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Groupes du Jeudi : La rationalité juridique de la distinction domaine public domaine privé

de l’Etat?

La rationalité est le caractère de ce qui est rationnel, logique, ce qui repose sur une bonne
méthode, ce qui est conforme à la raison.
Synonymes : logique, raisonnement, raison, déduction, démonstration.
Problématique : La distinction « domaine public domaine privé » de l’Etat est-elle fondée
sur une logique juridique?

I. Une distinction juridiquement justifiée


A. Des finalités différentes
Le juge constitutionnel malgache dans sa Décision n°01-HCC/D2 exception
d’inconstitutionnalité du 17 juillet 2019 François Roberto MAHAGAGA et
consorts a rappelé que « (…) les biens ou propriétés publics constituent une
unité au regard du droit constitutionnel, un ensemble juridique qui, selon les
moments et les affectations qui leur sont données ou encore selon le choix
du législateur, se distribuent en biens du domaine public ou du domaine
privé ; que la domanialité publique et la domanialité privée constituent des
régimes fonctionnels, s’appliquant aux propriétés publiques, et non pas par
elles-mêmes, des formes de propriété »
1. Le domaine public obéit à une finalité d’intérêt général
- Service public
- Principe de gratuité, d’égalité et utilisations collectives;
- Un domaine improductif
2. Le domaine privé vise un intérêt patrimonial
- Rentabilité
- L’Etat gère ses biens comme un particulier
- L’Etat peut louer et céder les biens du domaine privé
B. Des régimes juridiques différents
Le but poursuivi par chaque domaine étant clairement différent, a priori, de
l’autre, par conséquent leur régime juridique demeure différent. Le domaine
public de l’Etat reste soumis à un régime exorbitant du fait de la finalité qu’il
poursuit. Le domaine privé quant à lui ne bénéficie pas d’un tel régime. La
Haute Cour constitutionnelle considère, à cet effet, que « (…) le législateur
impose à l’administration de gérer son domaine privé à la manière d’un
propriétaire privé (…); qu’en conséquence un avis de décision se rapportant
à une cession de terre n’est pas une décision administrative dans laquelle
l’administration exerce ses prérogatives de puissance publique et ne l’oblige
pas à motiver toute décision individuelle défavorable ». (Décision n°01-
HCC/D2 exception d’inconstitutionnalité du 17 juillet 2019 François
Roberto MAHAGAGA)
1. L’application du droit public au domaine public
- Application du droit administratif
- compétence de la juridiction administrative
- le domaine public est protégé par les principes d’inaliénabilité et
d’imprescriptibilité
- Règles exorbitantes de droit commun : exemple (CS 10 février
2011Mme Deribe née Ndella Wade c / Etat du Sénégal : il ressort des
articles 11 et 13 du code du domaine de l’État que l’autorisation
d’occuper le domaine public est un titre précaire et révocable que

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l’autorité administrative peut, à tout moment, remettre en cause pour
un motif légitime »

En France l’article L2331-du CG3P dispose que « sont portés devant la


juridiction administrative les litiges relatifs (…) aux autorisations ou
contrats comportant occupation du domaine public, quelle que soit leur
forme ou leur dénomination, accordées ou conclus par les personnes
publiques ou leurs concessionnaires (… »).
2. L’application du droit privé au domaine privé
- Application du droit privé
- Compétence du juge judiciaire
- Tribunal des Conflits, 20 février 2008 Verrière « les litiges relatifs à
l'application de la convention du 22 juillet 1998, qui porte sur un
immeuble appartenant au domaine privé de la communauté urbaine et
qui ne contient aucune clause exorbitante du droit commun, relèvent de
la compétence des juridictions de l'ordre judiciaire ».
- Tribunal des Conflits 22 novembre 2010 Brasserie du théâtre «
Considérant que la contestation par une personne privée de l'acte,
délibération ou décision du maire, par lequel une commune ou son
représentant, gestionnaire du domaine privé, initie avec cette personne,
conduit ou termine une relation contractuelle, quelle qu'en soit la
forme, dont l'objet est la valorisation ou la protection de ce domaine et
qui n'affecte ni son périmètre ni sa consistance, ne met en cause que des
rapports de droit privé et relève, à ce titre, de la compétence du juge
judiciaire ; qu'il en va de même de la contestation concernant des actes
s'inscrivant dans un rapport de voisinage ».
II. Une distinction juridiquement contestée
A. La contestation de l’opposition des finalités
1. La finalité économique du domaine public
- Introduction de la rentabilité dans la gestion du domaine public
- Le domaine public devient productif
- Des autorisations d’occuper, conclusion de contrats qui donnent droit
au paiement de redevances
2. Le domaine privé siège de l’intérêt général
- Le domaine privé sert à satisfaire l’intérêt général (construction d’école
et d’hôpitaux sur le domaine privé)
- Le domaine privé immobilier affecté est occupé par les services de
l’Etat pour les permettre de fonctionner
- Les ressources tirées de l’exploitation et de la vente des biens du
domaine privé sont versées dans les caisses de l’Etat pour couvrir des
charges publiques
B. La contestation de l’opposition des régimes juridiques
1. Les actes de gestion du domaine privé sont des actes administratifs
- Art 56 du CDE : « les actes intéressant le domaine de l’Etat [y compris
le domaine privé] sont dressés par le service des domaines. Ces actes
sont des actes administratifs authentiques ».
2. Régime de protection
a. Le renforcement de la protection du domaine privé
- L’insaisissabilité du domaine de l’Etat, en sus du domaine public,
concerne le domaine privé aussi.

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- L’incessibilité à vil prix du domaine privé permet une protection du
domaine privé
b. Amoindrissement de la rigidité de la protection du domaine public
- Constitution de droits réels sur le domaine public
- Servitude conventionnelle sur le domaine public (compatible avec
l’affectation)

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Groupes du Vendredi : Service public et domaine privé de l’Etat.

La distinction entre domaine privé et domaine public, entre ce que certains appellent
patrimoine financier et patrimoine administratif
Un service public est une activité exercée directement par l'autorité
publique (Etat, collectivité territoriale ou locale) ou sous son contrôle, dans le but de satisfaire
un besoin d'intérêt général.
Par extension, le service public désigne aussi l'organisme qui a en charge la réalisation de ce
service. Il peut être une administration, une collectivité locale, un établissement public ou une
entreprise du droit privé qui s'est vu confier une mission de service public.

Problématique : Le domaine privé de l’Etat poursuit-il une mission de service public?


I. L’incompatibilité principielle entre service public et domaine privé de l’Etat
A. Au Regard de la finalité du domaine privé de l’Etat
1. Le service public est synonyme d’un intérêt général
(Revoir Cours droit administratif général 2e année)
2. Le domaine privé remplit une finalité patrimoniale
- Rentabilité
- L’Etat gère ses biens comme un particulier
- L’Etat peut louer et céder les biens du domaine privé
B. Au regard du régime juridique applicable au domaine privé
1. L’application du droit public aux activités de service public
(Revoir les aspects du cours du droit administratif général)
2. L’application du droit privé au domaine privé de l’Etat
- Tribunal des Conflits, 20 février 2008 Verrière « les litiges relatifs à
l'application de la convention du 22 juillet 1998, qui porte sur un immeuble
appartenant au domaine privé de la communauté urbaine et qui ne contient
aucune clause exorbitante du droit commun, relèvent de la compétence des
juridictions de l'ordre judiciaire »
- Tribunal des Conflits 22 novembre 2010 Brasserie du théâtre «
Considérant que l'acte par lequel le maire a refusé à la société Brasserie du
Théâtre le renouvellement d'un titre d'occupation consenti par une
convention ne comportant aucune clause exorbitante, n'est pas détachable
de la gestion du domaine privé et relève de la compétence du juge
judiciaire ».

II. Une corrélation entre service public et domaine privé de l’Etat


A. La finalité d’intérêt général du domaine privé (la corrélation
fonctionnelle)
1. Un support pour les missions de l’Etat
-L’intérêt général n’est jamais absent, même lorsqu’il s’agit de
domaine privé. Le domaine privé sert à satisfaire l’intérêt
général (construction d’école et d’hôpitaux sur le domaine privé).
-Le domaine privé immobilier affecté est occupé par les services de
l’Etat pour les permettre de fonctionner.
-L’exposé des motifs de la loi 76-66 du 02 juillet 1976 portant code
du domaine de l’Etat assigne au domaine privé une finalité d’intérêt
général.
2. Le domaine privé, source de revenus pour l’Etat

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Les ressources tirées de l’exploitation et de la vente des biens du
domaine privé sont versées dans les caisses de l’Etat pour couvrir
des charges publiques

B. L’application variée du droit public au domaine privé de l’Etat


1. Une application incontestée du droit public au Sénégal
- Les actes de gestion du domaine privé sont des actes administratifs
Art 56 du CDE : « les actes [unilatéraux comme bilatéraux]
intéressant le domaine de l’Etat [y compris le domaine privé] sont
dressés par le service des domaines. Ces actes sont des actes
administratifs authentiques ».
- Illustration : CS 14 février 2019 Mor Niang c/ Etat du Sénégal : Au
sens de l’article 24 du décret portant application du code du domaine
de l’État, l’approbation d’un acte de cession d’un terrain du domaine
privé de l’État relève des compétences du ministre de l’Économie et des
Finances ».
2. Une application déduite en France
- Tribunal des Conflits, 20 février 2008 Verrière « les litiges relatifs à
l'application de la convention du 22 juillet 1998, qui porte sur un
immeuble appartenant au domaine privé de la communauté urbaine et
qui ne contient aucune clause exorbitante du droit commun,
relèvent de la compétence des juridictions de l'ordre judiciaire »
- Tribunal des Conflits 22 novembre 2010 Brasserie du théâtre
« Considérant que l'acte par lequel le maire a refusé à la société
Brasserie du Théâtre le renouvellement d'un titre d'occupation consenti
par une convention ne comportant aucune clause exorbitante, n'est
pas détachable de la gestion du domaine privé et relève de la
compétence du juge judiciaire ».
- Conséquences : les exceptions soulevées dans les deux décisions
citées présagent d’une possible application du droit administratif
au domaine privé au cas où elles intègrent bien le périmètre
circonscrit par le juge (clauses exorbitantes de droit commun,
détachabilité).

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