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TRANSACTION

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TRANSACTION

par
Michel REDON
Magistrat
Vice-président au tribunal de grande instance de Grasse

TABLE DES MATIÈRES


Généralités, 1-2. ART. 3. – MISE EN ŒUVRE DE LA TRANSACTION, 24-38.
SECT. 1. – Transaction sur l’action publique, 3-48. § 1. – Conditions préalables, 24-25.
ART. 1. – CADRE JURIDIQUE, 3. § 2. – Parties à la transaction, 26-27.
ART. 2. – DOMAINE DE LA TRANSACTION, 4-23. § 3. – Objet de la transaction, 28-29.
§ 1. – Contributions indirectes et infractions douanières, § 4. – Moment de la transaction, 30-32.
5-6.
§ 5. – Procédure, 33-35.
§ 2. – Police de l’eau et de la pêche, 7-9.
§ 6. – Nullité de la transaction, 36-38.
§ 3. – Parcs nationaux, 10.
ART. 4. – EFFETS DE LA TRANSACTION, 39-48.
§ 4. – Droit rural, 11.
§ 1. – Extinction de l’action publique, 39-43.
§ 5. – Droit forestier, 12.
§ 2. – Effets à l’égard des tiers, 44-48.
§ 6. – Circulation et transports publics, 13-17.
SECT. 2. – Transaction sur l’action civile et action pu-
§ 7. – Voirie routière et contraventions au préjudice des blique, 49-58.
communes, 18-19.
ART. 1. – CADRE JURIDIQUE, 49-50.
§ 8. – Domaine fluvial, 20.
ART. 2. – DOMAINE D’APPLICATION, 51-52.
§ 9. – Discriminations, 21.
ART. 3. – MISE EN ŒUVRE, 53-55.
§ 10. – Pratiques commerciales et droit de la consomma-
tion, 22-23. ART. 4. – EFFETS, 56-58.

BIBLIOGRAPHIE
BOULOC, Procédure pénale, 22e éd., 2010, coll. Précis, Dal- matière pénale, D. 1994. Chron. 137. – GHERARDI, Ré-
loz. – CONTE et MAISTRE du CHAMBON, Procédure pénale, flexions sur la nature juridique des transactions pénales, RFDA
4e éd., 2002, Armand Colin. – MAURIN et HERAUD, Institutions 1999. 905. GUILLERMIN, Droit de la consommation absence
juridictionnelles, 8e éd., 2010, coll. Aide-mémoire, Sirey. d’une véritable alternative à la voie pénale, AJ pénal 2008. 73.
– LEBLOIS-HAPPE, De la transaction pénale à la composition
pénale, JCP 2000. I. 198. – LE PAGE, La transaction pénale
BEZIZ-AYACHE, La transaction pénale en matière de po- pour pollution de cours d’eau, RD rur. 1993. 322. – MAITRE,
lice de l’eau et de la pêche, BDEI 2007. 21, no 12. – Ph. De la transaction pénale en matière de protection de l’eau et
BILLET, Le Conseil d’État ne transige pas avec la transaction des milieux aquatiques, Envir. 2007. Comm. 117. – ROZEC et
pénale en matière de police de l’eau, JCP A 2006. 1279, MANIGOT, La place de la HALDE dans le domaine judiciaire,
no 38. – CISSE, Justice transactionnelle et justice pénale, JCP S 2010. 1294. – THÉROND et PIERRE-VANTOL, La
RSC 2001. 509. – CLAUDEL, À propos de la loi du 2 août sanction pour fraude de l’usager des transports publics urbains,
2005, RTD com. 2006. 51. – DOBKINE, La transaction en JCP A 2008. 2057.

juin 2011 - 1 - Rép. pén. Dalloz


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Généralités
1. De nature essentiellement civile, le droit de transiger sur une contre les discriminations (HALDE) le pouvoir de proposer une
demande soumise à l’appréciation d’une juridiction est fonda- transaction pénale et celui de mettre en mouvement l’action pu-
mentalement étranger à l’exercice de l’action publique, celle-ci blique en cas de refus de la transaction ou de son absence ou de
étant par essence d’ordre public, puisque confié par la loi aux sa mauvaise exécution. Mais les pouvoirs conférés à la HALDE
magistrats ou à certains fonctionnaires (C. pr. pén., art. 1er. ont été transférés au Défenseur des droits, institué par l’article 28
– V. Action publique). Traditionnellement, c’était donc excep- de la loi organique no 2011-333 du 29 mars 2011 (JO 30 mars)
tionnellement qu’on le retrouvait en matière pénale, dans des à compter du 1er juin 2011, l’article 22 d’une loi no 2011-334 du
domaines particuliers où la considération de l’intérêt de la par- même jour (JO 30 mars) ayant abrogé l’ensemble des dispo-
tie plaignante ou poursuivante peut primer l’intérêt collectif que sitions législatives relatives à la haute autorité issues de la loi
représente le ministère public. Mais la tendance législative ac- no 2004-1486 du 30 décembre 2004 (V. infra, no 21). Lorsqu’elle
tuelle est à un véritable renouveau de la transaction pénale, ins- est autorisée par la loi, la transaction peut intervenir avant que le
tituée dans les domaines les plus divers, notamment du droit ministère public n’ait exercé ses poursuites ou après la mise en
de l’environnement, de la consommation ou des pratiques com- mouvement de l’action publique. Dans les deux cas, elle consti-
merciales. Encore faut-il parler plutôt de causes d’extinction de tue une cause d’extinction de l’action publique, en sorte que les
l’action publique, terme repris par l’article 6, alinéa 3, du code poursuites ne peuvent plus être engagées ou doivent être aban-
de procédure pénale, que d’une véritable transaction sur l’action données.
publique par le ministère public comme il peut en être quand il
s’agit de l’action civile, bien que le terme de transaction pénale ART. 2. – DOMAINE DE LA TRANSACTION
soit couramment utilisé (V. Action civile).
4. Le droit de transiger directement appartient aux administra-
2. Distinctions. — Il faut donc envisager à la fois la transac- tions ou services spécifiés par la loi qu’elles exercent ou non les
tion pénale visée à l’article 6, alinéa 3, du code de procédure fonctions de ministère public, et non aux magistrats du ministère
pénale, cause d’extinction de l’action publique, et le droit offert, public eux-mêmes.
dans certains cas, au titulaire de l’action civile, d’éteindre l’ac-
tion publique par son désistement ou l’effet d’une transaction
§ 1er. – Contributions indirectes et infractions douanières
avec l’auteur de l’infraction, visé au même texte. Il faut distin-
guer surtout de la transaction pénale les possibilités de mise en 5. Contributions indirectes. — La transaction sur l’action pu-
œuvre de mesures alternatives aux poursuites offertes au minis- blique n’est admise qu’en matière de contributions indirectes.
tère public par l’article 41-1 du code de procédure pénale ou l’ins- Elle est distincte de la transaction proposée au contribuable en
titution de la composition pénale que prévoient les articles 41-2 toute matière fiscale sur le montant des droits, impôts faisant
et 41-3 de ce code. Il s’agit là non pas de transiger sur l’action l’objet d’une proposition de redressement après contrôle ou vé-
publique, puisqu’elle n’est pas encore mise en mouvement, mais rification. La possibilité de transiger en matière d’infraction sur
d’opter pour l’application de mesures préalables à son exercice les contributions indirectes est prévue par les articles L. 247-
dont la conséquence en cas de réussite, est de ne pas exercer 3o, L. 248, L. 249 et L. 251 du livre des procédures fiscales
l’action publique à l’égard de l’intéressé. Ces options relèvent (l’art. 1879 anc. du CGI ayant été transféré sous l’art. L. 248
du pouvoir d’appréciation de l’opportunité des poursuites appar- du LPF). C’est à l’administration fiscale qu’il revient d’apprécier
tenant de droit au ministère public (V. Ministère public et Com- le caractère de gravité de la fraude. La transaction ne peut porter
position pénale). La transaction se distingue également du ré- sur le montant des droits et contributions éludés par le redevable,
gime des amendes forfaitaires (V. Amende forfaitaire et Contra- mais seulement sur celui des pénalités et de l’amende fiscale
vention). Elle se distingue aussi des procédures de proposition venant sanctionner le manquement à ses obligations. Toutefois,
de peine après reconnaissance de culpabilité, dites plaider-cou- certaines infractions à la réglementation des contributions indi-
pable (V. Comparution sur reconnaissance préalable de culpabi- rectes échappent à son pouvoir d’appréciation, notamment en
lité). matière de jeux de hasard (L. du 30 juin 1923, DP 1924. 4. 81)
ou de débits de boissons, parce qu’elles ne touchent pas seule-
SECTION 1re ment aux rapports du redevable avec l’Administration. La tran-
saction peut intervenir avant mise en mouvement d’une action
Transaction sur l’action publique judiciaire mais, si celle-ci a été engagée, elle ne peut intervenir
que dans les conditions suivantes, prévues par l’article L. 249
ART. 1er. – CADRE JURIDIQUE (LPF, art. L. 248) : si l’infraction commise n’est sanctionnée que
de peines strictement fiscales, la transaction avec le contribuable
3. Il est exclusivement défini par l’article 6, alinéa 3, du code de poursuivi doit être soumise à l’agrément du président de la juri-
procédure pénale : l’action publique peut s’éteindre par transac- diction saisie de l’action fiscale. Si le contrevenant encourt aussi
tion lorsque la loi en dispose expressément. Des dispositions des sanctions pénales, l’accord du ministère public est alors né-
identiques sont prévues par l’article L. 212-36 du code de justice cessaire, dès lors que l’action publique a été mise en mouvement
militaire. Il est donc exclu qu’en dehors de ces cas, l’action pu- par l’Administration ou le ministère public (LPF, art. L. 249). Le
blique mise en mouvement puisse faire l’objet d’une quelconque droit de transiger appartient selon le montant des droits, au direc-
transaction aboutissant à son extinction, le ministère public n’en teur des services fiscaux ou au directeur régional des douanes,
ayant pas la libre disposition. Rappelons que l’action publique ou au ministre de l’Économie et des finances, après avis du co-
est exercée par le ministère public (C. pr. pén., art. 31), et que mité du contentieux fiscal, douanier et des changes (V. Impôts
dans les cas spécifiés par la loi, elle peut l’être également par les et taxes).
représentants de certaines administrations (administration des
forêts, de l’équipement) qui exercent de par la loi les fonctions de 6. Infractions douanières. — Le droit de transiger ressort de l’ar-
ministère public pour les infractions relevant de leur compétence ticle 350 du code des douanes, la transaction pouvant intervenir
(C. for., art. L. 153-1. – C. voirie rout., art. L. 116-5). En matière avant ou après jugement définitif. L’administration des douanes
de discriminations, les articles 11-1 à 11-3 de la loi no 2004-1486 peut transiger avec les personnes poursuivies pour toute infrac-
du 30 décembre 2004 (JO 31 déc.) issus de la loi no 2006-396 du tion douanière ou pour infraction à la législation et à la réglemen-
31 mars 2006 (JO 2 avr.) ont donné à la Haute Autorité de lutte tation relatives aux relations financières avec l’étranger. Elle vise

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toutes les infractions douanières, sauf celles qui sont constatées exactement les mêmes règles qui s’appliquent, selon la rédac-
en application de l’article 28-1 du code de procédure pénale re- tion issue également de la loi du 30 décembre 2006 (préc.). L’au-
latif à la douane judiciaire agissant sur réquisition du procureur torité administrative peut, tant que l’action publique n’a pas été
de la République ou sur commission rogatoire d’un juge d’ins- mise en mouvement, transiger, après accord du procureur de
truction. Le droit de transiger revient selon l’importance de la la République, selon des modalités fixées par l’article R. 437-6
fraude, aux directeurs interrégionaux ou régionaux des douanes, qui renvoie expressément aux articles R. 216-15 à R. 216-17
au directeur général des douanes ou au ministre du Budget. (V. égal. Circ. du 14 mai 2007, BOME no 15/2007). Cette facul-
Lorsqu’aucune action judiciaire n’est engagée, les transactions té n’est pas applicable aux contraventions des quatre premières
excédant les limites de compétence des services extérieurs de classes pour lesquelles l’action publique est éteinte par le paie-
l’administration des douanes doivent être soumises pour avis au ment d’une amende forfaitaire en application de l’article 529 du
comité du contentieux fiscal, douanier et des changes prévu à code de procédure pénale. La proposition de transaction est for-
l’article 460 du code des douanes. Les règles sont identiques à mulée en fonction des circonstances de l’infraction, de la per-
celles prévues pour les contributions indirectes lorsque l’action sonnalité de son auteur ainsi que de ses ressources et de ses
judiciaire a été engagée : selon que le contrevenant n’encourt charges. Elle précise l’amende transactionnelle que l’auteur de
que des sanctions fiscales, ou également des sanctions pénales, l’infraction devra payer, dont le montant ne peut excéder 20 %
la transaction doit être autorisée par le président de la juridic- du montant de l’amende encourue ainsi que, le cas échéant, les
tion saisie, ou par le procureur de la République. La transac- obligations qui lui seront imposées, tendant à faire cesser l’in-
tion peut être faite avec une personne morale. Après jugement fraction, à éviter son renouvellement ou à réparer le dommage.
définitif, les sanctions fiscales prononcées par les tribunaux ne Elle fixe également les délais impartis pour le paiement et, s’il y a
peuvent plus faire l’objet de transaction. Des dispositions iden- lieu, l’exécution des obligations. L’acte par lequel le procureur de
tiques sont prévues par l’article 221 du code des douanes de la République donne son accord à la proposition de transaction
Mayotte (V. Douanes). est interruptif de la prescription de l’action publique. Celle-ci est
éteinte lorsque l’auteur de l’infraction a exécuté dans les délais
impartis les obligations résultant pour lui de l’acceptation de la
§ 2. – Police de l’eau et de la pêche transaction. Pour les infractions mentionnées à l’article L. 432-2
qui concernent les entreprises visées au titre Ier du livre Ve du
7. Eaux et milieux aquatiques ou marins. — La transaction est code de l’environnement, l’avis de l’inspecteur des installations
expressément prévue par les dispositions de l’article L. 216-14 classées est obligatoirement demandé, avant toute transaction,
du code de l’environnement en matière d’atteinte à l’eau et aux sur les conditions dans lesquelles l’auteur de l’infraction a appli-
milieux aquatiques et marins (BEZIZ-AYACHE, La transaction qué les dispositions du titre Ier du livre V.
pénale en matière de police de l’eau et de la pêche, BDEI
2007. 21, no 12. – MAÎTRE, De la transaction pénale en matière 9. Règles communes. — Conformément à l’article R. 216-16,
de protection de l’eau et des milieux aquatiques, Envir. 2007. la proposition de transaction doit mentionner les obligations ten-
Comm. 117 ; Transaction pénale en matière de police de l’eau dant à faire cesser l’infraction, à éviter son renouvellement ou
et de police de la pêche en eau douce, JCP E 2007. Actu. 234 à réparer le dommage, lorsque celles-ci sont nécessaires pour
et 423. – V. égal. C. envir., art. R. 216-17). Ce texte issu de la prévenir la détérioration et assurer la protection et l’amélioration
loi no 2006-1772 du 30 décembre 2006 (JO 31 déc.) prévoit que de l’état des eaux et des milieux aquatiques. Il est indiqué par
l’autorité administrative peut, tant que l’action publique n’a pas l’article R. 216-17 du code de l’environnement que l’autorité ad-
été mise en mouvement, transiger sur la poursuite des contra- ministrative notifie la proposition de transaction en double exem-
ventions et délits constitués par les infractions aux chapitres Ier plaire à l’auteur de l’infraction dans le délai, décompté à partir de
à VII du titre Ier relatif à l’eau et aux milieux aquatiques et marins la date de la clôture du procès-verbal, de quatre mois pour les
et des textes pris pour leur application après avoir recueilli contraventions et d’un an pour les délits. S’il l’accepte, l’auteur
l’accord du procureur de la République selon les modalités de l’infraction en retourne un exemplaire signé dans le délai d’un
visées aux articles R. 216-15 à R. 216-17. Il est ainsi indiqué mois à compter de sa réception. L’autorité administrative trans-
que la proposition de transaction est faite par le préfet de région met alors l’ensemble du dossier de transaction pour accord au
s’il s’agit d’un délit, et par le préfet du département s’il s’agit procureur de la République. Si l’auteur de l’infraction n’a pas
d’une contravention. Cette faculté n’est pas applicable aux retourné un exemplaire signé dans le délai prévu à l’alinéa pré-
contraventions des quatre premières classes pour lesquelles cédent, la proposition de transaction est réputée rejetée.
l’action publique est éteinte par le paiement d’une amende
forfaitaire en application de l’article 529 du code de procédure § 3. – Parcs nationaux
pénale. La proposition de transaction est formulée en fonction
des circonstances de l’infraction, de la personnalité de son 10. En matière d’infractions à la réglementation des parcs natio-
auteur ainsi que de ses ressources et de ses charges. Elle naux, il est prévu par l’article L. 331-25 du code de l’environne-
précise l’amende transactionnelle que l’auteur de l’infraction ment que le directeur de l’établissement public du parc national
devra payer, dont le montant ne peut excéder 20 % du montant peut, tant que l’action publique n’a pas été mise en mouvement,
de l’amende encourue ainsi que, le cas échéant, les obligations transiger sur la poursuite des délits et contraventions constitués
qui lui seront imposées tendant à faire cesser l’infraction, à par les infractions visées aux articles L. 331-18 et L. 331-19 du
éviter son renouvellement ou à réparer le dommage. Elle fixe même code, après avoir recueilli l’accord du procureur de la Ré-
également les délais impartis pour le paiement et, s’il y a lieu, publique et, pour les infractions commises en matière de forêt,
l’exécution des obligations. L’acte par lequel le procureur de la de pêche en eau douce et de pêche maritime, celui de l’autori-
République donne son accord à la proposition de transaction té administrative chargée de la forêt ou de la pêche, et à l’ex-
est interruptif de la prescription de l’action publique. Celle-ci est ception des infractions prévues au chapitre VIII du titre Ier du
éteinte lorsque l’auteur de l’infraction a exécuté dans les délais livre II (dispositions spéciales aux eaux marines et aux voies
impartis les obligations résultant pour lui de l’acceptation de la ouvertes à la navigation maritime). Cette faculté n’est pas ap-
transaction. plicable aux contraventions des quatre premières classes pour
lesquelles l’action publique est éteinte par le paiement d’une
8. Pêche en eau douce. — La transaction est également pré- amende forfaitaire en application de l’article 529 du code de pro-
vue par l’article L. 437-14 du code de l’environnement. Ce sont cédure pénale. La proposition de transaction est formulée en

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fonction des circonstances de l’infraction, de la personnalité de titre contractuel ; – aux infractions en matière de défrichement
son auteur ainsi que de ses ressources et de ses charges. Elle de bois des particuliers ou de bois des collectivités et personnes
précise l’amende transactionnelle que l’auteur de l’infraction de- morales mentionnées à l’article L. 111-1 (2o) ; – aux infractions
vra payer, dont le montant ne peut excéder 20 % du montant en matière de défense contre l’incendie de certains massifs fo-
de l’amende encourue ainsi que, le cas échéant, les obligations restiers, dans les périmètres prévus par l’article L. 321-6 ; – aux
qui lui seront imposées, tendant à faire cesser l’infraction, à évi- infractions commises par les propriétaires dans les forêts clas-
ter son renouvellement ou à réparer le dommage (V. Circ. du sées comme forêts de protection ; – aux infractions commises
22 oct. 2008, BOME 21/2008). Elle fixe également les délais sur les terrains mis en défens ; – aux infractions commises à
impartis pour le paiement et, s’il y a lieu, l’exécution des obliga- l’intérieur des périmètres de restauration des terrains en mon-
tions. L’acte par lequel le procureur de la République donne son tagne ; – aux infractions réprimées par le code forestier en ma-
accord à la proposition de transaction est interruptif de la pres- tière de protection contre l’incendie et d’introduction de véhicules
cription de l’action publique. Celle-ci est éteinte lorsque l’auteur et aux infractions réprimées par le code pénal en matière de dé-
de l’infraction a exécuté, dans les délais impartis, les obligations pôt ou d’abandon de matières, ordures ou déchets, lorsqu’elles
résultant pour lui de l’acceptation de la transaction (V. Faune sau- sont commises dans les forêts et terrains mentionnés aux ar-
vage et Flore sauvage). ticles L. 111-1, L. 224-6, L. 321-6, L. 411-1, L. 421-1 et L. 424-1.
Il en est de même pour les infractions au défrichement prévues
par les articles L. 313-1 et L. 313-4 du code forestier (C. for.,
§ 4. – Droit rural art. L. 313-5). Le droit de transaction est étendu aux infractions
à la police de la chasse commises dans les forêts soumises au
11. Animaux, santé publique vétérinaire et protection des vé- code forestier (V. Chasse). Selon l’article R. 153-1 du code fores-
gétaux. — Selon l’article L. 205-10 du code rural et de la pêche tier, la proposition de transaction mentionnée à l’article L. 153-2
maritime, l’autorité administrative peut, tant que l’action publique relève de la compétence du directeur régional de l’alimentation,
n’a pas été mise en mouvement et après avoir recueilli l’accord de l’agriculture et de la forêt. Ce fonctionnaire transmet la pro-
du procureur de la République, transiger sur la poursuite des position de transaction au procureur de la République dans un
contraventions et délits prévus et réprimés par : le titre prélimi- délai de quatre mois pour les contraventions et d’un an pour les
naire, les chapitres II à V du titre Ier (identification et déplace- délits à compter de la clôture du procès-verbal. La proposition
ment des animaux, cession d’animaux et de produits animaux, précise la somme que l’auteur de l’infraction sera invité à payer
protection des animaux) à l’exception de l’article L. 205-11 (op- au Trésor public ainsi que le délai imparti. Lorsque le procureur
position à fonctions) et les titres II (lutte contre les maladies des de la République a donné son accord sur la proposition de tran-
animaux), III (qualité nutritionnelle et sécurité sanitaire des ali- saction, l’autorité administrative la notifie en double exemplaire,
ments) et V (protection des végétaux) du livre II ainsi que les par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, à
textes pris pour leur application ; les articles 444-4, 521-1, 521-2, l’auteur de l’infraction. Ce dernier dispose d’un mois pour l’ac-
R. 645-8, R. 654-1 et R. 655-1 du code pénal (V. Agriculture, Ani- cepter et, en ce cas, retourne un exemplaire signé de la proposi-
maux et Élevage). Cette faculté n’est pas applicable aux contra- tion. L’action publique est éteinte lorsque l’auteur de l’infraction
ventions des quatre premières classes pour lesquelles l’action a payé dans le délai imparti. Il est en outre prévu par l’article
publique est éteinte par le paiement d’une amende forfaitaire en R. 154-3 du code forestier que les ingénieurs chargés des pour-
application de l’article 529 du code de procédure pénale. La suites par application de l’article L. 153-1 peuvent admettre les
proposition de transaction est déterminée en fonction des cir- auteurs d’infraction insolvables à se libérer, au moyen de presta-
constances et de la gravité de l’infraction, de la personnalité de tions en nature, des amendes, réparations civiles et frais résul-
son auteur ainsi que de ses ressources et de ses charges. Elle tant soit des condamnations prononcées pour délits et contra-
précise l’amende transactionnelle que l’auteur de l’infraction de- ventions commis dans les bois relevant du régime forestier, soit
vra payer, dont le montant ne peut excéder le tiers du montant des transactions consenties conformément à l’article L. 153-2.
de l’amende encourue ainsi que, le cas échéant, les obligations
qui lui seront imposées, tendant à faire cesser l’infraction, à évi-
ter son renouvellement, à réparer le dommage ou à remettre en § 6. – Circulation et transports publics
conformité les lieux. Elle fixe également les délais impartis pour
le paiement et, s’il y a lieu, l’exécution des obligations. L’acte 13. Péages des autoroutes. — Selon l’article 529-6 du code de
par lequel le procureur de la République donne son accord à procédure pénale, pour les contraventions pour non-paiement
la proposition de transaction est interruptif de la prescription de du péage constatées par les agents assermentés de l’exploitant
l’action publique. Celle-ci est éteinte lorsque l’auteur de l’infrac- d’une autoroute ou d’un ouvrage routier ouvert à la circulation
tion a exécuté dans les délais impartis l’intégralité des obligations publique et soumis à péage, y compris dans le cadre de l’article
résultant pour lui de l’acceptation de la transaction (BARBIÉRI, L. 130-9 du code de la route, l’action publique est éteinte, par
Modernisation des missions d’inspection et de contrôle, RD rur. dérogation à l’article 521 du présent code, par une transaction
2010, no 385). entre l’exploitant et le contrevenant. Toutefois, cette possibilité
n’est pas applicable si plusieurs infractions, dont l’une au moins
ne peut donner lieu à transaction, ont été constatées simultané-
§ 5. – Droit forestier ment. La transaction est réalisée par le versement à l’exploitant
d’une indemnité forfaitaire, de la somme due au titre du péage
12. L’administration des eaux et forêts (directions régionales de et, le cas échéant, au titre du droit départemental de passage
l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) bénéficie du droit de institué en application de l’article L. 321-11 du code de l’envi-
transaction pour les infractions (délits et contraventions) com- ronnement. Ce versement est effectué, dans un délai de deux
mises dans les bois et forêts soumis au régime forestier (C. for., mois à compter de l’envoi de l’avis de paiement au domicile de
art. L. 153-2) ainsi que pour les infractions de coupes abusives l’intéressé, auprès du service de l’exploitant indiqué dans la pro-
dans les bois des particuliers et collectivités visées aux articles position de transaction. Le montant de l’indemnité forfaitaire, de
L. 223-3 et L. 223-4 du code forestier (C. for., art. L. 223-5 et la somme due au titre du péage et, le cas échéant, au titre du
R. 223-2. – V. Forêts). Selon l’article R. 343-1 du code forestier, droit départemental de passage institué en application du même
le droit de transaction s’applique également : – aux infractions article L. 321-11 est acquis à l’exploitant. Dans le délai prévu au
commises dans les forêts des particuliers dont l’Office national deuxième alinéa du II, le contrevenant doit s’acquitter du mon-
des forêts assure en tout ou partie la conservation et la régie à tant des sommes dues au titre de la transaction, à moins qu’il

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ne formule dans ce même délai une protestation auprès de l’ex- § 7. – Voirie routière et contraventions au préjudice
ploitant. Cette protestation, accompagnée du procès-verbal de des communes
contravention, est transmise au ministère public. À défaut de
paiement ou de protestation dans le délai de deux mois préci- 18. Voirie routière. — Les infractions relatives à la police de la
té, le procès-verbal de contravention est adressé par l’exploitant conservation du domaine public routier constituant des contra-
au ministère public et le titulaire du certificat d’immatriculation, ventions de grande voirie peuvent faire l’objet d’une transaction
ou l’une des personnes visées aux deuxième et troisième ali- tant qu’un jugement définitif n’est pas intervenu. Après le juge-
néas de l’article L. 121-2 du code de la route, devient redevable ment définitif, la transaction ne peut porter que sur les peines
de plein droit d’une amende forfaitaire majorée recouvrée par le et réparations pécuniaires. Le droit de transiger appartient au
Trésor public en vertu d’un titre rendu exécutoire par le ministère ministre chargé de la voirie routière (CGCT, art. L. 2132-25.
public. – V. Voirie).

19. Atteintes aux biens des communes. — Selon les dispositions


14. Transports publics terrestres. — (V. Chemin de fer, Contra- de l’article 44-1 du code de procédure pénale, pour les contra-
vention et Amende) Le droit de transaction pour les contraven- ventions que les agents de la police municipale sont habilités à
tions des quatre premières classes à la police des transports pu- constater par procès-verbal conformément à l’article L. 2215-5
blics ferroviaires est prévu par l’article L. 2241-3 du code des du code général des collectivités territoriales et qui sont sou-
transports qui renvoie aux articles 529-3 à 529-5 du code de mises au préjudice de la commune au titre de l’un de ses biens,
procédure pénale. Cette disposition s’applique également au le maire peut, tant que l’action publique n’a pas été mise en mou-
transport public routier de personnes, réguliers et à la demande vement, proposer au contrevenant une transaction consistant en
(C. transp., art. L. 3114-1. – V. La sanction pour fraude de l’usa- la réparation de ce préjudice. Cette transaction doit être homo-
ger des transports publics urbains, JCP A 2008. 2057, note Thé- loguée par le procureur de la République, après acceptation par
rond et Pierre-Vantol). Il est également applicable aux remon- le contrevenant qui dispose d’un délai de quinze jours. La pres-
tées mécaniques (C. tourisme, art. L. 342-8). cription de l’action publique est interrompue par les actes tendant
à la mise en œuvre ou à l’exécution de la transaction. Après
exécution dans le délai imparti au contrevenant des obligations
15. Transports fluviaux. — Les infractions aux règles de la navi- mises à sa charge, l’action publique est éteinte. L’alinéa 5 de
gation rhénane prévues par l’article L. 4472-9 du code des trans- l’article 44-1 du code de procédure pénale prévoit que la tran-
ports peuvent faire l’objet d’une transaction par le ministre char- saction peut aussi consister en l’exécution d’un travail non ré-
gé des transports, conformément à l’article L. 4472-2 du même munéré au profit de la commune pendant une durée maximale
code. de trente heures. En ce cas, son homologation doit être deman-
dée au juge du tribunal de police ou selon la classe de la contra-
16. Transports aériens. — (V. Aviation civile) Les infractions vention au juge de proximité sur réquisitions du procureur de la
prévues par les dispositions du code du transport relatives aux République. Lorsque la transaction pénale comporte l’obligation
aéronefs (C. transp., art. L. 6142-3) et à la circulation aérienne d’effectuer un travail non rémunéré, ce sont les dispositions des
(C. transp., art. L. 6232-1) peuvent faire l’objet d’une transaction. articles 131-23, 131-24, R. 131-25, R. 131-26 et R. 131-28 du
Il en est de même des infractions commises en matière d’exploi- code pénal qui sont applicables à ce travail, et les attributions
tation des lignes de transport aérien (C. transp., art. L. 6433-1). du juge de l’application des peines sont exercées par le maire
(C. pr. pén., art. R. 15-33-65). Ces dispositions s’appliquent
aux contraventions de même nature que les agents de la ville de
17. Règles communes. — L’article L. 1721-2 du code des trans- Paris chargés d’un service de police et les agents de surveillance
ports rappelle que les amendes pénales correspondant aux de Paris sont habilités à constater par procès-verbal conformé-
contraventions des quatre premières classes pour lesquelles ment aux articles L. 2512-16 et L. 2512-16-1 du code général des
l’action publique est éteinte par le paiement d’une amende collectivités territoriales, ainsi qu’aux contraventions de même
forfaitaire, en application de l’article 529 du code de procédure nature constatées par procès-verbal par les gardes champêtres
pénale, ne peuvent faire l’objet d’une transaction et que la conformément à l’article L. 2213-18 du même code. Les moda-
transaction ne peut porter sur les peines privatives de liberté. lités de cette transaction sont visées aux articles R. 15-33-61 à
La transaction peut être effectuée, tant que l’action publique R. 15-33-66 du code de procédure pénale.
n’a pas été mise en mouvement et après accord du procureur
de la République (C. transp., art. L. 1721-3). La proposition § 8. – Domaine fluvial
de transaction est formulée en fonction des circonstances de
la commission de l’infraction, de la personnalité de son auteur 20. Domaine fluvial. — Selon l’article L. 2132-25 du code général
ainsi que de ses ressources et de ses charges. Elle précise le de la propriété des personnes publiques, pour les contraventions
montant de l’amende transactionnelle que l’auteur de l’infraction en matière de grande voirie mentionnées à l’article L. 2132-23 de
devra payer. Lorsque des dispositions législatives particulières ce code, l’autorité administrative compétente peut transiger tant
du code prévoient, en outre, que des obligations peuvent être qu’un jugement définitif n’est pas intervenu. Après le jugement
imposées à l’auteur de l’infraction aux fins de faire cesser l’in- définitif, la transaction ne peut porter que sur les peines et répa-
fraction, d’éviter son renouvellement ou de réparer le dommage, rations pécuniaires. En matière d’infraction d’atteinte à l’intégrité
la proposition de transaction, le cas échéant, les définit égale- ou la conservation du domaine public fluvial, ce pouvoir appar-
ment. La proposition fixe les délais impartis pour le paiement tient à Voies navigables de France (C. transp., art. L. 4313-2).
et, s’il y a lieu, pour l’exécution des obligations mentionnées à
l’alinéa précédent (C. transp., art. L. 1721-4). L’acte par lequel § 9. – Discriminations
le procureur de la République homologue la transaction est
interruptif de la prescription de l’action publique. Celle-ci est 21. Pouvoir de proposition du Défenseur des droits. — Selon
éteinte lorsque l’auteur de l’infraction a exécuté dans les délais l’article 28 de la loi organique no 2011-333 du 29 mars 2011 (JO
impartis les obligations résultant pour lui de l’acceptation de la 30 mars), le Défenseur des droits institué par cette loi, qui se sub-
transaction (C. transp., art. L. 1721-5). La transaction doit être stitue en ce domaine à la HALDE à compter du 1er juin 2011 du
faite dans des conditions de nature à garantir l’accord libre et fait de l’abrogation des dispositions législatives antérieures rela-
éclairé de l’auteur de l’infraction (C. transp., art. L. 1721-6). tives à cette haute autorité par l’article 22 de la loi no 2011-334

juin 2011 -5- Rép. pén. Dalloz


TRANSACTION

du 29 mars 2011 (JO 30 mars), dispose du pouvoir, I) …de été mise en mouvement, de transiger, après accord du procu-
proposer à l’auteur de la réclamation et à la personne mise en reur de la République, selon les modalités fixées par les articles
cause de conclure une transaction dont il peut recommander les R. 141-3 et R. 216-3 du code de la consommation. L’acte par
termes ; II) …lorsqu’il constate des faits constitutifs d’une dis- lequel le procureur de la République donne son accord à la pro-
crimination sanctionnée par les articles 225-2 et 432-7 du code position de transaction est interruptif de la prescription de l’ac-
pénal et L. 1146-1 et L. 2146-2 du code du travail, si ces faits tion publique. Celle-ci est éteinte lorsque l’auteur de l’infraction
n’ont pas déjà donné lieu à la mise en mouvement de l’action pu- a exécuté dans le délai imparti les obligations résultant pour lui
blique, de proposer à l’auteur des faits une transaction consistant de l’acceptation de la transaction (C. consom., art. L. 141-2 et
dans le versement d’une amende transactionnelle dont le mon- L. 216-11).
tant ne peut excéder 3 000 € s’il s’agit d’une personne physique
et 15 000 € s’il s’agit d’une personne morale et, s’il y a lieu, dans 23. Dispositions du code du commerce. — La transaction pé-
l’indemnisation de la victime. Le montant de l’amende est fixé en nale se trouve instituée par la loi no 2005-882 du 2 août 2005
fonction de la gravité des faits ainsi que des ressources et des dite Dutreil (JO 3 août) en faveur des petites et moyennes en-
charges de l’auteur des faits. La transaction proposée par le Dé- treprises qui a créé le nouvel article L. 470-4-1 du code du com-
fenseur des droits, et acceptée par l’auteur des faits ainsi que, s’il merce donnant compétence à l’autorité administrative (chef du
y a lieu, par la victime, doit être homologuée par le procureur de Service national des enquêtes au sein de la Direction générale
la République. La personne à qui est proposée une transaction de la concurrence, de la consommation et de la répression des
est informée qu’elle peut se faire assister par un avocat avant fraudes, directeur régional des entreprises, de la concurrence,
de donner son accord à la proposition du Défenseur des droits. de la consommation, du travail et de l’emploi, directeur de la
Dans les cas prévus au II, le Défenseur des droits peut égale- direction départementale chargée de la protection des popula-
ment proposer que la transaction consiste dans : 1o …l’affichage tions, C. com., art. R. 470-5) de proposer au procureur de la Ré-
d’un communiqué, dans des lieux qu’elle précise et pour une du- publique une transaction pénale. Elle ne s’applique qu’aux délits
rée qui ne peut excéder deux mois ; 2o …la transmission, pour non punis d’une peine d’emprisonnement prévus au titre IV du
information, d’un communiqué au comité d’entreprise ou aux dé- livre IV du code de commerce soit, selon les articles L. 441-1
légués du personnel ; 3o …la diffusion d’un communiqué, par son à L. 441-7, les infractions aux règles relatives à l’affichage des
insertion au Journal officiel ou dans une ou plusieurs autres pu- prix, l’étiquetage, les mentions obligatoires, la publicité, les ris-
blications de presse, ou par la voie de services de communica- tournes et rabais demandés aux fournisseurs, la facturation, les
tion électronique, sans que ces publications ou services de com- délais de paiement et, selon les articles L. 442-1 à L. 442-10
munication électronique puissent s’y opposer ; 4o …l’obligation et L. 443-1 à L. 443-3, les infractions relatives à la vente et aux
de publier la décision au sein de l’entreprise. Les frais d’affi- prix. Il peut s’agir de l’exécution d’une prestation ou du paiement
chage ou de diffusion sont à la charge de l’auteur des faits, sans d’une amende, les poursuites pouvant être engagées en cas de
pouvoir toutefois excéder le montant maximal de l’amende tran- non-exécution de la prestation ou de non-paiement de la somme
sactionnelle prévue au II. Les actes tendant à la mise en œuvre convenue. Les modalités de la transaction pénale sont codifiées
ou à l’exécution de la transaction mentionnée au II sont inter- aux articles R. 470-5 à R. 470-7 du code de commerce (FER-
ruptifs de la prescription de l’action publique. L’exécution de la RIER et FERRÉ, La réforme des pratiques commerciales, JCP E
transaction constitue une cause d’extinction de l’action publique. 2005. 1530 et CCC 2005. Étude 18). Il existe des dispositions
Elle ne fait cependant pas échec au droit de la partie civile de dé- adaptant l’article L. 470-4-1 au territoire de Nouvelle-Calédonie
livrer citation directe devant le tribunal correctionnel. Le tribunal, (C. com., art. L. 934-3).
composé d’un seul magistrat exerçant les pouvoirs conférés au
président, ne statue alors que sur les seuls intérêts civils. En cas ART. 3. – MISE EN ŒUVRE DE LA TRANSACTION
de refus de la proposition de transaction ou d’inexécution d’une
transaction acceptée et homologuée par le procureur de la Ré-
publique, le Défenseur des droits, conformément à l’article 1er § 1er. – Conditions préalables
du code de procédure pénale, peut mettre en mouvement l’ac-
24. Nécessité d’une infraction. — Il ne peut y avoir possibili-
tion publique par voie de citation directe.
té de transaction sans infraction préalable. La preuve de son
existence découle normalement du procès-verbal de constata-
§ 10. – Pratiques commerciales et droit de la consommation tion. Mais dans certains cas, ce procès-verbal peut faire défaut
et être remplacé par une soumission volontaire ou contentieuse
22. Dispositions du code de la consommation. — La transac- qui est une déclaration du contrevenant contenant son aveu de
tion pénale a été organisée par les dispositions de l’ordonnance culpabilité et sa soumission à l’appréciation de l’autorité admi-
no 2005-1086 du 1er septembre 2005 (JO 2 sept.) codifiée aux nistrative. C’est notamment le cas en matière de contributions
articles L. 141-2 et L. 216-11 du code de la consommation. Se- indirectes quand l’existence de l’infraction est notifiée au rede-
lon l’article L. 141-2 du code de la consommation, elle vise les vable. Toutefois, la preuve de l’existence de l’infraction ou de la
contraventions prévues aux livres Ier (information des consom- culpabilité n’est pas requise pour la transaction avant jugement.
mateurs et formation des contrats) et III (endettement et crédit) Il suffit de l’existence d’une situation litigieuse suffisamment éta-
et les infractions prévues à l’article L. 121-1 (pratiques commer- blie pour être susceptible de permettre à l’Administration de dé-
ciales trompeuses) de ce code. Selon l’article L. 216-11, elle poser une plainte ou d’exercer ses poursuites et qu’elle entend
s’applique également aux contraventions prévues par le livre II soumettre au préalable au contrevenant présumé.
relatives à la conformité et à la sécurité des produits et services
(RAYMOND, Les nouveaux pouvoirs des agents de la DCCRF, 25. Nécessité d’une intention réciproque. — La transaction n’est
CCC. 2005. Comm. 175). L’autorité administrative chargée de jamais obligatoire. Elle résulte de la volonté de l’Administration
la concurrence et de la consommation (chef du Service national et du contrevenant de régler par cette voie les conséquences
des enquêtes au sein de la Direction générale de la concurrence, de l’infraction relevée. Elle doit comporter des concessions ré-
de la consommation et de la répression des fraudes, directeur ré- ciproques : l’Administration ne peut proposer une pénalité dont
gional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, le montant serait supérieur à celui de la peine encourue, ou fixé
du travail et de l’emploi, directeur de la Direction départemen- au maximum de cette peine. Le contrevenant doit s’obliger à
tale chargée de la protection des populations, C. consom., art. payer l’amende transactionnelle dans les conditions fixées par
R. 141-3 et R. 216-3) a droit, tant que l’action publique n’a pas l’administration, en renonçant ainsi au bénéfice du sursis quand

Rép. pén. Dalloz -6- juin 2011


TRANSACTION

il est légalement possible de le lui octroyer par jugement pénal ou par l’auteur des faits litigieux, éventuellement assisté de son
au bénéfice des délais et atermoiements au recouvrement forcé avocat » (CE, ass., 7 juill. 2006, req. no 283178, France nature
qu’il pourrait solliciter après condamnation. Environnement c/ min. l’Écologie, Lebon 329 ; RD publ. 2007.
601, note Guettier ; Envir. 2006. Comm. 88, note Denis ; AJDA
§ 2. – Parties à la transaction 2006. 2053, note Landais et Lenica ; JCP A 2006. 1209, obs.
Billet ; RFDA 2006. 1261, note Guyomar ; Gaz. Pal. 11 août
26. Administration. — Les règles définissant la compétence des 2006, p. 21). Les mesures qui peuvent être prévues dans la
agents habilités à transiger sont propres à chaque matière. Elles transaction doivent avoir été définies par le législateur lorsqu’il
sont évoquées sommairement (V. supra, nos 3 s.) et on se re- a créé le régime de transaction pénale et ne peuvent, en tout
portera pour le surplus aux rubriques spécialisées dans ces ma- état de cause, toucher à la liberté individuelle. Ces principes
tières. La sanction de ces règles de compétence est la nullité se trouvent désormais inscrits dans les textes récents insti-
de la transaction pour défaut de capacité. L’autorité habilitée à tuant la transaction pénale (C. envir., art. L. 216-4, L. 331-25
transiger, quand elle n’est pas une autorité de l’État, doit être dé- et L. 437-14. – V. supra, nos 7 s. – C. rur., art. L. 205-10.
signée par le législateur lorsqu’il crée un régime de transaction – V. supra, no 11. – C. transp., art. L. 1721-2. – V. supra, no 17).
pénale.
§ 4. – Moment de la transaction
27. Transigeant. — Celui qui transige doit disposer de la ca-
pacité de consentir à la transaction offerte par l’Administration, 30. Avant l’exercice des poursuites. — L’engagement préalable
ou être valablement représenté. Ce sont ici les règles de droit des poursuites n’est pas toujours nécessaire et au contraire, il
commun qui s’appliquent. Le droit de transiger ne se limite pas est le plus souvent prévu que la transaction ne peut être propo-
cependant au seul auteur de l’infraction. Il appartient également sée que tant que l’action publique n’a pas été mise en mouve-
à tous les coauteurs ou complices, ainsi qu’à toutes personnes ment. C’est le cas en matière de contributions indirectes, en ma-
morales ou physiques y ayant intérêt, telles que les civilement tière douanière, pour les infractions en matière de pêche en eau
responsables, et cautions du redevable. En matière douanière, douce et de protection des milieux aquatiques, de parcs natio-
la transaction est ouverte au propriétaire des marchandises sai- naux, de droit agricole, de transports, de protection des consom-
sies ou qui encourent la confiscation. Les personnes morales mateurs et de pratiques commerciales, ainsi que pour la tran-
peuvent être parties à la transaction. saction pénale proposée par le maire au titre de l’article 44-1 du
code de procédure pénale (V. supra, no 19). Ayant connaissance
§ 3. – Objet de la transaction de l’infraction, l’Administration peut, dès ce moment, mettre en
œuvre la procédure transactionnelle, soit de sa propre initiative,
28. Principes traditionnels. — La transaction doit avoir pour objet soit sur la demande du contrevenant si cette faculté est léga-
toutes les pénalités et sanctions applicables à l’infraction. Elle ne lement ouverte à ce dernier. Elle peut être immédiate, dès la
peut pas être limitée et ne porter que sur certaines pénalités en- constatation de l’infraction, ce qui est souvent le cas en ma-
courues seulement. C’est une solution admise depuis longtemps tière douanière pour les affaires de peu de gravité. En principe,
(Crim. 26 mars 1830, Bull. crim. no 80. – Crim. 12 mai 1939, la transaction peut être mise en œuvre durant le temps de la
DH 1939. 404). Cette règle ne vaut que pour les transactions prescription, tant que des poursuites ne sont pas engagées. Il
avant jugement, car ensuite, l’Administration n’est recevable à existe toutefois des délais impartis à certaines administrations
transiger que sur les condamnations pécuniaires et non sur les pour prendre parti. C’est notamment le cas en matière de pêche
peines d’emprisonnement dont la mise à exécution n’appartient en eau douce, de protection des milieux aquatiques (V. supra,
qu’au procureur de la République. Si elle doit porter sur l’en- no 9), d’infractions forestières (V. supra, no 12), mais ces délais
semble des peines encourues, elle ne doit, en revanche, porter ne semblent pas être prévus à peine d’impossibilité ultérieure
que sur celles-ci et non sur des peines qui ne seraient pas pré- de transiger. Pour ces infractions seulement, la transaction est
vues par l’incrimination, l’Administration ne pouvant créer pour soumise à l’accord préalable du procureur de la République, ce
elle-même un titre pour infliger des pénalités arbitraires ou su- qui s’explique par le fait que certaines de ces administrations
périeures à celles prévues par la loi (T. civ. Tournai, 20 févr. disposent du droit d’exercer elles-mêmes les poursuites et les
1894, DP 1895. 2. 423. – Cons. préf. interdépartementale de fonctions de ministère public devant les juridictions. L’accord du
Poitiers, 11 avr. 1930, DH 1930. 408). Elle ne peut non plus procureur permet surtout d’éviter que, tandis que l’Administration
porter sur les droits, redevances, taxes légalement dus par le transige, des poursuites soient engagées à l’initiative du parquet
contrevenant, qui demeurent exigibles. La transaction ne peut qui est destinataire de droit des procès-verbaux constatant ces
pas non plus viser des infractions pour lesquelles elle n’est pas infractions.
admise, même si elles sont connexes à l’infraction qui en est
l’objet (Crim. 26 mars 1830, préc.). En cas de faits pouvant re- 31. Après engagement des poursuites. — La solution est iden-
cevoir plusieurs qualifications pénales, dont certaines échappent tique. Il est admis que la transaction est toujours possible tant
au droit de transaction ou d’infractions en concours, le ministère qu’un jugement définitif n’a pas été rendu sur les poursuites en-
public peut poursuivre même si une transaction est intervenue gagées contre le contrevenant. Mais dans ce cas, la transac-
entre le délinquant et l’Administration, comme c’est classique- tion est soumise à l’agrément du président de la juridiction saisie
ment le cas en matière de contrebande de stupéfiants qui consti- lorsque seules des amendes fiscales sont encourues, et du pro-
tue à la fois une infraction douanière et une infraction à la légis- cureur de la République en cas de sanctions pénales. Sous cette
lation sur les stupéfiants. condition, la transaction peut intervenir à tout moment, même en
cause d’appel ou pendant l’instance sur pourvoi en cassation ;
29. Principes dégagés par le Conseil d’État. — Le Conseil il s’agit d’une solution constante (Crim. 12 févr. 1990, no 88-
d’État a eu l’occasion, en annulant la première version de l’ar- 85.567, Bull. crim. no 72. – Crim. 8 oct. 1998, no 96-84.715,
ticle L. 216-4 du code de l’environnement issu de l’ordonnance inédit. – Crim. 30 juin 1999, no 95-85.832, inédit).
no 2005-805 du 18 juillet 2005 (JO 23 juill.), de préciser solen-
nellement les principes de la transaction pénale en édictant 32. Après jugement définitif. — La transaction reste en principe
qu’elle « résulte d’un accord qui détermine les suites à donner possible pour certaines administrations, mais sous certaines
à la commission de l’infraction et, en particulier, les réparations conditions. Elle ne peut porter, en effet, que sur le montant
en nature ou en espèces que devra assurer l’intéressé ; cet des amendes fiscales prononcées par la juridiction saisie et
accord doit être donné librement et de manière non équivoque jamais sur les sanctions pénales ou les réparations civiles. La

juin 2011 -7- Rép. pén. Dalloz


TRANSACTION

transaction s’analyse ici plutôt comme une remise négociée compétence d’une des parties ou vice du consentement. Sur
d’une partie des pénalités prononcées au profit de l’Adminis- ce dernier point, la menace de poursuites ou de laisser l’action
tration. En matière de contributions indirectes, la transaction publique suivre son cours à défaut de transiger aux conditions
après jugement est interdite par l’article 249, alinéa 3, du livre offertes par l’Administration, ne peut être constitutive de la vio-
des procédures fiscales. lence exigée par l’article 1112 du code civil. L’erreur de fait doit
être entendue de manière restrictive, la transaction demeurant
§ 5. – Procédure valable même si les faits punissables sont insuffisamment dé-
crits ou établis. De même, il était traditionnellement jugé que
33. Les modalités pratiques de mise en œuvre de la transac- l’erreur commise par l’une des parties sur le montant des pénali-
tion diffèrent dans le détail selon les administrations ou services. tés ne peut justifier la remise en cause de la transaction : c’est là
On se reportera pour leur étude détaillée aux textes cités et l’application d’une jurisprudence nombreuse rendue en matière
aux rubriques correspondantes (V. Aviation civile, Chemin de de contributions, qu’il s’agisse d’une erreur commise à son détri-
fer, Douanes, Faune sauvage, Flore sauvage, Forêts, Impôts et ment par l’Administration ou par le transigeant (CE 4 mai 1988,
taxes, Pêche et Voirie). Elles sont cependant semblables dans 2 arrêts, req. nos 59198, 60054, 58991 et 59139, LPA 1988,
leur ensemble en ce que la transaction doit être précédée d’une no 127, p. 14, concl. Fouquet). L’erreur de droit a longtemps
offre et conclue par un acte. été jugée inadmissible par référence à l’article 2052 du code ci-
vil (Crim. 9 juin 1863, S. 1865. 1. 184. – Crim. 13 mars 1895,
34. Offre de transaction. — Dès lors que l’Administration envi- S. 1895. 1. 467) mais les tribunaux s’étaient prononcés dans le
sage un règlement transactionnel, que ce soit à la demande du sens contraire, notamment quand la transaction avait pour effet
contrevenant ou de sa propre initiative, elle doit matérialiser cette de mettre à la charge du contrevenant des pénalités non pré-
intention par une offre. L’offre consiste généralement dans l’en- vues par la loi (T. civ. Tournai, 20 févr. 1894, cité supra, no 28).
voi d’une proposition chiffrée accompagnée de la part de l’Ad- Cette jurisprudence traditionnelle doit cependant être abordée
ministration d’un projet d’acte transactionnel. Dans le cas des aujourd’hui à la lumière de la position de principe énoncée de-
transactions immédiates douanières, l’offre est concomitante à puis 2006 par le Conseil d’État (V. supra, no 29) et reprise ulté-
la constatation de l’infraction, de même que pour les infractions rieurement par le législateur. Rappelons que l’accord doit être
d’ordre tarifaire à la police des transports. L’offre n’a pas pour ef- donné librement et de manière non équivoque par l’auteur des
fet d’interrompre la prescription, n’étant pas un acte d’enquête ou faits litigieux, éventuellement assisté de son avocat. Il semble
de poursuite, mais une procédure administrative (Crim. 9 janv. difficilement contestable aujourd’hui qu’une transaction qui por-
1958, JCP 1958. II. 10537, note Boitard). Une solution contraire terait sur des peines arbitraires ou supérieures à ce que la loi
est cependant expressément prévue par l’article 44-1 du code prévoit doit être déclarée nulle comme contraire à l’ordre public.
de procédure pénale relatif à la transaction pénale proposée par
le maire pour les contraventions d’atteintes aux biens de la com- 37. Mise en œuvre des nullités. — La nullité de la transaction
mune (V. supra, no 19). Elle a pour effet de valoir reconnais- peut être soulevée par voie d’action principale ou par voie d’ex-
sance de culpabilité quand elle émane initialement du contreve- ception. Il avait été jugé que l’exception de nullité ressortait à la
nant (soumission), même si elle n’est pas concrétisée ultérieu- compétence des juridictions administratives, s’agissant d’un acte
rement, voire si la transaction est annulée. administratif individuel (Nîmes, 6 juin 1958, JCP 1959. II. 11185,
note Gal. – Décision cassée par Crim. 12 mai 1959, JCP 1959.
35. Acte de transaction. — L’accord du procureur de la Répu- II. 11216, note Gal. – V. toutefois, jurispr. adm. contra : CE 28 fé-
blique sur la proposition est interruptif de la prescription de l’ac- vr. 1986, D. 1986. 394, concl. Delon). La transaction doit être
tion publique. En cas d’accord du contrevenant, la transaction considérée comme une convention dont l’examen de la validi-
projetée se matérialise par un acte. Celui-ci peut être réduit à té relève de la compétence du juge judiciaire et, notamment, de
un écrit valant quittance, reçu ou récépissé des pénalités, no- la juridiction pénale saisie des poursuites (Crim. 23 janv. 1958,
tamment en cas de transaction immédiate. Il n’existe pas de Bull. crim. no 86).
forme particulière à l’acte de transaction, chaque administration
utilise les formulaires de son choix. Mais en toute hypothèse, 38. Effets de la nullité. — Comme toutes les nullités, celle de la
l’acte doit se matérialiser par un écrit, car il obéit aux règles de transaction remet les parties dans l’état antérieur à l’acte. Ain-
preuve du droit civil et que le contrevenant a tout autant intérêt si, l’action publique peut suivre son cours si la prescription n’est
à pouvoir prouver l’existence et l’exécution de son engagement pas acquise. La transaction annulée ne conserve, en principe,
que les comptables publics des administrations ont intérêt à dé- d’effet qu’en ce qui concerne la reconnaissance de culpabilité
montrer l’abandon transactionnel d’une créance. Il est fréquent qu’elle contient et sur laquelle le juge pénal peut fonder sa déci-
dans la pratique que l’acte de transaction soit d’abord provisoire, sion. Mais, sur ce point également, le juge devra examiner si le
lorsqu’il est signé par agent qui ne peut transiger que sous ré- fondement de la nullité ne se trouve pas dans l’inobservation par
serve de l’approbation ultérieure de l’autorité hiérarchique, ou l’Administration des principes essentiels dégagés par le Conseil
lorsque la transaction est soumise de droit à l’accord de l’autorité d’État, car en ce cas la transaction ne saurait valoir systémati-
judiciaire. L’acte provisoire n’a aucun effet sur l’action publique, quement reconnaissance de culpabilité.
quand bien même la transaction serait exécutée de bonne foi par
les parties, le paiement du contrevenant valant alors seulement ART. 4. – EFFETS DE LA TRANSACTION
consignation (Paris, 19 déc. 1908, DP 1909. 2. 340. – Crim.
9 févr. 1917, Gaz. trib. 4 avr. 1918). Il n’a d’effet que comme § 1er. – Extinction de l’action publique
reconnaissance de culpabilité quand il est signé par le contreve-
nant. Seul l’acte définitif émanant de l’autorité ayant compétence 39. Transaction exécutée avant jugement définitif. — L’action
et éventuellement approuvé par l’autorité judiciaire quand c’est publique est éteinte dans les rapports entre le transigeant et
nécessaire, peut valoir transaction. l’Administration (Crim. 8 oct. 2008, nos 02-81.609 et 07-81.675.
– Crim. 17 oct. 2007, no 06-83.431). Aucune peine ne peut être
§ 6. – Nullité de la transaction prononcée par une juridiction répressive qui, si elle a été sai-
sie, doit déclarer l’action publique éteinte (Crim. 28 nov. 1954,
36. Causes de nullité. — Ce sont pour l’essentiel les règles du Bull. crim. no 341. – Crim. 26 avr. 1955, Bull. crim. no 201.
droit civil qui s’appliquent (V. Rép. civ., vo Transaction). La tran- – Crim. 7 juin 1956, Bull. crim. no 446). Ce principe s’applique
saction peut ainsi être annulée pour défaut de capacité ou de dans toutes les hypothèses, même dans le cas où le prévenu a

Rép. pén. Dalloz -8- juin 2011


TRANSACTION

bénéficié d’une relaxe non définitive : la transaction qu’il conclut droit. Mais, si l’Administration accepte sans réserves le paie-
ultérieurement avec l’Administration, rend sans objet l’exercice ment au-delà de ce délai, il est jugé qu’elle a entendu renoncer
de la voie de recours qu’elle a engagée contre la décision (Crim. aux poursuites et ne pas se prévaloir d’une éventuelle caducité
26 janv. 2011, no 98-88.185. – Crim. 4 déc. 1989, no 89-83.370, de la transaction (Crim. 18 avr. 1983, Bull. crim. no 106).
inédit). Si l’action publique n’a pas encore été mise en mouve-
ment, elle ne peut plus être exercée et si une information judi- 42. Transaction après jugement définitif. — Elle ne peut évidem-
ciaire a été ouverte, elle doit se clore immédiatement par une or- ment pas éteindre l’action publique, celle-ci ayant été définitive-
donnance de non-lieu. C’est là l’application du principe posé par ment exercée. Elle consiste, au contraire, à revenir sur la chose
l’article 6, alinéa 3, du code de procédure pénale et repris dans jugée avant exécution de la condamnation. Alors que la transac-
les divers textes législatifs instaurant les transactions pénales. tion avant jugement éteint la possibilité de prononcer n’importe
La transaction pouvant intervenir à tout moment avant que la lesquelles des peines encourues, la transaction opérée après
décision pénale ne soit devenue définitive, cette règle s’impose jugement ne peut porter que sur les sanctions strictement pécu-
selon une jurisprudence affirmée depuis longtemps, à toute juri- niaires prévues par l’infraction poursuivie, en dehors des peines
diction saisie, y compris par la voie du pourvoi en cassation, les d’emprisonnement. Il en est de même pour toutes les autres
peines éventuellement prononcées mais non définitives ne pou- peines, y compris d’amende prévues par des textes répressifs
vant en aucun cas être mises à exécution (Crim. 3 mai 1955, pour des infractions connexes ou en concours avec celle pou-
Bull. crim. no 153. – Crim. 14 févr. 1956, Bull. crim. no 154. vant faire l’objet de la transaction. Ainsi, au cas de poursuites
– Crim. 13 juin 1988, no 87-83.452, inédit. – Crim. 12 févr. à la fois pour contrebande de marchandises prohibées et pour
1990, no 88-85.567, Bull. crim. no 72. – Crim. 10 déc. 1998, infraction à la législation sur les stupéfiants, la transaction doua-
no 97-85.948, inédit. – Crim. 5 mai 1999, no 97-81.175, inédit). nière après jugement ne peut porter que sur les amendes stricte-
La transaction n’étant pas une peine (au contraire, V. Compo- ment prévues par le code des douanes, mais non sur les peines
sition pénale), il n’en reste aucune trace notamment au casier également prononcées au titre du code pénal ou du code de la
judiciaire, et elle n’entraîne aucune des incapacités prévues par santé publique, y compris les sanctions pécuniaires et confis-
la loi en cas de condamnation. Elle n’a aucun effet sur la réci- cations pénales. Sous cette réserve, la transaction après juge-
dive légale (Crim. 13 juin 1956, Bull. crim. no 472). La tran- ment peut, selon les textes applicables, porter sur les amendes
saction exécutée ne peut plus être remise en question ni par et réparations pécuniaires (V. not. C. for., art. L. 153-2, cité
le transigeant ni par l’Administration, elle emporte les effets at- supra, no 12) ou sur les confiscations ou attributions au profit
tachés à l’autorité de la chose jugée en dernier ressort (Req. de l’Administration, voire les peines fiscales privatives de droits
20 déc. 1881, DP 1882. 1. 334. – T. paix Dunkerque, 1er juin (V. not. C. douanes, art. 350, cité supra, no 6). La transaction
1934, Gaz. Pal. 1934. 2. 273) en sorte que l’administration s’analyse non seulement comme une remise amiable de dette,
ne peut réclamer plus que ce qu’elle a demandé et obtenu et mais contrairement à ce qui est admis dans la transaction ci-
que le transigeant ne peut non plus réclamer restitution de droits vile, comme une novation qui ne permet plus l’exercice de la
qu’il a abandonnés dans l’acte de transaction (CE 19 avr. 1951, contrainte judiciaire (V. Contrainte judiciaire).
D. 1951. Somm. 68). Les tribunaux ne peuvent plus être saisis
de l’infraction transigée, même sous une qualification pénale dif- 43. Effets dans l’espace. — D’une façon générale, il était tra-
férente (Crim. 7 mars 1984, Bull. crim. no 96). ditionnellement jugé que la transaction obtenue d’une adminis-
tration étrangère n’a aucun effet sur l’action publique en France,
40. Limites. — La transaction n’a d’effet qu’à l’égard des sous réserve des règles d’harmonisation communautaire (Crim.
infractions spécifiques qu’elle vise et n’exclut pas la possibilité 5 oct. 1961, Bull. crim. no 380. – Crim. 13 févr. 1964, Bull. crim.
de poursuites ou leur continuation pour toutes autres infractions no 53). Ainsi, il a été jugé que la transaction conclue à l’étranger
connexes à celles dont elle est l’objet, déjà poursuivies ou pour des faits d’importation illicite ne prive pas l’Administration du
connues ou qui seraient révélées ultérieurement (Crim. 19 févr. droit de poursuite pour les faits d’exportation illicite (Crim. 3 juin
1964, D. 1964. 376, note Mazard). C’est notamment le cas 1991, no 90-83.151, Bull. crim. no 233 ; D. 1992. 228). Mais,
des infractions douanières de contrebande de marchandises dans l’espace européen, il faut considérer que la transaction pé-
prohibées, pour lesquelles la transaction sur le montant de nale légalement conclue avec l’autorité d’un État membre inter-
l’amende douanière ne fait pas disparaître l’infraction de droit dit que soient engagées des poursuites dans un autre État, et
commun qui peut toujours être poursuivie. C’est aussi le cas ce en application de la règle non bis in idem (Accords de Schen-
lorsqu’il y a eu transaction sur l’infraction à la réglementation gen, art. 54). Ainsi, un prévenu de faits commis dans un État
des prix, le prévenu pouvant être valablement maintenu dans au préjudice d’une victime ayant la nationalité d’un autre État et
les poursuites pénales du chef de fraude fiscale (Crim. 20 févr. qui a accepté la transaction proposée par le procureur du lieu
1969, no 68-92.261, Bull. crim. no 88). Toutefois, à l’égard des des faits ne saurait être ensuite poursuivi devant la juridiction
infractions pour lesquelles la transaction est autorisée, l’acte pénale de l’État de nationalité de la victime (CJCE 11 févr. 2003,
fait sans aucune réserve doit être considéré comme éteignant aff. C-187/01 et C-385/01, RSC 2003. 625, note Massias).
l’action publique pour toutes les infractions de même nature,
quand bien même se révélerait une fraude plus importante que § 2. – Effets à l’égard des tiers
celle appréciée à au moment de l’acte transactionnel.
44. Principe. — La transaction sur l’action publique n’a point
41. Transaction non exécutée. — L’Administration dispose, en d’effets à l’égard des tiers. Elle ne profite qu’au transigeant et
principe, d’une option entre l’action en exécution et celle en réso- n’engage l’Administration qu’à son endroit seulement. Elle ne
lution. Si elle opte pour l’exécution forcée de la transaction, l’in- peut donc, en aucun cas, bénéficier aux coauteurs et complices,
exécution n’a pas d’effet sur l’extinction de l’action publique. Par quand bien même encourent-ils une condamnation solidaire à la
contre, en cas de résolution, l’extinction est censée n’avoir ja- même peine pour réparation pécuniaire. Il s’agit d’une jurispru-
mais eu lieu, sous réserve de la prescription qui peut entre-temps dence constante (Crim. 8 mars 1951, Bull. crim. no 71. – Crim.
être acquise au délinquant. Mais, en règle générale, les textes 22 janv. 1958, Bull. crim. no 78. – Crim. 26 nov. 1964, Bull.
prévoient que la transaction n’opère ses effets à l’égard de l’ac- crim. no 314. – Crim. 8 déc. 1971, Bull. crim. no 343). Ain-
tion publique que si elle a été pleinement exécutée, faisant ain- si, la transaction conclue avec l’un des auteurs n’interdit pas les
si de l’exécution une condition suspensive de la transaction, et poursuites contre les autres mis en cause ni ne met en ques-
prévoyant à l’expiration du délai imparti sa caducité de plein tion le droit de l’administration de demander leur condamnation

juin 2011 -9- Rép. pén. Dalloz


TRANSACTION

aux sanctions sur lesquelles elle a transigé avec l’un d’eux. Elle la plainte de la victime est une condition nécessaire à sa mise en
devra seulement au moment de l’exécution forcée, tenir compte mouvement (V. infra, no 50). Ce principe est énoncé à la fois par
des sommes ou réparations déjà obtenues au titre de cette tran- l’article 2, alinéa 2, du code de procédure pénale et l’article 2046
saction (Crim. 2 janv. 1959, Bull. crim. no 4. – V. Solidarité du code civil (V. Action civile). Ainsi, d’une façon générale et par
pénale). principe, la transaction conclue en vue de l’indemnisation des
conséquences de l’infraction ne peut être un obstacle à l’exer-
45. Limites. — Toutefois, quand le transigeant est considéré cice de l’action publique dont la victime ne peut disposer, même
comme le gérant d’affaires de ses coauteurs ou complices, la dans les cas où elle l’a elle-même mise en mouvement et la ju-
transaction leur bénéficie (Req. 3 déc. 1906, DP 1908. 5. 34) risprudence est tout à fait constante sur ce point (Crim. 17 mai
et le transigeant a alors un recours contre eux conformément au 1901, D. 1902. 1. 303. – Crim. 27 juin 1946, DP 1946. 377.
droit commun (Besançon, 9 nov. 1904, Gaz. Pal. 1904. 2. 509). – Crim. 15 janv. 1976, Bull. crim. no 13. – Crim. 18 oct. 1989,
Bull. crim. no 367). Cette règle s’applique même dans l’hypo-
46. Transaction après jugement. — Elle doit en principe profi- thèse où, par l’effet de la transaction, les conséquences maté-
ter à tous en application de l’article 1285 du code civil, sauf si, rielles de l’infraction ont totalement disparues (ainsi, après un
comme c’est fréquemment le cas, l’acte transactionnel réserve vol, quand la victime légitime par transaction la possession par
expressément la situation des codébiteurs solidaires. En toute l’auteur de la chose volée : Crim. 4 juin 1998, no 96-85.871, Bull.
hypothèse, après jugement, leur obligation sera diminuée de la crim. no 183 ; RG proc. 1999. 95, chron. Rebut ; Procédures
part virile de celui qui a transigé et non pas seulement du mon- 1998. Comm. 223, obs. Buisson). Elle s’applique également
tant de la transaction, solution conforme à l’article 1285, alinéa 2, pour l’application des peines : ainsi, le condamné peut faire l’ob-
du code civil (Civ. 1re, 11 juill. 1984, JCP 1986. II. 20576, note jet d’une révocation de libération conditionnelle pour défaut de
Dumortier ; RTD civ. 1985. 409, obs. Rémy. – Civ. 1re, 26 mai respect de l’obligation d’indemnisation des parties civiles selon
1994, no 92-13.435, Bull. civ. I, no 187). ses facultés contributives réelles, alors qu’il a fait état d’une tran-
47. Cautions et civilement responsables. — Il est admis que la saction intervenue avec la victime sur les modalités d’exécution
transaction profite à la caution et au civilement responsable du de sa dette (Crim. 20 janv. 2010, no 09-84.802).
contrevenant. En sens inverse, la transaction conclue avec la
50. Exception. — L’article 6, alinéa 3, du code de procédure
personne civilement responsable étend ses effets à son prépo-
pénale ajoute aux causes d’extinction de l’action publique, le re-
sé, qui doit donc bénéficier de l’extinction de l’action publique
trait de plainte lorsque celle-ci est une condition nécessaire de
(Crim. 13 déc. 1993, no 92-85.483, Bull. crim. no 384), et si le
la poursuite. Il n’est donc pas nécessaire qu’il s’agisse d’une
préposé est poursuivi, la responsabilité civile du commettant qui
plainte mettant en mouvement l’action publique, telle une cita-
a transigé ne peut plus être recherchée (Crim. 11 mars 1959,
tion directe devant la juridiction répressive laquelle est assimilée
Bull. crim. no 167. – Crim. 11 févr. 1980, Bull. crim. no 54). La
à une plainte (Crim. 14 janv. 1975, Bull. crim. no 12) ou une
solution est la même en cas de transaction avec une personne
plainte avec constitution de partie civile devant le juge d’instruc-
morale, son représentant légal ne pouvant plus faire l’objet de
tion : une plainte « simple » suffit, c’est-à-dire la dénonciation à
poursuites en cette qualité pour les mêmes faits (Crim. 20 janv.
l’autorité judiciaire sous quelque forme que ce soit, d’un fait pou-
1992, no 89-94.768, Bull. crim. no 18), non plus que ses prépo-
vant recevoir une qualification pénale. Les dispositions de l’ar-
sés (Crim. 30 mai 1994, no 93-81.943, Bull. crim. no 210).
ticle 6, alinéa 3, du code de procédure pénale ne s’appliquent
48. Droits des tiers. — La transaction est inopposable aux co- qu’aux contraventions et délits, jamais aux crimes.
auteurs et complices ou au civilement responsable du transi-
geant. Ils ne peuvent se voir opposer l’aveu de culpabilité qu’elle ART. 2. – DOMAINE D’APPLICATION
contient. Elle est pareillement inopposable aux victimes de l’in-
fraction (Pau, 15 nov. 1962, D. 1963. 276. – Crim. 18 févr. 51. Régime général. — Ces dispositions s’appliquent à toutes
1954, D. 1954. 421. – Crim. 11 févr. 1980, Bull. crim. no 54), les infractions pour lesquelles il ne peut y avoir de poursuites
sauf dans le cas du propriétaire de bois soumis au régime fo- sans plainte préalable. La jurisprudence demeure vigilante
restier. Elle est également inopposable aux cocontractants de sur cette condition, ainsi le retrait de plainte n’a-t-il aucun
l’auteur, car elle ne constitue pas un cas de force majeure ou un effet en matière d’abandon de famille (Crim. 17 avr. 1991,
fait du prince exonérant l’auteur de ses obligations contractuelles no 90-84.321) ou d’abus de confiance (Crim. 1er juin 1987, Bull.
(Civ. 3e, 13 juin 1972, no 71-11.336, Bull. civ. III, no 387), Mais la crim. no 224). La règle de l’article 6, alinéa 3, s’applique en
transaction a pour effet d’interdire la constitution de partie civile matière d’infractions à la loi sur la presse du 29 juillet 1881
devant la juridiction répressive, même quand les poursuites ont (art. 49) et particulièrement de diffamation, d’atteintes à la vie
déjà été engagées, le juge étant dessaisi de plein droit avant ju- privée (C. pén., art. 226-1, 226-2 et 226-6), de divulgation de
gement (Crim. 12 mai 1959, JCP 1959. II. 11216, note Gal). Il données individuelles contenues dans un fichier informatique
n’en va différemment que lorsqu’un jugement sur le fond est in- (C. pén., art. 226-22), de chasse sur terrain d’autrui (C. envir.,
tervenu sans avoir acquis l’autorité de la chose jugée : en ce cas, art. L. 422-1, L. 428-1 et L. 428-33), d’atteintes aux droits du
la transaction conclue ne peut priver la partie civile du bénéfice titulaire d’un brevet d’obtention végétale (CPI, art. L. 623-33).
des dispositions civiles de la décision rendue à son profit et la Le régime de l’article 6, alinéa 3, du code de procédure pénale
juridiction répressive reste compétente pour statuer sur l’action s’applique également à toutes les infractions qui ne peuvent être
civile (Crim. 18 févr. 1954, D. 1954. 421. – Crim. 3 mai 1957, poursuivies que sur plainte préalable d’une administration ou
Bull. crim. no 355). d’une autorité publique ; ainsi… de l’administration fiscale après
avis de la commission des impôts, en matière de contentieux
SECTION 2 de l’impôt (CGI, art. 1741. – LPF, art. 226 s.),… du ministre du
Budget pour les fraudes à la législation ou la réglementation
Transaction sur l’action civile et action publique des relations financières avec l’étranger (C. douanes, art. 458).
L’exigence de la plainte préalable se distingue de l’obligation lé-
ART. 1er. – CADRE JURIDIQUE gale d’un avis préalable (commission des opérations de Bourse,
commission des infractions fiscales, affaires maritimes…) : l’avis
49. Principe. — La transaction entre l’auteur de l’infraction et la est une condition de recevabilité de la plainte et de validité des
victime n’a pas d’effet sur l’action publique, sauf dans les cas où poursuites, mais n’entre pas dans les prévisions de l’article 6,

Rép. pén. Dalloz - 10 - juin 2011


TRANSACTION

alinéa 3, du code de procédure pénale en sorte qu’un avis constituer un nouveau délit à l’encontre de l’auteur (Paris, 31 mai
ultérieurement favorable au désistement est sans effet sur 1966, D. 1967. Somm. 2. – Crim. 20 févr. 1963, Gaz. Pal.
l’action publique. 1963. 2. 119). Lorsque l’exception de transaction est invoquée
devant le juge répressif, celui-ci a compétence pour trancher la
52. Infractions commises à l’étranger. — Les dispositions de question de sa validité ou de sa nullité, par application du prin-
l’article 6, alinéa 3, doivent être rapprochées de celles de l’ar- cipe selon lequel le juge de l’action est juge de l’exception (Crim.
ticle 113-8 du code pénal. En effet, la poursuite des délits com- 23 janv. 1958, Bull. crim. no 86). La réalité ou la validité de la
mis par des Français en territoire étranger et des délits commis transaction valant retrait de plainte ou désistement relèvent de
hors de France par un Français ou un étranger sur une victime l’appréciation souveraine des juridictions (Crim. 27 oct. 1999,
française ne peut être exercée que sur dénonciation officielle de no 98-84.629, Bull. crim. no 237).
l’autorité étrangère ou sur plainte de la victime ou ses ayants
droit (V. Compétence internationale). Cette règle qui renvoie 54. Formes. — Le retrait se manifeste par n’importe quel moyen,
aux dispositions des articles 133-6 et 113-7 du code pénal ne pourvu qu’il soit suffisant à s’assurer de sa sincérité : lettre, dé-
vise que les délits, avec cette distinction que dans le cas de délit claration sur procès-verbal, désistement de constitution de partie
commis par un Français à l’étranger, il suffit qu’il soit puni par civile. Il peut être implicite, par défaut de consignation sur plainte
la législation étrangère pour être poursuivi en France (C. pén., avec constitution de partie civile ou sur citation directe. En cas
art. 113-6) et que dans le cas du délit commis à l’étranger sur un de citation directe, de constitution de partie civile devant le juge
Français, il faut qu’il soit passible en France d’une peine d’empri- d’instruction ou par déclaration avant l’audience au greffe, l’ab-
sonnement (C. pén., art. 113-7). Ces règles excluent donc par sence de la partie civile à l’audience fait présumer son désiste-
principe les contraventions et les crimes. À défaut de dénon- ment conformément à l’article 425 du code de procédure pénale,
ciation de l’infraction par l’autorité étrangère, l’action publique en sorte qu’on doit en déduire que la faculté laissée au ministère
française ne peut être mise en mouvement que sur plainte de la public de passer outre à son absence et de prendre des réqui-
victime, principe chaque fois réaffirmé (Crim. 30 avr. 1954, Bull. sitions ne peut être exercée dans les matières où la mise en
crim. no 148. – Crim. 27 juin 1984, Bull. crim. no 248. – Crim. œuvre de l’action publique est légalement subordonnée à l’exis-
4 janv. 1996, no 94-83.284, Bull. crim. no 4), ou de ses ayants tence d’une plainte. Toutefois, la présomption de désistement
droit (Crim. 3 juin 1976, Bull. crim. no 198). Il importe peu que est une présomption simple qui peut être combattue par la partie
la plainte soit déposée en France ou en territoire étranger, dès civile qui doit être admise à démontrer que son défaut n’impli-
lors qu’elle est reçue par les autorités françaises avant l’enga- quait pas sa volonté de se désister (Chambéry, 14 oct. 1965,
gement des poursuites (Crim. 24 nov. 1998, no 98-80.048, Bull. JCP 1966. II. 14712, note M. B.). Ainsi, le seul fait que la partie
crim. no 312 ; D. 1999. IR 37 ; Dr. pénal 1999. Comm. 79, note civile ait écrit qu’elle se considérait comme remplie de ses droits,
Véron). Il faut donc, par combinaison des articles 113-8 du code tout en indiquant demeurer à la disposition du tribunal pour être
pénal et 6, alinéa 3, du code de procédure pénale, en déduire entendue, ne peut valoir expression de sa volonté d’extinction de
que ces infractions entrent dans le champ d’application de l’ar- l’action publique, à défaut de conclusions déposées en ce sens
ticle 6, alinéa 3, du code de procédure pénale. (Crim. 5 mars 1991, no 90-82.947). L’article 425 du code de
procédure pénale ne s’applique pas en cas d’absence en cause
d’appel (Crim. 24 juill. 1967, Bull. crim. no 228. – Crim. 13 avr.
ART. 3. – MISE EN ŒUVRE
1983, Bull. crim. no 99. – Crim. 11 mars 1992, no 91-82.162,
Bull. crim. no 109), sauf si la cour statue par évocation après
53. Conditions : validité du consentement. — Pour que le retrait
avoir annulé un jugement qui avait mis fin à la procédure sans
de plainte ait un effet sur l’action publique, il doit obéir à certaines
avoir statué au fond (Douai, 31 mai 1995, Gaz. Pal. 1995. 2.
conditions touchant pour l’essentiel au respect des règles rela-
Chron. 569). Il convient de préciser que l’article 425 du code de
tives à la validité des conventions (V. Rép. civ., vo Transaction).
procédure pénale ne s’applique pas à la loi sur la presse (Crim.
Ainsi, il ne peut y avoir de véritable transaction sur l’action civile
7 févr. 1984, Bull. crim. no 44). Il ne s’applique pas non plus à
que si le retrait se rapporte réellement à l’infraction dénoncée
la partie civile constituée par lettre ou télécopie, conformément
ou poursuivie. Cette règle s’applique dans tous les cas, qu’il
à l’article 420-1 du code de procédure pénale.
s’agisse de l’expression de la seule volonté unilatérale du plai-
gnant, ou d’une véritable transaction. Ainsi, en cas de transac-
55. Rétractation. — Le désistement du plaignant peut toujours
tion, elle doit nécessairement porter sur l’objet même de l’infrac-
être rétracté tant qu’il ne lui en a pas été formellement donné
tion, ce dont il résulte qu’elle ne peut exister qu’entre la victime
acte (Crim. 7 déc. 1971, Bull. crim. no 338. – Crim. 26 avr.
et l’auteur du délit ou son assureur ou le civilement responsable.
1994, no 92-84.095, Bull. crim. no 150).
En cas d’erreur sur l’objet, la transaction peut être annulée (Crim.
24 mai 1960, Bull. crim. no 275. – Crim. 7 mars 1963, Bull.
crim. no 109). Cette solution est conforme au régime général ART. 4. – EFFETS
des transactions civiles (Civ. 1re, 8 mars 1966, JCP 1966. II.
14664, concl. Lindon. – Crim. 11 oct. 1967, D. 1968. 135. 56. Extinction de l’action publique. — Le retrait de plainte a pour
– Civ. 2e, 10 janv. 1990, no 88-15.112, Bull. civ. II, no 9). Le re- effet d’éteindre l’action publique. En sa présence, la poursuite
trait de plainte ne doit pas résulter d’une erreur déterminante sur doit être arrêtée et le tribunal saisi ne peut que constater l’ex-
l’étendue des droits de la victime, notamment sur sa prétendue tinction de l’action publique (Crim. 28 oct. 1965, Bull. crim.
propre responsabilité pénale (Crim. 12 mars 1957, Bull. crim. no 216 ; D. 1965. 803, rapp. Combaldieu. – Crim. 26 mai
no 242. – Crim. 7 juin 1968, Bull. crim. no 182. – Crim. 3 juill. 1981, no 80-94.415, Bull. crim. no 172. – Crim. 3 juin 1993,
1990, Gaz. Pal. 1991. 1. Somm. 20). En revanche, l’erreur qui no 92-82.813). Le retrait peut avoir lieu en cause d’appel et la
ne porte que sur les modalités de la transaction n’est pas suffi- solution est identique, tant que le jugement n’a pas acquis auto-
sante à l’affecter (Toulouse, 17 déc. 1954, D. 1955. 122). Pour rité de la chose jugée (Crim. 14 janv. 1997, no 96-82.901, Bull.
être utile, le retrait de plainte doit être sans équivoque : … tel crim. no 9), ou durant l’instance en cassation (Crim. 8 déc. 1992,
n’est pas le cas lorsque la victime a reçu une indemnité qui ne no 92-82.340, Bull. crim. no 406). L’extinction de l’action pu-
correspond pas à ce qui était convenu (Crim. 23 déc. 1965, blique s’oppose à ce que des poursuites soient engagées pour
Bull. crim. no 293), … ou en cas de retrait sous conditions (Crim. exactement les mêmes faits sous une nouvelle qualification pé-
16 janv. 1979, Bull. crim. no 27). Le retrait ne doit pas être nale (Crim. 3 févr. 1998, no 97-80.089, Bull. crim. no 38 ; Procé-
obtenu par dol ou violence, ce qui est d’ailleurs susceptible de dures 1998. Comm. 123, obs. Buisson), dès lors qu’il y a identité

juin 2011 - 11 - Rép. pén. Dalloz


TRANSACTION

de cause et d’objet (Crim. 2 avr. 1990, no 88-81.264, Bull. crim. sur les poursuites pénales contre l’auteur de l’infraction (Crim.
no 141 ; D. 1990. Somm. 375, obs. Pradel). 28 mai 1998, no 97-80.970, Bull. crim. no 176). Ce principe est
contenu dans les dispositions de l’article 2051 du code civil qui
prévoit que la transaction faite par l’un des intéressés ne lie point
57. Effet relatif. — Le désistement ou le retrait de plainte n’a, les autres intéressés et ne peut être opposée par eux.
en principe, d’effet qu’à l’égard de la personne visée dans la
plainte et bénéficiant nommément du retrait. Il ne peut profiter
aux coauteurs ou complices, l’extinction de l’action publique se
faisant en considération de la personne. Mais la solution est 58. Effets sur l’action civile. — Le retrait de plainte ne met pas
strictement inverse dans le cas de mise en mouvement de l’ac- totalement en échec la possibilité pour le plaignant d’exercer son
tion publique pour diffamation, car, selon l’article 49 de la loi du action civile. Seule la voie de l’action civile devant le juge répres-
29 juillet 1881, le désistement du plaignant, lorsqu’il en a été sif lui est fermée. Il peut donc agir en réparation de son préjudice
donné acte par jugement ou arrêt, met fin de plein droit aux pour- devant les tribunaux civils, le retrait de plainte ne valant nulle-
suites du chef de diffamation et éteint l’action à l’égard de tous ment abandon de ses droits à indemnisation. Il ne s’agit donc
auteurs, coauteurs ou complices des faits poursuivis ; ces dispo- pas d’une renonciation à ses droits mais seulement d’un aban-
sitions sont applicables aux infractions visées par l’article 93-3 don de la voie initialement choisie (Crim. 28 mars 1955, Bull.
de la loi du 29 juillet 1982, en cas de diffamation commise par crim. no 179). Cette règle est d’ailleurs reprise par l’article 426
un moyen de communication audiovisuelle et par un message du code de procédure pénale qui précise que le désistement de
ayant fait l’objet d’une fixation préalable à sa communication au la partie civile ne fait pas obstacle à son action civile devant la
public (Crim. 8 juin 1999, no 98-82.278). Par ailleurs, une tran- juridiction compétente (Crim. 2 mai 1972, Bull. crim. no 148 ;
saction conclue avec le civilement responsable n’a aucun effet D. 1972. Somm. 149. – Crim. 14 juin 1983, Bull. crim. no 179).

INDEX ALPHABÉTIQUE
Accord, 35 Consentement, 29, 36, 53 Indifférence, 40 Presse, 51
Acte de transaction, 35 Contrebande, 28, 40, 42 Infraction Preuve (Infraction), 24
Action civile, 49 s. Contributions indirectes, 5 – commise à l’étranger, 52 Procédure, 33 s.
V. Transaction sur l’action civile Coupes abusives, 12 – connexe, 40 – acte de transaction, 35
Action publique (Exercice), 3 Débit de boissons, 5 – nécessité, 24 – offre de transaction, 34
Administration (Partie à la transac- Défenseur des droits, 21 Intention réciproque, 25 V. Nullité
tion), 26 Directeur Jeux de hasard, 5 Procédures voisines, 2
Affichage, diffusion, publication, – des douanes, 6 Jugement définitif, 32 Procès-verbal (Infraction), 24
21 – des services fiscaux, 5 Législation, 3 Projet d’acte transactionnel
V. Défenseur des droits, Discrimi- – parc national, 10 Libération conditionnelle, 49 V. Offre de transaction
nations – régional de l’alimentation, de l’agri- Liberté individuelle, 29 Rétractation, 55
Agrément (Président de la juridic- culture et de la forêt, 12 Mer, 7 Sanction
tion), 5, 31 Discriminations, 3, 21 Ministère public (Accord), 21 – pécuniaire, 28
Alternatives aux poursuites (Dis- Dol, 53 – animaux, santé publique vétéri- – transaction sur le tout, 28
tinction), 2 Domaine fluvial, 20 naire, protection des végétaux, 11 Santé publique vétérinaire, 11
Amende forfaitaire (Distinction), 2 Douanes, 6 – contributions indirectes, 5 Stupéfiants, 28, 42
Animaux, 11 Droit civil – douanes, 6 Taxe, 5
Application des peines, 49 V. Nullité, Consentement – eaux, 7 s. Temps
Après jugement définitif, 32 Droit forestier, 12 – forêts, 12 V. Moment
Atteinte à la vie privée, 51 Droit rural, 11 – parcs nationaux, 10 Tiers, 44 s.
Autoroute (Péage), 13 Droits de la défense, 29 Ministre Train, 14
Aviation civile, 16 Eaux et milieux aquatiques ou ma- – de l’Économie et des Finances, 5 Transaction sur l’action civile, 43,
Avis, 51 rins, 7 Moment, 30 s. 49 s.
– inspecteur des installations clas- Effets, 39 s. – après engagement des poursuites, – cadre juridique, 49 s. : exception,
sées, 8 – à l’égard des tiers, 44 s. 31 50 ; principe, 49
– transaction fiscale, 5 – après jugement définitif, 42, 46 – après jugement définitif, 32 – domaine d’application, 51 s. : in-
Bois, 12 – caution, 47 – avant exercice de poursuites, 30 fraction commise à l’étranger, 52 ;
Brevet, 51 – civilement responsable, 47 Navigation intérieure, 15 régime général, 51
Capacité – dans l’espace, 43 « Non bis in idem », 43 – effets, 56 s. : effet relatif, 57 ; effet
V. Nullité – exécution avant jugement, 39 Non-exécution, 41 sur l’action civile, 58 ; extinction de
Caractère facultatif, 25 – extinction de l’action publique, Nullité, 36 s. l’action publique, 56
Causes de nullité, 36 s. 39 s. – causes, 36 – mise en œuvre, 53 s. : conditions
Caution, 47 – infraction connexe, 40 – effets, 38 (Consentement, formes), 53 s. ; ré-
Changes, 6 – limites, 40 – mise en œuvre, 37 tractation, 55
Chasse, 12, 42 – non-exécution, 41 Objet (Principes), 28 s. Transaction sur l’action publique,
Chemin de fer, 14 – relatif (action civile), 57 Offre de transaction, 34 3 s.
Circulation et transports publics, Engagement des poursuites Opportunité des poursuites (Dis- – cadre juridique, 3
13 s. – transaction antérieure, 30 tinction), 2 – domaine, 4 s. : animaux, san-
– péage autoroutier, 13 – transaction postérieure, 31 Parcs nationaux, 10 té publique vétérinaire, protection
– transport aérien, 16 Erreur Parties, 26 s. des végétaux, 11 ; circulation et
– transport fluvial, 15 V. Nullité – administration, 26 transports publics, 13 s. ; contribu-
– transport public terrestre, 14 Exécution avant jugement, 39 – transigeant, 27 tions indirectes, 5 ; discriminations,
Civilement responsable, 47 Exercice de poursuites, 30 Pêche 21 ; domaine fluvial, 20 ; douanes,
Code de commerce, 23 Exploitant, 13 – eau douce, 8 6 ; eaux et milieux aquatiques ou
Code de la consommation, 22 Extinction de l’action publique, – maritime, 7 marins, 7 ; forêts, 12 ; parcs natio-
Comité du contentieux fiscal, doua- 39 s., 56 Peine naux, 10 ; pêche en eau douce, 8 ;
nier et des changes, 5 Extranéité, 52 V. Sanction pratiques commerciales et droit de
Communes (Biens), 19, 34 Forêts, 12 Personne morale, 27 la consommation, 22 s. ; voirie rou-
Comparution sur reconnaissance Forme (Retrait de plainte), 54 Plainte nécessaire, 50 tière et contraventions au préjudice
préalable de culpabilité, 2 Fraude fiscale, 5 Pollution des eaux, 7 s. des communes, 18 s.
Composition pénale (Distinction), 2 Haute Autorité de lutte contre les Prescription (Effet interruptif), 7, 8, – effets, 39 s. : à l’égard des tiers,
Conditions préalables, 24 s. discriminations, 3, 21 10, 11, 17, 19, 21, 22, 30, 34, 35, 44 s. ; extinction de l’action pu-
Confiscation, 27, 42 Impôt, 5, 42 38, 41 blique, 39 s.

Rép. pén. Dalloz - 12 - juin 2011


TRANSACTION

– mise en œuvre, 24 s. : conditions Transigeant, 27 Vice du consentement Voirie routière, 18


préalables, 24 s. ; moment, 30 s. ; Végétaux (Protection), 11 V. Nullité Voyageur
nullité, 36 s. ; objet, 28 s. ; parties, Vice, 53 Violence, 53 V. Circulation et transports publics
26 s. ; procédure, 33 s.

juin 2011 - 13 - Rép. pén. Dalloz

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