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Méthodologie juridique

SYLLABUS

Cours dispensé par :

HORAIRE DE JOUR

Thibaut SLINGENEYER
Sébastien VANVREKOM

Tom COPPÉE
Colombe DE CALLATAŸ
Valéry DE SAEDELEER
Lucie DUBRAY
Violette HANON
Nicolas LECOQ
Guillaume POULAIN
Guillaume SCHULTZ
Estelle VOLCANSEK

HORAIRE Décalé

Thibaut SLINGENEYER

UCLouvain Saint-Louis Bruxelles


Premier bloc du bachelier en droit (horaire de jour et horaire décalé)
Année académique 2023-2024

1
MISES EN GARDE

Remanié et actualisé par l’ensemble des enseignant.e.s, le présent syllabus


se substitue intégralement à celui de l’année académique 2022-2023,
lequel n’a désormais plus cours (y compris ses annexes et autres tirés à part).

Par ailleurs, l’enchaînement, le contenu et/ou les modalités des leçons peuvent
être amenés à varier en fonction des nécessités imposées par un cas de force
majeure (crise sanitaire, etc.).

2
LEÇON I.
INTRODUCTION &
ÉLÉMENTS DE THÉORIE :
LÉGISLATION
(séance plénière) – 2h

CHAPITRE I. INTRODUCTION
À visée introductive, le premier chapitre de cette première leçon dévoile l’objet du cours de
Méthodologie juridique (section 1) et les principes directeurs de la méthodologie juridique
(section 2), avant d’aborder les objectifs et méthodes du cours (section 3).

SECTION 1. L’OBJET DU COURS DE MÉTHODOLOGIE


JURIDIQUE
Comme son intitulé le suggère, le cours de Méthodologie juridique vise à fournir une méthode
pour appréhender le droit. C’est qu’à l’image de la société qui le produit, le droit est complexe
et ne se dévoile pas aussi facilement qu’il y paraît à ses visiteurs. L'objet du cours de
Méthodologie juridique est donc l'étude des méthodes et techniques de recherche et de rédaction
juridiques. Il permet à l'étudiant.e de se familiariser avec les outils de base (tant informatiques
que « papier ») de la recherche juridique et d'apprendre à manipuler les principales sources du
droit, qui constituent des préalables indispensables à la réalisation de tout travail personnel dans
le domaine du droit.

SECTION 2. LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA


MÉTHODOLOGIE JURIDIQUE
De manière générale, la méthodologie juridique s’appuie sur les trois sources du droit
traditionnelles : législation, doctrine et jurisprudence (§1) et s’applique selon la trilogie
« rechercher – comprendre – rédiger », au fondement de la démarche méthodologique (§2).

§1. Les trois sources documentaires du droit : législation, doctrine,


jurisprudence
En droit, il existe trois grandes sources, au sens documentaire du terme1 : la législation, la
doctrine et la jurisprudence. Chacune de ces sources est susceptible de fournir au chercheur les

1
Sur les différents sens de la notion de source du droit, il est renvoyé au cours de Sources et principes du droit.

3
renseignements nécessaires à la résolution d’une problématique juridique déterminée.

(1) La législation recouvre traditionnellement « l’ensemble des règles générales de conduite


édictées par les autorités auxquelles l’ordre juridique reconnaît cette compétence »2. Est donc
visée sous ce terme la « loi » au sens matériel : tout acte qui, pris par une autorité quelconque,
présente un contenu normatif, c’est-à-dire s’applique de manière générale et abstraite. En ce
sens, la loi a un effet obligatoire erga omnes (pour tous).

Les sources « législatives » sont ordonnées selon un principe de hiérarchie, qui permet de
déterminer leur validité et d’assurer la cohérence du système ; en droit interne, la Constitution
l’emporte ainsi sur les règles de niveau législatif (« lois » – au sens formel –, décrets et
ordonnances) qui, quant à elles, priment sur les dispositions réglementaires (qui,
schématiquement, émanent du pouvoir exécutif : arrêtés royaux, arrêtés ministériels, arrêtés
pris par les gouvernements communautaires et régionaux, etc.).

Types d’actes législatifs : la Convention européenne des droits de l’homme, une disposition
constitutionnelle, une loi fédérale, un décret de la Région wallonne, un arrêté royal, …

Exemple issu du travail type : Loi du 4 mai 1999 modifiant diverses dispositions relatives au
mariage, M.B., 1er juillet 1999.

Ces dernières décennies, et partant du constat que « tout le droit n’est pas dans la loi », la
pratique judiciaire a permis de faire émerger du « droit non écrit », qu’on présente comme issu
des prémisses de notre ordre juridique et qu’on appelle les principes généraux du droit. Ceux-
ci constituent désormais de véritables sources du droit, que l’on doit dès lors inclure dans le
concept de législation au sens large, tel qu’il est entendu ici.

(2) La doctrine désigne l’ensemble des publications par lesquelles des auteurs commentent une
matière juridique déterminée.

Contrairement à la législation et à la jurisprudence qui émanent d’autorités habilitées pour ce


faire, la doctrine n’est pas l’œuvre d’un auteur labellisé, elle n’émane pas d’une autorité
officielle. Les auteurs de doctrine n’ont reçu dans l’ordre juridique aucun pouvoir d’édicter des
règles contraignantes en droit ni de rendre des décisions contraignantes en droit. C’est la raison
pour laquelle une opinion doctrinale – aussi essentielle soit-elle pour la connaissance du droit
– n’engage en principe que son auteur.

Types de commentaires doctrinaux : un ouvrage, un article dans une revue, une note d’arrêt dans
une revue…

Types d’auteurs de doctrine : un professeur, un avocat, un conseiller juridique en entreprise…

Exemple issu du travail type : M.-A. BEERNAERT, « Renforcement de l’arsenal législatif anti-
terroriste : entre symboles et prévention », J.T., 2015, p. 834.

2
A. DE THEUX, I. KOVALOVSZKY et N. BERNARD, Précis de méthodologie juridique. Les sources
documentaires du droit, 2e éd., Bruxelles, Publ. F.U.S.L., 2000, p. 29, n°11. Cette définition traditionnelle est
restrictive, en ce sens qu’elle ne vise pas les sources non écrites (cf. infra, chapitre II), que l’on a désormais
coutume d’intégrer dans les sources du droit de type normatif.

4
(3) La jurisprudence vise l’ensemble des décisions rendues par les juridictions, c’est-à-dire les
institutions chargées de trancher, sur la base des exigences de la règle de droit, les conflits qui
leur sont soumis3.

Le juge – qui est l’auteur de la jurisprudence et relève d’une juridiction – statue en droit, et non
en équité4. Il applique à un cas particulier5 la loi générale et abstraite pertinente, et consigne par
écrit, dans une décision jurisprudentielle, la solution à laquelle il aboutit ainsi que les motifs
qui la sous-tendent6. En principe7, cette décision ne s’impose qu’aux parties en litige8.

La Belgique compte trois juridictions dites « suprêmes ». D’abord, la Cour de cassation, qui
coiffe l’ordre judiciaire (cf. infra, leçon II). Elle « connaît des décisions rendues en dernier
ressort qui lui sont déférées pour contravention à la loi ou pour violation des formes, soit
substantielles, soit prescrites à peine de nullité » (C. jud., art. 608) ; elle « ne connaît pas du
fond des affaires » (Const., art. 147). Pour sa part, le Conseil d’État (section du contentieux
administratif) est compétent notamment pour suspendre ou annuler des actes administratifs
(individuels ou réglementaires) émanant d’autorités administratives. Enfin, la Cour
constitutionnelle est compétente pour contrôler la conformité des lois, décrets et ordonnances
aux règles répartitrices de compétences (entre l’État, les communautés et les régions) d’une part
et de l’autre, aux dispositions du Titre II de la Constitution (intitulé « Des Belges et de leurs
droits ») ainsi qu’aux articles 170, 172 et 191 de ladite Constitution. Depuis la sixième réforme
de l’État, la Cour constitutionnelle est également compétente pour contrôler le respect, par la
loi, le décret ou l’ordonnance, du principe de la loyauté fédérale, inscrit à l’article 143, alinéa
1er, de la Constitution.

Les juridictions de l’ordre judiciaire – qui recouvrent la plupart des juridictions du pays – sont
organisées selon un principe de hiérarchie, illustré traditionnellement par le concept de
« pyramide de l’ordre judiciaire » (cf. infra, leçon II, chapitre II). Cette pyramide suppose des
juridictions de niveau inférieur, des juridictions moins nombreuses de niveau supérieur et une
juridiction suprême qui est la Cour de cassation.

Types de décisions de justice : un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, un arrêt


rendu par la section du contentieux administratif du Conseil d’État, un arrêt d’une cour d’appel,
un jugement prononcé par un juge de paix…

Exemple issu du travail type : Cass. (1re ch.), 23 novembre 2017, Rev. dr. étr., 2017, p. 540.

En résumé, la loi édicte, le juge applique, et la doctrine commente.

3
On précise que le terme « juridiction » est un terme générique qui recouvre aussi bien les différentes « cours »
que les différents « tribunaux » (cf. infra, leçon II, chapitre II).
4
Sous réserve des cas dans lesquels le droit positif lui-même invite le juge à tenir compte de l’équité. Sur la notion
d’équité, voy. le cours de Sources et principes du droit.
5
Avec des nuances toutefois pour la Cour constitutionnelle et le Conseil d’État.
6
Le terme « jurisprudence » est entendu ici dans son sens large, désignant la collection des décisions rendues par
les différents juges compétents et consignées par écrit, et non dans un sens strict, renvoyant aux enseignements
communs (non écrits) susceptibles d’être dégagés de l’ensemble des décisions rendues. Sur ces deux acceptions
que revêt le terme générique de jurisprudence, cf. le cours de Sources et principes du droit.
7
Avec des nuances toutefois pour la Cour constitutionnelle et le Conseil d’État.
8
Voy. le cours de Sources et principes du droit. Précisons que le terme « décision » est un terme générique qui
recouvre à la fois les « arrêts » rendus par les cours et les « jugements » prononcés par les tribunaux.

5
Le présent syllabus est construit autour de la summa divisio classique « législation – doctrine –
jurisprudence », que l’on vient de présenter. Cette présentation ne doit cependant pas occulter
les interactions que ces sources entretiennent entre elles.

(1) La législation exerce une influence fondamentale sur la doctrine et sur la jurisprudence,
puisque l’une la commente et l’autre l’applique.

(2) La doctrine peut, à son tour, imprimer sa marque sur le législateur en proposant des réformes
au niveau de la législation (doctrine dite de lege ferenda). Les travaux préparatoires des lois
contiennent de nombreuses références à des œuvres doctrinales, des professeur.e.s de droit sont
invité.e.s comme expert.e.s dans les différents parlements du pays… La doctrine exerce
également une influence sur la jurisprudence9. Chargé d’appliquer le texte légal adéquat afin
de trancher le litige qui lui est soumis, le juge devra l’interpréter. À cette fin, le juge aura recours
aux différents commentaires doctrinaux rédigés en la matière, quand bien même, il ne citerait
pas expressément, dans la décision qu’il rend, les sources doctrinales consultées.

(3) Inversement, la jurisprudence influence la doctrine qui commente non pas le droit abstrait,
mais le droit vécu et pratiqué sur le terrain par les magistrats. Un auteur est toujours heureux
de pouvoir appuyer l’interprétation d’un texte qu’il préconise sur des décisions de
jurisprudence, en particulier sur les arrêts des juridictions supérieures. Enfin, la jurisprudence
peut, le cas échéant, conduire le législateur à revoir sa copie, notamment lorsque les juges
laissent entrevoir dans leurs décisions des difficultés d’application d’un texte normatif.

§2. La trilogie « rechercher – comprendre – rédiger »


Pour tenir, sur une matière juridique, un discours cohérent, structuré et intelligent, il faut
pouvoir accéder à ses différentes sources et les décrypter. Il faut donc rechercher les sources
du droit et les comprendre afin de parvenir, in fine, à rédiger un écrit sur une thématique
juridique déterminée.

D’abord s’ouvre le temps de la recherche des sources du droit ; comment trouver les sources
les plus appropriées à un thème juridique donné ? Une fois trouvée, la source en question doit
encore être lue et comprise adéquatement. Le langage juridique tient parfois du jargon et, plus
fondamentalement, le droit sécrète des logiques spécifiques dont il faut progressivement
s’imprégner. Une fois, enfin, qu’on s’est emparé de l’ensemble des sources disponibles et qu’on
les a comprises adéquatement, il reste à structurer une pensée et rédiger un écrit cohérent. Des
arguments épars et non interconnectés ne forment en effet pas un discours juridique pertinent.
Par ailleurs, les sources documentaires, qu’elles existent sous forme « papier » ou informatique,
requièrent d’être mentionnées dans le travail juridique qu’elles étayent : elles doivent faire
l’objet de références, correctement rédigées. Discipline orientée vers l’écrit, la méthodologie
juridique attache une importance considérable aux références accompagnant nécessairement
toute œuvre rédactionnelle en droit.

Ceci étant, ce schéma séquentiel tient un peu de la vue de l’esprit sur le plan de la méthode
pratique à adopter dans le chef d’un.e étudiant.e de première année de baccalauréat. Comment,
en effet, parvenir à trouver quelque chose (une source de droit ici) dont on n’aurait pas, déjà,

9
Sans oublier que les auteurs et autrices de doctrine peuvent commenter ce que d’autres auteurs et autrices ont
écrit.

6
une certaine idée ? Sans une connaissance au moins sommaire (et a priori) de ce que l’on
cherche, il est malaisé de couronner sa quête de succès. En effet, pour un.e étudiant.e débutant.e,
« comprendre » une source du droit revient, d’abord et avant tout, à savoir comment la lire, qui
la prononce et quel est son impact – compréhension formelle –, tandis que, dans le chef d’un
juriste plus chevronné, « comprendre » une telle source signifie intégrer son contenu –
compréhension du fond.

Ainsi, le présent cours de Méthodologie juridique évoque la compréhension des différentes


sources avant d’aborder les développements relatifs à la recherche de chacune de ces sources
respectives. Il s’agit par-là de s’assurer que l’étudiant.e aura assimilé au préalable les
fondements théoriques de ces sources.

SECTION 3. LES OBJECTIFS ET MÉTHODES DU COURS DE


MÉTHODOLOGIE JURIDIQUE
Cette section a pour objet d’apporter des renseignements pratiques relatifs au cours : qui le
donne (§1), comment se présente-t-il (§2) et comment les étudiant.e.s sont-ils évalués (§3) ?

§1. Les enseignant.e.s


Qui sont les titulaires (A) et les assistant.e.s (B) du cours de Méthodologie juridique ? Précisons
d’emblée que tous ont une adresse mail composée comme suit : prénom.nom@uclouvain.be.

A. Les titulaires du cours

a) Horaire de jour

Thibaut SLINGENEYER (bureau A1 – 38 Botanique (rez) – ligne directe : 02/211.79.26)

Sébastien VANVREKOM (bureau 6008 – 119 Marais – ligne directe : 02/792.36.53)

b) Horaire décalé

Thibaut SLINGENEYER (bureau A1 – 38 Botanique (rez) – ligne directe : 02/211.79.26)

B. Les assistant.e.s (H. jour)


Tom COPPEE (paysager P25 – Préfecture (2e) – ligne commune : 02/792.36.81 et 82)

Colombe DE CALLATAŸ (paysager P25 – Préfecture (2e) – ligne commune : 02/792.36.81 et 82)

Valéry DE SAEDELEER (paysager P25 – Préfecture (2e) – ligne commune : 02/792.36.81 et 82)

Lucie DUBRAY (paysager P25 – Préfecture (2e) – ligne commune : 02/792.36.81 et 82)

7
Violette HANON (paysager P25 – Préfecture (2e) – ligne commune : 02/792.36.81 et 82)

Nicolas LECOQ (bureau G4 – 38 Botanique (§e) – ligne directe : 02/792.)

Guillaume POULAIN (paysager P25 – Préfecture (2e) – ligne commune : 02/792.36.81 et 82)

Guillaume SCHULTZ (bureau G5 – 38 Botanique (6e) – ligne directe : 02/792.35.24)

Estelle VOLCANSEK (paysager P25 – Préfecture (2e) – ligne commune : 02/792.36.81 et 82)

§2. L’enseignement
Quelques pages décriront ci-dessous le type d’enseignement que constitue le cours de
Méthodologie juridique (A), ses objectifs (B), sa périodicité (et l’exigence d’assistance aux
séminaires) (C), ses prérequis (D), ses supports et dispositifs pédagogiques (E) et ses liens avec
d’autres cours (F).

A. Le type d’enseignement
Il s’agit d’un enseignement dispensé à la fois sous forme de séances plénières, qui ont lieu en
auditoire, et de séminaires en petits groupes (25 étudiant.e.s environ), qui se donnent en
bibliothèque, en salle de cours classique et en salle informatique et auxquels est affecté un.e
enseignant.e fixe.

B. Les objectifs du cours


Au terme du cours, l'étudiant.e doit mettre en œuvre les outils de recherche enseignés et
démontrer sa capacité à manipuler les principales sources du droit par la rédaction d'un travail
de synthèse sur un sujet qui lui est attribué. Concrètement, il.elle doit, à cette occasion, chercher,
trouver, synthétiser et présenter par écrit l'état du droit en vigueur sur le sujet donné.

Cela implique notamment la maîtrise des différents « moyens d'accès » à la législation, à la


doctrine et à la jurisprudence, la capacité à manier utilement les matériaux ainsi trouvés et à les
confronter ensuite pour en retirer la substance servant de base à la rédaction d'un travail
personnel et original.

Autrement dit, les étudiant.e.s doivent acquérir des « réflexes » (en bibliothèque et face à un
ordinateur) ainsi qu'une méthode de travail pour, in fine, parvenir à structurer et restituer leur
sujet de manière claire et cohérente.

Dans cette perspective, l'accent sera également mis sur le vocabulaire juridique et sur les
exigences de rigueur et de précision que le droit postule, notamment eu égard à l'évolution
permanente qui le caractérise.

8
C. La périodicité de l’enseignement et l’assistance aux séminaires
Le cours est étalé sur les deux quadrimestres et se compose de neuf séances, de deux heures
chacune, étant entendu, cependant, que six séances sont concentrées sur le premier
quadrimestre.

Cinq séances sont données par les titulaires du cours sous forme de cours « magistral », en
auditoire plénier. Elles sont consacrées respectivement aux fondamentaux de la méthodologie
juridique, aux éléments théoriques afférents aux trois sources du droit (législation, doctrine,
jurisprudence) et aux références.

Les autres séances, au nombre de quatre, prendront la forme de séminaires (d’où la


dénomination du cours…). Ces séances « en petits groupes » permettront de découvrir la
bibliothèque, de recevoir les instructions liées au travail dit de fin d'année (mais à remettre avant
le début des vacances de Pâques), ainsi que – et c’est le plus gros morceau – d’apprendre à
comprendre et rechercher concrètement les trois sources du droit.

L’organisation décrite ci-dessus est susceptible d’être modifiée en fonction des nécessités
imposées par un cas de force majeure (crise sanitaire, etc.).

L’assistance aux séances de méthodologie juridique est obligatoire (cf. art. 17, §1er, des
Dispositions d’exécution du Règlement général des études et des examens pour la faculté de
droit (appelées usuellement le Règlement de la faculté de droit) et fiche descriptive de l’unité
d’enseignement)10.

L’article 17, §3, dudit Règlement énonce que « La justification des absences (…) doit intervenir
au plus tard le jour qui suit la fin de l’empêchement, faute de quoi elle est irrecevable. Elle fait
l’objet d’une notification à l’administration facultaire conformément à l’article 103 du RGEE »
(ce dernier sigle renvoyant au Règlement général des études et des examens, valable pour
l’ensemble de l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles). Selon cet article 103 (al. 1er), l’étudiant.e
« remet à l’administration facultaire l’original des pièces justificatives éventuelles, c’est-à-dire
un certificat médical ou tout autre document dont la force probante est laissée à l’appréciation
souveraine du président du jury. Toutefois, lorsque ce jour est un samedi, un dimanche, le 27
septembre ou un jour férié légal, le jour de la remise des pièces est reporté au plus prochain jour
qui ne soit l’un de ceux-ci ».

En termes de conséquences, l’absence injustifiée à plus d’une séance est sanctionnée par une
note globale égale à 0A/20, le A signifiant « absent·e », pour l’unité d’enseignement à la session
concernée (cf. art. 17, §2, du Règlement précité et fiche descriptive)11.

(3) En tout état de cause, la ponctualité est requise ; en cas de retard sans justification aux
séances, l'étudiant.e peut se voir refuser l'entrée au local et être considéré.e comme étant en
absence injustifiée. Par ailleurs, tout étudiant.e qui se présente à une séance de séminaire sans
les documents requis par l’enseignant.e est susceptible d’être exclu.e de cette séance et, de ce
fait, considéré.e comme absent.e sans justification valable.

10
On trouvera les deux (Règlement de la faculté de droit et fiche descriptive) sur le site internet de l’UCLouvain
Saint-Louis Bruxelles.
11
Les contestations éventuelles à cet égard se feront par le biais d’un recours ultérieur à l’encontre de la décision
du jury adoptée dans le cadre de la délibération relative à la session concernée (cf. art. 156 ou 157 du RGEE).

9
Enfin, l’étudiant.e est prié.e de respecter scrupuleusement l’horaire établi par
l’administration facultaire pour les séminaires de méthodologie juridique : chacun reste dans
le groupe qui lui a été dévolu par l’administration facultaire et se présente aux jours et heures
fixés pour ledit groupe. En cas de problème, il convient de s’adresser à l’administration
facultaire.

D. Les prérequis
La maîtrise de la langue française est un préalable indispensable, non seulement pour le présent
cours, mais pour l’ensemble du cursus en droit.

E. Les supports et dispositifs pédagogiques


1) Le support pédagogique principal du cours de Méthodologie juridique consiste dans le
présent syllabus, le cas échéant, enrichi par des documents complémentaires postés sur Moodle.
Ce syllabus suit très rigoureusement l’ordre des séances dispensées. En vue dès lors de viser
une facilité optimale d’utilisation pour l’étudiant.e, il est divisé en neuf « leçons »,
correspondant aux moments successifs de cet enseignement 12.

L’étudiant.e y trouvera aussi bien les soubassements théoriques indispensables à la bonne


maîtrise des ressorts de la méthodologie juridique que des batteries d’exercices destinés à
éprouver la compréhension pratique et la bonne assimilation des notions développées.

Eu égard à l’évolution fulgurante des technologies de l’information durant la dernière décennie,


le syllabus ménage une large place aux procédés informatiques de la recherche documentaire.
Compte tenu du fait que le cours démarre très tôt dans l’année, à un moment où les rudiments
du droit international et européen n’ont pas encore été enseignés, l’enseignement de la
recherche documentaire sera axé sur les sources puisant leur origine au sein de l’ordre juridique
belge. Dans la mesure, toutefois, où le juriste ne peut ignorer le droit international et européen,
qui font partie du droit positif belge au même titre que les normes nationales, des
développements, certes plus succincts, seront consacrés à la recherche documentaire des
sources supranationales. Ne faisant pas à proprement parler partie de la matière d’examen, ces
développements sont repris, dans le présent syllabus, en italiques et caractères 10, sous le
vocable « Pour aller plus loin ».

2) Le syllabus d’annexes, reprenant entre autres des exemples concrets de sources législatives,
doctrinales et jurisprudentielles, permet d’illustrer les différents enseignements du cours.

Ces exemples de sources sont eux-mêmes empruntés au travail type (cf. annexe 4 de la leçon
V, dans le syllabus d’annexes), qui est destiné à fournir aux étudiant.e.s un exemple du travail
écrit attendu de leur part sur une thématique juridique déterminée, qui leur sera précisée en
début d’année (cf. infra, leçon V, chapitre III). Il s’agit via ces exemples de sources de mettre
autant que faire se peut en exergue les différentes étapes à observer pour passer de la collecte
de sources documentaires afférentes à une thématique à la rédaction d’un travail destiné à
expliciter dans les grandes lignes la thématique donnée.

12
Et ce malgré le risque de redondances et redites que cette option pédagogique emporte.

10
3) Les supports de législation appelés « codes » (au premier rang desquels le Code Bac Saint-
Louis 2023)13, les bases de données juridiques et autres outils informatiques, tout comme la
bibliothèque de droit de l’Université, constituent des supports pédagogiques éminemment
précieux. L’étudiant.e est tenu.e de se familiariser avec ces outils tout au long de l’année, et
d’en démontrer sa maîtrise à l’occasion de l’examen14.

4) Last but not least, le Guide des citations, références et abréviations juridiques15, conçu
comme le support principal des leçons relatives aux références (leçons VIII et IX), sert de mètre
étalon dans la confection des références, en plus de fournir de nombreuses règles de base
d’ordre syntaxique et typographique.

F. L’articulation avec les cours de sources et principes du droit et de critique


des sources d’information (et séminaire en sciences humaines)
(1) Le cours de Méthodologie juridique est conçu dans un souci de complémentarité avec le
cours de sources et principes du droit (SPD).

De nombreux concepts fondamentaux du droit et autres institutions juridiques sont à la fois


examinés au cours de Méthodologie juridique et, de manière plus approfondie, durant les
enseignements de Sources et principes du droit. L’examen réalisé au cours de Méthodologie
juridique a essentiellement une visée « pratique ». Ainsi apprend-il à l’étudiant.e à rassembler,
à propos d’un sujet déterminé, les sources du droit pertinentes, dont il aura étudié, de façon
générale, les modes d’élaboration au cours de sources et principes du droit. Ainsi insiste-t-il sur
la structure des décisions jurisprudentielles, là où le cours de Sources et principes du droit
s’attache au fond de ces décisions. Ou encore, le cours de Méthodologie juridique s’attarde sur
la terminologie et les modalités de la recherche dans les arrêts de la Cour constitutionnelle, et
non sur les enseignements de principe qui s’en dégagent.

En clair, et de manière quelque peu caricaturale, le cours de Méthodologie juridique entend


donner un cadre aux enseignements de principe exposés durant le cours de Sources et principes
du droit16.

(2) Le cours de Méthodologie juridique entretient également des liens évidents avec le cours de
Critique des sources d’information (CSI) (et du Séminaire en sciences humaines). Ce dernier
porte notamment un regard critique sur les sources documentaires du droit, en suggérant des
critères destinés à apprécier la pertinence des sources récoltées (en fonction de leur auteur, par
exemple). Là où la méthodologie juridique met l’accent sur la recherche des textes légaux,
doctrinaux et jurisprudentiels, leur compréhension formelle et la rédaction d’un travail

13
Cf. infra, chapitre II.
14
Pour connaître les horaires d’ouverture de la bibliothèque, cf. :
http://www.usaintlouis.be/sl/bib_horaire_presentation.html.
15
N. BERNARD (dir.), Guide des citations, références et abréviations juridiques, 6e éd., Waterloo, Kluwer, 2017.
16
Un professeur français disait récemment : « La méthodologie juridique est purement formelle et n’a aucun égard
pour le fond du droit. Sa fonction est d’observer et d’expliquer la "mécanique du droit", quels que soient les
résultats que celle-ci produit » (B. BARRAUD, La recherche juridique. Sciences et pensées du droit, Paris,
L’Harmattan, 2016, p. 4).
Attention toutefois : le « fond du droit » ne sera pas à négliger dans le cadre du travail de méthodologie juridique
que chaque étudiant devra remettre (cf. infra), puisqu’il faudra naturellement que le sujet donné soit correctement
traité quant à son contenu.

11
juridique, la Critique des sources d’information (et le Séminaire en sciences humaines) invite à
une compréhension plus en profondeur de celles-ci, en armant le chercheur pour (tenter de)
distinguer le bon grain de l’ivraie.

§3. L’évaluation
Après quelques considérations introductives (A) et la mention, pour mémoire, de l’existence du
travail écrit (B) qui sera détaillé ultérieurement, ce sont les examens (C) qui retiendront
principalement l’attention à ce stade.

Les règles énoncées ci-dessous sont susceptibles d’être modifiées en fonction des nécessités
imposées par un cas de force majeure (crise sanitaire, etc.).

A. Généralités
Le cours de Méthodologie juridique est coté sur 20 points. Il fait l’objet de trois épreuves
certificatives sur l’année. En effet, il donne lieu à un examen écrit à la fin du premier
quadrimestre (décembre), et à un examen oral en fin d’année académique (mai-juin) ; par
ailleurs, il implique la remise, juste avant les vacances de Pâques, d’un travail écrit de six pages
sur un thème donné.

La réussite à l’examen écrit du premier quadrimestre (cote égale ou supérieure à 10/20)


dispense l’étudiant.e d’une partie (substantielle) de la matière afférente à ce même
quadrimestre ; ce, tant en première session (mai-juin) qu’en seconde session (août-septembre).
En plus, cette cote entre pour ¼ (25%) dans la note finale associée à l’ensemble du cours, que
l’on soit en première ou seconde session ; le reste de la note finale (¾, ou 75%) se répartit entre
le travail écrit, valorisé à hauteur de ½ (50%), et l’examen oral, valorisé à hauteur de ¼ (25%).

En revanche, la cote obtenue en cas d’échec à ce même examen écrit n’est pas comptabilisée
dans la note finale. En d’autres mots, si c’est raté, c’est effacé ! Le travail écrit sera alors
valorisé à hauteur de 2/3 et l’examen oral à hauteur de 1/3, aussi bien en première session qu’en
seconde.

Exemple :

- examen écrit : 15/20


travail écrit: 12/20
examen oral: 10/20
note finale : 15 + (2 x 12) + 10 = 49, le tout divisé par 4 (pour ramener la note sur 20) = 12,25/20, ce
qui sera ramené à 12/20

- ceteris paribus, si le.la même étudiant.e fait 5/20 à l’examen écrit, cela donne :
(12 x 2) + 10 = 34/60 donc 11,3333/20, ce qui sera ramené à 11/20

Les étudiant.e.s qui ont obtenu minimum 10/20 pour le cours de Méthodologie juridique en
première session (mai-juin) ont acquis les crédits y afférents et ne peuvent dès lors pas repasser
le cours en seconde session (août-septembre), quand bien même ils auraient échoué à leur
travail écrit ou à leur examen oral (et quand bien même également ils désireraient améliorer
leur cote — pour rehausser leur moyenne par exemple).

12
Sous réserve de l’application en délibération de la règle dit du déficit acceptable, les étudiant.e.s
qui n’ont pas acquis les crédits afférents au cours de Méthodologie juridique en première
session (mai-juin) doivent toujours représenter l’examen oral en seconde session. En outre, ils
sont tenus de rendre un travail écrit, à moins qu’ils aient décroché pour celui-ci une note égale
ou supérieure à 10/20 en première session. Pour leur travail écrit, les étudiant.e.s
approfondissent en seconde session le thème donné en première session, en améliorant ce qui
doit l’être.

L’absence de présentation effective d’au moins une épreuve certificative hypothèque


grandement la réussite de l’unité d’enseignement pour la session concernée (cf. fiche
descriptive). En d’autres mots, la cote de présence (à un examen) ou la remise d’une page de
garde (relative à un travail écrit), évaluée à 0/20, réduit quasi à néant les chances d’obtenir les
crédits attribués au cours de Méthodologie juridique.

Les étudiant.e.s « bisseurs » qui doivent repasser le cours de Méthodologie juridique l’année
d’après sont tenus de tout représenter (examen écrit, travail, examen oral), quand bien même
ils auraient réussi l’une ou l’autre des composantes du cours. Ils.elles auront un nouveau thème
pour le travail.

B. Le travail écrit
Les exigences relatives au travail écrit sont détaillées infra, au chapitre III de la leçon V.

Comme l’absence injustifiée à plus d’une séance de cours (cf. supra), l’absence injustifiée de
remise du travail écrit est sanctionnée par une note globale égale à 0A/20 pour l’unité
d’enseignement à la session concernée (cf. fiche descriptive).

C. Les examens
Deux examens sont prévus sur l’année académique : un examen écrit à l’issue du premier
quadrimestre (décembre) (a) et un examen oral à l’issue du second quadrimestre (mai-juin) (b).

Comme l’absence injustifiée à plus d’une séance de cours ou de remise du travail écrit (cf.
supra), l’absence injustifiée à un examen est sanctionnée par une note globale égale à 0A/20
pour l’unité d’enseignement à la session concernée (cf. art. 101 du Règlement général des
études et des examens — ci-après « RGEE » — et fiche descriptive).

a) L’examen écrit clôturant le premier quadrimestre

a.1) Ce qui est matière d’examen

L’ensemble de la matière enseignée au premier quadrimestre fait l’objet d’un examen écrit à la
fin du premier quadrimestre.

Plus précisément, les leçons du syllabus enseignées au premier quadrimestre doivent être

13
connues, sous réserve des développements « Pour aller plus loin » figurant en italiques et
caractères 10. Est également matière d’examen tout ce qui a été dit au cours magistral et durant
les séances de séminaire (tant en bibliothèque qu’en salle informatique) du premier
quadrimestre.

Les exemples, textes juridiques et décisions jurisprudentielles travaillés lors des séances de
séminaire au départ du syllabus d’annexes peuvent faire l’objet de questions d’examen. Par
ailleurs, les commentaires et concepts vus à cette occasion doivent pouvoir être exposés à partir
d’un texte normatif, d’un commentaire doctrinal ou d’une décision de jurisprudence fourni(e)
lors de l’examen.

a.2) Déroulement de l’examen

L’examen écrit est d’ores et déjà fixé au samedi 9 décembre 2023, de 9h à 11h.

Il est conçu sous la forme d’une série de questions – formant éventuellement plusieurs
questionnaires différents. Chaque étudiant.e verra son examen corrigé par le titulaire du groupe
de séminaire dont il relève.

b) L’examen oral clôturant l’année académique

b.1) Ce qui est matière d’examen

Pour les étudiant.e.s qui ont échoué à l’examen écrit du premier quadrimestre (cote inférieure
à 10/20), l’examen oral de fin d’année (mai-juin) porte sur l’ensemble de la matière enseignée
au cours de l’année.

Plus précisément, le syllabus doit être connu, sous réserve des développements « Pour aller
plus loin » figurant en italiques et caractères 10. Est également matière d’examen tout ce qui a
été dit au cours magistral et durant les séances de séminaire (tant en bibliothèque qu’en salle
informatique).

Les exemples, textes juridiques et décisions de justice travaillés lors des séances de séminaire
au départ du syllabus d’annexes peuvent faire l’objet de questions d’examen. Par ailleurs, les
commentaires et concepts vus à cette occasion doivent pouvoir être exposés à partir d’un texte
normatif, d’un commentaire doctrinal ou d’une décision de jurisprudence, trouvé(e) par
l’étudiant.e, au sujet de la thématique juridique qui lui a été dévolue lors de l’examen.

Pour les étudiant.e.s ayant réussi l’examen écrit du premier quadrimestre (cote égale ou
supérieure à 10/20), la matière de l’examen oral est non seulement celle enseignée au second
quadrimestre, mais également l’aptitude à procéder à des recherches de sources documentaires
(électroniques et papier). En sus, l’étudiant.e doit être à même de répondre à des questions
pratiques ou d’application induites par les recherches effectuées par lui.elle durant l’examen,
qui auraient pour fondement la matière théorique du premier quadrimestre.

14
b.2) Déroulement de l’examen

L’examen de méthodologie juridique se déroule en mai et éventuellement en juin (et, en cas de


seconde session, en août et éventuellement en septembre) dans une salle informatique de
l’Université ou dans tout autre local désigné, voire en ligne. Dans tous les cas, la maîtrise du
fonctionnement de la bibliothèque et des outils informatiques est donc indispensable à la
réussite de l’examen.

L’examen est oral. Les étudiant.e.s recevront deux questions à préparer, qui combinent
notamment recherches et références. Face à l’examinateur, ils auront à répondre à diverses
petites questions en lien avec celles qui ont été préparées. En outre, les étudiant.e.s non
dispensé.e.s de la matière du premier quadrimestre se verront poser des questions sur cette
matière.

Durant toute la durée de l’examen, l’étudiant.e pourra disposer de son Guide des citations,
lequel ne pourra comporter ni annotation ni post-it. L’utilisation de tout moyen de
communication (téléphone, e-mail, sms, « chat », etc.) est, bien entendu, proscrite, de même
que toute interaction avec une autre personne au moment de l’examen.

15
CHAPITRE II. ÉLÉMENTS DE THÉORIE :
LÉGISLATION
Dans le cadre des éléments de théorie relatifs aux sources du droit, il paraît justifié de démarrer
par l’examen de la législation. En effet, loin d’être la source exclusive du droit, la loi (au sens
matériel du terme) n’en demeure pas moins la source principale. On n’insistera jamais assez là-
dessus : la législation est le « cœur » de tout sujet de recherche en droit, puisque, sans elle, pas
– ou peu – de doctrine pour le commenter et pas – ou peu – de jurisprudence pour l’appliquer…

Seront successivement traités ici les actes normatifs, la législation au sens propre (section 1) et
les travaux préparatoires de ces actes normatifs que l’on peut qualifier de « pré-législation »
(section 2). Pour rappel, ces points seront principalement étudiés sous l’angle du droit interne.

SECTION 1. LES ACTES NORMATIFS


Une fois la définition (§1) et les catégories (§2) des actes normatifs exposées, nous poserons
d’ores et déjà les premiers jalons de la recherche en législation (cf. infra, leçons III et IV) en
évoquant les principes généraux gouvernant une telle recherche (§3) et, de manière très
sommaire, les outils qui recèlent de la législation (§4).

§1. Notion
Comme nous l’avons vu dans les propos introductifs, la législation est « l’ensemble des règles
générales de conduite [le plus souvent] édictées par les autorités auxquelles l’ordre juridique
reconnaît cette compétence »17. Est donc visée sous ce terme la loi au sens matériel : toute règle
de droit générale et abstraite (autrement dit, qui a un effet obligatoire erga omnes), quelle qu’en
soit la source, qu’elle soit écrite ou non18.

Exemples de législation : la Convention européenne des droits de l’homme, une disposition


constitutionnelle, une loi fédérale, un décret de la Région wallonne, un arrêté royal, un arrêté ministériel,
un règlement communal, une coutume, un principe général de droit, …

Question : À quelles autorités l’ordre juridique reconnaît-il la compétence d’édicter des règles – écrites –
générales et abstraites ?

17
A. DE THEUX, I. KOVALOVSZKY et N. BERNARD, op. cit., p. 29, n°11.
18
L’ajout de l’adverbe « le plus souvent » dans la définition qui précède permet de viser les règles non écrites
considérées malgré tout comme des « lois » au sens matériel… Cela dit, sauf contre-indication expresse, c’est de
sources législatives écrites dont nous parlerons tout au long du présent syllabus.

16
§2. Typologie
En droit interne, et de manière synthétique, on distingue les niveaux suivants :

(1) le niveau constitutionnel

(2) le niveau législatif :

(a) les lois spéciales

(b) les lois formelles au sens strict, adoptées par le pouvoir législatif fédéral

(c) les lois formelles au sens large, adoptées par l’organe législatif d’une
collectivité politique fédérée, étant entendu que l’intensité de la force
obligatoire de celles-ci est en principe équivalente à celle des lois formelles
au sens strict :

- décrets de la Communauté française


- décrets de la Communauté flamande (ayant absorbé les compétences de
la Région flamande)
- décrets de la Communauté germanophone
- décrets de la Région wallonne
- décrets de la Commission communautaire française (COCOF)
- ordonnances de la Région de Bruxelles-Capitale (attention : statut
particulier)
- ordonnances de la Commission communautaire commune (C.C.C.,
souvent appelée COCOM) (attention : statut particulier)

(3) le niveau réglementaire :

(a) les arrêtés royaux pris par le Roi, les arrêtés ministériels adoptés par des
ministres du gouvernement fédéral19

(b) les arrêtés pris par les gouvernements communautaires et régionaux, ainsi
que par les Collèges des commissions communautaires commune et
française, les arrêtés pris par les membres de ces organes collégiaux

(4) le niveau réglementaire décentralisé :

(a) les règlements et arrêtés de la Commission communautaire française


(agissant comme autorité décentralisée, hors domaines 138 de la
Constitution), de la Commission communautaire commune (agissant comme
autorité décentralisée) et de la Commission communautaire néerlandaise
(Comm. comm. néerl., souvent appelée COCON)

(b) règlements et ordonnances provinciaux

(c) règlements et ordonnances communaux

19
Les circulaires ministérielles ne sont, en principe, pas des règlements, dans la mesure où elles ne revêtent
généralement aucune force obligatoire à l’extérieur de l’administration.

17
Pour aller plus loin (renvoi au cours de Sources et principes du droit)

(1) Au sein des sources du droit de l’Union européenne, une distinction est traditionnellement faite entre le droit
primaire et le droit dérivé.

Le droit primaire est essentiellement formé par le traité instituant la Communauté économique européenne. Ce
traité a été signé à Rome le 25 mars 1957 et est entré en vigueur le 1er janvier 1958. Il a par la suite été modifié
à plusieurs reprises : par l’Acte unique européen (signé le 28 février 1986 et entré en vigueur le 1er juillet 1987),
le traité de Maastricht (signé le 7 février 1992 et entré en vigueur le 1er novembre 1993)20, le traité d’Amsterdam
(signé le 2 octobre 1997 et entré en vigueur le 1er mai 1999), le traité de Nice (signé le 26 février 2001 et entré
en vigueur le 1er février 2003), et le traité de Lisbonne (signé le 13 décembre 2007 et entré en vigueur le 1 er
décembre 2009).

Le droit dérivé recouvre pour sa part l’ensemble des actes adoptés par les institutions de l’Union pour mettre en
œuvre le traité, à savoir, notamment, les règlements et les directives.

La validité du droit dérivé est subordonnée au respect du droit primaire.

(2) En droit international, on distinguera en particulier la Convention européenne des droits de l’homme, conclue
dans le cadre du Conseil de l’Europe, des instruments universels, élaborés dans l’enceinte des Nations Unies.

Dans le domaine des droits de l’homme, la réalisation la plus importante du Conseil de l’Europe est assurément
la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, mieux connue sous le nom de
Convention européenne des droits de l’homme. Cette Convention fut signée à Rome le 4 novembre 1950 et est
entrée en vigueur à l’égard de la Belgique le 14 juin 1955. Par la suite, elle fut complétée par divers Protocoles
additionnels.

Parmi les différentes conventions conclues dans le cadre des Nations Unies en matière de droits de l’homme, on
mentionnera essentiellement :

- le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966),


- le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966),
- la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discriminations raciales (1966),
- la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes (1979),
- la Convention internationale contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants (1984),
- la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (1989),
- la Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006).

§3. Principes généraux gouvernant la recherche normative


Comment mener – avec succès – une recherche de textes normatifs sur un thème donné ? Tel
sera l’objet des leçons III et IV. Avant toutefois de se lancer dans une recherche particulière, le
juriste doit s’imprégner des quelques principes généraux qui gouvernent pareille entreprise,
dont ceux qui consistent à faire du droit à jour (A) et à tenir compte de la hiérarchie des normes
(B).

20
C’est le traité de Maastricht qui transforma la Communauté européenne en Union européenne.

18
A. Lien entre recherche normative et actualité juridique
D’abord et avant tout, qui cherche la législation applicable à un thème donné doit trouver la loi
en vigueur aujourd’hui21. Matière par essence mouvante, le droit requiert de ceux qui le
pratiquent qu’ils se réfèrent constamment aux réglementations telles qu’elles existaient (et
existent toujours) au moment de leur dernière modification. Si ce n’est pour les historiens ou
sociologues du droit, le seul droit qui compte, c’est le droit à jour.

La préoccupation fondamentale du juriste est donc de retrouver, à propos du sujet étudié, la ou


les normes en vigueur : le risque est grand en effet de se fonder sur des dispositions modifiées,
voire supprimées (abrogées), sans tenir compte de leur modification ou suppression
(abrogation).

Ce danger est accru par l’instabilité et la complexité croissante du système normatif (A) que ne
parviennent plus à tempérer certaines tentatives de systématisation (B).

a) Instabilité et complexité

La recherche de la législation applicable à un sujet donné peut s’avérer malaisée en raison d’une
pluralité de facteurs épars, dont on retiendra les suivants (a.1 à a.3).

a.1) Premier facteur de complication : l’inflation normative, les modifications, les


abrogations

Le système normatif évolue constamment, par touches successives, et ce mouvement n’a de


cesse de s’accélérer. C’est en ce sens qu’on parle d’ « inflation législative ».

L’inflation législative peut se concrétiser par l’adoption de textes nouveaux tendant à régir des
domaines qui avaient, auparavant, échappé à toute réglementation de ce niveau. Parfois, c’est
l’ensemble d’un texte qui est remplacé par un autre texte. Mais le plus souvent, l’adaptation de
la législation se fait par des modifications partielles : insertion, remplacement ou suppression
(abrogation) d’articles, de subdivisions d’articles, de groupes d’articles, de sections, de
chapitres ou de titres.

Ce mouvement de « frénésie normative » s’est accéléré ces dernières décennies. Certains textes
sont régulièrement modifiés, particulièrement dans des matières « mouvantes » comme le droit
fiscal ou le droit social. Il arrive aussi que des textes soient modifiés avant leur entrée en
vigueur, voire même avant leur publication ; que soit déposé au Parlement un projet de loi
modifiant des textes qui n’ont pas encore été adoptés par le législateur ; ou encore qu’une même
loi soit modifiée par deux lois portant la même date. À preuve ou à témoin, l’addition de toutes
les éditions du Moniteur belge (cf. infra, §4) de l’année 2019 porte à 119.518 le nombre de
pages publiées sur ladite année. Autrement dit, l’année 2019 a, du point de vue de la masse de
normes publiées au Moniteur belge, pulvérisé tous les records (ayant dépassé le précédent de

21
Cette exigence de connaître le droit en vigueur n’est pas toujours centrale. Ainsi, un historien du droit pourrait
ne pas être intéressé par le droit à jour, un avocat pourrait être intéressé de connaître le droit applicable le jour de
la conclusion du contrat et non le droit en vigueur aujourd’hui…

19
2017, avec 117.002 pages22). Et après une année 2020 plus calme en raison de la pandémie
(moins de cent mille pages publiées), le mouvement pourrait bien repartir à la hausse.

Une telle instabilité rend particulièrement ardues non seulement la recherche documentaire,
mais également la détermination précise du droit applicable à une situation donnée.

Exemple issu du travail type : Loi du 18 juin 2018 portant dispositions diverses en matière de droit civil
et des dispositions en vue de promouvoir des formes alternatives de résolution des litiges, M.B., 2 juillet
2018.

a.2) Deuxième facteur de complication : le morcellement des compétences

Le transfert de compétences (autrefois exercées par l’État unitaire) à des collectivités politiques
distinctes (communautés, régions, …) ne facilite guère la recherche normative et ce, pour deux
raisons au moins.

D’une part, les textes « nationaux » (lois ou arrêtés) réglant des matières transférées aux entités
fédérées sont susceptibles d’évoluer différemment au sein de chacune de celles-ci. Chaque
entité fédérée compétente peut en effet décider d’abroger et de remplacer la législation nationale
dont elle a hérité, tout comme elle peut, au contraire, choisir de maintenir le texte édicté avant
le transfert de compétences, en le modifiant progressivement.

Illustration : Voyez les évolutions différentes de l’article 14 de la nouvelle loi communale du 24 juin
1988.

D’autre part, un texte « national » ayant pour objet essentiel de régler une matière devenue
fédérée peut comprendre certaines dispositions demeurées de la compétence de l’État fédéral.
En cas de remplacement du texte national originaire par une entité fédérée, celle-ci est par
conséquent tenue de maintenir ces dispositions en vigueur.

a.3) Troisième facteur de complication : l’incidence du contrôle objectif exercé par la


Cour constitutionnelle et la section du contentieux administratif du Conseil d’État

Tant la Cour constitutionnelle que la section du contentieux administratif du Conseil d’État (cf.
infra, leçon II, chapitre II) rendent des arrêts qui sont de nature à affecter directement le droit
positif existant. En effet, lorsqu’elles prononcent l’annulation de la norme soumise à leur
contrôle23, celle-ci est anéantie rétroactivement24.

Par ailleurs, ces deux juridictions suprêmes peuvent, à certaines conditions et afin de garantir
l’effectivité d’une éventuelle annulation ultérieure, ordonner la suspension de l’exécution de

22
Ce qui revenait déjà à près de 10.000 de plus que le précédent record de 107.270 pages publiées en 2014.
Jusqu’en 2014, chaque année a battu le record détenu par l’année antérieure ! Le record de 2017 semble, pour sa
part, être le fruit de l’effet conjugué de la publication de plusieurs instruments internationaux de grande envergure
et de celle du produit législatif engendré par la régionalisation des eaux intérieures (conséquence de la sixième
réforme de l’État).
Cela dit, d’autres facteurs plus techniques ou structurels peuvent également expliquer partiellement l’augmentation
croissante du volume annuel des éditions du Moniteur belge (ex. : davantage de textes traduits en langue
allemande, présentation contenant plus d’espace libre, etc.).
23
Une loi, un décret ou une ordonnance pour la Cour constitutionnelle, un acte administratif pour le Conseil d’État.
24
Les bons moteurs de recherche font état des arrêts pertinents au sein même des normes concernées.

20
l’acte attaqué devant elles.

b) Systématisation : codification et coordination

Face au morcellement du paysage normatif, la démarche naturelle de l’esprit humain consiste


dans une mise en ordre, une systématisation des textes qui le composent. Il s’agit de coordonner
ou de codifier différentes normes éparses. La distinction entre « coordination » et
« codification » étant indifférente pour le propos qui nous occupe, on ne s’y attardera pas dans
le cadre du présent syllabus25.

Une codification ou une coordination peut être l’œuvre du législateur lui-même. Dans ce cas,
le législateur rassemble en un corps unique des règles précédemment éparses. On parle alors
des codes « officiels ». Au regard de la hiérarchie des normes, les différentes dispositions,
rassemblées par le législateur dans un code, ont valeur de loi.

Exemples : le Code civil de 1804, qui a réuni en un seul « corps de lois », 36 lois « civiles » (c’est-à-dire
régissant les relations usuelles entre particuliers), votées entre 1800 et 1804 ; le Code pénal de 1867 ; le
Code judiciaire de 1967 ; le Code de la nationalité belge de 1984…

Mais « le pouvoir législatif n’est pas toujours intéressé par la remise en ordre des lois dont il
est l’auteur, il y rechigne même ; débordé par les tâches de l’État-providence et de l’État-
percepteur, il légifère d’abondance, amende, abroge, modifie, sans revoir complètement une
matière donnée »26. Il confie alors fréquemment au pouvoir exécutif le soin de (re)mettre en
ordre les lois27.

Exemple : l’arrêté royal du 16 mars 1968 portant coordination des lois relatives à la police de la circulation
routière, plus connu sous le nom officieux de « Code de la route »

Enfin, le constituant lui-même recourt parfois à la technique de la coordination (cf. la


Constitution coordonnée du 17 février 1994).

25
Sur la distinction entre coordination et codification, voy. A. DE THEUX, I. KOVALOVSZKY et N.
BERNARD, op. cit., p. 65 à 68, n°37, et les références citées.
26
C. LAMBOTTE, Technique législative et codification. Notes et exemples, Bruxelles, E. Story-Scientia, 1988, p.
184.
27
Celui-ci pourra procéder à la coordination ou à la codification de textes de niveau législatif, soit en vertu d’une
loi particulière (le cas échéant, d’un décret ou d’une ordonnance) l’y autorisant formellement, soit en application
de la loi du 13 juin 1961 relative à la coordination et à la codification des lois. Qu’elle soit fondée sur une loi
particulière d’habilitation ou sur la loi du 13 juin 1961 précitée, l’opération donne lieu à un arrêté de coordination
ou de codification. Même s’il lui est généralement loisible d’en modifier la rédaction, le pouvoir exécutif doit, en
tout état de cause, respecter rigoureusement les textes originels. Il commet un excès de pouvoir si, en l’absence
d’habilitation législative sur ce point, il leur apporte des additions, des simplifications, des rectifications ou des
interprétations : en ce sens, la coordination se distingue de la codification effectuée par le législateur lui-même.
Autre différence, en lien avec ce qui précède : la coordination réalisée par le pouvoir exécutif ne se substitue pas
aux textes qu’elle rassemble. L’arrêté de coordination ou de codification « se présente comme un acte transparent
derrière lequel se profilent et subsistent les textes législatifs originels, lesquels demeurent les seuls légalement
obligatoires » (M. MARLIERE et P. NIHOUL, « Principes, mise en œuvre, recours », Protection des droits
fondamentaux du contribuable, R. Andersen et J. Malherbe (dir.), Bruxelles, Bruylant, 1993, p. 167). L’arrêté de
coordination ou de codification peut, en revanche, faire l’objet d’une confirmation législative. Dans ce cas, le
législateur s’étant approprié le contenu dudit arrêté, tout se passe comme s’il avait édicté lui-même les dispositions
contenues dans le texte confirmé.

21
B. Lien entre recherche normative et hiérarchie des sources normatives
Les sources normatives sont ordonnées selon un principe de hiérarchie, qui permet de
déterminer leur validité et d’assurer la cohérence du système. En droit interne, la Constitution
l’emporte ainsi sur les normes de niveau législatif (lois, décrets et ordonnances) qui, quant à
elles, priment sur les dispositions réglementaires (qui, schématiquement, émanent du pouvoir
exécutif : arrêtés royaux, arrêtés ministériels, arrêtés pris par les gouvernements
communautaires et régionaux, etc.) (cf. supra, §2).

Précisément, dans le cadre du cours de Méthodologie juridique, le principe de la hiérarchie des


normes est particulièrement important dans la mesure où il doit guider la démarche
heuristique28 : en droit interne, la recherche normative portera d’abord sur les textes de niveau
hiérarchique supérieur (Constitution d’abord, lois, décrets et ordonnances ensuite et, après
seulement, dispositions de niveau réglementaire)29.

Quelle que soit leur place dans la hiérarchie des normes, ces différentes dispositions normatives
n’en demeurent pas moins complémentaires, donc elles devront faire l’objet d’une lecture
parallèle. Bien souvent d’ailleurs, la portée réelle de la norme supérieure n’apparaîtra qu’à la
lecture de l’éventuel arrêté d’exécution.

§4. Supports : première approche


Les outils qui permettent de prendre connaissance de textes de législation sont de deux natures.
Il y a les instruments « papier » (A), que l’on peut appréhender physiquement, et qui
contiennent de la législation, et les instruments informatiques (B), constitués des bases de
données centrées, en totalité ou en partie, sur la législation.

À ce stade, ces supports ne seront présentés que de manière sommaire ; ils seront étudiés en
profondeur dans diverses leçons subséquentes (cf. infra, leçons IV et V).

A. Les supports « papier »


En ce qui concerne les instruments « papier », on trouve deux types de publications des textes
normatifs de droit interne : le Moniteur belge (a) et les recueils officieux (b). Ces publications
sont complémentaires, car elles offrent des avantages distincts, sur lesquels nous reviendrons
ultérieurement. Quelques précisions s’avèrent toutefois nécessaires à ce stade (c).

28
Selon Le Robert (éd. 1994), l’adjectif « heuristique » signifie « qui sert à la découverte ».
29
Par ailleurs, la jurisprudence a consacré la primauté des dispositions de droit international directement applicable
sur la loi et toute norme de rang hiérarchiquement inférieur à celle-ci. La question de savoir si, du point de vue
interne, le droit international l’emporte sur la Constitution fait, quant à elle, l’objet de controverses. Voy. le cours
de Sources et principes du droit.

22
a) Le Moniteur belge

L’article 190 de la Constitution dispose qu’« aucune loi, aucun arrêté ou règlement
d’administration générale, provinciale ou communale, n’est obligatoire qu’après avoir été
publié dans la forme déterminée par la loi ».

De manière générale, le législateur exige que les normes de droit interne soient publiées au
Moniteur belge30. Édité sous le contrôle du SPF Justice, le Moniteur belge – het Belgisch
Staatsblad est le journal officiel bilingue du Royaume : il contient la version officielle (celle
qui fait foi) de l’essentiel des textes normatifs. Tout texte qui a vocation à devenir obligatoire
doit passer par une publication au Moniteur belge ; à défaut, il n’est pas censé devoir être
appliqué. Le Moniteur belge paraît tous les jours, sauf le week-end et les jours fériés.

Jusqu’au début des années 2000, il se présentait sous la forme d’un journal « papier ». Entre
2003 et 2005, le législateur a, pour l’essentiel, substitué à la version « papier » du Moniteur
belge une version électronique, nettement moins coûteuse31. Depuis lors, seuls quatre
exemplaires « papier » subsistent, déposés respectivement à la Bibliothèque royale, au
Ministère de la Justice, aux Archives générales du Royaume et à la direction du Moniteur belge.
Un help desk téléphonique gratuit a par ailleurs été mis en place auprès de la direction du
Moniteur. La version électronique est donc devenue le support principal du Moniteur belge.

On reviendra plus tard sur toutes les caractéristiques du Moniteur belge. On sait toutefois déjà
qu’il délivre le texte officiel des normes qu’il publie et qu’il renseigne son lecteur, au jour le
jour, sur l’actualité juridique32. Il donne la « version historique » d’un acte sans tenir compte
des (éventuelles) modifications ultérieures.

En revanche, il est important de comprendre dès à présent que le Moniteur ne fournit aucun
renseignement sur l’évolution normative des textes qu’il publie. Autrement dit, le Moniteur
n’est pas en mesure de donner le droit en vigueur, tel qu’il s’applique au jour d’aujourd’hui ; il
fournit seulement un instantané de la production législative à un moment donné, ni plus, ni
moins. Il est donc impossible, à la simple lecture du Moniteur belge, de connaître les éventuelles
modifications subies par le texte postérieurement à sa publication.

Exemple : en allant rechercher le Moniteur belge du 20 juin 2005, qui publie la loi du 13 juin 2005 relative

30
À l’exception des règlements provinciaux (publiés au Bulletin provincial de la province) et des règlements
communaux et intracommunaux (publiés par voie d’affichage). Chaque province possède en effet son Mémorial
administratif (Mém. adm.), rebaptisé depuis 2004 Bulletin provincial (Bull. prov.), dans lequel sont publiés les
règlements et ordonnances des conseils provinciaux et des députations permanentes, ainsi que des informations
générales concernant la province et ses arrondissements. Le Bulletin provincial, de même que, pour certaines
provinces, l’ancien Mémorial administratif, sont également accessibles sur le site internet des provinces
concernées. Pour les règlements communaux : Nouvelle loi communale, art. 112, modifié par la loi du 8 avril
1991, M.B., 27 avril 1991 ; pour les règlements intracommunaux : Nouvelle loi communale, art. 338, y inséré par
la loi du 19 mars 1999, M.B., 31 mars 1999, 2e éd.
31
Loi-programme (I) du 24 décembre 2002, M.B., 31 décembre 2002, art. 472 à 478 ; C.A., 16 juin 2004,
n°106/2004 ; loi du 20 juillet 2005 portant des dispositions diverses, M.B., 29 juillet 2005, art. 5 à 8, err., 30 août
2005 ; arrêté royal du 27 septembre 2005 portant des mesures visant à assurer la diffusion et l’accès aux
informations contenues dans le Moniteur belge, M.B., 6 octobre 2005. Les deux lois précitées ont respectivement
fait l’objet d’un recours en annulation auprès de la Cour constitutionnelle, étant entendu que seul le premier d’entre
eux a amené le législateur à devoir revoir sa copie. Voy. : C.A., 16 juin 2004, n°106/2004 et C.A., 17 janvier 2007,
n°10/2007. Pour un commentaire de ces arrêts, cf. le cours de Sources et principes du droit.
32
Il est possible de recevoir un courriel avec le Moniteur belge du jour en s’inscrivant sur
http://www.stradalex.com/moniteur.

23
aux communications électroniques, on ne dispose d’aucune indication sur le fait que, depuis lors, cette
loi a été modifiée à 33 reprises.

On verra ci-dessous qu’il y a bien entendu des solutions à ce problème…

b) Les recueils officieux (les « Codes officieux »)

Parallèlement à la publication officielle (Moniteur belge), et en raison des défauts dont pâtit
celle-ci, des instruments officieux de publication des actes normatifs sont apparus. Ils sont
l’œuvre d’éditeurs privés qui ont rassemblé dans des « codes » une sélection de textes normatifs
(cf. extraits des Codes Larcier, annexe 2 de la leçon I, dans le syllabus d’annexes)33. Ces éditeurs
privés assurent périodiquement la mise à jour de ces codes, en omettant les règles qui ne sont
plus d’application et en intégrant les modifications survenues.

Exemples : le Code Bac Saint-Louis 2021 de Larcier, le Code pour l’étudiant en droit de Kluwer, les
Codes Larcier…

Parmi les caractéristiques des codes officieux, on retiendra d’ores et déjà leur caractère
permanent : les codes « papier » sont mis à jour annuellement ou, en tous cas, régulièrement
par les maisons d’édition qui les publient34.

c) Précisions importantes

1.- Il est à noter dès à présent que ces deux types de publications « papier » ont un pendant
électronique : le Moniteur belge est publié sur le net et les recueils officieux sont disponibles
sur des sites privés (cf. infra).

2.- Sur le plan terminologique, on évitera de confondre le recueil officiel, les codes officiels et
les codes officieux. Le recueil officiel, c’est le support de publication officielle des textes
normatifs, en l’occurrence le Moniteur belge et rien que lui. Les codes officiels, quant à eux,
correspondent aux différents textes de lois ou règlements qui, par décision du pouvoir législatif
ou exécutif, rassemblent en un tout cohérent des normes préexistantes mais dispersées (cf.
supra, §3). Le Code pénal en est un bon exemple : il ne s’agit de rien d’autre que d’une loi de
1867. Les codes officiels ne sont donc pas des supports de législation, mais constituent de la
législation en tant que telle. Enfin, les codes officieux sont des recueils, donc des supports de
législation, qui ne sont pas officiels parce qu’ils n’émanent pas d’une autorité publique, mais
forment un produit commercial développé par des entreprises privées. Tel est le cas du « Code
Bac Saint-Louis 2023 » de Larcier, avec lequel les étudiant.e.s travailleront désormais durant
leurs années de baccalauréat à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles. Les codes officieux peuvent
aussi bien contenir des codes officiels que des actes normatifs comme la Constitution, des lois
spéciales, des lois, des arrêtés royaux… (cf. annexe 2 de la leçon I, dans le syllabus d’annexes).

33
Attention, donc : toutes les lois ne se trouvent pas dans un code officieux ; celui-ci ne regroupe que les plus
importantes. Toutes les autres, dès lors, n’existent « que » dans le Moniteur belge (mais elles sont au moins là, et
toutes là). Les codes officieux représentent donc une sorte de « best of » des centaines de milliers de pages de
législation parue au Moniteur belge.
34
Le Code Bac Saint-Louis 2023 de Larcier est la cinquième édition d’un recueil de textes spécialement destiné
aux étudiant.e.s des deux premiers blocs du baccalauréat de l’Université (droit et ESPO) ; son contenu est actualisé
au 1er juillet 2022 et présente l’avantage d’être ramassé en un seul et unique tome.

24
B. Les supports informatiques
Les actes normatifs peuvent également être appréhendés via des plateformes publiques – donc
gratuites – consacrées à la législation (les sites Moniteur belge, Législation belge, Senlex et
RefLex, principalement) ou des banques de données privées – donc payantes – brassant tant de
la législation que de la doctrine et de la jurisprudence (telles Jura, qui est la banque de données
de la société Kluwer, et Strada lex, qui est celle de la société Larcier).

Parce qu’ils sont conçus sur le web, ces instruments possèdent l’avantage de pouvoir être
actualisés très fréquemment, voire quotidiennement.

SECTION 2. LES TRAVAUX PRÉPARATOIRES DES ACTES


NORMATIFS
On se cantonnera, dans la présente section, à introduire la notion (§1), la typologie (§2) et les
supports (§3) des travaux préparatoires, laissant pour plus tard les développements liés à la
recherche de ceux-ci (cf. infra, leçons III et IV).

§1. Notion
Les travaux préparatoires contiennent l’ensemble des documents relatant les étapes de
l’élaboration d’une norme, et, plus précisément d’une « loi » adoptée par le législateur, fédéral
ou fédéré.

Jusque très récemment, les « travaux préparatoires » des normes réglementaires étaient, en
principe inexistants (ou, à tout le moins, n’étaient pas rendus publics35). Une plus grande
transparence a été imposée en 201636 (cf. infra, leçon III, chapitre II, section 2, § 1er).

§2. Typologie
Chaque assemblée (au fédéral, il s’agit de la Chambre des représentants et du Sénat) consigne
les activités législatives qui se déroulent en son sein.

Habituellement, les travaux préparatoires des normes fédérales (tant à la Chambre qu’au Sénat)
sont classés en trois catégories :

(1) des documents préparatoires qui servent de base au vote des lois (= les Documents
parlementaires),

(2) la transcription intégrale ou résumée des débats publics de l’assemblée concernée (= les
Annales parlementaires, le Compte rendu intégral ou encore le Compte rendu analytique),

35
Ne serait-ce que parce que la confidentialité est censée présider aux délibérations des gouvernements.
36
Loi du 16 août 2016 modifiant les lois sur le Conseil d’État, coordonnées le 12 janvier 1973, en vue de la
publication des avis de la section de législation, M.B., 14 septembre 2016.

25
(3) la transcription des questions posées par les membres de l’assemblée concernée et des
réponses y apportées par les ministres et secrétaires d’État (= le Bulletin des questions et
réponses). Il ne s’agit cependant pas à proprement parler de travaux préparatoires puisqu’il
n’y est pas question de l’élaboration d’une norme (cf. infra, leçon III, chapitre II, section
1).

Il en va de même, mutatis mutandis, des normes issues des entités fédérées.

Concrètement, ce sont les Documents parlementaires que le chercheur sera essentiellement


amené à consulter. C’est là que se trouvent entre autres exprimés la ratio legis de la loi et l’avis
de la section de législation du Conseil d’État (conseiller juridique des autorités publiques)
lorsqu’il existe.

§3. Supports : première approche


La triple classification des travaux préparatoires de niveau fédéral effectuée ci-dessus (cf.
supra, §2) se confond avec leurs supports. En effet, les documents préparatoires sont à chercher
dans les Documents parlementaires, la relation des débats dans les Annales parlementaires, le
Compte rendu intégral ou encore le Compte rendu analytique, et la retranscription des
questions-réponses dans le Bulletin des questions et réponses.

Ces outils ont pratiquement disparu en version « papier ». Désormais, ils se consultent
essentiellement sous format électronique, via le site de l’assemblée concernée, et, pour les avis
de la section de législation du Conseil d’État spécifiquement, sur le site de celui-ci depuis
201737.

Nous reviendrons ultérieurement sur les supports des travaux préparatoires (cf. infra, leçons III
et VI).

37
Selon les modalités inscrites aux articles 5/1 à 5/4 des lois coordonnées sur le Conseil d’État, y introduites par
la loi du 16 août 2016 précitée.

26
LEÇON II.
ÉLÉMENTS DE THÉORIE :
DOCTRINE & JURISPRUDENCE
(séance plénière) – 2h

CHAPITRE I. ÉLÉMENTS DE THÉORIE :


DOCTRINE
En sus de la recension des textes normatifs régissant le sujet étudié (cf. supra, leçon I, chapitre
II), le chercheur doit s’efforcer de recueillir et d’exploiter une documentation doctrinale aussi
complète que possible sur ce thème.

Il importe d’emblée d’insister sur le caractère véritablement central de la recherche doctrinale.


En effet, de manière générale, la recherche des sources du droit ne s’effectue pas nécessairement
suivant la séquence : législation d’abord, doctrine (et jurisprudence) ensuite. Il se peut qu’elle
débute, par exemple, à partir d’un ouvrage ou un article de doctrine sur le thème visé.

Une fois développées la notion (section 1) et la catégorisation (section 2) des sources de


doctrine, nous évoquerons les principes généraux gouvernant la recherche doctrinale (section
3), ainsi que, très brièvement, les supports matériels de la doctrine (section 4).

SECTION 1. NOTION
La doctrine recouvre « l’ensemble des publications – quelles que soient leurs formes – par
lesquelles les auteurs commentent une matière juridique déterminée. La doctrine, c’est le droit
commenté, expliqué, clarifié, analysé et synthétisé »38.

Deux éléments essentiels ressortent de cette définition :

- la doctrine renvoie à des commentaires, des opinions émises par des auteurs concernant
un domaine générique ou une question particulière de droit ;

- ces commentaires doivent avoir fait l’objet d’une publication, étant entendu que la
publication peut prendre différentes formes, en fonction de l’objet ou de l’envergure du
texte, ou en fonction du canal de diffusion choisi.

38
A. de THEUX, I. KOVALOVSZKY ET N. BERNARD, op. cit., p. 213, n°181. Le Guide des citations, références
et abréviations juridiques reprend à un auteur la définition de la doctrine comme étant « l’ensemble des écrits dans
lesquels ceux que l’on appelle les ‘auteurs’ – les professeurs de droit, leurs assistants, plus largement les praticiens
du droit – traitent des matières juridiques » (p. 138) ; si cette définition n’a rien d’inexact, elle met, selon nous,
trop l’accent sur le profil « académique » des personnes tenant la plume d’œuvres doctrinales.

27
Au sein des sources de doctrine, on effectue traditionnellement une distinction entre la doctrine
de lege lata et la doctrine de lege ferenda. La doctrine de lege lata (littéralement : « en
application du droit actuellement en vigueur ») explicite les textes et rend compte de la manière
dont ils sont appliqués, tandis que la doctrine de lege ferenda (littéralement « en application du
droit que l’on devrait appliquer ») est plus critique et suggère des infléchissements
jurisprudentiels, voire des modifications législatives39. Pour signifiante soit-elle, cette
distinction n’est cependant pas toujours étanche : de nombreuses contributions doctrinales, en
effet, présentent des commentaires qui relèvent des deux catégories.

Soulignons encore que la doctrine, bien qu’étant une source du droit capitale, ne bénéficie pas
d’un statut officiel ou d’une autorité particulière, contrairement à la législation et à la
jurisprudence. Elle n’émane pas d’une institution publique spécifique ni ne répond à une
structure déterminée. En d’autres mots, la doctrine ne constitue pas une source du droit au sens
formel du terme, mais bien au sens heuristique, en ce sens qu’elle est une des sources
documentaires que tout chercheur doit nécessairement consulter. Dès lors que la doctrine n’est
pas une source officielle, elle constitue juste une opinion. Il faut par conséquent plusieurs
sources concordantes pour approcher la certitude de l’état du droit. Or il existe très souvent des
controverses doctrinales : des auteurs ont des propos différents, voire contradictoires, sur un
même point de droit.

Deux différences fondamentales donc par rapport à la législation et à la jurisprudence : pas


officiel et pas contraignant (voire pas contraignant parce que pas officiel).

SECTION 2. TYPOLOGIE
Par essence, la doctrine est publiée. Ne peut en principe revendiquer ce statut (doctrinal) que le
texte qui a fait l’objet d’une publication en bonne et due forme. Il n’existe donc pas, a priori,
de doctrine non publiée, à l’inverse de la jurisprudence (cf. infra, chapitre II).

La doctrine ne fait pas l’objet d’une classification certifiée ou estampillée. Chaque auteur donne
à son texte la forme – et le ton – qu’il entend lui conférer.

À l’inverse dès lors des sources législatives ou jurisprudentielles, rangées en fonction de leur
auteur (autorité normative ou juridiction respectivement), c’est le type de support les hébergeant
qui va permettre d’ordonner entre eux les différents commentaires doctrinaux. De ce point de
vue, on distingue principalement les ouvrages (§1) des revues (§2) ; il s’agit d’une summa
divisio à garder à l’esprit depuis la recherche d’une source jusqu’à son utilisation, et donc son
référencement. En un mot, un ouvrage est un livre rédigé par un ou plusieurs auteur(s) et publié
par une maison d’édition à une date déterminée, tandis qu’une revue est un périodique
accueillant une multitude de textes d’auteurs et qu’une maison d’édition publie à intervalles
réguliers.

Coulés dans la forme de l’un des supports précités (ouvrage ou revue), les commentaires
doctrinaux peuvent encore présenter une spécificité en termes de contenu. Les différentes sous-
catégories présentées ci-dessous en témoignent (ex. : les notes d’arrêt et les examens de
jurisprudence).

39
Sans oublier les critiques de critiques doctrinales antérieures.

28
On précise enfin que l’absence de hiérarchie formelle entre les commentaires doctrinaux
n’empêche naturellement pas que soit établie une classification informelle et mouvante entre
les différents textes de doctrine, en fonction notamment de la rigueur et du sérieux dont sont
crédités les supports qui les accueillent (selon que la revue comporte ou non un comité de
relecture, la composition du comité de rédaction…), mais aussi en fonction de la notoriété des
auteurs (acquise par l’expérience, la fonction, le sérieux des publications…).

§1. Les ouvrages


Parmi les sources doctrinales qui sont conçues sous forme d’ouvrages, il est indispensable de
distinguer les encyclopédies (A), les ouvrages au sens strict (B) et les ouvrages collectifs (C),
ne serait-ce que parce que le mode de référencement de ces sources, tout comme leur
disponibilité sous forme informatique, varient selon.

A. Les encyclopédies
Ouvrages de grande envergure, les encyclopédies abordent et « font le tour » – souvent de
manière systématique, voire analytique, c’est-à-dire par thème dans l’ordre alphabétique – soit
de l’ensemble des matières juridiques (encyclopédies générales), soit de celles qui relèvent de
plusieurs branches du droit (encyclopédies spécialisées). Elles présentent ainsi un vaste
panorama de la science juridique (ou d’un fragment de cette science) telle qu’elle est conçue et
pratiquée à l’époque de leur publication.

Toutefois, certaines de ces encyclopédies ont été rédigées il y a un certain temps déjà, ce qui
conduira le lecteur à s’assurer que les données qu’elles contiennent sont encore à jour.

Il existe quatre grandes collections d’encyclopédies générales en droit interne :

1. les Pandectes belges (Larcier),


2. le Répertoire pratique du droit belge (Bruylant),
3. les Novelles (Larcier),
4. l’Algemene Praktische Rechtsverzameling (Story-Scientia).

Les encyclopédies spécialisées sont plus nombreuses et variées :

Exemples : le Répertoire notarial (Larcier), les Encyclopédies Beltjens (Bruylant et L.G.D.J.), les
Beginselen van Belgisch Privaatrecht (Story-Scientia), l’Administratief Lexicon (Die Keure), Het
onroerende goed in de praktijk (Kluwer) et Les Baux. Commentaire pratique (Kluwer)

On précise déjà que les encyclopédies font l’objet d’un mode de référencement tout à fait
spécifique (cf. infra, leçon VIII).

29
B. Les ouvrages au sens strict
Entendu de manière classique, un ouvrage est un livre rédigé par un ou plusieurs auteurs et
publié par une maison d’édition à une date déterminée.

Parmi les ouvrages, on distingue, en fonction de leur ampleur et de leur degré de généralité, les
traités, les monographies et, enfin, les manuels et précis.

a) Les traités

Portant sur une (sous-)branche du droit déterminée (ex. : droit civil), le traité est un ouvrage
généralement très volumineux (plusieurs tomes), qui comporte une large part de théorie.

Exemple : H. DE PAGE, Traité élémentaire de droit civil belge, 10 tomes, 12 volumes, plusieurs
compléments sous forme de rééditions de tomes, Bruxelles, Bruylant, 1949-1975.

b) Les monographies

Moins générales que les traités, les monographies sont des ouvrages commentant une matière
juridique bien circonscrite (généralement un aspect d’une subdivision de branche du droit, tel
que, par exemple, le divorce) et dont l’ampleur restreinte en permet un examen approfondi.
Traitant des sujets les plus divers, les monographies sont innombrables et de valeur inégale.

Exemple : C.-E. CLESSE, Travailleurs détachés et mis à disposition. Droit belge, européen et
international, Bruxelles, Larcier, 2008.

c) Les manuels et précis

Poursuivant un objectif essentiellement didactique, le manuel et le précis contiennent, pour leur


part, des exposés plus succincts et pratiques. La distinction entre un manuel et un précis étant
passablement floue, c’est généralement l’auteur qui fait le choix de qualifier son ouvrage de
l’une ou l’autre façon.

Exemples :
- manuel : C. HAVARD, Manuel pratique de droit communal en Wallonie, Bruxelles, La Charte,
2006.
- précis : D. RENDERS, Précis de droit administratif, t. III : Le contrôle de l’administration,
Bruxelles, Larcier, 2010.

Attention : bien que doté d’une mission purement didactique, le syllabus ne peut formellement
être considéré comme une source doctrinale. En effet, à la différence des manuels et des précis,
les syllabus ne sont pas publiés, mais uniquement diffusés à l’appui des enseignements délivrés
à la faculté concernée.

d) Les examens (ou chroniques) de jurisprudence

Notons encore une catégorie d’ouvrages, particulière quant à son contenu : les examens (ou
chroniques) de jurisprudence. L’examen (ou la chronique) de jurisprudence est une étude

30
critique d’un ensemble de décisions rendues généralement par différentes juridictions40 à propos
d’une même matière pendant une période déterminée41. Certains examens de jurisprudence
peuvent se présenter sous forme de monographie ; on pense tout particulièrement à la collection
Les dossiers du Journal des tribunaux (Larcier). Les examens (ou chroniques) de jurisprudence
peuvent également être publiés dans un ouvrage collectif ou dans une revue (cf. infra).

Exemple d’examen de jurisprudence sous forme de monographie :


B. DUBUISSON et al., La responsabilité civile. Chronique de jurisprudence 1996-2007, vol. 1 : Le fait
générateur et le lien causal, Bruxelles, Larcier, 2009.

C. Les ouvrages collectifs (en ce compris les mélanges)


Il existe également des ouvrages dits collectifs, dans lesquels différents auteurs rédigent,
chacun, une contribution autour d’une thématique générale commune (qui, généralement,
donne son titre à l’ouvrage). Généralement, la personne qui a défini cette thématique, organisé
ce rassemblement d’auteurs et lu les différents textes avant publication, est créditée en
couverture grâce à la mention « sous la direction de » ou « sous la coordination de »… Ces
directeurs – ou coordinateurs – d’ouvrage peuvent être plusieurs.

Exemple d’ouvrage collectif :


L. DETROUX, M. EL BERHOUMI et B. LOMBAERT (dir.), La légalité. Un principe de la démocratie
belge en péril ?, Bruxelles, Larcier, 2019.

Exemple de contribution à un ouvrage collectif :


S. VAN DROOGHENBROECK et C. RIZCALLAH, « Le principe de la légalité des limitations aux
droits et libertés », La légalité. Un principe de la démocratie belge en péril ?, L. Detroux, M. El Berhoumi
et B. Lombaert (dir.), Bruxelles, Larcier, 2019, p. 26 à 69.

Les mélanges ou liber amicorum représentent une forme particulière d’ouvrage collectif. Ceux-
ci sont constitués d’un ou plusieurs volumes, composés de contributions ou articles rédigés par
des auteurs différents, en l’honneur d’un éminent juriste, haut magistrat, avocat ou professeur
d’université, dont la carrière ou la vie a pris fin. Les contributions ou articles portent
généralement sur des matières relevant de la branche du droit dans laquelle s’est illustrée la
personnalité honorée. Cependant, le fil conducteur reliant, quant à leur contenu plus
spécifiquement, les différentes contributions peine parfois à apparaître, pour autant qu’il y en
ait un. Par ailleurs, on trouve moins souvent mention dans un Mélange du (ou des) directeur(s)
d’ouvrage.

Exemple de Liber amicorum :


Liber amicorum Michel Mahieu, Bruxelles, Larcier, 2008.

Exemple de contribution à un Liber amicorum :


J. VAN MEERBEECK, « La fin de l’autorité… de chose jugée ? », Liber amicorum Michel Mahieu,
Bruxelles, Larcier, 2008, p. 162.

40
Certaines chroniques commentent des décisions n’émanant que d’une juridiction déterminée. Voy., par exemple,
M. EL BERHOUMI, La liberté d’enseignement à la lumière de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle.
Chronique de jurisprudence 1999-2008, Bruxelles, Larcier, 2009 : l’auteur se focalise sur l’examen des arrêts
rendus par la Cour constitutionnelle en matière de liberté d’enseignement.
41
Il convient de bien avoir à l’esprit que l’examen de jurisprudence n’est pas un type de jurisprudence, mais
constitue une forme d’étude doctrinale.

31
Enfin, certains examens (ou chroniques) de jurisprudence peuvent se présenter sous forme
d’ouvrages collectifs, qui ont alors un contenu spécifique (cf. supra, B). C’est notamment le
cas, à nouveau, dans la collection Les dossiers du Journal des tribunaux.
Exemple d’examen de jurisprudence sous forme d’ouvrage collectif :
N. MASSAGER, « Partie V. La filiation », Droit des personnes et des familles. Chronique de
jurisprudence 2005-2010, Bruxelles, Larcier, 2011, p. 280.

Une méprise reste à éviter : ne sont pas considérés comme des ouvrages collectifs les ouvrages
(ou articles) écrits « à plusieurs mains ». Si on a également affaire ici à une pluralité d’auteurs,
ceux-ci ont choisi de ne pas rendre explicite la paternité de leurs contributions respectives, de
sorte qu’il est impossible de relier telle partie de l’ouvrage à tel auteur.

Exemples d’ouvrage écrit à plusieurs mains :


- F. OST et M. VAN DE KERCHOVE, De la pyramide au réseau ? Pour une théorie dialectique du
droit, Bruxelles, Publ. F.U.S.L., 2002.
- H. DUMONT, M. EL BERHOUMI et I. HACHEZ (dir.), La sixième réforme de l’État : l’art de ne pas
choisir ou l’art du compromis ?, Bruxelles, Larcier, 2015.

§2. Les revues


On l’a dit, les revues paraissent à intervalles réguliers, contrairement aux ouvrages. Elles
peuvent être hebdomadaires (ex. : le J.T.), mensuelles (ex. : la R.G.D.C.), trimestrielles (ex. : la
Rev. trim. dr. h.), ...

Il existe des revues générales et des revues spécialisées.

Parmi les revues juridiques générales, on distingue :

(1) celles qui sont consacrées exclusivement à la doctrine

Exemples : Annales de droit de Louvain (Ann. dr.), Revue de droit de l’U.L.B. (Rev. dr. U.L.B.),
Tijdschrift voor Privaatrecht (T.P.R.), Jura Falconis (Jura Falc.), Revue interdisciplinaire
d’études juridiques (R.I.E.J.)

(2) et celles, plus nombreuses, qui sont mixtes (c’est-à-dire qui contiennent également
de la jurisprudence)
Exemples : Actualités du droit (Act. dr.), Journal des tribunaux (J.T.), Rechtskundig Weekblad
(R.W.), Algemeen Juridisch Tijdschrift (A.J.T.), Revue critique de jurisprudence belge
(R.C.J.B.), Revue du notariat belge (Rev. not. b.), Journal des juges de paix (J.J.P.) — Tijdschrift
van de Vrede- en Politierechters (T. Vred.), Revue de jurisprudence de Liège, Mons et Bruxelles
(J.L.M.B.), Revue régionale de droit (R.R.D.)

Quant aux revues juridiques spécialisées, la plupart sont également mixtes. Elles sont
spécialisées :

(1) soit par matière ou branche du droit

Exemples : la Revue générale de droit civil belge (R.G.D.C.) — Tijdschrift voor Belgisch
Burgerlijk Recht (T.B.B.R.), la Revue de droit commercial belge (R.D.C.) — Tijdschrift voor
Belgisch Handelsrecht (T.B.H.), la Revue de droit judiciaire et de la preuve (R.D.J.P.) —
Tijdschrift voor Procesrecht en Bewijsrecht (P. & B.), les Chroniques de droit social (Chr. D.S.)

32
— Sociaalrechtelijke Kronieken (Soc. Kron.), la Revue de droit pénal et de criminologie (Rev.
dr. pén. crim.), la Revue belge de droit constitutionnel (R.B.D.C.), Administration publique
(A.P.), Aménagement-Environnement (Amén.), Auteurs & Média (A&M), le Journal de droit
européen (J.D.E. —précédemment appelé Journal des tribunaux. Droit européen (J.T.D.E.))

(2) soit en fonction de la provenance des décisions de jurisprudence qu’elles


publient

Exemples : Journal des juges de paix (J.J.P. – décisions des justices de paix), Revue de
jurisprudence de Liège, Mons et Bruxelles (J.L.M.B. – décisions de diverses juridictions des trois
ressorts territoriaux en question)

Des revues non spécifiquement juridiques publient également des contributions qui peuvent
intéresser le juriste.

Exemple : Courrier hebdomadaire et dossiers du CRISP (Centre de recherche et d’information


socio-politiques)

Les revues, second pôle de la summa divisio des sources doctrinales, peuvent contenir, outre de
la jurisprudence (cf. infra, chapitre II), différents types de sources doctrinales, tels des articles
(A) ou des commentaires doctrinaux au contenu plus spécifique : des chroniques de
jurisprudence (B) ou des notes d’arrêt (C).

A. Les articles
Les articles constituent la majorité des travaux de doctrine réalisés aujourd’hui. Ils portent, en
effet, sur un point de droit circonscrit. Il s’agit d’études brèves, limitées et souvent d’actualité.

Les revues contenant souvent un grand nombre de sources, dont des articles de doctrine, le
chercheur identifiera l'article qu'il recherche, notamment grâce au nom de l'auteur de l’article,
au titre de l’article et aux pages de celui-ci.

Exemple d’article de revue :


X. DIEUX et P. DE WOLF, « Le nouveau Code des sociétés (et des associations) : Capita Selecta », J.T.,
2019, p. 501 à 527.

B. Les examens (ou chroniques) de jurisprudence


Comme il a déjà été dit (cf. supra, §1, B), l’examen (ou la chronique) de jurisprudence est une
étude critique d’un ensemble de décisions rendues généralement par différentes juridictions à
propos d’une même matière pendant une période déterminée42.

De telles contributions affluent tout particulièrement dans des revues telles que la Revue
critique de jurisprudence belge (R.C.J.B.), Administration publique (A.P.), le Tijdschrift voor
Privaatrecht (T.P.R.) ou la Revue belge de droit constitutionnel (R.B.D.C.) – même si, on l’a
vu, certains examens de jurisprudence se présentent également sous forme de monographie ou
42
Les chroniques de jurisprudence publiées dans les revues ne sont pas à confondre avec les « chroniques de
législation » que l’on retrouve de plus en plus fréquemment dans les revues. Ces dernières sont, en réalité, des
simples articles qui ont pour objet de renseigner et décrire la législation récemment adoptée dans une matière
juridique déterminée.

33
d’ouvrage collectif (cf. supra, §1, B et C).

Exemple d’examen de jurisprudence publié dans une revue :


N. WATTE, « Examen de jurisprudence (1990 à 2002). Droit international privé (conflit des lois)
(première partie) », R.C.J.B., 2003, p. 479 et s.

C. Les notes d’arrêt (ou observations)


La note d’arrêt (ou les observations) consiste en un commentaire critique d’une seule décision
de justice. Publiée – le plus souvent – dans une revue, elle figure généralement à la suite de la
décision faisant l’objet du commentaire doctrinal. Étant un commentaire, il s’agit bien d’une
source doctrinale, la décision précise sur laquelle porte le commentaire constituant pour sa part
une source jurisprudentielle43.

Exemples de note d’arrêt publiée dans une revue (à la suite de la décision commentée) :
- I. HACHEZ, « Lorsque Cour d’arbitrage et standstill se rencontrent… », obs. sous C.A., 14 septembre
2006, n°135/2006, J.T., 2007, p. 150 et s.
- A. DEMORTIER, « Protection judiciaire et assurance-vie : jusqu’où s’étend l’incapacité ? », note sous
J.P. Fontaine-l’Évêque, 10 novembre 2016, Rev. trim. dr. fam., 2018, p. 299 à 306.

SECTION 3. PRINCIPES GÉNÉRAUX GOUVERNANT LA


RECHERCHE DOCTRINALE
D’emblée, deux principes cardinaux de recherche (quant au type et au contenu des sources)
sont à exposer : « du général au particulier » (§1) et « de l’enseignement à la thèse » (§2).

On précise cependant que ces principes doivent être fortement tempérés depuis l’apparition de
l’informatique juridique documentaire. En effet, la possibilité et la nécessité d’orienter la
recherche de la manière suggérée par ces deux principes s’amenuisent « dès lors que le système
de classement (d’arborescence) adopté par les concepteurs des (bonnes) bases de données et
des sites web dignes de confiance, permet au chercheur de mettre immédiatement et directement
le doigt sur la quasi-totalité des sources intéressant précisément et exclusivement la
question »44.

§1. Du général au particulier


Un premier principe à évoquer est celui d’une méthode de lecture qui aille « du général au
particulier ». Il convient, en effet, d’avoir d’emblée une vue d’ensemble de la matière afin de
bien la cerner. En outre, les ouvrages généraux font référence aux travaux spécialisés et
approfondis, créant ainsi un effet « boule de neige ». Il est donc recommandé de lire en premier
lieu, à propos du thème de la recherche, si pas les encyclopédies, à tout le moins les traités,
monographies, manuels et précis, et enfin les articles, examens de jurisprudence et notes

43
Le mode de référencement variera selon que l’on se reporte à la décision (jurisprudence) ou à la note (doctrine)
(cf. infra, leçon IX).
44
J.-F. VAN DROOGHENBROECK et al., Leçons de méthodologie juridique, Bruxelles, Larcier, 2009, p. 14,
n°23.

34
d’arrêt45.

§2. De l’enseignement à la thèse


Un autre principe est également pertinent, celui qui veut que l’ordre des lectures se fasse « de
l’enseignement à la thèse ». Effectivement, il est indiqué de lire les études décrivant le droit
applicable (doctrine de lege lata) avant celles qui le critiquent et suggèrent de le modifier
(doctrine de lege ferenda)46.

SECTION 4. SUPPORTS : PREMIÈRE APPROCHE


Les outils qui permettent de prendre connaissance et de lire les textes de doctrine sont des
supports « papier » (§1) et des supports informatiques (§2).

À ce stade, ces supports ne seront présentés que de manière sommaire ; ils seront étudiés en
profondeur dans diverses leçons subséquentes (cf. infra, leçons VI et VII).

§1. Les supports « papier »


Les commentaires doctrinaux s’appréhendent soit dans des ouvrages, soit dans des revues. Dans
la mesure où les différentes sortes de sources doctrinales ont été présentées en fonction de ces
deux types de supports précisément (ouvrages – revues), il est renvoyé aux passages en question
(cf. supra, section 2).

§2. Les supports informatiques


Contrairement à la législation et la jurisprudence, la doctrine sur supports informatiques se
développe lentement – mais se développe assurément… –, et ce en raison de sa nature
« privée ». Certaines rares revues ne sont toutefois disponibles qu’en version informatique.

Exemple : Revue@dipr.be, revue belge consacrée au droit international privé.

Quand elle existe, c’est que l’on trouve le scan de la version « papier » des revues (et, plus
rarement, des ouvrages) via un lien proposé par les moteurs de recherche informatiques
développés par des sociétés privées. On vise surtout – mais pas uniquement (cf. infra, leçon
VII) – Kluwer avec sa base de données Jura et Larcier avec sa base de données Strada lex.
Quant aux ouvrages, ils font progressivement leur apparition sur le site des bibliothèques,
principalement sous forme d’e-books, qui sont également le scan de la version « papier » de ces
ouvrages.

La doctrine est pour ainsi dire absente des données fournies par les sites publics accessibles à
tous.

45
Cela dit, la consultation ne s’effectuera pas systématiquement dans cet ordre. En ce domaine, il serait erroné de
vouloir systématiser une démarche qui, au contraire, doit être empreinte de souplesse. Il se peut que la consultation
des sources doctrinales débute, par exemple, à partir d’un examen de jurisprudence bien fourni.
46
Deux difficultés toutefois : d’une part, on ne peut pas toujours se rendre compte à l’avance du caractère descriptif
ou critique de l’étude ; d’autre part, cette étude peut être constituée des deux aspects concomitamment.

35
CHAPITRE II. ÉLÉMENTS DE THÉORIE :
JURISPRUDENCE
Après avoir trouvé les textes normatifs47 et les commentaires doctrinaux48 afférents à son sujet
de recherche, l’étudiant.e (et tout chercheur en droit de manière générale) est amené.e à récolter
des décisions de justice relatives audit sujet, afin d’étudier les applications concrètes faites par
les cours et tribunaux de dispositions juridiques données.

L'étude de la jurisprudence permet au chercheur de prendre conscience des retombées


« pratiques » de son sujet. Ainsi, il pourra découvrir comment les juges comblent d’éventuelles
lacunes de la loi en la matière, comment ils l’interprètent, si des interprétations innovantes ou
des controverses jurisprudentielles existent sur son thème…

Après avoir abordé la définition et le rôle de la jurisprudence (section 1), nous focaliserons
notre attention sur la typologie des décisions de justice, principalement à travers la pyramide
de l’ordre judiciaire (section 2). Nous évoquerons ensuite les principes généraux gouvernant la
recherche jurisprudentielle (section 3) ainsi que, très brièvement, les outils qui fournissent de
la jurisprudence (section 4).

SECTION 1. DÉFINITION ET RÔLE DE LA JURISPRUDENCE


Qu’est-ce que la jurisprudence (§1) et à quoi sert-elle (§2) ?

§1. Définition
La jurisprudence est « l’ensemble des décisions rendues par les juridictions c’est-à-dire les
institutions chargées de trancher, sur la base des exigences de la règle de droit, les conflits qui
leur sont soumis »49. En d’autres mots, « la jurisprudence, c’est le droit concret, incarné, vécu,
pratiqué sur le terrain »50.

Constituent des juridictions au sens large, les cours et tribunaux de l’ordre judiciaire, mais
également les juridictions administratives (avec, au sommet, la section du contentieux
administratif du Conseil d’État), la Cour constitutionnelle, certains organes du pouvoir législatif
exerçant une fonction juridictionnelle (ex. : la Cour des Comptes), ainsi que les juridictions
européennes et internationales.

47
Décrits supra, leçon I, chapitre II.
48
Détaillés supra, cette leçon, chapitre I.
49
A. DE THEUX, I. KOVALOVSZKY et N. BERNARD, op. cit., p. 433, n°329 ; N. BERNARD (dir.), op. cit.,
p. 86, n°125.
50
A. DE THEUX, I. KOVALOVSZKY et N. BERNARD, ibidem, p. 433, n°329 ; N. BERNARD (dir.), ibidem,
p. 86, n°125.

36
§2. Rôle
Le rôle de la jurisprudence est, au minimum, quintuple.

(1) On sait, tout d’abord, qu’il incombe au juge, « fidèle serviteur de la loi », de trancher le
litige qui lui est soumis en appliquant le texte légal adéquat. À partir des faits qui lui
sont exposés dans une affaire, le juge doit trouver le bon texte de loi applicable au cas
d’espèce, autrement dit la bonne entrée dans l’immense arsenal législatif. En principe51,
la législation est générale et abstraite, c’est-à-dire qu’elle s’adresse à la généralité des
citoyens ; le juge est ensuite tenu de la transformer en un principe de solution pour un
litige particulier. C’est l’opération de qualification : le juge doit qualifier les faits qui
lui sont décrits suivant une terminologie juridique existante.

(2) Dans la mesure où le législateur n’est pas une entité abstraite, désincarnée et
omnisciente, qui produit des normes de manière mécanique et infaillible, mais bien une
somme de femmes et d’hommes qui ont chacun leur formation et leurs intérêts, les
règles qu’édicte le législateur, rédigées le plus souvent en des termes généraux et
abstraits, requièrent d’être interprétées pour être appliquées aux situations concrètes,
singulièrement si elles pâtissent de quelque imperfection. Le juge est donc chargé
d’appliquer la loi, le cas échéant en faisant un travail d’interprétation.

(3) Une troisième fonction de la jurisprudence se manifeste lorsque le juge se trouve en


présence d’une situation non réglementée par la loi. Ne pouvant s’abriter derrière le
silence de la loi pour refuser de trancher le litige porté devant lui (le Code judiciaire
prohibe – en son article 5 – le « déni de justice »52), il appartient au magistrat d’y
suppléer, en recourant notamment aux principes généraux du droit, le plus souvent non
écrits. Outre ses missions de qualification et d’interprétation, le juge doit aussi pouvoir
faire preuve de créativité.

(4) Il existe une série de règles très anciennes – et parfois quelque peu désuètes – qui sont
pourtant toujours en vigueur. On pense tout particulièrement à certaines dispositions du
Code civil adoptées en 1804 et restées intactes depuis lors. L’application de ces règles
aux différends qui leur sont soumis permet aux juges d’adapter le contenu de celles-ci
aux réalités actuelles, aux évolutions de notre société.

(5) Enfin, rappelons que, par ses décisions, le juge attire parfois l’attention du législateur
sur la nécessité d’intervenir en vue d’opérer une réforme ou de combler une lacune.
Souvent relayée alors par la doctrine, la jurisprudence peut donc exercer également un
rôle d’« incitation législative » (cf. supra, leçon I, chapitre I).

L’importance de la jurisprudence dans notre système juridique se reflète dans la possibilité que
se créent des « courants de jurisprudence » : des séries de décisions allant dans le même sens,
qui confèrent une force particulière aux thèses qu’elles épousent. Un courant jurisprudentiel
signale donc la présence d’une « solution qui découle d’un ensemble de décisions concordantes

51
Contre-exemple : une loi de naturalisation.
52
« Il y a déni de justice lorsque le juge refuse de juger sous quelque prétexte que ce soit, même du silence, de
l'obscurité ou de l'insuffisance de la loi ».

37
rendues par les juridictions sur une question de droit »53. Un courant de jurisprudence solide
peut constituer le lieu d’émergence de la coutume et des principes généraux du droit. Les
« courants de jurisprudence » peuvent être infirmés par des « revirements de jurisprudence »54.

SECTION 2. TYPOLOGIE DES DÉCISIONS DE JUSTICE ET


PYRAMIDE JUDICIAIRE
On opère traditionnellement le classement des décisions de justice en fonction de la juridiction
qui les prononce. Impossible dès lors d’avoir une compréhension un peu fine d’une décision de
justice sans, à la base, maîtriser les rouages de l’organisation juridictionnelle. C’est pourquoi il
convient à présent de présenter, d’une part, les cours suprêmes du Royaume (§1) et, d’autre
part, la pyramide de l’ordre judiciaire (chapeautée par l’une de ces trois cours) (§2). On
terminera en expliquant le rôle joué auprès de certaines juridictions par le Ministère public et
la nature de ses interventions (§3).

§1. Les trois juridictions suprêmes


On compte en Belgique trois juridictions dites suprêmes :

(1) la Cour de cassation (qui chapeaute l’ordre judiciaire) : Const., art. 147 et C.
jud., art. 608 à 615 ;
(2) le Conseil d’État, section du contentieux administratif (haute juridiction
administrative) : lois coordonnées du 12 janvier 1973 sur le Conseil d’État, M.B.,
21 mars 1973 ;
(3) la Cour constitutionnelle55 (haute juridiction constitutionnelle) : loi spéciale du
6 janvier 1989 sur la Cour constitutionnelle, M.B., 7 janvier 1989.

De manière très schématique et délibérément simplifiée, on pourrait dire que chaque juridiction
suprême est juge de l'un des trois pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) :

 La Cour de cassation est le juge du pouvoir judiciaire.


 Le Conseil d'État est le juge du pouvoir exécutif.
 La Cour constitutionnelle est le juge du pouvoir législatif.

Pour l’examen de ces deux dernières juridictions suprêmes, on renvoie au cours de Sources et
principes du droit, ainsi qu’aux leçons VI et VII, le présent enseignement se concentrant, pour
sa part, sur l’examen de la pyramide des juridictions de l’ordre judiciaire.

53
G. DE LEVAL, « Principes généraux d’organisation judiciaire et de procédure », L’expertise judiciaire, G. de
Leval et B. Tilleman (dir.), Bruxelles, La Charte, 2003, p. 32.
54
Certains revirements de jurisprudence peuvent être liés à la doctrine : un juge lit un commentaire doctrinal (de
lege ferenda) et est convaincu de la pertinence de trancher différemment le conflit.
55
Le nom de « Cour constitutionnelle » est relativement récent. En effet, c’est par suite de la révision
constitutionnelle du 7 mai 2007 que la dénomination de « Cour constitutionnelle » a remplacé celle de « Cour
d’arbitrage ». Cette modification est entrée en vigueur « immédiatement », soit le jour de sa publication au
Moniteur belge (M.B., 8 mai 2007).

38
§2. La pyramide des juridictions de l’ordre judiciaire
Afin de déchiffrer adéquatement une décision de justice ou d’en assimiler la teneur, il convient
de disposer, au préalable, d’une connaissance élémentaire de la pyramide des juridictions de
l’ordre judiciaire, étant entendu que les rudiments exposés dans le cadre du cours de
Méthodologie juridique n’épuisent en rien le sujet, qu’ils ne font qu’effleurer56. Il s’agit
essentiellement ici de saisir l’articulation entre les différents cours et tribunaux57.

Pour ce faire, seront respectivement explicités le concept de pyramide (A), les compétences des
juridictions (B), les recours prévus (C), le ressort territorial des juridictions (D) et, enfin, le
« jargon » utilisé dans le domaine judiciaire (E). Le tout, résumé dans un powerpoint
récapitulatif58 (F).

A. Le concept de pyramide
Appliqué aux juridictions de l’ordre judiciaire, le concept de « pyramide » s’indique
particulièrement dans la mesure où celles-ci se déploient suivant un ordre précis, convergeant
vers un point faîtier. Les juridictions s’étagent par degrés (premier degré de juridiction, second
degré de juridiction), lesquels incarnent la possibilité d’introduire un recours contre une
décision de justice (sous réserve que les conditions pour introduire un recours soient remplies,
voy. infra).

Concrètement (et schématiquement), les juridictions dites de premier ressort (le « premier degré
de juridiction ») forment le socle de cette pyramide, au-dessus duquel on trouve les juridictions
de dernier ressort (le « second degré de juridiction ») qui statuent en degré d’appel sur les
décisions rendues par les juges de premier ressort.

Attention : en fonction de leur nature ou du type d’affaires qui leur sont déférées, certaines
juridictions statuent toutefois en premier ET dernier ressort (cf. infra, B et C).

Les décisions rendues en dernier ressort peuvent être elles-mêmes être soumises au contrôle –
en droit – de la Cour de cassation.

B. Les compétences
L’image de la pyramide montre que les juridictions peuvent s’articuler, et ce, à trois niveaux :
- les juridictions de premier ressort ou premier degré de juridiction : ils forment le socle de la
pyramide, c’est le premier juge qui va connaître l’affaire (leurs décisions pourront généralement
faire l’objet d’un appel) ;

56
Cf. notamment l’ « Introduction à la fonction de juger et au droit judiciaire » abordée dans le cours de Sources
et principes du droit.
57
Raison pour laquelle impasse sera faite ici sur le tribunal d’arrondissement, les juridictions d’instruction
(chambre du conseil et chambre des mises en accusation), le juge des saisies ainsi que le juge des référés. Pour
information, le tribunal d'arrondissement tranche les questions relatives à la compétence du tribunal saisi. Il permet
de répondre à la question de savoir si le tribunal saisi est bien le tribunal compétent pour trancher le litige (C. jud.,
art. 639).
58
Qui, lui aussi, est entièrement matière d’examen.

39
- les juridictions de dernier ressort ou second degré de juridiction : ils statuent en degré d’appel ;
- la Cour de cassation : elle chapeaute la pyramide.

Il est important de déterminer la compétence des différentes juridictions. La compétence est


« le pouvoir du juge de connaître d’une demande portée devant lui » (C. jud., art. 8). Il existence
la compétence matérielle (ou d’attribution) et la compétence territoriale.

C. jud., art. 9 : « La compétence d’attribution est le pouvoir de juridiction déterminé en raison de l’objet,
de la valeur et, le cas échéant, de l’urgence de la demande ou de la qualité des parties ».
C. jud., art. 10 : « La compétence territoriale est le pouvoir de juridiction appartenant au juge dans une
circonscription, selon les règles déterminées par la loi ».

a) Le juge de paix

Il existe 187 justices de paix.

Les principales compétences du juge de paix peuvent se résumer de la manière suivante :


- les affaires civiles portant sur un montant qui n’excède pas 5000 euros (C. jud., art. 590) sauf
si le litige est attribué par la loi à une autre juridiction (C. jud., art. 569 à 571, 572bis, 573, 574
et 578 à 583) ;
- certaines compétences spécifiques (quel que soit le montant) : ex. : baux, recouvrement d’une
somme d’argent par un fournisseur d’électricité ou de gaz, contrat de crédit, copropriété,
protection des malades mentaux (C. jud., art. 591 à 601).

Illustration : La clause interdisant au locataire la détention d'un animal domestique ne porte atteinte au
droit à l'intégrité de la vie privée, de la vie familiale et du domicile, consacré par l'article 8.1 Conv. eur.
D.H., que dans la seule mesure où cette clause porte une interdiction générale et absolue sans référence à
une quelconque nocivité.

Le juge de paix est considéré comme un juge de proximité qui doit chercher à atteindre la
conciliation des parties dans des affaires avec de faibles intérêts financiers.

Les jugements du juge de paix peuvent, en fonction de la nature du litige, faire l’objet d’un
appel devant le tribunal civil ou devant le tribunal de la famille (C. jud., art. 577). L’appel n’est
possible que si le litige porte sur un montant supérieur à 2000 euros (C. jud., art. 617)59.

b) Le tribunal de police

Il existe 15 tribunaux de police.

Les principales compétences du tribunal de police peuvent se résumer de la manière suivante :


- les contraventions (C. i. cr., art. 137), c.-à-d. les infractions punies d’un emprisonnement de 7
jours maximum, d’une amende de 25 euros maximum, d’une peine de probation autonome de
12 mois maximum ou d’une peine de travail de 20 à 45 heures (C. pén., art. 1er, 28, 37quinquies,
37octies et 38)
- les délits « contraventionnalisés » en raison de circonstances atténuantes (loi du 4 octobre
1867, art. 4 et 5) ;
- certaines compétences spécifiques : les infractions au Code de la route (y compris les aspects
civils c.-à-d. la réparation des dommages liés à un accident de circulation ; C. i. cr., art. 138, C.

59
Il est à noter que les décisions du juge de paix dont l’appel doit être porté devant le tribunal de la famille ne sont
généralement pas limitées par un montant car il s’agit de litiges non évaluables en argent.

40
jud., art. 601bis).

Illustration : Un étudiant est victime d’un accident de la route. La perte d'une année universitaire est de
22.250 EUR, ce montant incluant les frais afférents à l'année perdue (3.500 EUR), le préjudice moral
résultant de la frustration de l'étudiant considéré comme doubleur (3.750 EUR), et la perte des revenus
d'une année d'activité sur la base d'une valeur économique nette de 1.250 EUR par mois (15.000 EUR).

Les jugements du tribunal de police peuvent faire l’objet d’un appel devant le tribunal
correctionnel (C. i. cr., art. 172 et 174). Les jugements du tribunal de police peuvent faire l’objet
d’un appel devant le tribunal civil (si le montant est supérieur à 2000 euros) en ce qui concerne
les aspects civils (réparation liée à un accident de la route : C. jud., art. 577 et 617)60.

c) Le tribunal civil (une des sections du tribunal de première instance)

Il existe 13 tribunaux civils.

Les principales compétences du tribunal civil peuvent se résumer de la manière suivante :


- tous les litiges qui ne sont pas expressément attribués par la loi à une autre juridiction (C. jud.,
art. 568) : on dit que c’est la juridiction « de droit commun » (compétence ordinaire ou
résiduaire) ;
- affaires civiles dont le montant est supérieur à 5000 euros ;
- certaines compétences spécifiques (C. jud., art. 569) : indignité successorale,
expropriation… ;
- l’appel formé contre la décision du juge de paix (en matière civile et si le montant est supérieur
à 2000 euros) (C. jud., art. 577 et 617) ;
- l’appel formé contre la décision du tribunal de police (aspect civil lié à la réparation d’un
accident de la route et si le montant est supérieur à 2000 euros) 61 (C. jud., art. 577 et 617).

Illustration : N'est pas responsable le gardien d'un chien couché par terre et effrayé par le mouvement
d'un passant qui se penche pour caresser l'animal. Il est certain que ceux qui sont des inconnus pour
l'animal doivent redouter ses réactions qui peuvent être imprévisibles même à l'égard de mouvements
bien intentionnés. (C. civ., art. 1385)

Les jugements du tribunal civil peuvent faire l’objet d’un appel auprès de la Cour d’appel
(chambre civile) sauf si le tribunal civil était lui-même l’instance d’appel ou si le montant est
inférieur à 2500 euros. (C. jud., art. 602 et 617).

d) Le tribunal correctionnel (une des sections du tribunal de première instance)

Il existe 13 tribunaux correctionnels.

Les principales compétences du tribunal correctionnel peuvent se résumer de la manière


suivante :
- les délits (C. i. cr., art. 179), c.-à-d. les infractions punies d’un emprisonnement de 8 jours à 5
ans ou d’une amende de 26 euros au moins, d’une peine de probation autonome de minimum 1
an, d’une peine de surveillance électronique de 1 mois à 1 an ou d’une peine de travail de 46 à
300 heures (C. pén., art. 1er, 7, 25, 37ter, 37quinquies, 37octies et 38) ;

60
Il est à noter que généralement, l’appel du jugement du tribunal de police est porté, dans son ensemble (en ce
donc compris les aspects civils), devant le tribunal correctionnel (qui statue dès lors tant sur les aspects pénaux
que les aspects civils).
61
Pour ne pas altérer la lisibilité de l’ensemble, cette compétence est (délibérément) omise dans le powerpoint.

41
- exception : le tribunal correctionnel n’est pas compétent pour les délits de presse et les
délits politiques (cf. infra : compétence de la Cour d’assises ; Const., art. 150) ;
- exception à l’exception : le tribunal correctionnel est compétent pour les délits de
presse à caractère raciste ou xénophobe (Const., art ; 150) ;
- les crimes « correctionnalisés » (loi du 4 octobre 1867, art. 2 et 3) ;
- l’appel formé contre les jugements du tribunal de police (aspects pénaux) (C. i. cr., art. 174).

Illustration : Lors d’un match de foot, un steward au Standard a empêché l'arrestation d'un supporter du
Standard de Liège en donnant des coups de pied aux membres de l'équipe d'arrestation.

Les jugements du tribunal correctionnel peuvent faire l’objet d’un appel auprès de la Cour
d’appel (chambre correctionnelle) sauf si le tribunal correctionnel était lui-même l’instance
d’appel (C. jud., art. 602).

e) Le tribunal de la famille et de la jeunesse (une des sections du tribunal de première


instance)

Il existe 13 tribunaux de la famille et de la jeunesse.

Les principales compétences du tribunal de la famille et de la jeunesse peuvent se résumer de


la manière suivante :
- les affaires protectionnelles qui concernent les mineurs : garde des enfants, déchéance de
l’autorité parentale, maltraitance… (loi du 8 avril 1965) ;
- les affaires pénales qui concernent les mineurs : mineur ayant commis un fait qualifié
infraction (loi du 8 avril 1965) ;
- le contentieux du droit des personnes et des familles : état des personnes, régime matrimonial,
cohabitation légale, divorce, pensions alimentaires, filiation, adoption, mariage, successions,
donations, testaments… (C. jud., art. 572bis) ;
- l’appel formé contre la décision du juge de paix (dans les matières « famille et jeunesse » et
si le montant est supérieur à 2000 euros) (C. jud., art. 577 et 617).

Illustration : Il est possible d’imaginer une présomption en défaveur du parent déménageant dès lors que
l’intérêt fondamental de l’enfant est de n’être privé d’aucun de ses parents et que le parent déménageant
est celui qui bouleverse l’équilibre de la triade père-mère-enfant et devrait donc assumer les conséquences
de son choix d’expatriation. Il n’existe pas d’autre solution en raison de la distance géographique
(Éthiopie/Belgique) que d’autoriser un des parents à héberger les enfants pendant l’année. La plupart des
attaches des enfants (socio-éducatives, affectives et matérielles) sont situées en Belgique. La préférence
marquée de l’enfant de 16 ans pour être hébergé par le parent déménageant doit être prise en
considération, mais il ne constitue pas l’unique critère d’appréciation. Le risque de perturbation des
enfants est réel : différence de climat, de situation géographique, de conditions sociales et de conditions
de vie, notamment sanitaires beaucoup moins rassurantes en particulier pour l’enfant de 10 ans (C. civ.,
art. 374).

Les jugements du tribunal de la famille et de la jeunesse peuvent faire l’objet d’un appel auprès
de la Cour d’appel (chambre de la jeunesse et chambre de la famille) sauf si le montant est
inférieur à 2500 euros62 (C. jud., art. 602 et 617).

62
En pratique, les jugements du tribunal de la famille peuvent faire l’objet d’un appel auprès de la cour d’appel
(chambre famille) presque en toutes circonstances car ces litiges sont non évaluables en argent. Par exception, si
la demande ne porte que sur des aliments (et est dès lors évaluable en argent) et si le montant de 12 annuités (C.
jud., art. 561) est inférieur à 2.500 euros, le jugement du tribunal de la famille est rendu en dernier ressort ; on ne
pourra, dès lors, pas faire appel de cette décision (C. jud., art. 602 et 617)

42
f) Le tribunal de l’application des peines (une des sections du tribunal de première instance)

Il existe 5 tribunaux de l’application des peines (uniquement au sein des tribunaux de première
instance du siège d’une cour d’appel ; Bruxelles, Liège, Mons, Anvers et Gand).

Les principales compétences du tribunal de l’application des peines concernent les mesures
d’élargissement qui peuvent être octroyées à une personne détenue dans un établissement
pénitentiaire (ex. : libération conditionnelle, surveillance électronique) (loi du 17 mai 2006).

Les jugements du tribunal de l’application des peines ne sont pas susceptibles d’appel (décision
rendue en premier et dernier ressort).

g) Le tribunal de l’entreprise

Il existe 9 tribunaux de l’entreprise63.

Les principales compétences du tribunal de l’entreprise peuvent se résumer de la manière


suivante :
- les contestations entre entreprises64 relatives aux actes accomplis dans un but économique (C.
jud., art. 573) ;
- certaines compétences spécifiques : insolvabilité, droit d’auteur (C. jud., art. 574 et 575).

Illustration : En l’espèce, il est certain que la demanderesse a, suite à l’usage du signe fort similaire
« SLEEPING by Peeters-Van Leeuw », tiré indûment profit du caractère distinctif ou de la renommée
des marques SLEEPY. Cela est en outre renforcé par le fait que la demanderesse bénéficiait
précédemment d’une franchise de la défenderesse. L’usage d’un signe similaire à la marque qui laisse
suggérer l’existence d’une appartenance au réseau officiel du titulaire, constitue de la publicité trompeuse
et est source de confusion (loi du 14 juillet 1991, art. 94/2, 3e et 8° et 94/3, aujourd’hui abrogée).

Les jugements du tribunal de l’entreprise peuvent faire l’objet d’un appel auprès de la Cour
d’appel (chambre civile) sauf si le montant est inférieur à 2500 euros (C. jud., art. 602 et 617).

Deux mots supplémentaires sur la composition du tribunal de l’entreprise. Ce tribunal est


composé d’un président, un juge professionnel et de deux assesseurs, appelés « juges
consulaires » (C. jud., art. 84 et 85). Ces juges consulaires sont des personnes ayant une
expérience dans la gestion d’une entreprise (C. jud., art. 203). Ils sont nommés par le Roi pour
5 ans (renouvelable). Ils permettent de sensibiliser le président aux pratiques liées au monde de
l’entreprise (sensibilité, usages).

h) Le tribunal du travail

Il existe 9 tribunaux du travail.

Les principales compétences du tribunal du travail peuvent se résumer de la manière suivante :


- les litiges relatifs au droit du travail (contrat de travail : litige entre employeur et travailleur)
(C. jud., art. 578 et 579) ;

63
Le tribunal de l’entreprise s’appelait « tribunal de commerce » jusqu’au 1er novembre 2018, date d’entrée en
vigueur de la loi du 15 avril 2018 portant réforme du droit des entreprises, M.B., 27 avril 2018.
64
La notion d’entreprise est définie comme « toute personne physique ou personne morale poursuivant de manière
durable un but économique (…) » (CDE, art. I.1). Si la demande est dirigée contre une entreprise, le tribunal de
l’entreprise est compétent même si le demandeur n’est pas une entreprise.

43
- les litiges relatifs au droit de la sécurité sociale (chômage, pension, allocations familiales…)
(C. jud., art. 580 à 582) ;
- le règlement collectif de dettes (C. jud., art. 578, 14°) : concerne toute personne insolvable qui
n’est pas un commerçant (C. jud., art. 1675/2).

Les jugements du tribunal du travail peuvent faire l’objet d’un appel auprès de la Cour du travail
(C. jud., art. 607 et 617, al. 2).

Illustration : Il n’y a pas de violation du droit au respect de la vie privée du travailleur lorsqu’un
employeur prend connaissance de messages publiés par celui-ci sur une page publique de son profil
Facebook. Il en serait de même si la page n’était pas publique, mais accessible non seulement aux amis
du titulaire du profil, mais également aux amis de ses amis. Lorsqu’un travailleur fait usage d’un réseau
social et s’y fait connaître comme un membre du personnel d’une entreprise, il doit s’abstenir d’actes et
de déclarations déloyaux ou préjudiciables à l’entreprise.

Deux mots supplémentaires sur la composition du tribunal du travail. Ce tribunal est composé
d’un président, un juge professionnel et de deux assesseurs, appelés « juges sociaux » (C. jud.,
art. 81). Ces juges sociaux sont membres d’un syndicat ou d’une organisation patronale. Ils sont
nommés par le Roi pour une période de cinq ans (renouvelable).

i) La cour d’appel

Il existe 5 cours d’appel (de Bruxelles, de Liège, de Mons, d’Anvers et de Gand : Const., art.
156).

La Cour d’appel comporte une chambre civile, une chambre correctionnelle, une chambre de
la jeunesse et une chambre de la famille (C. jud., art. 101). Elle traite des appels formés contre
(C. jud., art. 602) :
- les jugements du tribunal civil et du tribunal de l’entreprise rendus en premier ressort (chambre
civile de la Cour d’appel) ;
- les jugements du tribunal correctionnel rendus en premier ressort (chambre correctionnelle de
la Cour d’appel) ;
- les jugements du tribunal de la famille et de la jeunesse rendus en premier ressort (chambre
de la jeunesse et chambre de la famille de la Cour d’appel).

La Cour d’appel est également compétente (en premier et dernier ressort) pour les infractions
commises par les ministres des gouvernements fédéral, communautaires et régionaux dans
l’exercice de leurs fonctions (Const., art. 103 et 125). On parle de « privilège de juridiction ».

Les arrêts de la Cour d’appel ne sont pas susceptibles d’appel. Ils peuvent faire l’objet d’un
pourvoi devant la Cour de cassation (C. jud., art. 608 et 609).

j) La cour du travail

Il existe 5 cours du travail (de Bruxelles, de Liège, de Mons, d’Anvers et de Gand).

La Cour du travail traite des appels formés contre les jugements du tribunal du travail (C. jud.,
art. 607)

Les arrêts de la Cour du travail ne peuvent pas faire l’objet d’un appel. Ils peuvent faire l’objet
d’un pourvoi devant la Cour de cassation (C. jud., art. 608 et 609).

44
Deux mots supplémentaires sur la composition de la cour du travail. Cette cour est composée
d’un président, un juge professionnel et de deux assesseurs, appelés « conseillers sociaux » (C.
jud., art. 103). Ces conseillers sociaux sont membres d’un syndicat ou d’une organisation
patronale. Ils sont nommés par le Roi pour une période de cinq ans (renouvelable).

k) La cour d’assises

Il existe 11 cours d’assises (C. jud., art. 114). Ces cours ne sont pas permanentes, elles ne
siègent que si une affaire relevant de leur compétence doit être jugée.

Les principales compétences de la Cour d’assises peuvent se résumer de la manière suivante :


- les crimes, c.-à-d. les infractions punies d’une réclusion de 5 ans à la perpétuité accompagnée
éventuellement d’une amende de 26 euros au moins (C. i. cr., art. 216novies et C. pén., art. 1,
7 à 12 et 38) ;
- exceptions : crimes « correctionnalisés » (loi du 4 octobre 1867, art. 2 et 3), crimes
commis par les ministres, par les militaires en temps de guerre, par les mineurs ;
- les délits politiques (infractions qui intentionnellement portent atteinte aux institutions
politiques ; ex. : fausser le résultat d’une élection, insurrection) et de presse (infractions
commises par la publication dans un écrit, y compris internet, d’une opinion punissable65)
(Const., art. 150) ;
- exception : délits de presse inspirés par le racisme ou la xénophobie (compétence du
tribunal correctionnel).

Les arrêts de la Cour d’assises ne sont pas susceptibles d’appel. Ceci est problématique. Les
arrêts de la Cour d’assises peuvent faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour de cassation (C.
jud., art. 608 et 609).

Deux mots supplémentaires sur la composition de la cour d’assises. Elle est composée de trois
juges professionnels et de douze jurés. Ceux-ci sont tirés au sort parmi la population (C. jud.,
art. 119 à 124). Cet usage des citoyens pour rendre justice est fréquemment critiqué. Les douze
jurés décident de la culpabilité. S’ils estiment que l’accusé est coupable, les douze jurés et les
juges professionnels décident de la peine.

l) La Cour de cassation

Il existe une Cour de cassation (à Bruxelles). Elle est la juridiction suprême de l’ordre judiciaire.
Elle est divisée en trois chambres en fonction des matières traitées : matières civiles et
commerciales (économiques), matières pénales et matières sociales (C., jud., art. 128 et 133).

Elle ne traite pas du fond des affaires (Const., art. 147), elle ne rejuge pas l’affaire (elle n’est
pas une troisième juridiction), mais elle apprécie la légalité de la décision rendue en dernier
ressort, elle vérifie si la juridiction attaquée a respecté les normes juridiques et les formalités
prévues (C. jud., art. 609). On peut donc dire qu’elle ne tranche pas des litiges, mais qu’elle
juge les jugements et arrêts (des cours et tribunaux) : elle vérifie si le juge a appliqué et
interprété correctement la règle de droit. Elle permet l’unification de la jurisprudence en
Belgique.

La Cour de cassation « connaît des décisions rendues en dernier ressort qui lui sont déférées
65
Calomnie et diffamation (C. pén., art. 443), injures, provocation à commettre des crimes.

45
pour contravention à la loi ou pour violation des formes, soit substantielles, soit prescrites à
peine de nullité » (C. jud., art. 608). Un pourvoi en cassation est possible lorsque l’appel a été
exercé au préalable (lorsqu’il est possible). Peuvent donc faire l’objet d’un pourvoi en
cassation :
- les arrêts d’une cour d’assises ;
- les arrêts d’une cour d’appel ;
- les arrêts d’une cour du travail ;
- les jugements rendus en degré d’appel par le tribunal de première instance ;
- les jugements rendus en degré d’appel par le tribunal de l’entreprise ;
- les jugements rendus par le juge de paix qui ne peuvent pas faire l’objet d’un appel (montant
trop peu élevé) ;
- les jugements rendus par le tribunal de police qui ne peuvent pas faire l’objet d’un appel
(montant trop peu élevé) ;
- les jugements rendus par le tribunal de première instance qui ne peuvent pas faire l’objet d’un
appel (montant trop peu élevé) ;
- les jugements rendus par le tribunal de l’entreprise qui ne peuvent pas faire l’objet d’un appel
(montant trop peu élevé).

Si la Cour de cassation estime que la loi a été bien appliquée, elle « ne casse pas » la décision
attaquée. La décision attaquée devient irrévocable, c’est donc cette décision qui pourra être
exécutée. Si la Cour de cassation estime que la loi n’a pas été bien appliquée, elle « casse » la
décision attaquée, elle va renvoyer66 la cause à une autre juridiction de même rang que celle qui
a rendu la décision attaquée (ou à la même juridiction, mais autrement composée) (C. jud., art.
1110).
Ex. : Cour d’appel de Liège > Cour de cassation > Cour d’appel de Bruxelles.

La juridiction de renvoi (dans l’exemple ci-dessus, la Cour d’appel de Bruxelles) est tenue de
suivre la position de la Cour de cassation. (C. jud., art. 1110).

Dès lors que c’est sa compétence matérielle qui détermine la place d’une juridiction dans la
pyramide (premier ou dernier ressort), il importe de commencer par brosser – fût-ce
succinctement – la sphère d’attributions de chacune des juridictions judiciaires.

C. Les recours
Quel recours est-il permis d’exercer ? Contre la décision de quelle juridiction ? Et où porter ce
recours ?

a) À titre liminaire, il convient d’observer que certaines juridictions statuent exclusivement en


premier ressort (justice de paix, tribunal de police et tribunal du travail) – qui constitue parfois
également le dernier (cf. infra) –, tandis que d’autres, exclusivement en dernier ressort (cour
d’appel et cour du travail). D’autres juridictions encore (tribunal de première instance et
tribunal de l’entreprise), en fonction de l’affaire, interviennent parfois en premier ressort,
parfois en dernier ressort. Enfin, la cour d’assises et le tribunal de l’application des peines sont
les seules juridictions à toujours statuer en premier et dernier ressort.

66
Il n’y aura pas de renvoi s’il n’y a plus rien à juger « au fond » (C. jud., art 1109/1).

46
b) L’appel est un recours – dit « ordinaire »67 – qui vise à substituer à une décision (de premier
ressort) une autre décision (de dernier ressort), rendue par une juridiction différente.
Concrètement, l’appel est porté devant la juridiction directement supérieure dans la pyramide68.
De cette affaire, celle-ci rejuge et les faits et le droit ; elle aborde ainsi le « fond » du dossier.

Le Code judiciaire pose en principe que « tout jugement peut être frappé d’appel, sauf si la loi
en dispose autrement » (C. jud., art. 616). On peut, dès lors, faire appel des décisions de
n’importe quelle juridiction, à certaines exceptions près (cf. supra, B).

Il faut également souligner qu’il ne peut y avoir qu’une procédure en appel entre les mêmes
personnes, pour le même litige.

c) Par contraste, le pourvoi en cassation est qualifié d’ « extraordinaire »69 dans la mesure où
l’on ne demande pas à la Cour suprême de rejuger l’affaire, mais d’apprécier la légalité d’une
décision (le droit uniquement). Cette dernière doit avoir été rendue en dernier ressort70 ; l’appel,
autrement dit, a obligatoirement été exercé au préalable (lorsqu’il est possible).

Une méprise importante reste à éviter : la Cour de cassation ne traite pas du fond des affaires
(Const., art. 147). Contrairement aux juridictions chargées du recours ordinaire, l’office de la
Cour de cassation ne consiste pas à remplacer une décision par la sienne : elle ne « rejuge » pas
l'affaire et ne représente donc en aucune manière un « troisième degré de juridiction ». Son rôle
est d'apprécier la légalité de la décision rendue en dernier ressort ; elle vérifie si la juridiction
dont la décision est attaquée a respecté les normes en cause et les formalités prévues. On peut
donc dire qu’elle ne tranche pas des litiges, mais qu’elle juge les jugements et arrêts (des cours
et tribunaux) : elle vérifie si le juge a appliqué et interprété correctement la règle de droit.

Si la Cour de cassation estime que la loi a été bien appliquée, elle « ne casse pas » la décision
attaquée, mais elle « rejette » le pourvoi en cassation. La décision attaquée devient irrévocable,
en ce sens que toutes les voies de recours (en droit interne) ont été engagées et vidées71 ; c’est
donc la décision attaquée qui pourra être exécutée. Si la Cour de cassation estime que la loi n’a
pas été bien appliquée, elle « casse » la décision attaquée (celle-ci est anéantie) et renvoie la
cause vers une autre juridiction de dernier ressort mais de même rang que celle qui a rendu la
décision attaquée et cassée (C. jud., art. 1110).
Ex. : Cour d’appel de Bruxelles > Cour de cassation > Cour d’appel de Liège.

La juridiction dite de renvoi (dans l’exemple ci-dessus, la Cour d’appel de Liège) est appelée à
rejuger entièrement du fond de l'affaire (les faits et le droit) mais elle doit se conformer à l’arrêt

67
Une autre voie de recours ordinaire est l’opposition, ouverte à la partie absente à l’audience et consistant à faire
revenir l’affaire devant le juge qui a prononcé la décision par défaut (voy. pour le surplus le cours de droit
judiciaire). Toutefois, dans le cadre (restreint) du cours de Méthodologie juridique, on s’abstiendra de traiter
davantage de cette voie de recours.
68
Voy. le schéma du powerpoint.
69
Les autres recours extraordinaires, qui ne seront pas traités dans le cadre (restreint) du cours de Méthodologie
juridique, sont la tierce opposition (C. jud., art. 1122), la requête civile (C. jud., art. 1132) et la prise à partie (C.
jud., art. 1140).
70
Ce qui inclut les décisions rendues simultanément en premier et dernier ressort (cf. supra).
71
La décision irrévocable ne doit pas être confondue avec la décision « définitive », qui « épuise la juridiction du
juge sur une question litigieuse, sauf les recours prévus par la loi » (C. jud., art. 19, al. 1er), ni avec la décision
« passée en force de chose jugée », laquelle « n'est plus susceptible d'opposition ou d'appel, sauf les exceptions
prévues par la loi et sans préjudice des effets des recours extraordinaires » (C. jud., art. 28).

47
de la Cour de cassation sur le point que celle-ci a tranché (C. jud., art. 1110)72.

Ex. : Cour d’appel de Bruxelles (dit « blanc ») > Cour de cassation (dit « noir ») > Cour d’appel de Liège
(doit dire « noir »).

Il n’y a pas de juridiction – de dernier ressort – contre les décisions de laquelle il ne serait pas
possible de se pourvoir en cassation (pour autant, naturellement, qu’une erreur de droit puisse
leur être reprochée).

D. Le ressort territorial
Les différentes juridictions précitées ne jouissent pas d’une compétence territoriale identique.
En cela aussi, d’ailleurs, l’image de la pyramide se révèle éloquente, dès lors que ce ressort
s’étend (et, fatalement, le nombre de juridictions du même niveau diminue) à proportion que
l’on gravit les échelons.

1) La Belgique, tout d’abord, est divisée en cantons judiciaires (187), qui comptent chacun une
justice de paix73.

2) Ces cantons sont rassemblés eux-mêmes dans des arrondissements judiciaires, au sein
desquels on trouve un tribunal de première instance, un tribunal de l’entreprise, un tribunal du
travail et au moins un tribunal de police. Les arrondissements judiciaires viennent de subir
consécutivement trois réformes d’importance, qu’on se permet de retracer brièvement dans le
cadre du présent cours de Méthodologie juridique en ce qu’elles ont des répercussions sur
l’appellation des juridictions notamment.

a) D’abord, la réorganisation – et non la scission – de l’arrondissement judiciaire de


Bruxelles (arrondissement qu’on confond souvent avec la circonscription électorale de
Bruxelles-Hal-Vilvorde74 qui, il est vrai, couvrait le même territoire) a transformé le
paysage judiciaire belge75. Entrée en vigueur le 31 mars 2014, cette réforme a conduit à
un dédoublement d’une série de tribunaux (première instance, travail et commerce –
désormais entreprise – notamment76) en un siège francophone et un siège
néerlandophone77 ; ces nouvelles juridictions sont chacune compétentes pour l’ensemble
du territoire de l’arrondissement judiciaire78. Quant au ministère public, il est scindé : un

72
Cet article a été modifié par la loi du 6 juillet 2017 (M.B., 24 juillet 2017). Auparavant, le mécanisme était
différent : la juridiction de renvoi n’était pas tenue de se conformer à l’arrêt de la Cour de cassation et un second
pourvoi en cassation pouvait donc avoir lieu, qui engendrait un second arrêt et, éventuellement, une seconde
cassation (et, partant, un nouveau renvoi). La seconde juridiction de renvoi devait cependant se conformer à la
position de la Cour de cassation sur le point de droit tranché par celle-ci.
73
Attention, certains cantons comportent plusieurs sièges. Il existe, en effet, 229 sièges de justice de paix en
Belgique. Pour une liste complète : https://www.tribunaux-rechtbanken.be/fr.
74
Bel et bien scindée, elle.
75
Loi du 9 juillet 2012 portant réforme de l'arrondissement judiciaire de Bruxelles, M.B., 22 août 2012. Voy.
également Const., art. 157bis.
76
Dans le cadre restreint du cours de Méthodologie juridique, on laisse de côté le tribunal d’arrondissement
(également dédoublé).
77
La situation du tribunal de police est un peu particulière puisque l’arrondissement judiciaire de Bruxelles en
compte dorénavant trois au total : un (néerlandophone) pour l’arrondissement administratif de Hal-Vilvorde et
deux (un néerlandophone et un francophone) pour l’arrondissement administratif de Bruxelles-Capitale. En
d’autres termes, le dédoublement s’est limité à l’arrondissement administratif de Bruxelles-Capitale.
78
À l’exception donc des tribunaux de police (cf. note infrapaginale précédente).

48
parquet bilingue exerce ainsi sa compétence sur les 19 communes de l’arrondissement
administratif de Bruxelles-Capitale tandis qu’un parquet néerlandophone est compétent
pour les 35 communes de l’arrondissement administratif de Hal-Vilvorde. Il en va de
même de l’auditorat du travail.

b) Ensuite, demeurés longtemps au nombre de 27, les arrondissements judiciaires sont passés
(à partir du 1er avril 2014) au nombre de 12, aux fins notamment d’améliorer la mobilité
des magistrats79. Les limites géographiques des (nouveaux) arrondissements coïncident
désormais avec les provinces, à deux exceptions près : un arrondissement germanophone
(Eupen) a été créé80, à côté de l’arrondissement de Liège, dans la province du même nom,
et le territoire du Brabant flamand est divisé entre l’arrondissement judiciaire de Leuven
et celui de Bruxelles, ce dernier englobant à la fois – et comme avant – les 19 communes
de l’arrondissement administratif de Bruxelles-Capitale et les 35 communes de
l’arrondissement administratif de Hal-Vilvorde.

c) Enfin, cette entreprise d’élargissement d’échelle n’est pas complète puisque chaque
(nouvel) arrondissement81 est morcelé en « divisions », correspondant pour l’essentiel
aux (anciens) arrondissements82. Il s’agit par-là de ne pas faire perdre au citoyen la
proximité, essentielle, qu’il convient d’entretenir avec son juge. En clair, le justiciable
n’a pas à se déplacer plus loin pour saisir une juridiction ; il peut continuer à solliciter
« ses » tribunaux habituels. Les lieux d’audience n’ont pas bougé.

3) Les arrondissements judiciaires s’agrègent eux-mêmes en cinq zones judiciaires appelées


communément « ressorts de cours d’appel » (respectivement centrés sur Bruxelles, Liège,
Mons, Anvers et Gand). Chacun d’entre eux compte une cour d’appel et une cour du travail.

Il y a, en revanche, une cour d’assises par province (et une pour l’arrondissement – administratif
– de Bruxelles-Capitale).

4) Enfin, trône au sommet de la pyramide la Cour de cassation, seule et unique, qui couvre
l’ensemble du Royaume. Elle siège à Bruxelles.

E. La terminologie
Impossible de refermer ce volet dédié à la pyramide des juridictions de l’ordre judiciaire sans
brasser, même brièvement, quelques considérations de nature purement terminologique. Loin
d’être anodines ou superflues cependant, celles-ci démontrent toute leur utilité lorsqu’il s’agit
d’appréhender la substance d’une décision de justice, ce qui requiert a minima d’en identifier
les différents acteurs.

79
Loi du 1er décembre 2013 portant réforme des arrondissements judiciaires et modifiant le Code judiciaire en vue
de renforcer la mobilité des membres de l'ordre judiciaire, M.B., 10 décembre 2013. Pour la ratio legis : Doc., Ch.,
2012-2013, n°53-2858/001.
80
Ou plutôt, on a préservé l’arrondissement judiciaire d’Eupen préexistant.
81
On notera cependant que les cours du travail, dont le ressort territorial dépasse l’arrondissement judiciaire (et
qui, pour cette raison, sont situées un cran au-dessus dans la pyramide des juridictions : voy. infra) connaissent
elles aussi le système des « divisions ».
82
Arrêté royal du 14 mars 2014 relatif à la répartition en divisions des cours du travail, des tribunaux de première
instance, des tribunaux du travail, des tribunaux de commerce et des tribunaux de police, M.B., 24 mars 2014.

49
Concernant tout d’abord le nom officiel des décisions de justice, relevons que les tribunaux83
et la justice de paix rendent des « jugements », et les cours84 des « arrêts ».

Quant aux magistrats85, ils revêtent l’appellation de « juges » lorsqu’ils siègent au sein d’un
tribunal, et de « conseillers » au sein d’une cour.

Les parties à la cause sont dénommées « demandeur » et « défendeur » dans toutes les
juridictions de la pyramide (Cour de cassation y comprise86), sauf en cour d’appel (« appelant »
et « intimé », respectivement).

La matière pénale se distingue cependant, puisque l’individu attrait en justice est « prévenu »
devant le tribunal de police ou tribunal correctionnel et « accusé » devant la Cour d’assises.
Durant la phase d'enquête, il est appelé « suspect » (si l'enquête est à l'information) ou
« inculpé » (si l'enquête est à l'instruction).

Enfin, le représentant du ministère public87 (ou parquet – cf. infra, §3) devant les juridictions
relevant spécifiquement d’un arrondissement judiciaire88 se nomme le « procureur du Roi ». En
plus de celui-ci, le parquet se compose de « substituts », qui sont tout autant que le procureur
des représentants du ministère public (principe d'unité du parquet) ; du reste, c’est souvent un
des substituts89 qui vient siéger à l’audience90.

Attention : les appellations changent en fonction des juridictions.


Le nom du ministère public est différent donc devant le tribunal du travail, où il est appelé
« auditorat » ; l’« auditeur » y travaille également avec ses « substituts ».
Devant les cours d’appel, le ministère public est représenté par le « procureur général près la
cour d’appel ». Celui-ci est assisté d’un premier avocat général, d’avocats généraux et de
substituts du procureur général.
Devant les cours du travail, le ministère public est appelé « auditorat général » ; il a à sa tête un
« procureur général », qui collabore avec un « premier avocat général », des « avocats
généraux » et des « substituts du procureur général ».
Enfin, devant la Cour de cassation91, le ministère public s’incarne dans les personnes du
« procureur général près la Cour de cassation », du « premier avocat général » et des « avocats
généraux ».

83
De police, de première instance, de l’entreprise et du travail.
84
D’appel, du travail, d’assises et de cassation.
85
Terme générique, comme le sont « juridictions » et « décisions de justice ».
86
Les parties reçoivent la dénomination exacte suivante : demandeur en cassation c. défendeur en cassation.
87
En matière répressive, le ministère public (« magistrature debout ») a pour mission de rechercher les infractions,
d’en poursuivre les auteurs et, lors de phase de jugement éventuelle, de requérir l’application de la loi pénale. En
matière civile, par contre, le ministère public donne un avis lorsque la législation le prévoit (adoption par exemple)
et, de manière générale, chaque fois que l’ordre public est en jeu.
88
Comme le tribunal de police et le tribunal correctionnel.
89
À qui il est d’usage cependant de donner du « Monsieur le Procureur » pour l’occasion.
90
Il en va de même, mutatis mutandis, en degré d’appel.
91
Devant la Cour de cassation, le ministère public rédige des « conclusions » dans lesquelles il émet une
proposition de décision (rejet ou cassation) qu’il soumet à l’appréciation – discrétionnaire – de la haute juridiction.

50
Pour aller plus loin - Les juridictions européennes et internationales

Au niveau supranational existent également des juridictions issues de traités et conventions signés dans le cadre
d’institutions européennes ou internationales et auxquels la Belgique est, le plus souvent, partie.

Les juridictions européennes (Luxembourg) sont les suivantes :


(1) La Cour de justice de l’Union européenne (C.J.U.E.)
(2) Le Tribunal de première instance de l’Union européenne (T.P.I.U.E., créé en 1988)
(3) Le Tribunal de la fonction publique de l’Union européenne (T.F.P.U.E., créé en 2004).

À l’instar de ce qui a été vu pour la législation, on distinguera, parmi les juridictions internationales, la juridiction
issue du Conseil de l’Europe de celles qui sont mises en place dans le cadre des Nations Unies.

L’organe juridictionnel du Conseil de l’Europe est la Cour européenne des droits de l’homme (Cour eur. D.H.)
(siège à Strasbourg)92.

Les principaux organes juridictionnels des Nations Unies sont :


(1) La Cour internationale de Justice (C.I.J.) (siège à La Haye) ;
(2) Les tribunaux pénaux internationaux (pour l’ex-Yougoslavie : T.P.I.Y., 1993-2017, siège à La
Haye ; pour le Rwanda : T.P.I.R., 1994-2015, siège à Arusha) ;
(3) La Cour pénale internationale (C.P.I.) (siège à La Haye) ;
(4) Le Tribunal international du droit de la mer.

F. PowerPoint récapitulatif
Voir Moodle.

§3. Le Ministère public


Dans certaines affaires portées devant un tribunal ou une cour, le Ministère public, appelé
couramment « le parquet » (cf. supra, §2), est amené à donner son opinion, à proposer une
solution au tribunal ou à la cour. S’il est vrai que le Ministère public rend des avis dans des
affaires déférées aux juridictions de fond, ce sont surtout les conclusions de ses représentants
devant la Cour de cassation (avocat général, premier avocat général ou procureur général) qui
sont visées ici.

Il se peut qu’en raison de l’importance de la question juridique abordée lors d’une affaire
soumise à la justice, les conclusions prises par le Ministère public fassent l’objet d’une
publication (intégrale ou partielle) dans une revue juridique, en sus (en prélude généralement)
de la décision de justice intervenue dans cette même affaire.

Si l’arrêt constitue bien évidemment de la jurisprudence, les conclusions – qui le précèdent et


l’éclairent – n’en font pas formellement partie et ne sont pas donc à considérer comme de la
jurisprudence sensu stricto ; elles ne constituent pas non plus un élément de doctrine (même si
leur mode de référencement se rapproche de celui de la doctrine). Il s’agit donc d’une œuvre
sui generis, que l’on qualifiera familièrement de « para-jurisprudence » ou de « pré-
jurisprudence ».

92
Jusqu’en 1998 existait aussi la Commission européenne des droits de l’homme, aujourd’hui disparue (ou, plutôt,
« absorbée » par la Cour).

51
Exemple :
Av. gén. J.-F. LECLERCQ, concl. préc. Cass. (1re ch.), 11 décembre 1989, Pas., 1990, I, p. 449 et s.

SECTION 3. PRINCIPES GÉNÉRAUX GOUVERNANT LA


RECHERCHE JURISPRUDENTIELLE
Lors d’une recherche de décisions de justice, il convient d’avoir les éléments suivants à l’esprit :
l’actualité et l’autorité de la source (§1), le caractère publié ou non de celle-ci (§2) et, dans
l’affirmative, la publication intégrale ou non de cette source (§3).

§1. Actualité de la source et principe hiérarchique


La lecture de la jurisprudence répond à un principe cardinal : seront consultées et invoquées par
priorité les décisions les plus récentes et celles qui ont le plus d’autorité (en ce qu’elles émanent
des juridictions supérieures). Plus la source est récente, plus elle est intéressante et moins elle
risque d’être « périmée » (cela sera le cas si cette décision applique une législation qui n’est
plus en vigueur). Plus élevée dans la hiérarchie judiciaire est la juridiction qui la prononce, plus
la décision de justice a de la valeur.

En fonction du cas d’espèce, on privilégiera l’une ou l’autre de ces pistes (ou même les deux).

§2. Décisions prononcées et décisions publiées


Les décisions de justice prononcées par la Cour constitutionnelle et la section du contentieux
administratif du Conseil d’État sont publiées de manière exhaustive.

En revanche, et contrairement à la législation, il n’existe pas de recueil officiel exhaustif de la


jurisprudence judiciaire. Chaque jour, dans les centaines de juridictions du Royaume, on
prononce des décisions de justice. Pourtant, seule une très faible minorité de celles-ci est portée
à la connaissance de personnes autres que celles qui assistaient à l’audience : « toute la
jurisprudence ne fait pas l’objet d’une publication, bien au contraire seule une infime fraction
– moins de 1% – est publiée. C’est la raison pour laquelle on distingue la jurisprudence – qui
désigne l’ensemble des décisions rendues par les cours et tribunaux en Belgique – de la
jurisprudence publiée, partie de la jurisprudence qui sera jugée suffisamment digne d’intérêt
pour être publiée »93.

En l’absence d’un système national officiel de publication (tel que le Moniteur belge pour la
législation), la mission de reproduire les décisions de jurisprudence a été prise en charge par les
éditeurs privés de revues juridiques. Ceux-ci opèrent naturellement une sélection dans la masse
des décisions rendues en ne retenant que celles qui leur semblent dignes d’intérêt, de sorte que
la jurisprudence n’est pas intégralement publiée.

Par contraste avec la jurisprudence publiée (sous-entendu : dans une revue « papier » ou via

93
E. GEERKENS et al., Méthodologie juridique. Méthodologie de la recherche documentaire juridique, 3e éd.,
Bruxelles, Larcier, 2010, p. 131.

52
une banque de données informatiques), on qualifie généralement d’ « inédite » la jurisprudence
qui n'est publiée nulle part, et que l’on s’est procurée dès lors « par la bande » (via une des
parties, un des avocats, voire le magistrat).

On notera cependant que, par une loi du 16 octobre 2022, le législateur a prévu que tous les
jugements et arrêts seraient publiés, après anonymisation, sur une banque de données
électronique. Ce « Registre central pour les décisions de l’ordre judiciaire » (C. jud., art. 782)
sera accessible au public. La juridiction pourra néanmoins décider de ne pas publier une
décision (ou une partie de celle-ci) pour éviter de porter atteinte à la vie privée des personnes
concernées. L’entrée en vigueur de la loi est prévue le 30 septembre 2023. Il est donc
vraisemblable qu’à terme, il soit constitué un recueil officiel exhaustif de jurisprudence
judiciaire.

§3. Sommaire, extraits et texte intégral


Contrairement à la législation (où soit la source est disponible et se livre alors en texte intégral,
soit elle ne l’est pas du tout), la jurisprudence connaît un état intermédiaire : la publication
électronique à l’état de sommaire uniquement. Dans ce cas, identifier la source pertinente ne
signifie pas s’en approprier le contenu. Dans le meilleur des cas, ce résumé fatalement subjectif
et partiel ne donnera qu’une vue tronquée de la décision, dont il écrasera les subtilités du
raisonnement du juge. Dans le pire des cas, l’auteur du sommaire aura mal compris ou interprété
la décision et, de ce fait, il livrera un résumé qui induira son lecteur en erreur. Pour éviter de
trahir de la sorte la pensée du magistrat, nombre des sommaires consistent simplement en la
reproduction d’une ou plusieurs phrases de la décision ; ainsi tirés de leur contexte, ces extraits
manquent toutefois de lisibilité et, en tout état de cause, s’exposent alors au premier grief (la
non-représentativité).

Lorsque le sommaire est seul disponible, le site en question indiquera la revue publiant la
décision, à condition naturellement que la décision ait bien fait l’objet d’une publication (ce qui
n'est pas toujours le cas – cf. supra). Il faudra alors aller rechercher cette décision sur un autre
site qui la publierait en texte intégral, ou l’appréhender physiquement en bibliothèque (cf.
infra).

Depuis peu, nombreuses sont toutefois les revues qui ont tendance à ne plus publier les
décisions de justice en texte intégral, mais de n’en reproduire que des extraits, choisissant alors
les passages des jugements et arrêts susceptibles d’intéresser le plus le lecteur (omission des
éléments propres aux parties, des antécédents de l’affaire, de l’exposé des prétentions des
parties, de certaines étapes de la motivation, etc.). Si le texte intégral de la décision n’est pas
disponible ailleurs, que le chercheur se sente libre d’utiliser la décision publiée par extraits ;
cela reste de la jurisprudence – même amputée –, contrairement au sommaire, qui constitue une
aide à la recherche développée par la maison d’édition publiant la revue.

53
SECTION 4. SUPPORTS : PREMIÈRE APPROCHE
Les outils qui permettent de prendre connaissance de décisions de justice sont tantôt des
supports « papier » (§1), tantôt des supports informatiques (§2).

À ce stade, ces supports ne seront présentés que de manière sommaire ; ils seront étudiés en
profondeur dans diverses leçons subséquentes (cf. infra, leçons VI et VII).

§1. Les supports « papier »


C’est dans les revues, et seulement dans les revues, que l’on retrouve les décisions de justice.
Ce qui a été dit sur les revues lors de l’étude de la doctrine vaut naturellement pour la
jurisprudence, dans la mesure où la plupart des revues sont mixtes (cf. supra, chapitre I).

On l’a dit, les revues qui publient de la jurisprudence peuvent être des revues mixtes ou alors
focalisées sur la jurisprudence ; elles peuvent être générales ou spécialisées (en fonction de la
branche du droit traitée ou de la juridiction concernée). Retenons d’ores et déjà l’existence
d’une revue spécifiquement centrée sur la jurisprudence de la Cour de cassation : la Pasicrisie
belge (Pas.)94.

§2. Les supports informatiques


Afin de donner accès aux décisions de justice, des bases de données performantes ont été
développées par des instances publiques belges comme par des sociétés privées actives dans le
domaine juridique.

Parmi les sites publics – et gratuits – (également qualifiés d’officiels), celui qui se dégage
nettement des autres est le portail du pouvoir judiciaire belge (Juportal). Par ailleurs, Conseil
d’État et Cour constitutionnelle disposent de leur propre site internet.

Comme pour la législation et la doctrine, Jura (Kluwer) et Strada lex (Larcier) sont les
instruments informatiques privés – et payants – les plus aboutis en matière de jurisprudence (cf.
infra, leçon VII). Quand ils fournissent l’accès aux décisions dans leur intégralité, c’est soit via
un lien vers le scan de la version « papier » de la revue, soit sur leur propre interface et selon
leur propre mise en page.

94
La Pasicrisie a ceci de particulier qu’elle est à la fois générale, parce qu’elle peut porter sur toutes les matières
juridiques, et spécialisée, parce qu’elle ne recense plus que les arrêts de la Cour de cassation.

54
LEÇON III.
COMPRENDRE & RECHERCHER
LA LÉGISLATION
(séance plénière) – 2h

Attention : les étudiant.e.s sont prié.es de prendre connaissance, en vue de cette leçon, de
l’ensemble des annexes afférentes à celle-ci.
Il est, par ailleurs, conseillé aux étudiant.e.s de relire la leçon I, chapitre II.
Enfin, ils doivent impérativement prendre avec eux, en plus des syllabus (théorie et annexes),
le Code Bac Saint-Louis 2023.

Pour avoir une chance de mettre la main sur le texte de loi adéquat, l’étudiant.e doit
préalablement apprendre à connaître une source de ce type (du point de vue de sa présentation
formelle à tout le moins), que ce soit concernant les actes normatifs proprement dits (chapitre
1) ou leurs travaux préparatoires (chapitre 2), les deux chapitres étant axés spécialement sur le
droit belge.

Pour une meilleure visualisation et une meilleure compréhension, il est renvoyé aux annexes de la
présente leçon III : celle-ci sera, en effet, illustrée au moyen de documents pour l’essentiel relatifs à la loi
du 20 juillet 2015 visant à renforcer la lutte contre le terrorisme (ci-après la loi du 20 juillet 2015), loi qui
a eu un impact majeur sur la matière de la nationalité traitée dans le travail type (annexe 4 à la leçon III).

CHAPITRE I. LES ACTES NORMATIFS


Les actes normatifs énoncent des dispositions qui modifient l’ordre juridique existant. Ils
constituent une source de droits et d'obligations juridiques en ce qu'ils ordonnent, interdisent,
octroient des droits et/ou imposent des obligations. Les actes normatifs peuvent émaner du
pouvoir législatif (ex. : loi, décret, ordonnance) ou du pouvoir exécutif (ex. : arrêté royal, arrêté
du Gouvernement, règlement, etc.).

Le présent chapitre vise essentiellement les actes normatifs qui sont issus du pouvoir législatif.

Un chercheur en droit doit savoir comment lire les textes de loi (section 1) et comment
rechercher ces derniers (section 2) ; tel est l’objet du présent chapitre. Les neuf annexes
concernées – en rapport avec la confection du travail type (cf. annexe 4 à la leçon III) – sont
reprises sous les numéros 1 à 9 (III.1 à III.9).

55
SECTION 1. LA COMPRÉHENSION DES ACTES NORMATIFS
Comme il a déjà été vu (cf. supra, leçon I, chapitre II), en droit interne, on trouve deux types
de publications des actes normatifs : le Moniteur belge (§1) et les recueils officieux (§2). Ces
publications sont complémentaires, car elles offrent chacune des avantages distincts95.

§1. Les actes normatifs publiés au Moniteur belge


Seront tour à tour évoqués ici le contenu d’un Moniteur belge (A), les avantages et les
inconvénients de la lecture d’un texte normatif en ses pages (B) et la présentation qu’il adopte
des actes normatifs (C). Quelques exercices de compréhension seront ensuite proposés (D).

A. Contenu du Moniteur belge


Lors de précédentes leçons relatives à la législation, il a déjà été question du Moniteur belge.
Étudions-le maintenant un peu plus en détail.
Pour illustrer notre propos, nous utiliserons des passages du Moniteur belge du 5 août 2015, qui a publié
notamment la loi précitée du 20 juillet 2015 et que vous trouverez dans le syllabus d’annexes : les annexes
1 à 6 à la leçon III.

Pour rappel, le Moniteur belge (M.B.) est le journal officiel bilingue du Royaume, édité sous le
contrôle du SPF Justice : il contient le texte officiel de l’essentiel des textes normatifs.

Exemple : le Moniteur belge du 5 août 2015, qui contient entre autres la loi précitée du 20 juillet 2015.

Pour rappel également, le Moniteur belge, suite à des interventions du législateur en 2002 et
2005, n’existe quasiment plus que sous format électronique96. Néanmoins, les actes normatifs
antérieurs à ces interventions sont parfois exclusivement disponibles en version « papier ».

Le Moniteur belge comporte deux parties : le Moniteur proprement dit (a) et ses annexes (b).

95
Rappelons que ces deux types de publications ont un pendant électronique : le Moniteur belge est publié sur
internet (l’encodage des Moniteurs n’étant devenu systématique qu’à partir de 1997) et les recueils officieux sont
disponibles sur Jura et sur Strada lex.
96
Si on l’imprime sous format PDF (cliquer sur « Image », tout en bas de la législation trouvée), le Moniteur belge
constitue l’exacte reproduction de la version « papier » – autrefois seule disponible et désormais réduite à quatre
exemplaires –, avec une présentation en deux colonnes (français - néerlandais) pour les textes bilingues.

56
a) Le Moniteur proprement dit

Le Moniteur proprement dit97 paraît en principe du lundi au vendredi. Il débute par un


sommaire98 (cf. annexe 1) et comprend quatre rubriques (a.1 à a.4) :

a.1) La rubrique « Lois, décrets, ordonnances et règlements »

Cette rubrique comprend :

- tous les textes normatifs devant faire l’objet d’une publication intégrale au Moniteur,

Exemples : modification à la Constitution ; conventions internationales devant faire l’objet d’un


assentiment par la loi, le décret ou l’ordonnance ; lois, décrets, ordonnances ; arrêtés royaux et des
gouvernements des entités fédérées, …

Vous trouverez ainsi au Moniteur belge du 5 août 2015 la publication de ladite loi du 20 juillet 2015 :
annoncée dans le sommaire (cf. annexe 1), elle est publiée intégralement à la p. 49.326 de ce numéro du
Moniteur (cf. annexe 2 et infra).

- le texte par extrait des arrêts de la Cour constitutionnelle statuant sur les recours en
annulation et en suspension.

a.2) La rubrique « Autres arrêtés »

On publie, dans la rubrique « autres arrêtés », intégralement ou par simple mention en fonction
de la nature du document, des actes n’intéressant pas la généralité des citoyens.

Exemples : expropriation de biens ; enregistrement de transporteurs de déchets ; agrément de


chauffagistes ; nomination de magistrats ; octroi de distinctions honorifiques, …

Dans le Moniteur belge du 5 août 2015, on trouvera ainsi l’information de ce que des personnes se sont
vu octroyer la Médaille du Mérite (distinction honorifique) dans le cadre de services rendus aux Forces
armées (cf. sommaire, annexe 1). La publication intégrale de cet acte est annoncée à la p. 49.354 de ce
numéro du Moniteur (cf. annexe 3).

a.3) La rubrique « Avis officiels »

La rubrique « Avis officiels » comprend essentiellement des avis émanant des ministères (ex :
Service public fédéral, Service public de Wallonie, Autorité flamande) ou d’autres organes de
l’administration générale.

Exemples : places vacantes dans l’ordre judiciaire ; indices des prix ; jours de vente de billets de loterie ;
successions en déshérence, …

Pour la recherche normative, présente un intérêt tout particulier la publication, dans cette partie

97
Pour y accéder sur internet, allez sur le site du SPF Justice (https://justice.belgium.be/fr), cliquez sur « Moniteur
belge » et puis sur « le Moniteur belge lui-même ».
98
Le sommaire présente les actes normatifs en indiquant le service responsable de ces actes. Ainsi, dans le
Moniteur belge du 18 juillet 2023, on comprend que le travail ayant abouti à la loi du 4 juin 2023 portant
modification de la loi du 22 mars 2001 instituant la garantie de revenus aux personnes âgées a été dirigé par le
Service public fédéral sécurité sociale.

57
du Moniteur belge :

- du texte par extrait des arrêts rendus par la Cour constitutionnelle sur les questions
préjudicielles,
- des avis indiquant qu’une demande d’annulation ou de suspension d’une loi, d’un
décret, d’une ordonnance a été introduite auprès de la Cour constitutionnelle, qu’une
question préjudicielle a été posée à la Cour constitutionnelle, qu’une demande
d’annulation ou de suspension ou d’un arrêté réglementaire a été introduite auprès du
Conseil d’État,
- du texte des circulaires ministérielles éventuellement publiées,

Le Moniteur belge du 5 août 2015 publie, entre autres (cf. sommaire, annexe 1), un arrêt de la Cour
constitutionnelle rendu sur question préjudicielle (extrait), un avis du SPF Finances sur une succession
en déshérence et deux circulaires du Service public Wallonie (administration de la Région wallonne). À
nouveau, la publication des textes eux-mêmes se fait plus loin dans ledit numéro du Moniteur (p. ex. p.
49.373 pour l’avis du SPF Finances sur une succession en déshérence – cf. annexe 4).

Le Moniteur belge du 27 juin 2023 publie la Circulaire concernant le Code de Déontologie pour les
membres du gouvernement

a.4) La rubrique « Publications légales et avis divers »

Cette dernière rubrique comporte notamment :

- l’ordre du jour des assemblées délibérantes de l’État, des communautés et des régions,
- des communiqués divers,
- des convocations à des assemblées générales,
- des publications d’actes judiciaires.

Contrairement aux autres rubriques, le sommaire du Moniteur ne liste pas les différentes
informations contenues dans cette rubrique-ci, mais se contente de renvoyer aux pages qui les
reproduisent (cf. sommaire, annexe 1).

Le Moniteur belge du 5 août 2015 publie ainsi, entre autres, un avis de convocation à une assemblée
générale des actionnaires d’une société privée et des avis de nomination d’administrateurs provisoires au
bénéfice de personnes majeures à protéger (cf. annexe 5).

b) Les annexes du Moniteur

Les annexes du Moniteur99 comportent des extraits de décisions prises par diverses personnes
morales (entreprises, associations…) et dont la loi prévoit la publication. Depuis 2003 et la
fusion de plusieurs bases de données, les deux principales bases de données sont « Actes des
personnes morales » et « Banque de données des personnes morales ».

Par exemple, vous trouverez dans les annexes du Moniteur belge du 5 août 2015 la publication d’un
changement d’administrateurs d’une société privée (cf. annexe 6).

99
Pour y accéder sur internet, allez sur le site du SPF Justice (https://justice.belgium.be/fr), cliquez sur « Moniteur
belge » et puis sur « Annexe Personnes morales » ou « Bulletin des adjudications ».

58
B. Avantages et inconvénients du Moniteur belge
En sus de délivrer le texte officiel des normes qu’il publie, le Moniteur belge offre l’avantage
de renseigner son lecteur, au jour le jour, sur l’actualité juridique. On l’a déjà dit : c’est en
consultant le Moniteur belge qu’on est averti par exemple de l’adoption d’une nouvelle
disposition constitutionnelle, de la modification d’un arrêté royal ou encore de l’introduction
d’un recours auprès de la Cour constitutionnelle à l’encontre d’une loi. Aussi tout bon juriste
entame-t-il sa journée par la consultation on line de ce journal officiel100.

Parmi les autres atouts du Moniteur belge, on relèvera sa complétude (le Moniteur est complet
puisque, par définition, il publie, dans leur intégralité, toutes les normes dont l’opposabilité est
conditionnée à cette formalité), et le fait qu’il fournisse, en principe, les références aux travaux
préparatoires. On mentionnera également son moteur de recherche qui en permet un usage
aisé. Le fait que l’on puisse comparer la version française avec la version néerlandaise est
également un atout car certains termes, obscurs de prime abord, sont en réalité mal traduits.

À côté des points forts que l’on vient d’épingler, le Moniteur belge présente aussi un certain
nombre de points faibles, dont le principal a déjà été évoqué :

(1) Le Moniteur belge ne fournit aucun renseignement sur l’évolution normative des
textes qu’il publie ; il n’incorpore pas dans un seul et même document les
modifications successives d’un texte, à l’inverse par exemple du site de la
Législation belge (Justel) qui fournit une version « consolidée » de la législation101.
La consolidation est « un procédé qui intègre au texte initial tous ses amendements
subséquents »102. Autrement dit, le Moniteur belge n’est pas en mesure de donner le
droit en vigueur, tel qu’il s’applique au jour d’aujourd’hui ; il fournit seulement un
instantané de la production législative à un moment donné, ni plus, ni moins. Il est
donc impossible, à la simple lecture du Moniteur belge, de connaître les éventuelles
modifications subies par le texte postérieurement à sa publication.

Exemple 1 : La loi du 20 juillet 2015 est une loi entièrement modificative (cf. infra, point C), en
ce sens qu’elle n’a pour objet que de modifier trois normes existantes (le Code pénal, le Code
d’instruction criminelle et le Code de la nationalité belge). En théorie, elle-même ne devrait donc
jamais être modifiée. En revanche, les dispositions qu’elle a modifiées dans les trois codes
(officiels) l’ont peut-être encore été après sa publication au M.B. du 5 août 2015 par des lois plus
récentes, dès lors publiées ultérieurement au M.B.

Exemple 2 : La loi du 25 juin 1998 réglant la responsabilité pénale des ministres (cf. annexe 8)
est, elle, une loi dite indépendante (cf. infra, point C). Elle a été publiée au M.B. du 27 juin
1998. Il n’est toutefois pas possible, à la seule lecture de cette loi dans le M.B., de savoir si
certaines dispositions de cette loi ont fait l’objet de modifications ultérieures, et, dès lors, si la
version de la loi, que l’on a sous les yeux et qui est issue du M.B., est encore à jour.

(2) Pour la même raison, on ne trouve pas davantage, dans le Moniteur belge, la mention
des arrêtés d’exécution pris sur la base d’une législation déterminée, dès lors que,
par hypothèse, ces arrêtés sont postérieurs à ladite législation.

100
Il est possible de recevoir un courriel avec le Moniteur belge du jour en s’inscrivant sur
http://www.stradalex.com/moniteur.
101
À propos de la consolidation des normes, cf. infra, §2 (codes officieux) et section 2, §1 (bases de données, dont
Législation belge).
102
C. Nissen, Fr. Desseilles et A. Zians, Méthodologie juridique. Méthodologie de la recherche documentaire
juridique, Bruxelles, Larcier, 6e éd., 2016, p.24.

59
Remarque : En l’occurrence, la loi du 20 juillet 2015 n’a donné lieu à aucun arrêté d’exécution
(ou circulaire), mais, quand bien même cela aurait été le cas, cela ne se serait pas vu à la lecture
de la loi au M.B. du 5 août 2015 (cf. annexe 2).

Ces inconvénients peuvent toutefois être dépassés en usant des recueils officieux (cf. infra, §2)
ou des voies de recherche informatiques, dont notamment le site de la Législation belge (cf.
infra, section 2).

C. Présentation formelle des actes normatifs publiés au Moniteur belge


Selon les règles de la technique législative103, deux groupes d’éléments sont nécessaires à la
présentation correcte d’un texte normatif : les éléments qui forment le dispositif et ceux qui font
partie du protocole104.

« Cœur » du texte normatif, le dispositif (b)) est, en principe, situé au milieu de celui-ci, entre
deux groupes d’éléments relevant du protocole (a) et c)).

Le dispositif est la partie d’un texte qui consacre la volonté de son auteur. Il comporte la
formulation des règles nouvelles, ainsi qu’un certain nombre de dispositions destinées à assurer
la concordance de ces règles avec la législation et la réglementation en vigueur, à fixer le
moment de l’entrée en vigueur du texte et à déterminer éventuellement l’autorité chargée de
l’exécution. S’agissant du fond, du contenu même du texte normatif, c’est donc véritablement
son « cœur ».

Le protocole est destiné à identifier les textes et leur auteur, à faire foi de leur légalité et de leur
régularité, parfois à justifier leur opportunité ou à renseigner sur l’identité de textes cités ou
référés au dispositif. Il s’agira dès lors ici de l’aspect protocolaire ou formel du texte normatif,
que l’on retrouvera lors de la publication de la norme au Moniteur belge.

Le Moniteur belge publie en outre, au bas des lois, les références à leurs travaux préparatoires
(d)).

L’illustration de la matière se fera principalement à l’aide de la loi précitée du 20 juillet 2015,


telle que publiée au Moniteur du 5 août 2015 et reprise à l’annexe 2 à la leçon III, mais d’autres
lois seront également mobilisées (annexes 7 et 8 à la leçon III).

103
Pour de plus amples informations, consultez Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de
rédaction des textes législatifs et réglementaires, 2008, disponible sur http://www.conseil-etat.be/
104
La présente subdivision se contentera de présenter les normes de droit interne, étant entendu que le droit
européen et le droit international possèdent des exigences en matière de formalisme normatif sensiblement
identiques.

60
a) La première partie du protocole

La première partie du protocole est composée de quatre ou cinq éléments (a.1 à a.5), l’un étant
variable selon l’auteur de la norme :

a.1) La date

Tout texte est daté, mais sa date aura une signification différente en fonction du type de norme.

La date d’une loi est celle de sa sanction et de sa promulgation par le Roi, tandis que celle d’un
décret ou d’une ordonnance est celle de sa sanction et de sa promulgation par le gouvernement
compétent (sur ces notions, cf. infra).

La date d’un règlement est celle à laquelle il a été adopté par son auteur. S’agissant d’un arrêté
royal, la date est celle de sa signature par le Roi, et non celle du contreseing ministériel.

La loi du 20 juillet 2015 a été sanctionnée et promulguée le 20 juillet 2015. La publication au Moniteur
belge n’est pas nécessairement proche de la date de la loi : en l’occurrence, cette dernière a été publiée
dans le Moniteur belge du 5 août 2015. Dans des cas urgents, la publication peut avoir lieu à une date très
rapprochée (ex. : Loi du 25 juin 1998 réglant la responsabilité pénale des ministres, M.B., 27 juin 1998 –
annexe 8), voire le jour même ; dans d’autres cas, on peut assister à des intervalles de plusieurs mois (ex. :
Loi du 1er juillet 2006 modifiant des dispositions du Code civil relatives à l’établissement de la filiation
et aux effets de celle-ci, M.B., 29 décembre 2006), parfois même davantage.

À titre anecdotique, pour illustrer le délai parfois important entre la date de la loi et sa publication, voici
un opus humoristique publié au Journal des Tribunaux :

« Nein à la coque du Levant.

Lecteur perspicace, Alain Jacobs-von Arnauld, avocat au barreau de Bruxelles, a découvert dans le
journal officiel de notre Royaume une information que la grande presse a passée sous silence. La lettre
qu’il a adressée au J.T. intéressera plus d’un pêcheur entre Eupen et Botrange :
C’est avec un vif intérêt que le lecteur du Moniteur électronique du 14 septembre 2012 constatera qu’après
quelque 99 années de tergiversations, le législateur diligent, soucieux de mieux informer les pêcheurs
germanophones de nos rivières s’est enfin attaqué à la coordination officieuse en langue allemande de la
loi du 25 février 1913 interdisant le commerce de la coque du Levant.
Vos lecteurs avertis savent probablement que la coque du Levant (Anamirta cocculus) est un arbuste
grimpant originaire des régions tropicales d’Asie dont la drupe rouge contient de la picrotoxine et que les
graines sont utilisées par les pêcheurs astucieux pour stupéfier les poissons. Eh bien, plus question
désormais de vendre ces drupes, sinon à des pharmaciens et à raison de 50 kilos au minimum. Le poisson
germanophone ne peut que s’en réjouir.
Mais nous dira-t-on en vertu de quelle considération il s’impose tout à coup de publier par exemple, au
Moniteur du 25 septembre 2012 la loi du 11 mars 1866 interprétative de deux articles de la loi du 12 avril
1835 concernant les péages et les règlements de police sur les chemins de fer. L’urgence après 177 années
d’insouciance ? »105.

a.2) L’intitulé

Tout texte est pourvu d’un intitulé qui indique l’objet du texte.

Certains intitulés sont clairs et précis, d’autres sont vagues, voire incompréhensibles car

105
A. JACOBS-VON ARNAULD, « Nein à la coque du Levant », J.T., 2012, p. 663.

61
concernant trop de matières différentes. Quoi qu’il en soit, l’intitulé devrait permettre au lecteur
de connaître directement l’objet de l’acte et de faciliter l’identification de cet acte. Il est
dépourvu de toute valeur normative.

L’intitulé de la loi du 20 juillet 2015 est « visant à renforcer la lutte contre le terrorisme ».

a.3) La salutation

La formule de salutation des lois et arrêtés royaux est : « Philippe, Roi des Belges, A tous,
présents et à venir, Salut. ».

Ladite formule se donne à voir en amont de la loi du 20 juillet 2015, telle que publiée au M.B.

a.4) Le préambule (uniquement pour les règlements106)

Le préambule d’un règlement est la partie de l’acte normatif entre l’intitulé et le dispositif. Il
est composé toujours d’un « visa » et parfois également de « considérants ».

Il comporte des mentions (« visa ») telles que le fondement du texte réglementaire, les textes
que le règlement tend à modifier, et l’accomplissement des éventuelles formalités imposées par
la loi (ou des circonstances justifiant l’omission de celles-ci). Ainsi, c’est dans le préambule
que l’on pourra trouver le numéro de l’avis du Conseil d’État concernant le projet d’arrêté. Le
préambule a donc une fonction d’information pour le lecteur.

Il arrive également que l’auteur du texte indique, dans le préambule, une justification
d’opportunité, sous la forme de « considérant ». Si pareille justification appelle de longs
développements, les « considérant » sont remplacés par « un rapport au Roi » (s’il s’agit d’un
texte fédéral) ou un « rapport au Gouvernement » (s’il s’agit d’un texte régional ou
communautaire), publié au Moniteur belge en même temps que l’arrêté et que l’avis du Conseil
d’État.

De manière générale, les mentions figurant au préambule ne sont pas obligatoires.

Exemple de préambule emprunté à l’arrêté royal du 30 août 2013 portant majoration du montant visé à
l’article 6, §1er, de la loi du 22 mars 2001 instituant la garantie des revenus aux personnes âgées, M.B., 4
septembre 2013. (uniquement visa)

« Vu la loi du 22 mars 2001 instituant la garantie de revenus aux personnes âgées, l'article 6, §3;
Vu l'avis de l'Inspecteur des Finances, donné le 7 mai 2013;
Vu l'accord du Ministre du Budget, donné le 18 juillet 2013;
Vu l'avis n°53.900/1/V du Conseil d'État, donné le 22 août 2013, en application de l'article 84, §1er,
alinéa 1er, 1°, des lois sur le Conseil d'État, coordonnées le 12 janvier 1973;
Sur la proposition du Ministre des Pensions et de l'avis des Ministres qui en ont délibéré en Conseil…»

Exemple de préambule emprunté à l’arrêté royal du 27 décembre 2021 modifiant l’arrêté royal du 21
décembre 2013 fixant les règles provisoires qui valent comme contrat de gestion d’Infrabel et de la
SNCB. (visa et considérants)

« Vu la loi du 21 mars 1991 portant réforme de certaines entreprises publiques économiques, l'article 5,
§ 3, alinéa 3;

106
Les lois, décrets et ordonnances, de même que les dispositions constitutionnelles, n’ont pas de préambule.

62
Vu l'arrêté royal du 21 décembre 2013 fixant les règles provisoires qui valent comme contrat de gestion
d'Infrabel et de la SNCB;
Vu l'article 8 de la loi du 15 décembre 2013 portant des dispositions diverses en matière de
simplification administrative, le présent arrêté est exempté d'analyse d'impact de la réglementation, vu
l'urgence motivée par la circonstance qu'il est nécessaire de prévoir le versement des subventions au
bénéfice de la SNCB et d'Infrabel en 2022 pour permettre la continuité l'exécution de leurs missions de
service public;
Vu l'avis de l'Inspecteur des Finances, donné le 17 décembre 2021;
Vu l'accord de la secrétaire d'Etat au Budget, donné le 21 décembre 2021;
Vu les lois sur le Conseil d'État, coordonnées le 12 janvier 1973, l'article 3, § 1 er, alinéa 1er;
Vu l'urgence;
Considérant qu'il est nécessaire de prévoir le versement des subventions au bénéfice de la SNCB et
d'Infrabel en 2022 pour permettre la continuité de l'exécution de leurs missions de service public;
Sur la proposition du Ministre de la Mobilité, et de l’avis des Ministre qui ont délibéré en Conseil, »

a.5) La sanction (uniquement pour les lois)

La sanction royale est l’acte par lequel le Roi, en sa qualité de troisième branche du pouvoir
législatif (art. 36 de la Constitution) et sous contreseing ministériel (art. 106 de la Constitution),
donne son assentiment au texte adopté par les chambres (art. 109 de la Constitution). La
sanction conditionne l’existence même de la loi.

La formule de la sanction royale (et de la promulgation – cf. infra) est fixée comme suit, par
l’article 3 de la loi du 31 mai 1961 relative à l'emploi des langues en matière législative, à la
présentation, à la publication et à l'entrée en vigueur des textes légaux et réglementaires :

- en ce qui concerne les lois visées à l’article 74 de la Constitution :

« PHILIPPE, Roi des Belges,


À tous, présents et à venir, Salut.
La Chambre des représentants a adopté et Nous sanctionnons ce qui suit:
(Loi)
Promulguons la présente loi, ordonnons qu'elle soit revêtue du sceau de l'État et publiée par le Moniteur
belge »,

- en ce qui concerne les lois visées aux articles 77 et 78 de la Constitution :

« PHILIPPE, Roi des Belges,


À tous, présents et à venir, Salut.
Les Chambres ont adopté et Nous sanctionnons ce qui suit:
(Loi)
Promulguons la présente loi, ordonnons qu'elle soit revêtue du sceau de l'État et publiée par le Moniteur
belge ».

C’est la première situation qui est illustrée dans le cas de la publication de la loi du 20 juillet 2015.

63
b) Le dispositif

Entre les deux parties « protocolaires », se loge le dispositif : le contenu et le cœur de la norme.
Comment s’agence-t-il (b.1) et que contient-il au juste (b.2) ?

b.1) Agencement formel du dispositif

Le dispositif est « la partie de l’acte qui contient les règles qui modifient l’ordonnancement
juridique »107. Il se compose principalement d’articles et contient, le cas échéant, des
subdivisions et/ou des regroupements d’articles en fonction de la longueur de la norme et de la
nécessité de le structurer en vue d’une meilleure compréhension (et donc d’une meilleure
application).

Le groupement normal d’articles s’opère en chapitres, lesquels peuvent être divisés en sections,
éventuellement subdivisées en sous-sections. Le groupement des chapitres se fait en titres ;
celui des titres, en livres ; celui des livres, en parties (ex. : le Code civil)108.

Chaque groupement a, en principe, un intitulé qui lui est propre, et qui, comme l’intitulé de la
norme, guide le lecteur, mais qui n’a pas de valeur normative.

Au niveau de l’article en lui-même, ce dernier peut être divisé en paragraphes (texte débutant
par §) et/ou alinéas (texte débutant après un passage à la ligne d’en dessous). Un article peut
également avoir un intitulé (ce qui n’est pas le cas d’une subdivision d’un article)109.

Exemple : La loi du 20 juillet 2015 n’étant ni longue ni techniquement complexe, le regroupement des
articles qui la composent se fait uniquement à l’intérieur de chapitres. Il y a, en effet, 7 articles regroupés
dans 4 chapitres, chacun correspondant à l’ensemble des modifications à apporter à un code (officiel)
déterminé (outre le chapitre 1er, à visée introductive).
On voit notamment que l’article 7 a pour objet d’introduire un nouvel article dans le Code de la nationalité
belge, en l’occurrence l’article 23/2, qui, lui, comporte 4 paragraphes (§).

L’intitulé de l’article 1.10 du Code civil est « Abus de droit ».

L’auteur de la norme utilise régulièrement des références. Une référence est un renvoi à une
disposition de l’acte lui-même (« référence interne ») ou à une disposition d’un autre acte
(« référence externe »). Les références permettent d’éviter de répéter un contenu (ce qui
alourdirait l’acte), elles permettent également de souligner les liens entre des dispositions110.
En principe les références sont dynamiques c’est-à-dire que « l’acte auquel il est fait référence
s’applique en tenant compte de ses modifications éventuelles »111.

Exemple : L’article 8 de la loi du 25 juin 1998 réglant la responsabilité pénale des ministres comporte une
référence interne. L’article 22, § 1er, al. 3 de cette même loi comporte une référence externe.

107
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 51, disponible sur http://www.conseil-etat.be/
108
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 56, disponible sur http://www.conseil-etat.be/
109
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 54, disponible sur http://www.conseil-etat.be/
110
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 57, disponible sur http://www.conseil-etat.be/
111
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 61, disponible sur http://www.conseil-etat.be/

64
b.2) Contenu du dispositif

S’agissant du dispositif, il n’existe pas de plan unique et préétabli. Le dispositif est en effet
susceptible de varier sensiblement selon que l’acte normatif est une norme dite
« indépendante » (qui se suffit à elle-même, et qui n’a pas besoin d’autres normes pour exister)
ou une norme modificative (ayant vocation à s’intégrer dans une norme plus ancienne, et donc
à la modifier). On a vu précédemment (cf. supra, leçon I, chapitre II) que non seulement le
législateur adopte de nouveaux textes pour régir des domaines qui n’étaient auparavant pas
réglementés (les normes indépendantes), mais qu’il adapte, encore plus fréquemment, la
législation existante via des modifications, des abrogations, des insertions, etc. (les normes
modificatives).

Exemple : Comme l’intitulé de la loi du 20 juillet 2015 l’indique, il s’agit ici d’une norme qui vise à
renforcer la lutte contre le terrorisme. Elle le fait en prévoyant des modifications à trois textes normatifs
existants, et a donc clairement vocation à s’intégrer dans des normes plus anciennes, en l’espèce le Code
pénal, le Code d’instruction criminelle et le Code de la nationalité belge. Les chapitres II, III et IV de la
loi indiquent d’ailleurs « Modifications du Code … », ce qui est clairement confirmé par le contenu même
des articles.

Il est à noter qu’une même norme peut à la fois contenir des dispositions indépendantes et
modificatives.

Les lois sont, en général, structurées de la même manière. Si elles existent, les dispositions
relatives à la détermination même de la matière, au champ d’application et aux définitions
figurent au début du texte (1° à 3°). Les derniers articles contiennent, le cas échéant, les
dispositions abrogatoires, modificatives et transitoires, ainsi que celles relatives à l’entrée en
vigueur (5° à 8°). Une annexe au dispositif sera parfois prévue (9°). Ces points ne seront donc
pas tous présents au sein de chaque norme.

Cf. la loi du 20 juillet 2015 pour déterminer quels points y sont présents.

Toutefois, toute loi contient naturellement, logé au milieu de ces différentes parties, un
dispositif sensu stricto, c’est-à-dire un contenu spécifique (4°).

(1°) La détermination de la matière concernée

Un nombre croissant de textes de loi annonce en ouverture les matières qu’ils traitent, comme
le préconisent les règles de technique législative. Cette mention s’opère dans le dispositif, en
un article 1er, qui renvoie à la disposition constitutionnelle concernée.
Les normes émanant des entités fédérées (décrets et ordonnances) mentionnent souvent qu’elles règlent
« une matière visée à l'article 39 de la Constitution » ou encore « une matière visée à l’article 127 de la
Constitution » (suivant qu’il s’agit, respectivement, d’une Région ou d’une Communauté). Sur un plan
davantage procédural, la loi fédérale mentionne si elle porte sur une matière visée à l’article 74
(monocaméralisme), 77 (bicaméralisme intégral) ou 78 (bicaméralisme optionnel) de la Constitution.

Exemple : Dans le cas de la loi du 20 juillet 2015, il est indiqué à l’article 1er (seule disposition du chapitre
Ier) que la loi porte sur une matière visée à l’article 74 de la Constitution.

65
(2°) Le champ d’application

Les dispositions déterminant le champ d’application (ratione materiae, ratione loci, ratione
personae) d’un texte sont d’une grande importance. Elles décrivent la situation ou les
conditions auxquelles la règle va s’appliquer.

(3°) Les définitions

Les dispositions reprenant les définitions ont pour objectif de préciser la manière dont tel terme
doit être entendu dans le texte concerné. Il peut s’agir d’un terme technique mais aussi d’un
terme du langage courant, qui reçoit alors un sens bien précis dans ce texte.

(4°) Le dispositif au sens strict

Il s’agit de la substance même de la norme, la raison de son existence. On trouve là ce que cette
norme entend apporter à l’ordonnancement juridique.

Exemple : Ce sont les chapitres II, III et IV de la loi du 20 juillet 2015 qui constituent le cœur de la loi.

(5°) Les dispositions modificatives

Les dispositions modificatives « interviennent » dans un acte normatif existant en :


- complétant un article (ex. : ajout d’un ou plusieurs mots, paragraphes, alinéas…) ;
- remplaçant complètement un ou plusieurs articles ;
- ajoutant (insérant) un ou plusieurs articles ;
- supprimant (abrogeant) un ou plusieurs articles112.

Les mesures prises à l’occasion de la nouvelle norme imposent parfois que d’autres normes
soient adaptées, et ce afin de conserver la cohérence du système. Les dispositions modificatives
se composent généralement de deux parties113 :
- une phrase liminaire désignant le texte à modifier et annonçant la nature de la modification ;
- l’annonce du contenu de la modification

Exemple : Loi du 20 juillet 2015, art. 3 : L’article 90ter, § 2, 1°ter du Code d’instruction criminelle, inséré
par la loi du 28 novembre 2000 et remplacé par la loi du 19 décembre 2003, est remplacé par ce qui suit
(= phrase liminaire) : « 1°ter au livre II, titre Ier ter, du même Code » (= annonce du contenu).

Exemple : L’ensemble des chapitres II, III et IV de la loi du 20 juillet 2015 est formé de dispositions
modificatives. En l’espèce, les dispositions modificatives se confondent donc avec le dispositif au sens
strict (cf. supra, point 4°), dans la mesure où l’objet principal de la loi en question est précisément de
modifier les dispositions législatives existantes.
La loi du 20 juillet 2015 n’a toutefois pas jugé nécessaire de prévoir de modifier d’autres textes, qui
entreraient en contradiction avec le système mis en place par elle à travers les trois codes pour lutter
contre le terrorisme.

112
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 31, disponible sur http://www.conseil-etat.be/
113
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 76, disponible sur http://www.conseil-etat.be/

66
Le Conseil d’État invite l’auteur de la norme à respecter la hiérarchie des normes (ex. : ne pas
modifier une loi par un arrêté royal) et les compétences des autres autorités (ex. : ne pas
modifier un arrêté par un acte législatif)114.

(6°) Les dispositions abrogatoires

Les dispositions abrogatoires sont des « dispositions qui suppriment complètement un ou


plusieurs actes existants pour l’avenir »115. L’abrogation d’un acte normatif a pour effet de le
faire disparaître ex nunc, ce qui signifie littéralement « à partir de maintenant ».

Attention, l’abrogation se différentie donc de l’annulation : ainsi, l’abrogation opère pour


l’avenir, contrairement à l’annulation, qui fait disparaître la norme ex tunc (littéralement « à
partir d’alors »), c’est-à-dire l’anéantit rétroactivement. Une autre différence entre les deux
réside dans le fait que l’abrogation a pour auteur le pouvoir législatif ou le pouvoir exécutif (en
fonction de la nature de l’acte abrogé), tandis que l’annulation est le fruit d’une décision d’une
autorité judiciaire qui a reçu une telle compétence (Cour constitutionnelle et Conseil d’État -
cf. infra, leçon IV).

L’abrogation peut également être implicite : tel est le cas lorsqu’il y a contradiction certaine
entre le texte nouveau et le texte ancien.

(7°) Les dispositions transitoires

Les règles du droit transitoire permettent de déterminer à quelles situations juridiques une
nouvelle loi s’appliquera, d’aménager le passage du régime antérieur au nouveau régime. Il
s’agit de régler le passage de l’ancien régime au nouveau régime.

Exemple : Le chapitre 25 de la loi du 17 mars 2013 réformant les régimes d’incapacité et instaurant un
nouveau statut de protection conforme à la dignité humaine (M.B., 14 juin 2013 – cf. annexe 7) concerne
les dispositions transitoires.

Imaginons que la loi prévoyait l’obligation d’obtenir une autorisation « A » pour détruire une maison et
qu’ensuite la loi est modifiée et qu’elle prévoit l’obligation d’obtenir une autorisation « B ». Une règle
de droit transitoire peut déterminer que les autorisations « A » restent valables pendant un certain délai.

Pour déterminer la pertinence de prévoir une disposition transitoire, « il faut apprécier l’effet
des règles nouvelles sur les situations qui sont nées sous l’empire des règles anciennes et qui
sont toujours en cours. Lorsque l’application des règles nouvelles n’est pas suffisamment
prévisible pour les intéressés, il peut s’avérer opportun de maintenir l’application des règles
anciennes à ces situations »116.

114
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 75, disponible sur http://www.conseil-etat.be/
115
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 31, disponible sur http://www.conseil-etat.be/
116
Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
2008, p. 89, disponible sur http://www.conseil-etat.be/

67
(8°) L’entrée en vigueur

L’entrée en vigueur d’un acte normatif détermine le « moment à partir duquel les conséquences
juridiques de l’acte peuvent se produire »117.

Lorsque le texte normatif ne précise rien à cet égard, il entre en vigueur dix jours après sa
publication au Moniteur belge, et ce, en vertu du droit commun (cf. l’article 4 de la loi du 31
mai 1961 précitée).

L’auteur d’un texte normatif peut toutefois décider que l’entrée en vigueur de celui-ci se fera à
une autre date, différée ou avancée par rapport au droit commun. Cette date doit, en principe,
être précise ou déterminable par elle-même ; elle peut éventuellement être laissée à
l’appréciation du pouvoir exécutif.

Exemple 1 : Dans le cas de la loi du 20 juillet 2015, comme rien n’est indiqué – il n’y a pas d’article 8 à
ce sujet –, la loi est entrée en vigueur dix jours après sa publication au M.B., soit le 15 août 2015.

Exemple 2 : La loi du 25 juin 1998 réglant la responsabilité pénale des ministres (cf. annexe 8), pour sa
part, est entrée en vigueur à une date fixée dans la loi elle-même – et donc indépendante de sa date de
publication – : le 1er juillet 1998 (cf. art. 31).

Exemple 3 : En ce qui concerne la loi du 17 mars 2013 réformant les régimes d’incapacité et instaurant
un nouveau statut de protection conforme à la dignité humaine (cf. annexe 7), le chapitre 26 contient une
disposition (art. 233) qui règle son entrée en vigueur en la fixant « le premier jour du douzième mois qui
suit celui de sa publication au Moniteur belge ». La loi ayant été publiée le 14 juin 2013, elle devait donc
théoriquement entrer en vigueur le 1er juin 2014. Toutefois, les choses ont été rendues un peu plus
complexes, puisqu’une loi du 12 mai 2014 (portant modification et coordination de diverses lois en
matière de Justice (II), M.B., 29 mai 2014) est venue elle-même modifier l’article 233 de la loi du 17 mars
2013, afin que celui-ci impose l’entrée en vigueur de la loi du 17 mars 2013 le 1 er septembre 2014. La loi
du 17 mars 2013 est, dès lors, entrée en vigueur le 1 er septembre 2014.
Attention, l’intervention de la loi du 12 mai 2014 ne peut pas se voir à la lecture de l’annexe 7 (qui est,
pour rappel, un extrait du M.B.), puisque, comme il a été dit (cf. supra, point B), le M.B. ne propose
qu’une « photo » d’une loi au jour J et ne peut donc pas prévoir ce qu’il adviendra de cette loi au-delà du
jour J...

(9°) Les annexes

Lorsqu’elle existe, l’annexe est un texte qui ne fait pas partie du dispositif, mais qui y est
rattaché.

Tantôt l’annexe forme un texte autonome, préexistant au texte auquel elle est annexée qui,
généralement, l’approuve.

Exemple : une convention internationale, une convention collective de travail.

Tantôt l’annexe constitue la mise en œuvre d’un procédé de présentation qui consiste à séparer
certaines parties d’une norme du dispositif proprement dit car il serait difficile de les y
introduire.

Exemple : un tableau Excel, un dessin, un formulaire, un plan…

Conseil d’État, Principes de technique législative, Guide de rédaction des textes législatifs et réglementaires,
117

2008, p. 91, disponible sur http://www.conseil-etat.be/

68
c) La seconde partie du protocole

En fin de publication officielle des textes normatifs, on retrouve quatre éléments (c.1 à c.4),
réduits à trois pour ce qui est des arrêtés royaux. Ces éléments peuvent facilement être repérés
à partir de l’annexe 2.

c.1) La promulgation (uniquement pour les lois)

La promulgation est l’acte par lequel le Roi, agissant sous contreseing ministériel (art. 106 de
la Constitution) et en sa qualité de chef du pouvoir exécutif (art. 37 de la Constitution), atteste
l’existence de la loi (c’est-à-dire l’accomplissement des formalités requises) et en ordonne
l’exécution (art. 109 de la Constitution). La promulgation conditionne la force exécutoire de la
loi, c'est-à-dire son aptitude à recevoir des mesures d'exécution par les agents de l'autorité
publique. Un arrêté royal peut, par exemple, être valablement pris pour préparer sa mise en
œuvre sans devoir attendre la publication au Moniteur.

La formule de (la sanction – cf. supra – et de) la promulgation royale est fixée comme suit, par
l’article 3 de la loi du 31 mai 1961 précitée :

- en ce qui concerne les lois visées à l’article 74 de la Constitution :

« PHILIPPE, Roi des Belges,


À tous, présents et à venir, Salut.
La Chambre des représentants a adopté et Nous sanctionnons ce qui suit:
(Loi)
Promulguons la présente loi, ordonnons qu'elle soit revêtue du sceau de l'État et publiée par le
Moniteur belge »,

- en ce qui concerne les lois visées aux articles 77 et 78 de la Constitution :

« PHILIPPE, Roi des Belges,


À tous, présents et à venir, Salut.
Les Chambres ont adopté et Nous sanctionnons ce qui suit:
(Loi)
Promulguons la présente loi, ordonnons qu'elle soit revêtue du sceau de l'État et publiée par le
Moniteur belge ».

c.2) La date

Déjà indiquée en tout début de document (cf. supra), la date est à nouveau reproduite à la fin
de celui-ci. Pour rappel, la date de la loi est celle de la promulgation de celle-ci, et non de sa
publication !

c.3) La signature

La signature royale authentifie la sanction et la promulgation des lois. Le Roi signe également
les arrêtés royaux, puisqu’il en est formellement l’auteur. Les arrêtés ministériels sont signés
par le ministre ayant la matière traitée dans ses attributions. Les décrets et ordonnances sont

69
signés par le ministre ayant la matière traitée dans ses attributions et le ministre-président.

c.4) Le contreseing

Le contreseing ministériel ne concerne que les actes du Roi et est nécessaire en raison du
principe de l’irresponsabilité du Roi (art. 106 de la Constitution). Le contreseing est
traditionnellement donné par celui ou ceux des ministres dont les attributions correspondent à
l’objet de la loi ou de l’arrêté royal.

Après la signature royale, figure la mention « Par le Roi », suivie du contreseing.

d) Les références aux travaux préparatoires

Enfin, en principe, le Moniteur belge publie en note, sous chaque loi (décret et ordonnance) –
cela ne vaut pas pour les arrêtés –, les références aux travaux préparatoires de celle-ci (cf. infra,
chapitre II).

D. Exercices de méthodologie sur la législation publiée dans le Moniteur


belge
1) À quoi correspondent les annexes 7 et 8 ? De quoi s’agit-il ? Peut-on trouver ce
support dans la bibliothèque ?
2) Les lois présentées aux annexes 7 et 8 sont-elles des lois dites indépendantes ou ont-
elles vocation à s’intégrer dans une norme plus ancienne ? Comment le voit-on ?
3) Repérer la première partie du protocole de ces deux lois. Quels en sont les éléments ?
Expliquer brièvement.
4) Repérer le dispositif de ces deux lois. Qu’y a-t-il de différent de part et d’autre ?
Pourquoi ?
5) Repérer la seconde partie du protocole de ces deux lois. Quels en sont les éléments ?
Expliquer brièvement.
6) Comment appelle-t-on ce qui se trouve en dessous de la ligne tracée à la fin de la
loi, dans la « note » ?
7) À quoi correspond la date de la loi ? Est-elle distincte de la date de publication ?
Montrer à l’aide des annexes 7 et 8.

§2. Les actes normatifs repris dans les recueils officieux


Comme expliqué dans le chapitre II de la leçon I, parallèlement à la publication officielle au
Moniteur belge, et en raison des défauts dont pâtit celle-ci, des instruments officieux de
publication de la norme sont apparus.

Ici aussi, nous nous attacherons à développer quelques considérations sur le contenu de ces
recueils (A.), sur leurs atouts et faiblesses (B.), ainsi que sur leur présentation (C.), avant de
faire quelques exercices (D.).

70
A. Contenu des recueils officieux
Pour rappel, les recueils officieux prennent souvent le nom de « codes »118, généralement
identifiés par le nom de leur éditeur (Bruylant, Larcier, …).

Ils peuvent être répartis en deux catégories en fonction de leur contenu :

(1) les codes généraux ou spécialisés, qui, soit de manière générale, soit de
manière particulière, couvrent l’essentiel de l’ordre juridique ou d’une ou
plusieurs branches du droit déterminée(s).

Exemples : les codes LARCIER (dont des extraits figurent en annexe 9), les codes BRUYLANT,
les codes KLUWER et STORY-SCIENTIA, les codes DIE KEURE — LA CHARTE, les codes MAKLU
et INTERSENTIA, les codes MYS & BREESCH, les codes UGA (Uitgeverij Gemeente
Administratie), les codifications réalisées par des autorités et services publics, etc.

(2) les codes de législation usuelle ou digests, qui sont conçus à l’attention des
personnes qui souhaitent disposer d’une documentation normative sommaire,
d’un aperçu sélectif des textes les plus usuels de notre système juridique119.

Exemples : le Code Bac Saint-Louis 2020 de LARCIER à usage des étudiant.e.s ou la série des
« Codes en poche » de BRUYLANT, dont notamment le « Code constitutionnel » (2009).

B. Atouts et faiblesses des recueils officieux


Les caractéristiques générales des codes officieux sont :

(1) la classification : les codes publient les textes en les classant selon un ordre variable ;
ils obéissent à un impératif de mise en ordre, de systématisation. Ils sont
généralement accompagnés de tables (des matières), tantôt chronologiques (par date
d’adoption des textes), tantôt alphabétiques (par verbo).

(2) la permanence : les codes mettent à jour les textes qu’ils publient et proposent donc
une version consolidée des actes normatifs qu’ils renferment (à l’inverse du
Moniteur belge).

Cet exercice d’intégration des évolutions successives dans le texte de loi de base est
absolument essentiel car, prise individuellement, une loi de modification est illisible
et peu pratique ; il constitue ce que l’on appelle la « consolidation » d’un texte de
loi120.

Les modifications figurent généralement entre crochets et leurs références sont


également indiquées sous la disposition qu’elles concernent. Il s’agit d’informations

118
Sur la notion de code, et plus particulièrement concernant la distinction entre codes officiels et « codes »
officieux, on se référera utilement à ce qui a été dit ci-dessus, à la leçon I, chapitre II.
119
Ceci étant, l’ampleur quantitative prise au fil des années par les codes émargeant à cette seconde catégorie tend
à relativiser la distinction.
120
La consolidation est définie, par le site Législation belge, comme le « procédé qui intègre dans un texte unique
les éléments d'un instrument originel avec tous ses amendements subséquents » (cf. « contenu et délai de
consolidation » dans la page d’accueil, disponible via le lien : http://www.ejustice.just.fgov.be/loi/contenu.htm).

71
précieuses permettant aux praticiens de connaître l’évolution des dispositions
législatives.

Certaines maisons d’édition, qui ne sortent pas une nouvelle collection de codes
chaque année, collationnent les modifications dans des compléments à leurs codes.
Le contenu de ces compléments se retrouvera entre crochets dans la version
ultérieure de leurs codes.

Attention toutefois à la spécificité du Code Bac Saint-Louis. Celui-ci ne reproduit


pas les crochets indiquant les modifications dans le texte normatif ni l’indication
des normes modificatives en dessous du texte. Les étudiant·e·s ne doivent pas moins
demeurer sensibles aux évolutions des normes et pourront être amené·e·s à devoir
consulter d’autres supports fournissant ce type d’informations, pour répondre aux
exigences de certains cours, au premier chef desquels le cours de Méthodologie
juridique.
Le Code Bac Saint-Louis 2023 donne donc à voir le texte normatif consolidé à jour
au 1er juillet 2023 sans aucune information sur son évolution jusque-là. Cette
information devra, dès lors, être recherchée ailleurs, soit dans un autre code
officieux, soit sur les bases de données fournissant de la législation consolidée.
Veuillez néanmoins noter que le Code Bac Saint-Louis 2023 contient quelques notes
qui éclaireront le lecteur dans sa recherche (notamment des notes relatives aux entrées
en vigueur futures ou des notes relatives à certaines sources régionales).

Toutefois, les codes ne sont jamais parfaitement à jour : les nécessités du classement,
de l’impression et de la distribution impliquent que leur contenu remonte à quelques
semaines, voire à plusieurs mois. Aussi, lorsqu’on travaille avec des « codes »
convient-il de toujours vérifier la date de la dernière mise à jour, afin de s’assurer,
par d’autres biais (notamment via les bases de données), de l’actualité de la source
normative consultée.

(3) l’ajout d’indications : les codes enrichissent le plus souvent les textes qu’ils publient
par des indications utiles à la recherche, telles que des notes de concordance (qui
renvoient le lecteur à d’autres dispositions normatives, comme, par exemple, à des
arrêtés d’exécution ou à des textes régissant également la matière ou ayant quelque
rapport avec elle), des notes de jurisprudence (qui reproduisent le sommaire de
décisions jurisprudentielles concernant les textes annotés) ou des précisions quant à
l’entrée en vigueur, la modification implicite ou l’abrogation implicite du texte
visé. L’étudiant.e veillera, à cet égard, à ne pas confondre ces indications avec le
texte normatif lui-même.

Si les codes sont des instruments précieux, ils n’en présentent pas moins certaines limites :

(1) ils ne sont pas exhaustifs, les éditeurs opérant une sélection parmi tous les textes
normatifs existants : la sélection opérée se fait en fonction du public cible (celui-ci
ne sera par exemple pas le même s’il s’agit d’un recueil à destination des avocats
pénalistes ou à destination des étudiant.e.s en droit) ;

(2) ils ne sont pas parfaitement à jour : il est évidemment impossible pour l’éditeur de
transcrire, d’imprimer et de distribuer à tous ses clients les modifications le jour
même où ces modifications interviennent. Il est donc essentiel de vérifier la date de

72
la dernière mise à jour et de s’assurer que la norme en question n’a pas été modifiée
ultérieurement ;

(3) ne constituant que des recueils officieux, ils peuvent comporter des erreurs ;

(4) ils ne mentionnent pas les références aux travaux préparatoires des textes législatifs
(mais bien, pour certains, au Moniteur belge concerné par ces textes, qui, lui, publie
ces références).

C. Présentation formelle des actes normatifs dans les recueils officieux


Des différences, dues à la nature du support, sont à noter par rapport au Moniteur belge :
certains éléments vus ci-dessus ont été retranchés (protocole, etc.) ; d’autres éléments font, en
principe, leur apparition (indication des normes modificatives, etc.)

Comparez la loi du 25 juin 1998 réglant la responsabilité pénale des ministres, telle qu’elle est présentée
dans le Code Bac Saint-Louis avec l’annexe 8, c’est-à-dire la même loi telle qu’elle a été publiée au
Moniteur belge du 27 juin 1998 et que nous l’avons vue précédemment (cf. annexe 8). Regardez ce qui a
été ajouté et ce qui a été retiré.
Pour le reste, on se rappellera que le Code Bac Saint-Louis, depuis sa version 2020, ne fait plus apparaître
les modifications entre crochets ni l’indication des normes modificatives…

Au surplus, comme il a déjà été dit, la présentation et le contenu des recueils de législation
varient en fonction du public auquel s’adresse le recueil et de la maison d’édition qui le
publie121.

D. Exercices de méthodologie sur la législation publiée dans les recueils


officieux

Principe : Dès lors que le Code Bac Saint-Louis 2023 ne fournit pas d’indications quant aux
modifications des textes consolidés qu’il publie (cf. supra), lorsqu’une question porte sur
l’évolution d’une norme (exercices 3 à 6 ci-dessous), elle doit être résolue au moyen d’autres
outils. Pour une question de facilité, seront utilisés ici les extraits des Codes Larcier 2019
figurant à l’annexe 9 de la leçon III. Parmi les informations fournies par ces Codes, seules sont
pertinentes pour les exercices celles qui portent sur les modifications (et non celles qui
formulent des précisions sur l’entrée en vigueur des modifications).

1) Où pouvez-vous trouver les recueils officieux dans la bibliothèque ?

2) Le Code Bac Saint-Louis 2023 contient-il les normes suivantes :


- la Constitution, et, plus précisément, l’article 36 de celle-ci ;
- L'ancien Code civil, et, en particulier, les articles 1382 et 1386bis de ce dernier ;
- la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail ;
- la loi du 19 décembre 2003 relative au mandat d’arrêt européen ;
- le décret de la Région wallonne du 29 octobre 1998 instituant le Code wallon du
logement et de l’habitat durable ;

121
Voy., p. ex., l’annexe 9, qui reproduit des extraits des Codes Larcier 2019.

73
- le Code de droit économique ;
- la loi du 7 juin 1969 fixant le temps pendant lequel il ne peut être procédé à des
perquisitions, visites domiciliaires ou privations de liberté ;
- l’arrêté royal du 31 janvier 2013 portant répartition des membres de la Chambre des
représentants entre les circonscriptions électorales ?

3) Concernant le Code de la nationalité belge (cf. extrait Code Larcier, tome I) :


- l’article 2 a-t-il subi des modifications depuis l’avènement du Code ?
- par quel biais et à quelle date l’article 22, §1er, 1°, a-t-il été abrogé ?
- par quel biais et à quelle date l’actuelle dernière phrase de l’article 22, §4, a-t-elle été
intégrée ? Correspond-elle à un paragraphe ou à un alinéa ? Quel numéro porte-t-il ?
- à quoi correspondent les informations numérotées de 8 à 12 sous l’article 23 ?
- détaillez ce que vous savez de la « vie » de l’article 23/2.

4) Concernant l’article 391sexies du Code pénal (cf. extrait Code Larcier, tome II) :
- par quel biais et à quelle date cette disposition a-t-elle été introduite dans ledit Code ?
- a-t-elle subi une modification depuis lors ?

5) Concernant l’article 75 de la loi du 2 août 2002 relative à la surveillance du secteur


financier et aux services financiers (cf. extrait Code Larcier, tome III) :
- de quand date cette disposition à l’origine ?
- a-t-elle été modifiée depuis lors ?
- est-il envisageable qu’elle ait été modifiée plus tard et que les Codes Larcier 2019
ne vous offrent, en conséquence, pas une version à jour de cet article ? Comment
pouvez-vous le vérifier ?

6) Concernant la loi spéciale du 6 janvier 1989 sur la Cour constitutionnelle (cf. extrait
Code Larcier, tome VI) :
- à quelle date cette loi a-t-elle été originairement publiée au Moniteur belge ?
- l’article 1er de cette loi a-t-il été modifié depuis l’adoption de cette loi le 6 janvier
1989 ? Dans l’affirmative, quel(s) point(s) de l’article a(ont)-t-il été concerné(s) ?
Par quelle(s) loi(s) spéciale(s) a-t-il été modifié ? Et à quelle(s) date(s) la(les)
modification(s) éventuelle(s) a(ont)-t-elle(s) été effective(s) ?

Un corrigé type de l’ensemble des exercices de cette leçon sera posté sur Moodle
à l’issue de celle-ci.

SECTION 2. LA RECHERCHE DES ACTES NORMATIFS


Après avoir vu en quoi consistent les actes normatifs et leurs caractéristiques principales, il
importe à présent de pouvoir retrouver ces textes. En d’autres termes, par quel biais et où trouver
la législation pertinente à propos d’une thématique déterminée ?

En matière de législation, l’entièreté des sources (en tout cas pour ces dernières décennies) est
désormais accessible et disponible sur le net, qui fournit donc à la fois des moteurs de recherche
et la version intégrale de la législation recherchée (§1). Parallèlement, existent encore des
supports de type « papier », parfois nécessaires pour des sources plus anciennes (§2).

74
§1. Les moteurs de recherche et supports informatiques :
généralités122
Six sites au moins méritent de retenir l’attention du chercheur en quête de la législation
applicable à une matière donnée123.

Quatre d’entre eux sont des plateformes publiques auxquelles on accède gratuitement. Il s’agit
des sites internet « Moniteur belge », « Législation belge » (tous deux abrités sous le portail du
SPF Justice124), RefLex et SenLex (A).

En revanche, Jura et Strada lex, qui fournissent également des textes législatifs (en sus de
références doctrinales et jurisprudentielles), ont été conçus par des éditeurs privés (Kluwer et
Larcier), ce qui explique que leur accès soit payant (B).

Eu égard à leurs avantages et inconvénients respectifs, on ne saurait trop insister, dès à présent,
sur l’importance de « croiser » les différents instruments de la recherche normative pour
identifier l’état du droit en vigueur à propos d’une thématique déterminée.

A. Les sites publics (gratuits)


Parmi les sites publics gratuits, on aura principalement égard au site du Moniteur belge (a), au
site de la Législation belge (Justel) (b), au site RefLex du Conseil d’État (c) et au site SenLex
du Sénat (d).

a) Le Moniteur belge (http://www.moniteur.be ; http://www.ejustice.just.fgov.be)

Comme l’on sait, la version électronique est donc devenue le support principal du Moniteur
belge, la version papier n’étant plus disponible qu’en quatre exemplaires (cf. supra, leçon I,
chapitre II).

Le Moniteur belge revêt une importance toute particulière, dans la mesure où il contient le texte
officiel de l’acte normatif.

Le chercheur ne peut toutefois pas perdre de vue tout ce qui a été dit ci-dessus à propos des
avantages et des inconvénients de la lecture d’un texte au Moniteur belge (cf. supra, section 1,
§1)…

122
Pour de plus amples développements, cf. supra, leçon III, chapitre II, et infra, leçon V.
123
Loin de se concentrer uniquement sur le droit interne, les outils informatiques renseignent également sur les
normes européennes et/ou internationales applicables en Belgique, et comportent, le cas échéant, des liens vers les
sites des institutions internationales et/ou européennes dans le cadre desquelles ces normes ont été émises. De la
même manière, les « codes » publiés par les différentes maisons d’édition privées, en version papier comme sur
leur site, reproduisent les principales normes d’origine européenne et internationale.
124
Le site du SPF Justice (https://justice.belgium.be/fr) est la plateforme officielle qui regroupe toutes les
informations liées à l’administration de la Justice en Belgique.

75
b) La « Législation belge » (Justel) (http://www.ejustice.just.fgov.be)

Également hébergée par le portail traditionnel du SPF Justice et pourvue d’un moteur de
recherche qui en facilite l’utilisation, la base de données Législation belge (Justel) entend
combler les points faibles du Moniteur belge. Ce faisant, elle offre, entre autres, par rapport à
ce dernier, l’avantage suivant : elle incorpore dans chacune des sources normatives recensées
les évolutions subies par celles-ci (abrogation ou modification), c’est-à-dire qu’elle opère la
consolidation des normes recensées (cf. supra, chapitre I, section 1, §2), et ce depuis 1994.
Cette version, à la différence de celle publiée au Moniteur belge, n’est pas une version officielle
de la loi.

c) Le site RefLex du Conseil d’État (http://reflex.raadvst-consetat.be/reflex)

Depuis 2004, le Conseil d’État met à la disposition du public le site RefLex, qui comporte
notamment sa base de données législatives, « Chrono ». Ce site présente une certaine
complétude et peut s’avérer particulièrement utile lorsque des informations sur une loi ne sont
pas reprises sur le site de la Législation belge (notamment pour des textes plus anciens) ou pour
croiser les informations reprises sur ce site.

d) Le site SenLex du Sénat (https://senlex.senate.be/fr)

La base de données SenLex est développée par les services du Sénat. Elle reprend les principales
normes institutionnelles belges (la Constitution et les lois spéciales et ordinaires de réformes
institutionnelles) et regroupe, par article, les extraits pertinents des documents parlementaires
qui y sont associés, ainsi que des arrêts de la Cour constitutionnelle et des avis et arrêts du
Conseil d'État en la matière. Cette base de données collecte, pour l’essentiel, les informations
officielles publiées depuis le 1er juillet 2014 mais elle compile aussi, dans une moindre mesure,
des informations plus anciennes.

B. Les sites privés (payants)


Parallèlement aux sites publics que l’on vient d’évoquer, il peut être intéressant, dans le cadre
d’une recherche normative, de consulter l’un ou l’autre site privé. On songe en particulier à
Jura (a) et à Strada lex (b)125.

a) Jura (http://www.jura.be)

Édité par Kluwer, Jura propose (en sus de la doctrine et de la jurisprudence) l’accès aux
différentes normes dans leur version intégrale et consolidée.

Extrêmement intéressant et facile d’utilisation, ce site fera l’objet de plus amples


développements dans le cadre de la leçon V.

125
Concernant leur accès, voy. supra, leçon III, chapitre II, section 2, §1.

76
b) Strada lex (http://www.stradalex.com)

Édité par Larcier, le site internet Strada lex stocke de la législation (en plus de la doctrine et de
la jurisprudence).

Ce site donne accès à la version électronique des « codes » Larcier qu’il propose (cf. infra).

§2. Les instruments « papier »


Autrefois, les instruments présentés sous format « papier » constituaient les procédés
traditionnels de recherche juridique en matière de législation (tout comme, du reste, en matière
de doctrine et de jurisprudence). En tout état de cause, jusqu’en 2003 (exclu), le Moniteur belge
(A) paraissait essentiellement sous la forme d’un journal « papier ».

Depuis, la donne a largement changé. L’essor formidable des outils électroniques fait que les
recueils de législation (B) ont quelque peu perdu de leur utilité pour la recherche des textes de
loi. Ils n’en présentent pas moins encore certains atouts.

A. Le Moniteur belge avant 1997


Le basculement de la version papier du Moniteur belge à la version informatique remonte à
2005, et l’encodage des Moniteurs antérieurs n’est devenu systématique qu’à partir de 1997, à
telle enseigne que le chercheur pourra le cas échéant être amené à consulter la version « papier »
du Moniteur belge lorsqu’il est en quête d’une source législative antérieure à 1997.

B. Les recueils officieux


Les recueils officieux – les « codes » – sont souvent identifiés par le nom de leur éditeur
(Bruylant, Larcier, …).

Malgré l’essor des outils informatiques, les codes « papier » n’ont pas perdu toute utilité du
point de vue de la recherche documentaire. Certes, n’est-on plus nécessairement amené, comme
jadis, à entamer une recherche normative par la consultation des tables thématiques des
« codes » Larcier ou Bruylant. Dans la mesure, toutefois, où ces « codes » procèdent à une
sélection de législations plus ciblées que celles qui sont accessibles sur le Net, il demeure
intéressant pour l’étudiant.e en première bac de parcourir ces tables, en y recherchant le
« verbo » le plus proche de la thématique assignée dans l’espoir d’y trouver la ou les
référence(s) normative(s) pertinente(s)126. Par ailleurs, et de manière plus générale, les recueils
officieux offrent au juriste un accès aisé aux textes qu’il est appelé à consulter régulièrement
(l’on songe, par exemple, aux nombreux et loyaux services que rend le Code Bac Saint-Louis
2023…). Aussi se justifie-t-il encore et toujours à l’heure de l’informatique de ménager une
place à ces derniers.

Plusieurs éditeurs proposent désormais également leurs différents codes sur des sites internet

126
Le propos vaut aussi bien à l’égard de la version « papier » des codes Larcier que de leur version électronique,
accessible au départ du site internet Strada lex.

77
payants. On pense particulièrement à Jura (http://www.jura.be) pour Kluwer et à Strada lex
(http://www.stradalex.com) pour Larcier (cf. supra). Un avantage non négligeable consiste en
ce que les contraintes matérielles relatives à la mise à jour de l’outil sont infiniment réduites.

Pour aller plus loin

(1) En droit européen

Hier appelé Journal officiel des Communautés européennes (J.O.C.E.), et, depuis l’entrée en vigueur du traité de
Nice (1er février 2003), Journal officiel de l’Union européenne (J.O.U.E.), le Journal officiel (J.O.) constitue
l’équivalent du Moniteur belge pour les règles de droit européen.

Le Journal officiel comporte deux parties :

(1) la partie « L » (législation) reproduit tous les actes obligatoires et se divise en quatre sous-parties :

I : les « actes législatifs » (les règlements, les directives et les décisions du Parlement
européen et du Conseil, les budgets, etc.),

II : les « actes non législatifs » (les accords internationaux, les actes adoptés autrement
que par une procédure législative par une institution européenne (p. ex. : les règlements
de la Commission), les actes adoptés par des instances créées par des accords
internationaux, les règlements intérieurs de procédure, etc.),

III : les « autres actes » (p. ex. les décisions de l’EEE, de l’AELE),

IV : les « actes adoptés, avant le 1er décembre 2009, en application du traité CE, du
traité U.E. et du traité Euratom » (p. ex. les décisions Euratom) ;

(2) la partie « C » (communications et informations) rassemble une série d’avis et d’informations (avis
donnés par des institutions, dispositif des arrêts de la Cour de justice et du Tribunal de première
instance et communication des affaires introduites, questions écrites posées au Conseil et à la
Commission et leurs réponses, procès-verbaux des séances du Parlement, etc.), regroupés sous 5
sections :

I : les « résolutions, recommandations et avis »,

II : les « communications »,

III : les « actes préparatoires »,

IV : les « informations »,

V : les « avis ».

Le Journal officiel est publié en version « papier », mais il est également disponible sur le site internet de l’Union
européenne (http://europa.eu, cliquer sur Documents, puis sur EUR-Lex). Le portail de droit de l’U.E., EUR-Lex,
auquel on accède via le site de l’U.E. ou par voie directe (http://eur-lex.europa.eu), fournit l’entièreté de la
législation en vigueur dans l’U.E. La version électronique du J.O. est disponible également via (http ://new.eur-
lex.europa.eu). Compilant un grand nombre de documents (jusqu’à plus de cinquante ans d’âge), le site est mis à
jour quotidiennement. Le lecteur y trouvera le Journal officiel, agrémenté d’un moteur de recherche (multicritère)
performant ; depuis 1998, l’encodage est systématique. Il est possible, par ailleurs, de ne sélectionner que la
législation toujours en vigueur et d’obtenir la version consolidée de certains documents.

Parallèlement, ŒIL (Observatoire législatif du Parlement européen : http://www.europarl.europa/oeuvres) et


Prelex (base de données de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/prelex ) sont deux sites qui permettent
également d’effectuer une recherche de documents législatifs européens. Ils sont accessibles via le site de l’Union
européenne (http://europa.eu) et présentent l’avantage de fournir l’accès aux travaux préparatoires des normes

78
européennes.

Par ailleurs, le Bulletin de l’Union européenne (Bull. U.E.), publication de la Commission européenne dont la
dernière édition date toutefois de juillet-août 2009, se présente comme « une chronique des principales activités
de la Commission européenne ainsi que des autres institutions et organes communautaires »127. Sa version papier
était mensuelle.

(2) En droit international

En droit international, on distinguera, comme précédemment, la Convention européenne des droits de l’homme,
conclue dans le cadre du Conseil de l’Europe, des instruments universels, élaborés dans l’enceinte des Nations
Unies. On remarquera que les instruments cités sont essentiellement électroniques.

La Convention européenne des droits de l’homme et les autres instruments normatifs émanant du Conseil de
l’Europe sont disponibles sur le site du Conseil (http ://www.coe.int). L’ensemble des traités sont disponibles
directement à l’adresse suivante (http://conventions.coe.int/Treaty/Commun/ListeTraites.asp ?CM=8&CL=FRE)

Les traités conclus au sein de l’ONU doivent être publiés au Recueil des Traités, sous peine de ne pouvoir être
invoqués devant la Cour internationale de justice de La Haye.

Le droit produit par les Nations Unies est par ailleurs accessible sur leur portail (http ://www.un.org). Son
répertoire de textes internationaux, traduits en français, se retrouve directement via l’adresse
(http://www.un.org/fr/law). De même spécifiquement pour sa « Collection des Traités » via l’adresse
(http://treaties.un.org/Home.aspx ?lang=fr) (avec possibilité de cliquer sur « Recueil des traités »)128.

Par ailleurs, différents moteurs de recherche sont disponibles sur le site http://www.un.org/fr/documents, dont le
Sédoc, qui contient l’ensemble de la documentation officielle de l’ONU depuis 1993 et s’enrichit chaque jour de
documents plus anciens. Plus concrètement, il donne accès aux documents émanant de l’Assemblée générale
(résolutions et comptes rendus de séances, documents de session, conventions, déclarations et autres
instruments…), du Conseil de sécurité (résolutions, procès-verbaux, projets de résolutions ayant fait l’objet d’un
véto, questions adressées au Conseil de sécurité…), du Conseil économique et social (documents, résolutions et
décisions, …) et du Conseil de tutelle, le tout depuis 1946.

127
Page de garde du site internet du Bulletin de l’Union européenne (http://europa.eu/bulletin/fr/welcome.htm).
128
Signalons, enfin, l’existence d’un répertoire non officiel des traités conclus par la Belgique entre 1830 et 1986,
présenté en deux volumes. Ce double répertoire s’intitule : I. DE TROYER, Répertoire des traités conclus par la
Belgique : 1830 – 1940, Bruxelles, Goemaere, 1973 et Répertoire des traités conclus par la Belgique : 1941 –
1986, Wommelgem, Smits, 1988. La mise à jour de ce répertoire, jusqu’en 1991, a été assurée par la Revue belge
de droit international.

79
CHAPITRE II. LES TRAVAUX
PRÉPARATOIRES DES ACTES NORMATIFS
À nouveau seront abordées successivement la compréhension (section 1) et la recherche
(section 2) de ces sources du droit spécifiques que constituent les travaux préparatoires
(couramment appelés les « T.P. »). Les sept annexes concernées – en rapport avec la confection
du travail type (cf. annexe 4 à la leçon III) – sont reprises sous les numéros 10 à 16 (annexes
III.10 à III.16).

SECTION 1. LA COMPRÉHENSION DES TRAVAUX


PRÉPARATOIRES
Les travaux préparatoires contiennent l’ensemble des documents relatant les étapes de
l’élaboration d’une norme législative : ils précèdent donc l’adoption de la norme.

Leur consultation permet notamment de découvrir la ratio legis, la raison d’être d’une norme,
mais également le sens que le législateur a voulu donner à telle disposition qui paraît ambiguë.
Elle est, entre autres, particulièrement utile en présence d’une loi récente, n’ayant pas ou peu
fait l’objet de commentaires doctrinaux.

Comment se présentent les travaux préparatoires (d’une norme fédérale129) ?

Pour illustrer notre propos, nous utiliserons certains extraits des travaux préparatoires de la loi du 20
juillet 2015 visant à renforcer la lutte contre le terrorisme, que vous trouverez dans le syllabus d’annexes
: les annexes 10 à 15 à la leçon III.

Rappelons que les travaux préparatoires des normes sont habituellement classés en trois
catégories :

(1) des documents préparatoires qui servent de base au vote des lois, décrets et
ordonnances (= les Documents parlementaires), ceux-ci comprennent notamment l’
« exposé des motifs » ou les « développements », le « commentaire des articles »,
l’avis de la section de législation du Conseil d’État, etc.

(2) la relation intégrale ou résumée des débats publics de l’assemblée concernée (= les
Annales parlementaires, le Compte rendu intégral ou encore le Compte rendu
analytique),

(3) la relation des questions posées par les membres de l’assemblée concernée et des
réponses y apportées par les ministres et secrétaires d’État (= le Bulletin des
questions et réponses).

Les travaux préparatoires sont consignés dans des publications assurées par les assemblées
parlementaires elles-mêmes (la Chambre des représentants, dans une moindre mesure
désormais le Sénat, et les parlements des entités fédérées).

129
Comme déjà dit, les travaux préparatoires des normes issues des entités fédérées s’incarnent dans des
publications fort proches de celles qui ont cours au niveau fédéral.

80
Les Documents parlementaires (§1) constituent le principal outil de travail en matière de
recherche de travaux préparatoires des lois fédérales. Les Annales parlementaires et le Compte
rendu intégral (§2) sont utilisés de manière plus marginale, tout comme le Compte rendu
analytique (§3). Quant au Bulletin des questions et réponses (§4), il n’a pas trait, en tant que
tel, aux travaux préparatoires d’une norme, bien qu’il soit traditionnellement classé dans cette
catégorie.

Pour chacun de ces quatre documents, on suivra un même fil conducteur, consistant à préciser
la manière de les abréger, leur contenu et la date de leur mise en ligne.

§1. Les Documents parlementaires (Doc.)


Publication officielle bilingue, les Documents parlementaires se divisent en deux parties : les
documents de la Chambre des représentants et ceux du Sénat130.

D’un point de vue terminologique, on parle de « projet » lorsque l’initiative législative est prise
par un gouvernement et de « proposition » lorsqu’une telle initiative est prise par un ou
plusieurs parlementaires. Cependant, lorsque la « proposition » de loi est adoptée par une des
deux chambres, on parle alors également de « projet » de loi.

Pour chaque projet ou proposition de loi, ils publient, sous le numéro d’ordre reçu lors du dépôt
de celui-ci ou de celle-ci, un premier document référencé /1, qui marque le début de la
procédure parlementaire et qui reproduit :

(1) le texte déposé sur le bureau de l’assemblée concernée (projet ou proposition de loi),

(2) l’exposé des motifs (pour les projets) ou les développements (pour les
propositions)131,

(3) le cas échéant, l’avis de la section de législation du Conseil d’État, ainsi que le texte
de l’avant-projet132 soumis au Conseil d’État. Rappelons cependant que la loi du 16 août
2016, déjà évoquée, a instauré le principe d’une mise en ligne de ces avis (« par la voie
d'un réseau d'information électronique accessible au public »)133 (cf. supra, leçon I,
chapitre II, section 2, et infra, section 2, §1).

L’annexe 10 à la leçon III reprend certains extraits du document /1 (intitulé « Projet de loi » mais
comprenant formellement plus que cela) des Documents parlementaires de la Chambre des représentants
relatifs à la loi précitée du 20 juillet 2015 (dont le numéro de dossier est 54-1198). Vous constaterez que
l’on y trouve tant l’exposé des motifs (contenant le « commentaire des articles » en projet) que l’avant-
projet de loi, l’avis du Conseil d’État sur cet avant-projet et le projet de loi soumis au Parlement.

130
La réforme du bicaméralisme introduite par la sixième réforme de l’État et applicable depuis le 25 mai 2014
n’a pas eu d’influence sur la publication des Documents parlementaires.
131
À l’« exposé des motifs » que l’on retrouve pour les projets de loi correspondent les « développements » qui
agrémentent les propositions de loi.
132
On parle d’ « avant-projet » de loi (et pas encore de projet de loi), tant que le texte n’a pas encore été déposé
au parlement.
133
Lois sur le Conseil d'État, coordonnées le 12 janvier 1973, M.B., 21 mars 1973, art. 5/1 à 5/4, insérés par la loi
du 16 août 2016, M.B., 14 septembre 2016.

81
Les documents qui suivent, référencés /2, /3, ..., reprennent, pour leur part, notamment :

(1) les éventuels amendements déposés par les parlementaires en commission,

(2) le rapport établi au nom de la commission compétente par l’un de ses membres et
relatant les travaux de celle-ci,

(3) la version du texte adopté par la commission,

(4) les éventuels amendements déposés par les parlementaires avant la discussion en
séance plénière,

(5) le cas échéant, le ou les avis du Conseil d’État sollicités en cours de procédure,

(6) le texte adopté en séance plénière de l’assemblée compétente.

On retrouvera plusieurs de ces étapes dans les annexes 11 à 14 à la leçon III (documents /2 à /5 du dossier
n°54-1198).

Dans la plupart des cas, une fois le texte voté en séance plénière, il est soumis à la sanction
royale (cf. supra, chapitre I).

Si, au contraire, le processus législatif implique que les deux chambres interviennent (Chambre
des représentants et Sénat)134, le texte est alors transmis à l’autre chambre et les travaux
préparatoires de celles-ci relatent également les étapes ayant eu lieu en son sein. Toutefois,
lorsqu’il est transmis à l’autre chambre, le projet change de numéro.

§2. Les Annales parlementaires (Ann. parl.) — Le Compte rendu


intégral (C.R.I.)
Les Annales parlementaires, édition du Moniteur belge, constituent le compte rendu
parlementaire, intégral et authentique du travail parlementaire et comportent également deux
parties : les annales du Sénat et celles de la Chambre. Elles contiennent tant les débats des
réunions publiques de commissions que les discussions en séance publique, ainsi que le résultat
des votes.

Le classement se fait par session et est chronologique, de sorte qu’il y a lieu de se référer à la
date de la séance au cours de laquelle les débats et/ou le vote ont eu lieu.

Depuis 2000, le nom officiel des Annales parlementaires de la Chambre a muté en Compte
rendu intégral.

L’annexe 15 correspond à un extrait du Compte rendu intégral de la séance plénière de la Chambre des
représentants du 16 juillet 2015 au soir, séance durant laquelle a été débattu le projet de loi visant à
renforcer la lutte contre le terrorisme (dont le numéro de dossier est 54-1198). On voit que c’est le
document /4, soit le texte voté en commission de la Justice (annexe 13 – cf. supra), qui a servi de base à
la discussion, extrêmement courte, ayant eu lieu en séance plénière sur ce projet de loi avant qu’il soit

La sixième réforme de l’État a introduit une réforme du Sénat impliquant, notamment, une limitation de ses
134

compétences. Pour plus de détails, voy. le cours de Sources et principes du droit.

82
voté, c’est-à-dire adopté.

§3. Le Compte rendu analytique (C.R.A.) (à titre indicatif)


Le Compte rendu analytique relate, sous forme de résumés, les débats des deux chambres
législatives et de leurs commissions. Il paraît souvent le lendemain des séances et fournit la
traduction des interventions prononcées dans l’autre langue nationale. Cette publication se
distingue donc par sa concision, sa rapidité et son bilinguisme. Aujourd’hui, le Compte rendu
analytique a toutefois disparu au Sénat en 2000, où il est rendu compte des débats dans une
seule publication : les Annales parlementaires.

§4. Le Bulletin des questions et réponses (Q.R.)


Le Bulletin des questions et réponses reprend le texte des questions posées par écrit par les
parlementaires aux membres du gouvernement et les réponses qui y sont apportées. Ces
discussions peuvent porter sur l’interprétation de lois en vigueur, sur un fait d’actualité, etc.

Voy. l’annexe 16 à la leçon III, qui porte sur l’organisation du procès des auteurs présumés des attentats
de Bruxelles du 22 mars 2016.

N’ayant rien à voir avec le processus d’élaboration d’une norme, il ne s’agira donc pas, en
réalité, de travaux préparatoires, et le classement traditionnel qui en est fait au sein des travaux
préparatoires se révèle par conséquent inapproprié. En posant ces questions au gouvernement,
les parlementaires exercent en réalité, à côté du vote des lois et de l’adoption du budget, leur
troisième mission, à savoir le contrôle de l’exécutif.

Les questions posées oralement lors d’une séance parlementaire figureront dans les Compte
rendu et Annales vus ci-dessus.

Pour aller plus loin

Les travaux préparatoires des normes de droit européen peuvent être consultés dans diverses publications, en
fonction de l’organe dont ils émanent :

(1) Conseil de l’Union européenne : Journal officiel de l’Union européenne (partie C/III — Les actes
préparatoires) ;

(2) Commission européenne: Documents — COM ;

(3) Parlement européen :

(a) Documents : Parlement européen — Documents de séance (P.E., Doc.) ;


(b) Discussions : Journal officiel des Communautés européennes (annexe : Débats du Parlement
européen ; partie C : procès-verbaux des séances et questions écrites).

Les sites ŒIL (site de « l’Observatoire législatif » du Parlement européen : http://www.europarl.europa.eu/oeil)


et Prelex (banque de données de la Commission européenne, relative au « suivi des procédures
interinstitutionnelles » : http://ec.europa.eu/prelex), accessibles depuis la site de l’Union européenne
(http://europa.eu, cliquer sur « Documents »), permettent également de rechercher les différents travaux
préparatoires des normes européennes.

83
SECTION 2. LA RECHERCHE DES TRAVAUX
PRÉPARATOIRES
La recherche des travaux préparatoires se fera prioritairement via les outils informatiques (§1),
mais les instruments « papier » peuvent, dans certains cas, conserver une utilité (§2).

§1. Les moteurs de recherche et supports informatiques :


généralités
Les sites (publics comme privés) de recherche de la législation prennent soin d’associer, à
chaque texte de loi, les références à ses travaux préparatoires.

D’une part, on l’a déjà souligné : pour chaque loi qu’il publie, le Moniteur belge mentionne,
dans une note de bas de page, les références aux Documents parlementaires (et, le cas échéant,
aux Annales parlementaires. En effet, l’adoption d’une loi suppose en amont des discussions
(Annales parlementaires) portant sur des textes (Documents parlementaires).

À l’annexe 2 de la leçon III, voy. le contenu de la « note » située juste sous la loi du 20 juillet 2015 visant
à renforcer la lutte contre le terrorisme telle que publiée au M.B.

Il suffit, ensuite, de se rendre sur le site de l’assemblée parlementaire concernée (pour la


Chambre : http://www.lachambre.be135 ; pour le Sénat : http://www.senate.be136) pour consulter
le document voulu137.

Depuis peu, le Moniteur belge propose également, mais de manière non systématique,
l’hyperlien vers les travaux préparatoires du texte normatif publié (via les onglets « Chambre
des représentants » ou « Conseil d’État » — pour ses avis — par exemple).

En ce qui concerne les travaux préparatoires des assemblées des collectivités publiques
fédérées, ils sont publiés selon un système similaire à celui qui prévaut pour les lois fédérales,
sous la réserve qu’il n’existe, au niveau des entités fédérées, qu’une seule assemblée
délibérante. À l’instar des travaux préparatoires des lois fédérales, ils sont accessibles sur le site
internet des parlements des communautés et régions et des commissions communautaires (cf.
infra).

À noter que la publication des travaux préparatoires en version informatique est complète,
même pour les textes anciens, à l’inverse de la version informatique des lois elles-mêmes qui
est loin d’être exhaustive.

D’autre part, les références aux travaux préparatoires, et même le lien vers le texte de ceux-ci
(parfois uniquement vers le projet ou la proposition de loi), sont également renseignés sur les
banques de données informatiques privées, telles que Jura, et sur des sites publics, tels que
RefLex.

135
Cliquer sur « projets et propositions de loi ».
136
Cliquer sur « législation », puis sur « recherche des dossiers ».
137
Notons que le site e la Chambre n’offre pas un outil puissant pour accéder au Compte rendu intégral. Le site
plenum.be permet de faire une recherche en texte intégral pour les années 1844 à 1999.

84
En effet, Jura et RefLex donnent souvent, en marge des textes qu’il recense, l’hyperlien
renvoyant directement aux travaux préparatoires en question, ce qui dispense du « détour » par
le site de l’assemblée parlementaire ou du séjour en bibliothèque – à moins que l’on souhaite
accéder à d’autres publications que les Documents parlementaires, parfois seuls concernés par
cet hyperlien.

Enfin, un document précis parmi les travaux préparatoires fait dorénavant l’objet d’un régime
particulier : les avis de la section de législation du Conseil d’État. En effet, depuis le 1er janvier
2017, le Conseil d’État est tenu de publier sur son site (www.raadvst-consetat.be) les avis
rendus à partir de cette date par sa section de législation, ainsi que les textes auxquels ils se
rapportent. Le moment de la publication effective dépend de la nature du texte soumis pour
avis138 et de la suite qui lui a été réservée139. Pour ce qui est des avis rendus avant le 1er janvier
2017, le site a, en théorie, mis à disposition du public les avis du Conseil d’État de manière
complète depuis le 1er janvier 2019.

§2. Les instruments « papier »


La recherche de références aux travaux préparatoires via des outils « papier » se fait de plus en
plus rare140.

Quant aux travaux préparatoires eux-mêmes, s’ils sont toujours consignés dans des publications
« papier » assurées par les assemblées parlementaires concernées, ils ne se retrouvent
pratiquement plus, sous la forme d’ouvrages, dans les bibliothèques. La plupart de celles-ci ont,
en effet, suspendu leur abonnement à ces publications, celles-ci étant accessibles gratuitement
en ligne.

Ainsi, la bibliothèque de droit de l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles ne contient plus ces


ouvrages en version « papier », même pas ceux qui concernent des textes anciens. En revanche,
la bibliothèque du parlement fédéral, par exemple, continue à exposer la version « papier » de
presque tous les ouvrages relatifs aux travaux préparatoires des assemblées parlementaires du
pays.

138
De manière générale, « [l]e Conseil d'État assure sans délai, par la voie d'un réseau d'information électronique
accessible au public, la publication des avis qu'il donne et qui sont mentionnés au présent titre. Il y joint l'ensemble
des textes sur lesquels ces avis portent » (lois coordonnées le 12 janvier 1973 précitées, art. 5/1, inséré par la loi
du 16 août 2016 précitée). « Par dérogation à l'article 5/1, si l'avis se rapporte à un avant-projet de loi, de décret
ou d'ordonnance, la publication n'intervient qu'au dépôt du projet qui en résulte. Si l'avis se rapporte à des
amendements à un projet ou à une proposition, la publication intervient au dépôt de ceux-ci ou, si l'avis est
demandé postérieurement au dépôt, lorsque l'avis est remis à l'assemblée qui l'a demandé. S'il se rapporte à un
projet d'arrêté ou à un projet d'arrêté rendant obligatoire une convention collective de travail, elle n'intervient que
si celui est publié au Moniteur belge » (lois coordonnées le 12 janvier 1973 précitées, art. 5/2, inséré par la loi du
16 août 2016 précitée).
139
« §1er. Les avis qui portent sur des avant-projets de loi qui n'ont pas été déposés, sur des amendements à ceux-
ci et sur des projets d'arrêtés fédéraux qui n'ont pas été publiés au Moniteur belge, ainsi que les textes de ces avant-
projets, amendements et projets d'arrêtés sont publiés après la dissolution de la Chambre des représentants. §2. Les
avis qui portent sur des avant-projets de décret ou d'ordonnance non déposés, sur des amendements à ceux-ci et
sur des projets d'arrêtés communautaires et régionaux qui n'ont pas été publiés au Moniteur belge, ainsi que les
textes de ces avant-projets, amendements et projets d'arrêtés ne peuvent être publiés qu'avec l'accord de la région
ou communauté concernée » (lois coordonnées le 12 janvier 1973 précitées, art. 5/3, inséré par la loi du 16 août
2016 précitée).
140
On pense à la version « papier » d’anciens Moniteurs.

85
LEÇON IV.
COMPRENDRE & RECHERCHER
LA DOCTRINE & LA JURISPRUDENCE
(séance plénière) – 2h

Attention : les étudiant.e.s sont invité.es à lire, en vue de cette leçon, l’ensemble des annexes
afférentes à celle-ci. Il leur est par ailleurs conseillé de relire la leçon II.

Consacrée à la compréhension de la doctrine et de la jurisprudence, la présente leçon mêle, au


sein de deux chapitres (doctrine et jurisprudence), la présentation formelle de la source et des
exercices destinés à en vérifier la bonne compréhension.

CHAPITRE I. COMPRENDRE ET
RECHERCHER LA DOCTRINE
Par « doctrine », on entend l’ensemble des textes à travers lesquels des auteurs développent un
raisonnement à propos d’un sujet donné de nature juridique et qui sont ensuite publiés sous une
forme ou une autre. Il incombe dès lors à tout chercheur de connaître les principes propres à la
présentation des commentaires doctrinaux (section 1) et de maîtriser les outils qui permettent
de rechercher ces derniers (section 2).

SECTION 1. LA COMPRÉHENSION DES SOURCES


DOCTRINALES
Il est indéniable que l’étudiant.e en droit ne peut se passer des innombrables ressources que
recèlent les études doctrinales. On gardera néanmoins à l’esprit que la doctrine est le reflet des
opinions ou réflexions d’un auteur (partagées, le cas échéant, par d’autres), lesquelles ne
constituent nullement une vérité absolue. Il convient dès lors de rester critique par rapport aux
commentaires exprimés.

S’agissant de la présentation formelle de la doctrine, nous évoquerons très succinctement – et


pour cause… – la présentation des textes doctrinaux (§1), avant de faire quelques exercices
méthodologiques (§2).

§1. Présentation formelle des textes de doctrine


À l’inverse de la législation et de la jurisprudence, formulées suivant une structure propre et
rituelle, la doctrine ne se distingue pas par une présentation ou une structuration particulière.
En effet, il n’existe en la matière aucun canon, pour la simple raison que la doctrine ne constitue
en rien une source officielle qui serait produite par les pouvoirs publics. Chaque auteur reste

86
entièrement libre, dès lors, de donner à son texte la tournure formelle qui lui plaît, sous le
contrôle toutefois de la revue ou de la maison d’édition qui accueille et publie sa prose.

En conséquence, il n’y a pas lieu, dans un syllabus de méthodologie juridique, de détailler la


présentation formelle des textes doctrinaux, alors que pareille entreprise se justifie par contre
pleinement pour la législation (cf. supra, leçon III) ainsi que pour la jurisprudence (cf. infra,
chapitre II).

§2. Exercices de méthodologie sur la doctrine


Après avoir relu, au besoin, la leçon II, chapitre, I, utilisez les annexes à la présente leçon du
syllabus d’annexes, pour répondre aux questions suivantes :

1. De quel type de support doctrinal relève l’étude de C.-L. Closset et B. Renauld (annexe 1) ?
Comment définir ce support ?

2. À quoi reconnaissez-vous que le commentaire de P. Wautelet, intitulé « La nationalité belge


en 2014 – l’équilibre enfin trouvé ? », constitue une contribution dans un ouvrage
collectif (annexe 2) ?

3. Sous quelle(s) forme(s) peut se présenter un examen ou une chronique de jurisprudence ?


Cochez la (ou les) réponse(s) exacte(s).
a) Ouvrage
b) Article de revue
c) Contribution dans un ouvrage collectif
Qu’en est-il de l’annexe 3 ?

4. Comment qualifier le commentaire (repris en annexe 4) intitulé : « Renforcement de


l’arsenal législatif anti-terroriste : entre symboles et prévention » ? Dans quel type de
support doctrinal – revue ou ouvrage (collectif) – retrouve-t-on ce type de commentaire ?

5. De quelle nature est l’œuvre doctrinale de J. Fierens reprise en annexe 5 ? De quel type de
support doctrinal – revue ou ouvrage (collectif) – relève ce commentaire ?

SECTION 2. LA RECHERCHE DES SOURCES DOCTRINALES


On l’a déjà dit (cf. supra, leçon II, chapitre I), c’est en matière de doctrine que l’outil
informatique accuse sa limite principale. Les outils informatiques de recherche (§1) permettent,
certes, d’identifier la ou les sources pertinentes (stade de la recherche). Ils ne livrent toutefois
pas nécessairement le texte intégral (stade de la consultation). Lorsqu’ils le font, cette option
concerne essentiellement les articles de revues publiés généralement après les années 2000141
ainsi que certains ouvrages postérieurs à 2009. Pour le surplus, les instruments électroniques de
recherche se « contentent » souvent d’indiquer la référence de la source doctrinale, ou, au

141
Faut-il encore, pour mettre la main dessus, que la bibliothèque hébergeant ces programmes informatiques soit
bien abonnée à ces revues « papier ». Par ailleurs, certaines revues s’y sont mises plus tôt. Voy. p. ex. la version
électronique du Journal des tribunaux, qui permet d’avoir accès à des articles de doctrine (ainsi qu’à de la
jurisprudence) publiés depuis 1997.

87
mieux, la table des matières d’articles ou d’ouvrages, qu’il conviendra d’aller chercher et
consulter en version papier dans une bibliothèque (§2)142. En matière de doctrine, recherche de
sources (via les bases de données) et lecture de sources (sur les supports) ne vont donc pas
nécessairement de pair !

S’agissant de cette seconde étape (la recherche en bibliothèque), l’étudiant.e est susceptible
d’affronter une autre difficulté : la source recherchée n’est pas nécessairement disponible dans
son université. En effet, pour des raisons évidentes de place et de budget, la bibliothèque de l’
UCLouvain Saint-Louis Bruxelles n’est pas abonnée à l’ensemble des revues existantes, très
loin de là, pas davantage qu’elle ne fait l’acquisition systématique de tous les ouvrages
juridiques qui paraissent sur le marché. Une série de sources identifiées comme pertinentes ne
se trouvent donc pas à Saint-Louis..., ce qui ne doit cependant pas empêcher l’étudiant.e de
poursuivre sa quête ailleurs ! Pour ce faire, des sites comme Boréal (catalogue collectif de
l’UCLouvain, l’UNamur et l’USL-B), Libis (pour les universités flamandes) ou UniCat
(regroupant l’ensemble des bibliothèques universitaires du pays, entre autres) offrent un
précieux appui, en donnant la localisation de la source en question (et la cote précise !) au sein
de chacune des bibliothèques des universités du Royaume qui la possèdent (cf. supra, leçon V,
chapitre II, section 2, §3).

§1. Les moteurs de recherche et supports informatiques


La recherche des études doctrinales déjà publiées sur le thème recherché suppose l’utilisation
de moteurs de recherche informatiques. Les sociétés privées se sont fait une spécialité de
recenser la doctrine, de manière systématique et méticuleuse, dans leur base de données (B), la
doctrine étant, pour ainsi dire, absente des données fournies par les sites publics (A)143.

A. Les sites publics (gratuits)


De manière générale, les sites internet gratuits n’offrent (pratiquement) aucune couverture de
la doctrine, celle-ci n’ayant pas de statut officiel comme source du droit. Il y a lieu toutefois de
citer, à titre d’exceptions, la bibliothèque online du SPF Justice (https://justice.belgium.be/fr,
puis cliquer sur « Bibliothèque » en bas de la page), ainsi que les bibliothèques et réseaux
universitaires online (Boréal, Libis et UniCat) (cf. supra), quand bien même les sources ne s’y
trouvent souvent renseignées que sous forme de références.

B. Les sites privés (payants)


Valent également pour la doctrine les deux principales bases de données privées (et donc
payantes144, mais accessibles aux étudiant.e.s dans les conditions décrites supra, leçon III,
chapitre 2), déjà renseignées pour la recherche de législation – Jura (a) et Strada lex (b) – (cf.

142
Par contraste, les instruments électroniques de recherche normative, eux, fournissent dans l’immense majorité
des cas le contenu in extenso du texte de loi (ce qui ne signifie naturellement pas que ces instruments aient une
« couverture temporelle » illimitée, on l’a vu). Pareillement, mais dans une mesure sensiblement moindre, les
bases de données de nature jurisprudentielle offrent à leurs utilisateurs le texte intégral de la décision de justice,
singulièrement si celle-ci émane d’une juridiction supérieure (cf. infra).
143
Pour de plus amples développements, cf. infra, leçon VII.
144
Il existe certes des sites gratuits de nature privée proposant de la doctrine, comme le site Justice en ligne
(www.justice-en-ligne.be), mais ils ne constituent pas une base de données.

88
supra, leçon III)145.

Si la tendance de ces sites va dans le sens d’un plus grand développement des « e-books », les
ouvrages restent le talon d’Achille des publications disponibles online, même sur des sites
privés. C’est surtout le contenu des revues qui est proposé par les sites renseignés.

a) Jura

Le site Jura (http://www.jura.be) fournit généralement, en plus de la référence, le plan de


l’article de doctrine en question, ce qui permet au chercheur de jauger avec plus ou moins de
fiabilité l’intérêt que présente le texte, avant d’aller le quérir en bibliothèque.

Par ailleurs, les étudiant.e.s ont accès au texte intégral des certains e-books et des articles parus
dans certaines revues papier, principalement celles de la maison d’édition Kluwer qui détient
Jura.

b) Strada lex

Le site Strada lex (http://www.stradalex.com) donne accès aux contributions doctrinales, et ce,
sous forme de références, sauf pour les articles publiés dans vingt revues papier de la maison
d’édition Larcier (Journal des tribunaux, Jurisprudence de Liège, Mons et Bruxelles, Journal
de droit européen, Journal des tribunaux du travail...), qui, eux, sont consultables en version
full text par voie électronique.

Quant aux e-books proposés, qui sont de plus en plus nombreux, ils sont scindés en autant de
résultats qu’il y a de chapitres ou de sections dans leur table des matières, ce qui n’en simplifie
hélas ni la recherche ni le référencement (cf. infra, leçon IX).

§2. Les instruments « papier »


Muni de la référence à une source doctrinale dont le texte intégral n’est pas disponible par voie
informatique, il convient de se rendre en bibliothèque pour se le procurer.

145
Rappelons que la référence de la source, tel qu’elle est effectuée par les sites privés, ne correspond pas
nécessairement aux canons de référencement enseignés dans le cadre du cours.

89
CHAPITRE II. COMPRENDRE ET
RECHERCHER LA JURISPRUDENCE
La jurisprudence recouvre l’ensemble des décisions rendues par les juridictions dans les litiges
qui leur sont soumis et eu égard aux règles de droit. Comment lire une décision de justice
(section 1) et comment la trouver (section 2) ?

SECTION 1. LA COMPRÉHENSION DES SOURCES


JURISPRUDENTIELLES
Une présentation de la structure formelle des décisions de justice s’impose (§1), avant quelques
exercices méthodologiques (§2).

§1. Présentation formelle des décisions de justice


Les décisions judiciaires reproduites dans les revues sont assorties de divers éléments destinés
à les présenter aux lecteurs, mais qui ne font pas partie de la décision en tant que telle, et ne
sont donc pas officiels146. Les uns (fiche d’identité, nom des acteurs, nom des parties) servent
à identifier la décision. Les autres (notice, sommaire, conclusions du Ministère public) en
facilitent la lecture. Passons chaque élément en revue (A à F), non sans signaler que le seul
élément officiel est naturellement la décision en tant que telle (E) et que l’ordre dans lequel ces
éléments sont classés présente des variantes en fonction des revues.

A. La fiche d’identité
La fiche d’identité de la décision est composée de la provenance et la date de la décision. Par
provenance, on entend la juridiction, voire la chambre, qui a rendu la décision, avec le détail de
la localité où elle siège (sauf s’il s’agit d’une juridiction suprême, auquel cas elle est unique).
Cette inscription se fait souvent en abrégé. La date comprend le jour, le mois et l’année.

B. La notice
La notice est « l’indication, par une série de mots-clés ou de verbos, des divers problèmes
juridiques dont il est question dans la décision. Ces mots-clés, énoncés par ordre de généralité
décroissante, sont le plus souvent imprimés en majuscules »147. Elle se retrouve également
souvent indiquée en caractères gras. Œuvre de l’éditeur de la revue et ajoutée après coup, elle
ne fait pas partie de la décision148.

146
Pour une meilleure visualisation, il est renvoyé aux annexes de la présente leçon (annexes 6 à 9).
147
E. GEERKENS et al., op. cit., p. 134.
148
Pour les arrêts de la Cour de cassation publiés dans la Pasicrisie, la notice est rédigée par le Ministère public
près la Cour de cassation.

90
C. Le sommaire
Le sommaire constitue « le résumé de la décision ou, plus précisément, la mise en formule
raccourcie du ou des principes juridiques que la décision utilise »149. Il s’agit souvent d’un
« copier-coller » de passages importants de la décision. Il est généralement présenté en italique.
Établi par la rédaction de la revue et destiné à faciliter les démarches du lecteur, le sommaire
n’a rien d’officiel150.

D. Le nom des parties


Sauf pour les décisions du Conseil d’État et des juridictions supranationales, l’indication du
nom des parties est purement facultative. Si le nom des parties en cause est mentionné, il l’est
selon le schéma suivant : « demandeur c. défendeur », « appelant c. intimé », « demandeur en
cassation c. défendeur en cassation », le « c. » signifiant « contre ». Certaines revues publient
également le nom du ou des magistrats ayant siégé, ainsi que le nom des avocats plaideurs.

E. Le corps de la décision proprement dite


Contrairement aux éléments précédemment analysés qui sont l’œuvre de l’éditeur, le corps de
la décision proprement dite constitue l’élément officiel de la publication.

Le processus de lecture et d’analyse d’une décision de justice doit suivre différentes étapes :

1. identifier l’objet du litige et les faits de la cause,


2. identifier la thèse de chacune des parties en présence,
3. identifier la solution dégagée par le juge et les motifs qui la soutiennent.

La structure de décisions de justice fait précisément écho à ce processus. L’article 149 de la


Constitution impose aux juridictions que leurs décisions soient motivées. Cette motivation est
essentielle pour permettre aux parties de comprendre le raisonnement du juge. Elle permet de
respecter les droits de la défense et d’éviter les décisions arbitraires. Elle permet également à la
juridiction supérieure de contrôler la décision attaquée. Enfin, la motivation, en particulier des
arrêts de la Cour de cassation, permet à la juridiction de remplir sa fonction créative (cf. supra,
leçon II, chapitre 2).

Nous passerons en revue les jugements et arrêts des différentes juridictions de droit interne, tout
en signalant que les décisions de juridictions de droit supranational se présentent selon un
schéma globalement similaire.

Nous décrirons successivement la structure classique des jugements et arrêts des juridictions de
fond (a), celle des arrêts de la Cour de cassation (b), celle des arrêts du Conseil d’État (c) et

149
E. GEERKENS et al., ibidem, p. 135.
150
Si la décision fait l’objet d’une note, il se peut que le sommaire soit rédigé par l’auteur de cette note. Pour les
arrêts de la Cour de cassation publiés dans la Pasicrisie, le sommaire est rédigé par le Ministère public près la
Cour de cassation.

91
enfin celle des arrêts de la Cour constitutionnelle (d)151.

a) Les jugements et arrêts des juridictions de fond

Les juridictions de fond de l’ordre judiciaire sont celles qui occupent toute la pyramide
judiciaire, la tête en moins (la tête étant la Cour de cassation, cf. supra). Elles sont appelées
ainsi car elles connaissent tant du fait que du droit. Ces juridictions sont nombreuses, mais leur
nombre décroît logiquement à mesure qu’elles montent de niveau.

La présentation des décisions des juridictions de fond a sensiblement évolué ces dernières
années. Chaque juridiction possède ses propres habitudes et spécificités, qu’elle fait évoluer de
manière autonome. Il n’en demeure pas moins que subsistent, dans toutes les décisions des
juridictions de fond, deux grandes parties : les motifs (a.1) et le dispositif (a.2)152.

a.1) Les motifs

Pris dans leur sens large, les motifs se subdivisent en visas, en préalables et en examen des
moyens (motifs au sens strict).

Introduits par le participe passé « Vu », les visas fournissent des informations relatives à l’état
de la procédure. Les antécédents de la cause sont passés en revue : citation à comparaître ou
requête, dépôt des pièces légalement requises et des conclusions des parties, date de plaidoiries
et, le cas échéant (c’est-à-dire, s’il s’agit d’une décision sur recours), mention de la décision
rendue par le premier juge et de l’acte par lequel le recours a été exercé.

Bien qu’ils fassent partie intégrante de la décision, les visas sont rarement reproduits dans les
revues.

Traditionnellement exprimés par des « Attendu » toutefois relativement rares aujourd’hui, les
préalables introduisent les faits de la cause (du moins ceux qui sont de nature à influencer la
décision à rendre), mentionnent les prétentions et défenses des parties et, quand la décision est
rendue sur recours, évoquent l’argumentation des plaideurs devant le premier juge.

Apparaît ensuite l’examen des moyens (les motifs sensu stricto), encore sous la forme
d’« Attendu » pour certaines juridictions. Le juge du premier ressort y vérifie la pertinence des
moyens invoqués par le demandeur, puis de la contradiction développée par le défendeur. Au
préalable, il se sera, le cas échéant, penché sur les questions de recevabilité de l’action et de
compétence de sa juridiction, éventuellement soulevées par l’une des parties, voire par lui-
même153.

151
Les décisions des cours suprêmes – Cour de cassation, Conseil d’État et Cour constitutionnelle – sont
accessibles via des sites publics (le site de la juridiction concernée – pour le Conseil d’État et la Cour
constitutionnelle – ou Juportal pour la Cour de cassation, la Cour constitutionnelle et, pour quelques arrêts
seulement, le Conseil d’État). Force est de constater que ces derniers livrent, généralement, le texte intégral de la
décision, sans ajout (par exemple, un sommaire ou une notice), ni retranchement (par ex. les visas).
152
Les annexes 6.a) et 6.b) à la présente leçon (issues de revues « papier » : la J.L.M.B. pour l’annexe 6.a), A&M
pour l’annexe 6.b)) présentent deux illustrations parmi tant d’autres de décisions rendues par les juridictions de
fond (en premier ressort pour l’annexe 6.a), en appel pour l’annexe 6.b)).
153
La recevabilité d’une action conditionne le droit d’agir en justice. Aux termes de l’article 17 du Code judiciaire,
« l’action ne peut être admise si le demandeur n’a pas qualité et intérêt pour la former ». On définit classiquement :

92
Sur le fond, le juge confronte les arguments de l’un et de l’autre à la réalité des faits (problèmes
de preuve) et aux exigences des règles de droit. À l’issue de cet examen, le juge prend parti : il
fait droit, en tout ou en partie, aux prétentions (ou défenses) de l’un des plaideurs.

a.2) Le dispositif

L’expression « Par ces motifs » introduit le dispositif du jugement ou de l’arrêt, c’est-à-dire la


solution que le juge impose aux parties comme étant celle qui est exigée non pas par lui, mais
par la règle de droit. Cette solution n’anéantit pas l’éventuelle décision précédente mais, en
revanche, s’y substitue entièrement.

Le dispositif est, bien évidemment (pour les parties en tout cas), l’élément essentiel de la
décision. Il ne se conçoit cependant que comme le prolongement et la conclusion des motifs.

Exercice 1 : Dans quelles revues ont été publiées les décisions reproduites en annexes 6.a) et 6.b) ? Quels
sont les éléments que la revue a ajoutés à et/ou retranchés de la décision originale ? Quel est l’intérêt
d’identifier clairement ces éléments ?

b) Les arrêts de la Cour de cassation

La Cour de cassation est la juridiction suprême de la pyramide de l’ordre judiciaire154. Elle


« connaît des décisions rendues en dernier ressort qui lui sont déférées pour contravention à la
loi ou pour violation des formes, soit substantielles, soit prescrites à peine de nullité » (C. jud.,
art. 608) ; elle « ne connaît pas du fond des affaires » (Const., art. 147).

La contravention à la loi peut être constituée par une mauvaise application ou une mauvaise
interprétation de la loi par la décision attaquée. La violation des formes peut consister,
notamment, en une motivation insuffisante de la décision attaquée, en la méconnaissance par
celle-ci des droits de la défense, etc.

La présentation des arrêts de la Cour de cassation obéissait jusqu’il y a peu à un formalisme


rigoureux, qui rendait ces arrêts difficilement compréhensibles pour le lecteur non initié. Depuis
2002, des efforts graduels ont été entrepris pour « démocratiser » le langage judiciaire, et celui

(1) l’intérêt comme « tout avantage, matériel ou moral, effectif mais non théorique que le demandeur peut retirer
de la demande au moment où il la forme. (…) L’intérêt doit être légitime, concret, personnel et direct, né et actuel
» (G. de LEVAL, Éléments de procédure civile, 2e éd., Bruxelles, Larcier, 2005, p. 17 et 18, n°7)
(2) la qualité comme « le pouvoir en vertu duquel une personne exerce l’action en justice. Elle s’apprécie au
moment de l’introduction de la demande. (…) La qualité ne prend une véritable autonomie par rapport à l’intérêt
que lorsque l’action peut être intentée par une personne distincte du titulaire du droit » (G. de LEVAL, ibidem, p.
24 et 25, n°10).
La compétence est la « portion de juridiction » attribuée par la loi à chacune des juridictions nationales (A.
FETTWEIS, Précis de droit judiciaire, t. II : La compétence, Bruxelles, Larcier, 1971, p. 2, n°1). En vertu de
l’article 8 du Code judiciaire, elle est « le pouvoir du juge de connaître d’une demande portée devant lui ». La
répartition des tâches entre les différentes juridictions s’opère de deux manières :
(1) la compétence matérielle ou d’attribution : « eu égard à la nature des litiges et à l’importance économique de
ceux-ci, de l’urgence de la demande ou de la qualité des parties (art. 9) » (A. FETTWEIS, ibidem, p. 2, n°1) et
(2) la compétence territoriale : « en fonction du domicile des parties, du lieu de naissance de l’obligation ou de la
situation de l’objet litigieux (…) (art. 10) » (A. FETTWEIS, ibidem, p. 2, n°1).
154
Cf. supra, leçon II, Chapitre II.

93
de la Cour de cassation en particulier155. Détaillons dès lors les trois périodes : jusqu’en 2001
(b.1), de 2002 à 2005 inclus (b.2) et à partir de 2006 (b.3).

Exercice 2 : Comparez (similitudes et différences) la forme des décisions reproduites sous le numéro 7
des annexes ? Est-il normal qu’elle diffère ?

b.1) Jusqu’en 2001

Tout d’abord, les arrêts prononcés jusqu’en 2001156 comprenaient quatre parties, formant de
véritables entités distinctes et présentées comme suit : les visas (1), l’exposé des moyens (2),
les motifs (3) et le dispositif (4).

(1°) Les visas

Précédés du participe « Vu », les visas renvoient à la décision attaquée par le demandeur en


cassation. Pour un approfondissement de la problématique portée par l’arrêt, il peut être utile
de lire au préalable la décision attaquée.

(2°) L’exposé des moyens

L’exposé des moyens reproduit la thèse du demandeur en cassation, c’est-à-dire les critiques
(contravention à la loi, violation des formes substantielles ou prescrites à peine de nullité) qu’il
formule à l’encontre de la décision attaquée. Articulée sur un ou plusieurs moyens (eux-mêmes
divisés, le cas échéant, en branches, et les branches divisées, le cas échéant, en rameaux), son
argumentation était, jusqu’en 2001, toujours développée selon un schéma comportant trois
parties – Sur le moyen pris de (… ), en ce que (…), alors que (…) – dont la signification était
la suivante :

- « Sur le moyen pris de » : énumération des dispositions légales ou des principes de droit
que le demandeur considère comme violés par le juge du fond ;
- « En ce que » : condensé (ou reproduction par extraits) de la décision attaquée, passages
que le demandeur estime donc critiquables en droit ;
- « Alors que » : indication des griefs du demandeur, c’est-à-dire soit du raisonnement
que, selon le demandeur, le juge du fond aurait dû adopter, soit des textes ou principes
qu’il aurait dû appliquer, soit encore, si ces textes et principes sont adéquats, de la
manière dont il aurait dû les interpréter.

155
Certaines revues reproduisent parfois, avant une décision importante (en particulier un arrêt de la Cour de
cassation), les conclusions du Ministère public ou des extraits de ses conclusions. Pour rappel, celles-ci ont le
statut de « para-jurisprudence » ou « pré-jurisprudence » ; voy. supra, leçon II, Chapitre II.
156
Cf. p. ex. annexe 7.a) (issue de la revue Pasicrisie).

94
(3°) Les motifs

Vient ensuite le premier « Attendu », introduisant les motifs157. C’est maintenant que la Cour
de cassation apprécie la pertinence du (ou des) moyen(s) exposé(s) par le demandeur. Si elle
juge les griefs recevables158 et fondés, la Cour conclut ses motifs en déclarant « Le moyen est
fondé ». Si elle arrive au constat inverse, la Cour achève sa motivation par l’affirmation que
« Le moyen ne peut être accueilli ».

En général, dès lors qu’un moyen s’avère fondé (ce qui suffit pour entraîner la cassation de la
décision attaquée), la Cour de cassation s’abstient d’examiner les autres moyens du pourvoi.

Il est fréquemment déploré que la Cour de cassation soit en général fort concise dans la
rédaction des motifs.

(4°) Le dispositif

Précédé de l’expression « Par ces motifs », le dispositif des arrêts de la Cour consiste
essentiellement soit à casser (anéantir) en tout ou en partie la décision attaquée, soit, au
contraire, à rejeter le pourvoi.

Dans l’hypothèse où la Cour casse la décision querellée, la cause devra être à nouveau jugée
quant au fond par une juridiction de même degré que celle qui a rendu la décision cassée (mais
pas la même, naturellement). Si, par contre, la Cour rejette le pourvoi, la décision attaquée
devient irrévocable, puisque tous les recours internes ont été exercés (un recours auprès de la
Cour européenne des droits de l’homme est toutefois toujours possible).

Exercice 3 : Dans l’annexe 7.a), quelles sont les dispositions légales prétendument violées par le juge du
fond ?

Exercice 4 : Dans l’annexe 7.a), quelle juridiction (de fond) s’est prononcée en dernier ressort ? Quelle
était la juridiction de premier degré ?

b.2) De 2002 à 2005

Depuis le 1er janvier 2002, une certaine évolution a marqué la rédaction des décisions de la
Cour de cassation159. Les changements opérés dans un premier temps (2002-2005) peuvent être
schématisés comme suit :

- les visas (« vu que ») ont été remplacés par la subdivision « I. La décision attaquée » ;
- une subdivision nouvelle apparaît : « II. La procédure devant la Cour » ;
- l’exposé des moyens ne se fait plus selon le schéma « Sur le moyen pris de – en ce que
– alors que », mais est remplacé par « III. Le(s) moyen(s) de cassation », lesquels
distinguent clairement :

157
Pour évoquer les motifs, l’on utilise aussi l’expression « examen des moyens » vu que, dans cette partie, la
Cour examine la pertinence du (ou des) moyen(s) soulevé(s) devant elle.
158
La recevabilité d’un moyen de cassation est à distinguer de la recevabilité d’une action en justice (cf. supra).
Relevant de la technique bien particulière de la cassation, cette notion ne sera pas développée ici.
159
Cf. p. ex. annexe 7.b) (issue de la revue R.G.D.C.).

95
 les « dispositions légales violées » (ancien : « Sur le moyen pris de »),
 les « décisions et motifs critiqués » (ancien : « en ce que »),
 les « griefs » (ancien : « alors que »).
Dans la foulée, ont naturellement disparu tous les « que » qui débutaient
toute nouvelle phrase.
Il est à noter que cette étape du raisonnement est de plus en plus souvent supprimée du
contenu publié de la décision, la rédaction de la revue la remplaçant alors par une ligne
de points ou un autre signe indiquant qu’un passage de la décision a été retiré ;
- la subdivision « IV. La décision de la Cour » chapeaute désormais les motifs (examen
des moyens). Ici, les « attendu que » sont toutefois encore maintenus ;
- l’arrêt s’achève toujours par le dispositif, qui suit les mots « Par ces motifs ».

Exercice 5 : L’annexe 7.b) renseigne-t-elle les griefs du demandeur en cassation ? Identifiez, si possible,
l’exposé du moyen. Comparez avec l’annexe 7.a).

b.3) Depuis 2006

D’autres adaptations ont suivi dans une seconde phase (depuis 2006)160, qui portent sur les
éléments suivants :

- les subdivisions « I. La décision attaquée » et « II. La procédure devant la Cour » ont


été fusionnées en une seule subdivision « I. La procédure devant la Cour » ;
- la subdivision « II. Les moyens de cassation » (anciennement III) offre en général une
présentation identique à celle qui a été adoptée entre 2002 et 2006, mais est de plus en
plus souvent omise des publications (dans les revues et même online sur le site officiel).
Par ailleurs, cette présentation est progressivement remplacée par un simple renvoi à la
requête en cassation, indiquée comme étant annexée à l’arrêt 161. Les requêtes en
cassation sont progressivement (depuis 2020) mais pas systématiquement accessibles :
elles sont reproduites à la fin du PDF de l’arrêt concerné (ce PDF de l’arrêt est accessible
via Juportal ou Jura) ;
- la subdivision « III. La décision de la Cour », qui reprend les motifs de l’arrêt (l’examen
des moyens), voit disparaître les « attendu que », de sorte que les phrases de la
motivation de l’arrêt relèvent également désormais du langage commun ;
- le dispositif est toujours marqué par la locution « Par ces motifs ».

Exercice 6 : Dans l’arrêt rendu par la Cour de cassation le 7 mai 2007 (annexe 7.c)), montrez sans hésitation
et de façon immédiate l’endroit où la Cour commence à s’exprimer.

Exercice 7 : Qui est M. Cornelis ? Quel est son rôle ? Est-ce un juge ? En cas de réponse négative, comment
faut-il considérer les écrits de cette personne (nommés conclusions) lorsqu’ils sont publiés ?

160
Cf. p. ex. annexe 7.c) (issue du site Juportal).
161
Par exemple, dans un arrêt du 10 septembre 2010, la Cour de cassation se contente d’indiquer : « Dans la
requête en cassation, annexée au présent arrêt en copie certifiée conforme, le demandeur présente trois moyens »
(Cass. (1re ch.), 10 septembre 2010, Pas., 2010, p. 2228).

96
c) Les arrêts du Conseil d’État

Le Conseil d’État est une institution à la fois consultative et juridictionnelle, à la croisée des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Cette double fonction explique que le Conseil d’État
est constitué de deux sections indépendantes.

Le Conseil d’État est doté d’une section du contentieux administratif (appelée précédemment
section d’administration), qui forme une juridiction contentieuse, compétente notamment pour
suspendre ou annuler des actes administratifs (individuels162 ou réglementaires) d’autorités
administratives. C’est à ce titre que le Conseil d’État peut se targuer d’être la juridiction
administrative suprême en Belgique.

Le contrôle de légalité constitue, dans ce cadre, sa principale activité. Ce contrôle dévolu à la


section du contentieux administratif du Conseil d’État ne vise pas seulement le contrôle de la
conformité des actes administratifs par rapport à la loi (au sens strict), mais aussi par rapport à
toute norme de niveau législatif et, au-delà, par rapport à toute norme hiérarchiquement
supérieure à ces actes.

Le Conseil d’État possède également une section de législation, conçue comme un organe
consultatif. Dans les conditions prévues par les lois coordonnées sur le Conseil d’État, cette
section donne des avis aux pouvoirs législatif et exécutif qui souhaitent prendre une initiative
législative. Attention : ces avis ne constituent pas, à l’inverse des arrêts de la section du
contentieux administratif, de la jurisprudence ! Pour rappel, ces avis sont à retrouver soit dans
les travaux préparatoires des normes analysées, soit sur le site du Conseil d’État, dans sa partie
dédiée aux avis de la section de législation163.

Le siège de la matière se trouve dans les lois organiques sur le Conseil d’État (coordonnées par
l’arrêté royal du 12 janvier 1973), spécialement aux articles 14 et 17 (relatifs, bien entendu, à
la compétence de la section du contentieux administratif).

Les arrêts de la section du contentieux administratif du Conseil d’État164 comprennent des


motifs (c.1) et un dispositif (c.2) et se présentent comme suit.

c.1) Les motifs

Jusque 2016-2017 (en fonction des chambres) – La première partie de l’arrêt comprend tout
d’abord les visas. On y relate les différentes étapes de la procédure écrite (« Vu ») et de la
procédure orale (« Entendu ») et on fait référence au fondement légal de l’arrêt. Les visas ne
sont pas reproduits au Recueil des arrêts du Conseil d’État (R.A.C.E.) ni dans les autres revues.

Les préalables suivent les visas et débutent par « Considérant ». Ils contiennent un exposé des
faits et mentionnent le (ou les) acte(s) attaqué(s).

162
Exemples : recours d’un étudiant contre une décision de refus d’inscription à l’université, recours d’un citoyen
contre une décision d’octroi d’un permis d’urbanisme à son voisin, etc.
163
Cf. supra, leçon III.
164
Cf. p. ex. annexes 8.a) et 8.b) (issues du site du Conseil d’État), l’annexe 8.a) reprenant un arrêt antérieur à
2016-2017 et l’annexe 8.b) un arrêt plus récent.

97
Le cas échéant, le Conseil d’État examinera ensuite sa compétence ainsi que la recevabilité de
la requête.

Une fois cet examen achevé, et pour autant qu’un constat positif soit émis par lui sur la
compétence et la recevabilité, le Conseil d’État abordera le fond de l’affaire. Les moyens
retenus sont envisagés en principe un par un. Après avoir exposé le premier moyen formulé par
la partie requérante et la réponse apportée par la partie adverse165, le Conseil d’État se prononce
sur ce premier moyen (examen des moyens), en indiquant les raisons qui lui permettent de
conclure que celui-ci est fondé ou, dans le cas contraire, qu’il ne peut être accueilli. Il procédera
de manière analogue avec les autres moyens (deuxième, troisième…). Cependant, dès lors
qu’un moyen s’avère fondé et, partant, suffit pour entraîner l’annulation de l’acte attaqué, le
Conseil d’État s’abstient d’examiner les autres moyens de la requête, à moins que ceux-ci soient
de nature à aboutir à une annulation plus étendue.

La motivation des arrêts du Conseil d’État est généralement plus étoffée que celle des arrêts de
la Cour de cassation.

Il convient, en somme, d’identifier les différents acteurs – partie requérante, partie adverse,
éventuellement partie intervenante, et Conseil d’État – qui s’expriment dans ces paragraphes
débutant tous par « considérant ». Telle est la principale difficulté dans la lecture d’un arrêt
rendu par cette juridiction jusqu’il y a peu.

Depuis 2016-2017 (en fonction des chambres) – Cette difficulté s’amenuise toutefois avec le
temps, puisque, désormais, non seulement les chambres flamandes du Conseil d’État (et ce
depuis longtemps), mais également ses chambres francophones sont passées au style direct et à
la présentation structurée avec titres.

Depuis lors, on retrouve les subdivisions suivantes : I. Objet de la requête – II. Procédure – III.
Faits (ou Rétroactes), et ensuite, en fonction des problèmes posés par l’affaire traitée, des
chapitres (IV., V., etc.) qui peuvent porter sur les questions d’intervention, de recevabilité,
d’intérêt, de mise hors cause d’une partie adverse, de présence des conditions de l’extrême
urgence, de confidentialité de certaines pièces, etc., et, bien entendu, sur l’examen (appelé aussi
l’appréciation) du (ou des) moyen(s) soulevé(s) par la partie requérante et contesté(s) par la
partie adverse166.

c.2) Le dispositif

Jusque 2016-2017 (en fonction des chambres) – Le dispositif contient la décision et débute
traditionnellement par le terme « Décide ».

Exercice 8 : Dans l’annexe 8.a), quel est l’objet de la requête introduite par la partie requérante ? Identifiez
les moyens invoqués à l’appui de sa demande.

165
En effet, un litige au Conseil d’État n’oppose pas un demandeur à un défendeur, comme devant les juridictions
de l’ordre judiciaire, mais bien un requérant à une partie adverse.
166
Voy. par exemple l’arrêt C.E. (15e ch.), 21 février 2019, n°243.777, S.A. European Air Transport, dans lequel
l’on retrouve ces subdivisions pour les vingt-cinq moyens soulevés par la partie requérante (« Thèse de la partie
requérante » - « Appréciation »).

98
Depuis 2016-2017 (en fonction des chambres) – La locution annonçant le dispositif se
rapproche désormais de celle que l’on retrouve pour les décisions des juridictions de l’ordre
judiciaire (cf. supra) et de la Cour constitutionnelle (cf. infra) ; les arrêts portent
l’expression « Par ces motifs, décide » ou, le plus souvent, « Par ces motifs, le Conseil d’État
décide »167.

Exercice 9 : Dans l’annexe 8.b), montrez sans hésitation et de façon immédiate l’endroit où se trouve
l’enseignement de l’arrêt, c’est-à-dire le raisonnement du Conseil d’État. Qu’implique concrètement
l’annulation de l’acte attaqué qui en découle ?

d) Les arrêts de la Cour constitutionnelle

La Cour constitutionnelle est la juridiction constitutionnelle suprême en Belgique. Jusqu’en mai


2007, elle s’appelait Cour d’arbitrage. Le nom de Cour constitutionnelle a été choisi pour
correspondre davantage à l’élargissement progressif des compétences qui ont été attribuées à
cette Cour.

La Cour constitutionnelle est désormais compétente pour contrôler la conformité des lois,
décrets et ordonnances aux règles répartitrices de compétences (entre l’État, les communautés
et les régions) d’une part et, de l’autre, aux dispositions du Titre II de la Constitution (intitulé
« Des Belges et de leurs droits ») ainsi qu’aux articles 143, §1er (loyauté fédérale), 170, 172
(légalité et égalité des impôts) et 191 (protection des étrangers) de ladite Constitution168.

Le siège de la matière se situe à l’article 142 de la Constitution ainsi que dans la loi spéciale du
6 janvier 1989 sur la Cour constitutionnelle. Les arrêts de la Cour constitutionnelle sont rendus
soit sur recours en annulation (art. 1er et s.), soit sur demande de suspension (art. 19 et s.) – mais
c’est plus rare –, soit encore sur question préjudicielle (art. 26 et s.). Concernant cette dernière
procédure, il s’agit d’une question posée par une autre juridiction nationale concernant la
compatibilité des normes de valeur législative invoquées devant elle avec les normes
supérieures dont la Cour constitutionnelle est garante ; de la réponse à la question posée
dépendra la solution que le juge qui la pose apportera au litige pendant devant lui. Quant au
recours en annulation, il peut être intenté par toute personne intéressée dans le but de faire
annuler, et donc de voir disparaître en principe avec effet rétroactif, une norme de niveau
législatif de l’ordre juridique belge au motif que cette norme viole les normes supérieures dont
la Cour constitutionnelle doit assurer le respect.

Les arrêts de la Cour constitutionnelle sont rédigés dans un style dépourvu des participes « vu »,
« considérant », « attendu », etc. Il s’agit donc de textes se composant de phrases libres,
construites de manière courante.

On opérera une distinction entre les arrêts rendus dans le cadre d’une (ou plusieurs) question(s)
préjudicielle(s) (d.1) et ceux qui sont prononcés dans le cadre d’un recours en annulation

167
Certaines décisions sont rendues en assemblée générale (c’est-à-dire chambres néerlandophones et
francophones réunies) et portent ainsi la marque de la présence flamande à travers la locution « décision » qui
annonce le dispositif et qui est la traduction du terme traditionnel néerlandophone : « beslissing ».
168
Exemples : recours contre un article d’un décret portant sur une matière relevant des attributions du pouvoir
fédéral, recours contre une loi que l’on juge attentatoire à la liberté d’expression, au respect de la vie privée, au
droit à la protection d’un environnement sain, etc.

99
(d.2)169.

d.1) Les arrêts rendus sur question préjudicielle

L’arrêt prononcé sur question préjudicielle présente la structure suivante :

- Jusque 2002 (compris), l’arrêt était généralement divisé en quatre « chapitres »,


identifiés chacun par un chiffre romain :
I. L’objet de la question,
II. Les faits et la procédure antérieure,
III. La procédure devant la Cour,
IV. En droit.

- En 2003, les chapitres I et III ont fusionné, de sorte que la structure d’un tel arrêt se
présente aujourd’hui comme suit :
I. Objet de la question préjudicielle et procédure,
II. Les faits et la procédure antérieure,
III. En droit.

Le chapitre III (anciennement IV) « En droit » constitue la partie substantielle de l’arrêt. Il est
divisé en alinéas, eux-mêmes répartis sous les lettres A et B. La lettre A annonce des alinéas
(appelés informellement « considérants »), dans lesquels la Cour expose les points de vue des
parties à la cause. La lettre B correspond aux considérants dans lesquels la Cour se prononce
sur la question posée. C’est donc sous la lettre B que résident les motifs sensu stricto de l’arrêt.
À l’intérieur des parties A et B, les différentes phases de raisonnement sont annoncées avec des
chiffres.

De manière générale, la Cour annonce le dispositif de l’arrêt par ces mots : « Par ces motifs ».
Ce dispositif consiste en la réponse à la question posée : « La Cour dit pour droit… » que telle
(partie de) disposition concernée par la question viole ou ne viole pas les dispositions
invoquées.

d.2) Les arrêts rendus sur recours en annulation

L’arrêt prononcé suite à un recours en annulation présente une structure similaire :

- Jusqu’en 1996 (compris), l’arrêt prononcé suite à un recours en annulation (ou une
demande de suspension170) était généralement divisé en quatre « chapitres », identifié
chacun par un chiffre romain :
I. L’objet du recours,
II. La procédure,

169
Cf. p. ex. annexes 9.a) et 9.b) (issues du site de la Cour constitutionnelle), l’annexe 9.a) reproduisant un arrêt
rendu sur questions préjudicielles et l’annexe 9.b) un arrêt rendu sur recours en annulation.
170
Le recours en annulation n’a, en principe, pas d’effet suspensif. Toutefois, dans les circonstances visées à
l’article 20 de la loi spéciale sur la Cour constitutionnelle, à savoir, notamment, lorsque des moyens sérieux
permettent d’établir que l’exécution immédiate de la norme attaquée risque de causer un préjudice grave
difficilement réparable, la Cour peut, à la demande du requérant, ordonner la suspension de la norme attaquée.
Cette requête en suspension doit être introduite dans les trois mois suivant la publication de la norme attaquée au
Moniteur belge.

100
III. L’objet de la (ou des) disposition(s) attaquée(s),
IV. En droit.

Les chapitres I et II correspondaient aux « visas » des arrêts du Conseil d’État ; le chapitre III
constituant l’équivalent de l’exposé des faits d’un arrêt du Conseil d’État. Quant au chapitre
IV, c’était celui, de loin le plus long, dans lequel on retrouvait l’examen des moyens, précédé
éventuellement d’un examen de la compétence de la Cour et de la recevabilité du recours.

- En 1997, la structure d’un tel arrêt a été quelque peu modifiée. Il n’y avait plus alors,
en principe171, que trois chapitres :
I. L’objet du recours,
II. La procédure,
III. En droit.

- Et, depuis 2003, on ne compte désormais plus que deux chapitres172 :


I. Objet du recours et procédure,
II. En droit.

Ici aussi, le chapitre II (anciennement IV) « En droit » constitue l’étape principale de l’arrêt. La
Cour y expose les différents points de vue en présence – A – et se prononce sur les problèmes
soulevés (sa compétence, recevabilité du recours, pertinence des moyens) en indiquant le
raisonnement suivi – B – ; il s’agit, sous la partie B, des motifs au sens strict.

Précédé des mots « Par ces motifs », le dispositif de l’arrêt arrive enfin. Tantôt la Cour y annule
telle norme, disposition ou passage de disposition, tantôt elle rejette le recours.

Exercice 10 : Dans l’arrêt du 9 juillet 2013 (annexe 9.a)) et dans celui du 5 juillet 2018 (annexe 9.b)),
montrez sans hésitation et de façon immédiate l’endroit où la Cour commence à s’exprimer.

Exercice 11 : La Cour constitutionnelle aboutit, dans les deux arrêts, à un constat d’inconstitutionnalité
des normes en cause. Les conséquences de ces deux arrêts sont toutefois différentes. Expliquez.

F. Le rappel de la fiche d’identité et l’indication du nom des « acteurs »


Cette mention est peu fréquente. Lorsqu’elle figure dans la revue173, y sont reproduits le rappel
de la provenance et de la date de la décision ainsi que l’indication du nom des « acteurs » de la
décision, soit la composition du siège174 de la juridiction qui l’a rendue, le nom du magistrat
représentant le Ministère public et des avocats.

171
Certaines décisions rendues entre 1997 et 2003 dans certaines affaires particulièrement complexes comprennent
quatre parties, à l’instar de la présentation des arrêts antérieurs à 1997 (voy., par exemple, l’arrêt n°31/2000). On
y retrouve, en effet, un chapitre consacré aux dispositions en cause (intitulé « La (les) disposition(s) attaquée(s) »
ou « Objet des dispositions entreprises »), avant le chapitre « En droit ».
172
Dans des situations similaires à celle qui a été exposée à la note précédente, il est possible de trouver un
troisième chapitre détaillant les dispositions concernées par le recours.
173
Cf. p. ex. annexes 7.a) et 7.b).
174
Par siège, on entend les juges (ou conseillers) qui ont composé le tribunal ou la cour dans une affaire précise.

101
§2. Exercices de méthodologie supplémentaires sur la
jurisprudence
Relisez au besoin la leçon II, chapitre II, et, en sus des énoncés 1 à 11, résolvez les exercices
suivants.

Exercice 12 : Pour chacune des décisions de justice figurant en annexe, répondez aux questions
suivantes :

a) De quel type de décision s’agit-il (jugement ou arrêt) ? De quelle juridiction émane cette
décision ? De quelle chambre ? Comment cette juridiction était-elle
composée (nommez les différents juges) ? Qui sont les parties à la cause (nommez-les
et identifiez leur qualité procédurale : demandeur, défendeur, appelant, intimé, etc.) ?
Quand la décision a-t-elle été rendue ? Quand la décision a-t-elle été publiée ? Où a-t-
elle été publiée ?

b) S’il s’agit d’une décision émanant d’une juridiction de l’ordre judiciaire, où se situe,
dans la pyramide, la juridiction qui a rendu la décision ? Cette décision peut-elle faire
l’objet d’un recours ?

c) Décrivez la structure de la décision (objet du litige, thèse des parties, décision du juge).
Identifiez, en outre, pour chaque décision, les éléments de procédure (visas).

d) Montrez précisément où commence à s’exprimer le juge (motifs au sens strict).

Exercice 13 : Comparez (similitudes et différences) la forme des décisions reproduites aux


annexes 6 et 7, d’une part, 8 et 9, d’autre part. Que pouvez-vous en déduire sans délai
concernant la source utilisée pour trouver ces décisions ? Décrivez, le cas échéant, la structure
de la source (fiche d’identité, notice, sommaire, nom des acteurs, nom des parties, etc.). S’agit-
il d’éléments officiels ?

Exercice 14 : Quelle est la forme habituelle d’un dispositif ? Est-ce universel ?

Un corrigé type de l’ensemble des exercices de cette leçon sera posté sur Moodle à l’issue de
celle-ci.

SECTION 2. LA RECHERCHE DES SOURCES


JURISPRUDENTIELLES
Comme pour la législation et la doctrine, la recherche de la jurisprudence s’engage par le biais
de sites informatiques175. En plus de répertorier la jurisprudence afférente à une thématique
déterminée, ceux-ci fournissent parfois également le lien vers le texte intégral176 des décisions
répertoriées (celles qui émanent des juridictions suprêmes ou des cours d’appel
essentiellement), ou uniquement leur sommaire. Lorsque l’outil informatique fournit seulement

175
À l’instar de ce qui se passe pour la recherche de doctrine, les instruments « papier » traditionnels ne sont
pratiquement plus utilisés pour la recherche des sources jurisprudentielles (depuis une dizaine d’années déjà).
176
Sous forme du scan de la version papier ou non.

102
la référence, et, le cas échéant, le sommaire de la décision commentée (pour les décisions plus
récentes), il conviendra de se procurer le texte intégral de la décision commentée ailleurs sur la
« toile » ou dans une revue présente en bibliothèque. Comme en doctrine, l’étape de recherche
d’une source est alors dissociée de l’étape de la consultation de celle-ci.

On rappelle à cet égard qu’en ce qui concerne les décisions des cours et tribunaux judiciaires,
et singulièrement des juridictions de fond, seule une partie d’entre elles est, jusqu’à présent,
publiée. Elles le sont tantôt dans des revues « papier » (§2), tantôt sur les sites informatiques
(§1), tantôt encore simultanément sur l’un et l’autre supports (surtout si elles émanent de
juridictions suprêmes)177.

Toutefois, par une loi du 16 octobre 2022, le législateur a prévu que tous les jugements et arrêts
seraient publiés, après anonymisation, sur une banque de données électronique, accessible au
public, en principe, à partir du 30 septembre 2023 au plus tard.

Il reste que, pour les décisions rendues avant le 30 septembre 2023, les instruments « papier »
répertorient des décisions de justice dont la trace n’apparaît nullement dans les bases de
données. Les outils informatiques et papier se révèlent donc intimement complémentaires ; ils
continueront d’ailleurs de l’être à l’avenir si l’encodage informatique des décisions rendues à
partir du 30 septembre 2023 n’atteint pas le degré d’exhaustivité annoncé.

§1. Les moteurs de recherche et supports informatiques


Des moteurs de recherche performants ont été développés par les instances publiques belges
(A), comme par des sociétés privées actives dans le domaine juridique (B)178. On citera ici
quelques adresses incontournables en droit interne179.

A. Les sites publics (gratuits)


Parmi les sites publics, également qualifiés d’officiels, celui qui se dégage nettement des autres
est la base de données publique de la jurisprudence belge (Juportal) (a). On évoquera ensuite
les sites respectifs des trois juridictions suprêmes (b).

a) La base de données publique de la jurisprudence belge (Juportal)

Après des années de bons et loyaux services, l’ancien portail du pouvoir judiciaire belge, le site
Juridat, a disparu depuis le 15 décembre 2020. Il est remplacé par un nouveau moteur de
recherche : Juportal (www.juportal.be). Le SPF Justice gère ce moteur de recherche, mais ce
sont les juridictions qui déterminent, de manière individuelle, les jugements et arrêts qu’elles
anonymisent et diffusent – en texte intégral – sur Juportal.

La majeure partie de la jurisprudence consultable via Juportal est diffusée par les juridictions
suivantes :

177
Auquel cas la référence devra se faire par priorité à ces supports « papier », sauf dans certains cas (détaillés
plus bas), comme les arrêts de la Cour constitutionnelle.
178
Pour de plus amples développements, cf. infra, leçon VII.
179
On précise que la plupart des sites belges brassent également des décisions européennes et internationales, au
moins à titre de références.

103
 Cour de cassation : tous les arrêts et conclusions (depuis environ 1995) ainsi qu’une
sélection de ceux-ci antérieure à 1995 (plus de 46.000) ;
 Cour constitutionnelle : tous les arrêts (plus de 5.000) ;
 Conseil d’État : une petite sélection d’arrêts (plus de 700) ;
 Cours d’appel : une sélection d’arrêts (plus de 14.000) ;
 Cours du travail : une sélection d’arrêts (plus de 21.000) ;
 Tribunaux de première instance : une sélection de jugements (plus de 7.000) ;
 Tribunaux du travail : une sélection de jugements (plus de 10.000) ;
 Tribunaux de l’entreprise : une petite sélection de jugements (plus de 200).

L’on notera que les justices de paix et les tribunaux de police ne sont pas repris dans cette liste.
Juportal n’ayant aucune prétention à l’exhaustivité, la décision recherchée par l’étudiant.e
pourrait donc ne pas y être diffusée. Dans cette hypothèse, et pour autant que la décision ait
bien été publiée, il s’agira, dans un second temps, de retrouver le document sur un autre site ou
sous forme « papier », grâce aux références identifiées au préalable (et dont la cote aura été
fournie grâce au lien « bibliothèques » du site de Saint-Louis).

Bien que Juportal offre une accessibilité accrue à la jurisprudence, l’on se gardera de confondre
ce moteur de recherche avec la banque de données électronique de l’ensemble des jugements
et arrêts visée par la loi du 16 octobre 2022 précitée (cf. supra).

b) Les sites des juridictions suprêmes

Bien que Juportal propose également leurs décisions (toutes ou une sélection de celles-ci),
signalons encore que les juridictions suprêmes disposent de leur propre site internet, où il est
permis d’y mener des recherches plus sophistiquées. Le Conseil d’État a son adresse à
http://www.raadvst-consetat.be, la Cour constitutionnelle à http ://www.const-court.be (à
laquelle on accède aussi via l’adresse http://www.courconstitutionnelle.be) et la Cour de
cassation à https://courdecassation.be/.

B. Les sites privés (payants)


Comme pour la législation et la doctrine, Jura (a) et Strada lex (b) sont les instruments
informatiques privés les plus aboutis.

a) Jura

Le site de Jura (Kluwer) (http://www.jura.be) est d’une aide précieuse en ce qui concerne la
jurisprudence.

À cet égard, il y a lieu de mentionner de manière générale que Jura fournit en texte intégral le
contenu des revues appartenant principalement à la maison Kluwer (Revue générale de droit
civil, Revue de droit communal, Aménagement-environnement, Chroniques de droit social, ...
au total une trentaine), ce qui dispense l’étudiant.e d’aller quérir physiquement la source
jurisprudentielle en question à la bibliothèque.

104
b) Strada lex

En plus du moteur de recherche qu’il offre, Strada lex (Larcier) (http://stradalex.com) fournit
en texte intégral le contenu des revues appartenant principalement 180 à la maison Larcier
(Journal des tribunaux, Revue de Jurisprudence de Liège, Mons et Bruxelles, Journal de droit
européen, Journal des tribunaux du travail, ...), ce qui dispense l’étudiant.e d’aller quérir
physiquement la source jurisprudentielle en question à la bibliothèque.

Pour aller plus loin. En droit européen et international

Le recensement des décisions rendues dans le cadre européen ou international s’effectue également via un grand
nombre de moteurs de recherche, dont les principaux sont les suivants.

Jura et Strada lex comprennent un certain nombre de décisions de juridictions européennes, telles que la Cour de
justice de l’Union européenne (auparavant appelée Cour de justice des Communautés européennes).

Il est également possible de se procurer les décisions de la Cour de justice et du Tribunal de première instance de
l’Union européenne en consultant le site de la Cour (http://curia.europa.eu) ou via le portail de droit de l’Union
européenne (http://eur-lex.europa.eu).

De même, la Cour européenne des droits de l’homme et les instances juridictionnelles des Nations Unies rendent
des arrêts qui sont publiés sur la « toile ».

Les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme font, depuis 1996, l’objet d’une publication
électronique via le site de la Cour : http://www.echr.coe.int. Y est consultable la base de données HUDOC sur la
jurisprudence relative à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales (http://hudoc.echr.coe.int).

Répétons par ailleurs que Jura et Strada lex recensent une partie de ces décisions.

Le site de la Cour internationale de justice se trouve à l’adresse suivante : http://www.icj-cij.org. On accède à la


liste des affaires via le menu du même nom. L’affichage se fait par date d’introduction ou par date de conclusion.

La Cour pénale internationale a également son site internet http://www.icc-cpi.int ), de même que les différents
tribunaux pénaux internationaux : http://www.icty.org (ou via le site de l’ONU : http://www.un.org/icty) pour
l’Ex-Yougoslavie, http://www.ictr.org (ou via le site de l’ONU : http://www.un.org/ictr) pour le Rwanda et
http ://www.stl-tsl.org pour le Tribunal spécial pour le Liban.

180
Voy. l’onglet « Revues » sur la page d’accueil de Strada lex. La base de données héberge également des revues
des maisons d’édition La Charte (p. ex. le Journal des juges de paix, la Revue de droit social, la Revue de droit
pénal et de criminologie), Intersentia (p. ex. la Rechtskundig weekblad), Anthemis (p. ex. la Revue trimestrielle
des droits de l’homme). En revanche, on ne trouvera pas, sur Strada lex, de revue « Kluwer ».

105
§2. Les instruments « papier »
Pour ce qui est du texte intégral, les bases de données électroniques connaissent un double
« angle mort » : les vieilles décisions (comme pour la législation)181 et celles qui émanent des
juridictions inférieures182. Dans ces hypothèses, les revues « papier » conservent tout leur
intérêt. Certaines sont générales (A), d’autres spécialisées (B).

A. Les revues générales, et, en particulier, la Pasicrisie


Les revues générales offrent un éventail de jugements et d’arrêts très divers, sans égard
particulier pour la matière traitée ou la juridiction qui a statué. La plupart des revues générales
sont mixtes (doctrine – jurisprudence) et sont mentionnées dans la partie du présent syllabus
consacrée à la doctrine (cf. supra, leçon II).

Exemples :
Actualités du droit (Act. dr.), Journal des tribunaux (J.T.), Rechtskundig Weekblad (R.W.), Algemeen
Juridisch Tijdschrift (A.J.T.), Revue critique de jurisprudence belge (R.C.J.B.), Revue du notariat belge
(Rev. not. b.).

Toutefois, une revue générale mérite bien son appellation de revue de jurisprudence. Il s’agit
de la Pasicrisie belge (Pas.), publication mensuelle (non mixte), éditée chez Bruylant depuis
1814 et la plus couramment utilisée. Elle reproduit intégralement un grand nombre de décisions
de jurisprudence sans les assortir de commentaires (sauf en ce qui concerne les arrêts de la Cour
de cassation, auxquels sont souvent ajoutées des notes infrapaginales, de concordance ou
explicatives).

Jusqu’en 1997 inclus, chaque mensuel de la Pasicrisie se subdivisait en quatre parties : arrêts
de la Cour de cassation (I), arrêts des cours d’appel et du travail (II), jugements des tribunaux
(III) et arrêts du Conseil d’État (IV). À la fin de chaque année civile, les 12 parties I étaient
regroupées dans un tome (Cassation : I, parfois divisé en deux volumes) et les 12 parties II, III
et IV dans un second tome (Appels – Tribunaux – Conseil d’État : II), un troisième tome étant
constitué de tables.

Devant l’inflation de la production jurisprudentielle, la Pasicrisie ne reprend cependant plus,


depuis 1998, que les arrêts de la Cour de cassation183 – ce qui en fait, depuis lors, une revue
spécialisée du point de vue de la juridiction visée (cf. infra) – ... Les mensuels (/1, /2, etc.) sont
reliés en fin d’année, dans un, deux ou trois volumes annuels (I, II et III), un volume
supplémentaire constituant les tables annuelles. Toutefois, les livraisons mensuelles – qui
reprennent donc les arrêts de la Cour de cassation prononcés durant le mois en question – les
plus récentes ne sont pas encore reliées.

181
Rappelons qu’en ce qui concerne la jurisprudence de la Cour de cassation, le site du SPF Justice renvoie, d’une
part, aux arrêts rendus entre 1790 et 2015 et digitalisés par la KU Leuven181 et d’autre part, à la version numérisée
de la Pasicrisie (des années 1832 à 2015).
182
Pour rappel, Juportal donne accès à quelques décisions des juridictions inférieures.
183
Voy., p. ex., l’annexe 7.a) à la présente leçon, qui en est issue.

106
B. Les revues spécialisées
Quant aux revues spécialisées, elles le sont soit en fonction de leur objet (branche du droit),
soit en fonction de la provenance des décisions contenues (juridictions déterminées ou
juridictions situées sur tel territoire). Bien que les revues spécialisées par matières soient le plus
souvent mixtes, il en existe toutefois qui ne publient que de la jurisprudence.

Pour ce qui est des revues spécialisées par provenance, certaines publient les arrêts des hautes
juridictions184 (ou, à tout le moins, une partie de ceux-ci185).
Exemples :
- Cour de cassation : Bulletin des arrêts de la Cour de cassation de Œuvres (Bull.), Arresten van het Hof
van Cassatie (Arr. Cass.), Pasicrisie belge (Pas.), Recente Arresten van het Hof van Cassatie (Rec. Arr.
Cass.), Larcier Cassation (Larcier cass.) ;
- Conseil d’État : Recueil des Arrêts du Conseil d’État (R.A.C.E.) — Verzameling der arresten van de Raad
van State (Arr. R. v. St.), Recente Arresten van de Raad van State (Rec. Arr. R. v. St.) ;
- Cour constitutionnelle : Arrêts Cour constitutionnelle (A.C.C.) — Grondwettelijk Hof Arresten (Arr.
GrwH.) ;
- Les trois juridictions : Administration publique — mensuel (A.P.M.), Tijdschrift voor
Bestuurwetenschappen en Publiekrecht (T.B.P.).

D’autres revues publient les jugements et arrêts des juridictions inférieures à celles-ci.

Exemples :
- Journal des Juges de paix et de police (J.J.P.) —Tijdschrift van de Vrede- en Politierechters (T. Vred.) ;
- Revue de jurisprudence de Liège, Mons et Bruxelles (J.L.M.B.).

Ne sont publiés systématiquement que :

- les arrêts de la Cour constitutionnelle (dans sa publication officielle, le Moniteur belge,


dans la revue Arrêts Cour constitutionnelle — A.C.C. — ainsi que, depuis 1995, sur son
site internet) ;
- les arrêts du Conseil d’État (au sein du Recueil des arrêts du Conseil d’État — R.A.C.E.
—, dont l’édition a été interrompue en 1994 et qui s’est mué depuis lors en un outil de
type exclusivement informatique géré par le Conseil lui-même).

Rappelons que, pour sa part, la revue officieuse Pasicrisie (Pas.) contient un nombre élevé
d’arrêts de la Cour de cassation, sans que la reproduction en soit toutefois automatique. En
revanche, le site Juportal tend véritablement à la systématicité.

184
Les arrêts de la Cour de cassation ne font l’objet d’aucune publication officielle, contrairement aux arrêts du
Conseil d’État (qui doivent être publiés en format digital par le Conseil lui-même) et ceux de la Cour
constitutionnelle (qui doivent être publiés sur le site web de la Cour ainsi que, en entier ou par extrait, au Moniteur).
185
Cf. notamment Administration publique - mensuel (A.P.M.), Tijdschrift voor Bestuurwetenschappen en
Publiekrecht (T.B.P.).

107
Pour aller plus loin. En droit européen et international

Il existe également moult revues de droit européen ou international. Certaines sont officielles, d’autres effectuent
un relevé systématique des décisions de la juridiction concernée 186, d’autres encore sont des revues belges
spécialisées en droit européen ou international ou intéressées par certains aspects de ces droits.

Sans être exhaustif, on peut citer diverses publications (au sens large) ciblées sur la Cour de justice et le Tribunal
de première instance de l’Union européenne :

- Publications officielles : Recueil de la Jurisprudence de la Cour de justice et du Tribunal de première


instance (Rec. C.J.U.E.), Journal officiel de l’Union européenne (J.O.U.E., partie « C », où seul le
dispositif est publié) ;
- Répertoires : Répertoire de jurisprudence de droit communautaire, Répertoire de la jurisprudence
relative aux traités instituant les Communautés européennes, Guide to E.C. Court Decisions ;
- Revues : Administration publique — mensuel (A.P.M.), Cahiers de droit européen, Revue trimestrielle
de droit européen, Revue du marché unique européen, Journal de droit européen (J.D.E.).

De même, peuvent être épinglées diverses publications (au sens large) axées sur la jurisprudence de la Cour
européenne des droits de l’homme :

- Publication officielle : Cour européenne des droits de l’homme. Recueil des arrêts et décisions (Rec.
Cour eur. D.H.) (jusqu’en 1997 : Publications de la Cour européenne des droits de l’homme (Public.
Cour eur. D.H.) — série A : Arrêts et décisions) ;
- Répertoire : Répertoire de la jurisprudence relative à la Convention européenne des droits de l’homme
(1955-1967) ;
- Revues : Administration publique — mensuel (A.P.M.) ; Journal de droit européen (J.D.E.) ; Revue
trimestrielle des droits de l’homme (Rev. trim. D.H. ou Rev. trim. dr. h.).

Il en va de même pour la Cour internationale de justice :

- Publication officielle : Cour internationale de justice. Recueil des arrêts, avis consultatifs et
ordonnances (C.I.J. Recueil) ;
- Répertoires : La jurisprudence de la Cour internationale ; Précis de la jurisprudence de la Cour
internationale ; Répertoire des décisions de la Cour internationale de justice ; 20 ans de jurisprudence
de la C.I.J. ; Mémoires, plaidoiries et documents.

Ou encore pour les tribunaux pénaux internationaux :

- T.P.I.Y. : Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie — Recueils judiciaires (T.P.I.Y. Rec.) ;
- T.P.I.R. : Tribunal pénal international pour le Rwanda — Recueil des ordonnances, décisions et arrêts
(T.P.I.R. Rec.).

186
Elles sont souvent appelées « répertoires », mais ne doivent pas être confondues avec les « répertoires de
jurisprudence », qui sont des instruments de recensement.

108
LEÇON V.
OUTILS DE RECHERCHE :
BIBLIOTHÈQUE & BASES DE DONNÉES
&
EXIGENCES DU TRAVAIL ÉCRIT
Local à préciser – 2h

CHAPITRE I. DÉCOUVERTE DE LA
BIBLIOTHÈQUE
La présente leçon a pour objet de faire découvrir à l’étudiant.e la bibliothèque de droit de
l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles (c’est-à-dire l’endroit où l’on trouve les supports
« papier » des sources documentaires) et, ainsi, de lui offrir un premier contact avec les
principales sources documentaires que, durant toute sa vie de juriste, il.elle sera amené.e à
consulter.

Cette leçon est par ailleurs conçue comme une invitation à l’égard de l’étudiant.e, celle de
fréquenter assidûment la bibliothèque de droit (sise au quatrième étage du bâtiment de la rue de
l’Ommegang). La méthodologie juridique ne s’apprend pas « par cœur » : elle se pratique,
derrière un ordinateur et en bibliothèque.

La fréquentation de la bibliothèque – dont l’accès se fait désormais avec la carte d’étudiant.e –


doit s’accompagner du respect de certaines règles élémentaires :

- la bibliothèque est un lieu de travail où l’on se rend et circule en silence (sauf dans
les salles de travail collaboratif) ;
- le téléphone portable doit, pareillement, être mis sur mode silencieux, voire être
éteint ;
- la bibliothèque n’est pas le club house : nourriture et boissons y sont proscrites (à
l’exception des bouteilles d’eau) ;
- la bibliothèque est un patrimoine commun qui se respecte et se conserve : primo, il
est inadmissible qu’un livre soit volé ou que des pages en soient arrachées ; secundo,
un livre consulté est ensuite rangé à sa place ; à défaut, il s’agit d’un livre
(provisoirement) perdu ;
- le personnel de la bibliothèque mérite les mêmes égards que ceux avec lesquels il
accueille les étudiant.e.s.

Ces remarques formulées, on peut à présent aborder les éléments de théorie nécessaires à une
première initiation à la bibliothèque de droit (section 1), avant de les mettre en pratique au
travers de différents exercices (section 2).

109
SECTION 1. INITIATION À LA BIBLIOTHÈQUE DE DROIT
La structure de cette première section est résolument hétérodoxe, dans la mesure où les éléments
de théorie y sont présentés de manière dynamique, au fil des salles de la bibliothèque de
l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles qui intéressent spécifiquement les étudiant.e.s en droit. Par
convention, on les désignera de la manière suivante : la « salle multi-sources » ou « plateau 1 »
(§1) et la « salle des ouvrages de doctrine » ou « plateau 2 » (§2).

Chacune des salles de la bibliothèque, en plus des sources documentaires « papier » qu’elle
contient, dispose en outre d’ordinateurs destinés aux recherches informatiques, et de salles de
travail collaboratif (§3). Enfin, de nombreux ouvrages qui sont en possession de l’UCLouvain
Saint-Louis Bruxelles ne sont pas entreposés dans les rayons de la bibliothèque (c’est-à-dire en
accès direct), mais peuvent être obtenus en en faisant la demande depuis les ordinateurs ou à
l’accueil de la bibliothèque ; le personnel se chargera d’aller les chercher dans le « magasin »
et de les mettre à disposition de la personne concernée (§4).

Pour faciliter sa découverte de la bibliothèque, l’étudiant.e est également invité.e à prendre


connaissance du plan de la bibliothèque qui se trouve dans le syllabus d’annexes (cf. annexe 1
de la leçon V) ainsi qu’à l’entrée de la bibliothèque elle-même.

§1. La salle « multisources » (4e étage – plateau 1)


Cette salle renferme la plus grande variété de sources. Outre les ordinateurs et les salles de
travail collaboratif (cf. infra, §3), elle contient en effet des sources doctrinales et mixtes (A),
quelques sources exclusivement jurisprudentielles (B), ainsi que des sources législatives (C).

A. Sources doctrinales et mixtes


Comme rappelé dans les leçons précédentes, la doctrine désigne l’ensemble des publications
par lesquelles des auteurs commentent une matière juridique déterminée187. Un commentaire
doctrinal est donc un texte publié. La publication se fait par l’intermédiaire de différents
supports, que sont principalement les ouvrages (cf. infra, §2, la « salle des ouvrages de
doctrine ») et les revues (qui constituent l’essentiel de l’espace de la salle « multisources », ici
présentée)188.

Pour rappel, contrairement aux ouvrages édités à une date précise, les revues sont périodiques,
c’est-à-dire qu’elles sont publiées à intervalles réguliers (chaque semaine, chaque mois, chaque
semestre,…). On distingue parmi elles, celles qui sont exclusivement consacrées à la doctrine,
et celles, plus nombreuses, qui contiennent à la fois de la doctrine et de la jurisprudence (revue
mixte).

Exemples : Le J.T. et la R.C.J.B. sont des revues « mixtes ». Les Ann. dr. sont par contre une revue
exclusivement consacrée à la doctrine.

187
Cf. supra, leçons I et II.
188
Pour une présentation détaillée des catégories de sources doctrinales, cf. supra, leçon II. Les différentes
catégories doctrinales présentées lors de la leçon précédente se définissent notamment par rapport à leur support.

110
Dans la bibliothèque, on ne trouve dans leur format original que les numéros des revues publiés
dans l’année. Au terme de chaque année, les différents numéros d’une même revue qui sont
parus au cours de l’année sont envoyés à la reliure pour être rassemblés au sein de volumes
annuels, aptes à être rangés dans les rayons. On trouve donc les revues sous deux formes dans
la bibliothèque, selon que l’on cherche un numéro paru dans l’année ou lors d’une année
précédente.

Précision importante : le rassemblement des différents numéros au sein d’un seul volume, n’en
fait pas pour autant un ouvrage (il est important d’avoir cette précision à l’esprit, notamment
pour les références189).

Les numéros des revues juridiques publiés dans l’année se trouvent disposés sur les présentoirs
localisés à l’extrémité de la salle située près de l’accueil, par ordre alphabétique des noms des
revues. Au fur et à mesure de leur arrivée à la bibliothèque de droit, les numéros les plus récents
sont rangés sur les présentoirs. Le numéro le plus récent est directement visible ; les numéros
antérieurs de l’année en cours sont rangés dans la case, en dessous du présentoir qui se soulève.

Les revues (reliées) des années précédentes, ensuite, sont classées sur les étagères centrales. À
l’instar des ouvrages (cf. infra, §2), chaque revue reçoit une cote, qui permet de la retrouver
facilement. Il s’agit d’un numéro d’identification, précédé de lettres constituant l’indication de
la discipline (« DR » pour droit). Dans les rayons de la bibliothèque, les revues reliées sont
rangées dans l’ordre de leur cote (commençant du côté de l’accueil, puis progressant d’allée en
allée de manière linéaire), et de manière chronologique.

Exemples : Le Journal des tribunaux (J.T.) est répertorié dans la bibliothèque sous la cote DR1500 ; la
Revue critique de jurisprudence belge (R.C.J.B.) est répertoriée dans la bibliothèque sous la cote DR1455.
Il suffit de suivre les cotes jusqu’au numéro recherché. Par ailleurs, tous les numéros du J.T. parus en
2010 sont reliés dans un ou plusieurs volumes mentionnant, sur la trame extérieure du ou des volume(s),
« J.T. 2010 », et qui se trouvera entre le « J.T. 2009 » et le « J.T. 2011 ». Seuls les numéros de l’année en
cours ne s’y trouveront pas ; ils sont sur le présentoir.

Outre celle qui implique la consultation du site de la bibliothèque190, une façon commode de
retrouver la trace d’une revue à laquelle la bibliothèque de droit est abonnée (en version
« papier ») est de regarder la cote figurant sur les présentoirs, sous le dernier numéro de la revue
exposé sur chaque présentoir – pour rappel, les revues y sont rangées par ordre alphabétique,
ce qui facilite la recherche –. Il s’agit ensuite de retrouver la revue que l’on cherche en suivant
l’ordre des cotes dans les rayons.

On notera qu’outre les rangées principales, une rangée supplémentaire de revues est située entre
les deux ensembles de salles de travail collaboratif ; les cotes s’y suivent sans interruption à
partir de la fin de la dernière rangée principale.

Quand bien même les ouvrages ne se situent en principe pas dans cette salle (cf. infra, §2), un
type particulier d’ouvrages présents mérite d’être signalé ; il s’agit de quelques encyclopédies191
de renom.

189
Cf. infra, leçon IX.
190
Sur la manière d’y procéder par voie informatique (sur le site de la bibliothèque), cf. infra, leçon VII. Notons
que la bibliothèque est abonnée à certaines revues uniquement en version « électronique ».
191
Cf. supra, leçon II.

111
On signale enfin la présence, dans cette salle, d’un second présentoir, offrant à la vue du public
les ouvrages nouvellement acquis par la bibliothèque de droit (ce qui ne signifie pas
nécessairement que l’ouvrage vient de paraître), avant que le personnel de la bibliothèque ne le
classe sur l’étagère à laquelle il est destiné.

B. Sources jurisprudentielles
Pour rappel192, la Belgique compte de nombreuses juridictions appartenant à l’ordre judiciaire,
ainsi que trois juridictions suprêmes : la Cour de cassation, qui incarne le sommet de la
pyramide judiciaire, la section du contentieux administratif du Conseil d’État, qui incarne le
sommet de la pyramide administrative et vérifie la légalité des actes de l’exécutif, et la Cour
constitutionnelle, qui sanctionne l’inconstitutionnalité des actes du pouvoir législatif.

Lorsqu’elles sont publiées sur support papier, les décisions prononcées par ces juridictions le
sont dans des revues (cf. supra, A).

On l’a dit, la plupart des revues sont mixtes (elles comprennent jurisprudence et doctrine). Il
arrive cependant que les décisions jurisprudentielles rendues par un type de juridiction soient
publiées au sein d’une revue qui leur est exclusivement consacrée.

Exemples : la Pasicrisie (qui, depuis 1998, recense uniquement les arrêts de la Cour de cassation) ; les
Arrêts de la Cour constitutionnelle (A.C.C.), en partie rendue obsolète par la publication en ligne des
décisions de la Cour.

La Pasicrisie et le Recueil des arrêts du Conseil d’État, notamment193, sont rangés dans le fond
de la « salle multi-sources » (à l’opposé de l’accueil).

Par ailleurs, les revues juridiques publiées dans l’année, qui se trouvent sur les présentoirs (cf.
supra), peuvent contenir des décisions jurisprudentielles, en sus éventuellement de textes
doctrinaux.

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que les décisions jurisprudentielles publiées sont
généralement accessibles par voie électronique aussi194 et que certaines décisions qui ne sont
pas publiées dans une revue papier sont néanmoins disponibles par voie électronique.

C. Sources législatives
La « salle multi-sources » contient également des sources législatives. On le sait, la législation
recouvre « l’ensemble des règles générales de conduite [le plus souvent] édictées par les
autorités auxquelles l’ordre juridique reconnaît cette compétence »195.

192
Cf. supra, leçon II.
193
Le recueil des Arrêts de la Cour constitutionnelle a été retiré de la bibliothèque, le site de la Cour les publiant
de manière systématique et depuis l’origine. Quant au Recueil des arrêts du Conseil d’État (R.A.C.E.) dont il est
question, il est à préciser qu’il ne paraît plus ; la collection présentée à la bibliothèque s’arrête à 1994. Le site du
Conseil d’État les propose de manière systématique, mais depuis 1997 seulement.
194
Cf. supra, leçon II.
195
A. DE THEUX, I. KOVALOVSZKY et N. BERNARD, op. cit., p. 29, n°11. Cf. supra, leçon I.

112
Les actes législatifs doivent disposer d’un support matériel s’ils veulent être diffusés et portés
à la connaissance du plus grand nombre. En droit interne, on trouve essentiellement deux types
de publications « papier » des textes de loi : le Moniteur belge et les codes « officieux »196.

Rappelons que le Moniteur belge est le journal officiel bilingue du Royaume, tandis que les
codes (ou recueils) officieux sont des compilations de législation émanant d’éditeurs privés.
Ces derniers rassemblent dans des ouvrages (qualifiés généralement de « codes ») une sélection
de textes normatifs, dont ils assurent périodiquement la mise à jour, en omettant les règles qui
ne sont plus d’application et en intégrant les modifications survenues. Ces codes officieux
offrent au juriste un accès aisé aux textes qu’il est appelé à consulter régulièrement. Ils
présentent par ailleurs l’intérêt d’offrir une table des matières, des verbos et, parfois, des
références jurisprudentielles.

Exemples : le Code Bac Saint-Louis 2023, le Code pour l’étudiant en droit 2020-2021 de Kluwer ; le
Code de la propriété intellectuelle 2007 ou le Code constitutionnel 2009 de Bruylant (collection « les
Codes en poche ») ; …197

Indiquons immédiatement que ces codes officieux existent, non seulement en version
« papier », mais également en version électronique, consultable à partir des ordinateurs de la
bibliothèque ou des ordinateurs personnels localisés dans les bâtiments de l’université.

Rappel : l’étudiant.e évitera soigneusement de confondre les codes ou recueils officieux (ex. :
Codes Larcier) avec les codes officiels (ex. : Code civil) et avec le recueil officiel (le Moniteur
belge)198. Par exemple, le Code Bac Saint-Louis 2023 (code officieux édité par Larcier) contient
notamment le Code civil (code officiel), mais aussi des lois particulières, n’ayant pas fait l’objet
d’une codification par le législateur.

S’agissant du Moniteur belge, la version électronique en est devenue le principal support. Faute
de place dans la bibliothèque, la version papier du Moniteur se trouve désormais en magasin
(cf. infra, §4), mais la collection s’arrête en 1997, date du début de leur numérisation.

Les codes (ou recueils) officieux sont situés au fond de la salle (à l’opposé de l’accueil), sur les
étagères appuyées contre le mur.

Quant aux travaux préparatoires des normes législatives, c’est-à-dire l’ensemble des documents
relatant les étapes de l’élaboration d’une norme199, ceux-ci ont été supprimés de la bibliothèque,
dans la mesure où les publications qui les contiennent sont désormais accessibles en ligne,
gratuitement et exhaustivement.

196
Cf. supra, leçon I.
197
La collection des Codes Larcier 2019 est, par exception, entreposée au comptoir de l’accueil pour consultation
et prêt interne. Depuis 2020, les Codes Larcier ne sont plus disponibles en version papier mais uniquement sur
Strada lex.
Attention, le Code Dalloz, reconnaissable à sa couleur rouge, relève du droit français (cf. le lieu d’édition : Paris).
Cette maison d’édition, Dalloz, qui publie également des ouvrages de doctrine, de même que les revues (comme
la Gazette du Palais), est française : sauf exception, elle ne concerne dès lors que du droit français.
198
Cf. supra, leçon I.
199
Cf. supra, leçon I.

113
§2. La salle des ouvrages de doctrine (4ème étage – plateau 2)
Comme rappelé supra, outre les revues, la doctrine est également produite sous la forme
d’ouvrages. De manière approximative, un ouvrage est un livre rédigé par un ou plusieurs
auteurs et publié par une maison d’édition à une date déterminée.

Dans la bibliothèque, la « salle des ouvrages de doctrine » leur est, comme son nom l’indique,
entièrement dédiée. Les ouvrages y sont rassemblés par branche du droit200, voire, plus
généralement, par matière : droit public, droit civil, droit pénal, droits de l’homme, théorie du
droit, etc. La branche du droit ou la matière majoritairement représentée dans une rangée est
systématiquement indiquée sur la face latérale de sa première étagère.

Comme pour les revues, à chaque ouvrage correspond une cote et une sous-cote
(éventuellement plusieurs), attribuées par les bibliothécaires. L’indication DR signifie que
l’ouvrage se trouve dans une des salles dédiées à la faculté de droit dans la bibliothèque.

Exemple : E. DEGRAVE, L’e-gouvernement et la protection de la vie privée. Légalité, transparence et


contrôle, Bruxelles, Larcier, 2014. (cote : DR 290 2/41/9)

Jusqu’il y a quelques années, il était rare qu’un ouvrage soit accessible gratuitement par voie
informatique, mais les choses évoluent en la matière et de plus en plus d’ouvrages sont
désormais intégralement disponibles en ligne via des sites payants (« e-books »).

§3. Les ordinateurs et salles de travail collaboratif (répartis dans


l’entièreté de la bibliothèque)
Les ordinateurs installés dans les différentes salles permettent d’accéder aux bases de données
juridiques en ligne. Ils ne sont pas les seuls à permettre l’accès à ces bases de données. En effet,
tous les ordinateurs de la bibliothèque (y compris dans les sections dédiées aux autres facultés)
et ceux des salles informatiques D15, D16 et D21 offrent les mêmes services 201. Par ailleurs,
tout ordinateur portable connecté au réseau wi-fi de Saint-Louis aura accès à l’essentiel de ces
ressources informatiques.

Les salles de travail collaboratif sont, comme leur nom l’indique, destinées au travail en
groupe. Toute explication orale ou discussion devrait avoir lieu dans ces zones (partiellement
insonorisées) et non dans les espaces communs. Il ne s’agit pas non plus de « zones de squat »
; toutes les normes de comportement applicables au reste de la bibliothèque autres que le silence
y sont pleinement en vigueur. Ces locaux, au nombre de 9 sur l’ensemble de la bibliothèque et

200
Une branche de droit est le regroupement des règles de droit en fonction de leur objet ; il s’agit, autrement dit,
de catégories doctrinales dans lesquelles les règles juridiques sont classées en fonction de leur matière. Les
branches du droit sont notamment : droit civil (droit des personnes, droit des biens, droit des obligations, droit des
contrats, droit des sûretés, etc.), droit des affaires (droit commercial, droit économique, droit financier, etc.), droit
des assurances, droit judiciaire, droit pénal (+ droit de la procédure pénale), droit social (droit du travail, droit de
la sécurité sociale), droit fiscal, droit public (droit constitutionnel, droit administratif), droit européen, droit
international (public, privé), droits de l’homme, droit de l’environnement, droit intellectuel, droit maritime, droit
de la consommation, etc. Voy. le cours de Sources et principes du droit pour le surplus.
201
C’est du reste dans ces salles informatiques que les étudiant.e.s seront initié.e.s à l’utilisation des banques de
données juridiques, au départ desquelles s’effectue en principe toute recherche.

114
pouvant accueillir de 2 à 4 personnes, peuvent être réservés, via l’onglet « réserver un local »
présent sur le site de la bibliothèque.

§4. Le magasin
Suite au déménagement de la bibliothèque, l’offre documentaire est demeurée quasiment
inchangée, à ceci près que, désormais, une série d’ouvrages et de revues anciennement
disponibles « en accès direct », c’est-à-dire dans les lieux mêmes de la bibliothèque, a été placée
« en magasin ». Cela signifie que certaines des sources moins fréquemment consultées ne sont
plus entreposées dans les rayons de la bibliothèque, mais gardées dans d’autres salles de
l’Université (non accessibles directement au public), pour consultation occasionnelle.

Pour avoir accès à ces sources, l’étudiant.e doit se rendre sur le site de la bibliothèque et
s’identifier. Une fois la source trouvée dans le catalogue de la bibliothèque, il lui suffit de
cliquer sur « demande en magasin ».

Le personnel de la bibliothèque se chargera d’acheminer les sources ainsi commandées vers


l’accueil de la bibliothèque, d’où elles pourront être consultées et/ou empruntées.

SECTION 2. EXERCICES EN BIBLIOTHÈQUE


En vous aidant le cas échéant des plans de la bibliothèque de l’UCLouvain Saint-Louis
Bruxelles (repris en annexe 1 de la leçon V dans le syllabus d’annexes), réalisez les exercices
suivants :

1° Localiser le Code Bac Saint-Louis au sein de la bibliothèque de droit.

2° Trouver la Constitution dans le Code Bac Saint-Louis et dans les Codes belges de
Bruylant, dernière édition.

3° Sur la base des références suivantes, trouver les textes de doctrine correspondants :

- F. TULKENS et al., Introduction au droit pénal. Aspects juridiques et


criminologiques, 9e éd., Waterloo, Kluwer, 2010. (cote : DR387 15/9/1 et DR 387 15/9/2)
- J.-F. HENROTTE et F. JONGEN (dir.), Pas de droit sans technologie, Bruxelles,
Larcier, 2015. (cote : DR 571/127/1)
- L. VAN BUNNEN, « Examen de jurisprudence (2004 à 2008). Brevets d’invention
», R.C.J.B., 2009, p. 121 à 155. (N.B. : R.C.J.B. = Revue critique de jurisprudence belge - cote
de la R.C.J.B. : DR1455)
- S. CUYKENS ET G. DE HOOGHE, « La peine légalement et judiciairement
justifiée : étude d’une théorie controversée », Rev. dr. pén. crim, 2023, p. 225 à 255.
(N.B. : Rev. dr. pén. crim. = Revue de droit pénal et de criminologie - cote de la Rev. dr. pén. crim.
: DR1480)

115
4° Sur la base des références suivantes, trouver les décisions jurisprudentielles
correspondantes :

- C.E., 28 janvier 1986, n°26.116, Thys, R.A.C.E., 1986, p. 192. (N.B. : C.E. = Conseil
d’État ; R.A.C.E. = Recueil des arrêts du Conseil d’État - cote du recueil : DR33)
- Cass. (1re ch.), 22 décembre 2000, Pas., 2000, p. 2042. (N.B. : Cass. = Cour de cassation ;
Pas. = Pasicrisie - cote de la Pas. : DR30)
- Civ. Bruxelles (75e ch.), 15 mai 2014, J.T., 2014, p. 431. (N.B. : Civ. = Tribunal civil -
cote du J.T. : DR1500)
- Trib. trav. Mons (2e ch.), 9 novembre 2011, Chr. D.S., 2012, p. 541. (N.B. : Trib. trav.
= Tribunal du travail ; Chr. D.S. = Chroniques de droit social - cote des Chr. D.S. : DR1479)

116
CHAPITRE II. PRÉSENTATION DES OUTILS
INFORMATIQUES
À ce stade, les outils informatiques n’ont été abordés que de façon sommaire, en lien avec la
présentation générale des supports de chacune des trois sources documentaires ; il s’agit, en
effet, des bases de données où l’on trouve les supports informatiques des sources
documentaires, ou, à tout le moins, leur trace via des références. Ces outils sont, cette fois, au
centre de l’enseignement, même si leur découverte pratique s’opérera ultérieurement, lors des
séances qui leur seront consacrées en salle informatique.

Après avoir attiré l’attention sur les avantages et inconvénients, voire les dangers potentiels,
des outils informatiques (section 1), nous présenterons les principaux d’entre eux (section 2) et
la manière dont il est conseillé de les utiliser (section 3).

Attention : ce chapitre ne sera pas entièrement vu tel quel au cours (ni en séance plénière, ni en
séminaire) ; il ne sera évoqué que de manière synthétique. Il est toutefois censé connu pour la
suite de l’enseignement ; les étudiant.e.s sont donc amené.es à le lire attentivement. Qu’ils se
rassurent cependant : les différents aspects de ce chapitre seront abordés, de manière très
concrète et plus approfondie, dans les leçons subséquentes, qui auront lieu en salle
informatique202.

SECTION 1. LES AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DES


OUTILS INFORMATIQUES
De manière générale, les outils informatiques présentent un triple avantage :

(1) l’exhaustivité : la richesse de l’information. Sur internet, le recensement des sources


reprises est impressionnant. Une très large part des documents essentiels s’y
retrouve, au minimum sous une forme résumée.

(2) la rapidité : la facilité d’utilisation. L’utilisateur parviendra aisément aux documents


utiles, grâce notamment aux moteurs de recherche multicritères qui agrémentent
plus qu’avantageusement les sites internet.

(3) l’actualité : la vitesse de la mise à jour. Pour la législation spécifiquement, les sites
internet proposent une actualisation rapide de leur contenu, là où, à moins d’éplucher
le Moniteur belge quotidiennement, le juriste doit attendre plusieurs mois la
publication des suppléments et/ou des mises à jour des codes imprimés sur support
papier pour avoir connaissance de la version actualisée du document qui l’intéresse.

Mais les outils informatiques connaissent également certains inconvénients et dangers,


auxquels le chercheur doit être particulièrement attentif :

(1) la rareté des documents anciens : l’utilisateur n’y trouvera souvent que des sources
plus ou moins récentes.

202
Une liste de sites internet utiles est disponible en annexe 2 de la leçon III dans le syllabus d’annexes.

117
(2) l’absence fréquente du texte intégral : l’utilisateur doit souvent se contenter de
références, en tout cas sur les plans jurisprudentiel et doctrinal. Jura et Strada lex
contiennent cependant le texte intégral des articles de doctrine et des décisions
jurisprudentielles publiés dans des revues de la même maison d’édition (Kluwer
pour Jura et Larcier pour Strada lex). Généralement, le texte intégral n’est
disponible qu’à deux conditions : d’une part, la doctrine (ou décision
jurisprudentielle) doit être publiée dans une revue périodique203 (le texte intégral est
moins régulièrement disponible lorsqu’il s’agit d’un ouvrage ou d’une contribution
à un ouvrage collectif) et, d’autre part, l’article (ou la décision) en question ne peut
être antérieur à l’an 2000, la numérisation des articles plus anciens étant
exceptionnelle.

Concrètement, dans l’hypothèse où Jura ou Strada lex ne fournit que la référence d’une source,
il s’agira de procéder en deux temps.

En présence d’une référence à une décision jurisprudentielle, éventuellement assortie d’un


sommaire (et non la décision dans son entièreté), le chercheur devra opérer une seconde
démarche, consistant à se procurer le texte intégral de la décision référencée, voire résumée, en
se rendant soit sur le site de la juridiction suprême potentiellement concernée, soit dans une
bibliothèque de droit.

De même, concernant la doctrine, le chercheur devra le plus souvent se rendre en bibliothèque


pour disposer de l’ouvrage ou, avant 2000, de l’article référencé, en retrouvant préalablement
la cote de l’ouvrage ou de la revue sur le site internet de la bibliothèque.

SECTION 2. LES CARACTÉRISTIQUES DES PRINCIPAUX


OUTILS INFORMATIQUES
Les principaux outils informatiques seront présentés sous la forme de trois tableaux, à consulter
par l’étudiant.e au moment de commencer les recherches relatives à son travail. Il existe des
outils privés et payants (§1), des outils publics et gratuits (§2) et des outils liés aux bibliothèques
(universitaires) et gratuits (§3). Le maniement du site de la bibliothèque de l’Université fera
l’objet de quelques commentaires particuliers (§4), qu’il est de même vivement conseillé de se
(re)mettre en mémoire en temps voulu.

203
Si elle est disponible, la version informatique du texte est le plus souvent un scan de sa version « papier » dans
la revue en question.

118
§1. Les outils privés et payants
Législation Doctrine Jurisprudence
Jura - texte intégral - référence (et parfois - référence (et parfois
consolidé des actes texte intégral) aux texte intégral) aux
normatifs articles publiés dans décisions publiées
- référence (et parfois des revues et aux dans des revues
hyperlien) aux ouvrages
travaux préparatoires
Strada lex Cf. Jura Cf. Jura Cf. Jura
Jurisquare - texte intégral des - texte intégral des
fin le 31/12/2023 articles publiés dans décisions publiées
des revues (et de dans des revues
certains ouvrages)

Les bases de données juridiques privées que sont Jura, Strada lex et Jurisquare sont accessibles
chacune à partir de n’importe quel ordinateur localisé dans l’enceinte de l’UCLouvain Saint-
Louis Bruxelles (appartenant ou non à celle-ci204).

Dès lors, l’étudiant.e peut parfaitement mener ses recherches informatiques ailleurs que dans
la bibliothèque (dans une salle informatique par exemple), ce qui a l’avantage de désengorger
quelque peu la bibliothèque.

En outre, l’Université s’est dotée en 2020 d’un « Accès à distance », qui permet à chacun
d’accéder à ces bases de données (et à bien d’autres qui n’ont pas le droit pour thématique)
depuis l’extérieur, et notamment à domicile. Cette solution est hautement encouragée durant
les périodes habituelles de rush dans la bibliothèque (confection des travaux). Toutes les bases
de données ne sont toutefois pas systématiquement accessibles dans leur intégralité à tout
moment de l’année depuis l’extérieur. L’ampleur de leur accès (nombre de sources disponibles
en full text, périodes de full access, nombre de connexions simultanées) dépend des contrats
que l’Université a pu conclure avec les différents fournisseurs.

Deux solutions pour faire ses recherches depuis l’extérieur à l’aide de ces bases de données :
rejoindre la page d’accueil des bibliothèques sur le site de l’Université
(https://uclouvain.be/fr/bibliotheques), et ensuite
- soit cliquer sur « Bases de données », limiter les bases de données par discipline (choisir
« droit »), cliquer sur « Accès à distance » puis choisir la base de données désirée ;
- soit cliquer sur « Bases de données », introduire le nom de la base de données désirée, cliquer
sur « Accès à distance ».

204
Autrement dit, l’accès est possible via l’ordinateur de l’étudiant, localisé dans les bâtiments de l’université,
après connexion au réseau wi-fi eduroam (identifiant et mot de passe nécessaires).

119
§2. Les outils publics et gratuits
Législation Doctrine Jurisprudence
Belgiquelex - liens vers les - liens vers les
principaux sites principaux sites
gratuits donnant gratuits donnant
accès aux actes accès aux décisions
normatifs et aux
travaux préparatoires
Site du Moniteur - texte intégral des
belge actes normatifs
publiés (au jour le
jour, «
photographie ») dans
Moniteur belge
- référence aux
travaux préparatoires
Sites des assemblées - texte intégral des
parlementaires travaux préparatoires
Législation belge - texte intégral
(Justel) consolidé des actes
normatifs
- référence aux
travaux préparatoires
(parfois hyperlien
direct)
SenLex - - (lien vers) le texte - - jurisprudence en
intégral des actes matière
normatifs en matière institutionnelle
institutionnelle (Cour
depuis juillet 2014, constitutionnelle,
les travaux Conseil d’État)
préparatoires et
d’autres documents
et informations liés
RefLex (partie - référence au et/ou
Chrono) lien vers le texte
intégral (consolidé et
non consolidé) des
actes normatifs et des
travaux préparatoires
Wallex - texte intégral
consolidé des actes
normatifs concernant
la Région wallonne
- référence aux
travaux préparatoires
concernant la Région
wallonne
Gallilex - texte intégral
120
consolidé des actes
normatifs concernant
la Communauté
française
Vlaamse Codex - texte intégral
consolidé des actes
normatifs concernant
la Flandre
- référence aux
travaux préparatoires
concernant la Flandre
Site du Conseil - texte intégral des
d’État (onglet avis du Conseil
« Avis ») d’État et des
Documents
parlementaires
auxquels ils sont liés
Juportal - référence ou texte
intégral de décisions
(essentiellement des
juridictions de la
pyramide judiciaire)
Site de la Cour - texte intégral des
constitutionnelle arrêts de cette
juridiction
- référence des
affaires pendantes
devant cette
juridiction
Site du Conseil - texte intégral des
d’État (onglet arrêts de cette
« Arrêts ») juridiction
Site de la Cour de - texte intégral des
cassation certains arrêts de
cette juridiction

121
§3. Les outils liés aux bibliothèques (universitaires) et gratuits
Législation Doctrine Jurisprudence
Site de la - référence et cote des - référence et cote des
bibliothèque de ouvrages et des revues de cette
l’UCLouvain revues de cette bibliothèque
bibliothèque - hyperlien vers le
- hyperlien vers le contenu des revues
contenu des revues électroniques de cette
électroniques et des bibliothèque
e-books de cette
bibliothèque
Unicat - référence et cote des - référence et cote des
ouvrages et des revues de toutes les
revues de toutes les universités belges (et
universités belges (et d’autres institutions
d’autres institutions belges)
belges)
Boreal - référence et cote des - référence et cote des
ouvrages et des revues des
revues des bibliothèques de
bibliothèques de l’UCLouvain,
l’UCLouvain, l’UNamur
l’UNamur
Libis - référence et cote des - référence et cote des
ouvrages et des revues de plusieurs
revues de plusieurs institutions
institutions flamandes dont la
flamandes dont la KUL et l’HUB
KUL et l’HUB
Cible+ - référence et cote des - référence et cote des
ouvrages et des revues de la
revues de la bibliothèque de
bibliothèque de l’U.L.B.
l’U.L.B.

§4. Illustration du maniement du site de la bibliothèque de


l’UCLouvain
La première phase est une phase d’identification des sources pertinentes. Cette phase s’opère
grâce aux bases de données Jura ou Strada lex. Une fois la référence trouvée, la seconde phase
de localisation s’opère sur le site de la bibliothèque (pour s’assurer que la bibliothèque possède
bien la source dont on a trouvé la référence sur le site de la base de données).
Exemple : Recherchez sur le site de la bibliothèque la source doctrinale rédigée par Isabelle Hachez et
que Jura renseigne comme : Le principe de standstill dans le droit des droits fondamentaux : une
irréversibilité relative.

122
Cliquez sur le résultat approprié.

En cliquant sur le titre, sont alors renseignés la cote du ou des exemplaires de l’ouvrage et son
statut (disponible ou emprunté jusqu’au…, voire comme dans le présent exemple l’indication
de ce que le livre doit être retiré du magasin).

Il est indispensable de garder à l’esprit que le site internet de la bibliothèque ne référence en


principe les ouvrages et les revues qu’en tant que supports matériels de doctrine et de
jurisprudence. Jusqu’il y a peu, l’on n’y trouvait donc pas le contenu des ouvrages ou des
périodiques, ni en références, ni en texte intégral. Depuis peu, il est toutefois possible de
trouver la trace et d’accéder directement à des « articles de périodiques », des « livres »
(les e-books) ou des « chapitres de livres ». Dès lors, il n’est plus impossible, mais encore
relativement rare, de localiser une contribution à un ouvrage collectif ou un article publié dans
un périodique en indiquant le titre de cette contribution ou de cet article, l’auteur de celui-là ou

123
de celle-ci. Il est encore largement préférable d’introduire le titre de l’ouvrage collectif ou le
nom du périodique pour trouver la cote qui lui est associée.

Exemple : RENAULD, B., « Les discriminations positives. Plus ou moins d’égalité ? », Rev. trim. dr. h.,
1997, p. 425 à 460 (référence bibliographique d’une source doctrinale trouvée grâce à Jura).

En introduisant les termes « discriminations positives » dans la recherche générale,

aucun des résultats ne correspond à la référence de l’article.

Il y a lieu dès lors de lancer une recherche à partir du titre du périodique, en toutes lettres ou
parfois même en abrégé (pour la correspondance entre les abréviations et les titres des
périodiques, voy. le Guide des citations, références et abréviations juridiques, dont il sera
question aux leçons IX et X).

Le premier résultat signale que le périodique est disponible en version « papier ». Un clic donne
accès à sa cote : DR1491. Il ne reste plus qu’à se rendre au rayon correspond à cette cote à la
bibliothèque pour prendre l’exemplaire de la Revue trimestrielle des droits de l’homme de 1997
et se diriger vers les pages 425 et suivantes.

124
En cliquant dessus la cote apparaît :

Le second résultat signale, par ailleurs, que le périodique est également disponible en tant que
« ressource électronique ». Un clic donne accès à l’hyperlien pour la version électronique de
ladite revue (via Strada lex). Ainsi, l’étudiant.e qui travaille sur un ordinateur de la bibliothèque
ou est connecté.e au réseau internet de Saint-Louis via son propre ordinateur ou travaille depuis

125
l’extérieur grâce à « Accès à distance », bénéficie de ce lien direct à la plateforme concernée.

SECTION 3. L’UTILISATION CHRONOLOGIQUEMENT


COHÉRENTE DES OUTILS INFORMATIQUES
À l’instar du contenu de la section précédente, les propos qui suivent, d’une importance
capitale, méritent d’être (re)lus au moment de démarrer les recherches concernant le travail.

Jura et Strada lex constituent le point de départ idéal pour toute recherche. Ces bases de
données dites « mixtes » présentent deux avantages importants : elles contiennent la référence
voire le texte intégral de sources de différentes natures (législative, jurisprudentielle et
doctrinale) et proposent une classification de ces sources par verbo ou par matière.

Ces outils étant payants, leur accès est soumis à un abonnement auquel l’UCLouvain a souscrit.
Vous pouvez dès lors utiliser ces outils en vous connectant depuis le réseau de l’université
(ordinateurs de la bibliothèque, des salles informatiques ou connectés au wi-fi) ou en utilisant
le « Accès à distance » depuis l’extérieur.

Jura semble être une base de données plus ergonomique et plus fonctionnelle que Strada lex
(voy. les manuels d’utilisation de ces bases de données). Les deux bases de données (Jura et
Strada lex) peuvent faire des choix différents en matière de mots-clés. Les sources référencées
peuvent également varier. Dès lors, pour toute recherche, on utilisera ces deux bases de données
en commençant de préférence par Jura. Peu chronophage, le double checking permet d’étoffer
une bibliographie et d’éviter de passer à côté des sources incontournables.

En principe, après la consultation de Jura et de Strada lex, vous aurez trouvé les sources
législatives pertinentes en texte intégral. Cependant, il est utile de multiplier les outils de
recherche législative afin de collecter un maximum d’informations pertinentes et de repérer les

126
éventuelles erreurs. Un passage par Législation belge (Justel) et RefLex est donc utile.

En ce qui concerne les sources doctrinales et jurisprudentielles, Jura et Strada lex vous
fourniront soit un texte intégral soit une simple référence. D’autres outils informatiques
prendront le relais si vous n’avez obtenu qu’une référence.

En vous fournissant la référence à une source (doctrinale ou jurisprudentielle), Jura et Strada


lex permettent de déterminer le support de cette source. Le support sera soit une revue soit un
ouvrage (collectif).

Si la référence montre que la source est publiée dans un ouvrage, vous devrez taper le titre de
l’ouvrage sur le site de la bibliothèque de Saint-Louis (ou le site d’une autre bibliothèque) afin
d’obtenir la cote de l’ouvrage. Attention à la situation particulière suivante : si vous voulez
mettre la main sur une contribution publiée dans un ouvrage collectif (cf. supra, leçon II), vous
devrez taper le titre de l’ouvrage collectif et non le titre de la contribution (cf. supra, section 2,
§4).

Si la référence montre que la source est publiée dans une revue, vous devrez taper le titre, soit
complet soit abrégé, de cette revue sur le site de la bibliothèque de Saint-Louis (ou le site d’une
autre bibliothèque). Ceci vous permettra non seulement d’obtenir la cote de la revue si la
bibliothèque est abonnée à la version « papier » mais encore d’avoir accès à la version
« électronique » des revues.

127
CHAPITRE III. EXIGENCES DU TRAVAIL
ÉCRIT
Le cours de Méthodologie juridique implique la rédaction d’un travail écrit de 6 pages sur un
sujet assigné par les enseignant.e.s. En début d’année, chaque étudiant.e reçoit un thème de la
part du titulaire du groupe dont il.elle relève, avec l’indication de la branche du droit dont ce
thème relève à titre principal. Il est toutefois possible pour deux étudiant.e.s, au sein d’un même
groupe, d’échanger leurs thèmes s’ils.elles le souhaitent, étant entendu que ce changement doit
impérativement et immédiatement être communiqué au titulaire du groupe. Aucun changement
ultérieur ne sera admis.

L’étudiant.e doit, par son travail, livrer une synthèse des principes juridiques propres à éclairer
la question qu’il.elle est amené.e à traiter et à apporter des éléments de résolution. Dit
autrement, ce travail doit manifester l’aptitude de l’étudiant.e à présenter clairement à un
néophyte, par écrit, le sujet imparti. Ni plus, ni moins, … mais il importe de ne jamais perdre
cet objectif de vue. Et s’il.elle doit brasser pour ce faire les différentes sources du droit
(législation, jurisprudence et doctrine), l’étudiant.e doit surtout les entremêler, plutôt que les
détailler une par une.

Sous réserve du fait qu’il n’est pas destiné à être publié, c’est d’un article de doctrine que le
travail requis de l’étudiant.e se rapproche le plus.

Les étudiant.e.s disposent, en annexe du présent syllabus (cf. annexe 4 à la leçon V), d’un
« travail type » illustrant les attentes des enseignant.e.s relativement au travail écrit à remettre
par chaque étudiant.e. Attention ! Le travail type ne constitue qu’un exemple parmi d’autres de
travail possible ; entre autres, la structure – qui aurait pu être différente – ne vaut que pour la
thématique précise abordée205.

Par ailleurs, avant de se lancer dans la recherche des sources du droit afférentes à ce thème, il
peut être indiqué de commencer par déterminer (dans les grandes lignes) ce que recouvre le
thème, ce qui permettra d’évaluer la pertinence des sources collectées. À cette fin, l’étudiant.e
trouvera également dans le syllabus d’annexes (cf. annexe 3 à la leçon III) une liste d’ouvrages
dits de référence, classés par branche du droit et disponibles en bibliothèque de droit. Aussi
précieux soit-il, ce répertoire ne prétend en rien à l’exhaustivité.

Plus précisément, ce chapitre a pour objet de préciser l’ensemble des directives à suivre dans
ce cadre et ce, tant sur le plan formel qu’en termes de contenu (section 1). L’étudiant.e, pour
mener ce travail à bon port, n’est pas laissé à lui.elle-même puisqu’il lui est toujours loisible de
prendre conseil auprès du.de la correcteur.trice ou de la correctrice de son travail lors des
permanences que celui-ci.celle-ci tient et/ou à la faveur des intercours des séminaires (section
2). Les modalités pratiques de la remise du travail écrit seront expliquées (section 3), tout
comme la procédure de correction du travail (section 4).

205
En outre, le nombre très important de sources législatives renseignées dans la bibliographie du travail type a
été induit par les bouleversements normatifs incessants que connaît, depuis une dizaine d’années, la matière sur
laquelle il porte. Les étudiant.e.s n’ont absolument pas à récolter autant de sources législatives afférentes à leur
thème, si celui-ci ne l’impose pas.

128
Certaines des modalités décrites aux sections 2 à 4 sont susceptibles d’être modifiées en
fonction des nécessités imposées par un cas de force majeure (crise sanitaire, etc.).

SECTION 1. LES DIRECTIVES FORMELLES ET


MATÉRIELLES
Dans un travail de méthodologie juridique spécifiquement, la forme importe autant que le fond,
raison pour laquelle une attention particulière est attachée aux aspects formels, à côté du fond.
Après quelques directives générales (§1), nous aborderons les différentes parties du travail (§2).

§1. Les directives générales


Le travail est dactylographié, en caractères Times New Roman 12 et interligne 1,5 (et les notes
infrapaginales, en caractères Times New Roman 10 et interligne 1).

Il comprend 6 pages, allant de l’introduction à la conclusion (ne pas oublier de numéroter les
pages du travail, à l’exception de la page de garde), avec une tolérance d’une demi-page
supplémentaire ; rétrécir (ou agrandir) les marges à la seule fin de parvenir à respecter le nombre
de pages n’est pas autorisé. Les pages surnuméraires ne seront pas lues (ce qui, fatalement,
nuira à l'appréciation globale du travail). Le document doit comporter en outre une page de
garde, une bibliographie et une table des matières. Il doit également – ce que ne montre pas le
travailtype– comporter une annexe reprenant la première page de chacune des sources
doctrinales et jurisprudentielles mentionnées dans la bibliographie. Enfin, il se clôture par la
preuve du dépôt du travail par voie électronique (cf. infra).

Il s’agit d’un travail juridique de première année de baccalauréat en droit ; par conséquent,
évitez les dispersions historiques, philosophiques, sociales, éthiques… Elles auront toutes leur
place, par contre, dans des travaux ultérieurs.

Par ailleurs, le travail doit reposer sur des sources de droit belge, et non pas international et/ou
européen. Ce n’est que lorsque le sujet impose d’aborder de telles sources supranationales qu’il
y sera alors, exceptionnellement, recouru (en matière de droits fondamentaux, par exemple), en
accord avec le.la correcteur.trice du travail. En aucun cas, par contre, ne sont admises les
considérations de droit comparé (qui a pour objet de confronter le droit belge au droit d’un autre
État).

D’autres précisions importantes quant aux sources sont exposées ci-dessous (cf. §2, point F).

Le travail doit être rédigé dans un français correct. Il s’agit là d’une exigence minimale ; au-
delà d’un certain seuil, d’ailleurs, les fautes d’orthographe et de grammaire font l’objet
d’un retrait de points. En ce qui concerne le style, les consignes suivantes doivent être
observées : éviter de recourir à la première personne du singulier (préférer le « nous » de
majesté ou des phrases impersonnelles : « Nous considérons que… », « Il s’agit d’une
application du principe… »), soigner la ponctuation, veiller à la concordance des temps et,
enfin, éviter de répéter les mêmes termes dans une même phrase ou un même paragraphe.

Last but not least, le mode de référencement des sources du droit, tant dans la bibliographie que
dans les notes infrapaginales (cf. infra), fera l’objet d’un contrôle extrêmement sévère.

129
§2. Les différentes parties du travail
Différentes consignes jalonnent chacune des parties que devra compter le travail. Passons-les
en revue (A à G), de même que le document complémentaire imposé (H).

A. La page de garde
Sur la page de garde, l’étudiant.e doit indiquer :

- son nom en majuscules, suivi de son prénom en minuscules, et ce, en haut à droite de la
page de garde ;

- le thème du travail et, en dessous, la mention suivante : Travail réalisé dans le cadre du
cours de Méthodologie juridique ;

- le nom du.de la correcteur.trice du travail (c’est-à-dire de l’enseignant.e titulaire de son


groupe) ;

- les précisions suivantes, les unes en dessous des autres, en bas de la page de garde :
UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, 1er bloc du bachelier en droit, année académique 2023-
2024.

Par exception par rapport aux autres pages, la page de garde ne doit pas être numérotée.

B. L’introduction (HORS subdivisions en chapitres, …)


- Posez la thématique juridique abordée, en présentant le contexte dans lequel s’insère le
travail (faire ressortir, selon le cas, l’historique législatif, les enjeux principaux, les points
qui font débat, etc.).

- Faites mention des dispositions légales principales qui régissent la matière.

- Annoncez le plan des développements, le fil conducteur de votre travail. Évitez, toutefois,
de le faire de manière scolaire ou « télégraphique » ; un (court) texte suivi est requis. Veillez
par ailleurs à encadrer par des parenthèses chaque subdivision annoncée.

- Éventuellement, justifiez les choix effectués quant aux divers points du sujet traité (mieux
vaut souvent s’attacher à développer les facettes essentielles du sujet, plutôt que d’aborder
superficiellement l’entièreté du sujet considéré).

- Il est inutile de souhaiter « une bonne lecture » au correcteur.

C. Les développements (subdivisions en chapitres, …)

a) Quant à la structure

- Le travail doit être structuré en chapitres, sections, paragraphes (§)… Il est bien entendu

130
que les subdivisions d’un titre principal correspondent à des développements plus
spécifiques de ce dernier. En outre, ces différentes subdivisions internes doivent présenter
une cohérence quant au contenu l’une au regard de l’autre, ou à tout le moins le passage de
l’une à l’autre doit être explicité. Il faut un fil conducteur, ce qui suppose de ne pas
« sauter » d’une idée à une autre sans lien logique. Autrement dit, les différents points
développés doivent être « hiérarchisés » – en allant du général au particulier –, et non
refléter une simple juxtaposition d’idées.

- Les titres des chapitres principaux ne peuvent pas correspondre aux trois sources identifiées
que sont la législation, la doctrine et la jurisprudence. Au contraire, ces trois sources doivent
être synthétisées dans chaque subdivision du travail, le travail étant à structurer
impérativement en fonction des questions juridiques intrinsèques à la matière (à titre
indicatif : champ d’application, conditions, procédure, effets, sanctions, ...).

- Pour la formulation des titres, il est préférable d’utiliser le style affirmatif plutôt que le style
interrogatif (ex. : « Les causes du divorce » plutôt que « Quelles sont les causes du
divorce ? »).

- Évitez les subdivisions « fourre-tout », du type « chapitre 1 – Généralités » : la lecture du


titre d'une subdivision doit donner une première idée du contenu que celle-ci recèle.

- Deux titres ne peuvent pas « se coller ». Ainsi les différentes subdivisions d’une même
rubrique sont-elles idéalement introduites par une phrase (par exemple entre un chapitre x
et sa première section). Et, comme déjà dit, les subdivisions doivent, au sein de ce court
texte, être annoncées entre parenthèses. Voyez, à cet égard, comment se présente le travail
type (cf. annexe 4 à la leçon V).

- Le contenu doit pouvoir être lu indépendamment du titre de la subdivision. Il faut, d'une


certaine manière, qu'il y ait redondance entre le titre et le contenu qui suit (lequel reprend
et explicite ce titre).

- On ne crée pas de subdivision unique à l’intérieur d’une subdivision existante. Autrement


dit, s’il y a nécessairement plusieurs chapitres, à l’intérieur de ceux-ci, on n’ouvre pas une
seule section : il y a soit au moins deux sections, soit aucune section.

- Dans le même ordre d’idées, lorsque l’on crée plusieurs subdivisions de même niveau, il y
a lieu de veiller à observer un impératif minimal de cohérence quant à la forme. Évitez, par
exemple, d’écrire « Section 1 » puis « Section B ».

- Pour éviter qu’un texte ressemble à une suite d’idées sans cohérence globale, soyez
attentif.ve.s aux liens logiques entre les idées (ex. : aussi, en effet, dès lors, enfin, donc…)

- Les locutions latines sont typographiées en italique.

b) Quant au fond

- Allez du général au particulier dans les propos (posez le principe avant d’énumérer les
exceptions ; donnez une définition avant d’en expliciter les diverses composantes) ;
concentrez-vous sur l’essentiel ; montrez que vous avez compris le sujet, en soignant la

131
clarté de l’exposé ; faites preuve de rigueur, notamment en explicitant les divers concepts
juridiques auxquels vous recourez, en vous référant aux différentes dispositions des textes
normatifs régissant la matière…

- Cela va sans dire, mais encore mieux en le disant : l’étudiant.e est censé.e trouver, lire et
s’approprier des sources documentaires des trois types (législation, doctrine et
jurisprudence) ; en aucun cas, il ne peut se contenter de traiter la législation et la
jurisprudence uniquement à travers ses lectures doctrinales. Non seulement cela ne
correspond pas à la démarche heuristique du juriste – la « loi » étant au centre de toute
recherche en droit positif (cf. supra, leçon I) –, mais cela peut en outre s’avérer dangereux
en termes d’actualité de traitement du sujet.

- Le travail doit révéler une articulation personnelle des différents points de vue en présence
relativement au sujet imparti. À cette fin, l’étudiant.e doit confronter les différentes sources
dont il.elle dispose, pour adopter un point de vue critique. Il n’est pas question de procéder
à une juxtaposition de passages empruntés à des auteurs divers, moins encore de reproduire
l’opinion d’un auteur isolé.

- Quant au traitement des sources du droit, leur lecture doit permettre de bien comprendre et
cerner le thème. Il s’agit, autrement dit, de repérer les questions suscitées par le sujet, en les
mettant en évidence dans chaque source parcourue. Et c’est au départ de ces différents points
qu’on élaborera le plan. Il n’est cependant pas attendu de l’étudiant.e qu’il.elle livre un
résumé de chacune de ces sources, mais qu’il.elle en fournisse une synthèse globale et bien
articulée. Concernant, par exemple, les sources doctrinales, il importe de signaler si les
auteurs sont d’accord entre eux ou, dans la négative, sur quoi alors portent leurs divergences.

- Si l’originalité et des considérations plus personnelles sont évidemment encouragées (dans


la conclusion du travail par exemple), il s’agit bien entendu de dépasser le niveau « café du
commerce » et de partir de la lecture des sources consultées.

D. Les références infrapaginales


- Les références infrapaginales sont celles « qui, comme leur nom l’indique, figurent en bas
de page. Elles reprennent les coordonnées des passages des sources de législation, de
doctrine et de jurisprudence cités ou utilisés plus haut sur la même page du document »206 ;
le cas échéant, elles peuvent par exemple également servir à développer un point particulier
de moindre importance. Les notes infrapaginales sont annoncées dans le corps du texte par
des appels de note numérotés, cette numérotation étant continue tout au long du document.

Concrètement – et comme il est donné à voir dans le travail type –, à la fin de chaque idée
empruntée ou reprise textuellement à un auteur de doctrine (recours aux guillemets dans ce
dernier cas207), l’on fait figurer un numéro208, lequel est automatiquement – via le traitement
de texte – repris en bas de page où il y a lieu d’indiquer la source consultée. Il en va de
même lors de l’utilisation de sources législatives ou jurisprudentielles.

206
N. BERNARD (dir.), op. cit., p. 2, n°4.
207
L’extrait cité (entre guillemets donc) apparaît en caractère normal, et non en italique.
208
Cf. par exemple dans Microsoft Word : fonction « Insertion » ; « Note » ; « Note de bas de page » (pour les
Mac) ; fonction « Références » ; « Insérer une note de bas de page » (pour les PC).

132
Cette méthode de travail est indispensable pour éviter tout plagiat. Le plagiat est
strictement interdit. On entend par plagiat trois situations :

« 1) la reprise textuelle d’un passage d’une source sans que des guillemets encadrent
l’extrait en question et/ou sans que la source exploitée soit citée en référence ;

2) les cas où l’on traduit textuellement une source sans mettre de guillemets autour
du passage traduit et/ou sans la citer en note ;

3) la situation de celui qui s’inspire manifestement d’une source, même sans


reprendre mot pour mot l’extrait concerné, c’est-à-dire même en en modifiant la
formulation, et qui omet de citer la source consultée comme référence.

L’acception de plagiat est donc plus large que l’on pourrait le penser à première vue :
la paraphrase (c’est-à-dire exprimer avec ses mots les idées d’un autre – hypothèse 3),
présentée comme le fruit de sa propre réflexion sans en identifier la source, est donc,
à une certaine échelle, elle aussi constitutive de plagiat.

Dès lors que le plagiat consiste à présenter comme sien le fruit du travail de quelqu’un
d’autre, il est à considérer comme une faute déontologique grave »209. Ce raisonnement
est valable tant à l’égard d’une source heuristique au sens classique du terme que de
tout autre type de source, en ce compris un texte trouvé sur internet ou le travail de
méthodologie juridique d’un autre étudiant.e.

Pour le surplus, il est spécifiquement renvoyé aux articles 107 et suivants du


Règlement général des études et des examens (RGEE), ainsi qu’au Code déontologique
réglementant la rédaction des travaux scientifiques, qui prohibent expressément tout
plagiat. Celui-ci est sanctionné au minimum par une note finale égale à 0T/20 pour le
cours de Méthodologie juridique, le T signifiant « triche ». De surcroît, le jury peut
prendre une série de mesures plus sévères eu égard à la gravité des faits en cause, et
notamment décider d’annuler l’ensemble des cotes obtenues par l’étudiant.e au cours
de la session concernée.

- De manière générale, ne vous inspirez pas d’une source unique. Et, si plusieurs auteurs
partagent une même idée, citez l’ensemble de ces auteurs ou, à tout le moins, les principaux
d’entre eux.

- En ce qui concerne la rédaction des références, suivez scrupuleusement les préceptes édictés
par le Guide des citations, références et abréviations juridiques (cf. infra, leçon VIII). Si ce
Guide n’évoque pas la situation précise qui vous concerne, tâchez de faire montre de
cohérence (et de précision).

E. La conclusion (HORS subdivisions en chapitres, …)


- Reprenez les grandes idées traitées, sans que votre conclusion ne se réduise à un simple
résumé du travail.

209
N. BERNARD (dir.), op. cit., p. 5, n°7. C’est nous qui soulignons.

133
- Développez éventuellement, à propos de la question étudiée, des considérations plus
critiques, personnelles ou originales.

- Évitez de nombreuses références car la conclusion est davantage personnelle et ne doit pas
développer de nouvelles idées sur le sujet traité.

- Tentez de dépasser la question étudiée, sous forme d’interrogations, de positionnement


prospectif, …

F. La bibliographie
- Des références, dites bibliographiques cette fois, apparaissent encore en fin de document,
dans la bibliographie. « Celle-ci opère un relevé systématique de toutes les sources de
législation, de doctrine et de jurisprudence citées ou utilisées dans le document et
envisagées chacune dans sa globalité »210.

- En principe, l’étudiant.e doit recenser, en moyenne, dans sa bibliographie (et utiliser dans
son travail !) dix sources doctrinales, et autant de décisions de justice, toutes présentant
un lien étroit avec le thème. Ce nombre peut toutefois varier en fonction du thème (à
discuter avec le.la correcteur.trice) ; il n’y a là qu’un ordre de grandeur.

- De même, l’étudiant.e doit faire apparaître (et utiliser !) au minimum une source
doctrinale et une source jurisprudentielle en néerlandais, et ce afin de faire écho à l’un
des axes prioritaires de l’enseignement à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles qu’est le
multilinguisme.

- L’étudiant.e se gardera, par ailleurs, d’utiliser un syllabus au titre de source doctrinale


supplémentaire aux 10 exigées, sans en avoir discuté avec son.sa correcteur.trice. On
rappellera que le syllabus ne constitue pas formellement de la doctrine puisqu’il n’est pas
publié (cf. supra, leçon II). Toutefois un (et un seul) syllabus pourra garnir la doctrine
renseignée en bibliographie (et être utilisé !) si le feu vert en est donné par le.la
correcteur.trice.

- Pas de bibliographie « bidon » ! Autrement dit, les différentes références mentionnées dans
la bibliographie doivent, dans leur grande majorité, se retrouver parmi les notes
infrapaginales et, dès lors, avoir été directement consultées et utilisées.

- Il est nécessaire d’avoir des textes législatifs à jour, ainsi que de la doctrine et de la
jurisprudence pertinentes par rapport à ces textes.

- De manière générale, les sources du droit doivent être diversifiées et le plus récentes
possible.

- Ainsi que le montre le travail type, la bibliographie doit reprendre, de manière ordonnée,
les sources documentaires utilisées dans le travail. Ainsi, elle comprend principalement trois
rubriques, correspondant aux trois sources documentaires collectées :

210
N. BERNARD (dir.), ibidem, p. 3, n°4.

134
I - Législation (classement hiérarchique par niveau de législation, puis
chronologique)

II - Doctrine (classement alphabétique par nom d’auteur)

III - Jurisprudence (classement hiérarchique par juridiction, puis chronologique).

Si nécessaire, un quatrième volet peut être prévu (« IV - Autres »), contenant des sources
qui ne rentrent dans aucune des trois rubriques susvisées (ex. : articles de presse, rapports,
fascicules, propos issus de sites d’organismes publics, de sites de cabinets d’avocats, de
blogs, …).

- Allez à la ligne à chaque référence.

- Pour ce qui est de la rédaction même des références bibliographiques, référez-vous au Guide
des citations, références et abréviations juridiques (cf. infra, leçon VIII) et prenez bien note
des quelques divergences qui existent avec la manière de faire pour les références
infrapaginales.

G. La table des matières


Le travail se clôture par une table des matières reprenant à l’identique toutes les subdivisions
qui structurent le travail (introduction, chapitres, sections, paragraphes…, conclusion,
bibliographie, table des matières) et leur intitulé, avec renvoi aux pages pertinentes.

H. La preuve Compilatio
Enfin, les étudiant.e.s sont tenu.e.s de joindre à leur travail le document délivré par le système
anti-glagiat Compilatio (cf. infra, section 3), attestant de ce qu’ils ont effectivement et
préalablement posté leur travail par la voie informatique sur ce site. Cette preuve « papier » est
requise, car il n’appartient pas au.à la correcteur.trice de faire lui.elle-même les recherches pour
s’assurer que le travail a bien été soumis à Compilatio.

I. L’annexe

Comme déjà dit, le travail doit comporter une annexe reprenant la photocopie ou le scan de la
première page de chacune des sources doctrinales et jurisprudentielles renseignées dans la
bibliographie. Lorsqu’elle paraît dans une revue, la source en question (qu’elle soit doctrinale
ou jurisprudentielle) ne débute pas par la couverture du numéro en question de cette revue, mais
par la première page de la source elle-même à l’intérieur de ladite revue, donc à l’endroit exact
où commence la source dans le numéro de cette revue. Il en va de même des contributions aux
ouvrages collectifs.

Outre la vérification de l’exactitude de la référence, il s’agit, pour les enseignants, de s’assurer


sinon de la lecture par l’étudiant des sources mentionnées, à tout le moins de leur bonne
appréhension physique. Baser son travail sur les résumés des sources (jurisprudentielles
notamment) disponibles sur internet est proprement suicidaire ; les « sommaires », à cet égard,
sont potentiellement dangereux.
135
En seconde session, cette annexe ne doit comprendre que les (premières pages des) sources
nouvelles par rapport au travail de première session.

SECTION 2. LE DISPOSITIF PÉDAGOGIQUE


Le dispositif pédagogique est triple : il tient d’abord et avant tout dans le fait que chaque groupe
d’étudiant.e.s se verra assigner un.e même enseignant.e pour des heures de séminaires (« petits
groupes ») auxquelles il est amené à participer. Cette concentration des séminaires entre les
mains d’un.e même enseignant.e a pour conséquence que l’ensemble des séminaires sera
dispensé à des groupes d’environ 25 étudiant.e.s. Le.la titulaire du séminaire étant également
le.la correcteur.trice et l’examinateur.trice du groupe d’étudiant.e.s concerné, l’étudiant.e
devrait trouver à la faveur de chaque séminaire, et en particulier des intercours de ceux-ci,
l’occasion d’échanger avec l’enseignant.e, en lui posant, le cas échéant, toutes questions
afférentes à son travail écrit.

Par ailleurs, et c’est la deuxième partie du dispositif pédagogique, chaque enseignant.e tient des
permanences au second quadrimestre en vue d’apporter une aide personnalisée complémentaire
à l’étudiant.e dans sa quête des sources du droit et la rédaction du travail. L’horaire de ces
permanences sera affiché aux valves et/ou communiqué via Moodle, voire encore par mail si
l’enseignant.e concerné.e le décide. Chaque étudiant.e prépare son passage chez l’enseignant.e
(en ayant sous la main une liste de questions précises, les documents qui posent problème, son
ordinateur portable allumé, etc.).

Les séminaires, surtout, et les permanences, aussi, servent de canal privilégié de transmission
de l’information entre les étudiant.e.s et les enseignant.e.s. Dès lors, les communications par
courriel sont en principe prohibées, sauf cas d’extrême urgence ou accord de l’enseignant.e,
selon les modalités qu’il fixe.

Enfin, la dernière partie du dispositif pédagogique réside dans la mise en ligne, sur Moodle, des
corrigés types afférents aux batteries d’exercices que contiennent les différentes leçons.

SECTION 3. LA REMISE DU TRAVAIL ÉCRIT


Pour les étudiant.e.s du cours du jour, le travail doit être rendu sous version « papier » aux
différent.e.s correcteurs.trices le jeudi 28 mars (l’heure et le lieu seront communiqués via
Moodle). Pour les étudiant.e.s en HD, la version « papier » du travail doit être rendue le jeudi
28 mars (l’heure et le lieu seront communiqués via Moodle). La version papier du travail est
agrafée et glissée dans une chemise en plastique. Tout raffinement supplémentaire de
présentation est superflu.

Parallèlement, il doit être remis pour les mêmes date et heure par voie électronique sur
Compilatio, étant entendu que l’étudiant.e doit joindre à la version « papier » la preuve du dépôt
de son travail par voie électronique.

En effet, dans l'objectif de débusquer les plagiats au sein des travaux de méthodologie juridique,
il est imposé aux étudiant.e.s d'introduire leur travail par la voie électronique également. C’est
via la plateforme interactive Moodle que les étudiant.e.s trouveront l’hyperlien vers le logiciel
136
anti-plagiat Compilatio. Chaque étudiant.e doit être attentif.ve à déposer son travail sur
l’hyperlien du titulaire de son groupe. L’hyperlien sur Moodle mène sur le site de Compilatio
(commençant par https://www.compilatio.net/collecte/.......). Il faut alors compléter le
formulaire :

- sélection du travail : vous sélectionnez votre fichier au format .doc, .docx ou .pdf
- adresse mail : vous indiquez votre adresse UCLouvain
- nom et prénom : vous les indiquez
- réponse aux deux questions : « Êtes-vous l’auteur du document ? » et « Voulez-vous ajouter
d’autres auteurs ? »
- titre : vous inscrivez le thème de votre travail
- description : vous laissez vide
- vous confirmez que vous n’êtes pas un robot
- la page web suivante demandera une confirmation.

Attention : Compilatio est un système de détection du plagiat qui englobe non seulement les
sources disponibles sur internet mais aussi les travaux des années précédentes.

Naturellement, la version du travail soumise par voie électronique doit être identique à celle qui
est remise en mains propres !

L’étudiant.e normalement diligent.e n’attendra pas le dernier moment pour soumettre son
travail à Compilatio ; il aura à cœur de prévenir et anticiper tout éventuel problème d’ordre
informatique.

Au risque de la répétition, on se permet d’insister sur ce point : l’étudiant.e doit impérativement


joindre à son travail une copie de la preuve « papier » de la bonne réception par Compilatio de

137
son travail (cf. supra, section 1)211.

Une procédure identique doit être suivie en seconde session. Le titulaire de chaque groupe aura
créé sur Moodle un nouvel hyperlien spécifique à cette session. L’échéance de la remise du
travail, sous ses deux formes, sera annoncée par avis aux valves à l’issue de la session de juin.
Pour rappel, en seconde session, les étudiant.e.s rendent un travail écrit, à moins qu’ils.elles
aient décroché pour celui-ci une note égale ou supérieure à 10/20 en première session.

Tout travail qui n’est pas rendu (à la fois sous format papier et en version électronique)
pour l’heure indiquée sera considéré comme ayant été remis en retard. En cas de retard
de moins de 24h, deux points sont d’office retirés de la cote du travail. Pour chaque jour
calendrier de retard supplémentaire, un point est retiré de cette cote. Dès lors, toute remise
du travail au-delà du délai met nécessairement en péril la réussite d’une session complète au
mois de juin ou de septembre.

SECTION 4. LA CORRECTION DU TRAVAIL ÉCRIT


Les explications relatives à la correction du travail passent par l’évocation des critères de
cotation (§1) et de l’existence d’une fiche d’évaluation (§2).

§1. Les critères de cotation


Différents critères sont pris en considération pour la cotation du travail : la bonne
compréhension du sujet, la pertinence de la structure, le référencement correct des sources du
droit (aussi bien au sein de la bibliographie que dans les notes infrapaginales), le plein respect
des règles lexicales, orthographiques et grammaticales, ainsi que le caractère approfondi de la
recherche documentaire.

En règle générale, les aspects plus formels (non directement reliés au fond de la matière) ne
sauraient être négligés ; ils revêtent même, s'agissant d'un travail de méthodologie juridique,
une importance particulière (jusqu’à la moitié des points pour les références par exemple). Plus
spécifiquement, l’étudiant.e aura noté que l’orthographe entre en ligne de compte pour la
cotation ; il y sera particulièrement attentif dès lors et, au besoin, n’hésitera pas à consulter le
dictionnaire, ainsi qu’à solliciter une aide extérieure pour la relecture.

Un mot encore, mais il est essentiel : comme pour l’absence injustifiée à plus d’une séance ou
l’absence injustifiée à un examen (cf. supra, leçon I, chapitre I), l’absence injustifiée de la
remise du travail écrit est sanctionnée par une note globale égale à 0A/20 pour la session
concernée, A signifiant « absent » (cf. fiche descriptive de l’unité d’enseignement). Par ailleurs,
l’étudiant.e qui remet, pour tout travail, une page de garde (ou une bibliographie, un plan ou
toute autre prestation de cet acabit), se voit attribuer une cote de présence, soit 0/20, qui ruine
à coup sûr ou presque la probabilité d’obtenir les crédits attribués au cours de Méthodologie
juridique lors de la session concernée (cf. fiche descriptive).

Enfin, l’étudiant.e qui remet en seconde session le même travail qu’en première session

211
Le.la correcteur.trice se réserve le droit de ne pas corriger le travail – et donc de le considérer comme non-
rendu – tant que la preuve Compilatio n’a pas été déposée.

138
obtiendra, pour celui-ci, une note inférieure (2 points en mois sur 20) à celle attribuée à son
travail de première session, dans la mesure où il avait – ou aurait pu avoir – à sa disposition un
précieux supplément d’informations (consultation du travail corrigé et possession d’une fiche
d’évaluation), dont il.elle n’aura rien fait.

§2. La fiche d’évaluation


Les enseignant.e.s prennent soin de coucher leurs remarques afférentes à chacun des travaux
sur une fiche d’évaluation (reproduite en annexe 5 de la leçon V dans le syllabus d’annexes).

Après les vacances de Pâques, mais avant l’examen oral, l’étudiant.e est invité.e à venir
consulter son travail lors d’une séance collective, afin de pouvoir comprendre ses erreurs et les
corriger pour l’examen oral ; à cette occasion, (une copie de) la fiche d’évaluation du travail lui
est remise. En cas d’absence de l’étudiant.e à cette séance, il lui sera impossible de recevoir
cette fiche ultérieurement, sauf raison exceptionnelle (dûment motivée).

L’horaire de cette séance collective varie en fonction des enseignant.e.s et est communiqué
après Pâques via Moodle. Cet horaire étant fixé en concertation avec le secrétariat afin de
s’assurer de la disponibilité des étudiant.e.s, celui ou celle qui ne se rendrait pas à la séance
collective de correction n’aura pas de « retour » sur son travail.

Une telle séance collective n’est pas prévue dans le cadre de la seconde session. Les étudiant.e.s
n’ont d’ailleurs pas la possibilité de connaître la cote de leur travail avant l’examen oral.

139
LEÇON VI.
RECHERCHER
LA LÉGISLATION :
LES OUTILS INFORMATIQUES
Salle informatique (D15 ou D16) – 2h

Après avoir présenté les différents sites de législation (chapitre I) de manière plus détaillée qu’à
la leçon précédente, il sera proposé des exercices pratiques relatifs à la législation (chapitre 2).

CHAPITRE I. PRÉSENTATION DES SITES DE


LÉGISLATION
Outre les moyens d’accès à de la législation sous format « papier », les actes normatifs sont
aussi disponibles en version électronique, étant entendu que la version « papier » de ces actes
reste dans certains cas (notamment pour certains actes anciens) le seul moyen d’en prendre
connaissance (cf. supra, leçon III). L’accès en format électronique à cette source peut s’avérer
particulièrement utile car, étant plus aisément mis à jour, il renseigne après seulement quelques
jours, voire quelques heures, les éventuelles modifications subies par l’acte normatif consulté.

Concentrons-nous d’abord sur les actes normatifs proprement dits (section 1), avant de passer
aux travaux préparatoires de ceux-ci (section 2).

SECTION 1. LES ACTES NORMATIFS


Présentons les sites publics d’abord (§1), les sites privés ensuite (§2).

§1. Les sites publics de législation


Les outils informatiques publics – et donc gratuits – dédiés aux sources législatives permettent
d’appréhender tantôt les normes publiées au jour le jour au Moniteur belge (A), tantôt la
législation consolidée (B). Le Conseil d’État et le Sénat ont également chacun mis en place un
outil de recherche législatif offrant à ses utilisateurs de précieuses informations (C et D). La
législation fédérée est, au surplus, spécifiquement disponible sur certains sites publics (E)212.

212
Outre les sites internet précités, il existe encore d’autres sites publics recensant de la législation, parmi lesquelles
on épinglera la Banque Carrefour de la législation. Devant la multiplication des sites des pouvoirs normatifs (et
juridictionnels), certains d’entre eux (le parlement fédéral, le gouvernement fédéral, le parlement wallon, le
parlement de la Communauté germanophone, etc.) ont uni leurs efforts pour faciliter l’accès aux ressources
documentaires. Ainsi, et comme son nom le laisse présager, la « Banque Carrefour de la législation »

140
A. Le site du Moniteur belge
Seul moyen d’accès au Moniteur belge depuis la fin de son impression physique, le site internet
du Moniteur belge (http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi/welcome.pl) permet la consultation au
jour le jour du journal officiel. Il ne s’agit donc pas de textes coordonnés, mais de la version
publiée dans l’édition électronique du Moniteur. Il est également possible de faire des
recherches par le biais d’une interface similaire à celle de Législation belge (cf. infra, B), à
laquelle on accède via l’onglet « Nouvelle recherche ».

Le recensement des sources normatives au sein du site du Moniteur belge n’est cependant, pour
rappel, pas exhaustif, l’encodage des Moniteurs n’étant devenu systématique qu’à partir de
1997. Si certains textes antérieurs ont été importés a posteriori dans la base de données, ils l’ont
été de manière aléatoire, et, en tout état de cause, les textes intégraux des sources législatives
viennent rapidement à manquer dès que l’on remonte dans le temps. On le voit, le constat de
« l’explosion » de l’outil informatique n’empêche pas la survivance et l’utilité des sources
« papier », aux côtés des instruments électroniques.

B. Le site Législation belge (appelé également Justel)


Pour rappel, le site Législation belge (http://www.ejustice.just.fgov.be/loi/loi.htm) contient les
versions consolidées des textes législatifs. Contrairement au Moniteur belge qui propose une
photographie des normes adoptées le jour de sa parution (cf. supra, A), Législation belge prend
en compte les modifications que chaque législation apporte au droit en vigueur. Pour rappel, ce
site opère une consolidation pour tous les actes normatifs depuis 1994213. En principe, le délai
de mise à jour de cet « Index législatif » est J+1.

Si ce site est extrêmement précieux, ses utilisateurs doivent être avertis de deux inconvénients
dont il souffre :

(1) Ce site n’a pas le caractère officiel du Moniteur belge. Il peut dès lors comporter
certaines erreurs ;

(2) Si ce site contient des normes fédérées (communautés et régions), cela n’est pas
systématique, et le site tend à être moins à jour et moins fiable lorsqu’il s’agit de ces
normes. Dès lors, l’on se référera directement au site internet de l’entité émettrice
de la norme en question (cf. infra, E).

Dans cette base de données, quatre champs de recherche sont principalement employés : nature
juridique, date de promulgation, date de publication au M.B. et mot(s).

(Belgiquelex ; http://www.belgiquelex.be) donne, entre autres, accès aux bases de données législatives des
institutions fédérales, régionales et communautaires. Si, toutefois, ce regroupement synoptique se révèle pratique
(en ce que cette « coupole » dispense de rechercher l’adresse internet de telle ou telle institution), il ne s’agit
précisément que d’un regroupement, dénué de vraie valeur ajoutée au-delà, sans aucun contenu propre par rapport
aux différents sites recensés pris individuellement.
213
La « législation belge » contient en outre les références complètes de l’ensemble des dispositions légales et
réglementaires qui ont été publiées au Moniteur belge depuis 1945, ainsi que de l’ensemble des dispositions qui y
ont été publiées avant 1945, pourvu toutefois qu’elles aient fait l’objet d’une modification publiée au Moniteur
belge après le 31 décembre 1983. Une fois en possession de la référence du texte normatif pertinent (non disponible
sur le site de la « législation belge », ni, a fortiori, sur celui du Moniteur belge), il restera à l’utilisateur à aller
chercher en bibliothèque le Moniteur « papier » publiant la norme en question.

141
Exemple : Loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle des dépenses électorales engagées
pour les élections des chambres fédérales, ainsi qu'au financement et à la comptabilité ouverte des partis
politiques.

Ensuite, cliquez sur « recherche » puis sur « liste » pour afficher le(s) résultat(s).

Pour consulter le dispositif de la loi, cliquez sur « Détail ».

En cliquant sur « Détail », vous accédez à la loi sélectionnée ainsi qu’à de nombreuses autres
informations sur ladite loi.

Tout en haut, on trouve des liens vers les actes ayant procédé à la modification de la loi
consultée et listés en dessous de la loi, vers les éventuels arrêtés d’exécution, les anciennes
versions de la législation en question (« versions archivées »), le numéro de dossier des travaux
préparatoires, la page que le site RefLex (« Conseil d’État ») lui réserve (cf. infra, C) et sa
version néerlandaise.

142
En dessous, la partie « Titre » renseigne l’intitulé de la norme, la date de la promulgation, celle
de sa publication et celle de son entrée en vigueur. En cliquant sur le lien « PDF : Version
originale », on peut aussi accéder directement à la version officielle de la loi, telle que publiée
au Moniteur belge, c’est-à-dire sans ses modifications subséquentes. La partie « Table des
matières » fournit des liens hypertextes facilitant grandement la navigation au sein des normes
comportant de nombreuses dispositions.

Étant donné qu’il s’agit d’une version consolidée du dispositif, certaines dispositions sont
différentes de celles de la loi du 4 juillet 1989 lorsqu’elle a été adoptée et publiée au Moniteur
belge. Les termes modifiés sont mis entre parenthèses, et les lois ayant conduit à ces
modifications sont référencées entre < > ou en note en dessous de l’article concerné de l’acte
normatif.

En dessous de la page, la partie « Modification(s) » contient les références à l’ensemble des lois
modificatives. Pour les plus récentes, est également proposé un lien vers les fichiers PDF des
éditions du Moniteur belge dans lesquelles ces lois ont été publiées.

Enfin, la partie « Travaux parlementaires » contient les références des travaux préparatoires
(avec de plus en plus souvent un hyperlien direct), à charge de les retrouver ensuite sur le site
internet de l’assemblée parlementaire concernée.

Pour revenir à la liste des résultats, cliquez sur « Liste » en bas de page. Ce site supporte mal
l’utilisation des boutons « précédent » et « suivant » du navigateur internet.

143
C. Le site RefLex
Disons-le d’emblée : la base de données RefLex – Chrono du Conseil d’État ne permet pas
d’accéder à une législation non identifiée à propos d’une thématique déterminée. Autrement
dit, et contrairement aux sites de la Législation belge et du Moniteur belge (cf. supra, A et B),
son moteur de recherche ne permet pas de faire une recherche en plein texte au départ d’un
verbo. Pour accéder aux informations recelées par cette base de données, il faut nécessairement
connaître la date de promulgation ou de publication au Moniteur belge de la norme recherchée,
ou, en tout cas, l’un ou l’autre mot(s) de son intitulé.

En dépit de son aspect austère, le site RefLex (http://reflex.conseildetat.be) n’en fournit pas
moins des informations justifiant qu’il soit consulté en plus du site Législation belge soit pour
en croiser les informations, soit pour pallier l’omission de certaines informations214.

Les normes y sont insérées dès le lendemain de leur publication au Moniteur belge. Par ailleurs,
la période couverte par RefLex est extrêmement étendue, remontant – contrairement au site de
la Législation belge – au mois d’avril 1487 (pour la législation encore en vigueur aujourd’hui) !
RefLex renvoie, d’autre part, directement aux décisions rendues et aux recours pendants devant
le Conseil d’État et la Cour constitutionnelle. On comparera également les références aux
arrêtés d’exécution entre les deux sites, celles-ci pouvant varier. Par ailleurs, un lien à la page
idoine du site du Moniteur belge ou à celle des sites des parlements peut figurer sur le site
RefLex lorsqu’il est absent du site Législation belge.

En revanche, RefLex ne contient pas la version consolidée des actes normatifs (mais il prévoit
un hyperlien vers Justel, qui lui contient cette version consolidée).

Le site RefLex comporte plusieurs portes d’entrée au site, la plus commode étant néanmoins
« Chrono ».

214
La référence au numéro du dossier des travaux préparatoires pourra par exemple être facilement trouvée sur le
site RefLex dans le cas où cette référence ne serait pas mentionnée sur le site de la Législation belge.

144
Cliquez sur « consulter… » pour vous rendre sur le formulaire de recherche qui propose
globalement les mêmes critères de recherche que Législation belge.

Exemple : Recherchez le décret « Bologne » du 31 mars 2004 en introduisant la date et la nature de l’acte.

Parmi les résultats proposés, cliquez sur décret du 31 mars 2004 définissant l’enseignement
supérieur, favorisant son intégration dans l’espace européen de l’enseignement supérieur et
refinançant les universités.

En haut de la fiche relative à ce décret, on retrouve une série d’onglets. En l’occurrence, les
onglets actifs renvoient aux informations suivantes :

- Chrono : Entrée en vigueur et lien vers la publication au Moniteur belge ;


- Analyse : les modifications et les actes d’exécution, article par article du décret du 31
mars 2004 ;
- Parlement : lien vers les travaux préparatoires du décret hébergés sur le site du
Parlement de la Communauté française ;
- Cour constitutionnelle : lien pour chaque arrêt rendu par la Cour constitutionnelle saisie
par recours en annulation ou sur question préjudicielle. Le dispositif de ces arrêts est
directement renseigné.

L’un des onglets à gauche vous permet aussi, une fois que vous avez trouvé l’information
recherchée, de « consulter cet acte en format pdf » au moyen d’un hyperlien.

D. Le site SenLex
Le Sénat propose depuis 2019 une banque de données, SenLex, qui rassemble, sur un seul site
web accessible à tous, l’essentiel de la réglementation institutionnelle belge publiée depuis le
1er juillet 2014 (sixième réforme de l’État), compilant la Constitution et les principales normes
institutionnelles (lois spéciales et certaines lois ordinaires). La valeur ajoutée de SenLex réside

145
essentiellement dans le fait de « brosser plus large » que les textes eux-mêmes, en y adjoignant
des informations complémentaires (énumérées ci-après) qui permettent d’éclairer le chercheur
sur la portée exacte de la réglementation visée. Celle-ci ainsi que l’interprétation à donner aux
dispositions essentielles de l’architecture institutionnelle belge sont, en effet, largement
déterminées par les travaux parlementaires y relatifs, les arrêts de la Cour constitutionnelle et
les avis et arrêts du Conseil d'État.

On peut y consulter les textes concernés tels qu'ils existaient au moment de l'entrée en vigueur
de la sixième réforme de l'État le 1er juillet 2014, ainsi que les modifications apportées
ultérieurement. On notera aussi que la base de données comprend l’intégralité des travaux
préparatoires de la sixième réforme de l’État. Certains textes plus anciens sont consultables
dans des cas exceptionnels. L’objectif de SenLex est d’offrir ainsi aux praticiens du droit la
banque de données la plus complète et la plus actuelle possible en matière institutionnelle.

Pour chaque disposition visée, SenLex fournit en annotation des extraits pertinents des travaux
préparatoires, de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle et du Conseil d’État, et les avis
y afférents de la section de législation du Conseil d'État, publiés depuis le 1er juillet 2014.

« Les données sont structurées par article ou, si nécessaire, par partie d'article. Pour chaque
article, les informations sont réparties dans les rubriques suivantes :

 texte légal ;
 mots-clés éventuels ;
 annotations:
o historique du texte légal
o travaux parlementaires préparatoires
o jurisprudence et avis
o commentaire
o renvois à d'autres articles

Les rubriques "travaux parlementaires préparatoires" et "jurisprudence et avis" comprennent


non seulement des hyperliens renvoyant aux documents visés mais reproduisent aussi les
extraits pertinents de ces documents dans leur intégralité. Il n'est donc pas nécessaire [de
chercher] dans les documents les parties de texte se rapportant à l'article concerné ; SenLex vous
fournira elle-même ces extraits in extenso »215.
Trois méthodes de recherche sont envisageables sur SenLex.
Une première consiste à réaliser une recherche en entrant un ou plusieurs terme(s) dans la barre
de recherche de SenLex. Le moteur de recherche fournit alors une liste de tous les documents
disponibles dans la base de données reprenant ce terme. Dans le cadre de cette recherche, il est
possible d’actionner un filtre en fonction du type de sources, du numéro d’article, ainsi que
d’un éventuel mot-clé ou d’un texte législatif spécifique parmi ceux que SenLex recense (voy.
ci-dessous).
Il est également possible, via le menu « textes législatifs », de sélectionner directement une
disposition en particulier dans une des normes retenues par SenLex afin de consulter, au moyen
de l’onglet « annotation », l’ensemble de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle et du

215
Cf. « À propos de la banque de données », accessible via le lien « Plus d’infos » ou l’onglet « À propos » sur
la page d’accueil de SenLex (senlex.senate.be). Prenant ses distances avec les termes utilisés par la banque de
données, l’étudiant est invité à distinguer les termes « travaux préparatoires » et « documents parlementaires ».

146
Conseil d’État, les avis de la section de Législation du Conseil d’État et les travaux préparatoires
pertinents pour l’étude de cette disposition.
Enfin, SenLex a constitué une liste de mots-clés, représentatifs d’une thématique intéressante à
propos de laquelle un juriste peut être amené à faire une recherche générale. Dans ce cas, il
pourra cliquer sur le menu « mots-clés » et ensuite sélectionner le sujet de son intérêt afin de
prendre connaissance de l’ensemble des dispositions relatives à ce thème. Il ne lui restera alors
plus qu’à cliquer sur un article de loi pour avoir accès aux annotations.

E. Les sites de législation consolidée des entités fédérées


Afin de pallier les faiblesses de Législation belge concernant les normes issues des
communautés et des régions, on consultera les sites internet équivalents que chacune d’elles
propose.

L’on se limitera à indiquer les adresses internet des principaux sites :

- Région wallonne : http://wallex.wallonie.be/


- Flandre : http://codex.vlaanderen.be/
- Fédération wallonie-bruxelles : www.gallilex.cfwb.be/

§2. Les sites privés de législation


Les deux principaux sites privés – donc payants – de législation sont, comme annoncé, Jura
(A) et Strada lex (B).

A. Jura
Le site de Jura (Kluwer) (http://www.jura.be) propose une version consolidée des textes
législatifs. Par rapport aux sites publics, tel que le site de la Législation belge, Jura présente
l’avantage de contenir des informations supplémentaires, tel que le renvoi à de la jurisprudence
pertinente. Jura contient également de nombreux commentaires et liens qui vous aident dans
l’interprétation de la loi (renvoi aux travaux parlementaires, au site EURlex, aux avis du Conseil
d’État, informations sur la date d’entrée en vigueur, table de concordance entre l’ancien et le
nouveau Code Civil, etc.).

Pour le reste, il offre dans l’ensemble les mêmes renseignements que ceux qui sont disponibles
sur les sites publics repris ci-dessus (cf. supra, §1).

En vous rendant sur Jura, il vous est possible de sélectionner sur la page d’accueil le filtre
« Législation » sous « Types d’infos » ou de rentrer directement les termes de votre recherche
dans le champ prévu à cet effet. Vous pouvez aussi cocher, dans la colonne de gauche sur votre
écran (« Mots-clés / Classification »), la matière concernée, en l’espèce le droit civil :

147
En introduisant l’intitulé et la date d’une loi dans le champ de recherche général – prenons par
exemple la loi du 30 août 2013 portant le Code ferroviaire –, celle-ci apparaît souvent comme
premier résultat si on a sélectionné le filtre « Législation » :

Il suffit ensuite de cliquer sur « texte intégral » pour accéder au texte de la loi.

Si vous ne connaissez pas la loi que vous cherchez à partir d’un thème déterminé, vous pouvez
faire une « recherche avancée ». Ce type de recherche vous permet notamment d’entrer une
« expression exacte » (c’est-à-dire de rechercher plusieurs mots qui se suivent) et de délimiter
la période de votre recherche.

À l’instar des informations contenues sur les sites publics, Jura fournit aussi d’autres
renseignements à propos de la loi consultée. Le document est disponible en néerlandais et
d’autres renseignements se trouvent sous « à propos de cet acte », « arrêtés d’exécution »,
« liste des modifications », « jurisprudence », « actualités » :

148
Sous « arrêtés d’exécution », on trouve une indication de tous les arrêtés royaux d’exécution
liés à l’article visé de la loi, et sous « liste des modifications » une liste des actes qui ont modifié
l’article visé216. Sous « À propos de cet acte », sont reprises la date de la promulgation de la loi,
la date de sa publication au Moniteur belge, avec un hyperlien vers la version officielle publiée
au Moniteur, et sa date d’entrée en vigueur.

En dessous, la référence aux documents parlementaires est indiquée avec, en principe, un


hyperlien vers le projet ou la proposition de loi.

Pour chaque disposition, il est possible sous « version précédente » d’accéder au texte de
l’article tel que libellé avant d’avoir été, le cas échéant, modifié par une autre norme.
L’historique des dispositions consolidées est également à chaque fois précisé.

Outre la recherche de textes de législation spécifiques, Jura présente surtout un intérêt pour
trouver aisément les textes de Codes consolidés, tels que Code civil, Code judiciaire, etc. Pour
ce faire vous pouvez entrer l’intitulé du code recherché dans le champ de recherche simple ou
avancé.

Par ailleurs, si vous projetez de faire plusieurs consultations différentes de Jura sur le même
thème, il vous est possible de conserver dans la mémoire de votre session Jura la trace des
sources (législatives et autres) qui vous intéressent, ceci en « marquant » le document concerné
(icône représentant un carré située en haut à droite de chaque source).

216
Jura ne permet plus, pour l’instant, d’avoir la liste des modifications pour un acte normatif dans son ensemble
(mais bien pour chaque article spécifique de cette loi). Pour connaître l’ensemble des actes modificatifs d’une loi,
il faut utiliser Justel ou Reflex.

149
B. Strada lex
Un autre site privé qui permet de consulter la législation consolidée est Strada lex
(https://www.stradalex.com). Celui-ci n’est toutefois que succinctement abordé dans la mesure
où il présente moins d’avantages à notre estime que les sites précédemment évoqués.

Pour retrouver une loi sur Strada lex, il est possible depuis la page d’accueil, dans “toutes les
sources”, d’introduire l’intitulé et la date de la loi – utilisons le même exemple que pour la
présentation de Jura – dans le champ de recherche en cliquant sur “Filtres” pour les faire
apparaître et en cochant, dans “Type”, le filtre « Législation » :

Si vous cliquez sur un des résultats, vous accédez au texte intégral.

Il est également possible de démarrer la recherche depuis l’onglet « Sources officielles » et de


choisir « Moniteur belge » pour obtenir la version officielle de l’acte publié au Moniteur. Il
permet en outre d’accéder facilement aux codes (officieux) Larcier en sélectionnant l’onglet
« Codes ».

150
À l’instar de Jura et des sites publics reprenant la législation consolidée, Strada lex indique le
numéro des documents parlementaires, la date de la promulgation et de la publication de la loi
et de son entrée en vigueur ainsi que des modifications apportées au texte depuis son adoption.

À la différence de Jura¸ toutefois, Strada lex ne contient pas d’hyperlien vers les documents
parlementaires. Il ne reprend pas non plus la liste des actes ayant modifié la loi concernée ou
de ses arrêtés d’exécution, quand bien même un précieux système de fourniture d’informations
sur l’évolution des normes sous forme de ligne du temps est mis en place progressivement (ex. :
C. pén., art. 7bis). Pour cette raison notamment, il est recommandé de se tourner plutôt vers
d’autres sites en ce qui concerne la recherche d’une norme spécifique.

SECTION 2. LES TRAVAUX PRÉPARATOIRES


Comme on vient de l’évoquer (cf. supra, section 1), il est possible, par l’intermédiaire de Jura
– mais non de Strada lex –, de Législation belge, de RefLex ou de SenLex, d’accéder directement
aux travaux préparatoires hébergés sur le site internet de l’assemblée dans laquelle les
discussions du projet ou de la proposition d’acte législatif se sont tenues.

Dans l’hypothèse où aucun de ces outils informatiques ne contient de lien vers les travaux
préparatoires d’une norme, il est possible d’accéder à ces derniers par le biais de leur référence.
Cette dernière peut notamment être trouvée sur Législation belge ou sur RefLex, ou encore en
marge de la publication de la norme au Moniteur belge (électronique ou « papier »)217.

À titre d’illustration, recherchons le projet de loi ayant mené à la loi du 30 août 2013 portant le
Code ferroviaire.

Dans l’hypothèse où le site consulté ne fournit pas l’hyperlien vers les travaux préparatoires, il
convient de travailler en deux temps : tout d’abord, il y a lieu de retrouver la référence aux
travaux préparatoires de cette loi, en consultant celle-ci au Moniteur belge, sur le site de la
Législation belge ou sur RefLex.

Sur le site de la Législation belge, par exemple, on trouvera l’indication suivante :

217
Ou sur SenLex pour les normes en matière institutionnelle.

151
Ensuite, il faut de se rendre sur le site de la Chambre des représentants (www.lachambre.be)
pour retrouver le dossier n°53-2855 auquel il est fait référence sur le site de la Législation belge.
Pour ce faire, cliquez sur la loupe « », en haut à droite de l’écran d’accueil. Cliquez ensuite
sur :

Recherche dans les bases de données


Fichier législatif

Il suffit alors de cocher la bonne législature et d’introduire le numéro du dossier dans le champ
de recherche, à savoir dans l’exemple, la législature 53 et le numéro de dossier 2855 :

Le résultat de votre recherche apparaît en bas de la page.

En sélectionnant le dossier concerné, on accède au lien vers chaque document parlementaire lié
à ce projet de loi (en ce compris les débats au Sénat). Celui qui nous intéresse – le projet de loi
avec l’exposé des motifs et l’avis du Conseil d’État (avis n°53.021/4) – porte le numéro de suite
001 :

Le même genre d’exercice peut être fait en allant consulter le site du Sénat (www.senate.be).

Rappelons également le site du Conseil d’État (www.raadvst-consetat.be), sur lequel sont (ou
vont être) désormais publiés les avis de la section de législation du Conseil d’État (cf. supra,
leçon IV).

152
Quant aux normes émanant des entités fédérées, leurs travaux préparatoires respectifs sont
publiés sur le site de chaque parlement concerné, dont les principaux sont :

- Région wallonne : parlement-wallonie.be


- Flandre : vlaamsparlement.be
- Communauté française : pfwb.be
- Région de Bruxelles-Capitale : parlement.brussels

Tous les liens peuvent être trouvés sur le site-coupole de la Banque Carrefour de la Législation
(www.belgiquelex.be - cf. supra, section 1).

153
CHAPITRE II. EXERCICES AU DÉPART DES
DIFFÉRENTES BANQUES DE DONNÉES
INFORMATIQUES ENSEIGNÉES
Quelques exercices sont proposés ici, se rapportant aux actes normatifs d’abord (section 1), à
leurs travaux préparatoires ensuite (section 2), dans le dessein de permettre aux étudiant.e.s
d’appliquer ce qui a été enseigné dans le chapitre précédent.

SECTION 1. LES ACTES NORMATIFS

§1. Site Moniteur belge


1) Comment se rendre sur le site ?
2) Le Moniteur belge du jour contient-il des sources homogènes ou hétéroclites ?
3) Expliquer, à partir du sommaire du Moniteur du jour, la différence entre la date de la
source et celle de sa publication ?
4) Où trouver la version « papier » du Moniteur belge (sous format PDF) ?
5) Quel intérêt revêt celle-ci ?
6) Peut-on, via le sommaire du Moniteur belge du jour, chercher une source législative
passée ?
7) Le Moniteur belge paraît-il le dimanche ? Et le samedi ?
8) Les vieilles sources sont-elles répertoriées ?
9) À partir de quand, approximativement, les sources sont-elles répertoriées (avec un
degré suffisant de systématicité) ?
10) Trouve-t-on sur ce site la loi du 1er juillet 2006 modifiant des dispositions du Code civil
relatives à l'établissement de la filiation et aux effets de celle-ci ?
11) Et la loi du 31 mars 1987 modifiant diverses dispositions légales relatives à la filiation ?
12) Pourquoi, en encodant le verbo « Reconnaissance de paternité » dans « Texte », est-on
renvoyé — entre autres — à un arrêté bruxellois portant le statut administratif et
pécuniaire des agents de l'Agence du stationnement de la Région de Bruxelles-Capitale
(arrêté qui, manifestement, est totalement étranger à notre matière) ?
13) Comment trouver des sources contenant l’expression exacte « Reconnaissance de
paternité » à l’aide du moteur de recherche du Moniteur belge ?
14) Comment écarter les sources « parasites » relatives aux agents de stationnement ?
15) Que faire lorsqu’on a essayé toutes les combinaisons possibles avec le thème donné et
qu’aucune ne fournit de résultat probant ?
16) Faut-il toujours cliquer sur « page suivante » pour voir la suite des résultats ?
17) Comment, dans une longue source, trouver directement le mot recherché ?
18) Pourquoi ne trouve-t-on pas le Code civil sur ce site ?
19) La loi du 16 juillet 2004 portant le Code de droit international privé (qui, en ses articles
61 et suivants, règle notamment les questions de compétence internationale en matière
de filiation) est-elle à jour, tel que présentée sur ce site ? Et y renseigne-t-on les arrêtés
d’exécution ?

154
§2. Site Législation belge consolidée
1) Comment se rendre sur le site ?
2) Trouve-t-on sur ce site la loi du 1er juillet 2006 modifiant des dispositions du Code civil
relatives à l'établissement de la filiation et aux effets de celle-ci ?
3) Et la loi du 31 mars 1987 modifiant diverses dispositions légales relatives à la filiation ?
4) Par quel moyen retrouver rapidement le Code pénal ou le Code de droit économique en
vigueur actuellement ?
5) Trouver, dans la section de l’ancien Code civil relative à la reconnaissance de paternité,
un article abrogé. Et des œuvres de quelle loi ?
6) Quand a été promulgué l’article 319 de l’ancien Code civil tel qu’il est en vigueur
aujourd’hui ?
7) Et l’article 321 ?
8) Et le début de l’article 325 ? Et la fin ?
9) Ce site renseigne-t-il les arrêtés d’exécution ?
10) Comment trouver un arrêté d’exécution concernant un article (du texte législatif de
base) en particulier ?
11) Les articles relatifs à la reconnaissance de paternité ont-ils fait l’objet d’arrêtés
d’exécution ?
12) Ce site répertorie-t-il, par ordre chronologique, les modifications ?
13) Finalement, la loi du 16 juillet 2004 portant le Code de droit international privé a-t-elle
subi des modifications ? Et a-t-elle fait l’objet d’arrêtés d’exécution ?

§3. Site RefLex


1) Comment se rendre sur le site ?
2) Quand la loi du 31 mars 1987 modifiant diverses dispositions légales relatives à la
filiation est-elle entrée en vigueur ?
3) A-t-elle été adoptée sous l’impulsion de sources de droit international ?
4) La loi du 31 mars 1987 a-t-elle fait l’objet de recours en annulation ? Et de recours sur
question préjudicielle ?
5) Où trouver ses travaux préparatoires ? Dispose-t-on là du contenu même des travaux
préparatoires ou simplement de la référence ?
6) Les articles du Code civil relatifs à la reconnaissance de paternité ont-ils fait l’objet
d’arrêtés d’exécution ?
7) L’article 360-1 de l’ancien Code civil relatif à l'établissement d'une adoption impliquant
le déplacement international d'un enfant a-t-il fait l’objet d’un arrêté d’exécution ?

§4. Site SenLex


1) Comment se rendre sur le site ?
2) Combien de résultats donne la recherche « armes » en « textes législatifs » ? Qu’est-ce
que cela signifie ? Tous les résultats sont-ils pertinents dans le cadre d’une recherche
générale sur la législation sur les armes ?
3) La même recherche, concentrée sur les travaux préparatoires, donne-t-elle des
résultats ? Si oui, sont-ils pertinents ?

155
4) Les travaux préparatoires trouvés sont-ils complets ? Si non, où trouver le document
entier ?
5) Qu’obtient-on en filtrant la même recherche avec « jurisprudence et avis » ?
6) Les arrêts de la Cour constitutionnelle et les avis de la section de législation du Conseil
d’État sont-ils fournis ici intégralement ? Si non, où peut-on les trouver en entier ?
7) Comment obtenir l’ensemble des documents pertinents vis-à-vis de l’article 6, §1er,
VIII, al. 1er, 1°, al. 1, de la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles ?
8) Outre les travaux parlementaires, la jurisprudence de la Cour constitutionnelle et la
« légisprudence » de la section de législation du Conseil d’État, SenLex fournit-il
d’autres informations dans les annotations ?
9) Comment faire une recherche sur un thème général, lorsqu’on ignore via quel terme de
recherche ou quel texte légal trouver réponse à sa question ?

§5. Site Jura


1) Comment se rendre sur le site ?
2) Que sont les « actualités » ?
3) Faut-il du temps à une loi pour être recensée dans Jura ?
4) Les mots tapés dans le champ de recherche sont-ils cherchés en un seul bloc ?
5) Peut-on mettre des abréviations dans le champ de recherche ? Et des dates ?
6) Est-il possible d’utiliser, dans sa recherche, des opérateurs logiques (« ou », « et », « et
pas ») ?
7) Est-il possible de limiter la recherche des sources à une date exacte (de promulgation
d’une loi, par exemple) ? Et à une période de temps plus large ?
8) Comment ne sélectionner, par exemple, que de la législation émanant des entités
fédérées ?
9) Comment mettre en ordre les nombreuses sources trouvées ?
10) Jura renseigne-t-il des sources en néerlandais ? Si oui, la source elle-même est-elle
traduite ? Ou les mots-clés ?
11) Que puis-je faire comme recherche si je ne suis pas sûr de la formulation juridique
exacte du verbo (usucapion par exemple) ?
12) Comment connaître le nombre global de sources trouvées ?
13) Les questions parlementaires sont-elles aussi répertoriées ? Si oui, sous quelle source
du droit ?
14) Dispose-t-on du texte intégral des sources trouvées ?
15) Comment consulter rapidement l’article 319bis de l’ancien Code civil par exemple ?
16) Que signifient, dans l’article 319 de l’ancien Code civil, les numéros placés en exposant
(à côté des crochets) ?
17) Sous cette disposition, quelle est la différence, dans les « Version(s) précédente(s) »,
entre « Historique du texte » et « Modifications antérieures » ?
18) Pourquoi n’y a-t-il pas d’exposant n°1 dans cette disposition ?
19) Est-il possible de prendre connaissance de la version précédente de cette disposition ?
20) Est-il possible de prendre connaissance de la version originale de cette disposition ?
21) Est-il possible de prendre connaissance du texte initial de l’article 68 de la loi du 3 juillet
1978 relative aux contrats de travail (avant abrogation) ?
22) Une fois qu’on clique sur « Versions précédentes », à quoi correspondent les dates de
la colonne de droite ?
23) L'ancien article 319bis de l’ancien Code civil, tel qu'applicable avant l'entrée en vigueur
de la loi du 19 septembre 2017, reste-t-il applicable aux reconnaissances qui ont été
effectuées avant l'entrée en vigueur de la loi modificative ?

156
24) L’article 329bis de l’ancien Code civil a-t-il fait l’objet d’un recours devant la Cour
constitutionnelle ? Si oui, de quelle nature (annulation ou question préjudicielle) ?
25) Quand l’article 329bis de l’ancien Code civil, tel que modifié par la loi du 17 mars 2013,
est-il rentré en application ? Et a-t-il été modifié depuis lors ?
26) Ce site renseigne-t-il les arrêtés d’exécution ? Chercher ceux du Code bruxellois du
logement par exemple.
27) Trouver, à partir du Code civil tel que présenté par Jura, des décisions
jurisprudentielles sur « l’examen du sang » décidé d’office par un juge ?
28) Comment, dans les sources relatives à la reconnaissance de paternité, ne sélectionner
que celles qui concernent des situations d’extranéité ?
29) Est-il possible de lancer une recherche Jura (multisources du droit donc) centrée
exclusivement sur les articles précis du Code civil qui sont afférents à la reconnaissance
de paternité (319 à 321) ?
30) L’article 152quiquies du Code wallon du logement et de l’habitat durable a-t-il été
validé (« bétonné ») par la Cour constitutionnelle ?
31) Et a-t-il fait l’objet d’un arrêté d’exécution ?
32) Est-il possible, pour chaque source trouvée, de voir sa place dans l’arborescence des
branches du droit ?
33) Que faire si on veut conserver certains documents trouvés en vue d’une utilisation
ultérieure (sans devoir recommencer toute la procédure de recherche) ?
34) Peut-on trouver une liste (récapitulative) des modifications d’une loi ?

SECTION 2. LES TRAVAUX PRÉPARATOIRES

§1. Législation fédérale


1) Comment, à partir de la version officielle de la loi du 30 novembre 1998 sur les
expulsions de logement (dénomination officieuse), trouver les références aux travaux
préparatoires ?
2) Que signifie le chiffre « 1157 » ? Et « 96/97 » ? Et les « n°» ?
3) Où et comment trouver ces travaux préparatoires ?
4) Que signifie le chiffre « 49 » précédent le numéro de dossier à la Chambre ? Et le « 1 »
au Sénat ? Pourquoi cette différence ?
5) Pourquoi, pour le même texte de loi (celui qui a trait aux expulsions de logement par
exemple), le numéro de dossier est-il différent d’une assemblée à l’autre ?
6) Combien de temps au global a-t il fallu à cette loi pour être adoptée ?
7) Existe-t-il un moyen plus rapide pour trouver les travaux préparatoires qu’encoder le
numéro de dossier sur le site de l’assemblée parlementaire concernée ?
8) Dans quel document exact trouve-t-on le texte tel qu’initialement proposé par son
auteur ? Et l’avis de la section de législation du Conseil d’État ?
9) Quelle est la différence, dans le n°1157/1, entre « Avant-projet de loi » (p. 8) et « Projet
de loi » (p. 16) ?
10) Comment trouver les (références aux) travaux préparatoires de la loi du 1er juillet 2006
modifiant des dispositions du Code civil relatives à l'établissement de la filiation et aux
effets de celle-ci ? Et ceux de la loi du 31 mars 1987 modifiant diverses dispositions
légales relatives à la filiation ?
11) Où trouver l’avis de la section de législation du Conseil d’État sur le projet de loi qui a
mené à la loi du 1er juillet 2006 ?
157
§2. Législation fédérée
1) Dans quel document exact peut-on rechercher la ratio legis de l’ordonnance du 30 avril
2009 sur les logements inoccupés ?
2) Le législateur wallon a-t-il tenu compte de l’avis du Conseil d’État en adoptant le décret
du 6 novembre 2008 sur la discrimination ?

158
LEÇON VII.
RECHERCHER
LA DOCTRINE
& LA JURISPRUDENCE :
LES OUTILS INFORMATIQUES
Salle informatique– 2h

Nous présenterons, tout d’abord, les outils informatiques qui permettent d’accéder à la doctrine
(chapitre I) et exposerons, ensuite, les sites pertinents pour une recherche de la jurisprudence
(chapitre II). Quelques exercices de recherche clôtureront la leçon (chapitre III).

CHAPITRE I. LA DOCTRINE
À l’heure actuelle, on l’a dit, ce sont essentiellement des sites privés – et donc payants – qui
permettent d’effectuer une recherche doctrinale de qualité. Les bases de données Jura (section
1) et Strada lex (section 2) doivent, à cet égard, être consultées par priorité. Au demeurant, le
site de la bibliothèque de l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, déjà décrit218, peut s’avérer être
d’un précieux secours (section 3).

SECTION 1. JURA
Cette banque de données a déjà été présentée (cf. supra, leçons III et VI).

Après l’introduction du ou des mots-clés idoines dans le champ de recherche simple, il est
possible d’utiliser le filtre « Doctrine » (ou « Jurisprudence ») de manière à limiter la liste des
résultats aux documents issus de la catégorie sélectionnée219.

Voy., par exemple, les résultats donnés après l’insertion des termes « déchéance » et
« nationalité » et la sélection du filtre « Doctrine ».

218
Au chapitre II de la leçon III.
219
Pour rappel, différentes techniques permettent d’affiner la liste des résultats. Tout d’abord, il est possible
d’utiliser les opérateurs dits booléens (AND, OR, NOT en anglais ; ET, OU, SAUF, en français) ou de sélectionner
certains champs spécifiques du formulaire de recherche avancée. Par ailleurs, il peut être intéressant d’utiliser des
guillemets (dans le champ de recherche générale), ce qui correspond à l’insertion d’une expression exacte (dans
le champ de recherche avancée).

159
En cliquant sur l’onglet « Liste de résultats étendue », l’utilisateur fera apparaître le
« sommaire », c’est-à-dire le plan du commentaire doctrinal en question.

À chaque résultat, Jura attache une classification et un ou plusieurs mots-clés dont on peut
mieux saisir la filiation220 en consultant l’arborescence située sur la gauche de l’écran.

220
Force est de constater que, pour chaque branche du droit, les mots-clés qui apparaissent en
premier correspondent généralement aux principales normes (par exemple, le Code civil ou, ici, le Code de la
nationalité belge) qui régissent telle ou telle matière. Jura semble ensuite suivre la structure de la législation en
question, tout en systématisant son contenu sous forme de verbo. Ceux-ci sont enchâssés, du reste, dans un ordre
de généralité décroissante.

160
Il est en outre conseillé de relancer, le cas échéant, une nouvelle recherche à partir du ou des
mots-clés pertinent(s) de l’arborescence de Jura. Voy., par exemple, le résultat avec
« Déclaration de nationalité (art. 12bis et 15) ».

Comme on peut le constater dans l’illustration ci-dessous, Jura donne des indications sur le
type d’étude doctrinale que constitue chaque résultat.

Dans l’exemple ci-dessus, on peut épingler une note d’arrêt (appelée « note de jurisprudence »
par Jura) (résultat n°1) et deux articles (résultats n°2 et 3), soit trois sources publiées dans des
revues. On aurait également pu y trouver des ouvrages ou des (contributions dans des) ouvrages
collectifs.

En cas de note d’arrêt, il est conseillé de cliquer sur le lien « Documents liés » pour obtenir la
référence complète – voire le texte intégral – de la décision commentée et avoir connaissance,
le cas échéant, de l’existence d’autres notes sur le même arrêt.

161
Ainsi, le chercheur (temporairement) déçu lorsqu’il constate que la bibliothèque n’est pas
abonnée à telle ou telle revue se consolera à l’aide des éventuelles autres notes – rédigées
éventuellement par des auteurs différents – dont est assortie telle décision. En l’espèce, l’arrêt
de la Cour d’appel de Bruxelles du 26 janvier 2009, publié dans la Revue du droit des étrangers
(Rev. dr. étr.) de 2009 à la p. 15221 fait l’objet d’un commentaire de B. RENAULD publié dans
la même revue aux pages 18 et 19. Un second commentaire fut également rédigé par C. AERTS
et publié dans une revue néerlandophone (Tijdschrift voor Vreemdelingenrecht – T. Vreemd.) à
la page 31.

Pour prendre connaissance de la référence des commentaires doctrinaux, il convient de cliquer


sur le lien de la décision (« Bruxelles (3e Ch.), n° 2007/AR/1456, 26 janvier 2009 (…) ») et de
se reporter ensuite à la rubrique « Documents liés » afférente à cette dernière.

Attention : certaines sources doctrinales sont reproduites en « texte intégral », d’autres


uniquement sous forme de « sommaire » (qui se réduit le plus souvent à un plan) ; ces dernières

221
Le numéro de page concerne la décision et non la note.

162
doivent faire l’objet d’une recherche complémentaire via d’autres outils donnant accès à leur
texte intégral.

SECTION 2. STRADA LEX


Cette base de données a également déjà été présentée (cf. supra, leçons III et VI).

Il est tout d’abord possible d’insérer librement les termes de sa recherche dans le formulaire du
moteur de recherche principal. À cet égard, dès lors que Strada lex offre un accès au texte
intégral des revues et ouvrages appartenant principalement à la maison d’édition Larcier222, son
moteur de recherche livre toutes les sources qui contiennent dans leur corps de texte – et non
uniquement dans leur sommaire – les mots-clés introduits. Ceci a notamment pour conséquence
que la recherche sur base de termes trop généraux soit renverra vers un nombre considérable de
sources, soit même indiquera le message suivant (pour une recherche avec « juge ») :

Le site Strada lex permet d’appliquer dès le lancement de la première recherche une série de
filtres, en cliquant sur l’onglet « filtre » situé juste en dessous de la barre de recherche.

222
En règle, à partir des années 2000 pour les revues et, dans la plupart des cas, à compter de 2009 pour les
ouvrages. Il faut bien entendu que la bibliothèque de Saint-Louis soit abonnée à ladite revue ou ait acquis (et
encodé) l’ouvrage convoité.

163
L’attention du chercheur doit être attirée sur le fait que, sur Strada lex, l’utilisation des
guillemets peut substantiellement et opportunément réduire le nombre de résultats obtenus.

Ainsi, lorsque l’on introduit, sans guillemets, les mots déchéance de nationalité, on reçoit le
message d’erreur indiquant que la recherche mène à trop de résultats (plus de 15.000 – cf.
supra).

Si, par contre, les mêmes mots déchéance de nationalité sont introduits avec guillemets, on
obtient 693 résultats.

164
Une fois cette recherche lancée, différents filtres, situés sous la barre de recherche, permettent
de limiter la liste des résultats. Ainsi, si l’on souhaite se focaliser sur la doctrine, il convient de
sélectionner la case « doctrine » dans la rubrique « Type »223.

En outre, chacun appréciera l’utilité des autres critères de sélection, tels que la langue224, la date
et le territoire225.

En ouvrant l’onglet « Sources », Strada lex indique le nombre de résultats pour chaque genre
de source – Sources officielles, Revues, Librairie, Législation Strada lex, Répertoire notarial –
et renseigne, le cas échéant, la (ou les) encyclopédie(s) et revue(s) concernée(s).

Dans l’exemple ci-dessus, Strada lex renseigne 18 articles publiés au Journal des tribunaux
(via l’onglet « revues »).

223
Il ne semble pas inutile de rappeler qu’après avoir coché « Doctrine », il convient de cliquer sur « appliquer ».
224
Les résultats sont toutefois naturellement filtrés en fonction de la langue dans laquelle les termes ont été
introduits dans le formulaire de recherche.
225
Par exemple, limitation de la recherche aux résultats « belgo-belges » ou, l’inverse, inclusion d’une dimension
de droit comparé, de droit européen ou encore de droit international.

165
Par ailleurs, l’on constate que la recherche donne 160 résultats pour le genre « Livres » (dans
l’onglet « sources »).

Cette catégorie de sources comprend les ouvrages (collectifs).

Le nombre de résultats n’équivaut pas au nombre d’ouvrages concernés. En effet, il arrive très

166
fréquemment que Strada lex divise une monographie (un e-book) en différents résultats. Par
ailleurs, un même livre peut contenir différentes contributions (ouvrage collectif).

L’un des plus gros atouts de Strada lex réside indéniablement dans cet accès « Livres »
combiné, le cas échéant, à une recherche des mots-clés dans le contenu intégral des ouvrages
qui y sont répertoriés.

Si l’on veut directement consulter une revue, il suffit de cliquer sur l’onglet « Revues » situé
en haut de la page.

Le symbole « cadenas » qui, rarement, peut apparaître signifie que la source convoitée ne fait
pas partie de l’abonnement pris par l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles. C’est, par exemple, le
cas pour la revue « Ad Rem » dans la capture d’écran ci-dessus.

SECTION 3. SITE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L’UNIVERSITÉ


Cette section est insérée pour mémoire ; à ce stade-ci des acquis délivrés par le cours de
Méthodologie juridique, elle croit utile de renvoyer explicitement l’étudiant.e à la leçon V,
chapitre II, §4 (cf. supra).

167
CHAPITRE II. LA JURISPRUDENCE
Contrairement à la recherche doctrinale (cf. supra, chapitre I), il convient de présenter les sites
publics, accessibles gratuitement (section 1), en sus des bases de données privées et payantes
(section 2).

SECTION 1. LES SITES PUBLICS DE JURISPRUDENCE


On distinguera la recherche d’une décision rendue par une juridiction de l’ordre judiciaire (§1)
de celle d’un arrêt de la Cour constitutionnelle (§2) ou du Conseil d’État (§3).

§1. Les juridictions de l’ordre judiciaire


Le site Juportal (https://juportal.be) permet d’accéder soit au texte intégral des décisions
jurisprudentielles récentes, soit aux références de décisions plus anciennes. Seule une partie de
la jurisprudence y est reprise. Plus haut une juridiction se situe dans les échelons de la pyramide
de l’ordre judiciaire, plus il y a de chance que ses décisions soient publiées (ce qui est donc
rarement le cas pour les jugements des juges de paix, contrairement aux arrêts de la Cour de
cassation).

S’il est possible de retrouver des arrêts de la Cour constitutionnelle et du Conseil d’État par
l’intermédiaire de ce site, on préfèrera les sites internet de ces juridictions (cf. infra, §2 et §3),
davantage exhaustifs.

Exemple : Recherchez un arrêt de la Cour de cassation de 2004 à propos des avantages sociaux.

Pour ce faire, il convient de :


- taper “avantages sociaux” dans la fenêtre “recherche en texte intégral”;
- cocher “Cour de cassation”, “arrêts” et “2004” dans la fenêtre “Options - “Sélections
Juridiction - Domaine juridique - Type - Année de publication”

168
Pour afficher les résultats, cliquez sur « Rechercher ».

169
Si l’on clique sur le résultat d’une recherche, Juportal affiche une nouvelle page reprenant le
sommaire226 (fiche 1), le texte intégral (également disponible en cliquant sur « Document
PDF », en bas de la page) et, le cas échéant, les conclusions du ministère public (ici : fiche 2).

§2. La Cour de cassation

Les arrêts publiés de la Cour de cassation sont disponibles en format électronique sur le site
internet de celle-ci (https://www.cass.be/).

Les arrêts rendus de 1790 à 1936 peuvent être consultés, en cliquant sur l’onglet « Jurisprudence
», puis « Pasicrisie ». Cet onglet contient en effet la numérisation des revues de la Pasicrisie
ayant publié les arrêts de la Cour durant cette période227.

Les arrêts rendus de 1937 à 2015 peuvent, quant à eux, être consultés via l’onglet « Arrêts de
la Cour », en sélectionnant la date de leur prononcé.

Enfin, les arrêts rendus après 2015 peuvent être consultés sur le site Juportal228.
Outre la publication des arrêts, le site de la Cour de cassation propose également le sommaire
des arrêts publiés de 1994 à ce jour. Deux types de classement sont proposés :

226
Dans l’onglet « sommaire », il est également possible de voir si la décision recensée a fait l’objet d’une
publication. Cet onglet peut être particulièrement utile dans l’hypothèse où le texte intégral de la décision n’est
pas disponible. En renseignant la référence de sa publication, il permet de la retrouver au sein d’une bibliothèque.
L’outil, toutefois, est peu fiable (en ce sens que les publications papier ne sont pas toutes recensées). Sous l’onglet
« sommaire », l’on peut également retrouver les conclusions du ministère public.
227
À propos de cette revue, voy. supra, Leçon IV, Ch. II, section 2
228
Voy. supra, §1er.

170
- La section « Libercas » permet de consulter l’ensemble des sommaires des arrêts rendus,
par année de publication, selon un classement par mots-clés en fonction de la thématique
abordée dans chaque arrêt.

Par exemple, en sélectionnant le mois de janvier 2016, l’on obtient :

- La section « Casslex » permet, quant à elle, de consulter le sommaire des arrêts, selon
un classement par périodes, et en fonction des dispositions légales visées dans ces arrêts.

Par exemple, en sélectionnant la période 2015-2023, l’on obtient :

- « Libercas » et « Casslex » font l’objet de publications distinctes : une en français et une


en néerlandais. Dès lors, le site comprend également une section « Tradcas » bilingue
qui contient les mêmes données que « Libercas » et « Casslex » en mettant les arrêts et
leur traduction en vis-à-vis, classés par ordre de numéro de rôle.

§3. La Cour constitutionnelle


L’ensemble des arrêts rendus par la Cour constitutionnelle est disponible en format électronique
sur le site internet de cette dernière (http://www.const-court.be/).

Dans l’hypothèse où le numéro de l’arrêt (ou simplement la date du prononcé) est connu, il
suffit de cliquer sur « Jurisprudence » puis « Arrêts ». Sélectionnez ensuite l’année à laquelle
la décision a été rendue dans le menu déroulant en haut de l’écran (l’année correspond aux
171
quatre derniers chiffres du numéro de l’arrêt). Cliquez enfin sur le numéro de l’arrêt (signe
PDF) pour l’afficher.

Ce site permet également d’effectuer des recherches, en cliquant sur « Rechercher » toujours
sous l’onglet « Jurisprudence ».

Ainsi, le plus simple pour rechercher un arrêt de la Cour constitutionnelle consiste à insérer le
numéro (p. ex. 96/2013) dans le formulaire de recherche intitulé « Arrêts », en cochant numéro
de rôle.

Parmi les divers paramètres de recherche proposés, il y a la recherche par « Normes ». Elle vous

172
permet, d’une part, d’afficher l’ensemble des arrêts rendus sur la violation alléguée d’une
disposition constitutionnelle (appelées normes de contrôle ou normes de référence) et, d’autre
part, d’afficher l’ensemble des arrêts rendus sur une norme contrôlée.

Exemple : Cherchez de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle sur la liberté d’association (article


27 de la Constitution).

Recherche :

173
Résultat :

D’autre part, il est possible de rechercher des arrêts via le paramètre « Normes contrôlées ». Le
site fournit alors l’ensemble des arrêts rendus à propos de telle disposition légale, décrétale ou
ordonnancielle, qui a été soumise à la Cour aux fins d’en vérifier la conformité à la Constitution.

À propos de la Cour constitutionnelle, il peut être intéressant de consulter le site de la Chambre


des représentants (http://www.lachambre.be, cliquer sur « Publications » et ensuite « Résumés
arrêts Cour constitutionnelle ») pour obtenir des analyses succinctes de certains arrêts de la
Cour, ou le site RefLex du Conseil d’État (http://reflex.raadvst-consetat.be, cliquer sur « Cour
constitutionnelle ») pour bénéficier d’informations annexes à ces arrêts, que ceux-ci soient
rendus sur question préjudicielle, recours en annulation ou encore demande en suspension.

174
§4. Le Conseil d’État (section du contentieux administratif)
Sur le site internet du Conseil d’État (http://www.raadvst-consetat.be/), outre qu’il est
désormais possible de retrouver les avis de la section de législation – qui, pour rappel, ne
constituent pas de la jurisprudence, mais bien de la « pré-législation », et qui sont, dès lors,
également publiés dans les documents parlementaires –, l’on peut consulter les arrêts rendus à
partir de 1994 par la section du contentieux administratif. Pour les arrêts d’avant cette date,
seule existe la version « papier » de ces décisions publiée au sein du Recueil des arrêts du
Conseil d’État (R.A.C.E.), disponible en bibliothèque.

À partir de l’écran d’accueil, pour entreprendre la recherche d’un arrêt de la section du


contentieux administratif, il faut cliquer sur le lien « Vers le formulaire de recherche ».

La date, le nom du requérant, le numéro de l’arrêt ou tous mots figurant dans les motifs peuvent
être introduits dans le formulaire rudimentaire de recherche générale. Le menu défilant permet
d’utiliser les opérateurs booléens. Par défaut, la recherche est unilingue. Si seul « français » est
coché, les arrêts rendus en langue néerlandaise ne figureront pas parmi les résultats.

175
Compte tenu de l’abondante jurisprudence du Conseil d’État, on n’hésitera pas à privilégier la
« Recherche avancée » ou le lien JuriDict, qui épouse une structure arborescente pouvant
s’avérer très utile.

Pour aller plus loin

La base de données HUDOC (http://hudoc.echr.coe.int) donne accès à l’ensemble de la jurisprudence de la Cour


européenne des droits de l’homme.

Particulièrement intuitive, son interface n’appelle pas de présentation détaillée. Pour l’utilisation de la recherche
générale, des filtres ou de la recherche avancée, il est dès lors renvoyé aux développements précédents.

SECTION 2 : LES BASES DE DONNÉES PRIVÉES DE


JURISPRUDENCE
Nous présenterons, respectivement, les fonctionnalités de Jura (§1) et de Strada lex (§2).

§1. Jura
Le site de Jura comporte de nombreux atouts. Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que le
champ de recherche simple est « intelligent » en ce sens qu’il comprend les abréviations (par
exemple, Cass, CC) et tient compte des synonymes. Le formulaire de recherche avancée (tri
possible par date et par juridiction) permet, sans conteste, d’affiner la liste des résultats. Enfin,
l’arborescence des mots-clés, évoquée supra pour la recherche de la doctrine, constitue un
précieux outil afin de ne retenir que les résultats (les plus) pertinents.

Voy., par exemple, les résultats donnés après l’insertion des termes « déchéance » et
« nationalité » et la sélection du filtre « Jurisprudence ».

176
Les résultats sont classés par ordre de pertinence mais il est possible de modifier le critère de
classement.

En cliquant sur l’onglet « Liste des résultats étendue », l’utilisateur pourra apercevoir le
sommaire – le résumé officieux – des décisions retenues.

En outre, Jura présente l’avantage de mentionner la (ou les) revue(s) dans laquelle (ou
lesquelles) est publiée une décision et de renseigner si celle-ci est assortie d’une note, c’est-à-
dire d’un commentaire229.

229
Le cas échéant, la référence complète du commentaire doctrinal – de la note – est accessible via l’hyperlien
« Documents liés ». Les sources, dont le texte intégral est disponible, apparaissent en bleu.

177
§2. Strada lex
En ce qui concerne la jurisprudence, l’intérêt de Strada lex tient essentiellement en ce que cette
banque de données permet d’accéder au contenu intégral des revues appartenant principalement
à la maison d’édition Larcier.

Exemple : Recherchez sur Strada lex la référence suivante : Civ. Liège (3e ch.), 16 mai 2008, Rev. trim.
dr. fam., 2009, p. 214.

La recherche sur Strada lex peut s’avérer parfois complexe. Concernant cette décision, elle peut
donner un beaucoup trop grand nombre de résultats (si on introduit la première partie de la
référence) ou des résultats non pertinents (si on introduit la référence en entier).

Il convient alors d’effectuer une recherche directement dans l’onglet « revues » en haut de
l’écran (et choisir la Revue trimestrielle de droit familial de 2009), ou d’affiner les critères de
recherche via les « filtres & tris » dans le bandeau à gauche de l’écran (en sélectionnant par
exemple « jurisprudence » et « R.T.D.F. » dans l’onglet source – revues). Il s’agit ici du 2e
résultat.

178
179
CHAPITRE III. EXERCICES AU DÉPART DES
DIFFÉRENTES BANQUES DE DONNÉES
INFORMATIQUES ENSEIGNÉES
Quelques exercices230 sont proposés ici, en doctrine d’abord (section 1), en jurisprudence
ensuite (section 2), dans le dessein de permettre aux étudiant.e.s d’appliquer ce qui a été
enseigné dans les deux chapitres précédents.

SECTION 1. LA DOCTRINE

§1. Site Jura


1) Dans quel ordre apparaissent les sources trouvées quand on tape le nom d’un auteur
dans le champ central de recherche de Jura ? Essayez avec « Mathieu G. » (avec
guillemets) par exemple.
2) Taper « Covid 19 » et « télétravail » (sans guillemets) dans Jura, et prendre (en cliquant
sur « doctrine ») la source « GILMAN, J., GUTMER, V., LAMBINET, F., NEVEN, J.,
Covid 19 et télétravail obligatoire : réflexions autour d’un paradoxe, J.T.T. 2020, liv.
1365, 215-226 ». A-t-on affaire à un article de revue ou à un ouvrage ?
3) Que recouvre le « sommaire » proposé par Jura ? Peut-on l’assimiler aux sommaires
communément utilisés en jurisprudence ?
4) Que faut-il faire pour décoder l’acronyme proposé par Jura ?
5) Taper « eau » et « Bruxelles » (sans guillemets) dans Jura, et prendre (en cliquant sur
« doctrine ») la source « X., Le droit bruxellois. Un bilan après 25 ans d’application
(1989-2014) ». À quel type de source doctrinale a-t-on affaire ? Que signifie ce « X » ?
6) Est-il possible, sur Jura, d’orienter sa recherche en fonction uniquement des sources
disponibles en texte intégral ?
7) Des ouvrages (et non plus seulement des articles de revue ou des décisions de justice)
sont-ils également disponibles en accès libre sur Jura ?
8) Essayez de retrouver le mot-clé de l’arborescence de Jura qui correspond le plus au
thème de votre travail de méthodologie juridique.

§2. Site Strada lex


1) Quel est l’intérêt d’effectuer une recherche par mots-clés sur Strada lex (en comparaison
à Jura) ?
2) Puis-je avoir accès au contenu intégral de certaines revues sur Strada lex ? Citez-en
cinq.

230
Les références figurant dans les exercices ci-dessous sont souvent la reproduction de celles fournies par le site
concerné par ces exercices ; elles figurent alors entre guillemets. Elles ne correspondent que rarement aux canons
référentiels enseignés dans le cadre du cours (cf. Guide des citations). C’est naturellement ces derniers que les
étudiant.e.s doivent observer dans le cadre de leur travail.

180
3) Est-il possible de mener une recherche sur les pratiques commerciales
déloyales, uniquement en doctrine et uniquement en néerlandais ? Si oui, comment
faire ?
4) Comment procéder pour trouver rapidement la source intitulée « Libre circulation des
personnes dans l'Union européenne » et rédigée par Jean-Yves Carlier et Pieter-
Augustijn Van Malleghem (2020) ? A-t-on affaire à un article de revue ou à un
ouvrage ? Existe-t-il une autre voie pour atteindre cette source ?
5) Taper « La perte silencieuse de la nationalité » (avec guillemets) et sélectionner la
source rédigée par P. Wautelet. De quoi s’agit-il ? Que faut-il faire pour décoder
l’acronyme proposé par Strada lex ?
6) Comment retrouver rapidement le résultat des recherches menées aux points 4, 5 et 6 ?
7) Comment trouver les ouvrages, ou parties d’ouvrages, qui portent sur la responsabilité
des médias ? Existe-t-il plusieurs façons d’y parvenir ?

§3. Site de la bibliothèque de l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles


1) Que va-t-on trouver si on tape le titre de l’article de D. de Jonghe et M. Doutrepont,
« Le Code de la nationalité belge, version 2013. De "Sois Belge et intègre-toi" à
"Intègre-toi et sois Belge" … » dans le moteur de recherche de la bibliothèque de
l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles ? De manière générale, cette source est-elle
disponible dans cette bibliothèque ? Pourquoi ?
2) Que va-t-on trouver si on tape le titre de l’article de M. Delnoy, « La licéité des baux au
regard de la police de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme » dans le moteur
de recherche de la bibliothèque de l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles ? De manière
générale, cette source est-elle disponible dans cette bibliothèque ? Pourquoi ?
3) Dans quelle(s) bibliothèque(s) de Belgique peut-on trouver cette source ? Que faire si
on n’a pas la possibilité de s’y rendre ?
4) Doit-on se rendre dans une bibliothèque pour prendre connaissance d’un article publié
dans une des revues suivantes : Revue générale de droit civil, Revue de droit communal,
Aménagement-environnement, Chroniques de droit social ? Quid si l’article est paru
dans une des revues suivantes : Journal des tribunaux, Jurisprudence de Liège, Mons
et Bruxelles, Journal de droit européen, Journal des tribunaux du travail ? Cela change-
t-il quelque chose si l’article paru dans le Journal des tribunaux par exemple date de
1980 ?
5) Quid du Journal des juges de paix ?
6) À quelle cote se trouve, dans la bibliothèque, le Journal des juges de paix ? Et le Journal
des tribunaux ?
7) Que signifie « Ressource électronique » à côté d’un nom de revue ?
8) Que puis-je faire si je cherche un ouvrage de Massager mais que je ne me rappelle plus
l’orthographe de la finale de son nom (« Massager » ou « Massagé ») ?
9) Que puis-je faire si je cherche la cote de la J.L.M.B. mais que je ne me rappelle pas la
signification de cet acronyme (et que je n’ai pas le Guide des citations sous la main) ?
10) Que peut-on faire pour se rappeler les recherches déjà entreprises ?

181
§5. Jura ou Strada lex ?
Où peut-on trouver le texte intégral de :

1) l’ouvrage de CULOT, A., Manuel des droits de succession, 8e éd., Bruxelles, Larcier,
2018 ?
2) les observations de P. HENRY, « J’irai cracher sur vos bombes… », publiées, sous une
décision du Tribunal de l’entreprise francophone de Bruxelles, dans la « J.L.M.B. 2020,
liv. 27, 1277-1281 » ?
3) « X., Meemoeder, NjW, 2015, liv. 314, 13-14 » ?

SECTION 2. LA JURISPRUDENCE

§1. Site Juportal


1) Où trouver ce site ?
2) Puis-je y trouver la jurisprudence émanant des juridictions supranationales ?
3) Juportal renseigne-t-il beaucoup de décisions émanant de juridictions – nationales – de
fond (justice de paix par exemple) ? Comparer avec les décisions de cours d’appel par
exemple.
4) Le nombre de résultats équivaut-il au nombre de décisions différentes ?
5) Où voir si la décision recensée a fait l’objet d’une publication « papier » ?
6) Trouvez la décision rendue par le tribunal de première instance de Nivelles, en date du
9 novembre 1990.
7) Existe-t-il un site spécifique pour la jurisprudence du Conseil d’État ? De la Cour
constitutionnelle ? De la Cour de cassation ?

§2. Site du Conseil d’État (section du contentieux administratif)


1) Comment trouver l’arrêt 82.382 ? Et l’arrêt 90.902 ?
2) Comment se fait-il que la recherche via les mots-clés « expulsion logement » renseigne
l’arrêt 103.845 qui, pourtant, ne contient pas le mot « expulsion » ?
3) Est-il possible de faire une recherche en ciblant une matière bien déterminée ?

§3. Site de la Cour constitutionnelle


1) Est-il possible de trouver la liste des affaires déjà introduites mais pas encore tranchées ?
2) Comment trouver l’arrêt 144/2010 ?
3) La recension des arrêts est-elle exhaustive ?
4) Est-il possible de trier les arrêts en fonction des normes contrôlées ? Et des normes de
référence ?
5) Que faire pour pallier le manque de sophistication du moteur de recherche du site de la
Cour constitutionnelle ?

182
§4. Jura ou Strada lex ?

Où peut-on trouver le texte intégral de :

1) l’arrêt 69/2005 de la Cour d’arbitrage ? Et quid de l’arrêt 202/2019 de la Cour


constitutionnelle ?
2) la décision suivante en matière de filiation : « J.P. Torhout 2 décembre 2003 J.J.P.
2007, liv. 5-8, 279 » ?
3) la décision suivante en matière de respect de l’environnement : Corr. Mons (12e ch.), 9
août 2018, Dr. pén. entr., 2019, p. 327 (sachant qu’il s’agit d’une revue intitulée Droit
pénal de l’entreprise, non répertoriée dans le Guide des citations) ?
4) la décision suivante en matière de droits de la défense : Bruxelles, 8 avril 2016, Rev.
dr. pén. crim., 2016, p. 849 ?
5) la décision au sujet de laquelle vous n’avez que les renseignements suivants : « Cass.
A.R. C.99.0111.N, 4 novembre 1999 » ? Comparez avec Juportal.

183
LEÇON VIII.
LES RÉFÉRENCES
Séance plénière – 2h

Comment déchiffrer les références fournies par les banques de données informatiques ?
Comment, par ailleurs, une fois rassemblée la documentation afférente à une thématique
donnée, y faire référence au sein d’un travail écrit ? Plus fondamentalement, quels objectifs le
référencement poursuit-il et quelles sont les directives générales à observer en la matière ?

Pour répondre à ces questions, cardinales dans une matière comme la méthodologie juridique,
le Guide des citations, références et abréviations juridiques, dans sa sixième édition
(coordonnée et — en partie — rédigée par les (ex-)enseignant.e.s du cours de Méthodologie
juridique à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles), prend le relais du présent syllabus231.
L’attention de l’étudiant.e est attirée sur le fait que l’ensemble de cette leçon se trouve
synthétisé dans le powerpoint récapitulatif232.

LEÇON IX.
EXERCICES RÉCAPITULATIFS
DE RECHERCHE ET DE
RÉFÉRENCES
Salle informatique– 2h

RECHERCHE
Ces exercices seront résolus par groupe de deux ou trois étudiant.e.s en salle informatique. Des
exercices de recherche en bibliothèque sont proposés (en caractère 10) en fin de leçon ; ils ne
seront toutefois pas résolus au cours.

SECTION 1. LÉGISLATION
1. a. À propos du droit à un logement décent, trouver la version (originale) néerlandaise
du terme « décent » utilisé par le Code flamand du logement (prenez l’article 3 de ce

231
Éventuellement, les enseignant.e.s indiqueront au cours les numéros de paragraphes précis du Guide qui
forment matière d’examen.
232
Et qui constitue également (et intégralement) matière d’examen.

184
Code) ?
b. Est-ce la même acception, en néerlandais, que la formule (identique en français)
utilisée par l’article 23, al. 3, 3°, de la Constitution ?
2. Trouver la loi réglementant la vente de dentelles véritables. Est-elle toujours en
vigueur ?
3. La loi relative aux pratiques du marché et à la protection du consommateur est-elle
toujours en vigueur ? Si non, est-elle toujours d’application, sous une autre forme ?
4. a. Trouver la loi du 20 septembre 1948 portant organisation de l'économie. Est-elle
toujours en vigueur ?
b. De cette loi, trouver les arrêtés d’exécution.
5. Trouver la loi sur les C.P.A.S. actuellement en vigueur. De quand date-t-elle ?
6. Jusque quand l'Édit de Charles V du 10 décembre 1547 relatif aux épaves était-il
encore en vigueur ? Quel jour exact ?
7. À quel(s) article(s) du Code des impôts sur les revenus trouve-t-on le régime de la
réclamation contre le revenu cadastral ?
8. De quand date l’article 6 de l’Ancien Code civil ?
9. a. Quelle est la version initiale de l’article 162 de l’Ancien Code civil ?
b. Quel est l’objet de la modification apportée à cet article en 2003 ?
10. Trouver l’arrêté d’exécution de l’article de l’Ancien Code civil relatif à la
responsabilité des hôteliers en matière de dépôt nécessaire.
11. En 2008, le Code judiciaire a-t-il fait l’objet d’arrêt(s) rendu(s) par la Cour
constitutionnelle sur question préjudicielle ? Si oui, combien ? Avec quel résultat ?
12. a. Trouver les travaux préparatoires de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de
travail.
b. Et, plus spécifiquement, l’avis du Conseil d’État (dans les travaux préparatoires
trouvés, et non sur le site du Conseil d’État).
c. Y a-t-il eu des amendements ?
13. a. L’article 1 :36 du Code des sociétés et des associations a-t-il été récemment
modifié ?
b. Si oui, expliquez le délai écoulé entre la promulgation, la publication et l’entrée en
vigueur de la modification.
14. La loi de 1991 modifiant et complétant les dispositions du code civil relatives aux baux
à loyer s’est-elle appliquée aux baux signés avant son entrée en vigueur ? Ou
uniquement aux nouveaux contrats ?
15. Combien d’arrêtés d’exécution la loi sur le droit à l’intégration sociale a-t-elle connus
?
16. a. Quel est l’intitulé complet et exact de la « loi Breyne » ?
b. Rechercher les travaux préparatoires de cette loi.

SECTION 2. DOCTRINE
1. Trouver un article de doctrine concernant la règle du Code d’instruction criminelle
relative à l’audition des témoins par vidéoconférence.
2. Trouver en texte intégral une observation d’Étienne Montero sur les bâtiments menaçant
ruine, parue dans la J.L.M.B. Quelle est la page de début ?
3. Trouver en texte intégral un article de Patrick Wéry sur la prescription biennale, paru
dans la R.G.D.C. Quelle est la page de début ?
4. Trouver, en texte intégral, l’ouvrage d’Yves-Henri LELEU intitulé « Droit des
personnes et des familles », en sa 4e édition.

185
5. Quelle est la cote, en bibliothèque de droit de Saint-Louis, de la R.B.D.C. ?
6. Les mélanges Fernand Dehousse sont-ils disponibles en bibliothèque de droit de Saint-
Louis ? Si oui, à quelle cote ? Sont-ils disponibles ailleurs ?
7. a. Rechercher la note portant sur la décision – relative à la loi Breyne – du tribunal de
première instance de Gand du 7 avril 2009.
b. La décision du 7 avril 2009 mentionnée ci-dessus a-t-elle été publiée dans d’autres
revues que celle visée à la question précédente ? Lesquelles ?
8. Rechercher deux études de 2010 qu’H. Jacquemin a consacrées à la question du
formalisme comme outil de protection de la partie faible en matière contractuelle. Ces
études se présentent-elles sous des formes différentes ? (Question en lien avec les leçons
suivantes : Si oui, cela a-t-il une incidence sur leur référencement ? En faire les références.)
9. Rechercher une monographie consacrée aux jeux et paris.
10. Rechercher la chronique de jurisprudence la plus récente qui traite de la liberté
d’enseignement. (Question en lien avec les leçons suivantes : en faire la référence.)
11. Deux jugements rendus en 2008, émanant de juges de paix, et publiés dans le J.J.P., ont
fait l’objet d’observations portant sur les difficultés liées à la garantie locative.
Rechercher cette note. (Question en lien avec les leçons suivantes : en faire la référence (comme en
bibliographie).)

SECTION 3. JURISPRUDENCE
1. De combien d’arrêts de la Cour constitutionnelle le Code wallon du logement a-t-il fait
l’objet ? Et quels articles étaient concernés ?
2. a. Trouver l’arrêt n°69.901 du Conseil d’État.
b. Et l’arrêt n°152.036.
3. Trouver un arrêt de la Cour de cassation concernant l’article 432 du Code pénal (qui
concerne une infraction).
4. a. Combien d’arrêts de la Cour de cassation rendus le 17 janvier 2011 Juportal recense-
t-il ?
b. Et Jura ? Et Strada lex ?
5. Trouver une décision du Juge de paix de Fontaine-l’Évêque du 23 février 2015.
Commencez-vous par Juportal ?
6. Sur Strada, trouver la décision du Tribunal de la famille du Hainaut, division Mons, du
12 février 2021.
7. Sur Jura, trouver une décision du Tribunal de première instance de Namur du 18 mars
2013. S’agit-il d’un jugement ou d’un arrêt ? Pourquoi ?
8. Sur Juportal, trouver deux arrêts de la Cour de cassation du 22 janvier 2014 :
P.13.1828.F et P.13.1496.F. (Question en lien avec les leçons antérieures : La Cour prend-elle la
même décision dans les deux cas ? Quelle(s) conséquence(s) cela a-t-il ?)
9. Sur Jura, trouver l’arrêt rendu par la Cour de cassation le 21 mai 2015 : F.14.0155.F.
A-t il fait l’objet de plusieurs publications ? (Question en lien avec les leçons antérieures : Si
oui, comparer les sources et identifier les éléments officiels et non officiels.)
10. Trouver le texte intégral du jugement rendu le 29 avril 2015 par le Tribunal de la famille
de Bruxelles en matière de pension après divorce.
11. Trouver le texte intégral de la décision rendue le 17 juin 2013 par le Juge de paix de
Fléron.

Un corrigé type de l’ensemble des exercices de cette leçon sera posté sur Moodle
à l’issue de celle-ci.
186
Pour aller plus loin (exercices récapitulatifs de recherche en bibliothèque)

SECTION 1. LEGISLATION

1. Rechercher de la législation afférente au verbo « indemnités de procédure »


2. Rechercher de la législation afférente au verbo « tribunal d’application des peines »

SECTION 2. DOCTRINE

1. Rechercher (à partir de cette référence Jura) WERY, P., Droit des obligations - Volume 1. Théorie générale
des contrats
2. Rechercher (à partir de cette référence Jura) VAN DROOGHENBROECK, S., La Cour de Strasbourg
respecte-t-elle l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme?, J.T. 2007, liv. 6265, 316-
317
3. Rechercher (à partir de cette référence Jura) VAN DROOGHENBROECK, S., Conflits entre droits
fondamentaux, pondération des intérêts: fausses pistes (?) et vrais problèmes Doctrine - Contributions dans un
livre - Dans: X., Les droits de la personnalité, 299-346
4. Rechercher (à partir de cette référence Jura) BAUDONCQ, F., VIAENE, T., Procedurele aspecten inzake
privaatrechtelijke erfdienstbaarheden Doctrine - Monographies - 2009.
5. Rechercher (à partir de cette référence Jura) BEERNAERT, M., Le statut juridique externe des condamnés à
des peines privatives de liberté de trois ans ou moins Doctrine - Contributions dans un livre - Dans: X.,
L'exécution des peines privatives de liberté. Regards croisés, 197-248 – 2009.
6. Rechercher (à partir de cette référence Jura) MICHIELS, O., MONVILLE, P., La répétabilité des frais de
défense en matière pénale, oui mais... Doctrine - Contributions dans un livre - Dans: X., Actualités de droit
pénal et de procédure pénale, 287-314
7. Rechercher (à partir de cette référence Jura) GERADIN, J., La mission d'indemnisation du Fonds commun de
garantie automobile depuis la loi du 22 août 2002, R.G.A.R. 2004, liv. 9, n°13922, 14 p.
8. Rechercher (à partir de cette référence Jura) DE NAUW, A. et KUTY, F., Examen de jurisprudence (2000 à 2007)
– Droit pénal général, R.C.J.B., 2010, liv. 2, 223-420
9. Le concept – obsolète – d’avoué a fait l’objet d’un commentaire dans une encyclopédie (le R.P.D.B.).
Rechercher cette étude doctrinale.

SECTION 3. JURISPRUDENCE

1. Rechercher (à partir de cette référence Jura) C.C. n°182/2008, 18 décembre 2008


2. Rechercher (à partir de cette référence Jura) Cass. (1re ch.) RG C.05.0328.F, 27 juin 2008 (K.J. / Z.J.-P., K.T.
en présence de Z.I., Z.L.)
3. Rechercher (à partir de cette référence Jura) J.P. Bruxelles (4) 8 février 2008 J.T. 2008, liv. 6308, 290 et note
- ; J.J.P. 2008, liv. 9-10, 367, note BOULARBAH, H

RÉFÉRENCES

Les exercices centrés sur les références sont proposés dans un powerpoint déposé sur moodle.
Un autre powerpoint, comprenant la résolution de ces exercices, sera posté sur Moodle à
l’issue de cette leçon.

187
TABLE DES MATIÈRES

LEÇON I. INTRODUCTION ET ELEMENTS DE THEORIE :


LEGISLATION .................................................................................................. 3

CHAPITRE I. INTRODUCTION ......................................................................................... 3


SECTION 1. L’OBJET DU COURS DE MÉTHODOLOGIE JURIDIQUE ........................... 3
SECTION 2. LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA MÉTHODOLOGIE JURIDIQUE .... 3
SECTION 3. LES OBJECTIFS ET MÉTHODES DU COURS DE MÉTHODOLOGIE
JURIDIQUE .............................................................................................................................. 7

CHAPITRE II. ÉLÉMENTS DE THÉORIE : LÉGISLATION ...................................... 16


SECTION 1. LES ACTES NORMATIFS .............................................................................. 16
SECTION 2. LES TRAVAUX PRÉPARATOIRES DES ACTES NORMATIFS ................ 25

LEÇON II. ELEMENTS DE THEORIE : DOCTRINE ET


JURISPRUDENCE .......................................................................................... 27

CHAPITRE I. ÉLÉMENTS DE THÉORIE : DOCTRINE .............................................. 27


SECTION 1. NOTION ............................................................................................................ 27
SECTION 2. TYPOLOGIE ..................................................................................................... 28
SECTION 3. PRINCIPES GÉNÉRAUX GOUVERNANT LA RECHERCHE
DOCTRINALE ....................................................................................................................... 34
SECTION 4. SUPPORTS : PREMIÈRE APPROCHE .......................................................... 35

CHAPITRE II. ÉLÉMENTS DE THÉORIE : JURISPRUDENCE ................................ 36


SECTION 1. DÉFINITION ET RÔLE DE LA JURISPRUDENCE ...................................... 36
SECTION 2. TYPOLOGIE DES DÉCISIONS DE JUSTICE ET PYRAMIDE
JUDICIAIRE... ........................................................................................................................ 38
SECTION 3. PRINCIPES GÉNÉRAUX GOUVERNANT LA RECHERCHE
JURISPRUDENTIELLE ......................................................................................................... 52
SECTION 4. SUPPORTS : PREMIÈRE APPROCHE .......................................................... 54

LEÇON III. COMPRENDRE ET RECHERCHER LA LEGISLATION 55

CHAPITRE I. LES ACTES NORMATIFS ........................................................................ 55


SECTION 1. LA COMPRÉHENSION DES ACTES NORMATIFS .................................... 56
SECTION 2. LA RECHERCHE DES ACTES NORMATIFS ............................................... 74

188
CHAPITRE II. LES TRAVAUX PRÉPARATOIRES DES ACTES NORMATIFS ..... 80
SECTION 1. LA COMPRÉHENSION DES TRAVAUX PRÉPARATOIRES ..................... 80
SECTION 2. LA RECHERCHE DES TRAVAUX PRÉPARATOIRES ............................... 84

LECON IV. COMPRENDRE & RECHERCHER LA DOCTRINE & LA


JURISPRUDENCE…………………………………………………………86

CHAPITRE I. COMPRENDRE ET RECHERCHER LA DOCTRINE ......................... 86


SECTION 1. LA COMPRÉHENSION DES SOURCES DOCTRINALES .......................... 86
SECTION 2. LA RECHERCHE DES SOURCES DOCTRINALES ..................................... 87

CHAPITRE II. COMPRENDRE ET RECHERCHER LA JURISPRUDENCE ........... 90


SECTION 1. LA COMPRÉHENSION DES SOURCES JURISPRUDENTIELLES ............ 90
SECTION 2. LA RECHERCHE DES SOURCES JURISPRUDENTIELLES .................... 102

LEÇON V. OUTILS DE RECHERCHE : BIBLIOTHEQUES ET BASES


DE DONNES + EXIGENCES DU TRAVAIL ECRIT ............................... 109

CHAPITRE I. DÉCOUVERTE DE LA BIBLIOTHÈQUE............................................ 109


SECTION 1. INITIATION À LA BIBLIOTHÈQUE DE DROIT ....................................... 110
SECTION 2. EXERCICES EN BIBLIOTHÈQUE ............................................................... 115

CHAPITRE II. PRÉSENTATION DES OUTILS INFORMATIQUES ........................ 117


SECTION 1. LES AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DES OUTILS INFORMATIQUES
117
SECTION 2. LES CARACTÉRISTIQUES DES PRINCIPAUX OUTILS
INFORMATIQUES .............................................................................................................. 118
SECTION 3. L’UTILISATION CHRONOLOGIQUEMENT COHÉRENTE DES OUTILS
INFORMATIQUES .............................................................................................................. 126

CHAPITRE III. EXIGENCES DU TRAVAIL ÉCRIT ................................................... 128


SECTION 1. LES DIRECTIVES FORMELLES ET MATÉRIELLES ............................... 129
SECTION 2. LE DISPOSITIF PÉDAGOGIQUE ................................................................ 136
SECTION 3. LA REMISE DU TRAVAIL ÉCRIT .............................................................. 136
SECTION 4. LA CORRECTION DU TRAVAIL ÉCRIT ................................................... 138

LEÇON VI. RECHERCHER LA LEGISLATION : LES OUTILS


INFORMATIQUES ....................................................................................... 140

189
CHAPITRE I. PRÉSENTATION DES SITES DE LEGISLATION ............................. 140
SECTION 1. LES ACTES NORMATIFS ............................................................................ 140
SECTION 2. LES TRAVAUX PRÉPARATOIRES ............................................................ 151

CHAPITRE II. EXERCICES AU DÉPART DES DIFFÉRENTES BANQUES DE


DONNÉES INFORMATIQUES ENSEIGNÉES ............................................................. 154
SECTION 1. LES ACTES NORMATIFS ............................................................................ 154
SECTION 2. LES TRAVAUX PRÉPARATOIRES ............................................................ 157

LEÇON VII. RECHERCHER LA DOCTRINE ET LA


JURISPRUDENCE : LES OUTILS INFORMATIQUES ......................... 159

CHAPITRE I. LA DOCTRINE ......................................................................................... 159


SECTION 1. JURA ............................................................................................................... 159
SECTION 2. STRADA LEX .................................................................................................. 163
SECTION 3. SITE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L’UNIVERSITÉ ................................... 167

CHAPITRE II. LA JURISPRUDENCE ........................................................................... 168


SECTION 1. LES SITES PUBLICS DE JURISPRUDENCE .............................................. 168
SECTION 2 : LES BASES DE DONNÉES PRIVÉES DE JURISPRUDENCE ................. 176

CHAPITRE III. EXERCICES AU DÉPART DES DIFFÉRENTES BANQUES DE


DONNÉES INFORMATIQUES ENSEIGNÉES ............................................................. 180
SECTION 1. LA DOCTRINE .............................................................................................. 180
SECTION 2. LA JURISPRUDENCE ................................................................................... 182

LEÇON VIII. LES REFERENCES.............................................................. 184

LEÇON IX. EXERCICES RECAPITULATIFS DE RECHERCHE ET DE


REFERENCES………………………………………………………………184

190

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