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OUVRIR
Le cours de droit administratif des biens est au cours de droit administratif général
ce que le droit civil des biens est au droit privé. Il en constitue une part essentielle, que
structurent quelques principes forts qui ont largement contribué à la construction de
l’État depuis le début du XIXe siècle, à l’unification du territoire national, à sa défense
et à son aménagement, nécessaires à la cohésion sociale.
Les autres !ches de cours :
Certes, ces principes varient selon que l’on s’intéresse au droit de la propriété
publique (le droit des domaines privé et public de l’administration, au droit de
l’expropriation pour cause d’utilité publique ou encore à celui des travaux publics. Mais
dans tous ces domaines, on retrouve la conciliation entre les exigences de intérêt
général et la protection des droits des personnes privées.Voici le plan du cours de
droit administratif des biens :
En admettant un tel droit de propriété, cela signifie-t-il qu’il est exactement le même
que celui qu’a une personne privée sur un de ses biens ? Si l’Etat (au sens large) a les
mêmes prérogatives que les propriétaires privés, cela a un enjeu considérable,
puisque beaucoup de biens publics sont affectés à un service public.
Conseils bibliographiques :
Annonce diffusée
De Laubadère, En!n par
au Gabon
Domanialité publique, propriété administrative et affectation, RDP
gmcmarket.store
1950,Options
p.5 relatives aux annonces
Delvolve, Droit de propriété et droit public, Mélanges Braibant 1996, p.149
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Bioy, La propriété éminente de l’Etat, RFDA 2006, p.963
Philippe Yolka, Personnalité publique et patrimoine, Litec, Colloque de l’AFDA,
novembre 2007
Droit privé
= patrimoine
Juge judiciaire
Biens
(meubles ou
immeubles) Droit
public
Domaine public
= domaine Droit
privé
Domaine privé
Juge
judiciaire
Le domaine n’est pas unique car différents régimes s’appliquent aux différents
biens des personnes morales de droit public.
Ce n’est que depuis le début du XX ème siècle que l’on admet que les
personnes publiques soient propriétaires de leurs biens.
Par la suite, elle a été consacrée par l’édit de Moulins de 1566, selon lequel
«les biens du domaine de la couronne sont indisponibles». En conséquence, qu’est-ce
qui unit le souverain à ces biens du domaine de la couronne ? Son obligation de garde
et d’entretien.
Les Révolutionnaires vont être les premiers à adopter un Code domanial : ils ont voulu
y marquer le fait que les biens publics doivent être gérés par des règles intangibles
fixées dans un code.
Au XIX ème siècle, la seule idée que l’on conçoit est qu’il y a des biens publics
qui ne peuvent faire l’objet d’une appropriation quelle qu’elle soit.
C’est Victor Proudhon qui, en 1834, va publier l’ouvrage Traité du domaine de l’Etat. Il
est le premier à proposer une distinction au sein du domaine des biens publics. Il
souligne que l’inaliénabilité dont il était question concernait une unité de biens publics,
mais il va affirmer qu’il faut distinguer le domaine public et le domaine privé. Cette
distinction est fondée sur l’idée selon laquelle le domaine public correspond à
l’ensemble des biens publics qui sont affectés à l’usage de tous, et selon laquelle le
domaine privé correspond à l’ensemble des biens publics qui ne sont pas affectés à
l’usage direct du public.
Selon lui, l’Etat a bien un droit de propriété sur son domaine privé ; en revanche, il est
vrai qu’il n’a pas de droit de propriété sur le domaine public.
1. A) L’évolution de la doctrine
selon lui, il est faux de dire que l’Etat n’a ni l’usus, ni l’abusus, ni le fructus sur le
domaine public ;
selon lui, un bien n’est pas figé dans le domaine public ou dans le domaine privé,
sinon, cela voudrait dire qu’un bien pourrait d’un jour à l’autre changer le fait que
l’Etat soit propriétaire ou non ;
quand l’Etat autorise une personne privée à occuper une partie du domaine public,
on va considérer que la personne privée qui reçoit cette autorisation se voit
conférer certains droits réels ; en conséquence, si la personne publique transfère
des droits réels à une personne privée, c’est bien qu’elle les détenait elle-même,
or, le droit réel par excellence est le droit de propriété ;
il va constater que dans la jurisprudence administrative, il y a de nombreux cas où
le Conseil d’Etat fait application au domaine public de règles du Code civil
relatives à la propriété (par exemple, le Conseil d’Etat a toujours fait application
au domaine public de la théorie de l’accession inscrite à l’article 552 du Code
civil, comme on peut le voir dans l’arrêt du Conseil d’Etat du 7 mai 1931
Compagnie nouvelle des chalets de commodité) ;
il va dire que la doctrine n’envisage que le droit de propriété présent dans le Code
civil et applicable aux personnes privées ; il va dire que ce n’est pas parce que le
Code civil prévoit un régime de la propriété qu’il n’en existe qu’un seul, il y en a
peut-être deux ; l’Etat peut donc être propriétaire, certes de façon différente que
les personnes privées sont propriétaires de leur patrimoine, de son domaine
public.
1. B) La reconnaissance de la jurisprudence
1. Le Conseil d’Etat
Dans l’arrêt du 16 juillet 1909 Ville de Paris, le Conseil d’Etat avait utilisé
l’expression «l’Etat est propriétaire de son domaine public», mais l’arrêt ne portait pas
sur cette question.
2. Le Conseil constitutionnel
Le fondement du droit de propriété des personnes publiques est le même que celui
des personnes privées : l’article 17 de la DDHC est le fondement juridique de la
propriété en règle générale.
Avant 2006, il y avait un code appelé Code du domaine de l’Etat, qui n’était
pas fonctionnel dans la mesure où il existe d’autres personnes publiques que l’Etat.
Ainsi, en matière du domaine des collectivités territoriales, il fallait aller consulter le
Code général des collectivités territoriales. Les règles relatives au domaine étaient
éclatées entre plusieurs codes qui parfois étaient contradictoires.
Par ailleurs, la structure du Code se divise en trois titres : l’acquisition des biens, la
gestion des biens et la cession des biens.
le principe d’insaisissabilité,
le principe d’interdiction de cession à vil prix.
Ces deux principes s’appliquent à tous les biens publics, qu’ils appartiennent
au domaine privé ou au domaine public.
Conseils bibliographiques
C’est un principe extrêmement ancien, même s’il n’y avait aucun texte qui le
consacrait. C’est le Code général de la propriété des personnes publiques qui, le
premier, a consacré textuellement ce principe, il est venu combler un silence dans son
article L.2311-1, et consacre le fait que tous les biens publics sont insaisissables.
La Cour de cassation énonce que «s’agissant des biens appartenant à des personnes
publiques, même exerçant une activité industrielle et commerciale, le principe de
l’insaisissabilité de ces biens ne permet pas de recourir aux voies d’exécution de droit
privé». Cela signifie que les biens d’une personne publique ne peuvent pas faire l’objet
de voies d’exécution forcée à leur encontre, et notamment d’une saisie immobilière
ordonnée par le juge judiciaire. La raison de ce principe relève d’une question de
protection des biens publics.
Le Conseil d’Etat lui-même n’a jamais eu l’occasion de consacrer aussi explicitement
ce principe. On trouve à peine une décision du Tribunal des conflits rappelant la
décision de la Cour de cassation du 19 mars 2007 Madame Madi.
Les personnes publiques ont des biens, comme des terrains, et celles-ci peuvent
vouloir y édifier un ouvrage public. La solution la plus simple serait de commander un
marché public, mais les personnes publiques n’ont pas toujours les moyens de
financer ces ouvrages publics. Que faire ?
Il existe des systèmes contractuels, dont un qui permet à la personne publique de faire
appel à une personne privée, mais elle ne déboursera pas d’argent, c’est la personne
privée qui financera les travaux (l’avantage qu’elle y aura sera d’en être locataire
pendant vingt-vingt cinq ans). La personne publique ne devra payer que la location, et
à l’échéance du bail, elle en deviendra propriétaire.
L’entreprise privée, pour financer ce projet, va aller voir la banque. Mais celle-ci va
exiger des garanties, même si elle trouve l’ouvrage rentable, et pourrait vouloir faire
une hypothèque. La personne privée ne peut donner aucune garantie à la banque en
raison de l’insaisissabilité des biens publics : en effet, cela empêche des investisseurs
privés d’obtenir des financements afin de réaliser des constructions sur des
dépendances publiques.
Les personnes publiques n’ont pas le droit de céder leurs biens en dessous de
leur valeur réelle. De toute façon, on ne peut pas vendre le domaine public.
Le Conseil d’Etat a eu une interprétation beaucoup plus souple pour concilier les deux
principes. C’est l’arrêt de section du Conseil d’Etat du 3 novembre 1997 Commune de
Fougerolles qui retient que «la cession par une commune d’un terrain à une entreprise
pour un prix inférieur à sa valeur ne saurait être regardée comme méconnaissant ce
principe d’interdiction de cession à vil prix lorsque la cession est justifiée par des
motifs d’intérêt général et comporte des contreparties suffisantes».
Le Conseil d’Etat a ici une interprétation très constructive : le principe est bel et bien
l’interdiction de cession à vil prix, mais il y a une exception à ce principe, lorsque sont
réunies les deux conditions que sont le motif d’intérêt général et des contreparties
suffisantes.
Conseils bibliographiques :
Se pose la question de savoir si, pour tout ce qui concerne les cessions à vil prix de
biens publics dans le cadre des aides immobilières, c’est la loi de 2004 qui s’applique,
et pour les cessions à vil prix dans un autre cadre, c’est la jurisprudence, ou si les
deux s’appliquent de façon concurrentielle : c’est la loi ou la jurisprudence qui
apporteront cette réponse dans le futur.
Il y a bien ici un motif d’intérêt général ; y a-t-il ici une contrepartie économique pour la
personne publique ? Non, il n’y a aucune contrepartie, mais malgré tout, le Conseil
d’Etat a validé cette cession à vil prix. Il invoque la contrepartie que constitue le fait
que l’association bénéficiaire pourra mieux exercer sa mission en disposant des
locaux ; ceci n’est pas contestable, mais le problème, c’est qu’il n’y a pas de
contrepartie pour la personne publique. Il est très bien pour les personnes publiques
d’aider les associations, mais plutôt en leur versant des subventions qu’en bradant un
bien public.
Pour faire partie du domaine public, il faut appartenir à une personne publique.
Il faut donc savoir quelles sont les personnes publiques qui peuvent avoir un domaine,
et qu’advient-il du patrimoine lorsqu’une personne publique devient privée.
Certains contentieux assez épars ont vu des propriétaires de biens refuser de les
entretenir en invoquant le fait qu’ils appartenaient au domaine public du fait de leur
affectation. C’est le cas de :
Conseils bibliographiques
C’est cette même condition qui explique qu’en principe, la personne publique
ne peut pas avoir recours au crédit-bail pour financer un ouvrage sur le domaine
public puisque pendant la durée du contrat de crédit-bail, l’ouvrage est incorporé au
patrimoine de l’organisme, de la société de crédit : c’est l’avis du Conseil d’Etat du 30
mars 1989.
Le premier arrêt qui a été rendu est un arrêt de section du Conseil d’Etat du 11 février
1994 Compagnie d’assurance La Préservatrice foncière : le Conseil d’Etat constate
qu’un bien d’une personne publique est détenu en co-propriété et il se demande si,
postérieurement à l’acquisition de ce bien en co-propriété, ce bien va être affecté à un
service public, et s’il fait donc partie du domaine public. Le Conseil d’Etat constate
l’incompatibilité entre co-propriété et domanialité publique, et par conséquent, le bien
ne fait pas partie du domaine public.
Dans un arrêt plus récent du 25 février 2009, la première chambre civile de la Cour de
cassation était saisie d’un litige identique, sauf qu’elle va poser le même principe que
le Conseil d’Etat, à savoir incompatibilité entre co-propriété et domanialité publique,
mais elle n’en tire pas du tout la même solution : en raison de l’incompatibilité, elle
énonce que les règles de la domanialité priment et que la co-propriété est illégale.
Ces deux solutions peuvent paraître opposées à première vue, mais elles vont en
réalité exactement dans le même sens. Si le Conseil d’Etat avait fait primer la co-
propriété sur la domanialité car elle était antérieure à la domanialité publique, la Cour
de cassation quant-à elle était dans une situation où l’appartenance au domaine public
était antérieure à la co-propriété, et c’est donc pour cela qu’elle a fait primer la
domanialité publique. Les deux juridictions s’attachent à la chronologie.
Le juge administratif tâtonne sur le sujet et rend des solutions qui sont plus des
solutions dictées par des nécessités de faits et de la pratique plutôt que par un
raisonnement juridique rigoureux. Très récemment, en avril 2010, s’est posée la
question de savoir si les ouvrages d’EDF étaient des ouvrages publics.
Le législateur décide de faire basculer les biens publics les plus importants de
l’établissement dans le domaine public de l’Etat.
Le Tribunal des conflits, dans une décision du 12 avril 2010 Société ERDF,
devait trancher la question de savoir si les ouvrages d’EDF étaient bien des ouvrages
publics. Il a retenu l’affirmative.
Les mêmes questions pourront se poser à propos des biens de GDF, de la Poste (qui
est devenue une société commerciale en janvier 2010).
Au regard de ces différents cas d’espèce, il apparaît que la juridiction n’a pas
d’avis tranché, et qu’elle statue au cas par cas.
Si le juge administratif est saisi d’un litige pour lequel se pose préalablement une
question de propriété, il doit en principe surseoir à statuer et poser une question
préjudicielle au juge judiciaire : voir par exemple l’arrêt du Tribunal des conflits du 18
décembre 1995 Préfet de la Meuse.
Est-ce que tous les biens publics dont sont propriétaires les personnes
publiques forment une masse homogène ou faut-il faire en leur sein une division ?
Non, ils ne forment pas une masse homogène, et il faut distinguer deux catégories : le
domaine privé et le domaine public.
Remarque
Conseils bibliographiques
Ce n’est pas la personne publique gestionnaire du domaine qui peut dire si tel
ou tel bien appartient à son domaine public ou privé ; lorsqu’elle le fait, elle peut avoir
raison, mais le juge n’y accorde aucune valeur juridique.
Ainsi, une personne publique peut affirmer que telle dépendance relève de son
domaine privé, mais cette qualification n’a aucune valeur et pourra être renversée par
le juge.
1.La place de la loi et de la jurisprudence : critères légaux ou
jurisprudentiels ?
Conseils bibliographiques
les autoroutes et routes nationales font partie du domaine public de l’Etat selon le
Code de la voirie routière ;
les chemins ruraux font partie du domaine privé des communes ;
les immeubles de l’Etat à usage de bureaux font partie du domaine privé de l’Etat
selon une ordonnance du 19 août 2004.
Quelle est donc aujourd’hui la définition que donne la loi du domaine public ?
Cette définition n’était pas fixée jusqu’en 2006, et a donc fait l’objet d’une longue
évolution. Jusqu’alors, elle ne faisait que varier, et ne coïncidait pas avec celle du juge
administratif.
La première étape date du Code civil de 1804 qui avait défini le domaine public
comme étant les biens insusceptibles de propriété privée.
Le juge ne s’est pas servi de cette définition car elle n’était pas opérante, elle ne
correspondait pas à la réalité. C’était une définition légale inutile qui n’a pas été
abrogée pendant plus de deux cent ans.
La seconde étape réside dans le Code du domaine de l’Etat dans sa rédaction
résultant du décret du 14 mars 1962 qui avait défini le domaine public ainsi : «le
domaine national s’entend de tous les biens et droits qui appartiennent à l’Etat.
Ceux des biens visés à l’article précédent qui ne sont pas susceptibles d’une
propriété privée en raison de leur nature ou de la destination qui leur est donnée
sont considérés comme des dépendances du domaine public national, les autres
biens constituent le domaine privé». Le pouvoir réglementaire se borne à définir
le domaine public mais pas le domaine privé.
Cette définition n’a pas été plus opérante que la première car ce Code, ayant
maintenu cette idée des biens du domaine public comme ceux ne pouvant faire
l’objet d’une propriété privée, n’a jamais été utilisé par le juge.
La troisième étape réside dans le Code général de la propriété des personnes
publiques de 2006, et la définition du législateur est parfaitement conforme à celle
utilisée par le juge. Selon l’article L.2111-1 du Code général de la propriété des
personnes publiques, «sous réserve de dispositions législatives spéciales, le
domaine public d’une personne publique mentionnée à l’article L1 est constitué
des biens lui appartenant qui sont soit affectés à l’usage direct du public, soit
affectés à un service public, pourvu qu’en ce cas ils fassent l’objet d’un
aménagement indispensable à l’exécution des missions de ce service public».
Cette définition est opérante et utilisée par le juge car le Code général de la
propriété des personnes publiques n’a fait que reprendre mot pour mot la
définition donnée depuis cinquante ans par la jurisprudence : le domaine public
est donc une construction prétorienne.
1. La compétence exclusive du juge administratif pour
distinguer le domaine public du domaine privé
Une fois la définition posée, il appartiendra au juge de qualifier au cas par cas
les dépendances litigieuses. Le juge administratif est le seul juge compétent pour faire
cette distinction.
Si dans un litige sur la propriété privée soumis au juge judiciaire se pose une question
de qualification d’une dépendance en bordure de la propriété privée, le juge judiciaire
aurait l’obligation de surseoir à statuer et de saisir le juge administratif. C’est l’arrêt de
section du Conseil d’Etat du 16 novembre 1960 Commune du Bugue, et l’arrêt du
Tribunal des conflits du 24 septembre 2001 Société BE diffusion c./ RATP.
Conseils bibliographiques :
Philippe Yolka, note sur l’arrêt du 24 septembre 2001 du tribunal des conflits, RJEP
2002, p.217
Conseils bibliographiques :
Où est-ce que le juge est-il allé chercher l’inspiration pour définir le domaine
public ? Il s’est beaucoup inspiré de la doctrine. Victor Proudhon avait écrit un ouvrage
en 1834, il était le premier à proposer une distinction entre le domaine public et le
domaine privé, en disant que le domaine public correspondait à l’ensemble des biens
affectés à l’usage de tous. Cela a été la première définition retenue par le juge
administratif.
Le premier arrêt qui fait une référence explicite aux écrits de Proudhon est bien
postérieur : c’est un arrêt du 28 juin 1935 dit Marecar, selon lequel le cimetière est
affecté à l’usage du public, et doit dès lors être compris parmi les dépendances du
domaine public.
Un troisième arrêt retient le même raisonnement : c’est l’arrêt du 30 mai 1975 Dame
Gozzoli, selon lequel une plage fait partie du domaine public parce qu’elle est affectée
à l’usage de tous.
Il ne faut pas entendre par “usage de tous” usage collectif, mais plutôt
ensemble des biens qui peuvent faire l’objet d’un usage direct, sans autorisation, par
les particuliers.
Ce premier critère est-il encore opérant aujourd’hui ? Oui, le juge continue de
s’y référer pour certains biens :
arrêt du Conseil d’Etat du 21 mars 1984 EPAD où le juge va dire que la place
centrale du quartier de la Défense à Paris est bien une dépendance du domaine
public parce qu’elle est affectée à l’usage de tous ;
arrêt du Tribunal des conflits du 22 septembre 2003 Commune de Juiville où le
bien en question est considéré comme faisant partie du domaine public parce que
la commune le laisse à l’usage direct des riverains ;
arrêt du Conseil d’Etat du 25 mai 2007 Société Zebra Auto où un circuit routier
exploité par une commune est considéré comme faisant partie du domaine public
parce qu’il est ouvert au public.
Conseils bibliographiques
L’inconvénient du premier critère est qu’il est trop restrictif, il conduisait à écarter du
domaine public des biens qui n’étaient peut-être pas utilisés par tous mais qui revêtait
pourtant une grande utilité publique.
Ce critère fait-il l’objet d’une utilisation actuelle ? Oui, et c’est même surtout ce
critère qui est utilisé par le juge plus que le premier.
Ex : pour un gîte rural exploité par une commune ; le Conseil d’Etat va dire
qu’il fait partie du domaine public car il est affecté au service public du développement
économique dans son arrêt du 25 janvier 2006 Commune de la Souche.
Conseils bibliographiques
Pour cette raison, le juge a adjoint un troisième critère cumulatif : pour faire
partie du domaine public, le bien doit en outre avoir fait l’objet d’un aménagement
spécial en vue de le rendre conforme à sa destination.
Il ne suffit pas que le bien appartienne à une personne publique et qu’il soit affecté à
un service public pour faire partie du domaine public ; il faut que la personne publique
ait réalisé des aménagements spécifiques de nature à favoriser l’exploitation du
service public.
Mais très vite, le juge l’a également appliqué aux biens affectés à l’usage de tous. Ce
n’est donc pas rigoureux car la catégorie des biens affectés à l’usage de tous n’est
pas extensive.
Exemples où le juge a appliqué ce critère réducteur pour des biens affectés au service
public :
Ce critère est très discutable et critiqué car le juge l’avait institué dans le but
d’éviter une extension indéfinie du domaine public, en raison notamment de
l’affectation au service public. Or, en pratique, le juge a eu une conception de
l’aménagement spécial extrêmement large et extensive elle-aussi. En conséquence,
ce critère a-t-il réellement joué un rôle réducteur de la domanialité ? Pas du tout, car le
juge en a une conception extrêmement extensive.
Ainsi, l’arrêt du Conseil d’Etat du 30 mai 1975 Dame Gozzoli concernait une plage
que le juge avait considéré comme affectée à l’usage de tous ; le juge va y voir un
aménagement spécial dans le fait qu’elle faisait l’objet d’un entretien régulier.
Conseils bibliographiques
Propriété privée
affecté à
l’usage de
tous
Domaine public
Biens => JJ
application des critères du domaine public
(JP
et légaux) et CGPPP
affecté à un
service public +
aménagement
Domaine privé
à propos des radars automatiques installés sur les routes qui sont,
d’après le juge, des équipement intégrés aux infrastructures
routières et donc des accessoires du domaine public, selon l’arrêt du
Conseil d’Etat du 31 octobre 2007 Ministre de l’Intérieur ;
à propos d’un talus nécessaire au soutien d’un bien public, qui est
donc un accessoire du domaine public, selon l’arrêt du Conseil
d’Etat du 5 mai 2010 Palud.
Conseils bibliographiques
Aujourd’hui, cette théorie n’a plus lieu d’être car le Code général
de la propriété des personnes publiques a entendu y mettre un terme : le
code ne vise nullement les biens qui recevront dans le futur une
affectation au service public, mais les seuls biens qui ont une affectation
réelle et actuelle.
Conseils bibliographiques
Le problème, c’est que les terrains qui sont peu à peu envahis par la mer
tombent dans le domaine public de façon naturelle et objective : la
personne propriétaire des parcelles en bord de mer est donc expropriée
de fait.
Il est constitué par les cours d’eau et les lacs qui appartiennent à
l’Etat et aux collectivités territoriales.
Conseils bibliographiques
Conseils bibliographiques
Conseils bibliographiques
Rapp, Entrée et sortie des biens (la propriété «choisie»), RFDA 2006,
p.916
Entrée dans le
Acte de classement
Biens appartenant si
adopté : superflu
au domaine public
ou privé
désaffectation matérielle
Sortie du 2 conditions
acte
de déclassement
Conseils bibliographiques
1. La compétence d’affectation
Par ailleurs, il se peut également, toujours en vertu de la loi, qu’il n’y ait
pas coïncidence entre propriétaire et affectataire.
Conseils bibliographiques
Conseils bibliographiques
Conseils bibliographiques
un bien du domaine public ne peut pas faire l’objet d’une vente ; par
exemple, la délibération d’un Conseil municipal qui autoriserait la
vente d’un bien du domaine public serait annulée pour illégalité par
le juge administratif de l’excès de pouvoir. Tout contrat de vente d’un
bien du domaine public est réputé nul et de nul effet.
L’arrêt de principe est un arrêt de la première chambre civile de la
Cour de cassation du 3 mai 1988 Consorts Renault c./ EDF confirmé
par une décision du Conseil d’Etat du 1er mars 1989 Bero qui
énoncent la consécration de la nullité du contrat de vente d’un bien
du domaine public.
Ceci dit, si un tel contrat de vente avait été conclu entre une personne
publique ignorant que le bien était affecté à son domaine public et
des personnes privées, cela n’empêcherait pas d’engager la
responsabilité de la personne publique ;
ce principe s’oppose à la conclusion de baux à construction ou de
baux commerciaux sur le domaine public, alors que ces mêmes
baux sont parfaitement légaux sur le domaine privé ; un bail de ce
type porterait atteinte à l’inaliénabilité du domaine public.
Pour cette raison, il a toujours été admis que le bail emphytéotique était
strictement interdit sur le domaine public pour une raison bien simple :
par nature, il est attributif de droits réels. En réalité, il faut être plus
nuancé :
1. A) La notion
Police = mesures de
PA police (CP)
administrative
appartient
d’une part, elles peuvent être exercées par la même autorité ; ainsi,
le Préfet a à la fois un pouvoir de police administrative générale et
un pouvoir de police spéciale de protection du domaine public ;
d’autre part, un même fait peut être constitutif des deux
contraventions :
Dans les dix jours qui suivent le procès verbal, le Préfet doit le notifier à
la personne concernée avec citation à comparaître devant le tribunal
administratif compétent. Ce délai n’est pas souvent respecté, mais le
juge ne censure pas la méconnaissance de celui-ci.
Le tribunal administratif va être compétent pour apprécier le bien
fondé de la contravention de grande voirie, il va apprécier s’il y a eu
effectivement dégradation, et il va vérifier s’il existe un texte qui prévoit
la sanction d’une telle contravention de grande voirie.
Conseils bibliographiques
Appelons un chat un chat, c’est une faute : c’est ce qu’a récemment fait
la Cour administrative d’appel de Lyon dans un arrêt du 26 novembre
2009 Crouzet où le juge parle bien de faute assimilable à un cas de
force majeure.
4. Les sanctions en matière de contraventions de
grande voirie
L’occupant sans titre du domaine public est celui qui n’a pas
de titre l’autorisant à occuper le domaine public ou celui dont le titre est
arrivé à expiration.
La différence réside dans le fait que le propriétaire privé n’est pas dans
l’obligation de faire expulser ces occupants ; l’administration n’a pas ce
pouvoir d’appréciation, elle a l’obligation de faire expulser l’occupant
sans titre du domaine public dès lors qu’elle s’en aperçoit. Elle ne peut
jamais tolérer l’occupation sans titre du domaine public.
N’y a-t-il pas des hypothèses où elle va néanmoins le faire ? Si, c’est
fréquent dans la pratique car personne n’a connaissance de l’occupation
sans titre, notamment le Préfet.
Exécution
d’office de
l’administration
Expulsion d’un
occupant sans
Recours devant
le
juge Juge du fond (TA)
Recours en expulsion
Juge de l’urgence
= référé conservatoire
Généralement, ça ne sera pas constitutif d’une voie de fait, car même s’il
y a une atteinte à une liberté fondamentale, ce n’est pas insusceptible
d’être rattaché au pouvoir de l’administration.
Conseils bibliographiques
1. B) L’octroi de l’autorisation
Une telle obligation n’existe donc pas selon ces deux sources textuelles.
Des juges sont allés au delà des textes :
Conseils bibliographiques
Conseils bibliographiques
Gaudemet, Les droits réels sur le domaine public, AJDA 2006, p.1094
Il y a trois mécanismes :
les biens qui ne sont pas affectés à l’utilité publique ou qui sont
affectés à un service public mais qui n’ont pas fait l’objet d’un
aménagement indispensable ;
les biens que le législateur a expressément incorporé au domaine
privé :
Conseils bibliographiques
Critères jurisprudentiels
Contrats
Clause exorbitante de DC
des PP
Présomption d’administrativité du
contrat
une autre PP
Exception si le contrat fait naître
des rapports de droit privé
Ne pas confondre :
Conseils bibliographiques
1. L’enquête préalable
Conseils bibliographiques
Elle n’a aucun pouvoir de décision et son influence reste donc assez
limitée, mais depuis sa création, elle a examiné une trentaine de projets
et dans quelques cas, son intervention a abouti :
Conseils bibliographiques
Depuis la loi de 2010, celui qui prend la déclaration d’utilité publique doit
tenir compte de l’avis du Ministre de l’environnement donné sur l’étude
d’impact du projet pour les projets ayant une incidence sur
l’environnement.
Conseils bibliographiques
À partir de cet arrêt, le juge fait une balance des intérêts, un bilan coût-
avantage des intérêts en cause. Il réalise un contrôle concret des
projets qui lui sont soumis. Pour apprécier l’utilité publique du projet, il
oppose les avantages du projet et ses inconvénients.
ici
ou ici
←—Annulation de la DUP
—→
—————|———————|——————|—————————————
Cet arrêté ne peut en aucun cas viser comme cessibles des biens qui ne
sont pas expressément visés par la déclaration d’utilité publique.
Cette exception d’illégalité repose sur le fait que la base légale sur le
fondement de laquelle a été pris l’acte contesté va permettre à
l’administré de soulever son illégalité devant le juge. Si le juge donne
raison à l’administré, il ne peut quand même pas annuler la déclaration
d’utilité publique puisque le recours était formé contre l’arrêté de
cessibilité, lequel se basait sur la déclaration d’utilité publique jugée
illégale par l’administré ; le juge va écarter au cas d’espèce l’application
de la déclaration d’utilité publique pour en tirer la conséquence que
l’arrêté de cessibilité est dépourvu de base légale et donc, annuler cet
arrêté.
Conseils bibliographiques
Cela n’est pas satisfaisant au regard de l’arrêt car celui-ci est venu dire
que par principe, le fait qu’il y ait ce Commissaire du Gouvernement aux
côtés du juge de l’expropriation était une violation de l’article 6§1 de la
CESDH. Il y a donc toujours incompatibilité avec l’article 6§1 de la
CESDH.
Conseils bibliographiques
un accord amiable intervient entre les parties ; dans ce cas là, le juge de
l’expropriation n’aura pas à intervenir ;
dans le cas contraire, le juge de l’expropriation a un délai de huit jours pour
adopter l’ordonnance d’expropriation ; le juge judiciaire va devoir simplement
vérifier que l’ensemble des étapes de la phase administrative ont été réalisées,
mais il ne peut en aucun cas apprécier leur régularité ou leur opportunité.
Dans le cas où un recours a été introduit devant le juge administratif contre la
déclaration d’utilité publique au moment où le juge judiciaire est saisi, ce dernier
devra surseoir à statuer.
Cette ordonnance peut faire l’objet d’un recours en cassation dans un délai de quinze
jours.
C’est également le juge judiciaire qui est compétent pour évaluer l’indemnité à
laquelle a droit l’administré. Cette compétence se limite à l’indemnité liée au transfert
de propriété ; en revanche, si le requérant soulevait également un préjudice lié au
déroulement même de la procédure d’expropriation, ce contentieux de la
responsabilité relève du juge administratif.
Il peut se faire assister par un notaire pour procéder à une juste évaluation de
l’indemnité.
Le Conseil d’Etat a récemment jugé que le Préfet était compétent pour mandater
d’office le paiement de l’indemnité due par la personne publique à l’exproprié : c’est
l’arrêt du 5 juillet 2010 Angerville.
Cette demande doit intervenir dans un délai de quinze jours suivant la notification
faite par l’expropriant du montant de l’indemnité proposée, et ce sous le contrôle du
juge judiciaire.
Le Code de l’expropriation précise que cette demande peut intervenir dans trois cas :
1. La rétrocession du bien
La rétrocession du bien est une demande qui va être faite par l’exproprié au
juge judiciaire lorsque l’affectation prévue par la déclaration d’utilité publique n’a pas
été réalisée dans le délai de cinq ans.
Il dispose d’un délai de trente ans pour faire cette demande auprès du juge judiciaire.
Celui-ci est-il compétent pour interpréter la déclaration d’utilité publique ? Le Tribunal
des conflits, dans sa décision du 23 février 2004 Auribeau-sur-Siagnes, retient que le
juge judiciaire a une compétence exclusive sur la demande de rétrocession, à
l’exception des questions préjudicielles portant sur l’interprétation ou la validité des
décisions administratives relatives à l’affectation du bien.
Si le juge judiciaire est saisi d’une demande, mais que pour apprécier si le bien
exproprié a bien fait l’objet de l’affectation prévue, une question portant sur
l’interprétation de la déclaration d’utilité publique se pose, le juge judiciaire devra
surseoir à statuer et renvoyer la question préjudicielle au juge administratif.
La CEDH n’adopte pas du tout le même raisonnement : selon elle, le fait que
l’affectation prévue dans la déclaration d’utilité publique n’ait pas été réalisée pendant
un délai long, même si c’est pour une réserve foncière, est constitutif d’une violation
du droit au respect de ses biens ; c’est l’arrêt du 2 juillet 2002 Consorts Motais de
Narbonne.
C’est un des pans du droit administratif les plus anciens. Le droit administratif
s’est construit par strates, par domaines successifs : le premier pan a avoir été
élaboré est celui des travaux publics.
Dès l’Ancien régime, les rois et l’Etat se sont lancés dans de grandes opérations de
construction et de travaux publics, lesquelles généraient des litiges avec les
entrepreneurs, avec les usagers, etc …. Aujourd’hui, on s‘aperçoit que la plupart des
grandes règles du droit administratif ont leur origine dans ce pan du droit administratif.
La qualification de travail public ou d’ouvrage public est décisive car seuls les
travaux publics et ouvrages publics sont soumis aux règles du droit public et à la
compétence du juge administratif ; inversement, les travaux privés entrepris par les
personnes publiques sont soumis aux règles du droit privé et relèvent du juge
judiciaire.
1. Un travail immobilier
La notion de travail public vise nécessairement la réalisation d’un travail
immobilier. Il peut s’agir d’un travail de construction, de démolition, mais également
une opération de moindre ampleur, telle qu’une opération d’entretien ou de
réhabilitation.
L’arrêt du 11 mai 1959 Dauphin faisait état de la pose d’une chaîne à l’entrée
d’une allée, laquelle constituait un travail immobilier car il y avait emprise au sol de la
chaîne par les deux poteaux.
Il y a souvent également une confusion qui est faite entre travail public et
domaine public, mais un travail public n’a pas nécessairement lieu sur le domaine
public, et inversement, tout travail réalisé sur le domaine public n’est pas
nécessairement un travail public.
Ex : des travaux publics peuvent être entrepris sur le domaine privé d’une
personne publique : c’est l’arrêt du Conseil d’Etat du 8 avril 1949 Contamine à propos
de travaux entrepris dans une forêt.
Des travaux publics peuvent être menés sur des propriétés privées,
notamment s’ils poursuivent un but d’utilité publique.
Tout travail effectué sur le domaine public n’est pas toujours un travail public,
et il peut donc y avoir des travaux privés sur le domaine public (travaux réalisés par un
permissionnaire de voirie sur le domaine public : ils poursuivent un intérêt privé, et il
ne s’agit donc pas de travaux publics : c’est l’arrêt du Tribunal des conflits du 25
janvier 1982 Quintard).
Quid quand il s’agit d’un bail emphytéotique administratif avec travaux : ce n’est
pas la personne publique qui va gérer les travaux réalisés par la personne privée,
laquelle est détentrice du bail emphytéotique administratif. Ainsi, lorsque
l’appropriation du bien par la personne publique est incertaine ou trop lointaine, la
qualification de travaux publics est exclue.
C’est l’arrêt du Conseil d’Etat du 25 février 1994 SOFAP Marignan : il s’agissait d’un
bail emphytéotique détenu par la ville qui avait demandé à une entreprise d’opérer des
travaux publics au sein de la Mairie. Le Conseil d’Etat a retenu que la ville n’allait pas
assurer la maîtrise de l’ouvrage public pendant la durée des travaux, qu’elle ne
deviendrait propriétaire de l’ouvrage qu’à l’expiration d’un bail de longue durée, que
par conséquent, on ne pouvait pas considérer que les travaux étaient faits pour le
compte d’une personne publique, et enfin, qu’il ne s’agissait donc pas de travaux
publics. Voir dans le même sens l’arrêt du Tribunal des conflits du 14 décembre 2009
Société HLM de Paris c./ Société Dumez.
Conseils bibliographiques
L’expression «but d’utilité générale» ne doit pas ici se confondre avec la notion
de service public : la notion d’utilité générale est plus large que celle de service public
: il y a dissociation entre travaux publics et service public. L’arrêt Commune de
Monségur en est une illustration car il retient qu’il y a eu des travaux publics,
impliquant la compétence du juge administratif ; ces mêmes travaux avaient un but
d’utilité générale mais ne renvoyaient à aucun service public.
C’est également le cas de l’arrêt du Tribunal des conflits du 5 juillet 1999 Commune
de Stetten : des travaux avaient été entrepris sur un arbre classé comme monument
naturel, en vue de sa conservation et pour le compte de la personne publique, mais en
l’absence de tout service public.
Exemples de travaux qui ne sont pas des travaux publics parce qu’ils ne
poursuivent pas un but d’utilité générale :
Conseils bibliographiques
JCP A 2007
Après la seconde guerre mondiale, l’un des principaux enjeux de l’Etat durant cette
période était la reconstruction. Pour cela, avaient été créées diverses formes
juridiques, et notamment des établissements publics, chargées d’assurer ces
opérations de reconstruction. Il a été considéré que ces travaux de reconstruction
étaient des travaux publics.
Ces établissements publics étaient bel et bien des personnes publiques, mais les
travaux qu’ils entreprenaient n’étaient pas faits pour le compte d’une personne
publique mais pour les futurs propriétaires. Par qui avaient-ils été institués ? Par le
législateur, qui leur avait assigné une mission de service public, celle de la
reconstruction.
Le juge a donc bâti une seconde définition dans la décision du Tribunal des conflits du
28 mars 1955 Effimieff : est également un travail public un travail fait par une
personne publique au profit d’une personne privée dans le cadre d’une mission de
service public. Cela suppose pour le juge d’identifier l’existence d’une mission de
service public, en appliquant les critères classiques d’identification d’une activité de
service public. Ces critères ont été définis dans l’arrêt Narcy de 1963 :
La définition établie pourrait-elle jouer pour les mêmes travaux mais dans
l’hypothèse où ils seraient faits par une personne privée pour une autre personne
privée dans le cadre d’une mission de service public ? Non, c’est l’arrêt du Conseil
d’Etat du 18 mai 1960 Grenet à propos des opérations de reconstruction d’après
guerre menées par des sociétés privées.
L’enjeu de la qualification d’ouvrage public est le même que celui des travaux
publics : seuls les ouvrages publics sont soumis au régime du droit public et relèvent
de la compétence du juge administratif. Cela dit, tous les ouvrages appartenant à une
personne publique ne sont pas des ouvrages publics.
Conseils bibliographiques
Un ouvrage public peut être implanté sur le domaine privé d’une personne
publique (dans les forêts par exemple).
L’ouvrage public est, comme le travail public, affecté à une utilité publique
générale : le juge recherche si l’ouvrage est affecté ou non à une utilité publique.
Conseils bibliographiques
comme l’ouvrage public est affecté à l’utilité publique, cette utilité prime sur la
propriété privée ;
dans un souci de protection des finances publiques, il serait trop coûteux de
détruire un ouvrage public pour le reconstruire ailleurs ;
le juge administratif ne voulait pas sortir de son rôle de juge et se substituer à
l’administration en lui adressant des injonctions de détruire.
Ce principe est très critiquable car une erreur de l’administration lui bénéficie, la
personne publique ne doit réparer que le préjudice qu’elle cause par une
indemnisation.
La seule issue pour le propriétaire privé était de demander une indemnité pour
dépossession définitive de son bien.
1. B) L’affaiblissement progressif du principe
Au regard de ce bilan, le juge doit apprécier s’il est nécessaire ou pas d’ordonner la
démolition de l’ouvrage. Le juge se reconnait donc compétent pour statuer sur la
démolition.
Cette solution n’est pas compatible avec le droit européen : quand le juge
refuse d’ordonner la démolition de l’ouvrage, il y a toujours expropriation indirecte. La
CEDH, dans un des plusieurs arrêts du 13 octobre 2005, a condamné l’Italie pour
expropriation indirecte en retenant que celle-ci était contraire au droit au respect de
ses biens : «l’expropriation indirecte permet à l’administration de tirer bénéfice de son
comportement illégal».
Fondement
-nistration à
un administré
Responsabilité Préjudice
de la anormal et spécial
puissance publique
Responsabilité pour
faute faute lourde
le dommage et le
préjudice
C’est sur ce point qu’il faut distinguer en fonction de la victime : il y a trois régimes
différents.
1. Le régime de responsabilité
Si la victime est un usager, c’est une responsabilité pour faute qui sera
engagée, mais elle est de nature particulière : elle sera engagée pour «défaut
d’entretien normal de l’ouvrage». Cela signifie que la faute que va rechercher le juge
est ce défaut d’entretien normal de l’ouvrage. Pour ce domaine là seulement, il
s’agit d’une faute présumée, cela signifie que dès lors que la victime est un usager,
elle n’aura qu’à invoquer le défaut d’entretien normal de l’ouvrage, et c’est à
l’administration qu’il reviendra de renverser l’allégation, en prouvant qu’elle n’a
commis aucune faute dans l’entretien de l’ouvrage.
L’hypothèse la plus récurrente est tous les accidents liés à la voirie publique (arbres,
crevasses, chaussées déformées, mauvaise signalisation des travaux sur la route).
1. B) La compétence juridictionnelle
Initialement, c’est la loi du 28 Pluviôse an VIII qui lui donnait cette compétence ;
mais cette loi a été abrogée par l’ordonnance du 21 avril 2006 instituant le Code
général de la propriété des personnes publiques : aucune disposition équivalente
ne lui a alors été substituée ;
cet oubli a été comblé par l’ordonnance du 15 juillet 2009 qui a rappelé cette
compétence du juge administratif.
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