Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
MOHAMMEDIA
Pr A.CHAKRI
Thème :
Étant une action en réparation d’un dommage privé, l’action civile peut, comme
toute autre action en réparation, être intentée devant un tribunal civil. Mais comme
civil par son origine, mais puise sa source dans l’infraction et dans une faute pénale,
Elle le fait, soit en joignant cette action à l’action publique exercée par le ministère
Aux termes de l’art. 10 : « l’action civile peut être exercée séparément de l’action
Il résulte de ces deux textes que la victime dispose d’un droit d’option entre la
juridiction civile et la juridiction répressive pour porter son action en demande d’une
réparation.
ses modalités d’exercice (I), et dans un second temps, les conséquences inhérentes à
2
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
Le droit d’option de la partie lésée se justifie par des raisons historiques et des
raisons pratiques.
de la victime.
répressif est une solution avantageuse, tout d’abord pour la partie lésée qui peut
publique et qui surtout peut faire juger son action civile plus rapidement ,et à
moindre frais, que si elle était portée devant la juridiction civile, en profitant des
preuves plus facilement et plus largement établies en matière pénale, qu’en matière
civile.
Il faut ajouter que la voie répressive, plus rapide et moins couteuse que la voie
sur le civil qu’après avoir été entendue au cours du procès pénal. Par contre, l’action
3
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
même, car en faisant juger l’action civile par le juge répressif, on évite les contrariétés
de jugements qui seraient d’autant plus redoutables que le tribunal répressif n’est
Pour que la victime d’une infraction puisse exercer son option et agir en
réparation, soit devant le tribunal répressif, soit devant le tribunal civil, plusieurs
Tout d’abord, il faut que les deux voies civile et répressive soient ouvertes. Si l’une
Les juridictions civiles aussi compétentes pour statuer sur l’action civile, ne
peuvent connaitre l’action civile résultant des délits de diffamation prévues par
4
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
de l’action civile, en même temps que l’action publique, les juridictions répressives
d’exception qui ne jugent que les infractions soumises à leur connaissance en vertu
d’une disposition expresse de la loi, sont incompétentes pour statuer sur l’action
civile.
Pour que la victime puisse faire juger son action civile par le tribunal répressif, il
ne suffit pas que la voie criminelle soit ouverte, il faut encore que cette action soit
une action en réparation d’un dommage, qui trouve sa base dans l’infraction, et
encore, elle ne peut être exercée devant la juridiction répressive, que si elle prend sa
le dommage puise sa source ailleurs que dans l’infraction, la réparation ne peut pas
Pour pouvoir être exercée devant le tribunal répressif, l’action civile ne doit pas
l’infraction, elle doit encore avoir pour fondement le fait délictueux, la faute pénale,
par exemple , le tribunal répressif n’est pas compétent pour statuer sur une action
civile en réparation d’un dommage causé par l’infraction, si cette action est fondée
5
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
non pas sur la faute pénale, mais une faute civile identique à la faute pénale (ex.
Faute d’imprudence).
L’action civile exercée en même temps que l’action publique (art. 9, C.P.P),
Ainsi, si l’action publique ne peut plus avoir lieu, il n’y a plus d’option possible, la
Donc le tribunal répressif ne reste compétent pour statuer sur l’action civile que s’il
en était saisi en même temps que l’action publique et que cette dernière subissait
procédure, seule l’action civile devant le juge civile est possible. L’infraction n’existe
Les modes par lesquels la victime d’une infraction saisit la juridiction répressive
varient suivant que l’action a déjà été engagée ou non par le ministère public. Dans
le premier cas, elle agit par voie d’intervention, mais dans le second, par voie d’action.
a- L’intervention
6
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
L’intervention peut avoir lieu à toutes les phases de la procédure tant que la
clôture des débats n’a pas été décidée (art. 94, C.P.P).
Mais la partie lésée ne peut jamais intervenir pour la première fois en appel dans
L’intervention peut avoir lieu soit avant, soit pendant l’audience (art. 350, C.P.P).
Pendant l’audience, elle doit le faire entre les mains du président de la juridiction
Les conclusions doivent respecter certaines règles de forme prescrites par l’article
350 alinéa 2 du Code de procédure pénale. Elles doivent selon ce texte contenir, les
indications propres à identifier celui qui se porte partie civile, préciser l’infraction
civile. L’irrecevabilité peut d’ailleurs, être soulevée par tout intéressé (ministère public,
7
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
b- L’action
Lorsque le ministère public n’a pas exercé l’action publique, la partie civile peut
tout de même porter son action civile devant la juridiction répressive, mais dans ce
cas, elle agit alors par voie d’action. Elle a pour cela un moyen à sa disposition ; la
Une fois la partie lésée a exercé son option entre la voie civile et la voie criminelle,
il ne lui est plus possible de revenir en arrière, d’abandonner la juridiction saisie pour
s’adresser à l’autre, c’est le sens de la maxime bien connu « electa una via, non datur
recursus ».
A- L’irrecevabilité de l’option
a- Le fondement de l’irrévocabilité
pour justifier l’irrecevabilité de l’option. Il énonce que la partie lésée qui exerce son
action civile devant la juridiction civile compétente ne peut plus la porter devant la
juridiction répressive. Ce texte s’inspire du droit français. Il trouve son corollaire dans
sur l’humanité et la justice qui ne permettent pas qu’on traine un accusé d’une
juridiction à l’autre.
8
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
L’option n’est irrévocable que si la partie lésée a d’abord choisi la voie civile (art.
11, C.P.P). Lorsque la partie civile a porté son action civile d’abord devant le tribunal
civil, elle ne peut en principe se désister pour la porte ensuite devant la juridiction
répressive. La règle electa una via est une faveur pour le prévenu ou l’inculpé ; la
partie lésée ne peut pas par son fait, lui retirer cette faveur et la jurisprudence
considère que la voie civile est plus favorable au prévenu que la voie criminelle qui
est rigoureuse.
Si la partie lésée a d’abord opté pour la voie pénale, plus sévère, elle peut
abandonner cette voie et revenir à la voie civile, qui place le prévenu ou l’inculpé
dans une situation meilleure, à moins bien évidement que la juridiction répressive
b- L’issu de l’option
1- Avantage
Elle permet d’obtenir justice avec une plus grande rapidité que devant le juge
civil.
9
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
énergiques et coercitifs dont les juges (et notamment le juge d’instruction), disposent
Il faut ajouter enfin, que l’option en faveur de la voie répressive permet d’éviter
que l’action civile ne se heurte à l’autorité de la chose jugée attachée à une décision
2- Inconvénients
certains inconvénients.
La partie civile étant partie à l’instance ne peut plus être entendue comme témoin
à l’instruction, ni aux débats. Elle sera bien souvent le principal témoin à charge ; son
Lorsqu’elle est intentée devant le tribunal civil, soit parce que le tribunal répressif
n’est pas compétent (action publique éteinte), soit parce que, usant de son droit
10
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
d’option, la partie lésée a préféré la juridiction civile, l’action civile donne lieu à un
procès purement civil tout à fait distinct du procès pénal, c’est-à-dire., que l’action
matière civile.
Ce n’est pas à dire pourtant que le procès sur l’action civile distinct du procès
pénal en soit complétement indépendant. Sans doute le procès pénal a-t-il une
indépendance absolue par rapport à un procès pénal, lorsqu’il est jugé par le tribunal
civil avant la mise en mouvement de l’action publique, le juge civil peut statuer
liberté d’appréciation et de décision. Du reste son jugement sur l’action civile n’aura
aucune influence sur celui que le juge répressif pourra être appelé à rendre
postérieurement sur l’action publique, car la chose jugée au civil n’a pas d’autorité au
criminel.
Il n’en est plus de même lorsque le procès civil est engagé après la mise en
mouvement de l’action publique. Dans ce cas, le procès civil se trouve par son rang
que l’action civile est une action en réparation du dommage pénal, qui a son origine
C’est ainsi que le tribunal civil est obligé de sursoir à statuer sur l’action civile tant
11
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
que le tribunal répressif saisi avant ou pendant l’instance civile n’a pas lui-même
statué sur l’action publique (art. 10, C.P.P). C’est le sursis au jugement de l’action civile
D’autre part, le tribunal qui statue après le jugement rendu par le tribunal
répressif sur l’action publique est tenu de respecter, dans une certaine mesure, ce
qui a été décidé par le juge répressif ; il ne peut se mettre en contradiction avec lui.
seulement attendre pour statuer sur l’action civile que le tribunal répressif ait statué
1- Durée du sursis
L e sursis doit se prolonger tant qu’il n’a pas été prononcé définitivement sur
l’action publique. Mais pour ne pas faire durer le sursis jusqu’à l’expiration du délai
comme des décisions définitives à cet égard, les ordonnances de non-lieu ainsi que
Quoi qu’il en soit, aussi longtemps qu’une décision définitive n’a pas été rendue,
le juge civil ne peut statuer sous peine de nullité absolue de la procédure. C’est qu’en
effet le sursis, qui a été institué, non dans l’intérêt particulier des plaideurs, mais en
12
LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
Il en résulte que le tribunal civil doit sursoir à statuer d’office, à quelque moment
de la procédure où il soit arrivé, que le sursis s’impose non seulement au juge, mais
parce que le sursis doit permettre à une décision répressive qui interviendra la
première, d’exercer son autorité sur la décision civile qui sera résolue la seconde.
Dans tous les cas, lorsqu’il statue après le tribunal répressif, le tribunal civil, encore
qu’il juge une action distincte de l’action publique, ne jouit pas cependant d’une
liberté entière d’appréciation et de décision, il est lié dans une certaine mesure par
ce qui a été décidé par le tribunal répressif. Les arrêts affirment : « qu’il n’est pas
décidé par le juge criminel sur l’existence du fait incriminé qui forme la base
13