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Bulletin de liaison
n°3
Regroupement 2
Plan proposé
Cette assimilation a d’ailleurs été posée par le Conseil constitutionnel dans sa décision de 1986.
Plusieurs règles sont ainsi identiques et peuvent être mentionnées : acquisition identique (CG3P),
modes de cession identique (contrat de vente de droit privé), transfert de propriété identique,
application de la théorie de l’accession (à définir : la propriété du sol emporte la propriété du dessus
et du dessous), application de la voie de fait pour les propriétés publiques et les propriétés privées,
compétence du seul juge judiciaire en cas de contestation sérieuse sur la propriété d’un bien.
B. Un droit présentant des particularités car le bien appartient à une personne publique
propriétaire
Les étudiants devaient rappeler les deux principes propres à la propriété publique, les définir et les
expliquer : il s’agit du principe d’insaisissabilité et du principe d’incessibilité à vil prix (applicable
entre une personne publique et une personne privée, mais aussi entre deux personnes publiques,
(CE, 15 mai 2012, Hayart ; Cour administrative d’appel de Lyon, 3ème chambre, 9 juillet 2019).
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-Fructus : paiement d’une redevance obligatoire en cas d’occupation privative ; le caractère gratuit
de l’occupation privative est souvent lié à des considérations d’intérêt général.
- Abusus : le principe d’inaliénabilité interdit qu’un bien du domaine public puisse être cédé. Il est
nécessaire qu’il sorte du domaine public, par une désaffectation et un déclassement préalable, pour
protéger l’affectation du bien.
Qualification de la dépendance :
Rappel des critères directs d’appartenance d’un bien au domaine public énoncés dans le CG3P :
Propriété de la commune, affectation à un service public et nécessité d’un aménagement
indispensable
En l’espèce, le local n’est pas directement affecté à un service public mais à une activité économique
commerce de restauration rapide
On en conclut qu’en application des critères d’affectation directe, la dépendance n’appartient pas au
domaine public
Il faut alors vérifier les critères d’appartenance indirecte d’un bien au domaine public :
En vertu de la théorie du domaine public globale, un bien n’appartenant pas au domaine public mais
faisant partie d’une assiette foncière globale, d’une unité foncière, qui elle appartient au domaine
public (CE Avis 19 juillet 2012, Domaine national de Chambord) relève lui aussi du domaine public.
Tel est le cas en l’espèce de la gare routière qui constitue un ensemble foncier unique.
Ainsi, le local appartient au domaine public par application de cette théorie.
Question de droit : quels sont les moyens à la disposition de l’administration pour expulser un
occupant sans titre du domaine public ?
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La personne publique n’a pas la possibilité d’expulser de force l’occupant sans titre. Elle ne dispose
pas du pouvoir d’exécution forcée (TC 1902, Société immobilière Saint Just, GAJA) sauf si une loi le
prévoit, s’il y a une urgence ou si la personne publique ne dispose d’aucune autre voie de droit.
Or, la personne publique dispose d’autres voies de droit pour obtenir l’expulsion d’un occupant sans
titre.
1) L’Etat (le préfet) peut tout d’abord utiliser une action pénale qui peut être portée soit devant le
juge administratif (en cas de contravention de grande voirie) soit devant le juge pénal (en cas de
contravention de petite voirie). Cette action pénale ne joue que si un texte prévoit une telle
protection.
Rappel du champ et de la définition de la contravention de petite voirie (domaine public routier,
atteinte à l’intégrité physique et matérielle du domaine public ou atteinte ou gêne portée à
l’affectation du domaine public) et du champ et de la définition de la contravention de grande voirie
(domaine public maritime, aéronautique, ferroviaire, militaire.. et atteinte à l’intégrité physique et
matérielle du domaine public ou atteinte ou gêne portée à l’affectation du domaine public).
Application au cas d’espèce : L’occupation sans titre du domaine public constitue bien une
contravention de voirie. Toutefois n’est pas ici en cause une CPV (puisque l’occupation ne porte pas
sur le domaine public routier).
On pouvait toutefois hésiter sur la qualification :
-soit retenir la CPV en estimant que la gare routière appartient au domaine public routier : dans ce
cas, compétence du juge pénal qui prononcera l’expulsion de l’occupant et une amende pénale.
-soit retenir la CGV : il est possible de considérer la gare routière comme faisant partie des domaines
publics protégés : dans ce cas, compétence du JA.
Qu’il y ait contravention de petite ou de grande voirie, le juge pénal comme le JA pourra alors
ordonner l’expulsion de l’occupant sans titre et condamner M. Michu à une amende pénale. Est en
effet prévu deux types de sanctions qui se cumulent : une amende pénale et une action en
réparation (qui consistera ici en l’expulsion de l’occupant sans titre)
Il était aussi possible d’estimer qu’il n’y avait ni l’un ni l’autre, et donc, dans ce cas, pas de possibilité
d’exercer une action pénale.
2) A côté de cette action pénale, la commune peut exercer un recours devant le juge en vue
d’obtenir l’expulsion de l’occupant sans titre.
Il convient de vérifier dans un premier temps devant quel juge elle peut exercer ce recours ?
Il faut rappeler l'arrêt du TC 24 sept. 2001, Sté. B.E. Diffusion c/ RATP : « qu’il résulte de ces
dispositions que relèvent de la compétence des juridictions administratives les litiges relatifs à la
passation, à l’exécution ou à la résiliation de contrats comportant occupation du domaine public ;
que relèvent également des juridictions administratives, sous réserve de dispositions législatives
spéciales, et sauf dans le cas de voie de fait ou dans celui où s’élève une contestation sérieuse en
matière de propriété, les litiges nés de l’occupation sans titre du domaine public que celle-ci résulte
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de l’absence de tout titre d’occupation ou de l’expiration, pour quelque cause que ce soit, du titre
précédemment détenu ».
Application au cas d’espèce : aucune des exceptions donnant compétence au juge judiciaire n’étant
remplie, il convient de se tourner vers le juge adm.
Article L. 521-3 du CJA : « En cas d'urgence et sur simple requête qui sera recevable même en
l'absence de décision administrative préalable, le juge des référés peut ordonner toutes autres
mesures utiles sans faire obstacle à l'exécution d'aucune décision administrative »
Rappel de son application par le CE dans son arrêt de Section 16 mai 2003, SARL Icomatex :
« Considérant que lorsque le juge des référés est saisi, sur le fondement de ces dispositions, d'une
demande d'expulsion d'un occupant du domaine public, il lui appartient de rechercher si, au jour où
il statue, cette demande présente un caractère d'urgence et ne se heurte à aucune contestation
sérieuse
Enoncé des deux conditions posées par l’arrêt du CE, Icomatex de 2003 :
- l’urgence : appréciation par le juge administratif de l’urgence en fonction de l’utilité des mesures
ordonnées par le juge (rappel de la jurisprudence : refus du seul intérêt financier et prise en compte
du bon fonctionnement du SP ou de l’affectation du domaine public ou de l’existence d’un projet
précis)
-l’absence de contestation sérieuse de la mesure demandée (expulsion) : il ne faut pas que la mesure
d’expulsion se heurte à une contestation sérieuse. Ce n’est jamais le cas si l’occupant n’a jamais eu
d’autorisation d’occupation du domaine public. Si l’occupant a eu une autorisation mais ne l’a plus, il
faut que la décision de mettre fin à cette occupation soit entachée d’une illégalité particulière, grave
(illégalité interne).
Application au cas d’espèce : il faut vérifier si les deux conditions cumulatives sont réunies :
1) Urgence : cette condition semble ici remplie, car la commune se prévaut de risques sanitaires, de
considérations d’ordre public. Les étudiants doivent discuter et prendre parti sur ce point
2) Sur l’absence de contestation sérieuse : ici la commune souhaite ne pas renouveler l’autorisation
à titre de sanction : l’occupant sans titre ne respecte pas les conditions d’hygiène, les conditions
d’occupation normale du domaine public. Le non-renouvellement est donc justifié, en outre, il est
mentionné dans le cas pratique que le maire a respecté les droits de la défense, puisqu’il a demandé
à M. Michu de s’expliquer. En toute hypothèse, cette illégalité externe ne devrait pas
nécessairement suffire à admettre une contestation sérieuse de la décision d’expulsion.
Conclusion : les deux conditions sont réunies, dès lors le juge administratif prononcera sans doute
l’expulsion de M. Michu.
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2) Le maire, qui connait la qualité de ses sandwichs, propose à Thibault, qui gère le Camion de
Lourcines, de s’installer dans les lieux, à la place de M. Michu. Comme il sait qu’il est très apprécié
par les étudiants de l’université, il lui propose, pour le persuader de venir, de ne pas payer de loyer.
Thibault, qui voit là une véritable aubaine, accepte tout de suite. Un concurrent, M. Food, non
content, a fait savoir au maire qu’il allait contester cette décision.
Le maire peut-il agir de la sorte en signant directement un contrat avec Thibault et sans lui faire
payer de loyer ?
2A) le maire peut-il conclure un contrat d’occupation du domaine public pour l’exercice d’une
activité économique sans respecter aucune règle de publicité ou de mise en concurrence ?
Règles de droit : Il faut ici distinguer si l’occupation s’accompagne d’un contrat de la commande
publique (concession ou marché) répondant à un besoin de la personne publique ou s’il s’agit d’une
autorisation d’occupation du domaine public simple ou pure.
-Soit on considère qu’il y a occupation et commande publique : Ce qui ne me semble pas le cas ici.
Pas de réponse à un besoin précis et identifié de la commune. Dans ce cas, il faudrait faire
application du code de la commande publique qu’il y ait concession ou marché. La commune devrait
donc dans ce cas appliquer les règles de publicité et de mise en concurrence prévues par ce code
avant de conclure un marché ou une concession.
-Soit on considère qu’il n’y a pas occupation du domaine public et commande publique, car
l’occupation ne répond pas à un besoin de la personne publique et dans ce cas, la commune doit
faire application des dispositions de l’ordonnance du 19 avril 2017, désormais codifiées dans le
CG3P.
Rappel de la procédure de droit commun mentionnée à l’article L. 2122-1-1, alinéa 1 du CG3P :
« Sauf dispositions législatives contraires, lorsque le titre mentionné à l'article L. 2122-1 permet à
son titulaire d'occuper ou d'utiliser le domaine public en vue d'une exploitation économique,
l'autorité compétente organise librement une procédure de sélection préalable présentant toutes les
garanties d'impartialité et de transparence, et comportant des mesures de publicité permettant aux
candidats potentiels de se manifester. »
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1° Lorsque la délivrance du titre mentionné à l'article L. 2122-1 s'insère dans une opération donnant
lieu à une procédure présentant les mêmes caractéristiques que la procédure déterminée par le
premier alinéa de l'article L. 2122-1-1 ; (dérogation du « doublon » : par exemple les concessions de
plage)
2° Lorsque le titre d'occupation est conféré par un contrat de la commande publique ou que sa
délivrance s'inscrit dans le cadre d'un montage contractuel ayant, au préalable, donné lieu à une
procédure de sélection ; (dérogation de la commande publique)
4° Sans préjudice des dispositions figurant aux 1° à 5° de l'article L. 2122-1-3, lorsque le titre a pour
seul objet de prolonger une autorisation existante, sans que sa durée totale ne puisse excéder celle
prévue à l'article L. 2122-2 ou que cette prolongation excède la durée nécessaire au dénouement,
dans des conditions acceptables notamment d'un point de vue économique, des relations entre
l'occupant et l'autorité compétente ».
« L'article L. 2122-1-1 n'est pas non plus applicable lorsque l'organisation de la procédure qu'il
prévoit s'avère impossible ou non justifiée. L'autorité compétente peut ainsi délivrer le titre à
l'amiable, notamment dans les cas suivants :
1° Lorsqu'une seule personne est en droit d'occuper la dépendance du domaine public en cause ;
2° Lorsque le titre est délivré à une personne publique dont la gestion est soumise à la surveillance
directe de l'autorité compétente ou à une personne privée sur les activités de laquelle l'autorité
compétente est en mesure d'exercer un contrôle étroit ;(exception in house)
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Lorsqu'elle fait usage de la dérogation prévue au présent article, l'autorité compétente rend
publiques les considérations de droit et de fait l'ayant conduite à ne pas mettre en œuvre la
procédure prévue à l'article L. 2122-1-1 ».
Application au cas d’espèce :
Aucune des exceptions ne peut jouer ici. La procédure allégée ne peut pas davantage être retenue.
Par conséquent, la commune devra appliquer les règles de la procédure de droit commun, c’est-à-
dire prévoir une publicité préalable et des conditions de mise en concurrence des candidats avant de
délivrer ces autorisations. Elle ne peut donc délivrer une autorisation d’occupation du domaine
public directement à Thibault
Question 2 B : Un occupant du domaine public doit il payer une redevance d’occupation du domaine
public ou peut-il en être dispensé ?
Sur la qualification de l’occupation et une définition : Il faut d’abord qualifier l’occupation : ici il s’agit
d’une occupation privative et non collective. Il s’agit, en effet, d’un usage privatif de ce domaine
public, excédant le droit d'usage appartenant à tous.
Or, en cas d’occupation privative, l’occupant doit payer une redevance d’occupation du domaine
public :
Les règles de droit
Rappel du principe : L’article L. 2125-1 du CG3P pose ce principe du paiement d’une redevance ainsi
que les exceptions à ce principe : « Toute occupation ou utilisation du domaine public d'une
personne publique mentionnée à l'article L. 1 donne lieu au paiement d'une redevance sauf lorsque
l'occupation ou l'utilisation concerne l'installation par l'Etat des équipements visant à améliorer la
sécurité routière ou nécessaires à la liquidation et au constat des irrégularités de paiement de toute
taxe perçue au titre de l'usage du domaine public routier ».
Sur les exceptions : « Par dérogation aux dispositions de l'alinéa précédent, l'autorisation
d'occupation ou d'utilisation du domaine public peut être délivrée gratuitement :
3° Soit lorsque l'occupation ou l'utilisation contribue directement à assurer l'exercice des missions
des services de l'Etat chargés de la paix, de la sécurité et de l'ordre publics ou du contrôle aux
frontières dans les aéroports, les ports et les gares ;
4° Soit lorsque l'occupation ou l'utilisation permet l'exécution de travaux relatifs à une infrastructure
de transport public ferroviaire ou guidé.
Lorsque l'occupation du domaine public est autorisée par un contrat de la commande publique ou
qu'un titre d'occupation est nécessaire à l'exécution d'un tel contrat, les modalités de détermination
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3) Dans le cadre de son projet de rénovation, le maire voudrait acheter un vieux bâtiment,
appartenant au département, qui était autrefois affecté au service public de l’aide sociale mais qui
est aujourd’hui hors d’usage. Il souhaiterait en effet le rénover et en faire une garderie pour enfants.
De cette manière, les habitants de la commune ou ceux qui y travaillent pourraient bénéficier d’un
lieu de garde pour leurs enfants, situé sur le chemin du travail.
Le Président du conseil départemental, très favorable à cette vente, dans la mesure où ce bâtiment
ne sert plus, lui propose de lui vendre à un euro symbolique.
Ravi que les choses se passent aussi bien, le maire vous consulte pour connaitre les conditions dans
lesquelles cette vente peut avoir lieu ?
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Le principe d’incessibilité à vil prix ne joue pas entre deux personnes publiques lorsque le bien va
rentrer dans le domaine public de l’autre personne publique
Application au cas d’espèce : donc la vente peut avoir lieu à un euro symbolique
4) Par ailleurs, quelques jours plus tard, le maire apprend que François a tagué l’abribus pour épater
Pénélope. Il a été pris sur le fait par un agent de police. Or, cet étudiant est le fils du maire adjoint,
chargé de la jeunesse.