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Le contenu du présent document (sans les annexes) se trouve aussi sur le site de la chaire
de droit administratif (www.unifr.ch/droitadministratif)
II
Les ouvrages classiques de droit constitutionnel sont une source importante en droit
administratif, en particulier:
- Allemagne:
BULL/MEHDE, Allgemeines Verwaltungsrecht mit Verwaltungslehre – ein Lehrbuch, 8ème éd.,
Heidelberg 2009.
ERICHSEN/EHLERS (édit.), Allgemeines Verwaltungsrecht, 14ème éd., Berlin 2010.
FORSTHOFF E., Traité de droit administratif allemand, Bruxelles 1969.
HOFFMANN-RIEM/SCHMIDT-ASSMANN/VOSSKUHLE, Grundlagen des Verwaltungsrechts – Methoden,
Maßstäbe, Aufgaben, Organisation, vol. I, Munich 2006.
--, Grundlagen des Verwaltungsrechts – Informationsordnung, Verwaltungsverfahren,
Handlungsformen, vol. II, Munich, 2008.
--, Grundlagen des Verwaltungsrechts – Personal, Finanzen, Kontrolle, Sanktionen, Staatliche
Einstandspflichten, vol. III, Munich, 2009.
MAURER H., Allgemeines Verwaltungsrecht, 17ème éd., Munich 2009.
- France:
BON/LASCOMBE/VANDENDRIESSCHE, Code administratif annoté, 33ème éd., Paris 2009.
CHAPUS R., Droit administratif général, 15ème éd., Paris 2001.
DE LAUBADERE/VENEZIA/GAUDEMET, Traité de droit administratif, 16ème éd., Paris 2001.
V
LONG/WEIL/BRAIBANT/DEVOLVE/GENEVOIS, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative,
17ème éd., Paris 2009.
WEIL/POUYAUD, Le droit administratif, 23ème éd., Paris, à paraître.
- Italie:
BASSI F., Lezioni di diritto amministrativo, 8ème éd., Milan 2008.
GIANNINI M. S., Instituzioni di diritto amministrativo, 2ème éd., Milan 2000.
VIRGA P., Diritto amministrativo – Principi, vol. I, 6ème éd., Milan 2001.
--, Diritto amministrativo – Atti e ricorsi, vol. II, 6ème éd., Milan 2001.
--, Diritto amministrativo – Amministrazione locale, vol. III, 4ème éd., Milan 2003.
- Espagne:
BERMEJO VERA J., Derecho administrativo básico – Parte general, 9ème éd., Madrid 2009.
--, Derecho administrativo – Parte especial, 7ème éd., Madrid 2009.
- Royaume-Uni:
BARNETT H., Constitutional and administrative law, 7ème éd., Londres 2009.
BRADLEY/EWING, Constitutional and administrative law, 14ème éd., Londres 2007.
CRAIG P., Administrative law, 6ème éd., Londres 2008.
FOULKES D., Administrative law, 8ème éd., Londres/Dublin 1995.
- Union européenne:
CHITI M. P., Diritto amministrativo europeo, 3ème éd., Milan 2008.
CRAIG P., EU administrative law, Oxford 2006.
SCHMIDT-ASSMAN/HOFFMAN-RIEM (édit.), Strukturen des Europäischen Verwaltungsrecht, Baden-
Baden 1999.
SCHWARZE J., Droit administratif européen, 2ème éd., Bruxelles 2009.
- Etats-Unis:
AMAN/MAYTON, Administrative law, 2ème éd., St-Paul 2001.
DAVIS/PIERCE, Administrative law treatise, 4ème éd., New York 2002.
--, Administrative law treatise – 2009 Cumulative Supplement, New York 2009.
LINNEWEBER A., Einführung in das US-amerikanische Verwaltungsrecht – Kompetenzen, Funktionen
und Strukturen der «Agencies» im US-amerikanischen Verwaltungsrecht, Francfort-sur-le-
Main/New York 1994.
VI
Durée : 2 heures. Organisation : 10 questions brèves, 1 question théorique (1 page), 1 cas pratique (30
ou 40 points sur 60).
Matière : (droit administratif général) : sujets mentionnés dans le plan du cours qui figure dans ce
polycopié. Des questions de procédure ne seront posées que dans la mesure où elles auront été
abordées en cours ou lors des travaux dirigés. Ce régime vaut aussi pour la session militaire.
Les législations suivantes sont recommandées (et ne seront pas distribuées); les étudiants peuvent
disposer de leurs exemplaires personnels (dans la langue de leur choix), s'ils ne sont pas annotés au-
delà des limites habituelles (soulignements, couleurs ou renvois) :
- Constitution fédérale
- CEDH
- LTF
- LTAF
- PA (avec les modifications du 1er janvier 2007)
- CPJA FR
Le document sur la résolution des cas est également autorisé (sans annotation). Les dictionnaires de
traduction sont autorisés.
VII
§1. La notion, la nature et les délimitations du droit administratif
I. La notion fonctionnelle
La définition positive tente de définir l'administration en référence avec le but et les moyens
de l'activité administrative. Les éléments typiques de cette définition sont :
• l'accomplissement des tâches d'intérêt public attribuées à l'Etat,
• l'application du droit d'office, par l'exercice de la puissance publique,
• la mise en œuvre des buts assignés aux collectivités publiques.
F. Fleiner :
Définition : la fonction administrative est l'ensemble de l'activité étatique déployée par l'Etat
ou par une autre personne morale de droit public sous l'empire de son propre ordre juridique
pour réaliser ses fins d'existence, et qui ne rentre ni dans le domaine de la législation, ni dans
celui de la justice.
Z. Giacommetti :
L'administration a pour fonction d'appliquer le droit, excepté celle de trancher des différends
et de prononcer des peines, c'est-à-dire rendre la justice.
Il s'agit ici d'examiner les aspects principaux de la fonction administrative (l'importance, les
buts, les moyens et la nature de l'administration).
• Aspect libéral : elle a pour but de garantir aux individus une sphère de liberté (légalité).
• Aspect social : répondre aux besoins généralement ressentis des administrés que ceux-ci
sont incapables de satisfaire par leurs propres moyens.
Le dualisme :
Administration restrictive / Etat gendarme : il empiète sur les libertés individuelles.
Administration de promotion / Etat providence : avec l'émergence de l'Etat-Providence,
l'administration a été amenée à fournir à la population les prestations les plus diverses.
Critique : cette conception pose des problèmes dans la mesure où elle ne rend pas compte de
tous les moyens utilisés par la fonction administrative.
Le pluralisme :
Cette méthode consiste à énumérer les moyens par lesquels s'exerce la fonction administrative
(par ex. police, prestations sociales, plans, etc.).
1. Le problème
3. L'indépendance relative
Les agents de l'Etat sont régis par la Constitution et la loi du 24 mars 2000 sur le personnel de
la Confédération (LPers), ils disposent cependant d'une certaine indépendance par rapport aux
autres organes de l'Etat :
IX
• liberté de prendre des initiatives,
• liberté de forme,
• liberté d'appréciation.
1. La délimitation
Pour les systèmes juridiques européens en général, elle reste la summa divisio. En Suisse, elle
a été adoptée dès la création de l'Etat fédératif.
Importance de la distinction :
• Importance didactique : classification systématique du droit.
• En droit positif :
o au niveau législatif : répartition des compétences cantons/Confédération,
o au niveau des règles applicables : selon le domaine considéré,
o au niveau juridictionnel : règles de procédure : voies de droit /voies de recours.
Normes de droit mixte qui contiennent à la fois des prescriptions de droit public et des
prescriptions de droit privé ou des normes qui protègent à la fois l'intérêt public et l'intérêt des
particuliers.
a) En général
Cette distinction perd de plus en plus sa raison d'être puisque l'approche se fait actuellement
par matière plus que par domaine académique.
b) Droit de la surveillance
Définition : ensemble des moyens pour appréhender juridiquement une activité dont on admet
qu'elle se développe seule mais qu'il convient d'encadrer pour éviter des abus.
c) Contrat de Δ administratif
Un même contrat peut avoir des clauses de droit privé et de droit public (concession). Des
parties publiques peuvent conclure des contrats de droit privé.
d) Marchés publics
Le droit privé comme tel ne s'applique que si le droit positif le prévoit expressément. Si tel
n’est pas le cas, le droit privé ne s’applique que restictivement.
1. La délimitation
1.1 Le principe
Le droit pénal appartient au droit public puisqu'il s'agit de la défense des intérêts publics, mais
il a acquis une autonomie quasi totale.
Les règles de procédure sont différentes ainsi que les autorités chargées de l'appliquer.
Définition : le droit pénal administratif est du droit pénal appliqué sur la base de dispositions
figurant dans des lois matérielles de droit public et appliqué par des autorités administratives.
Art. 1 et 2 DPA
A ne pas confondre avec :
• les sanctions administratives,
• les sanctions d'ordre,
• l'art. 292 CP,
• les dispositions pénales dans les lois spéciales,
• le droit disciplinaire.
2.3 La procédure
Elle est intéressante dans la mesure où elle montre la distinction de caractère entre la
procédure administrative et la procédure où l'administration intervient comme autorité pénale
avec un pouvoir de juge pénal (coercitif) et le système d'enquête pénal (inculpation et droit de
la défense).
Le droit public est lié au principe de la territorialité, car il suppose l'exercice de pouvoirs
publics pour son édiction et sa mise en œuvre mais face à certains états de faits extranéins, un
Etat ne peut pas prétendre régler seul, une situation internationale.
En Suisse, l'entraide pénale joue un rôle important (EIMP). Exigence minimale : enquête
pénale et double incrimination.
Extension progressive aux autorités administratives si elles ont certains attributs pénaux tels
que prononcer des amendes ou transmettre au juge pénal.
Aujourd'hui on est parvenu à une codification : loi sur l'Autorité fédérale de surveillance des
marchés financiers, entrée en vigueur le 1er janvier 2009.
Principe : le droit international a la primauté sur toute règle de droit interne contraire. Le droit
international exerce deux types d’influence :
• influence directe : l'ordre juridique suisse contient des dispositions de droit international
issues d'une convention multilatérale ou bilatérale,
• influence indirecte : l'ordre juridique suisse adopte des solutions législatives ou
jurisprudentielles inspirées du droit international sans pour autant y être contraint.
1. La délimitation académique
Cf. le tableau n° 13
Le recours en matière de droit administratif et le recours constitutionnel subsidiaire.
La constitution cantonale comme source du droit administratif.
XIII
§2. Les sources du droit administratif
I. Le rappel de ce qu'il faut savoir
Cf. le tableau n° 10
a. La loi
Définition : l'Assemblée fédérale édicte sous la forme d'une loi fédérale toutes les dispositions
importantes qui fixent des règles de droit (art. 22 LParl). Il s'agit donc d'une règle de droit
générale et abstraite, adoptée par le législateur et qui règle des questions importantes.
b. L'ordonnance
Définition : il s'agit de normes générales et abstraites de rang inférieur à la loi formelle et qui
ne contiennent pas une règle de droit autonome. Le fondement de l'ordonnance peut être la
Constitution, la loi, le traité international, une autre ordonnance ou enfin la clause générale de
police.
1. L'ordonnance administrative
1.1 La notion
≠ Décisions ≠ Recommandations
≠ Communications ≠ Renseignements
≠ Décisions de constatation (25 PA) ≠ Actes matériels
XIV
1.3 Les effets
L'ordonnance administrative peut avoir des effets externes qui affectent la situation juridique
du particulier et peut faire l'objet d'un recours en matière de droit public "dans une certaine
mesure".
La clause générale de police fonde également les "ordonnances de police" qui sont des
ordonnances législatives de substitution, indépendantes.
Cf. le tableau n° 13
• La légalité • La proportionnalité
• L'intérêt public • La non-rétroactivité
1. La suprématie de la loi
1.1 Le principe
L'art. 190 Cst. féd. qui empêche le contrôle de la constitutionnalité des lois fédérales a un
effet direct et un effet indirect.
La règle générale : la Confédération n'est pas tenue de respecter le droit cantonal ou le droit
communal si cette réglementation empêche l'administration fédérale d'accomplir ses tâches en
les rendant beaucoup plus difficiles.
2.1 La notion
Les objectifs et la justification du principe de la réserve de la loi que l'on trouve dans toute la
jurisprudence du Tribunal fédéral sont les suivants :
• la prévisibilité,
• la transparence,
• l'égalité,
• le principe démocratique.
2.3 Le contenu
Le principe de la légalité se rapporte non seulement à son existence mais aussi au contenu de
la base légale. Elle doit être précise et claire.
Définition : décisions qui restreignent les droits des particuliers ou qui imposent des
obligations aux autorités.
⇒ Dans ces deux cas, il faut une base légale formelle et une densité normative forte.
Définition : on admet de façon générale que l'administration n'a pas besoin de base légale
particulière pour gérer son patrimoine financier, pour se procurer et maintenir les moyens
matériels d'exercer ses tâches (achat de matériel de bureau, entretien du patrimoine
administratif) ou pour organiser son activité interne (ordonnances administratives et
instruction de services individuelles).
Définition : décision qui fournit aux particuliers des prestations ou des services. Une base
légale est nécessaire.
Définition : sont considérées comme étant dans un rapport de droit spécial avec l'Etat ou
soumis à un statut particulier, les personnes qui sont avec l'Etat dans une relation juridique
plus étroite que l'ensemble des administrés, relation justifiant des devoirs et des restrictions
aux libertés particuliers.
Dans ce domaine les exigences sont particulièrement strictes ; la base légale doit être claire et
formelle lorsqu'elle définit les principes généraux régissant le régime fiscal (art. 127 al. 1 Cst.
féd.).
XVII
4. La délégation législative
Conditions de validité :
• l'absence d'interdiction constitutionnelle (art. 164 al. 2 Cst. féd.),
• la soumission au référendum du principe de la délégation,
• la limitation à une matière déterminée,
• les lignes fondamentales de la réglementation déléguée.
Les ordonnances fondées sur une délégation législative sont des ordonnances dépendantes de
substitution.
Principe : les ordonnances fédérales prises sur délégation sont susceptibles d'être contrôlées.
Il existe deux exceptions à ce principe :
• Une disposition spéciale exclut le contrôle.
• L'ordonnance repose sur les pleins pouvoirs conférés par l'Assemblée fédérale.
Le contrôle préjudiciel d'une ordonnance prise sur délégation législative, comporte trois
phases :
• le contrôle sur l'admissibilité de la délégation législative,
• le contrôle de la légalité,
• le contrôle de la constitutionnalité.
La normalisation a pour objet de fournir des documents de référence comportant des solutions
à des problèmes techniques et commerciaux concernant les produits, biens et services, qui se
posent de façon répétée dans des relations entre partenaires économiques, scientifiques,
techniques et sociaux.
Cf. le tableau n° 14
2. La liberté d'appréciation
2.1 La notion
Définition : la liberté d'appréciation est la faculté octroyée à certains organes étatiques d'opter
entre plusieurs solutions (prévues par la loi) dans l'application de la loi.
Eléments de la définition :
• Une faculté.
¾ A certains organes étatiques :
o l'administration : l'autorité de 1ère instance,
o l'autorité de recours de nature administrative ou judiciaire.
¾ La faculté d'opter entre plusieurs solutions : cette faculté revêt deux formes principales :
o la faculté d'agir ou de s'abstenir (Entscheidung),
o la liberté de choisir telle solution plutôt qu'une autre (Auswahl).
3. La latitude de jugement
3.1 La notion
Définition : la latitude de jugement est la faculté octroyée à certains organes étatiques d’opter
entre plusieurs interprétations d’une notion juridique indéterminée.
Eléments de la définition :
• Une faculté.
• La faculté d’opter entre plusieurs interprétations.
• La faculté d’interpréter une notion juridique indéterminée (unbestimmte Rechtsbegriffe).
XIX
3.2 Les notions juridiques indéterminées
Excès : il y a excès lorsque l’interprétation est insoutenable car elle sort manifestement du
sens qui peut être donné à la notion juridique indéterminée en vertu de la loi.
1. Le rappel du système
Définition : la non rétroactivité signifie qu'une loi ne peut s'appliquer à des faits antérieurs à
son entrée en vigueur.
• Rétroactivité impropre : application d’une règle de droit dès son entrée en vigueur à un
état de chose qui a pris naissance dans le passé et se prolonge ou se répète après la
modification de l’ordre juridique.
• Absence de rétroactivité : lorsque la loi s’applique à des faits qui se sont produits après
la mise en vigueur de la nouvelle loi.
2. L'admissibilité
1. L'effet anticipé
Définition : on parle d’effet anticipé d’une norme lorsque la perspective de son adoption
constitue un motif autorisant la non-application de dispositions du droit actuellement en
vigueur.
• Effet anticipé positif : l’administré est obligé de se conformer au droit futur ou n’est
autorisé à agir que si son action est conforme au droit futur.
L’effet anticipé positif ou négatif est admissible s'il existe une base légale et qu'il est limité
dans le temps.
L’application dans le temps des ordonnances administratives doit être régie par les principes
liés au changement de pratique.
Le changement de pratique n’est admissible que s’il respecte cumulativement les principes
constitutionnels régissant le droit administratif et, plus particulièrement, l’intérêt public,
l’égalité de traitement et la bonne foi.
1. La notion
Définition : l’intérêt public est un intérêt considérable qui touche un grand nombre
d’administrés et que ceux-ci ne peuvent pas, ne veulent pas satisfaire par leurs propres
moyens.
Eléments de la définition :
• Un intérêt : tout d’abord un intérêt de police ou un intérêt de politique économique,
sociale, culturelle, éducative, d’équipement.
• Un intérêt considérable : il s’agit donc de l’intérêt prépondérant.
• Il n’est pas nécessaire que la majorité soit touchée.
• L’Etat n’intervient qu’à titre subsidiaire.
L’intérêt public est une notion juridique indéterminée. Cela signifie donc qu’elle laisse à celui
chargé de l’appliquer une latitude de jugement, notamment à travers les circonstances locales.
• Notion variable dans le temps : l’évolution technique dans les sociétés fait apparaître de
nouveaux intérêts publics et en fait disparaître d’autres.
• Notion variable dans l’espace : même à l’intérieur du territoire suisse.
En principe, l'intérêt fiscal n'est pas un intérêt public et ne justifie pas une restriction des
droits fondamentaux des administrés; toutefois, exceptionnellement, un intérêt fiscal est
admis par le Tribunal fédéral.
S’il existe des divergences entre l’intérêt public et les intérêts privés, il faut procéder à une
comparaison puis à la balance ou pesée des intérêts (Interessen Abwegung).
Pour imposer une restriction des droits des particuliers, l’intérêt public doit triompher.
Cette pondération se fait d’abord de manière abstraite (balance des intérêts) ensuite de
manière concrète (proportionnalité).
XXII
3.2 Entre plusieurs intérêts publics
Il y a de plus en plus d'intérêts publics car la législation charge l’Etat de plus en plus de
tâches, l’Etat protège de plus en plus d’intérêts particularistes dans des situations spécifiques
et poursuit de plus en plus d’objectifs d’amélioration de la qualité de la vie en société.
La zone à bâtir, l'équipement, les constructions de logement, les places de parc obligatoires, la
protection des sites.
4. D'autres situations
§6. La proportionnalité
I. Généralités
1. La notion
1.1 La définition
Une mesure étatique doit être apte à atteindre le but d’intérêt public visé, être nécessaire pour
que ce but puisse être réalisé et enfin être dans un rapport raisonnable avec l’atteinte au droit
des particuliers qu’elle entraîne.
La proportionnalité au sens étroit (im engen Sinn) : ce sous-principe exige que la mesure,
adéquate et nécessaire, soit dans un rapport raisonnable avec le sacrifice imposé à
l’administré.
1.3 La nature
Le principe de la proportionnalité est un principe constitutionnel, qui est consacré à l’art. 5 al.
2 Cst. féd. en ce qui concerne l’activité générale de l’Etat, et à l’art. 36 al. 2 Cst. féd. en tant
que condition de restriction des droits fondamentaux. Mais le principe de la proportionnalité
n’est pas un droit constitutionnel, dont la violation pourrait être invoquée, indépendamment
de celle d’un droit fondamental particulier.
Les règles qui énoncent les prescriptions doivent satisfaire au principe de la proportionnalité.
En revanche, la jurisprudence n’exige pas que chaque mesure déterminée soit conforme au
principe de la proportionnalité.
1. L'administration de restriction
1. Le fondement constitutionnel
L’art. 8 Cst. féd. garantit l’égalité de traitement. Il proclame que tous les êtres humains sont
égaux devant la loi. Ce principe est reconnu à tout être humain qu’il soit suisse, étranger ou
apatride. Les personnes morales peuvent également s’en prévaloir.
Définition : le principe d’égalité interdit de faire, entre divers cas, des distinctions qu’aucun
fait important ne justifie, ou de soumettre à un régime identique des situations de fait qui
présentent entre elles des différences importantes et de nature à rendre nécessaire un
traitement différent.
2.1. Le principe
Il existe une loi fédérale du 24 mars 1995 sur l’égalité entre femmes et hommes (RS 151.1). Il
s’agit de faire passer de l’égalité devant la loi à l’égalité dans la loi en institutionnalisant ce
droit constitutionnel. L’art. 8 al. 3 Cst. féd. confère un mandat au législateur de concrétiser le
principe d’égalité des sexes, en faisant disparaître dans l’ensemble de la législation les
discriminations fondées sur ce critère.
1. Le principe
Définition : selon la jurisprudence, l’autorité commet une inégalité de traitement interdite par
l’art. 8 Cst. féd., lorsqu’elle traite de façon différente deux situations qui sont tellement
semblables qu’elles requièrent un traitement identique (distinction insoutenable) ou
XXV
lorsqu’elle traite de façon identique deux situations qui sont tellement différentes qu’elles
requièrent un traitement différent (assimilation insoutenable).
2. La violation
• La pluralité de décision
• L’identité de l’autorité
• La conformité à la loi
• La contrariété des décisions
Il convient encore d’observer que toute distinction n’est pas inadmissible au regard de
l’égalité de traitement. Le TF en admet si :
• il existe des motifs objectifs et sérieux ;
• l’inégalité reste raisonnable ;
• l’autonomie communale est en jeu.
3. Le changement de pratique
Le changement de pratique est admissible s’il existe des motifs objectifs, c’est-à-dire aux
conditions suivantes :
• des motifs sérieux et pertinents,
• la modification doit être durable et générale,
• le changement doit l’emporter sur le postulat de la sécurité juridique.
4. Egalité et illégalité
Le principe de la légalité l’emporte sur celui de l’égalité. Il existe cependant des circonstances
dans lesquelles, le principe de l'égalité de traitement l'emporte sur celui de la légalité :
• si l'autorité manifeste son intention de continuer sa pratique illégale de manière
générale,
• s'il existe plusieurs cas d'inégalités.
1. Les éléments
Pendant près d'un siècle, l'arbitraire a été déduit de l'art. 4 aCst., donc du principe de l'égalité.
Historiquement, le Tribunal fédéral avait jugé que l'égalité était violée lorsqu'un justiciable se
voyait privé du droit d'accès au juge : le déni de justice formel. Par la suite, il a également
estimé que le principe était violé lorsque le juge se saisissait d'une affaire mais prenait sa
XXVI
décision sur la base de motifs tout à fait insoutenables : dans ce cas, il commettait un déni de
justice matériel et tombait dans l'arbitraire.
Il peut cependant arriver que la loi soit elle-même arbitraire. Tel est le cas lorsqu’elle ne
repose pas sur des motifs sérieux et objectifs ou qu'elle n’a ni sens, ni but.
Définition : une décision est arbitraire lorsqu’elle méconnaît gravement une règle de droit ou
un principe juridique clair et indiscuté, ou qu’elle contredit de manière choquante le sentiment
d’équité.
• La violation grossière de la loi : une décision est arbitraire lorsqu’elle viole gravement
la loi. L’arbitraire est ainsi avant tout une illégalité, mais une illégalité qualifiée.
• La violation d’un principe juridique clair : elle va à l'encontre d'un droit fondamental.
• La violation du sentiment de justice et d’équité. Dans cette hypothèse, il ne suffit pas
que les motifs de la décision attaquée soient insoutenables, encore faut-il que cette
solution soit arbitraire dans son résultat.
1. Un essai de système
Le principe de l’interdiction de l’arbitraire ayant une portée très générale et constituant une
garantie élémentaire de justice et d’équité, il revêt, par rapport aux autres droits
fondamentaux, un caractère subsidiaire. Le recourant qui ne peut invoquer ni un droit
fondamental, ni la liberté personnelle en est alors réduit à se prévaloir du principe de
l’interdiction de l’arbitraire.
2. La juridiction ordinaire
L’interdiction de l’arbitraire est un droit constitutionnel au sens des art. 89 al. 1 let. a Cst. féd.
et 116 LTF. Les particuliers ont donc un droit subjectif à ce que le principe de l’interdiction
de l’arbitraire soit respecté par l’ensemble des autorités étatiques.
1. La défintion
Les art. 5 al. 3 (principe constitutionnel) et 9 (droit constitutionnel) de la Cst. féd. consacrent
le principe de la bonne foi pour l’ensemble de l’activité étatique.
2. Les délimitations
• Le changement de législation
• Promesse d'une autorité cantonale dont le contenu est contraire au droit fédéral
• Indication erronée des voies de recours
Si les cinq conditions de la protection de la bonne foi sont réalisées, l’autorité est tenue de
supprimer la contradiction ou de respecter sa promesse.
Pour assurer une protection efficace des droits fondamentaux, il ne suffit pas de consacrer des
droits matériels, il faut également les accompagner de garanties de procédure afin que le
particulier soit à même de les faire respecter. Ces garanties de procédure, dont en particulier
celles relatives au déni de justice figurent dans la Constitution (art. 29) ainsi que dans la
CEDH (art. 6) et dans le Pacte II (art. 14) qui sont des dispositions extrêmement détaillées.
Le Tribunal fédéral examine librement si le droit cantonal est compatible avec les garanties
constitutionnelles de procédure ainsi qu’avec les dispositions correspondantes de la CEDH et
du Pacte II.
1. Le problème
La Constitution garantit à une personne qui sollicite une décision, sinon d'obtenir que celle-ci
soit effectivement satisfaite, à tout le moins qu'elle soit honorée d'une réponse par laquelle
l'autorité explique et justifie la position qu'elle entend adopter.
XXIX
Il existe des exceptions à ce principe. En particulier, si l’incompétence de l’autorité est
manifeste ou si l’auteur de la demande est négligent et que sa négligence cause la passivité de
l’autorité.
2. Le retard injustifié
Définition : aux termes de l'art. 29 al. 1 Cst. féd. toute personne a droit, dans une procédure
judiciaire ou administrative, à ce que sa cause soit traitée dans un délai raisonnable.
Il n’y a pas retard injustifié chaque fois qu’une décision ne vient pas aussi vite que ce que
l’administré souhaiterait. Le délai raisonnable (notion juridique indéterminée) dépend de la
nature et de l’importance ainsi que de la complexité de la décision à prendre, du
comportement du recourant et de celui des autorités.
L’autorité de recours donne l’ordre à l’autorité inférieure de statuer le plus vite possible. Le
recours n’a pas d’effet dévolutif ; l’autorité inférieure peut statuer et le recours devient sans
objet. Si l'autorité de recours est l'autorité de surveillance, elle peut décider elle-même (ce
n'est pas le cas de l’art. 70 ch. 2 PA).
1. La notion
Définition : le formalisme excessif désigne les exigences de forme que ne justifie aucun
intérêt digne de protection et qui compliquent inutilement l’application du droit de forme (art.
8 ch. 3 CPJA).
En effet, en tant que tel, le respect des règles de procédure est indispensable pour assurer
l’égalité devant la loi et la sécurité du droit. Il perd cette qualité lorsque l’observation
rigoureuse des règles en question est exclusivement dictée par une volonté tracassière qui
devient une fin en soi et qui, à ce titre, n’est plus justifiée par le souci d’une saine application
du droit de fond.
2. Quelques illustrations
XXX
§11. « Les » droits d'être entendu
I. Généralités
1. La notion
2. Les sources
a) La Constitution fédérale
Le droit d’être entendu est une garantie de l’art. 29 al. 2 Cst. féd. en tant que droit de nature
formelle, il se prête particulièrement bien à une concrétisation ponctuelle par le juge
constitutionnel. La jurisprudence est donc appelée à jouer un rôle considérable dans la
reconnaissance et dans la mise en œuvre des facultés que comprend ce droit.
b) Le droit de procédure
Le droit d’être entendu s’inscrit logiquement dans le cadre des règles de procédure qui
conduisent à la prise de décisions judiciaires et administratives. En ce sens, l’énumération qui
figure aux art. 57 et ss CPJA est une image précise des développements jurisprudentiels des
droits d’être entendu.
Actuellement, cette garantie s’applique en conséquence dans tous les domaines d’application
du droit (procédure civile, pénale, administrative ou poursuite pour dette et faillite). En
revanche, les particuliers ne disposent pas d’un droit constitutionnel à être entendus dans les
procédures législatives.
4. Les titulaires
Le titulaire du droit d’être entendu dans une procédure est toute personne qui est partie à
cette procédure. Il peut arriver qu’une personne qui n’a pas participé à la procédure soit
XXXI
également titulaire du droit d’être entendu à condition qu’elle rende vraisemblable qu’elle est
titulaire d’un intérêt digne de protection.
5. La nature
Le droit d’être entendu est une garantie constitutionnelle de nature formelle. Sa violation
entraîne, en principe, la nullité de la décision prise.
1. L'énoncé
Le droit d’être entendu a de multiples implications concrètes qui peuvent être présentées ou
articulées de la manière suivante:
• le droit de s’expliquer,
• le droit de consulter le dossier,
• le droit de faire administrer des preuves,
• le droit de participer à l’administration de preuves,
• le droit d’obtenir une décision motivée,
• le droit de se faire représenter ou assister (y compris l’assistance judiciaire).
2. Le droit de s'expliquer
3.1 Le principe
Les parties ont le droit de consulter le dossier de la procédure où elles interviennent (art. 26 à
28 ch. 3 PA, art. 63, 65 CPJA).
4.3 L'expertise
Principe : une partie a le droit d’assister à l'administration des preuves (audition de témoins,
visite des lieux, interrogatoire d’expert). Cela signifie donc qu’il a le droit d’être convoqué à
temps.
Exceptions :
• l'urgence ;
• le risque qu’une partie modifie la situation à constater ;
• l'intérêt digne de protection de tiers qui peut amener l’Etat à s’opposer à la participation.
6.1 Le principe
Raison : la motivation est nécessaire pour permettre à l’administré de pouvoir, le cas échéant,
faire un recours contre la décision. L’exigence de motivation est prévue à l’art. 29 ch. 2 de le
Cst. féd., mais également dans des lois spécifiques. On doit y trouver une réponse aux
arguments principaux du recourant, c’est-à-dire ceux qui sont clairement invoqués et dont
dépend le sort du litige.
XXXIII
6.2 Les effets
7.1 Le principe
La composition correcte de l’autorité vaut tant pour la première instance que pour les
juridictions de recours.
1. En général
La pratique démontre que ces règles générales du droit sont souvent utilisées.
2. En droit public
Les règles générales du droit sont issues d’une sorte de tronc commun du droit suisse, il s’agit
des principes généraux de l’ordre juridique suisse.
Ces règles générales n’interviennent qu’en l’absence de règles contraires et servent à combler
les lacunes du droit écrit. Il n’y a pas de règle de rang constitutionnel.
Elles ne sont pas de pur droit privé car, appliquées au droit public, le juge tiendra compte des
circonstances concrètes du cas et opèrera une pesée des intérêts en présence.
XXXIV
II. Les diverses règles
1. La prescription et la péremption
Même si une législation est muette, toutes les prétentions issues du droit public sont sujettes à
la prescription et à la péremption, dès lors que le but poursuivi par ces deux institutions est la
sécurité juridique.
La solidarité. La représentation par une personne physique ou par une association. Les
intérêts moratoires. La répétition de l'indu. La compensation.
1. En général
Plutôt que de définir quelle est l’activité étatique il est préférable de déterminer quels sont ses
instruments, car c’est eux qui déterminent la portée de l’activité administrative pour les
administrés (et leur protection) :
• l’acte administratif ;
• la procédure administrative.
2.1 La distinction
L’administration peut intervenir là où l’une des trois légitimations suivantes est donnée :
a) l’intérêt public ;
b) l’ordre public = intérêt public qualifié (bien de police) ;
c) services publics = prestations.
Dans la jurisprudence, issue de la tradition doctrinale allemande, on exprime ces concepts par
le rattachement de l’activité administrative à deux pôles :
a) la police (Eingriffsverwaltung) ;
b) de prestations (Leistungsverwaltung).
XXXV
2.2 Le contenu
Le NPM.
La coopération.
1. La notion
1.1 La définition
Définition : l’acte administratif est une manifestation de volonté unilatérale (1.2 : les
éléments), fondée sur le droit administratif (1.3 : le fondement) consistant dans un acte
individuel ou dans un acte général et concret (1.4 : l'objet), ayant des effets juridiques (1.5 :
les effets) et émanant d’un organe étatique ou d’un groupement indépendant de l’Etat (1.6 :
les auteurs).
XXXVI
1.2 Les éléments
1.3 Le fondement
Pour qu'une autorité ou un organisme chargé d'une tâche de droit public puisse agir au moyen
de décisions unilatérales, il faut qu'il y ait lieu d'appliquer des prescriptions obligatoires de
droit administratif.
1.4 L'objet
• Organes étatiques, dont notamment les agents des collectivités publiques agissant dans
l’exercice de la fonction administrative ;
• Groupements indépendants de l’Etat auxquels les tâches publiques ont été confiées.
2. La forme
3.1 En général
Cf. art. 66 du CPJA : nom, partie, motivation, dispositif, date, signature, notification.
a) Espèces
1. Le terme (Frist) est le moment où l’acte administratif déploie ses effets, c’est un
moment certain (différent de la condition). En pratique il n'a que peu de
portée.
2. La condition (Bedingung).
3. La charge (Auflage)
Définition : obligation imposée au destinataire d’un acte administratif qui attribue un droit ou
un avantage.
4. La coordination
Procédure formelle : procédure qui permet de produire une décision définitive par laquelle
l’administré sait que désormais son activité est possible.
XXXVIII
III. L’autorisation
L’autorisation est une décision qui permet à un administré de se livrer à une activité qui, pour
des raisons de police, doit faire l’objet d’une demande d’autorisation pour permettre un
contrôle. L’autorisation lève l’interdiction d’exercer l’activité sollicitée.
2. Quelques distinctions
a) l’autorisation ordinaire : elle fait cesser l’interdiction d’exercer une activité dont un
intérêt public requiert le contrôle.
b) l’autorisation extraordinaire : elle se rapporte à l’exercice d’une activité que l’Etat veut
en principe interdire. Toutefois, elle permet aux autorités qui appliquent le droit de lever
cette interdiction pour tenir compte de circonstances exceptionnelles.
3. L’exigibilité
L'Etat ne peut exiger de soumettre à autorisation que s'il respecte les principes
constitutionnels :
- la légalité ;
- l’intérêt public ;
- la proportionnalité.
4. Le droit à l’autorisation
4.1 Le principe
a) Le droit à l’égalité
Lorsque le droit à l’autorisation ne peut pas être tiré de la règle instituant l’autorisation, il
peut parfois procéder du droit à l’égalité.
c) L’utilisation d’autorisation
L’autorisation accordée en fonction de la personne n’est pas transmissible à un tiers au
contraire de l’autorisation accordée en fonction d’un objet.
L’autorisation qui a pour objet une chose déterminée ne peut pas être transférée sur une
chose appelée à remplacer la première.
L'autorisation peut être limitée dans le temps.
1. Les notions
L'annulabilité est la règle. L'annulabilité d'un acte doit être relevée selon des modalités
prescrites par les lois et les règlements. Le texte légal doit déterminer les personnes qui ont le
droit de se prévaloir du vice, les formes et les délais pour le faire ainsi que les autorités
compétentes.
L’acte annulable est valable tant qu’il n’a pas été annulé. Il l’est pleinement s’il n’est pas
attaqué (effet suspensif du recours : l'acte ne déploie plus d'effets).
XL
L’acte annulable peut être réparé à certaines conditions :
¾ par l’auteur de l’acte ;
¾ par l’autorité de recours ;
¾ par l’autorité compétente.
La nullité n’est pas prononcée, elle se constate d’office : l’autorité statue elle-même ou à la
demande de tiers.
Invalidité partielle lorsque seule (s) la ou les clauses touchées sont invalides (20 ch. 2 CO).
2.1 Le principe
Les actes administratifs viciés sont en principe annulables. Ils ne sont nuls
qu’exceptionnellement.
¾ La nullité crée une grande insécurité juridique,
¾ l'annulabilité est fréquemment conforme aux intérêts des administrés : d’autre part,
¾ l'annulabilité correspond aussi aux intérêts de l’administration.
Pour qu'une décision soit nulle trois conditions cumulatives doivent être remplies :
1. Un vice spécialement grave (schwerwiegendes Mangel) ;
2. Un vice manifeste ;
3. Une atteinte admissible à la sécurité juridique.
La nullité est possible suivant les circonstances. Dans tous les cas, la partie concernée ne doit
subir aucun désavantage du fait du vice de la notification (art. 38 PA).
V. La révocation
1. La notion
1.1 La définition
La révocation est une décision par laquelle une autorité, agissant d’office, modifie ou abroge
(annule) un autre acte administratif au détriment d’un administré.
a) Une décision ;
b) Une autorité :
• l’auteur de l’acte ;
• son supérieur hiérarchique agissant dans l’exercice du pouvoir de surveillance ;
• un autre organe de surveillance
c) Agissant d’office : La révocation est prononcée en dehors d’une procédure de recours ce
qui la distingue de l’annulation et de la reconsidération.
d) Modification ou abrogation : La révocation porte soit sur l’acte entier, soit sur une partie
de celui-ci. On distingue ainsi l’abrogation totale de
l’abrogation partielle.
e) L’acte révoqué :
L’acte révoqué était valable,
- soit parce qu’il n’avait pas de vice,
- soit parce (il en avait un mais) qu’il n’avait pas été attaqué.
f) Au détriment d’un administré.
Aucun administré ne se plaint d’un acte pris à son avantage.
La problématique de la révocation repose sur la présupposition que la révocation crée
un désavantage pour l’administré.
La révocation sanction : a pour but de sanctionner l'administré bénéficiaire qui ne respecte pas
les obligations – légales, réglementaires ou fixées par la décision elle-même – qui lui
incombent.
La révocation qui a pour but d’entraîner le respect de la loi, i.e. lorsque l'autorité constate que
les conditions légales de sa délivrance ne sont pas ou plus remplies.
La condition fixée par la jurisprudence est donc que l’intérêt au respect du droit l’emporte sur
l’intérêt à la sécurité juridique.
La jurisprudence admet que l'intérêt au respect du droit l'emporte dans les situations
suivantes :
1. Application incorrecte du droit dès le début = erreur de fait ou erreur de droit.
Mais il existe un certain nombre d'exception ou la révocabilité est admise par la
jurisprudence :
- actes à effet durable ;
- actes entachés de tromperie dont le destinataire est responsable ;
- actes assortis d’une réserve de révocation ;
- actes entre collectivités publiques où l’intérêt au respect du droit prévaut.
2. Circonstances nouvelles après l'adoption de l'acte.
3. Changement de législation après la décision.
4. Motifs de révision :
¾ influence d'un crime ou d'un délit sur la décision ;
¾ existence de faits ou de moyens de preuve nouveaux que le recourant ne pouvait
connaître ou invoquer dans la procédure précédente (faits nouveaux anciens) ;
¾ composition incorrecte de l'autorité qui a statué ;
¾ lacune dans la prise en compte de faits importants établis par pièces ;
¾ décision ne statuant pas sur certaines conclusions ou ne s'écartant pas sans droit de
celles-ci ;
¾ violation de la CEDH constatée par une instance européenne.
Dans trois cas toutefois, la jurisprudence considère qu’une décision viciée n’est en principe
pas révocable :
a) la décision a créé un droit subjectif, en particulier les droits acquis ;
b) l’acte a été adopté sur la base d’une procédure d’examen complet ;
c) le destinataire a déjà fait usage de la faculté conférée.
XLIII
2.3 Les cas de révocabilité qualifiée
Il s’agit de l’exception des exceptions. En effet, même dans les trois cas mentionnés ci-
dessus, l’irrévocabilité des décisions n’est pas absolue. La révocation d’une décision est
possible si elle est commandée par un intérêt public particulièrement important ; c’est-à-dire
lorsque la pondération des intérêts le justifie.
3.1 La notion
Le droit acquis est un droit par lequel le titulaire a la faculté d’exiger le maintien de la
substance du droit conféré. Ce droit est au bénéfice d’une protection accrue contre les effets et
mesures subséquentes.
b) le fondement
Trois fondements sont possibles :
a) la loi : Une disposition légale promet le maintien d’un droit même lors de
modifications subséquentes de la loi ou une disposition légale nouvelle promet
le maintien des prestations prévues par l’ancien droit. C’est la situation la plus
fréquente.
- Contrat de droit administratif : Il y a des droits acquis sauf s’il existe un motif de
révision du contrat.
XLIV
1. La définition
Le contrat de droit administratif est un accord de manifestation de volonté, portant sur une
tâche d’intérêt public, ayant force obligatoire et soumis au droit public.
2. Les éléments
2.1 En général
Il s’agit d’une manifestation de volonté, d’un accord bilatéral ou plurilatéral Les parties à
l’accord ont deux qualités :
a) l’égalité : les parties sont sur pied d’égalité à la fois lors de la conclusion du contrat et
lors de l’exécution du contrat ;
Le CDA porte sur une tâche d'intérêt public et le CDP règle une question de droit privé. Il
faut recourir aux critères utilisés usuellement pour distinguer le droit public du droit privé et
appliquer la technique du faisceau d’indices. La jurisprudence recourt de façon prépondér
ante aux critères de l’objet du contrat : est un contrat de droit administratif le contrat qui a
pour objet une prestation qui sert directement à l'exécution d'une tâche publique.
Le CDA a force obligatoire pour les deux parties au même titre qu’un CDP. Les parties ne
peuvent pas s’en défaire à moins de res pecter les conditions prévues par la loi, le contrat et la
jurisprudence.
XLV
2.4 Soumis au droit public
3. L’admissibilité
3.1 Le principe
L’admissibilité du CDA était à l'origi ne contestée en doctrine pour plusieurs raisons mais le
CDA est actuellement largement admis.
3.2 La légalité
La confiance résultant d'un contrat de droit administratif entre l'Etat et un particulier (par
exemple un contrat de concession) est d'abord et avant tout protégée par la force
contraignante attachée à un tel acte (pacta sunt servanda).
Le contrat de droit administratif offre donc des garanties supérieures à la seule protection de
la bonne foi.
1. La conclusion du contrat
Application du droit pr ivé comme droit public supplétif sauf pour la forme du contrat ; pour
un CDA, il faut respecter la forme écrite qui concerne toutes les clauses essentielles.
2. L’interprétation
Les CDA comme les CDP doivent être interprétés au regard de la bonne foi. Mais il y a une
particularité dans l’interprétation des CDA en rais on de la nature de l’activité administrative :
l’administration doit tenir compte de l’intérêt public et le sauvegarder.
3. La validité
Application par analogie des règles applicables aux actes administratifs viciés. En principe,
les CDA viciés sont annulables et exceptionnellement nuls.
4. L’exécution
L’exécution des CDA se fait comme celle des CDP (action, exception, etc). Les litiges sont
portés devant le Juge. Par exemple, la responsabilité pour inexéc ution d'un contrat de droit
administratif est essentiellement régie par application des art. 97 et ss CO.
XLVI
Art. 121 CPJA : l'action de droit administratif est ouverte pour les prestations découlant de
droit public.
5. La révision
§ 15 La responsabilité de l’Etat
I. Généralités
Les actes illicites de l’Etat qui peuvent provoquer un dommage entraînent par conséquent une
obligation d’indemniser ; ce sont en réalité toujours des actes des agents de l’Etat.
1. L’Etat est seul responsable et prend la place de l’agent de l’Etat (système suisse).
2. L’Etat n’est pas responsable (ou subsidiairement) et seul l’agent répond de l’acte illicite
qu’il commet envers le lésé.
3. Il existe une responsabilité solidaire de l’Etat et de l’agent.
Dans la mesure où une entité étatique agit dans le cadre du droit privé, comme le ferait un
particulier, sa responsabilité, est régie par le droit privé (art. 11 al. 1 LRCF).
Il y a application du droit cantonal sur la re sponsabilité chaque fois que l’on est en présence
d’un agent cantonal de l’administration. En principe, il existe des lois spécifiques. Tel est le
cas dans le Canton de Fribourg avec la loi cantonale sur la responsabilité civile des
collectivités publiques et de leurs agents du 16 septembre 1986.
1. La Confédération
L’article 3 al. 1 LRCF prévoit que la Confédération répond du dommage causé sans droit à un
tiers par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, sans égard à la faute du
fonctionnaire.
Le lésé doit exclusivement s’attaquer à l’Etat qui ne dispose d’aucune preuve libératoire.
1. La responsabilité causale
La faute du fonctionnaire n’est pas une des conditions de la responsabilité de l’Etat qui est
XLVIII
engagée dès que les autres conditions sont réalisées.
b) Le préjudice :
Le dommage subi par le lésé est, comme en droit privé, la différence entre l’état du
patrimoine avant et après l’acte illicite. Il peut s’agir d’une diminution des actifs ou
d’une augmentation des passifs. Une indemnisation du tort moral peut également entrer
en ligne de compte, mais seulement dans l’hypothèse de lésions corporelles ou de mort
d’homme.
c) Le rapport de causalité :
Comme en droit privé, le dommage devra être non seulement en relation de causalité
naturelle avec l’acte illicite (sans l’acte illicite, le dommage ne serait pas survenu),
mais également en relation de causalité adéquate.
a) La responsabilité causale :
En principe il s'agit d'une vérit able responsabilité sans faute. Dans certains domaines, le
recours a une forme «objectivée » de la faute ou l’inclusion dans la notion d’illicéité de
la violation de certains devoirs brouillent quelque peut la distinction entre acte
simplement illicite et acte illicite fautif. Faute et illicéité semblent parfois, à tout le
moins en ce qui concerne les décisions étatiques, être inséparables.
La loi limite cependant cette action récursoire de l'Etat au cas de dommages intentionnels ou
causés par négligence grave (art. 7 LRCF).
2. L’indemnisation
La mesure de l’ampleur de l’action récursoire est déterminée en premier lieu par l’ampleur de
la faute et le cas échéant par le degré de la négligence grave. L’évaluation se fait sur la base
des principes du droit des obligations.
XLIX
L’art. 8 LRCF prévoit que le fonctionnaire répond envers la Confédération du dommage qu’il
lui cause directement en violant ses devoirs de services intentionnellement ou par négligence
grave.
L
1. TF in SJ 1999, p. 129 ss. Délimitation entre droit public et droit privé 1-8
2. ATF 119/1993 Ib 158 = JdT 1994 I 675 Délimitations entre droit pénal et droit administratif 9-12
3. ATF 124/1998 II 289 Délimitations entre droit pénal et droit administratif 13-15
6. ATF 122/1996 II 234 = JdT 1997 I 556 Droit international et droit interne 18-20
ATF 124 II 293 = JdT 1999 I 618 (extraits) Droit international et droit interne (en particulier c. 4b) 21-25
7. ATF 121/1995 II 473, rés. JdT 1997 I 186 L'ordonnance administrative face aux autres sources du 26-32
droit administratif (cet arrêt vaut aussi pour la notion de
décision administrative)
11. ZBl 1990, p. 27 (Wuhrkorporation Mosenbach) La légalité pour l'administration de promotion 47-51
LI
15. ATF 105/1979 IV 264 rés. JdT 1980 IV 145 (Association suisse Sous-délégation et autoréglementation 64-66
des électriciens)
16. ATF 96/1970 I 369 = JdT 1972 I 98 (Flims) Notion juridique indéterminée 67-71
19. ATF 106/1980 Ia 267 = JdT 1982 I 151 (Peep show) Evolution de l'intérêt public 83-87
20. ATF 117/1991 Ia 302 = JdT 1993 I 423 Intérêt public et intérêt privé 88-90
21. ATF 105/1979 Ia 91 = JdT 1981 I 78 (Plüss) Intérêts publics contradictoires 91-94
22. ATF 116/1990 Ia 382 (Denys Felber) Intérêt public et obligation de domicile des fonctionnaires 95-97
23. ATF 103/1977 Ib 227 (non traduit) (Wehntal) Proportionnalité et mesure de police 98-100
24. ATF 116/1990 Ia 355 (de Montmollin) Proportionnalité d'une atteinte aux droits fondamentaux 101-103
LII
25. SJ 1995, p. 713 ; lire également ATF 125 I 335, SJ 2000 I 62 Proportionnalité d'une atteinte à la liberté économique ; 104-113
résumé de la jurisprudence en la matière (c. 3b)
33. ATF 117/1991 Ia 285 = JdT 1993 I 413 Bonne foi et changement de législation 153-155
36. ATF 107/1981 V 157 (De Cicco) Bonne foi et indemnisation 165-167
39. ATF 113/1987 Ia 286 = JdT 1989 I 290 Droit de consulter les pièces 176-178
41. ATF 116/1990 Ia 325 rés. JdT 1992 I 543 (H. c/ J.) Droit à l'établissement de copies 182-183
43. ATF 101/1975 Ia 73 = JdT 1977 I 67 (Panneau de circulation) Objet de l'acte administratif 191-193
46. ATF 122 II 81 = JdT 1997 I 523 Coordination (en cas de préavis négatif) 202-208
47. ATF 104/1978 Ia 172 = JdT 1980 I 330 (Schefer) Nullité d'un acte administratif 209-212
48. ATF 98/1972 Ia 568 = JdT 1974 I 194 (Commune de Morat) Nullité d'un acte administratif 213-216
51. ATF 107/1981 Ib 35 = JdT 1983 I 558 (P. c/ Tessin) Révocation par une autorité de surveillance 221-222
LIV
54. RDAF 1995, p. 243 Droits acquis au maintien de la législation antérieure 231-233
56. ATF 122/1996 I 328 = JdT 1997 I 452 Contrat de droit administratif (principe de la confiance et 239-243
bonne foi)