont soit désignés par les partis,
soit choisi par le juge figurant dans la liste du tribunal arbitral.

B) Les juges spécifiques


Il peut s’agir du juge d’instruction (1) ou du juge commissaire (2).

1-Le juge d’instruction

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Il s’agit d’un magistrat du siège qui statut comme juge indépendant dans le cadre de la conduite d’une
information judiciaire qui est obligatoire soit lorsqu’un mineur est impliqué dans la commission d’une infraction, soit
en cas de crime et facultative en cas des délits et contraventions. Il peut être saisit par toute personnes constituée
comme partis civile (individu qui a personnellement souffert d’une infraction ou d’une violation de la loi pénale) à
une procédure criminelle ou par le procureur ou le parquet afin de mettre en œuvre l’instruction (ou l’ensembles des
mesures situées entre l’enquête et le jugement visant à identifier l’auteur d’une infraction, à éclairer le juge en charge
de l’instruction et à établir les circonstances et conséquences d’une infraction, dans le but de décider de la suite à
donner au procès).

2- Le juge commissaire

Il s’agit d’un magistrat commis, c’est-à-dire chargé du délégué par le tribunal ou encore par le juge qui a la
charge de juger une affaire, pour accomplir des actes auxquels ces derniers (tribunal ou juge compétent) ne peuvent
réalisés eux-mêmes par commodité. Il s’agira notamment :

- du juge commis par le tribunal par une mission de surveillance des opérations d’un partage en cas de
nécessité de sauvegarder les intérêts d’un incapable ;

- du juge (commissaire) apparaissant comme l’organe essentiel du contrôle ou du déroulement régulier et


rapide des procédures collectives, en matière de règlement préventif de cessation des paiement, de redressement ou
de liquidation des entreprises en difficultés (ou en faillite) et, dans ce cadre, il est commis par le Tribunal de Grande
Instance.

Paragraphe II : Le procureur : magistrat du parquet ou magistrat debout

Le parquet renvoi a un groupe de magistrats placé sous l’autorité de ministre de la justice de diriger l’activité
des OPJ dans le cadre de la police judiciaire, notamment et chargé des poursuites (ensembles des actes ou mesures
posés en vue soit de requérir l’application de la loi, soit de la découverte de l’auteur d’une infraction, ainsi que pour
rassembler les preuves et les charges à transmettre aux magistrats du sièges) ou de diriger les enquêtes (mesures
prises en vue d’obtenir les premiers renseignements sur l’infraction pour permettre au parquet de prendre une
décision de poursuivre) préliminaires (non contraignantes) ou de flagrance (contraignantes), tout en exerçant la
fonction du ministre public (organe d’une juridiction donc le rôle est soit d’inviter le magistrat du siège à agir d’une
certaine manière en fonction des éléments qu’il présentera à ces derniers). Le parquet représente, dans le cadre de
l’exercice de leur mission, les intérêts à l’instar de ceux de l’Etat, des incapables (majeurs ou mineurs), ou de la
femme.

Les procureurs relèvent sur le plan hiérarchique de l’autorité du ministre de la justice et ils sont d’ailleurs
soums à son autorité directe en tant que supérieur hiérarchique. Il en existe au sein des tribunaux, il s’agit du
procureur de la république, (A) ou au sein des cours, c’est le procureur général (B).

A) Les magistrats du parquet au sein des tribunaux : le procureur de la république, ses substituts et le
commissaire du gouvernement et ses substituts

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Le procureur de la république est un magistrat qui représente ou exerce les fonctions du ministre public en
tant que chef auprès des tribunaux. Il est assisté par des substituts. Le commissaire du gouvernement est le magistrat
représentant le parquet ou le ministère public devant le tribunal militaire.

B) Les magistrats du parquet au sein des cours : le procureur général, l’avocat général et les substituts du
procureur général

Il semble nécessaire d’aborder tour à tour : le procureur général (1), l’avocat général et les substituts du
procureur général (2).

1- Le procureur général

Il s’agit d’un magistrat du parquet qui représente le ministre public ou le parquet en tant que chef auprès des
cours (Cours d’appel et Cour suprême).

2- L’avocat général et les substituts du procureur général

On note que l’avocat général est un magistrat qui participe à l’exercice des fonctions du ministère public au
sein des cours sur la direction du procureur général en portant la parole au nom de ce dernier devant la chambre à
laquelle il est affecté. Les substituts du procureur général quant à eux assistent le procureur de la république dans sa
mission.

NB : Le tribunal criminel spécial (TCS) est un tribunal qui a à son sein un procureur général, des avocats
généraux et des substituts du procureur général contrairement aux autres tribunaux qui n’ont qu’un procureur de la
république et ses substituts. Les auditeurs de justice sont des magistrats en attente d’une intégration ou en bout de
formation à l’ENAM tous étant titulaire d’une maitrise au moins. Les attachés de justice quant à eux sont des élèves
magistrats qui n’ont pas pu obtenir leurs diplômes de sorti. Ils peuvent après un an de stage, en tant qu’attaché de
justice (en principe au parquet général de la cour d’appel). Etre intégrer dans la cour de la magistrature sinon ils sont
licenciés.

Section II : Les autres composantes subjectives ou les autres acteurs de la justice : les auxiliaires de justice

Les autres composantes subjectives sont pour la plus part constituer d’auxiliaires de justice, appartenant à de
diverses professions (qui concourent à l’administration de la justice soit en assistant les magistrats) soit en
représentant ou en apportant sa distance aux justiciables. Ils peuvent des auxiliaires internes au pouvoir judiciaire
(paragraphe I) ou extérieur au pouvoir judiciaire (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les auxiliaires de justice interne au pouvoir judiciaire

Les auxiliaires concernés ici sont ceux qui concourent à l’administration de la justice en étant membre d’une
profession (ou donc une partie importante des missions, en ce qui concerne certains OPJ des administrations autre
que le Minjustice) rattachées au pouvoir judiciaire et donc, au ministère de la justice. C’est pour cette raison qu’on

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

considère que ses auxiliaires relèvent du pouvoir judiciaire. Ceux-ci sont rattachés ne serait-ce que sur le plan de la
discipline (nécessaire au bon fonctionnement du pouvoir judiciaire) au ministre de la justice, en étant sous sa
dépendance.

Parmi eux certain ont le statut d’agent public (A) tandis que d’autres ne relèvent de l’administration public
mais des professions libérales (B).

A) Les auxiliaires de justice ayant le statut d’agent public

Il s’agit ici de ceux qui font partir du corps des agents que l’on considère couramment comme « des
fonctionnaires », c’est-à-dire des agents relevant de l’administration public et surtout du statut général de la fonction
publique. Bien que des textes particuliers, à chacune des professions visées ici, viennent s’ajouter au statut général de
la fonction publique, pour s’appliquer à eux. Parmi eux l’on cite : les auxiliaires de justice ayant la qualité d’officier
de police judiciaire –OPJ- (1) et d’autres qui ont la qualité d’officier public, à savoir les greffiers (2).

1- Les auxiliaires de justice ayant la qualité d’OPJ

La police judiciaire englobe l’ensemble des agents et autorités publics chargés des opérations et des
investigations donc la finalité est de mener des investigations ou des enquêtes (pour fournir des renseignements aux
magistrats), de constater les infractions (violation de la loi pénale), d’en rassembler les différents preuves et d’en
ressortir des auteurs aussi lorsqu’une information ne pas ouverte que lorsqu’il y en a une.

Les officiers de police judicaire sont donc les membres de la police judiciaire qui travaille en principe sous la
direction et le contrôle, du procureur, ou sous le contrôle et par délégation, juge et contrôle.

La police judicaire se distingue de la police administrative. Cette dernière se forme à maintenir l’ordre et se
limite aux maintiens de l’ordre, la salubrité, la paix ou à prévenir les infractions.

Il existe plusieurs catégories d’OPJ : les officiers de police judicaire a compétence général (a) et les officiers
de police judicaire de l’agent spécial ainsi que les agents de l’administration pénitentiaire (b).

a) Les officiers de police judicaire à compétence générale

Il s’agit des OPJ relevant que la sureté nationale (i) ou de la gendarmerie nationale (ii).

i- Les OPJ relevant de la sureté nationale

Il s’agit des fonctionnaires régies par le statut des fonctionnaires de la sureté nationale. Parmi eux on peut
citer :

Le commissaire de police, les officiers de police, les fonctionnaires exerçant comme chef d’un service
extérieur à la sureté nationale (cf. art 79 du code de procédure pénal) les inspecteurs de police qui ont effectués un
examen d’OPJ. À ceux-ci on peut ajouter les inspecteurs de police et les gardiens de la paix qui assistent les OPJ (cf.
Art 94 du code de procédure pénal).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

ii- Les OPJ relevant de la Gendarmerie

Ils sont régit par le statut des fonctionnaires de la gendarmerie nationale. Ces textes leur assignent les
missions de police judicaire dans le cadre de la recherche de la justice ou de l’exercice du pouvoir judicaire. Parmi
eux on cite : les officiers ou sous-officiers de la Gendarmerie ainsi que les gendarmes qui ont effectués un examen
d’OPJ et qui prêter serment comme OPJ. Les gendarmes non OPJ assistent les OPJ en qualité d’agent de police
judicaire.

b- Les OPJ à compétence spéciale et les agents de l’administration pénitentiaire

Il est nécessaire d’aborder tour à tour le cas des OPJ à compétence spéciale (i), puis, celui des agents de
l’administration pénitentiaire.

i- Les OPJ à compétence spéciale

Les OPJ à compétence spéciale sont des agents assermentés (qui ont prêtés serment) de qui les législations
spéciales ont directement ou indirectement reconnues la qualité d’OPJ ou des missions de police judicaire. Il s’agit
entre autres : des agents relevant de la législation douanière, les agents relevant de la législation de la forêt et de la
faune, des pêches, des postes, des télécommunications, du transport, du commerce… En cas de concours avec les
OPJ à compétence générale, ce sont les OPJ à compétence spéciale qui sont préférés (lex specialia…).

ii- Les agents publics en relevant de l’administration pénitentiaire

Il s’agit des agents qui ont en principe la charge d’administré les centres pénitentiaires (les prisons) en
assurant la détention des personnes condamnés par les juridictions soit des personnes incarcérée à titre préventif et
dans certaine mesure les personnes faisant l’objet d’une garde à vue. Ils relèvent du ministère de la justice et sont
régis par le statut spécial du corps des fonctionnaires de l’Administration pénitentiaire. Il existe plusieurs catégories
dans le personnel de l’administration pénitentiaire (notamment les administrateurs de prisons, les intendants de
prisons ou les gardiens de prisons..).

2- Les auxiliaires de justice ayant la qualité d’officier public non titulaire d’une charge : Les Greffiers

Le Greffier (régit par un le décret n° 2011/020 du 04 février 2011 portant Statut spécial des Fonctionnaires
des Greffes modifié le 20 août 2021) est un auxiliaire de justice qui gère les procédures en justice en rapportant par
exemple par écrit les déclarations, les échanges et les observations depuis le début de la procédure. Il est également
chargé, d’authentifier les actes juridictionnels d’une justice (d’où son titre d’officier public). Mais il ne dispose pas
d’une charge c’est-à-dire il n’a pas le droit de présenter son successeur c’est-à-dire un stagiaire la professions des
greffiers.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Le Greffier se retrouve à l’instruction en assistant le juge d’instruction dans l’accomplissement de tout acte
juridictionnel (de presse, des procès-verbaux, d’interrogatoires, il dresse les procès-verbaux d’interrogatoires
d’accusé ou d’audition de témoin de notification de carence, de non accomplissement de formalité…).

Ils peuvent également assisté de recours d’appel ou de position en authentifiant les décisions de justice, en
tenant le premier d’une audience, en rédigeant les jugements, en conservant les minutes des décisions judiciaires et
extrajudiciaires. Il en existe plusieurs catégories (notamment les administrateurs de greffe, les greffiers ou les
greffiers adjoints).

B) Les auxiliaires de justice relevant des professions libérales

Il s’agit ici d’auxiliaire de justice qui ont certes une activité règlementée (sous le contrôle du ministre de la
justice), mais dont l’exercice exige une certaine indépendance pour être efficace. Il en existe parmi qui sont des
auxiliaires de justice ayant le statut d’officier public titulaire d’une charge (officier ministériel) a l’instar de l’huissier
de justice du commissaire-priseur et du notaire (1) et d’autres qui sont des auxiliaires de justice sans office public
mais titulaire d’une charge (officier ministériel sans office public), à savoir, l’avocat (2), puisque l’office ou le
ministère de l’avocat est privé.

1- Les auxiliaires de justices ayant le statut d’officier public titulaire d’une charge : officier -ministériel -public

Il s’agit d’une part de l’huissier de justice et du commissaire-priseur (a) et d’autre part du notaire (b).

a) L’huissier de justice

L’huissier de justice est réagi par le décret du 25 janvier 2023 portant statut et organisation de la profession
d'Huissier de Justice et d'agent d'exécution. Il s’agit d’un officier ministériel qui est officier public et donc, dont les
actes sont authentique et ont une valeur probante, qui n’est pas agent de l’administration public et qui exerce les
missions suivantes : accomplir à la demande des parties ou sur réquisition du ministère public, certains actes
nécessaire à l’ouverture ou l’instruction des procédures (les citations directes ou les assignations) faire exécuter les
décisions de justice et tous les actes susceptibles d’exécution forcée (la réalisation des saisies des biens, le
recouvrement de créance), faire des constats, des sommations , les offres réelles, de prix, les interpellations extra-
judiciaires du mandat de justice, d’assurer les services des audiences des juridictions et d’extraire le détenu pour le
conduire devant le magistrat d’instruction.
L’huissier de justice peut aussi exercer les fonctions de commissaire-priseur (le commissaire-priseur étant le
professionnel qui dirige le venteau en cher les biens meubles après saisie ou affectation de ce bien en garantie du
payement d’une créance).

b) Le notaire

Le notaire est régit par le décret N°95/034 du 24 février 1995, il s’agit d’un office ministériel qui a aussi le
statut d’officier public, et qui a pour rôle essentiel de recevoir les actes et contrat auquel les parties doivent ou
veulent donner un caractère authentique.

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Le notaire a également le monopole d’établir les actes formation, caractère auquel la loi impose pour leurs
formations, un caractère authentique (la forme notariée). Parmi ces contrats l’on peut citer ceux qui portent sur les
droits réels immobiliers seul relatifs au mariage, en outre, il conserve les grosses ou expédition aux personnes qui en
ont besoin. Il garantit la date de celle-ci.

2- Les auxiliaires de justice ayant une charge en qualité d’officier ministériel sans office –publique- : l’avocat

Il est régit par la loi N°90/059 du 19 décembre 1990, il est chargé de représenter les parties (les justiciables)
en justice de conclure et plaider (défendre), de donner les consultations de poursuivre l’exécution des décisions de
justice (accomplit par l’huissier). Engager de suivre toute procédure extrajudiciaire accomplir en lieu et place des
parties les actes de procédure.

Cette profession est organisée en un ordre administré par un conseil qui a à sa tête un bâtonnier qui représente
l’ordre.

Paragraphe II : Les auxiliaires de justice extérieurs au pouvoir judiciaire

Les auxiliaires de justice concerné, ici sont les membres des professions qui coururent à l’administration de la
justice sans être nécessairement attaché aux pouvoirs judiciaires, a mois que certaine condition ne soit remplie,
cependant la plupart de l’activité de ces professionnels s’exercent en principe néanmoins être inviter par certain sujet
relevant du droit judiciaire à exercer une activité à caractère judicaire.

L’on distingue parmi ces auxiliaires ceux qui sont rattachés dans le cadre de l’exercice de leur fonction (A) de
ceux qui ne le sont pas (B).

A) Les auxiliaires de justices rattachés au pouvoir judiciaire dans le cadre de l’exercice de leur fonction

Il peut s’agir soit de l’expert (technique) judiciaire et de l’assesseur (1), soit des administrateurs judiciaires de
–biens- (2).

1- L’expert-technique-judiciaire et l’assesseur

Il convient de présenter l’expert-technique-judiciaire (a) et l’assesseur (b).

a) L’expert-technique-judiciaire

Un expert judiciaire est un technicien professionnel commis par le juge dans un domaine autre que le droit
(comptabilité ou gestion en général, médecine, mécanique, génie civil, informatique…) en raison des éclairages qu’il
pourrait lui apporter en raison de son expertise. Cet expertise consistera d’une part à examiner une question (des faits
du litige soumis au juge) qui requiert des éclairages de l’expert, et sur laquelle des contestations ou une simple

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

consultation ne suffirait à éclairer le juge et d’autre part à donner un avis purement technique d’appréciation pouvant
aider le juge à dire le droit pour trancher le litige en toute clarté.

Il existe cependant des experts amiables (expertises amiables) sollicités ou commises par l’une des parties ou
surtout par l’avocat de celle-ci. En cas de désaccord sur l’expertise de ce dernier, le juge peut en commettre un
d’office. Ce dernier sera l’expert judiciaire. Il est prévu par plusieurs textes, notamment : le Code de procédure
pénale, le Code de procédure civile, les textes relatifs aux risques professionnels (accidents de travail et maladies
professionnelles), la législation relative aux assurances, la législation relative à la faillite des entreprises (droit des
procédures collectives)… Au Cameroun, l’expertise judiciaire est régi par la loi n°90/037 du 10 août 1990 relative à
l’exercice de la profession d’expert technique, décret d’application, soit le décret n°92/238/PM du 24 juin, et enfin,
par le décret n°60/251 du 31 décembre 1960 fixant les modalités d’établissement des listes d’expert, syndic
(représentant défenseur des intérêts d’un groupe de personne) de faillite, liquidateurs judiciaires, administrateurs de
biens et commissaires aux comptes (ces derniers sont encore considérés comme des mandataires judiciaires).

b) L’assesseur

Il existe deux catégories d’assesseur à savoir : l’assesseur de droit traditionnel (i) et l’assesseur de droit
moderne (ii).

i- L’assesseur de droit traditionnel

Il s’agit en général d’un juge qui siège soit aux côtés du juge traditionnel, soit aux côtés des juges
(magistrats) de droit moderne régis par les textes nationaux relatifs à la magistrature. Dans cette dernière hypothèse,
il intervient généralement soit en appel, ceci dans le cadre d’une contestation rendu par une juridiction de premier
degré de droit traditionnel, soit dans le cadre d’un litige soumis à une juridiction de droit traditionnel présidé par un
fonctionnaire ou par le président du TPI. Ainsi, l’audience ou le procès sera présidé par un juge avec à ses côtés les
assesseurs de droit traditionnel qui seront des assistants du présidant en leur qualité « d’expert » de la coutume en
cause dans le litige qui fait l’objet du procès. Devant les juridictions traditionnelles, ils ont voix délibératives, mais
en appel, ils ont une voix consultative.

ii- L’assesseur de droit moderne

Il s’agit d’un professionnel expert d’un domaine précis qui siège aux côtés du juge de droit moderne avec la
faculté, à l’audience, d’inviter les parties à fournir des éclaircissements nécessaires sur des faits en rapport avec le
domaine de compétence dont il relève et qui est en cause dans le litige. Leur domaine de compétence correspond à la
catégorie professionnelle des parties au procès ; et lorsque les catégories sont différentes il doit exister un assesseur
par catégorie. Ils interviennent généralement dans le règlement des conflits de travail prévu par le Code de travail
(article 133 et s. du Code de travail) et dans ce cadre, l’on aura par exemple un assesseur employeur et un autre
travailleur.

2- Les administrateurs judiciaires -de biens-

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L’administrateur est une personne physique ou morale à qui la gestion d’un patrimoine (ensemble de biens)
est confiée. Dans le cadre de cette administration, il ne peut poser que des actes de gestion (exploitation, entretient,
assurance, dépôt, location, conservation..) et non de disposition sans autorisation du propriétaire ou de toute autre
personne autorisée à permettre la disposition du bien. Il en existe en droit commun (a) et dans les domaines spéciaux
du droit (b).

a) Dans les domaines relevant du droit commun

En droit commun, il peut s’agir de l’administrateur légal qui peut être soit le père de l’enfant (celui à l’égard
duquel la filiation ou le lien est établit), à moins que le juge n’en décide autrement, soit la mère (en cas de déchéance
du père, de garde confiée à la mère, filiation établie à l’égard de la mère). En cas de difficulté quelconque, le juge (du
TGI) peut, avec l’appui du ministère public, désigner un administrateur ad hoc : il s’agit dans ce dernier cas de
l’administrateur judiciaire. L’administrateur peut aussi être désigné pour la gestion des biens du majeur devenu
incapable.

b) Dans les domaines spéciaux du droit


Il s’agit ici des administrateurs qui relèvent des domaines spéciaux du droit, notamment du droit régissant les
sociétés commerciales ou les entreprises en difficultés. Ils sont en général des administrateurs judiciaires désignés
par le juge du TGI du siège de ces entreprises conformément soit à la législation relative aux sociétés commerciales,
soit à la législation sur les entreprises en difficultés, ceci dans le cadre de la prévention des difficultés ou du
redressement.

Au Cameroun, ils sont régis par le décret n°60/251 du 31 décembre 1960 fixant les modalités d’établissement
des listes d’expert, syndic (représentant défenseur des intérêts d’un groupe de personne) de faillite, liquidateurs
judiciaires, administrateurs de biens et commissaires au compte

B) Les auxiliaires de justice non rattachés

Ces auxiliaires sont constitués soit d’agents publics (1), soit privés (2).

1- Les agents publics ou administratifs

Il en existe qui interviennent dans le service social du système judiciaire (a) tandis que d’autres ont
simplement des missions à caractère judiciaire (b)

a) Les agents publics intervenant dans le service social du système judiciaire

L’une des missions du ministère des affaires sociale étant le traitement de la délinquance juvénile et des
délinquants (condamnés) à rééduquer (sous l’autorité du président du TPI) ou à réinsérer, il apparaît que certains
cadres ou agents de ce ministère sont sollicités ou rattachés au système judiciaire. Plusieurs centres ou institutions
spécialisés existent à cet effet (ICE ou institution camerounaise de l’Enfance de Maroua ou de Bétamba, le CAO ou

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

centre d’accueil et d’observation de Baffoussam et de Bépenda à Douala…). Les travailleurs sociaux qui relèvent de
ces organismes ont des missions certaines dans le système judiciaire. Certains sont nommés par arrêtés conjoints du
Minjustice et du ministre en charge des affaires sociales (article 731 alinéa 2 CPC). Un représentant local du
ministère des affaires sociales participe à la Commission instituée auprès du TPI pour accorder l’assistance judiciaire
aux personnes qui ne peuvent pas supporter le coût et les frais du procès ou des procédures judiciaires.

D’autres missions leur sont confiées dans le cadre du système judiciaire (médiation, négociation, gestion de
certains conflits à caractère social…) afin de participer à la protection sociale de l’enfance et de toute autre catégorie
défavorisée.

b) les agents publics ayant des missions à caractère judiciaire

Il en existe sur le plan interne (i) et sur le plan extranational (ii).

i- Sur le plan interne : le cas des inspecteurs de travail en cas de conflit de travail et des sous-préfets statuant en
matière de consommation et autres acteurs de l’administration et du médiateur public ou public independant
conciliator

L’inspecteur de travail en général en service à la délégation régional ou départemental du Ministère en charge


du travail et de la prévoyance sociale a un rôle de premier plan qui lui est reconnu dans le cadre de la résolution des
conflits individuels de travail et des conflits collectifs de travail. En effet, tout différend de travail doit d’abord lui
être obligatoirement soumis pour tentative de conciliation (ou de règlement amiable), sous peine de rejet de la
demande introductive du procès adressé au tribunal compétent.

En ce qui concerne le sous-préfet territorialement compétent, selon l’Arrêté n° 119/PM du 10 Août 2012
portant organisation et fonctionnement des Comités de recours pour l’arbitrage des différends relatifs à la protection
du consommateur, est le conciliateur de tout litige impliquant un consommateur dans sa circonscription territoriale
de compétence qui est l’arrondissement. Toutefois, selon l’article 27 de la loi cadre n° 2011/012 du 06 mai 2011
portant protection des consommateurs au Cameroun, la saisine de ce comité ou du sous-préfet dans ce cadre n’est
qu’une faculté ouverte au consommateur, aux associations de consommateur ou aux ONG.

Il convient de souligner que plusieurs agents administratifs peuvent également avoir des missions à caractère
plus ou moins judiciaire. Il s’agit : des agents intervenant notamment dans le cadre des marchés financiers, dans le
cadre de la communication sociale , dans le cadre de la distribution de l’électricité aux consommateurs, (l’Agence
de régulation du secteur de l’électricité qui a des compétences d’arbitrage ou de conciliateur dans le cadre du
règlement des litiges pouvant survenir entre tout opérateur et les consommateurs regroupés ou non), dans le cadre
des télécommunications, de la concurrence …

Le Code de la décentralisation du 24 décembre 2019 au Cameroun, a notamment consacré, s’agissant des


régions anglophones du Cameroun, un médiateur –public-, le public independant conciliator. Il s’agit d’une
personnalité jouissant d’une solide expérience et d’une réputation d’intégrité et d’objectivité absolue. Son rôle est
entre autre d’examiner et régler à l’amiable les litiges opposant les usagers à l’administration régionale et
communale, de défendre et protéger les droits et libertés dans le cadre des relations entre les citoyens et la région
ou les communes de la région. Il est nommé par décret du Président de la république sur proposition concertée du
représentant de l’État et du président du Conseil exécutif régional pour un mandat de 06 ans. Le secret professionnel
ne lui ai pas opposable, il ne reçoit et ne sollicite aucune instruction, et prête serment devant la CA territorialement
compétente.

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Il faut souligner que les conseils de discipline (constitués d’agent administratifs) institués au sein de
l’administration publique ou des institutions publiques ont également un rôle à caractère judiciaire.

ii- Sur le plan international ou communautaire : le cas des agents de la COBAC

La Commission bancaire d’Afrique centrale instituée par la Convention du 16 octobre 1990 par la convention
portant création de la COBAC est une institution commise par la BEAC pour réguler et contrôler le bon
fonctionnement du système bancaire. En plus de son rôle administratif, réglementaire et de contrôle, elle a un rôle à
caractère disciplinaire voire juridictionnel qui lui permet d’infliger des sanctions à toute personne physique ou
morale qui ne respecte pas les normes de régulation relevant de la réglementation bancaire.

2- Les personnes privées

Les personnes privés peuvent participer à l’administration de la justice de telle sorte que les magistrats soient,
à certaines conditions (notamment par exéquatur-décision d’un magistrat étranger qui permet de rendre exécutoire
une sentence arbitrale étrangère dans son ordre juridique- si la décision a été rendu à l’étranger), inviter à prendre en
compte leur décision. L’on cite d’une part le conciliateur privé (a) et d’autre part l’arbitre soit des centres
institutionnels privé d’arbitrage, soit des arbitres privés ad hoc, soit encore des médiateurs ad hoc ou institutionnels
(b).

a) Le conciliateur privé

Le conciliateur est celui qui est investie d’une mission de conciliation, c’est-à-dire d’une mission qui consiste
à amener les parties à trouver un accord qui permettra de mettre fin au litige. Certains textes prévoient par exemple le
recours à celui-ci ou surtout à la conciliation, notamment en matière de faillite des entreprises au profit des
entreprises qui connaissent certaines difficultés moins grave (absence de cessation de paiement), afin de les amener
de trouver un accord amiable avec leur créancier en vue de leur permettre de mettre fin à leur difficulté tel que prévu
par l’article 5 de l’acte uniforme OHADA sur les procédure collectives d’apurement du passif.

b) L’arbitre des centres institutionnels privés d’arbitrage et ad hoc et le médiateur institutionnel et ad hoc

L’arbitre est une personne investie par les parties à contrat, au moyen d’une convention d’arbitrage
(compromis d’arbitrage ou clause compromissoire d’arbitrage), de la mission de juger ou de trancher le litige qui les
oppose (lorsque c’est par un compromis d’arbitrage que la compétence juridictionnelle est attribuée à l’arbitre), ou
tout litige qui les opposera (lorsque c’est par une clause compromissoire d’arbitrage que la mission de juger est
attribuée à l’arbitre). Cet arbitre peut relever d’un centre privé d’arbitrage –institutionnel- (centre du GICAM ou le
chambre de commerce et d’industrie). Il peut également s’agir d’un arbitre ad hoc qui ne relève d’aucun centre
d’arbitrage.

Le médiateur quant à lui désigne tout tiers sollicité pour mener une médiation quelle que soit l'appellation ou
la profession de ce tiers dans l'État Partie concerné. La médiation désigne tout processus, quelle que soit son
appellation, dans lequel les parties demandent à un tiers de les aider à parvenir à un règlement amiable d'un litige,

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d'un rapport conflictuel ou d'un désaccord (différend) découlant d'un rapport juridique, contractuel ou autre ou lié à
un tel rapport, impliquant des personnes physiques ou morales, y compris des entités publiques ou des Etats. Elle
peut être mise en œuvre par les parties (médiation conventionnelle), sur demande ou invitation d'une juridiction
étatique (médiation judiciaire), d'un tribunal arbitral ou d'une entité publique compétente, et peut être ad hoc (non
institutionnelle) ou institutionnelle (réalisée auprès d’une institution de médiation).

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Titre II : Les ordres juridictionnels

Il existe plusieurs ordres juridictionnels (ensemble de juridictions) ou ordres de juridiction :

- Un ordre étatique de juridiction ou ordre des juridictions étatiques (chapitre I) ;

- Les autres ordres juridictionnels non étatiques, notamment l’ordre supranational ou extranational et l’ordre
alternatif (chapitre II).

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Chapitre I : L’ordre étatique de juridiction ou ordre de juridictions étatiques : L’ordre juridictionnel étatique

Au sein de l’ordre étatique, il existe plusieurs ordres juridictionnels : l’ordre judiciaire ou ordre des
juridictions judiciaires (section I), et d’autres ordres de juridictions étatiques (section II), notamment l’ordre
juridictionnel administratif, l’ordre juridictionnel des comptes et l’ordre constitutionnel.

Section I : L’ordre judiciaire ou ordre des juridictions judiciaires

L’ordre judiciaire est l’ensemble des tribunaux compétents pour trancher les litiges relevant des matières de
droit privé (civil, commercial, social et pénal ou criminel).

L’organisation de la justice sur le plan judiciaire, fait savoir qu’il existe plusieurs juridictions, de telle sorte
qu’il serait possible de les regrouper ou classer d’une part en juridictions de premier degré que l’on saisit d’abord
(paragraphe I), et d’autre part en juridiction de second degré ou juridiction saisit sur recours –en contestation des
décisions rendues par les juridictions de premier degré- (paragraphe II).

Paragraphe I : Les juridictions de premier degré : les juridictions de première saisine

Il s’agit des juridictions qu’il faut d’abord saisir lorsqu’on a besoin d’une intervention de la justice. La plupart
est constitué de tribunaux.

Le système judiciaire camerounais offre la possibilité aux justiciables de choisir la juridiction à qui elles
entendent s’adresser au départ. Ainsi, elles peuvent choisir ensemble soit l’une des juridictions ou tribunaux
relevant du droit considéré comme traditionnel–et ici l’acceptation doit être commune- en fonction la compétence
matérielle ou des matières sur lesquelles le tribunal a vocation à statuer (A), soit alors l’une des juridictions de
premier degré ou de première saisine relevant du droit considéré comme moderne en fonction des matières pour
laquelle la juridiction peut exercer sa compétence (B).

A) Les juridictions traditionnelles de premier degré ou de première saisine

Il en existe deux catégories : les juridictions traditionnelles de l’ex-Cameroun oriental ou Cameroun


francophone (1) et celles de l’ex-Cameroun occidental ou Cameroun anglophone (2).

1) Les juridictions traditionnelles de l’ex-Cameroun oriental ou Cameroun francophone

Ces juridictions autrefois organisées par le décret N°69/DF/544 du 19 décembre 1969 fixant l’organisation
judiciaire et la procédure devant les juridictions traditionnelles du Cameroun oriental, continuent de l’être,
conformément à la nouvelle loi portant organisation judiciaire. Les décisions rendues par ces tribunaux peuvent faire
l’objet d’un appel dans les mêmes formes et délais que les jugements civils rendus par les tribunaux de première
instance.

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Concernant leur compétence matérielle, résulte d’un arrêt rendu par la Cour Suprême il y a quelques années,
que les juridictions traditionnelles ne peuvent juger que le camerounais et non les étrangers. En effet, la Cour a
précisé dans cette affaire que « la coutume est la manifestation du génie camerounais dans sa diversité, en dehors de
toute influence religieuse ou étrangère ; que dès lors, ne saurait être considérée comme coutume des parties, la
croyance religieuse de celles-ci ; que mieux, la coutume se rattachant à une ethnie demeure inapplicable à tous ceux
qui ne sont pas membres de l’ethnie concernée ».

La compétence des juridictions est subordonnée à l’acceptation de toutes les parties en cause. Dans le cas où
l’une de parties décline la compétence d’une juridiction de droit traditionnelle, la juridiction de droit moderne
devient compétente. Cependant, sous réserve du déclinatoire de compétence, les juridictions de droit traditionnel
sont, de manière générale, compétentes pour toutes les affaires civiles et commerciales que les textes ne réservent pas
aux juridictions de droit moderne.

Il ressort de l’article 1er de ce décret que les juridictions traditionnelles du Cameroun oriental (qui correspond
à la partie francophone du pays) sont les tribunaux de premier degré (a) et les tribunaux coutumiers (b).

a- Le tribunal du premier degré –TPD-

Aux termes du décret du 19 décembre 1969 précité, les tribunaux du premier degré sont créés et supprimés
par décret du Président de la République. Le tribunal du premier degré, qui est en général rattaché au tribunal de
première instance (le TPI étant une juridiction moderne), se compose d’un président et deux assesseurs ayant voix
délibérative.

Relativement à leur compétence territoriale, le TPD Chef-lieu de chaque arrondissement et dans de nombreux
districts. Le ressort de chaque tribunal est fixé par le texte de création et coïncide généralement avec l’étendue de la
circonscription administrative. Quand il est rattaché à un tribunal de première instance, le tribunal de premier degré a
une compétence départementale.

Les TPD connaissent des procédures relatives à l’état des personnes, à l’état civil, au mariage, au divorce, à
la filiation, aux successions et aux droits réels immobiliers.

b- Le tribunal coutumier –TC-

Le tribunal coutumier se compose d’un président et de deux assesseurs ayant voix délibérative. Le Président
est nommé par arrêté du ministre de la justice, parmi les notables ayant une connaissance satisfaisante de la coutume.
Le ministre désigne également par arrêté les assesseurs de ces juridictions sur proposition conjointe de Préfet et du
Président du tribunal de Première Instance du ressort. La liste arrêtée est composée de façon à assurer une
représentation équitable des coutumes. Dans les ressorts dépourvus de Tribunal coutumier, le Tribunal de Premier
degré élargit sa compétence pour englober le premier. S’agissant des tribunaux coutumiers, ils ont leur siège et leur
ressort fixés par le texte de création.

Ils sont institués le plus souvent au niveau des collectivités traditionnelles : tribus, groupements, villages ou
cantons. Par ailleurs, le ministre de la justice peut, par arrêté, rattacher la présidence d’un tribunal de premier degré
ou d’un tribunal dont la présidence est ainsi rattachée à la même compétence matérielle que celle du tribunal de
Première Instance.

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Les tribunaux coutumiers connaissent : des différends d’ordre patrimonial et notamment les demandes de
recouvrement de créances civils et commerciales, des demandes en réparations des dommages matériels et
corporels et des litiges relatifs aux contrats.

2- Les juridictions traditionnelles de l’ex-Cameroun occidental

Les juridictions traditionnelles de l’ex-Cameroun occidental sont soumises au même régime que les
juridictions traditionnelles du Cameroun oriental. L’organisation des juridictions traditionnelles de l’ex-Cameroun
occidental (qui correspond à la partie anglophone du Cameroun) relève de la loi n°79/04 du 29 juin 1979. Ces
juridictions sont au nombre de deux : les alkali courts (a) et les « Customary courts » (b).

a) Les alkali courts

Les « Alkali courts » sont les juridictions traditionnelles qui appliquent les règles coutumières dans les
différends où les musulmans sont intéressés.

b) Les « Customary courts »

Les « Customary courts » en revanche connaissent exclusivement les litiges intéressant les non-musulmans. Il
s’agit des tribunaux indigènes chargés d’appliquer le droit coutumier. On les retrouve aussi bien dans les centres
urbains qu’à la campagne. Elles sont reparties en Customary courts de première et de seconde classe.

Elles n’ont ratione materiae (du point de vue de la compétence matérielle –matière qu’elles peuvent
connaître), qu’une compétence civile, la compétence pénale leur ayant été retiré. La compétence civile restante est
définie par le warrant qui crée la « court ». Cette compétence leur donne donc pouvoir pour connaitre des affaires
touchant aux terres soumises à la propriété et aux règles de dispositions indigènes, les testaments soumis à la
coutume, le mariage coutumier.

B) Les juridictions de premier degré ou de première saisine relevant du droit considéré comme moderne

Parmi les juridictions de première saisine, il y en a qui ont des compétences ordinaires ou de droit commun
(1) et d’autres des compétences spécifiques (2).

1- Les tribunaux de l’ordre judicaire à compétence ordinaire


Au Cameroun, ces tribunaux sont constitués du tribunal de première Instance –TPI- (a) et du tribunal de
Grande Instance –TGI- (b).

a- Le Tribunal de première Instance –TPI-

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La compétence du tribunal de première instance a une double dimension : territoriale ou ratione loci et
matérielle ou ratione materiae.

Relativement à sa compétence territoriale, il est créé un tribunal de première instance par arrondissement.
Toutefois, suivant les nécessités de service, le ressort du tribunal peut comprendre plusieurs arrondissements. Le
tribunal de première instance siège au Chef-lieu de l’arrondissement. Cette compétence permet

En ce qui concerne sa compétence matérielle, le tribunal de première instance est compétent :

En matière pénale (compétence de la chambre correctionnelle et de simple police –TPI statuant en


matière de correctionnelle –lorsqu’il s’agit d’un délit- en matière d’infraction de simple police – s’il s’agit d’une
contravention- ou de la chambre de mineur – s’il s’agit d’une infraction liée à la délinquance juvénile-), pour le
jugement des infractions qualifiées de délits ou de contraventions, des demandes de mise en liberté formées par
toute personne détenue et poursuivie devant lui, pour une infraction de sa compétence; il statue aussi en matière de
délinquance juvénile, pour des crimes commis par des mineurs sans coauteur ou complice majeur.

En matière civile (compétence de la chambre civile –TPI statuant en matière civile-) :

- des demandes de paiement des sommes d’argent dont le montant est inférieur ou égal à dix millions
(10.000.000) de francs ;

- des demandes de recouvrement, par procédure simplifiée, des créances civiles d’un montant inférieur ou
égal à dix millions(10.000.000) de francs (le montant peut être supérieur ou égal à 10 millions si la demande est liée
à une infraction –délit ou contravention- pour laquelle elle est compétente);

En matière commerciale (compétence de la chambre commerciale – TPI statuant en matière


commerciale):

- des contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants, entre établissements de
crédits ou entre commerçants et établissements de crédit ;

- des contestations :

-entre associés pour raison d’une société de commerce ou d’un groupement d’intérêt économique ;

relatives :

- aux sociétés commerciales ;

- aux actes et effets de commerce entre toutes personnes tels que prévus par l’acte uniforme de l’Organisation
Pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) relatif au droit commercial général ;

Lorsque le taux évalué en argent de ces contestations est inférieur ou égal à la somme de dix millions
(10.000.000) de francs ;

En matière sociale (compétence de la chambre sociale –TPI statuant en matière sociale-):

- des différends dont le montant de la demande est inférieur ou égal à dix millions (10.000.000) de francs »

Le président du TPI ou le magistrat du siège délégué par lui à cet effet est compétent pour : statuer sur
les procédures de référé, rendre les ordonnance sur requête –à cet effet-, connaître des demandes d’exéquatur,
connaître du contentieux des décisions du TPI.

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b- Le tribunal de Grande Instance –TGI-

La compétence territoriale du tribunal de grande instance doit être distinguée de sa compétence matérielle

En ce concerne sa compétence territoriale, il est créé un tribunal de grande instance par département.
Toutefois, suivant les nécessités de service, le ressort du tribunal de grande instance peut être étendu à plusieurs
départements. Le tribunal de grande instance siège au Chef-lieu de département.

Pour ce qui est de sa compétence matérielle, le tribunal de grande instance est compétent :

En matière pénale (compétence de la chambre criminelle), pour les crimes et délits connexes, les
demandes de mise en liberté formées par toute personne détenue et renvoyée devant lui, pour une infraction relevant
de sa compétence ;

En matière civile (compétence de la chambre civile):

- des actions et procédures relatives à l’état des personnes, à l’état civil, au mariage, au divorce, à la
filiation, à l’adoption et aux successions ;

- des demandes de paiement des sommes d’argent supérieures à dix millions (10.000.000) de francs ; ;

- des demandes de recouvrement, par procédure simplifiée des créances civiles d’un montant supérieur à dix
millions(10.000.000) de francs ;

En matière commerciale (compétence de la chambre commerciale) :

des procédures collectives d’apurement du passif ;

des créances commerciales certaines, liquides et exigibles quel qu’en soit le montant, lorsque l’engagement
résulte d’un chèque, d’un billet à ordre ou d’une lettre de change ; des contestations relatives aux engagements et
transactions entre commerçants, entre établissements de crédit ou entre commerçants établissements de crédit ;

des contestations :

-entre associés pour raison d’une société de commerce ou d’un groupement d’intérêt économique ;

- relatives aux sociétés commerciales ;

- aux actes et effets de commerce entre toutes personnes tels que prévus par l’acte uniforme de l’Organisation
pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) relatif au droit commercial général.

Lorsque le taux évalué en argent de ces contestations est supérieur à la somme de dix millions (10.000.000)
de francs ;

En matière sociale (compétence de la chambre sociale) :

- des différends dont le montant de la demande est supérieur à dix millions (10.000.000) de francs.

(2) Le Président du Tribunal de Grande Instance ou le magistrat par lui délégué à cet effet est compétent pour
connaître : du contentieux de l’exécution des décisions, des requêtes en habeas corpus (libération immédiate)
formées par toute personne arrêtée ou détenue ou en son nom par toute autre personne, et fondées sur l’illégalité
d’une arrestation ou d’une détention ou sur l’inobservation des formalités prescrites par la loi, des recours intentés
contre des mesures de garde à vue administrative.

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2- Les tribunaux de l’ordre des juridictions judiciaires de première saisine à compétences spéciales

Ceux-ci peuvent être regroupé en deux catégories : ceux qui ont des compétences spéciales en matière
criminelle, répressive ou correctionnelle (a) et ceux qui ont des compétences spéciales en matière civile (b).

a- Les tribunaux de l’ordre des juridictions judiciaires juridictions à compétences spéciales en matière
criminelle (répressive ou correctionnelle)

Il serait possible d’en citer trois : le tribunal criminel spécial (i) et le tribunal militaire (ii), la Haute cours de
justice (iii). Le quatrième, à savoir la Cour de sûreté de l’État semble avoir été absorbé par le Tribunal militaire qui
exerce des compétences identiques à celle qui lui ont été reconnu.

i- Le tribunal criminel spécial

Il est régit par la loi n°2011/028 du 14 décembre 2011 portant création d’un Tribunal Criminel Spécial. Il a
son siège à Yaoundé et est compétent pour connaître, lorsque le préjudice est d'un montant minimum de 50.000.000
F CFA, des infractions de détournements de deniers publics et des infractions connexes prévues par le Code Pénal
et les Conventions Internationales ratifiées par le Cameroun.

N.B. : Ses décisions, contrairement à celles des autres juridictions de l’ordre judiciaire qui doivent faire
l’objet d’appel devant la cour d’appel, ne peuvent faire l’objet que de pourvoi devant la Cour suprême (dans le
même sens que les décisions des tribunaux régionaux des comptes –voir infra-), notamment devant : la chambre
spécialisée de la cour suprême statuant en matière criminelle spéciale.

ii- Le tribunal militaire

C’est une juridiction pénale à compétence spéciale. L’ordonnance qui organisait la juridiction militaire a été
modifiée par la loi n°90/48 du 19 décembre 1990. Aujourd’hui, elle est régit par la loi n°2008/015 du 29 décembre
2008 portant organisation judiciaire militaire et fixant des règles de procédure applicables devant les tribunaux
militaires est venue abroger ces deux textes. Il est désormais créé un tribunal militaire par région, avec pour siège le
chef-lieu de la région. Il s’agit là d’une grande avancée sur le plan de la justice militaire. On le constatera davantage
en étudiant sa composition et sa compétence.

Sa compétence est définie aux articles 7 à 9 de la loi de 2008. Il ressort que le tribunal militaire est compétent
pour connaitre : des infractions purement militaires prévues par le code de justice militaire (loi n°2017 /012 du 12
juillet 2017), des infractions de toute nature commise par les militaires, avec ou sans coauteurs ou complices civils,
soit à l’intérieur d’un établissement militaire, soit dans l’exercice de leurs fonctions, Des infractions à la législation
sur les armes de guerre et de défense ; du vol avec port d’arme à feu ; des infractions de toute nature où se trouve
impliqué un militaire ou assimilé perpétrées en temps de guerre ou dans une région soumise à l’état d’urgence ou
d’exception ; des infractions de toute nature commise par des personnes civiles dans un établissement militaire ayant
soit occasionnées des dommages aux équipements ou installations militaires, soit porté atteinte à l’intégrité physique
d’un militaire ; de toute les infractions relatives à l’achat, la vente, la confection, la distribution, le port ou la
détention d’effets ou insignes militaire telles que définis par des règlements militaires ;

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Toutefois, les mineurs de quatorze (14) à dix-huit (18) ans, auteurs ou complices des faits visés ci-dessus, sont
justiciables des juridictions de droit commun. Par contre, les étrangers auteurs ou complices de ces mêmes faits sont
justiciables du tribunal militaire, sous réserve des conventions internationales prévoyant un privilège de juridiction
ou des règles relatives aux immunités diplomatiques.

Les jugements rendus par le tribunal militaire sont susceptible d’opposition ou d’appel. Cette dernière voie de
recours est protée devant la cour d’appel territorialement compétente.

Une interrogation est faite sur le sort de la Cour de sûreté de l’Etat après l’entrée en vigueur de la loi
n°2006/015 du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire, cette loi, dans l’énumération qu’elle fait des
juridictions pouvant rendre la justice au Cameroun ne mentionne pas la cour de sûreté de l’Etat. Néanmoins, nous
l’étudierons car les infractions qui relèvent de sa compétence n’ont été attribuées à aucune autre juridiction. Pour
cela, nous pouvons conclure à son maintien. Créée par la loi n°90/058 du 19 décembre 1990 et organisée le même
jour par la loi n°90/060, la cour de sûreté de l’Etat a pour ressort l’ensemble du territoire de la République, son siège
est à Yaoundé. Toutefois, elle peut tenir des audiences dans toute autre localité, sur décision du Président de la
République ou par délégation du Ministère chargé de la Justice.

iii- La haute cour de justice

Il s’agit bel et bien d’une juridiction créée par l’article 34 de la Constitution du 2 juin 1972. La procédure
devant la haute cour de justice diffère selon qu’elle le PR ou les ministres et assimilés.

En ce qui concerne le président de la république, d’après l’article 53 alinéa 2 de la loi n°2008/001, celui-ci ne
peut être mis en accusation que par l’Assemblée Nationale et le Sénat statuant par un voie identique au scrutin
public et à la majorité des quatre cinquième des membres les composant.

Les ministres et assimilés quant à eux sont mis en accusation par décret du président de la République . Ce
décret doit contenir le nom des accusés, énoncer sommairement les faits reprochés en visant les dispositions de la loi
pénale.

Cependant, elle n’est pas encore effective.

b) Les tribunaux de l’ordre des juridictions judiciaires juridictions à compétences spéciales en matière civile :
la Commission du contentieux de la prévoyance sociale

Le contentieux de la prévoyance sociale au Cameroun se déroule en deux étapes : une gracieuse, assurée par
un comité de recours au gracieux au sein de la CNPS et une contentieuse. Ainsi, la procédure doit d’abord être
portée devant le Comité de Recours Gracieux créé au sein du Conseil d’Administration de la Caisse Nationale de
Prévoyance Sociale qui siège à Yaoundé.

La Phase contentieuse se poursuit devant la première juridiction, à savoir la Commission Provinciale (ou
régionale) du Contentieux de la Prévoyance Sociale (dans chaque région). Elle ne peut être saisie qu’après le
recours gracieux obligatoire adressé du comité du conseil d’administration de la CNPS.

Concernant sa compétence, la commission est une juridiction qui règle en première instance les différends
auxquels donne lieu l’application de la législation en matière de prévoyance sociale, notamment la prise en charge
des assurés sociaux.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

N.B. : Le Comité de Recours Gracieux créé au sein du Conseil d’Administration de la Caisse Nationale de
Prévoyance Sociale qui siège à Yaoundé intervient aussi en ce qui concerne l’assujettissement, l’assiette et le
recouvrement des cotisations, l’attribution et le recouvrement des cotisations attribution et le règlement des
prestations, les contestations portant sur les retenues sur salaires, qui relève beaucoup plus pour la suite du
contentieux de l’ordre administratif –par rapport à ce contentieux, en cas de rejet ce sont les juridictions de l’ordre
administratif qui doivent être saisies)

Paragraphe II : Les juridictions saisies sur recours ou juridictions du second degré

Il s’agit principalement de la Cour d’appel –CA- (A) et de la Cour suprême (B).

A) La cour d’appel

Il existe actuellement sur le territoire camerounais dix CA calqué sur organisation administrative par régions.
Une cour d’appel est créée au niveau de chaque région et a son siège au Chef-lieu de la région. Elle est
matériellement compétente pour connaître : des appels interjetés à l’encontre des décisions rendues par les
juridictions autres que la Cour Suprême et la Cour d’appel elle-même, des appels formés contre les ordonnances du
juge d’instruction, de tout autre cas prévu par la loi. Les chambres de la Cour d’Appel sont respectivement
compétentes pour connaître des décisions rendues par les chambres correspondantes des tribunaux de première et
de grande instance.

B) La cour suprême

La cour suprême est la plus haute juridiction au Cameroun. Son siège est à Yaoundé, la capitale du Cameroun
et son ressort couvre tout le territoire de la République. L’organisation et le fonctionnement de la cour suprême sont
désormais fixés par la loi n°2006/016 du 29 décembre 2006 modifié par la loi n°2017/014 du 12 juillet 2017.

De manière générale, la cour suprême statue sur des pourvois formés à l’encontre des décisions entachés
d’incompétence, de la dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure, du défaut, de la contradiction
ou de l’insuffisance des motifs, du vice de forme, de la violation de la loi, de la non réponse aux conclusions des
parties ou aux réquisitions du Ministère public, de détournement de pouvoir, de la violation d’un principe général de
droit et du non-respect de la jurisprudence de la cour suprême ayant statué en sections réunies d’un chambre ou en
chambre réunies.

Tout acte juridictionnel des juridictions inférieures devenu définitif et entaché de violation de la loi peut être
déféré à la cour suprême par le procureur général de ladite cour.

De manière spécifique, les trois chambres de la cour suprême ont chacune une compétence qui leur est propre.
La chambre judiciaire (juridiction ou chambre à compétence ordinaire –comportant des sections civile, commerciale,
pénale, sociale, traditionnelle, une section de Common Law) est compétente pour connaitre, selon l’article 37 tel que
modifié par la loi n°2017/014 du 12 juillet 2017 : des décisions rendues en derniers ressort par les cours et
tribunaux en matière civile, commerciale, pénale, sociale, de droit traditionnel ainsi que des matière relevant de la
Common law ; Des actes juridictionnels émanant des juridictions inférieurs et définitifs, dans tous les cas où
l’application du droit est en cause ;Des demandes de mise en liberté en cas de pourvoir recevable ;des toutes autres
matières qui lui est expressément attribuée par la loi.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Section II : Les autres ordres de juridiction étatiques : l’ordre administratif, l’ordre des comptes et l’ordre
constitutionnel

Il convient alors d’analyser tour à tour l’ordre administratif (paragraphe I), l’ordre des comptes (paragraphe
II) et l’ordre constitutionnel (Paragraphe III).

Paragraphe I : L’ordre administratif

Il existe des juridictions ou tribunaux de premier degré ou de première saisine dans l’ordre administratif (A) et
des juridictions de second degré ou juridiction saisie sur recours (B).

A) Les juridictions de premier degré ou de première saisine dans l’ordre administratif : les tribunaux
administratifs

Les tribunaux administratifs sont actuellement les juridictions inférieures en matière de contentieux
administratif. Les tribunaux administratifs connaissent en premier ressort du contentieux administratif concernant les
collectivités territoriales décentralisées et les établissements publics administratifs. Nous examinerons leur
composition et leur compétence

La compétence territoriale du tribunal administratif doit être distinguée de sa compétence matérielle.

En ce qui concerne sa compétence territoriale, est créé un tribunal administratif par région et son siège est
fixé au chef-lieu de ladite région. Toutefois, suivant les nécessités de service, le ressort d’un tribunal administratif
peut être étendu à plusieurs régions. Par ailleurs, le tribunal administratif territorialement compétent est celui : Dans
le ressort duquel a légalement son siège l’autorité qui a pris la décision attaquée, de la résidence du demandeur, de
la situation des biens, du lieu d’exécution du contrat, du fait dommageable si ce fait est imputable à une décision. Le
tribunal administratif territorialement compétent pour connaître une demande principale l’est également pour toute
demande accessoire, incidente ou reconventionnelle relevant de la compétence des tribunaux administratifs.

En ce qui concerne la compétence matérielle du tribunal administratif, il connait : des recours en annulation
pour excès de pouvoir et en matière non répressive, les recours incidents en appréciation de légalité, des actions en
indemnisation du préjudice causé par un acte administratif, des litiges concernant les contrats (à exception de ceux
conclus même implicitement sous l’empire du droit privé) ou les concessions de services publics, des litiges
intéressant le domaine public, des litiges intéressant les opérations de maintien de l’ordre.

Tout comme dans l’ordre judiciaire, dans l’ordre administratif il existe également une juridiction
présidentielle. En effet, certaines compétences sont attribuées au Président du tribunal administratif en matière de
référé administratif, de sursis à exécution, voire en matière d’exequatur.

Toutefois, les emprises ou les voies du fait administratives sont de la compétence des tribunaux de droit
commun, les exceptions préjudicielles soulevées en ces matières relevant de la compétence de la chambre
administrative de la Cour suprême.

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

B) Les juridictions de second degré ou juridiction saisie sur recours : La chambre administrative statuant en
appel et la chambre administrative statuant en cassation

C’est la Chambre administrative de la Cour suprême qui est compétente dans ce cadre telle qu’organisée par
la loi de 2006 modifiée en 2017 qui fixe l’organisation et le fonctionnement de la CS. Elle est constitué de plusieurs
sections qui ont chacune un aspect des matières qui ont été jugés comme étant du domaine administratif à savoir :
une section du contentieux de la fonction publique, une section du contentieux des affaires foncières et domaniales
(par rapport au droit administratif des biens –de l’État-), une section du contentieux fiscal et financier, une section
du contentieux des contrats administratifs, une section du contentieux de l'annulation et des questions diverses . Il
faut noter que chaque section connaît des appels et des pourvois en cassation relatifs aux matières qui relèvent de sa
compétence.
Il convient alors, sur la base de ce qui précède, d’envisager tour à tour la chambre administrative statuant en
appel (1) et la chambre administrative statuant en cassation (2).

1- La chambre administrative de la cour suprême statuant en appel

L’appel est une voie de recours par laquelle une partie, s’estimant lésée par une décision rendue en premier
porte le devant une juridiction supérieure pour obtenir la réformation de cette décision. Le droit de faire appel est
techniquement exprimé par le principe du double degré de juridiction qui est une garantie de bonne justice et, par-là :
des libertés fondamentales du citoyen. Ce principe de droit commun, transposé en droit administratif, est également
observé dans le contentieux administratif au Cameroun. En effet, la nouvelle Chambre administrative de la Cour
suprême est compétente pour connaître des appels formés contre les décisions rendues en matière de contentieux des
élections régionales et municipales. Il s’agit donc ici des décisions rendues en ces matières par les tribunaux
administratifs.

2) La chambre administrative de la cour suprême statuant en cassation

L’ordre administratif camerounais est aujourd’hui marqué du sceau du recours en cassation. D’abord la
constitution de 1996, et ensuite la loi n° 2006/16 confirment la chambre administrative en qualité de juge de
cassation. Elle est à ce titre, compétente pour connaître des pourvois formés contre les décisions rendues en dernier
ressort par les juridictions inférieures en matière de contentieux administratif. Les cas d’ouverture du pourvoi sont,
conformément à l’article 35 alinéa 1 de la loi n°2006/16, les mêmes que ceux admis devant la chambre judiciaire.

Paragraphe II : L’ordre juridictionnel des comptes

Il existe également dans l’ordre des juridictions des comptes un double degré de juridictions, avec au premier
degré les tribunaux régionaux des comptes (A) et au second degré cette fois, la chambre des comptes de la cour
suprême (B).

A) Les juridictions de premier degré ou de première saisine dans l’ordre des comptes : Les tribunaux
régionaux des comptes

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Les tribunaux régionaux des comptes sont des juridictions inférieures des comptes au sens de l’article 41 de la
constitution et de la loi de 2006 organisant les tribunaux régionaux des comptes. Seront examinées la composition du
tribunal régional des comptes et sa compétence. Cette compétence est aussi bien territoriale que matérielle.

Relativement à sa compétence territoriale, il est créé un tribunal régional des comptes par région et son siège
est au Chef-lieu de ladite région. Toutefois, suivant les nécessités de service, le ressort d'un tribunal régional des
comptes peut être s'étendu sur plusieurs régions.

Pour ce qui est de sa compétence matérielle, le tribunal régional des comptes est compétent pour contrôler et
statuer sur les comptes publics des collectivités territoriales décentralisées de son ressort et de leurs établissements
publics ; il est également compétent pour connaître des comptes qui lui sont attribués par la chambre des comptes
de la Cour suprême ; enfin il connaît de toute autre matière qui lui est expressément attribuée par la loi.

N.B. : Ses décisions peuvent faire l’objet de pourvoi devant la chambre des comptes de la Cour suprême.

B) La juridiction saisie sur recours ou juridiction de second degré dans l’ordre des comptes : la chambre des
comptes de la Cour suprême

La Chambre des Comptes est compétente pour : contrôler et juger les comptes de l'Etat et des entreprises
publiques et para-publiques, statuer souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par les juridictions
inférieures des Comptes, donner son avis sur les projets de loi de règlement présentés au parlement, élaborer et
publier le rapport annuel des comptes de l'Etat adressé au Président de la République , connaître de toute autre
matière qui lui est expressément attribuée par la loi. Le Président de la Chambre des Comptes arrête le programme
annuel des travaux de ladite Chambre, après avis du Procureur Général.

Paragraphe III : La juridiction de l’ordre constitutionnel : la cour constitutionnelle

Le contentieux de la constitutionnalité des lois, jadis confié à la cours suprême, a été dissocié des autres
contentieux pour être confier à un organe spécial qui est le conseil constitutionnel créé en 2004. Dans son rôle de
juge de la constitutionnalité des lois, il contrôle la conformité à la constitution non seulement des lois, mais aussi
des traites et accords internationaux, des règlements intérieur de l’Assemblé national et du Sénat.

Il ressort des dispositions de titre 1 de la loi n°2004/004 que le conseil constitutionnel est aussi, d’une part,
juge des élections, du référendum et de conflits d’attributions (entre les institutions de l’Etat, entre l’Etat et les
régions, et entre les régions) et d’autre part, organe de consultation de la constitution (en émettant son avis sur
l’interprétation ou sur tout point de droit constitutionnel, électoral et parlementaire, à l’auteur d’une demande dans
ce sens), et de constat (notamment de la vacance du Président de la République).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

Chapitre II : Les autres ordres juridictionnels non étatiques : l’ordre supranational ou extranational et
l’ordre alternatif

Il sera question de présenter d’une part l’ordre supranational ou extranational (section I) et l’ordre alternatif
(section II).

Section I : L’ordre supranational ou extranational

Il est possible de ranger dans cette catégorie les juridictions communautaires ou d’envergure communautaire
(paragraphe I) et les juridictions à dimension international (paragraphe II).

Paragraphe I : Les juridictions communautaires ou d’envergure communautaire

Il sera possible de citer ici la cour commune de justice et d’arbitrage de l’organisation pour l’harmonisation en
Afrique du droit des affaires -CCJA de l’OHADA- (A) et les autres juridictions communautaires (B)

A) La cour commune de justice et d’arbitrage de l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des
affaires -CCJA de l’OHADA : Juridiction de second degré statuant comme cour suprême –en dernier ressort-
par rapport à l’application du droit OHADA
Dans sa fonction contentieuse, la CCJA se substitue aux Cours nationales de cassation afin de réaliser
l'interprétation uniforme du droit des affaires par les juridictions nationales. Il ressort de l’article 14 du Traité
OHADA qu'elle est habilitée à connaitre des recours en cassation formés contre les décisions rendues en dernier
ressort par les juridictions et ce, dans les affaires soulevant des questions relatives à l'application des Actes
uniformes.

Il en résulte que la décision déférée doit avoir été rendue dans une affaire faisant préalablement et
essentiellement application des Actes uniformes prévus à l’article 2 du Traité. Il s'agit des matières suivantes : le
droit des sociétés, le statut juridique des commerçants, le recouvrement des créances, le droit des sûretés, les voies
d'exécution, le régime de redressement des entreprises et de la liquidation judiciaire, le droit de l’arbitrage, le droit du
travail, droit de la vente, le droit des transports. La liste n'est pas exhaustive, toute autre matière pouvant y être
incluse sur décision, prise l’unanimité, du Conseil des Ministres, conformément à l'objet du Traité.

Toutefois, la Cour est incompétente en ce qui concerne les décisions appliquant sanctions pénales. Elle se
contente dans ce domaine de prendre des incriminations pénales, étant entendu que seuls les Etats parties sont
habilités à déterminer les sanctions pénales pouvant accompagner ces incriminations. Il convient de souligner
qu’elle dispose également des compétences consultatives (et peut donner son avis, lorsqu’elle est consulté par le
Conseil des Ministres de l’OHADA, sur toute question entrant dans le champ du traité OHADA ainsi que des
règlements pris pour son application, des actes uniformes et des décisions de l’OHADA) et arbitrales (ceci en
statuant comme un centre d’arbitrage sans trancher, conformément à l’article 21 du traité OHADA, au fond des
litiges, mais en nommant ou en confirmant les arbitres qui trancheront au fond le litige qui leur sera soumis par toute
partie à un contrat comportant une clause d’arbitrage qui attribue à la CCJA la compétence de trancher ledit litige).

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

B) Les autres juridictions communautaires

L’on cite ici sur certaines juridictions communautaires sur le plan sous régional (1) et d’autre part sur le plan
régional ou contient la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (2).

1) Sur le plan sous-régional : la Cour de justice de la CEMAC, la cour des comptes de la CEMAC la Cour de
justice de la CEEAC.

Nous envisagerons tour à tour d’une part la Cour de justice de la CEMAC (a) et d’autre part la cour des
comptes de la CEMAC la Cour de justice de la CEEAC (b).

a) Sur le plan sous régional : la Cour de justice et la cour des comptes de la Communauté Économique et
Monétaire des États de l’Afrique centrale

La Cour de justice et la Cour des comptes de la CEMAC sont prévues par d’une part par l’article 48 du traité
révisé de la CEMAC du 25 juin 2008 et d’autre part par la convention régissant la Cour de justice de la CEMAC du
30 janvier 2009 ainsi que par la Convention régissant la Cour des comptes communautaire du 30 janvier 2009. Elles
siègent à Ndjamena au TCHAD.

La cour de justice de la CEMAC a une compétence juridictionnelle (elle statut sur les litiges découlant des
violations du droit communautaire par un État membre de la CEMAC, par une institution ou organe de la
Communauté et ceux liés à la réparation des dommages causés par les institutions de la CEMAC, ses organes ou
employés dans l’accomplissement de leurs fonctions, et dans ce cadre, elle rend des arrêts en premier et dernier
ressort), compétence consultative (émets des avis sur des questions juridiques liées au Traité de la CEMAC ou tout
instrument subséquent à la demande d’un membre de la CEMAC, d’une institution ou organe de la Communauté),
arbitrale (connaît des différends qui lui sont soumis par les Etats membres de la CEMAC, institutions ou organes de
la Communauté en vertu d’une clause compromissoire ou d’un compromis d’arbitrage, ceci en nommant ou en
confirmant les arbitres qui tranchent le litige au fond , tout en veillant au bon déroulement de l’arbitrage).

La cour des comptes contrôle les comptes des comptables de la CEMAC et s’assure de la bonne gestion des
ressources financières des organes et institutions spécialisés de la CEMAC à l’exception de ceux dont les
conventions ou statuts disposent autrement.

b) La cour de justice de la Communauté Économique des États de l’Afrique centrale (cour de justice de la
CEEAC)

Elle est prévue par les articles 7 et 16 du Traité CEEAC du 18 avril 1983. Elle n’est pas encore
opérationnelle. Elle dispose des compétences similaires à celles de la Cour de justice de la CEMAC dans le cadre de
la CEEAC.

2- Sur le plan régional ou continentale : la cour africaine des droits de l’homme et des peuples
Elle est issue d’un protocole à la charge de droit, de l’homme et des peuples du 21 Juin 1981. Ce protocole
date du 25 janvier 2004 siège de la cour est à Arusha en Tanzanie. La Cour africaine des droits de l’homme et des

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

peuples (la Cour) est une cour continentale établie par les pays africains pour assurer la protection des droits de
l’homme et des peuples en Afrique. Il complète et renforce les fonctions de la Commission africaine des droits de
l’homme et des peuples. La Cour a été créée en vertu de l’article 1 du Protocole à la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples portant création d’une Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (le Protocole),
qui a été adopté par les États membres de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) à Ouagadougou, au Burkina
Faso, en juin 1998.

La compétence contentieuse –matérielle- de la Cour s’applique à toutes les affaires et à tous les différends
qui lui sont soumis en ce qui concerne l’interprétation et l’application de la Charte africaine des droits de l’homme
et des peuples (la Charte), du Protocole et de tout autre instrument pertinent relatif aux droits de l’homme ratifié
par les États concernés.

Pour sa compétence consultative, la Cour peut, à la demande d’un État membre de l’Union africaine (UA), de
l’UA, de l’un de ses organes ou de toute organisation africaine reconnue par l’UA, donner un avis sur toute autre
question juridique relative à la Charte ou à tout autre instrument pertinent relatif aux droits de l’homme, à condition
que l’objet de l’avis ne soit pas lié à une question examinée par la Commission

Paragraphe II : Les juridictions internationales

Il existe deux catégories de juridictions internationales : celles qui ont une compétence universelle (A) et celle
qui sont spécifiques et créé ad hoc, pour une mission spécifique ou pour des circonstances particulières (B).

A) Les juridictions internationales à compétence universelle

Il s’agit ici de la Cour internationale de justice –CIJ- (1) ou de la Cour pénale internationale qui a une
compétence imparfaitement universelle (2).

1) La Cour internationale de justice –CIJ : juridiction civile à compétence internationale

La Cour internationale de justice (CIJ), qui remplace en 1946 la Cour permanente de Justice internationale
(CPJI), est un tribunal civil qui traite des différends entre pays. La fondation de la Cour est l’aboutissement d’une
longue évolution des méthodes de règlement pacifique des différends internationaux, dont l’origine remonte à
l’Antiquité. L’article 33 de la Charte des Nations Unies énumère, comme méthodes de solution pacifique des
différends entre Etats (la négociation, l’enquête, la médiation, la conciliation, l’arbitrage, le règlement judiciaire et le
recours aux organisations ou accords régionaux, auxquels il faut ajouter les bons offices. Parmi ces méthodes,
certaines consistent à faire appel à des tiers).

La CIJ règle, conformément au droit international, les différends juridiques qui lui sont soumis par les Etats.
Un différend juridique peut être défini comme un désaccord sur un point de droit ou de fait, une contradiction, une
opposition de thèses juridiques ou d'intérêts.

La CPI ne peut connaître d'un différend que si les Etats en cause ont accepté sa compétence de l’une des trois
manières suivantes :1° en vertu d’un accord (aussi appelé «compromis») conclu entre eux dans le but précis de
soumettre leur différend à la Cour, 2°en vertu d’une clause compromissoire, lorsque les Etats concernés sont
parties à un traité dont l’une des dispositions permet de soumettre à la Cour certaines catégories de différends ou de

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

litiges concernant l’interprétation ou l’application dudit traité ; 3° par l’effet réciproque de déclarations faites aux
termes du Statut et en vertu desquelles chacun des Etats en cause a accepté la juridiction de la Cour comme
obligatoire pour ses différends avec un autre Etat ayant fait une telle déclaration.. La Cour peut être saisie
concrètement d’un différend de deux façons : par notification du compromis ou par a présentation d’une requête.

Aucun Etat ne saurait donc être partie à une affaire devant la Cour s'il n'y a pas consenti d'une manière ou
d'une autre. En outre, seuls les Etats ont qualité pour se présenter devant la Cour. Les organisations internationales,
les collectivités et les personnes physiques ne sont pas habilitées à introduire une instance devant la Cour.
Cependant, sa compétence consultative s’exerce sur toute question qui lui est soumise par l’une des institutions du
système des Nations-Unies.

2) La Cour pénale internationale –CPI- : juridiction pénale internationale à compétence imparfaitement


universelle

La Cour pénale internationale (CPI), créé par le statut de Rome de 1998 à partir d’une conférence organisée
par les Nations Unies à Rome en 1998, est une juridiction pénale répressive (contrairement à la CIJ) qui mène des
enquêtes et, le cas échéant, juge les personnes accusées des crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la
communauté internationale : génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crime d’agression. En qualité
de juridiction de dernier ressort, elle s’efforce de compléter les juridictions nationales et non de les remplacer. Régie
par un traité international appelé le Statut de Rome, la CPI est la première juridiction pénale internationale
permanente.

Cependant, avant que la CPI ne puisse exercer sa compétence sur un crime, celui-ci doit avoir été commis sur
le territoire d’un Etat ayant déjà ratifié le Statut de Rome (principe de la territorialité) ou par un de ses
ressortissants (principe de la personnalité active).

La CPI sera également compétente lorsqu’un Etat qui n’est pas partie au Statut de Rome a consenti à ce que
la Cour exerce sa compétence s’il s’agit de l’Etat où le crime a été commis (l’Etat de ce territoire) ou de l’Etat de la
nationalité du suspect.

La compétence universelle ne peut apparaître que lorsque le Conseil de sécurité de l’ONU, en vertu du
Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies, défère une affaire au procureur de la CPI afin que des poursuites
soient engagées à l’encontre d’un suspect ou d’une personne soupçonnée d’avoir commis des crimes sur lesquelles
elle dispose d’une compétence pour statuer, sans égard au lieu de commission du crime ou de la nationalité du
suspect.

B) Les tribunaux pénaux ad hoc à compétence restreinte ou limitée créés par les résolutions du Conseil de
sécurité de l’ONU: l’exemple –passé- des tribunaux pénaux pour le Rwanda et de l’ex-Yougoslavie

Après Nuremberg, la tendance à la création des juridictions ad hoc (pour une mission liée aux circonstances
particulières) liées à certains actes commis en général par rapport à un conflit dévastateur sur le plan matériel et
surtout humain (gravité des violations des droits humanitaires fondamentaux perpétrées à l’encontre des civils), s’est
poursuivie. Cela s’est matérialisé par deux importants exemples dans l’histoire de la justice pénale internationale : la
création des tribunaux pénaux pour le Rwanda (1) et de l’ex-Yougoslavie (2). Il faut cependant noter qu’un
mécanisme, à savoir le Mécanisme international, a été mis en place pour exercer les fonctions résiduelles des
Tribunaux pénaux. Il a été créé par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies le 22 décembre 2010,

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

pour prendre la succession du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et du Tribunal pénal international
pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), et consolider leurs activités à l’issue du mandat de ces deux institutions.

1) Le Tribunal Pénal international pour le Rwanda

Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), créé par a résolution 955 du 8 novembre 1994 sur la
création du TPIR, a été un cas récent de juridiction pénale internationale mise en place le 8 novembre 1994 par le
Conseil de sécurité des Nations unies afin de juger les personnes responsables d'actes de génocide des Tutsi au
Rwanda, et d'autres crimes contre l'humanités commis sur le territoire du Rwanda, ou par des citoyens rwandais sur
le territoire d'États voisins, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994. Son siège était situé à Arusha en Tanzanie. Il
a achevé ses travaux le 31 décembre 2015.

2) Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) est une ancienne juridiction instituée le 25 mai
1993 par la résolution 827 du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unie afin de poursuivre et de juger
les personnes s'étant rendues coupables de violations graves du droit international humanitaire sur le territoire de
l'ex-Yougoslavie à compter du 1er janvier 1991, c'est-à-dire durant les guerres de Yougoslavie (guerre de Croatie,
guerre de Bosnie-Herzégovine et guerre du Kosovo), conformément aux dispositions de ses statuts. Son siège est
situé à La Haye (Pays-Bas). Le TPIY est dissous le 31 décembre 2017.

Section II : Les juridictions de l’ordre alternatif

Il s’agit pour l’essentiel des juridictions qui mettent en œuvre les modes alternatifs de règlement des conflits
dont elles portent d’ailleurs le nom. Deux modes alternatifs de règlement des conflits (MARC) ont d’ailleurs été
retenus à savoir l’arbitrage et la médiation. La conciliation n’a pas été institutionnalisée ou officialisée, bien que
prévu dans le cadre étatique, en matière de conflit de travail, de divorce, ou communautaire en matière de
préventions de la faillite dans le cadre des procédures collectives. Il en est de même des transactions qui peuvent se
faire tantôt sur le plan étatique avec les administrations, tantôt de manière privée.

C’est ainsi que deux catégories de juridiction ont été fixées par la législation OHADA : la juridiction
d’arbitrage (paragraphe I) et de l’institution juridictionnel ou non de médiation (paragraphe II).

Paragraphe I : Les juridictions d’arbitrage ou centre d’arbitrage institutionnel

L’arbitrage est régi au Cameroun par un texte communautaire, à savoir l’AUA de 2017. Le Tribunal arbitral
se présente, tout comme l’arbitrage qui est son objet principal, sous forme d’une institution de justice privée grâce à
laquelle les certains litiges dit « arbitrables » (litige pouvant être soumis à arbitrage), sont soustrait à la
compétence des juridictions étatiques –et de droit commun- pour être résolus par des tiers, arbitres, qui peuvent
statuer soit selon ce que la convention d’arbitrage indique comme source législative de référence et trace comme
orientation de procédure, soit en équité ou en amiable compositeur (sans être lié par le contenu de sources de droit
précises).

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S’agissant des litiges qu’il est possible de soumettre à arbitrage ou à une juridiction d’arbitrage désignée par
la convention d’arbitrage (déjà abordée –voir supra-) sur la base de laquelle les parties ont soustrait la compétence
des juridictions étatiques, l’AUA prévoie que : 1° toute personne physique ou morale peut recourir à l'arbitrage sur
les droits dont elle a la libre disposition (à l’exemple de toute matière qui relève du domaine commercial ou des
affaires). 2°Les Etats, les autres collectivités publiques territoriales, les établissements publics et toute autre
personne morale de droit public peuvent également être parties à un arbitrage, quelle que soit la nature juridique du
contrat, sans pouvoir invoquer leur propre droit pour contester l'arbitrabilité d'un différend, leur capacité à
compromettre ou la validité de la convention d'arbitrage.

Le centre d’arbitrage, qui tient ainsi son pouvoir de juger d’une convention –privé- d’arbitrage (et non d’une
délégation permanente de État), peut être une institution bien organisée ou un organisme permanent (centre
d’arbitrage de la CCJA, du GICAM, ou de la chambre de commerce et d’Industrie- CCI de Paris- CIRDI…) et
donné lieu à un arbitrage institutionnel, par opposition à un arbitrage ad hoc (arbitrage qui se déroule en dehors de
toute organisation permanente d’arbitrage).

Paragraphe II : Les juridictions ou centre de médiation –institutionnelle-

La juridiction de médiation peut désigner tout organisme ou centre sollicité pour mener une médiation quelle
que soit l'appellation ou la profession que le médiateur, solliciter par les parties pour mener une médiation, exerce.

La médiation, qui est régie par l’AUM qui a déjà été abordée (notamment la Convention de médiation –voir
supra-), est tout processus dans lequel les parties demandent à un tiers de les aider à parvenir à un règlement
amiable d'un litige, d'un rapport conflictuel ou d'un désaccord (ou différend) découlant d'un rapport juridique,
contractuel ou autre ou lié à un tel rapport, impliquant des personnes physiques ou morales, y compris des entités
publiques ou des Etats.

Il en ressort que les litiges qui peuvent faire l’objet de médiation, c’est-à-dire les litiges qui peuvent être
confiés à un une juridiction de médiation, sur la base d’une convention de médiation concerne tout rapport
conflictuel ou d'un désaccord (ou différend) découlant d'un rapport juridique, contractuel ou autre ou lié à un tel
rapport, impliquant des personnes physiques ou morales (voir par exemple le règlement du Centre de médiation de
l’OAPI), y compris des entités publiques ou des Etats (collectivités territoriales –avec notamment l’avènement dans
le Code des collectivités territoriales décentralisées le médiateur public ou public independant conciliator).

Cependant, à la différence de l’arbitrage où la juridiction de médiation ne peut être saisit que par une
convention, la juridiction de médiation peut être saisie sur demande ou invitation d'une juridiction étatique
(médiation judiciaire), d'un tribunal arbitral ou d'une entité publique compétente. Elle diffère ainsi de la médiation
non institutionnelle ou médiation ad hoc.

Question de cours (troisième partie)

1) Citez quelques principes à respecter par tout acteur dans le cadre judiciaire en guise de droit
fondamental (extrapatrimonial) de tout justiciable dans une quelconque procédure

2) citez au moins deux acteurs principaux dans le système judiciaire, puis un auxiliaire de justice interne
au pouvoir judiciaire ayant le statut d’agent public, puis les auxiliaires de justice interne au pouvoir judiciaire
relevant des professions libérales, ensuite un auxiliaire extérieur rattaché au pouvoir judiciaire dans le cadre de
l’exercice de certaines missions, et un auxiliaire extérieur non rattaché au pouvoir

3) présenter l’organisation des juridictions de l’ordre judiciaire (au premier et au second degré)

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Préparé et dispensé par BILONG NKOH Francis Riche –ESSEC- L1- 2022/2023

4) présenter selon votre choix l’organisation des juridictions de l’ordre administratif, soit l’organisation
des juridictions de l’ordre des comptes, soit de l’ordre communautaire sous régional, régional et international

5) Quels sont les juridictions qui relèvent de la justice alternative (ou des modes alternatifs de règlement
des conflits) ? Qui peut y faire recours et dans quels cas y fait-on recours ?

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