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(U.C.B.)
B.P. 285 BUKAVU
Faculté de Droit
COURS D’INTRODUCTION
GENERALE A L’ETUDE DU
DROIT
INTRODUCTION GENERALE
Dans cette introduction, nous présenterons successivement l’objet du cours, les objectifs
poursuivis à travers ce cours, la méthodologie d’enseignement et enfin la manière dont le
contrôle des connaissances sera organisé.
I. L’objet du cours
Le présent cours est intitulé : Introduction générale à l’étude du Droit (I.G.E.D.). Il s’agit
d’une introduction générale au Droit, puisqu’il constitue pour ses destinataires, qui sont les
étudiants de la première année de graduat de la Faculté de Droit, une première mise en
contact avec les réalités de systèmes juridiques. Etant donné que ce cours constitue une
introduction générale au Droit, il tend à fournir à ses destinataires un support des données qui
traversent les différentes matières du Droit et dont ils retrouveront les applications au fur et à
mesure de leurs études1.
Ainsi, ce cours est subdivisé en trois parties. Dans un premier temps, nous nous
consacrerons, à travers la première partie, à l’examen du droit objectif. L’analyse de ce droit
nous amènera à étudier quelques notions de droit, l’élément de base du système juridique
qu’est la règle de droit, les sources de droit et, enfin, l’ordonnancement des règles juridiques.
Dans la deuxième partie de ce cours, nous nous pencherons sur l’étude des droits subjectifs.
L’analyse et la compréhension de ces droits nous conduiront d’abord à l’examen des sujets
des droits subjectifs. Par la suite, nous tâcherons de présenter la classification et le régime de
ces droits et leurs sources, avant d’étudier la création, la transmission, les modalités, le
contrôle de la mise en œuvre et l’extinction de ces droits. Enfin, dans la troisième partie, nous
analyserons la réalisation des droits en justice. A cet effet, nous étudierons l’organisation
judiciaire, la preuve en droit et le procès.
1
Jean-Louis RENCHON, Introduction aux sources et aux notions générales du Droit, introduction au droit
privé (suite), Le sujet de droit, Syllabus, Faculté de Droit, Université Catholique de Louvain, 1987-1988, p. 1-2.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 2 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
D’une manière générale, ce cours vise à donner aux étudiants une vue d’ensemble du
phénomène juridique et à les préparer à mieux comprendre les différentes matières du droit
qu’ils auront à suivre tout au long de leur cursus universitaire.
La méthode qui sera suivie pour cet enseignement est celle de l’enseignement magistral.
Cependant, bien que le présent enseignement soit essentiellement magistral, nous tâcherons
de privilégier des échanges avec les étudiants destinataires de ce cours afin de susciter des
interactions entre nous grâce à des questions et réponses qui seront formulées tout au long de
ce cours.
Cet enseignement devra être complété par des lectures personnelles des étudiants axées
sur les éléments du cours afin de favoriser une meilleure compréhension des notions qui sont
développées dans cet enseignement.
Il sera organisé également des travaux pratiques à réaliser par équipe d’étudiants pour
stimuler ces derniers à travailler en équipe et approfondir certaines questions qui seront
étudiées au cours.
Dans ce chapitre, nous analyserons la définition du droit, ses fonctions, les systèmes
juridiques, les rapports entre le droit et les autres ordres sociaux, le fondement du droit et,
enfin, ses sciences auxiliaires.
2
R. ROBAYE, Comprendre le droit, Bruxelles, Vie Ouvrière, 1997, p. 8. ; A.-J. ARNAUD (dir.), Dictionnaire
encyclopédique de théorie et de sociologie du droit, 2e éd., Paris, L.G.D.J., 1993, p. 7.
3
P. VALERY citée par F. OST et M. VAN DE KERCHOVE, De la pyramide au réseau ? Pour une théorie
dialectique du droit, Bruxelles, Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 2002, p. 267.
4
H.L.A. HART, Le concept de droit, traduit de l’anglais par M. VAN DE KERCHOVE, 2 e éd., Facultés
Universitaires Saint-Louis, Bruxelles, 2005, p. 19.
5
R. ROBAYE, op. cit., p. 8. ; A.-J. ARNAUD (dir.), op. cit., p. 190.
6
F. LEURQUIN et H. SIMONART, Fondements du droit, syllabus, 1ère candidature, ICHEC, 1987-1988, p. 6.
7
A.-J. ARNAUD (dir.), op. cit., p. 190.
8
R. GUILLIEN et alii, Lexique des termes juridiques, 12e éd., Paris, Dalloz, 1999, p. 204.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 5 Université Catholique de Bukavu
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qui présentent des caractères particuliers9 les distinguant des autres règles de conduite, qui ne
sont pas de droit10. Dans ce sens, le droit se trouve défini par son objet à savoir : les règles
qui organisent la vie sociale11.
Généralement, le droit objectif est suivi d’un qualificatif qui précise son objet12. Ainsi,
on parle, à titre d’exemple, du droit congolais, du droit français, du droit belge, du droit des
Etats-Unis pour désigner les règles juridiques en vigueur dans ces Etats, ou du droit civil, du
droit commercial, du droit pénal, du droit constitutionnel pour désigner un ensemble des
règles juridiques relatives à un domaine précis du droit13.
On parle, d’une part, du droit objectif pour opposer ce droit aux droits subjectifs, et,
d’autre part, du droit positif pour opposer ce droit au droit naturel 14. Le droit positif est
considéré comme celui posé, créé par une volonté, par opposition au droit naturel, qui serait
non pas créé, mais plutôt découvert15.
9
C. LARROUMET, Droit civil. Introduction à l’étude du droit privé, T. 1, 3e éd., Paris, Economica, 1998, p.
13.
10
P. COURBE, Droit civil. Introduction générale au droit, 2e éd., Paris, Dalloz, 1990, p. 2.
11
H. SIMONART et Fr. LEURQUIN, Introduction aux sources et notions générales du droit, syllabus, 1ère
candidature, Université Catholique de Louvain, 1995, p. 3.
12
P. COURBE, op. cit., p. 1.
13
H. SIMONART et Fr. LEURQUIN, op. cit., p. 3 ; P. COURBE, op. cit., p. 1.
14
R. ROBAYE, op. cit., p. 9.
15
A.-J. ARNAUD (dir.), op. cit., p. 203.
16
P. COURBE, op. cit., p. 1.
17
P. MALINVAUD, Introduction à l’étude du droit. Cadre juridique des relations économiques, Paris, Litec,
1990, p. 2.
18
R. GUILLIEN et alii, op. cit., p. 204-205.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 6 Université Catholique de Bukavu
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se marier, etc. Les prérogatives reconnues aux sujets de droit sont évidemment et
naturellement multiples19.
Il ressort de ce qui précède qu’il existe une relation étroite entre le droit objectif et les
droits subjectifs, puisque ces derniers sont consacrés par le premier20. Ainsi, le Code civil
congolais livre III consacre, par exemple, la disposition selon laquelle « Tout fait quelconque
de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivée à le
réparer »21. Il s’agit ici d’une règle de droit qui prévoit le principe de la responsabilité civile
et personnelle, mieux le droit à la réparation en raison d’un dommage que subirait une
personne du fait d’une autre.
Il existe deux variétés de droits subjectifs, à savoir : ceux qui sont exercés par leurs
titulaires et qui comportent une spontanéité qui constitue le signe même de droits subjectifs et
ceux qui font l’objet d’un pouvoir ou d’une compétence dévolus à un agent juridique parce
que ces droits subjectifs ont été attribués à des sujets qui ne sont pas aptes à les exercer eux-
mêmes. Dans ce dernier cas, le droit subjectif, qui subsiste dans le chef de son titulaire
devient latent, anémié, car il a perdu sa vitalité originelle22.
D’après ce sens, le droit est une science que l’on apprend ou une discipline que l’on
étudie. C’est ainsi que l’on parle d’une Faculté de Droit ou encore que l’on dit des étudiants
inscrits à la Faculté de Droit qu’ils font le Droit23.
Cette science a pour objet les normes juridiques24. Le droit constitue de la sorte un
objet de connaissance. La science du droit, c’est la connaissance de la règle de droit, de
l’ensemble des règles de droit dans leur diversité et complexité. C’est dans ce sens que l’on
19
P. COURBE, op. cit., p. 1 ; R. ROBAYE, op. cit., p. 1.
20
R. ROBAYE, op. cit., p. 10.
21
Art. 258 du décret du 30 juillet 1888 relatif aux contrats ou obligations conventionnelles, Les codes Larcier.
République Démocratique du Congo, T. I, Droit civil et judiciaire, Bruxelles, De Boeck et Larcier, 2003, p. 162.
22
F. RIGAUX., Introduction à la science du droit, Bruxelles, Ed. Vie Ouvrière, 1974, p. 26.
23
J. FALYS, Introduction aux sources et principes du droit, syllabus, candidature, Faculté de Droit, Université
Catholique de Louvain, 1973, p. 1.
24
H. KELSEN, Théorie pure du droit, traduit par Ch. EISENMANN, Paris/Bruxelles, L.G.D.J./Bruylant, 1999,
p. 77.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 7 Université Catholique de Bukavu
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parle des sciences juridiques, qui ont leurs propres lois. Comme toutes les autres sciences,
elles ont leur objet et leur méthode25.
Suivant ce sens, le droit passe pour un idéal supérieur aux règles du droit positif, une
finalité de l’agir humain, un ensemble de valeurs, de principes non écrits qui s’imposent à
toute autorité. Certains parlent encore dans ce cas du « droit universel »26. Le droit naturel
est défini comme étant un ensemble des règles idéales de conduite humaine supérieure aux
règles du droit positif qui s’imposent à tous, y compris au législateur27.
Cette fonction du droit qui consiste à ordonner la société peut être comprise aussi bien
du point de la société que du point de l’individu. Ainsi, nous examinerons, d’une part, la
structuration de la société et, d’autre part, la recherche de la facilitation de la vie individuelle
25
C. LARROUMET, Droit civil, T. 1, Introduction à l’étude du droit privé, 3e éd., Paris, Economica, 1998, p. ;
J. FALYS, op. cit., p. 1.
26
R. ROBAYE, op. cit., p. 9.
27
P. COURBE, op. cit., p. 8.
28
M. VAN HOCK, Law as communication, Oxford, Hart Publishing, 2002, p. 61.
29
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 13.
30
M. VAN HOCK, op. cit., p. 61-62.
31
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 13-14 ; J.-L. RENCHON, op. cit., p. 32-33.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 8 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
que poursuit le droit32. Une fonction nouvelle a également été assignée au droit et elle se
traduit par la recherche et la réalisation du développement économique et social.
§ 1. La structuration de la société
Comme l’a fait observer Habermas, le pouvoir ne peut se développer qu’à travers un
code juridique. Cette fonction importante du droit se trouve assurée par le droit
constitutionnel. Elle implique, en ce qui concerne la résolution des conflits politiques, le
remplacement du rôle que jouait jadis l’armée par le tribunal.
L’un des objectifs poursuivis par le droit consiste dans la réalisation de la cohésion
sociale. A cet effet, le droit régule le comportement des hommes, il règlemente leurs
conduites et de ce fait, il ordonne les relations sociales. En définissant les limites de ce qui est
permis et défendu quant à la manière dont les hommes doivent se comporter les uns vis-à-vis
32
M. VAN HOCK, op. cit., p. 62.
33
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 25 et 36.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 9 Université Catholique de Bukavu
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des autres et en agitant la menace d’une sanction pour quiconque ne respecterait pas ces
limites, le droit contribue à rendre possible la vie sociale et les relations entre les hommes34.
Le droit contribue ainsi à créer la sécurité des rapports humains et à garantir la liberté
individuelle nécessaire à l’action humaine. Il offre un cadre dans lequel les citoyens et toute
autre personne peuvent comprendre les normes et les valeurs ainsi qu’un cadre dans lequel ils
peuvent construire des objectifs et arbitrer les conflits35.
Le droit facilite la vie individuelle et la prise des décisions des sujets de droit en
limitant leurs choix possible et en les aidant à prévoir les choix et les comportements d’autres
personnes37. Dans la recherche de la facilitation de la vie individuelle, le droit contribue à la
réduction de la complexité sociale38 et exerce les fonctions particulières ci-après :
34
Ibidem, p. 36.
35
M. VAN HOECKE, op. cit., p. 64-65.
36
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 39.
37
LUHMANN, FULLER et HABERMAS cités par M. VAN HOECHE, op. cit., p. 65.
38
M. VAN HOECKE, op. cit., p. 65.
39
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 10 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Le droit contient un ensemble des règles tendant à influencer les comportements des
sujets de droit. Il en est ainsi de règles du droit pénal, qui définissent les actes nuisibles et non
souhaités et qui sont incriminés et sanctionnées.
Mais, la définition et la sanction des comportements non souhaités ne sont pas que
l’apanage du droit pénal. D’autres branches du droit remplissent également cette fonction.
Tel est notamment le cas du droit de la responsabilité et du droit fiscal.
Si certaines règles du droit visent à prévenir les comportements non souhaités d’autres
favorisent, en revanche, les comportements qui sont souhaités40. Il en est ainsi des règles se
rapportant notamment aux incitants fiscaux, financiers et administratifs.
La coordination des conduites individuelles est nécessaire aussi bien pour permettre à
des stratégies individuelles de ne pas s’opposer systématiquement que pour optimaliser des
stratégies collectives.
Certaines règles de droit ne visent pas à diriger les comportements des sujets de droit
dans un sens spécifique ou désiré. Ces règles fournissent simplement les modèles qui sont par
ailleurs supplétifs ou des outils juridiques pour uniquement favoriser les arrangements privés,
qui sont plus ou moins discrétionnaires.
40
Idem
41
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 11 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Tel est le cas, en matière contractuelle, de la plupart des règles relatives aux contrats
qui sont organisés par le législateur en droit congolais.
Dans l’exercice de cette fonction, le droit se charge de définir la propriété des biens
ainsi que les facultés d’en user et d’en jouir et il affecte également les biens à des sujets de
droit, personnes physiques et/ou morales.
Compte tenu de ce que la règle de droit est impuissante à prévenir tous les conflits
entre les sujets de droit, le système juridique constitue également un mécanisme de gestion et
de résolution des conflits. L’antagonisme des intérêts contradictoires et la violence des
passions ou des émotions humaines requiert, dans une société organisée, la mise en place des
procédés institutionnels permettant de canaliser et de trancher les conflits qui déchirent les
sujets du droit.
Dès lors, la fonction d’un système juridique est également de réinstaurer la force de la
règle de droit par l’imposition d’une ou des plusieurs sanctions appropriées.
L’institutionnalisation du règlement de conflit obéit à certaines procédures qui sont établies.
Des organes sont institués pour assurer le règlement des conflits et des droits et obligations de
différentes parties concernées par les conflits sont déterminés43.
42
Ibidem
43
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 37.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 12 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Dans le souci d’améliorer également le bien-être social et au regard des abus qui ont
été observés, le droit vise également à protéger et à promouvoir les intérêts des certaines
personnes et particulièrement celles considérées comme étant les plus faibles. Tel est
notamment le cas des travailleurs salariés pour lequel il a été institué un droit du travail et de
la sécurité sociale (législation sociale) et des consommateurs à travers le droit de la
consommation.
En définissant le concept « droit » au sens du droit objectif, nous avons souligné que
le droit est un ensemble des règles revêtant certaines caractéristiques particulières. Ces règles
constituent un ensemble organisé.
44
R. DAVID et C. JAUFFRET-SPINOSI, Les grands systèmes des droits contemporains, Paris, Dalloz, 2002, p.
13 et s. ; R. ROBAYE, op. cit., p. 6.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 13 Université Catholique de Bukavu
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plus fondamentalement que chaque règle particulière ne peut être appréhendée et comprise
que par référence à des principes généraux et à des schémas de pensées qui sont communs
aux différentes règles45.
A la différence des sciences comme la médecine, le droit n’a pas une vocation à
l’universalité. Chaque Etat a son propre droit et ses propres institutions. Ces institutions
peuvent notamment être différentes selon la manière dont le pouvoir est reparti au sein de
l’Etat, par exemple entre le Président et l’Assemblée nationale50. Les divers droit s’expriment
dans des langues multiples, selon des techniques diverses et ils sont élaborés pour des
sociétés dont les structures, les croyances et les mœurs sont très variées51.
Non seulement que chaque Etat possède un droit qui lui est propre, mais aussi souvent
divers droits sont appliqués concurremment à l’intérieur d’un même Etat. En outre, certaines
communautés non étatiques ont également leur droit. Ainsi, on parle, par exemple, du droit
canonique, du droit musulman, du droit juif, … Il existe également un droit international qui
45
J.-L. RENCHON, op. cit., pp. 10-11.
46
H. SIMONART et Fr. LEURQUIN, op. cit., p. 5.
47
C. LAROUMET, op. cit, p. 37.
48
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 11.
49
P. MALINVAUD, op. cit., p. 11.
50
Idem
51
R. DAVID et C. JAUFFRET-SPINOSI, op. cit., p. 13.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 14 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
vise à régler sur un plan mondial ou sur un plan régional les rapports entre Etats et ceux du
commerce international52.
Ces multiples droits étatiques qui caractérisent notre monde contemporain sont classés
en nombre limité des familles. Si l’on considère la teneur et le contenu de leurs règles, la
diversité des droits est infinie. En revanche, elle est moindre si l’on envisage les éléments
plus fondamentaux et plus stables à l’aide desquels on peut découvrir les règles, les
interpréter et en préciser la valeur. En effet, si les règles peuvent être infiniment variées, les
techniques servant à les énoncer, la manière de les classer, le mode de raisonnement employé
pour les interpréter se ramènent à un nombre restreint de types. Ainsi, il est possible de
grouper les différents droits en familles. Ce groupement permet de faciliter la présentation et
la compréhension des différents droits du monde contemporain54.
52
Idem
53
F. OST et M. VAN de KERCHOVE, op. cit., p. 187.
54
R. DAVID et C. JAUFFRET-SPINOSI, op. cit., pp. 13-15.
55
P. MALINVAUD, op. cit., p. 13.
56
R. DAVID et C. JAUFFRET SPINOSI, op. cit.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 15 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
I. La famille Romano-germanique
Cette famille groupe les pays dans lesquels la science du droit s’est formée sur la base
du droit Romain, qui avait été reçue en Allemagne au XIV-XVe siècles et qui, France,
constituait le « droit écrit »57.
Cette famille de droits a son berceau en Europe. Elle s’est formée par les efforts des
universités européennes qui ont développé une science juridique commune à tous les pays de
l’Europe continentale depuis le XIIe siècle. L’épithète « romano-germanique » fut choisie
pour rendre hommage à ces efforts communs déployés à la fois dans les universités des pays
latins et celles des pays germaniques58.
Néanmoins, certains auteurs préfèrent considérer que cette famille est composée de
deux groupes distincts, à savoir, d’une part, les pays de droit latin comprenant notamment
l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la France et la Belgique, et, d’autre part, les pays de droit
germanique tels que l’Allemagne, l’Autriche, la Scandinavie et la Suisse59.
57
P. MALINVAUD, op. cit., p. 13.
58
R. DAVID et C. JAUFFRET SPINOSI, op. cit., p. 16.
59
P. MALINVAUD, op. cit., p. 13.
60
Ibidem, p. 13-14.
61
R. DAVID et C. JAUFFRET-SPINOSI, op. cit., p. 16.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 16 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Cette famille a pris naissance en Angleterre et se retrouve aujourd’hui dans tous les
pays de langue anglaise, c’est-à-dire dans tous les pays où l’Angleterre a développé son
influence.
La règle de droit du common law, moins abstraite que la règle de droit de la famille
romano-germanique, est une règle qui vise à donner sa solution à un procès et non pas à
formuler une règle générale de conduite pour l’avenir64.
62
Ibidem, p. 17.
63
P. MALINVAUD, op. cit., p. 14.
64
R. DAVID et C. JAUFFRET-SPINOSI, op. cit., p. 18.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 17 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
germanique. En effet, au lieu d’établir des principes ou des règles générales, ces lois
prennent la forme d’une réglementation détaillée destinée à couvrir toutes les hypothèses
susceptibles de se présenter. Les différences fondamentales entre le common law et le droit
romano-germanique rendent particulièrement difficile la recherche d’une harmonisation de
droit entre le Royaume Uni et les pays continentaux67.
La famille de droit socialiste avait eu son berceau dans l’ex U.R.S.S. où ses
conceptions avaient prévalu et où s’était développé, après 1917, un droit original. Cette
famille s’était étendue, après la deuxième guerre mondiale, aux pays de l’Europe centrale, de
l’Europe de l’Est et du Balkan, qui étaient dominés par l’U.R.S.S. Cette famille s’étend
également à la Corée du Nord et au Vietnam en Asie et au Cuba en Amérique.
Les dirigeants des pays socialistes voulaient fonder une société de type nouveau dans
laquelle il n’y aurait plus ni Etat ni droit conformément à la doctrine marxiste-léniniste, qui
était la doctrine officielle. Il s’en était suivi l’instauration d’une structure économique
nouvelle caractérisée par la collectivisation de tous les moyens de production. De ce fait, le
droit privé avait perdu sa prééminence au profit du droit public69.
67
P. MALINVAUD, op. cit., p. 14 et 15.
68
R. DAVID et C. JAUFFRET-SPINOSI, op. cit., p. 18.
69
Ibidem, p. 20.
70
P. MALINVAUD, op. cit., p. 15.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 19 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Même si la Russie et d’autres pays ont réintégré d’une certaine manière la famille de
droit romaniste, les droits de ces pays présentent une certaine originalité, car près d’un siècle
de socialisme a laissé des traces qui ne s’effaceront pas aussitôt73. Ainsi, la propriété de l’Etat
s’estompe au fur et à mesure du mouvement de la privatisation74.
Tous les droits sont plus ou moins influencés par la religion, mais ils ne sont pas pour
autant des droits religieux. Le droit religieux est défini comme étant le droit qui trouve sa
source dans une religion. C’est le cas du droit canonique, qui est le droit de l’église
catholique. Ce droit était jadis appliqué en France et régissait notamment le mariage75.
Actuellement, les droits de plusieurs Etats sont laïcisés76. Il en est ainsi également du
droit congolais77. Cependant, il subsiste encore quelques droits religieux. Tel est le cas
d’Israël qui applique la « Torah » au mariage et au divorce. L’exemple le plus remarquable
de droit religieux est celui du droit musulman, qui s’applique dans la plupart des Etats
islamiques où une partie du droit positif, plus ou moins importante selon les Etats, est
constituée par la Charia. Dans ce système, le droit est indissociable de la religion78.
71
R. DAVID et C. JAUFFRET-SPINOSI, op. cit., p. 20.
72
P. MALINVAUD, op. cit., p. 15.
73
R. DAVID et C. JAUFFRET-SPINOSI, op. cit., p. 20.
74
P. MALINVAUD, op. cit., p. 15.
75
Idem
76
Idem
77
Art. 1er, al. 1 de la Constitution de la RDC du 18 février 2006 tel que modifiée Modifiée par la Loi n° 11/002
du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution, J.O. de la RDC, 52ème année, numéro
spécial, 5 février 2011.
78
P. MALINVAUD, op. cit., p. 15.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 20 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Un ordre normatif qui règle la conduite humaine en tant qu’elle a rapport à d’autres
hommes directement ou indirectement constitue un ordre social. La fonction de tout ordre
social est de provoquer une certaine conduite des hommes qui lui sont soumis, d’inciter ces
derniers soit à s’abstenir des certains actes, qui sont pour tel ou tel autre motif considérés
comme nuisibles socialement, soit, au contraire, à accomplir certains actes considérés comme
socialement utiles. Il ressort de ce qui précède que les règles de droit ne sont pas les seules
normes qui règlent la conduite réciproque des hommes, c’est-à-dire les seules règles sociales,
puisqu’il en existe en fait d’autres. Il en est ainsi des règles de morale, des règles religieuses,
des règles de bienséance, etc.79. D’où, l’intérêt de l’étude des rapports entre le droit et ces
autres règles de conduite sociale.
I. La notion de morale
Les règles de morale sont de normes qui établissent une opposition entre le bien et le
mal80.
La morale relève de la conscience individuelle ou collective. Ainsi, elle peut
s’entendre non seulement de la morale au sens strict qui concerne principalement l’individu,
mais également de la morale sociale tendant à répondre aux besoins du groupe dans lequel
l’individu vit81.
79
H. KELSEN, op. cit., p. 32, 33 et 35.
80
P. COURBE, op. cit., p. 5.
81
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 26-27.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 21 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
La morale subit également l’influence du droit. Tel est notamment le cas en matière
d’homosexualité dans les pays qui l’admettent. En effet, alors que l’homosexualité était jadis
reprouvée par la morale dans ces Etats, elle se trouve aujourd’hui consacrée par le droit. Il en
ressort que le droit tire également la morale en avant notamment en matière des mœurs84.
III. Les différences entre les règles de droit et les règles morales
Ces différences sont à situer à plusieurs niveaux, à savoir : la finalité de ces règles,
leurs sources, leurs contenus et leurs sanctions.
82
P. COURBE, op. cit., p. 5.
83
H.L.A. HART, op. cit., pp. 203 et 221.
84
P. MALINVAUD, op. cit., p. 27.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 22 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
85
P. COURBE, op. cit., p. 5.
86
C. LARROUMET, op. cit.
87
P. COURBE, op. cit., p. 5.
88
F. TERRE, op. cit., p. 11 ; P. COURBE, op. cit., p. 5.
89
Cf. article 33 du Code civil congolais Livre III.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 23 Université Catholique de Bukavu
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Le droit se démarque de la morale en ce qu’il formule parfois des règles qui sont
moralement neutres comme les règles sur l’organisation de l’état civil et celles sur la
publicité de droit immobilier. Dans certains cas, le droit va même jusqu’à formuler et à
consacrer des règles de nature à consolider des situations immorales. Tel est le cas d’un
voleur qui par l’effet de la prescription extinctive deviendrait propriétaire de la chose volée
après 30 ans de possession. Il en est également ainsi d’un débiteur qui se trouvera libéré et ne
pourra plus être condamné au payement en raison de la prescription extinctive, si le créancier
n’a pas réclamé le payement durant le délai fixé par la loi.
Par ailleurs, alors que la morale pose de grands principes suffisants pour guider les
consciences, par exemple l’honnêteté dans les conventions ou dans les contrats, le droit
exige, quant à lui, des règles précises pour assurer la sécurité des transactions90.
90
F. TERRE, op. cit., p. 11 ; C. LARROUMET, op. cit., p. 30 ; P. COURBE, op. cit., pp. 5 et 6.
91
P. COURBE, op. cit., p. 6.
92
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 24 Université Catholique de Bukavu
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II. Le rapport entre les règles du droit et les règles religieuses quant à leur domaine
L’histoire, même contemporaine, révèle que les règles religieuses peuvent aussi être le
droit du pays considéré dans certains systèmes juridiques. Il en était ainsi jadis du droit
canonique qui régissait notamment le droit du mariage en France. Il en est ainsi actuellement
dans les Etats musulmans pour lesquels la charia est aussi la règle de droit.
Même si la situation a radicalement changé dans la plupart dans des pays dont le droit et
purement laïc comme c’est le cas en France et en R.D. Congo, il existe néanmoins des
convergences entre les règles religieuses et les règles de droit. Ainsi, la règle de droit
condamne au même titre que la règle religieuse un certain nombre des comportements
comme tuer son prochain, voler, convoiter la femme du prochain,…93
Ce n’est pas parce que le droit s’inspire quelque fois de la religion que l’on doit
considérer que le contenu des règles de droit est essentiellement religieux. Bon nombre de
règles de droit n’ont aucun contenu religieux et s’il en est ainsi c’est parce que la finalité du
droit n’est pas la même que celle de la religion94.
Il découle de ce qui précède deux éléments. D’une part, certaines règles de droit n’ont
pas connues ou ne connaissent pas une inspiration religieuse. Elles sont ainsi religieusement
neutres. Tel est le cas des règles du code de la route ou de celles relatives au permis de
construire. D’autre part, certaines règles de droit sont en contradiction avec les règles
religieuses. Il en est ainsi de la légitime défense qui est contraire au postulat religieux selon
lequel « Il faut rendre le bien pour le mal »95.
93
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 25 et 26.
94
C. LARROUMET, op. cit., p. 29.
95
P. COURBE, op. cit., p. 6.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 25 Université Catholique de Bukavu
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III. Le rapport entre les règles religieuses et les règles de droit quant aux sanctions
II. Le rapprochement entre les règles de droit et ces autres règles de conduite
A l’instar de règles juridiques, ces autres règles de conduite gouvernent la vie sociale
et se trouvent pourvues des sanctions telles que la réprobation, la pression du groupe,
l’exclusion, etc.98
S’il est vrai que ces autres règles de conduite ne constituent pas des règles de droit,
certaines de ces règles finissent néanmoins parfois par être consacrées par le droit. Ainsi,
dans certains Etats, la courtoisie qui voulait jadis qu’on cède sa place dans le transport aux
personnes âgées ou invalides, est partiellement consacrée par la réglementation qui réserve
certaines places aux handicapés, aux personnes âgées et aux femmes enceintes. Il s’agit ici de
la prise en considération de certaines situations qui furent jadis négligées par le droit. Parfois
également, l’habillement et coiffure notamment pourront été pris en considération par le juge
dans le cadre d’un litige opposant un employeur et son travailleur salarié. On permettrait ainsi
à un employeur d’exclure certaines tenues vestimentaires ou capillaires qui seraient
incompatibles avec la nature de la fonction exercée99.
96
Idem
97
P. MALINVAUD, op. cit., p. 27. ; P. COURBE, op. cit., p. 6.
98
P. COURBE, op. cit., p. 5.
99
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 27 et 28.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 26 Université Catholique de Bukavu
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II. Les différences entre les règles de droit et les autres règles de conduite
Contrairement aux règles de droit, le respect de ces autres règles de conduite n’est pas
assuré et ne peut être assuré au moyen de la contrainte Etatique. Il en ressort que l’action en
justice se trouve exclue en ce qui concerne l’obtention du respect de ces autres règles de
conduite.
Même s’il est possible, sans s’interroger sur le fondement du droit, d’être un bon
praticien du droit ou un bon technicien grâce à un maniement correct des concepts et des
procédés du droit positif, il sied, cependant, de faire remarquer que l’on ne saurait saisir le
phénomène juridique en se passant de sa dimension philosophique100.
Elles sont fondées sur le postulat du droit naturel. Elles tiennent pour certaine
l’existence du droit naturel. Ces doctrines se regroupent en quatre grands courants103.
Elle passe pour le premier courant de pensée, qui est très ancien et dont on retrouve
l’origine dans la philosophie aristotélicienne et dans celle reprise par la suite par les Romains.
100
C. LARROUMET, op. cit., p. 13.
101
Ibidem, pp. 31 et 32.
102
P. COURBE, op. cit., p. 8.
103
Idem
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Selon les tenants de cette conception, le droit, tel qu’il existe à un moment donné dans un
pays déterminé, doit tendre vers la consécration d’un idéal universel. On considère que le
droit positif doit être conforme à ce système idéal que la raison de l’homme lui permet de
connaitre. On doit même critiquer et refuser l’obéissance aux règles juridiques qui vont à
l’encontre de cet idéal système juridique104.
C’est ainsi que Platon estime que « une loi injuste, une loi mauvaise n’est pas une loi,
n’est pas du droit ». Cicéron, quant à lui, considère que « Il existe une loi véritable qui est la
droite raison qui s’accorde avec la nature, répandue en tous, immuable et impérissable ».
Pour les partisans de la conception antique du droit naturel, il existe un principe supérieur de
justice qui s’impose à l’homme et à la société105.
En cherchant à définir ce qui est idéalement juste, Aristote a établi une distinction
entre la justice commutative et la justice distributive. La justice commutative se situe dans les
rapports d’individu à individu. Elle tend à rétablir l’équilibre perturbé par l’action ou
l’inaction de l’un de ces individus comme, par exemple, indemniser l’exact dommage causé à
autrui, recevoir la contrepartie d’une prestation ou d’une chose fournie, etc. Il s’agit donc de
rendre à chacun son dû. La justice distributive, au contraire, tend à opérer entre les hommes
la meilleure répartition des richesses et des charges de l’Etat.
Il y a lieu à cet égard de s’interroger sur les critères à adopter pour procéder à cette
répartition. En fait, la solution dépend du type de société considérée, selon qu’elle est libérale
ou socialiste. Dans un système purement libéral, la répartition se fera en fonction du travail et
du mérite de chacun, alors que dans un système purement socialiste elle reposera sur les
besoins de chacun. Mais, étant donné que chacun conçoit la justice suivant sa sensibilité ou
même son intérêt égoïste, il appartient à l’Etat d’arbitre entre ces conceptions différentes des
membres de la société en établissant la règle de droit qui lui semblera la plus juste106.
104
C. LARROUMET, op. cit., p. 32.
105
P. COURBE, op. cit., p. 8.
106
P. MALINVAUD, op. cit., p. 22.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 28 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Cette conception se fonde sur l’insuffisance de la loi naturelle d’après ses tenants qui
estiment que la source authentique du droit est l’Ecriture sainte107. La loi naturelle est
considérée comme insuffisante parce que la nature de l’homme est pécheresse108.
Toutefois, les théologiens chrétiens du Moyen Age ont été influencés par les
conceptions antiques du droit naturel, même si pour eux, l’idéal vers lequel doivent tendre
toutes les règles d’organisation sociale est le reflet de la vérité divine109. Eu égard à ce que le
droit chrétien n’arrivait pas à répondre à tous les besoins de la société, Saint Thomas d’Aquin
avait reconstitué, sous l’influence d’influence d’Aristote, la doctrine du droit naturel.
Toutefois, il l’avait enrichie et refondue à la lumière de la loi chrétienne. Ainsi, Saint Thomas
d’Aquin considérait qu’entre la loi éternelle, relevée par Dieu, et la loi positive, se situe le
droit naturel qui peut être découvert par la raison. On considérait que toute loi humaine doit
concourir au bien commun. En reconnaissant un rôle à la raison au sujet aussi bien du droit
naturel que de la loi positive, l’on avait amorcé une laïcisation qui fut développée pendant la
reconnaissance110. Pour le Pape Léon XIII, les lois civiles tirent leur valeur, quand elles sont
justes, de la loi naturelle111.
Ainsi, dans son œuvre célèbre intitulé : Du droit de la guerre et de la paix (1625),
Grotius faisait remarquer que dans le droit des rapports entre Etats, il n’y a pas d’autorités
107
P. COURBE, op. cit., p. 8.
108
F. TERRE, op. cit., p. 118.
109
C. LAROUMET, op. cit., p. 32.
110
F. TERRE, op. cit., p. 119 ; P. COURBE, op. cit., p. 9.
111
LEON XIII, La condition des ouvriers « rerum novarum » (Lettre encyclique du 15 mai 1891), Maison de la
Bonne Presse, 1961, p. 11.
112
C. LAROUMET, op. cit., p. 32.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 29 Université Catholique de Bukavu
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supérieures aux Etats et dictant la loi destinée à gouverner ces rapports. Toutefois, il existe un
droit imposé par la nature des choses et que l’homme peut découvrir à la lumière de la raison.
Il en est ainsi du principe « Pacta sunt servanda », qui exige des Etats le respect des traités
conclus par eux, mieux qui impose le respect de la parole donnée113.
Les tenants du droit naturel pensaient avoir mis sur pied un système de référence
considéré comme rationnel et universel. En conséquence, ce système était considéré comme
valable pour toutes les règles de droit, quelles qu’elles soient, dans n’importe quel l’Etat et à
n’importe quel moment114.
Elles ont en commun le rejet du droit naturel. Elles considèrent qu’il n’y a que du
droit positif et que l’on ne peut se poser la question de savoir s’il est juste ou injuste116. Selon
ces doctrines, il n’est pas besoin de justifier ou de critiquer les règles de droit existantes en
vertu de l’aspiration vers un idéal de justice. Le droit s’impose, car il existe et il n’est
constitué par rien d’autre que le droit positif. Le courant positiviste s’est développé à travers
113
P. COURBE, op. cit., p. 9.
114
Idem
115
Idem
116
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 30 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
deux tendances, à savoir, d’une part, le positivisme juridique et, d’autre part, le positivisme
scientifique.
I. Le positivisme juridique
Dans ce cadre, le juriste allemand Ihering a considéré, au XIXe siècle, que dans une
société la contrainte de l’Etat prime toutes les autres et que l’Etat est la seule source du droit.
De même au XXe siècle, le juriste autrichien Kelsen a soutenu que les normes juridiques
s’établissent en une pyramide, chacune tirant sa force obligatoire de sa conformité à la norme
supérieure. Selon cet auteur, l’Etat est l’entité qui désigne cet ordonnancement juridique et
les règles juridiques qui existent sont justifiées par leur conformité à une règle supérieure.
Cependant, il importe de faire observer qu’en plus du fait que le droit ne se justifie
que par sa régularité formelle, ce qui n’est pas suffisant car l’ordonnancement juridique n’est
pas que la mise en jeu des procédés, la norme d’origine, dont dépend tout le système, est
quelque chose de mystérieux et à la limite on pourrait y voir l’expression d’une tendance
idéaliste, ce qui enlève alors une cohérence et toute portée au système opposé.
sociaux. Le droit constitue alors le reflet de l’observation d’une réalité sociale et c’est la
société qui crée, elle-même, ses propres règles de droit par ses comportements et sa mentalité.
Contrairement à l’idée d’un droit qui serait commun à tous les Etats, il existe des
divergences fondamentales entre les législations de différents Etats. Ceci prouve que chaque
Etat a son propre droit.
117
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 32 Université Catholique de Bukavu
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Il serait dangereux de décrire les règles de droit sans porter des jugements de valeur
sur ces dernières, car cela conduirait à accepter les règles les plus despotiques sans se
préoccuper de savoir si elles sont justes. Or, il existe en tout homme un besoin inné de justice
et le juriste doit affirmer l’exigence du respect par la loi positive des valeurs fondamentales
de l’être humain lorsqu’elles sont niées par certains Etats.
Par ailleurs, s’il est vrai, selon le positivisme sociologique, que certaines règles de
droit imposées brutalement par le législateur peuvent être rejetées par le corps social qui ne
les admet point ou les admet difficilement, il y a lieu, cependant, de faire remarquer que la
valeur d’une règle de droit ne dépend pas nécessairement de l’observation de la réalité
sociale. En effet, des règles mal acceptées par le corps social au moment où elles sont
élaborées par l’autorité étatique peuvent finir par être acceptées par lui. Ainsi, le droit peut
résulter de l’observation de la réalité tout comme le droit peut modifier la réalité dans une
certaine mesure. On ne peut rejeter totalement l’idéalisme juridique dans la mesure où il est
très difficile de ne pas tenir compte de la réalité sociale et de façon particulière des
aspirations de la collectivité.
La validité d’une règle de droit est comprise comme l’efficacité juridique. Ainsi, est
valide la norme ou l’acte dont on reconnaît, dans un système juridique donné, qu’il doit sortir
les effets de droit que ses auteurs entendaient lui donner. Un pouvoir peut être accordé, un
droit peut être transmis ou attribué, un comportement peut être imposé, une faculté peut être
ouverte, une procédure peut être mise en place, etc.118.
118
F. OST et M. van de KERCHOVE, op. cit., p. 309.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 33 Université Catholique de Bukavu
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Ces trois dimensions de la validité interagissent sans pour autant s’identifier l’une à
l’autre. En effet, les règles qui viennent d’être édictées et dont la légitimité et l’effectivité
n’ont pas pu encore être éprouvées, bénéficieront, dans un premier temps, d’une présomption
de validité. Mais une norme légale dépourvue d’effectivité risque de perdre également sa
légalité, si elle tombe en désuétude. Inversement, une norme effective, mais non légale
pourrait acquérir un jour la qualité de norme légale. Par ailleurs, si une norme légale, mais
non légitime est une norme précaire, souvent, suivant un mouvement centripète, la légalité est
à elle seule un titre de légitimité122.
119
Ibidem, p. 324.
120
Ibidem, pp. 324 et 329.
121
Ibidem, p. 325.
122
Ibidem, p. 355.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 34 Université Catholique de Bukavu
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Une autre manière d’associer le facteur temporel aux rapports qui s’établissent entre les
trois critères de validité pourrait être de distinguer plusieurs séquences dans la vie d’une
norme juridique en rapportant chacune de ces séquences à une des dimensions de la validité.
Ainsi, le processus d’édiction de la règle représenterait la première phase. C’est une séquence
procédurale essentiellement redevable d’exigences formelles de compétence et de procédure.
La deuxième phase consisterait dans la mise au point définitive de son contenu et son
exposition au jugement public. La règle serait alors exposée aux critères de légitimité. La
troisième phase est celle de mise en œuvre concrète de la règle, qui relève des épreuves de
l’effectivité. La quatrième séquence se rapporterait aux tentatives de révision de la règle.
C’est un feed back législatif qui proviendrait des controversées suscitées par la légitimité de
la règle et les problèmes suscités par son application pratique123.
Plusieurs sciences, et parmi elles certaines qui n’ont a priori rien avoir avec le droit,
permettent soit une meilleure compréhension du droit existant, soit une meilleure élaboration
des règles de droit par le législateur ou par le juge. Ces sciences sont qualifiées des sciences
auxiliaires du droit124. Ainsi, il est important que la pensée juridique se tourne vers ces
disciplines pour, d’une part, mieux connaître le monde que les règles de droit ont vocation à
ordonner et, d’autre part, observer l’action et l’efficacité de ces règles 125. Il s’agit notamment
des disciplines suivantes :
§ 1. L’économie
L’économie est définie comme étant la science qui étudie la manière dont les
individus, les groupes et les sociétés utilisent les ressources rares en vue de satisfaire au
mieux leurs besoins.
123
Idem
124
C. LAROUMET, op. cit.
125
P. DURAND cite par Y. LEROY, op. cit., p. 395, n° 375.
126
A. JACQUEMIN et G. SCHRANS, Le droit économique, Paris, PUF, Collection « Que sais-je », 1970, p. 9.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 35 Université Catholique de Bukavu
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Au regard de ce qui précède, le juriste ne peut ignorer les sciences économiques, qui
lui permettent de comprendre l’environnement économique dans lequel va se situer la règle
de droit. Les mécanismes des échanges économiques aussi bien internes qu’internationaux
doivent être assimilés par les juristes qui s’occupent de l’organisation juridique de ces
échanges notamment par le droit de contrat132.
§ 2. La sociologie
La sociologie est la science qui a pour objet l’étude des faits sociaux. Elle est à la fois
une science descriptive des phénomènes sociaux et une science explicative étant donné
qu’elle recherche des causes qui expliquent ces phénomènes.
127
T. BOURGOIGNIE, op. cit., p. 23.
128
P. COURBE, op. cit., p. 7.
129
A. JACQUEMIN et G. SCHRANS, op. cit., p. 9.
130
T. BOURGOIGNIE, op. cit., p. 23.
131
P. COURBE, op. cit., p. 7.
132
C. LARROUMET, op. cit., p. 100.
133
A. JACQUEMIN et G. SCHRANS, op. cit., p. 5.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 36 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
La sociologie présente un intérêt évident par rapport au droit en ce qu’elle relève les
besoins d’une société et permet de savoir si la règle de droit est adaptée aux besoins sociaux.
Une des branches de la sociologie, qui revêt un intérêt plus particulier par rapport au
droit, est la sociologie juridique appelée aussi sociologie du droit134. Elle a pour objet
l’analyse des phénomènes juridiques considérés comme des faits sociaux135.
§ 3. L’histoire
Pour rappel, l’histoire est la connaissance du passé humain. Elle recherche les faits
passés, les relie aux faits déjà connus et établit des relations de causalité qui expliquent leur
enchaînement.
L’histoire du droit, qui est une branche de l’histoire, présente une importance capitale
pour les juristes. En effet, Elle permet de connaître les conditions dans lesquelles les règles
juridiques passées sont nées, se sont développées et ont disparu. Cette connaissance permet
134
P. COURBE, op. cit., p. 6; F. TERRE, op. cit., p. 347.
135
J. CARBONNIER cite par F. TERRE, op. cit., p. 347.
136
P. COURBE, op. cit., p. 7.
137
L. M. FRIEDMAN cité par Y. LEROY, L’effectivité du droit au travers d’un questionnement en droit du
travail, Paris, L.G.D.J., 2011, p. 292, n° 269.
138
A. JEAMMAUD cité par Y. LEROY, op. cit., p. 4, n° 5.
139
C. LARROUMET, op. cit., p. 101.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 37 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
de porter sur ces règles de droit des jugements de valeur, qui éclairent la compréhension des
règles actuelles et inspirent le législateur de l’avenir140.
§ 4. Le droit comparé
Le droit comparé est la science dont l’objet consiste dans l’étude de la comparaison
des systèmes juridiques du monde actuel et des institutions qu’ils adoptent.
Le droit comparé spécial, quant à lui, a pour objet l’étude de tel concept, de telle
catégorie juridique, de telle institution ou tel procédé juridique dans deux ou plusieurs
systèmes juridiques. Par exemple : le divorce en droit français et en droit italien, le droit de
propriété en droit français et en droit anglais, etc.
140
P. COURBE, op. cit., p. 7.
141
C. LARROUMET, op. cit., p. 104.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 38 Université Catholique de Bukavu
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Les fonctions que le droit comparé spécial peut exercer sont les suivantes :
servir à l’amélioration du droit d’un pays dans la mesure où le droit de ce pays est
susceptible d’assimiler des institutions mises au point à l’étranger ;
préparer une unification du droit. Il ne s’agit pas d’une unification générale, qui
est une utopie, mais plutôt d’une unification partielle, limitée à certains
domaines142.
Si l’ethnologie est la science des peuples primitifs ou mieux des peuples archaïques,
l’ethnologie juridique est la science des règles et des institutions juridiques archaïques143.
L’anthropologie juridique, quant à elle, est définie comme la discipline qui, par
l’analyse des discours oraux ou écrits - des pratiques et des représentations, étudie le
processus de juridicisation propre à chaque société et s’attache à découvrir les logiques qui le
commandent.
S’il est vrai que toutes les sociétés ne partagent pas la même vision du monde, étant
donné que les valeurs, qu’elles privilégient, diffèrent souvent de même que le contenu de leur
droit144, l’anthropologie juridique tente de discerner derrière les diversités de culture et de
droit qu’étudie le droit - la sociologie juridique et l’ethnologie juridique, ce qu’il pourrait y
avoir de juridique dans le fond naturel et, à ce titre, universel de l’homme. On peut ainsi être
conduit à découvrir ce fond commun élémentaire dans la prohibition de l’insecte et plus
largement dans la nécessité de l’échange et de la communication145.
142
Ibidem, p. 104-106.
143
F. TERRE, op. cit., p. 349.
144
N. ROULAND, L’anthropologie juridique, Paris, PUF, Collection « Que sais-je », 1990, p. 7.
145
F. TERRE, op. cit., p. 349.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 39 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Dès lors, si l’anthropologie juridique peut consister dans la formulation d’une théorie
unitaire du droit, elle ne vise pas nullement à l’unification du contenu des systèmes
juridiques, mais plutôt à leur mise en complémentarité146.
§ 6. La philosophie du droit
Elle a pour objet de porter des jugements de valeur sur le droit existant, de le
confronter à des valeurs qu’elle explicite et hiérarchise et de projeter au-delà son idéal du
droit. La philosophie du droit exerce ainsi une fonction critique lato sensu sur le droit147.
§ 7. L’informatique juridique
Si a priori les sciences biologiques semblent éloignées du droit, elles sont pourtant
nécessaires pour l’élaboration et la compréhension des règles relatives à la filiation. A titre
exemplatif, la connaissance des groupes sanguins permet une meilleure adaptation de la règle
de droit à la réalité lorsqu’il s’agit de déterminer la paternité légitime ou naturelle149.
146
N. ROULAND, op. cit., p. 9.
147
J. CARBONNIER, Sociologie juridique, Paris, PUF, 1978, p. 24.
148
C. LARROUMET, op. cit., p. 102.
149
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 40 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
150
H. BEKAERT, Introduction à l’étude du droit, Bruxelles, Etablissements Emile Bruylant, 1964, pp. 166 et
167, n° 170-174.
151
Y. LEROY, L’effectivité du droit au travers d’un questionnement en droit du travail, Paris, L.G.D.J., 2011,
p. 258, n° 243.
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Une fois repris dans la langue française, ce mot désigna, parallèlement à son sens
originaire d’instrument de mesure matérielle, un instrument de mesure immatérielle. Selon ce
sens, la règle renvoie à l’idée de mesure, d’étalon, de modèle. Sa vocation est de servir de
référence au déroulement du cours des choses152.
En droit, d’aucuns définissent la règle de droit comme étant une règle de conduite
dans les rapports sociaux, générale, abstraite et obligatoire dont la sanction est assurée par la
puissance publique153.
Cependant, si cette définition de la règle de droit convient pour une certaine catégorie
de règles juridiques notamment les règles de droit pénal, il importe de faire remarquer qu’elle
est lacunaire, et partant ne s’adapte pas ou mieux ne convient pas comme définition de
certaines règles de droit. En examinant les caractères de la règle de droit, nous tâcherons de
démontrer les limites de cette définition à partir de laquelle l’on a pensé dégager les
caractères de la règle de droit. L’analyse de ces caractères nous permettra de découvrir que
les caractères qu’on reconnaît traditionnellement à la règle de droit ne sont pas déterminants,
soit parce qu’ils sont douteux, soit parce qu’ils sont insuffisants154.
152
H. SIMONART et F. LEURQUIN, Introduction aux sources et notions générales du droit, Première
candidature, Faculté de Droit, UCL, 1995, p. 6.
153
R. GUILLIEN et J. VINCENT, Lexique des termes juridiques, 12e éd., Paris, Dalloz, 1999, p. 450.
154
C. LARROUMET, op. cit., p. 30.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 42 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Le fait que les règles de droit aient une forme, un contenu et des destinataires
différents ne doit pas empêcher de relever les points communs à la plupart d’entre elles155.
La question de caractères de la règle de droit est l’un des problèmes les plus
controversés de la théorie générale du droit. En effet, la difficulté provient surtout du fait que
le problème a été posé en terme trop absolu en ce sens que l’on a presque toujours voulu
dégager des caractères de la règle de droit qui seraient communs à toutes les règles
juridiques, dans tout groupement humain et à n’importe quel moment de son histoire. Or, la
conception que l’on peut avoir du droit n’est pas partout et toujours la même non seulement
parce que le domaine du droit peut être plus ou moins vaste, mais encore et surtout parce que
la contrainte peut être envisagée différemment156.
Les caractères, traditionnellement présentés comme étant ceux d’une règle de droit, se
présentent comme suit :
Les hommes étant par nature amenés à vivre en groupe et l’existence du groupe n’étant
possible que moyennant le respect de certaines règles, la règle de droit est considérée comme
ayant vocation à rendre possible la vie en commun. Elle est donc une règle de conduite
sociale157. C’est un modèle de référence pour le comportement des sujets de droit, un modèle
pour l’action158.
En tant que règle de conduite sociale, la règle de droit s’adresse au sujet de droit comme
être vivant en société pour qu’il se comporte de telle ou telle façon dans ses rapports avec ses
semblables. La règle de droit s’adresse aux membres du corps social pour leur imposer une
conduite déterminée en différentes occasions de la vie en société.
155
R. ROBAYE, op. cit., p. 21.
156
C. LARROUMET, op. cit., p. 14.
157
F. LEURQUIN et H. SIMONART, Fondements du droit, Première candidature, ICHEC, 1987-1988, p. 1.
158
P. AMSELEK et A. JEAMMAUD cité par Y. LEROY, op. cit., p. 273, n° 257.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 43 Université Catholique de Bukavu
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Cependant, s’il est vrai que la règle de droit est une règle de conduite, elle n’est pourtant
pas la seule. En fait, il existe d’autres règles de conduite sociale qui ne sont pas des règles de
droit. Il en est ainsi, pour rappel, notamment des règles religieuses et des règles morales159.
La règle de droit organise certes les rapports des hommes entre eux, mais elle ne régit ni
les actes intérieurs de l’homme (tels que ses pensées, ses vouloirs ou ses sentiments), ni les
rapports des hommes avec Dieu, ni le rapport de l’homme avec lui-même. Toutefois, si la
règle de droit ne régit pas directement ces rapports, indirectement elle intervient au sein de
ces relations dans la mesure où la conduite des hommes à l’égard d’eux-mêmes et/ou de la
divinité est susceptible d’affecter des rapports humains. La règle de droit se présente dès lors
comme une règle ayant vocation à régir tous ces rapports dans la mesure où ils peuvent
affecter les relations humaines160.
La règle de droit n’existe que dans et par la société. L’existence d’un simple groupe, voire
d’un ensemble d’individus présentant certaines caractéristiques communes (communautés) ne
suffit pas pour donner naissance à une règle de droit. Les règles de droit ne surgissent que
lorsque le groupe s’organise en vue d’une fin sociale détermine. Autrement dit, la règle de
droit est considérée comme une règle de conduite que se donne une société et le droit apparaît
ainsi comme l’ensemble des règles de conduite sociétaires. On ne peut concevoir le droit sans
une société. D’où, la maxime romaine « ubi societas, ibi jus », c'est-à-dire, là où il y a une
société, il y a du droit.
Cependant, il existe une multitude de sociétés de tout genre, d’origines les plus variées,
poursuivant des fins diverses, s’étendant sur des territoires très différents et qui toutes
élaborent leur droit. Il y a donc autant des droits que des sociétés distinctes. D’où, l’intérêt de
la question de savoir de tous ces droits, lequel qualifie-t-on de droit étudié à la Faculté de
droit ? Le droit, dont il s’agit, est celui de la société politique. La prééminence de cette
société sur les autres formes de sociétés découle de la généralité de sa fin. En effet, ce n’est
pas un aspect particulier du bien de l’homme que poursuit la société politique, mais plutôt la
réalisation du bien de tous ses membres, abstraction faite du bien propre des individus et des
159
C. LARROUMET, op. cit., pp. 26 et 27.
160
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 1 et 2.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 44 Université Catholique de Bukavu
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groupes qui la composent. Ce bien poursuivi par la société politique est appelé le bien
commun. C’est un objectif à réaliser dans un milieu social déterminé en fonction de moyens
dont dispose la collectivité considérée. Son contenu concret varie dans le temps et dans
l’espace.
Actuellement, c’est l’Etat qui constitue la forme la plus élaborée des sociétés
politiques. La prééminence de l’Etat sur les autres sociétés vient de ce que, sur un territoire
déterminé, il est le seul compétent pour exercer l’autorité suprême sur ses membres.
Au regard de ce qui précède, la règle de droit apparaît comme étant une règle émanant
de l’Etat, une règle établie par une autorité publique161. En présentant la règle de droit comme
une règle créée par l’autorité étatique, on tend à identifier le droit à l’Etat et, dans ce cas, il
n’y aurait de règle de droit que celle émanant de l’Etat.
Cependant, une telle conception est loin d’être vraie, car le droit n’est pas un
phénomène purement étatique. Tout d’abord, dans l’histoire des civilisations, la notion d’Etat
est une notion relativement récente, alors qu’il a existé des systèmes juridiques bien avant
que la notion d’Etat soit dégagée et utilisée comme une des bases de l’organisation sociale
actuelle. Les sociétés, dans lesquelles la tribu ou le clan constituait ou constitue encore le
centre de l’organisation sociale, ne peuvent être considérées comme des sociétés sans
système juridique.
Enfin, il existe des règles de droit infra-étatiques qui non seulement n’ont pas toujours
pour domaine d’application la société nationale ou étatique, mais encore et surtout ne sont
pas créées par un organe de l’Etat. Tel est le cas d’une règle contractuelle, si l’on considère
que certaines stipulations de contrats peuvent constituer des règles de droit. Il en est de même
des règles coutumières qui locales, régionales ou même nationales ne sont pas élaborées par
161
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 2 et 3.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 45 Université Catholique de Bukavu
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l’autorité étatique, mais sont secrétées par la société elle-même. S’il est vrai que la plupart de
règles de droit, notamment dans un pays comme la R.D. Congo, sont des règles élaborées par
l’autorité étatique et applicables à l’ensemble de la société nationale, il n’en demeure pas
moins vrai que la règle de droit ne saurait être réduite aux dimensions de l’Etat et être créée
exclusivement par l’un de ses organes162.
Même si toutes les règles de droit ne sont pas matériellement élaborées par l’autorité
publique, on estime néanmoins que, pour qu’une règle soit considérée comme une règle de
droit, il suffit que la règle, même élaborée en dehors de l’autorité publique, soit traitée par
elle-même comme étant sa règle de par l’appui qu’elle lui apporte163.
En tant que règle obligatoire, celui auquel la règle de droit s’applique est tenu de s’y
conformer le plus souvent sous la menace d’une sanction. Néanmoins, ce n’est pas la
sanction qui est le critère du caractère obligatoire de la norme juridique. Celui-ci provient de
l’opinion de la majorité de membres du corps social qui se conforment à la règle. Le sujet de
droit sait, en vertu du caractère obligatoire de la règle de droit, qu’il doit agir de telle façon et
non pas de telle autre et, dans le cas contraire, il est considéré comme transgressant la règle
de droit.
Toutefois, le caractère obligatoire de la règle de droit n’a pas toujours la même force.
C’est ainsi que l’on distingue les règles impératives des règles supplétives. Les règles
impératives sont celles qui ont un caractère obligatoire très poussé165. Une règle impérative
est celle à l’application de laquelle on ne peut pas échapper par la manifestation d’une
162
C. LARROUMET, op. cit., pp. 20 et 21.
163
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 4.
164
P. MALINVAUD, op. cit., p. 32.
165
C. LARROUMET, op. cit., pp. 26 et 27.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 46 Université Catholique de Bukavu
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volonté contraire. Tel est le cas de toutes les règles pénales, des règles du droit des personnes
particulièrement en matière de filiation – d’état civil – de mariage, des règles du droit du
travail, etc.166
S’il est vrai que la plupart de règles de droit sont des règles impératives, il existe,
cependant dans certains domaines du droit, des règles qui ne sont que supplétives167. Une
règle est dite supplétive lorsque, bien que destinée à régir une situation précise, elle peut être
écartée par une violenté contraire exprimée168. A titre d’exemple, la loi dispose que les
époux, mariés sans contrat de mariage, sont soumise à un régime matrimonial qualifié de
régime légal169. Cette règle n’est, cependant, que supplétive de volonté puisqu’on peut y
déroger par un contrat de mariage170.
Les règles supplétives sont davantage rencontrées dans les hypothèses où les relations
entre les membres de la société sont fondées sur les accords de volonté, c’est-à-dire les
relations organisées par les contrats. Dans bien de cas, les dispositions de la loi, notamment
du code civil en matière contractuelle, sont des dispositions supplétives. En conséquence, les
règles ainsi élaborées ne s’appliquent aux parties à un contrat que si elles n’en n’ont pas
décidé autrement. La règle est donc dite supplétive dans la mesure où elle supplée à l’absence
de volonté des parties au contrat. Mais, si le droit de contrat est le terrain d’élection des règles
supplétives, il existe également en la matière des règles impératives que par conséquent les
volontés des parties ne peuvent pas écarter171.
Le caractère général de la règle de droit résulte de ce que la règle de droit est une
disposition absolument impersonnelle qui a vocation à s’appliquer à un nombre indéterminé
de personnes se trouvant dans telle situation déterminée. La règle de droit vise non pas tant
les personnes en elles-mêmes que les situations juridiques dans lesquelles elles se trouvent. Il
166
P. MALINVAUD, op. cit., p. 37.
167
C. LARROUMET, op. cit., p. 37.
168
P. MALINVAUD, op. cit., p. 35.
169
Art. 488 du Code de la famille, in Les Codes Larcier. République Démocratique du Congo, Tome I, Droit
civil et judiciaire, Bruxelles, Larcier, 2003, p. 38.
170
P. MALINVAUD, op. cit., p. 35.
171
C. LARROUMET, op. cit., p. 27.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 47 Université Catholique de Bukavu
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importe peu que le nombre de personnes soit insignifiant. Une règle de droit peut dès lors être
conçue de manière générale, même si, en fait, elle ne s’appliquera qu’à une seule personne. Il
en est ainsi des règles relatives au mode de désignation des titulaires d’une fonction par
hypothèse unique comme le Président de la République, de la Cour de cassation, etc. Dans ce
cas, la règle s’appliquera à tous les candidats, mais elle aboutira à la désignation d’un titulaire
unique172.
La règle de droit étant considérée comme une règle générale, elle n’est pas édictée
pour un cas particulier. On considère également que le caractère général de la règle de droit
découle de ce qu’elle s’applique de la même manière sur toute l’étendue du territoire qu’elle
a vocation à régir. Ceci permet d’assurer l’égalité de tous en droit173.
La règle de droit étant impersonnelle, elle n’est pas faite en faveur d’une personne
particulière ou au préjudice d’une autre. Ceci constitue une garantie contre l’arbitraire176.
S’il est vrai que la plupart de règles de droit sont des règles générales et abstraites, on
peut, cependant, se demander si on doit nier le caractère de la règle de droit à une règle de
conduite sous prétexte qu’elle n’est ni générale ni abstraite. Il en est ainsi, par exemple, des
stipulations librement incluses dans un contrat par les parties à ce contrat.
172
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 32 et 33.
173
P. COURBE, op. cit., p. 3.
174
P. MALINVAUD, op. cit., p. 33.
175
C. LARROUMET, op. cit., p. 16.
176
P. COURBE, op. cit., p. 3.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 48 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
D’aucuns prétendent que ces stipulations ne sont pas constitutives des règles de droit
au motif qu’elles s’appliquent aux relations de deux personnes nommément désignées, à
savoir les parties au contrat. Or, dans la mesure où la loi le permet, notamment quand il s’agit
d’une loi supplétive, les parties à un contrat sont libres d’y inclure les stipulations qu’elles
entendent d’y faire figurer. Ces stipulations vont les lier au même titre et de la même façon
que la loi elle-même ; autrement dit, elles ont la même force obligatoire que la loi177. Ainsi,
en droit congolais, il est prévu que « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à
ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou
pour les causes que la loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi »178.
Il participe de ce qui précède que ce serait en vertu d’une règle de droit générale et
abstraite que les stipulations non impersonnelles d’un contrat ont force de loi. En élaborant
des stipulations propres à régir les rapports personnels, les parties à un contrat ne font pas que
créer la règle de droit, elles la dotent, en outre, simultanément d’un régime, qui est l’œuvre de
leur volonté. Il est donc difficile de nier que les parties à un contrat créent une règle juridique
dans la mesure où elles contribuent à l’ordonnancement juridique même si ce dernier est
propre à leurs rapports personnels.
Cependant, il existe des règles d’origine contractuelle, c'est-à-dire des règles élaborées
par un acte de volonté d’un sujet de droit, qui sont générales et abstraites. Tel est le cas des
conditions générales d’un contrat qui peuvent être utilisées et sont effectivement reprises
dans un nombre infini de contrats conclus entre un professionnel et sa clientèle. La règle est
certes élaborée unilatéralement par le professionnel dans tous les cas où elle ne lui est pas
imposée par un organisme syndical dont il est membre, ce qui l’oblige à la respecter, mais
elle est contractuelle puisque l’autre partie au contrat y adhère au moment de la conclusion du
contrat179.
Ceux qui n’attribuent le caractère d’une règle de droit qu’aux seules règles qui
seraient générales et impersonnelles, considèrent que les règles juridiques sont seulement
celles qui au-delà d’un cas particulier s’imposent à l’avenir dans tous les cas semblables. En
177
C. LARROUMET, op. cit., p. 17.
178
Art. 33 du décret du 30 juin 1988 relatif aux contrats et obligations conventionnels, in Les Codes Larcier.
République Démocratique du Congo, Tome I, Droit civil et judiciaire, Bruxelles, Larcier, 2003, p. 150.
179
C. LARROUMET, op. cit., p. 18.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 49 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
ce sens, les règles juridiques auraient vocation à s’inscrire dans la durée180. D’où, le caractère
permanent de la règle de droit en ce qu’elle s’applique à chaque fois que ses conditions sont
remplies et subsistent jusqu’à ce qu’elle soit abrogée. Elle est donc applicable virtuellement à
un nombre indéfini d’hypothèses futures181. Or, la durée n’est pas inhérente à la règle de droit
et on doit considérer qu’une règle de conduite apparaît comme une règle de droit dès lors
qu’elle a pour objet d’instituer un ordre dans une relation sociale et qu’elle est obligatoire
pour ceux qui sont concernés par cette relation182.
En ce qui concerne les jugements au sens large, c’est-à-dire les décisions rendues par
les juridictions, le juge doit appliquer le droit existant tel qu’il résulte, par exemple, de la loi
ou du contrat. Cependant, l’application de la règle existante suppose très souvent une
interprétation ou une adaptation de cette règle et c’est à ce niveau que peut se situer la
création du droit par le juge. Mais, lorsqu’il s’agit de savoir si le juge peut créer, dans les
décisions qu’il rend, des règles de droit, il ne faut pas confondre deux problèmes. Il est
question de savoir si le juge applique le droit existant, auquel cas il ne crée pas des règles, ou
bien s’il peut ajouter au droit préexistant (par exemple à la loi qu’il est chargé d’appliquer) et,
en ce cas, on peut parler d’une création jurisprudentielle du droit. S’il n’est pas douteux que
la règle créée par le juge à l’occasion d’un litige sur lequel il doit statuer constitue une règle
obligatoire par les parties au litige, il n’empêche que, comme une stipulation contractuelle,
elle n’est qu’une règle particulière183.
180
C. LARROUMET, op. cit., p. 19.
181
P. COURBE, op. cit., p. 3.
182
C. LARROUMET, op. cit., p. 19.
183
Idem
184
Ibidem, p. 21.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 50 Université Catholique de Bukavu
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Dans le langage ordinaire, le mot « sanction » évoque l’idée de punition, qui frappe
un individu coupable. Cet usage du terme se retrouve parfois dans la sphère du droit, par
exemple, en droit pénal, lorsqu’il s’agit de sanctionner notamment des assassins, des violeurs,
des voleurs, des escrocs, etc. Cependant, il convient de faire observer que le sens juridique du
terme « sanction » est plus large185.
Compte tenu de ce que les règles de droit sont destinées à ordonner les rapports des
hommes entre eux, ces règles ne peuvent être laissées à la libre volonté de chacun sous peine
de manquer leur but. D’où, l’intérêt du caractère coercitif des règles de droit187. Il faut donc
que la règle de droit soit observée même par ceux qui ne s’y conformeraient pas de leur
propre gré188.
185
R. ROBAYE, op. cit., p. 24.
186
F. OST et M. VAN DE KERCHOVE, op. cit., pp. 222-230.
187
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 4.
188
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 9.
189
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 51 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
S’il est vrai que ces ordres sont investis d’un pouvoir disciplinaire, il convient,
néanmoins, de relever que, d’une part, la création de ces organisations corporatistes est
décidée par l’Etat qui leur attribue un pouvoir disciplinaire et, d’autre part, leur pouvoir n’est
pas indépendant dans la mesure où l’autorité juridictionnelle de l’Etat en contrôle
l’exercice190.
190
C. LARROUMET, op. cit., pp. 21 et 22.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 52 Université Catholique de Bukavu
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Selon les types de règles qu’elles accompagnent, les sanctions sont de nature
différente192. Les sanctions juridiques peuvent être groupées en trois catégories.
Ce sont celles qui consistent en une répression sous forme de peines ou de mesures de
193
sûreté . Ce sont les sanctions pénales. Ces sanctions répondent à un objectif de répression
des certains comportement à travers la punition de ceux qui les commettent. La nature et la
gravité des sanctions pénales dépendent du type d’infraction aux lois qu’elles entendent
réprimer194.
L’auteur d’une infraction se verra alors frappé soit dans sa personne (peine de mort,
peine privative de liberté égale emprisonnement, mesure de sûreté comme l’internement), soit
dans ses biens (confiscation, amende), soit dans certains de ses autres droits (destitution,
interdiction ou déchéance)195.
191
C. LARROUMET, op. cit., pp. 22 et 23.
192
R. ROBAYE, op. cit., p. 25.
193
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 9.
194
R. ROBAYE, op. cit., p. 27.
195
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 9.
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B. La réparation
En plus des sanctions pénales, on rencontre une autre catégorie de sanctions qui
consistent en une réparation du préjudice causé. Cette réparation peut se faire soit par
l’exécution en nature, soit par la fourniture d’un équivalent généralement sous forme de
dommages et intérêts196.
L’exécution en nature permet d’obtenir le bénéfice exact auquel on peut prétendre sur
base de la règle qui n’a pas été respectée. Par exemple, si quelqu’un doit rembourser un prêt
d’argent et ne le fait pas, il pourra être condamné à payer cette somme à son créancier. S’il ne
s’acquitte pas volontairement, on utilisera éventuellement la force, par exemple, en réalisant
une saisie sur ses biens et en les vendant pour permettre le payement du créancier jusqu’ à
concurrence du montant dû.
Un autre mode de réparation d’un préjudice consiste dans la réparation par équivalent,
qui est retenu lorsque l’exécution en nature n’a pas été accomplie ou n’est pas ou plus
possible ou encore lorsqu’une perte est subie injustement par quelqu’un, telle qu’une perte
financière, matérielle, sentimentale, physique, morale, etc. En cas de réparation par
équivalent, le juge alloue à la victime, à titre de réparation du préjudice subi par elle, une
somme d’argent. On dit, dans ce cas, que la réparation s’effectue par le payement des
dommages et intérêts.
On établit une distinction entre, d’une part, des dommages et intérêt compensatoires
qu’on attribue à une victime ou à un créancier lorsque l’argent alloué vise à réparer le
196
Ibidem, p. 9 et 10.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 54 Université Catholique de Bukavu
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préjudice à lui-même et, d’autre part, des dommages et intérêts moratoires qu’on alloue à un
créancier lorsqu’il s’agit de réparer les dommages nés du retard avec lequel une obligation a
été exécutée197.
C. L’annulation
Une dernière catégorie de sanctions est constituée par les sanctions qui permettent de
supprimer ou de réduire l’efficacité d’un acte accompli irrégulièrement198. La sanction qui
consisterait dans l’annulation d’un acte a pour but et pour effet de faire disparaître un acte
juridique accompli de façon irrégulière soit parce qu’on ne pouvait pas poser cet acte, soit
parce qu’on n’a pas respecté les conditions de validité de fond et/ou de forme de l’acte en
question. Par exemple, un contrat de vente pourrait être frappé par une nullité en raison du
dol qui constitue un vice de consentement commis par le vendeur et qui aura consisté dans la
tromperie de l’acheteur sur une qualité déterminante de l’objet vendu199.
La sanction pour être efficace, ce qui exige évidemment son effectivité, doit s’appuyer
sur la contrainte. A défaut, le comportement prescrit par la règle de droit resterait le plus
souvent lettre morte. Notre système juridique est fondé sur le recours à la force pour obtenir
le respect de la plupart de règles de droit. Ce monopole de la contrainte réservée à l’Etat est
confié à certaines institutions, à savoir : les institutions judiciaires, qui sont investies du
pouvoir de faire respecter le droit200.
Au regard de ce qui précède, nul ne peut se faire justice à soi-même. Pour permettre à
chaque personne de faire respecter ses droits, il est prévu l’action en justice qui est le mode
197
R. ROBAYE, op. cit., pp. 25 et 26.
198
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 10.
199
R. ROBAYE, op. cit., p. 26.
200
Ibidem, p. 31.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 55 Université Catholique de Bukavu
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normal pourrait faire reconnaître et sanctionner ses droits201. L’action en justice est le pouvoir
en vertu duquel une personne peut s’adresser à un juge aux fins d’obtenir de lui l’examen de
sa prétention et éventuellement faire droit à sa demande.
S’il est prévu la possibilité de recourir à la contrainte étatique pour obtenir le respect
des règles de droit, cela ne revient pas à dire que les règles de droit ne sont observées que sur
base de la contrainte. En fait, la règle de droit est, d’ordinaire, spontanément obéie et la
contrainte ne demeure que d’ultime recours. La contrainte est publique dans la mesure où elle
est décrétée et exercée par l’autorité publique comme telle et non pas par des individus ou des
groupes d’individus.
Toutefois, si les sanctions peuvent être imposées au besoin par le recours à la force
publique, relevons que l’usage de la contrainte matérielle doit être réglementé afin que le
respect de la règle de droit ne soit pas obtenu au mépris de valeurs sociétaires jugées
essentielles. Dans les Etats modernes, le recours à la contrainte est techniquement organisé.
La mise en œuvre de la contrainte est assujettie à certaines règles ayant pour objet d’en
garantir le fonctionnement impartial et objectif et cette contrainte ne peut être exécutée que
par les seuls agents dépositaires de la force publique203.
Dans les relations des Etats entre eux, des sanctions peuvent être infligées par un Etat
à un autre. Ceci est une façon de se rendre justice.
Cependant, il existe aussi, sur le plan international, des autorités supra-étatiques, telles
que la Cour internationale de justice ou l’Organisation des Nations Unies, qui peuvent
sanctionner les Etats. Mais, de par leur nature, les Etats ne se prêtent pas à des sanctions
201
P. MALINVAUD, op. cit., p. 34.
202
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 4 et 5.
203
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 10.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 56 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
comme les personnes privées204. Les Etats sont invités à privilégier le recours aux voies
pacifiques de règlement des différends dans les conflits qui pourraient les opposer205.
La question que l’on se pose est de savoir s’il existe des règles qui contribuent à
l’ordonnancement juridique et réalisent une organisation sociale tout en étant dépourvues de
sanctions ? Cette question se pose, non seulement en droit international public, mais aussi en
droit interne206.
Dans les rapports entre Etats, il est difficile non seulement de concevoir, mais encore
et surtout d’appliquer des sanctions adéquates en cas de violation de ses obligations par un
Etat. C’est l’une des raisons pour lesquelles certains nient l’existence d’un véritable droit
international public pour y avoir seulement un ensemble de règles plus ou moins morales. Or,
une telle prise de position suppose non seulement qu’il n’y a des règles de droit que si la
règle est pourvue de sanctions, mais encore qu’une règle morale, à la différence d’une règle
de droit, n’est pas une règle assortie de sanction, alors qu’il existe des sanctions morales
comme il existe des sanctions juridiques.
En réalité, on ne peut nier que le droit international public impose des obligations aux
Etats notamment dans leurs rapports soit en vertu de conventions internationales bilatérales
ou multilatérales, soit au sein des organisations internationales. Il en résulte qu’il y a des
règles de droit international, qui ont pour but d’imposer l’ordre dans les relations
internationales, d’organiser les relations entre Etats. Une telle organisation mérite d’être
considérée comme un ordonnancement juridique bien qu’elle soit particulière, étant donné
que ceux auxquels elle s’applique sont des Etats souverains.
Il est vrai que les sanctions éventuellement prévues en cas de violation de ces
obligations par un Etat sont imparfaites et souvent inefficaces, mais l’absence ou
l’imperfection de la sanction ne saurait permettre d’affirmer l’inexistante d’un système
204
C. LARROUMET, op. cit., p. 23.
205
Art. 33-38 de la Charte des Nations Unies.
206
C. LARROUMET, op. cit., p. 23.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 57 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
juridique207. Sont considérées comme étant des règles imparfaites, les règles qui sont
dépourvues de contrainte, voire même de sanctions208.
En droit public, il en est ainsi, par exemple, de la règle selon laquelle le Président de
la République est tenu de promulguer les lois votées par le parlement209. Or, aucune sanction
n’est prévue à l’encontre du Président de la République en cas de non promulgation d’une loi.
De même, très souvent, le Parlement qui a voté une loi charge le Gouvernement de prendre
notamment un décret complétant la loi, la précisant, et qui est donc nécessaire pour son
application. Or, parfois malgré le délai assigné au Gouvernement par le Parlement pour
adopter la mesure d’application de la loi, cette mesure intervient des mois et parfois des
années après l’expiration du délai fixé210. Dans le cas de la RDC, parfois elle n’intervient
même pas. Tel est le cas de l’ordonnance du Président de la République, attendue depuis
1973, devant régir les droits de jouissance régulièrement acquis sur les terres occupées par les
communautés locales211. Or, aucune sanction n’est prévue dans ce cas.
En droit privé, nous pouvons illustrer le cas des règles dépourvues des sanctions par la
consécration de l’obligation naturelle qui constitue un excellent exemple d’une règle de droit
non sanctionnée. Une obligation naturelle est une dette qui pèse sur une personne, mais celui
au profit duquel elle doit être exécutée, c’est-à-dire le créancier, ne peut exiger l’exécution
par une action en justice. On oppose l’obligation naturelle à l’obligation civile, qui est une
dette dont le créancier peut exiger l’exécution en s’adressant au tribunal. S’il est vrai que la
plupart d’obligations prévues par des règles de droit sont des obligations civiles, il existe
207
Ibidem, p. 24.
208
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 9.
209
Art. 79, al. 2 de la Constitution de la RDC.
210
C. LARROUMET, op. cit., pp. 24 et s.
211
Art. 389 de la loi 73-021 du 20 juillet 1973 telle que modifiée et complétée portant régime général des
biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés, in Les Codes Larcier. République Démocratique du
Congo, Tome I, Droit civil et judiciaire, Bruxelles, Larcier, 2003, p. 123.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 58 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
également des obligations naturelles dont le payement ne peut être que volontaire et jamais
forcé. Ceci n’enlève pas à cette obligation son caractère juridique, puisque si le débiteur s’en
acquitte volontairement, il paye une dette dont il était tenu et n’accomplit pas un acte gratuit
au profit du créancier212. C’est ainsi qu’il est prévu en droit congolais que « Tout payement
suppose une dette ; ce qui a été payé sans être dû est sujet à répétition. La répétition n’est
pas admise à l’égard des obligations naturelles qui ont été volontairement acquittées »213.
D’après certains critères qui sont proposés, les règles de droit peuvent être distinguées
du point de vue de leur portée, de leur objet, de leur caractère obligatoire, du comportement
qui doit avoir lieu, de leur origine et de leur forme.
Au regard de la portée des règles de droit, on distingue les règles générales des règles
individuelles.
Ce sont des règles de droit qui énoncent une solution générale applicable à une
hypothèse envisagée de manière abstraite et impersonnelle. En d’autres termes, ce sont des
dispositions qui ont vocation à s’appliquer de manière répétitive à un ensemble de situations
ou de personnes indéterminées, à savoir toutes celles qui correspondront à l’hypothèse
abstraitement prises en considération par la règle de droit.
212
C. LARROUMET, op. cit., p. 24 et s.
213
Art. 133 du décret du 30 juin 1888 portant Code civil des obligations précité.
214
C. LARROUMET, op. cit., p. 26.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 59 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
une société, tantôt des catégories de personnes, tantôt une seule personne abstraitement
définie215.
Exemples :
- « Quiconque a volontairement fait des blessures ou porté des coups est puni d’une
servitude pénale de huit jours à six mois et d’une amende de vingt-cinq à deux cents francs,
ou d’une de ces peines seulement »216.
- « Tout détenu qui sera évadé ou qui aura tenté de s’évader sera, pour ce seul fait,
puni d’une peine de servitude pénale d’un an au maximum » 217.
- « Le Président de la République exerce le droit de grâce. Il peut remettre, commuer
ou réduire les peines »218.
Les règles générales connaissent une double origine. Elles peuvent, tout d’abord,
émaner des autorités publiques d’un Etat. Elles peuvent ensuite être établies par des sujets de
droit auxquels l’autorité publique a conféré ou reconnu, dans les limites qu’elle précise, le
pouvoir d’élaborer des telles règles Il en est ainsi des institutions de droit international public,
des organisations représentatives d’intérêts professionnels, des collectivités - qui dans
certaines circonstances se voient reconnaître ce pouvoir219.
Ce sont celles qui énoncent une injonction ou une permission individuelle donnée
à une ou à plusieurs personnes identifiées et déterminées de manière précise dans une
situation ou dans une hypothèse prise en considération de manière concrète220. La
caractéristique de la règle individuelle est de s’épuiser en sa seule application à un cas
déterminé à l’avance.
Les règles individuelles peuvent être classées d’après leurs origines. On distingue
ainsi :
215
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 20.
216
Art. 46, al. 1er du décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal, in Les Codes Larcier. République
Démocratique du Congo, Tome II, Droit pénal, Bruxelles, Larcier, 2003,
217
Art. 161, al. 1er du décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal précité.
218
Art.87 de la Constitution du 18 février 2006 précitée.
219
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 6 et 7.
220
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 21.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 60 Université Catholique de Bukavu
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- Les règles posées par des actes juridiques privés: il s’agit des règles émanant de la
volonté des particuliers. En effet, en vertu du principe général de l’autonomie de la volonté,
les particuliers ont droit de créer, par des actes juridiques privés, des règles de droit
individuelles qui régiront leurs rapports. Tel est le cas pour le testament, la vente, le louage,
etc.
- Les règles émanant de l’autorité publique : ce sont des règles posées soit par des
actes administratifs soit par des actes juridictionnels.
Les actes administratifs sont des manifestations de volonté émanant de l’Administration
publique qui ont pour objet de créer, de modifier ou de supprimer une situation juridique
concrète. Tel est le cas d’une nomination d’un fonctionnaire, de l’ordre de démolition d’un
immeuble menaçant ruine.
Les actes juridictionnels sont, quant à eux, des décisions par lesquelles les juges tranchent les
contestations qui leur sont soumises en appliquant, par des mesures particulières, des règles
générales aux cas d’espèce221. Cependant, dans certains cas, les juges n’exercent pas un rôle
qui se limite à l’application des règles générales aux cas concret, mais se voient appelés à
combler le silence du législateur en créant eux-mêmes les règles de droit devant s’appliquer
aux litiges leur soumis.
D’après l’objet des règles, on distingue, au sein des règles générales et abstraites du
droit positif, d’une part, les normes primaires et, d’autre part, les normes secondaires.
221
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 7.
222
H. L. A. HART, op. cit.
223
Art. 258 du décret du 30 juin 1888 relatif aux contrats et obligations conventionnelles précité.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 61 Université Catholique de Bukavu
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s’est présenté comme voyageur ou aura pris en location une voiture de louage ». Ces faits
visés par cette règle constituent une infraction de grivèlerie224.
Elles sont, quant à elles, des règles indirectes qui réglementent la compétence
attribuée à des institutions de l’Etat et/ou à des particuliers soit de créer - d’abroger ou de
modifier des règles primaires, soit de contrôler leur légalité, soit d’assurer leur application.
Ce sont, en quelque sorte, les règles qui reconnaissent, organisent et délimitent, au sein d’une
société, le pouvoir public ou privé d’élaboration et de mise en œuvre des règles primaires
organisant les droits et les obligations des hommes vivant au sein de cette société225.
Il en est ainsi de la règle selon laquelle « Le pouvoir législatif est exercé par un
Parlement composé de deux Chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat. Sans préjudice
des autres dispositions de la présente Constitution, le Parlement vote les lois. Il contrôle le
Gouvernement, les entreprises publiques ainsi que les établissements et les services publics.
Chacune des Chambres jouit de l’autonomie administrative et financière et dispose d’une
dotation propre »226.
D’après le caractère obligatoire des règles de droit, une règle peut se présenter comme
un commandement ou comme une recommandation.
interdisent directement quelque chose227. Tel est le cas de la règle selon laquelle « Toute
personne a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement intégral. Elle a le
devoir de le défendre »228 et celle qui prévoit que « Nul ne peut être lésé dans son travail en
raison de ses origines, de son sexe, de ses opinions, de ses croyances ou de ses conditions
socio-politiques »229.
D’autres règles contiennent des ordres ou des défenses indirects 230. Ainsi, en est-il de
la règle selon laquelle « Sera puni d’une servitude pénale de trois mois à deux ans et d’une
amende de cinq à cinquante zaïres ou de l’une de ces peines seulement, quiconque s’abstient
volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ni
pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action personnelle, soit en provoquant un
secours ». C’est l’infraction à non-assistance à personne en danger231. Dans ce cas, le
législateur ordonne indirectement de porter secours aux personnes en danger.
La technique utilisée par les pouvoirs publics pour diriger la conduite des hommes n’est
pas toujours autoritaire. Dans certains cas, elle plus souple. En pareille situation, le
comportement à suivre n’est plus alors prescrit, il est suggéré; les objectifs ne sont plus
imposés, mais plutôt indiqués. Les règles qui consacrent ces recommandations sont qualifiées
227
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 7.
228
Art. 53 de la Constitution de la RDC précitée.
229
Ibidem, art. 36.
230
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 7.
231
Art. 66ter du décret du 30 janvier 1960 portant Code pénal précité.
232
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 8.
233
Art. 5 de la Constitution de la RDC précitée.
234
Art. 161 de la loi 87/010 du 1eraoùt 1987 portant Code de la famille précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 63 Université Catholique de Bukavu
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Enfin, une règle de droit peut consacrer une permission lorsqu’elle énonce des
facultés, des compétences ou des libertés qu’elle reconnaît aux personnes visées par son
hypothèse. Ceci implique, en conséquence, une interdiction faite aux autres personnes de
porter atteinte à ces facultés, à compétences ou à ces libertés.
Dans certains autres cas, certaines règles de droit n’énoncent cependant pas comme tel
une interdiction, un commandement ou une permission. Elles se bornent simplement à
exprimer une définition, à introduire des distinctions ou à décrire les conditions de
reconnaissance d’une situation de droit à laquelle le système juridique attache, à travers
235
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 8-9.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 64 Université Catholique de Bukavu
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d’autres règles, des droits ou des obligations. En réalité, ces règles contiennent aussi, du
moins implicitement, une interdiction ou une permission. Il en est ainsi de l’interdiction de
définir ou de qualifier, selon des règles différentes, les hypothèses ou les concepts décrits par
l’auteur d’une règle de droit236.
Selon l’origine des règles juridiques, on établit une distinction entre, d’une part, les
règles de droit interne et, d’autre part, les règles de droit international.
Il s’agit des règles qui trouvent leur origine à l’intérieur d’un Etat. Tel est le cas de toutes
les règles qui émanent de l’Etat à travers les autorités publiques habilitées à cet effet ainsi que
les règles élaborées par les particuliers notamment à travers les contrats qu’ils concluent.
Il s’agit d’un ensemble de règles dont la source formelle est internationale. Il en est ainsi
des règles qui constituent le droit international public au sens strict. Ce sont des règles qui
régissent les relations entre sujets de droit international ainsi que celles qui fixent le statut, les
pouvoirs et les modes de fonctionnement des institutions internationales237.
Selon la manière dont les règles apparaissent, on établit une distinction entre les normes
écrites et les normes non écrites dont celles coutumières238.
La règle de droit est construite selon un schéma bipartite même si sa rédaction ne laisse
pas toujours clairement apparaître cette structure spécifique. Une analyse de son énoncé
permet de distinguer deux éléments articulés entre eux d’une façon logique : telle situation
236
J.-L. RENCHON, op. cit., pp. 17-18.
237
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 15.
238
A.-J. ARNAUD (dir.), op. cit., pp. 406-407.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 65 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
étant donnée, telle conséquence doit s’en suivre ou plus simplement si… alors…239. Les deux
éléments dont se compose la règle de droit sont : l’hypothèse et le dispositif240.
Les hypothèses envisagées par la règle de droit peuvent être soit des situations de fait soit
des situations de droit. Lorsque les hypothèses envisagées constituent des situations de fait,
les hypothèses constituent alors des actes ou des situations de la vie des hommes auxquelles
une règle de droit attache une solution juridique241.
Exemple :
- le fait de causer un dommage par sa faute242 ;
- les coups et blessures volontaires infligés à autrui243.
L’hypothèse peut aussi consister en une situation juridique. Cette dernière suppose, pour
être prise en considération, que les règles juridiques, qui l’organisent, aient été valablement
respectées ; autrement dit, la situation organisée par la règle se réfère à d’autres règles de
droit qui définissent les conditions auxquelles la reconnaissance de cette situation juridique
est subordonnée244. Ainsi, il est notamment prévu que « Les époux se doivent mutuellement
fidélité, respect et affection»245. Il convient à cet égard de faire remarquer que seuls les époux
et non les concubins sont concernés par cette obligation. L’hypothèse suppose donc, dans ce
cas, pour être prise en considération qu’il ait eu un mariage juridiquement valable, c’est-à-
dire conforme aux règles de droit qui organisent la conclusion du mariage246.
Le deuxième élément que comporte une règle de droit est le dispositif ou la solution. Le
dispositif définit ou décrit la solution ou l’effet juridique attaché par la règle de droit à la
239
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 11.
240
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 15.
241
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 15.
242
Hypothèse visée par l’article 258 du Code civil congolais des obligations.
243
Hypothèse prévue par l’article 46 du Code pénal congolais.
244
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 16.
245
Art. 459 du Code de la famille précité.
246
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 16.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 66 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
situation qu’elle vise dans l’hypothèse. La solution indique donc les conséquences juridiques
qui s’appliqueront lorsque l’hypothèse est réalisée247.
Les destinataires de la règle de droit, dont le nombre varie selon la règle en cause,
peuvent être rangés en trois catégories distinctes, à savoir :
- les personnes auxquelles la règle impose ou interdit un comportement déterminé ;
- les personnes pour lesquelles la règle constitue une source des droits. Ces
destinataires trouveront dans la règle un fondement pour exiger le respect de la règle à
toute autre personne et pour exercer éventuellement un recours contre elle ;
- tous ceux qui ont reçu pour fonction d’intervenir, au besoin par la force, pour que les
règles soient réellement appliquées. Ce sont tous ceux sans lesquels la règle risquerait
de n’être qu’un vœu pieux250.
247
Ibidem, p. 15.
248
Solution prévue par l’article 258 du Code civil congolais des obligations.
249
Sanction consacrée par l’article 46 du Code pénal congolais.
250
R. ROBAYE, op. cit., pp. 29-30.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 67 Université Catholique de Bukavu
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Le mot « source » évoque l’idée d’origine. Le concept désigne dans son sens propre
et dans son sens figuré une double réalité, à savoir l’origine matérielle et l’origine formelle.
L’expression « source du droit objectif » vise donc l’origine des règles de droit envisagées
sous l’angle de leur contenu (sources matérielles) et de leur mode d’élaboration (sources
formelles).
L’examen des sources du droit nous amènera donc à distinguer les sources formelles du
droit de ses sources matérielles. Les sources formelles du droit sont les divers procédés de
création des règles générales et individuelles qui forment le droit objectif251. Elles constituent
donc les procédés et actes par lesquels les normes accèdent à l’existence « juridique »,
s’insèrent dans le droit positif et acquièrent leur validité252. Ce sont les modalités
d’émergence d’un ordre juridique.
Parmi les sources formelles, on établit une distinction entre les sources obligatoires et les
sources non obligatoires. Les sources obligatoires sont celles qui, par leur seule autorité
s’imposent, aux juges. Il s’agit notamment de la Constitution, des traités internationaux, de la
loi, du règlement, de la coutume, de la convention collective et des principes généraux du
droit. Les sources non obligatoires, quant à elles, sont celles qui, en principe, ne s’imposent
pas, ne sont pas normalement obligatoires, mais jouent un rôle important dans la création du
droit253. Tel est le cas de la jurisprudence, de la doctrine, de la pratique et de l’équité.
L’analyse des sources du droit objectif nous amènera à étudier les sources formelles
obligatoires, les sources formelles non obligatoires et enfin les sources matérielles ou facteurs
du droit.
A travers cette section, nous analyserons, tour à tour, la classification des sources
formelles obligatoires, les conditions d’application de la loi et la sauvegarde de la cohérence
au sein de la loi au sens large.
251
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 25.
252
J.-L. BERGEL, Théorie générale du droit, 3e éd., Paris, Dalloz, 1999, p. 51, n° 42.
253
R. ROBAYE, op. cit., p. 100.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 68 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
A. La Constitution
1. La notion de Constitution
Au sens matériel, la Constitution peut être définie comme l’ensemble de règles écrites
ou coutumières qui déterminent la forme de l’Etat (unitaire ou fédérale), la dévolution et
l’exercice du pouvoir.
On oppose à une Constitution rigide une Constitution souple. Une Constitution est
qualifiée de « souple », lorsque ne se distinguant pas par sa forme des lois ordinaires, elle
occupe le même rang qu’elles dans la hiérarchie des règles juridiques et peut être modifiée
par elles254.
254
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 140.
255
P. MALINVAUD, op. cit., p. 53.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 69 Université Catholique de Bukavu
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2. Le contenu de la Constitution
La Constitution constitue la loi fondamentale d’un Etat. Elle fixe sa structure, indique et
organisent les différents pouvoirs au sein de l’Etat et de diverses collectivités qui le
composent, détermine leur composition, leur assigne un domaine d’actions, fixe leurs règles
de comportement et précise le lien existant entre eux. Elle détermine également la place du
citoyen au sein de l’Etat en reconnaissant notamment en sa faveur certains droits et en
consacrant certaines libertés publiques256.
3. Le bloc de constitutionnalité
Dans le but d’étendre le contrôle de la constitutionalité des lois, il a été reconnu la valeur
constitutionnelle à d’autres règles que la doctrine range désormais sous l’intitulé de « bloc de
constitutionnalité ». Il s’agit, tout d’abord, du préambule de la Constitution et par voie de
conséquence des documents auxquels il renvoie257. En RDC, il s’agit spécialement de la
Déclaration de droit de l’homme, de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples,
des Conventions des Nations Unies sur les droits de l’enfant et de la femme ainsi que les
instruments internationaux relatifs à la protection et à la promotion des droits humains258.
256
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 27.
257
P. MALINVAUD, op. cit., p. 53.
258
Cf. Préambule de la Constitution de la RDC précitée.
259
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 54-55.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 70 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
La Constitution occupe dans la hiérarchie des lois au sens large le point culminant. C’est
la charte solennelle du droit d’un Etat. Les législateurs y sont soumis comme tous les
citoyens, puisque c’est d’elle qu’ils tiennent leur pouvoir. Si pendant longtemps, le dogme de
la souveraineté du peuple et une interprétation trop stricte du principe de la séparation des
pouvoirs empêchaient, croyait-on, le pouvoir judiciaire de censurer, sous la forme de contrôle
de constitutionnalité, les actes du pouvoir législatif, actuellement ces idées sont fortement
ébranlées en raison de la consécration du contrôle de constitutionnalité des lois261.
260
F. OST et M. VAN DE KERCHOVE, op. cit., p. 62.
261
H. DE PAGE, Traité élémentaire de droit civil belge, Tome 1er, Introduction. Théorie générale des droits et
de la loi : les personnes, la famille, 2ème éd., Bruxelles, Etablissement Emile Bruylant, 1939, p. 242.
262
L. FAVOREU, L. PHILIP et P. ARDANT cités par F. TERRE, op. cit., p. 149.
263
Art. 139 de la Constitution de la RDC précitée.
264
Art. 162 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 71 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
chargée du contrôle de la constitutionnalité des lois et des actes ayant force de loi »265. Tout
acte déclaré par la Cour constitutionnelle non conforme à la Constitution est nul et de nul
effet266.
Dans son sens large, l’expression « traité international » désigne tout accord de
volonté entre deux ou plusieurs sujets de droit international, quelle que soit sa forme ou sa
qualification (traité, conventions, pacte, charte, accord, arrangement, protocole, …), destiné à
produire des effets de droit dans leurs relations mutuelles268.
Dans un sens plus restreint, ce terme désigne les accords internationaux conclus par
écrit conformément à la Convention de Vienne du 23 mai 1969 et du 21 mars 1986.
265
Ibidem, art. 160.
266
Art. 51 de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
constitutionnelle.
267
F. OST et M. VAN DE KERCHOVE, op. cit., pp. 54-55, 58.
268
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 116 et 117 ; R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 519.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 72 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Du point de vue formel, les traités sont classés suivant la qualité des parties, leur
nombre, leur caractère ouvert ou fermé. D’après la qualité des parties, on distingue les traités
conclus entre Etats, entre Etats et organisations internationales et entre organisations
internationales274. Suivant le nombre des parties, on établit une distinction entre les traités
bilatéraux et les traités collectifs ou multilatéraux. Les traits bilatéraux sont ceux qui résultent
de l’accord de deux Etats seulement ou mieux de deux sujets de droit international. Les
traités multilatéraux ou collectifs sont les traités qui découlent de l’accord de plus de deux
269
F. TERRE, op. cit., p. 160.
270
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 519.
271
F. TERRE, op. cit., p. 160.
272
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 519.
273
F. TERRE, op. cit., p. 160.
274
J. COMBACAU et S. SUR, Droit international public, Paris, Montchrestien, 1993, p. 58.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 73 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
En tant que sujet de droit international, tout Etat a la capacité de conclure des traités.
A cet effet, il appartient au droit constitutionnel de chaque Etat de designer l’autorité
compétente pour l’engager valablement en droit international. Les Chefs d’Etat et de
Gouvernement ainsi que le Ministre des affaires étrangères jouissent, à cet égard, d’une
présomption de représentation en vertu de l’art. 7.2. A. de la Convention de Vienne du 23
mai 1969 sur le droit des traités. En droit congolais, la Constitution dispose que « Le
Président de la République négocie et ratifie les traités et accords internationaux non soumis
à ratification après délibération en Conseil des ministres. Il en informe l’Assemblée
nationale et le Senat”279.
275
F. TERRE, op. cit., p. 160.
276
J. COMBACAU et S. SUR, op. cit., p. 58.
277
Ibidem, p. 59.
278
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 120.
279
Art. 213 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 74 Université Catholique de Bukavu
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L’article 102 de la Charte des Nations Unies impose aux membres de cette organisation
de faire enregistrer, le plus tôt possible, leurs traités auprès du Secrétariat de celle-ci dans le
but d’éviter les traités secrets. Cet enregistrement est suivi d’une publication dans un recueil
des traités des Nations Unies. Le non enregistrement interdit d’invoquer le traité devant un
organe de l’ONU, notamment devant la Cour internationale de Justice. Il est possible de
procéder à un enregistrement tardif.
Les Etats ont la liberté de conclure des traités internationaux, mais l’article 53 de la
Convention de Vienne du 23 mai 1969 leur impose une limite. En effet, cet article dispose
que « Est nul tout traité qui au moment de sa conclusion se trouve en conflit avec une norme
impérative du droit international ». Il s’agit là d’une référence « jus cogens », qui traduit
l’idée d’un ordre public international auquel il ne serait point permis de déroger par traité. Il
en est ainsi, par exemple, des règles du droit international qui interdisent l’esclavage, le
génocide, etc.282
280
Art. 83 de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités.
281
Art. 84 de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités.
282
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 118-119.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 75 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Le « jus cogens » est défini comme étant une norme impérative du droit international
283
général . Il s’agit d’une « norme acceptée et reconnue par la communauté internationale
des Etats dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n’est permise et
qui ne peut être modifiée que par une nouvelle norme du droit international général ayant le
même caractère »284.
283
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 311.
284
Art. 53 de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités.
285
Ibidem, art. 23.
286
J. COMBACAU et S. SUR, op. cit., p. 133.
287
Art. 43 de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
constitutionnelle.
288
Art. 216 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 76 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
La Constitution affirme ainsi que les traités ont une valeur supérieure à celle des lois.
Ceci implique que lorsqu’il y a conflit entre les dispositions d’une loi et celles d’un traité, ces
dernières doivent prévaloir291.
Pour assurer le respect des traités et accords internationaux par les lois, il est prévu un
contrôle de la conventionalité, qui consiste dans le contrôle de la conformité des lois aux
traités et accords internationaux. Cependant, la Constitution n’organise pas expressément ce
contrôle. Ce sont donc les juridictions ordinaires et non pas la Cour constitutionnelle qui
exerce ce contrôle de conventionalité.
289
F. TERRE, op. cit., p. 155.
290
Art. 215 de la Constitution de la RDC précitée.
291
C. LARROUMET, op. cit., p. 120.
292
P. MALINVAUD, op. cit., p. 62.
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II. La loi
A. La notion de loi
De toutes les sources formelles obligatoires, la loi est assurément la plus importante à
telle enseigne que dans le langage juridique courant, le mot « loi » est souvent utilisé dans un
sens figuré pour désigner toute règle obligatoire293.
Cependant, à proprement parler, le mot « loi » est susceptible de revêtir deux sens. Ce
terme peut s’entendre dans un sens matériel ou dans un sens formel. D’après sons sens
matériel, la loi est définie par son contenu, c’est-à dire que c’est une règle de droit générale,
impersonnelle et écrite par opposition à la coutume, qui est, également générale et
impersonnelle, mais n’est pas écrite294. Le mot « loi » est ainsi entendu dans son sens large.
Selon ce sens, ce mot désigne toutes les règles unilatérales écrites formulées par l’autorité
compétente, c’est-à-dire par toute autorité publique à laquelle est reconnue le pouvoir
d’édictée pareilles règles295. D’après ce sens large de la loi, ce terme comprend également les
règlements, qui sont des actes à portée générale et abstraite, émanant du Gouvernement et
plus généralement de l’autorité administrative. Ces actes réglementaires ou règlements sont
des lois au sens matériel de ce terme296. La loi au sens large du terme comprend donc la
Constitution, la loi au sens strict est le règlement297.
D’après son sens formel, la loi est définie non pas par son contenu, mais par l’organe
qui l’élabore. Selon donc le sens strict du mot « loi », ce mot ne recouvre qu’une partie de la
loi entendue au sens large, à savoir les règles confectionnées par le pouvoir législatif au sens
constitutionnel du terme298. La loi est donc strictement parlant l’œuvre du pouvoir législatif,
c’est-à-dire du Parlement. La Constitution de la RDC dispose à cet égard que « Le pouvoir
législatif est exercé par un Parlement composé de deux Chambres: l’Assemblée nationale et
le Sénat. Sans préjudice des autres dispositions de la présente Constitution, le Parlement vote
les lois (…) »299.
293
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 15.
294
C. LARROUMET, op. cit., p. 125.
295
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 15.
296
C. LARROUMET, op. cit., p. 132.
297
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 26.
298
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 15.
299
Art. 100 de la Constitution de la RDC.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 78 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Dans la catégorie de lois au sens strict, on établit une distinction entre lois
constitutionnelles, les lois organiques, les lois ordinaires et les lois référendaires300.
Il s’agit des lois qui ont pour objet de mettre en place ou de modifier la Constitution.
Elles peuvent émaner soit directement du peuple consulté par voir de referendum, soit du
congrès, c’est-à-dire de la réunion de deux Chambres du Parlement. Etant donné qu’elles ont
une valeur constitutionnelle, elles sont situées en haut de la hiérarchie de lois301.
Elles ont pour objet de fixer les modalités d’organisation et de fonctionnement des
pouvoirs publics303. La loi organique est définie comme étant une loi votée par le Parlement
pour préciser ou compléter les dispositions de la Constitution304.
Les lois organiques constituent une nouvelle catégorie de lois entre les lois
constitutionnelles et les lois ordinaires. Ces lois sont soumises à des conditions particulières
d’adoption et de contrôle305. Elles font ainsi l’objet d’une procédure particulière fixée par la
Constitution et les lois ordinaires doivent s’y conformer parce qu’elles sont supérieures à
elles306.
300
P. MALINVAUD, op. cit., p. 78.
301
P. MALINVAUD, op. cit., p. 78.
302
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 325.
303
F. TERRE, op. cit., p. 184.
304
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 326.
305
Idem
306
P. MALINVAUD, op. cit., p. 79.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 79 Université Catholique de Bukavu
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Une loi ordinaire est un acte voté par le Parlement selon la procédure législative et
dans l’une des matières que la Constitution lui réserve expressément. Cette définition fait
appel à la fois à un critère formel et à un critère matériel308.
Les lois ordinaires ont toutes la même force juridique, même si certaines d’entre elles
ont des objets spécifiques. Il en est ainsi des lois de finance, des lois de programme et des
lois-cadres309. Dans la catégorie de lois ordinaires, en plus donc des lois habituelles, certaines
lois présentent des caractères originaux310.
Les lois de finance sont celles qui prévoient et autorisent pour chaque année civile
l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat311. La Constitution de la RDC dispose que
« Les lois de finance déterminent les ressources et les charges de l’Etat »312.
Les lois de programme sont celles qui déterminent les objectifs de l’action
économique et sociale de l’Etat313.
307
Art. 124 de la Constitution de la RDC précitée.
308
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 326.
309
P. MALINVAUD, op. cit., p. 59.
310
Ibidem, p. 78.
311
F. TERRE, op. cit., p. 185.
312
Art. 126, al. 1 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 80 Université Catholique de Bukavu
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Les lois-cadres, quant à elles, sont celles qui se limitent à poser des principes
généraux et laissent au Gouvernement le soin de les développer en utilisant son pouvoir
réglementaire314.
C. Le domaine de la loi
1. Le principe
Le domaine de la loi se trouve limité par la Constitution, qui détermine les matières
qui sont réservées à la loi. Dès lors, la loi n’a pas vocation générale à réglementer toute
activité en tout secteur. Les matières qui ne sont pas du domaine de la loi sont déférées au
domaine réglementaire. Ainsi, ce dernier apparaît comme étant la règle et le domaine
législatif comme étant l’exception. Mais malgré son caractère d’exception, la compétence
législative s’étend à des matières fort étendues et importantes316.
Dans ces matières, il n’est pas interdit au Gouvernement d’édicter des règlements.
Ainsi, si des règlements interviennent dans ces matières, ils doivent être subordonnés à la loi
313
F. TERRE, op. cit., p. 185.
314
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 325.
315
P. MALINVAUD, op. cit., p. 78.
316
Ibidem, p. 79.
317
Art.128 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 81 Université Catholique de Bukavu
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dont ils ne font qu’assurer l’exécution. Le principe hiérarchique entre la loi et le règlement se
trouve, dans ces matières, pleinement affirmé318.
Les matières entièrement législatives sont en droit congolais déterminé par l’article
122 de la Constitution. Parmi ces matières figurent notamment les droits civiques et les
garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques, le
régime électoral, les finances publiques, les sujétions imposées par la défense nationale aux
citoyens en leur personne et en leurs biens, le droit du travail et de la sécurité sociale, etc.
En droit congolais, ces matières sont fixées par l’article 123 de la Constitution du. Il
en est ainsi de la libre administration des provinces et des entités territoriales décentralisées -
de leur compétence et de leur ressource, de la création des entreprises - établissements et
organismes publics, de l’enseignement et de la santé, etc.
318
P. MALINVAUD, op. cit., p. 80.
319
C. LARROUMET, op. cit., p. 134.
320
P. MALINVAUD, op. cit., p. 80.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 82 Université Catholique de Bukavu
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1. L’initiative de la loi
Chacun des membres du pouvoir législatif a le droit de saisir l’une ou l’autre Chambre
d’une proposition de loi. L’initiative d’une loi appartient également au Gouvernement. La
Constitution de la RDC dispose à cet égard que « L’initiative des lois appartient
concurremment au Gouvernement, à chaque député et à chaque sénateur (…)»321.
Lorsque l’initiative d’une loi émane du Gouvernement, on parle de projet de loi, mais
quand elle est l’œuvre d’un ou de plusieurs membres de l’une ou de l’autre Chambre, on
parle d’une proposition de loi322.
Les projets et proposition de lois sont examinés, dans un premier temps, au sein des
commissions spécialisées, avant d’en débattre en séance publique.
a. Le travail en commission
La Constitution de la RDC fait référence à ces commissions lorsqu’elle dispose que « Les
membres du Gouvernement ont accès aux travaux de l’Assemblée nationale et du Sénat ainsi
qu’à ceux de leurs commissions (…) »324.
321
Art.130, al. 1 de la Constitution de la RDC précitée
322
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 36.
323
Idem
324
Art.131 de la Constitution de la RDC précitée.
325
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 36 et 37.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 83 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Dès que les travaux de la commission sont terminés, la discussion du texte en séance
publique est mise à l’ordre du jour de la Chambre concernée. Tout d’abord, il est procédé à
un échange de vue sur l’ensemble du texte introduit par l’exposé oral du rapporteur. Ensuite,
la discussion article par article s’effectue sur base du texte adopté par la commission. Aucun
quorum de présence n’est exigé326.
L’art. 135 alinéa 1 de ce texte prévoit, quant à lui, que « Tout projet ou toute proposition
de loi est examiné(e) successivement par les deux Chambres en vue de l’adoption d’un texte
identique (…) ».
Les opérations de vote se passent en deux temps : le texte est voté article par article
dans un premier temps et le vote sur l’ensemble du texte n’intervient que par la suite.
Il ne peut être procédé au vote que pour autant que la majorité des membres soit
présente. La décision n’est, par ailleurs, acquise que si elle recueille la majorité de suffrages
exprimés329.
Il peut arriver que les deux Chambres soient en désaccord au sujet d’un projet ou
d’une proposition de loi. En pareil cas, la solution est fournie par l’article 135 de Constitution
de la RD Congo.
326
Ibidem, p. 37.
327
Art. 131 de la Constitution de la RDC précitée.
328
Ibidem, art. 133.
329
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 37.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 84 Université Catholique de Bukavu
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Le texte de loi adopté par les deux Chambres ou par l’une d’elles selon le cas, est
transmis au Président de la république, à qui il appartient de le sanctionner et de le
promulguer. A cet égard, la Constitution dispose que « Dans les six jours de son adoption, la
loi est transmise au Président de la République pour sa promulgation. Le premier ministre en
reçoit ampliation »330. Nous examinerons, en ce qui concerne l’intervention du Président de
la République, la sanction, la promulgation et la signature du texte lui transmis.
a. La sanction
b. La promulgation
L’acte de promulgation confère à la loi la force exécutoire. C’est dire qu’à partir de la
promulgation, la loi est en état d’être exécutée ou de devoir être exécutée. L’acte de
330
Art. 136 de la Constitution de la RDC précitée.
331
Ibidem, art.137.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 85 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
c. La signature
5. La publication de loi
C’est l’acte par lequel la loi est portée à la connaissance de ses destinataires. L’article 141
de la Constitution de la RDC prévoit que les lois sont publiées au Journal official. L’article
142 renchérit en disposant que « le Gouvernement assure la diffusion en français et dans
chacune des quatre langues nationales des lois dans le délai de soixante jours à dater de la
promulgation ».
La Constitution de la RDC dispose cependant que « La loi entre en vigueur trente jours
après sa publication au Journal officiel à moins qu’elle n’en dispose autrement »336.
332
J. FALYS, Introduction aux sources et principes du droit, Bruxelles, Bruylant, 1981, p. 111.
333
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 38.
334
J. FALYS, op. cit., p. 111.
335
J. FALYS, op. cit., p. 112.
336
Art. 142, al. 1 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 86 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’entrée en vigueur : elle peut être différée ou avancée. Elle doit, en principe, être
fixée à une date précise ou déterminable par elle-même.
Les annexes : ce sont des textes qui ne font pas partie du dispositif, mais qui y sont
rattachés. L’annexe peut être un texte autonome, préexistant au texte auquel elle est
annexée. Elle peut également constituer dans la mise en œuvre d’un procédé de
présentation consistant à séparer certaines parties d’une loi (tableaux, descriptions,
dessins, énumérations).
La langue du texte : certains textes sont publiés en plusieurs langues, alors que
d’autres sont unilingues, mais publiés avec une traduction.
La « législation par référence » : cette technique consiste en ce que l’auteur d’une
norme se réfère à une autre norme, en principe antérieure, ayant une force obligatoire
supérieure, égale ou inférieure en vue de faire appliquer la règle à laquelle il se réfère
à la matière qui est régie par la norme établie. Cette technique permet d’éviter
d’inutiles reproductions des normes, mais en rendant parfois difficile la consultation
de certains textes337.
F. La codification
Plusieurs pays, sous l’influence de la France, ont réuni, pour des raisons de
commodité et d’esthétique, la plupart de textes importants dans des codes. Ces derniers sont
des ensembles structurés divisés en partie, livres, titres, chapitres, sections, sous-section,… au
sein desquels les textes sont numérotés article par article. Dans la mesure où des très
nombreux textes ont été ainsi codifiés, c’est principalement par la consultation des codes que
les juristes et les étudiants en droit accèdent à la connaissance des règles de droit.
comme n’importe quel texte. Il faut et il suffit de respecter la procédure requise, laquelle
varie suivant la nature du texte338.
Les codes sont publiés, d’une part, par des organismes officiels dépendant du
Gouvernement339, et, d’autre part, par des éditeurs privés tels que Larcier, Dalloz,… qui
peuvent y ajouter des annotations bibliographiques ou jurisprudentielles et qui y font souvent
figurer à l’endroit qui leur parait le mieux choisi des textes officiellement non codifiés. Mais
on peut aussi les retrouver sur l’Internet.
338
P. MALINVAUD, op. cit., p. 96.
339
C’est le cas du Journal Officiel de la République Démocratique du Congo
340
F. VUNDUAWE te PEMAKO, Traité de droit administratif, Bruxelles, Larcier, 2007, p. 659.
341
P. MALINVAUD, op. cit., p. 83.
342
F. TERRE, op. cit., p. 189.
343
C. LARROUMET, op. cit., p. 136.
344
Art. 79, al. 3 de la Constitution de la RDC précitée.
345
Ibidem, art. 92, al. 1 et 2.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 89 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Au sein des règlements, on établit une distinction entre les règlements autonomes, les
règlements d’application et les règlements exceptionnels. Le pouvoir réglementaire est donc
envisagé sous trois sortes différentes346.
Le règlement autonome est un règlement pris spontanément et à titre exclusif dans les
matières autres que celles réservées à la loi347.
Toutes les matières qui ne sont pas réservées à la loi relèvent du domaine
réglementaire en vertu de l’article 128 de la Constitution de la RDC. Dans ce cas, il n’est plus
question de hiérarchie, mais plutôt d’égalité entre la loi et le règlement, chacun ayant
compétence dans son domaine propre. D’où, les expressions de « règlement autonome » ou
« décret législatif » qui traduisent clairement l’indépendance du règlement par rapport à la
loi348.
Etant donné que le règlement autonome n’a pas à respecter la loi dans son domaine, il
n’y a pas lieu à contrôler de la légalité sous la réserve évidente que le pouvoir réglementaire
ne soit pas sorti de son domaine pour empiéter sur celui du législatif. Cependant, les
règlements autonomes sont soumis à la Constitution, aux traités internationaux et aux
principes généraux du droit dans la mesure où ces derniers peuvent être considérés comme
relevant du domaine de la loi349. Le fait que le règlement autonome échappe à une
subordination au pouvoir législatif n’empêche pas que ce règlement soit un acte administratif,
qui est, à ce titre, soumis au contrôle de légalité350.
346
C. LARROUMET, op. cit., p. 136.
347
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 450.
348
P. MALINVAUD, op. cit., p. 84.
349
Idem
350
F. TERRE, op. cit., p. 193.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 90 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Les règlements d’application interviennent dans les matières réservés à la loi. Parfois,
la loi, elle-même, prévoit que des règlements d’application devront être pris dans un certain
délai et, bien souvent, la loi ou certaines de ses dispositions ne pourront être appliquées
qu’une fois le décret publié. Mais en dehors de cette hypothèse, le Gouvernement peut, de sa
propre initiative, édicter des mesures d’application d’une loi dans le cadre de sa mission
exécution des lois354. L’article 92 de la Constitution de la RDC dispose à cet égard que « Le
Premier ministre assure exécution des lois et dispose du pouvoir réglementaire sous réserve
des prérogatives dévolues au Président de la République par la présente Constitution ».
351
C. LARROUMET, op. cit., p. 138.
352
F. TERRE, op. cit., p. 193.
353
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 450.
354
P. MALINVAUD, op. cit., p. 85.
355
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 91 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Les règlements d’application ne sont pas seulement pris par décret, il peut aussi s’agir
d’autres actes de caractère réglementaire tels que les ordonnances du Président de la
République, les arrêtés pris par les autorités subordonnées comme un Ministre (arrêté
ministériel) - un Gouverneur de province (arrêté du Gouverneur de province) ou un Maire
(arrêté municipal), etc.
La connaissance des règlements d’application d’une loi est aussi nécessaire que celle
de la loi elle-même356.
La primauté de la loi est assurée par deux procédures de contrôle de la légalité, qui
sont à la disposition des particuliers, à savoir le recours pour excès de pouvoir et l’exception
d’illégalité.
Le recours pour excès de pouvoir est un recours tendant à l’annulation d’un règlement
en cas d’irrégularité. Ce recours conduit à l’annulation de l’acte à l’égard de tous et pas
seulement du demandeur de l’annulation de l’acte jugé illégal357.
En droit congolais, il est prévu que « La Cour d’appel connaît en premier ressort des
recours en annulation pour violation de la loi, formés contre les actes ou décisions des
autorités administratives régionales et locales et des organismes décentralisés placées sous
la tutelle de ces autorités »358. L’article 147 du Code d’organisation et compétence judiciaires
consacre, quant à lui, que « La section administrative de la Cours suprême de justice
connaît, en premier et dernier ressort, des recours en annulation pour violation de la loi
formés contre les actes, règlements et décisions des autorités centrales et des organismes
décentralisés placées sous la tutelle de ces autorités ». Elle connaît également,
conformément à l’article148 du même texte, de l’appel des décisions rendues par les cours
356
Idem
357
Ibidem, p. 46.
358
Art.146 du Code d’Organisation et compétence judiciaires
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 92 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
d’appel sur recours en annulation formés pour violation de la loi contre les actes, règlements
et décisions des autorités administratives, régionale et locales.
Dès qu’ils seront installés en RDC, le Conseil d’Etat connaîtra, en premier et dernier
ressort, des recours pour violation de la loi formés contre les actes, règlements et décisions
des autorités administratives centrales. Il connaîtra aussi, en appel, des recours contre les
décisions rendues par les cours administratives359.
Contrairement au recours pour excès de pouvoir, l’exception d’illégalité tend, non pas
à faire annuler un règlement, mais seulement à écarter l’application à un particulier d’un acte
illégal sur le fondement duquel il est poursuivi. En pratique, si tous ceux à qui s’applique
l’acte irrégulier invoquent l’exception d’illégalité, cet acte, bien que non annulé, se trouvera,
en fait, paralysé dans son application si bien que le pouvoir exécutif sera amené à le
modifier360.
d. Le contrôle de constitutionnalité
e. Le contrôle de conventionalité
3. Le règlement exceptionnel
Certains règlements interviennent dans le domaine législatif et, dans ce cas, ces
règlements ont une valeur de lois et ne peuvent faire l’objet d’un contrôle par une juridiction
administrative, particulièrement le Conseil d’Etat362.
359
Art. 155 de la Constitution de la RDC précitée.
360
P. MALINVAUD, op. cit., p. 86.
361
Cf. les développements présentés sur le contrôle de conventionalité de la loi.
362
C. LARROUMET, op. cit., p. 139.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 93 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
363
Art.129 de la Constitution de la RDC précitée.
364
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 676.
365
Ibidem, p. 677.
366
R. CHAPUS, op. cit., pp. 932-935, n° 1043-1047.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 94 Université Catholique de Bukavu
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367
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 677
368
R. CHAPUS, op. cit., p. 933, n° 1044.
369
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 677
370
Ibidem, p. 678.
371
Ibidem, p. 679.
372
R. CHAPUS, op. cit., p. 1007, n° 1115.
373
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 680.
374
Ibidem, p. 681.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 95 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
La forme de l’acte, c’est son aspect ou sa présentation. L’acte administratif doit être
signé, daté, numéroté et cacheté. La signature indique l’auteur de l’acte, la date –précédé du
lieu de l’acte - en précise le moment, le numéro renvoie à la référence de l’acte dans la série
et le cachet certifie que l’acte est authentique, officiel379. Les dispositions d’un acte
règlementaire sont réparties en une suite d’articles numérotés précédés du visa des textes dont
elles procèdent, et, le cas échéant, du visa des avis recueillis lors de son élaboration.
L’inobservation de cet usage est, cependant, sans conséquence380.
Lorsque l’obligation de motiver l’acte est prévue, l’auteur de la décision doit exposer,
de façon complète et précise, les raisons de fait et de droit qui fondent sa décision381.
L’obligation de motiver répond à trois exigences :
375
Ibidem, p. 682.
376
R. CHAPUS, op. cit., pp. 933 et 934, n° 1045.
377
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 682.
378
R. CHAPUS, op. cit., p. 935, n° 1047.
379
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 685.
380
R. CHAPUS, op. cit., pp. 1033-1034 , n° 1138.
381
Ibidem, p. 1034, n° 1139.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 96 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
- celle de la démocratie, en ce qu’il est conforme à ses principes que les autorités
administratives rendent compte aux administrés des raisons pour lesquelles elles ont
pris leurs décisions ;
- celle d’une bonne administration, d’autant plus que l’obligation de motiver conduit
les autorités administratives à examiner attentivement le bien-fondé des décisions
qu’elles envisagent de prendre et permet, ainsi, de prévenir des décisions
insuffisamment étudiées ou difficiles à justifier ;
- celle d’un bon contrôle de l’administration, car la connaissance des motifs des
décisions permet aux intéressés de mieux apprécier s’ils peuvent introduire des
recours382.
Les actes administratifs ne sont pas revêtus d’une forme unique383. Ainsi, on distingue
les ordonnances, les décrets, les arrêtés, etc.
Ainsi, l’élaboration d’un acte administratif peut être soumise à des procédures
particulières impliquant le respect des délais, la tenue des consultations ou l’exigence de
recueillir un avis387. Dans ce cadre, le législateur congolais prévoit notamment que « Un
décret du président de la République, pris sur proposition du Ministre ayant le travail et la
prévoyance sociale dans ses attributions, après avis du Conseil national du travail,
détermine les modalités de fixation du salaire minimum interprofessionnel garanti, des
382
Ibidem, p. 1036, n° 1139.
383
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 684.
384
G. DUPUIS, M.-J. GUEDON et P. CHRETIEN, op. cit., p. 463.
385
R. CHAPUS, op. cit., p. 938, n° 1050.
386
Ibidem, p. 1011, n° 1112.
387
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 686.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 97 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
On distingue les types suivants d’avis : l’avis conforme - qui est un avis qui doit être
recueilli et suivi par l’auteur de l’acte, l’avis obligatoire – qui est un avis qui doit être
recueilli par l’auteur de l’acte sans être tenu de s’y conformer, et l’avis facultatif – qui peut
être recueilli par l’auteur d’un acte sans qu’il ne soit tenu de remplir cette formalité390.
388
Art. 96 du Code du travail.
389
Art. 15 de la loi 011-2002 du 29 août 2002 portant Code forestier.
390
G. DUPUIS, M.-J. GUEDON et P. CHRETIEN, op. cit., p. 470.
391
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 686.
392
Ibidem, p. 686.
393
Art. 193 de la loi 73-021 du 20 juillet 1973 telle que modifiée et complétée portant régime général des biens,
régime foncier et immobilier et régime des sûretés.
394
Ibidem, p. 686.
395
Art. 62, al. 2 de la loi 81-003 du 17 juillet 1981 portant statut du personnel de carrière des services publics de
l’Etat.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 98 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Quand la procédure prévue pour l’établissement d’un acte administratif n’a pas été
suivie, il y aura, dans ce cas, vice de procédure. Ce dernier affect le processus de
l’élaboration d’une norme, contrairement au vice de forme qui ne concerne que la
présentation extérieure de l’acte administratif396.
Les délais peuvent être impératifs, soit puisqu’ils sont prescrits à peine de forclusion,
dans ce cas, aucune décision ne peut être prise après expiration du délai, soit parce qu’ils sont
prescrits à peine de nullité, auquel cas les actes pris après l’écoulement du délai prévu sont
considérés comme illégaux400.
Lorsque les délais comportent une date fixe, ils commencent à courir au premier jour
indiqué à 00h00’ pour se terminer le dernier jour à 00h00. S’ils sont fixés en quantièmes (par
exemple un mois) et que le point de départ est lié à un évènement, tel que la date de
notification, le délai, court, en principe dans ce cas, à partir du lendemain du jour de
l’évènement401.
Elle est l’opération par laquelle un acte administratif est porté à la connaissance des
intéressés ou du public. Elle rend l’acte administratif opposable aux intéressés. La
396
R. CHAPUS, op. cit., p. 945, n° 1054.
397
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 688.
398
W. BUSANE RUHANA MIRINDI, Le contrôle du pouvoir discrétionnaire de l’Administration par le juge
administratif congolais, Bruxelles, Bruylant, 2012, p. 78, n° 120.
399
M. LEROY cité par W. BUSANE RUHANA MIRINDI, op. cit., p. 78, n° 120.
400
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 688.
401
Idem.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 99 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
publication, qui consiste à insérer au Journal officiel un document officiel, est le mode de
publicité de règlement402.
Le motif de l’acte est la situation matérielle, objective, de fait ou de droit qui précède
l’acte et le justifie, alors que le but de l’acte est constitué des intentions subjectives de son
auteur, c’est-à-dire le résultat qu’il vise à atteindre403.
Une autorité administrative doit toujours agir en poursuivant l’intérêt général. Ainsi,
lorsqu’une autorité administrative agit dans un autre but que celui de l’intérêt général, elle
commet un détournement de pouvoir. Celui-ci consiste dans l’emploi par une autorité
administrative, d’un pouvoir dont elle est investie dans un but autre que celui en vue duquel il
lui a été conféré404.
Les actes administratifs jouissent d’une présomption de légalité. Ainsi, s’ils édictent
des obligations, celles-ci doivent être obéies aussi bien par les agents des services que par les
administrés. Ces derniers ne peuvent se transformer en juge de la légalité des décisions qui
s’imposent à eux. Ils ne peuvent que les contester devant l’Administration, elle-même, ou
devant le juge et sans que le recours introduit ne produise un effet suspensif de l’exécution de
la décision attaquée406.
402
Ibidem, p. 689.
403
Ibidem, p. 690.
404
Ibidem, p. 690-691.
405
Ibidem, p. 692.
406
R. CHAPUS, op. cit., p. 1071, n° 1167.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 100 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Un acte administratif peut être exécuté sans avoir besoin de recourir à la force
publique. La règle est que l’exécution est volontaire407.
- L’abrogation
C’est le mode de disparition de l’acte administratif par l’autorité qui avait pris la
décision411.
407
G. DUPUIS, M.-J. GUEDON et P. CHRETIEN, op. cit., p. 490.
408
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 691.
409
Ibidem, p. 693.
410
G. DUPUIS, M.-J. GUEDON et P. CHRETIEN, op. cit., p. 490.
411
F. VUNDUAWE te PEMAKO, op. cit., p. 694.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 101 Université Catholique de Bukavu
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- L’annulation
- Le retrait
C’est un mode de disparition d’un acte administratif qui consiste, de la part de son
auteur, à anéantir rétroactivement son acte illégal413.
Le juge administratif saisi d’un recours en annulation pour excès de pouvoir peut
annuler l’acte administratif pour l’un des motifs suivants : incompétence, vice de forme,
violation de la loi et détournement de pouvoir ou de procédure414. Ce sont des vices qui
peuvent affecter la légalité des actes administratifs415.
Le recours pour excès de pouvoir est un recours contentieux introduit devant un juge
administratif par toute personne intéressée en vue d’obtenir l’annulation d’une décision, qui a
été rendue irrégulièrement par une autorité administrative416.
- La caducité
412
Idem.
413
Ibidem, p. 695.
414
Ibidem, p. 697.
415
R. CHAPUS, Droit administratif général, T. 1, 10e éd., Paris, Montchrestien, 1996, p. 928, n° 1036 et 1037.
416
G. DUPUIS, M.-J. GUEDON et P. CHRETIEN, op. cit., p. 606.
417
R. CHAPUS, op. cit., p. 699.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 102 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
- La désuétude
Une convention collective de travail est « un accord écrit relatif aux conditions et
aux relations de travail conclu entre, d’une part un ou plusieurs employeurs, une ou
plusieurs organisations professionnelles d’employeurs et, d’autre part, une ou plusieurs
organisations professionnelles de travailleurs »420.
La convention collective de travail peut être conclue en vue de régler des conditions
de travail au niveau d’une ou plusieurs entreprises déterminées, au niveau d’une branche ou
d’un secteur d’activités ou encore au niveau interprofessionnel.
418
Ibidem, p. 699.
419
Ibidem, p. 546.
420
Art. 272 du Code du travail de la RDC, in Les Codes Larcier. République Démocratique du Congo, Tome
IV, Droit du travail et de la sécurité sociale, Bruxelles, Larcier, 2003, p. 32.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 103 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Cette convention peut être conclue soit pour une durée déterminée, soit pour une
durée indéterminée, soit pour une durée déterminée avec clause de reconduction421.
La convention collective de travail a une nature mixte. En effet, par certain de ses
caractères, elle ressemble à un contrat de droit privé, tandis que par d’autres, elle se
rapproche de la loi ou du règlement. Cette dualité se traduit dans les expressions utilisées
pour la qualifier. Ainsi, en fonction du caractère que l’on entend privilégier, on la désigne
différemment : « convention collective de réglementation de travail », « règlement par
convention » ou « règlement convenu ».
La convention collective est contractuelle par son origine, puisqu’elle l’œuvre des
seules parties contractantes qui décident de son contenu et de sa durée. Même si une
convention collective est rendue obligatoire par une décision de l’autorité publique, il
demeure que ce qui fait la loi uniforme du secteur, c’est ce qui a été convenu par les auteurs
de la convention conclue ou non au sein d’un organe paritaire. La convention collective ne
peut faire l’objet d’une annulation par une juridiction administrative, et particulièrement le
Conseil d’état. Elle contient, par ailleurs, certaines dispositions qui ne lient que les seules
parties contractantes. Ces éléments rapprochent ainsi la convention collective de travail d’un
contrat de droit privé.
421
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 64-65.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 104 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
d’une autorité publique obligent de manière impérative tous les employeurs et travailleurs
relevant du secteur ou des branches d’activités auxquelles s’étend la convention422.
Les clauses des contrats de travail individuels doivent se conformer aux dispositions
impératives d’une convention collective de travail423. La convention collective de travail doit
aussi se conformer aux dispositions du Code du travail, sauf si les clauses de la convention
collective qui ne sont pas conformes à ce Code sont favorables aux travailleurs424.
Les dispositions contenues dans la partie normative peuvent être soit des dispositions
normatives individuelles soit des dispositions normatives collectives. Les dispositions
normatives individuelles sont destinées à s’intégrer dans les contrats de travail individuels.
Tel est le cas des dispositions concernant la rémunération de travailleurs, la durée
hebdomadaire du travail, etc. Les dispositions normatives collectives ont vocation à régler les
relations de groupes au sein des entreprises ou des secteurs concernés425. Les dispositions
normatives tant collectives qu’individuelles de toute convention collective de travail
s’imposent et profitent, en qualité des règles impératives, à tous les travailleurs des
employeurs liés par la convention426. Les dispositions normatives lient donc les signataires,
les membres d’organisations d’employeurs signataires ainsi que tous les travailleurs d’un
employeur lié par la convention collective.
422
Ibidem, p. 67 et 68.
423
Art. 36, al. du Code du travail précité.
424
Ibidem, art. 274.
425
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 65.
426
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 82.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 105 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
à la grève pendant une période déterminée, la fixation des pénalités pour la partie ne
respectant pas la convention, etc.427
Les effets produits par une convention collective lorsqu’elle est conclue au sein d’un
organe paritaire et lorsqu’elle est rendue obligatoire par décision de l’autorité publique
compétente ont été présentés lors de l’analyse de la nature juridique de la convention
collective du travail.
V. La coutume
A. La notion de coutume
La coutume est très souvent considérée comme la source la plus ancienne du droit428.
A défaut d’une définition légale, il existe une assez grande incertitude sur ce qu’il faut
comprendre par la coutume. Selon certains, qui lui donnent un sen très large, seraient
coutumières toutes les règles de droit non textuelles. On range dans cette catégorie les
principes généraux du droit qualifiée de coutume savante, la jurisprudence du droit qualifiée
de coutume de tribunaux et la coutume au sens étroit qualifiée de coutume populaire. Dans le
cadre de ce cours, on s’en tiendra a ce sens étroit de la coutume, qui est retenu par la majorité
des auteurs.
427
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 65 et 66.
428
F. TERRE, op. cit., p. 196.
429
P. MALINVAUD, op. cit., p. 150.
430
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 161.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 106 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Au regard de ce qui précède, il existe des pratiques constantes qui n’ont jamais atteint
le stade obligatoire. Il en est ainsi de la pratique de pourboire, de cadeau d’usage, etc.431
On parle de coutume secundum legem lorsque la loi, elle-même, procède par renvoie à
la coutume. En pareil cas, ce renvoie confère à la coutume la même force que la loi435.
Cependant, la coutume à appliquer ne doit pas être contraire à la loi, à l’ordre public ou aux
bonnes mœurs436.
431
P. MALINVAUD, op. cit., p. 150.
432
Ibidem, p. 151.
433
F. TERRE, op. cit., p. 198.
434
P. MALINVAUD, op. cit., p. 152.
435
Idem
436
Art. 18, al. 1er de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l'ordre judiciaire.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 107 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Exemples :
L’article 340 du Code de la famille dispose que « La forme des fiançailles est réglée
par la coutume des fiancés. En cas de conflit des coutumes, la coutume de la fiancée
sera d’application (...) ».
L’article 788 du même texte prévoit que « Lorsque le droit de reprise est exercé par
un des enfants, celui-ci est tenu d’assurer les charges prévues par la coutume, en
faveur des autres enfants ». Cette disposition s’applique en cas de petits héritages.
Contrairement aux deux précédentes hypothèses où il n’y avait pas de conflit entre la
loi et la coutume, ici la question se pose en des termes différents : comment doit-on résoudre
le conflit entre une loi et une coutume qui sont incompatibles ? Il faut donc régler un
problème de hiérarchie des normes.
Le principe est que la loi est supérieure à la coutume. Il s’ensuit qu’une loi peut abolir
une coutume, alors qu’une coutume ne peut abroger une loi. Toutefois, une coutume
contraire à une loi supplétive de volonté peut être valable. En effet, vu que la loi supplétive
peut être écartée par une clause contraire, a fortiori elle peut l’être, d’une manière générale,
par une coutume contraire. Dans ce cas, il n’y a pas incompatibilité entre la loi et la coutume,
puisque la loi n’est pas obligatoire. En revanche, s’il s’agit d’une loi impérative, elle ne
pourrait être abrogée par une coutume contraire439.
437
P. MALINVAUD, op. cit., p. 153.
438
Art. 18, al. 1er de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l'ordre judiciaire.
439
P. MALINVAUD, op. cit., p. 154.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 108 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
La coutume, en tant que source du droit international, est prévue par le Statut de la
Cour international de Justice qui dispose que « La Cour, dont la commission est de régler
conformément au droit international les différends qui lui sont soumis, applique :(…) b. la
coutume internationale comme preuve d’une pratique générale acceptée comme étant le droit
(…) »440.
La coutume internationale est une règle de droit objectif issue des pratiques générales
et constates que les Etats et les organisations internationales suivent avec la conviction d’agir
conformément au droit.
La coutume est une source de droit dont l’importance en droit interne varie selon les
branches du droit. Ainsi, la coutume est exclue comme source du droit dans certaines
branches. Il en est ainsi en droit pénal en ce qui concerne l’incrimination et la sanction des
comportements prohibés, d’autant plus que la Constitution de la RDC prévoit que « (…) la
loi fixe les règles concernant : (…) 6. la détermination des infractions et des peines qui leur
sont applicables (…) »442 et que « Nul ne peut être (…) condamné qu’en vertu de la loi »443.
440
Art. 38, 1, b. du Statut de la Cour international de Justice.
441
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 116, 120-122.
442
Art. 122 de la Constitution de la RDC précitée.
443
Ibidem, art. 17, al. 2.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 109 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Cependant, dans d’autres branches du droit comme en droit civil, en droit commercial,
en droit social, la coutume exerce un rôle important en tant que source du droit objectif444.
Les principes généraux du droit sont des règles de droit objectif, qui peuvent ne pas
être exprimées dans les textes, mais qui sont appliquées par la jurisprudence et dotées d’un
caractère suffisant de généralité445. Ces règles, qui constituent des principes généraux, ne sont
pas écrites446.
Ils ne font pas partie du droit écrit, même s’ils sont formulés dans un texte. Ils sont
également distincts des règles coutumières447. En outre, ils ont une généralité différente de
celle attachée à une autre règle juridique, car ils visent une série indéfinie et imprévue de
situations juridiques. Mais, ils n’ont pas tous le même degré de généralité. Ainsi, certains
principes généraux du droit s’appliquent de manière transversale à toutes les branches du
droit comme le principe des droits de la défense, alors que d’autres ont une portée limitée à
une ou à certaines branches seulement448.
En droit international, les principes généraux du droit sont considérés comme une
source de ce droit en vertu de l’article 38 du Statut de la Cour internationale de Justice. La
notion de principes généraux du droit recouvre, en droit international public, des principes
444
F. TERRE, op. cit., pp. 203-204 ; H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 79-80.
445
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 91, n° 74.
446
H. BEKAERT, op. cit., p. 172, n° 175.
447
G. van der MEERSCH cité par S. SEYS, D. DE JONGHE et F. TULKENS, « Les principes généraux du
droit », in I. HACHEZ et alii (dir.), Les sources du droit revisitées, vol. 2, Normes internes
infraconstitutionnelles, Limal, Anthemis, 2012, p. 499.
448
S. SEYS, D. DE JONGHE et F. TULKENS, op. cit., pp. 504 et 505.
449
Art. 18, al. 2 de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l'ordre judiciaire.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 110 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
communs aux systèmes juridiques de la plupart des Etats dits civilisés dont le respect est
nécessaire à toute vie sociale et qui, pour cette raison, doivent trouver à s’appliquer, à défaut
des traités ou des règles coutumières, à la communauté internationale. Il s’agit, en réalité,
d’un moyen de remédier aux lacunes du droit international. Mais, il est utilisé assez rarement
en raison du caractère divisé et pluraliste de la communauté internationale450.
D’autres principes ont été, par la suite, dégagés par la jurisprudence et la doctrine.
Cependant, certains d’entre eux ont été également absorbés par la loi. Il en est ainsi, en
procédure civile, du principe de la contradiction. On assiste donc à un double phénomène :
l’apparition du principe dans un premier temps, puis son absorption par la loi dans un
deuxième temps. A ces jours, divers principes sont en voie de formation, mais sans qu’on
puisse dire avec certitude raisonnables qu’ils deviendront des principes généraux du droit. Tel
est le cas du principe de précaution et du principe de proportionnalité, particulièrement en
droit privé451.
450
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 122.
451
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 146-148.
452
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 92, n° 76.
453
Ibidem, p. 101, n° 89.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 111 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
partir de rien454. Ils sont créés à partir du système juridique tel qu’il existe dans toutes ses
composantes455.
Il est important de s’interroger sur la question de savoir en vertu de quel critère va-t-
on décider qu’on est en présence d’un principe général du droit ? En pratique, c’est par le
biais de la jurisprudence, lorsque le juge va fonder sa solution sur une règle non écrite qui va
alors accéder au rang de principe général. Dans un premier temps, il ne sera, peut-être, fait
référence au principe que dans le corps de la décision, puis un jour, le juge le posera en règle
de droit. Ainsi, les principes vont être officiellement reconnus au travers des décisions de
jurisprudence qui les consacrent. Lorsqu’une juridiction se fonde sur un principe non écrit,
elle va le mentionner dans son visa. Elle peut, par exemple, s’exprimer en ces termes : « Vu
le principe suivant lequel nul ne doit causer à autrui un trouble anormal du voisinage ». Il
s’agit d’un principe, qui ne figure dans aucun texte456.
Ainsi, les principes généraux n’ont pas, par eux-mêmes, une existence propre, car
c’est le juge qui leur donne force et vie. A cet égard, c’est la jurisprudence qui leur confère
leur autorité457. C’est au juge qu’il appartient de proclamer l’existence de principes généraux
du droit, d’en déterminer le contenu exact et la portée et de définir leur place dans la
hiérarchie des normes458.
Toutefois, toutes les règles que la jurisprudence produit « sans texte » ne sont pas
forcément des principes généraux du droit. Beaucoup de ces règles ne sont que des solutions
dégagées par le juge pour combler le silence, l’obscurité ou la contradiction de la loi460. Une
454
S. SEYS, D. DE JONGHE et F. TULKENS, op. cit., pp. 512-513.
455
Ibidem, p. 529.
456
P. MALINVAUD, op. cit., p. 148.
457
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 90, n° 73.
458
S. SEYS, D. DE JONGHE et F. TULKENS, op. cit., p. 526.
459
Ibidem, p. 528.
460
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 91, n° 74.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 112 Université Catholique de Bukavu
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règle n’accède au rang de principe général que si elle a été consacrée comme tel et sans
équivoque par la jurisprudence.
Il existe des principes généraux de droit privé, de droit public et certains sont
reconnus comme ayant une valeur constitutionnelle. Ce ne sont pas certainement les mêmes.
Les principes généraux de droit privé sont ceux consacrés par la Cour de cassation. Ils ne
s’appliquent qu’aux relations entre personnes privées.
Les principes généraux de droit public sont ceux consacrés par le Conseil d’Etat. Ils
ne s’appliquent qu’aux relations dans lesquelles l’Etat intervient ou l’une de ses subdivisions.
Les juridictions administratives consacrent dans des nombreux cas des principes généraux de
461
droit qui s’inspirent des règles qui figurent dans le Code civil, le Code du travail, etc. .
Traditionnellement, les principes généraux du droit occupent une place importante dans la
jurisprudence des juridictions administratives à cause, d’une part, de l’absence de
codification générale du droit administratif et de texte limitant les moyens pouvant être
invoqués en cas de violation d’une norme, et, d’autre part, du contrôle fondamental que ces
juridictions assurent sur l’exercice du pouvoir discrétionnaire par l’Administration462.
Les principes généraux à valeur constitutionnelle sont ceux consacrés comme tels par
la Cour constitutionnelle. Tel est le cas du principe de sauvegarde de la dignité de la personne
humaine. Ces principes sont consacrés à l’intention du législateur, qui doit les respecter
lorsqu’il édicte des lois nouvelles463. Ces principes font partie du bloc de constitutionnalité.
Ils sont considérés comme suffisamment fondamentaux et dotés d’une constance absolue,
d’une ancienne suffisante pour jouir de la valeur constitutionnelle, même s’ils ne découlent
pas expressément de la Constitution et qu’ils soient issus de la législation464. Ces principes
peuvent justifier l’annulation d’une loi qui leur serait contraire465.
L’institution du recours aux principes généraux du droit vise à combler les lacunes du
droit écrit et du droit coutumier466. Certains principes généraux du droit n’ont qu’une valeur
461
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 148-149.
462
S. SEYS, D. DE JONGHE et F. TULKENS, op. cit., p. 498.
463
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 148-149.
464
J.-L. BERGEL, op. cit., pp. 94 et 95, n° 80.
465
S. SEYS, D. DE JONGHE et F. TULKENS, op. cit., p. 507.
466
P. MALINVAUD, op. cit.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 113 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
supplétive, dans la mesure où ils ne s’appliquent qu’à défaut de textes contraires. D’où, les
règlements peuvent déroger à certains. D’autres principes généraux revêtent un caractère
supraréglementaire, en ce qu’ils s’imposent à l’Administration, mais la loi peut y déroger467.
« Error communis facit jus » : l’erreur est commune est créatrice du droit et couvre
les irrégularités éventuellement commises par les parties à un contrat ;
« Fraus omnia corrumpit » : la fraude fait échec à toutes les règles ;
« Nemo auditur propriam turpitudinem allegans » : nul ne peut se prévaloir de sa
propre turpitude ;
« Nemo judex in re sua » ou « Nemo judex in propria causa» : nul ne peut se rendre
justice468 ;
L’intérêt est la mesure des actions469 ;
Le principe du droit au recours juridictionnel470 ;
Le principe de sécurité juridique471 ;
Les biens des personnes publiques sont insaisissables.
467
J.-L. BERGEL, op. cit., pp. 103 et 104, n° 91.
468
J. KALERE MIGABO, Cours d’Introduction générale à l’étude du droit, G1 Droit, UCB, 1994-1995, inédit.
469
H. BEKAERT, op. cit., p. 175
470
G. DUPUIS, M.-J. GUEDON et P. CHRETIEN, Droit administratif, 10e éd., Paris, Dalloz, 2007, p. 150.
471
Ibidem, p. 152.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 114 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
A. La promulgation de la loi473
Contrairement à la loi au sens strict, aucune règle de droit ne dispose que les actes
réglementaires sont soumis à la promulgation. Certains auteurs considèrent qu’étant l’œuvre
du pouvoir exécutif, ces actes sont exécutoires par nature et ne nécessitent donc pas des
formalités comparables à la promulgation de la loi. D’autres font observer que, le plus
souvent, les actes réglementaires pris par le Président de la République ou par le Premier
ministre, font l’objet d’un contreseing, ce qui pourrait être compris comme une
authentification. Mais, en fait, il n’existe pas de promulgation pour les actes réglementaires
quels qu’ils soient474.
B. La publication de la loi
Comme les lois, les actes réglementaires sont soumis à publication pour avoir la force
obligatoire475. Ainsi, il est prévu en droit congolais que « Les lois, les actes ayant force de
loi, les Décrets du Premier Ministre et les Arrêtés des Ministres sont publiés par le journal
officiel par voie d’insertion et sur son site internet. Les actes réglementaires émanant de
toute autre autorité centrale sont publiés dans la même forme que les actes législatifs »476 .
De même, « Les actes des autorités provinciales et décentralisées sont publiés au Bulletin
officiel de la province. Ainsi, les règlements des entités territoriales décentralisées sont
publiés au Bulletin officiel de la province »477 .
A l’occasion de la publication d’une loi, il peut se faire que des erreurs aient été
commises. D’où, l’intérêt de la question relative à la rectification des erreurs commises lors
de la publication d’une loi. C’est la pratique des errata. En effet, il arrive parfois que
postérieurement à la publication d’un texte, on s’aperçoive que le texte publié comporte des
472
P. MALINVAUD, op. cit., p. 90.
473
Cf. les développements présentés antérieurement au moment de l’examen de l’élaboration de la loi sur
d’autres aspects concernant la promulgation d’une loi.
474
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 90-91.
475
Ibidem, p. 90-91.
476
Art. 2 et 3 de la loi n°10/007 du 27 fév. 2010 modifiant et complétant l’O.-L. n°68-400 du 23 oct. 1968
relative à la Publication et la notification des actes officiels, J.O.RD.C, numéro spécial, du 03 mars 2010.
477
Art. 40 de la loi organique n°08/016 du 07 oct. 2008 portant Composition, organisation et fonctionnement
des Entités territoriales décentralisées et leurs rapportes avec l’Etat et les Provinces, J.O.R.D.C., 2008.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 115 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
erreurs. Au lieu de recourir à un texte rectificatif, qui devrait satisfaire aux mêmes règles de
forme, de procédure et de fond que le texte rectifié, le Gouvernement préfère souvent corriger
l’erreur ou l’omission par voie d’erratum inséré au Journal officiel.
Cependant, cette pratique d’errata a donné lieu à des nombreux abus en ce qu’elle a
été utilisée par l’Administration pour corriger des erreurs de fond commises par l’auteur du
texte. La question se pose alors de savoir si les juges qui sont tenus d’appliquer le texte sont
également tenus par les errata, alors qu’ils n’émanent pas de l’auteur de l’acte, mais de
l’Administration qui n’a aucun pouvoir à cet effet.
S’il s’agit d’une erreur matérielle évidente, le juge doit tenir compte de l’erratum.
Mais si l’erreur touche au fond et si l’erratum conduit à modifier le sens ou la portée du texte
publié, en pareil cas, la jurisprudence est assez hostile à prendre en compte le rectificatif.
L’erratum ne saurait être pris en considération s’il a pour objet de réparer une erreur
commise par l’auteur du texte, qu’il s’agisse du parlement ou du pouvoir exécutif. Dans ce
cas, c’est à cet auteur qu’il incombe de revoir sa copie et d’adopter, suivant la procédure et
les formes requises, un nouveau texte exempt d’erreur478.
Bien que cet adage ne vise que la loi, la règle s’applique à l’ensemble des normes
juridiques, qu’il s’agisse de lois ou d’actes réglementaires. Elle s’applique également à la
jurisprudence dans la mesure où celle-ci est source de droit.
En second lieu, en matière pénale, le Code pénal fait de l’erreur inévitable une cause
d’irresponsabilité. En effet, n’est pas pénalement responsable, la personne qui justifie avoir
cru, par une erreur sur le droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter, pouvoir légitimement
accomplir l’acte. Mais, la jurisprudence en fait une application si étroite que cette erreur est
très rarement admise.
En troisième lieu, en matière civile, l’erreur de droit peut être invoquée non pas pour
échapper à la loi, mais pour demander la nullité d’un contrat conclu à la suite d’une telle
erreur. La jurisprudence considère, en effet, que l’erreur vicie le consentement de la même
manière qu’elle porte sur la règle de droit ou sur les circonstances de fait. Parfois même, la
jurisprudence décide qu’une situation établie contrairement à la loi doit être validée, si elle a
été établie dans l’ignorance collective et invincible de la règle. C’est ce qu’on exprime par la
maxime «Error communis facit jus » (L’erreur commune est créatrice du droit)480.
480
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 94-95.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 117 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
1. L’abrogation de la loi
a. La notion d’abrogation
L’abrogation est l’opération par laquelle la force obligatoire d’une règle lui est retirée
pour l’avenir et pour l’avenir seulement481.
L’abrogation, quant à elle, procède d’un jugement de valeur sur l’adéquation aux
nécessités actuelles d’une norme dont on sait qu’elle a été correctement établie, mais qu’elle
a fait son temps. On estime qu’elle doit cesser de produire ses effets. L’abrogation opère ainsi
ex nunc. La norme cesse de produire de nouveaux effets. Elle ne cesse pas d’avoir produit ses
effets antérieurs483.
481
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 49.
482
J. FALYS, op. cit., p. 120.
483
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 118 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Une règle unilatérale écrite peut être abrogée par l’autorité ayant le pouvoir de
l’édicter ainsi que par les autorités qui lui sont supérieures. Toutefois, lorsqu’une compétence
ou un pouvoir a été attribué(e) exclusivement à une autorité déterminée, les règles émanant
de cette autorité sont à l’abri d’une abrogation directe par l’autorité supérieure.
Il est généralement admis que des règles de droit écrit peuvent perdre leur force
obligatoire par l’abandon dans lequel ces règles tombent du fait de leur non usage486. Une
disposition de droit écrit pourrait être abrogée par désuétude, c’est-à-dire « par la double
circonstance, d’une part, qu’elle n’a plus été appliquée pendant un temps assez long encore
qu’il y ait eu matière à l’appliquer, et, d’autre part, que cette non application trouve son
origine soit dans la disparition de circonstance de faits qui ont entraînés l’adoption de la
disposition, soit dans un changement de l’opinion »487.
L’abrogation par désuétude n’est, en principe, admise qu’à l’égard des lois
supplétives. Elles seules peuvent, en effet, être régulièrement écartées par la volonté des
particuliers. S’il advient que certaines règles impératives ne soient, en fait, plus appliquées,
484
H. DE PAGE, op. cit., p. 262.
485
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 49-50.
486
Ibidem, p. 50.
487
J. RENAULD cité par J. FALYS, op. cit., p. 21.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 119 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
cela ne signifie pas pour autant qu’elles soient abrogées488. Aussi longtemps qu’une
disposition particulièrement impérative de droit écrit n’a pas été abrogée expressément, elle
reste obligatoire, sauf bien entendu si elle n’a été rendue obligatoire que pendant un certain
délai ou si l’autorité compétente décidait de la suspendre pour un temps en vue de l’abroger.
C’est le principe de la pérennité de la loi489.
2. La caducité
488
J. FALYS, op. cit., p. 50.
489
Ibidem, pp. 121 et 122.
490
Ibidem, pp. 122 et 123.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 120 Université Catholique de Bukavu
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Néanmoins, parfois ces circonstances constituent la raison d’être de la norme qui, bien
que conçue en termes généraux, ne visait qu’à y répondre. Dans ce cas, leur disparition
entraîne alors la caducité de la norme491.
La caducité est donc l’état de non-valeur auquel se trouve réduit un acte, qui était
pourtant initialement valable, du fait que la condition dont dépendait son efficacité n’existe
plus par l’effet d’un évènement postérieur492.
1. L’école de l’exégèse
Cette école est également qualifiée de sociologique. A la fin du XIXe siècle, des
critiques de plus en plus nombreuses avaient été formulées à l’encontre de l’école de
l’exégèse à laquelle on reprochait de faire du droit l’objet d’une «géométrie» sans attache
avec les réalités sociales. Une nouvelle doctrine s’était alors développée et considérait le droit
comme une création continue de la société.
La méthode historique prônée par cette école est fondée sur l’idée que le texte possède
une existence propre à partir du moment où il sort des mains de son auteur. Ce qui importe
dès lors, ce n’est pas tellement de retracer la volonté du législateur de l’époque que les
exigences actuelles du milieu social. Le texte se réduit ainsi à une formule dont le sens doit
pouvoir s’adapter aux exigences nouvelles de la société. C’est à l’interprète que revient la
tâche d’adapter la règle496.
495
J. FALYS, op. cit., pp. 170 et s. ; F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 45-46.
496
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 46.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 122 Université Catholique de Bukavu
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législateur aurait fait à son temps, mais plutôt elle essaye de faire dire au texte légal tout ce
qu’il est possible et utile qu’il dise compte tenu des difficultés nouvelles.
Cependant, cette école présente le danger de prendre avec la loi des libertés
inadmissibles et de consacrer ainsi des situations dans lesquelles le droit serait laissé à
l’arbitraire des juges ou à leur discrétion497.
3. L’école scientifique
François Gény, qui est l’un des premiers à avoir réagi contre les excès de l’école de
l’exégèse, n’a pas suivi la tendance de l’école historique jugée trop excessive. Il a préconisé
une nouvelle théorie fondée sur l’idée que la loi doit être respectée, selon l’intention de son
auteur, mais uniquement dans ce que le législateur a réellement voulu. De la sorte,
l’interprète retrouve une liberté complète dès qu’il est confronté à une règle douteuse ou
obscure. Il lui appartient d’élaborer alors lui-même la solution convenable en appliquant les
principes de la libre recherche scientifique, c’est-à-dire en s’inspirant des règles
fondamentales en matière d’élaboration du droit, des nécessités sociales et des exigences du
bien commun498.
1. La méthode linguistique
2. La méthode systématique
497
J. FALYS, op. cit., p. 173.
498
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 46-47.
499
P. DELNOY, Eléments de méthodologie juridique. 1. Méthodologie de l’interprétation juridique. 2.
Méthodologie de l’application du droit, 3e éd., Bruxelles, Larcier, Collection de la Faculté de droit de
l’Université de Liège, 2008, p. 155, n° 47.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 123 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Le texte est éclairé par le contexte juridique dans lequel il se situe. Ainsi, le sens d’une règle
peut être dégagé en partant de la place qu’elle occupe dans un texte, car son objet, même s’il
n’est pas indiqué, n’est pas, en principe, différent de celui du titre sous lequel il se situe. Cette
méthode dépasse la simple analyse de la structure logique des règles dans la mesure où elle
consiste également à comprendre une règle d’après l’économie générale de la loi dans
laquelle elle se trouve, c’est-à-dire d’après d’autres règles de la même loi, voire même
d’après les idées sur base desquelles la loi a été votée500.
3. La méthode historique
La méthode historique est celle qui consiste à dégager la signification et /ou la portée
d’un texte en le replaçant dans le contexte de sa genèse. Ce contexte est constitué des
événements historiques et des dispositions qui ont précédé le texte devant faire l’objet
d’interprétation. Le recours à cette méthode se justifie par le fait que plusieurs textes sont le
produit de l’histoire501.
4. La méthode téléologique
La méthode téléologique a pour objet d’éclairer un texte par le but que le législateur
poursuit à travers lui502.
5. La méthode sociologique
500
Ibidem, pp. 165, 166 et 167, n° 48.
501
Ibidem, pp. 171 et 173, n° 49.
502
Ibidem, p. 175, n° 50.
503
Ibidem, pp. 178 et 180, n° 51.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 124 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
1. L’interprétation authentique
2. L’interprétation judiciaire
C’est celle qui est donnée par les cours et tribunaux507. Dans notre système juridique,
ce sont principalement les cours et tribunaux qui usent du pouvoir d’interpréter les lois et les
règlements. L’interprétation judiciaire passe donc pour la principale filière de
l’interprétation508.
3. L’interprétation administrative
C’est celle qui est l’œuvre de l’Administration. Il s’agit donc de l’interprétation des
textes par les autorités administratives. C’est ainsi que les circulaires administratives ont pour
unique objet de préciser et de faire connaître aux différents services du ministère
l’interprétation officielle qu’un Ministre donne de tel ou tel texte de loi ou de tel règlement.
Ces circulaires ne créent donc pas des règles de droit.
Cette interprétation, qui est faite par l’Administration, s’impose à ses agents parce
qu’ils doivent obéissance à leurs supérieurs. Pour le juge judiciaire, une circulaire n’est
504
F. TERRE, op. cit., p. 408.
505
H. DE PAGE, op. cit., p. 252.
506
P. MALINVAUD, op. cit., p. 107.
507
H. DE PAGE, op. cit., p. 254.
508
F. TERRE, op. cit., p. 408.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 125 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
qu’une interprétation et, en conséquence, elle n’a pas de force obligatoire. Elle ne saurait
donc être invoquée devant une juridiction de l’ordre judiciaire, sinon comme une simple
référence à l’autorité administrative. Le juge est donc libre de s’écarter de l’interprétation de
l’Administration.
4. L’interprétation doctrinale
C’est celle qui est fournie par les auteurs qui étudient ou commentent les lois. C’est
une interprétation scientifique510.
509
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 108-109.
510
H. DE PAGE, op. cit., p. 253.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 126 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
De l’examen des décisions de justice, il a été dégagé un certain nombre des principes
généralement mis en œuvre par les cours et tribunaux. Ces principes se présentent notamment
comme suit :
Interpretatio cessat in claris : l’interprétation cesse lorsqu’un texte est clair. Quand un
texte est clair, il doit être appliqué selon le sens usuel des termes dont il se compose.
Un texte peut être considéré comme clair, lorsque sa rédaction est exempte
d’équivoque, lorsque l’interprétation selon le sens usuel de mot ne fait apparaître les
contradictions entre le texte et d’autres qui régissent la même matière ou des matières
connexes et enfin lorsque l’interprétation selon le sens usuel ne conduit pas à des
solutions absurdes ou injustes512. Selon donc ce principe, un texte clair ne doit pas
être interprété513.
Ubi lex non distinguit, non distinguere debemus : lorsque la loi ne fait pas de
distinction, il ne faut pas en faire. Ce principe signifie don que lorsque la loi vise un
ensemble de cas, il est interdit d’exclure son application à certains d’entre eux514.
Generalia specialibus non derogant : les dispositions générales ne dérogent pas aux
dispositions spéciales. A l’inverse de cette maxime, l’on est conduit à considérer que
les dispositions spéciales dérogent aux dispositions générales (Specialia generalibus
derogant).
Ubi cessat legis ratio, ibi cessat ejus dispositio : la loi cesse, là où cessent ces
motifs515 ou encore l’esprit de la loi fixe les limites de son champ d’application. Ceci
veut dire que lorsque la loi ne trouve pas sa raison d’être dans le cas concerné, il ne
faut pas la lui appliquer516.
Exceptio strictissimae interpretationis est : l’exception est de stricte interprétation. Il
ne faut donc pas étendre le champ d’application des dispositions exceptionnelles517.
Ceci signifie qu’il est interdit d’interpréter de façon extensive une disposition
exceptionnelle, c’est-à-dire une disposition qui déroge à une autre considérée comme
511
P. DELNOY, op. cit., pp. 181-186, n° 52.
512
F. TERRE, op. cit., p. 405.
513
P. DELNOY, op. cit., p. 191, n° 55.
514
Ibidem, p. 187, n° 55.
515
F. TERRE, op. cit., p. 409.
516
P. DELNOY, op. cit., p. 187, n° 55.
517
Ibidem, p. 188, n° 55.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 127 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Le juge ne peut, sous peine de déni de justice, s’abstenir de trancher un litige qui lui
est soumis même en faisant valoir, à l’appui de son abstention, l’obscurité - l’insuffisance ou
le silence de la loi521. Etant donné qu’il est obligé de trancher le conflit, le juge doit combler
la lacune constatée et créer, pour le cas qui lui est soumis, la règle adéquate522. On se trouve
dans une lacune du droit positif, lorsqu’on est en présence d’une « situation concrète pour
laquelle nulle réglementation n’est prévue ni par le droit écrit, ni par le droit coutumier »523.
Il y a alors lieu de s’interroger sur la question de savoir comment combler les lacunes
de droit positif. En principe, en l’absence de texte et de coutume l’interprète est libre. Il n’est
lié ni par la jurisprudence établie, ni par la doctrine. Cependant, certains principes
gouvernent ce travail de libre recherche de l’interprète, à savoir:
L’interprète jugera « selon les règles qu’il établirait s’il avait à faire acte de
législateur ». Ceci implique qu’il se place au point du bien commun, qui serait
celui du législateur.
L’interprète doit maintenir, autant que faire se peut, des points de contact avec
le droit existant. Ceci l’amène à user des procédés logiques de raisonnement.
En fait, il arrive parfois que la loi renferme une règle résolvant un cas
analogue à celui qu’il s’agit de résoudre. L’interprète recourra alors, avec
518
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 47-48.
519
P. DELNOY, op. cit., p. 189, n° 55.
520
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 48.
521
J. FALYS, op. cit., p. 177.
522
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 44.
523
J. RENAULD cité par J. FALYS, op. cit., p. 178.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 128 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
1. La position du problème
L’étude des règles relatives à l’abrogation peut risquer de laisser penser qu’un conflit
est impossible entre deux textes qui se succéderaient dans le temps pour régler le même objet.
Le plus récent deviendrait obligatoire au moment même où l’autre cesserait de s’appliquer
sans qu’il n’y ait chevauchement entre ces textes. Cependant, sous cette apparente simplicité
se dissimile parfois de graves conflits de lois dans le temps525.
En effet, lorsqu’une loi succède à une autre, il se pose la question de savoir si et dans
quelle mesure la loi nouvelle peut ou doit régir les éléments des situations juridiques
survenues avant son entrée en vigueur. C’est la question de conflits de lois dans le temps526.
On parle de conflit de loi dans le temps lorsque deux lois d’un même Etat, dont l’une est
ancienne et l’autre nouvelle, ont, toutes, vocation à régir une même situation juridique527.
Le principe de la non rétroactivité tient en deux propositions, à savoir, d’une part, que
la loi nouvelle n’a pas d’effet rétroactif, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas s’appliquer à des faits
qui ont été accompli avant son entrée en vigueur, et, d’autre part, qu’elle ne dispose que pour
524
J. FALYS, op. cit., p. 179 ; F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 51.
525
P. MALINVAUD, op. cit., p. 115.
526
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 51.
527
G. GATUNANGE, Droit international privé, Notes de cours, 2e licence, Faculté de Droit, U.C.B., 1999-
2000, inédit.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 129 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
l’avenir528. Au regard donc du principe de la non rétroactivité de la loi, la loi nouvelle n’est
applicable qu’aux situations à venir, les éléments futurs des situations nées sous l’empire de
la loi ancienne devant être régie par celle-ci. Dans ce cas la loi est d’application différée529.
Il y aura insécurité juridique, lorsque la solution d’un litige n’est pas connue, n’est pas
déterminable à l’avance, parce que cette solution n’est pas certaine, qu’elle est imprévisible.
Dans ce cas, les sujets de droit éprouveraient de profondes difficultés à établir des
prévisions ; ce qui serait source d’insécurité531. Au nom du principe de sécurité juridique, il
est exigé que les règles de droit soient claires, précises et portées à la connaissance de leurs
destinataires pour qu’ils puissent connaître les normes qui leur sont applicables532. La sécurité
juridique signifie donc, d’abord, que les sujets de droit doivent pouvoir comprendre le droit
applicable pour leur permettre d’agir avec certitude, ensuite, que le droit respecte leurs
prévisions juridiques et, enfin, qu’il ne doit pas, par son instabilité, ruiner leurs attentes533.
En ce qui concerne le besoin de progrès social, il est naturel de penser que la loi
nouvelle est meilleure que la loi ancienne ou, en tout cas, qu’elle correspond mieux à l’état
528
P. MALINVAUD, op. cit., p. 115.
529
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 51.
530
P. MALINVAUD, op. cit., p. 115.
531
Y. LEROY, op. cit., p. 98, n° 96.
532
CJCE, 07 février 1991, aff. 18/89, Tagaras c/ Cour de justice cité par Y. LEROY, op. cit., p. 145, n° 142.
533
Y. LEROY, op. cit., p. 147, n° 143.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 130 Université Catholique de Bukavu
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des mœurs, aux besoins économiques et sociaux de l’époque. En fait, la loi ne peut être figée,
elle doit évoluer en fonction du contexte économique, social, psychologique, etc.534
La loi nouvelle peut être d’application rétroactive. Dans ce cas, elle est déclarée
applicable à tous les éléments passés, présents et avenir des situations juridiques nées sous
l’empire de la loi ancienne ainsi qu’à toutes les situations à venir.
Au regard du principe de rétroactivité de lois, on établit une distinction entre les lois
normalement rétroactives et les lois expressément rétroactives. Les lois normalement
rétroactives comprennent notamment les lois pénales douces et les lois interprétatives.
Les lois pénales douces sont celles qui modifient une infraction ou qui diminuent la peine
encourue ou suppriment l’infraction dans un sens favorable aux personnes considérées
comme délinquantes. On considère que loin de porter atteinte à la stabilité sociale, elles
apportent plutôt un mieux-être conforme tant à l’intérêt général qu’aux intérêts particuliers. Il
est alors considéré comme étant juste et normal que soit appliquée non pas la loi ancienne
dont les pénalités ont été jugées excessives, mais la loi nouvelle considérée comme meilleure.
On parle, dans ce cas, de la rétroactivité in mitius de la loi pénale536.
Le législateur est libre d’édicter des lois expressément rétroactives, mais sous deux
réserves:
cette liberté est écartée en matière pénale, car la non rétroactivité à valeur de principe
constitutionnel. La Constitution de la RDC dispose à cet égard que « Nul ne peut être
poursuivi, arrêté, détenu ou condamné qu’en vertu de la loi et dans les formes qu’elle
prescrit. Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une omission qui ne constitue
pas une infraction au moment où elle est commise et au moment des poursuites. Nul
534
P. MALINVAUD, op. cit., p. 115.
535
Ibidem, p. 116.
536
Ibidem, pp. 119 et 120.
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ne peut être condamné pour une action ou une omission qui ne constitue pas une
infraction à la fois au moment où elle est commise et au moment de la condamnation.
Il ne peut être infligé de peine plus forte que celle applicable au moment où
l’infraction est commise »537 ;
cette liberté est encadrée dans les autres matières, puisqu’il ne peut adopter des
dispositions rétroactives « qu’en considération d’un motif d’intérêt général suffisant
et sous réserve de ne pas priver de garanties légales des exigences
constitutionnelles538 ».
La loi nouvelle peut également être d’application immédiate. Dans ce cas, elle est
appliquée uniquement aux éléments futurs des situations juridiques survenues avant son
entrée en vigueur ainsi qu’aux situations juridiques à venir539. Tel est le cas des lois nouvelles
en matière de procédure, et particulièrement de procédure pénale. En pareil cas, les instances
sont régies par la loi ancienne jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi nouvelle et aucun acte
posé sous l’empire de la loi ancienne n’est remis en cause. Cependant, dès la mise en vigueur
de la loi nouvelle, celle-ci prend en charge la suite de toutes les procédures commencées ainsi
que toutes les procédures qui naîtront après sa promulgation540.
1. La position du problème
Chaque Etat procède son ordre juridique propre afin de régler les relations sociales qui
se déroulent sur le territoire sur lequel il exerce sa souveraineté. Toutefois, la facilité, avec
laquelle il est possible de se déplacer au-delà des frontières et d’y nouer des relations
juridiques, provoque l’apparition d’un grand nombre de situations composées d’éléments
étrangers les uns aux autres et qui conduisent parfois à des conflits de lois541.
Il y aura conflit des lois dans l’espace lorsque les lois de deux ou plusieurs Etats ont,
toutes, vocation à régir une même situation juridique. Or, ces lois ne prévoient pas toujours
537
Art. 17 de la Constitution de la RDC précitée.
538
P. MALINVAUD, op. cit., p. 121.
539
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 51.
540
NYABIRUNGU mwene SONGA, Traité de droit pénal congolais
541
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 53.
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les mêmes solutions à ces situations. D’où, le risque de contradiction entre les solutions
retenues par les différents législateurs concernés et, partant, l’intérêt de la détermination de
la loi compétente, c’est-à-dire de la loi de l’Etat devant régir la situation en question542.
En matière pénale, il peut se faire qu’une infraction se réalise sur plusieurs territoires,
qu’une personne commette une infraction dans un Etat et qu’elle se réfugie dans un autre
Etat. Par ailleurs, une infraction commise à l’étranger peut léser les intérêts d’un autre
Etat543.
En droit privé, il se pose également des conflits de lois dans l’espace, qui résultent de
ce que des situations juridiques présentent des éléments d’extranéité, qui les rattachent
également à des ordres juridiques étrangers. A titre d’illustration, un mariage peut être
conclu par deux personnes de nationalité différente, une personne peut être auteur ou victime
d’un délit sur un territoire étranger, une personne peut posséder un bien meuble et/ou
immeuble à l’étranger, une personne peut passer un acte juridique comme un testament ou
un contrat sur un territoire étranger, etc.544
Pour régler ces conflits des lois dans l’espace, les Etats prennent soin, à travers les
règles de conflit des lois qu’ils édictent, de déterminer les solutions applicables à chaque type
de conflit545.
a. En droit privé
Les critères de rattachement retenus par les règles de conflit des lois sont pour
l’essentiel les suivants :
542
G. GATUNANGE, op. cit.
543
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit.
544
G. GATUNANGE, op. cit.
545
G. GATUNANGE, op. cit. ; NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit.
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sur le territoire national congolais. Il en est ainsi des règles concernant le statut réel qui
regroupe les matières relatives aux biens meubles et immeubles, les faits juridiques, les actes
juridiques en ce qui concerne leur forme ainsi que les lois de police et de sûreté546.
D’après ce critère, certaines règles de droit congolais ne régissent que les seuls nationaux,
peu importe le lieu où ils se trouvent, en RDC ou à l’étranger. Il en est ainsi spécialement des
règles relatives au statut personnel, qui regroupent les matières relatives à l’état civil, à la
capacité, au mariage, au divorce et à l’affiliation547.
b. En droit pénal
Les conflits de lois dans l’espace sont réglés en ayant recours aux critères ci-après :
Selon ce critère, la loi pénale s’applique à tous les individus qui ont commis une
infraction sur le territoire du pays dans lequel cette loi et en vigueur, quelle que soit leur
nationalité ou celle de leurs victimes549.
546
Cf. Code civil congolais, Livre Ier.
547
Cf. Code civil congolais, Livre Ier.
548
Cf. Code civil congolais, Livre Ier ; F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 53-54.
549
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit.
550
Art.2 du Code pénal congolais précité.
551
Art. 7 du Code d’organisation et compétence judiciaire précité.
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C’est le système qui donne pouvoir au juge du lieu d’arrestation de connaître de toutes
les infractions quel que soit le lieu de leur commission, quelle que soit la nationalité du
délinquant ou de la victime. Ce système est encore qualifié de système de compétence
universelle de la loi pénale553.
Au regard de ce qui précède, nous voudrions examiner comment éviter qu’une règle
unilatérale écrite porte atteinte à la cohérence interne de la loi et que faire lorsqu’une telle
règle porte atteinte au principe hiérarchique et à la répartition des compétences. A cet égard,
nous étudierons le principe hiérarchique et les mécanismes visant à prévenir et à réparer les
incohérences qui prennent la forme d’empiétement des compétences.
552
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit.
553
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit.
554
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 44, 54-55.
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I. Le principe hiérarchique
Le droit, qui a pour fonction de créer l’ordre, doit veiller à ce que toute personne
demeure dans les limites de ses compétences et éviter, autant que faire se peut, l’apparition
des règles contradictoires. L’existence du principe hiérarchique, qui postule qu’il y ait entre
les règles unilatérales écrites une certaine gradation, permet d’éviter ou de résoudre un certain
nombre d’incohérences qui prennent la forme de commandements contradictoires. Il exige,
en effet, que l’auteur d’une règle inférieure se conforme à ce que prescrit la règle de niveau
supérieur et qu’au cas où existe deux règles contradictoires de degré différent, la préférence
soit accordée à la règle de niveau supérieur555.
C’est ainsi que les sources de droit écrit se présentent dans leur hiérarchie en RDC
comme suit: la Constitution, les traités internationaux, la loi au sens strict et les règlements.
Au sein de certaines de ces catégories d’instruments juridiques, on trouve également une
hiérarchisation de différentes espèces relevant d’un même genre. Il en est ainsi notamment au
sein de la loi au sens strict et du règlement tel qu’étudié précédemment.
Pour que règne la cohérence au sein de la loi, il est prévu, d’une part, des mesures
préventives destinées à assurer le respect de la répartition des compétences et, d’autre part,
des mesures préventives destinées à assurer le respect du principe hiérarchique556.
Dans le but d’assurer le respect de la répartition des compétences entre les différentes
autorités investies du pouvoir d’édicter des règles de droit, les mécanismes suivants
sont prévus en RDC : l’intervention de la Cour constitutionnelle et celle des autorités de
tutelle.
555
Ibidem, p. 75.
556
Ibidem, p. 76.
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Par ailleurs, le juge constitutionnel est investi de la mission de régler les conflits de
compétence ou d’attribution entre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif560, entre
l’Etat et les provinces561 et entre les ordres de juridiction562.
557
Art. 124 de la Constitution de la RDC précitée ; Cf. également l’art. 44 de la loi organique n° 13/026 du 15
octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour constitutionnelle.
558
Ibidem, art. 139 ; Voir également l’art. 47 de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant
organisation et fonctionnement de la Cour constitutionnelle.
559
Art. 51 de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
constitutionnelle.
560
Art. 57 et suivants de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement
de la Cour constitutionnelle.
561
Ibidem, art. 61 et suivants.
562
Ibidem, art. 65 et suivants.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 137 Université Catholique de Bukavu
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Les moyens préventifs mis en place ne permettent pas d’empêcher l’apparition des
règles qui constituent des entorses à la répartition des compétences ou qui violent le principe
hiérarchique. Ainsi, des mesures curatives ont été envisagées pour rétablir la répartition des
compétences et veiller au respect du principe hiérarchique.
Quatre techniques peuvent être utilisées en l’encontre d’une règle de droit traduisant
un empiétement des compétences de la part de son auteur. Ces techniques aboutissent soit à
la suppression pure et simple de la règle de droit, soit à éviter qu’il en soit fait application. Le
recours à la Cour constitutionnelle, la requête à une section administrative d’une Cour
d’appel ou de la Cour suprême de justice et l’intervention des autorités de tutelle peuvent
conduire à l’anéantissement de la règle de droit, lorsque le recours est jugé fondé.
L’exception illégalité, soulevée dans le cadre d’un litige porté devant les cours et tribunaux,
563
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 57.
564
Art. 95 de la loi organique n° 08/016 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation et
fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leur rapport avec l’Etat et les provinces précitée.
565
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 58.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 138 Université Catholique de Bukavu
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peut, quant à elle, entrainer le rejet de l’application d’une règle établie en violation des règles
de compétence et/ou du principe hiérarchique566.
§ 1. La jurisprudence
I. La notion de jurisprudence
566
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 58 et 59.
567
Ibidem, p. 80.
568
Art.149 de la Constitution de la RDC précitée.
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soumises, les juges ajustent fréquemment ces règles à la réalité en tenant compte de
l’évolution de la société. Il en résulte que des règles, formulées dans un passé plus ou moins
lointain, peuvent, au fil du temps et en fonction de l’évolution, être comprises de manière
différente.
Dans certains cas également, les jugements et arrêts des cours et tribunaux sont
parfois créateurs des règles de droit. En fait, le juge peut être saisi d’une contestation pour la
solution de laquelle il n’existe, à son avis, aucune règle. Dans ce cas, il doit, lui-même, sous
peine de déni de justice, créer, par voie de raisonnement, la règle applicable.
569
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 95.
570
Art. 36 et 48 de loi organique n° 13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de
cassation.
571
R. GUASTINI cite par Y. LEROY, op. cit., p. 349, n° 332.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 140 Université Catholique de Bukavu
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Lorsque la jurisprudence est constante et bien établie, elle fournit, aux destinataires de
la règle, une solution jurisprudentielle, c’est-à-dire qu’elle exprime un degré de probabilité de
voir les juges adopter à l’avenir la solution consacrée par le passé. Ce degré de probabilité
est, cependant, variable. Il est plus élevé si la solution a été adoptée par les juridictions
supérieures ou, à défaut, par de nombreuses juridictions. Le fait que la solution ait été
adoptée par la cour de cassation est également important d’autant plus que cette cour est la
juridiction suprême en matière judiciaire572.
On parle de l’autorité de la chose jugée lorsque, une fois les diverses voies de recours
(opposition, appel, cassation) expirées, la décision rendue ne peut plus être remise en cause.
Toutefois, cette autorité est relative en ce sens qu’elle est limitée à l’affaire qui a été jugée et
elle ne lie nullement, pour l’avenir, le tribunal qui a rendu la décision, ni a fortiori toute autre
juridiction573.
572
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 95 et 96.
573
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 158 et 164.
574
Art. 37, al. 5 de l’ordonnance-loi 82-017 du 31 mars 1982 relative à la procédure devant la Cour suprême de
justice, in Les Codes Larcier. République Démocratique du Congo, Tome I, Droit civil et judiciaire, Bruxelles,
Larcier, 2003, p. 322.
574
P. MALINVAUD, op. cit., p. 35.
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IV. Interdiction de légiférer, prohibition des arrêts de règlement et admission des arrêts
de principe
En outre, il est interdit aux juges de se prononcer par voie de disposition générale et
réglementaire sur les causes qui leur sont soumises. Ainsi, il leur est interdit la pratique des
arrêts de règlement. Dès lors, une juridiction ne pourrait se prononcer par une disposition
ayant vocation à la lier elle-même, voire à en lier d’autres à l’avenir576.
Il existe aussi, dans la jurisprudence, des arrêts qualifiés d’arrêts de principe. Une
décision de justice est ainsi qualifiée lorsqu’elle prend position sur une difficulté
d’interprétation ou d’application d’une règle de droit et pose un principe susceptible de
s’appliquer à tous les cas analogues qui se présenteront dans l’avenir. On dira alors que sont
des arrêts de principe, tous les grands arrêts qui ont, pour la première fois, affirmé une
solution ou qui sont revenus sur une solution précédemment acquise. Dans ce cas, il s’agit
d’un revirement de jurisprudence. Ces arrêts sont souvent désignés par les noms des parties.
Tel est le cas de l’arrêt Franck, de l’arrêt Desmares… Des tels arrêts ne posent pas
véritablement une règle de droit nouvelle comme le Parlement pourrait le faire, ils
interprètent une règle de droit ambiguë, obscure ou lacunaire pour l’appliquer à des
circonstances de fait qui n’ont, peut-être, pas été envisagées par la loi. On dira aussi d’un tel
arrêt qu’il fait jurisprudence577.
575
Ibidem, p. 166.
576
F. TERRE, op. cit., p. 209.
577
P. MALINVAUD, op. cit., p. 162.
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Les décisions de justice sont publiques mais elles ne sont pas publiées comme le sont
les lois ou les règlements. Leur publication, lorsqu’elle intervient, n’ajoute rien à leur valeur,
si ce n’est la publicité qui leur est ainsi donnée et qui leur permet d’être connues par les
professionnels du droit dont les magistrats eux-mêmes. Malgré l’intérêt évident qu’il y a à
connaitre la jurisprudence, celle-ci ne fait pas l’objet d’aucune publication systématique578.
Parmi les décisions faisant l’objet d’une publication, les arrêts des juridictions
supérieures sont, ce qui est normal, proportionnellement nombreux. En RDC, la publication
des arrêts de la cour suprême se fait davantage dans les Bulletins des arrêts de la Cour
suprême de justice. Les décisions des juridictions inférieures font l’objet de publication dans
diverses revues et dans certains recueils de jurisprudence. Cependant, il est fort dommage que
la jurisprudence de juridictions congolaises ne soit pas suffisamment publiée.
§ 2. La doctrine
I. La notion de doctrine
La doctrine s’exprime dans les formes les plus variées telles que :
les encyclopédies juridiques, générales ou spécialisées, qui apparaissent
comme des recueils méthodiques ou alphabétiques passant systématiquement
en revue tout ou partie du droit tel qu’il est conçu et pratiqué au moment de
leur publication ;
578
Ibidem, p. 170.
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La doctrine n’est pas une source formelle obligatoire du droit. Elle émane des
personnes non investies du pouvoir d’imposer des règles de droit obligatoires. Toutefois, elle
contribue à l’édification du droit. En effet, elle propose des interprétations des règles
juridiques, elle suggère des modifications à apporter à la législation existante et elle formule
des remarques sur la manière dont le juge applique les règles. Ses observations conduisent
parfois le législateur à élaborer, modifier ou compléter la législation dans le sens indiqué par
la doctrine. Les considérations émises à propos des décisions de justice, l’amènent, par
ailleurs, à exercer, quelque fois, une action décisive sur la jurisprudence. Bref, les critiques
formulées par la doctrine conduisent ou peuvent conduire à la formulation des suggestions
tendant à améliorer les règles de droit. Il s’agirait alors, dans ce cas, de l’étude de lege
ferenda580.
§ 3. La pratique
La pratique désigne des personnes et un objet. Les personnes sont les praticiens du
droit, mais pas tous. Il faut en exclure les auteurs, bien qu’ils puissent être des praticiens qui
contribuent à la formation de la doctrine, et les magistrats, qui sont à l’origine de la
jurisprudence. Pour l’essentiel, les praticiens ici visés sont les rédacteurs d’actes dont les
notaires, les membres des professions judiciaires notamment les avocats - les huissiers, les
juristes d’entreprises et même l’Administration.
579
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 99 et 100.
580
Ibidem, pp. 99 et 101.
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réalisation », « les usages établis par l’application du droit au sein d’une profession » comme
la pratique notariale. La pratique peut également désigner un comportement de fait, une façon
d’agir, de procéder dans une branche d’activité ou un genre d’opérations. Tel est le cas de
pratiques commerciales, financières, conventionnelles, etc.581
Bien que la pratique ne soit pas une source formelle obligatoire du droit, elle
constitue, néanmoins, une source formelle du droit positif. C’est ainsi que le droit congolais
prévoit que « Les conventions obligent non seulement à ce qui est exprimé, mais encore à
toutes les suites que l’équité, l’usage ou la loi donne à l’obligation d’après sa nature »583.
§ 4. L’équité
L’équité n’a jamais été clairement définie584. Le recours à l’équité permet au juge de
résoudre le conflit qui lui est soumis en reposant sa décision sur le bon sens et le sentiment de
justice. Dans ce cas, on dit que le juge a statué « ex aequo et bono » sur un cas d’espèce que
même la jurisprudence ou la doctrine ne permettait de résoudre585. L’équité exige que le droit
soit appliqué humainement avec bon, sens avec mesure. L’application trop stricte du droit
reste et doit toujours rester proscrite. Lorsque le juge statue en recourant à l’équité, il est
appelée à statuer « en considération des circonstances ». Historiquement, l’équité a pour
fonction d’adoucir le droit strict des origines et de suppléer à ses lacunes586.
581
P. MALINVAUD, op. cit., p. 177.
582
Idem
583
Art. 34 du décret du 30 juillet 1988 relatif au contrat et aux obligations contractuelles précité.
584
H. DE PAGE, op. cit., p. 23.
585
J. MIGABO KALERE, op. cit.
586
H. DE PAGE, op. cit., pp. 24-25.
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L’équité est reconnue comme source de droit en droit congolais. Ainsi, le recours à
l’équité est notamment prévu par l’article 34 du décret du 30 juillet 1988 relatif au contrat et
aux obligations contractuelles précité.
Les sources matérielles sont encore qualifiées des facteurs du droit. Il s’agit de forces
qui conçurent à la formation du droit587. Les sources matérielles tirent leur nom du fait
qu’elles fournissent aux règles leurs matières. Ce sont donc des causes de l’émergence d’un
ordre juridique588.
S’il est vrai que les règles de droit édictées par le législateur sont voulues par lui, il
convient, cependant, de faire remarquer que cette volonté n’est pas purement arbitraire. En
effet, les gouvernants doivent établir des règles qui, en principe, sont désirées et qui seront
respectées589. A cet effet, les règles édictées par le législateur sont motivées par des facteurs
divers dont le législateur devrait tenir compte. Si ce dernier cherchait à imposer une volonté
contraire à ces facteurs, son œuvre risquerait de déboucher sur un échec, car une loi édictée,
dans pareil cas, serait vite négligée ou contestée et risquerait de tomber dans l’oubli590.
Cette étude n’a pas la prétention d’examiner tous les facteurs du droit, elle n’est donc
pas exhaustive. Parmi les facteurs du droit figurent notamment :
I. Le droit naturel
587
G. RIPERT, Les forces créatrices du droit, 2e éd., Paris, L.G.D.J., 1955, p. 71.
588
R. ROBAYE, op. cit., p. 99.
589
G. RIPERT, op. cit., p. 72.
590
J. MIGABO KALERE, op. cit.
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VI. La tradition
Il s’agit de la tradition dans les comportements sociaux, dans les croyances et dans les
aspirations. On ne saurait brusquement rompre cette traduction dans certains types de
sociétés demeurées traditionnelles, vivant ainsi sur l’acquis du passé, et évoluant d’une
façon très lente. Mais, l’évolution ne se fait pas de la même façon dans tous les domaines du
droit. S’il est vrai qu’une législation qui rompt avec la tradition peut parfois provoquer un
changement des mœurs, il y a, cependant, un risque d’ineffectivité d’une règle non adoptée à
l’état de mœurs593.
591
C. LARROUMET, op. cit., p. 83.
592
J. MIGABO KALERE, op. cit.
593
C. LARROUMET, op. cit., pp. 83-84.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 147 Université Catholique de Bukavu
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Le législateur doit tenir compte du sentiment de l’opinion publique ou, pour employer
le langage de M. Duguit, de l’état de conscience de la masse des individus. L’opinion
publique intervient comme l’un des facteurs des exigences du bien commun. En fait, tous les
législateurs ont reconnu plus ou moins la nécessité d’adapter le droit au sentiment populaire.
Ils ont bien senti que leur œuvre demeurerait fragile, si elle heurtait trop violement les idées
et les mœurs des membres de la société594.
594
J. DABIN, La philosophie de l’ordre juridique positif spécialement dans les rapports de droit privé, Paris,
Librairie du recueil Sirey, 1929, pp. 223, 224 et 232.
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Le droit positif est le droit de la société civile. Plusieurs sociétés civiles coexistent au
sein de la communauté humaine. Parmi ces sociétés civiles, on trouve les Etats qui sont, de
nos jours, la forme la plus élaborée et aussi la plus habituelle de la société civile. Il existe
également des sociétés supranationales telles que l’Union Européenne, l’Union africaine. Il
y a, enfin, la société internationale qui se trouve en gestation.
Cet ordonnancement du positif de chaque société civile est le résultat d’une triple
opération de systématisation : le classement des concepts utilisés pour la formulation des
éléments des règles (hypothèse et sanctions), l’assemblement organique des règles, elles-
mêmes, en institutions juridiques et en branches du droit et le regroupement des règles de
droit sous l’égide des principes généraux du droit595.
§ 1. Les concepts
L’élaboration logique du droit ne peut se faire que par l’abstraction qui permet, par le
groupement des certains éléments caractérisant une institution - un procédé - un instrument
595
J. FALYS, op. cit., p. 53.
596
Ibidem, pp. 53 et 54.
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utilisé par le droit, d’en avoir une idée très précieuse. C’est ainsi qu’est né le concept
juridique. Ce dernier est l’appréhension par le droit d’un phénomène en le dotant d’une
généralité qui recouvre de multiples applications.
Le contrat, par exemple, est un procédé qui permet la réalisation des échanges
économiques par des accords de volonté. En partant de la constatation d’une réalité qu’est
l’échange économique par la voie de la négociation, le juriste dégage le concept de
« contrat » qui n’est rien d’autre que la traduction juridique et intellectuelle de cette réalité
économique. Le concept est précis dans la mesure où un certain nombre de caractères du
contrat seront admis et les échanges économiques ne pourraient être moulés dans le concept
du contrat que s’ils présentent les éléments caractérisant le contrat. Le concept de « contrat »
est doté de généralité, car il correspond à des multiples applications particulières.
A partir de leurs éléments constitutifs, les concepts font l’objet d’une définition. Ces
définitions peuvent être énoncées par la règle de droit. C’est ainsi que le Code civil des
obligations définit le contrat. Cependant, il n’en est pas toujours ainsi. Il arrive que la règle
de droit légale utilise des concepts sans en donner la définition. Il appartient alors à ceux qui
ont pour mission d’interpréter la règle de droit, de dégager la définition du concept en
question597.
597
C. LARROUMET, op. cit., p. 186.
598
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 197, n° 184.
599
Ibidem, p. 199, n° 185.
600
Ch. PERELMAN et R. VANDER ELST cités par J.-L. BERGEL, op. cit., p. 199, n° 185.
601
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 200, n° 185.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 150 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Le langage juridique comprend des mots purement juridiques tels que les acquêts ou
l’hypothèque, qui n’ont de sens qu’en droit, sauf si, par la suite, ils sont utilisés dans le
langage courant avec un sens dérivé. Mais, il emprunte aussi des mots au langage courant
soit en leur conservant le même sens (cas du père, de la mère), soit en leur attribuant un sens
différent (tel est le cas des meubles et immeubles)603.
§ 2. Les catégories
Ces catégories manifestent un degré de généralité plus grande. Un concept doté d’une
très grande généralité peut lui même constituer une catégorie. Ainsi, le contrat est un
concept, comme précisé ci-haut, mais il est aussi une catégorie en ce sens qu’il y a plusieurs
espèces de contrats qui n’ont pas tous les mêmes traits communs ; chaque espèce correspond
à un concept plus précis que le concept général de contrat. C’est ainsi qu’on procède à une
classification des contrats. On distingue ainsi notamment les contrats à titre onéreux, les
contrats à titre gratuit. Chaque espèce peut également elle-même correspondre à une sous-
catégorie de contrat. Les relations particulières entre deux personnes procédant d’un accord
602
Ibidem, p. 195, n° 181.
603
P. JESTAZ, Le droit, 3e éd., Paris, Dalloz, Connaissance du droit, 1996, p. 80.
604
C. LARROUMET, op. cit., p. 186.
605
J.-L. BERGEL, op. cit., pp. 203 et 206, n° 189, 190 et 193.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 151 Université Catholique de Bukavu
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de volonté vont venir s’insérer dans ces sous-catégories, chacune de ces relations
correspondant à un concept déterminé, différent d’un autre. Mais si le contrat constitue une
catégorie, celle-ci vient également s’insérer dans une catégorie plus large. En effet, il y a
d’autres rapports d’obligation que ceux qui sont créés par un contrat. Ainsi, lorsque celui qui
a causé un dommage à autrui est tenu de le réparer, il naît un rapport d’obligation entre le
responsable de ce dommage (le débiteur) et la victime (le créancier). Par conséquent, le
contrat, qui est une catégorie particulière, fait partie d’une catégorie plus générale, qui est
celle des obligations, c’est-à-dire les rapports entre un créancier et un débiteur. Or, les
obligations ou droits de créance s’inscrivent aussi dans une catégorie plus vaste, à savoir les
droits patrimoniaux qui comprennent notamment aussi les droits réels. La catégorie de droits
patrimoniaux est opposée à celle des droits extrapatrimoniaux606.
Les catégories juridiques sont l’œuvre des juristes, ce sont leurs constructions
intellectuelles en vue d’une meilleure connaissance, d’une meilleure application du droit et
de l’amélioration du système juridique. Le recours aux catégories juridiques permet de
renforcer la rationalité et la cohérence du droit et de simplifier ce dernier608.
§ 3. La qualification
606
C. LARROUMET, op. cit., pp. 186-188.
607
J.-L. BERGEL, op. cit., pp. 209 et 210, n° 197 et 198.
608
Ibidem, pp. 204 et 205, n° 191 et 192.
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Pour bien qualifier, il faut commencer par analyser et recenser tous les éléments de
fait de la situation. Ainsi, on en aura une vision précise et, ensuite, on procèdera à l’habillage
juridique en la faisant entrer dans telle catégorie plutôt que dans telle autre.
La science juridique regroupe en une même entité organique chaque « ensemble des
normes juridiques relatives à un même fait social et tendant à une fin commune ». Chacune
de ces entités constitue une institution juridique611. Cette dernière est établie par le Droit612.
Ainsi, dans le domaine des relations de familles, l’ensemble des normes relatives au
mariage forment une institution juridique, puisque toutes ces règles, qu’elles portent sur les
rapports personnels ou pécuniaires des époux, tendent toutes à une fin commune, à savoir
l’union conjugale et l’affiliation légitime613.
609
C. LARROUMET, op. cit., p. 88.
610
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 205, n° 191.
611
J. RENAULD cité par J. FALYS, op. cit., p. 54.
612
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 183, n° 170.
613
J. BRETHE de la GRESSAYE et LABORDE-LACOSTE cités par J. FALYS, op. cit., p. 54.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 153 Université Catholique de Bukavu
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L’institution juridique se démarque de la règle de droit, car les règles de droit ne sont
que des éléments particuliers de l’ensemble que constituent l’institution et que cette dernière
rassemble malgré leur diversité autour d’un but et d’un esprit communs614.
L’institution juridique se distingue du statut légal, même s’ils sont proches. Lorsque
les obligations imposées par la loi au titulaire d’un droit sont importantes, on désigne
l’ensemble de ses prérogatives et obligations par l’expression « statut légal ». Le statut légal
désigne le régime juridique qui s’applique à une personne. Tel est le cas du statut d’époux, de
locataire, de propriétaire, d’employeur, de salarié, etc. Quand cet ensemble des droits et
obligations satisfait des intérêts collectifs permanents, on parle d’ « institution »615.
Chaque institution se présente comme une série des règles agencées en fonction d’une
idée fondamentale qui en constitue « le principe animateur et fédérateur »616. Ainsi, par
exemple, tout le régime de la tutelle des mineurs n’est que la mise en œuvre de l’idée
fondamentale qu’il faut protéger ces personnes contre leurs propres faiblesses et contre les
entreprises dommageables dont elle pourrait faire l’objet de la part des tiers, en ceux compris
les personnes commises à leur protection617.
Etant agencées en fonction d’un principe animateur, les règles de droit qui constituent
une institution se présentent comme une « totalité hiérarchisée » dont la clé est fournie par la
fin de l’institution et par le degré de proximité du moyen à la fin. Dans ce cas, le moyen le
plus éloigné est subordonné au moyen le plus proche et ainsi de suite. Par exemple, la loi
prescrit au tuteur de gérer, en bon père de famille, les biens du pupille. Ceci est la traduction
juridique immédiate de l’idée directrice de protection. En conséquence de cette idée, la loi
prévoit (c’est la deuxième règle subordonnée à la première) que le tuteur sera obligé de
rendre compte de la gestion. Pour éviter que le tuteur n’élude la reddition des comptes, elle
interdit tout contrat passé entre le tuteur et le mineur devenu majeur s’il n’a été précédé de la
remise d’un compte détaillé (troisième règle subordonnée) et en même temps elle sanctionne
614
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 185, n° 172.
615
A. WEILL et F. TERRE cité par J.-L. BERGEL, op. cit., p. 185, n° 171.
616
J. DABIN cité par J. FALYS, op. cit., p. 55.
617
J. BONNECASE cité par J. FALYS, op. cit., p. 55.
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C’est par le fait de cette hiérarchie que les sanctions qui assortissent les règles de droit
ne peuvent être considérées isolement et abstraction faite des normes elles-mêmes. Ces
sanctions ne peuvent se présenter comme pouvant faire l’objet d’un choix opéré entre elles-
mêmes et la règle618.
Il ressort de ce qui précède que les normes juridiques ne sont pas des règles dispersées
et indépendantes les unes des autres, en ce qu’elles s’ordonnent entre elles, se groupent, se
hiérarchisent. Dès lors, les règles de droit sont regroupées dans des ensembles organisés qui
constituent l’ordonnancement juridique d’un phénomène juridique autour d’une idée
directrice. Il s’ensuit que les institutions juridiques permettent de rassembler autour d’un
intérêt commun et d’une même inspiration des règles qui sont dispersées sous des rubriques
différentes dans des textes, mais qui sont, pourtant, complémentaires par leur finalité et
l’esprit qui les anime621. La théorie de l’institution oriente l’interprétation des règles et les
institutions juridiques contribuent à une confection harmonieuse du droit, car elles
fournissent au législateur les lignes directrices à respecter622.
618
J. DABIN cité par J. FALYS, op. cit., p. 55.
619
C. Du PASQUIER cité par J. FALYS, op. cit., p. 55.
620
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 179, n° 167 et p. 185, n° 172.
621
Ibidem, pp. 178 et 179, n° 166.
622
Ibidem, p. 180, n° 167.
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durée623 à telle enseigne que l’on dit « si les hommes passent, en général, l’institution
reste »624.
Les institutions juridiques sont également caractérisées par leur systématisme, lequel
est lié à l’organisation durable dont elles ont dotées par le droit objectif. Les institutions
juridiques supposent en vue de leur organisation un esprit fédérateur et une hiérarchie. L’idée
directrice qui les anime constitue la condition de leur cohérence et de leur homogénéité. La
finalité de l’institution juridique impose également une organisation hiérarchique de
différents éléments qui la composent625.
A. Les institutions-organismes
B. Les institutions-mécanismes
Ce sont des faisceaux de règles qui régissent une institution-organe ou une situation
juridique déterminée par la vie sociale. Ce sont donc des ensembles organisés de règles
créées par le droit objectif627.
La science juridique groupe les institutions en entités complexes qui vont former les
branches du droit. Une branche du droit est « un ensemble des règles de droit destinées à
régir tout un domaine spécifique des relations sociales »628.
623
Ibidem, p. 182, n° 170.
624
R. SAVATIER cite par J.-L. BERGEL, op. cit., p. 182, n° 170
625
J.-L. BERGEL, op. cit., p. 183, n° 170.
626
Ibidem, p. 181, n° 169 et p. 188, n° 175 et 176.
627
Ibidem, p. 181, n° 169 et p. 189, n° 178.
628
J. RENAULD cité par J. FALYS, op. cit., p. 55.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 156 Université Catholique de Bukavu
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On entend par droit public, l’ensemble des règles de droit qui dans une société
étatique régissent l’organisation de l’Etat, l’exercice de ses différents pouvoirs et services et
les rapports de l’Etat avec les hommes qui le constituent - qui sont soumis à son pouvoir ou
bénéficient de ces services.
Le droit privé, quant à lui, se définit comme l’ensemble des règles de droit qui, à l’intérieur
d’un Etat, régissent les rapports des hommes entre eux630.
I. Le contenu de la distinction
1. Le droit constitutionnel
Les règles de droit constitutionnel sont pour la plupart inscrites en termes généraux
dans la constitution. Elles peuvent être complètes par des lois dont certaines doivent être
votées à des majorités spéciales631.
629
F. TERRE, op. cit., p. 77 ; H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 15 et 16.
630
J. RENCHON, op. cit., p. 46.
631
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 16 ; J. RENCHON, op. cit., p. 50.
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2. Le droit administratif
Il comprend les règles de droit qui régissent l’organisation et l’activité des autorités
administratives au sein de l’Etat dans leurs fonctions d’administration de la société étatique et
de prise en charge de différents services institués dans l’intérêt de la collectivité.
Les règles de droit administratif déterminent les moyens et les limites de l’action de
l’administration centrale, des administrations décentralisées (provinces, communes, etc.) et
des services publics décentralisés. Elles fixent également le statut des fonctionnaires de
l’Administration et le régime applicable aux biens et aux actes de l’administration. Elle
réglemente aussi le contrôle auquel est soumise l’Administration.
Les règles de droit administratif sont relativement éparses. Certaines d’entre elles se
retrouvent dans la Constitution, d’autres dans des lois particulières et dans une multitude de
règlements et d’autres découlent de la jurisprudence des juridictions administratives632.
3. Le droit fiscal
Il comporte des règles qui fixent les modalités suivant lesquelles les individus doivent
contribuer aux charges publiques. Ces règles organisent la perception par l’Etat des impôts
prélevés sur les biens ou sur l’activité des citoyens pour financer les charges et les dépenses
de l’Etat. Le droit fiscal appartient au droit public puisqu’il réglemente les rapports des
particuliers avec l’Etat dans l’exercice de sa fonction de perception d’impôts.
Au sein du droit fiscal, on distingue les règles qui gouvernent les impôts directs et
celles qui sont applicables aux impôts indirects. Les impôts directs sont les impôts prélevés
directement sur la base des situations durables. Il en est ainsi des revenus périodiques des
citoyens (impôts des personnes physiques prélevés sur les revenus professionnels,
immobiliers, mobiliers, etc.) ou des revenus des sociétés (impôts des sociétés ou impôts des
personnes morales).
Les impôts indirects sont les impôts qui sont prélevés indirectement lors de
l’accomplissement occasionnel par les personnes physiques ou par des personnes morales
d’un certain nombre d’actes ou d’opérations soumis à l’impôt (vente des marchandises,
632
J. RENCHON, op. cit., pp. 50 et 51 ; H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 17.
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prestation de service, vente d’un immeuble, donation d’un immeuble, dévolution d’une
succession, etc.). Tel est le cas de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), du droit
d’enregistrement, etc.
Les principes fondamentaux du droit fiscal sont prévus dans la Constitution par souci
de protection des droits fondamentaux des citoyens633.
Le droit des finances publiques est l’ensemble des règles régissant les ressources et les
dépenses de l’Etat, des collectivités publiques et des services publics634. Ce droit règle toutes
les opérations relatives au trésor public : organisation des budgets, tenue de la comptabilité,
emprunts, etc.635
Au sens large du terme, le droit pénal, qualifié encore de droit criminel par certains
auteurs, comprend le droit pénal au sens strict et le droit de la procédure pénale636.
a. Le droit pénal
Il regroupe les règles juridiques qui définissent les comportements humains, qui
constituent des infractions ainsi que les peines et mesures de sûreté qui les assortissent637.
633
Idem
634
P. COURBE, op. cit., p. 14.
635
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 17.
636
J. FALYS, op. cit., p. 57.
637
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 19.
638
Cf. article 17 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 159 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
infractions contre la sûreté de l’Etat, contre les personnes, contre les biens, etc.) et détermine
les sanctions applicables à ces différentes infractions639.
Etant donné que le droit de punir est réservé à l’Etat et qu’il est exercé à son nom par
des organes étatiques, certains rattachent cette branche de droit au droit public. D’autres
auteurs insistent sur le fait que la victime jouit des prérogatives importantes qui vont jusqu’ à
contraindre le Ministère public à exercer l’action publique. Ils font également observer que
de nombreux textes de droit pénal sanctionnent des atteintes aux droits et intérêts des
particuliers. Ainsi, ils soulignent le lien du droit pénal avec le droit privé640.
b. La procédure pénale
Elle est encore qualifiée de droit judiciaire pénal. Elle règle le fonctionnement de la
justice pénale. Le droit de la procédure pénale définit les règles selon lesquelles les
infractions sont recherchées et sanctions prévues par le droit pénal appliquées aux auteurs de
ces infractions641.
Il regroupe les règles qui organisent la prise en charge par la collectivité d’un certain
nombre de risques sociaux tels que la maladie, l’invalidité, le chômage, l’accident du travail,
la vieillesse, la maternité et les charges familiales qui affectent ou sont susceptibles d’affecter
l’existence de chaque homme642.
Ce droit fait partie du droit public parce que la sécurité de l’existence humaine est
organisée et prise en charge par l’Etat, qui s’est progressivement substitué à la solidarité
familiale et à l’aide privée des œuvres caritatives.
Ce droit constitue avec le droit du travail une discipline plus vaste qu’on appelle
actuellement « le droit social »643.
639
J. RENCHON, op. cit., p. 54.
640
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 19.
641
J. FALYS, op. cit., p. 57.
642
J. RENCHON, op. cit., p. 56.
643
Ibidem, pp. 57 et 58.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 160 Université Catholique de Bukavu
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Il comprend les règles qui régissent, dans un ordre juridique international, d’une part
les relations entre les Etats qui appartiennent à cet ordre juridique et, d’autre part, le statut -
les pouvoirs et le mode de fonctionnement des institutions internationales créées au sein de
cet ordre. Tel est le cas de l’ONU dans l’ordre juridique mondial, de l’Union européenne
dans l’ordre juridique européen créé par les Etats membres de cette organisation 645 et de
l’Union africaine.
1. Le droit civil
Originairement, le droit civil (jus civile) s’identifiait avec le droit privé, parce qu’il
était constitué par l’ensemble des règles de droit qui régissaient les relations d’intérêt privé
qui se nouaient entre les membres de la société, c’est-à-dire entre les particuliers646.
Cependant, avec le développement du commerce et des relations de travail, la matière des
transactions commerciales d’abord, celle du travail professionnel ensuite se sont détachées du
droit civil pour former des ensembles autonomes. Ainsi, le champ d’application du droit civil
644
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 17.
645
J. RENCHON, op. cit., pp. 79 et 80.
646
Ibidem, p. 60.
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est actuellement limité à la partie du droit privé qui réglemente seulement la vie privée et les
relations des hommes à l’exception des relations relevant du droit commercial et du droit de
travail647.
2. Le droit commercial
Il régit les actes que la loi qualifie d’actes de commerce ainsi que les commerçants
dans l’exercice de leurs activités professionnelles.
Les règles de droit commercial sont inscrites dans le Code de commerce (décret du 2
août 1913 relatif aux commerçants et à la preuve des engagements commerciaux), qui a subi
de profondes modifications au cours des années. Des nombreuses lois particulières sont
venues s’y ajouter. Avec l’intégration de la RDC dans l’OHADA (Organisation pour
647
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 18.
648
J. RENCHON, op. cit., p. 61.
649
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 18.
650
Ibidem, p. 19.
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3. Le droit du travail
Il régit les relations individuelles et collectives de travail qui s’établissent entre les
employeurs privés et les travailleurs salariés placés sous leur autorité651. Mais, dans le cas de
la RDC, ce droit régit également les travailleurs des services publics de l’Etat qui sont
engagés en vertu d’un contrat de travail.
A cet effet, le Code du travail dispose que « Le présent Code est applicable à tous les
travailleurs et à tous les employeurs, y compris ceux des entreprises publiques exerçant leur
activité professionnelle sur l’étendue de la République démocratique du Congo, quels que
soient la race, le sexe, l’état civil, la religion, l’opinion politique, l’ascendance nationale,
l’origine sociale et la nationalité des parties, la nature des prestations, le montant de la
rémunération ou le lieu de conclusion du contrat, dès lors que ce dernier s’exécute en
République démocratique du Congo. Il s’applique également aux travailleurs des services
publics de l’État engagés par contrat de travail »652.
Il regroupe les règles de droit qui sont applicables au fonctionnement de la justice dite
civile, c’est-à-dire à l’exercice des actions en justice par lesquelles les particuliers font valoir
ou défendre leurs droits dans des litiges privés (civils, commerciaux, sociaux), qui les
opposent à d’autres particuliers. Parmi ces règles, on trouve celles qui déterminent
l’organisation des cours et tribunaux de l’ordre judiciaire, la compétence de différentes
651
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 19.
652
Art. 1 du Code du travail congolais précité.
653
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 19.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 163 Université Catholique de Bukavu
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juridictions, le déroulement de la procédure, les recours et les voies d’exécution forcée des
décisions judiciaires.
Le droit judiciaire privé est généralement rattaché au droit privé parce qu’il contient
les règles applicables à la solution judiciaire des litiges privés. Mais, il pourrait tout autant
être rangé en droit public parce qu’il régit, en réalité, l’organisation d’un de trois pouvoirs de
l’Etat et la mise en œuvre du service public de la Justice654.
Il regroupe les règles de droit qui, dans un ordre juridique interne, permettent de
résoudre les problèmes spécifiques qui se posent lorsque les relations juridiques privées
nouées entre des particuliers présentent un élément d’extranéité, c’est-à-dire un élément
étranger ou international par rapport à cet ordre juridique interne655.
Le droit international a pour objet de régler les conflits de lois dans l’espace, la
condition des étrangers, les conflits de nationalités et les questions d’efficacité des jugements
et des actes administratifs étrangers656.
La dénomination de cette branche de droit qui se justifie par le fait que l’objet de la
matière est international ne doit cependant pas prêter à confusion. En effet, chaque Etat
décide, en principe, souverainement sur son territoire des solutions à apporter aux problèmes
de droit international privé. Les sources de la matière sont, dès lors, principalement
nationales, même si, pour favoriser l’harmonie des solutions, les Etats sont actuellement
invités à conclure de plus en plus des conventions internationales en la matière657.
A. Le fondement de la distinction
654
J. RENCHON, op. cit., pp. 78-79.
655
Ibidem, p. 80.
656
G. GATUNANGE, op. cit.
657
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 20 et 21.
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On a reproché à cette distinction, d’une part, d’être imprécise et, d’autre part, qu’elle
méconnaît l’interpénétration croissante des techniques respectives de droit public et de droit
privé.
Cette distinction est imprécise dans la mesure où la rigidité de cette division générale
ne pourrait s’adapter à la complexité des faits sociaux d’autant plus qu’il y a maintes
questions qui relèvent à la fois du domaine du droit public et du domaine du droit privé. Il en
est ainsi en ce qui concerne notamment le droit pénal, la procédure civile et le droit du
travail659.
658
F. TERRE, op. cit., p. 74 ; P. COURBE, op. cit., p. 10.
659
F. TERRE, op. cit., p. 74 ; P. COURBE, op. cit., pp. 14 et 15.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 165 Université Catholique de Bukavu
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Quant à l’application du droit privé aux activités de l’Etat, on remarque que les
prérogatives de la puissance publiques sont souvent écartées à cause de l’intervention directe
de l’Etat dans l’économie. A travers cette intervention, l’Etat se place, pour des raisons
d’efficacité, sous l’empire du droit privé en agissant notamment comme industriel, assureur,
transporteur, banquier, constructeur, etc.660
Le droit positif conserve la distinction entre le droit public et le droit privé. Cette
conservation se traduit par certaines manifestations dont voici deux principales.
On distingue, à cet égard, les juridictions administratives, qui connaissent des litiges
intéressant les collectivités publiques et appliquent le droit public, de juridictions judiciaires,
qui connaissent des litiges entre particuliers et appliquent le droit privé661.
Des très larges domaines du droit positif se rattachent au droit public (droit
constitutionnel, droit des finances publiques, etc.) ou au droit privé (droit de la famille, droit
de la responsabilité civile, etc.) sans interférence. Cette distinction est notamment telle que
les règles du droit administratif sont caractérisées par un certain particularisme même quand
elles s’inspirent d’une technique du droit privé. Il en est ainsi en ce qui concerne la propriété
des biens de l’Etat, les contrats administratifs, la responsabilité de la puissance publique,
l’action en justice, etc.662
660
P. COURBE, op. cit., p. 15.
661
Idem
662
P. COURBE, op. cit., p. 16.
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Le sujet de droit est l’être physique ou moral qu’un ordre juridique déterminé
considère comme apte à bénéficier des prérogatives conférées par des règles de droit ou à être
soumis aux impératifs de celles-ci. Il est également qualifié en terme technique de
personne663. On appelle donc « sujet de droit ou personne », tout être, qui au sein d’un ordre
juridique, est apte à être « sujet », c’est-à-dire titulaire des droits et des obligations.
La notion de sujet de droit n’est pas à confondre avec celle d’agent juridique. Ce
dernier est l’acteur des actes et des faits de la vie juridique, c’est-à-dire des comportements
humains, qui, au sein d’un ordre juridique, sont appréhendés par la règle de droit et sont
susceptibles de faire naître, modifier, transférer ou éteindre des droits et des obligations. Il
n’existe pas nécessairement des coïncidences entre l’agent juridique et le sujet de droit en ce
sens que tout sujet de droit n’est pas nécessairement apte à être agent juridique soit parce que
tel sujet de droit ne parvient pas à accéder dans l’espace où se déploient les effets juridiques
des comportements humains, soit parce que tel sujet de droit n’a pas la possibilité, en raison
des éléments spécifiques de sa personnalité, d'y accéder par lui-même, mais seulement grâce
à l’intervention d’une autre personne qui le représentera ou, à tout le moins, l’assistera664.
Parmi les sujets de droit, on distingue les personnes physiques des personnes morales.
Les personnes physiques sont les êtres humains, tous sans exception665, tandis que les
personnes morales sont des êtres immatériels créés par l’homme comme moyen de réalisation
d’un but. Lorsqu’il s’agit de viser l’aptitude à être sujet actif ou passif de droit, on parle de
personnalité juridique666. Celle-ci est définie comme étant l’aptitude à être sujet de droit,
c’est-à-dire à être titulaire des droits et des obligations667.
663
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 178.
664
J.-L. RENCHON, Le sujet de droit …op. cit., pp. 2 et 6.
665
Cf. l’article 6 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme dispose que « Chacun a le droit à la
reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique ».
666
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 178.
667
J. FALYS, op. cit., p. 274.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 167 Université Catholique de Bukavu
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I. Le commencement de la personnalité
668
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 180.
669
P. MALINVAUD, op. cit., p. 225.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 168 Université Catholique de Bukavu
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A. L’absence
Elle est définie par la loi comme étant « la situation d’une personne disparue de son
domicile ou de sa résidence, sans donner de ses nouvelles et sans avoir constitué un
mandataire général »670. En cas d’absence, aucune circonstance particulière ne renseigne sur
le manque de nouvelles.
Ainsi, en droit, le mot « absence » n’a pas la signification que lui attribue le langage
courant. D’après ce dernier, l’absent est celui qui n’est pas présent, à un moment donné, dans
un lieu où il devrait se trouver, alors qu’en droit, l’absence se caractérise par le fait qu’une
personne a cessé de paraitre au lieu de son domicile ou de sa résidence sans qu’on ait eu de
ses nouvelles. L’absence pose notamment des problèmes en droit sur le sort du patrimoine de
l’absent et celui du mariage contracté avec lui, sur les droits des héritiers présomptifs, sur la
protection des enfants mineurs de l’absent671.
B. La disparition
C’est le cas d’une personne dont on n’a pas retrouvé le corps, mais qui se trouvait
dans une situation qui mettait sa vie en péril (naufrage, tremblement de terre, etc.)672. Le
législateur congolais dispose, à cet égard, que « La présomption de vie est détruite lorsqu’une
personne a disparu dans des circonstances telles que sa mort est certaine bien que son corps
n’ait été retrouvé »673.
670
Art. 173 du Code de la famille précité.
671
B. STARCK, H. ROLAND et L. BOYER, op. cit., pp. 387 et 388, n° 1044 et 1045.
672
Ibidem, p. 390, n° 1055.
673
Art. 174 du Code de la famille précité.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 169 Université Catholique de Bukavu
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§ 2. L’étendue de la personnalité
La capacité est l’aptitude à avoir des droits et des obligations (capacité de jouissance)
et à les mettre soi-même en œuvre (capacité d’exercice).
Ainsi, un incapable est une personne à laquelle la loi ne reconnaît pas la faculté de
passer des actes juridiques675. Il en résulte que certaines personnes ne peuvent exercer par
eux-mêmes leurs droits ou s’engager même si elles jouissent de la personnalité juridique,
parce qu’elles n’ont pas l’intelligence ou l’expérience nécessaire676. Cependant, la capacité
est le principe et l’incapacité, l’exception. Ainsi, le législateur dispose que « Toute personne
capable peut exercer ses droits civils conformément à la loi ou à la coutume, sauf les
exceptions établies par la loi »677.
674
Art. 211 du Code de la famille précité.
675
F. TERRE, op. cit., p. 264, n° 291.
676
B. STARCK, H. ROLAND et L. BOYER, op. cit., p. 398, n° 1082.
677
Art. 212 du Code de la famille précité.
678
B. STARCK, H. ROLAND et L. BOYER, op. cit., p. 397, n° 1076-1078.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 170 Université Catholique de Bukavu
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A. Le régime de représentation
B. Le régime d’assistance
C’est un régime dans lequel l’incapable peut valablement passer un acte juridique,
mais à condition d’être assisté par son curateur, qui peut exercer un droit de veto en
s’opposant à l’accomplissement de l’acte.
Sont notamment soumis à ce régime : les faibles d’esprit, les prodigues, les personnes
dont les facultés corporelles sont altérées par l’âge ou la maladie et toute personne qui le
demande680. Le tribunal ne peut placer une personne sous curatelle que pour certains actes
qu’il détermine681.
C. Le régime d’autorisation
C’est un régime dans lequel, l’incapable ne peut valablement passer un acte juridique
qu’après avoir été autorisée par la personne chargée d’assurer sa protection.
Ainsi, un mineur de 15 ans ne peut conclure un contrat de travail qu’après avoir été autorisé
par ses parents ou tuteur et l’inspecteur du travail682.
679
Art. 215 du Code de la famille précité.
680
Ibidem, art. 215 et 310.
681
Ibidem, art. 313.
682
Art. 6, a) du Code du travail précité.
683
Art. 448 du Code de la famille précité.
684
Art. 11, 12 et 14 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 171 Université Catholique de Bukavu
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Emprunté au mot latin « status »686, le terme « état » désigne, en droit, un ensemble
des qualités de caractère personnel qui permettent de distinguer un individu dans la société,
dans la famille, voire même sur le plan professionnel.
685
P. MALINVAUD, op. cit., p. 245.
686
Qui signifie : action de se tenir, position, situation, manière d’être.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 172 Université Catholique de Bukavu
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La notion d’état des personnes, telle qu’elle vient d’être explicitée, a été envisagée
dans son acceptation la plus large. Cette expression peut aussi s’entendre selon des sens plus
restreints. Ainsi, lorsqu’on parle d’état de personne dans la pratique courante on ne vise que
les seuls éléments qui rattachent l’individu à sa famille. Par ailleurs, dans le sciage du sens
que revêt habituellement la notion d’action d’état, l’expression a acquis une signification
encore plus limitée, puisqu’elle ne désigne que la situation qui résulte de la filiation687.
II. Le nom
A. La définition du nom
C’est l’appellation qui sert à désigner une personne dans sa vie sociale et juridique,
dans l’exercice de ses droits et l’accomplissement de ses obligations690. Ainsi, le législateur
687
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 182-183.
688
Ibidem, p.183.
689
P. MALINVAUD, op. cit., p. 252.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 173 Université Catholique de Bukavu
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congolais consacre que « Tout Zaïrois est désigné par un nom composé d’un ou de plusieurs
éléments qui servent à l’identifier »691.
Le nom est :
obligatoire : en ce que toute personne doit porter un nom ;
immuable : car il est, en principe, interdit de changer le nom autrement que
par les procédés légaux. Les deux caractères découlent du caractère
d’institution de police civile du nom ;
690
F. TERRE, op. cit., p. 287.
691
Art 56 du Code de la famille précité.
692
P. DUPONT DELESTRAINT et P. COURBE, Droit civil : les personnes, la famille et les incapacités, Paris,
Dalloz, 1990, pp. 8-11.
693
P. DUPONT DELESTRAINT et P. COURBE, op. cit., p. 11.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 174 Université Catholique de Bukavu
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Le nom fait l’objet d’une protection sur le plan civil et sur le plan pénal à travers des
sanctions prévues à cet effet.
Sur le plan civil, en cas d’usurpation d’un nom par un tiers, le droit au nom est
protégé contre les atteintes dont il peut faire l’objet même en dehors de tout préjudice et de
toute faute. Il est notamment prévu l’action en contestation de nom. Le titulaire du nom peut
obtenir réparation de tout dommage qu’il subit du fait de l’usurpation de son nom696.
III. Le sexe
Il est défini par la loi comme étant « Le domicile de toute personne est au lieu où elle
a son principal établissement »698.
694
Ibidem, op. cit., p. 12.
695
Art 58 du Code de la famille précité.
696
Art 67 du Code de la famille précité ; P. DUPONT DELESTRAINT et P. COURBE, op. cit., p. 12.
697
Art 69-70 du Code de la famille précité.
698
Art 161, al. 1 du Code de la famille précité.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 175 Université Catholique de Bukavu
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Le domicile n’est pas à confondre avec la résidence. Celle-ci est « le lieu où une
personne a sa demeure habituelle »699. Lorsqu’une personne n’a pas de domicile connu, la
résidence actuelle produit les effets attachés à son domicile700.
Le domicile présente un caractère obligatoire étant donné que toute personne doit
avoir un domicile. Mais, une personne ne peut avoir qu’un seul domicile. C’est le principe de
l’unicité du domicile. A cet égard, le législateur congolais prévoit que « Nul ne peut, sauf en
cas d’élection de domicile, avoir au même moment son domicile en plusieurs lieux »703.
Toutefois, une personne peut avoir plusieurs résidences704.
Le domicile élu désigne un domicile, sans rapport avec le domicile réel, qui a été
choisi par une personne en vue de l’exécution d’un acte bien déterminé705.
699
Ibidem, art 169.
700
Ibidem, art 161, al. 2.
701
P. DUPONT DELESTRAINT et P. COURBE, op. cit., p. 13.
702
Art 166 du Code de la famille précité.
703
Ibidem, art 164.
704
Ibidem, art 171.
705
P. DUPONT DELESTRAINT et P. COURBE, op. cit., p. 16.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 176 Université Catholique de Bukavu
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V. La nationalité
Si les étrangers jouissent, en principe, des libertés publiques qui leur sont garanties
notamment par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, des restrictions y sont
apportées en ce qui concerne l’entré, le séjour et l’établissement des étrangers sur le territoire
706
P. LAGARDE cité par P. MALINVAUD, op. cit., p. 269.
707
Art.15 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
708
Art. 10 de la Constitution de la RDC précitée.
709
P. MALINVAUD, op. cit., p. 270.
710
Art. 7 du décret du 04 mai 1895 portant Code civil des personnes, Titre II, in p. 73.
711
P. MALINVAUD, op. cit., p. 269.
712
L’article 80 de la loi du 20 juillet 1973 précitée prévoit que « La concession perpétuelle est le droit que l’État
reconnaît à une personne physique de nationalité zaïroise (…) »
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 177 Université Catholique de Bukavu
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national. Toutefois, les diverses restrictions auxquelles se trouvent soumis les étrangers
peuvent être supprimées par des traités internationaux713.
Les individus ne sont les seuls à se voir reconnaître la personnalité juridique. Des
entités, regroupant des biens ou des intérêts et organisées par la volonté humaine en vue d’un
but spécifique, participent également entant que telles à la vie juridique. Moyennant le
respect de certaines conditions, le système juridique reconnaît aux personnes morales, à
l’instar de personnes physiques, la qualité de sujet de droit714.
Parmi les personnes morales, on distingue trois catégories: les personnes morales de
droit public, les personnes morales de droit privé et les personnes morales mixtes.
On les appelle encore personnes publiques. Ce sont celles qui sont créées par
l’autorité publique ou découlent de son existence même. Ces personnes jouissent des
pouvoirs propres aux fins de satisfaire un intérêt public, tantôt global tantôt spécifique715.
713
P. MALINVAUD, op. cit., p. 270.
714
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p.202.
715
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., p. 9.
716
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 203.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 178 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Ces personnes sont celles qui sont créées à l’initiative des particuliers719. Elles ont
pour objet des intérêts privés720.
717
Art. 3 et 5 de la loi organique n° 08/016 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation et
fonctionnement des Entités Territoriales Décentralisées et leurs rapports avec l'Etat et les Provinces.
718
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 203 et 204.
719
F. LEURQUIN et H. SIMONART, op. cit., pp. 140-141.
720
P. MALAURIE et L. AYNES, Droit civil : les personnes et les incapacités, 3e éd., Paris, Cujas, 1994, p. 159,
n° 159.
721
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 205.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 179 Université Catholique de Bukavu
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1. Les sociétés
Une société est constituée dans un but lucratif. Elle l’est lorsque deux ou plusieurs
personnes conviennent de mettre quelque chose en commun en vue de réaliser des bénéfices.
La recherche du profit se fera en pratiquant des actes de commerce (société commerciale) ou
des actes de nature civile (société civile)722.
L’association, entendue dans un sens strict, se singularise par son objectif étranger à
toute idée de lucre. Elle se fixe, dans ce cas, comme finalité première la réalisation d’un but
725
philanthropique, scientifique, culturel, amical, etc. . Contrairement aux sociétés, les
associations ne recherchent pas des bénéfices726.
3. Les syndicats
722
Ibidem, pp. 204 et 205.
723
Art 1er du décret du Roi-souverain du 27 février 1887 sur les sociétés commerciales, in Les Codes Larcier.
République Démocratique du Congo, Tome III, Droit commercial et économique, vol. 1, Droit commercial,
Bruxelles, Larcier, 2003, p. 84.
724
Cf. Acte uniforme de l’OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et au groupement d’intérêt
économique, adopté le 17 avril 1997.
725
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 205.
726
P. MALAURIE et L. AYNES, op. cit., p. 163, n° 389.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 180 Université Catholique de Bukavu
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ainsi que du progrès social, économique et moral de leurs membres. Il est reconnu aux
travailleurs et aux employeurs le droit de former des syndicats727.
1. Les fondations
La fondation est une masse de biens qui sont affectés à une œuvre d’intérêt général et
désintéressée728. Cette œuvre peut être de caractère philanthropique, religieux, scientifique,
artistique, pédagogique, etc.
On classe ici diverses personnes morales qui empruntent à la fois au droit privé et au
droit public. En effet, il existe des personnes morales qui tirent leur origine du droit public,
mais dont l’activité est régie par le droit privé et, inversement, on trouve des personnes
morales de droit privé qui présentent certains caractères des personnes morales de droit
public731.
727
Art. 230 et 237 du Code du travail précité.
728
P. MALAURIE et L. AYNES, op. cti., p. 173, n° 403.
729
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 205.
730
P. MALAURIE et L. AYNES, op. cti., pp. 174-175, n° 407.
731
Ibidem, p. 157, n° 376.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 181 Université Catholique de Bukavu
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C’est ainsi que l’Etat participe à la vie économique par l’intermédiaire des sociétés
qui peuvent revêtir soit les formes du droit privé, soit la forme d’un établissement public à
caractère industriel et commercial. Ce sont des personnes morales de droit public soumises au
droit privé732. On peut faire entrer dans cette catégorie les sociétés d’économie mixte.
Par ailleurs, certains groupements de personnes privées poursuivent des buts d’utilité
publique. Tel est le cas des ordres professionnels qui regroupent obligatoirement les membres
de certaines professions comme les avocats, les médecins, les experts- comptables, etc.733.
Toutefois, il existe des principes communs à l’ensemble des personnes morales et qui
s’appliquent donc, en principe, à toutes. Ils constituent un embryon de statut général des
personnes morales734. Ces principes se rapportent aux éléments ci-après :
Les personnes morales s’identifient principalement par leurs noms. Ce nom est choisi
et ce choix est exercé en toute liberté par leurs créateurs, sous réserve du respect de certaines
règles particulières notamment en matière des sociétés commerciales. Il en est ainsi de la
règle qui interdit la concurrence déloyale découlant d’une confusion liée à l’utilisation d’un
même nom commercial.
Comme les personnes physiques, les personnes morales ont également un domicile.
Cet élément de localisation, traditionnellement dénommé « siège social» est au lieu du
732
Ibidem, p. 157, n° 377.
733
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 236 et 237.
734
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 205 et 206.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 182 Université Catholique de Bukavu
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La nature abstraite de la personne morale implique qu’elle ne puisse agir, sur le plan
juridique, que par l’intermédiaire d’organes. Il s’agit de personnes physiques, qui ont reçu le
pouvoir de représenter une personne morale pour un nombre variable d’actes juridiques.
C’est dire que les actes qu’ils accomplissent dans le cadre des pouvoirs qui leur sont conférés
engagent la personne morale et elle seule. Ils ne sont point susceptibles d’entraîner une
quelconque obligation personnelle dans le chef de ceux qui les ont posés.
Pour exécuter les décisions prises par les organes, il est possible que des préposés,
c’est-à-dire des personnes qui travaillent sous l’autorité et la surveillance d’autrui, soient
engagés. Mais, contrairement aux organes, les préposés ne s’identifient pas à la personne
morale737.
Toute personne morale dispose d’un patrimoine propre. Ce patrimoine est distinct du
patrimoine personnel de chacun des membres de la personne morale738.
735
Ibidem, p. 206.
736
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 485.
737
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 207.
738
Idem
739
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 183 Université Catholique de Bukavu
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740
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 207.
741
G. CORNU, Vocabulaire juridique, Paris, P.U.F., 1987, p. 740.
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§ 1. La notion de patrimoine
Le patrimoine est défini comme l’ensemble des biens et des obligations d’une
personne envisagé comme une universalité de droit, c’est-à-dire comme une masse mouvante
dont l’actif et le passif ne peuvent être dissociés742.
L’actif du patrimoine d’une personne est constitué des droits, qui sont évaluables en
argent743. Ces droits sont les droits patrimoniaux qualifiés encore de biens. Ils se subdivisent
en trois sortes. A cet égard, le législateur congolais dispose que dispose à cet égard que « Les
biens ou droits patrimoniaux sont de trois sortes : les droits de créance ou d’obligation, les
droits réels et les droits intellectuels»744.
742
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 385.
743
P. COURBE, op. cit., p. 74.
744
Art. 1er de la loi du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime
des sûretés précitée.
745
P. MALINVAUD, op. cit., p. 310.
746
Art. 245 de la loi du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime
des sûretés précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 185 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Ce principe de droit de gage général des créanciers signifie que le créancier impayé
peut saisir un bien quelconque du débiteur, le faire vendre et se faire payer sur le prix. Son
droit ne porte pas sur un bien déterminé, il porte sur tout ce qui, au moment de la poursuite,
appartient au débiteur.
Tous les créanciers d’un même débiteur ont ensemble le même droit de gage général
sur les biens de ce dernier. Chacun peut se faire payer sur le tout. Un créancier ne saurait être
avantagé par rapport aux autres que si sa créance est assortie d’une sûreté (privilège,
hypothèque, gage, etc.). C’est en fonction de sûretés, qui sont des causes de préférence, qu’on
oppose les créanciers chirographaires, c’est-à-dire sans garantie autre que le droit de gage
général, aux créanciers privilégiés, qui disposent de garanties en cas d’insolvabilité du
débiteur747.
747
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 310 et 311.
748
H. GAZIN cité par P. MALINVAUD, op. cit., p. 311.
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§ 2. L’actif du patrimoine
Le patrimoine est une universalité. Il se trouve constitué des éléments actifs d’une
part, et des éléments passifs d’autre part. L’actif du patrimoine est constitué par les droit
patrimoniaux ou biens, alors que le passif est composé des obligations, c’est-à-dire des dettes,
qui sont des valeurs qui sortent du patrimoine pour entrer dans un autre patrimoine.
749
P. MALINVAUD, op. cit., pp. 311-312.
750
C. LARROUMET, op. cit., pp. 277-278.
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Le droit réel est celui qui porte directement sur une chose751. C’est donc le pouvoir
exercé directement par une personne sur une chose752. Les droits réels sont énumérés
limitativement et configurés par la loi. Ils ont pour objet une chose corporelle et confèrent à
leurs titulaires une maîtresse directe et immédiate sur cette chose. Par conséquent, ce qui
caractérise le droit réel est qu’il a un rapport de droit entre le sujet de droit et la chose753.
Les seuls droits réels reconnus en droit congolais sont : la propriété, la concession
perpétuelle, les droits d’emphytéose, de superficie, d’usufruit, d’usage et d’habitation, les
servitudes foncières, le gage, le privilège et l’hypothèque754. Ces droits sont répartis en eux
catégories: les droits réels principaux et les droits accessoires755.
Ce sont ceux qui portent sur la matérialité même de la chose en sens que la chose est
placée totalement ou partiellement entre les mains du titulaire du droit. Elle est mise à sa
disposition ou à son service. Elle est utilisée ou exploitée par lui-même.
Le droit de propriété est défini comme « le droit de disposer d’une chose d’une
manière absolue et exclusive, sauf les restrictions qui résultent de la loi et des droits réels
appartenant à autrui »757. Ce droit confère les attributs ci-après :
751
P. COURBE, op. cit., p. 74.
752
P. MALINVAUD, op. cit., p. 316.
753
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 31.
754
Art. 1er de la loi du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime
des sûretés précitée.
755
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 31.
756
Ibidem, p. 32.
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Les droit réels démembrés de la propriété sont, quant à eux, les différents droits en
vertu desquels les titulaires ne bénéficient que des possibilités limitées d’utiliser ou
d’exploite la chose. En droit congolais, ces droits réels démembrés de la propriété sont : la
concession perpétuelle, le droit d’emphytéose, le droit de superficie, le droit d’usufruit, le
droit d’usage, le droit d’habitation ainsi que les servitudes foncières.
La concession perpétuelle est « le droit que l’Etat reconnaît à une personne
physique de nationalité zaïroise de jouir indéfiniment de son fonds aussi
longtemps que sont remplies les conditions de fond et de forme prévues par la
pesante loi »759.
L’usufruit est le droit qui confère à son titulaire le droit d’utiliser la chose et
d’en percevoir les fruits, mais non pas celui d’en disposer, qui appartient au
nu-propriétaire762.
757
Art. 14 de la loi du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime
des sûretés précitée.
758
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 259.
759
Art. 80 de la loi du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime
des sûretés précitée.
760
Ibidem, art. 110.
761
Ibidem, art. 123.
762
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 533.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 189 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’usage est droit qui confère à son titulaire le droit d’utiliser la chose et d’en
percevoir les fruits, mais dans les limites de ses besoins et de ceux de sa
famille.
Le droit d’habitation n’est qu’une variante du droit d’usage. C’est un droit réel
qui confère à son titulaire la faculté d’employer l’immeuble bâti pour son
logement personnel ou familial, mais seulement dans la mesure nécessaire à ce
logement et sans possibilité de céder ou de louer son droit763.
Une servitude foncière est une charge imposée sur un fonds (appelé fonds
servant) pour l’usage et l’utilité d’un autre fonds (appelé fonds dominant)764.
Les droits réels accessoires sont ceux qui servent de garantie au payement d’une
créance. Ce sont des droits accessoires en ce qu’ils sont l’accessoire d’un droit de créance.
Ils accompagnent un droit de créance dont ils constituent une « sûreté », c’est-à-dire une
garantie de l’accomplissement par le débiteur de son obligation. Ainsi, si le débiteur ne
s’exécute pas le créancier pourrait bénéficier de la valeur pécuniaire de la chose de son
débiteur en prélevant sur le prix de vente de cette chose la somme nécessaire au payement de
sa créance.
763
G. CORNU (dir.), op. cit., p. 404.
764
Art. 169 de la loi du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime
des sûretés précitée.
765
Art. 249 de la loi du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime
des sûretés précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 190 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’hypothèque est un droit réel accessoire grevant un immeuble, qui est affecté
à l’acquittement d’une obligation766. Ce bien immeuble reste, toutefois, entre
les mains de son propriétaire. La sûreté est matérialisée par une inscription
hypothécaire prise au profit du titulaire du droit d’hypothèque dans le livre
d’enregistrement des hypothèques, sur le certificat de l’immeuble ou du droit
immobilier grevé d’hypothèque767.
Le gage est le droit pour le créancier de se faire payer, par préférence aux
autres créanciers, lors de la vente de la chose mobilière remise par le débiteur
ou un tiers768. Le mot gage désigne également le contrat par lequel un débiteur
remet une chose mobilière à son créancier en vue de garantir le payement de la
dette. Le gage entraine, en droit civil, la dépossession du débiteur769.
Le droit de suite est le droit en vertu duquel le titulaire d’un droit réel peut, pour
exercer son droit, suivre, c’est-à-dire saisir, entre les mains de toute personne, la chose qui
lui appartient ou qui est grevée d’un droit en sa faveur. C’est ainsi qu’une propriétaire d’un
immeuble peut le revendiquer contre tout détenteur.
Le droit de préférence, quant à lui, est, pour le titulaire d’un droit réel, le pouvoir
d’exercer son droit sur la chose par priorité, par préférence au titulaire d’un droit créance ou
d’un droit réel postérieur. Ainsi, par exemple, le créancier gagiste pourra se faire payer sur le
prix de vente d’un bien donné en gage par priorité à l’égard des autres créanciers du même
débiteur.
766
Ibidem, art. 250.
767
Ibidem, art. 264.
768
Ibidem, art. 322-324.
769
Ibidem, art. 326.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 191 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
d’elles, nommée créancier, a le droit d’exiger d’une autre personne, le débiteur, une certaine
prestation ou une abstention.
Du point de vue de leur origine, les droits de créance trouvent leur source soit dans un
contrat, soit dans un délit, soit dans quasi-délit soit dans un quasi-contrat770.
Du côté du créancier, l’exécution d’une prestation constitue un droit, alors que du côté
du vue du débiteur, elle est une obligation.
Contrairement aux droit réels, qui sont absolus car ils peuvent être opposés par leurs
titulaires à toute autre personne, les droits de créance sont relatifs puisqu’ils ne sont
opposables qu’aux débiteurs de manière telle qu’ils seront les seuls à pouvoir être contraints à
exécuter la prestation.
770
Ces différentes notions sont définies dans le chapitre sur les sources des droits subjectifs.
771
P. COURBE, op. cit.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 192 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Cette catégorie de droits comprend les droits pécuniaires et moraux des auteurs
(écrivains, compositeurs, artistes, etc.) sur leurs œuvres, des inventeurs sur leurs découvertes
industrielles et commerciales, des dessinateurs sur leurs dessins et modèles et des producteurs
sur les signes représentatifs de leurs produits.
772
P. COURBE, op. cit.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 193 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Les droits extra patrimoniaux sont des droits inhérents à la personne humaine et qui
ne sont susceptibles d’une évaluation pécuniaire. Ces droits ne sont donc pas appréciables en
argent. Ils sont hors du patrimoine.
Les droits publics extrapatrimoniaux sont considérés comme les droits reconnus à
toute personne dans ses rapports avec l’Etat, mais qui sont aussi opposables aux personnes
privées. Parmi ces droits, on range les droits politiques (droit de vote, droit d’éligibilité, droit
à l’égalité civique et politique) et les libertés publiques telles que les libertés de penser, de
conscience, d’expression, la liberté syndicale, la liberté d’aller et de venir, la liberté de
réunion, la liberté d’association, la liberté de presse, la liberté de culte, etc.
Les droits privés extrapatrimoniaux sont, quant à eux, les droits reconnus à toute
personne dans ses relations avec les autres personnes et qui sont opposables à l’Etat, lui-
même. Les droits privés extrapatrimoniaux comprennent les droits de la personnalité et les
droits de la famille.
La violation des droits extrapatrimoniaux peut, selon le cas, entraîner des sanctions
pénales et/ou civiles.
La violation des droits extrapatrimoniaux fait l’objet des sanctions prévues par les lois
pénales diverses telles que l’emprisonnement, les amendes, etc.774
A titre d’illustration :
773
P. COURBE, op. cit., pp. 71 et 72.
774
P. COURBE, op. cit., p. 74.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 195 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
sont punies de la peine de mort775, qui doit être considérée comme abolie
tacitement en vertu de la Constitution de la RDC776, les assassinats, les
meurtres777 et les empoisonnements778 qui sont des atteintes au droit à la vie ;
sont punies notamment de la peine d’emprisonnement, les coups et
blessures779 et l’administration des substances nuisibles780 qui sont des
atteintes au droit à l’intégrité physique ainsi que les imputations
dommageables et les injures781 qui sont des atteintes à l’honneur ;
sont punies notamment de la peine d’amende, la révélation du secret
professionnel782, l’attentat à l’inviolabilité du domicile783 qui constituent des
atteintes à la vie privée.
Les atteintes aux droits extrapatrimoniaux de nature privée peuvent entraîner des
sanctions qui peuvent être préventives ou réparatrices.
Les sanctions réparatrices sont celles, à travers lesquelles, les dommages et intérêts
sont notamment alloués à la victime pour réparer le préjudice subi784.
775
A défaut pour le législateur congolais d’avoir prévu une peine de remplacement, nous estimons, à l’instar de
NYABIRUNGU mwene SONGA, que la peine de servitude pénale à perpétuité peut être, dans ce cas,
considérée comme la peine de remplacement. Cf. NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit.
776
L’article 61 de la Constitution dispose à cet effet que « En aucun cas, et même lorsque l’état de siège ou
l’état d’urgence aura été proclamé conformément aux articles 85 et 86 de la présente Constitution, il ne
peut être dérogé aux droits et principes fondamentaux énumérés ci-après : 1. le droit à la vie (…) ».
777
Art. 44-45 du Code pénal congolais précité.
778
Ibidem, art. 49.
779
Ibidem, art. 46-48.
780
Ibidem, art. 50.
781
Ibidem, art. 74-78.
782
Ibidem, art. 73.
783
Ibidem, art. 69-70.
784
P. COURBE, op. cit., p. 74.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 196 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Comme pour toute classification, la différence entre ces deux catégories de droits ne
doit pas être présentée de manière radicale et absolue.
D’une part, les droits extrapatrimoniaux, même s’ils ne sont pas - entant que tels
cessibles -, sont susceptibles, lorsqu’ils ne sont pas respectés de faire naître un droit
patrimonial, tel un droit de créance. Ainsi, lorsqu’ils sont violés, les droits de la personnalité
ne pourront, en général, être réparés que par l’allocation des dommages et intérêts. Or, la
créance des dommages et intérêts est un droit patrimonial cessible et transmissible aux
héritiers.
D’autre part, les droits qui sont traditionnellement classés dans les droits patrimoniaux
peuvent, dans certaines hypothèses, présenter des caractères des droits extrapatrimoniaux. Il
existe ainsi des droits réels ou des droits de créance extrapatrimoniaux. Tel est le cas du droit
de propriété sur ce que l’on appelle « le souvenir de la famille». Ce droit est de nature
extrapatrimoniale et est soustrait au régime de la transmission successorale des droits
patrimoniaux. Il en est de même de l’obligation de fidélité entre époux, qui est un droit un
droit de créance qui consiste à exiger du conjoint qu’il s’abstienne de tout acte sexuel
extraconjugal. Mais, ce droit est de nature strictement extrapatrimoniale785. En outre, certains
biens sont insaisissable parce qu’ils sont absolument indispensables à la vie du débiteur.
Ainsi, le législateur congolais interdit la saisie des biens suivants:
le coucher et les habits du saisi et de sa famille,
les livres indispensables à la profession du saisi et s’il est artisan, les outils
nécessaires à son travail personnel;
les provisions de bouche nécessaires à la nourriture du saisi et de sa famille
pendant un mois;
une bête à corne, ou trois chèvres, ou trois moutons, au choix du saisi786.
785
J.-L. RENCHON, op. cit., pp. 12 et 14.
786
Art. 127 du Code de procédure civile, in Les Codes Larcier. République Démocratique du Congo, Tome I,
Droit civil et judiciaire, Bruxelles, Larcier, 2003, p. 281.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 197 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Par ailleurs, certains droits intellectuels qu’on trouve dans la catégorie de droits
patrimoniaux peuvent, en réalité, comprendre des prérogatives patrimoniales et des
prérogatives extrapatrimoniales. Tel est le cas du droit d’auteur787.
787
J.-L. RENCHON, op. cit., p. 14.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 198 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Si, d’une façon générale, il faut considérer que la source des droits subjectifs est à
trouver dans le droit objectif, il convient, toutefois, de s’interroger sur les situations qui, au
regard des règles générales de droit objectif, permettent d’acquérir, de transmettre ou de
perdre ces droits. En réalité, ces situations voient le jour au travers des faits juridiques au sens
large, c’est-à-dire de tous les événements de la vie sociale auxquels la règle générale de droit
objectif attache des conséquences sur le plan juridique. Dans un sens plus précis, une
distinction s’établit, au sein du concept large de faits juridiques, entre le fait juridique
proprement dit et l’acte juridique788.
L’acte juridique peut être défini comme étant toute manifestation extérieure de
volonté opérée en vue de produire des effets juridiques, c’est-à-dire de faire maître, de
modifier, de transmettre ou d’éteindre une situation juridique.
En droit, l’acte juridique est souvent désigné par le seul mot « acte ». Or, ce dernier
peut revêtir deux sens différents : tantôt, il désignera l’acte juridique, lui-même, c’est-à-dire
le « negotium », l’opération juridique elle-même ; tantôt, il désignera l’acte instrumentaire,
c’est-à-dire l’écrit probatoire ou l’ « instrumentum », qui est le papier destiné à servir de
preuve de quelque chose, qui peut être soit un acte juridique, soit un fait juridique789. Nous
traiterons de l’acte pris dans le sens d’ « instrumentum » lorsque nous analyserons la preuve
en droit.
On peut opérer une classification des actes juridiques en se plaçant à différents points
de vue. On établit ainsi une distinction entre :
788
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 214.
789
J. FALYS, op. cit., pp. 201 et 202.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 199 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’acte juridique unilatéral est celui qui émane d’une seule volonté et qui se suffit à
elle seule en vue de produire des effets de droit. Il en est ainsi du préavis de licenciement, de
l’acceptation d’une succession, du testament, de la reconnaissance d’un effet naturel, du
permis de bâtir, etc.
L’acte juridique bilatéral, appelé encore contrat ou convention, est celui qui est
l’expression du concours de deux ou plusieurs volontés qui s’accordent en vue de produire
des effets juridiques. Tel est le cas de la vente, de la donation, du contrat du travail, du prêt,
etc.
L’acte juridique bilatéral n’est pas à confondre avec le contrat bilatéral, qualifié aussi
de contrat synallagmatique. Ce dernier est celui qui fait naître des obligations réciproques à
charge de chacune des parties. Tel est le cas de la vente, du bail. Or, un contrat peut
également être unilatéral. Un contrat est unilatéral quand il ne fait naître des obligations qu’à
charge de l’une des parties au contrat. Il en est ainsi de la donation790.
Selon que la volonté qui s’y manifeste est animée ou non d’intention purement
libérale, on distingue l’acte juridique à titre gratuit de l’acte juridique à titre onéreux.
L’acte à titre gratuit est celui dans lequel l’avantage procuré à une personne
n’implique par lui-même aucune compensation pour son auteur. On l’appelle aussi libéralité.
Cet acte procure donc à une personne un avantage sans contrepartie. Il en est ainsi du
testament, de la donation et du prêt à usage. Le législateur congolais le qualifie de contrat de
bienfaisance791.
790
Ibidem, p. 203 ; art. 2 et 3 du Code civil congolais des obligations précité.
791
Art. 5 du Code civil congolais des obligations précité.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 200 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’acte juridique à titre onéreux est celui qui se fait donnant-donnant, c’est-à-dire celui
dans lequel l’avantage procuré à une personne implique par lui-même une contrepartie, une
compensation, un équivalent. Tel est le cas de la vente, du louage de service et du prêt à
intérêt792.
L’acte juridique aléatoire est celui dans lequel la valeur de la compensation revenant à
chacune des parties ou à l’une d’elles ne peut être évaluée au moment de sa conclusion
puisqu’elle dépend du hasard. Il en est ainsi du contrat d’assurance793.
L’acte juridique entre vifs est celui qui est normalement destiné à produire ses effets
du vivant de son ou de ses auteur(s). Tel est le cas de la vente, du préavis de licenciement.
L’acte juridique à cause de mort est celui qui ne doit produire ses effets qu’à la mort
de son auteur ou de l’un de ses auteurs. Il en est ainsi du testament et de la donation entre
époux faite par contrat de mariage en faveur de l’époux survivant794.
792
J. FALYS, op. cit., p. 204 ; art. 6 du Code civil congolais des obligations précité.
793
J. FALYS, op. cit., p. 205 ; art. 4 du Code civil congolais des obligations précité.
794
J. FALYS, op. cit., p. 206.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 201 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’acte juridique public est celui qui émane d’un ou des plusieurs organe(s) de la
puissance publique lorsque celle-ci entend agir par lui ou par eux en cette qualité de
puissance publique. Tel est le cas des actes de la fonction législative comme la loi, des actes
de la fonction administrative comme la nomination des fonctionnaires et l’autorisation de
bâtir, et des actes de la fonction juridictionnelle (les arrêts et jugements).
L’acte juridique privé est celui qui émane des personnes privées ou des personnes
publiques, mais n’agissant pas en la qualité de puissance publique. Il en est ainsi de la vente
entre particuliers, du contrat de fourniture à l’Administration795.
Un acte conservatoire est un acte juridique qui tend à maintenir le patrimoine dans son
état actuel. Tel est le cas de l’inscription d’une hypothèque sur les immeubles d’un débiteur
pour garantir le payement d’une dette à son échéance, de la souscription d’un contrat
d’assurance et de l’extinction d’une prescription.
795
Ibidem, pp. 207 et 2008.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 202 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’acte juridique solennel est celui dont l’existence requiert, conformément à la loi,
l’accomplissement de certaines formes instrumentales (dites solennelles) qui en constituent
de la sorte un des éléments essentiels. Il en est ainsi du mariage797.
L’acte juridique consensuel est celui dont l’accomplissement n’est pas soumis
expressément par la loi à des formes solennelles. Il se réalise « solo consensu », c’est-à-dire
qu’il produit ses effets du seul fait de l’expression de la volonté de son auteur ou de ses
auteurs quel que soit le mode selon lequel cette volonté s'exprime du moment qu’elle est
suffisamment explicite798.
L’acte juridique instantané, appelé encore l’acte juridique à exécution instantanée, est
celui qui a pour objet une prestation susceptible d’être exécutée en une seule fois. Tel est le
cas de la vente, de la donation.
L’acte juridique successif ou l’acte juridique à exécution successive est celui qui
implique des prestations renouvelées dans le temps, c’est-à-dire que son exécution
s’échelonne sur un temps plus ou moins long. Il en est ainsi du bail, du contrat de travail799.
796
P. COURBE, op. cit., p. 82 ; J. FALYS, op. cit., p. 208.
797
Art. 330, 368 et suivants du Code de la famille précité.
798
J. FALYS, op. cit., p. 209.
799
J. FALYS, op. cit., p. 209.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 203 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Selon que l’acte juridique est la cause d’un autre acte juridique ou qu’il trouve sa
cause dans un autre acte juridique, on distingue l’acte juridique principal de l’acte juridique
accessoire.
L’acte juridique principal est celui qui est la cause et la raison d’être d’un autre acte
juridique. Il peut en être ainsi du prêt.
L’acte juridique accessoire est celui dont l’existence trouve sa cause dans
l’accomplissement d’un autre acte juridique. Tel est le cas de l’hypothèque ou du gage qui
assortit un prêt800.
Selon que l’objet de l’acte juridique concerne ou ne concerne pas le patrimoine de son
ou ses auteurs, on distingue l’acte juridique patrimonial de l’acte juridique extrapatrimonial.
L’acte juridique patrimonial est celui qui rapporte au patrimoine de son ou de ses
auteur(s). Il en est ainsi du contrat de mariage, du testament, de la vente, du bail.
L’acte juridique extrapatrimonial est celui qui ne concerne pas le patrimoine de son ou
de ses auteur(s). Tel est le cas du mariage e de l’option de patrie801.
Nous analyserons, à cet égard, les conditions de validité des actes juridiques et la
sanction de la violation de ces conditions.
Nous examinerons aussi bien les conditions de fond que les conditions de forme.
800
Ibidem, p. 210.
801
Ibidem, p. 211.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 204 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Il s’agit de conditions prévues par le Code civil des obligations et ont été généralisées
par la jurisprudence à tous les actes juridiques. Ces conditions la volonté, la capacité, l’objet
et la cause. Le Code civil des obligations dispose à cet égard que « Quatre conditions sont
essentielles pour la validité d’une convention :
• le consentement de la partie qui s’oblige;
• sa capacité de contracter;
• un objet certain qui forme la matière de l’engagement;
• une cause licite dans l’obligation »802.
1. La volonté
L’acte juridique étant un acte de volonté exprimé en vue de produire des effets de
droit, l’existence de la volonté constitue une condition essentielle de formation de cet acte,
qu’il soit unilatéral ou bilatéral.
802
Art. 8 du Code civil congolais des obligations précité.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 205 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’autonomie de la volonté implique encore que les auteurs d’un acte juridique et
particulièrement d’une convention demeurent libres de modifier ou de résilier de commun
accord le contrat qu’ils ont conclus.
Pour que la volonté puisse produire ses effets, en tant qu’élément constitutif de l’acte
juridique, il faut que cette volonté ne soit pas viciée. A cet égard, le législateur congolais
dispose que « II n’y a point de consentement valable, si le consentement n’a été donné que
par erreur, ou s’il a été extorqué par violence ou surpris par dol »806. Ainsi, on distingue
trois types de vice de consentement, à savoir :
l’erreur : c’est une représentation fausse ou inexacte de la réalité, qui entraîne
une discordance entre la volonté réelle et la volonté déclarée. C’est le cas
notamment de l’erreur sur la substance de la chose qui constitue l’objet de
l’acte ;
le dol : c’est l’emploi d’un moyen frauduleux pour surprendre le consentement
d’une personne avec laquelle on envisage de passer l’acte juridique ;
la violence : c’est la contrainte exercée sur la volonté d’une personne soit par
la force matérielle, soit par des menaces pour la déterminer à consentir à un
acte juridique. Mais à vrai dire, ce n’est pas l’acte de violence qui constitue le
vice du consentement, mais plutôt la crainte que cet acte de violence inspire807.
803
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 86-88 .
804
G. CORNU (dir.), op. cit., p. 714.
805
Ibidem, p. 133.
806
Art. 9 du Code civil congolais des obligations.
807
P. COURBE, op. cit., p. 84 ; J. FALYS, op. cit., p. 222.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 206 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
2. La capacité
Pour rappel, elle est l’aptitude à être titulaire des droits et des obligations et à les
exercer. Le principe posé est que toute personne peut consentir à un acte juridique, sauf dans
le cas où la loi a expressément prévu qu’elle est incapable. A cet effet, il est prévu que
« Toute personne peut contracter, si elle n’en est pas déclarée incapable par la loi »810.
3. L’objet
L’objet d’un acte juridique est ce sur quoi porte la volonté. Cet objet peut consister
soit dans la création d’un droit, soit dans sa modification, soit dans sa transmission, soit dans
son extinction811. Il s’agit donc l’opération juridique visée par une partie ou les parties à
l’acte812.
808
F. TERRE, op. cit., p. 263.
809
Art. 131bis du Code civil congolais des obligations.
810
Art. 23 du Code civil congolais des obligations.
811
P. COURBE, op. cit., pp. 86-87.
812
G. MARTY et P. RAYNAUD, op. cit., p. 171, n° 171.
813
B. FAGES, Droit des obligations, 3e éd., Paris, L.G.D.J., 2011, p. 154, n° 149.
814
Ibidem, p. 167, n° 156.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 207 Université Catholique de Bukavu
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il doit être licite : il doit être conforme à l’ordre public et aux bonnes
mœurs815 ;
il doit être déterminé ou déterminable pour permettre au débiteur de savoir à
quoi il s’engage et au créancier, ce qu’il peut réclamer. Lorsqu’une obligation
porte sur un corps certain, c’est-à-dire une chose non fongible, individualisée,
la chose doit être désignée dans l’acte. S’il s’agit d’une chose de genre, c’est-
à-dire une chose fongible, dont il existe un nombre indéfini d’exemplaires
identiques et interchangeables, elle doit être déterminée dans son espèce et
dans sa quotité. Toutefois, la quantité peut n’être que déterminable en
fonction des paramètres sur lesquels les parties se sont préalablement mis
d’accord816.
4. La cause
La cause d’un acte juridique est le motif déterminant de la volonté817. Cette cause doit
être licite. Il est ainsi interdit de fonder un acte juridique sur une cause illicite. A cet égard, le
législateur congolais prévoit que « La cause est illicite quand elle est prohibée par la loi »818.
Toute obligation a nécessairement une cause. Cela découle de la règle d’après laquelle
« L’obligation sans cause, ou sur une fausse cause, ou sur une cause illicite, ne peut avoir
aucun effet »819. La cause permet de préciser en vue de quoi, à quelle fin l’auteur d’un acte
juridique l’a accompli820. Cependant, elle peut ne pas être mentionnée dans un acte juridique.
A cet effet, le législateur congolais prévoit que « La convention n’est pas moins valable,
quoique la cause n’en soit pas exprimée »821.
Sauf dispositions contraires, les actes juridiques, ne sont, en principe, soumis à aucune
règle de forme. C’est le principe du consensualisme. A la différence du principe de
l’autonomie de la volonté, celui du consensualisme a trait au mode de formation des actes
815
G. MARTY et P. RAYNAUD, Droit civil : les obligations. Les sources, T. 1, 2e éd., Paris, Sirey, 1988, pp.
172-177, n° 173-176.
816
B. FAGES, op. cit., pp. 158-159, n° 153.
817
P. COURBE, op. cit., p. 87.
818
Art. 32 du Code civil congolais des obligations.
819
Art. 30 du Code civil congolais des obligations.
820
F. TERRE, op. cit., p. 267.
821
Art. 31 du Code civil congolais des obligations.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 208 Université Catholique de Bukavu
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juridiques. Il signifie que les actes juridiques se forment et partant existent par le seul effet de
la volonté de celui ou de ceux qui l’accomplissent, c’est-à-dire par le seul fait du
consentement des parties à l’acte juridique.
Par ailleurs, l’existence d’autres actes juridiques est, dans certains cas, subordonnée à
la remise d’une chose. Tel est le cas, par exemple, du contrat de prêt. Ces actes juridiques
sont qualifiés d’actes réels822.
A. La notion de nullité
La nullité est une sanction prononcée par le juge et consistant dans la disparition
rétroactive de l’acte juridique qui ne remplit pas les conditions requises pour sa formation823.
L’acte juridique nul de nullité absolue est celui qui, quoique réunissant des éléments
nécessaires à son existence, est frappé d’inefficacité en raison de la violation d’une règle
d’ordre public ou de bonne mœurs.
Cette inefficacité est absolue en ce sens que toute personne intéressée peut s’en
prévaloir, que la juge doit la soulever d’office à l’occasion d’un litige qui concerne l’acte,
qu’elle peut être soulevée à tout moment et même pour la première fois en instance de
822
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 89-90.
823
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 359.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 209 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
cassation, qu’elle ne peut être couverte par la confirmation de l’acte et qu’elle se prescrit au
bout de trente ans. Mais, cette prescription n’éteint que l’action en nullité et non l’exception
de nullité824. Confirmer l’acte, c’est lui conférer la validité qui lui manquait en renonçant à
invoquer la nullité825.
L’acte juridique nul de nullité relative est celui qui, quoique réunissant des éléments
nécessaires à son existence, est frappé d’inefficacité en raison de la violation d’une règle
établie dans le seul but de protéger des intérêts privés.
La nullité est relative en ce sens que l’acte subsiste si la personne que la règle de droit
a voulu protéger ou son représentant n’estime pas devoir s’en plaindre. Ainsi, cette nullité
peut être couverte par la confirmation de l’acte, elle ne peut être invoquée que par les
personnes que la loi tenait à protéger (et par leurs représentants) et non pas par toute personne
intéressée. L’action en nullité relative se prescrit, en principe, par dix ans826.
Lorsque les conditions de l’acte unilatéral sont réunies, cet acte entraîne à l’égard de
son auteur des effets de droit. Cet acte ne peut produire, à l’égard des tiers, un effet
obligataire, c’est-à-dire il ne peut les rendre débiteurs. Toutefois, l’acte unilatéral est de
nature à créer une situation opposable aux tiers étant donné qu’il modifie une situation
juridique.
En droit administratif, les effets de l’acte unilatéral sont plus forts. Dans un très grand
nombre de cas, cet acte prend la forme d’une décision exécutoire, qui non seulement modifie
l’ordonnancement juridique existant, mais aussi produit un effet de contrainte827.
824
J. FALYS, op. cit., pp. 250 et 251 ; F. TERRE, op. cit., p. 277.
825
F. TERRE, op. cit., p. 276.
826
J. FALYS, op. cit., pp. 251 et 252.
827
F. TERRE, op. cit., p. 277.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 210 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Ce sont les droits et obligations que l’acte a pour objet de créer, de modifier, de
transmettre ou d’éteindre. C’est à ces effets que s’applique le principe de la relativité de l`acte
juridique. D’après ce principe, les effets internes d’un acte juridique se limitent à ceux qui
l’ont voulu. Ceux qui ne l’ont pas voulu sont tiers, c’est-à-dire des étrangers à l’acte. Ils ne
peuvent ni en tirer profit, ni y être obligés. Ce principe est exprimé par le législateur
congolais dans la règle selon laquelle « Les conventions n’ont d’effet qu’entre les parties
contractantes; elles ne nuisent point au tiers, et elles ne lui profitent que dans le cas prévu
par l’article 21 »828.
Cependant, certains actes juridiques entraînent des effets dans le chef des personnes
n’ayant pas soit directement, soit indirectement participé à l’acte. Ainsi, beaucoup d’actes
unilatéraux ont pour but de produire des effets dans le chef des personnes qui ne les ont pas
voulus. Tel est le cas en cas de reconnaissance d’un enfant naturel. Dans certains cas, les tiers
peuvent se prévaloir des effets internes d’un contrat auquel ils n’ont pas été parties. Il en est
ainsi en cas de stipulation pour autrui et des conventions collectives de travail, etc.
La stipulation pour autrui est un contrat par lequel une personne, appelée stipulant,
obtient d’une autre personne, le promettant, qu’elle exécute une prestation au profit d’une
troisième personne, appelée tiers bénéficiaire.
Au regard de ce qui précède, l’acte juridique, qui réunit les conditions de formation
requises par la loi, oblige la personne de qui il émane. Ce principe est énoncé en matière
contractuelle par le législateur congolais, qui consacre, à cet effet, que « Les conventions
légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être
révoquées que de leur consentement mutuel ou pour les causes que la loi autorise. Elles
828
Art. 63 du Code civil congolais des obligations.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 211 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
doivent être exécutées de bonne foi »829. Cet article pose le principe de la convention-loi qui
signifie que la volonté exprimée dans l’acte a, pour son auteur ou ses auteurs, la même force
obligatoire que la loi établie par le législateur830. Ce principe est encore qualifié de principe
de l’effet obligatoire du contrat831.
C’est le principe de l’opposabilité de l’acte juridique aux tiers qui s’applique à l’égard
des tiers. Ce principe signifie que les tiers sont tenus de reconnaître l’existence des actes
régulièrement constitués entre parties et de respecter les effets que ces actes produisent.
Cependant, ce principe connaît des limitations. Ainsi, les tiers ne seront pas liés par
l’existence des actes juridiques s’il y a eu fraude ou s’ils avaient acquis des droits sur la chose
avant la passation des actes concernés.
Le contrat administratif est celui passé par une personne publique ou pour son compte
et soumis au droit administratif soit par disposition expresse de la loi, soit en raison de la
présence des clauses exorbitantes du droit commun dans ses stipulations, soit parce qu’il
confère à son titulaire une participation directe à l’exécution d’une activité de service
public832. Les clauses exorbitantes du droit commun sont les prérogatives de puissance
publique, qui tantôt lui permettent d’agir, tantôt le protègent des actions extérieures833.
829
Ibidem, art. 33.
830
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., p. 91.
831
F. TERRE, op. cit., p. 277.
832
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 144.
833
R. CHAPUS, op. cit., p. 431, n° 530.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 212 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Souvent, l’acte collectif est caractérisé par une vocation à l’extension de ses effets
juridiques à d’autres personnes que celles qui ont participé à l’élaboration de l’acte
directement ou par leurs représentants. Ainsi, cet acte s’accorde mal avec le principe de
l’effet relatif des actes juridiques. Tel est le cas en particulier pour les conventions collectives
de travail. Dans d’autres situations où la naissance d’un acte requiert une délibération, la loi
de la majorité permet, sous réserve des conditions et des limites établies, d’imposer l’acte à
créer à la minorité, sauf si l’unanimité est exigée836.
Le fait juridique peut être défini comme étant tout événement quelconque susceptible
produire des effets juridiques soit parce qu’ils se réalisent sans l’intervention de la volonté
humaine, soit qu’ils résultent de l’activité volontaire de l’homme, mais sans qu’il y ait de la
part de celui-ci une intention d’agir dans le champ du droit et notamment de provoquer les
effets de droit que la loi attache à ce comportement837.
Nous distinguerons les faits juridiques involontaires des faits juridiques volontaires.
834
F. TERRE, op. cit., p. 278.
835
R. GUILLIEN et J. VINCENT, op. cit., p. 279.
836
F. TERRE, op. cit., p. 279.
837
J. FALYS, op. cit., p. 202.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 213 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Parmi ces événements qui créent, modifient, transmettent ou éteignent les droits
subjectifs selon le cas figurent :
la naissance : elle est la source de la personnalité juridique et, en conséquence,
elle fait acquérir notamment les droits de la personnalité et ceux de la famille ;
la majorité : elle fait cesser l’incapacité pesant sur les mineurs et leur confère,
en principe, la pleine capacité ;
la santé : l’état de santé physique ou mentale (maladie) d’une personne peut
avoir des conséquences sur l’exécution de ses obligations et surtout sur sa
capacité juridique ;
le décès: il éteint les droits de la personnalité et les droits de la famille du
défunt. Il entraîne la transmission du patrimoine du défunt aux personnes que
la loi appelle à la succession838.
838
P. COURBE, op. cit., p. 94.
839
Idem
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 214 Université Catholique de Bukavu
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C. L’écoulement du temps
Le droit positif attache des conséquences juridiques à l’écoulement du temps que nous
avons analysées précédemment en traitant de la prescription acquisitive et de la prescription
extinctive.
Le délit est un fait volontaire, alors que le quasi-délit est un fait involontaire. Mais,
ces deux faits sont illicites et causent à autrui un dommage. En conséquence, ils constituent
des événements générateurs du droit à la réparation de la victime.
Les quasi-contrats sont des faits licites et volontaires d’où découlent des obligations
soumises à un régime s’apparentant à celui des contrats. Cependant, dans un quasi-contrat,
contrairement au contrat, il y a absence d’accord de volonté des parties.
sans avoir la volonté de payer une dette d’autrui. Il est la principale application de
la théorie de l’enrichissement sans cause.
Ces trois hypothèses ont en commun le fait qu’un avantage injuste a été retiré. Ce fait
constitue un fait qui, par la volonté de la loi, donne naissance à un droit subjectif, à savoir un
droit à indemnité au profit de la victime840.
840
P. COURBE, op. cit., p. 96.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 216 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
La création des droits subjectifs se réalise suivant un mode originaire lorsque les
droits naissent directement sur la tête de leurs titulaires. Pareille acquisition s’opère sans qu’il
ait eu transmission par un précèdent titulaire.
Cependant, lorsque les droits, dont une personne est titulaire, proviennent d’un
précèdent titulaire qui les lui a transmis, l’acquisition de ces droits est considérée comme
réalisée selon un mode dérivé841.
La transmission des droits peut trouver son origine dans la volonté unilatérale ou
bilatérale des particuliers. Il en est ainsi d’une transmission qui trouve son origine dans le
testament ou encore dans un contrat tel que la vente, la donation, etc.
La transmission peut également tirer sa source dans la loi. Tel est le cas des règles qui
fixent le régime de la succession ab intestat (succession légale) et des celles qui déterminent
les conditions de la prescription acquisitive, lorsque l’écoulement du délai a pour effet de
faire acquérir un droit réel à celui qui en a fait l’exercice. Une prescription est extinctive
lorsqu’elle fait perdre un droit réel ou un droit personnel du fait de l’inaction prolongée du
titulaire de ce droit.
Il existe également différents modes de transmission des droits subjectifs selon que
considère l’étendue de la transmission ou le moment de celle-ci.
841
H. SIMONART et F. LEURQUIN, op. cit., pp. 215 et 216.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 217 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
En règle générale, l’acte juridique produit ses effets de façon immédiate et définitive.
Autrement dit, d’un point de vue temporel, la naissance - la modification - la transmission et
l’extinction des droits subjectifs qui découle de l’acte, est pur et simple. Dans certains cas,
cependant, les parties peuvent souhaiter modaliser les effets produits par l’acte. Elles peuvent
alors décider de faire dépendre les conséquences juridiques de leur manifestation de volonté
d’un événement futur qu’elles déterminent. Les modalités, qui affectent les droits subjectifs,
se distinguent au regard de la nature des événements futurs (terme ou condition) et au regard
des effets qui s’attachent à la réalisation de l’événement considéré (suspensif, extinctif ou
résolutoire).
§ 1. Le terme
I. La définition du terme
Le terme suspensif ne suspend pas la naissance d’un droit. Dès la conclusion de l’acte,
le droit existe dans son principe. Il ne suspend que l’exigibilité d’un droit. Ainsi, longtemps
que le terme court, l’exécution de l’obligation ne peut être réclamée. Ce terme est un
événement futur de réalisation certaine, c'est-à-dire qui doit certainement se réaliser.
§ 2. La condition
I. La définition de la condition
La condition résolutoire est celle qui met fin au droit, si elle se réalise. Tant qu’elle ne
se réalise pas, tout se passe comme si le droit était pur et simple. Le droit naît complètement
dès la conclusion de l’acte. Si cette condition se produit, l’acte cessera de produire ses effets
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 219 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
pour l’avenir, mais, en outre, tous les effets qu’il aurait pu produire dans le passé seront, en
principe, supprimés. L’effet rétroactif de la condition est, toutefois, assorti de tempérament.
Ainsi, pour les actes à prestations successives, la réalisation de la condition résolutoire
n’opère que pour l’avenir.
Mais, lorsqu’il est acquis que la condition ne se réalisera pas, le droit conditionnel
devient définitif. Il continuera comme par le passé à produire ses effets.
Tout exercice des droits subjectifs n’est pas nécessairement correct. Il se peut qu’à
l’occasion de l’exercice d’un droit, une personne physique ou morale soit sortie du cadre du
droit tel qu’il a été fixé par les règles de droit objectif. Dans ce cas, il y a illégalité dans la
mise en œuvre des droits. En effet, les prérogatives que la loi confère aux titulaires des droits
subjectifs ne sont jamais illimitées. Le législateur s’attache à circonscrire explicitement ou
implicitement le droit qu’il accorde. Lorsque les droits subjectifs s’exercent en
méconnaissance des attributs qui les constituent, il y a, en effet, défaut des droits et le
comportement est qualifié d’illégal.
Il se peut également que tout en respectant les limites légales du droit, son titulaire
l’ait utilisé d’une manière qui dépasse manifestement les limites de l’exercice normal de
celui-ci par une personne prudente ou diligente. On parle dans ce cas d’abus de droit.
Il existe plusieurs causes d’extinction des droits. La doctrine établit une distinction
entre ces causes suivant que la volonté du titulaire du droit intervient ou non.
Les causes d’extinction qui procèdent de la volonté des titulaires des droits sont :
le paiement : c’est l’exécution d’une obligation ;
la renonciation : c’est l’acte par lequel une personne abandonne volontairement un
droit ;
la remise de dette : c’est une convention par laquelle, le créancier libère partiellement
ou totalement le débiteur de sa dette sans avoir reçu tout le paiement ou une partie du
paiement ;
la dation en paiement : c’est la remise, à titre de paiement et de l’accord des deux
parties, d’une chose différente de celle qui faisait l’objet de l’obligation ;
la novation : c’est la convention par laquelle une obligation est éteinte et remplacée
par une obligation nouvelle. On distingue la novation par changement de créancier, la
novation par changement de débiteur et la novation par changement d’objet842 ;
la compensation : c’est l’extinction des deux dettes réciproques jusqu’à concurrence
de la plus faible. Ces dettes devraient, en principe, être certaines, liquides et
exigibles843.
842
Art. 163 du Code civil congolais des obligations
843
Ibidem, art. 181 et s.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 221 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
844
Tel est le cas en matière de contrat de travail en cas de décès du travailleur.
845
Ibidem, Art. 192.
846
Ibidem, art. 194.
847
Art. 1er, 6 et suivants du décret du 27 juillet 1934 sur les faillites, in Les Codes Larcier. République
Démocratique du Congo, Tome IV, Droit commercial et économique, vol. 1, Droit commercial, Bruxelles,
Larcier, 2003, pp. 6 et s.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 222 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Tout titulaire d’un droit devrait pouvoir le faire respecter et faire sanctionner les
atteintes qui pourraient y être portées. Mais, nul ne peut se faire justice à soi-même. La
sanction du droit ne peut émaner que de l’autorité publique investie de ce pouvoir. Au sein de
l’Etat, il existe des institutions chargées de dire le droit, c’est à –dire de trancher les litiges.
Ce sont les institutions sont les juridictions. A cet égard, la Constitution de la RDC dispose
que « Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Il est
dévolu aux cours et tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le
Conseil d’Etat, la Haute Cour militaire ainsi que les Cours et Tribunaux civils et
militaires »848. Mais, il existe également des modes non juridictionnels de règlement des
différends.
La compétence de toute juridiction est, en principe, définie par le texte qui l’institue.
Ainsi, lorsqu’une personne entend exercer une action en justice, il importe de connaître la
juridiction compétente. D’une part, il faut rechercher quel est, compte tenu de la nature du
litige, le tribunal compétent parmi les diverses catégories de juridictions. C’est la question de
la compétence d’attribution ou compétence matérielle ou encore la compétence « ratione
materiae ». D’autre part, il faut déterminer la compétence territoriale ou « ratione loci »,
c’est- à- dire en raison du lieu et la compétence personnelle pour les affaires pénales. On
établit une distinction entre les juridictions nationales ou étatiques et les juridictions
internationales.
848
Art. 149 de la Constitution de la RDC précitée.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 223 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
I. L’ordre constitutionnel
849
Art. 157 de la Constitution de la RDC précitée.
850
Ibidem, art. 160.
851
Ibidem, art. 161.
852
Ibidem, art. 161, al. 2.
853
Ibidem, art. 161, al. 3.
854
Ibidem, art. 161, al. 4.
855
Ibidem, art. 163 et s.
856
Ibidem, art. 153.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 224 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Quant à leur rôle, on distingue les juridictions civiles, les juridictions commerciales et
les juridictions de travail qui sont toutes chargées de trancher les litiges entre particuliers et
les juridictions pénales ou répressives qui ont pour mission de connaître des infractions et
d’appliquer des peines à leurs auteurs.
Il est prévu l’installation d’un ou plusieurs tribunaux de paix dans chaque territoire, ville
et commune. Mais, dans certains cas, il peut être créé un seul tribunal de paix pour deux ou
857
Ibidem, art. 153, al. 2.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 225 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
plusieurs communes, villes ou territoires858. Jusqu’à ce jour, les tribunaux de paix ne sont pas
installés dans certaines parties de la RDC, notamment à Bukavu. Partout où ces tribunaux ne
sont pas encore installés, les conflits relevant de leur compétence doivent être soumis, en
premier ressort, aux tribunaux de grande instance859.
L’organisation et la compétence des juridictions sont régies par la loi organique portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre judiciaire860.
Elle a été instituée dans le cadre du Traité des Nations Unies pour juger les conflits
entre les Etats membres qui ont accepté sa compétence. En outre, cette Cour exerce, sous
forme d’avis, les fonctions de conseil juridique auprès de différents organes de l’ONU. Elle
joue également le rôle de juge administratif suprême en ce qui concerne la fonction publique
internationale. Ainsi, elle est compétente pour intervenir, sous forme d’avis obligatoires,
858
Art. 7 de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences
des juridictions de l'ordre judiciaire.
859
Ibidem, art. 151.
860
Loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des
juridictions de l'ordre judiciaire.
861
Art. 154 de la Constitution de la RDC précitée.
862
Ibidem, art. 155.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 226 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Ces juridictions ont été créées pour répondre à des situations exceptionnelles et c’est
ainsi que leur existence est limitée dans le temps864. Ce sont donc des juridictions non
permanentes qui ont fait leur apparition après la deuxième guerre mondiale en vue de juger
les responsables des violations flagrantes et généralisées du droit humanitaire (tueries
massives, détention et viol massifs organisés, massacre ethnique dans certains cas, etc), qui
ont été commises. Il s’agit des Tribunaux de Nüremberg et de Tokyo, du Tribunal pénal
international pour l’ex-Yougoslavie et celui pour le Rwanda865 ainsi que du Tribunal spécial
pour la Sierra Leone.
Cette Cour est une juridiction permanente qui a pour mission de connaître des
infractions de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de crime
d’agression. Ces crimes sont considérés comme étant les crimes les plus graves touchant
l’ensemble de la Communauté internationale. Cette juridiction a été instituée par le Statut de
Rome866.
Elle est installée à La Hay (Pays-Bas). Cette juridiction ne statue que subsidiairement,
c’est-à-dire au cas où les personnes poursuives ne pourraient être jugées ou ne seraient pas
jugées par leurs pays.
863
M.-L. RASSAT, Institutions judiciaires, Paris, P.U.F., Collection Premier cycle, 1993, pp. 224-225.
864
A. HERAUD et A. MAURIN, op. cit., p. 289.
865
J. VINCENT, op. cit., p. 309, n° 59-9.
866
Art. 5 et suivants du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 227 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Le personnel judiciaire est constitué des magistrats, des agents de la police judiciaire
des parquets, des officiers de police judiciaire et des agents de l’ordre judiciaire des Cours,
Tribunaux et Parquets civils et militaires867.
§ 1. Les magistrats
On distingue les magistrats du siège ou juges et les magistrats debout. Les magistrats
du siège ont pour fonction de juger, de trancher des litiges. Les magistrats debout appelés
encore magistrats du parquet ou officiers du Ministère public sont, quant à eux, des agents du
pouvoir exécutif auprès des tribunaux. Ils représentent en justice les intérêts de l’Etat et de la
collectivité toute entière. Ils sont indépendants de la juridiction auprès de laquelle ils exercent
leur mission. Il y a un parquet attaché à chaque juridiction.
Le Ministère public assiste à toutes les audiences de la Cour suprême de justice, des
cours d’appel, de la Cour de sûreté de l’État et des tribunaux de grande instance 868. Il peut,
selon les cas, intervenir soit par voie d’avis, soit par voie d’action869.
867
Art. 1er de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l'ordre judiciaire.
868
Ibidem, art. 66.
869
Ibidem, art. 67.
870
Idem.
871
Art. 68, al. 3 de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l'ordre judiciaire.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 228 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Il exerce des activités extrajudiciaires telles que la surveillance des tous les officiers
de police judiciaire, des officiers publics et des officiers ministériels, sauf les agents du greffe
et de l’office des huissiers872.
A. Les greffiers
Tout tribunal, quel qu’il soit, comporte un greffier (ou un secrétaire). Les greffiers ont
pour rôle d’assister le juge dans tous ses actes : rédaction, signature et conservation des
décisions de justice, délivrance de copies de dites décisions, tenue de certaines registre, etc.
Les agents de la police judiciaire des parquets sont des officiers de police judiciaire.
Leur compétence s’étend à toutes les infractions et sur tout le territoire de la RCD874. La
police judiciaire a notamment pour mission de constater les infractions à la loi pénale, d’en
rassembler les preuves et d’en rechercher les auteurs875.
C. Les huissiers
Les huissiers sont des officiers ministériels. Ils ont pour mission d’assurer la police
de l’audience, de dresser des constats à la demande du juge ou des particuliers, de signifier
aux parties les actes de procédure et les jugements et de faire exécuter même par la force, les
décisions de justice.
872
Ibidem, art. 66, al. 3.
873
B. STARCK, H. ROLAND et L. BOYER, Introduction au droit, 5e éd., Paris, Litec, 2000, p. 311, n° 819.
874
Art. 4 de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences
des juridictions de l'ordre judiciaire.
875
B. STARCK, H. ROLAND et L. BOYER, op. cit, p. 313, n° 823.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 229 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Ces greffiers, ces personnels de police judiciaire et les huissiers sont des agents de
l’ordre judiciaire. A cet effet, le législateur congolais dispose que « Sont agents de l’ordre
judiciaire: les fonctionnaires et agents administratifs des greffes, des secrétariats des
parquets, des services de la police judiciaire des parquets ainsi que les huissiers, lorsque
ceux-ci sont de carrière. Ils sont tous régis par le statut du personnel de carrière des services
publics de l’État »876.
D. Les experts
Ce sont des auxiliaires occasionnels du juge qui ont pour rôle de lui apporter, dans le
cadre d’un litige, des informations purement techniques. Il en est ainsi des médecins, des
comptables, des chimistes, etc. Il s’agit donc des spécialistes expérimentés dans un métier, un
art ou une science877.
Les avocats et les défenseurs judiciaires exercent une profession libérale pour laquelle
sont exigées certaines conditions d’aptitude et d’honorabilité. Ils représentent les parties, qui
sont leurs clients, assistent les parties et plaident devant les juridictions, ils consultent et
rédigent pour autrui des actes juridiques.
Le règlement des conflits peut se réalise pas toujours par le recours aux modes
juridictionnels. A côté de ces derniers, il existe également des modes non juridictionnels,
qualifiés encore des modes alternatifs de règlement des conflits. Ces modes alternatifs ont en
commun que le fait que les parties ne cherchent pas à régler leurs conflits par un acte
juridictionnel. Les parties visent à régler amiable leurs conflits878.
876
Art. 3 de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences
des juridictions de l'ordre judiciaire.
877
B. STARCK, H. ROLAND et L. BOYER, op. cit., p. 315, n° 829.
878
J. VINCENT et alii, Institutions judiciaires. Organisation. Juridictions Gens de justice, Paris, Dalloz, 2003,
p. 38 et 40, n° 30 et 31.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 230 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
879
Ibidem, p. 43, n° 34.
880
Ibidem, p. 48, n° 38.
881
Art. 160 du Code de procédure civile congolais.
882
MATADI NENGA GAMANDA, op. cit., pp. 647, 651 et 654, n° 739, 742 et 748.
883
Art. 583 du Code civil congolais des obligations.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 231 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
La preuve présente une importance capitale en droit qui se traduit par l’adage selon
lequel « Idem est non esse et non probari » (Tout ce qui n’est pas prouvé est considéré
comme inexistant). Toute personne soucieuse de défendre ses droits doit, en conséquence,
appuyer ses prétentions par des moyens que le droit admet et qui sont des moyens de preuve.
L’examen de cette section nous amène à répondre à la question de savoir : quoi doit-
on prouve ? En droit, on ne peut prouver que les faits et les actes en vertu des adages
suivants « Jura novit curia », qui signifie que « La cour connaît le droit » et « Da mihi
factum, dabo tibi jus » qui veut dire « Donnes moi le fait, je te donnerai le droit ».
884
F. TERRE, op. cit., p. 419.
885
B. STARCK, H. ROLAND et L. BOYER, op. cit., pp. 563 et 564, n° 1517-1519.
886
G. GATUNANGE, op. cit.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 232 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Nous voulons répondre à la question de savoir : qui doit prouver ? Il est un principe
que la charge de la preuve incombe au demandeur. D’où, l’adage « Actori incumbit
probatio ».
En outre, pour sauvegarder ses intérêt, chaque partie peut, même lorsqu’elle n’est pas
obligée, décider de soutenir sa prétention par des moyens de preuve qu’elle détiendrait. Enfin
le principe de collaboration des parties à d’administration de la justice, peut amener le juge à
ordonner à une partie la production des moyens de preuve.
Il s’agit de :
Parmi les preuves littérales, on distingue les actes sous seing privé des actes
authentiques.
Les actes authentiques sont ceux établis par un officier public (par exemple, le
notoire) ayant la compétence d’instrumenter et dans le respect des formes prévues par la loi.
887
F. TERRE, op. cit., p. 441.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 233 Université Catholique de Bukavu
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Les actes authentiques peuvent être revêtus de la formule exécutoire. Ainsi, ils sont
susceptibles d’exécution forcée. La loi attache une force probante particulière à ces actes.
Les actes sous seing privé sont ceux établis et signés par les parties elles-mêmes.
B. L’aveu
C’est une déclaration par laquelle une personne tient pour vrai un fait qui peut
produire contre elle des conséquences juridiques.
L’aveu est judiciaire lorsque la déclaration est faite en justice. Dans le cas contraire,
l’aveu est extrajudiciaire.
C. Le témoignage
C’est l’acte par lequel une personne atteste l’existence d’un fait dont elle a eu
personnellement connaissance. On l’appelle encore preuve testimoniale ou la preuve par
témoin.
D. Le serment
Les preuves indirectes ou les présomptions sont les conséquences que la loi
(présomptions légales) ou le magistrat (présomptions humains) tire d’un fait connu à un fait
inconnu.
L’admissibilité des preuves permet de savoir les moyens de preuve qui sont admis
pour établir une prétention888. Elle dépend du système probatoire dans lequel on se trouve.
On distingue, d’une part, le système de preuve légale ou réglementée et, d’autre part, le
système de preuve libre ou morale ou système de l’intime conviction du juge.
Dans ce système, les modes de preuve sont réglementés. La loi établit une certaine
hiérarchie entre les différents moyens de preuve et attache une force probante à chaque
moyen. Tous les moyens de preuve n’ont donc pas la même force probante889.
Dans ce système, les moyens de preuve ne sont pas hiérarchisés. Les parties sont
libres de prouver leurs allégations par n’importe quel moyen de droit et il appartient au juge
de les apprécier. Ce système se rencontre en matière commerciales et en matière pénale. En
matière commerciale, le législateur congolais consacre que « (…) les engagements
commerciaux pourront être constatés par la preuve testimoniale dans tous les cas où le
888
F. TERRE, op. cit., p. 420.
889
Ibidem, p. 481
890
Art. 217, al. 1 du Code civil congolais des obligations.
891
F. TERRE, op. cit., p. 482.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 235 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
tribunal croira devoir l’admettre »892. Il renchérit en disposant que « Indépendamment des
moyens de preuve admis par le droit civil, les engagements commerciaux pourront être
constatés par la preuve testimoniale, ou par présomptions, dans tous les cas où le tribunal
croira devoir l’admettre et sauf les exceptions prévues par la loi. Dans les mêmes cas, il
pourra être prouvé contre et outre le contenu aux actes »893.
892
Art. 217, al. 2 du Code civil congolais des obligations.
893
Art. 9 du décret du 02 août 1913 sur les commerçants et la preuve des engagements commerciaux.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 236 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’action en justice est un pouvoir reconnu aux sujets de droit de s’adresser à la justice
(tribunal) pour obtenir le respect de leurs droits. Il s’agit d’un pouvoir légal en vertu duquel
une personne peut saisir une autorité juridictionnelle (juridiction) pour obtenir que la
prétention qu’elle soutient soit retenu avec force légale et qu’une décision exécutoire soit
prise aux fins de protéger ou de restaurer son droit.
L’action en justice n’est pas à confondre avec la demande en justice, même si elles
sont en étroite relation. L’action est le droit de saisir le juge en vue de faire valoir son droit,
alors que la demande est la mise en œuvre de l’action par la partie qui saisit le juge d’une
prétention894.
I. L’intérêt
On ne peut agir en justice que si l’on y a intérêt et dans le mesure de cet intérêt. Ce
principe est exprimé par l’adage « Pas d’intérêt pas d’action »895. Néanmoins, cet intérêt doit
répondre aux exigences suivantes pour être pris en compte. Ainsi, il doit être :
légitime, c’est-à-dire juridiquement protégé ;
né et actuel : il ne doit pas être éventuel, hypothétique. Cependant, ceci ne
signifie pas qu’on ne peut pas demander réparation d’un préjudice future qui
est certain ;
direct et personnel : on rejette ainsi l’action populaire qui permettrait à
n’importe quel citoyen de dénoncer la violation d’une règle de droit. Celui qui
894
MATADI NENGA GAMANDA, op. cit., p. 157, n° 143.
895
F. TERRE, op. cit., p. 510.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 237 Université Catholique de Bukavu
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agit en justice doit chercher à servir son intérêt propre et non pas l’intérêt
général dont la défense doit être assurée par le Ministère Public896.
II. La qualité
La qualité pour agir en justice désigne le titre en vertu duquel une personne agit.
Ainsi, une personne peut agir à titre personnel, en qualité de créancier du titulaire du droit ou
de son héritier. Toutefois, si toute personne ayant intérêt à agir a, en principe, qualité pour le
faire, cette qualité est, dans certains cas, réservée uniquement à quelques personnes. Il en est
ainsi des actions en nullité relative et des actions en divorce qui sont réservées aux époux897.
III. La capacité
Il s’agit de l’aptitude que possède une personne à faire valoir les droits dont elle se
prétend titulaire. La capacité d’agir en justice réfère dont à la capacité d’exercice.
Seules les personnes physiques qui sont reconnues capables peuvent agir en justice.
Les incapables en peuvent agir que par leurs représentants. Les personnes morales n’agissent
que par le truchement de leurs représentants légaux ou statutaires898.
896
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 100 ; A. HERAUD et A. MAURIN, Institutions judiciaires, 6e éd., Paris, Dalloz,
Aide-mémoire, 2006, p. 146 ; F. TERRE, op. cit., p. 510.
897
F. TERRE, op. cit., p. 511.
898
MATADI NENGA GAMANDA, op. cit., pp. 178-180, n° 179-182.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 238 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
On distingue aussi les actions mobilières des actions immobilières selon que le droit à
protéger, réel ou personnel, concerne un meuble ou un immeuble. Les actions mobilières sont
celles qui se rapportent à des biens meubles, alors que les actions immobilières sont relatives
à des immeubles.
L’action civile n’est pas à confondre avec l’action de nature civile. L’action privée
englobe l’action civile et l’action de nature civile. L’action de nature civile est celle qui est
exercée devant les tribunaux civils, mais en l’absence de toute infraction pénale. L’action
civile, par contre, est une action en réparation d’un dommage directement causé par une
infraction pénale et qui peut être exercé par tous ceux qui ont personnellement souffert du
dommage. Elle peut être exercée, au choix des victimes, soit en même temps que l’action
publique devant les juridictions répressives (pénales), soit séparément de l’action publique
devant les juridictions civiles. Elle doit être distinguée de la constitution de la partie civile qui
à la victime d’une infraction de mettre en mouvement l’action publique indépendamment de
son droit à réparation899.
Section 2. L’instance
L’instance comprend toute une série d’actes ou d’opérations accomplis selon certaines
formes soit par les parties, soit par leurs auxiliaires, soit par le juge lui-même901.
899
F. TERRE, op. cit., p. 511-513.
900
Ibidem, p. 513.
901
F. TERRE, op. cit., p. 527.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 239 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
la personne qui s’estime lésée dans son droit ou son représentant en matière
civile, commerciale, du travail, etc. ;
le Ministère public ou la victime d’une infraction en matière pénale ;
l’administré en matière administrative étant donné que l’Administration
bénéficie du privilège de l’exécution d’office et que, en principe, une
juridiction administrative ne peut être saisie que par voie de recours formé
contre une décision en vertu de la règle de la décision préalable902.
Par la suite, le tribunal détermine la date d’audience. Celle-ci est une séance durant
laquelle une juridiction prend connaissance des prétentions des parties, instruit le procès,
entend les plaidoiries et rend son jugement. Le tribunal peut prendre des mesures
d’instruction (vérification des documents, visite des lieux, expertise, etc.), selon les cas, soit à
la demande des parties, soit d’office.
902
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 138.
903
Idem
904
A. HERAUD et A. MAURIN, op. cit., pp. 190 et s.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 240 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
caractère contradictoire oblige le juge à ne retenir que les arguments qui ont été
échangés entre les parties et sur lesquels chacune d’elles pouvait réagir.
Le principe de la publicité : il s’applique aux audiences et aux jugements. En vertu de
ce principe, le public est admis aux audiences, sauf si, en raison de sa nature,
l’affaire est jugée à huit clos (au pénal) ou en chambre de conseil (au civil). Ainsi, la
Constitution de la RDC dispose que « Les audiences des cours et tribunaux sont
publiques, à moins que cette publicité ne soit jugée dangereuse pour l’ordre public ou
les bonnes mœurs. Dans ce cas, le tribunal ordonne le huis clos »905.
Le principe de l’immutabilité du litige : il donne aux plaideurs le droit de limiter le
cadre du procès et favorise ainsi la contradiction. Ainsi, une partie qui aura engagé
l’instance sur un contenu ne pourra, en principe, ni le modifier ni se voir contraindre
par la partie adverse de le changer. Toutefois, les demandes incidentes seront
recevables si elles sont connexes à la demande initiale. L’immutabilité du litige
s’impose aussi au juge qui ne peut modifier ni la cause ni l’objet de la demande. Il ne
peut statuer infra ou ultra petita (en dessous ou en dessus du litige)906.
Le principe de la neutralité du juge : il interdit au juge d’avoir de parti pris, de
favoriser une partie injustement au détriment de l’autre. Le juge doit rester objectif.
Le principe de la gratuité de la justice : ce principe signifie seulement que les
magistrats ne sont pas payés par les plaideurs ; ils le sont par l’Etat.
§ 1. La notion de jugement
905
Art. 20 de la Constitution de la RDC précitée.
906
A. HERAUD et A. MAURIN, op. cit., pp. 186-187.
907
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 142.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 241 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
En prenant en considération l’effet qu’ils peuvent avoir sur le litige, on distingue les
jugements sur le fond et les jugements avant-dire droit. Le jugement sur le fond, qualifié
encore de jugement définitif, est celui qui tranche le litige, qui a été soumis au tribunal, alors
que le jugement avant-dire est une décision par laquelle le tribunal peut prendre une mesure
provisoire ou une mesure d’instruction avant de régler le conflit qui lui a été soumis909.
Ainsi, les jugements avant-dire droit comprennent les jugements provisoires et les
jugements relatifs à l’instruction. Les jugements provisoires sont des décisions par lesquelles
une juridiction ordonne, durant l’instance, une mesure urgente visant à sauvegarde un intérêt
qui peut être compromis par le procès. Tel est le cas d’une décision d’octroi d’une pension
alimentaire ou une décision imposant aux époux, qui sont en instance de divorce, à résider
séparément. Les jugements relatifs à l’instruction sont ceux qui, sans trancher le fond du
procès, l’achemine, néanmoins, vers la solution. Il en est ainsi d’une mesure ordonnant une
enquête ou une expertise ou une comparution personnelle910.
En tenant compte de recours qui peuvent être introduits, on différencie, d’une part, les
jugements en premier ressort et les jugements en dernier ressort et, d’autre part, les jugements
contradictoires et les jugements par défaut. Les jugements en premier ressort sont ceux qui
908
J. MIGABO KALERE, op. cit.
909
A. HERAUD et A. MAURIN, op. cit., pp. 215-216.
910
F. TERRE, op. cit., p. 524.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 242 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
sont susceptibles d’appel, alors que les jugements en dernier ressort ne sont pas susceptibles
d’appel, ils peuvent faire l’objet d’un recours en cassation911. Le jugement est contradictoire,
lorsque les parties ont comparu, soit par elles-mêmes, soit par leurs représentants912. Le
jugement par défaut est celui qui est rendu sur base de seuls éléments fournis par une partie
au procès, l’autre partie n’ayant pas comparu913.
Suivant que le jugement entérine ou non l’accord des parties en conflit, on établit une
différence entre les jugements « ordinaire » et les jugements convenus. Le jugement
« ordinaire » est celui qui tanche véritablement le litige entre les parties, alors que le
jugement convenu ou jugement d’expédient est celui qui entérine l’accord des parties en
conflit en lui conférant l’autorité de la chose jugée914.
Selon qu’une juridiction a été saisie pour trancher un litige ou non, on distingue les
décisions contentieuses et les décisions gracieuses. Une décision contentieuse tranche une
contestation entre deux ou plusieurs parties, alors qu’une décision gracieuse règle une
question de droit non litigieuse915.
Une décision de justice peut être rendue sur le siège, c’est-à-dire immédiatement ou
après délibéré916.
911
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 143.
912
A. HERAUD et A. MAURIN, op. cit., p. 215.
913
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 143.
914
A. HERAUD et A. MAURIN, op. cit., p. 216.
915
Ibidem, p. 217.
916
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 142.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 243 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
L’autorité de la chose jugée est une présomption irréfragable de vérité qui assortit ce
qui a été jugé. Cette autorité ne peut être contestée que par l’exercice des voies de recours
prévues par la loi. Lorsque sont épuisées les voies de recours ou quand expirent les délais
pour les exercer, nul n’est admis à intenter une nouvelle action qui puisse remettre en cause
ce qui a été jugé, sinon les litiges n’auraient jamais de fin.
917
F. TERRE, op. cit., p. 524-525.
918
Art. 21, al. 1 de la Constitution de la RDC précitée.
919
F. TERRE, op. cit., p. 518.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 244 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
le procès peut obtenir du greffe la délivrance d’une copie appelée grosse revêtue de la
formule exécutoire920.
Les voies de recours sont donc des moyens dont l’utilisation permet d’obtenir, selon
les cas, soit l’annulation, soit la réformation totale ou partielle, soit la rétractation de la
décision de justice qui a été attaquée. Il s’agit donc des garanties de bonne justice parce que
leur exercice entraîne un nouvel examen de l’affaire qui a donné lieu à la décision qui a été
contestée par au moins l’une des parties en conflit921. Les voies de recours sont des garanties
contre les risques d’erreur ou d’injustice922. A cet égard, la Constitution de la RDC prévoit
que « Le droit de former un recours contre un jugement est garanti à tous. Il est exercé dans
les conditions fixées par la loi »923.
Une voie de réformation est celle qui conduit à un nouvel examen de l’affaire par une
juridiction différente de celle qui avait rendu la décision qui est attaquée, et qui est, en
principe, une juridiction supérieure, alors qu’une voie de rétractation est celle qui vise à faire
réexaminer l’affaire par la même juridiction qui avait rendu la décision qui est contestée924.
On établit une distinction entre les voies ordinaires de recours et les voies
extraordinaires de recours.
920
P. COURBE, op. cit., pp. 129-136.
921
G. COUCHEZ, Procédure civile, 14e éd., Paris, Dalloz, 2006, p. 421, n° 417.
922
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 146.
923
Art. 21, al. 2 de la Constitution de la RDC précitée.
924
G. COUCHEZ, op. cit., p. 421, n° 417.
925
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 146.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 245 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
A. L’appel
L’appel : il tend à faire réformer ou annuler, par la juridiction d’appel, une décision de
justice qui a été rendue par une juridiction du premier degré.
Ainsi, l’appel constitue d’abord une voie de réformation étant donné que, par cette
voie de recours, la partie, qui s’estime lésée par la décision rendue en première instance,
s’adresse à une juridiction supérieure en vue d’obtenir la modification de la décision
attaquée. La possibilité d’exercer l’appel passe pour une traduction du principe du double
degré de juridiction.
Dans certains cas, l’appel peut également passer pour une voie d’annulation d’un
jugement, si ce dernier est entaché d’une cause de nullité926.
B. L’opposition
C’est une voie de rétractation qui est ouverte à une partie contre laquelle un jugement
par défaut a été rendu. Dans ce cas, le défaillant demande à la même juridiction qui a rendu la
décision attaquée de statuer de nouveau sur la même affaire en fait et en droit927.
L’opposition ne peut être exercée que par la partie défaillante. Elle permet de rétablir le débat
contradictoire entre les parties en conflit928.
Ces voies de recours ne peuvent être formées que dans certains cas bien spécifiés par
929
la loi . En général, elles ne sont pas suspensives930. Il s’agit du pourvoi en cassation, de la
tierce opposition, de la requête civile, de la révision et de la prise à partie.
926
G. COUCHEZ, op. cit., p. 427, n° 419.
927
Ibidem, p. 451, n° 436.
928
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 149.
929
G. COUCHEZ, op. cit., p. 455, n° 439.
930
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 146.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 246 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
A. Le pourvoi en cassation
B. La tierce opposition
Cette voie de recours tend à faire rétracter ou réformer une décision de justice au
profit du tiers qui l’attaque932. Etant donné qu’une décision de justice peut avoir des
répercussions à l’égard des tiers qui n’ont pas été partie au procès en leur causant un
préjudice, il importe, par cette voie de recours, de prévoir, au bénéfice de ces tiers, la
possibilité de faire modifier ou de faire disparaître la décision de justice, qui est mise en
cause933.
C. La révision
C’est une voie de recours, en matière pénale, qui tend à faire rétracter une décision de
justice passée en force de chose jugée pour qu’il soit statué à nouveau en fait et en droit. La
révision ne peut être demandée que pour une infraction punissable d’une servitude pénale
supérieure à deux mois, quelles que soient la juridiction qui ait statué et la peine qui ait été
prononcée934.
D. La requête civile
C’est une voie de recours par laquelle les parties ou leurs ayants cause sollicitent la
rétractation d’une décision passée en force de chose jugée et qu’ils considèrent comme ayant
été prise par erreur. Cette erreur est découverte après le prononcé du jugement qui est mis en
cause935.
931
G. COUCHEZ, op. cit., p. 463, n° 448.
932
Ibidem, p. 455, n° 440.
933
Ibidem, p. 456, n° 440.
934
Art. 67 de la loi organique n° 13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation.
935
MATADI NENGA GAMANDA, op. cit., p. 490, n° 523 ; art. 85 du Code de procédure civile précité.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 247 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
E. La prise à partie
La prise à partie est une voie de recours qui peut être exercée lorsqu’il y a eu dol ou
concussion dans le chef d’un magistrat, soit en cours d’instruction, soit lors du prononcé de la
décision ou encore en cas de déni de justice936.
Il y a déni de justice, lorsque les magistrats refusent de procéder aux devoirs de leur
charge ou négligent de juger les affaires en état d’être jugées939.
La prise à partie n’est une voie de recours extraordinaire que si la requête introduite
tend à l’annulation de la décision rendue par eux940.
La partie qui veut faire exécuter une décision de justice doit d’abord :
936
Art. 55 de la loi organique n° 13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation.
937
MATADI NENGA GAMANDA, op. cit., p. 536, n° 604.
938
Art. 146 du Code pénal congolais.
939
Art. 58 de la loi organique n° 13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de cassation.
940
Ibidem, art. 59.
941
J.-J. TAISNE, op. cit., p. 152.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 248 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
se faire délivrer par le greffe du tribunal qui a rendu la décision une expédition du
jugement revêtue de la formule exécutoire. En langage judiciaire, il s’agit de lever la
grosse ;
signifier cette grosse à la partie contre laquelle l’exécution de la décision est
envisagée ;
se faire délivrer un certificat de non-recours par le greffe, tel que le certificat de non-
appel, à l’expiration des délais prévus pour exercer ce recours (opposition ou appel, si
la partie qui a succombé n’a pas introduit un recours suspensif942.
942
Idem
943
MATADI NENGA GAMANDA, op. cit., p. 579, n° 656.
944
Ibidem, p. 561, n° 629.
945
Ibidem, p. 565, n° 637.
946
Ibidem, p. 580, n° 660.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 249 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
Le recours aux saisies ne peut pas se concevoir pour les droits et obligations dont
l’objet ne porte pas sur de l’argent.
L’expulsion : il en est ainsi lorsque le propriétaire d’une maison sollicite le concours
de la force publique en vue de faire expulser un locataire qui se maintient indûment
dans sa maison. C’est une exécution sur une personne.
La destruction d’une construction irrégulièrement érigée : tel est le cas du titulaire
d’une servitude non aedificandi (de ne pas construire) qui fait démolir une
construction érigée en violation de l’obligation de ne pas construire découlant de cette
servitude.
La fermeture d’un fonds de commerce : si un fonds de commerce est ouvert en
violation d’une clause de non-rétablissement souscrite par le vendeur de ce fonds,
l’acquéreur du fonds de commerce, qui avait été cédé, peut obtenir la fermeture de ce
nouveau fonds de commerce947.
Ce sont des moyens d’intimidation qui peuvent inciter les sujets de droit au respect de
leurs obligations. Il en est ainsi de :
le droit de rétention : c’est le droit en vertu duquel le détenteur d’une chose
appartenant à autrui est autorisé à la garder jusqu’au paiement de ce qui lui est dû par
le propriétaire de cette chose ;
l’astreinte : elle consiste à faire condamner le débiteur au paiement d’une certaine
somme d’argent par jour tant qu’il ne s’exécutera pas949.
947
F. TERRE, op. cit., p. 498.
948
Art. 61, point 6 de la Constitution de la RDC précitée.
949
F. TERRE, op. cit., p. 499.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 250 Université Catholique de Bukavu
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Le législateur congolais prévoit à cet égard que « L’exécution est poursuivie par le
Ministère public en ce qui concerne la peine de mort, la peine de servitude pénale, les
dommages-intérêts prononcés d’office et la contrainte par corps; par la partie civile, en ce
qui concerne les condamnations prononcées à sa requête; par le greffier, en ce qui concerne
le recouvrement des amendes, des frais et du droit proportionnel »950.
Le Ministère public a donc le droit de requérir la force publique pour faire procéder à
l’arrestation des délinquants et les mettre en prison951. Pour obtenir l’exécution de sa
décision, la victime d’une infraction utilise les mesures d’exécution qui sont prévues en
matière civile.
On ne peut appliquer les voies d’exécution du droit privé à l’encontre des personnes
morales de droit public sur des biens composant leur patrimoine et qui sont affectés à l’usage
du public ou au service public.
950
Art 109 du Code de procédure pénale précité.
951
Art 110 et suivants du Code de procédure pénale précité.
952
G. PEISER, Contentieux administratif, Paris, Dalloz, 1990, p. 205.
953
H. LE BERRE, Droit du contentieux administratif, Paris, Ellipses, 2002, p. 198.
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 251 Université Catholique de Bukavu
Par Jean-Petit MULUME ZIHALIRWA G1 Droit/2017-2018
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année, numéro spécial, 5 février 2011.
II. L’acte juridique à titre gratuit et l’acte juridique à titre onéreux ...................... 199
III. L’acte juridique commutatif et l’acte juridique aléatoire ................................ 200
IV. L’acte juridique entre vifs et l’acte juridique à cause de mort ........................ 200
V. L’acte juridique public et l’acte juridique privé ............................................... 201
VI. Les actes conservatoires, d’administration et de disposition .......................... 201
VII. L’acte juridique solennel et l’acte juridique consensuel ................................ 202
VIII. L’acte juridique instantané et l’acte juridique successif............................... 202
IX. L’acte juridique principal et l’acte juridique accessoire ................................. 203
X. L’acte juridique patrimonial et l’acte juridique extrapatrimonial .................... 203
§ 3. La formation des actes juridiques....................................................................... 203
I. Les conditions de validité des actes juridiques .................................................. 203
A. Les conditions de fond ................................................................................. 204
1. La volonté .................................................................................................. 204
2. La capacité ................................................................................................. 206
3. L’objet ....................................................................................................... 206
4. La cause ..................................................................................................... 207
B. Les conditions de forme ............................................................................... 207
II. La sanction de la violation des conditions de validité des actes juridiques ...... 208
A. La notion de nullité....................................................................................... 208
B. Les sortes de nullité ...................................................................................... 208
§ 4. Les effets des actes juridiques ............................................................................ 209
I. Les effets des actes unilatéraux .......................................................................... 209
II. Les effets des contrats ....................................................................................... 210
A. Les effets des contrats de droit privé ............................................................ 210
1. Les effets internes de l’acte juridique........................................................ 210
2. Les effets externes de l’acte juridique ....................................................... 211
B. Les effets des contrats administratifs............................................................ 211
III. Les effets des actes collectifs .......................................................................... 212
Section 2. Les faits juridiques ....................................................................................... 212
§ 1. La notion de faits juridiques ............................................................................... 212
§ 2. La classification des faits juridiques .................................................................. 212
I. Les faits juridiques involontaires ....................................................................... 213
A. Les événements de la vie des personnes physiques...................................... 213
B. Les événements naturels ............................................................................... 213
C. L’écoulement du temps ................................................................................ 214
II. Les faits juridiques volontaires ......................................................................... 214
Cours d’introduction générale à l’étude du Droit 269 Université Catholique de Bukavu
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