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RÉPUBLIQUE DU BÉNIN

*****
MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQU
E
*****
UNIVERSITÉ D’ABOMEY-CALAVI
*****
ÉCOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE
*****
ADMINISTRATION GÉNÉRALE
*****

LICENCE 1

INTRODUCTION Générale AU DROIT

Enseignant:
M. Enagnon G. NONNOU
Docteur en droit privé
Maître-Assistant des Universités (Cames)
Enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi
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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
INTRODUCTION GÉNÉRALE

Dans le cadre de la vie en société, l’homme forme avec ses semblables de groupes à l’intérieur
desquels chacun dépend des autres dans une certaine mesure. Chaque membre du groupe (État, famille,
société…) est, par son activité ou sa situation, en contact direct avec d’autres membres. C’est ainsi qu’il
existe par exemple des rapports entre le patron et ses employés, entre le commerçant et ses fournisseurs,
entre le bailleur et le preneur. Probablement dans l’inconscient des hommes existe déjà l’idée de droit. Idée
vague : que lorsque plusieurs êtres se trouvent ensemble, surgit aussitôt quelque besoin d’ordonner leurs
conduites ; et pour cela, si éparses et informelles qu’elles puissent être, ces règles composent un
ensemble : le droit.
Le droit occupe une place importante dans le maintien des bonnes relations en société. Il est
important de réguler les activités de telle sorte que les agissements des uns ne soient pas une cause
nuisance pour les autres. Autrement le désordre s’introduirait dans le corps social. C’est en effet pour éviter
le désordre qu’il est nécessaire que les rapports des particuliers soient constatés et organisés de façon à ce
que les situations respectives qui en découlent soient clairement établies et ne puissent être arbitrairement
remises en cause. Et ceci, grâce à des règles auxquelles chacun doit se plier. Ces règles qui doivent non
seulement empêcher l’anarchie mais aussi permettre aux hommes de coexister et de prospérer, forment un
ensemble ordonné et cohérent en vue d’assurer l’harmonie des intérêts individuels et collectifs.
On retrouve dans différentes expressions : droit de... ; droit à... Tantôt au singulier, tantôt au pluriel,
il fait l’objet d’un enseignement. Il constitue ainsi une notion. Connaître le droit, c’est d’abord tenter de le
définir, d’en saisir le sens et de le situer dans son environnement conceptuel. Il convient d’envisager à cet
égard que la notion de Droit peut révéler, à la fois, un aspect objectif et des aspects subjectifs.

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Chapitre 1 : LE DROIT OBJECTIF

Le droit est indispensable pour l’organisation de la vie en cité. Sa finalité permet de préciser le
contenu de la notion de droit objectif.

Section 1. La notion de Droit objectif

Le droit objectif peut être appréhendé à travers sa définition et les différentes branches de droit qui
le constituent.

§1. Définition

On donne d’ordinaire comme définition au Droit objectif (remarquer que c’est écrit « D » majuscule)
un ensemble ordonné de règles de conduite qui s’imposent aux membres d’une société en ce qu’elles sont
assorties de la contrainte de la société. En quelque sorte, c’est le moyen par lequel, il est fixé les
prérogatives c’est-à-dire la manière dont chacun doit se comporter dans le corps social. C’est aussi
l’application d’une sanction, antérieurement prévue par le corps social, incarné par l’autorité publique, à celui
qui a manqué d’obéir à la règle de conduite que la société a imposée.
Le droit peut aussi se définir comme l’ensemble des règles de conduite extérieures, définies par les hommes
pour régir les rapports sociaux, et généralement sanctionnées par la contrainte publique . La sanction
attachée à la règle de droit est ce qui distingue cette dernière des autres règles, telles que les règles
morales et de politesse.
On retient à travers cette esquisse de définition que la particularité du Droit objectif tient à la
méthode par laquelle on sanctionne sa violation. La sanction du Droit objectif vient de la société entière
incarnée par l’autorité publique : l’État. Cette particularité distingue le Droit objectif d’autres règles de
conduite en société telles que les règles morales et les commandements religieux qui, cependant, gardent
un lien étroit avec lui.
En définitive, le Droit objectif est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit
être fait dans un cas donné, qui sont édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et
le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte
organisés par l'État.

§ 2. Les fondements du droit A

– La théorie du droit naturel

Il faut distinguer deux sortes de droit, le droit naturel et le droit positif (droit du législateur). Les fondements
indiquent que le droit positif est conforme à un idéal qui se trouve au-dessus de tout, il surpasse donc le
droit naturel (respectueux de la nature humaine, il remontrait à la nuit des temps et

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serait partout). De son côté, le droit naturel contient de grands préceptes, tels que les droits à la vie, à la
procréation, à l’accouplement. Le droit positif doit être le reflet des droits naturels. Pourtant, dans certains
pays, il existe des droits qui ne respectent pas les droits naturels, donnant la possibilité aux juges
d’interpréter une loi comme injuste, et donc de statuer que certaines réglementations ne correspondent pas
« aux grands principes des droits généraux ».

B – La théorie du positivisme

Le positivisme juridique pense que les Hommes respectent les règles de droit grâce au droit positif, posé par
les législateurs. Il affirme que ce qui caractérise les lois sont les menaces de sanctions. C’est ce principe qui
est appliqué dans les dictatures.

Le positivisme sociologique pense que les Hommes respectent les règles de droit en raison de l’existence
de textes de droit positif. Puisque la règle de droit émane du corps social, ce positivisme théorise que celle-
ci est voulue par ceux qui doivent la respecter et est donc acceptée.

§ 3. Les grandes subdivisions du Droit

De façon classique dans notre système1 de droit, on oppose d’une part le droit public au droit privé
et d’autre part, le droit national ou droit international.

A- Le Droit public et le droit privé

Cette subdivision tient compte du statut de l’acteur juridique selon qu’il s’agit de l’Etat et ses
démembrements ou des citoyens. Chacun de ses domaines se subdivise également en différentes branches

1- Le droit public.

Le droit public a pour objet la forme de l’État, l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs
publics en son sein. C’est le droit public qui précise si l’État doit être une Monarchie ou une République.
C’est lui qui indique comment doivent être exercés les pouvoirs en vue d’assurer la sécurité, la protection et
l’épanouissement de l’ensemble des citoyens (organisation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire). Le
droit public organise également les rapports juridiques qu’entretient l’État avec d’autres acteurs. Il s’agit
notamment des relations de l’État avec ses citoyens. Ces relations sont réglées en grande partie par les
différentes branches de droit que sont : le droit constitutionnel, le « droit administratif » le droit des finances
publiques, le « droit fiscal » etc...

1 Les comparatistes se sont efforcés de regrouper les divers droits au sein de grandes familles ou, dit-on plus volontiers, de
grands systèmes. Cette répartition d’après la lettre et d’après l’esprit, tous deux impregnés d’histoire, ne peut être universelle
et exhaustive. On distingue dans l’ensemble le système romano-germanique (utilisé en France et dans de nombreux pays
d’inspiration juridique française) et le système de common law utilisé notamment en Angleterre, et aux Etats-Unis).

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Le droit constitutionnel s’intéresse aux constitutions (texte fondamental qui régit la vie politique d’un pays).
La Constitution actuellement en vigueur au Bénin a été soumise au référendum le 10 décembre 1990.

Le droit administratif régit les relations entre les administrations et les administrés. La gestion des agents
permanents de l’État par exemple est du ressort du droit administratif. On parle de « fonctionnaire » lorsque
quelqu’un travaille dans l’administration, et son traitement (son salaire) augmente en fonction de son
ancienneté. Il y a des juridictions particulières pour connaître les litiges auxquels l’Administration publique
est partie. Ces juridictions s’appellent les tribunaux administratifs.

Le droit des finances publiques cherche à savoir d’où viennent les recettes de l’État, des collectivités
territoriales, et des établissements publics administratifs. Les règles fixant la gestion des fonds publics et la
tenue de la comptabilité publique.

2-Le droit privé

Le droit privé est un domaine du droit qui organise les rapports des particuliers entre eux. C’est le
droit des relations privées, c’est-à-dire des relations de particuliers à particuliers.

Le droit civil est l’une des branches essentielles du droit privé. Il régit les rapports de la personne et de la
famille. Le droit civil a également pour vocation pour s’appliquer à tout le monde et de régir les relations
entre particuliers qui ne sont pas prises en compte par des droits spécifiques. C’est pourquoi il
est également appelé Droit commun.

Le droit commercial est une autre branche du droit privé. Il s’occupe des rapports entre les particuliers qui
exercent une activité commerciale (statut du commerçant, actes de commerce, opérations commerciales,
etc...).
Le droit du travail qui regroupe les règles relatives aux rapports individuels ou collectifs entre les chefs
d’entreprise et leurs salariés.
Il arrive que certaines branches de droit obéissent difficilement à cette classification binaire. C’est le cas
des droits mixtes qui sont à mi-chemin entre le droit public et le droit privé. Ils se consacrent aux rapports
entre particuliers avec une intervention relativement marquée de l’État. Il s’agit notamment du droit pénal,
du droit des procédures civiles, du droit de l’urbanisme, du droit de la sécurité sociale, etc…

B- Le droit national et le droit international

On distingue le droit national (droit interne) du droit international. Le droit national connaît des relations
juridiques à l’intérieur de frontières d’un État (il est public ou privé).

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Le droit international régit les relations qui dépassent les frontières des État. Il est dit « droit international
privé » lorsqu’il s’intéresse aux relations de particuliers de nationalités différentes et « droit international
public » lorsqu’il se concentre sur les relations d’État à État, c’est-à-dire des personnes publiques de
différentes nationalités.

Section 2. Les sources du Droit objectif

La source principale est la loi à laquelle s’ajoutent des sources extralégales.

§ 1. La source principale du droit : La loi

Il faut la définir (A) avant d’en indiquer les caractères (B), voir la hiérarchie des normes (C) et
l’application de la loi dans le temps (D).

A. Définition

Au sens formel, la loi est un texte voté par le parlement selon la procédure législative et dans l’une
des matières expressément prévues par la Constitution. Elle est votée sur la base d’une proposition de
l’Assemblée ou d’un projet du Gouvernement.
Au sens large, la loi désigne l’ensemble des règles générales édictées par un organe étatique
compétent. Elle comprend, dans ce cas, tous les textes formulés aussi bien par le pouvoir législatif que par
le pouvoir réglementaire.
Au sens à la fois formel et large, les lois ont à leur tête la Constitution. Viennent ensuite les traités et
conventions internationaux, les lois particulières (organiques et référendaires), les lois ordinaires, les actes
réglementaires (décrets, arrêtés, circulaires) etc.

B. Les caractères de la loi

a. Le caractère obligatoire

La loi acquiert force obligatoire dès son entrée en vigueur jusqu’à son abrogation. L’entrée en
vigueur suppose la promulgation et la publication.
La promulgation est l’acte par lequel le Président de la République atteste l’existence et la régularité de la
loi, en ordonne sa publication et son exécution.
Par la publication, la loi est portée à la connaissance du public. Elle se fait par insertion au Journal Officiel
de la République du Bénin. La loi entre en vigueur dans le délai d’un (01) jour franc après sa publication.
L’abrogation fait perdre à la loi son caractère obligatoire, la faire disparaître. Lorsqu’une loi nouvelle précise
les textes antérieurs qu’elle entend abroger, on dit que l’abrogation est expresse. Mais si les dispositions de
la loi nouvelle sont simplement incompatibles avec celle de la loi ancienne, l’abrogation est dite tacite.

b. Le caractère impératif

Le caractère impératif d'une loi s'exprime par sa forme prohibitive. La loi exprime un
commandement inconditionnel c’est-à-dire une obligation qui s'applique à tous, sans condition. Il peut s'agir

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d'une interdiction claire de déroger à certaines règles. Il arrive, en effet, que la loi protège l’ordre public,
l’intérêt général et les bonnes mœurs. Tout individu est donc tenu de se soumettre à elle sans dérogation
possible par une manifestation expresse de volonté.

c. Le caractère supplétif

C’est le caractère de la loi qui ne s’applique qu’en l’absence de volonté contraire. Elle supplée ainsi
la volonté non exprimée des individus.

d. Le caractère général

La loi s’applique à tous sans exception.

e. Le caractère permanent

La loi s’applique à partir du jour de son entrée en vigueur jusqu’au jour de sa disparition ou de son
abrogation.

C. La hiérarchie des normes

L’expression a été acclimatée par la doctrine. Selon le principe de la hiérarchie des normes toute norme
édictée par une autorité doit se conformer aux normes supérieures.
Hans Kelsen, un juriste autrichien à travers son ouvrage La Théorie pure du droit, défend l’idée selon
laquelle, la légitimité des normes juridiques ne peut se fonder sur la morale mais sur leur nature positive.
Ainsi selon lui, la valeur démocratique de la norme édictée est fonction du respect d’une norme supérieure.
Au sommet de toutes les normes figure une norme suprême. Dans le contexte béninois, il s’agit de la
Constitution. Les normes forment donc une pyramide au sommet de laquelle se trouve l’ensemble des
textes ayant une valeur constitutionnelle. Cet ensemble de texte forme ce qu’on appelle le bloc de
constitutionnalité. Chaque norme inférieure reçoit sa légitimité de la norme supérieure.
Selon ce principe, toute norme édictée par une autorité doit se conformer aux normes supérieures
selon le principe de légalité. La loi votée par le Parlement doit se conformer au respect de la Constitution, et
plus largement au respect du bloc de constitutionnalité.
La primauté de la Constitution se constate au travers du contrôle de constitutionnalité c’est-à-dire qu’une loi
ne peut être promulguée si certaines de ses dispositions sont contraires à la Constitution. Le contrôle doit
être réclamé et ne peut intervenir qu’avant la promulgation de la loi.
A l’échelon législatif, il y a les lois organiques votées à des majorités renforcées dans des domaines
fixés par la Constitution et qui ont une valeur supérieure par rapport aux lois ordinaires qui sont
normalement votées par l’Assemblée. Ensuite viennent les décrets Conseil des Ministres, par les arrêtés
pris par les ministres concernés, les préfets et enfin par les maires.

D. Application de la loi dans le temps

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Lorsqu’une loi en vigueur est abrogée par une loi nouvelle, il faut déterminer le domaine d’application dans
le temps des deux lois successives. Quels faits, quels actes seront régis respectivement par la loi nouvelle ?
Quelle est la délimitation qu’on peut faire entre le domaine d’application de la loi ancienne et celui de la loi
nouvelle ? Cette question qui pourrait sembler extrêmement facile à résoudre est en réalité des plus
délicates. En guise de réponse, l’article 2 du Code civil pose le principe selon lequel « la loi ne dispose que
pour l’avenir, elle n’a pas d’effet rétroactif ». On peut en dégager deux implications : le principe de l’effet
immédiat de la loi (a) et celui de la non-rétroactivité de la loi (b).

a. Le principe de l’effet immédiat de la loi

La loi nouvelle ne pourrait revenir sur les situations juridiques réglées sous l’empire de l’ancienne
loi. Elle s’applique immédiatement aux situations nées à partir de son entrée en vigueur.

b. Le principe de la non-rétroactivité de la loi

Le principe de la non-rétroactivité de la loi nouvelle se justifie par le souci d’assurer une certaine
sécurité aux relations juridiques qui risque d’être gravement perturbées si des actes valablement passés
peuvent être remis en cause à chaque changement de législation. La loi nouvelle ne peut modifier les droits
acquis. L’application du principe de la non-rétroactivité connait des exceptions. Elle est donc écartée dans
les cas suivants :
 la loi expressément rétroactive. A condition d’exprimer nettement sa volonté, le législateur a, en
principe le pouvoir d’adopter des lois rétroactives. Celles-ci, à cause même de leurs inconvénients
sont rares. Le législateur en adopte souvent aux périodes de crise, en vue de faire face à des
situations exceptionnelles, dangereuses pour l’ordre social. Alors, le législateur sacrifie des intérêts
particuliers afin de donner un effet rétroactif à certaines lois.
 la loi interprétative : quelquefois, le législateur intervient pour fixer le sens ambigu ou obscure d’une
loi qui rend difficile ou impossible son application. Lorsque le législateur qualifie lui-même une loi
d’interprétative, cela équivaut de sa part à considérer que cette loi fait corps avec la loi interprétée, et que,
par conséquent, elle réagit sur le passé et contraint le juge, à donner, en cas de litige aux faits déjà passés,
y compris en cours de procédure, un effet rétroactif.
 les lois pénales plus douces : elles s’appliquent aux affaires en cours non définitivement jugées
pour des faits commis sous l’empire d’une ancienne loi prévoyant des peines plus sévères. Les lois pénales
qui suppriment ou atténuent des pénalités sont favorables au délinquant qui ne saurait s’en plaindre ;

 les lois de procédure et de compétence : la loi nouvelle étant présumée meilleurs que l’ancienne, il
est logique qu’en cette matière, elle s’applique immédiatement aux affaires non définitivement jugées même
si les faits relevaient de la loi ancienne.

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NB : Les étudiants sont invités à aller faire des recherches supplémentaires en bibliothèque pour saisir
les déclinaisons doctrinales et jurisprudentielles de l’effet immédiat de la loi. Voir notamment, théorie
classique (droits acquis et expectatives vs théorie moderne de Roubier (situation juridique).

§ 2. Les sources extra légales

Cette catégorie regroupe la coutume (A), la jurisprudence (B) et la doctrine (C).

A. La coutume

Née d’un usage qui se répète et qui se dégage lentement et que la conscience populaire finit par considérer
comme obligation, la coutume est une source directe du droit en ce sens qu’elle émane de la volonté des
individus. Il faut donc que deux éléments soient réunis pour être en présence d’une coutume juridique
(source de droit) :

• Élément matériel de la coutume : habitude, comportement. Il faut que la chose soit répétée. Et il faut
qu’elle soit ancienne (sous l’appréciation du juge). Toujours actuelle, et générale.

• Élément psychologique : la foi, la croyance, la conviction profonde que cette règle est obligatoire.

Les rôles de la coutume. On en distingue trois catégories :

• Segundum legem : « qui seconde la loi » : une loi pose un principe, et pour le détail renvoie aux coutumes
(locales, professionnelles...). Exemple du code civil : « les mineurs sont représentés dans la vie juridique par
leurs représentants légaux, excepté dans les cas où les usages, la coutume autorise un mineur à agir seul
». Un mineur peut acheter seul un paquet de bonbons (les parents ne peuvent pas annuler le contrat), mais
acheter une chaîne hi-fi n’est pas d'usage courant (variable selon l’âge, le prix, la condition...).

• Praeter legem : les lois ne peuvent pas tout prévoir, ni les règlements. Il existe des vides législatifs. La
coutume se développe en marge des lois.

• Contra legem : combat de la coutume contre une loi/règlement, qui n’est plus appliqué(e) par la population,
en faveur d’une coutume. Elle abroge la loi par désuétude.

B. La jurisprudence

Au sens concret, c’est l’ensemble des décisions concordantes rendues par les cours et tribunaux
sur une question précise de droit, pendant une certaine période, soit dans l’ensemble du Droit, soit dans une
matière déterminée. C’est la solution habituellement retenue par le juge par rapport à une espèce donnée.

C. La doctrine

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Elle représente l’ensemble des travaux et études des juristes sous différentes publications de droit.
Par leurs travaux, les jurisconsultes peuvent influencer le législateur et inspirer les magistrats dans leur
décision. Toutefois, la doctrine ne joue qu’un rôle indirect dans l’élaboration des règles de droit dans la
mesure où l’opinion d’un auteur ne s’impose, ni aux tribunaux ni aux législateurs.

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C. La doctrine

Elle représente l’ensemble des travaux et études des juristes sous différentes publications de droit.
Par leurs travaux, les jurisconsultes peuvent influencer le législateur et inspirer les magistrats dans leur
décision. Toutefois, la doctrine ne joue qu’un rôle indirect dans l’élaboration des règles de droit dans la
mesure où l’opinion d’un auteur ne s’impose, ni aux tribunaux ni aux législateurs.

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Chapitre 2. LES DROITS SUBJECTIFS

Le Droit objectif reconnaît aux individus des prérogatives. Ceux-ci peuvent en jouir sous la
protection de la société (État). On désigne par droits subjectifs (remarquer que le « d » est minuscule),
l’exercice par les individus des prérogatives que le droit objectif leur reconnaît.
Ce sont des droits attachés ou liés à la personne, c’est-à-dire au sujet de droit. Les droits subjectifs sont
classés en droits extrapatrimoniaux et en droits patrimoniaux. Ils sont donc définis par rapport à la notion de
patrimoine dont il convient d’en préciser la portée.

Section 1 : La notion de patrimoine.

Le terme patrimoine a un sens juridique différent de celui que lui donne le langage courant.
Traditionnellement, « avoir du patrimoine », c’est avoir de la richesse, des actifs. Juridiquement, le
patrimoine correspond plutôt à une enveloppe qui renferme l’ensemble des droits, des biens et des dettes
d’une personne.
Le patrimoine est constitué de droit et de biens que nous avons déjà étudiés. Il convient maintenant
d’étudier la théorie du patrimoine afin d’en dégager les caractères.

§ 1. La théorie du patrimoine

C’est AUBRY et RAU qui ont mis en lumière et analysé la notion.

A. Définition

La notion de patrimoine a été élaborée par AUBRY et RAU. Pour ces auteurs, le patrimoine est
considéré comme un « tout », c’est-à-dire « l'ensemble des biens d'une personne, envisagé comme formant
une universalité de droit ». En effet, l'ensemble des droits d'une personne sont réunis en un seul bloc : son
patrimoine. Ces droits sont liés les uns aux autres : ils constituent une universalité juridique.

B. Les compartiments du patrimoine et implications de l’universalité

1. Les compartiments

Le patrimoine comporte deux compartiments. À l'actif, figurent tous les droits, les éléments qui ont
une valeur positive et au passif, figurent toutes les obligations, les éléments qui ont une valeur négative,
c’est-à-dire les charges ou les dettes.

2. Les implications de l’universalité

La principale implication résultant de l'universalité des éléments du patrimoine est le lien qui existe
entre l'actif et le passif. L'actif répond du passif. Une autre implication de l’universalité se manifeste à
l’occasion de la transmission du patrimoine pour cause de mort. L'ayant cause hérite de son auteur le
patrimoine dans son ensemble. Le passif et l'actif étant liés, l'héritier recueille à la fois les droits de son
auteur mais aussi ses dettes.

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§ 2. Les caractères du patrimoine

Pour AUBRY et RAU, le patrimoine est « une émanation de la personnalité et l'expression de la


puissance juridique dont une personne se trouve investie comme telle ». De cela, apparaissent les
caractères du patrimoine.

1. Seules les personnes ont un patrimoine

Il ne peut y avoir de patrimoine sans le support d'une personne. Il est donc impossible de concevoir
des patrimoines isolés, non liés à une personne.
Le patrimoine n'est pas seulement lié aux personnes physiques. Les personnes morales ont également un
patrimoine, différent de celui de ses associés.

2. Toute personne a nécessairement un patrimoine

Toute personne a un patrimoine parce qu'elle est apte à avoir des droits et des obligations, qui
prendront place dans ce patrimoine. Le patrimoine n’est pas seulement un ensemble d’actifs, c’est une
aptitude, une potentialité à posséder quelque chose. C’est l’ensemble des droits et des dettes, présents
(actuels) comme à venir (futurs). Donc, toute personne, même un nouveau-né a un patrimoine, même si son
contenu peut être est nul.

3. Le patrimoine reste lié à la personne durant sa personnalité

Seule la fin de la personnalité, c’est-à-dire la disparition, peut justifier la transmission du patrimoine.


Le patrimoine n'est donc pas transmissible entre vifs (entre vivants). En conséquence, une personne ne
peut que céder des éléments de son patrimoine par exemple son droit de propriété sur tel immeuble, mais
pas l'universalité de droit que constitue son patrimoine.
En principe, selon la logique de cette théorie, le patrimoine devrait disparaître avec la disparition de
son titulaire. Mais dans la pratique, il est recouru à la fiction de la continuation de la personne du défunt par
l'héritier.
Ainsi, le patrimoine du défunt va se fondre dans le patrimoine de l'héritier. A aucun moment, les
droits et obligations ne restent sans titulaire. L'héritier sera en effet immédiatement titulaire des droits et
tenu des obligations dans les mêmes conditions que l'était le défunt.

4. Une personne n'a qu'un patrimoine

Cette règle est appelée la théorie de l’unicité du patrimoine. En effet, ne pouvant être deux
personnes à la fois, on ne peut être titulaire de deux patrimoines.

Section 2. Droits extra patrimoniaux

Les droits extrapatrimoniaux se distinguent des droits patrimoniaux car ils ne sont pas susceptibles
d'une évaluation pécuniaire : ils ne font pas partie du patrimoine.

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Les droits extrapatrimoniaux sont :
- Intransmissibles, c'est-à-dire qu'ils s'éteignent avec la personne et ne vont pas aux héritiers,
- insaisissables, aucun créancier ne peut les utiliser,
- imprescriptibles, l'écoulement du temps ou le non-usage de ces droits ne les éteint pas.
Par opposition aux droits patrimoniaux, les droits extrapatrimoniaux ne représentent pas une valeur
pécuniaire. Ce qui a pour conséquence qu’ils ont des caractères opposés à ceux des droits patrimoniaux,
puisqu’ils ne sont pas évaluables en argent.
L’appréhension juridique de ces droits est plus récente même si elle importe aussi, puisque ces
droits extrapatrimoniaux sont ceux qui protègent les personnes dans leur individualité, ainsi que dans leur
vie familiale et sociale. On distingue :
Les droits de l’Homme, qui sont des droits subjectifs car ils sont inhérents à la personne humaine. Ils sont
inviolables et sacrés (Ex : droit à la vie, liberté, justice). Ceux sont les droits correspondant aux libertés
fondamentales.
Les droits familiaux, ils découlent de la situation de l’individu au sein de la famille, ils peuvent apparaître
dans les rapports entre époux, filiation et d’autres… Ces droits familiaux apparaissent aussi dans les
rapports entre les grands-parents et les petits-enfants.
Les droits patrimoniaux sont opposables à tous, indisponibles, intransmissibles, imprescriptibles et
insaisissables.
Ces droits sont protégés, la protection est très souvent d'ordre public, et toute personne pourra faire
valoir ses droits ex: journalistes : atteintes à la vie privée, il y aura des condamnations.
Ils sont indisponibles ou hors du commerce, le bénéficiaire d'un droit extrapatrimonial ne peut renoncer
définitivement à ces droits intransmissibles pour cause de mort: lorsque la personne décède, ces droits
s'éteignent avec elle.
Ils sont imprescriptibles: la prescription en droit permet d'acquérir des droits au bout d'un certain temps,
l'inverse est aussi possible. Les droits extrapatrimoniaux ne sont pas soumis à ces règles.

Section 3. Les droits patrimoniaux

Certains droits ont une valeur pécuniaire ; ils sont appréciables en argent. On les appelle droits
« patrimoniaux » car dans la conception classique du patrimoine, celui ne comprend que des droits et
obligations de valeur pécuniaire, d’ordre économique. Les droits patrimoniaux constituent des biens. Ils sont
cessibles, transmissibles, saisissables. Les droits patrimoniaux se décomposent en droits personnels et
droits réels

§ 1. Les droits personnels

Le droit personnel est celui qu’a une personne (dénommée créancier) d’exiger d’une autre
personne (désignée débiteur), une prestation, c’est-à-dire une obligation consistant à donner, à faire ou à ne
pas faire quelque chose.

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Le droit personnel est encore appelé « droit de créance ». Il crée une obligation, c’est-à-dire un droit
au profit du créancier et inversement un devoir à la charge du débiteur.
L’obligation peut être en effet définie comme un lien de droit en vertu duquel le débiteur se trouve lié, à
l’égard du créancier et sous la contrainte de l’autorité, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.
Exemple : Du contrat de travail, naît, pour le travailleur le droit de recevoir une rémunération et l’obligation
de fournir un travail. Corrélativement, ce contrat fait naître, pour l’employeur, le droit de profiter du travail
fourni et l’obligation de payer la rémunération.

§ 2. Les droits réels

Alors que dans le droit personnel, la prérogative est exercée sur une personne, dans le droit réel, la
prérogative est plutôt exercée sur une « chose » (res en latin). Cette prérogative permet de retirer de la
« chose », qui devient un bien, tout ou partie de ses utilités économiques.
La « chose » est un objet matériel susceptible d’être soumis à un rapport juridique. La « chose »
devient donc « bien » lorsque l’être humain en tire un ou des profits économiques. Le « bien » est, en
définitive, la « chose » regardée par l’homme, sous sa maîtrise ou domination, pour son usage et son
épanouissement. L’article 516 du Code civil catégorise – principale classification des droits réels (A) – les
biens ainsi qu’il suit : « Tous les biens sont meubles ou immeubles ». Mais il existe aussi une classification
secondaire (B).

A. Principale classification des droits réels

Il faut considérer d’abord les immeubles (1) et à leur suite les meubles (2).

1. Les immeubles

Aux termes de l’article 513 du Code civil, « les biens sont immeubles, ou par leur nature, ou par leur
destination, ou par l’objet auquel ils s’appliquent ».

a. L’immeuble par nature

Est immeuble par nature, ce qui est immobile. C’est donc le sol et tout ce qui a une attache avec le
sol, que ce soit des constructions ou des végétaux.

b. L’immeuble par destination

Ce sont des biens mobiles physiquement ou juridiquement mais qui sont destinés à servir un immeuble.
Ce sont des objets qui permettent d’exploiter le sol et les bâtiments, des meubles destinés à mettre en
valeur les immeubles. Ils comprennent deux catégories de biens :
 les biens affectés au service d’un fonds : « les animaux et les objets que le propriétaire du fonds y a
placés pour le service et l’exploitation de ce fonds » (art. 524 Code civil). Dans ce cas, l’affectation doit être
au service d’une exploitation agricole, commerciale ou même industrielle d’une part, mais surtout, ces biens
doivent être indispensables à l’exploitation.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
 les biens attachés au fonds à perpétuelle demeure : « le propriétaire est censé avoir attaché à
son fonds des effets mobiliers à perpétuelle demeure quand ils y sont scellés en plâtre ou à chaux ou à
ciment, ou lorsqu’ils ne peuvent être détachés sans être fracturés et détériorés, ou sans briser ou détériorer
la partie du fonds à laquelle ils sont attachés » (art. 525 Code civil). Cette hypothèse correspond au cas où
le bâtiment n’est pas complet sans le meuble considéré.

c. L’immeuble par l’objet auquel il s’applique

Cette catégorie est beaucoup plus artificielle. Selon l’article 526 du Code civil, « sont immeubles,
par l’objet auquel ils s’appliquent : l’usufruit des choses immobilières ; les servitudes ou services fonciers,
les actions qui tendent à revendiquer un immeuble ».
D’une manière globale, cette catégorie comporte tous les droits portant sur une chose immobilière
(hypothèque par exemple).

2. Les meubles

On distingue les meubles par nature (a), par détermination de la loi (b) et par anticipation (c).

a. Le meuble par nature

C’est tout ce qui se déplace ou peut être déplacé. Il s’agit des « animaux et les corps qui peuvent se
transporter d’un lieu à un autre » (art. 528 Code civil).

b. Le meuble par détermination de la loi

Sont meubles par détermination de la loi, « les obligations et actions qui ont pour objet des sommes
exigibles ou des effets mobiliers […] ». Il s’agit des :
 droits ou actions portant sur un meuble,
 parts d’intérêts et actions des sociétés.

c. Le meuble par anticipation

Ce sont des biens actuellement immobiliers mais qui sont destinés à devenir des meubles.
L’exemple traditionnel est celui des récoltes sur pied.

B. Classifications secondaires des droits réels

Les biens peuvent être classés selon d’autres critères que leur caractère mobilier ou immobilier.

1. Biens appropriables et non appropriables

Les biens non appropriables sont ceux qui ne sont pas susceptibles d’être l’objet de droits. Cette
situation peut résulter de deux causes :
 la nature physique du bien : cela concerne les choses communes telles que l’air, l’eau, la mer, les
eaux courantes et les biens interdits d’appropriation dont les personnes, les éléments du corps humain ;

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
 le rattachement d’un bien au domaine public.
Les biens appropriables sont ceux qui peuvent faire l’objet d’appropriation.
Exemple : une voiture.

2. Biens consomptibles et non consomptibles

Les biens consomptibles sont ceux qui se détruisent par leur utilisation. Appartiennent à cette
catégorie : les produits alimentaires, les combustibles, la monnaie, etc…
Les biens non consomptibles peuvent faire l’objet d’un usage répété. Ce sont par exemple : les véhicules,
les motos…

3. Biens fongibles et non fongibles

Les biens fongibles ou choses du genre sont des biens non susceptibles d’une individualisation particulière,
qui ne peuvent être caractérisés que par leur espèce et leur quantité. Il s’agit de : une somme d’argent, une
tonne de riz au milieu d’un silo de riz de trente tonnes etc.
Les biens non fongibles ou corps certains sont des biens susceptibles d’être individualisés. Exemple : une
voiture, un sac de riz comportant un numéro.

4. Fruits et produits

Certains biens appelés capitaux produisent des revenus.


Les fruits, sont renouvelés périodiquement par le bien, sans entraîner d’altération du capital. Seront donc
qualifiés de fruits, les récoltes produites par les champs, les loyers générés par les biens immobiliers…
Les produits eux, sortent du capital en l’altérant ou en le diminuant sensiblement. Recevront cette
qualification, les pierres extraites d’une carrière ou d’une mine.

Section 4. Les sources du droit subjectif

Toute situation juridique qui ne provient pas d’un acte juridique résulte d’un fait juridique. Les
sources des droits subjectifs sont donc les actes juridiques ou des faits juridiques.

§ 1. Les actes juridiques

L’acte juridique est toujours volontaire et les effets ou conséquences sont toujours voulus. Les
effets de l’acte sont au nombre de quatre :
– création des droits : la vente,
– extinction des droits : la remise de dette,
–modification des droits : le report d’échéance d’une dette,
–transmission des droits : la cession d’une créance.
Suivant la force probante de l’acte juridique, on distingue les actes authentiques des actes sous-seing privé.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Par ailleurs, en prenant en compte le nombre de partie engageant leur volonté, les différents types
d’actes juridiques sont:
– l’acte unilatéral : une seule volonté, ex. : le testament,
– l’acte bilatéral : deux volontés, ex. : le contrat,
– l’acte plurilatéral : plus de deux volontés, ex. : les conventions collectives.
L’acte unilatéral et l’acte bilatéral sont appelés des actes juridiques subjectifs car ils créent des
effets de droit dans une situation juridique restreinte.
L’acte plurilatéral est un acte juridique objectif car il crée ou modifie la situation juridique de
plusieurs individus dans le cadre d’intérêts collectifs.

A- Les actes authentiques et les actes sous-seing privé. 1-

Les actes authentiques

Les actes authentiques sont rédigés par un officier public. Celui-ci a une mission publique de
rédiger des actes particuliers. L’officier public peut être un notaire, un greffier, officiers de l’état civil, etc. Il
doit donc être compétent territorialement.
La rédaction de l’acte authentique se fait selon un formalisme rigoureux. Les chiffres sont indiqués en
lettres, même les dates de naissance. Les ratures font l’objet d’un inventaire à la fin du document. La force
probante de l’acte authentique est très grande. Les écrits font foi jusqu’à l’inscription de faux.
La procédure d’inscription de faux est une procédure longue, coûteuse et périlleuse visant à faire
déclarer faux un acte authentique. L’inscription de faux est un crime, passible de 15 ans de réclusion
criminelle et d’une radiation de l’ordre des notaires. C’est seulement ce qu’a découvert l’officier public lui-
même qui fait foi. Ce qu’il n’a pas constaté lui-même peut être combattu par la preuve contraire. Font foi : la
date, le lieu. Les informations telles que le prix payé hors la vue ou hors comptabilité, etc. offrent la
possibilité de prouver le contraire. L’acte de naissance (nom, date, lieu) fait foi, pas d’inscription de faux.
Mais la date de naissance ou le sexe ne fait pas foi.
La force exécutoire : tous les écrits n’ont pas force exécutoire.

2. L’acte sous-seing privé

Un acte sous-seing privé est un acte dont la rédaction laissée à la liberté des parties, ne nécessite
pas des précautions particulières contrairement aux actes authentiques. Cependant il y a quelques
formalités qui sont exigées.
La formalité du double : il faut autant d’exemplaires originaux qu’il y a de parties ayant des intérêts distincts
(chacun devant signer tous les exemplaires), il faut indiquer le nombre d’exemplaires sur chaque
exemplaire, sinon l’écrit ne constituerait pas une preuve parfaite.
Lorsque l’engagement renferme un engagement unilatéral, avec des choses fongibles (par exemple une
reconnaissance de dette), l’acte doit être rédigé par celui qui s’engage. De plus, il faut mettre les nombres

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
en chiffres et en lettres en plus une mention écrite par le débiteur lui-même. Le code civil affirme qu’en cas
de discordance entre les deux, c’est la somme écrite en lettres qui prévaut.
La force probante de l’acte sous seing privé est moins grande que celle d’un acte authentique. Les
tiers peuvent prouver que ce que contient le seing privé avec n’importe quelle preuve, par simple témoin.
Les parties, elles, doivent le prouver par un contre-écrit. Un élément sensible dans l’acte sous seing privé
est la date. En effet, l’acte pourrait être antidaté par les parties (pour frauder les créanciers par exemple).
La loi prévoit une règle particulière pour un acte sous seing privé à l’égard des tiers : il est possible de
prouver par tout moyen que la date n’est pas la bonne.
Il y a des cas où l’on considère que la date est la bonne. Il en est ainsi lorsque l’acte est porté à
l’administration fiscale (dans le cas de l’enregistrement), il faut trois exemplaires avec la date. Un préposé
de l’administration fiscale tamponne les trois exemplaires et mettra un timbre fiscal pour enregistrement de
l’acte sous seing privé. La date apposée par le fonctionnaire est considérée comme inattaquable. Lorsqu’un
acte authentique fait référence à l’acte sous seing privé, la date de l’acte authentique vaut pour l’acte sous
seing privé. Enfin, lorsque l’une des parties au contrat est morte, on est sûr qu’avant la mort le contrat a été
signé.

B- Les actes juridiques bilatéraux : les contrats

Le contrat est un acte juridique qui fait naître une ou plusieurs obligations. Il crée ou transfert un
droit réel. Nous envisagerons successivement la formation (1), les caractéristiques (2) et les effets du
contrat (3).

1- La formation du contrat

La formation du contrat obéit à des conditions de validité dont la violation est sanctionnée.

a. Les conditions de validité du contrat

Elles sont au nombre de quatre.

i. Le consentement

C’est l’accord donné par chacune des parties. Cet accord est donné par le biais d’une offre et d’une
acceptation.

i.a. Les éléments du consentement

L’offre ou pollicitation : L’offre est une déclaration précise, ferme et unilatérale de volonté par laquelle,
l’offrant manifeste son intention de conclure un contrat déterminé, si l’autre partie accepte.
L’acceptation : L’acceptation, c’est l’agrément pur et simple de l’offre par le destinataire aux conditions fixées
par le pollicitant. Il suffit en principe qu’il y ait la rencontre de l’offre et de l’acceptation pour que le contrat
soit formé. Toutefois, il existe trois vices qui enlèvent sa valeur au consentement.

i.b. Les vices du consentement

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Le dol : c’est une manœuvre frauduleuse de l’une des parties pour tromper son partenaire sur les qualités
de la chose en vue de l’inciter à conclure le contrat. Pour qu’il ait dol, il faut qu’il ait une intention de nuire
d’une part, et que la manœuvre ait été déterminante dans le consentement du cocontractant d’autre part.
Exemple : vente de copie d’une pièce à la place de l’originale.
L’erreur : c’est est une fausse appréciation de la réalité. Elle consiste à croire vrai ce qui ne l’est pas et
inversement.
Exemple : Vente d’un bijou en métal assimilé à un bijou en or.
La violence : il y a violence lorsqu’il y a pression morale ou physique sur le cocontractant ou sur ses proches
pour arracher le consentement. Pour être admise, la violence doit être d’une certaine gravité et injuste ou
illégitime.

ii. La capacité juridique des parties

La capacité est l’aptitude d’un sujet de droit à acquérir un droit et à l’exercer.

iii. L’objet du contrat

C’est la chose sur laquelle porte le contrat. La loi impose certaines caractéristiques pour que l’objet soit
licite :
 l’objet du contrat doit être une chose qui existe déjà ou une chose future ;
 cette chose doit être déterminée ou tout simplement déterminable ;
 elle doit être dans le commerce.

iv. La cause du contrat

C’est d’abord la contrepartie de l’obligation de chaque partie : ce que chaque partie reçoit en retour
de ce qu’elle a donné.
La loi précise que la cause doit exister. Il est, en effet, immoral et injuste qu’une partie à un contrat ne
reçoive pas en équivalence ce qu’elle a donné.
Exemple : Dans le contrat de vente, l’obligation du vendeur est la remise de la chose vendue tandis que
l’obligation de l’acheteur est le paiement du prix. En conséquence, La cause de l’obligation du vendeur, c’est
le prix payé par l’acheteur et la cause de l’obligation de ce dernier, c’est la chose remise par le vendeur.
Mais la cause a une autre signification : c’est la raison pour laquelle les parties se sont engagées, le
mobile pour lequel le contrat est signé. Au regard de cette notion, la loi exige que la cause doit être licite et
morale.
Exemple : Dans un contrat de vente de stupéfiants, la cause existe certainement, puisque chacune des
parties reçoit quelque chose en retour de ce qu’elle a donné (le prix de la vente et la drogue). Mais ce
contrat a une cause illicite : le commerce de la drogue est interdit.

b. La sanction des conditions de validité

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Les contrats conclus en violation des règles de formation sont sanctionnés par la nullité. La nullité
consiste dans la disparition rétroactive de l’acte juridique qui ne remplit pas les conditions requises pour sa
formation.
La nullité est absolue lorsque les conditions imposées par la loi sont essentielles et tendent à protéger
l’intérêt, l’ordre public ou les bonnes mœurs. Elle est dite relative lorsqu’elle sanctionne une règle destinée
à protéger une partie au contrat. On distingue aussi la nullité virtuelle, qui peut être prononcée alors
qu’aucun texte ne la prévoit expressément, de la nullité textuelle qui, elle, ne peut être prononcée que si un
texte la prévoit de façon formelle. Dans tous les cas, la nullité a pour effet :
 d’anéantir le contrat qui est ainsi, censé n’avoir jamais existé ;
 de provoquer la remise en l’état des parties : chacune restitue ce qu’elle a reçu.
Le tableau suivant résume les conditions de mise en œuvre des nullités relative et absolue.

Les sanctions Conditions de mise en œuvre Titulaire de l’action


- en cas d’incapacité Action ouverte à la personne que la
Nullité relative - en cas de lésion loi entend protéger ou les
- en cas de vice du consentement représentants de cette personne
- cause absente ou illicite Action ouverte à toute personne
Nullité absolue - objet absent ou illicite intéressée (contractants, créanciers,
- consentement absent héritiers…)

2- Les caractéristiques du contrat

Le contrat peut revêtir différentes caractéristiques.

a. Le contrat synallagmatique et le contrat unilatéral

Le contrat synallagmatique crée des obligations à la charge de chacune des parties. Dans ce
contrat, chaque partie se trouve dans la position de débiteur et de créancier.
Exemple : Contrat de vente. Le vendeur est débiteur de la chose vendue et créancier du prix de la vente.
L’acheteur est débiteur du prix et créancier de la chose vendue.
Dans le contrat unilatéral, une ou plusieurs personnes s’obligent envers d’autres personnes sans
qu’il y ait engagement de la part de ces dernières.
Exemple : Le contrat de donation.

b. Le contrat commutatif et le contrat aléatoire

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Il y a contrat commutatif lorsque chacune des parties s’engage à donner ou à faire une chose qui
est considérée comme l’équivalence de la prestation de l’autre partie. Dans ce type de contrat, les
prestations de chacune des parties sont connues et déterminées dès la conclusion du contrat.
Exemple : Le contrat de travail
En revanche dans le contrat aléatoire, l’existence ou la valeur d’une prestation dépend d’un
événement futur incertain c’est-à-dire du hasard.

c. Le contrat de gré à gré et le contrat d’adhésion

Dans le contrat de gré à gré ou contrat négocié, les parties discutent librement des termes du
contrat. Exemple : Le contrat de vente.
Dans le contrat d’adhésion le contenu du contrat est imposé par l’une des parties à l’autre, à
charge pour cette dernière de le rejeter ou de l’accepter en bloc. Exemple : Le contrat de bail.

d. Le contrat individuel et le contrat collectif

Dans le contrat individuel, les effets d’application sont limités aux seules parties contractantes.
Exemple : Le contrat de location
Dans le contrat collectif, les effets du contrat s’imposent non seulement aux parties contractantes
mais encore à de futurs contractants.
Exemple : La convention collective.

e. Contrat instantané et contrat successif

Dans le contrat instantané, l’exécution des prestations est réalisée en un laps de temps. Exemple :
La vente au comptant.
Dans le contrat successif, l’accomplissement des obligations s’échelonne dans le temps. Exemple :
Le contrat de travail ou le bail.

f. Le contrat consensuel, le contrat solennel et le contrat réel

Dans le contrat consensuel, la seule volonté des parties suffit pour sa formation. Il n’est pas exigé
d’écrit ni aucune formalité particulière. Exemple : la vente verbale d’un meuble.
Le contrat solennel par contre, est un contrat dont la validité est soumise à l’observation d’un
formalisme notamment la rédaction d’un écrit.
Exemple : La vente immobilière, la donation.
Le contrat réel quant à lui est un contrat qui porte sur une chose, meuble ou immeuble. Exemple :
Le bail.

g. Le contrat à titre onéreux et le contrat à titre gratuit

Le contrat est dit onéreux lorsque chacune des parties recherche un avantage en contrepartie de la
prestation fournie. Exemple : La vente.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Au contraire, le contrat à titre gratuit est un contrat dans lequel, une partie procure à l’autre un
avantage sans rien attendre ni recevoir en échange. Ce contrat traduit une intention libérale de la part de
l’une des parties. Exemple : la donation.

h. Le contrat nommé et le contrat innommé

Le contrat nommé est un contrat d’usage courant et qui de ce fait est connu et réglementé par la loi.
Exemple : Le louage, le dépôt ou le contrat d’assurance
Le contrat innommé est celui qui ne figure pas au nombre des variétés réglementées par la loi. Ici,
les obligations sont modelées par la volonté des parties. Exemple : Un contrat d’entretien du pneumatique
de ma voiture

3- Les effets du contrat

Deux types d’effets sont attachés au contrat : la force ou l’effet obligatoire des contrats et l’effet
relatif des contrats.

a. La force obligatoire du contrat

i. Enoncé du principe

Aux termes de l’article 1134 du code civil, le contrat doit être exécuté, de bonne foi, par les parties.
Le contrat, dit-on, est la loi des parties. Il reste à déterminer quelles sont les personnes qui sont considérées
comme parties au contrat. Les parties, ce sont d’abord les personnes qui ont recherché les effets du contrat
et l’ont signé. Ce sont encore les personnes au nom de qui le contrat a été signé : il s’agit du mineur non
émancipé, du majeur incapable sous tutelle, le dirigeant statutaire d’une société, etc.

ii. Le contenu du principe

Les stipulations du contrat sont irrévocables : Le contrat conclu ne peut être remis en cause par la volonté
d’une seule partie. Mais les parties peuvent décider d’un commun accord de mettre fin au contrat. La rupture
ne résultera de la volonté d’une seule des parties que dans les cas prévus par la loi. Exemple : dans le
contrat du travail à durée indéterminée, l’employeur et le salarié peuvent rompre unilatéralement le contrat
par la démission ou par le licenciement.
Le contrat ne peut être modifié : Le contrat doit, en principe, être exécuté conformément à ce qui a été
prévu. Mais ici encore les parties peuvent décider de commun accord de modifier telle ou telle clause du
contrat. Exemple : le vendeur ne peut modifier la date de livraison convenue, le prix de la vente et
l’acquéreur, les modalités de paiement.

b. L’effet relatif du contrat

En principe, les contrats n’ont aucun effet à l’égard des tiers. Les tiers, étrangers au contrat ne peuvent,
donc, en exiger l’exécution. Ils ne sont pas tenus de l’exécuter non plus. Mais il existe cependant des
exceptions où le contrat produit des effets à l’égard des tiers :

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
 Les conventions collectives sont négociées par les syndicats et les employeurs, mais elles
s’appliquent à tous les salariés syndiqués ou non.
 Le contrat d’assurance conclu au profit d’une tierce personne.

C- Les autres actes juridiques.

Il s’agit des actes juridiques unilatéraux (1) et des actes juridiques collectifs (2)

1. L’Acte juridique unilatéral

a. Notion d’acte unilatéral

Il représente la manifestation de la volonté par laquelle une personne agissant seule, détermine des
effets de droit. L’acte unilatéral peut être extrapatrimonial : c’est le cas de la reconnaissance d’un enfant né
de parents non mariés. Il peut être patrimonial : C’est le cas du testament, ou la constitution de certaines
sociétés, les renonciations.

b. Les conditions de validité des actes juridiques unilatéraux

i. Les conditions de fonds

Principe et atténuations : Le principe de validité du droit commun des contrats, mais avec une
rigueur inégale selon la condition. Il se rattache plus à la volonté déclarée qu’à la volonté réelle, et on ne
retient pour la cause que le motif déterminant. Il faut les mêmes capacités que pour un contrat.

ii. Les conditions de forme

Le formalisme fréquent des actes juridiques unilatéraux. Les dérogations au consensualisme sont
nettement plus nombreuses. Les actes doivent parfois, pour être valides, être portés à la connaissance de
la personne envers laquelle ils doivent produire leur effet, comme la mise en demeure, la révocation du
mandat, …

c. Les effets des actes juridiques unilatéraux.

Les effets attachés aux actes juridiques unilatéraux sont assez variés. Les actes unilatéraux ont un
effet de contrainte dans le sens où l’auteur de l’acte n’est pas libre de revenir sur la situation juridique qu’il a
lui-même constituée. L’effet peut être celui d’éteindre un droit ou une situation juridique, ou encore de
déclarer un droit, ou de transférer un droit. L’effet déclaratif peut résider dans la révélation d’un droit ou
d’une situation juridique préexistante, Exemple : l’aveu, la reconnaissance d’enfant. L’effet translatif est lié à
la transmission à un tiers d’un droit dont l’auteur de la manifestation de volonté était titulaire. Exemple : le
testament.

2. Les actes juridiques collectifs

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Un acte juridique collectif est un accord de volonté de plusieurs personnes tendant au même but. Donc
il s’agit d’un acte dont la formation est collective. Le caractère collectif est essentiellement lié plus au
nombre de personne composant l’unique partie. Il n’est donc pas lié à l’effet collectif.

a- Les différentes formes d’actes juridiques collectifs

On distingue ainsi les actes unilatéraux collectifs et les conventions collectives.


Les actes unilatéraux collectifs : Ceux qui y participent sont animés d’une volonté ayant le même contenu et
tendant vers un même but, l’acte est alors formé par un faisceau de déclarations unilatérales de volonté.
Les décisions majoritaires : il n’y a pas de contradiction directe avec l’indépendance des individus tant que
l’adhésion au groupement est libre et que la démission l’est également.
Les actes constitutifs d’une personne morale tels que les statuts. La loi les présente comme des contrats (de
société, d’association) mais la doctrine les voit comme des actes collectifs car il existe un affectio societatis
et une volonté commune.
Les conventions collectives : Accord conclu entre deux parties, dont chacune poursuit un objectif différent, il
intervient avec au moins une partie qui est une collectivité.
Caractères généraux : La différence avec le contrat réside dans le fait que les parties engagent une
collectivité qui se trouve liée par la convention.
Exemple : Les conventions collectives de travail.

b- La formation de l’acte collectif.

Le débat a lieu entre les parties dans les conventions collectives mais pas pour les actes
unilatéraux collectifs car dans ce dernier il y a un faisceau de volontés dirigées vers un même but. L’acte
collectif échappe souvent au droit commun de la nullité en particulier dans le cas des conventions collectives
de travail, et aussi pour les actes constitutifs de sociétés.

c- Les effets des actes collectifs

Il y a une forte tendance normative aux actes collectifs, particulièrement en ce qui concerne pour la
personne morale et la convention collective de travail. Il y a néanmoins une contradiction par rapport au
contenu de l’article 1165 du Code civil dans la mesure où l’acte produit des conséquences à l’égard de
personnes qui n’ont pas été présentes, ni représentées. C’est ce qui marque la véritable originalité des
actes collectifs.

§ 2. Les faits juridiques

C’est un mode de preuve imparfait. Tous les faits que nous vivons ne sont pas juridiques. Pour
qu’ils soient juridiques, il faut qu’ils entraînent des conséquences de droit.

A- Les faits juridiques non intentionnels

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
L’intention de l’homme est indifférente. Ils sont totalement indépendants de la volonté du sujet de
droit et pourtant ils vont avoir des conséquences juridiques imposées par la loi. Les effets de droit vont se
produire sur une personne indépendamment de toute volonté. Il s’agit des faits ne tenant à pas une activité
de l’homme, tels ceux tirés de l’état civil, comme la naissance. Des effets juridiques sont produits : il faut
effectuer des déclarations, l’homme est devenu sujet de droit, etc.

B- Le quasi-délit
Le quasi-délit se produit par imprudence, négligence et peut entraîner l’assignation pour dommages
et intérêts. La négligence et l’imprudence sont un fait juridique. Conformément à l’article 1383 du Code civil,
il s’agit d’une action intentionnelle menant à indemnisation.
Exemple : en roulant trop vite, un motocycliste renverse et tue un piéton.

C- Les faits juridiques intentionnels


1) Ceux qui sont illicites.
C’est un fait illicite, volontaire et même intentionnel. L’article 1382 du Code civil qui en est le siège
indique : « tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel
il est arrivé, à le réparer ».
2) Ceux qui sont licites :
Ce sont des quasi-contrats qui créent une obligation de restituer. Ils sont au nombre de trois: La gestion
d’affaires, la répétition / le paiement de l’indu et l’enrichissement sans cause.

i- La gestion d’affaire

En l’absence de tout contrat, le gérant gère les affaires du géré. Elle fait naître des effets juridiques. Le Code
civil dit que le gérant et le géré ont des obligations (le non-respect desquelles peut entraîner une
condamnation à des dommages et intérêts).
Le gérant : il n’a pas d’obligation juridique à commencer la gestion. Il n’y a pas faute à ne rien faire. Si le
gérant commence la gestion, il est obligé de bien gérer. Il doit gérer jusqu’au terme, au moins jusqu’au
retour du géré (dommages et intérêts sinon).
Le géré dont les affaires ont été bien gérées doit rembourser les dépenses utiles et nécessaires faites par le
gérant.
ii- Le payement de l’indu
Il y a paiement de l’indu lorsque le paiement est effectué à quelqu’un alors que les frais ne lui étaient pas
dus. Celui qui a indûment bénéficié du paiement peut le savoir ou l’ignorer. Il a l’obligation de restituer. S’il
est de bonne foi, il peut restituer le capital mais si sa mauvaise foi est prouvée, il lui sera réclamé les
intérêts.

iii- L’enrichissement sans cause, quasi-contrat jurisprudentiel.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Nul ne doit s’enrichir aux dépens d’autrui. Il y a enrichissement sans cause lorsqu’un patrimoine s’est
appauvri au détriment d’un autre. L’appauvri peut réclamer en justice une indemnité à l’enrichi.
L’histoire de l’enrichissement sans cause remonte à l’Arrêt Boudier de 1892 encore appelé l’arrêt du
marchand d’engrais. À cette occasion, la Cour de cassation évoque le concept pour la première fois. Un
pauvre paysan n’était pas propriétaire de sa terre, il n’avait pas d’argent pour acheter des engrais, alors il les
avait achetés à crédit. Mais il ne pouvait pas payer ses loyers. Donc il s’est fait expulser. Le marchand a eu
l’idée de demander de l’argent au propriétaire foncier, qui a fait la récolte grâce aux engrais qui ne sont
toujours pas payés. Celui qui a profité de la récolte doit verser l’indemnité.
Par la suite, les juges vont restreindre l’action pour enrichissement sans cause au cas où aucune
autre action en justice n’est invocable. Exemple : Contexte de séparation des biens, une conjointe
collaboratrice se sépare de son mari qui possède dans son patrimoine le commerce. S’il y a divorce, elle
peut demander l’action pour enrichissement sans cause. Si l’enrichi est appauvri, il n’y a pas d’issue.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Chapitre 3. L’ACTION EN JUSTICE
C'est au pouvoir judiciaire qu'il revient de faire respecter la règle de droit et d’appliquer les sanctions
pesant sur le contrevenant. L’action en justice est fonction de l’organisation de la justice et des règles
régissant la conduite du procès. Au Bénin, c’est la loi qui assure l’organisation et le fonctionnement de la
justice.

Section 1. Organisation et le fonctionnement de la justice

Elle repose sur des principes qui doivent être respectés par les différentes juridictions.

A. Les principes d’organisation

1. Le principe de la séparation

L’article 125 de la constitution du 11 décembre 1990 pose le principe général de la séparation, les
uns des autres, des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Et même au sein du pouvoir judiciaire, la
séparation est consacrée. On distingue les juridictions de l’ordre judiciaire des juridictions de l’ordre
administratif.

a. Les juridictions de l'ordre judiciaire

Elles comprennent les juridictions civiles, chargées des litiges opposant des particuliers entre eux et
les juridictions pénales qui punissent les infractions commises contre l'ordre public.

b. Les juridictions de l'ordre administratif

Elles sont compétentes pour trancher les litiges mettant en cause l'administration.

2. Le principe du double degré de juridiction

Tout jugement doit pouvoir faire l'objet d'un nouvel examen par une juridiction hiérarchiquement
supérieure à celui qui a jugé pour la première fois.

3. Le principe du contrôle de la bonne application du droit

Une juridiction suprême, différente selon l'ordre judiciaire ou administratif, est chargée de vérifier
chaque fois si les juridictions inférieures ont bien rendu leurs décisions en conformité avec la loi.

4. La justice est un service public

Cela implique :
a. La gratuité de l’accès à la justice (art. 6 de la loi n° 2001-37 du 27 Août 2002 portant organisation
judiciaire au Bénin)
b. L’ouverture permanente du recours à la justice
Tout citoyen a le droit de s'adresser à un tribunal pour faire valoir ses droits à tout moment de
l’année, exception faite de la Cour d’Assises.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
c. L’égal traitement des citoyens devant la justice
d. L'obligation faite au juge de rendre la justice (le juge est tenu de rendre la justice : art. 4 Code civil).
Sinon, il se rend coupable d’une infraction dite déni de justice.
5. Le principe de la collégialité du tribunal (les juridictions siègent en principe avec un collège de trois juges).

6. Le principe de la participation des citoyens

Comme la justice est rendue pour le peuple, certaines juridictions font siéger de simples citoyens.
C’est le cas des procès d’assises où un jury constitué de citoyens (les jurés) représentant l’opinion publique
siège à côté des juges professionnels.

B. Les différentes juridictions.

On distingue les juridictions du premier degré et celles du second degré. On distingue aussi la Cour
suprême et les juridictions d’exception. Il existe, enfin, la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA).

1. Les juridictions du premier degré.

On différencie le Tribunal de Conciliation (TC) du Tribunal de Première instance (TPI).


Le Tribunal de conciliation (TC) a pour rôle de concilier les parties. Il en existe un dans chaque
arrondissement d’une Commune à statut particulier et un dans chacune des autres Communes.
Le TPI au contraire tranche les litiges entre les parties. Il existe trois TPI de première classe (Cotonou,
Porto-Novo et Parakou) et vingt-cinq TPI de deuxième classe en cours d’installation progressive.
Les juridictions d’exception ne sont compétentes que pour juger certaines infractions ou certains
délinquants.

2. Les juridictions du second degré

Il s’agit d’abord de la Cour d’appel. Au Bénin il existe actuellement trois (03) cours d’appel
(Cotonou, Abomey et Parakou).

3. La Cour Suprême et la CCJA

La Cour Suprême n’est pas un degré de juridiction. Elle est unique et siège à Porto-Novo. C’est la
juridiction suprême de l'ordre judiciaire. Son rôle est de veiller à la bonne application du droit par les
juridictions du premier et du second degré.
La CCJA connaît des conflits qui surviennent à l’occasion de l’application des actes uniformes de l’OHADA.
Elle est une juridiction de cassation et d’arbitrage. Elle siège à Abidjan.

4. Les juridictions d’exception

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Il s’agit de la cour d’assises. Elle est une juridiction exclusivement répressive. Elle est compétente
pour juger les auteurs de crimes, infractions punies de la réclusion ou détention criminelle à temps ou à
perpétuité. Elle siège en principe à la Cour d’appel.
Il s’agit aussi de la Haute Cour de Justice qui n’est compétente que pour juger le Chef de l’Etat et les
membres du gouvernement pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions ou à l’occasion
de l’exercice de leurs fonctions.

Section 2. Le procès

Le déclenchement du procès est soumis à des règles de compétence et son déroulement à des
règles de preuve.

§ 1. Les règles de compétence

La saisine de la juridiction compétente est primordiale pour votre action en justice et répond à des
principes fixés par les règles de procédure.
La compétence d’une juridiction est l'aptitude de ladite juridiction à connaître d'une affaire. On distingue la
compétence d’attribution et la compétence territoriale.

A- La compétence d’attribution

Les critères principaux qui permettent de déterminer la compétence d’attribution sont au nombre de
trois. Ils doivent être combinés.
La nature du litige : Ce critère est le seul critère qui permet de déterminer la compétence des juridictions
d'exception. Le tribunal de commerce est là pour juger exclusivement les affaires qui portent sur les actes de
commerce. Dès qu'il s'agit d'un problème concernant un contrat de travail, il faut saisir le conseil des
prud'hommes. Pour les actes mixtes, ceux conclus entre un commerçant et un non commerçant, –
commercial et civil – on tient compte de la qualité du défendeur à l'action. Si le défendeur est non
commerçant, la juridiction sera nécessairement civile, si le défendeur est commerçant, la juridiction sera
civile ou commerciale au choix du demandeur.
La qualité des parties : Le tribunal de commerce est exclusivement compétent lorsque les deux parties sont
commerçantes
La valeur du litige : C'est le montant de la demande qui permet de déterminer la juridiction compétente :
c'est le taux de compétence. Cela concerne uniquement les juridictions ordinaires et de droit commun. Ce
qui compte dans le calcul, c'est le montant de ce qu'on demande et non pas le montant de ce qu'on obtient.

B- La compétence territoriale

1- Les règles de compétence territoriale

La compétence territoriale permet de déterminer la juridiction compétente géographiquement en


fonction de la localisation de l'affaire. Cela ne concerne que les juridictions de premier degré parce que la

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
juridiction du second degré compétente est toujours celle dans le ressort de laquelle siège la juridiction de
première instance. Le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel demeure le défendeur (Art. 42
CPC). Si c'est une personne morale, c'est alors son siège social qui détermine le tribunal compétent.
Lorsque le défendeur n'a ni domicile, ni résidence connus, ou s’il demeure à l'étranger, le demandeur peut
choisir le tribunal du lieu où il demeure.
Les exceptions : Les hypothèses où le tribunal sera imposé par la loi. Exemple : en cas de succession, le
seul tribunal que l'on peut saisir est le tribunal du lieu d'ouverture de la succession correspondant au dernier
domicile du défunt.
Les exceptions lorsque le tribunal est proposé : le demandeur a le choix entre le tribunal du domicile du
défendeur et un autre tribunal qui va varier selon l'affaire. Exemple lorsque le litige porte sur un contrat cela
peut être le tribunal du lieu de l'exécution du contrat. Lorsqu'il s'agit d'un accident, cela peut être le tribunal
du lieu du fait dommageable ou du lieu dans lequel le dommage a été subit.
En cas de procès en demande de pension alimentaire pour l'épouse ou pour les enfants, on fait une
faveur à celui qui réclame cet argent et le créancier alimentaire peut alors saisir le tribunal du lieu où il
demeure au lieu de saisir le tribunal le lieu du défendeur.
Les clauses de compétence territoriale qui peuvent être conclues entre commerçants : ce sont des clauses
dérogatoires aux règles de compétence territoriales normales. Selon deux conditions, les commerçants ont
le droit de déroger à la règle : les clauses doivent avoir été conclues entre deux commerçants, il faut que
cette clause soit écrite de manière apparente. Le privilège de juridiction : lorsqu'un auxiliaire de justice ou un
magistrat est concerné à titre personnel par une affaire, il a le droit de demander que l'affaire soit traitée par
une juridiction limitrophe.

2- La sanction des règles de compétence

L'incompétence est sanctionnée par l'exercice d'un moyen de défense appelé exception
d'incompétence et qui fait partie des exceptions de procédure. Le défendeur ne peut pas soulever cette
exception à n'importe quel moment s’il veut qu'elle soit prise en compte par le juge. Il doit soulever cette
exception de procédure in limine litis, c’est-à-dire au tout début du procès.
Le défendeur doit motiver l'exception d'incompétence, il doit justifier et indiquer quelle est la
juridiction compétente. Le juge peut toujours d'office soulever son incompétence. Ce n'est pas une
obligation pour le Juge même lorsqu'il y a atteinte à une règle d'ordre public. Le juge peut relever d'office
son incompétence également lorsque le défendeur ne comparait pas.

§ 2. Les règles de preuves

Selon Domat « La preuve, c'est tout ce qui persuade l'esprit d'une vérité ». Les preuves sont de
différentes formes et aussi de nature variée. Elles ne concernent pas que l’action en justice. Elles sont
utilisées également en dehors de tout procès dans les rapports directs entre les parties. Il s’agit des preuves
extrajudiciaires. Elles permettent aux individus qui sont en face de certains engagements de droit de

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prendre

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
certaines précautions, de procéder à certaines vérifications. Cependant c’est au cœur de l’action en justice
que les règles relatives à l’admission des preuves sont le plus souvent interpellées.

A- Les charges de preuve

Le rôle des parties et celui du juge quant à la charge de la preuve peut varier selon la branche du
droit. En effet, en matière pénale, la procédure est dite inquisitoire car c’est le juge qui doit rechercher les
preuves (juge d’instruction : juge qui a spécifiquement pour rôle de rechercher preuve). En matières civile et
commerciale la procédure est accusatoire, le principe est que ce sont les parties qui doivent rapporter les
preuves.
Celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver ». Il convient donc d’étendre la formulation pour
aboutir à la règle générale qui régit le droit : c’est à celui qui réclame qu’il appartient de rapporter la preuve
de ce qu’il avance afin d’obtenir du juge ce qu’il veut. Ainsi, la charge de la preuve repose sur le demandeur.
Mais la répartition des charges de la preuve tend à évoluer. Le Principe du contradictoire ou principe de la
contradiction veut que les preuves que rapporte chacune des parties ou que le juge obtient par le biais des
mesures d’instruction soient discutées par l’ensemble des parties. Les parties doivent se communiquer
respectivement les éléments de preuve. Pour que les parties puissent disposer des armes
égales dans le procès.

B- L’objet de preuve

L'objet de la preuve se limite aux questions de faits. En effet, les parties n'ont pas à établir, à
prouver, l'existence de la règle de droit car le juge est censé connaitre la loi. Une seule exception si une
partie se prévaut d'une loi étrangère, il lui appartient de prouver son contenu.
Les faits qui font l'objet de la preuve sont tous les éléments qui ont une portée juridique, c'est-à-dire ceux qui
sont susceptibles de constituer un acte ou un fait juridique. La partie qui a la charge de la preuve ne doit
prouver que les éléments dont dépend la solution du litige, c'est ce qu'on appelle les faits pertinents. Tandis
que pour les actes juridiques, c’est la preuve par écrit qui est en principe admise. Pour les faits juridiques,
c’est le principe de liberté de la preuve. Ainsi tous les moyens de preuves sont acceptés par le juge

Section 3. Les acteurs de la justice

Les acteurs de la justice animent différentes professions juridiques. Ces professions sont
constituées des professions judiciaires et des professions extra judiciaires.

§ 1. Les professions essentiellement judiciaires

Il s’agit du magistrat (A) et du greffier (B).

A- Le magistrat

Les magistrats sont gardiens des libertés individuelles. Ils veillent au respect des règles de droit qui
régissent la vie en société. Le corps judiciaire est composé des magistrats du siège (1) et du parquet (2).

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
1. Les magistrats du siège

Ce sont les juges et les conseillers. Il joue un rôle de décision, d'écoute et d'arbitrage. Les juges
rendent des décisions de justice conformes au droit. Ils sont inamovibles.

2. Les magistrats du parquet

Les magistrats du parquet ne bénéficient pas de la garantie d'inamovibilité. Leur indépendance est
limitée par le fait qu'ils sont placés sous la direction et le contrôle de leurs chefs hiérarchiques et sous
l'autorité du Garde des Sceaux, ministre de la justice. À l'audience cependant, leur parole est libre. Les
magistrats du parquet représentent le Ministère public. Ils défendent les intérêts de la société, assurent la
protection des personnes vulnérables, veillent au respect de l'ordre public et au maintien de la paix civile. Ils
sont encore appelés des magistrats débout. Pour parler lors des procès, ils doivent se lever, contrairement
aux magistrats de siège.

B. Le greffier

Le greffier est la plume du juge. C’est lui qui tient le secrétariat du tribunal et se charge de la
rédaction des actes de procédure et décisions de justice.

§ 2. Les professions extra judiciaires

Il s’agit des auxiliaires du magistrat (A) et des auxiliaires des justiciables (B).

A- Les auxiliaires du magistrat

Il s’agit notamment de l’huissier de justice, de l’expert, de la police judiciaire et des experts


liquidateurs et séquestres.

1. L'huissier de justice

Ce professionnel du droit est un auxiliaire de justice et un officier ministériel dont les tâches sont
multiples. Il porte à la connaissance des personnes les actes de procédure et décisions de justice. Il effectue
aussi des constats qui serviront de preuve à l'occasion du litige.
Les huissiers de justice sont installés à leur propre compte.

2. L'expert judiciaire

Pour rendre la justice, il est nécessaire d'avoir une bonne compréhension des divers éléments
d'une affaire dans toutes ses dimensions. C'est pourquoi, les magistrats sollicitent occasionnellement l'avis
de professionnels compétents dans une technique ou une science spécifique (médecins, psychologues,
architectes, juriste-environnementaliste, ingénieurs, géomètres-experts ou techniciens…). Les experts

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
judiciaires habilités par la justice apportent un éclairage sur certains aspects d'une affaire, pour permettre
aux magistrats de prendre leur décision en connaissance de cause.

3. La police judiciaire

L'action de la justice en matière pénale ne pourrait se concevoir sans le concours des officiers et
agents de police judiciaire de la Police Nationale et de la Gendarmerie Nationale. La police judiciaire est
chargée, sous le contrôle du Procureur de la République et du Procureur Général de constater les
infractions pénales, de rassembler les preuves, d'en rechercher les auteurs et de les appréhender.

4. Les administrateurs liquidateurs ou séquestres

Ils ont pour rôle, la conservation des biens qui leur sont confiés, l’administration de certains biens,
l’intervention dans les procédures collectives.

B. Les auxiliaires des justiciables

L’avocat et le notaire remplissent cette fonction.

1. L'avocat

L'avocat est un professionnel du droit qui exerce une profession libérale. C'est aussi un auxiliaire de
justice, qui défend, assiste ou représente ses clients devant la Justice.
L'avocat informe ses clients sur leurs droits et devoirs, et donne des conseils ou des consultations
juridiques, rédige pour leur compte certains actes. Il effectue et accomplit au nom et pour le compte de ses
clients des démarches ou formalités.

2. Le notaire

Le notaire confère l'authenticité aux actes et contrats qu'il reçoit, pour en assurer la garde, le dépôt,
et en délivrer des copies exécutoires faisant foi en cas de contestation légitime. Mais il est parfois commis
judiciairement pour accomplir des tâches à la demande de ses clients.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Chapitre 4. LES SUJETS DE DROITS.

On distingue en droit la personne physique et la personne morale.

Section 1. La personne physique

Une personne physique est un individu, un être vivant.

§ 1. L’apparition et la fin de la personnalité

La personnalité commence par la naissance (A) et prend fin avec le décès (B). Mais il existe des
situations où l’on ignore si la personne est vivante ou décédée (C).

A. Le début de la personnalité : la naissance

La personnalité juridique commence quand l'enfant est né vivant et viable. Cependant, quand il
existe la théorie de l’enfant futur. Selon elle, l’enfant simplement conçu est considéré comme né toutes les
fois que cela peut lui apporter un avantage.
Pour pouvoir mettre en œuvre cette théorie, il faut être capable de déterminer la date de
conception. L'article 301 du Code des Personnes et de la Famille (CPF) en République du Bénin présume
que l'enfant a été conçu entre le 300ème jour et le 180ème jour précédant sa naissance (soit entre 6 mois et 10
mois).

B. La fin de la personnalité : le décès

Tout individu conserve sa personnalité juridique jusqu'à sa mort. La mort est l'état d'une personne
dont l'activité cardiaque, respiratoire et cérébrale est définitivement arrêtée.

C. Situation où l’on ignore si la personne est vivante ou décédée

Ce sont les cas d’absence (i) et de disparition (ii).

i- L’absence

L’art. 18 du CPF dispose que « l’absent est la personne qui a cessé de paraître au lieu de son
domicile ou de sa résidence, et dont le manque de nouvelles rend l’existence incertaine » . Pour constater
une présomption d'absence, le juge peut être saisi un (1) an après les dernières nouvelles (art. 19 à 22
CPF) pour établir un constat légal de présomption d’absence.
Si l'absence se prolonge, il faut passer de l'absence présumée à l'absence déclarée. En effet, deux
(02) ans après le jugement déclaratif de présomption d’absence, le tribunal pourra être saisi d’une demande
en déclaration d’absence (art. 24 CPF).

35
Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
Dix (10) ans après les dernières nouvelles, une demande en déclaration de décès sera introduite (art. 25
CPF) après des enquêtes complémentaires, le juge prononcera son jugement. Par cette déclaration la
personne sera considérée comme décédée et sa succession pourra s'ouvrir.

ii- La disparition

Selon L’article 18 alinéa 2 CPF, « le disparu est la personne dont l’absence s’est produite dans des
circonstances mettant sa vie en danger, sans que son corps ait pu être retrouvé » (catastrophe aérienne,
naufrage cataclysme, etc.).
Dans le cas d'une disparition, la procédure judiciaire va permettre de déclarer judiciairement le décès et
donc la disparition de la personnalité juridique de la même manière que dans le cas de l’absence.
Remarque : si l’absent ou le disparu reparaît :
 avant la déclaration de décès, il reprend la totalité de ses biens et l’administrateur lui rend compte
de sa gestion (art. 31 CPF). Le mariage qu’aurait obtenu son conjoint ne lui sera pas opposable (art. 32
CPF) ;
 après la déclaration de décès, le nouveau mariage de son conjoint lui est opposable ;
 Quel que soit le moment où il reparaît, les enfants cessent d’être sous le régime de la tutelle ou de
l’administration légale.

§ 2. Les attributs de la personnalité

Il s’agit du nom, du domicile, de la nationalité, du patrimoine et des actes de l’état civil.

A. Le nom

Il comprend le nom patronymique, le nom d'usage, le prénom et différents éléments accessoires.

1. Le nom patronymique

C’est le nom de famille. En principe, il est transmis par la famille mais peut aussi être d'origine
administrative ou judiciaire. Le nom patronymique se transmet par filiation : l'enfant porte le nom de son
père. En cas de filiation naturelle (enfant né de parents non mariés) l'enfant porte le nom du premier à le
reconnaître.

2. Le nom d'usage

C'est la faculté accordée à une personne de porter un nom qui n'est pas le sien. Il existe deux cas :
 la femme mariée qui prend le nom de son mari. Celle-ci garde son nom de jeune fille auquel elle
ajoute celui de son mari (art. 12 CPF). Et si le mari l’y autorise, elle pourra même le porter après le divorce.
 l'usage du nom du 2nd parent qui n’a pas été transmis à la personne.

3. Le prénom

C'est un complément du nom et il va permettre d'identifier la personne au sein de sa famille.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
4. Les éléments accessoires du nom

 Le pseudonyme : c'est un nom qu'une personne choisit d'elle-même de se faire désigner par, à la
place de son véritable nom et généralement dans le cadre de son activité sociale. Exemple : Pipi wobaho,
Eléphant mouillé, etc.
 Le surnom : c’est l’appellation que l'entourage donne à une personne de façon normale et publique.
Il devient sobriquet lorsqu’il est une dérision ou une moquerie.
 Les titres nobiliaires : ce sont les accessoires honorifiques. Exemple : Dah TOSSO GBAGUIDI XIII
ou Oba ADE TUTU, etc.

B. Le domicile

Le domicile est le lieu où la personne est sensée vivre en permanence. C’est le lieu de son principal
établissement (art. 14 CPF), là où elle regroupe ses principaux intérêts. Il convient avant tout de faire une
distinction entre la notion de domicile et celles de résidence et d’habitation. Alors que la résidence désigne
le lieu où une personne vit habituellement, l’habitation le lieu où elle séjourne pour peu de temps et
occasionnellement, le domicile est le lieu de rattachement géographique de la personne au regard de la loi.
Le domicile est :
 nécessaire : toute personne a un domicile (nécessité) ;
 unique : une personne ne peut avoir qu’un seul domicile (unicité) ;
 inviolable : la loi interdit dans certains cas, toute introduction dans le domicile d’autrui
(inviolabilité). En principe, La détermination du domicile est libre et volontaire. Mais le domicile peut
aussi être :

1. un domicile légal

C’est le domicile imposé par la loi. Il prévaut même si la personne vie ailleurs. C'est par exemple le cas
de :

 l’incapable majeur qui est domicilié chez son tuteur ;


 du mineur non émancipé domicilié chez ses parents ;
 de la femme mariée domiciliée chez son mari.
 du magistrat du siège, du juge d'instance, du notaire qui ont leur domicile là où ils exercent leurs
fonctions.

2. un domicile élu

C’est le domicile choisi par les parties à un acte juridique. C’est un domicile fictif qu’une personne a
déclaré choisir pour y recevoir certaines notifications ou significations.

C. La nationalité

C'est le lien de rattachement d'un individu à un pays. C’est l’appartenance juridique et politique d’une
personne à la population constitutive d’un État. Au Bénin, on peut :
37
Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
 être béninois (e) à la naissance ;
 devenir béninois (e) au cours de l'existence.

D. Le patrimoine

Le patrimoine est l'ensemble des droits et des obligations appartenant à une personne et ayant une
valeur pécuniaire. Il existe en tant qu'unité abstraite, distincte des éléments qui le composent.

E. Les actes de l’état civil

Les actes de l’état civil établissent l’identification personnelle (nom, prénom, âge, sexe, domicile) et
familiale (filiation, mariage, divorce, séparation) de la personne physique. Ce sont des actes authentiques,
dressés par des officiers d’état civil (maires et adjoints avec délégation possible à d’autres membres du
conseil municipal), qui fixent les événements dont dépend l’état civil d’une personne : la naissance, le
mariage et le décès, ou pour cause de mort.

Section 2. Les personnes morales

Ce sont « les groupements organisés traduisant l’existence d’intérêts collectifs ou la possibilité


d’une expression collective organisée de ces intérêts, de même que les établissements ayant un but
spécifique et une autonomie de gestion » (art. 4 al. 1er CPF).

§ 1. Conditions d’existence des personnes morales

A. L’apparition

La personnalité morale naît :


 pour les associations et les syndicats lors de leur déclaration aux autorités administratives
compétentes (ministère de l’intérieur) ;
 pour les sociétés lors de l'enregistrement au registre du commerce et du crédit mobilier (sociétés
commerciales) ou au registre des sociétés coopératives (sociétés coopératives).

B. La disparition

La personnalité morale disparaît lors de la dissolution de la personne morale. On admet cependant


que la personne morale peut se maintenir quelque temps au moins partiellement pour les besoins de la
liquidation.

§ 2. Catégories et attribut des personnes morales

A. Catégories de personnes morales

On distingue les personnes morales de droit public et les personnes morales de droit privé.

1. Les personnes morales de droit public

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Cette catégorie comporte l’État, les départements, les communes, les établissements publics. Il en
va de même pour les organismes publics dotés d'autonomie quant à leurs ressources et leur gestion tels les
lycées, universités, hôpitaux, etc.

2. Les personnes morales de droit privé

On peut distinguer :
 Les groupements à but lucratif comme les sociétés (civiles ou commerciales) ;
 Les groupements à but non lucratif comme les ONG, les syndicats professionnels et les
congrégations religieuses ;
 Les groupements d'intérêts économiques.

B. Les attributs de la personnalité morale

1. Le nom

Il s'agit du nom de l'association ou de la raison sociale des sociétés.

2. Le domicile

C'est le siège social déterminé par les statuts. Les personnes morales doivent avoir un domicile qui
équivaut au lieu du principal établissement, centre de l'activité juridique, financière et administrative de la
personne morale.

3. La nationalité

Elle dépend du lieu d'implantation du siège social de la personne morale.

4. Le patrimoine

Comme les personnes physiques, la personne morale a un patrimoine. Ce patrimoine est différent de celui
des membres qui la composent.

Chapitre 5. LA CAPACITE JURIDIQUE ET SES ALTERATIONS

La capacité, c’est l’aptitude à jouir des droits et à les exercer. La personne capable peut jouir et
accomplir tous les actes de la vie juridique.

Section 1. Le principe

Est capable :
 la personne âgée de 18 ans révolus (art. 540 CPF.) ;
 la personne émancipée par son mariage (art. 534 CPF.) ;
 la personne âgée de 16 ans révolus qui a été émancipée (art. 534 CPF.).

Section 2 : Les altérations au principe de capacité

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
A- L’incapacité tenant à la minorité

Avant l’âge de dix-huit ans, le principe est l’incapacité. Pour la gestion de ses biens, le mineur doit
être représenté par une autre personne qui agit en son nom et pour son compte. Il peut s’agir du père et/ou
de la mère ou du tuteur (art. 459 et s. CPF).
B- L’incapacité du majeur (art. 540 à 587 du CPF)

1- Manifestation

La majorité est fixée à dix-huit ans accomplis. À cet âge, on est capable de tous les actes de la vie
civile. Cependant, la personne majeure, lorsqu’elle se retrouve sous l’empire d’une altération de ses
facultés personnelles (trouble mental), peu importe la cause (maladie, alcool, drogue, etc.) et la durée
(quelques minutes, quelques semaines, ...) est incapable.

2- Les régimes de protection du majeur incapable

a- La sauvegarde de justice (art. 548 à 554 CPF)


C’est le système de protection minimum qui correspond aux altérations les moins graves des facultés
personnelles. Elle est prononcée par le juge des tutelles après avis médicaux. Elle prend fin dans les
conditions prévues par la loi (art. 554 CPF). Le majeur n’est pas incapable, il conserve le libre exercice de
ses droits mais il est protégé par la possibilité d’exercer deux actions :
 L’action en rescision pour lésion : si le majeur est lésé dans la conclusion d’un acte juridique (la
lésion est une disproportion de valeur entre les prestations promises et les prestations reçues dans un
contrat), cet acte est rescindable (annulable ou réajustable) ;
 L’action en réduction pour excès : tout acte excessif, c’est-à-dire inutile ou hors de proportion avec
la fortune du majeur est réductible.
b. La curatelle (art. 575à 587 CPF)
Elle s’applique à un majeur, victime d’une altération légère de ses facultés mentales ou corporelles. Elle est
prononcée par le juge des tutelles.
Peuvent aussi être mis sous curatelle ceux qui par prodigalité, intempérance ou oisiveté s’exposent à
tomber dans le besoin ou compromettent l’exécution de leurs obligations familiales. Le majeur conserve la
capacité de faire seul certains actes, susceptibles alors d’être rescindés ou réduits. Mais les actes les plus
graves, les actes de disposition, supposent l’assistance d’un curateur (le conjoint ou, à défaut, une personne
nommée par le juge des tutelles).
La curatelle est un régime d’assistance. Le majeur peut librement tester, mais il ne peut pas faire
seul une donation. Il lui est de plus interdit d’exercer une profession commerciale. Mention de la mise sous
curatelle est faite en marge de l’extrait de naissance.
c. La tutelle (art. 555 à 574 CPF)

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Elle s’applique au majeur quand l’altération de ses facultés physiques ou mentales rend nécessaire une
représentation continue de l’intéressé (art. 555 CPF). Elle est ouverte sur décision du juge des tutelles après
avis d’un médecin spécialiste.
La tutelle est organisée et fonctionne comme celle des mineurs.

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Chapitre 6. LA RESPONSABILITÉ CIVILE

Prenant son principal fondement de l’article 1382 du code civil, la responsabilité est l’obligation de
réparer les préjudices résultant soit de l’inexécution d’un contrat, soit de la violation du devoir général de ne
causer aucun dommage à autrui par son fait personnel, ou du fait des choses dont on a la garde ou du fait
des personnes dont on répond. Lorsque la responsabilité n’est pas contractuelle, elle est délictuelle.

Section 1 : La responsabilité contractuelle

1- La notion de la responsabilité contractuelle

En raison de la force obligatoire du contrat, les parties peuvent être contraintes à son exécution en
cas de défaillance de leur part. Cette exécution par contrainte se résout en effet à la responsabilité
contractuelle de l’auteur de l’obligation inexécutée. Les conditions et les limites constituent la trame de la
responsabilité contractuelle.

2- Les conditions de la responsabilité contractuelle

La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle est subordonnée à la triple preuve de


l’existence d’une faute contractuelle, de l’existence d’un préjudice subi et d’un lien de causalité entre la faute
et le préjudice.

A. La faute

La faute est le fondement classique de la responsabilité. Celui qui, par sa faute, cause un dommage
à autrui, doit le réparer. La faute consiste dans le seul fait de ne pas exécuter les obligations du contrat : on
distingue les obligations de moyens et les obligations de résultat.

i. Cas d’une obligation de résultat

Il suffit à la victime de démontrer que le résultat promis n’a pas été atteint pour supposer la faute du
cocontractant. La seule inexécution partielle ou totale de la prestation promise constitue donc la faute.
Exemple : La livraison n’a pas eu lieu à la date prévue.

ii. Cas d’une obligation de moyen

C’est la négligence ou le manque de soins apportés dans l’exécution du contrat qui constitue la
faute. Il faut remarquer qu’ici la faute doit être prouvée : la victime devra démontrer l’absence de conscience
professionnelle ou le non-respect des règles professionnelles avant d’engager la responsabilité contractuelle
du cocontractant.
Exemple : Pour mettre en cause la responsabilité du médecin, la victime doit démontrer que celui-ci n’a pas
pratiqué les examens nécessaires.
Remarque : De plus en plus, il existe des formes de responsabilité sans faute que l’on appelle responsabilité
objective.

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Introduction au droit/ Dr. E. G. N. 2021- 2022
B. Le préjudice réparable

La victime devra démontrer le préjudice subi. Dans tous les cas, ce préjudice doit résulter de
l’inexécution ou du retard dans l’exécution du contrat (art. 1147 code civil) ainsi que des atteintes portées au
créancier dans son patrimoine et ses intérêts affectifs ou moraux. Le préjudice peut ainsi être matériel ou
moral. Ce peut être un manque à gagner, une perte de clientèle, la détérioration de l’image de marque de la
société etc. Le tableau qui suit présente une petite synthèse du préjudice susceptible d’engager la
responsabilité contractuelle.

Nature du préjudice Exemples

- atteintes à l’intégrité physique (blessures)


- souffrance physique
Dommage corporel - préjudice esthétique
- préjudice d’agrément (impossibilité de pratiquer un sport habituel, à
la suite du dommage).
- dommage causé aux biens (détérioration, destruction)
- dommage économique (perte de salaires due à l’immobilisation :
Dommage matériel arrêt de travail)
- dommage professionnel (inaptitude partielle ou totale à travailler
Dommage moral - atteintes à l’honneur ou à la réputation (diffamation)
- la perte d’un proche

C. Le lien de causalité

Encore appelé la relation de cause à effet, il appartient à la victime de prouver qu’il existe un lien
direct essentiel entre le préjudice dont elle demande la réparation et le dommage subi. En d’autres termes,
le dommage allégué doit être le résultat de la faute contractuelle.
Exemple : Le commerçant victime des agissements malhonnêtes de son concurrent (campagne de
dénigrement) devra, pour obtenir réparation, démontrer que la chute de son chiffre d’affaires est le résultat
du détournement de clientèle et non de la conjoncture par exemple.

D- Les limites de la responsabilité contractuelle

Il existe un certain nombre de mesures pour écarter ou limiter la responsabilité contractuelle.


Certaines mesures sont légales en tant que leur survenance écarte la mise en cause de la responsabilité du
cocontractant : on les appelle causes d’exonération.

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D’autres mesures sont contractuelles en tant qu’elles sont insérées par les parties au moment de la
conclusion du contrat : on les appelle clauses limitatives de responsabilité.

1- Les causes d’exonération

Le débiteur de l’obligation peut écarter sa responsabilité en démontrant la faute de la victime, le fait


d’une tierce personne ou le cas de force majeure.

a. La faute de la victime

Il s’agit de démontrer que la cause du préjudice est imputable à la victime elle-même. Exemple : Le
créancier a oublié de faire ouvrir les entrepôts pour recevoir les marchandises du fournisseur.

b. Le fait d’un tiers

Cela revient à démontrer que la faute a été provoquée par une personne autre que les contractants.
Exemple : Cambriolage par un tiers de la marchandise à livrer.

c. La force majeure

Il s’agit de démontrer qu’un événement imprévisible, insurmontable, irrésistible et extérieur aux


contractants, a provoqué la faute contractuelle.
Exemple : La livraison n’a pas pu avoir lieu du fait d’une grève générale des transports ou de conditions
climatiques anormales.
Le tableau ci-dessous retrace succinctement les causes d’exonération.

Causes d’exonération Exemples

Existence d’un cas de force majeure Incendies, catastrophes naturelles ayant provoqué le
dommage ou y ayant contribué
La faute de la victime Le piéton en état d’ébriété se jette sous un véhicule
Le fait d’un tiers En voulant éviter un véhicule qui a brûlé un feu, un
automobiliste emboutit une vitrine.

2. Les clauses limitatives de responsabilité

Lorsqu’elles fixent d’avance le montant forfaitaire de la réparation, elles sont dites clauses pénales.
En revanche, quand elles se bornent à limiter ou écarter la responsabilité, elles sont dites clauses
d’exonération.
convention Effets Validité

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Clause d’exonération Ces clauses visent à - Valable sauf faute lourde ou intentionnelle
supprimer ou limiter la - elles ne peuvent écarter l’obligation de réparer le
responsabilité dommage
Ces clauses déterminent - Valables
Clauses pénales d’avance le montant de - Possibilité pour le juge d’en diminuer ou d’en
la réparation augmenter le montant si celui-ci est excessif ou
dérisoire.

Section 2 : La responsabilité délictuelle

La responsabilité délictuelle peut être engagée sur la base du fait personnel, du fait d’autrui, du fait des
choses ou enfin, du fait des animaux.

A- La responsabilité du fait personnel

À chaque fois que nous causons dommages, par notre action ou même notre inaction, notre
responsabilité personnelle est engagée. La victime devra alors démontrer la faute, le préjudice et le rapport
de cause à effet.
La faute peut résulter d’une action (faute par commission : coups et blessures, injures, violation de la vie
privée, non-respect du Code de la route…) ou d’une abstention (faute par omission : non-assistance à
personne en danger, non-entretien de la chose, …).
La faute peut être intentionnelle (volontaire) ou non intentionnelle (involontaire : imprudence,
négligence).
Exemple : Jeter volontairement une pierre dans une vitre pour la briser, diffamer une personnalité dans la
presse (fautes intentionnelles) ; blesser un camarade de jeu par un geste imprudent (faute non
intentionnelle).

B- La responsabilité du fait d’autrui

1- La responsabilité de l’employeur du fait de ses employés

L’employeur est responsable des dommages causés par les employés placés sous son autorité.
Exemple : Un attaché commercial se rendant chez un client de l’entreprise avec sa voiture de fonction
provoque un accident et blesse un piéton. L’employeur ne pourra dégager sa responsabilité que s’il
démontre à la fois que l’employé a agi en dehors de ses fonctions, sans autorisation et à des fins étrangères
à ses attributions : triple preuve difficile à administrer.

2- La responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs

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Les parents sont responsables de dommages causés par leurs enfants mineurs vivant avec eux. La
responsabilité des parents est présumée :

 la victime n’a pas à démonter la faute des parents ;


 les parents peuvent démontrer qu’ils n’ont commis aucune faute (c’est donc une présomption
simple de faute).

3- La responsabilité des maîtres du fait de leurs élèves

Les maîtres sont responsables des dommages causés par leurs élèves pendant le temps où ils sont
sous leurs gardes. La victime doit prouver la faute du maître (faute de surveillance) mais c’est l’État qui
répondra du dommage et indemnisera la victime.

C- La responsabilité du fait des choses et des animaux 1-

La responsabilité du fait des choses

Le gardien de la chose est responsable des dommages causés par celle-ci. Le gardien est celui qui
exerce le pouvoir de contrôle sur la chose. La victime n’a pas à prouver la faute du gardien mais seulement
le dommage et l’implication de la chose dans sa réalisation. Le gardien de la chose ne peut dégager sa
responsabilité en démontrant qu’il n’a commis aucune faute.

2- La responsabilité du fait des animaux

Le gardien de l’animal est responsable des dommages causés par ce dernier lorsqu’il est sous son
contrôle et même lorsque l’animal s’est échappé.
Le gardien est présumé responsable : la victime n’a pas à démontrer la faute du gardien. Le plus souvent, le
gardien peut invoquer le comportement fautif de la victime, provocation de l’animal par exemple.

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TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION GÉNÉRALE.........................................................................................................................1

Chapitre 1 : LE DROIT OBJECTIF..............................................................................................................2

Section 1. La notion de Droit objectif...........................................................................................................2

§1. Définition................................................................................................................................................2

§ 2. Les grandes subdivisions du Droit........................................................................................................3

A- Le Droit public et le droit privé.............................................................................................................3

1- Le droit public......................................................................................................................................3

2-Le droit privé........................................................................................................................................4

B- Le droit national et le droit international..............................................................................................4

Section 2. Les sources du Droit objectif.......................................................................................................5

§ 1. La source principale du droit : La loi.....................................................................................................5

A. Définition.............................................................................................................................................5

B. Les caractères de la loi.......................................................................................................................5

C. La hiérarchie des normes...................................................................................................................6

D. Application de la loi dans le temps......................................................................................................6

§ 2. Les sources extra légales.....................................................................................................................8

A. La jurisprudence.................................................................................................................................8

B. La coutume.........................................................................................................................................8

C. La doctrine........................................................................................................................................10

Chapitre 2. LES DROITS SUBJECTIFS....................................................................................................11

Section 1 : La notion de patrimoine...........................................................................................................11

§ 1. La théorie du patrimoine.....................................................................................................................11

A. Définition...........................................................................................................................................11

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B. Les compartiments du patrimoine et implications de l’universalité....................................................11

1. Les compartiments............................................................................................................................11

2. Les implications de l’universalité.......................................................................................................11

§ 2. Les caractères du patrimoine..............................................................................................................12

Section 2. Droits extra patrimoniaux..........................................................................................................12

Section 3. Les droits patrimoniaux.............................................................................................................13

§ 1. Les droits personnels..........................................................................................................................13

§ 2. Les droits réels...................................................................................................................................14

A. Principale classification des droits réels............................................................................................14

1. Les immeubles..................................................................................................................................14

2. Les meubles......................................................................................................................................15

B. Classifications secondaires des droits réels......................................................................................15

1. Biens appropriables et non appropriables.........................................................................................15

2. Biens consomptibles et non consomptibles.......................................................................................16

3. Biens fongibles et non fongibles........................................................................................................16

4. Fruits et produits................................................................................................................................16

Section 4. Les sources du droit subjectif...................................................................................................16

§ 1. Les actes juridiques............................................................................................................................16

A- Les actes authentiques et les actes sous-seing privé.......................................................................17

1- Les actes authentiques.....................................................................................................................17

2. L’acte sous-seing privé......................................................................................................................17

B- Les actes juridiques bilatéraux : les contrats.....................................................................................18

1- La formation du contrat.....................................................................................................................18

2- Les caractéristiques du contrat..........................................................................................................20

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3- Les effets du contrat..........................................................................................................................22

C- Les autres actes juridiques...............................................................................................................23

1. L’Acte juridique unilatéral...................................................................................................................23

2. Les actes juridiques collectifs............................................................................................................23

§ 2. Les faits juridiques..............................................................................................................................24

A- Les faits juridiques non intentionnels................................................................................................24

B- Le quasi-délit.....................................................................................................................................25

C- Les faits juridiques intentionnels.......................................................................................................25

Section 1. Organisation et le fonctionnement de la justice.........................................................................27

A. Les principes d’organisation..............................................................................................................27

1. Le principe de la séparation...............................................................................................................27

2. Le principe du double degré de juridiction.........................................................................................27

3. Le principe du contrôle de la bonne application du droit....................................................................27

4. La justice est un service public..........................................................................................................27

5. Le principe de la collégialité du tribunal.............................................................................................28

6. Le principe de la participation des citoyens.......................................................................................28

B. Les différentes juridictions.................................................................................................................28

1. Les juridictions du premier degré.......................................................................................................28

2. Les juridictions du second degré.......................................................................................................28

3. La Cour Suprême et la CCJA............................................................................................................28

4. Les juridictions d’exception................................................................................................................28

Section 2. Le procès..................................................................................................................................29

§ 1. Les règles de compétence..................................................................................................................29

A- La compétence d’attribution..............................................................................................................29

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B- La compétence territoriale.................................................................................................................29

1- Les règles de compétence territoriale.................................................................................................29

2- La sanction des règles de compétence..............................................................................................30

§ 2. Les règles de preuves........................................................................................................................30

A- Les charges de preuve.....................................................................................................................31

B- L’objet de preuve..............................................................................................................................31

Section 3. Les acteurs de la justice...........................................................................................................31

§ 1. Les professions essentiellement judiciaires........................................................................................31

A- Le magistrat......................................................................................................................................31

B. Le greffier..........................................................................................................................................32

§ 2. Les professions extra judiciaires.........................................................................................................32

A- Les auxiliaires du magistrat...............................................................................................................32

B. Les auxiliaires des justiciables..........................................................................................................33

Chapitre 4. LES SUJETS DE DROITS.....................................................................................................34

Section 1. La personne physique...............................................................................................................34

§ 1. L’apparition et la fin de la personnalité................................................................................................34

A. Le début de la personnalité : la naissance........................................................................................34

B. La fin de la personnalité : le décès....................................................................................................34

C. Situation où l’on ignore si la personne est vivante ou décédée.........................................................34

§ 2. Les attributs de la personnalité...........................................................................................................35

A. Le nom..............................................................................................................................................35

B. Le domicile........................................................................................................................................36

C. La nationalité.....................................................................................................................................36

D. Le patrimoine....................................................................................................................................37

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E. Les actes de l’état civil......................................................................................................................37

Section 2. Les personnes morales.............................................................................................................37

§ 1. Conditions d’existence des personnes morales..................................................................................37

A. L’apparition.......................................................................................................................................37

B. La disparition.....................................................................................................................................37

§ 2. Catégories et attribut des personnes morales....................................................................................37

A. Catégories de personnes morales....................................................................................................37

1. Les personnes morales de droit public..............................................................................................37

2. Les personnes morales de droit privé................................................................................................38

B. Les attributs de la personnalité morale..............................................................................................38

1. Le nom..............................................................................................................................................38

2. Le domicile........................................................................................................................................38

3. La nationalité.....................................................................................................................................38

4. Le patrimoine.....................................................................................................................................38

Chapitre 5. LA CAPACITE JURIDIQUE ET SES ALTERATIONS.............................................................38

Section 1. Le principe................................................................................................................................38

Section 2 : Les altérations au principe de capacité....................................................................................38

A- L’incapacité tenant à la minorité........................................................................................................39

B- L’incapacité du majeur......................................................................................................................39

1- Manifestation.....................................................................................................................................39

2- Les régimes de protection du majeur incapable................................................................................39

Chapitre 6. LA RESPONSABILITÉ CIVILE................................................................................................41

Section 1 : La responsabilité contractuelle.................................................................................................41

A. La faute.............................................................................................................................................41

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B. Le préjudice réparable......................................................................................................................42

C. Le lien de causalité...........................................................................................................................42

D- Les limites de la responsabilité contractuelle....................................................................................42

1- Les causes d’exonération..................................................................................................................43

2. Les clauses limitatives de responsabilité...........................................................................................43

Section 2 : La responsabilité délictuelle.....................................................................................................44

A- La responsabilité du fait personnel....................................................................................................44

B- La responsabilité du fait d’autrui.......................................................................................................44

C- La responsabilité du fait des choses et des animaux........................................................................45

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