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Faculté de santé d’Angers - département PluriPASS

Année universitaire 2022-2023

UE6 : DROIT
Pr. C. Rougé-Maillart – Mme. P. Lohéac-Derboulle
Pour toutes vos questions : ue6@asso2atp.fr

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Le présent polycopié a bénéficié de la relecture par les professeures Rougé-Maillart et Lohéac-Derbouille.

Association Angevine du Tutorat PASS-LAS


LA TEAM UE6

GALODE Louna PLOUSEAU Charlie LAUTRAM Solen FOUCHER Hanaë

GUICHARD Suzanne LOUBET Capucine BOULAY Valentin DUTET Benjamin

PRUDHOMME Juliette PAPIN Baptiste

Au sein de cette UE6, vous allez retrouver du droit. Au premier semestre nous sommes plus sur une
introduction au droit médical et au droit européen. En effet, au deuxième semestre vous allez avoir du
droit public qui est une continuation. Cette matière permet de comprendre certaines notions qui
seront utiles lors de l’exercice médical. Mais avant tout, le droit vous permettra de vous exprimer au
travers de la fameuse QROC !! Quelle joie de retrouver la rédaction plutôt que de colorier des cases !

Conseils: comprendre les procédures et leur chronologie pour mieux les apprendre

Courage, vous allez tout déchirer !

Bisous de la Team UE6 "


Pr. C. Rougé-Maillart –
Faculté de Santé
UE6 : DROIT Mme. P. Lohéac-Derboulle
Département PluriPASS

PARTIE I – GENERALITE SUR LA REGLE DE DROIT .............................................. 3

CHAPITRE N°1 : LES CARACTÉRISTIQUES DE LA RÈGLE DE DROIT ................ 3


I. QUELQUES GÉNÉRALITÉS ............................................................................................... 3
II. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA RÈGLE DE DROIT .......................................................... 4
III. AUTRES RÈGLES À CÔTÉ DE LA RÈGLE DE DROIT .......................................................... 6

Récapitulatif ............................................................................................... 8

CHAPITRE N°2 : LA HIÉRARCHIE DE LA RÈGLE DE DROIT .............................. 9


I. INTRODUCTION .............................................................................................................. 9
II. LA CONSTITUTION ET LA LOI ......................................................................................... 9
III. LES AUTRES RÈGLES DE DROIT ..................................................................................... 18

Récapitulatif ............................................................................................. 21

CHAPITRE N°3 : LES DIFFÉRENTES BRANCHES DU DROIT .......................... 23


I. LE DROIT PRIVÉ .............................................................................................................. 23
II. LE DROIT PUBLIC............................................................................................................ 23
III. LE DROIT PÉNAL ............................................................................................................ 23

CHAPITRE N°4 : L’INTERPRÉTATION DE LA RÈGLE DE DROIT ..................... 24


I. LA JURISPRUDENCE ...................................................................................................... 24
II. LA DOCTRINE ................................................................................................................ 24

Récapitulatif ............................................................................................. 25

PARTIE II – LES PRINCIPES DE LA RESPONSABILITÉ EN SANTÉ ........................ 26

CHAPITRE N°1 : INTRODUCTION ............................................................... 26

CHAPITRE N°2 : HISTORIQUE DE LA RESPONSABILITÉ MÉDICALE .............. 26


I. RESPONSABILITÉ DE L’ANTIQUITÉ JUSQU’AU XVIIIe SIÈCLE ....................................... 26
II. LE TOURNANT DU XIXe SIÈCLE ...................................................................................... 27

Récapitulatif ............................................................................................. 29

CHAPITRE N°3 : RAPPEL DES TEXTES DÉFINISSANT LES DEVOIRS DU


PROFESSIONNEL DE SANTÉ ..................................................................... 30

Récapitulatif ............................................................................................. 33

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CHAPITRE N°4 : LA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE INDEMNITAIRE . 34
I. LES FAUTES POUVANT ETRE RECONNUES ................................................................... 34
II. LA PROCEDURE JURIDIQUE ........................................................................................... 35

Récapitulatif ............................................................................................. 39

CHAPITRE N°5 : LA RESPONSABILITÉ PROFESSIONNELLE PÉNALE ............ 42


I. GENERALITES ET INFRACTIONS POUVANT ETRE RECONNUES .................................. 42
II. LA PROCEDURE PENALE ................................................................................................45

Récapitulatif ............................................................................................. 51
I. Généralités et infractions pouvant être reconnues : ......................................................... 51
II. La procédure pénale : ......................................................................................................52

CHAPITRE N°6 : LA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE DISCIPLINAIRE . 53


I. GENERALITES................................................................................................................. 53
II. LA PROCEDURE .............................................................................................................. 53

Récapitulatif ............................................................................................. 67

INTRODUCTION AU DROIT EUROPEEN ............................................................ 69

CHAPITRE N°1 : LE CONSEIL DE L’EUROPE ET SON DROIT ......................... 69


I. LES PRINCIPAUX ORGANES ET INSTITUTIONS DU CONSEIL DE L’EUROPE ................ 69
II. LE DROIT ISSU DU CONSEIL DE L’EUROPE .................................................................... 72

Récapitulatif ............................................................................................. 77

CHAPITRE N°2 : L’UNION EUROPEENNE ET SON DROIT ............................. 78


I. LES PRINCIPALES INSTITUTIONS DE L’UE ..................................................................... 78
II. LE SYSTEME JURIDIQUE DE L’UE .................................................................................. 80

Récapitulatif ............................................................................................. 86

Entrainements .......................................................................................... 87

Corrections ............................................................................................... 92

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Partie I – généralité sur la règle


de droit
CHAPITRE N°1 : LES CARACTÉRISTIQUES DE LA RÈGLE DE
DROIT
I. QUELQUES GÉNÉRALITÉS
« À l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme, à l'état social, l'homme est un dieu pour
l'homme » Hobbes.

Définition : la règle de droit va avoir pour objet d’organiser la vie dans la société et d’organiser les
relations entre les individus qui composent la société. La règle de droit est définie par l’Etat et elle est
contraignante = coercitive (on ne peut pas y échapper à risque de sanction). Sinon, ce n’est pas une règle de
droit. De plus, elle est universelle.

Deux types de droit naissent de la règle de droit :

Droit objectif (devoir) : « le droit dit que… » : La règle de droit dicte un comportement aux personnes qui
sont soumises à cette règle de droit.

Exemple : la règle de droit définit que l’on doit indemniser le dommage causé à autrui. Si je suis à l’origine
d’un dommage, je dois indemniser ce dommage.

Droit subjectif (droit personnel) : « j’ai le droit de/à… » : droit personnel pour les personnes, droit
individuel. Chaque personne va pouvoir revendiquer l’application de la règle de droit pour défendre son intérêt
personnel.

Exemple : j’ai subi un dommage. Je peux faire valoir la règle de droit pour demander une indemnisation
par l’auteur du dommage.

Les droits objectifs ont donné naissance aux droits subjectifs. Ils sont issus de la règle de droit. L’Etat pose
les règles et est maître, dans le respect des droits par exemple.

Etat de droit : Un état de droit se définit par l’existence de droits objectifs mais également de droits
subjectifs.

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II. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA RÈGLE DE DROIT
A) Étatique : obligatoire et coercitive
Expression de la volonté de l’Etat (au sens large : municipalités, collectivités territoriales… la volonté
s'exprime par des lois et règlements)

• Obligatoire : force contraignante qui s’applique à chacun.

• Coercitive : l’Etat a le pouvoir de contraindre pour faire respecter la règle de droit.

Il existe plusieurs possibilités de coercition :

Ø Punition : (exemple : les amendes et peines de prison qui peuvent être prononcées lors d’infractions au
code pénal)

Ø Exécution forcée (exemple : paiement forcé avec saisie sur salaire lors de dettes)

Ø Réparation (exemple : indemnisation)

Tout citoyen peut demander le respect de la règle de droit mais passe par l’ETAT qui définit les moyens
de contrainte. On ne peut pas exercer de vengeance personnelle.

B) Impersonnelle

S’applique uniformément quelles que soient les personnes. Peut s’appliquer à un groupe de personnes
(étudiants, médecins, salariés…) mais s’applique uniformément dans ce groupe. Cela ne concerne pas un individu
en particulier.

C) Générale dans l’espace

Uniformément sur tout le territoire. Par contre pour certaines lois comme pour la loi sur le littoral cette
loi est spécifique à un espace indiqué dans la règle de droit (le littoral) mais reste générale dans l’espace. Autre
exemple, un arrêté municipal à Angers s’applique généralement dans l’espace défini (la ville d’Angers) mais ne
doit pas contredire la loi en général.

Avant la Révolution, sous l’ancien régime, dans le Nord droit coutumier (très régional : Bretagne, Maine-
et-Loire (avec le comte de Laval…), et dans le Sud droit écrit majoritairement. Mais maintenant, c’est uniforme
sur tout le territoire. Droit particulier encore à Mayotte, ou en nouvelle Calédonie (dans les DOM-TOM) avec
le droit coutumier qui continue de s’appliquer dans certaines domaines.

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D) Permanente dans le temps

Entre sa création et sa disparition, elle est appliquée uniformément, de manière continue. Une règle de
droit cesse de s’appliquer si :

- Elle est abrogée (tant qu’il n’y a pas un texte qui dit que cette règle est abrogée, elle est censée
s’appliquer).

- Elle a épuisé son objet à une date spécifiée dans la loi ou règlement (arrêté municipal qui interdit le
stationnement pour une période donnée, une fois que la période est passée, elle est abrogée).

Certains textes ont mis énormément de temps à être abrogés même s’ils n’étaient plus appliqués
(interdiction de s’habiller en pantalon pour les femmes). Cela peut mener à des contradictions entre les
différentes lois.

Le principe pour la loi nouvelle :

• Effet immédiat de la loi nouvelle (à partir du moment où la loi est publiée au Journal Officiel)

• Maintien de droits acquis sous l’empire de la loi antérieure (on ne peut pas revenir sur des droits acquis)

Exemple : on modifie l’âge de la retraite, mais les personnes qui sont déjà à la retraite ne reviennent pas sur
le marché du travail.

Mais deux exceptions :

- Rétroactivité de la loi :

Une loi va entrer en vigueur à une date donnée mais va pouvoir s’appliquer à des événements survenus
antérieurement à la loi.

Doit être prévue dans la loi

Doit avoir un motif d’intérêt général (bénéfique pour l’ensemble de la population)

Exemples :

- rétroactivité des lois pénales plus douces (mise à mort au moment du délit mais après loi qui ampute de la
main droite (+ doux) donc la seconde s’applique).

- Loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades = la loi Kouchner (système de règlements amiables qui
facilitent l’indemnisation de l'accident non fautif) : 6 mois de rétroactivité (4 ou 5 septembre 2001) = plus avantageux
pour la société de l’appliquer.

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- Post-activité de la loi :

Dans l’intérêt de ne pas déstabiliser certains actes juridiques passés. Elle doit être prévue par la loi.

Ex : contrat en cours d’exécution (application qu’au nouveau contrat), les citoyens doivent s’équiper (mesures
de sécurité routière ex : équipement en gilet jaune : on laisse le temps de se mettre aux normes).

III. AUTRES RÈGLES À CÔTÉ DE LA RÈGLE DE DROIT

Ø Règles déontologiques
Ø Coutumes Influence sur la règle de droit
Ø Règles morales
Ø Règles religieuses
Ø Règles de bienséances

● Règles déontologiques : relatives aux professions, parfois inscrites dans la règle de droit mais pas
forcément. Elles vont conditionner une certaine éthique et une certaine norme dans la pratique
professionnelle. Il existe des systèmes de sanction internes à la profession, c’est le conseil de l’ordre pour
la profession médicale. Pendant très longtemps le code de déontologie (25 siècles pour le domaine
médical) n’était pas inscrit dans la règle de droit mais les juridictions le prenaient en compte. Aujourd’hui,
le code de déontologie est inscrit dans le Code de Santé Publique (CSP). Ensemble de règles posées par
une profession, coercitives (ex : interdiction d’exercer) = code de déontologie. Elles sont à la limite des
règles de droit.

● Coutumes : règles d’origine populaire (n’émanent pas de l’Etat mais viennent du peuple), forgées par le
temps (on ne sait pas quand elles sont nées ni quand elles vont disparaître), continuité dans leur
application (s'est toujours appliquée, reproduites de manière régulière) d’où l’expression « Une fois n’est
pas coutume ».

Elle peut compléter le non-dit de la loi : (ex : l’enfant ou la femme porte le nom du père, mari : inscrit nulle
part dans la loi !!)

Le droit rural, le droit commercial s’inspirent du droit coutumier (droits commerciaux : la solidarité n’est
pas écrite dans la loi mais vient de la coutume, droit : une seule personne paie).

Ex : Mayotte, coutume vient en parallèle de la règle de droit, en France le fait que les femmes prennent le
nom du mari n’est pas écrit dans la règle de loi (vient compléter la règle de droit). Au nom de l’équité le juge peut
prendre des décisions limites contraires à la loi (exemple de la donation naturelle issue de la coutume mais interdite
par la loi).

Coutume différente de l'usage (l'usage ne peut pas influencer la juridiction)

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Si elle n’est plus appliquée, contrairement à la règle de droit, elle tombe dans l’oubli (désuétude). Elle
n’est plus d’usage si elle n’est plus appliquée par la société (on ne sait pas quand elle meurt). Elle n’est pas définie
dans un texte de loi mais le juge peut s’en inspirer. Elle n’a pas vraiment de naissance ni de fin définie précisément.

• Règles morales : elles renvoient à la conscience individuelle (même si influencée par la pression du
groupe). Elles évoluent avec la société contrairement à la règle de droit qui est figée (a donc parfois du
retard par rapport à la société). Elles ne sont pas écrites, moins visibles que la coutume mais influencent
la règle de droit parfois, une loi doit être modifiée car la pensée de la société à évoluée.

Exemple : loyauté (était jusqu’à très récemment inscrit dans le code civil), le statut de l’enfant adultérin (il
n’était pas bien accepté, aucun droit d'héritage). Frein ou garde-fou de la règle de droit (ex : cas des homosexuelles à
rejeter). En 1800, les femmes n’avaient pas le droit de s’habiller en Homme dans la rue à Paris. Parfois aussi on a pu
rester figé à cause de la règle morale.

Il y a parfois des contradictions entre la règle morale et la règle de droit. Exemple du délai de prescription
(au bout d'un moment on ne peut plus être puni) de la loi, ce qui peut être choquant au niveau de la morale même
si accepté par la juridiction (pas vu, pas pris). Autre exemple du dol (volonté d’avoir voulu tromper quelqu’un) qui
est une source de rupture de contrat mais pas toujours si la personne aurait pu s’en rendre compte.

• Règles religieuses : Elles sont parfois des règles de droit dans certains pays (système non laïque comme
le Soudan). Dans les pays laïques, les règles religieuses sont parfois en accord avec la règle de droit. Il
peut y avoir des éléments communs.

Exemple : le mariage a été longtemps une règle religieuse mais il est devenu une règle de droit (civile). Elle
renvoie au salut de l’être humain. Pas le droit de se marier avec un membre de sa famille (inceste) = loi et religion.

• Règles de bienséances : l’interdiction de fumer dans les lieux publics était une règle de bienséance qui est
devenue une loi. Mais il n’y avait pas de force contraignante avant qu’elle ne devienne une règle de droit.
Règles de civilité ou de courtoisie (s’incliner devant une femme mariée, se lever quand le professeur entre
dans l’amphi, mettre la fourchette à gauche, le couteau à droite, façon de manger). Les personnes qui ne
les respectent pas peuvent être mises à l’écart du groupe social.

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
I. QUELQUES GÉNÉRALITÉS :

Ø Droit objectif → devoir : « le droit dit que… »


Ø Façon de dicter un comportement à chaque personne de la société,
s’applique à tout le monde
Ø Droit subjectif → droit personnel : « j’ai le droit de/à… »
Ø Droit personnel, individuel

Ø Etat de droit → État dans lequel ces deux droits sont en vigueur

II. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA RÈGLE DE DROIT :


LA REGLE DE DROIT EST :
Ø Étatique : obligatoire et coercitive
Ø Impersonnelle
Ø Générale dans l’espace
Ø Permanente dans le temps
Ø Exceptions :
§ Rétroactivité de la loi
▪ Post-activité de la loi
III. AUTRES RÈGLES À CÔTÉ DE LA RÈGLE DE DROIT :
Ø Règles déontologiques → relatives aux professions, vont conditionner
une certaine éthique et une certaine norme dans la pratique
professionnelle
Ø Coutumes → règles d’origine populaire
Ø Règles morales → conscience individuelle
Ø Règles religieuses → parfois une règle de droit
Ø Règles de bienséances → règles de civilité ou de courtoisie

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CHAPITRE N°2 : LA HIÉRARCHIE DE LA RÈGLE DE DROIT


I. INTRODUCTION

La
Constitution

Les traités
internationaux et le
droit communautaire
européen

La loi (textes votés par le


Parlement)

Le règlement

Toutes les règles doivent être conformes à la Constitution. C’est pour cela que la Constitution est en haut
de la hiérarchie. Cependant, elle doit être modifiée pour intégrer une nouvelle loi internationale ou européenne.

Par exemple, pour la ratification du traité de Maastricht, on a dû modifier la Constitution.

II. LA CONSTITUTION ET LA LOI


A) La Constitution

Texte ou ensemble de textes très importants permettant de définir comment on conçoit l'organisation
de l'Etat et sur quelles bases va se fonder et s’organiser la société. C’est l’ensemble des valeurs qui vont organiser
le société. Elle est en haut de la hiérarchie des actes juridiques. Souvent, une nouvelle constitution est mise en
place après une révolution car c’est la base des règles de la société. C’est la base de la règle de droit (règle de droit
la plus élevée dans la plupart des pays). Pratiquement tous les pays ont une constitution. Constitution écrite
comme aux USA (la plus ancienne, datant de 1787 (même constitution depuis 1787 mais bien sûr modifiée voir
début pour comprendre l'intérêt d'une constitution).

1ère constitution française en 1791. Elle pose la monarchie parlementaire basée sur des valeurs humaines.

Abolition des privilèges

Limitation des pouvoirs

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Durée de vie de cette constitution relativement courte mais a permis de définir des bases utiles
aujourd’hui.

Textes de référence pour la Constitution française de 1791 :

- Les lois fondamentales du royaume. Elles ont influé sur la façon dont on a construit notre constitution.
Elles régissaient l'organisation, comprenaient le droit objectif et le droit subjectif. Chaque roi s'engageait à se
soumettre à ces lois et à les maintenir. (Domaines : libertés fondamentales des personnes, délimitation du
pouvoir du roi) retrouvées dans le droit écrit et le droit coutumier) régissaient le rapport des relations dans la
société à base de certains principes.

Ex : limite à l’étendue des pouvoirs du roi, dévolution de la couronne, règles de répartition entre le roi et le
parlement, séparation du pouvoir religieux, du pouvoir de la royauté et du pouvoir militaire… il y avaient déjà aussi la
séparation du pouvoir royal pour le domaine public et le parlement pour le pouvoir privé, et l’impôt.

- Bill of rights (Angleterre, 1689) limite le pouvoir du roi, droit d’expression du peuple, l’Habeas Corpus
(limite pour les peines cruelles pour les accusés, pas de dénigrement de l’individu), etc. : élabore un système de
monarchie parlementaire à l’ensemble constitue un socle.

- La déclaration des droits aux Etats-Unis (1787) protège la liberté d’expression, la liberté de la presse,
le droit du peuple. On a repris l’importance donnée aux libertés individuelles dans notre Constitution.

Principes porteurs :

Montesquieu : important de séparer les pouvoirs : exécutif (roi), judiciaire (nouveau) (indépendant avec
une création de cours d’assise) et législatif (peuple). Pouvoir judiciaire doit être autonome des deux autres.

Locke : philosophe empiriste anglais du XVIIe, un pouvoir politique doit être basé sur le consentement
de ceux sur lesquels ils s’exercent pour être stable : nécessité de respecter les libertés individuelles.

Ce pouvoir doit être divisé/hiérarchisé par le pouvoir suprême (pouvoir législatif) et le pouvoir exécutif.
Ces deux pouvoirs doivent être dirigés par des personnes différentes.

Saint Thomas d’Aquin (XIIIe siècle) : existence de droits naturels (intégrité et dignité) = droits propres à
chaque individu.

Ex : on s’est basé dessus pour punir les crimes nazis (on repose sur ce principe pour les termes de crime contre
l’humanité…). Droit à l’objection de conscience qui a fait appel à cette notion.

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16 constitutions entre la première constitution (1791) et la Constitution actuelle de 1958 :

Modifications suivant les bouleversements politiques que connaît l’État français : nombreuses
constitutions dues à une instabilité politique.

Elles ont posé des principes qui sont toujours d’actualité aujourd’hui. Certaines constitutions étaient là
pour poser un pouvoir personnel.

1ère Constitution (1791) : peu effective

Constitution de 1793 : Ière république (constitution pas effective car institution de la Terreur)

1795 : constitution de l’an III

1805 : constitution de l’an VIII (Napoléon)

IIIe République (1875) : Importance de la Constitution de la IIIe République (1875) (pas tout à fait une
constitution, 3 lois constitutionnelles), 1er régime stable (elle a duré et depuis la France est toujours restée une
république), instauration de droits sociaux encore en vigueur, sortie de la guerre, définition des pouvoirs
politiques avec un dualisme parlementaire (Assemblée Nationale et Sénat), un président avec un
gouvernement, décentralisation ( conseil municipaux…) mais problème : succession de gouvernements →

pouvoir instable.

IVe République (1946) : Importance de la Constitution de la IVe République (1946) faite par référendum.
Élaborée au sortir de la SGM avec le Général de Gaulle mais il ne prend pas part à la IVe république. La France
devient une république laïque, indivisible, démocratique et sociale ce qu’on retrouve aujourd’hui. Instauration
du drapeau nationale, de l’hymne, de la devise. Elle redéfinit l’organisation constitutionnelle. Répartition des
pouvoirs. Plus de pouvoirs à l’exécutif. Problèmes liés à la guerre : principes du respect des droits de l’Homme.
Droits internationaux et sociaux.
Gouvernement : pour le peuple et par le peuple. Pouvoir avec 2 chambres parlementaires (seules ces députés
peuvent voter les lois), conseil des ministres, un président (mais avec peu de pouvoirs)

1958 : Constitution de la Ve République (actuelle)

Contexte : période de bouleversement (entre 1956 et 1958 : 5 gouvernements différents, on sort de la IVe
République, système toujours bloqué, impossibilité de prendre des décisions, Putsch d’Alger : retour du général
de Gaulle au pouvoir (nommé président du conseil) car le gouvernement démissionne. Michel Debré prépare la
Constitution, mise en place grâce au référendum (respecte les principes de Locke).

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Règles d’élaboration particulières d’une constitution : souvent en contexte de crise, l’exécutif en place
réunit une équipe pour mettre en place un projet de constitution. Assemblée constituante possible pour
l’élaboration d’une nouvelle constitution avec une réflexion globale.

La Constitution de 1958 ( constitution de la Vème République ) :

Textes

Préambule très important :

Déclaration des droits de l’homme de 1789

Ex : principe de rétroactivité des lois pénales (lois pénales plus douces), ou principe d’égalité et des libertés.

Les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République

Beaucoup ont été pris dans la constitution de 1875 (IIIème République) ou des précédentes constitutions.
Ils ont une valeur constitutionnelle. Les juges peuvent se baser directement dessus.

Ex : les droits de la défense, le principe de la liberté d’association, la liberté d’enseignement, la liberté de


conscience, l’indépendance des professeurs d’université…

Le préambule de la constitution de 1946

Ex : le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ; l’égal accès à l’instruction, à la formation


professionnelle et à la culture ; le droit à la protection de la santé ; le droit de grève ; le droit à l’action syndicale ; le
droit d’asile sur le territoire de la République pour toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la
liberté.

Charte de l'environnement de 2004

Ex : le respect de l'environnement est une priorité.

Ce préambule n’est pas seulement une introduction mais elle pose des lois très importantes.

BLOC DE CONSTITUTIONNALITÉ = articles de 1958 + les 4 textes en préambule (constitution +


préambule)

Constitution de 1958 : elle contient plus de 90 articles.

Article premier : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure
l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les
croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats
électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales. »

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Règles de révisions particulières : elles sont inscrites dans la Constitution elle-même.

Qui peut en être à l’initiative ?

- Président de la république sur proposition du 1er ministre = projet de loi constitutionnelle

- Parlement (Assemblée nationale et Sénat) mais se fait très peu en pratique = proposition de loi
constitutionnelle

Procédures de révision : (inscrites dans la constitution)

Voie référendaire :

Vote du peuple, très peu utilisée en pratique. Utilisée en 1962 sur la décision d’élire le président au
suffrage universel à l’initiative de De Gaulle, une deuxième fois en 1969 sur la décentralisation et la réorganisation
du Sénat, échec du Général de Gaulle a abouti à sa démission !

Voie parlementaire :

Assemblée nationale + Sénat puis congrès (réunion des 2 chambres). A l’initiative du président de la
république souvent. Le projet est soumis à l’une des assemblées qui vote la proposition de constitution. Elle peut
faire des amendements (modifications). Texte examiné par la seconde assemblée. On parle de navette
parlementaire. Le même texte doit être voté par les 2 assemblés. Cette navette ne peut pas s’arrêter pour les
révisions de la constitution contrairement aux lois. Elle est ensuite soumise au congrès (2 chambres réunies qui
siègent à Versailles à la salle du congrès, lieu historique). Il revoit le texte. Les 2/3 (députés + sénateurs) doivent
être là, majorité des 3/5, ils ne peuvent pas faire de changements. On ne va jamais jusqu’à un vote négatif du
congrès (annulation de la procédure en amont).

La voie mixte :

Elle démarre comme la voie parlementaire (texte voté par une des chambres puis par la deuxième à même
texte voté). La constitution est ensuite soumise au référendum (pas d’intervention du congrès). Cette voie est
arrivée en 2000 avec la modification de la durée du mandat présidentiel (de 7 à 5 ans) à oui, 72% et 30 %
d’abstention.

Depuis 1958, il y a eu environ 20 révisions, essentiellement par la voie du congrès (voie parlementaire).
Révision en 1993 pour la cour de justice de la république et l’accord internationale en matière de droit d’assis.
Révision en 1995 pour le régime d’inviolabilité parlementaire. Beaucoup de modifications concernent l’Europe.
En amont, il peut y avoir des référendums nationaux (Maastricht, Constitution européenne de 2005) mais ils ne
sont pas forcément pris en compte. C’est le président qui décide de la voie à utiliser.

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B) La Loi

Une loi est un texte voté par le parlement.

1) Domaine de la loi

- Domaine du parlement. Il est prévu par la Constitution.

- Libertés publiques

- Nationalité

- Etat

- Capacité des personnes (capacité juridique. Ex : tutelle)

- Régimes matrimoniaux

- Successions

- Détermination des crimes, des délits et des peines applicables = code pénale

- Organisation judiciaire

- Sujets de politiques publiques (régime de retraite, travail, éducation, impôts…)

IL FAUT OBLIGATOIREMENT QUE POUR CES DOMAINES ON DÉFINISSE UN TEXTE DE LOI. Pour
élaborer des règles de droit dans ce domaine, il faut passer par un texte de loi.

2) Elaboration de la loi

o La voie parlementaire (voie principale) :

Texte examiné, modifié puis voté par une des assemblées du parlement (Assemblée Nationale ou Sénat).
Le texte peut être voté avec des modifications qu’on appelle des amendements. Texte analysé par des
rapporteurs article par article (amendements possibles). Texte proposé par le président, le gouvernement, le
premier ministre et contrôle du conseil d’état (projet de loi) ou des groupes de parlementaires (proposition de
loi).

Puis même schéma que pour la révision de la constitution. On désigne une commission (groupe de
parlementaires à ça peut être en premier soit l’Assemblée nationale soit le sénat sauf pour certains domaines
particuliers (ex : finance) où c’est forcément l’AN en premier avec un rapporteur qui fait la synthèse du projet.

La chambre vote le texte. Elle peut faire des modifications = amendements. Ensuite, le texte est examiné,
modifié puis voté par une autre assemblée du parlement. Ils peuvent eux-aussi faire des amendements.

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Avant qu’une loi soit adoptée, il faut que les 2 chambres aient voté le même texte = NAVETTE
PARLEMENTAIRE. Si au bout de 2 votes par chambre il y a toujours un désaccord entre les 2 assemblées, le
gouvernement (1er ministre) peut décider de réunir la Commission mixte paritaire (depuis 2008, les présidents
des 2 chambres peuvent demander à réunir la Commission mixte paritaire* également). Il peut la demander après
la première lecture par chacune des chambres dans des cas particuliers. Cette Commission réfléchit à un texte
commun qui est ensuite soumis au vote des assemblées (avec le moins de modifications possibles à sans
amendements). Si la Commission n’a pas trouvé de texte commun ou si le texte commun n’est pas approuvé par
les Assemblées, on retient le texte de l’Assemblée Nationale.

* La Commission mixte paritaire est composée généralement de 7 sénateurs et de 7 députés


(représentants des 2 chambres). Ils doivent élaborer un texte commun. Il est resoumis au vote des assemblées
sans amendement. Si elles ne sont pas d’accord, le 1er ministre peut demander de retenir le texte voté par
l’Assemblée Nationale. Dans 20 % des cas, la Commission mixte paritaire intervient et dans 10 % des cas
l’Assemblée Nationale a le dernier mot.

Ø La voie de l’ordonnance :

Vote qui reste exceptionnelle. Une ordonnance est un texte entièrement élaboré par le gouvernement
dans un domaine qui relève normalement du domaine de la loi. Un peu une loi de déblocage. Autorisé par l’article
38 de la Constitution.

Le gouvernement va demander au parlement une autorisation (loi d’autorisation) pour élaborer un texte
dans un domaine où il n’a pas le droit normalement d’élaborer une règle de droit. Le parlement vote une loi
d’autorisation ou loi d’habilitation avec une délégation de son pouvoir. Le parlement délimite :
- Le domaine de la loi
- Le délai d’habilitation (de la prise de décision)
- Le délai où il faut déposer un projet de loi de ratification

Pendant le délai où le gouvernement va élaborer des textes, le parlement s’en dessaisi (il ne peut pas
faire de loi pendant ce temps sur ce domaine). L’ordonnance est du domaine de la loi. Elle demande l’avis
préalable du conseil d’Etat. Elle doit être signée par le président de la république et prise en conseil des ministres.

Projet de loi de ratification : demande au parlement que la loi acquiert une valeur législative (valeur de
loi). Si l’ordonnance est ratifiée, la valeur est législative. Si elle ne l’est pas, l’ordonnance reste dans le domaine
réglementaire. Les règles s’appliquent mais peuvent être annulées si elles sont contraires à la loi. Il entre en
vigueur dès le lendemain de la publication au Journal Officiel.

Le gouvernement doit déposer un projet de loi de ratification examiné par le parlement. S’il n’y a pas de
projet de loi, l’ordonnance est caduque = disparition.

Voie utilisée pour les domaines urgents et spéciaux (dispositions urgentes en Algérie, réformes Juppé sur
la sécurité sociale).

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Voie qui devrait rester exceptionnelle même si elle est utilisée très souvent désormais. La voie de
l’ordonnance permet de faire passer des lois sans faire voter les 2 chambres. C’est une pratique courante depuis
plusieurs gouvernements. Entre 2005 et 2008, elle a été utilisée environ 80 fois par an. Elle a été utilisée 136 fois
sous Nicolas Sarkozy et également sous Hollande. C’est une obligation pour les directives européennes car c’est
une voie plus rapide que la voie parlementaire mais pause des problèmes pour le respect de la séparation des
pouvoirs.
1) Application de la loi

Entrée en vigueur :
● Il faut que le texte soit promulgué (= vérification du respect de la procédure) par le Président de la République
dans un délai de 15 jours (sauf saisie du Conseil Constitutionnel si elle n’est pas conforme à la Constitution).
● Le texte doit être publié au Journal Officiel de la République française. La loi entre en vigueur le lendemain
de sa publication (sauf si un délai a été prévu) :
● Effet immédiat de la nouvelle loi
● Maintien les droits acquis sous l’empire de la loi antérieure
● Possibilité d’effets rétroactifs ou post-actifs
Parfois, l’application de la loi nécessite des règlements d’application (décrets). Le parlement organise
le cadre et le gouvernement réfléchit directement à son application concrète par les décrets d’application.
▪ Exemple : loi sur le droit des patients de 2002 avec des commissions pour un règlement amiable.
L’organisation pratique concernait les décrets d’application et on avait donc une loi que l’on ne savait
pas comment appliquer sans les décrets d’applications.
- Pour les lois concernant l’expérience sur la personne, elles ont mis 5 à 6 ans avant d’être appliquées à
cause du problème des décrets d’application.
- Parfois, des lois ne peuvent pas s’appliquer (pas de décrets d’application) = lois mortes.

2) Contrôle de la constitutionnalité de la loi

Les lois doivent être conformes à la Constitution. Ce contrôle est effectué par le conseil constitutionnel
(il ne vote pas les lois mais vérifie qu’elles sont conformes à la constitution). Le conseil constitutionnel est une
instance de 9 membres :
- 3 membres sont désignés par le président de l’Assemblée Nationale
- 3 membres sont désignés par le président du Sénat
- 3 membres sont désignés par le Président de la République (dont le président du conseil
constitutionnel)

Les anciens présidents de la République sont membres du conseil constitutionnel (en plus des 9 membres)
mais ce droit est souvent remis en question. Il n’y avait plus que le président Giscard d’Estaing qui y siégeait car
Sarkozy ne pouvait pas être chef de parti et siéger au conseil constitutionnel (conflit d’intérêt) et Hollande a refusé
d’y siéger.

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• Ce n’est pas une instance judicaire (contrairement aux US).
• Ils sont nommés pour 9 ans et sont renouvelés par tiers tous les 3 ans. Il siège au palais royal. Il n’y a
pas de remise en cause systématique, il faut que le conseil constitutionnel soit saisi pour vérifier la
constitutionnalité.

• Pendant les 15 jours de délai, le conseil constitutionnel peut être saisi par :
o Le premier ministre
o Le président du Sénat
o Le président de l’assemblée nationale
o Un groupe de 60 sénateurs ou de 60 députés
o Le président de la république pour ratifier des traités internationaux uniquement

Ø Il effectue un contrôle avant la publication de la loi.


Ø Il existe un autre système depuis 2010 pour pouvoir saisir le conseil constitutionnel qui permet de faire
des remises en cause après la publication de la loi : c’est la Question Prioritaire de Constitutionnalité
(QPC).
o C’est une procédure accessible à tout citoyen. Elle permet un contrôle à postériori.
o La Décision doit concerner DIRECTEMENT le citoyen. Elle a été utilisée très souvent depuis
qu’elle a été mise en place (harcèlement au travail, jeu d’argent…).
1. Le citoyen invoque une QPC près de la juridiction devant laquelle il est convoqué.
2. Juridiction transmet la demande (si c’est judicieux) au conseil d’Etat ou à la cour de
Cassation
3. Le CE (conseil d’Etat) ou CC (cours de Cassation) peut décider de transmettre la QPC au
conseil constitutionnel
4. Peut aboutir au retrait de la loi (ou de l’article de loi)

▪ Ex : La loi du 4 mars 2002 avait interdit la possibilité pour des enfants qui naissaient avec un
handicapnon décelé pendant la grossesse d’avoir une indemnisation (pas décelé pendant la
grossesse). Ils vont contester auprès du juge la conformité avec la Constitution de cette loi.

Ø La QPC ne peut être réalisée deux fois sur le même sujet. Si le Conseil d’état a décidé que la loi était
conforme à la constitution, une autre personne ne peut remettre en cause une 2e fois la loi.

3) Abrogation de la loi

Elle ne peut pas tomber en désuétude. L’abrogation est parfois explicite (abrogée par les autorités
compétentes lors d’une nouvelle loi) mais parfois implicite (contradiction entre 2 lois, le juge peut décider qu’une
loi ne s’applique plus mais il devra quand même y avoir une abrogation un jour de cette loi).

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Ex : Jusqu’en 1984, il y avait toujours une loi sur les délits de vagabondage du bagne alors que les bagnes
n’existaient plus !

Définition/point clé :

La Constitution : Texte ou ensemble de textes très importants permettant de définir comment on conçoit
l'organisation de l'Etat et sur quelles bases va-t-on régir la société.
La Loi : le domaine de la loi est défini par la Constitution. Les lois sont votées par le parlement
Projet de loi de ratification : demande au parlement que la loi acquiert une valeur législative (valeur de loi).
Une ordonnance : un texte entièrement élaboré par le gouvernement dans des domaines normalement
réservés à la Loi.
Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) : Procédure accessible à tout citoyen qui permet le contrôle
à posteriori de la constitutionnalité d’une loi. Elle doit concerner directement le citoyen. Le Conseil
Constitutionnel est garant de la constitutionnalité des lois.

III. LES AUTRES RÈGLES DE DROIT


A) Le règlement

Règlement : toutes les règles de droit qui émanent de l’exécutif.

1) Les différents règlements

● Règlements autonomes : tout ce qui n’est pas du domaine législatif.


● Décrets d’application : règlements d’application de la loi, manière d’organiser la loi.

- Origine législative : article commençant par L.


- Origine exécutive : article commençant par R (décret du conseil d’Etat ou du conseil des ministres) ou
article commençant par D (décret simple).

2) La hiérarchie des règlements

● Décrets : 1er ministre (ou parfois le Président de la République) :


- Décret pris en conseil des ministres
- Décret pris en conseil d’Etat (exemple : application de traitement des données personnelles).
Parfois certains décrets importants doivent être soumis au conseil d’Etat (ex : décret du refus de
greffe, décret pour le partage des données entre le personnel médical et paramédical…)
- Décret simple (touche un domaine d'activité précis. Décret pris par le 1er ministre et un ministre
du domaine (exemple : ministre de la santé)).

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• Arrêtés (souvent liés à l’organisation) : encore plus « pratiques » que les décrets.
- Ils sont soit ministériels (exemple : dates des examens médicaux, modalité du numerus clausus),
soit préfectoraux (exemple : dates d’ouverture de la chasse), soit municipaux (exemple : respect
du voisinage).
- Ils sont pris par une autre personne que le 1er ministre ou le Président de la République.

• Circulaires : elles n’ont aucune valeur règlementaire. Elles expliquent la façon dont on va organiser
quelque chose (directeur de l’hôpital par exemple). Textes très internes. Elles font passer les informations
aux personnes concernées (notes de service). Elles ne doivent pas être là pour commenter mais juste pour
informer. Elle ne rajoute rien de plus que ce que dit le décret.

3) Le contrôle de la légalité

Conformité à la loi et conformité à la constitution. Contrôle assuré par les juridictions administratives. Il
n’y a pas de contrôle spontané. Il se fait lors de la demande d’un citoyen.

B) Les traités internationaux

• La Constitution reconnaît l’autorité des traités internationaux.


• Ils doivent avoir été ratifiés et publiés au Journal Officiel.
• Les traités priment sur le droit interne.
• Quand il est inscrit dans notre droit (ratifié), il s’applique.
• Parfois, nécessité d’une loi d’autorisation s’il touche à une matière régie par la loi.
• Si la clause est contraire à la Constitution, nécessité de modifier la Constitution. Exemple : CEDH
(Convention Européenne des Droits de l’Homme et du citoyen). Les règles doivent être en harmonie.
▪ Ex : si le pays n’est pas contre la peine de mort mais que les traités internationaux le sont. Nécessité de
modifier la constitution

C) Le droit communautaire européen

Les directives et les règlements émanent du Parlement européen ou du Conseil européen.

Directive : injonction faite aux Etats. Les Etats doivent légiférer en respectant la directive. Si non respect
: condamnation par la Cour européenne. Elle est assez large et laisse le choix aux pays de prendre certaines
décisions.

Ex : directive pour la simplification des personnes ayant subi un dommage par des produits défectueux,1985.
Il y avait une option qui permettait aux laboratoires de s’exonérer s’ils ne pouvaient pas deviner, découvrir le

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problème. En France, on était en plein dans l’affaire du sang contaminé. Et du coup, la législation française ne savait
pas si elle devait insérer l’option ou pas.

Règlement : s’intègre directement dans le droit interne :


● Effet direct
● Peut être invoqué devant les juridictions nationales
● Prime sur le droit interne antérieur

Définition/point clé :

Règlement : toutes les règles de droit qui émanent de l’exécutif.


Règlements autonomes : tout ce qui n’est pas du domaine législatif.
Décrets d’application : règlements d’application de la loi, manière d’organiser la loi.

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS

La
Constitution

Les traités
internationaux et le droit
communautaire
européen

La loi (textes votés par le


Parlement)

Le règlement

I. LA CONSTITUTION :
Ø 16 constitutions depuis la première de 1791 et l’actuelle de 1958
Ø Textes de références : les lois fondamentales du royaume, le Bill of rights
anglais, la déclaration des droits aux Etats-Unis
Ø Textes + préambule = BLOC DE CONSTITUTIONNALITÉ
Ø Procédures de révision : voie parlementaire, voie référendaire, voie mixte

II. LA LOI :
Ø Elaboration : le principe : voie parlementaire / l’exception : voie de
l’ordonnance
Ø Texte promulgué et publié au Journal Officiel de la République française
ü Effet immédiat de la nouvelle loi
ü Maintien des droits acquis sous l’empire de la loi antérieure
ü Possibilité d’effets rétroactifs ou post-actifs
Ø Contrôle de la constitutionnalité par le Conseil Constitutionnel (9
membres)
ü Possibilité pour tous de le saisir depuis 2010 grâce à la Question
Prioritaire de Constitutionnalité
Ø Abrogation explicite par les autorités compétentes lors d’une nouvelle loi
ou implicite (contradiction entre deux lois)

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III. LES AUTRES RÈGLES DE DROIT :


Ø Les règlements
ü Décrets : pris en conseil des ministres, pris en conseil d’ Etat, décrets
simples
ü Arrêtés : ministériels, préfectoraux, municipaux
ü Circulaires : pas de valeur règlementaire
Ø Les traités internationaux : la Constitution reconnaît leur autorité
Ø Le droit communautaire européen
ü Directive : injonction faite aux Etats
ü Règlement : s’intègre directement dans le droit interne → effet direct,
prime sur le droit interne antérieur, peut être invoqué devant les
juridictions nationales

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CHAPITRE N°3 : LES DIFFÉRENTES BRANCHES DU DROIT

I. LE DROIT PRIVÉ

Il régit les rapports entre les personnes privées (individus privés, structures privées)

Droit civil = droit commun qui s’applique à la tous les rapports de droit privé. Exemples : famille, propriété,
responsabilité civile, contrat… Il est codifié par le CODE CIVIL qui date 1804 (code napoléonien). Il n’a presque pas
été modifié jusqu’à 2017 (et modifications à la marge)

Autre forme du droit privé :


● Droit commercial (entre les commerçants avec beaucoup de coutumes)
● Droit du travail (rapport entre les salariés et les patrons)
● Droit social
● Droit rural

Ces droits sont également codifiés.

II. LE DROIT PUBLIC

Il régit les rapports entre personnes privées et personnes publiques. Organisation de l’État et des
collectivités publiques.

● Droit administratif : règles relatives à l’organisation du pouvoir exécutif et des collectivités publiques.
Rapport avec les administrés. Il est non codifié (sauf pour les finances publiques avec le code général des
impôts). Droit plutôt jurisprudentiel (dépend des juges).
● Droit constitutionnel : concerne l’étude de la forme de l’État, la constitution du gouvernement,
l’organisation des pouvoirs :
- Constitution
- Lois constitutionnelles
- Lois organiques
● Droit international public : règles relatives aux rapports entre les États. Il peut servir aussi en droit privé.

III. LE DROIT PÉNAL

● Il définit l’ensemble des infractions et des sanctions.


● Il définit les règles de la société. L’État exerce le droit de punir.
● Il protège les individus dans leurs droits privés.
● Codifié par le CODE PENAL. Le code pénal actuel date de 1994.

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CHAPITRE N°4 : L’INTERPRÉTATION DE LA RÈGLE DE DROIT


I. LA JURISPRUDENCE

Lorsque je me présente devant le juge et que j’estime que le médecin a commis une faute. On fait donc
appel au code civil mais il doit être interprété en fonction du cas étudié.

● C’est l’ensemble des solutions données par les juridictions : interprétation des juges lors des affaires.

● Jugements : interprétation de la règle de droit.

Est une source de droit

En matière de santé : responsabilité qui s’est beaucoup construite par la jurisprudence → le juge a posé
les limites des fautes des médecins en interprétant les textes.
Ø Aujourd’hui : loi du 4 mars 2002

II. LA DOCTRINE

Attention : la doctrine n’est pas une source de droit ! La Doctrine est la critique de la Jurisprudence.

● Ensemble des opinions émises par les auteurs de droit

● Peut influencer le législateur

● Tous les chercheurs en droit émettent des avis sur les analyses des membres de la justice : peut
influencer indirectement car le législateur peut être influencé par ses différents discours.

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
I. LES DIFFÉRENTES BRANCHES DU DROIT :

Ø Le droit privé
❖ Régit les rapports entre personnes privées
❖ Codifié par le code civil
- Droit social, commercial, rural, du travail

Ø Le droit public
❖ Régit les rapports entre personnes privées et personnes publiques
- Droit administratif
- Droit constitutionnel
- Droit international public

Ø Le droit pénal
❖ Définit l’ensemble des infractions et des sanctions.
❖ Codifié par le code pénal

II. L’INTERPRÉTATION DE LA RÈGLE DE DROIT :


Ø La Jurisprudence : façon dont les juges interprètent la règle de droit
- Juridictions : interprétations des juges lors des affaires
- Jugements : décisions rendues par les juges qui interprètent la règle
de droit

Ø La Doctrine : opinions émises par les auteurs de droit → critique de la
Jurisprudence
- Peut influencer indirectement le législateur

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Partie II – LES PRINCIPES DE LA


RESPONSABILITÉ EN SANTÉ
CHAPITRE N°1 : INTRODUCTION
Quand on parle de responsabilité, il est nécessaire de comprendre de quelle responsabilité on parle. Il
existe 2 types de responsabilités :

- Responsabilité sanction : lorsqu’elle est engagée, le but est de sanctionner la personne.


Ø Pénale : la personne a commis une infraction au code pénal (1994) (conflit entre la personne et
la société). Amendes, peine de prison…
Ø Disciplinaire : le professionnel n’a pas respecté le code de Déontologie (conflit entre le
professionnel et ses pairs).
- Responsabilité indemnisation : indemnisation d’une personne qui a subi un dommage par la personne
responsable qui doit réparer (droit civil ou administratif), organisée par les systèmes d’assurance, elle
est souvent engagée au quotidien mais on ne s’en rend pas compte.

● Répond au droit subjectif

● La séparation entre les 2 types de responsabilités n’a pas toujours été aussi claire.

CHAPITRE N°2 : HISTORIQUE DE LA RESPONSABILITÉ


MÉDICALE
I. RESPONSABILITÉ DE L’ANTIQUITÉ JUSQU’AU XVIIIe SIÈCLE

La responsabilité médicale est une notion qui a presque toujours existé.

Les babyloniens : Code d’Hammourabi en 1730 av JC. Hammourabi était un roi qui a eu l’idée de poser
des règles pour encadrer les relations des individus entre eux. Il écrit ses paroles sur une stèle « pour que le fort
n’opprime pas le faible et pour faire justice à l’orphelin et à l’aveugle ». C’était donc le début d’une organisation
judiciaire de la société avec des règles édictées sur une stèle. On y retrouve 2 grands principes :

- Justice basée sur des témoignages

- Proportionnalité entre la peine infligée et le dommage causé = principe du Talion

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→ Règle 196 : « Si quelqu’un a crevé un œil à un notable, on lui crèvera un œil. »
Certaines règles étaient réservées au corps professionnel des médecins avec toujours cette notion de
proportionnalité.
→ Règle 218 : « Si un médecin incisant un abcès perd son malade ou l’œil de son malade, on lui coupera la main. »
→ Règle 219 : « Si par une incision malheureuse le médecin perd un esclave, il doit le remplacer. »
→ Règle 220 : « S’il perd l’œil d’un esclave, il paiera la moitié de sa valeur en argent. »

Les barbares : Émergence d’un système de compensation monétaire

Aussi bien dans les lois des wisigoths (400 ap JC) ou dans les lois des francs (460 ap JC) on commence à distinguer
la sanction et l’indemnisation.
En effet, chez les wisigoths, on distingue le wergeld (somme d’argent due au roi) et le feriengeld (la somme
d’argent était donnée à la personne blessée ou à sa famille en réparation)

XVIIème siècle : Barème des flibustiers de l'île de la tortue : équivalence entre le dommage et la réparation.
C'est l'un des premiers barèmes de dommages corporels.

Après le XVIIe siècle : période très trouble pour les médecins (charlatans). Très peu d’engagement de
responsabilité pour les médecins. Le médecin malgré lui de Molière illustre cette période. 1696 : « Le malade doit
supporter les inconvénients de tel médecin car il l’a lui-même choisi. » Retour en arrière : médecin = homme de
l’art (qui a fait des études pour et n’est donc pas responsable de la mort du patient).

Avant le XIXe, si on doit indemniser, il faut que ça vienne de notre patrimoine, pas d'assurance.

II. LE TOURNANT DU XIXe SIÈCLE

Le tournant du XIXe siècle : le code civil de 1804 (code napoléonien) qui régit les règles importantes :
indemnisation de la personne s’il y a dommage, même s’il est involontaire. Depuis 1804, la responsabilité
médicale est soumise à ces règles de droit civil.

Ø L’affaire Hélié (1825) : le docteur est appelé pour un accouchement à domicile. Il coupe les bras du bébé
pour le sortir parce qu’il pense que le bébé est décédé. L’enfant naît vivant mais sans bras. Or, le
comportement du médecin était inapproprié par rapport à l’état de la mère. Responsabilité
médicale.
• Tribunal de Domfront « état de la mère ne légitimait pas une telle intervention… Le
comportement du médecin peut être qualifié de faute contre les règles de l’art »

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Ø L’affaire Noroy (1833) : suite à une saignée, amputation du bras (ischémie importante) car plus de
vascularisation dans le bras. Conséquences de l’amputation = responsabilité médicale.
● Notion de responsabilité médicale indemnitaire clairement admise : les règles du code civil sont
applicables aux médecins.

Ø L’affaire Laporte (1833) : lors d’un accouchement à domicile, il n’arrive pas à extraire le corps du bébé
mort donc il fait périr la mère. Responsabilité médicale car le décès aurait pu être évitable.
Extrait du Petit parisien : « ne parvenant pas à extraire le reste du corps, il essaya de perforer le crâne avec une
aiguille à matelas puis finit par le défoncer avec un marteau et un ciseau à bois »
ü Tribunal de paris : pour impéritie notoire et pour n’avoir pas fait appel à un confrère plus compétent

● Jusqu’à la fin du XIXe siècle : confusion entre responsabilité sanction et indemnisation. Nécessité pour le
médecin d’indemniser la victime avec son propre patrimoine.

● La notion d’assurance civile n’est apparue qu’à la fin du XIXe siècle (instauration d’un système d’assurance
professionnelle). Depuis l’apparition du système d’assurance, le médecin peut s’assurer pour les
dommages qu’il commet dans son exercice professionnel (assurance civile professionnelle).

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
I. RESPONSABILITÉ DE L’ANTIQUITÉ JUSQU’AU XIXe SIÈCLE :
Ø Babyloniens → code d’Hammourabi
Ø Egyptiens → codes thérapeutiques
Ø Grecs → serment d’Hippocrate
Ø Romains → Lex aquilia : le médecin peut être engagé dans la mort d’un
patient, mais pratiquement pas de sanctions → médecins protégés par de
grandes familles

XVIIe siècle
Moyen-AgeRenaissance Rédaction de préceptes : si Après le XVIIe
Dieu → le comportement était Très peu d'engagement de
disparition Responsabilit différent de ces techniques responsabilité chez les
é médicale : → responsabilité susceptible médecins
de la
responsabilit faute → d'être engagée Pas d'assurance :
é médicale sanction Barème des flibustiers de l'île indemnisation → patrimoine
de la tortue

II. LE TOURNANT DU XIXe SIÈCLE :


Ø Code civil de 1804 : responsabilité médicale → indemnisation de la
personne s’il y a dommage
- Affaire Hélié (1825)
- Affaire Noroy (1833)
- Affaire Laporte (1833)

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CHAPITRE N°3 : RAPPEL DES TEXTES DÉFINISSANT LES


DEVOIRS DU PROFESSIONNEL DE SANTÉ

❖ Codes de déontologie médicale

Il est inscrit dans le Code de Santé Publique. Il date de la 2nde GM. Il a été adopté par décret sous le
gouvernement de Vichy et s’accompagne de la création du conseil de l’ordre. Il a pour but de sécuriser les droits
du patient. Tout professionnel s’engage à le respecter.

Devoirs inscrits dans les codes :


- Devoirs généraux des médecins
- Devoirs des médecins envers les patients
- Devoirs des médecins entre eux (règles de confraternité…)

● Le code de déontologie (1947) dit ce qu’il faut faire (place dans la société, envers les patients et entre les
médecins).
● Il régit la vie quotidienne (rapports dans la vie du médecin).
● Texte important, impersonnel.
● S’applique à tout médecin. Les juges peuvent juger à partir de ce code même si ce n’est pas inscrit dans
les règles de droit. Tout professionnel s’engage à respecter ce code.
● Le conseil de l’ordre des médecins a été dissous après-guerre, puis récréé en 1947 (il comprenait aussi les
sages-femmes). Il existe également des codes pour les dentistes (1949), les pharmaciens (1953), les
sages-femmes (qui se séparent en 1972 de celui des médecins) et les kinésithérapeutes (2008) qui sont
organisés de la même manière et ont une valeur réglementaire. Il est coercitif.

Pour les autres professions comme les psychologues, elles n’ont pas de codes encore inscrits dans la règle
de droit mais une sorte de code informel pour lequel ces professions se battent pour sa reconnaissance.

❖ Convention d’Oviedo (1996)

Conclue dans le cadre du conseil de l’Europe en 1996 (organisation internationale élaborée en 1949 par
le traité de Londres pour éviter d’autres GM, met en place la convention européenne des droits de l’homme en
plus de celle d’Oviedo, attention le conseil de l’europe n’a rien à voir avec l’union européenne ni même avec
le conseil européen):
- S’applique aux Etats : devoirs des Etats
- Etat retranscrit ses devoirs dans les lois nationales (par ex : loi du 4 mars 2002) : droit interne.

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Principes fondamentaux dans la prise en charge du patient : respect du consentement, respect de la
dignité et le respect des droits de l’Homme. Il s’est particulièrement intéressé aux biotechnologies. Il a dit que
l’intérêt de l’être humain doit primer sur l’intérêt de la société (l’individu doit être toujours au centre de l’activité
médicale). On s’est rendu compte après la guerre de la nécessité de garde-fou.

❖ Charte des droits fondamentaux (2000)

● Texte de l’union européenne (2000).


- Article 3 : consentement libre et éclairé de la personne. Qui dit consentement éclairé, dit
information !
- Article 35 : protection de la santé (diagnostic de prévention) en matière de prévention et de
protection.

❖ Le code pénal

Code général qui définit les infractions. Définit des comportements qui constituent des délits et va
définir les peines applicables. Ne régit pas que l’exercice de la médecine

Loi du 22 juillet 1992 : entrée en vigueur le 1 mars 1994 (à la base 1810).

Il n’y pas d’infractions qui s’appliquent spécifiquement aux personnes de santé mais certains articles
s’appliquent plus spécifiquement en matière médicale :
▪ Ex : non-assistance à personne en péril, violation du secret professionnel, blessures par imprudence…

❖ Le code civil

Il régit les rapports juridiques entre les personnes. Il a été rédigé en 1804 (code napoléonien).

Application en matière médicale : indemnisation d’un dommage causé à un patient, nécessité de


respecter la licéité (légalité) de l’acte médical. On peut atteindre à l’intégrité de la personne si :
- Consentement de la personne
- Acte à but médical
Ø On ne peut pas faire n’importe quoi.

❖ Jurisprudence

Interprétation et application des règles de droit par les tribunaux.


Ex : juge civil (rôle important).

Elle a posé les règles de la relation médecin/patient en 1936 (on établit un contrat médical) et les règles
en matière de preuve de l’information apportée au patient en 1997 : c’est au médecin d’apporter la preuve qu’il
a bien informé son patient, et non l’inverse. Il y a donc eu une adaptation de la pratique du médecin.

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Relation contractuelle ou non contractuelle ? Les lois ne sont pas les mêmes dans les deux cas.
Relation médecin patient : relation contractuelle
▪ Exemple de relation contractuelle : relation entre le client et la boulangère, le chauffeur de taxi et le client…
≠ Doctrine = universitaires qui analysent les lois et les décisions de justice

❖ Loi du 4 mars 2002

Elle est relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Elle inscrit les droits du
patient dans la loi pour la première fois et redéfinit les devoirs des professionnels de santé. Elle est
promulguée sous l’influence de la doctrine.
● Droit à la protection de la personne (consentement)
● Droit au respect de la dignité
● Doit à la non-discrimination
● Droit au respect de la vie privée (stockage des données par exemple)
● Droit à la qualité des soins
● Droit à la sécurité
● Droit à la réparation des conséquences des risques sanitaires (tous les dommages peuvent être
indemnisés)

Si le professionnel ne répond pas à ses devoirs, on peut engager sa responsabilité.


De quelle responsabilité parle-t-on ?
- Responsabilité indemnisation
- Responsabilité sanction

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
Les règles de droit régissant de l’exercice médical

Inscrit dans le Code de Santé Publique

- Devoirs généraux des médecins


- Devoirs des médecins envers les patients
Codes de déontologie médicale - Devoirs des médecins entre eux (règles de
confraternité…)

S’applique à tout médecin. Il est coercitif.


S’applique aux Etats, qui retranscrivent leurs devoirs dans
les lois nationales : droit interne
Convention d’Oviedo
Principes fondamentaux dans la prise en charge du patient
(texte du Conseil de l’Europe)

Consentement libre et éclairé de la personne

Charte des droits fondamentaux Protection de la santé en matière de prévention et de


protection
(texte de l’UE)

Indemnisation d’un dommage causé à un patient, nécessité


de respecter la licéité (légalité) de l’acte médical
Le code civil

Définit des comportements qui constituent des délits et va


définir les peines applicables
Le code pénal
Loi du 22 juillet 1992 : entrée en vigueur le 1 mars 1994

Interprétation et application des règles de droit par les


tribunaux.
Jurisprudence
A posé les règles de la relation médecin/patient (relation
contractuelle) en 1936

Loi du 4 mars 2002 Relative aux droits des malades et à la qualité du système
de santé

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CHAPITRE N°4 : LA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE


INDEMNITAIRE
I. LES FAUTES POUVANT ETRE RECONNUES
Faute professionnelle : erreur qui aurait été évité par un bon médecin en respectant les règles de l’art. La
faute est sanctionnable, pas l’erreur.

A) Non-respect des droits des patients


● Inégalité d’accès aux soins ● Mésinformations ou non-information du

● Discrimination patient

● Non-continuité des soins ● Insécurité sanitaire

● Irrespect du consentement du patient ● Irrespect du secret professionnel

o 15 000€ d’amende

B) Non-respect de l’obligation de soin


Les médecins doivent tout mettre en œuvre pour guérir le patient, respecter les règles de l’art. Un bon
médecin est : prudent, diligent et attentif. Attention, il n’a pas obligation de guérir le malade mais obligation de
moyen (il doit tout mettre en œuvre).

Exemple : un médecin réanimateur doit mettre son patient sous respirateur s’il en a besoin, mais n’est pas
obliger que celui-ci s’en sorte à la suite de ce soin.

Cette obligation de soin est régie par de multiples textes :

o Jurisprudence : les médecins doivent apporter « des soins consciencieux et attentifs conformes aux
données acquises de la science et aux règles de l’art. »

o Loi du 4.03.2002 : « Les actes de prévention, investigation ou de soins... ne doivent pas, en l’état des
connaissances médicales… faire courir de risques disproportionnés par rapport aux bénéfices escomptés.
»).

C) Non-respect des cadres légaux des activités professionnelles réglementées

Les activités professionnelles réglementées sont les suivantes :

● Recherche biomédicale

● PMA ● Hospitalisation

● IVG et IMG psychiatrique sans


consentement
● Stérilisation à visée
contraceptive

● Prélèvement d’organes

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Définition/point clé : Faute / Erreur / Respect du patient en tout point / Responsabilité / Humanité /
4.03.2002 / Consentement

II. LA PROCEDURE JURIDIQUE


A) Privé - Public

On fait une différence au niveau de la procédure juridique entre l’exercice en milieu privé (aka le libéral)
et le milieu public (hospitalier) au nom de la séparation des pouvoirs.

Libéral Hospitalier

Responsabilité Civile Administrative

Droit Privé Public*

*Il faut d’abord faire une demande de conciliation à l’administration de l'hôpital

Les personnes exerçant en milieu hospitalier sont reconnues comme des fonctionnaires, ils font partie
d’une administration de l’état. C’est pour cela qu’ils ont une responsabilité administrative et ainsi, c’est
l’administration qui endosse la responsabilité.

Libéral Hospitalier

Qui endosse la responsabilité Le médecin lui-même L’administration

Celui qui endosse la responsabilité indemnise (via son assurance) si la faute est reconnue par le tribunal.

Depuis quelques années,selon la jurisprudence, pour le médecin libéral salarié (notamment en clinique) c’est la
clinique qui indemnise.

B) Organisation juridique judiciaire en France


Les juridictions civiles (= ordre judiciaire) règlent les litiges entre particuliers, elles jugent donc les
personnes privées. Les juridictions pénales jugent les individus ayant commis des infractions au Code Pénal.

Il existe différents types de juridictions :

● Juridictions de 1er degré (ou de 1ère instance)

● Juridictions de 2e degré (appel)

⇨ Ce sont des juridictions de fond

● Juridictions de cassation

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● Les juridictions de 1er degré

Les juridictions de droit commun sont les Tribunaux judiciaires.

Autres tribunaux spécialisés par rapport aux types de conflits :

- Conflit entre commerçants : Tribunal de Commerce, pour lesquels peuvent siéger des professionnels

- Conflit salarié-patron : Conseil des Prud’homme, dans lequel siègent des salariés et des représentants
de salariés et d’employeurs

- Conflit entre sécurité sociale et assurés : Pôle social du tribunal de grande instance

- Tribunal des pensions militaires

- Tribunal des baux ruraux

Dans ces tribunaux spécialisés siègent des magistrats et aussi des experts, des professionnels du
domaine concerné.

● Les juridictions de 2nd degré


Elles reposent sur un principe constitutionnel de notre pays. Lorsque l’on est jugé une première fois, on
peut toujours demander que l’affaire soit rejugée une seconde fois par une autre juridiction d’appel.

On fait appel à la Cour d’appel. C’est une juridiction de fond qui rejuge entièrement l’affaire avec de
nouveaux juges. Suite à la décision du 1er degré le délai d’appel est d’1 mois pour saisir la juridiction du 2e degré,
sinon la décision de la 1ère juridiction s’applique. L’appel a un effet dévolutif (elle rejuge complètement) et NON
suspensif depuis janvier 2020. ( suspensif = pas d’indemnisation tant qu’elle n’a pas rendu son jugement). L’appel
est toujours possible sauf si le litige est < 5 000€. (Avant il s’agissait de 4 000 €, la somme minimale est passé à
5 000 € depuis le 1er Janvier 2020).

● Les juridictions de cassation

/!\ Ce n’est pas un 3e degré.

La Cour de cassation ne rejuge pas une troisième fois, elle ne reprend pas les faits. Elle vérifie que la règle
de droit est bien interprétée par les juridictions du fond. Elle permet d’avoir une uniformité et une unicité de la
manière de juger et d’interpréter la règle de droit sur tout le territoire français. La cour de cassation ne peut être
saisie qu’en cas de décision définitive, suite au passage par une juridiction du 2nd degré. On forme un pourvoi en
cassation.

[Il n’y a qu’une seule cour de cassation formée de 6 chambres dont 3 chambres civiles, 1 chambre
criminelle, 1 chambre de commerce et 1 chambre sociale.]

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Ses décisions sont de 2 types :

o Arrêt de rejet : La règle de droit a été bien interprétée et la décision de la Cour d’appel s’applique

o Arrêt de cassation : La règle de droit a été mal interprétée et la Cour de cassation casse la décision
de la Cour d’appel. Comme elle ne juge pas sur le fond, elle renvoie l’affaire vers une 2e Cour d’appel.

Parfois, la Cour de cassation rend des arrêts en Assemblée plénière. L’Assemblée plénière permet de
trancher les conflits entre les juridictions de fond et les chambres de la Cour de cassation. Cette dernière réunit
des représentant de chacune des chambres de la Cour de cassation. Ils vont bien peser leur décision car lors de ce
genre de conflit, on peut être à un tournant de l’interprétation de la règle de droit dans notre pays. Ils vont prendre
une décision qui va soit dans le sens de la Cour de cassation, soit dans le sens des juridictions du fond. A la suite
de la décision rendue, l’Assemblée plénière va renvoyer vers une 3e Cour d’appel qui devra s’incliner, c’est-à-dire
qu’elle devra juger en tenant compte de la nouvelle interprétation de la règle de droit. Elle a surtout un rôle
d’harmonisation et d’unification de la règle de droit, elle tranche les conflits entre les juges de fond et la cour de
cassation.

C) Organisation juridique administrative en France


Les décisions prises sont des jugements. On retrouve le même découpage :

● Juridictions de 1er degré

● Juridictions de 2e degré

⇨ Ce sont des juridictions de fond

● Juridictions de cassation

● Les juridictions de 1er degré


Ce sont les Tribunaux administratifs. Ce ne sont pas des magistrats qui y siègent mais des conseillers
recrutés à l’ENA ou par des recrutements extérieurs.

● Les juridictions de 2nd degré


Ce sont les Cours administratives d’appels. Ces cours administratives d’appel fonctionnent comme les
juridictions civiles du second degré en rejugeant complètement l’affaire. Soit elles confirment, soit elles infirment
le premier jugement. Les décisions administratives sont dévolutives mais ne sont pas suspensives, ce qui peut
poser un problème.

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● Les juridictions de cassation

/!\Ce n’est pas un 3e degré.

C’est le Conseil d’Etat (le même qui conseille le gouvernement). Il a un rôle juridictionnel. Il s’agit d’une
juridiction de cassation : on ne rejuge pas l’affaire sur le fond mais examine l’application correcte de la règle de
droit. Il prend également des décisions importantes sur la façon d’édicter la règle de droit et renvoie vers les
juridictions de second degré. Cas particulier : le Conseil d’état, peut être le juge en premier et dernier ressort. Ce
qui signifie que dans certains cas c’est le seul à être compétent pour juger. Les contestations d’élections passent
par ce conseil d'État.

Mis à part sa fonction juridictionnelle, il a un rôle politique :

▪ Rôle consultatif pour le gouvernement au niveau de projet de loi

▪ Prise de décret

D) S’il n’y a pas faute ?


Il existe des régimes particuliers pour prendre en charge l’indemnisation des personnes ayant subi un
dommage mais dont la faute n’a pas été établie. C’est alors l’ONIAM (Office National d’Indemnisation des
Accidents Médicaux) qui indemnise, grâce à la solidarité nationale et les impôts.
▪ Infections nosocomiales : indemnisation par les établissements ou la solidarité nationale
▪ Accident médical non fautif : indemnisation possible par la solidarité nationale.

E) Les apports de la loi du 4.03.2002


La loi du 4 mars 2002 est en rapport avec les droits des patients, c’est la première loi à organiser les
activités médicales. Elle prévoit de mettre en place un système de règlement amiable des dommages en rapport
avec des actes médicaux. Ce système évite la saisine des juridictions et permet à des patients d’obtenir une
indemnisation en s’adressant à des structures prévues par cette loi : les Commissions de Conciliation et
d’Indemnisation (CCI).

Il y a 2 actions possible pour le patient sur le plan indemnitaire :

▪ Les juridictions

▪ Les commissions de règlement amiable

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
I. LES FAUTES :

Ø Droit des patients


Ø Droit des procédures
Ø Jurisprudence et 4.03.2002
Ø Un bon médecin est : prudent, diligent et attentif

Ø Thérapeutique
Ø Diagnostique
Ø Technique

II. LA PROCÉDURE :
Ø Juridictions de 1er et 2nd degré
Ø Juridictions de cassation (Cour de cassation ou Conseil d’Etat)
Ø Si pas de faute à ONIAM et solidarité nationale

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CHAPITRE N°5 : LA RESPONSABILITÉ PROFESSIONNELLE


PÉNALE
I. GENERALITES ET INFRACTIONS POUVANT ETRE RECONNUES
A) Généralités, définitions

La responsabilité pénale n’est pas propre au médecin. La loi pénale, dans le Code pénal définit les
infractions mais également les peines encourues. Le code pénal décide de qui va juger, quelles juridictions sont
compétentes mais également comment on va juger, c'est-à-dire les règles de procédure. Ce principe est le
principe de la légalité des délits et peines.

Il y a différents types d’infractions, allant du moins grave au plus grave :

tribunal de police
contraventions peine = amendes

tribunal correctionnel
peine = amende
délits
emprisonement<10ans

cour d'assise
crimes peine = réclusion criminelle = >10ans

Dans le Code pénal il n’y a pas vraiment d’infractions spécifiques aux professionnels de santé. Cependant
certaines infractions peuvent s’appliquer du fait des circonstances particulières dans lesquelles le mettent son
exercice professionnel.( exercice illégal de la médecine ou complicité, faux certificats, mise en danger de la vie
d’autrui, abus de faiblesse, fraude en matière de sécurité sociale, non-respect des activités réglementées,
blessures volontaires, homicides)

B) Les infractions

" Omission de porter secours


Cette obligation de porter secours s’impose à tout citoyen. Quand on est médecin cette infraction est
encore plus grave.

Article 223, Alinéa 1 du Code Pénal : « Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque
pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient
volontairement de la faire est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. »

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" Non-assistance à la personne en péril
Alinéa 2 : « Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en
péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit par action personnelle, soit en
provoquant un secours. »

Cette non-assistance à personne en péril concerne tous les citoyens mais sera plus sévèrement appréciée
pour les professionnels de santé.

Pour retenir une non-assistance il faut retenir deux conditions :

Il faut être dans une situation créant l’obligation d’assistance : Péril encouru par une personne + Possibilité
d’assistance + Absence de risque. (Exemple : une victime d’un infarctus dans la rue où aucun danger ne se présente).
La situation créant l’obligation d’assistance, il faut être dans un péril encouru par la personne, c'est-à-dire, une
menace pour la vie ou la santé. Cette menace doit être imminente. La non-assistance s’applique peu importe
l’origine de la menace. Elle persiste même si la personne est condamnée. Le deuxième élément constituant
l’infraction est la possibilité d’assistance, soit par une intervention personnelle (professionnel de santé +++), soit
en provoquant un secours.

L’infraction est retenue seulement en cas d’absence de risque. Il faut que le risque soit sérieux (pour le
professionnel de santé).

L’infraction est retenue seulement en cas d’absence de risque. Il faut que le risque soit sérieux (pour le
professionnel de santé).

Il faut un comportement constitutif de l’infraction : Refus d’agir, Abstention. Il y a peu de justification


possible pour justifier le refus d’agir ou l’abstention :

Justification retenue Justification non-retenue

Erreur d’appréciation Fatigue

Refus de la personne : Si la personne en situation de Règles de confraternité : Un collègue était déjà


danger refuse qu’on lui porte attention présent

Absence de dommage : Non retenu

" La violation du secret professionnel


C’est une infraction au Code Pénal et au Code de Déontologie.

Art 226.13 : « La révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire
soit par état soit par profession […] est punie d’un an d’emprisonnement [et 15 000 euros d’amende.] »

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Un patient peut confier des éléments médicaux et des éléments de vie privée. Ce n’est pas parce qu’il ne
s’agit pas d’éléments médicaux qu’il ne s’agit pas de secret professionnel. Le secret professionnel concernera tout
ce qui a été confié dans la relation de soin car c’est cette relation qui pousse le patient à la confidence. Cependant
ce n’est pas une infraction spécifique au médecin, cela s’appelle le secret professionnel et non le secret médical.
C’est un délit passible d’une peine d’emprisonnement et d’une peine d’amende.

Cette notion est élaborée par la jurisprudence, elle concerne tout ce qui a été : vu, entendu, compris et
confié. Elle concerne tous les professionnels de santé qui participent à la prise en charge d’un patient : médecin,
interne, infirmière, secrétaire médicale, agent d’entretien et les étudiants (toutes filières de santé confondues).

Le secret professionnel doit être respecté vis-à-vis de toute personne, autre que le patient. De manière
théorique, la famille du patient peut se voir opposer le patient, le médecin n’est pas tenu de partager
l’information à la famille. L’échange d’information ne peut se faire qu’avec l’autorisation du patient. Il y a des
cadres particuliers comme le mineur et ses parents ou la personne sous tutelle. Légalement, comme cette
personne sous tutelle ou ce mineur n’a pas la capacité juridique pour entamer la relation de soin, la relation est
tripartite : médecin/parent/mineur.

Le secret professionnel s’applique aussi entre professionnel de santé : il sera partagé avec un autre
professionnel uniquement si celui-ci est impliqué dans la prise en charge du patient et si le patient a été
prévenu.

Une des principales causes de condamnation pour violation du secret est la remise de certificat à la
mauvaise personne. Il ne faut jamais donner de renseignements par téléphone.

" Atteinte à l’intégrité physique


On la retrouve dans le Code Pénal et elle n’est pas propre au médecin.

Blessures intentionnelles Blessures non-intentionnelles / par imprudence

Blessures volontaires Homicides Euthanasie Blessures Homicides

On revient sur la notion de faute et dans le cas d’un décès ou de blessures liées à un acte involontaire dans
un cadre médical, le juge va se demander si l’on est vraiment dans le cas d’imprudence et s’il y a eu faute
d’imprudence. Le raisonnement est le même que pour le juge indemnitaire, on définit l’attitude d’un médecin
prudent et diligent dans la même situation. Sur le plan pénal, pour qu’il y ait une faute source de responsabilité
pénale il faut un degré au-dessus au niveau du comportement d’imprudence. On parle de faute caractérisée sur
le plan pénal, il faut que le caractère imprudent du comportement du médecin ne soit pas discutable.

" Exercice illégal de la médecine

" Fraude (en matière de sécurité sociale)

" Faux certificats

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" Mise en danger d’autrui

" Abus de faiblesse


" Non-respect des activités réglementées

Définition/point clé : contraventions > délits > crimes / peine d’emprisonnement / régit par le code
pénal (donc les règles s’appliquent aussi aux civils)

II. LA PROCEDURE PENALE


A) Le procureur de la République
Tout d’abord, il y a information du procureur. Initialement il y a la plainte d’un patient ou un signalement
par l’ARS, le Conseil de l’ordre,... auprès d’un commissariat ou d’une gendarmerie, ou un obstacle médico-légal.
La plainte aboutie à un dépôt de plainte et l’officier qui reçoit le dépôt de plainte rédige un procès-verbal de dépôt
de plainte. Ce procès-verbal de dépôt de plainte est transmis au Procureur de la République.

On peut aussi initier la procédure pénale par flagrant délit, assez rare en matière médicale mais tout de
même présent. Le flagrant délit est directement transmis au procureur de la république sans poser de procès-
verbal de dépôt de plainte.

Le procureur de la république gère tous les dépôts de plaintes. Il va très souvent diligenter une enquête :

Flagrant délit Dépôt de plainte

Enquête de flagrance Enquête préliminaire

Le parquet diligente l’enquête en confiant des actes d’enquêtes aux officiers. Il va décider si l’infraction
est constituée et s’il faut poursuivre ou pas. Le procureur de la république a l’opportunité des poursuites, il peut
prendre différentes décisions :

juridictions de jugements
comportements
suceptibles d'être
poursuivis
Enquête

--- en médical

pas de comportements
suceptibles d'être classement sans suite
poursuivis

demande d'ouverture
d'instruction
(approfondissement)
pas assez d'élément

+++ en médical

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B) Le juge d’instruction

L’ouverture d’instruction implique la désignation d’un juge d’instruction ou d’un collège d’instruction
désigné. Le rôle du juge d’instruction est d’enquêter sur l’affaire, on dit qu’il instruit l’affaire (il ne juge pas). Ce
juge a de nombreux pouvoirs pour mener à bien son enquête :

● saisie des dossiers médicaux

● audition

● ordonnance des expertises

● privation des libertés des personnes (rare en


matière médicale)

o Détention provisoire

o Contrôle judiciaire

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Il instruit l’affaire à charge et à décharge. Ce qui signifie que le juge d’instruction malgré son nom de
juge n’est pas là pour juger. Il est là pour enquêter et connaitre les éléments témoignant d’infraction. Il est aussi
là en cas de responsabilités médicale pour faire la lumière sur le porteur de la responsabilité. Le rôle du juge
d’instruction est de comprendre les faits et d’essayer de voir quelles personnes sont impliquées afin de désigner
un ou des auteurs.

Ce juge d’instruction, quand il termine son enquête, prend une décision nommée ordonnance. Il en existe
plusieurs types :

infraction
ordonnance
non de non-lieu
constituée
renvoi
infraction devant une
constituée juridiction de
jugement

C) Les juridictions de jugement

On retrouve la même organisation qu’avec les juridictions indemnitaires.

● Les juridictions de 1er degré


Elles sont divisées en 3 niveaux selon le type d’infraction :

tribunal de police
peine = amendes
contraventions juge unique

tribunal correctionnel
peine = amende + emprisonement < 10ans
délits juge en collégialité

cour d'assise
peine = réclusion criminelle → 10ans
crimes

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La cour d’Assise est une juridiction non permanente qui se forme 4 fois par an sur des périodes de 15 jours
à 3 semaines. Elle composée de :

Cour d'assise
3 magistrats Un jury populaire formé
professionels désignés de 6 jurés
pour toute la session Un représentant du
1 session = liste de ministère public ou
d'assise. 40 jurés avocat général qui
1 président 1 affaire = 6 jurés représente la société
2 assesseurs tirés au sort

Les jurés sont tirés au sort sur les listes électorales.

Fonctionnement d’une cession de cours d’assise

1) Ouverture de la session
La cour d’assise entre dans la salle

2) Fait entrer l’accusé


- Il comparaît « libre d’entrave »
- Le président vérifie l’identité de l’accusé

3) Formation du jury de jugement


- Tirage au sort des 6 personnes qui constitueront le jury pour cette session
- Il est possible pour l’avocat de la défense et le ministère public de récuser des jurys qui se lèvent

4) Formalité avant l’ouverture des débats


Le président fait prêter serment aux jurés de :
- Se rappeler que l’accusé est présumé innocent
- Que le doute doit lui profiter
- De se décider suivant leur intime conviction
- De conserver le secret des délibérations

5) Lecture par le greffier de l’arrêt d’envoi


L’arrêt de renvoi permet d’expliquer les faits reprochés à l’accusé et quel est le type d’infraction

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6) Les débats à l’audience
- Règles de continuité des débats = À partir du moment où une affaire est démarrée, elle ne pourra se terminer
que lorsque le verdict sera rendu. C’est une particularité de la procédure d’assise.
- Interrogatoire de l’accusé
- Analyse de personnalité avec des témoins de la personnalité et des experts psychiatres
- Analyse des faits avec des témoins de faits, des experts et des enquêteurs
- Procédure orale = l’opinion ne se fait que selon ce qui a été entendu

7) Les plaidoirie et réquisitoire


- Entend l’avocat partie civile
- Réquisitoire du ministère public
- Plaidoirie de l’avocat de l’accusé
- Pour finir on entend l’accusé
- Le président déclare la clôture des débats

8) Le président pose les questions par écrit


- Eléments constitutifs du crime
- Circonstance aggravante ou diminution de peine
- Cause d’irresponsabilité pénale
- Il leur rappelle que les jurés doivent se prononcer dans la sincérité de leur conscience et selon leur intime
conviction

9) Le jury se retire pour délibérer


- Le vote sur la culpabilité
- Le vote sur la peine

10) Retour en salle d’audience


- Le verdict est donné : condamnation, acquittement ou exemption de peine

La cour d’assise se caractérise aussi par des audiences qui sont publiques sauf dans certains cas dans lesquels
elle se déroule en huis clos si l’affaire concerne des mineurs, des problèmes de mœurs ou des risques de trouble
à l’ordre public.
Juridiction des mineurs : juge des enfants, tribunal pour mineurs, cour d’assise pour mineurs

● Les juridictions du 2e degré

Les cours d’appels

Chambres des appels correctionnels : compétences pour les contraventions et les délits, formation
collégiale, délai de 10 jours.

Cour d’assise d’appel : même organisation, mais 9 jurés au lieu de 6, délai de 10 jours.

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● La cour de Cassation : Il existe une chambre criminelle de la Cour de Cassation, elle a pour rôle le contrôle de
l’interprétation et de l’application de la règle de droit. La formation est collégiale.

D) La responsabilité personnelle

C’est le médecin lui-même qui est condamné : l’amende n’est pas payée par l’assureur, l’hôpital ne
couvre pas l’amende, mais il y a une prise en charge des dommages et intérêts.

Responsabilité médicale pénale : il s’agit souvent d’un délit, on a donc affaire au tribunal correctionnel.

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
I. Généralités et infractions pouvant être reconnues :
Ø Contravention (amendes) < délit (< 10ans) < crime (> 10ans)
Ø Régit par le Code Pénal mais le Code Pénal n’est pas spécifique aux
professionnels de santé.
Ø Infractions :
o Omission de porter
secours
o Non-assistance à
personne en péril
o Violation du secret
professionnel
o Atteinte à l’intégrité
physique
o Exercice illégal de la
médecine
o Fraude (en matière
de sécurité sociale)
o Faux certificats
o Mise en danger
d’autrui
o Abus de faiblesse
o Non-respect des
activités
réglementées

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II. La procédure pénale :


Ø Procureur de la République à juge d’instruction à jugement
Ø Tribunal de police < correctionnel < assises
Ø 2e degré = cour d’appel
Ø Cour de cassation en dernier recours
Ø La responsabilité du médecin ou de son établissement (si c’est un personnel
de structure) est engagée.

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CHAPITRE N°6 : LA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE


DISCIPLINAIRE
I. GENERALITES
A) Le code de déontologies

Le médecin fait partie des professionnels pour lesquels il y a eu une élaboration des règles
professionnelles : les règles de déontologies des professionnels de santé sont regroupées dans le Code de
Déontologie. Les notions de déontologie ne sont pas récentes. Pour les médecins, la déontologie est fondée sur
le serment d’Hippocrate au IVème siècle av JC. La déontologie des pharmaciens repose quant à elle sur le serment
de Galien.

Il est élaboré par un décret du 6 septembre 1995 et est repris dans la partie réglementaire du Code de
Santé Publique. On y retrouve trois grands chapitres :

o Règles sur les devoirs généraux des médecins

o Règles des devoirs des médecins envers les patients

o Règle des devoirs des médecins entre eux

Faute disciplinaire : Non-respect du code de Déontologie

B) Les juridictions

Les tribunaux du 1er degré sont le Conseil régional de l’ordre (CRO). C’est une juridiction formée de
magistrats et de pairs (professionnels de santé). Les médecins siégeant dans ces institutions sont issus d’un vote
par les médecins. Il existe un moyen d’appel par une juridiction de 2nd degré nommé Conseil national de l’ordre
(CNO). De la même façon on peut pourvoir en cassation sur le plan ordinal. La juridiction de cassation du conseil
de l’ordre est le Conseil d’Etat, juridiction identique aux tribunaux administratifs.

Définition/point clé : déontologie / Code de la Santé Publique / Faute disciplinaire / CDO > CRO >
Conseil d’Etat

II. LA PROCEDURE

Le patient adresse une demande au Conseil départemental de l’ordre : il ne peut pas s’adresser
directement au conseil régional qui est la juridiction de 1er degré.

Le conseil départemental de l’ordre peut tenter une conciliation : il fait en sorte que les deux parties
s’accordent. Si cette conciliation échoue et que le patient veut vraiment qu’il y ait un jugement sur le plan
disciplinaire, il transmet la plainte au Conseil régional de l’ordre.

Le conseil régional de l’ordre peut être saisi par :

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o Le ministre de la santé
o Les agences régionales de Santé (ARS)
o Le procureur
o Le préfet
o Le Conseil départemental de l’ordre
o La Médecine
o Un syndicat

Les sanctions peuvent être :


o Un avertissement
o Un blâme
o Une interdiction temporaire d’exercer
o Une interdiction définitive d’exercer (radiation)

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
I. GENERALITES :
Ø Règles professionnelle = règle de déontologie
Ø Devoir du médecin
Ø Envers les autres pairs et les patients
Ø Décret du 6.09.95 inscrit au code de la Santé Publique

II. PROCEDURE :
Ø D’abord CDO à conciliation
Ø 1er degré = CRO à jugement disciplinaire
Ø 2e degré = CNO à Appel
Ø Cassation : Conseil d’Etat
Ø CRO peut être saisit par une grande diversité d’acteurs
Ø Sanctions de différents niveaux suivant la gravité de la faute au code de
déontologie

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INTRODUCTION AU DROIT EUROPEEN


Lors de ce cours, deux questions essentielles vont être abordées :

1) Qu’appelle-t-on le droit européen ?


2) De quelle manière le droit européen s’articule-t-il avec le droit français ?

Le droit européen résulte de l’action normative d’un ensemble d’organisations et d’ordres juridiques.

Cela renvoie à deux organisations en particulier :

- Le Conseil de l’Europe (CE)


- L’Union Européenne (UE)
/!\ Attention à ne pas les confondre même si elles produisent toutes les deux du droit européen !

Il y a une différence d’articulation entre le droit du Conseil de l’Europe et le droit français d’une part, et entre le
droit de l’UE et le droit français d’autre part.

CHAPITRE N°1 : LE CONSEIL DE L’EUROPE ET SON DROIT

Le Conseil de l’Europe est une organisation intergouvernementale créée en 1949.

Il est actuellement (2022) composé de 46 Etats membres (EM) dont la France.

Le siège de toutes ses institutions est à Strasbourg.

Son objectif est de promouvoir la démocratie, la protection des droits de l’Homme et l’Etat de droit (= c’est lorsqu’un Etat
se soumet aux normes qu’il élabore) en Europe.

Le Conseil de l’Europe est à l’origine du droit du Conseil de l’Europe.

I. LES PRINCIPAUX ORGANES ET INSTITUTIONS DU CONSEIL DE


L’EUROPE
A) L’assemblée parlementaire

Elle est actuellement composée de 306 parlementaires des 46 états membres du Conseil de l’Europe.
Chaque état membre a un nombre de siège qui varie. Ces parlementaires sont choisis par les parlements
nationaux des états membres eux-mêmes. Pour la France : 18 députés et sénateurs français.

C’est l’organe délibérant du Conseil de l’Europe. Elle offre un forum démocratique de débat sur des
questions d’actualité. Elle est également chargée d’assurer une observation en ce qui concerne les élections
législatives et présidentielles dans certains états qui font l’objet d’observation particulière. Elle est à l’origine de
nombreuses conventions Européennes.

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B) Le comité des ministres

Il est composé des ministres des affaires étrangères des états membres ou leurs représentants
diplomatiques permanents (« délégués »). Les premiers se réunissent une fois par an, les seconds se réunissent
une fois par semaine.

Il est présidé de façon tournante par les états membres (tous les 6 mois, la présidence change).
Actuellement, il est présidé par l’Irlande jusqu’en novembre 2022.

C’est un organe de décision du Conseil de l’Europe. Il détermine la politique du Conseil de l’Europe. Il


étudie les suites à donner aux recommandations soumises par l’assemblée parlementaire et donne l’approbation
du budget de l’Europe et le programme d’activité du conseil de l’Europe. Il est également responsable du
contrôle de l’exécution des arrêts rendus par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH).

C) La cour européenne des droits de l’homme (CEDH)


C’est une juridiction instituée en 1959 (à ne pas confondre avec la cour de justice de l’UE). Elle est
composée actuellement de 46 juges (1 par état membre) élus pour 9 ans par l’assemblée parlementaire.

/ ! \ Ces juges siègent à titre individuel et ne représentent pas les Etats dont ils sont issus.

Sa mission est de veiller au respect de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (convEDH), à
ce qu’elle soit respectée par les états membres. Elle peut condamner un des 47 états membres qui n’aurait pas
respecté cette convention.

L’état le plus condamné est la Turquie : condamnée 3386 fois. La France fait aussi l’objet de
condamnations et est classée 20e-30e parmi les 47 états. Entre 1959 et 2017 : 997 arrêts ont été rendus contre la
France dont 728 condamnations. En 2017, elle a fait l’objet de 12 arrêts dont 6 condamnations.

❖ Par qui la CEDH peut-elle être saisie (« demandeur ») et contre qui (« défenseur ») ?
o Défendeur : Etat partie à la convEDH
o Demandeur :

▪ Etat partie à la convEDH = Requête étatique ; un Etat membre dénonce un autre Etat
membre qui a failli à ses obligations.

▪ Ressortissant des Etats parties à la convEDH (un particulier ou une asso, etc. qui saisit le
CEDH) = Recours individuel

La France a reconnu le recours individuel en 1981. La France a fait l’objet de 10 condamnations en 2020 (8
condamnations en 2018).

❖ Conditions de saisine de la CEDH (conditions de recevabilité)

o 1ère condition : Le requérant doit avoir un intérêt personnel à agir

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o 2e condition : La CEDH ne peut être saisie qu’après épuisement des voix de recours internes. Le
requérant doit prouver qu’il a exercé dans son pays tous les recours réputés utiles pour réparer la
situation dont il se plaint.

o 3e condition : La saisine actuellement (2022) doit se faire dans les 6 mois de la décision interne
définitive, au-delà ce délai, la requête ne peut plus être saisie.

Il faut que ces 3 conditions soient réunies pour que le recours soit recevable.

Une dizaine de millier de requête sont formées chaque année. Cependant, environ 90% des saisines sont
jugées irrecevables, en raison de ces 3 conditions.

❖ L’arrêt rendu par la CEDH


Si la requête est jugée recevable, la CEDH prononce un arrêt déterminant s’il y a une violation des droits
protégés par la convEDH. En cas de violation avérée, l’Etat est condamné. Cette condamnation peut être une
compensation financière et/ou une incitation ou obligation de l’Etat à modifier sa législation ou sa pratique
administrative interne. Si elle considère qu’il n’y a pas eu violation, le recours est rejeté.

Caractéristiques de l’arrêt :

- Définitif

o Les arrêts ne peuvent pas faire l’objet d’une contestation devant une autre juridiction, ils ne sont
pas susceptibles d’appel.

- Obligatoire

o Il s’impose à l’Etat qui a été condamné. Les Etats qui vont devoir harmoniser leur législation
interne avec la décision prise.

- Déclaratoire

o La CEDH ne peut pas mettre fin à la violation constatée : elle ne peut pas elle-même abroger une
loi, ou invalider une décision du conseil ne respectant pas le convEDH. C’est à l’Etat lui-même de
prendre les dispositions pour se conformer à la convEDH. Globalement les Etats respectent les
arrêts rendus par la CEDH et les exécutent.

Les décisions rendues ont une influence importante sur la législation des états membres (jurisprudence).

Exemples d’arrêts rendus par la CEDH contre la France dans le cadre d’une requête individuelle : (/!\ Ces
exemples sont à apprendre !)

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Définition/point clé : Assemblée Parlementaire / Comité des ministres / CEDH (arrêt définitif,
obligatoire, déclaratoire)

II. LE DROIT ISSU DU CONSEIL DE L’EUROPE


A) La convention européenne des droits de l’Homme (convEDH)
Il y a plus de 200 conventions internationales qui ont été élaborées dans le carde du Conseil de l’Europe
mais la plus connue et la plus ancienne est la Convention Européenne de Droits de l’Homme.

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Elle a été signée à Rome en 1950, et est entrée en vigueur en 1953. Depuis sa création, elle a été modifiée
par 16 protocoles additionnels. Par exemple : abolition de la peine de mort en temps de paix dans le protocole 6 en
1983, abolition en toute circonstances dans le protocole 13 en 2002.

Chaque Etat membre doit ratifier la convention et les protocoles pour qu’elle soit applicable. La convEDH
a été ratifiée par l’ensemble des états membres du Conseil de l’Europe, mais pas tous les protocoles.

Elle a été ratifiée par la France le 3 mai 1974. Dernièrement, en 2013, la France a ratifié le protocole 16
qui donne la permission aux juridictions suprêmes (cour de cassation, conseil constitutionnel) de saisir la CEDH
pour rendre un avis consultatif.

Elle donne des droits garantis aux ressortissants des états membres du Conseil de l’Europe :

❖ Droits civils et politiques :

o Le droit à la vie (article 2)

o L’interdiction des traitements inhumains et dégradants (article 3)

o Le droit au respect de la vie privée (article 8)

o La liberté d’expression (article 10)

❖ Droits économiques et sociaux :

o Droit à l’instruction (article 2 du protocole 1)

❖ Autres droits :

o Droit au recours et à un procès équitable (art. 6) (délais de jugement raisonnables)

B) L’articulation entre le droit français et la convEDH


Ce qui est vrai pour la convEDH est vrai pour n’importe quelle convention signée par la France, dans le
cadre du conseil de l’Europe ou dans un autre cadre.

Rappel concernant la hiérarchie (« la pyramide ») des normes internes

La norme qui est supérieure doit être respectée par toutes les normes qui lui sont
inférieures.
- Au sommet : La Constitution française qui doit être respectée par toutes les autres
normes de droit interne françaises

- Au niveau intermédiaire : Les lois doivent respecter la Constitution et doivent être


respectées par les règlements. Le contrôle qui est exercé pour s’assurer qu’une loi respecte
la Constitution s’appelle le contrôle de constitutionnalité des lois et il est exercé par le Conseil
constitutionnel en France.

- A la base : Les règlements doivent respecter les lois et la Constitution. Le contrôle exercé pour
s’assurer que les règlements respectent ces normes est fait par le juge administratif.

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Constitution > Lois > Règlements

Où place-t-on la convEDH au sein de cette pyramide ? Nous allons nous intéresser aux rapports qu'entretiennent
les traités avec les autres normes.

❖ Rapport actes administratifs-traités


Les règlements (décrets, arrêtés, circulaires) doivent être conformes aux
traités. Si un règlement ne respecte pas les dispositions d’un traité, il sera considéré
comme non conforme au droit international et est susceptible de faire l’objet d’une
annulation : il ne sera plus appliqué.

Le contrôle de conventionnalité et l’annulation des règlements est exercé


par le juge administratif (conseil d’état) depuis 1952 (arrêt Dame veuve Kirkood /!\ nom
à connaître !!!)

Traités > Règlements (actes administratifs)

❖ Rapports lois-traités
C’est l’article 55 de la Constitution qui précise le rapport entre les lois et les traités.

Les lois doivent être conformes aux traités, sous peine de voir leur application écartée.

Cependant il existe 3 conditions pour qu’une loi respecte un traité :

- Le traité doit avoir fait l’objet d’une ratification par la France

- Il doit avoir été publié au JO

- Pour que le traité puisse s’imposer à loi, il doit être appliqué réciproquement par les Etats
partis au traité en question (c’est ce qu’on appelle la clause de réciprocité). Cette clause de réciprocité ne
s’applique pas pour les traités relatifs à la protection de la personne humaine (comme la convEDH), ni au
droit de l’Union Européenne.

Le contrôle de la conventionalité des lois :

- Le Conseil Constitutionnel refuse de l’exercer depuis la décision de 1975 sur la loi relative à l’IVG.
Il a maintenu cette position depuis. Il accepte de contrôle la constitutionnalité d’une loi mais pas sa
conventionnalité.

- Il est exercé par le juge judiciaire depuis que la Cour de Cassation a rendu l’arrêt Société des
cafés Jacques Vabres en 1975

- Il est exercé par le juge administratif depuis que le Conseil d’Etat a rendu l’arrêt Nicolo en 1989

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Si une loi est déclarée comme inconventionnelle, son application est écartée par le juge saisi mais il n’a pas les
moyens de l’abroger.

Article 55 (=Constitution) : Traités > Lois

❖ Rapport constitution-traités
Ce rapport fait l’objet de débats. Les traités dans la hiérarchie des droits se trouvent à un niveau
intermédiaire entre la constitution et les lois (réponse simplifiée).

Selon l’article 54 de la Constitution : « Si un engagement international (un traité)


comporte une clause contraire à la Constitution, l’autorisation de ratifier ou d’approuver
l’engagement international (le traité) en cause ne peut intervenir qu’après révision de la
Constitution »

C’est au moment où la France s’apprête à ratifier un traité que la question de la


constitutionnalité du traité se pose.

Le contrôle de conventionalité est exercé par le Conseil Constitutionnel. Il vérifie que le traité à ratifier
ne comporte pas de clauses contraires à la Constitution.

Si le Conseil Constitutionnel n’est pas saisi, la vérification n’est pas faite.

S’il est saisi, deux solutions sont envisageables :

1) Le traité ne comporte pas de clause contraire à la Constitution : il peut être ratifié et appliqué. Il n’y a pas
besoin de modifier la constitution.

2) Le traité comporte une clause contraire à la Constitution :

a. Soit la constitution est révisée et le traité peut être ratifié et approuvé.

b. Soit la constitution n’est pas révisée et le traité ne peut être ratifié, ni appliqué.

La Constitution a été révisée pour être conforme à un traité quatre fois.

Exemple : En 2005, le Conseil Constitutionnel a été saisi à propos d’un traité portant sur l’abolition de la
peine de mort. Le Conseil Constitutionnel a considéré que le traité contenait une ou plusieurs clause(s)
contraire(s) à la Constitution. La seule possibilité offerte à la France si elle souhaitait aller jusqu’au bout du
processus et mettre en application ce traité était de modifier la Constitution. C’est ainsi qu’un nouvel article a été
créé et que le traité à pu être ratifié et publié par la France.

Ce que nous pouvons en déduire c’est que les traités ont une valeur inférieure à la Constitution.

Constitution > Traités > Lois

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/!\ Attention à ne pas confondre le contrôle de conSTITUtionnalité et le contrôle de conVentionnalité.

Contrôle de conSTITUtionnalité : Contrôle exercé pour vérifier qu’une norme (= traité, loi, règlement) respecte
la Constitution.

Contrôle de conVentionnalité : Contrôle exercé pour vérifier qu’une norme respecte une convention
internationale (= un traité)

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
I. Les principaux organes et institutions du Conseil de l’Europe
Ø Assemblée parlementaire
Ø Comité des ministres
Ø CEDH
o Arrêt
▪ Définitif
▪ Obligatoire
▪ Dérogatoire

II. LE DROIT ISSU DU CONSEIL DE L’EUROPE


Ø Traités au-dessus de tout SAUF de la constitution
Ø ConvEDH
a. Rome 1950
i. France en 1974

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CHAPITRE N°2 : L’UNION EUROPEENNE ET SON DROIT


L’Union Européenne est une organisation intergouvernementale composée de 27 Etats membres créée en
1992 suite au traité de Maastricht. Cependant les racines de l’Union Européenne sont plus anciennes puisqu’en
1957 le traité de Rome a abouti à la création de la CEE (Communauté Economique Européenne) qui est
« l’ancêtre de l’Union Européenne ».

Les objectifs de l’Union Européenne sont politiques et économiques. Ses institutions siègent au Luxembourg, à
Bruxelles et à Strasbourg.

L’Union Européenne est à l’origine d’un certain nombre de règles juridiques que l’on qualifie de Droit de l’Union
Européenne (avant appelé Droit communautaire).

I. LES PRINCIPALES INSTITUTIONS DE L’UE


A) Le Conseil Européen

Son siège est à Bruxelles. Il est composé :

- Des chefs d’Etat ou de gouvernement des Etats membres

- Du président du Conseil Européen (Charles Michel, ancien premier ministre Belge)

- De la présidente de la Commission européenne (Ursula von der Leyen, allemande)

Les chefs d’état et de gouvernement sont chargé d’élire le président du conseil tous les 2 ans et demi. Le
mandat est renouvelable une fois.

C’est un organe stratégique de l’UE chargé de fixer les grandes lignes de la politique de l’UE. Les réunions
ont lieu 4 fois par an, ce sont les sommets européens.

B) Le Conseil ou Conseil des ministres ou Conseil de l’UE

Son siège est à Bruxelles. Il est composé d’1 ministre compétent par État membre selon les questions
inscrites à l’ordre du jour). Il existe différentes formations au sein de ce conseil qui traitent de sujets qui leur sont
propres. La composition de chacune de ces formations varie selon la question inscrite à l’ordre du jour (10
formations en tout.

Exemples :
- Conseil « EPSCO » (Emploi Politique Sociale, Santé et Consommateurs) qui se réunit 4 fois par an sur
des questions relatives à l’emploi, la santé, ect… On y trouve les 27 ministres de la santé de chaque Etat
membre.

- Conseil Eco-fin qui se réunit 1 fois par mois sur des questions relatives aux affaires économiques et
financières. On y trouve les 27 ministres de l’économie et des finances de chaque Etat membre.

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La présidence est tournante : elle alterne tous les 6 mois pour favoriser l’implication des États membres
dans les affaires européennes. Actuellement, le conseil est présidé par la Tchéquie jusqu’au 31 décembre 2022.

Rôles :

- Partage le pouvoir législatif avec le Parlement Européen : adopte les actes législative
(règlements, directives, décisions)

- Partage le pouvoir budgétaire avec le Parlement Européen : adopte chaque année le budget de
l’UE.

C) La Commission Européenne
Son siège est à Bruxelles. Elle est composée de 27 membres : 26 membres + le président de la
Commission Européenne. Ces membres s’appellent des « commissaires » et il y en a un par Etat membre et
chacun est chargé d’un domaine particulier. Un commissaire ne représente pas son Etat. Actuellement le
commissaire français est Thierry Breton, désigné en 2019, il est commissaire marché intérieur.

Le président est élu pour 5 ans par le Parlement européen sur proposition du Conseil européen
(Présidente actuelle : Ursula von der Leyen). Les 26 autres membres de la Commission sont nommés pour 5 ans
par le Conseil européen sur proposition des pays-membre après approbation du Parlement européen. Les
réunions ont lieu 1 fois par semaine.

C’est l’organe exécutif de l’UE, elle a des pouvoirs très importants :

- Elle est chargée de définir les objectifs et les priorités d’action de l’UE

- Elle a un pouvoir d’initiative en matière législative : elle est la seule institution au sein de l’UE à
pouvoir soumettre des propositions d’actes législatifs au Parlement et au Conseil des ministres

- Elle est chargée de faire appliquer les actes législatifs et s’assurer de leur bonne application

Les membres sont collégialement responsables devant le Parlement Européen : les députés peuvent
adopter une motion de censure contre l’ensemble des commissaires qui sont obligés de démissionner. Cela ne
s’est jamais produit.

D) Le Parlement Européen
Son siège est à Strasbourg. C’est l’Assemblée parlementaire de l’UE, composée de 751 députés
européens élus au suffrage universel direct par les peuples des Etats membres, tous les 5 ans. Il comporte plus
de 70 sièges pour la France (le nombre dépend de la population). Avant le Brexit il y avait 750 sièges dont 79 pour
la France.

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C’est l’organe délibérant de l’UE avec des pouvoir divers :


- Il partage le pouvoir législatif et le pouvoir budgétaire avec le Conseil de l’UE
- Il contrôle la Commission européenne avec la possibilité d’engager la responsabilité des commissaires

E) La cour de justice de l’UE (CJUE, ex CJCE)


Son siège est à Luxembourg. C’est l’institution juridictionnelle de l’UE.

Elle comporte 2 juridictions :

- La cour de justice composée d’1 juge par État membre (27). Les juges sont désignés d’un
commun accord par les gouvernements des États membres, pour un mandat de 6 ans. Elle comporte
également 11 avocats généraux, qui ne prennent pas de décision juridictionnelle, mais donnent leur
point de vue sur le litige soumis au jugement avant que la décision ne soit prise.

- Le tribunal de l’UE composé d’au moins 1 juge par État membre (46) et d’1 greffier, nommés
d’un commun accord par les États membres..

Elle a des compétences juridictionnelles : elle assure le respect, l’interprétation et l’application du droit
de l’UE. Le tribunal s’occupe des recours formés par les particuliers.

Définition/point clé : Conseil Européen / Conseil de l’UE / Commission Européenne / Parlement


Européen / CJUE / Bruxelles / Strasbourg / Luxembourg

II. LE SYSTEME JURIDIQUE DE L’UE


A) Le droit issu de l’UE

❖ Le droit originaire = primaire


Les traités constitutifs/institutifs sont le fondement de l’Union Européenne. Ils sont au nombre de deux :

1. Le Traité sur l’UE (TUE) date de 1992 et correspond à l’adoption du Traité de Maastricht

2. Le Traité sur le fonctionnement de l’UE (TFUE) a été signé à Lisbonne en 2007

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Par exemple :

- Ils définissent les compétences de


l’UE.

- Ils précisent la composition, le rôle


des institutions de l’UE…

D’autre textes font partie du droit primaire


de l’UE, notamment la Charte de droits
fondamentaux de l’UE, texte adopté en 2000, qui a
vocation de protéger un certain nombre de droits
fondamentaux et s’impose aux Etats membres. Par exemple, l’article 3 est relatif au droit à l’intégrité physique et
mentale de la personne : cette disposition précise que dans le cadre de la médecine et de la biologie, doivent être
respectés le consentement libre et éclairé de la personne concernée ou encore l’interdiction du clonage
reproductif.

❖ Le droit dérivé
C’est l’ensemble des actes pris par les institutions de l’UE (et non
directement par les Etats membres) sur la base des traités fondateurs
(TUE et TFUE). Le TFUE précise dans l’article 288 quels sont les actes qui
peuvent être pris par les institutions de l’UE, dont on distingue 4
catégories :

o Les règlements (droit externe, à pas confondre avec les


règlements du droit interne français) :

▪ Ils ont une portée générale

▪ Ils sont obligatoires pour les institutions, les États membres mais aussi les particuliers
auxquels ils s’adressent d’une manière générale

▪ Ils sont directement applicables dans tous les États membres : aucune mesure de
transposition ne doit être prise par les États membres pour qu’ils soient considérés
comme obligatoires et applicables. Exemple : le règlement du 27 avril 2016 sur la protection
des données personnelles entré en vigueur le 25 mai 2018, RGPD)

o Les directives :

▪ Elles fixent aux états membres des objectifs à atteindre avec une obligation de
résultats tout en leur laissant le choix du moyen utilisé pour y parvenir

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▪ Elles doivent nécessairement être transposées en droit interne par des mesures
législatives ou réglementaires dans un délai déterminé par la directive elle-même,
généralement entre 6 mois et 2 ans. Exemple : la directive de 2014 concernant les règles
concernant la fabrication, la présentation et la vente du tabac devait être transposée par
les états membres et fixait un certain nombre d’objectifs à atteindre par ces états
membres. La France a transposé la directive en 2016 par le biais d’une loi, la loi de
modernisation de notre système de santé, qui a conduit à l’introduction du paquet neutre
de cigarettes (article L-3511-6-1 du code de la santé publique).

o Les décisions :

▪ Elles n’ont PAS une portée générale mais s’adresse à des catégories de destinataires
nommément désignés : Etats, particuliers, personnes morales (entreprises)

▪ Elles ont un caractère obligatoire

▪ Elles sont directement applicables, elles n’ont pas besoin de transposition

Exemple : en 2003, une décision a introduit la « carte européenne d’assurance maladie »

o Les avis et recommandations :

▪ Ils sont dénués de caractère normatif et contraignants

Exemple : l’Union Européenne a fait des recommandations à ses Etats membres relatives à la levée progressive
des restrictions temporaires appliquées aux déplacements non essentiels vers l’Union Européenne.

B) L’articulation du droit de l’UE avec le droit national


Le droit interne français (public ou privé) est fortement influencé par le droit de l’UE.

❖ Primauté du droit de l’UE


C’est un principe que l’on ne trouve pas dans les traités, c’est donc la CJCE qui l’a consacrée en 1964 dans
la décision Costa contre ENEL. Cela signifie que le droit de l’UE est supérieur aux droits nationaux des Etats
membres.

Etendue :

o Primauté générale : tout le droit de l’UE prime sur les droits nationaux des Etats membres (droit
primaire/droit privé)

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o Primauté absolue : tout le droit national est concerné (Constitution, lois, règlements etc.
antérieurs ou postérieurs)

Cependant, la France n’a pas réceptionné ce principe de la même manière que la CJCE l’avait formulé. En
effet, la France accepte de dire que le droit de l’UE est supérieur aux lois et aux règlements français, mais ce n’est
pas le cas pour la Constitution. Les rapports entre droit de l’UE et la Constitution sont plus incertains.

❖ Effet direct du droit de l’UE

Ce principe a été consacré par la CJCE en 1963 lors de l’arrêt Van Gend en Loos.

Cela signifie que les individus ont la possibilité d’invoquer l’acte en question directement devant les
juridictions soit nationales, soit la CJE. Les individus peuvent se prévaloir directement du droit de l’UE devant les
juridictions nationales ou la Cour de justice ou de l’UE dans le cas d’un litige (ex : cour de cassation ou conseil
d’état) et communautaires (ex : CJUE)

Cet effet peut être :

o Vertical : Un particulier peut s’en prévaloir/avoir un avantage vis-à-vis de l’état membre en cause
o Horizontal : Un particulier peut s’en prévaloir vis-à-vis d’un autre particulier

L’étendue du principe est variable selon le type


d’acte considéré.

Le droit français n’a eu aucun mal à reconnaître


l’effet direct du droit primaire et des règlements, mais il
a été plus compliqué de reconnaître l’effet direct des
directives. La Cour de cassation a reconnu l’effet direct
vertical des directives à la fin des années 1990,
cependant le Conseil d’Etat ne l’a reconnu qu’en 2009 dans l’arrêt Mme Perreux.

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❖ Qui s’assure de la bonne application du droit de l’UE par les EM ?


Ce sont les juridictions nationales elles-mêmes qui sont chargées de s’assurer de la bonne application par
l’Etat membre en question de droit de l’UE, on dit qu’elles sont les juges de droit commun de l’application du droit
de l’UE. Exemple : en France, le juge judiciaire et le juge administratif doivent écarter l’application de toute loi qui
serait incompatible avec le droit de l’UE (Conseil d’Etat et Cour de cassation), quel que soit le type d’acte de l’UE ou
du droit français concernés. Le juge administratif est spécifiquement chargé d’annuler un acte administratif
(règlement, décret) contraire à un règlement européen.

Parallèlement, différents recours sont susceptibles d’être formés devant la CJUE :

Le recours en manquement :

o Il vise à faire reconnaître qu’un Etat membre n’a pas respecté le droit de l’UE

o Il est engagé à l’encontre d’un Etat membre, le plus fréquemment à l’initiative de la Commission
ou par un autre État membre

o L’Etat en cause, à partir du moment où il est condamné pour manquement, doit prendre les
mesures nécessaires pour mettre fin au manquement constaté. S’il ne le fait pas, il se verra
infliger une amende par la CJUE

Le recours en carence :

o Il est engagé à l’encontre d’une institution de l’UE, à l’initiative d’une autre institution de l’UE,
d’un Etat membre ou d’une personne physique ou morale

o Il vise à sanctionner une inaction inégale de l’institution de l’UE en question

o L’institution condamnée devra y mettre fin en prenant les mesures appropriées

Le recours en annulation :

o Il vise toujours une institution de l’UE qui a adopté un acte (règlement, directif, décision) contraire
aux traités

o Il a pour objectif l’annulation par la CJUE de ces actes illégaux. Une fois ces actes annulés, ils n’ont
plus d’action juridique, ne s’appliquent plus, et l’institution devra prendre un nouvel acte qui
respecte le droit de l’UE pour combler le vide juridique

o Il peut être engagé par toutes les institutions de l’UE, ainsi que les États membres et
éventuellement les particuliers

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Le renvoi préjudiciel :

o Il ne s’agit pas de condamner un État ou une institution de l’UE mais il s’agit d’une procédure
engagée par les juges nationaux des états membres (Cour de cassation, Conseil d’Etat) qui
peuvent saisir la CJUE d’un renvoi préjudiciel dans lequel ils peuvent poser une question à la CJUE
concernant l’interprétation d’une règle européenne, son application ou sa validité. La réponse
s’impose à l’ensemble des États membres.

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Récapitulatif
POINTS IMPORTANTS
I. les principales institutions de l’Union Européenne :
Ø Conseil Européen
o Bruxelles
o Stratégie
Ø Conseil des ministres
o Bruxelles
o Législatif
o Budgétaire
Ø Parlement européen
o Strasbourg
o 751 députés
Ø CJUE
o Luxembourg
o Juridictionnelle
▪ Cour de justice
▪ Tribunal UE

II. Le système juridique de l’Union Européenne :


Ø Droit originaire
Ø Droit dérivé
Ø Costa contre ENEL
Ø Van Gend en Loos
a. Effet direct de l’UE
b. 1953 CJCE
Ø Mme Perreux
a. Effet direct de l’UE reconnu par Cour de Cassation en 2009
Ø Recours
a. Manquement → irrespect de la loi par l’Etat
b. Carence → inaction d’une institution de l’UE
c. Annulation → annulation des actes illégaux d’une institution
d. Préjudiciel → demande de conseil par juges

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Entrainements
Exercice 1 :
QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?
(partie 1 – chapitres 2 & 3, partie 2 chapitre 2)
A) Les égyptiens considéraient que la prise en charge était mauvaise que si le médecin ne s’était pas conformé à
ce qui était écrit.
B) Le Droit public est codifié par le code civil.
C) Les arrêtés peuvent être ministériels, préfectoraux ou communaux.
D) Les traités internationaux doivent être ratifiés et publiés au Journal Officiel.
E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 2 : (partie 1 chapitre 1)


Complétez le texte avec les mots correspondants

La règle de droit est ………………, c’est une expression de la volonté de l’Etat et une force contraignante. En effet, c’est l’Etat
qui définit les moyens de contrainte, il faut donc passer par lui pour demander le respect de la règle de droit. Elle est
également impersonnelle, c’est-à-dire qu’elle s’applique …………... quelques soient les personnes, ou dans un …………….
(Médecins, étudiants…). De plus, elle est ………………, elle s’applique uniformément sur tout le territoire. Une loi peut être
spécifique à un lieu précis (qui est indiqué par la règle de droit), mais elle ne doit pas ……………. la loi générale. Enfin, elle est
permanente dans le temps : entre sa ……………… et sa ………………, elle est appliquée de manière ……………… . Elle cesse de
s’appliquer si elle est …………… ou si elle a épuisé son objet à une date spécifiée dans la loi ou le règlement. La loi nouvelle a
un ………………. et il y a le …………………… sous l’empire de la loi antérieure.

Exercice 3 : (partie 1 chapitres 2 & 4, partie 2 chapitre 1)


Donnez les définitions des mots suivants

La Constitution :
La Jurisprudence :
La responsabilité indemnisation :

Exercice 4 : (partie 1 chapitres 1, 2 & 4)


VRAI/FAUX
A) La Constitution doit être parfois modifiée pour intégrer une nouvelle loi internationale ou européenne.
B) La Doctrine est la façon dont les juges interprètent la règle de droit.
C) Le droit subjectif est la façon de dicter un comportement à chaque personne de la société.
D) Les règles religieuses peuvent être une règle de droit.
E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte

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Exercice 5 : (partie 1 chapitre 3)


Reliez ces mots aux phrases correspondantes.
Il régit les rapports entre les
personnes privées.
DROIT PUBLIC

Il est constitué du droit administratif


et du droit constitutionnel et du droit
international public.

Il est codifié par le code pénal.


DROIT PRIVÉ

Il est codifié par le code civil.

Il définit l’ensemble des infractions


et des sanctions.
DROIT PÉNAL

Il régit les rapports entre personnes


privées et personnes publiques.

QCM 2 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?
(partie 2 chapitre 4)
A) La cour de cassation est une juridiction de 2nd degré
B) La cour de cassation est une juridiction de 3e degré
C) Des magistrats siègent aux tribunaux administratifs
D) La cour de cassation peut avoir un rôle juridictionnel et politique
E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 6 : (partie 2 chapitre 5)


VRAI/FAUX
A) La cour d’assise est une juridiction non permanente
B) Le tribunal correctionnel et la cour d’assise sont les deux seules juridictions de 1er dergré à juger en formation
collégiale
C) Les tribunaux des juridictions du 2nd degré de la responsabilité pénale sont forcément en formation collégiale
D) Le Code de Déontologie est élaboré par un décret du 6.09.1995 et est repris dans la partie réglementaire du
Code Pénal
E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exactes

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Exercice 7 : (introduction au droit européen chapitre 1)
Reliez ces affaires à leurs détails :

La France doit indemniser la victime

6.04.2017
Ghedir contre France
La France doit modifier sa législation

Garçon et Nicot contre La victime a été interpellée


France brutalement par des agents de la SNCF

19.02.2015
Helhal contre France
Le demandeur est en situation de
handicap

L’affaire repose sur la question du


genre et sur son changement

16.07.2015
Exercice 8 : (partie 2 chapitres 4, 5 & 6)
Complétez le tableau suivant
Juridictions Degré Responsabilité impliquées

Tribunal administratif

Cour d’appel

Conseil national de l’ordre

Conseil d’Etat

Cour de cassation

Tribunal de police

Cour d’assise

Conseil régional de l’ordre

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Situations pratiques :
(partie 2 chapitres 4, 5 & 6)

Situation 1 :
Maurice (étudiant-maïeuticien) informe Sandy (externe en chirurgie orthopédique) que M. Léger s’est évanoui lors de
l’accouchement de sa femme pour les triplés. Michel et/ou Sandy encoure-t-il des sanctions ? Si oui, de quand date la règle
qu’ils ont pu enfreindre ?

Situation 2 :
Mme Microme s’est rendu compte en discutant avec des amies qu’elle subissait des violences gynécologiques avec son
précédent gynécologue-obstétricien. Peux-tu l’éclairer sur les démarches et les procédures pour son cas ?

Situation 3 :
Le colonel Moutarde est maintenant fortement âgé. Résidant d’un EPHAD, il est tombé dans sa douche et c’est cassé le col
du fémur. Il arrive aux urgences le jour même, le médecin urgentiste pose le diagnostic et l’envoi en service de chirurgie
orthopédique pour qu’il soit pris en charge. Tout se passe à merveille et le colonel Moutarde apprécie que sa douleur soit
soulagée. Malheureusement le temps de son séjour au service de soins de suite se conclue par une infection au staphylocoque
doré tournant à la septicémie. Heureusement celui-ci s’en remet. Il veut demander une indemnisation pour son infection.
Comment va-t-il être indemnisé et de quel type de faute s’agit-il ?

Situation 4 :
Samuel, étudiant en droit-éco gestion, était présent lorsque dans la rue, Eric Zemmour à fait un arrêt cardiaque. Il ne lui a pas
porter secours. Samuel est-il en faute ? Qu’est-ce que cela aurait changé si Samuel était étudiant en 3e année de médecine ?

Exercice 9 : (introduction au droit européen chapitre 2)

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Exercice 10 : (introduction au droit européen chapitre 2)

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Corrections
QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?
A) VRAI, si les règles avaient été respectées alors le médecin n’était pas considéré comme responsable.
B) FAUX, le droit public n’est pas codifié. C’est le droit privé qui est codifié par le code civil.
C) FAUX, ils peuvent être municipaux et non communaux.
D) VRAI, ils doivent être inscrits dans notre droit pour s’appliquer.
E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 2 :
Complétez le texte avec les mots correspondants

La règle de droit est étatique : obligatoire et coercitive, c’est une expression de la volonté de l’Etat et une force contraignante.
En effet, c’est l’Etat qui définit les moyens de contrainte, il faut donc passer par lui pour demander le respect de la règle de
droit. Elle est également impersonnelle, c’est-à-dire qu’elle s’applique uniformément quelques soient les personnes, ou dans
un groupe de personnes (médecins, étudiants, salariés…). De plus, elle est générale dans l’espace, elle s’applique
uniformément sur tout le territoire. Une loi peut être spécifique à un lieu précis (qui est indiqué par la règle de droit), mais
elle ne doit pas contredire la loi générale. Enfin, elle est permanente dans le temps : entre sa création et sa disparition, elle
est appliquée de manière continue. Elle cesse de s’appliquer si elle est abrogée ou si elle a épuisé son objet à une date
spécifiée dans la loi ou le règlement. La loi nouvelle a un effet immédiat et il y a le maintien des droits acquis sous l’empire
de la loi antérieure.

Exercice 3 :
Donnez les définitions des mots suivants

La Constitution : Texte ou ensemble de textes très importants permettant de définir comment on conçoit l'organisation de
l'Etat et sur quelles bases va-t-on régir la société. Elle se situe en haut de la hiérarchie des actes juridiques.
La Jurisprudence : C’est la façon dont les juges interprètent la règle de droit.
La responsabilité indemnisation : Responsabilité engagée dans le but d’une indemnisation d’une victime qui a subi un
dommage, que la personne responsable doit réparer (droit civil ou administratif).

Exercice 4 :
VRAI/FAUX
A) VRAI, ce fut le cas par exemple pour la ratification du traité de Maastricht.
B) FAUX, c’est la définition de la Jurisprudence.
C) FAUX, c’est le droit objectif.
D) VRAI, dans des systèmes non laïques, comme au Soudan.
E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte

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Exercice 5 :
Reliez ces mots aux phrases correspondantes.
Il régit les rapports entre les
personnes privées.
DROIT PUBLIC

Il est constitué du droit administratif,


droit constitutionnel et du droit
international public.

Il est codifié par le code pénal.


DROIT PRIVÉ

Il est codifié par le code civil.

Il définit l’ensemble des infractions


et des sanctions.
DROIT PÉNAL

Il régit les rapports entre personnes


privées et personnes publiques.
QCM2 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?
A) FAUX, La cour de cassation n’est pas une juridiction de degré !!!
B) FAUX, voir a)
C) FAUX, des conseillers recrutés à l’ENA ou par des recrutements extérieurs
D) VRAI, elle juge l’application et l’interprétation de la loi et au niveau politique elle a un rôle consultatif pour le
gouvernement au niveau des projets de loi et pour la prise de décret.
E) FAUX, la réponse D est bonne

Exercice 6 :
VRAI/FAUX
A) VRAI, Elle se forme 4 fois par an sur des périodes de 15 jours à 3 semaines
B) FAUX, …
C) VRAI
D) FAUX, La première partie de la proposition est bonne mais le code de déontologie est repris dans le Code de
la SANTE PUBLIQUE et non dans le code Pénal.
E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte

Exercice 7 :
Reliez ces affaires à leurs détails :

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Exercice 8 :
Complétez le tableau suivant
Juridictions Degré Responsabilité impliquées

Tribunal administratif 1er degré Indemnitaires administratives

Cour d’appel 2e degré / juridiction de fond Indemnitaire judiciaire – Pénale (délit


et contravention)

Conseil national de l’ordre 2e degré Déontologie

Conseil d’Etat Cassation Indemnitaire administratives -


Déontologie

Cour de cassation Cassation Indemnitaire judiciaire

2e degré Pénale – crime

Tribunal de police 1er degré Pénale – contravention

Cour d’assise 1er degré Pénale – délit

Conseil régional de l’ordre 1er degré Déontologie

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Situations pratiques :
Situation 1 :
Ici Maurice à pousser le bouchon un peu trop loin ! Il a enfreint la règle du secret professionnel (en effet en stage l’étudiant
se doit aussi de respecter ce secret, cela fait partie de sa formation) qui a été instituée par le serment d’Hippocrate :
« Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je
respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. »
Les sanctions sont encourues par Maurice car c’est lui qui révèle se secret. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Il risque quand même 1 an
d’emprisonnement et 15 000€ d’amendes (Art. 226.13).

Situation 2 :
Ici, cette patiente à subit une blessure intentionnelle, sans son consentement bien évidement. Elle doit aller déposer plainte
au commissariat de police ou à la gendarmerie. Le PV est transmis au procureur de la république. Les actes n’étant pas récent-
récent, il va diligenter une enquête préliminaire. Si les accusations sont vérifiées il demande l’ouverture d’instruction
(l’enquête va être approfondie). L’affaire est envoyée devant une juridiction de jugement et donc en premier lieu une
juridiction de 1er degré. Elle peut aussi saisir le conseil de l’ordre des médecins.

Situation 3 :
Le colonel Moutarde a été « victime » d’une infection nosocomiale, il n’y a pas de faute médicale à proprement parlé. C’est
l’ONIAM (Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux qui va indemniser grâce à la solidarité nationale et les
impôts. Dans le cas de l’infection nosocomiale, l’indemnisation se fera par les établissements ou la solidarité nationale.

Situation 4 :
Même si bien évidement Samuel ne partage pas les opinions d’Éric, il a dérogé à l’Art. 223, Alinéa 1 du code pénal (c’est bien
bête pour un étudiant en droit, mais passons !), il peut donc être condamner à 75 000€ d’amendes et 5 ans
d’emprisonnement. Si Samuel était un personnel soignant ou un étudiant en santé (toutes filières confondues), cela aurait
entraîné une appréciation encore plus sévère des juges et donc surement une peine plus grave.

Exercice 9 :

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Exercice 10 :

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