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UAHB – ANNÉE ACADÉMIQUE 2021/2022 SJP – LICENCE 3 DROIT PUBLIC

Cour magistral :
Dr Ibrahima DIOUF
Travaux Dirigés : Droit administratif des biens Travaux dirigés Séance 3
Dr Ferdinand Diène
FAYE

THEME : L’UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC

I – NOTE INTRODUCTIVE :
Le domaine public fait l’objet de diverses utilisations dont les modalités dépendent du caractère des dépendances
domaniales. L’on distingue ainsi les dépendances domaniales affectées aux services publics, et les dépendances
affectées à l’usage du public qui peuvent faire l’objet de deux types d’utilisation :

Les utilisations communes ou collectives : Ce sont celles effectuées par le public ou par des catégories de
personnes objectivement déterminées (circulation et stationnement des piétons et de véhicules sur les voie
publiques) ;
Les utilisations privatives : Sont celles effectuées par des particuliers ou personnes bien déterminées sur la base
d’un titre délivré par l’administration qui leur procure des droits sur une portion du domaine. Ces utilisations sont
précaires, c’est-à-dire peuvent être modifiées ou supprimées à tout moment.

II - BIBLIOGRAPHIE

A/ - Ouvrages et thèses
- R. CHAPUS, « Droit administratif général », T.II, 14e ed., Montchrestien 2000.
- M. CAVERIVIERE et M. DEBENE, « Le droit foncier sénégalais », Paris, Berger-Levrault, 1988.
- J.F. DENOYER, « L’exploitation du domaine public », Paris, LGDJ, 1969.
- C. KLEIN, « La police du domaine public », Paris, LGDJ, 1969.
- G. SAVENE, « Gestion du patrimoine immobilier des communes », Paris, Berger-Levrault, 1979.
- C. BRECHON – MOULENES, « Une technique juridique explosive : l’autorisation conventionnelle
d’occupation du domaine public » Mélanges Burdeau, LGDJ, 1977, p.753.
- P. YOLKA, « La propriété publique, éléments pour une théorie », LGDJ, 1997

B/ - Articles
- J.M. AUBY, « Les contrats comportant occupation du domaine public », D 1953, Chr. 99.
- Y. BRARD, « Redevance pour occupation du domaine public : certitudes et incertitudes de la jurisprudence »
D. 1999, Chron, p.19.
- A. DE LAUBADERE, « Domanialité publique, propriété et affectation », R.D.P. 1950.
- D. BEAUREGARD – O. De BERTHIER, « Domaine public et droits réels ». Commentaire de la loi n° 34-631
du 25 juillet 1994, complétant le Code du domaine de l’Etat et relative à la Constitution de droits rées sur le
domaine public », JCP 1995, éd. G, I, n°3812.
- J. DUFAU, “Le régime du stationnement des automobiles dans les agglomérations” , AJDA, 1976, p.759.
- A. FOURNIER et H. JACQUOT, « Un nouveau statut les occupants du domaine public », AJDA, 1994, p.759.
- Y. GAUDEMET, « La gratuité du domaine public », Mél. PM GAUDEMET, p. 1023.
- Y. GAUDEMET, « L’occupant privatif du domaine public à l’épreuve de la loi », in Mélanges Braibant, Paris,
Dalloz, 1992.
- De CARREAU, « Concessionnaire de service et travaux réalisés sur le domaine public » AJDA, 1966, p.278.
- Ch. LAVIALLE, « Délégation de service public et domanialité publique », DA 1998, Chr. p. 4.
- Ch. LAVIALLE, « L’occupation sans titre du domaine public », AJDA, 1981, p.563.
- J. ASTIMA, « Contrats comportant occupation du domaine public et problèmes de compétence », JCP 1957, I.
1390
- Ch. ROUSSEAU, « Le régime juridique de la circulation », RDP 1932
- C. TEITGEN-COLLY, « Le principe de gratuité de la circulation », RDP 1982 p. 1081
- P. LEBRETON, « Les occupations du domaine public maritime », AJ., 1978, p.618.
- L. TROTABAS, « De l’utilisation du domaine public par les particuliers » D. 1924.
- J. M. AUBY, « La réglementation administrative du stationnement des véhicules automobiles sur les voies
publiques », D 1962, Chron. P.83.
- G. GONZALEZ, « Domaine public et droit de la concurrence, AJ. 1999, p.387.

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III/ EXERCICE : Traitez le sujet suivant.

Sujet : La précarité de l’occupation privative du domaine public.

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DOCUMENT N° 1
E. FANTOME, Le pouvoir de réglementer le domaine affecté à l’usage de tous, Thèse, Caen 1972 (extrait)

Affecter un bien, c’est lui conférer une certaine destination : usage général du public, satisfaction d’un
besoin d’intérêt général, bon fonctionnement d’un service public...
Pour que cette destination soit réalisée, l’affectation doit pouvoir faire en sorte que rien dans l’utilisation
du bien ne vienne y faire obstacle. Il faut donc qu’il soit en mesure d’interdire certaines formes d’usages, d’en
soumettre à certaines restrictions, etc.
Aussi toute affectation emporte-t-elle logiquement attribution au bénéfice de l’affectataire d’un pouvoir
de réglementation de l’usage.
La situation à cet égard, est en somme très comparable à celle que l’on rencontre en matière de service
public : de même que l’acte qui crée un service public a nécessairement pour conséquence de conférer à l’autorité
chargée de sa gestion le droit de prendre toutes les mesures nécessaires à son bon fonctionnement, de même l’acte
qui affecte un bien à tel ou tel usage confère-t-il à l’autorité chargée de veiller à la réalisation de cette destination
la compétence indéniable et imprescriptible de prendre toutes les mesures que commande la chose conformément
à sa destination.
Impliquée par l’idée même d’affectation, ce pouvoir de réglementation de l’usage des biens affectés au
public peut toutefois se trouver « masqué » par un autre pouvoir. Il suffit pour qu’il en soit ainsi que l’autorité
chargée de la mettre en œuvre ait la possibilité d’édicter à un autre titre des mesures qui bien que n’ayant pas
directement pour but la réalisation de l’affectation d’une dépendance domaniale, suffisent en réalité à l’assurer.
Et, c’est de ce fait, ce qui s’est produit avec les biens dits affectés à l’usage du public aussi longtemps que le
Conseil d’Etat a vu dans ces biens des biens affectés à l’usage général et indéterminé du public.
En effet, ainsi comprise se trouve réalisé du seul fait que le libre accès du public sur le bien est assuré. Or, étant
donné que le maintien de l’ordre public sur un bien suffit à en assurer le libre accès et que dans la quasi-totalité
des hypothèses, l’autorité chargée de veiller à la réalisation de l’affectation du bien est en même temps l’autorité
qui est chargée d’y maintenir le bon ordre, il est inévitable que se produise un phénomène d’occultation du pouvoir
de gestion fondée sur l’idée d’affectation par le pouvoir de police.
Mais cette conception première des biens affectés à l’usage du public a aujourd’hui disparue. Désormais,
pour le Conseil d’Etat, ces biens ne constituent plus des biens affectés à l’usage général et indéterminé du public,
mais des biens que l’administration met à la disposition du public pour lui permettre de satisfaire certains de ses
besoins.
Or, une affectation ainsi entendue n’est en réalité plus réalisée du seul fait que le libre accès du bien est assuré.
Elle ne l’est qu’à la condition que le besoin, dont elle a pour but de permettre la satisfaction, soit effectivement
satisfait.
Normalement, le phénomène d’occultation du pouvoir de gestion fondée sur l’affectation par le pouvoir
de police ne doit plus se produire. Il n y a plus coïncidence totale entre le champ d’application des deux pouvoirs.
On doit donc admettre que toutes les mesures qui réglementent des usages normaux et qui ont manifesté pour but
la meilleure satisfaction des besoins auxquels sont affectées les parcelles domaniales par ces usages sont des
mesures que l’administration a édictées au titre de ce pouvoir de gestion. Et cela est de toute évidence le cas pour
la plupart des mesures dont nous avons eu l’occasion de souligner qu’elles étaient inexplicables à l’aide du seul
pouvoir de police, que ce soit celles qui imposent à des chauffeurs de taxi et à des entrepreneurs de transport en
commun l’obligation de respecter une certaine continuité dans le service public, des tarifs minima, des horaires,
etc., ou encore, en matière cette fois, de foires et marchés, celles qui sont édictées pour assurer leur bon
fonctionnement ou qui décident de la répartition des emplacements entre marchands forains se fera en fonction de
la qualité des attractions.
…………………..
DOCUMENT 2 : PH. GODFRIN, Droit administratif des biens p.97 (extraits)

A la différence des utilisations collectives, les utilisations privatives supposent l’occupation exclusive ou
privilégiée d’une dépendance domaniale. L’occupation privative s’oppose à d’autres utilisations collectives ou
privatives ou tout au moins les gênes. On présente fréquemment les utilisations privatives comme normales,
puisque contraire à l’affectation du domaine public. Cela nous paraît être une mauvaise approche du problème en
réalité, les utilisations privatives ne sont pas nécessairement anormales.

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1. Certaines sont conformes à la destination du domaine, soit qu’on ne puisse utiliser une dépendance que
privativement, soit que le domaine puisse faire l’objet de plusieurs utilisations privatives toutes conformes à la
destination. Ainsi, sur le domaine public maritime, il appartiendra aux schémas de mise en valeur de la mer,
institués par la loi du 7 mars 1983, de déterminer la destination domaniale de tel ou tel secteur du littoral de manière
à concilier entre elles les différentes utilisations privatives.
2. Certaines utilisations privatives, bien que n'étant pas conformes à l'affectation du domaine, peuvent être utiles au
public, principal utilisateur de la dépendance : par exemple, les postes de distribution d'essence.
3. Les utilisations privatives ne doivent pas gêner l'utilisation principale du domaine ; elles doivent être au moins
compatibles avec celle-ci. On ne peut qualifier d'anormale une utilisation compatible. Au cas où elle ne serait pas ou
plus compatible, elle devrait être retirée.
Enfin, d'une manière un peu paradoxe peut-être, on ressuscite actuellement la conception ancienne du
domaine. Longtemps, sous l'Ancien Régime, le domaine de la couronne fut la source principale des revenues de l'Etat.
Après la révolution, les premières théories sur la domanialité publique mirent l'accent sur la nature particulière des
biens composant le domaine : ceux-ci ne sauraient être l'objet d'un droit de propriété et leur utilisation ne saurait être
que gratuite. Ces conceptions sont aujourd'hui abandonnées ; considère, au contraire, de plus en plus, que le domaine
public constitue une source de richesses, qu'il présente un intérêt économique et doit être bien géré. Les utilisations
privatives, chaque fois qu'elles sont compatibles avec l'utilisation principale, sont normales et doivent même être
encouragées, dans la mesure où elles sont source de revenus pour la collectivité propriétaire.
Les utilisations privatives étant à l'origine d'avantages importants pour leurs bénéficiaires, donnent lieu à
rémunération du propriétaire du domaine ; c'est la loi du 20 décembre 1872 qui institua pour la première fois des
redevances pour occupation du domaine public maritime ; la loi du 20 juillet 1881 étendit cette possibilité à l'ensemble
du domaine fluvial et terrestre.
…………………….
DOCUMENT N° 3 : Loi n° 76-66 du 2 juillet 1976 portant Code du domaine de l’Etat
(extrait)
TITRE II : GESTION - DECLASSEMENT - SANCTIONS
Article 10.- L'Etat assure la gestion du domaine public naturel. Il gère les dépendances du domaine public artificiel
qui n'ont pas fait l'objet d'un transfert de gestion au profit d'une autre personne morale publique, d'un
concessionnaire de service public ou d'un organisme visé à l'article 11 de la loi n° 64-46 du 17 juin 1964 relative
au domaine national.
Article 11.- Le domaine public peut faire l'objet de permissions de voirie, d'autorisation d'occuper, de concessions
et d'autorisations d'exploitation donnant lieu, sauf dans les cas prévus à l'article 18 ci-après, au paiement de
redevances.
Article 12.- Les permissions de voirie sont délivrées à titre personnel, essentiellement précaire et révocable. Elles
n'autorisent que des installations légères démontables ou mobiles, n'emportant pas emprise importante du domaine
public ou modification de son assiette. Leur retrait ne donne lieu au paiement d'aucune indemnité.
Article 13.- Les autorisations d'occuper le domaine public naturel ou artificiel sont accordées à titre personnel,
précaire et révocable. L'acte accordant l'autorisation précise les conditions d'utilisation de la dépendance du
domaine public qui en fait l'objet. L'autorisation peut être retirée à tout moment sans indemnité.
Article 14.- Le permissionnaire ou le bénéficiaire de l'autorisation d'occuper peut, à tout moment, renoncer au
permis ou à l'autorisation qui lui a été accordée moyennant le paiement des redevances échues et en délaissant
l'immeuble dans l'état où il se trouve si la remise en état des lieux ne lui est pas imposée. Si la remise en état des
lieux est imposée, l'Etat peut, en cas de carence du permissionnaire ou du bénéficiaire de l'autorisation, exécuter
les travaux nécessaires aux frais de celui-ci. Le recouvrement de ces frais est poursuivi contre le permissionnaire
ou le bénéficiaire de l'autorisation comme en matière d'enregistrement.
Article 15.- Les autorisations d'occuper nécessitées par les exploitations de mines et de carrières sont accordées
dans les formes et conditions prévues par la réglementation fixant le régime des substances minérales et des
hydrocarbures.
Article 16.- Les concessions et autorisations d'exploitation sont accordées de gré à gré ou par adjudication pour
une durée déterminée ou non, aux clauses et conditions fixées dans chaque cas. Elles sont réservées aux
installations ayant un caractère d'intérêt général.
Article l7.- La redevance pour occupation et concession ou autorisation d'exploitation est fixée en tenant compte
des avantages de toute nature procurés au permissionnaire, bénéficiaire de l'autorisation ou concessionnaire et des
charges qui lui sont imposées. Elle est révisable chaque année.
Article 18.- Les autorisations d'occuper et les concessions ou autorisations d'exploitation du domaine public
peuvent être accordées à titre gratuit lorsqu'elles revêtent un caractère prédominant d'utilité publique ou d'intérêt
économique ou social et sous réserve qu'elles ne constituent pas pour le bénéficiaire une source directe ou indirecte
de profits.

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DOCUMENT N° 4 : J.-M.- Auby, P. Bon, J.-B.- Auby et Ph. Terneyre, Droit administratif des biens, 7ème
éd., Dalloz, 2016, (extrait)

Modes d'utilisation du domaine public ◊


La panoplie des modes d'utilisation du domaine public varie selon la nature des dépendances domaniales en cause.
Les dépendances domaniales affectées aux services publics font l'objet d'une utilisation exclusive par le service
affectataire sur la base d'un acte unilatéral ou contractuel d'affectation.
Les dépendances domaniales affectées à l'usage du public sont susceptibles de faire l'objet de deux catégories
d'utilisations.
Les utilisations communes ou collectives sont celles effectuées par le public en général ou par des catégories de
personnes objectivement déterminées (utilisation de voies publiques par les piétons ou les automobilistes) (v. ss
155).
Les utilisations privatives sont effectuées par des personnes individuellement déterminées, sur la base d'un titre
délivré par l'administration qui leur confère certains droits exclusifs sur une portion du domaine
539. Ces deux types d'utilisation ne sont en général pas difficiles à distinguer, mais il y a tout de même des
hypothèses dans lesquelles l'hésitation est permise. Un bon exemple en a été donné par une pratique développée
récemment par des communes, consistant à faire payer une redevance d'occupation du domaine à certains
commerces ouverts sur la voie publique et devant lesquels les clients s'agglomèrent ou aux banques dont les
distributeurs de billets ont le même genre d'effets. La jurisprudence a dû consentir à l'idée selon laquelle les
commerçants et les banques, dans le cas d'espèce, n'étaient pas en situation d'utilisation privative du domaine –
leurs clients, quant à eux, étant clairement dans une position d'utilisation collective
Principes généraux régissant l'utilisation du domaine public ◊
Deux principes essentiels sont considérés traditionnellement comme régissant dans tous les cas l'utilisation du
domaine public.
D'une part, les utilisations doivent être conformes à l'affectation du domaine et ne pas compromettre sa
conservation. Ce principe est aujourd'hui affirmé par l'article L. 2121-1 du CGPPP, qui dispose : « Les biens du
domaine public sont utilisés conformément à leur affectation à l'utilité publique. Aucun droit d'aucune nature ne
peut être consenti s'il fait obstacle au respect de cette affectation ».
D'autre part, les utilisations ne doivent pas entraver le droit qu'a l'administration de déterminer et de modifier
l'affectation du domaine. Ce principe affecte aussi bien les utilisations privatives que les utilisations communes.
Les utilisations communes ou collectives fondées sur des règles générales, peuvent voir leurs conditions modifiées.
Les utilisations privatives, même fondées sur un titre juridique particulier, sont soumises à un principe de précarité
: elles peuvent être toujours modifiées ou supprimées. Toutes les utilisations, précise l'article L. 2122-2 du CGPPP,
doivent conserver un caractère temporaire.

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