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CIRCULATION ROUTIÈRE

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CIRCULATION ROUTIÈRE
par
Pierre PÉLISSIER
Magistrat

DIVISION
Généralités, 1-38. ART. 4. – CASIER JUDICIAIRE, 92-93.
ART. 1. – SÉCURITÉ ET CIRCULATION ROUTIÈRES, 1-6. SECT. 4. – Immobilisation, mise en fourrière et confis-
ART. 2. – CHAMP D’APPLICATION DU CODE DE LA ROUTE, 7-19. cation, 94-101.
ART. 1. – IMMOBILISATION, 95-98.
§ 1. – Partie législative, 9-12.
ART. 2. – MISE EN FOURRIÈRE, 99-100.
§ 2. – Partie réglementaire, 13-19.
ART. 3. – CONFISCATION, 101.
ART. 3. – POUVOIRS DE POLICE DE LA CIRCULATION, 20-38.
§ 1. – Pouvoirs généraux de police, 20-25. CHAP. 3. – Poursuites pénales, 102-119.
§ 2. – Interdictions et restrictions de circulation, 26-38. SECT. 1. – Procédure simplifiée de l’ordonnance pé-
nale, 103-104.
TIT. 1. – Particularités de la responsabilité SECT. 2. – Procédure de l’amende forfaitaire, 105-114.
pénale et des poursuites, 39-133.
SECT. 3. – Officier du ministère public, 115-117.
CHAP. 1. – Responsabilité pénale, 39-67.
SECT. 4. – Amnistie, 118-119.
SECT. 1. – Principe de la responsabilité pénale du
conducteur, 42-47. CHAP. 4. – Comportement du conducteur en cas
d’accident, 120-133.
SECT. 2. – Atténuations du principe de responsabilité
pénale du conducteur, 48-67. SECT. 1. – Obligation de s’arrêter et de porter secours,
120-121.
ART. 1. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DU COMMETTANT, 49-50.
SECT. 2. – Délit de fuite, 122-127.
ART. 2. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DU PROPRIÉTAIRE DU VÉHI-
CULE, 51-58. SECT. 3. – Mise en danger d’autrui, 128-133.
ART. 3. – RESPONSABILITÉ PÉCUNIAIRE DU PROPRIÉTAIRE DU TIT. 2. – Droit de conduire, 134-232.
VÉHICULE, 59-65.
CHAP. 1. – Permis de conduire, 134-197.
§ 1. – « Redevabilité » pécuniaire, 59-60.
SECT. 1. – Obligation du permis de conduire et dis-
§ 2. – Infractions concernées, 61. penses, 134-139.
§ 3. – Exonération, 62-65. SECT. 2. – Équivalences, 140-143.
ART. 4. – RESPONSABILITÉ DE L’EXPLOITANT D’UN VÉHICULE DE SECT. 3. – Apprentissage de la conduite, 144-147.
TRANSPORT ROUTIER, 66.
SECT. 4. – Refus de délivrance ou restriction de validité
ART. 5. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DE L’ACCOMPAGNATEUR DE du permis de conduire, 148-154.
L’ÉLÈVE CONDUCTEUR, 67.
SECT. 5. – Rétention du permis de conduire, 155-158.
CHAP. 2. – Contrôles routiers, 68-101. SECT. 6. – Suspension du permis de conduire et inter-
SECT. 1. – Agents habilités à procéder aux contrôles, diction de conduire certains véhicules, 159-
68-78. 177.
SECT. 2. – Documents à présenter aux contrôles, 79-84. ART. 1. – SUSPENSION ADMINISTRATIVE DU PERMIS DE
CONDUIRE, 159-165.
SECT. 3. – Fichiers, 85-93.
ART. 2. – INTERDICTIONDE CONDUIRE CERTAINS VÉHICULES :
ART. 1. – FICHIER CENTRAL DES AUTOMOBILES, 86.
CONTRÔLE JUDICIAIRE, 166-167.
ART. 2. – FICHIER NATIONAL DES IMMATRICULATIONS, 87-88.
ART. 3. – REMISE DU PERMIS DE CONDUIRE AU GREFFE : COM-
ART. 3. – FICHIER NATIONAL DU PERMIS DE CONDUIRE, 89-91. POSITION PÉNALE, 168.

mai 2004 - 1 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

ART. 4. – OBLIGATION PARTICULIÈRE : SURSIS, TRAVAIL SECT. 3. – Distances de sécurité, 305-308.


D’INTÉRÊT GÉNÉRAL, AJOURNEMENT, 169-170.
CHAP. 5. – Conduite sous influence, 309-355.
ART. 5. – SUSPENSION JUDICIAIRE DU PERMIS DE CONDUIRE,
SECT. 1. – Conduite sous l’influence de l’alcool, 310-
171-177.
346.
SECT. 7. – Annulation du permis de conduire, 178-186.
ART. 1. – CONDUITE EN ÉTAT D’IVRESSE ET CONDUITE SOUS
SECT. 8. – Interdiction de délivrance du permis de L’EMPIRE D’UN ÉTAT ALCOOLIQUE, 312-345.
conduire, 187-188. § 1. – Dépistage de l’imprégnation alcoolique, 314-321.
SECT. 9. – Exécution provisoire, relèvement, 189-197. § 2. – Vérifications destinées à établir la preuve de l’état
ART. 1. – EXÉCUTION PROVISOIRE, 189-191. alcoolique, 322-329.
ART. 2. – RELÈVEMENT, 192-197. § 3. – Analyse de contrôle, 330-334.

CHAP. 2. – Conduite sans permis ou malgré une in- § 4. – Contrôle par éthylomètre, 335-336.
terdiction de délivrance, une suspen- § 5. – Sanctions pour conduite sous l’empire d’un état al-
sion ou une annulation du permis de coolique ou conduite en état d’ivresse manifeste,
conduire, 198-207. 337-343.

SECT. 1. – Conduite sans permis, 198-200. § 6. – Garde à vue, 344-345.

SECT. 2. – Conduite sans permis valide, 201. ART. 2. – VENTE DE BOISSONS ALCOOLISÉES, 346.

SECT. 3. – Conduite malgré une interdiction de déli- SECT. 2. – Conduite sous l’influence de substances ou
vrance, une rétention, une suspension ou plantes classées comme stupéfiants, 347-
une annulation du permis de conduire, 352.
202-207. ART. 1. – SIMPLE OBLIGATION DE DÉPISTAGE POUR UNE ÉTUDE
ÉPIDÉMIOLOGIQUE (L. NO 99-505 DU 18 JUIN 1999),
CHAP. 3. – Permis de conduire à points, 208-225. 347-348.
CHAP. 4. – Autres titres de conduite, 226-232. ART. 2. – PÉNALISATION DE LA CONDUITE SOUS L’INFLUENCE DE
SECT. 1. – Brevet militaire de conduite, 226-227. STUPÉFIANTS (L. No 2003-87 DU 3 FÉVR. 2003),
349-352.
SECT. 2. – Attestations scolaires et brevet de sécurité
routière, 228-232. SECT. 3. – Conduite automobile et prise de médica-
ments, 353-355.
TIT. 3. – Règles de conduite, 233-373. CHAP. 6. – Arrêt et stationnement, 356-373.
CHAP. 1. – Signalisation routière, 233-250. SECT. 1. – Dispositions générales, 356-368.
SECT. 1. – Principes généraux, 233-237. SECT. 2. – Arrêt ou stationnement dangereux, gênant
SECT. 2. – Panneaux de signalisation, 238-244. ou abusif, 369-373.
SECT. 3. – Marques sur la chaussée, 245-248. TIT. 4. – Le véhicule, 374-457.
SECT. 4. – Feux de signalisation lumineux, 249-250.
CHAP. 1. – Dispositions administratives, 374-421.
CHAP. 2. – Équipement des utilisateurs de véhi- SECT. 1. – Réception des véhicules, 374-379.
cules, 251-256. SECT. 2. – Immatriculation des véhicules, 380-393.
SECT. 1. – Ceinture de sécurité et système de retenue SECT. 3. – Opposition au transfert du certificat d’imma-
pour enfant, 251-254. triculation, 394-396.
SECT. 2. – Port du casque, 255-256. SECT. 4. – Contrôle technique, 397-403.
CHAP. 3. – Règles de priorité, 257-273. SECT. 5. – Assurance, 404-410.
SECT. 1. – Priorité à droite, 257-258. SECT. 6. – Véhicules accidentés, 411-421.
SECT. 2. – Intersections munies d’un stop, 259. ART. 1. – VÉHICULES GRAVEMENT ACCIDENTÉS, 412-415.
SECT. 3. – Intersections munies d’un cédez-le-passage, ART. 2. – VÉHICULES ÉCONOMIQUEMENT IRRÉPARABLES, 416-
260. 417.
SECT. 4. – Changements de direction, 261-264. ART. 3. – EXPERTS EN AUTOMOBILE, 418-421.
SECT. 5. – Priorité due aux piétons, 265-266. CHAP. 2. – Dispositions techniques, 422-449.
SECT. 6. – Priorité due aux véhicules d’intérêt général, SECT. 1. – Plaques, 422-437.
267-273. ART. 1. – PLAQUES D’IMMATRICULATION, 423-431.
CHAP. 4. – Vitesse, 274-308. ART. 2. – PLAQUE CONSTRUCTEUR, 432-437.
SECT. 1. – Défaut de maîtrise de la vitesse, 276-282. SECT. 2. – Poids et dimensions des véhicules, 438-449.
SECT. 2. – Excès de vitesse, 283-304. ART. 1. – POIDS DES VÉHICULES, 438-445.
ART. 1. – LIMITATIONS DE VITESSE, 283-290. ART. 2. – DIMENSIONS DES VÉHICULES, 446-449.
ART. 2. – PREUVE DE L’EXCÈS DE VITESSE, 291-304. CHAP. 3. – Transports exceptionnels, 450-457.

Rép. pén. Dalloz -2- mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

SECT. 1. – Transports exceptionnels de marchandises, SECT. 2. – Transports exceptionnels de personnes, 456-


d’engins ou de véhicules, 450-455. 457.

BIBLIOGRAPHIE
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Généralités.

ART. 1er. – SÉCURITÉ ET CIRCULATION ROUTIÈRES. des accidents de la circulation routière s’est nettement amélio-
ré. On compte en effet 86 992 accidents corporels ayant pro-
1. La circulation routière représente, dans notre société qui exige voqué la mort de 5 732 personnes tandis que 111 135 étaient
que chacun puisse se déplacer commodément, rapidement et blessées. Malgré l’amélioration de statistiques cette activité hu-
en sécurité, un enjeu particulièrement important. En France, maine génère encore un contentieux judiciaire, civil ou pénal, et
plus de 33 millions de personnes sont titulaires du permis de administratif particulièrement élevé. En 1999, 20 855 256 contra-
conduire. En 2002, 714 685 personnes ont obtenu la catégo- ventions avaient été relevées, dont 10 516 180 hors stationne-
rie B du permis de conduire, 108 147 la catégorie A « moto » et ment. Pour les délits, les statistiques de la Chancellerie faisaient
54 852 les catégories C, D ou E (poids lourd ou transport en com- état, pour 1999, de 133 520 condamnations pour délits routiers
mun,V. Permis de conduire). Environ 35 millions de véhicules (infraction unique ou de rang 1) dont 103 088 conduites sous
sont immatriculés en France, un chiffre qui, bien qu’en progres- l’empire d’un état alcoolique et 1 962 homicides involontaires.
sion reste relativement stable, dont 29,1 sont des voitures parti- Le nombre d’infractions au code de la route relevées par l’en-
culières, 5,6 des véhicules utilitaires. 1 460 000 cyclomoteurs y semble des services verbalisateurs s’élevaient toujours en 2002
sont recensés et le nombre de bicyclettes est estimé à 20 millions à environ 20 millions dont 13,5 millions constatées par les seuls
dont une part, non chiffrée mais certainement non négligeable, services de la police et de la gendarmerie. Parmi ces dernières,
n’est pas utilisée. Par ailleurs, toutes les personnes présentes 8,1 millions sont des contraventions aux règles de stationnement
sur notre territoire à un moment donné sont susceptibles d’être (V. www.securiteroutiere.equipement.gouv.fr).
piétons. À cela, vient s’ajouter la circulation provenant des pays
étrangers.
3. Vouloir présenter en quelques phrases ce que représente la
2. La circulation routière, c’est aussi 7 643 morts en France en circulation routière est une gageure impossible à tenir tant le su-
2000 (8 079 tués à 30 jours), 162 117 blessés dont 27 407 gra- jet est complexe, tant les opinions des « experts » sont nom-
vement (plus de six jours d’hospitalisation). En 2003, le bilan breuses, tant les domaines touchant à la circulation routière sont

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CIRCULATION ROUTIÈRE

divers. Aborder ce sujet sous l’angle pénal est certainement ré- ce domaine. Ce conseil est associé à l’élaboration et à l’évalua-
ducteur, mais permet une approche concrète de la réalité de la tion de la politique des pouvoirs publics en matière de sécurité
circulation routière qui est, malheureusement, très souvent as- routière. Il commande les études et recherches qui lui paraissent
sociée à la commission d’infractions. Une étude du ministère de utiles pour améliorer la connaissance dans le domaine de la sé-
la Justice, même si elle est l’objet de critiques, a montré que le curité routière. Il fait procéder à des évaluations des actions en-
contentieux routier pouvait occuper jusqu’à 60 % de l’activité de gagées. Il remet chaque année au ministre chargé de la sécu-
certains tribunaux correctionnels (S. LEMERLE, V. MARIETTE et rité routière un rapport rendu public. Compte tenu des pouvoirs
O. TIMBART, Sous-direction de la statistique, des études et de la conférés à ce conseil, il a été nécessaire de modifier le décret
documentation, DAGE, Physionomie des contentieux selon les relatif à l’Observatoire national interministériel de la sécurité rou-
tribunaux correctionnels, 1995). Si l’on ajoute à ce pourcentage, tière, notamment pour supprimer son conseil d’orientation qui est
le traitement des infractions ayant un lien avec la voiture (vol, vol devenu sans objet. Le nouveau Conseil national de la sécurité
d’accessoires, dégradations...), on voit combien sa place dans le routière doit en effet émettre un avis sur le programme de travail
domaine pénal est importante. Il faudrait également ajouter tout de l’observatoire et le comité d’experts du Conseil oriente la mé-
le contentieux civil lié à la responsabilité civile. Même les juridic- thodologie des recueils et analyses statistiques et des études de
tions administratives ont à connaître d’un contentieux important, l’observatoire.
notamment en matière de permis de conduire, retrait de points
ou suspension du permis de conduire.
ART. 2. – CHAMP D’APPLICATION DU CODE DE LA ROUTE.
4. La circulation routière est une préoccupation de plusieurs mi-
nistères. C’est ainsi qu’existent une section de la circulation rou- 7. Le champ d’application du code de la route n’a jamais été dé-
tière au sein de la direction générale de la gendarmerie natio- fini avec précision et il faut se reporter à la fois à la jurisprudence
nale, une sous-direction de la circulation et de la sécurité rou- et à l’article R. 110-1 du code de la route pour savoir où et dans
tières au sein de la direction des libertés publiques au minis- quelles circonstances il s’applique.
tère de l’Intérieur et une direction de la sécurité et de la circula-
tion routières au ministère chargé des transports. La dispersion 8. Auparavant, on peut également s’interroger sur l’appellation
de cette activité qui s’explique par les missions des divers por- « code de la route ». Elle laisse en effet supposer que ce code
tefeuilles ministériels justifiant qu’une organisation interministé- se rapporte principalement à la route et non à la circulation et
rielle soit mise en place. C’est pour répondre à cet impératif que à la sécurité routières. Lors des travaux de codification, cette
le décret du 5 juillet 1972 a créé le Comité interministériel de la question s’est posée mais, compte tenu de l’ancienneté de cette
sécurité routière (CISR) et le poste de Délégué interministériel à appellation que l’on retrouve pour la première fois dans la circu-
la sécurité routière (DISR). laire d’application du décret du 27 mai 1921 (JO 1921, p. 209 –
« texte, auquel on s’est communément plu à donner le nom de
code de la route » -) et qui a été officialisée par l’ordonnance et
5. Le Comité interministériel de la sécurité routière réunit, sous
le décret du 15 décembre 1958, il a été décidé de la garder car la
la présidence du Premier ministre, les ministres chargés notam-
notion qu’elle recouvre est fort bien admise et comprise par l’en-
ment de la justice, de la police, de la gendarmerie, de l’édu-
semble des personnes concernées (V. Rapp. au Président de la
cation, de l’industrie, de la santé. Il définit la politique du gou-
République, Ord. no 2000-930 relative à la partie législative du
vernement dans le domaine de la sécurité routière et arrête les
code de la route, D. 2000.398, JO 24 sept., in Code de la route
mesures générales destinées à améliorer la sécurité. Cet or-
Dalloz).
ganisme par nature n’est pas permanent. C’est la raison pour
laquelle a été créé le poste de délégué interministériel à la sécu-
rité routière, chargé de préparer les délibérations du CISR mais § 1er. – Partie législative.
aussi de veiller à l’application de ses décisions. Il doit en outre
soumettre au Groupe interministériel permanent de la sécurité 9. La question du champ d’application du code, notamment de
routière (GIPSR) les projets de textes législatifs ou réglemen- sa partie législative, a été posée lors des derniers travaux de co-
taires touchant à ce domaine. Ce groupe rassemble en fait les dification mais n’a pu être résolue au motif suivant indiqué dans
représentants des services des ministères concernés, tels que la le rapport au Président de la République (préc. supra, no 8) : « Le
direction des affaires criminelles et des grâces ou la direction gé- champ d’application du code de la route actuel n’est pas expres-
nérale de la gendarmerie nationale ou de la police nationale. La sément défini. Seule la jurisprudence de la Cour de cassation
coordination interministérielle est ainsi assurée et permet d’asso- fournit des éléments sur ce point. Il aurait été souhaitable que
cier tous les ministères concernés à l’élaboration de la politique cette lacune soit comblée mais une telle modification ne pouvait
de sécurité routière. s’inscrire dans l’application du droit constant ».

6. Afin d’améliorer encore cette indispensable coordination inter- 10. La partie législative du code de la route, en l’absence de
ministérielle et d’associer d’autres acteurs à la politique de sé- précision dans le texte, s’applique sur l’ensemble du territoire. Il
curité routière, un Conseil national de la sécurité routière a été en est ainsi de la circulation sur un terrain militaire (Cass. crim.
créé par le décret no 2001-784 du 28 août 2001 portant création 24 févr. 1971, Bull. crim., no 62), sur une aire de stationnement
du Conseil national de la sécurité routière et modifiant le décret d’un centre commercial (Cass. crim. 9 janv. 1980, Bull. crim.,
no 75-360 du 15 mai 1975 relatif au Comité interministériel de no 15) ou même sur des dunes non ouvertes à la circulation pu-
la sécurité routière (JO 1er sept.). Ce conseil, composé de qua- blique (Cass. crim. 15 févr. 1982, Bull. crim., no 49, JCP 1983.
rante-cinq membres, comprend les représentants des divers mi- II. 2022, note Chambon). Les prescriptions de l’article L. 2, deve-
nistères concernés, le délégué interministériel à la sécurité rou- nu L. 231-1, du code de la route (délit de fuite ; V. infra, no 122)
tière, le président de la mission interministérielle de lutte contre sont applicables sur l’ensemble du territoire, serait-ce sur une
la drogue et la toxicomanie, trois personnalités qualifiées, des voie privée (Cass. crim. 3 oct. 1983, Bull. crim., no 235).
représentants du Sénat, de l’Assemblée nationale, du Conseil
économique et social, des conseils régionaux, des conseils gé- 11. Cette application de la partie législative du code sur l’en-
néraux, des communes, du Conseil de la jeunesse, du Conseil semble du territoire reste malgré tout théorique car, en l’absence
national des transports, des entreprises et institutions intéres- de réquisition du maître de maison ou de commission, d’autres
sées par la sécurité routière et des associations agissant dans infractions ayant entraîné l’intervention des forces de l’ordre sur

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CIRCULATION ROUTIÈRE

une propriété privée, il est difficile d’imaginer un contrôle d’alcoo- d’un parking privé à usage public dans la cour d’une gare (Cass.
lémie sur un chemin privé non ouvert à la circulation publique. crim. 19 févr. 1986, D. 1986, IR 193).
12. Il existe deux restrictions au principe de l’application sur l’en- 18. La question est plus délicate alors qu’il s’agit de déterminer
semble du territoire national. Deux délits ne sont constitués que si une voie est ouverte à la circulation publique lorsqu’elle est ré-
s’ils ont été commis sur les voies ouvertes à la circulation pu- servée à certaines catégories d’usagers, notamment à des pié-
blique. Il s’agit de l’organisation de courses de véhicules à mo- tons. La Cour de cassation semble répondre positivement dans
teur sans autorisation (C. route, art. L. 411-7) et de l’entrave ou une espèce où un automobiliste a été condamné pour station-
de la gêne de la circulation par le placement d’un objet sur une nement gênant sur trottoir établi sur un terrain privé mais ouvert
voie ouverte à la circulation publique (C. route, art. L. 412-1). à la circulation publique notamment des piétons : « Les règles
édictées par ledit code s’appliquent aux trottoirs établis sur un
§ 2. – Partie réglementaire. terrain privé dès lors qu’ils sont ouverts à la circulation publique,
notamment aux piétons » (Cass. crim. 24 sept. 1991, D. 1991,
13. Le champ d’application de la partie réglementaire est défini IR 245).
de manière beaucoup plus restrictive, aussi bien dans l’ancien
article R. 1er que dans l’actuel article R. 110-1. Les dispositions 19. La partie réglementaire du code de la route ne s’applique pas
réglementaires du code de la route ne régissent la circulation aux véhicules circulant sur les voies ferrées empruntant l’assiette
que sur les voies ouvertes à la circulation publique. des routes (C. route, art. R. 110-3). Les conducteurs de ces vé-
hicules sont tenus toutefois de respecter les signalisations com-
14. Toutefois, des dispositions dérogatoires peuvent être portant des prescriptions absolues et les indications données par
prises. Ainsi, l’exigence d’un permis de conduire posée par les agents chargés de régler la circulation.
l’article R. 221-1 du code de la route s’étend aux voies non ou-
vertes à la circulation publique. Il en est de même de l’obligation
d’être couvert par une assurance garantissant la responsabilité ART. 3. – POUVOIRS DE POLICE DE LA CIRCULATION.
civile pour faire circuler un véhicule. L’article R. 324-1 du code
de la route rappelle la sanction encourue en cas de défaut § 1er. – Pouvoirs généraux de police.
d’assurance par la personne, en dehors de l’État, qui met
ou maintient en circulation un véhicule terrestre à moteur. Cette 20. Si le code de la route définit un ensemble de règles qui
infraction est commise « même en dehors de la voie publique » doivent être respectées par les conducteurs, les constructeurs,
(Cass. crim. 15 févr. 1982, D. 1982, IR 206). les employeurs, etc., il laisse aussi de larges pouvoirs à diverses
autorités, notamment pour la définition des règles de circulation.
15. La définition d’une voie ouverte à la circulation publique a La partie législative de l’ancien code de la route faisait quelques
donné lieu à une abondante jurisprudence qui semble parfois un allusions aux pouvoirs que détenaient les maires, les présidents
peu contradictoire. La Cour de cassation a décidé depuis long- de conseil général ou les préfets en matière de police de la circu-
temps et rappelé à plusieurs reprises que cette qualification était lation, mais il fallait se reporter au code général des collectivités
une question de pur fait laissée, par conséquent, à l’apprécia- territoriales pour véritablement connaître les pouvoirs des uns et
tion souveraine des tribunaux (Cass. ass. plén. 5 févr. 1988, des autres. Le nouveau code a fait le choix de rappeler divers
D. 1988, IR 53). La question ne se pose pas pour les voies pu- articles du code général des collectivités territoriales.
bliques, par nature, ouvertes à la circulation publique. Si elles
devaient être interdites à la circulation publique, ce ne serait que 21. Pouvoirs des maires. — Ainsi, les pouvoirs des maires dans
par une installation matérielle en interdisant l’accès ou par une les communes sont décrits aux articles L. 411-1 et L. 411-2 qui
signalisation routière interdisant la circulation. reprennent, en code suiveur, les articles L. 2213-1 à L. 2213-6 et
L. 2512-14 du code général des collectivités territoriales. Au-de-
16. Pour les voies privées, il semble bien que ce soit le critère là des règles fixées par le code de la route, le maire dispose de
de « l’usage effectif de la voie par le public » qui doit être re- pouvoirs étendus en agglomération, puisqu’il exerce la police de
tenu. La domanialité n’a pas d’importance. Il n’y a pas lieu de la circulation sur l’ensemble des voies qui traversent son agglo-
rechercher si le propriétaire est un particulier ou une personne mération. Toutefois, ce pouvoir est limité en matière de route
morale de droit public. La Cour de cassation a considéré qu’un à grande circulation. Ces routes assurent la continuité d’un iti-
chemin de terre exclusivement réservé à la desserte de champs néraire à fort trafic justifiant des règles particulières. Quelle que
n’était pas ouvert à la circulation publique (Cass. crim. 19 fé- soit leur appartenance domaniale, il était important de donner au
vr. 1957, Bull. crim., no 163). Il en est de même d’un chemin représentant de l’État dans le département des pouvoirs propres
à sens unique, partiellement empierré, non signalé et servant à dans ce domaine. Il convient cependant de noter qu’il n’existe
l’exploitation des terrains riverains (Cass. crim. 14 janv. 1975, pas de panneau de signalisation pour indiquer à un automobi-
Bull. crim., no 13), d’une allée desservant uniquement le parc de liste qu’il se trouve sur une route à grande circulation et c’est
stationnement privé des occupants d’un immeuble (Cass. crim. seulement la signalisation de priorité qui peut lui donner des in-
9 janv. 1974, D. 1974, IR 28). Mais la Cour de cassation a déci- dications, mais pas de certitude, sur la nature de la voie qu’il em-
dé qu’un chemin classé dans la voirie communale ne peut être prunte. Sur sa commune pour les voies communales et en ag-
assimilé à un chemin de terre pour les règles de priorité (Cass. glomération sur l’ensemble des voies, le maire peut prendre des
crim. 5 mars 1985, Bull. crim., no 99). mesures d’interdiction de circulation, des mesures concernant
le stationnement, réserver des emplacements pour les services
17. Pour une voie privée desservant un lotissement, deux déci- publics, etc. Comme en toute matière, ses décisions doivent
sions contraires ont été rendues, l’une la considérant comme une bien sûr être motivées et prises pour des raisons d’ordre public
voie non ouverte à la circulation publique (Cass. crim. 14 juin au sens large et les interdictions ne doivent pas être générales
1988, Jur. auto 1998.382) et l’autre non (Cass. crim. 27 avr. ou absolues ni avoir un caractère excessif. Ainsi, un maire ne
1981, Bull. crim., no 124), ce qui montre bien qu’il s’agit d’une peut pas interdire la traversée de sa commune à certains types
appréciation de pur fait et qu’une légère différence dans la confi- de véhicule si aucun itinéraire de détournement « raisonnable »
guration des lieux peut conduire à une classification différente. n’est accessible.
Les règles du code de la route s’appliquent à l’intersection de
deux voies situées sur le parking d’un centre commercial (Cass. 22. Agglomération. — Parmi les pouvoirs importants du maire,
crim. 9 janv. 1980, Bull. crim., no 15) ou sur une voie de sortie se trouve celui de fixer les limites de l’agglomération (C. route,

mai 2004 -5- Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

art. L. 411-2). La définition de l’agglomération, au sens du code § 2. – Interdictions et restrictions de circulation.


de la route, est donnée à l’article R. 110-2 : espace sur lequel
sont groupés des immeubles bâtis rapprochés et dont l’entrée A. – Cas généraux.
et la sortie sont signalés par des panneaux placés à cet effet le
26. Les pouvoirs de police concernent également les interdic-
long de la route qui le traverse ou qui le borde. Il est évident que
tions et restrictions de circulation. Par arrêté conjoint des mi-
cette définition laisse la place à une marge importante d’appré-
ciation. Or, les limites de l’agglomération définissent un certain nistres de l’Intérieur et des Transports, la circulation d’une ou
nombre de pouvoirs, marquent l’espace où la vitesse est limitée plusieurs catégories de véhicules peut être interdite durant cer-
à 50 km/h, déterminent l’espace où s’appliquent les règles de taines périodes, certains jours ou certaines heures sur tout ou
partie du réseau routier. C’est ainsi que la circulation des poids
la publicité en agglomération, par exemple. Le maire détermine
lourds de plus de 7,5 tonnes est interdite les samedis et veilles
également le périmètre des aires piétonnes, c’est-à-dire des em-
de jours fériés à partir de 22 h jusqu’à 22 h et les dimanches et
prises affectées, de manière temporaire ou permanente, à la cir-
culation des piétons et à l’intérieur desquelles la circulation des jours fériés (Arr. 22 déc. 1994 relatif à l’interdiction de circulation
véhicules est soumise à des prescriptions particulières. Le maire des véhicules de transport de marchandises, in Code de la route
définit aussi le périmètre des « zones 30 », c’est-à-dire des sec- Dalloz).
tions ou ensembles de sections de routes constituant dans une 27. De même, la circulation des véhicules transportant des ma-
commune une zone de circulation homogène, où la vitesse est tières dangereuses peut être réglementée ou interdite. L’arrêté
limitée à 30 km/h, dont les entrées et sorties sont annoncées du 10 janvier 1974 relatif à l’interdiction de circulation des véhi-
par une signalisation et font l’objet d’aménagements spécifiques. cules de transport de matières dangereuses (in Code de la route
Sur les routes à grande circulation, ces zones sont fixées par le Dalloz) la prohibe les dimanches et jours fériés de 0 h à 24 h ain-
préfet. À Paris, les pouvoirs de police de la circulation, normale- si que les samedis et les veilles de jours fériés à partir de 12 h.
ment attribués au maire, sont exercés par le préfet de police. Il est intéressant de noter que ces interdictions prises par arrêté
interministériel n’ont pas à être motivées, par exemple par des
23. Pouvoirs du président du conseil général ou exécutif. Routes
motifs de sécurité – il n’est d’ailleurs pas établi que ces interdic-
territoriales de Corse. — Les pouvoirs de police du président du
tions apportent un réel gain de sécurité -. Elles n’ont pas non
conseil général sont fixés par les articles L. 3221-4 et L. 3221-5
plus besoin de faire l’objet d’une signalisation spéciale (C. route,
du code général des collectivités territoriales, rappelés à l’ar-
art. R. 411-27).
ticle L. 411-3 du code de la route. En Corse, le président du
conseil exécutif gère le patrimoine de la collectivité territoriale et, 28. Les dispositions des arrêtés du 22 décembre 1994 et du
à ce titre, il exerce les pouvoirs de police afférents à cette ges- 10 janvier 1974 sont complétées chaque année par un arrêté
tion. La police de la circulation routière en fait partie. Ces pou- d’interdiction complémentaire, signé des mêmes ministres, por-
voirs s’exercent donc sur les routes nationales, puisque celles-ci tant sur la période estivale et interdisant, sans possibilité de déro-
ont été transférées dans le patrimoine de la collectivité (CGCT, gation, sur certains itinéraires et à certaines dates, la circulation
art. L. 4424-30). Le statut de ces routes devrait néanmoins être des véhicules de transport de marchandises d’un poids total au-
clarifié afin éventuellement de qualifier ces routes nationales de torisé en charge supérieur à 7,5 tonnes et les véhicules de trans-
routes territoriales corses pour asseoir plus précisément les pou- port de matières dangereuses (Arr. 16 mars 2001, JO 27 mars).
voirs conférés au préfet et au président du conseil exécutif. Dans Pour l’année 2004, les interdictions complémentaires de circula-
les départements de la petite couronne parisienne, Hauts-de- tion des véhicules de transport de marchandises et de transport
Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, le préfet dispose d’une de matières dangereuses ont été fixées par l’arrêté conjoint des
compétence exclusive pour les routes à grande circulation. ministres des Transports et de l’Intérieur en date du 23 décembre
2003 (JO 31 déc.).
24. Autoroutes. — Sur les autoroutes, les pouvoirs de police de
la circulation sont exercés exclusivement par le préfet de dépar- 29. Le préfet peut interdire temporairement la circulation d’une
tement, ce qui n’est qu’une application des principes de décen- ou plusieurs catégories de véhicules sur certaines partions du
tralisation. Néanmoins, ces voies utilisées principalement pour réseau routier. Bien que l’article R. 411-18 ne le précise pas, il
de longs trajets nécessitent dans certaines conditions des pro- va de soi que ces arrêtés doivent suivre les règles générales ap-
cessus de coordination entre les préfets concernés. C’est l’ob- plicables aux décisions des préfets. Il est important de noter que
jectif des plans tels que le plan neige vallée du Rhône ou PALO- ces interdictions de circulation ne peuvent être que temporaires.
MAR mais ceux-ci n’ont pas de valeur normative. Elles ne peuvent s’appliquer que sur une portion du réseau rou-
tier. Elles peuvent concerner une ou plusieurs catégories de vé-
25. Nombre de règles de circulation ne sont applicables et op-
hicules. Il s’agit ici de catégories que l’arrêté du préfet désigne et
posables aux usagers de la route que si elles font l’objet de me-
non pas de celles prévues pour la validité du permis de conduire
sures de signalisation (V. infra, no 233). Or, le droit de placer
(V. infra, no 136).
en vue du public, par tous les moyens appropriés, des indica-
tions ou signaux concernant, à un titre quelconque, la circulation 30. Le fait de ne pas respecter les interdictions de circulation
n’appartient qu’aux autorités chargées des services de la voirie résultant des arrêtés interministériels ou d’une décision préfec-
(C. route, art. L. 411-6). Cet article était à l’origine dans le code torale est puni de l’amende prévue pour les contraventions de
de la voirie routière où, dorénavant, il n’est cité que comme code la quatrième classe et le véhicule peut être immobilisé par les
suiveur. Les codificateurs ont ainsi voulu montrer qu’il s’agissait forces de l’ordre.
plus d’un pouvoir de police de la circulation routière que d’un
pouvoir tenant à la gestion du domaine routier. Il est d’ailleurs 31. Le code général des collectivités territoriales confère
étonnant qu’ait été gardée l’expression « autorités chargées des également au maire, au président du conseil général ou du
services de la voirie ». Il aurait été plus logique d’adopter la for- conseil exécutif de Corse des pouvoirs de police de la circula-
mule, retenue dans le reste du code de la route, « autorités in- tion leur permettant de prendre des mesures de restriction ou
vesties du pouvoir de police », mais il y avait peut-être un risque d’interdiction de circulation. Ainsi, un maire peut légalement
de conflit de compétence et de prise en charge financière entre interdire entre 7 h 30 et 19 h en vue d’établir un service d’ordre
celui qui décide de l’implantation d’une signalisation et celui qui à l’occasion d’une épreuve de motocross, la circulation et le
la finance, que l’application du principe de codification à droit stationnement sur les routes longeant le parcours alors que
constant ne permettait pas de résoudre. de telles mesures n’excèdent ni par leur nature, ni par leur

Rép. pén. Dalloz -6- mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

durée, ni par leur importance celles qu’un maire peut prescrire c. – Lutte contre la pollution.
dans l’intérêt général (CE 29 mars 1978, Gaz. Pal. 1978.2,
somm. 403). De même, un maire peut interdire la circulation 36. Beaucoup plus récent est le cas des interdictions ou restric-
des poids lourds transportant des matières dangereuses, dès tions de circulation propres à limiter l’ampleur ou les effets des
lors que cette interdiction n’est ni générale ni absolue puisque pointes de pollution. La loi no 96-1236 du 30 décembre 1996
les transporteurs peuvent charger et décharger des marchan- sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (D. 1997.99) a pré-
dises sur le territoire de la commune et qu’ils disposent d’une vu des possibilités de restriction de la circulation automobile lors
possibilité aisée de contourner l’agglomération en empruntant d’apparition de pics de pollution. L’article R. 411-19 du code de
une autoroute à péage (CE 1er févr. 1978, Gaz. Pal. 1978.2, la route, pris en application de cette loi, confère au préfet le pou-
somm. 321). En revanche, un maire ne peut interdire la cir- voir de déterminer par avance des zones concernées par les me-
culation et le stationnement dans une rue tout en accordant sures de suspension ou de restriction de la circulation qu’il est
une dérogation permanente pour les riverains disposant d’un susceptible de prendre et de fixer les modalités de publicité et
garage mais seulement temporaire pour ceux qui n’en disposent d’information préalables des usagers en cas de mise en œuvre
pas, apportant ainsi aux conditions de desserte des immeubles de ces mesures. La complexité de ce dispositif s’explique par le
une restriction qui excède celles que le maire peut légalement fait qu’il n’est pas possible de mettre en place une signalisation
prescrire (CE 3 juin 1994, JCP 1994. IV. 2460). particulière lorsqu’une pointe de pollution est constatée. Il était
donc nécessaire de prendre des mesures préalables (définition
32. Le fait de ne pas respecter ces interdictions ou restrictions des zones) et d’autoriser une information restreinte du public ne
de circulation prises par le maire, le président du conseil général correspondant pas aux exigences du code en matière de signa-
ou du conseil exécutif de Corse en application du code géné- lisation (V. infra, no 233). L’article R. 411-19 précise, en outre,
ral des collectivités territoriales ne fait pas l’objet d’une sanction que les mesures prises par le préfet peuvent comporter l’inter-
particulière. En effet, ces décisions, pour être opposables aux diction de circulation de véhicules, certains jours, en fonction de
conducteurs, devront se traduire par des mesures de signalisa- leur numéro d’immatriculation. Le non-respect de ces mesures
tion et c’est le non-respect de ces signalisations qui sera sanc- de restriction ou d’interdiction est sanctionné d’une contraven-
tionné (V. infra, no 233). tion de deuxième classe et les forces de l’ordre peuvent ordon-
ner l’immobilisation du véhicule. Aucune décision ne permet de
dire aujourd’hui quelle serait la position de la jurisprudence si un
B. – Autres cas d’interdiction ou de restriction de circulation. automobiliste prétendait ne pas avoir eu connaissance de l’inter-
diction de circulation.
33. Les articles R. 411-19 à R. 411-23 du code de la route pré-
voient cinq autres cas particuliers de restriction ou d’interdiction
de circulation. d. – Autobus articulés et trolleybus.

37. La circulation des autobus articulés et des trolleybus avec re-


a. – Barrières de dégel. morque constitue le quatrième cas particulier d’autorisation et de
restriction de circulation mentionné dans le code de la route. Les
34. Le plus ancien et le plus utilisé est celui qui concerne les autobus comportant plus d’une section articulée, les trolleybus et
barrières de dégel. Pour protéger l’infrastructure routière, il est leur remorque, ainsi que les autobus et leur remorque, doivent,
nécessaire lors du dégel de prendre des mesures de restric- pour pouvoir circuler, bénéficier d’une autorisation préfectorale
tion ou d’interdiction de circulation de certains véhicules. L’ar- fixant leurs conditions de circulation, leur zone d’utilisation et leur
ticle R. 411-20 du code de la route détermine l’autorité compé- itinéraire. Les autobus articulés ne peuvent circuler qu’à vide en
tente pour prendre la décision : le préfet pour les routes na- dehors de leur zone d’utilisation et à condition de bénéficier d’une
tionales, le président du conseil général pour les routes dépar- autorisation délivrée dans les conditions prévues par les dispo-
tementales, le président du conseil exécutif de Corse pour les sitions relatives aux transports exceptionnels (V. infra, no 450).
routes de l’article L. 4424-30 du code général des collectivités La circulation sans autorisation ou sans en respecter les disposi-
territoriales et le maire pour les autres routes. Le non-respect de tions est passible d’une contravention de quatrième classe, sans
ces dispositions est sévèrement sanctionné par une contraven- d’ailleurs qu’une mesure d’immobilisation puisse être prise.
tion de cinquième classe, dont la récidive est prévue, assortie
d’une possibilité de suspension du permis de conduire, et les
forces de l’ordre peuvent bien évidemment immobiliser le véhi- e. – Interdictions de circulation sur autoroute.
cule.
38. L’accès des autoroutes, pour des questions évidentes de
sécurité, est limité aux véhicules susceptibles d’atteindre une vi-
b. – Passage des ponts. tesse suffisante pour ne pas présenter de danger pour les autres
usagers. Sont donc interdits les animaux, les piétons, les véhi-
35. Des interdictions ou restrictions de circulation peuvent aussi cules sans moteur, les véhicules à moteur non soumis à imma-
être décidées pour le passage des ponts qui n’offriraient pas triculation, les cyclomoteurs, les tricycles à moteur d’une puis-
toutes les garanties nécessaires à la sécurité des passages sance égale ou inférieure à 15 kw et d’un poids inférieur ou égal
(C. route, art. R. 422-4). La cour d’appel de Paris, alors que à 550 kg, les quadricycles à moteur, les tracteurs et matériels
cette infraction était encore un délit et non, comme maintenant, agricoles et de travaux publics, les ensembles comprenant plu-
une contravention de cinquième classe, a estimé néanmoins sieurs remorques et les ensembles de véhicules composés d’un
qu’il importait peu que le poids total autorisé en charge (PTAC) véhicule articulé et d’une remorque dont la circulation est sou-
d’un camion excède la limitation fixée, du moment que le poids mise à autorisation. Pour les piétons, le non-respect de cette in-
réel du véhicule au moment du passage ne la dépasse pas (CA terdiction constitue une contravention de première classe. Pour
Paris, 13 mai 1972, Gaz. Pal. 1972.2.525). les autres, il s’agit d’une contravention de deuxième classe.

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CIRCULATION ROUTIÈRE

TITRE 1er
Particularités de la responsabilité pénale et des poursuites.

CHAPITRE 1er
Responsabilité pénale.
39. Responsabilité civile, administrative. — Bien évidemment, la leur intime conviction et les règles de preuve du droit commun, la
responsabilité civile du propriétaire d’un véhicule ou du conduc- présomption ainsi invoquée sous réserve qu’ils soient saisis du
teur peut être engagée sur la base de l’article 1384 du code civil litige, car bien souvent c’est la procédure de l’amende forfaitaire
ou en application de la loi no 85-677 du 5 juillet 1985 tendant à qui est appliquée (V. infra, no 105). De là, ils tirent les éléments
l’amélioration de la situation des victimes d’accidents de la cir- de leur décision sur la culpabilité.
culation et à l’amélioration des procédures d’indemnisation (in
Code civil Dalloz). Mais ce sujet ne relève pas de la présente 45. Photographie et vie privée. — La prise d’une photographie à
rubrique (V. Rép. civ., Vo Responsabilité-régime des accidents l’insu du conducteur intéressé pouvait poser la question de l’at-
de la circulation). teinte à la vie privée. La chambre criminelle n’en a pas décidé
ainsi : « Ne constitue pas une ingérence injustifiée dans la vie
40. La loi no 57-1424 du 31 décembre 1957 (D. 1958.30) a at- privée, au sens de l’article 8 de ladite Convention [Convention
tribué compétence aux tribunaux judiciaires pour statuer sur les européenne des droits de l’Homme], la constatation des contra-
actions en responsabilité des dommages causés par tout véhi- ventions d’excès de vitesse au moyen d’un cinémomètre associé
cule et dirigées contre une personne morale de droit public. Ce- à une prise de vue qui est utilisée aux seules fins de relever l’im-
la a eu évidemment pour effet de supprimer ainsi presque tout matriculation des véhicules en infraction et de permettre, le cas
contentieux administratif en relation avec l’automobile, sauf à re- échéant, l’identification des contrevenants » (Cass. crim. 12 juin
chercher la responsabilité de l’Administration dans la survenue 1996, inédit, Jurifrance).
d’un accident.
46. Lorsque le prévenu commet plusieurs contraventions, le
41. Il existe aussi, bien évidemment, un contentieux administratif principe du cumul des peines s’applique. Toutefois, compte tenu
autour du permis de conduire, notamment pour les questions de de la rédaction de l’ancien article R. 238, 1o , conservée dans
suspension administrative et de permis à points (V. infra, no 208). le nouvel article R. 314-1 du code de la route, l’inobservation
des prescriptions réglementaires sur l’état des pneumatiques est
constitutive d’une faute unique. Ainsi, une seule contravention
SECTION 1re peut être relevée à l’encontre d’un prévenu qui a fait circuler
Principe de la responsabilité pénale du conducteur. un véhicule dont deux pneumatiques ne présentaient pas de
sculptures apparentes sur toute leur surface de roulement, alors
42. La responsabilité pénale dans ce domaine est en revanche qu’il est nécessaire, pour que des condamnations cumulatives
particulièrement importante et, d’ailleurs, il serait tout à fait pos- puissent être prononcées, que le prévenu ait commis plusieurs
sible d’intituler le code de la route, code pénal de la route, tant fautes distinctes, punissables séparément (Cass. crim. 25 mai
le nombre de dispositions pénales est élevé. Il convient donc de 1994, Bull. crim., no 200, Dr. pénal 1994, comm. 211, JCP 1994.
se pencher plus longuement sur cette responsabilité. Les prin- IV. 1969).
cipes de cette responsabilité sont posés par les articles L. 121-1
47. Consignation. — Lorsque l’auteur d’une infraction – auteur
à L. 121-3 du code de la route.
qui, de toute évidence en l’espèce, est le conducteur – n’est pas
43. L’article L. 121-1 pose le principe de la responsabilité du en mesure de justifier d’un domicile ou d’un emploi en France
conducteur : « Le conducteur d’un véhicule est responsable pé- ou d’une caution agréée par l’Administration, le véhicule ayant
nalement des infractions commises par lui dans la conduite dudit servi à commettre l’infraction, à défaut du paiement immédiat de
véhicule ». C’est une illustration, avec d’ailleurs une numérota- l’amende forfaitaire ou de l’amende forfaitaire minorée, peut être
tion identique, de l’article 121-1 du code pénal qui dispose que retenu jusqu’à ce qu’ait été versée à un comptable du Trésor ou
« nul n’est responsable pénalement que de son propre fait ». En à l’agent verbalisateur une consignation dont le montant est fixé
effet, la principale activité liée à l’automobile est bien la conduite par arrêté. La décision imposant le versement de cette consigna-
et l’on ne saurait imputer à un tiers la responsabilité qui en dé- tion est prise par le procureur de la République qui doit statuer
coule. Il n’y a pas en matière de circulation routière de respon- dans les vingt-quatre heures de la constatation de l’infraction.
sabilité pénale du fait d’autrui. Il appartient donc au procureur de Si cette garantie n’est pas donnée, le véhicule peut être mis en
la République de rapporter la preuve que la personne poursuivie fourrière. En cas de concours réel de contraventions, il doit être
est bien celle qui conduisait le véhicule afin d’emporter l’intime versé autant de consignations qu’il y a d’infractions constatées
conviction des juges. et pour le taux applicable à chaque contravention. En cas de
concours réel de délits, une seule consignation est due et pour le
44. Le principe ainsi posé de la responsabilité pénale du conduc- taux applicable au délit pour lequel l’amende encourue est la plus
teur qui paraît d’ailleurs en partie redondant avec les articles du forte. Le montant de la consignation est le suivant (Arr. 19 déc.
code incriminant directement le conducteur trouve notamment à 2001, JO 22 déc.) :
s’appliquer lors de constatations d’infractions sans qu’il y ait in-
terception du véhicule mais simplement prise d’un cliché photo- MONTANT DE LA CONSIGNATION
graphique ou constatation suffisamment précise des agents ver- Infractions Montant en €
balisateurs pour permettre l’identification du conducteur. Dans
ce cas-là, les forces de l’ordre identifient, grâce au numéro d’im- Contraventions de la 35
matriculation du véhicule, le titulaire de la carte grise et il leur 1re classe
appartient ensuite par tout moyen, mais principalement par la
Contraventions de la 68
production de la photo, de rapporter la preuve que le proprié-
2e classe
taire est bien le conducteur. Les juges apprécient ensuite, selon

Rép. pén. Dalloz -8- mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

Contraventions de la 135 inédit) n’a pas censuré la cour d’appel qui avait décidé que cha-
4e classe cune des personnes mentionnées sur la carte grise était respon-
sable pécuniairement en application de l’article L. 21-1 (devenu
Contraventions de la 750 art. L. 121-1).
5e classe
54. Créer une présomption de responsabilité en matière pénale
Délits punis de 15 000 € 1 075 à 2 250 heurte les principes de notre droit pénal. La Cour de cassation a
au plus cependant estimé que, à partir du moment où cette présomption
permet d’apporter la preuve contraire et préserve les droits de la
Délits punis de plus 2 250 à 4 500
défense, elle n’est pas contraire aux exigences de la Convention
de 15 000 €
européenne des droits de l’Homme (Cass. crim. 3 sept. 1998,
no 97-86.192, inédit ; 9 avr. 1992, Bull. crim., no 155). Effective-
ment, l’article L. 121-2 prévoit deux cas d’exonération de cette
SECTION 2
responsabilité : l’existence d’un cas de force majeure et la fourni-
Atténuations du principe de responsabilité ture de renseignements permettant d’identifier l’auteur véritable
pénale du conducteur. de l’infraction.

48. Le principe général de responsabilité pénale du conducteur 55. Il convient aussi de préciser que cette présomption de res-
s’applique, comme l’indique l’article L. 121-1 du code de la route, ponsabilité pénale ne s’applique pas aux infractions relatives à
uniquement à la conduite du véhicule et souffre d’exceptions ou, l’arrêt du véhicule mais uniquement à celles concernant le sta-
peut-être plus exactement, d’atténuations. tionnement. Cela s’explique par la définition même de l’arrêt,
donnée à l’article R. 110-2, selon laquelle il correspond à « l’im-
mobilisation momentanée d’un véhicule [...], le conducteur res-
ART. 1er. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DU COMMETTANT.
tant aux commandes de celui-ci ou à proximité pour pouvoir, le
cas échéant, le déplacer ».
49. « Lorsque le conducteur a agi en qualité de préposé, le
tribunal pourra, compte tenu des circonstances de fait et des 56. La responsabilité pénale du propriétaire du véhicule est
conditions de travail de l’intéressé, décider que le paiement des également expressément prévue pour les infractions touchant
amendes de police prononcées en vertu du présent code seront au certificat d’immatriculation ou relatives au contrôle technique.
en totalité ou en partie à la charge du commettant si celui-ci a Mais, même si elle n’est pas expressément prévue par le code
été cité à l’audience. » de la route, elle peut aussi être engagée chaque fois que le li-
bellé de la sanction fait référence à « toute personne » ou in-
50. La simple lecture de cet alinéa 2 de l’article L. 121-1 du code
dique simplement « le fait de contrevenir » ou « toute contraven-
de la route suffit à faire comprendre que, si un employeur met
tion » sans préciser à quelle personne s’adresse cette expres-
son employé dans des conditions ne lui permettant pas de res-
sion. C’est bien évidemment dans le livre III du code de la route
pecter la réglementation, il peut se voir condamné à payer les
consacré aux véhicules que la question se pose principalement.
amendes prononcées. Il ne s’agit donc pas d’une responsabili-
Il appartient au ministère public de déterminer si la responsabi-
té pénale du fait d’autrui mais bien de l’imputation à l’employeur
lité incombe au propriétaire ou au conducteur, voire -, mais la
d’un comportement personnel fautif. Cette possibilité de mise à
question ne semble jamais s’être posée – au constructeur ou
la charge de l’employeur du montant des condamnations n’em-
au réparateur. Si cette question ne s’est jamais posée, ceci est
pêche nullement de rechercher la responsabilité personnelle du
vraisemblablement dû au fait que, pour pouvoir circuler sur la
chef d’entreprise, notamment pour des défauts d’entretien du vé-
voie publique, un véhicule à moteur doit avoir été réceptionné
hicule (Cass. crim. 6 mai 1954, D. 1964.562).
et c’est le constructeur ou l’importateur qui demande cette ré-
ception. Sa responsabilité se trouve donc dégagée dès que la
ART. 2. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DU PROPRIÉTAIRE DU VÉHICULE. réception a été accordée. Pour le réparateur automobile, c’est
beaucoup plus une question de responsabilité civile qui est en
51. L’article L. 121-2 prévoit une responsabilité pénale directe du jeu.
propriétaire du véhicule pour les infractions à la réglementation
sur le stationnement des véhicules. Cette responsabilité est ce- 57. Fixer a priori une présomption de responsabilité à l’encontre
pendant limitée aux infractions pour lesquelles seule une peine du propriétaire pour les équipements du véhicule ne paraît pas
d’amende est encourue. À l’heure actuelle, cette précision n’a possible. Ce sont les circonstances de fait qui permettent de
plus lieu d’être, puisqu’il n’y a plus de suspension du permis de déterminer quelle personne est responsable de l’infraction. Ain-
conduire pour des infractions aux règles de stationnement, no- si, l’unique utilisateur d’un véhicule appartenant à une entreprise
tamment, dangereux. peut certainement se voir reprocher l’usure des pneumatiques,
alors que celui qui utilise très occasionnellement un véhicule
52. Cette présomption de responsabilité s’explique par deux pourrait éventuellement s’exonérer de cette responsabilité. La
raisons : le nombre très élevé de contraventions commises et chambre criminelle a cependant estimé que le conducteur d’un
constatées qui a conduit à la loi no 72-5 du 3 janvier 1972 créant véhicule est coupable de cette infraction même si, dans une ins-
cette responsabilité (D. 1972.58), et le fait que, par définition, le tance antérieure diligentée contre le propriétaire du véhicule, ce-
conducteur n’est pas présent et difficile à identifier. lui-ci avait attesté en être le seul utilisateur (Cass. crim. 19 nov.
1985, Jur. auto. 1986.54).
53. Lorsque le véhicule concerné est un véhicule de location,
l’article L. 121-2 prévoit que cette responsabilité pèse sur le lo- 58. Défaut d’assurance. — Le code des assurances, dont l’ar-
cataire. Parallèlement, lorsque le certificat d’immatriculation est ticle R. 211-45 est repris en code suiveur dans l’article R. 324-1
établi au nom d’une personne morale, la responsabilité incombe du code de la route, prévoit la responsabilité de toute personne
à son représentant légal. S’est également posée la question en cas de défaut d’assurance en ne faisant pas de distinction
de l’imputation d’une responsabilité pénale à l’encontre du titu- entre le propriétaire et le conducteur. Ce texte précise qu’une
laire du certificat d’immatriculation en matière de stationnement assurance garantissant la responsabilité civile doit être souscrite
lorsque ce certificat mentionne le nom de plusieurs personnes. pour la mise ou le maintien en circulation d’un véhicule. Or, se-
La Cour de cassation (Cass. crim. 3 sept. 1998, no 97-86.192, lon les articles R. 332-1 et R. 322-5 du code de la route, c’est

mai 2004 -9- Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

bien le propriétaire du véhicule qui le met ou le maintient en cir- § 3. – Exonération.


culation en effectuant les déclarations nécessaires à la préfec-
ture. Si une présomption pèse donc sur le propriétaire, seules 62. Les possibilités d’échapper à cette présomption de respon-
les circonstances de fait pourront permettre d’imputer l’infraction sabilité ressemblent à celles prévues à l’article L. 121-1 mais la
au conducteur qui a aussi l’obligation de vérifier que le véhicule fourniture de renseignements permettant d’identifier l’auteur vé-
qu’il utilise est bien couvert par une assurance. Il n’en demeure ritable de l’infraction a été remplacée par « l’apport d’éléments
pas moins que le conducteur est tenu de présenter l’attestation permettant d’établir que la personne poursuivie n’est pas l’auteur
d’assurance à tout contrôle des pièces administratives exigées véritable de l’infraction ». Cette formulation permettait d’échap-
lors d’un contrôle routier (C. route, art. R. 233-3, citant C. assur., per aux reproches de provocation à la délation.
art. R. 211-14).
63. L’alinéa 2 de cet article L. 121-3 permet, a contrario, de
mieux cerner ce que signifie « être redevable pécuniairement ».
ART. 3. – RESPONSABILITÉ PÉCUNIAIRE DU PROPRIÉTAIRE
En effet, à l’inverse de précédents projets qui prévoyaient une
DU VÉHICULE.
responsabilité pénale entière, le législateur a souhaité limiter la
responsabilité du propriétaire du véhicule en précisant qu’il ne
s’agissait pas d’une responsabilité pénale ; qu’en conséquence,
§ 1er. – « Redevabilité » pécuniaire.
la décision du tribunal de police ne donnait pas lieu à inscription
au casier judiciaire, ne pouvait être prise en compte pour la ré-
59. Lors des contrôles effectués sans interception du véhicule, cidive, n’entraînait pas retrait de points et ne pouvait conduire à
jusqu’en 1999, l’auteur de l’infraction pouvait éviter toute répres- l’application de la contrainte par corps.
sion si la photographie prise ne permettait pas de l’identifier ou
si la configuration des véhicules (motos, camions) n’autorisait
pas une prise de vue photographique simultanée du visage du 64. La procédure applicable à cette nouvelle forme de responsa-
conducteur et de la plaque d’immatriculation. Les contraven- bilité a été longuement décrite dans une circulaire Crim-00-03/F1
tions réprimées par l’ancien article R. 232 du code de la route, de la direction des affaires criminelles et des grâces en date du
c’est-à-dire aujourd’hui les contraventions pour lesquelles la ré- 16 juin 2000 (Code de la route Dalloz, ss. art. L. 121-3). Cette cir-
daction de l’incrimination débute par « le fait pour tout conduc- culaire indique que ce nouvel article, « bien qu’il prévoie une res-
teur », ne sont effectivement imputables qu’au seul conducteur. ponsabilité pécuniaire et non une responsabilité pénale, a pour
Encourait donc la cassation le jugement qui condamnait, en ap- finalité de renverser la charge de la preuve. Désormais, c’est au
plication de l’ancien article R. 232, 2o — défaut de maîtrise -, le titulaire du certificat d’immatriculation du véhicule d’établir qu’il
directeur général de la société propriétaire du véhicule contrô- n’est pas l’auteur véritable de l’infraction ». La loi du 12 juin
lé, sans constater que le prévenu en était le conducteur, alors 2003 précitée a cependant largement modifié les conditions de
que celui-ci contestait être l’auteur de l’infraction (Cass. crim. recevabilité des recours contre les amendes forfaitaires (V. in-
17 sept. 1996, Bull. crim., no 315, Rev. sc. crim. 1997.632, obs. fra, no 107 et s). On a pu y voir un durcissement de cette res-
B. Bouloc, Gaz. Pal. 8 févr. 1997.1.25, note J.-P. Doucet). ponsabilité pécuniaire (V. J.-P. CÉRÉ, AJ Pénal 2004, Dossier.
91). Cependant la Chambre criminelle a estimé que lorsque le
propriétaire établissait « qu’il n’était pas l’auteur de l’infraction »,
60. Après des débats houleux à l’Assemblée nationale comme la juridiction ne pouvait entrer en voie de condamnation (Cass.
au Sénat, la loi no 99-505 du 18 juin 1999, portant diverses crim., 17 févr. 2004, no 03-83.794, AJ Pénal 2004.155, obs. A.
mesures relatives à la sécurité routière et aux infractions sur p. et P. R. : la preuve de l’innocence empêche la mise en œuvre
les agents des exploitants de réseau de transport public de de la « redevabilité » pécuniaire).
voyageurs (D. 1999.308 ; V. Y. MAYAUD, Entre le dit et le
non-dit, ou les leçon de droit pénal du Conseil constitutionnel,
D. 1999.589), a créé, dans le code de la route, un article L. 121-3 65. Le souhait du gouvernement en déposant ce projet de loi
(anc. art. L. 21-2) instaurant une responsabilité pécuniaire du était bien de permettre de diminuer les possibilités d’échapper
propriétaire du véhicule pour certaines infractions. Pour re- aux contrôles routiers. Les nouvelles dispositions permettent de
prendre le terme exact, il serait plus judicieux d’écrire « une s’affranchir de l’obligation d’identification du conducteur même
redevabilité pécuniaire ». En effet, ce texte, par dérogation à si, par définition, la sanction sera moins sévère et ne constituera
l’article L. 121-1 (anc. art. L. 21) du code de la route, dispose pas une véritable peine puisqu’elle ne sera pas inscrite au ca-
que le titulaire du certificat d’immatriculation est redevable sier judiciaire, ne pourra être prise en compte pour la récidive,
pécuniairement de l’amende encourue pour des contraventions n’entraînera pas retrait de points et ne pourra être assortie d’une
à la réglementation sur les vitesses maximales autorisées et sur suspension du permis de conduire. La chambre criminelle a pré-
les signalisations imposant l’arrêt des véhicules. cisé que l’application de l’article L. 121-3 du code de la route, qui
n’est pas un texte d’incrimination, n’exigeait donc pas que la per-
sonne déclarée pécuniairement redevable de l’amende ait été
§ 2. – Infractions concernées. citée sur le fondement de cette disposition (Cass. crim., 1er oct.
2003, no 02-87.349, AJ Pénal 2004.30, obs. S. E.-M.).
61. Ce texte s’applique donc à tous les excès de vitesse, mais
pas au défaut de maîtrise de la vitesse prévu aux articles R. 413-
17 à R. 413-19 du code de la route. Il s’applique également au ART. 4. – RESPONSABILITÉ DE L’EXPLOITANT D’UN
non-respect des stops et des feux rouges et vraisemblablement VÉHICULE DE TRANSPORT ROUTIER.
aussi des feux jaunes puisque ceux-ci imposent bien l’arrêt. La
loi no 2003-495 du 12 juin 2003, article 8, II renforçant la lutte 66. L’article L. 317-1, créé par la loi no 95-96 du 1er février 1995
contre la violence routière (D. 2003.1668 ; AJ Pénal 2004, Les concernant les clauses abusives et la présentation des contrats
nouvelles infractions routières, Dossier. 85, spéc. 91 et s.) a et régissant diverses activités d’ordre économique et commer-
étendu la responsabilité pécuniaire du propriétaire du véhicule à cial (D. 1995.119), prévoit une autre responsabilité pénale, celle
de nouvelles infractions : le non-respect des distances de sécuri- du responsable de l’exploitation d’un véhicule de transport routier
té entre les véhicules et l’usage irrégulier de voies ou chaussées soumis à une obligation de limitation de vitesse par construction.
réservées à certaines catégories de véhicules. Il est intéressant de noter que ces dispositions sont incluses dans

Rép. pén. Dalloz - 10 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

le titre VI de la loi intitulé « Dispositions concernant les règles ART. 5. – RESPONSABILITÉ PÉNALE DE L’ACCOMPAGNATEUR
de concurrence et le droit des contrats pour l’activité de trans- DE L’ÉLÈVE CONDUCTEUR.
port routier » et dans un chapitre Ier « Dispositions relatives aux
peines encourues en cas de non-respect des règles de la concur- 67. Le chapitre IV du titre III du livre II du code de la route dispose
rence ». À l’origine, ce ne sont donc pas des règles de circula- que l’accompagnateur d’un élève conducteur peut être soumis
tion ou de sécurité routières mais des règles de concurrence. aux mêmes vérifications concernant l’alcoolémie que le conduc-
Il s’agit d’éviter qu’un exploitant n’utilise un véhicule non équi- teur lui-même et sanctionné de la même manière. L’accompa-
pé du limiteur de vitesse ou modifie ce dispositif ou, en tant que gnateur commet donc bien une infraction propre qui est étudiée
commettant, ne fasse ou ne laisse modifier ce dispositif, ce qui dans le chapitre consacré à la conduite sous influence (V. infra,
aurait pour effet de permettre que le véhicule puisse dépasser sa no 309), mais il paraissait nécessaire de citer cette disposition
vitesse maximale autorisée et ainsi bénéficier d’un « avantage » dans le cadre de la responsabilité. La question de la respon-
par rapport à la concurrence. Mais il va de soi que cette mesure sabilité pénale de l’accompagnateur reste néanmoins posée en
anticoncurrentielle est aussi une mesure de sécurité routière. cas d’infraction commise par l’élève conducteur. En dehors de
l’alcoolémie, le code de la route ne prévoit pas de responsabili-
té pénale de l’accompagnateur. Cependant, les éléments de la
complicité pourront certainement être recherchés. Il paraît plus
difficile de qualifier une coaction.

CHAPITRE 2
Contrôles routiers.

SECTION 1re 71. L’article L. 130-4 du code de la route, modifié en dernier


lieu par l’article 12 de la loi no 2002-3 du 3 janvier 2002 rela-
Agents habilités à procéder aux contrôles. tive notamment à la sécurité des infrastructures et systèmes de
transport (JO 4 janv.), fixe la liste des agents habilités à constater
68. Il faut se reporter à la fois au code de procédure pénale et certaines contraventions au code de la route dont la liste est fixée
au code de la route pour connaître les pouvoirs de contrôle en dans la partie réglementaire. Cet article L. 130-4 a remplacé l’an-
matière de circulation routière. cien article L. 24 du code de la route qui ne faisait que renvoyer
à un décret le soin de fixer la liste des agents habilités à consta-
ter les contraventions. En fait, cette disposition était contraire à
69. Les articles 16 et suivants et 20 et suivants du code de une jurisprudence du Conseil constitutionnel (Décis. no 90-281
procédure pénale définissent, de manière générale, les pouvoirs DC du 27 déc. 1990, JO 29 déc.) : « Considérant qu’en ver-
des officiers de police judiciaire, des agents de police judiciaire tu du deuxième alinéa de l’article 34 de la Constitution, la loi
et des agents de police judiciaire adjoints, ainsi que de certains fixe les règles concernant la procédure pénale ; qu’au nombre
fonctionnaires et agents chargés de certaines fonctions de police de ces règles figurent, notamment, la détermination des caté-
judiciaire. Tout officier de police judiciaire est chargé de consta- gories de personnes compétentes pour constater les infractions
ter les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les preuves et aux dispositions pénalement sanctionnées, en rassembler les
d’en rechercher les auteurs (C. pr. pén., art. 14). Les agents preuves et en rechercher les auteurs, ainsi que les modalités sui-
de police judiciaire ont pour mission de seconder les officiers de vant lesquelles elles exécutent leurs missions ». C’est ainsi que
police judiciaire et de constater les crimes, délits ou contraven- l’ordonnance no 2000-1255 du 21 décembre 2000 (JO 23 déc.)
tions et d’en dresser procès-verbal (C. pr. pén., art. 20). Les a modifié certaines dispositions de l’ordonnance no 2000-930
agents de police judiciaire adjoints ont aussi pour mission de se- du 22 septembre 2000 (préc. supra, no 8) pour rendre celle-ci
conder les officiers de police judiciaire et de rendre compte à conforme à la Constitution. Les décrets no 2002-1256 du 15 oc-
leurs chefs hiérarchiques de tous crimes, délits ou contraven- tobre 2002 (JO 16 oct.) et no 2003-536 du 20 juin 2003 (JO
tions dont ils ont connaissance (C. pr. pén., art. 21). Ces pou- 22 juin) ont fixé la liste des contraventions que certains agents de
voirs définis par le code de procédure pénale s’appliquent bien police judiciaire adjoints étaient habilités à constater. Ils ouvrent
évidemment aux infractions commises en matière de circulation notamment la possibilité aux adjoints de sécurité, aux volontaires
routière. Les articles L. 130-1 à L. 130-7 du code de la route servant dans la gendarmerie et aux agents de surveillance de
complètent ce dispositif pour les infractions spécifiques liées à Paris de constater la plupart des contraventions au code de la
la circulation routière. Certains fonctionnaires de police, tant du route. Ils ont également modifié la liste des contraventions que
corps de commandement et d’encadrement de la police natio- les agents chargés du contrôle des transports terrestres pou-
nale que du corps de maîtrise et d’application lorsqu’ils ne sont vaient constater.
pas officiers de police judiciaire, peuvent obtenir cette qualifica-
tion aux seules fins de rechercher et constater les infractions au 72. Police municipale. — (V. Police municipale) L’article L. 130-5
code de la route et celles d’atteintes à la vie ou à l’intégrité phy- du code de la route cite en le reproduisant l’article L. 2212-5
sique commises à l’occasion de la conduite d’un véhicule. Ils du code général des collectivités territoriales, qui donne compé-
peuvent également exercer les attributions d’agent de police ju- tence aux agents de police municipale pour constater les contra-
diciaire mais uniquement dans ce domaine routier. Les infrac- ventions aux dispositions du code de la route dont la liste est
tions que ces agents peuvent rechercher et constater sont aussi fixée par décret en Conseil d’État, en fait par l’article R. 130-2
bien des délits que des contraventions. du code de la route. En réalité, ces agents peuvent consta-
ter, sur le territoire communal, la plupart des infractions au code
de la route ainsi que les infractions aux articles R. 644-2 (em-
70. Les dispositions des anciens articles R. 248 à R. 252 du barras de la voie publique par le dépôt d’objets quelconques)
code de la route (art. L. 130-4 et R. 130-1 à R. 130-9 nouv.) et R. 653-1 (mort ou blessure involontaire d’un animal domes-
n’excluent pas l’application des dispositions générales de l’ar- tique) du code pénal, commises à l’occasion de la conduite d’un
ticle 21 du code de procédure pénale (Cass. crim. 14 nov. 2000, véhicule. Toutefois, le relevé de certaines d’entre elles est ex-
no 00-82.077, Gaz. Pal. 24/28 août 2001, p. 26). clu, l’application du principe du droit constant lors des travaux

mai 2004 - 11 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

de codification ayant néanmoins conduit à garder quelques bi- dressé au vu d’une photographie par un agent qui n’a pas per-
zarreries. Sont exclues les infractions commises par les pié- sonnellement constaté l’infraction, n’a pas de valeur probante
tons, celles relatives à l’organisation des manifestations spor- au sens de l’article 429 du code de procédure pénale mais que
tives (art. R. 221-18), le défaut d’échange du permis de conduire ses énonciations valent à titre de simples renseignements (Cass.
après un an de résidence ou la conduite sans avoir procédé à cet crim. 17 oct. 2001, no 00-86.505. D. 2001, IR 3395).
échange (art. R. 222-2 et R. 222-3), la contravention de conduite
sous l’empire d’un état alcoolique (art. R. 234-1), la vente ou la 77. Une attestation écrite ne constitue pas une preuve par écrit
mise en vente d’un pneumatique non conforme (art. R. 314-2), au sens de l’article 537 du code de procédure pénale (Cass.
les contraventions relatives au commerce des dispositifs de dé- crim. 7 févr. 2001, Gaz. Pal. 24/28 août 2001, p. 44).
bridage des cyclomoteurs (art. R. 317-29), les contraventions
78. Les procès-verbaux constatant des infractions à la régle-
relatives à la réception des véhicules (art. R. 321-4, al. 1er à
mentation sur le stationnement payant des véhicules sur la base
4), les contraventions aux dispositions réglementant les courses
d’indications fournies par des appareils de mesure font foi, en ap-
(art. R. 411-32), le défaut de paiement du montant d’un péage
plication des articles 537 du code de procédure pénale et R. 253
(art. R. 412-17), le refus de faire cesser un trouble à la circula-
du code de la route (art. abrogé lors de la codification par redon-
tion (art. R. 412-51), la distribution de tracts ou prospectus aux
dance avec l’art. 537 C. pr. pén.), jusqu’à preuve contraire (Cass.
conducteurs (art. R. 412-52) et les contraventions liées aux dis-
crim. 23 mai 1984, Bull. crim., no 189, D. 1984, IR 431 ; 25 mars
positifs anti-radar (art. R. 413-15).
1992, Bull. crim., no 127). Il appartient au prévenu d’apporter la
73. Contrôle des transports terrestres. — Enfin, l’article L. 130-6 preuve du fonctionnement défectueux de l’appareil horodateur
du code de la route, dans sa rédaction issue de la loi du 3 janvier (Cass. crim. 15 févr. 2000, Bull. crim., no 67).
2002 relative notamment à la sécurité des infrastructures et sys-
tèmes de transport (préc. supra, no 71), donne compétence aux SECTION 2
agents et fonctionnaires de l’État chargés du contrôle des trans-
ports terrestres pour constater les délits de l’article L. 224-5 (obs- Documents à présenter aux contrôles.
tacle à immobilisation, V. infra, no 96), ceux de l’article L. 317-1
79. Pour que les contrôles puissent être efficaces, le code de
relatifs aux dispositifs de limitation de vitesse par construction
la route a prévu que le conducteur devait être en mesure de
de certains véhicules et ceux de l’article L. 413-1 (délit de grand
présenter à tout moment certains documents laissant présumer
excès de vitesse en récidive).
qu’il se trouve en situation régulière. Lorsque le code de la route
74. Dans les ouvrages dont l’exploitation présente des risques exige la possession de documents relatifs soit au véhicule lui-
routiers particuliers pour la sécurité des personnes et dont les même, soit au conducteur, ce dernier est tenu de les présenter
conditions de construction et d’exploitation sont déterminées par aux agents habilités à effectuer les contrôles routiers.
des conventions internationales, les infractions au code de la 80. Le conducteur doit pouvoir présenter un titre justifiant de son
route ou au règlement de circulation spécifique à l’ouvrage com- autorisation de conduire. Sous cette expression, il faut avant tout
mises sur la partie française peuvent être relevées par un offi- comprendre le permis de conduire, mais elle fait aussi référence
cier ou un agent de police judiciaire à la sortie de l’ouvrage en au brevet de sécurité routière (V. infra, no 230) ou au brevet mili-
territoire étranger. La procédure de l’amende forfaitaire minorée taire de conduite (V. infra, no 226). En cas de perte ou de vol du
avec paiement immédiat entre les mains de l’agent verbalisateur permis de conduire, la déclaration de perte ou de vol tient lieu de
est applicable ainsi que la procédure de consignation (C. voirie permis pendant deux mois.
routière, art. L. 118-4, issu de l’art. 2 de la loi du 3 janv. 2002,
[préc. supra, no 71]). 81. Le conducteur doit également présenter la carte grise du
véhicule, ainsi que des semi-remorques ou des remorques de
75. Force probante des procès-verbaux. — Conformément aux plus de 500 kg (carte violette pour les véhicules de transport en
dispositions des articles 430 et 537 du code de procédure pé- commun). Il peut présenter éventuellement les récépissés provi-
nale et sauf si la loi en dispose autrement, les procès-verbaux soires (« WW »). Dans quelques cas (véhicules de location sans
et rapports constatant des délits ne valent qu’à titre de simples option d’achat, véhicules de plus de 3,5 tonnes soumis à des vi-
renseignements et ceux constatant des contraventions font foi sites techniques périodiques), la présentation de la photocopie
jusqu’à preuve contraire, celle-ci ne pouvant être rapportée que de la carte grise est suffisante (Arr. 31 déc. 1987).
par témoin ou par écrit. Une cour d’appel ne peut, sans vio-
ler les dispositions de l’article 537 du code de procédure pé- 82. Le fait de ne pas présenter immédiatement ces documents
nale, prononcer la relaxe d’un contrevenant sans constater que aux autorités chargées du contrôle constitue une contravention
la preuve contraire aux énonciations du procès-verbal a été rap- de première classe. Cette contravention vise donc uniquement
portée par écrit ou par témoins (Cass. crim. 25 avr. 1977, Bull. le défaut de présentation immédiate et ouvre un délai de cinq
crim., no 134). Un juge de police ne saurait, sans méconnaître la jours au contrevenant pour lui permettre de présenter les docu-
foi due à un procès-verbal, dénier l’existence d’une contraven- ments exigés et ainsi justifier qu’il est en règle au regard de la
tion, constatée par procès-verbal, non combattue par la preuve possession du permis de conduire ou du certificat d’immatricula-
contraire (Cass. crim. 2 avr. 1929, DH 1929.268). L’article 537 tion. À défaut de présentation à l’issue de ce délai, le contreve-
du code de procédure pénale, qui dispose que les contraven- nant commet une contravention de quatrième classe. Il convient
tions sont prouvées, soit par procès-verbaux ou rapports, soit par de noter que, si le défaut de présentation immédiate s’applique
témoins, et que la preuve contraire ne peut être rapportée que uniquement au conducteur, le défaut de présentation dans les
par écrit ou par témoins, n’est pas incompatible avec le principe cinq jours est imputable à toute personne, parmi lesquelles se
conventionnel de l’« égalité des armes », dès lors qu’il impose trouve bien évidemment le propriétaire en ce qui concerne la
à chacune des parties au procès pénal les mêmes modes de carte grise. Au-delà du délai de cinq jours, c’est l’infraction de
preuve (Cass. crim. 12 nov. 1997, no 96-84.325, inédit). défaut de permis de conduire ou de certificat d’immatriculation
qui pourra être relevée. Ainsi, trois contraventions peuvent se
76. Mais, dans un arrêt récent, à propos de l’inobservation de cumuler.
l’arrêt absolu imposé par un feu de signalisation constatée par
photographie à l’aide d’un appareil qui n’a été soumis à aucun 83. Le défaut de présentation du brevet de sécurité routière
contrôle, la Cour de cassation a rappelé qu’un procès-verbal, dans le délai de cinq jours ne constitue qu’une contravention de

Rép. pén. Dalloz - 12 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

deuxième classe correspondant d’ailleurs à celle prévue pour la l’immatriculation des véhicules et des cartes grises qui en sont
conduite d’un cyclomoteur sans brevet. la matérialisation, mais aussi à tout ce qui concerne les gages
pris sur un véhicule, les déclarations de vol, les oppositions au
84. En ce qui concerne la justification de l’assurance du véhicule, transfert de la carte grise. Les informations sont recueillies par
les articles R. 211-14, R. 211-21-1 et R. 211-21-5 du code des les préfectures. La communication de ces informations est très
assurances, rappelés à l’article R. 233-3 du code de la route, strictement limitée. Seuls le titulaire de la carte grise, son avo-
fixent des règles similaires. Tout conducteur doit être en me- cat ou son mandataire, les autorités judiciaires, les officiers et
sure de présenter immédiatement à tout contrôle un document agents de police judiciaire dans le cadre d’une mission de police
délivré par son assureur faisant présumer que l’obligation d’as- judiciaire et les préfets pour l’exercice de leurs compétences en
surance est satisfaite. Le défaut de présentation immédiate de matière de circulation des véhicules peuvent avoir accès à l’en-
ce document constitue une contravention de deuxième classe. semble des informations. Les fonctionnaires habilités à effectuer
Toute personne qui, invitée à présenter dans les cinq jours ce des contrôles routiers, les fonctionnaires du ministère de l’Indus-
document, ne le fera pas, est passible d’une contravention de trie et du ministère des Transports pour l’exercice de leurs com-
quatrième classe. L’application de cette contravention empêche pétences, auxquels l’article 18 de la loi no 2001-1062 du 15 no-
l’application de la contravention de deuxième classe pour défaut vembre 2001, relative à la sécurité quotidienne (D. 2001.3400),
de présentation immédiate. Enfin, tout souscripteur d’un contrat a ajouté ceux des ministères de l’Intérieur et de la Défense, et
d’assurance pour un véhicule mentionné à l’article R. 211-21-1 les entreprises d’assurance pour la mise en œuvre des garanties
du code des assurances doit apposer sur ce véhicule un certifi- de responsabilité civile en cas de sinistre, peuvent avoir accès
cat d’assurance valide remis par son assureur et laissant égale- à l’ensemble des informations, à l’exception de celles concer-
ment présumer l’existence d’un contrat d’assurance. La rédac- nant les gages constitués sur les véhicules et les oppositions au
tion de l’alinéa 4 de l’article R. 211-14 du code des assurances transfert de la carte grise. Enfin, les agents chargés de l’exé-
laisse supposer que la présence du certificat d’assurance sur le cution d’un titre exécutoire, les administrateurs judiciaires et les
véhicule dispense le conducteur de la présentation immédiate syndics peuvent se faire communiquer, à l’exclusion de tout autre
de l’attestation d’assurance (« Tout conducteur d’un véhicule [...] renseignement, l’état civil du propriétaire, le numéro d’immatri-
non soumis à l’obligation prévue à l’article R. 211-21-1 »). Mais culation et les caractéristiques du véhicule, ainsi que les gages
aucune jurisprudence n’est venue confirmer cette position. constitués et les oppositions.

88. Trois infractions sont attachées à l’inscription ou à la dé-


SECTION 3
livrance d’informations contenues dans ce fichier. Le fait de
Fichiers. prendre le nom d’un tiers, de manière à déterminer ou risquer
de déterminer l’enregistrement au nom de cette personne d’une
85. Il est nécessaire, pour les forces de l’ordre qui procèdent au condamnation ou d’une décision administrative, est puni des
contrôle d’un véhicule et de son conducteur, de pouvoir effectuer peines prévues par l’article 434-23 du code pénal, c’est-à-dire
des vérifications par le biais de fichiers enregistrant les données celles prévues pour la prise du nom d’un tiers ayant entraî-
indispensables pour les accomplir. Deux fichiers sont concer- né ou risquant d’entraîner des poursuites pénales (cinq ans
nés : le fichier national des immatriculations et le fichier national d’emprisonnement et 75 000 € d’amende). Le fait, en prenant
du permis de conduire. Il convient d’en citer un troisième, le fi- un faux nom ou une fausse qualité, de se faire communiquer
chier central des automobiles. Les autorités judiciaires peuvent, les informations enregistrées et concernant un tiers est puni
quant à elles, disposer du casier judiciaire qui comprend des in- des peines de l’article 781 du code de procédure pénale relatif
formations sur les infractions commises en matière de circulation à la communication d’informations contenues dans le casier
routière. judiciaire (7 500 € d’amende). Enfin, le fait d’obtenir des infor-
mations dont la communication n’est pas prévue est puni de la
ART. 1er. – FICHIER CENTRAL DES AUTOMOBILES. même peine.

86. L’arrêté du 11 octobre 1983 (in Code de la route Dalloz) a


ART. 3. – FICHIER NATIONAL DU PERMIS DE CONDUIRE.
créé le fichier national informatisé des véhicules immatriculés sur
le territoire français, intitulé « fichier central des automobiles », 89. Toutes les informations relatives aux permis de conduire, aux
destiné au suivi des immatriculations et du parc des véhicules décisions administratives ou judiciaires portant restriction de va-
en circulation, ainsi qu’à la fourniture d’informations statistiques lidité, retrait, suspension ou annulation du permis de conduire
et nominatives à diverses administrations et aux constructeurs et ou retrait de points, aux procès-verbaux d’infractions entraînant
importateurs de véhicules. Il est géré par le ministère des Trans- retrait de points et ayant donné lieu au paiement d’une amende
ports. Il ne s’agit pas d’un fichier de police mais uniquement forfaitaire ou à l’émission d’un titre exécutoire sont enregistrées
d’un fichier à visée économique et statistique dont la consulta- dans le fichier national du permis de conduire. Les informations
tion nécessite cependant un agrément. Il s’agit d’un fichier de relatives aux condamnations judiciaires, aux compositions pé-
véhicules, et non de personnes, dont l’accès se fait à partir du nales, aux amendes forfaitaires et aux mesures administratives
numéro d’immatriculation. affectant le permis de conduire sont effacées automatiquement
après un délai de six ans sans que soit intervenue une décision
ART. 2. – FICHIER NATIONAL DES IMMATRICULATIONS. judiciaire. Ce délai est porté à dix ans pour les infractions d’homi-
cide ou blessures involontaires commises en récidive ou simulta-
87. Créé par la loi no 90-1131 du 19 décembre 1990 (D. 1991.27) nément avec un délit de fuite ou une conduite en état alcoolique
reprise à l’article L. 330-1 du code de la route et par l’arrêté du (C. route, art. L. 224-15). Il est ramené à trois ans pour les infor-
20 janvier 1994 pris pour son application (in Code de la route mations modifiant le nombre de points du permis de conduire et à
Dalloz), placé sous le contrôle du ministre de l’Intérieur, le fichier deux ans pour les informations relatives aux permis de conduire
national des immatriculations constitue un traitement automati- dont la délivrance est sollicitée.
sé des informations nominatives ou non, enregistrées en vue de
l’établissement et de la gestion des autorisations et pièces admi- 90. Le titulaire du permis de conduire a droit à la communication
nistratives exigées pour la circulation des véhicules ou affectant du relevé intégral des mentions le concernant. Toutefois et afin
leur disponibilité. Autrement dit, ce fichier sert à la gestion de d’éviter que, notamment, un employeur puisse le lui demander,

mai 2004 - 13 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

il ne peut en obtenir copie. Ce relevé intégral peut également bulletins du casier judiciaire en application des articles 768 et
être fourni aux autorités judiciaires, aux officiers de police judi- suivants du code de procédure pénale.
ciaire agissant sur ordonnance juridictionnelle ou en flagrance et
aux préfets pour l’exercice de leurs compétences en matière de 93. Le tribunal qui prononce une condamnation pour délit peut
permis de conduire. Les seules informations concernant l’exis- en exclure expressément la mention du bulletin no 2 du casier
tence, la catégorie et la validité du permis de conduire peuvent judiciaire de la personne intéressée, étant noté que les condam-
être communiquées au titulaire, à son avocat ou à un manda- nations pour contraventions ne sont pas mentionnées au bulletin
taire, aux officiers ou agents de police judiciaire agissant en en- no 2. Cette exclusion emporte relèvement de toutes les inter-
quête préliminaire, aux agents effectuant des contrôles routiers dictions, déchéances ou incapacités de quelque nature qu’elles
et aux entreprises d’assurance. En fonction des accords inter- soient résultant de cette condamnation. La chambre criminelle a
nationaux engageant la France, des mesures prises par une au- explicité que ce relèvement des incapacités, déchéances ou in-
torité étrangère et affectant le permis de conduire peuvent être terdictions ne se comprenait que lorsque celles-ci résultaient de
enregistrées ou, à l’inverse, communiquées à ces mêmes auto- la condamnation et avaient donc le caractère de peines acces-
rités. soires, ce qui n’est pas le cas de la suspension ou de l’annulation
du permis de conduire qui sont des peines complémentaires fa-
91. Comme pour les informations contenues dans le fichier na- cultatives (Cass. crim. 19 oct. 1982, Bull. crim., no 223, Rev.
tional des immatriculations, trois infractions sont prévues pour sc. crim. 1984.493, obs. Larguier) ou obligatoires (Cass. crim.
non-respect des dispositions concernant l’enregistrement et la 30 mai 1991, Bull. crim., no 229 : « Qu’en effet, l’annulation
communication des informations enregistrées dans le fichier du de plein droit du permis de conduire, prévue par l’article L. 15,
permis de conduire. Le fait de prendre le nom d’un tiers de ma- II du code de la route, revêt le caractère, non d’une interdiction,
nière à déterminer ou risquer de déterminer l’enregistrement au d’une déchéance, ou d’une incapacité, mais d’une peine complé-
nom de cette personne d’une condamnation ou d’une décision mentaire obligatoire, et n’entre pas, comme telle, dans les pré-
administrative est puni des peines prévues par l’article 434-23 visions de l’article 775-1, al. 2, du code de procédure pénale »).
du code pénal, c’est-à-dire celles prévues pour la prise du nom
d’un tiers ayant entraîné ou risquant d’entraîner des poursuites
pénales (cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende). SECTION 4
Le fait, en prenant un faux nom ou une fausse qualité, de se Immobilisation, mise en fourrière et confiscation.
faire communiquer les informations enregistrées et concernant
un tiers est puni des peines de l’article 781 du code de procé- 94. Le législateur a prévu, dans des cas limitativement énumé-
dure pénale relatif à la communication d’informations contenues rés, la possibilité, pour les forces de l’ordre, d’immobiliser un
dans le casier judiciaire (7 500 € d’amende). Enfin, le fait d’obte- véhicule et parfois de le mettre en fourrière. Il s’agit alors de
nir des informations dont la communication n’est pas prévue est mesures administratives. Le code de la route et le code pénal
puni de la même peine. prévoient également la possibilité de prononcer l’immobilisation
d’un véhicule à titre de peine complémentaire.
ART. 4. – CASIER JUDICIAIRE.
ART. 1er. – IMMOBILISATION.
92. Le casier judiciaire joue également un rôle important en
matière de circulation routière. Les casiers des contraventions 95. L’immobilisation est l’obligation faite au conducteur ou au
d’alcoolisme et des contraventions de circulation routière ont propriétaire d’un véhicule de le maintenir sur place ou à proxi-
été supprimés par l’article 114 de la loi no 92-1336 du 16 dé- mité du lieu de constatation de l’infraction en se conformant aux
cembre 1992 relative à l’entrée en vigueur du nouveau code règles relatives au stationnement. La loi (C. route, art. L. 325-1)
pénal. Mais le casier judiciaire national continue d’enregistrer prévoit que la possibilité d’immobilisation administrative est su-
un certain nombre de condamnations relatives à des infractions bordonnée à plusieurs conditions. Le véhicule doit être en infrac-
commises à l’occasion de la conduite d’un véhicule. D’abord, tion aux dispositions du code de la route, de règlements de police
comme pour toutes les autres infractions, le casier judiciaire ou à la réglementation relative à l’obligation d’assurance. Il doit
enregistre les condamnations, contradictoires ou, par défaut, compromettre la sécurité ou le droit à réparation des usagers
non frappées d’opposition, prononcées pour délits ou contra- de la route, la tranquillité ou l’hygiène publique, l’esthétique des
ventions de cinquième classe, c’est-à-dire, pour le domaine qui sites et paysages classés ou encore la conservation ou l’usage
nous préoccupe, le défaut d’assurance, le défaut de permis de normal des voies ouvertes à la circulation publique et de leurs
conduire, l’excès de vitesse de plus de 50 km/h, les atteintes dépendances.
involontaires à la vie ou à l’intégrité physique, le délit. – mais pas
la contravention – de conduite en état alcoolique ou la conduite 96. Le fait, pour tout conducteur d’un véhicule, de faire obstacle
en état d’ivresse, le délit de fuite, etc. Il en est de même des à l’immobilisation de celui-ci est puni de trois mois d’emprison-
déclarations de culpabilité assorties d’une dispense de peine nement et de 3 750 € d’amende (C. route, art. L. 224-5). La
et des ajournements du prononcé de la peine, sauf exclusion suspension du permis de conduire, la peine de travail d’intérêt
expresse (C. pén., art. 132-59). D’autre part, le casier judiciaire général et celle de jours-amende peuvent être prononcées à titre
enregistre les condamnations contradictoires ou, par défaut, de peine complémentaire. Ce délit semble très proche dans ses
non frappées d’opposition prononcées pour les contraventions éléments constitutifs du non-respect de l’obligation née de la dé-
des quatre premières classes, dès lors. – et c’est ce qui inté- cision d’immobilisation qui, lui, est puni de l’amende prévue pour
resse particulièrement le domaine de la circulation routière – les contraventions de quatrième classe ou de cinquième classe
qu’est prise, à titre de peine principale ou complémentaire, une si cette infraction concerne un véhicule de plus de 3,5 tonnes ou
mesure d’interdiction, de déchéance ou d’incapacité. Toutefois, un véhicule de transport en commun (C. route, art. R. 325-2).
ces condamnations pour contraventions ne sont mentionnées En fait, à l’origine, le non-respect de l’immobilisation constituant
que sur le bulletin no 1 du casier judiciaire. Elles sont retirées du un délit avait été créé pour l’immobilisation consécutive à une
casier judiciaire à l’expiration d’un délai de trois ans à compter conduite sous l’empire d’un état alcoolique. Par suite de modifi-
du jour où elles sont devenues définitives. Les condamnations cations législatives successives, ce texte est devenu autonome.
pour délit suivent le sort de toutes les condamnations pour ce Il appartiendra à la jurisprudence d’établir, le cas échéant, la dif-
type d’infraction et sont donc inscrites éventuellement à tous les férence entre ces deux infractions touchant à l’immobilisation.

Rép. pén. Dalloz - 14 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

Il reste actuellement de cette différence le fait que les codifica- jours. S’il estime qu’il n’y a pas d’infraction, il ordonne la mainle-
teurs ont maintenu le délit sous l’article prévoyant un cas d’office vée et en informe l’autorité qui l’a prescrite. Lorsqu’un véhicule
d’immobilisation en cas de rétention du permis de conduire pour est placé en fourrière, l’autorité dont celle-ci relève classe le véhi-
conduite sous l’empire d’un état alcoolique (C. route, art. L. 224-4 cule dans l’une des trois catégories suivantes : véhicule pouvant
et L. 224-5 ; V. infra, no 158). être restitué en l’état à son propriétaire ou à son conducteur, vé-
hicule ne pouvant être restitué qu’après exécution des travaux
97. Les cas d’immobilisation sont prévus sous chaque article reconnus indispensables ou après satisfaction des obligations
concerné, par exemple, conduite sous l’empire d’un état alcoo- de contrôle technique, véhicule hors d’état de circuler dans des
lique, défaut de casque, défaut de permis de conduire ou défaut conditions normales de sécurité, dont la valeur marchande est
de contrôle technique. Le décret no 2003-42 du 8 janvier 2003 inférieure à un montant fixé par les ministres de l’Intérieur et des
(JO 15 janv.) a ajouté deux cas d’immobilisation : la circulation Finances (actuellement 750 € ; Arr. 3 sept. 1996) et devant être
sans certification d’immatriculation et le fait d’utiliser un certifi- livré à la destruction à l’issue du délai d’abandon (quarante-cinq
cat d’immatriculation provisoire, de transit ou délivré par un État jours après la mise en demeure adressée au propriétaire d’avoir
membre de la CE sans en respecter les conditions de validité. à retirer son véhicule). Le classement dans les deux dernières
Lorsque la décision d’immobilisation a été prise pour conduite catégories se fait après avis d’un expert en automobile. Les vé-
sous l’empire d’un état alcoolique, défaut de permis de conduire, hicules réclamés dans les trois jours suivant la mise en fourrière
infraction à la législation relative aux conditions de travail dans peuvent être restitués sans avoir été expertisés ni classés. La
les transports ou défaut de présentation des documents permet- mise en fourrière est notifiée par l’officier de police judiciaire à
tant de vérifier le respect de ces règles, l’immobilisation est levée l’adresse mentionnée sur le procès-verbal d’infraction si le pro-
dès qu’un conducteur qualifié proposé par le conducteur ou le priétaire ou le conducteur était présent ou à l’adresse indiquée
propriétaire peut assurer la conduite du véhicule. Lorsque l’im- au fichier national des immatriculations. La mainlevée de la mise
mobilisation a été décidée en raison d’infractions touchant à l’état en fourrière est prise par l’autorité qui l’a prescrite ou par l’offi-
ou à l’équipement du véhicule, elle ne peut être rendue effec- cier de police judiciaire chargé de l’exécuter. Elle intervient sur
tive que dans un lieu où le conducteur du véhicule sera en me- simple demande du propriétaire ou du conducteur pour les vé-
sure de trouver les moyens de faire cesser l’infraction, sous ré- hicules classés dans la première catégorie ou après production
serve que l’accompagnement du véhicule jusqu’à ce lieu puisse de la facture détaillée certifiant l’exécution des travaux reconnus
se faire dans des conditions de sécurité suffisantes. Le conduc- indispensables par l’expert ou du récépissé délivré par un centre
teur peut également être autorisé à faire appel à un professionnel de contrôle technique agréé pour les autres catégories. Le pro-
pour faire remorquer son véhicule. Dans ce cas, l’immobilisation priétaire est tenu de rembourser, à partir du moment où il y a eu
prend effet au lieu de réparation. Si le véhicule est en infraction commencement d’exécution, les frais d’enlèvement, les frais de
aux règles relatives au contrôle technique, la décision d’immo- garde et d’expertise et, le cas échéant, de vente ou de destruc-
bilisation doit prescrire la présentation du véhicule à un centre tion du véhicule. S’il n’y a pas eu commencement d’exécution,
de contrôle technique habilité. Il en est de même si l’infraction il doit néanmoins rembourser les frais afférents aux opérations
concerne une modification du fonctionnement du dispositif d’en- préalables à la mise en fourrière si le véhicule d’enlèvement s’est
registrement ou de limitation de la vitesse. L’immobilisation ne rendu sur les lieux. Les véhicules abandonnés sont remis au
peut être maintenue après que la circonstance qui l’a motivée a service des domaines pour aliénation. Sur décision de l’autori-
cessé. té investie du pouvoir de police de circulation, les véhicules qui
n’ont pas trouvé preneur ou ceux classés dans la troisième ca-
98. L’immobilisation est aussi une peine complémentaire pré- tégorie peuvent être détruits.
vue par le code de la route pour le délit, en état de récidive, de
conduite sous l’empire d’un état alcoolique ou de refus de se sou- 100. Lorsqu’un véhicule est laissé sans droit dans un lieu public
mettre aux vérifications concernant l’alcool (C. route, art. L. 234- ou privé, le maître des lieux peut demander à l’officier de po-
12). Le code pénal, pour tout délit puni d’une peine d’emprison- lice judiciaire de le faire enlever. Si le maître des lieux connaît
nement, a également prévu, parmi les peines privatives ou res- l’identité et l’adresse du propriétaire, il doit le mettre en demeure
trictives de droit, celle de l’immobilisation, pour une durée d’un d’avoir à retirer le véhicule dans les huit jours. S’il ne possède
an au plus, d’un ou plusieurs véhicules appartenant au condam- pas ces renseignements, il peut demander à l’officier de police
né (C. pén., art. 131-6). L’article 131-9 du code pénal prévoit judiciaire de lui fournir les renseignements mentionnés dans le
également que la loi peut sanctionner un délit ou un crime d’une fichier national des immatriculations afin de pouvoir effectuer la
peine complémentaire comportant immobilisation. mise en demeure. L’officier de police judiciaire prescrit alors la
mise en fourrière qui est notifiée au propriétaire du véhicule s’il
a pu être identifié.
ART. 2. – MISE EN FOURRIÈRE.
ART. 3. – CONFISCATION.
99. La mise en fourrière est le transfert d’un véhicule en un
lieu désigné par l’autorité administrative ou judiciaire en vue d’y 101. La confiscation est une peine complémentaire prévue par
être retenu jusqu’à décision de celle-ci, aux frais du propriétaire. le code de la route pour le délit, en état de récidive, de conduite
Les conditions auxquelles est subordonnée la mise en fourrière sous l’empire d’un état alcoolique ou de refus de se soumettre
sont identiques à celles exigées pour l’immobilisation (V. supra, aux vérifications concernant l’alcool (C. route, art. L. 234-12).
no 95). Elle ne peut être décidée que dans les cas prévus par di- Le fait d’enseigner la conduite ou de gérer un établissement
vers articles du code de la route, par exemple, entrave à la circu- d’enseignement de la conduite sans être titulaire de l’autorisa-
lation, stationnement consécutif de plus de sept jours ou bien sta- tion requise autorise également la confiscation de l’objet qui a
tionnement dangereux ou gênant. La mise en fourrière est répu- permis de commettre le délit. L’objet confisqué et, en matière
tée avoir reçu un commencement d’exécution à partir du moment routière principalement le véhicule, est dévolu à l’État (C. pén.,
où deux roues au moins du véhicule ont quitté le sol ou à partir art. 131-21). Le code pénal prévoit également la peine com-
du commencement du déplacement du véhicule. La décision de plémentaire de confiscation du véhicule mais, curieusement, si
mise en fourrière peut être contestée auprès du procureur de la cette peine est applicable au délit de blessures involontaires, elle
République du lieu de l’infraction. Ce magistrat confirme la me- n’est pas applicable à celui de l’homicide involontaire. La confis-
sure ou en ordonne la mainlevée dans le délai maximal de cinq cation fait également partie des peines privatives ou restrictives

mai 2004 - 15 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

de droit applicables à tout délit puni d’une peine d’emprisonne- chose qui en est le produit. Elle peut, néanmoins, également
ment. Il convient de noter que la confiscation porte sur la chose porter sur tout objet mobilier défini par la loi ou le règlement qui
qui a servi ou était destinée à commettre l’infraction ou sur la réprime l’infraction.

CHAPITRE 3
Poursuites pénales.

102. Le contentieux de masse que représentent les infractions à semble-t-il, aucun doute que le juge dans son ordonnance peut
la réglementation dans le domaine de la circulation routière a né- prévoir spontanément cet aménagement. Mais il semble peu
cessité une réponse adaptée permettant de le traiter de manière probable qu’il le fasse d’initiative alors que le dossier, par dé-
rapide, mais, il est vrai, en restreignant aussi les garanties pro- finition succinct, ne peut lui apporter les éléments nécessaires
cédurales classiques. Si le traitement des délits ne montre pas à ce type de décision. Il reste donc comme possibilité pour le
une spécificité pour les délits routiers, à l’exception peut-être du prévenu soit de faire opposition à l’ordonnance, soit de former
recours au juge unique devenu le juge quasi exclusif des infrac- une requête conformément à l’article 702-1 du code de procé-
tions routières (C. pr. pén., art. 398-1), en revanche, le traite- dure pénale, mais celle-ci ne pourra être examinée par le juge
ment des contraventions relève d’un régime particulier résumé de police qu’à l’expiration d’un délai de six mois après l’ordon-
sous les appellations de procédure simplifiée et de procédure nance. Il n’est donc pas certain que le souhait du législateur de
de l’amende forfaitaire (C. pr. pén., chap. II et II bis du titre III 1999 d’augmenter les possibilités d’application de la procédure
du livre II), lesquelles s’appliquent également dans d’autres do- de l’ordonnance pénale conduise réellement à une diminution de
maines. la charge des juridictions.

SECTION 1re SECTION 2


Procédure simplifiée de l’ordonnance pénale. Procédure de l’amende forfaitaire.
103. Pour toute contravention, le ministère public peut avoir 105. La procédure de l’amende forfaitaire est très largement
recours à la procédure simplifiée de l’ordonnance pénale. Le utilisée en matière de contraventions au code de la route. En
dossier, comprenant en fait le procès-verbal de constatation et effet, jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi du 23 juin 1999 (préc.
éventuellement l’audition du contrevenant, est communiqué au supra, no 104), le code de procédure pénale prévoyait que,
juge de police qui, s’il n’estime pas qu’un débat contradictoire pour les contraventions des quatre premières classes punies
est nécessaire, statue par ordonnance portant soit relaxe soit d’une simple peine d’amende, l’action publique est éteinte
condamnation. Le ministère public peut faire opposition à cette par le paiement d’une amende forfaitaire. Depuis l’entrée en
ordonnance dans les dix jours. À l’expiration de ce délai, l’ordon- vigueur de cette loi par la publication du décret no 2002-801 du
nance est notifiée au prévenu qui dispose à son tour d’un délai de 3 mai 2002 modifiant le code de procédure pénale (deuxième
trente jours à compter de la date d’envoi de la lettre recomman- partie : décrets en Conseil d’État) et relatif à l’habilitation des
dée pour former opposition. En cas d’opposition, l’affaire est por- délégués et médiateurs du procureur de la République, des
tée devant le tribunal de police dans les formes ordinaires. La loi contrôleurs judiciaires et des enquêteurs de personnalité et
no 2002-1138 du 9 septembre 2002 d’orientation et de program- à l’amende forfaitaire (JO 5 mai), l’article R. 48-1 du code de
mation pour la justice (art. 42, D. 2002.2584) a instauré pour le procédure pénale fixe la liste des contraventions des quatre
traitement des délits prévus par le code de la route une procé- premières classes pour lesquelles l’action publique est éteinte
dure simplifiée calquée sur la procédure de l’ordonnance pénale par le paiement d’une amende forfaitaire. Pour le code de la
déjà prévue pour les contraventions. Elle ne s’applique pas pour route, il s’agissait alors de toutes les contraventions qu’il prévoit
les mineurs de 18 ans, ni lorsque la victime a formulé une de- à condition qu’elles soient punies uniquement d’une peine
mande d’indemnisation ou de restitution lors de l’enquête ou a d’amende à l’exclusion de toute peine complémentaire (C. pr.
fait citer directement l’auteur de l’infraction. Elle ne s’applique pén., art. R. 48-1). Le décret no 2003-293 du 31 mars 2003
pas non plus lorsque le délit du code de la route s’accompagne relatif à la sécurité routière et modifiant le code de procédure
d’une contravention ou d’un délit d’homicide ou de blessures in- pénale et le code de la route (JO 1er avril) a supprimé cette
volontaires. À l’exception du délai d’opposition porté à 45 jours condition restrictive. Parallèlement, il a rétabli la plupart des cas
et du fait que la procédure relève du juge correctionnel et non de dans lesquels une juridiction peut prononcer une suspension
celui de police, le modus operandi est le même que pour l’ordon- du permis de conduire. Précisons que pour les infractions
nance pénale contraventionnelle. Il s’agit d’une procédure facul- commises avant l’entrée en vigueur du décret du 3 mai 2002, la
tative, écrite et non contradictoire, le procureur de la République liste des contraventions qui relèvent de cette procédure s’établit
transmettant ses réquisitions au juge, qui rend une ordonnance donc a contrario : les contraventions pour lesquelles est prévue
susceptible d’opposition. une peine complémentaire ne peuvent être sanctionnées par le
biais de la procédure de l’amende forfaitaire.
104. En cas de condamnation par ordonnance pénale, jusqu’à la
loi no 99-515 du 23 juin 1999 (D. 1999.311, in Code de procédure 106. Le choix du recours ou non à la procédure de l’amende
pénale Dalloz), le juge ne pouvait prononcer qu’une amende. forfaitaire appartient au seul ministère public. Lorsque cette pro-
Cette loi modifiant notamment l’article 525 du code de procé- cédure est appliquée, le prévenu peut s’acquitter de l’amende
dure pénale a ouvert la possibilité pour le juge de prononcer une entre les mains de l’agent verbalisateur au moment de la consta-
ou plusieurs peines complémentaires. Reste néanmoins posée tation de l’infraction ou, dans les quarante-cinq jours (C. pr. pén.,
la question d’un éventuel aménagement de la peine, notamment art. 529-1, nouv. L. no 2004-204 du 9 mars 2004, D. 2004.737)
d’une peine de suspension du permis de conduire. Il ne fait, qui suivent la constatation ou qui suivent l’envoi de l’avis de

Rép. pén. Dalloz - 16 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

contravention, auprès du service indiqué sur l’avis de contra- au code de la route par un appareil homologué de contrôle au-
vention. Le prévenu, dans les mêmes délais, peut également tomatique (« radar automatique »).
former une requête tendant à son exonération. En l’absence
de paiement ou de requête dans les délais indiqués, l’amende 111. Enfin, il existe une possibilité de minoration du montant de
forfaitaire est majorée de plein droit et recouvrée au profit du l’amende forfaitaire, pour les contraventions au code de la route
Trésor public en vertu d’un titre rendu exécutoire par le minis- des deuxième, troisième et quatrième classes, dont la liste est
tère public. Les règles prévues pour l’exécution des jugements fixée par le décret précité du 3 mai 2002 (supra, no 105), c’est-
de police sont applicables à l’exécution des amendes forfaitaires à-dire de toutes les contraventions des deuxième, troisième et
majorées. Dans les trente jours de l’avis émanant du Trésor pu- quatrième classes à l’exception de celles relatives à l’arrêt et
blic invitant le contrevenant à payer, celui-ci peut former une ré- au stationnement dangereux, gênant ou abusif (C. pr. pén.,
clamation motivée qui a pour effet d’annuler le titre exécutoire art. R. 49-8-5). En effet, pour inciter les contrevenants à s’ac-
en ce qui concerne l’amende contestée. En cas de requête ou quitter rapidement de l’amende qui leur est infligée, le législateur
de réclamation, le ministère public peut soit renoncer aux pour- a prévu de la minorer si le paiement intervient immédiatement
suites, soit faire citer la personne devant le tribunal de police, soit entre les mains de l’agent verbalisateur ou dans le délai de trois
avoir recours à la procédure de l’ordonnance pénale, soit enfin jours (C. pr. pén., art. 529-8, nouv. L. no 2004-204 du 9 mars
aviser l’intéressé de l’irrecevabilité de la réclamation non moti- 2004, D. 2004.737) à compter de la constatation de l’infraction
vée ou non accompagnée de l’avis de contravention. En cas ou, enfin, si l’avis de contravention est envoyé ultérieurement,
de condamnation par le tribunal de police, saisi après requête dans les quinze jours qui suivent cet envoi.
ou réclamation, l’amende prononcée ne peut être inférieure au
montant de l’amende forfaitaire ou de l’amende forfaitaire majo- 112. Le montant de l’amende forfaitaire peut être acquitté immé-
rée suivant le cas, disposition qui, semble-t-il, n’est pas toujours diatement entre les mains de l’agent verbalisateur lorsqu’il est
appliquée par les juges de police. porteur d’un carnet de quittances à souches. Ce paiement est
effectué en espèces ou au moyen d’un chèque. Si le paiement
107. La loi no 2003-495 du 12 juin 2003 (art. 8 ; D. 2003.1668, n’est pas effectué immédiatement, il doit l’être soit par l’apposi-
AJ Pénal 2004, Les nouvelles infractions routières, Dossier. 85) tion sur la carte de paiement d’un timbre émis à cet effet, soit par
renforçant la lutte contre la violence routière a profondément mo- l’envoi d’un chèque, accompagné de la carte de paiement, au
difié la procédure de l’amende forfaitaire pour les contraventions comptable direct du Trésor. Enfin, pour le paiement de l’amende
prévues à l’article L. 121-3 du code de la route (excès de vitesse, forfaitaire majorée, comme pour toute amende pénale non for-
respect des distances de sécurité entre les véhicules, usage de faitaire, le contrevenant peut également payer au moyen d’une
voies et chaussées réservées à certaines catégories de véhi- carte bancaire en se rendant dans une trésorerie ayant la fonc-
cules et signalisations imposant l’arrêt des véhicules). Doréna- tion « amendes » (il en existe au moins une par département).
vant, lorsque l’avis d’amende forfaitaire pour l’une de ces contra-
ventions a été envoyé au titulaire du certificat d’immatriculation, 113. Le montant des amendes forfaitaires, forfaitaires majorées
au locataire du véhicule ou représentant de la personne morale ou forfaitaires minorées est fixé aux articles R. 49, R. 49-7 et
propriétaire du véhicule, la requête (C. pr. pén., art. 529-2) ou R. 49-9 du code de procédure pénale et rappelé dans le tableau
la réclamation (C. pr. pén., art. 530) n’est recevable que si elle ci-dessous :
a été adressée par lettre recommandée avec avis de réception
et que si elle est accompagnée soit d’un récépissé de dépôt de MONTANT DES AMENDES FORFAITAIRES
plainte pour vol ou destruction, soit de la copie de la déclaration
de destruction, soit d’une lettre signée de l’auteur de la récla- Contra- Amende Amende Amende
mation ou de la requête précisant nom, adresse et numéro du vention forfaitaire forfaitaire forfaitaire
permis de conduire de la personne présumée conduire le véhi- minorée majorée
cule, soit enfin d’un document démontrant qu’elle a acquitté une
consignation préalable d’un montant égal à l’amende forfaitaire Piétons - 4,5 € 7,5 €
ou à l’amende forfaitaire majorée suivant le cas. C’est l’officier
1re classe - 11 € 33 €
du ministère public qui vérifie la recevabilité de la réclamation ou
de la requête. 2e classe 22 € 35 € 75 €

108. En cas de relaxe ou de classement sans suite, la consigna- 3e classe 45 € 68 € 180 €


tion préalable versée en application de l’article 529-10 du code
4e classe 90 € 135 € 375 €
de procédure pénale est reversée à la personne qui avait reçu
l’avis de paiement de l’amende forfaitaire. En cas de condamna-
tion, l’amende prononcée ne peut être inférieure, suivant le cas, 114. Le recours à une procédure de sanction automatique au
au montant de l’amende forfaitaire ou de l’amende forfaitaire ma- caractère administratif très prononcé aurait pu être considéré
jorée augmenté d’une somme de 10 %. comme contraire aux exigences de la Convention européenne
de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamen-
109. La réclamation prévue à l’article 530 du code de procé- tales. Dans un arrêt du 21 février 1984, la Cour européenne des
dure pénale n’est plus recevable, pour les contraventions au droits de l’Homme ne l’a pas entendu ainsi : « Eu égard au grand
code de la route, à l’issue d’un délai de trois mois lorsque l’avis nombre des infractions légères, notamment dans le domaine de
d’amende forfaitaire majorée a été envoyé par lettre recomman- la circulation routière, un État contractant peut avoir de bons mo-
dée à l’adresse figurant sur le certificat d’immatriculation. Cette tifs de décharger ses juridictions du soin de les poursuivre et de
disposition crée une présomption de domiciliation dont le titulaire les réprimer. Confier cette tâche, pour de telles infractions, à des
du certificat d’immatriculation peut se dégager en justifiant qu’il autorités administratives ne se heurte pas à la Convention pour
a, avant la fin du délai de trois mois, déclaré son changement autant que l’intéressé puisse saisir de toute décision ainsi prise
d’adresse. à son encontre un tribunal offrant les garanties de l’article 6 »
(CEDH 21 févr. 1984, Cour plénière, Oztürk c/ Allemagne, sé-
110. Le législateur (L. 12 juin 2003) a validé la procédure de rie A, no 73, in V. BERGER, Jurisprudence de la CEDH, 7e éd.,
l’amende forfaitaire faisant suite à une constatation d’infractions 2000, Sirey, no 113).

mai 2004 - 17 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

SECTION 3 les délits prévus par le code de la route, les infractions d’at-
teintes involontaires à la vie ou à l’intégrité de la personne com-
Officier du ministère public. mises à l’occasion de la conduite d’un véhicule (sur la concep-
115. Compte tenu, notamment, de la masse du contentieux lié tion large de la notion de « véhicule », englobant en l’espèce
aux contraventions routières, le ministère public près le tribunal un hors-bord naviguant sur un fleuve, V. Cass. crim. 16 déc.
de police fait l’objet d’une organisation particulière. Le procureur 2003, no 02-87.389, AJ Pénal, 2004.69, obs. A. P.), ainsi que
de la République près le tribunal de grande instance occupe le les contraventions pour lesquelles un retrait de quatre points au
siège du ministère public devant le tribunal de police pour les moins du permis de conduire est prévu. La loi no 2002-1062 du
contraventions de cinquième classe. Mais c’est le commissaire 6 août 2002 portant amnistie (JO du 9 août, V. Amnistie) a en-
de police du siège du tribunal qui exerce habituellement les fonc- core augmenté le nombre de cas d’exclusions. L’article 14 de
tions du ministère public auprès du tribunal de police pour les cette loi comporte pas moins de 49 paragraphes. Une question
contraventions des quatre premières classes. Le procureur peut, s’est posée à propos du défaut d’assurance en matière de cir-
bien évidemment, occuper cette fonction s’il le juge à propos. culation automobile. La loi prévoit qu’elle ne s’applique pas aux
contraventions des 3e, 4e et 5e classes prévues par le code de la
116. S’il y a plusieurs commissaires au lieu où siège le tribunal route. Or, le code de la route dans ce domaine est code suiveur
de police, le procureur général désigne celui qui remplit les fonc- du code des assurances et ne fait, dans son article R. 324-1,
tions du ministère public. Si, au contraire, il n’y a pas de commis- que rappeler les termes de l’article R. 211-45 du code des as-
saire de police, le procureur général désigne un commissaire ou surances. Alors que la Chancellerie estimait que cette contra-
un commandant ou capitaine de police en résidence dans le res- vention était exclue du bénéfice de l’amnistie, la Cour de cassa-
sort du tribunal de grande instance ou, à défaut, dans le ressort tion (Cass. crim. 17 sept. 2003, no 03-81.147) a considéré que
d’un tribunal de grande instance du même département. En cas « les dispositions du code de la route se bornent, sur ce point,
d’empêchement du commissaire de police, le procureur général à reproduire les prévisions du code des assurances » et qu’en
désigne, pour une année entière, un ou plusieurs remplaçants conséquence l’infraction ne constituait pas une contravention au
choisis parmi les commissaires, commandants ou capitaines de code de la route.
police en résidence dans le ressort du tribunal de grande ins-
tance. À titre exceptionnel et en cas de nécessité absolue, le 119. Les incapacités de droit, découlant d’une condamnation ef-
juge d’instance peut appeler pour la tenue de l’audience, afin de facée par l’amnistie, qui présentent le caractère d’une mesure
remplir les fonctions du ministère public, le maire ou un adjoint de sécurité publique et de police survivent, malgré l’amnistie, à
du lieu où siège le tribunal. la décision qui les a entraînées. L’amnistie résultant de la loi
no 81-736 du 4 août 1981, article 19, alinéa 3 (D. 1981.296) en-
117. Le procureur de la République a autorité sur les officiers traîne la remise des peines complémentaires de suspension ou
du ministère public près le tribunal de police de son ressort. Il d’interdiction de délivrance du permis de conduire. Elle est sans
peut leur dénoncer les contraventions dont il est informé et leur effet sur l’annulation du permis de conduire qui, non visée à l’ar-
enjoindre d’exercer des poursuites. Il peut aussi, le cas échéant, ticle 19 de la loi précitée, présente en tant que mesure de police
requérir l’ouverture d’une information. ou de sécurité, un caractère réel (Cass. crim. 21 déc. 1987, Bull.
crim., no 473). Bien que la suspension et l’annulation du permis
de conduire, ainsi que l’interdiction de délivrance d’un permis,
SECTION 4 soient qualifiées de peines complémentaires, elles constituent
Amnistie. cependant moins des peines proprement dites que des mesures
de police et de sûreté. Elles doivent en conséquence être main-
118. Traditionnellement, les lois d’amnistie votées à l’occasion tenues lorsque l’amnistie n’est acquise qu’après une condamna-
de l’élection du Président de la République portent sur les contra- tion définitive. Le caractère principal soit de peine, soit de me-
ventions de police. On note néanmoins une évolution sensible sure de sûreté, de la suspension ou de l’annulation du permis de
vers une exclusion de plus en plus importante des infractions conduire, ne peut dépendre du simple fait que l’exécution provi-
liées à la conduite automobile. Ainsi, la loi no 95-884 du 3 août soire a ou non été ordonnée (Cass. crim. 24 juill. 1967, Bull.
1995 portant amnistie (D. 1995.407) a exclu, dans son article 25, crim., no 232, JCP 1968. II. 15507, obs. Michaud).

CHAPITRE 4
Comportement du conducteur en cas d’accident.

SECTION 1re 121. Le non-respect des obligations de l’article R. 231-1


peut-il être sanctionné ? Sous l’empire de l’ancien code de la
Obligation de s’arrêter et de porter secours. route, des jurisprudences divergentes étaient intervenues. La
chambre criminelle avait estimé qu’un juge ne peut condamner
120. Le comportement du conducteur en cas d’accident fait l’ob- un conducteur pour avoir refusé de communiquer son identité
jet du chapitre Ier du titre III du livre II du code de la route. Ce com- et son adresse après un accident matériel de la circulation en
portement est décrit de façon positive en partie réglementaire et, application des anciens articles R. 53-3 (devenu art. R. 231-1),
au contraire, de façon négative en partie législative qui prévoit le R. 233, alinéa 1er, et R. 233-1 relatifs au stationnement et à
délit de fuite. Le conducteur impliqué dans un accident de la l’arrêt des véhicules, ni d’aucun texte réprimant les contra-
circulation, matériel ou corporel, doit respecter certaines obliga- ventions aux dispositions réglementaires du code de la route
tions que l’on pourrait presque qualifier d’obligations de bon père (Cass. crim. 24 nov. 1993, Bull. crim., no 353, D. 1994, somm.
de famille : s’arrêter dès que possible et sans créer de danger, 259, obs. Couvrat et Massé). Au contraire, il a été jugé que
communiquer son identité et son adresse en cas d’accident ma- le conducteur qui, après un léger accident matériel, poursuit
tériel et, en cas d’accident corporel, avertir ou faire avertir les sa route commet la contravention de refus de communiquer
secours, communiquer son identité et son adresse et éviter de son identité (CA Paris, 7 juin 1990, Juris-Data, no 023 381).
modifier les lieux (C. route, art. R. 231-1). Il en est de même de celui qui s’arrête, constate les dégâts

Rép. pén. Dalloz - 18 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

et repart sans avoir communiqué son nom et son adresse et crim., no 66, D. 1962.223, S. 1962.134, Gaz. Pal. 1962.1.368).
qui, selon la cour d’appel, ne commet pas ainsi un délit de La chambre criminelle a également estimé qu’on ne pouvait
fuite (CA Orléans, 1er juill. 1991, Juris-Data, no 047 956). Il condamner pour délit de fuite un conducteur, qui s’est arrêté,
semble bien que les juges du fond prennent en considération que s’il avait conscience au moment où il est parti que personne
l’absence d’élément intentionnel et la gravité des accidents pour n’avait pu relever son identité (Cass. crim. 17 janv. 1973,
distinguer entre la contravention d’absence de communication Bull. crim., no 21, D. 1973.243, Rev. sc. crim. 1973.685, obs.
de l’identité et le délit de fuite, distinction que ces deux textes Vitu). L’obligation de s’arrêter existe quelle que soit la gravité
ne font pas forcément. De plus, l’ancien article R. 233 réprimait apparente de l’accident et même si le conducteur n’en a pas
de façon générale les contraventions aux dispositions du livre mesuré immédiatement toutes les conséquences (Cass. crim.
Ier concernant la conduite des véhicules. Or, le fait de ne 16 juin 1988, Jur. auto 1988.484).
pas communiquer son identité devait-il être considéré comme
faisant partie des actes de conduite ? Le nouvel article R. 231-1 125. Mais le fait de s’arrêter ne suffit pas à exclure l’applica-
ne comporte pas d’alinéa fixant une sanction. Il y a donc lieu tion de l’article L. 231-1 du code de la route. Selon la chambre
de penser que les codificateurs ont fait le choix de ne garder criminelle, l’obligation de s’arrêter est destinée à permettre la dé-
que l’infraction de délit de fuite. Il est vrai qu’un léger accident termination des causes de l’accident ou, tout au moins, l’identifi-
relève plus de la réparation civile que de l’infraction pénale. cation du conducteur qui l’a causé. Donc, si un conducteur s’est
Dans certaines circonstances, l’abstention du conducteur pourra arrêté mais n’a pas satisfait à toutes les exigences de la loi et
également constituer le délit de non-assistance à personne en que les autres circonstances établissent qu’il a tenté d’échap-
danger prévu par l’article 223-6 du code pénal. per à sa responsabilité, il commet un délit de fuite (Cass. crim.
3 déc. 1975, Bull. crim., no 268, Gaz. Pal. 1976.1.184, Rev. sc.
crim. 1976.479, obs. Vitu ; 29 oct. 1997, Bull. crim., no 361,
SECTION 2 D. 1998, IR 3, Dr. pénal 1998, comm. 17, obs. Véron, Jur. auto
Délit de fuite. 1997.559). Comment également le délit de fuite le conducteur
d’un camion qui, après avoir accroché deux voitures en station-
122. (V. Délit de fuite) À l’opposé du comportement positif que nement régulier et en avoir traîné une sur plusieurs mètres, s’est
doit avoir tout conducteur, l’article L. 231-1 qui reprend en code arrêté une première fois pour vérifier que son camion n’avait pas
suiveur l’article 434-10 du code pénal sanctionne ce que, pour de dégâts, puis une seconde fois devant un feu rouge avant de
la première fois, un texte législatif appelle le « délit de fuite ». Le partir malgré l’intervention de témoins (Cass. crim. 2 juill. 1958,
délit de fuite suppose plusieurs éléments constitutifs. Pour qu’il Bull. crim., no 517). L’infraction est constituée dès lors que le
soit constitué, il faut qu’il soit constaté que le prévenu, sachant conducteur ne s’est pas arrêté volontairement pour se faire iden-
qu’il vient de causer un accident, ne s’est pas arrêté et a ainsi tifier et avoir une concertation avec le conducteur du véhicule
tenté d’échapper à la responsabilité pénale ou civile qu’il peut qu’il a heurté (Cass. crim. 1er juin 1981, Bull. crim., no 177)
avoir encourue (Cass. crim. 17 janv. 1973, Bull. crim., no 21, ou lorsque ce conducteur part sans laisser ses coordonnées sur
D. 1973.243, Rev. sc. crim. 1973.685, obs. Vitu ; 25 févr. 1981, le véhicule endommagé en l’absence de toute personne, ce qui
Bull. crim., no 75). manifeste une volonté de tenter d’échapper à sa responsabilité
(Cass. crim. 8 mars 2000, Jur. auto 2000.395). Les exemples
123. Il faut donc, avant tout, un accident de la circulation mais pourraient être multipliés mais tous montrent bien que, au-delà
peu importe qu’il s’agisse d’un simple accident matériel (Cass. de l’arrêt lui-même, c’est l’attitude générale du conducteur qui
crim. 2 mai 1930, DH 1930.317). Il faut aussi que le préve- doit être appréciée pour déterminer s’il a cherché à échapper à
nu ait pu encourir une responsabilité pénale ou civile. Il n’est son éventuelle responsabilité. On sait bien aussi que nombre
pas nécessaire que le juge constate que le prévenu l’a effecti- de délits de fuite sont commis non seulement pour échapper au
vement encourue (Cass. crim. 4 mai 1950, Bull. crim., no 142 ; « malus » de l’assurance, mais aussi pour dissimuler un état al-
13 mars 1974, Bull. crim., no 106). Une cour d’appel a pu ain- coolique.
si légalement reconnaître un prévenu coupable de délit de fuite,
même si elle n’a finalement pas retenu sa responsabilité pour 126. Le mobile qui a conduit à commettre l’infraction de délit de
homicide ou blessures involontaires (Cass. crim. 23 mars 1953, fuite est bien évidemment indifférent. La nécessité de ne pas
Bull. crim., no 104, D. 1953.371, JCP 1953. II. 7584, Gaz. Pal. arriver en retard à son travail n’est pas un mobile exonératoire
1953.1.416 ; 2 janv. 1959, Bull. crim., no 8, D. 1959.469, note (Cass. crim. 18 nov. 1981, Jur. auto 1982.163). Le conducteur
Prévault, S. 1959.216, Gaz. Pal. 1959.1.240). Le juge répressif ne peut pas non plus justifier son attitude par la situation anor-
n’a pas à rechercher l’étendue ou la nature de la responsabilité male du véhicule qu’il a accidenté (Cass. crim. 3 oct. 1983, Bull.
à laquelle le prévenu a cherché à échapper (Cass. crim. 3 oct. crim., no 235).
1983, Bull. crim., no 235). Il suffit que le prévenu ait manifesté
son intention de se dérober à l’éventualité de sa responsabilité 127. Le code de la route ne se place qu’en code suiveur du code
(Cass. crim. 3 nov. 1983, Bull. crim., no 276, D. 1984.314, note pénal tant pour l’infraction de délit de fuite elle-même, qui dans
Mayer). le code pénal s’étend au-delà des véhicules terrestres, que pour
les sanctions applicables. Ainsi, le délit de fuite est puni par le
124. Le conducteur qui vient de causer ou d’occasionner un code pénal d’une peine de deux ans d’emprisonnement et de
accident doit s’arrêter. En fait, la jurisprudence recherche si 30 000 € d’amende. Ces peines sont doublées en cas de cu-
le conducteur s’est arrêté un temps suffisamment long pour mul idéal avec le délit d’homicide ou de blessures involontaires.
permettre son identification et si son attitude générale ne laisse C’est également le code pénal (art. 434-45) qui fixe à cinq ans
pas penser qu’il a cherché à échapper à sa responsabilité la durée de la peine complémentaire de suspension du permis
éventuelle. Ainsi, ne commet pas le délit de fuite le conducteur de conduire. Le délit de fuite se retrouve ainsi plus sévèrement
qui, après un accrochage, laisse sa voiture en stationnement puni que, par exemple, la conduite en état alcoolique, tant pour
et s’arrête un temps suffisamment long pour permettre son les peines principales que pour la peine complémentaire. À ce-
identification (Cass. crim. 16 janv. 1958, Bull. crim., no 67, la, s’ajoute le fait que le code de la route a prévu d’autre peines
D. 1958.450). Il en est de même du conducteur qui s’est arrêté, complémentaires que celles du code pénal : l’annulation du per-
a laissé sa voiture sur place et a remis deux valises à un habitant mis de conduire pour une durée de trois ans, le travail d’intérêt
du quartier avant de partir (Cass. crim. 25 janv. 1962, Bull. général et les jours-amende (C. route, art. L. 231-2). La loi du

mai 2004 - 19 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

12 juin 2003 (art. 6 ; D. 2003.1668 ; AJ Pénal 2004, Les nouvelles d’une règle prévue par le code de la route. La violation de la règle
infractions routières, Dossier. 85) a ajouté comme peines com- de sécurité ou de prudence doit entraîner en soi une probabilité
plémentaires prévues pour le délit de fuite celle d’obligation d’ac- très importante d’accident corporel. Par ailleurs, le risque doit
complir un stage de sensibilisation à la sécurité routière, celle être causé à autrui. Des faits commis alors qu’aucune personne
d’interdiction de conduire certains véhicules terrestres à moteur n’était présente et qui ne pouvaient donc entraîner une atteinte
y compris ceux pour la conduite desquels le permis de conduire corporelle pourront tomber sous le coup de l’article 223-1 dès
n’est pas exigé ainsi que celle de confiscation du véhicule. Il en lors qu’ils étaient susceptibles d’entraîner une telle atteinte jus-
est de même pour l’homicide involontaire commis à l’occasion tement en raison du risque qu’une personne se trouve sur place.
de la conduite d’un véhicule avec en plus la possibilité de pro-
noncer la peine d’immobilisation du véhicule. Ces peines com- 131. Il faut également que la faute de mise en danger se défi-
plémentaires, à l’exception de la confiscation du véhicule, sont nisse comme un manquement délibéré à une obligation de sé-
également encourues pour les blessures involontaires avec in- curité ou de prudence (circonstance aggravante) ou comme une
capacité d’une durée supérieure à trois mois. violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité
ou de prudence (délit de mise en danger).
SECTION 3 132. La jurisprudence applique très strictement aux infractions
Mise en danger d’autrui. routières les exigences de l’article 223-1. Ainsi, la Cour de cas-
sation estime que méconnaît les exigences de cet article un arrêt
128. Le code pénal entré en vigueur de 1er mars 1994, à côté qui déclare un prévenu coupable de ce délit « sans caractériser
des traditionnels délits intentionnels et des délits d’imprudence, un comportement particulier s’ajoutant au dépassement de la vi-
a crée une nouvelle catégorie de délits de mise en danger dé- tesse autorisée et exposant directement autrui à un risque im-
libérée d’autrui dont le principe est posé par l’article 121-3 du médiat » alors que la vitesse relevée était de 200 km/h (Cass.
code pénal. Les débats parlementaires et la circulaire du 24 juin crim. 19 avr. 2000, D. 2000.631, note Y. Mayaud). En revanche,
1994 ont largement illustré cette nouvelle catégorie en prenant elle considère que l’infraction est constituée si le prévenu s’est
des exemples dans la circulation routière. Les articles du code approchée à grande vitesse, au point de le toucher, du véhicule
pénal relatifs aux atteintes à la vie ou à l’intégrité physique ou qui le précédait et, après l’avoir dépassé, s’est brutalement ra-
psychique (art. 221-6, 222-19, 222-20 et R. 625-3) ont érigé la battu devant lui (Cass. crim. 11 mars 1998, JCP 1999. II. 683,
mise en danger en circonstance aggravante de ces infractions. note Hayez), ou si le prévenu a procédé, à vive allure, au dé-
L’article 223-1 a créé un délit de risques causés à autrui. passement par la droite du véhicule le précédant avant de se ra-
129. Cet article pose trois conditions relatives à la nature ou à battre brusquement et de contraindre celui-ci à un écart (Cass.
l’origine de l’obligation qui n’a pas été respectée : l’obligation doit crim. 12 mars 1997, no 96-83.205, Bull. crim., no 102) ou en-
être prévue par la loi ou le règlement. – le code de la route, partie core si le prévenu faisait la course avec deux autres voitures,
législative ou partie réglementaire, en est une bonne illustration -, sur une chaussée en mauvais état, dans une cité où jouaient de
elle doit constituer une obligation de prudence ou de sécurité nombreux enfants et alors que la vitesse était limitée à 40 km/h
– objectif également poursuivi de toute évidence par la plupart (Cass. crim. 27 sept. 2000, no 00-81.635, inédit) ou, de même,
des dispositions du code de la route -, il doit s’agir d’une obliga- si le prévenu, en fin de matinée, près d’une gare, dans un quar-
tion particulière, ce qui semble exclure les obligations générales, tier urbain à forte densité de circulation, a franchi plusieurs feux
mais doit néanmoins comprendre l’obligation de rester maître de de signalisation en position rouge fixe (Cass. crim. 6 juin 2000,
sa vitesse ou celle de se tenir en permanence en état et en posi- Bull. crim., no 213, Rev. sc. crim. 2000.829, obs. Mayaud, Dr.
tion d’exécuter commodément et sans délai les manœuvres qui pénal 2000, comm. 124, obs. Véron).
incombent au conducteur, texte lui-même utilisé pour réprimer
l’usage du téléphone portable au volant (V. infra, no 282). 133. La loi du 12 juin 2003 (préc. supra, no 127, art. 6) a com-
plété la liste des peines complémentaires encourues pour le délit
130. L’exposition directe d’autrui à un risque immédiat de mort de mise en danger d’autrui à l’instar de ce qu’elle a établi pour
ou de blessures graves doit être la conséquence d’une violation l’homicide involontaire (V. supra, no 127).

TITRE 2
Droit de conduire.

CHAPITRE 1er
Permis de conduire.

SECTION 1re Cette mesure était prise en fait pour obliger les organisateurs
de compétitions de vitesse de véhicules à moteur à exiger de la
Obligation du permis de conduire et dispenses.
part des participants la possession du permis de conduire. Or,
134. (V. Permis de conduire) Le permis de conduire, dont la depuis, une réglementation spécifique a été prise et vient d’être
nature n’a jamais véritablement été définie, est exigé pour la codifiée aux articles R. 221-16 et suivants du code de la route, la-
conduite de certains véhicules, y compris sur les voies non ou- quelle dispense du permis de conduire le conducteur participant
vertes à la circulation publique. L’article R. 221-1 du code de la à une épreuve sportive si certaines conditions sont remplies, no-
route dispose en effet que l’obligation de permis, par dérogation tamment, celle d’avoir subi avec succès un test concluant une
à l’article R. 110-1 qui définit le champ d’application de la par- formation spécifique.
tie réglementaire de ce code, s’impose aussi sur les voies non
ouvertes à la circulation publique. C’est un décret no 86-1043 135. L’article R. 221-1 exige que le permis soit en état de validité
du 18 septembre 1986 (D. 1986.478) qui a créé cette obligation. et qu’il ait été délivré par le préfet du département de résidence

Rép. pén. Dalloz - 20 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

de l’intéressé ou par le préfet du département dans lequel l’exa- du permis de conduire. L’obligation de permis de conduire n’est
men a été passé. Cette exigence a deux limites : les non-rési- pas applicable aux conducteurs des véhicules ou matériels agri-
dents dont le permis de conduire a été délivré par une autorité coles ou forestiers, attachés à une exploitation agricole ou fores-
étrangère peuvent conduire sous le couvert de ce permis étran- tière, à une entreprise de travaux agricoles ou à une coopérative
ger pendant un an après la date de leur établissement en France d’utilisation de matériel agricole (Rép. min. no 49238, JOAN
et l’article R* 221-2 donne la possibilité au préfet d’autoriser un Q 4 sept. 2000, p. 4156). La seule obligation imposée à ces
sous-préfet d’arrondissement à délivrer un permis de conduire à conducteurs est une condition d’âge. Ces conducteurs doivent
une personne non domiciliée dans cet arrondissement, lorsque être âgés d’au moins 16 ans, limite reportée à 18 ans pour les
cette dérogation est de nature à améliorer sensiblement le ser- conducteurs de machine agricole automotrice ou d’un ensemble
vice rendu à l’usager. Il convient de noter que l’astérisque placé comprenant une remorque et dont la largeur dépasse 2,50 m,
après le R signifie que cet article résulte d’un décret en Conseil ainsi que des ensembles comprenant plusieurs remorques ou
d’État délibéré en Conseil des ministres (Circ. 30 mai 1996, re- une remorque transportant du personnel. Le rattachement à une
lative à la codification des textes législatifs et réglementaires, JO exploitation agricole ou forestière est une condition essentielle
5 juin). qui se prouve par la production du numéro d’exploitation.

136. Le permis de conduire comprend plusieurs catégories cor- 139. Pour la conduite des véhicules du ministère des Armées,
respondant aux divers véhicules pour la conduite desquels le correspondant aux catégories visées à l’article R. 221-4 du code
permis de conduire est exigé. La directive européenne no 91/439 de la route, les conducteurs doivent être titulaires soit de la ca-
CEE du Conseil du 29 juillet 1991 a fixé ces diverses catégories tégorie du permis de conduire correspondante, soit d’un brevet
(Direct. no 91/439/CEE du Conseil, du 29 juill. 1991, relative au militaire de conduite (V. infra, no 134). Le brevet militaire de
permis de conduire, JOCE, no L 237, 24 août). Elle a été trans- conduite permet, sans subir un nouvel examen, d’obtenir la dé-
posée en droit français par divers décrets. On la retrouve en livrance de la ou des catégories du permis de conduire corres-
fait principalement dans l’article R. 221-4 du code de la route. Il pondantes (C. route, art. R. 222-7).
existe en réalité quatre grandes catégories : A pour les motos, B
pour les véhicules dont le PTAC n’excède pas 3,5 tonnes, C pour SECTION 2
les véhicules de plus de 3,5 tonnes et D pour les véhicules de
transport en commun. Il faut ajouter plusieurs sous-catégories Équivalences.
ainsi que la catégorie E qui, associée à une autre des catégo-
140. Outre l’équivalence donnée au brevet militaire de conduite,
ries, permet de tracter une remorque de plus de 750 kg. Diverses
l’article R. 222-8 du code de la route prévoit l’obtention du per-
équivalences ont également été définies afin principalement de
mis de conduire par équivalence et sans nouvel examen pour
prendre en compte les permis de conduire délivrés sous des ré-
les titulaires d’un certificat d’aptitude professionnelle de conduc-
glementations plus anciennes ou pour permettre la conduite de
teur routier, d’un certificat d’aptitude professionnelle de conduite
véhicules de moindre importance avec une catégorie de permis
routière ou d’un brevet d’études professionnelles « conduite et
supérieure. Ces diverses catégories ou équivalences sont indi-
services dans le transport routier » ou d’un certificat de formation
quées sur le permis de conduire lui-même. Depuis le 1er janvier
professionnelle de conducteur routier. Les modalités d’applica-
2004, les personnes atteignant l’âge de seize ans à partir de
tion de cette disposition sont fixées par un arrêté du 13 juin 1990
cette date et souhaitant obtenir la catégorie A ou B du permis de
(in Code de la route Dalloz).
conduire doivent être titulaires de l’attestation scolaire de sécu-
rité routière de deuxième niveau ou de l’attestation de sécurité 141. Tout permis de conduire national, délivré par un État
routière (Décr. no 2002-675 du 30 avril 2002 relatif à la formation membre de la Communauté européenne (CE) ou d’un autre
à la conduite et à la sécurité routière et modifiant le code de la État partie à l’accord sur l’Espace économique européen (EEE),
route, JO 2 mai ; V. infra, no 226 ; V. égal. Permis de conduire). est reconnu en France sous réserve de quelques conditions
auxquelles le titulaire doit satisfaire (contrôle médical, validité,
137. Le nouveau code de la route a, semble-t-il, tranché la ques- etc.). Toutefois, cette disposition n’est pas valable pour les
tion de savoir s’il existe un seul permis de conduire compre- permis délivrés en échange d’un permis de conduire d’un État
nant une ou plusieurs catégories correspondant aux véhicules n’appartenant pas à la CE ou à l’EEE s’il n’y a pas d’accord de
concernés ou un permis de conduire par catégorie (un permis réciprocité avec la France. Dans ce cas, le permis n’est valable
A, un permis B, etc.). Depuis longtemps, la Cour de cassa- que durant un an après l’acquisition de la résidence normale en
tion (Cass. crim. 8 nov. 1962, D. 1963.22) a décidé que le France. Ce permis peut être enregistré à la demande du titulaire
permis de conduire constituant une autorisation administrative par le préfet du département de résidence. Il faut entendre par
unique, la suspension d’un permis entraîne, pour la même du- résidence normale le lieu où une personne demeure habituelle-
rée et dans les mêmes conditions, la suspension de tout autre ment, c’est-à-dire pendant au moins 185 jours par année civile
permis, de quelque catégorie qu’il soit, dont le conducteur est en raison d’attaches personnelles ou professionnelles.
titulaire. L’article R. 270 était écrit à peu près dans les mêmes
termes mais la rédaction, tant de cette décision que de cet ar- 142. L’échange d’un permis de conduire obtenu dans un État
ticle, laisse entendre qu’il y a plusieurs permis et que c’est par membre de la CE ou de l’EEE est de droit sans avoir à subir un
un artifice qu’une décision de suspension s’applique à l’autorisa- nouvel examen. Cet échange est obligatoire lorsque le titulaire
tion administrative unique. Le nouvel article R. 224-14, alinéa 2, a commis, par le territoire français, une infraction au code de
comme d’ailleurs l’ensemble du code, fait bien la distinction entre la route entraînant restriction, suspension ou retrait du droit de
permis de conduire et catégories. Lorsque le permis de conduire, conduire ou retrait de points. Cette obligation vise à rendre effec-
et il n’en existe bien qu’un, est suspendu, la décision s’applique à tif principalement le retrait de points qui, dans le cas contraire, ne
toutes les catégories détenues par le titulaire. Il aurait d’ailleurs pourrait s’appliquer sur un permis étranger. Le fait de ne pas pro-
été intéressant que ces précisions soient inscrites dans la partie céder à cet échange constitue une contravention de quatrième
législative du code, puisque la suspension du permis constitue classe (C. route, art. R. 222-2).
une peine complémentaire. Les limites de la codification à droit
constant ne permettait certainement pas cette précision. 143. Pour les permis de conduire obtenus dans les autres pays
que ceux de la CE ou de l’EEE, ils peuvent, sous certaines condi-
138. La conduite des véhicules à moteur électrique d’une puis- tions, autoriser la conduite en France pendant un an après l’ac-
sance au plus égale à 1 kilowatt n’est pas soumise à la détention quisition de la résidence normale en France. Ces conditions sont

mai 2004 - 21 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

fixées par arrêté du 8 février 1999 (in Code de la route Dalloz) SECTION 4
qui détermine également les conditions d’échange. Celui-ci doit
donc intervenir avant le délai d’un an. Dans le cas contraire, Refus de délivrance ou restriction de validité
la conduite avec ce permis constitue une contravention de qua- du permis de conduire.
trième classe (C. route, art. R. 222-3). Le permis de conduire
148. Le permis de conduire, s’il est bien une autorisation per-
international est reconnu pendant trois ans après sa date de dé-
mettant d’emprunter, au volant d’un véhicule à moteur, la voie
livrance, à moins que le permis sur la base duquel il a été établi
publique mais aussi une autorisation exigée pour la conduite des
ait une durée de validité inférieure. Toutefois, il perd sa validité
mêmes véhicules sur les voies privées, est cependant soumis à
si le titulaire acquiert sa résidence normale en France.
des décisions diverses, administratives ou judiciaires, suscep-
tibles de l’affecter.
SECTION 3
149. Tout d’abord, le préfet peut refuser de délivrer un permis de
Apprentissage de la conduite. conduire sous certaines conditions. Sur avis de l’inspecteur du
permis de conduire et de la sécurité routière ou d’un agent public
144. On peut également conduire un véhicule à moteur, dont la appartenant à l’une des catégories fixées par arrêté du ministre
conduite est normalement soumise à la possession du permis chargé de la sécurité routière, actuellement les délégués du per-
de conduire sans être titulaire d’aucun permis, à condition d’être mis de conduire, supérieurs hiérarchiques des inspecteurs, le
dans le cadre d’une leçon de conduite ou dans le cadre de l’ap- préfet délivre le permis de conduire après réussite aux épreuves
prentissage anticipé de la conduite. Il s’agit bien de la conduite théorique et pratique.
durant une leçon de conduite par un moniteur d’auto-école ou
durant une période de conduite accompagnée en présence de 150. Toutefois, le préfet, dans certains cas, doit ou peut sou-
l’accompagnateur. L’élève conducteur doit être en possession mettre le candidat ou le conducteur à une visite médicale. Il peut
de son livret d’apprentissage. soumettre à une visite médicale toute personne pour laquelle il
a connaissance d’éléments lui permettant de suspecter un pro-
145. Tout élève conducteur doit être détenteur d’un livret d’ap- blème médical. Par exemple, l’inspecteur du permis de conduire
prentissage délivré par le préfet du domicile du demandeur. Ce peut se rendre compte lors de l’examen que le candidat a des dif-
document ne peut être délivré qu’à une personne âgée d’au ficultés visuelles et lui imposer de subir un examen au vu duquel
moins 16 ans. Il peut être retiré par le préfet en cas d’infraction le préfet prendra une décision pouvant aller jusqu’au refus de
commise à l’occasion de la conduite d’un véhicule et punie de la délivrance.
peine complémentaire de suspension du permis de conduire. Il
peut également être retiré si l’élève conducteur refuse de se sou- 151. Pour certains véhicules, l’autorisation de conduire est
mettre aux contrôles pédagogiques prévus par la réglementation soumise à une visite médicale. Ces cas sont prévus aux ar-
sur l’apprentissage anticipé de la conduite (V. infra, no 147). Le ticles R. 221-10 et R. 221-19. Ils concernent principalement
refus de restituer ce livret constitue une contravention de cin- les conducteurs de poids lourds et de transports en commun,
quième classe. de taxis, d’ambulances, de véhicules de ramassage scolaire.
Ces divers cas sont décrits dans l’arrêté du 8 février 1999
146. La procédure ordinaire d’apprentissage de la conduite (préc. supra, no 143) relatif aux conditions d’établissement, de
consiste à s’inscrire auprès d’une auto-école, de suivre un délivrance et de validité du permis de conduire.
nombre d’au moins vingt heures de conduite en étant accompa-
gné d’un moniteur diplômé et de subir avec succès les épreuves 152. Le préfet doit également soumettre à une visite médicale
théorique et pratique du permis de conduire. La seule obligation tout conducteur ou accompagnateur d’un élève, auteur d’une
ensuite est celle de respecter des limitations de vitesse plus infraction de conduite sous l’empire d’un état alcoolique ou
restrictives pendant deux ans (V. infra, no 285). En cas de com- d’ivresse ou de refus de se soumettre aux vérifications per-
mission d’une infraction aux limitations de vitesse, le nombre de mettant de vérifier cet état. De même, il prescrit une visite
points retirés est plus élevé pour ces conducteurs novices. De médicale pour toute personne qui a subi une restriction ou une
même, a été créée, pour ces mêmes conducteurs, l’obligation suspension de son permis de conduire pendant plus d’un mois.
de suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière en Si l’intéressé refuse ou néglige de se présenter à cette visite,
cas de commission d’une infraction entraînant un retrait d’au le préfet prononce une mesure de suspension du permis ou
moins quatre points (V. infra, no 220). prolonge celle existante jusqu’à la production d’un certificat
médical favorable délivré par la commission médicale.
147. Il existe une autre filière de formation pour l’obtention de la
catégorie B du permis de conduire, dite « apprentissage anticipé 153. Ensuite, postérieurement à la délivrance du permis, le pré-
de la conduite ». Il s’agit d’un apprentissage particulier compre- fet peut également soumettre le conducteur à un examen mé-
nant deux périodes : une période initiale de formation dans un dical si les éléments en sa possession lui laissent penser que
établissement d’enseignement de la conduite (vingt heures mi- l’état physique de l’intéressé est peut-être incompatible avec la
nimum) et une période de conduite accompagnée au cours de conduite. Dans ce cas, le préfet, au vu du certificat médical,
laquelle l’élève est astreint à parcourir au moins 3 000 kilomètres peut prononcer une restriction de validité du permis de conduire,
sous la surveillance constante et effective d’un accompagnateur la suspension ou l’annulation du permis ou le changement de
titulaire de la catégorie B du permis de conduire depuis au moins catégorie. C’est donc le seul cas où le préfet peut prononcer
trois ans. L’élève doit également se soumettre à deux contrôles une annulation du permis, les autres possibilités d’annulation re-
pédagogiques (C. route, art. R. 211-5). Ces contrôles pédago- levant de l’autorité judiciaire. Le préfet peut enfin ordonner une
giques, effectués en présence d’au moins un accompagnateur, visite médicale pour tout conducteur impliqué dans un accident
ont pour finalité de mesurer la progression de l’élève et d’appro- corporel de la circulation ou, avant la restitution du permis de
fondir ses connaissances en matière de sécurité routière. D’une conduire, après une mesure restrictive ou suspensive du permis
durée totale de six heures, ces contrôles comportent une phase qu’il a prononcée pour une infraction routière en relation avec
en circulation et un entretien individuel ou en groupe portant sur une alcoolémie ou un refus de se soumettre aux vérifications.
les expériences vécues pendant la conduite accompagnée et sur
les thèmes relatifs à la sécurité routière (Arr. 14 déc. 1990, art. 7, 154. La visite médicale est effectuée par une commission dont
in Code de la route Dalloz). la composition et le fonctionnement sont fixés par un arrêté du

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CIRCULATION ROUTIÈRE

7 mars 1973 (JO 24 juin, mod. par Arr. 7 nov. 1975 et Arr. prévenir la conduite d’un véhicule sous l’empire d’un état alcoo-
28 sept. 1979). Le préfet doit organiser dans son département lique, il était prévu que le fait de faire obstacle à cette immobili-
une ou plusieurs commissions médicales primaires pour la déli- sation constituait un délit, puni comme le refus d’obtempérer. Or,
vrance ou le maintien du permis de conduire. Les commissions par la suite, l’article 25 de la loi no 88-76 du 17 janvier 1988 por-
sont composées de deux médecins, désignés et agréés par le tant diverses dispositions d’ordre social a abrogé la disposition
préfet sur avis du médecin inspecteur départemental de la san- concernant la possibilité d’immobilisation en cas d’alcoolémie
té. Ces médecins doivent avoir suivi une formation spécifique, et l’a reportée dans le même article que le refus d’obtempérer.
actuellement dispensée par l’École nationale de la sécurité rou- Cette modification a fait disparaître le lien direct entre immobili-
tière et de recherche (ENSERR). Une commission départemen- sation et présomption de conduite sous l’empire d’un état alcoo-
tale d’appel est constituée par le préfet. Elle comprend trois mé- lique. Les travaux de codification ont néanmoins maintenu une
decins généralistes et trois médecins spécialistes pour chacune relation entre les deux dispositions en insérant l’article L. 224-5
des spécialités précisées dans l’arrêté du 7 mars 1973. dans le chapitre sur la rétention. La jurisprudence ne semble pas
avoir statué sur ces dispositions. La distinction entre l’obstacle à
immobilisation prévu à l’article L. 224-5 qui pourrait être limité à
SECTION 5
l’immobilisation prononcée pour alcoolémie et le non-respect de
Rétention du permis de conduire. l’obligation prévue à l’article R. 325-2 reste donc très floue, alors
que la première infraction est un délit et que la deuxième n’est
155. L’article L. 224-1 prévoit que le permis de conduire du qu’une contravention de quatrième classe (V. supra, no 96).
conducteur ou de l’accompagnateur est retenu par les officiers
ou agents de police judiciaire lorsque les épreuves de dépis-
SECTION 6
tage et le comportement de l’intéressé laissent présumer que
celui-ci est sous l’empire d’un état alcoolique ou lorsque cet état Suspension du permis de conduire et interdiction
est établi au moyen d’un éthylomètre. Il en est de même en cas de conduire certains véhicules.
d’ivresse manifeste ou lorsque l’auteur présumé refuse de se
soumettre à l’épreuve de l’éthylomètre. La loi du 15 novembre ART. 1er. – SUSPENSION ADMINISTRATIVE DU PERMIS DE CONDUIRE.
2001 relative à la sécurité quotidienne (préc. supra, no 87) a
complété cet article par un alinéa permettant d’appliquer la ré- 159. Le préfet, saisi d’un procès-verbal constatant une infrac-
tention du permis de conduire à l’encontre d’un conducteur qui a tion au code de la route punie de la peine complémentaire de
commis un excès de vitesse d’au moins 40 km/h, à condition que suspension du permis de conduire, n’est pas tenu de prononcer
l’excès de vitesse ait été établi à l’aide d’un appareil homologué une suspension. Il peut procéder au classement – ce qui peut
et, bien évidemment, que le véhicule ait été intercepté immédia- se comprendre si la procédure judiciaire est elle-même arrivée
tement. à son terme. – ou adresser un simple avertissement. Le pré-
fet peut prononcer une suspension administrative du permis de
156. La rétention du permis de conduire est donc une mesure conduire pour toute infraction punie par le code de la route de la
purement administrative, appliquée sans contrôle du juge judi- peine complémentaire de suspension du permis de conduire.
ciaire et qui, à la fois, vise à permettre d’empêcher le conducteur
de reprendre immédiatement le volant et donne aussi au préfet 160. Le préfet ne peut prononcer de suspension du permis de
le temps de prendre si nécessaire un arrêté de suspension du conduire que pour des infractions non prévues par le code de la
permis de conduire. Pour procéder à la rétention, l’officier ou route, et non pour celles prévues par le code pénal et punies de
l’agent de police judiciaire doit constater soit un état d’ivresse la peine complémentaire de suspension du permis de conduire.
manifeste, soit un refus de se soumettre à l’éthylomètre (et non Compte tenu de la rédaction actuelle de l’article L. 224-7 du code
à l’éthylotest), soit un dépistage positif confirmé par un compor- de la route, laquelle ne reprend pas exactement celle de l’ancien
tement anormal. Si ces éléments sont réunis, la rétention est article L. 14, on aurait pu s’interroger sur la compétence du pré-
obligatoire. fet pour prononcer une suspension du permis de conduire en
cas d’atteinte à la vie ou à l’intégrité physique d’une personne
157. La rétention du permis de conduire est d’une durée maxi- commise à l’occasion de la conduite d’un véhicule à moteur. En
male de 72 h. Dans ce laps de temps, si l’état alcoolique est effet, ces infractions ne sont pas prévues par le code de la route,
établi au moyen de l’éthylomètre ou au moyen d’une analyse mais par le code pénal. Néanmoins, l’article L. 224-8 qui fixe à
de sang ou si l’intéressé a refusé de se soumettre aux vérifica- six mois la durée maximale de cette suspension administrative,
tions, le représentant de l’État dans le département, c’est-à-dire précise que, en cas d’atteinte à l’intégrité physique ou à la vie, de
le préfet, peut prendre une mesure de suspension du permis de conduite en état d’ivresse ou sous l’empire d’un état alcoolique
conduire pour une durée maximale de six mois. Si l’intéressé ou enfin de délit de fuite, cette durée est portée à un an. Malgré
estime que cette mesure est excessive, il peut demander à être une rédaction peu satisfaisante, la codification ne semble pas
entendu par la commission de suspension du permis de conduire avoir retiré cette compétence aux préfets.
(V. infra, no 161). Celle-ci peut proposer au préfet de modifier sa
décision initiale. Cette disposition n’est pratiquement jamais uti- 161. Commission de suspension du permis de conduire. — Le
lisée. préfet saisi d’un procès-verbal constatant une infraction pour la-
quelle la suspension du permis de conduire est prévue par le
158. Immobilisation du véhicule. — À défaut de décision de sus- code de la route recueille l’avis de la commission de suspen-
pension du permis de conduire dans les 72 h, ce document est sion du permis de conduire. Il prend sa décision après que le
remis à la disposition de son titulaire, ce qui ne préjuge pas d’une conducteur ou son représentant a été mis en mesure de prendre
éventuelle suspension administrative du permis de conduire pro- connaissance du dossier et de présenter sa défense. La com-
noncée selon la procédure ordinaire ou d’une suspension déci- mission de suspension du permis de conduire, commission spé-
dée par la juridiction de jugement. Durant la période de rétention ciale prévue par l’article L. 224-8 du code de la route, est décrite
du permis de conduire ou si le conducteur n’en est pas titulaire et aux articles R. 224-6 et suivants. Composée de représentants
tant qu’un conducteur qualifié n’a pas été proposé par le conduc- de la gendarmerie, de la police, de l’équipement et de l’industrie,
teur, l’accompagnateur ou le propriétaire, l’immobilisation du vé- ainsi que d’un inspecteur ou d’un délégué du permis de conduire
hicule peut être prononcée. Lors de la création de cette disposi- et de représentants d’associations, elle est présidée par le pré-
tion par l’article 2 de la loi no 78-732 du 12 juillet 1978 tendant à fet qui en nomme les membres. Elle connaît des procès-verbaux

mai 2004 - 23 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

de constatation d’infractions punies par le code de la route de la décider que la personne mise en examen pourra faire usage de
peine complémentaire de suspension du permis de conduire. son permis de conduire pour l’exercice de son activité profes-
sionnelle » (C. pr. pén., art. 138, 8o ). L’interdiction de conduire
162. En cas d’urgence et si la procédure de suspension du per- des véhicules est beaucoup plus large que la suspension du per-
mis de conduire propre à la conduite en état alcoolique n’a pas mis de conduire puisqu’elle peut s’étendre à des véhicules pour
été appliquée, le préfet peut prononcer une suspension du per- lesquels le permis de conduire n’est pas exigé (cyclomoteurs, vé-
mis de conduire pour une durée maximale de deux mois, sans hicules agricoles). En revanche, la remise du permis au greffe
avoir à consulter la commission de suspension du permis de (C. pr. pén., art. 138, 7o ) est très proche de la suspension du
conduire, mais uniquement en recueillant l’avis du délégué per- permis de conduire, mais ne rentre pas dans l’expression de l’ar-
manent de cette commission. La notion d’urgence soulève bien ticle L. 224-9 du code de la route qui vise une décision judiciaire
évidemment une question d’appréciation que les juridictions ad- prononçant une mesure restrictive du droit de conduire prévue
ministratives et judiciaires ont été amenées à examiner. Il en res- par le chapitre intitulé « Interdiction de délivrance, rétention, sus-
sort d’abord que, en l’absence de référence à l’urgence, l’utilisa- pension ou annulation ».
tion de la procédure de l’article L. 224-8 est illégale. Par ailleurs,
le seul fait de dépasser, même de façon importante, la vitesse 167. La chambre criminelle a rappelé récemment qu’aucun texte
autorisée ne suffit pas à lui seul à caractériser l’urgence qu’il y ne prévoit que la durée de la privation du permis de conduire,
a à prendre une mesure de sûreté au regard de la dangerosité résultant de la mesure de contrôle judiciaire imposée par l’ar-
du conducteur (TA Limoges, 15 juill. 1988, Gaz. Pal. 1992.2. ticle 138, 8o du code de procédure pénale, s’impute sur celle de
somm. 205 ; TA Clermont-Ferrand, 8 janv. 1991, JCP 1992. la peine de suspension du permis de conduire prononcée en ap-
IV. 350 ; TA Strasbourg, 13 juin 1989, JCP 1990. IV. 79 ; V. aussi plication de l’ancien article L. 14 du code de la route (Cass. crim.
Cass. crim. 11 oct. 1990, D. 1991.75, note Couvrat et Massé). 9 févr. 2000, Bull. crim., no 62).
La motivation de l’arrêté préfectoral doit nécessairement com-
porter des éléments de fait justifiant le recours à l’urgence. Le
Conseil d’État ne semble pas avoir statué sur ce point, mais il est ART. 3. – REMISE DU PERMIS DE CONDUIRE AU GREFFE :
COMPOSITION PÉNALE.
effectivement intéressant de s’interroger sur l’urgence à prendre
une mesure de suspension du permis de conduire contre une
168. La composition pénale de l’article 41-2, 3o du code de pro-
personne qui a commis un excès de vitesse alors que, dès son
cédure pénale prévoit, elle, que l’on peut imposer, pour certaines
interpellation, l’infraction cesse. Il appartient aux juridictions du
infractions limitativement énumérées, à la personne qui recon-
fond d’apprécier non seulement la motivation générale de l’arrêté
naît avoir commis une de ces infractions, de « remettre au greffe
de suspension du permis de conduire, mais aussi la motivation
du tribunal de grande instance son permis de conduire ou son
du recours exceptionnel à la procédure d’urgence (Cass. crim.
permis de chasser, pour une période maximale de quatre mois ».
11 oct. 1990, préc.).
Ce texte ne parle donc pas de suspension du permis de conduire,
ce qui se comprend puisque l’on ne se trouve pas dans le cas du
163. L’arrêté préfectoral prononçant une mesure de suspension
prononcé d’une peine complémentaire. La jurisprudence dira s’il
du permis de conduire doit être motivé conformément aux dis-
convient d’assimiler cette mesure à une suspension et, donc, si
positions de la loi no 79-587 du 11 juillet 1979 relative à la mo-
la décision de composition pénale constitue la décision judiciaire
tivation des actes administratifs et à l’amélioration des relations
prévue à l’article L. 224-9 du code de la route.
entre l’Administration et le public (in Code administratif Dalloz).
Dans le cas contraire, cet arrêté est entaché d’illégalité et le refus
de restitution du permis n’est pas constitué (Cass. crim. 11 oct. ART. 4. – OBLIGATION PARTICULIÈRE : SURSIS, TRAVAIL
1990, préc. supra, no 162). De même, il a été jugé que le fait de D’INTÉRÊT GÉNÉRAL, AJOURNEMENT.
conduire un véhicule malgré un arrêté de suspension du permis
de conduire ne constitue pas une infraction si l’arrêté préfectoral 169. Les obligations du sursis avec mise à l’épreuve (C. pén.,
pris en application de la procédure d’urgence a été notifié plus art. 132-45), du sursis avec l’obligation d’accomplir un travail
d’un mois après les faits (CA Dijon, 20 sept. 1990, Juris-Data, d’intérêt général (C. pén., art. 132-55), du travail d’intérêt général
no 9044839). prononcé à titre de peine principale (C. pén., art. 131-22) ou de
l’ajournement avec mise à l’épreuve (C. pén., art. 132-64) com-
164. Il n’existe aucune possibilité de relèvement pour une sus- prennent la possibilité pour la juridiction d’imposer au condamné
pension administrative du permis de conduire prononcée par le de « s’abstenir de conduire certains véhicules déterminés par les
préfet. catégories de permis prévues par le code de la route ». Là non
plus, il n’est pas question de suspension du permis de conduire.
165. Dans tous les cas, lorsqu’une suspension du permis de
conduire a été prononcée par le préfet, cette mesure cesse 170. Il semble bien, en effet, que toutes ces décisions qui inter-
d’avoir effet dès qu’une décision judiciaire prononçant une disent de conduire ne constituent pas des suspensions du per-
suspension ou une annulation devient exécutoire. Il semble mis de conduire puisque, si une juridiction prononce pour les
donc bien qu’une décision prise dans le cadre d’une composi- mêmes faits une suspension du permis de conduire, la durée
tion pénale, d’un contrôle judiciaire, d’une obligation de mise à de l’interdiction ne sera pas imputée sur cette suspension. De
l’épreuve ou de travail d’intérêt général ne mette pas fin à une surcroît, aucune possibilité de relèvement n’est prévue par les
décision de suspension administrative. textes.

ART. 2. – INTERDICTION DE CONDUIRE CERTAINS ART. 5. – SUSPENSION JUDICIAIRE DU PERMIS DE CONDUIRE.


VÉHICULES : CONTRÔLE JUDICIAIRE.
171. La suspension du permis de conduire constitue aussi une
166. Dans le cadre d’un contrôle judiciaire, un juge d’instruction peine complémentaire au sens des articles 131-10 et 131-16 du
ou, exceptionnellement, un tribunal, peut ordonner au mis en code pénal et une peine privative ou restrictive de droits au sens
examen de « s’abstenir de conduire tous les véhicules ou cer- des articles 131-6 et 131-14 du même code. Il faut donc que
tains véhicules et, le cas échéant, remettre au greffe son permis la loi ou le règlement prévoit expressément cette peine pour
de conduire contre récépissé ; toutefois, le juge d’instruction peut qu’elle puisse être appliquée. Jusqu’à l’entrée en vigueur du

Rép. pén. Dalloz - 24 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

nouveau code de la route, l’article L. 14 prévoyait un certain son propre pays ou du permis international (Cass. crim. 11 juin
nombre de délits susceptibles d’être punis de la peine complé- 1963, Bull. crim., no 207). Cette suspension, par définition, ne
mentaire de suspension du permis de conduire et renvoyait à s’applique que sur le territoire français et il appartient au titulaire
un décret en Conseil d’État le soin de fixer la liste des contra- du permis d’en demander la restitution en cas de départ du ter-
ventions (art. R. 266 anc.). Les codificateurs ayant fait le choix ritoire français, conformément à l’article 24, paragraphe 5, de la
d’indiquer l’ensemble des sanctions applicables à une infraction Convention de Genève du 19 septembre 1949.
sous le texte même de l’incrimination, les cas prévoyant une sus-
pension du permis de conduire ne sont donc plus listés mais c’est
chaque article qu’il faut examiner pour savoir si l’infraction peut SECTION 7
entraîner suspension. La même solution a été retenue aussi bien Annulation du permis de conduire.
pour les délits que pour les contraventions.
172. La durée de la suspension du permis de conduire était fixée 178. Annulation par le préfet. — L’annulation du permis de
par l’article L. 14 à trois ans aussi bien pour les contraventions conduire peut être prononcée soit par le préfet (V. supra,
que pour les délits. Le nouveau code de la route a maintenu no 153), soit par une juridiction judiciaire. L’annulation par le
cette durée, identique à celle que l’on trouve dans le code pé- préfet est totalement tombée en désuétude, car celui-ci a la
nal chaque fois que la peine complémentaire de suspension du possibilité de prononcer une suspension pour les mêmes motifs,
permis de conduire est prévue. Pour les peines privatives ou res- mesure qu’il peut à tout moment rapporter si de nouvelles
trictives de droit, le code pénal a prévu une durée de cinq ans conditions peuvent justifier l’autorisation de conduire sans obli-
pour les délits et une durée d’un an pour les contraventions de ger la personne concernée à repasser les épreuves du permis
cinquième classe. Pour toutes les infractions, la formule utilisée de conduire (évolution favorable du handicap, amélioration et
dans le code pénal a été reprise afin d’autoriser le juge à limiter la adaptation des véhicules, etc.).
suspension à la conduite en dehors de l’activité professionnelle.
179. Annulation judiciaire. — L’annulation par voie judiciaire est
173. La durée de la peine complémentaire de suspension du beaucoup plus courante. Elle résulte de l’application soit du code
permis de conduire, prévue par le code de la route ou par les pénal, soit du code de la route et, dans ce dernier cas, elle est
articles 221-8 (atteinte involontaire à la vie), 222-44 (atteinte in- automatique ou facultative. Comme pour la suspension du per-
volontaire à l’intégrité de la personne) ou 434-45 (délit de fuite) mis de conduire, l’annulation est prévue par le code pénal à titre
du code pénal, est doublée lorsque l’infraction concernée a été de peine privative de droit pour une durée maximale de cinq ans
commise simultanément avec un délit de fuite ou une conduite (art. 131-6) pour tout délit puni d’une peine d’emprisonnement.
sous l’empire d’un état alcoolique. Sans précision dans le texte Lorsque la loi le prévoit, elle peut aussi être une peine complé-
de l’article L. 224-15, ce doublement résulte aussi bien de la mentaire (art. 131-10). Il appartient alors au législateur de fixer
commission du délit que de la contravention de conduite sous dans chaque cas la durée de l’annulation. C’est ainsi que les
l’empire d’un état alcoolique. articles 221-8 et 222-44 du code pénal prévoient la peine com-
plémentaire d’annulation du permis de conduire pour une durée
174. La suspension du permis de conduire, prononcée à titre maximale de cinq ans pour les délits d’atteinte involontaire à la
de peine complémentaire pour l’une des infractions prévues aux vie ou à l’intégrité de la personne. De même, c’est en applica-
articles L. 234-1 (conduite sous l’empire d’un état alcoolique ou tion de l’article 131-10 du code pénal que le code de la route a
en état d’ivresse) et L. 234-8 (refus de se soumettre aux vérifi- pu instaurer la peine complémentaire d’annulation du permis de
cations) ne peut être assortie du sursis (Cass. crim. 4 juin 1981, conduire pour un certain nombre de délits.
Bull. crim., no 190 ; 14 mai 1997, Bull. crim., no 181 ; 17 mai
2000, Jur. auto 2000.547). La solution pourrait être différente si 180. Annulation de plein droit. — Toute condamnation, en état de
la suspension était prononcée à titre de peine principale. La cour récidive, pour conduite ou accompagnement d’un élève conduc-
d’appel de Paris (3 nov. 2000, D. 2001, IR 279) a jugé l’inverse teur, en état d’ivresse manifeste ou sous l’empire d’un état al-
mais en faisant référence à l’ancien article L. 14 qui indiquait coolique ou pour refus de se soumettre aux vérifications de l’état
seulement que la suspension pouvait être ordonnée par le ju- alcoolique (C. route, art. L. 234-1 et L. 234-8) entraîne de plein
gement sans préciser s’il s’agissait d’une peine complémentaire droit l’annulation du permis de conduire. La juridiction ne peut
ou à titre principal. Les nouveaux articles L. 234-2 et L. 234-8 que constater cette annulation et fixer la durée de l’interdiction de
font, eux, référence à la suspension prononcée en application de solliciter un nouveau permis dans le maximum de trois ans. L’an-
l’article lui-même et permettent peut-être le prononcé du sursis nulation de plein droit du permis de conduire en cas de condam-
lorsque la suspension est celle prévue par les articles 131-6 ou nation pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique en état
131-31 du code pénal. de récidive ne peut pas faire l’objet d’une décision de relève-
ment dans les conditions prévues par l’article 702-1 du code de
175. La suspension prononcée en application de l’article L. 234-
procédure pénale (Cass. crim. 18 janv. 2000, Bull. crim., no 25).
10, c’est-à-dire pour un refus de se soumettre aux vérifications
ordonnées par le procureur de la République ou sur initiative des
181. De même, toute condamnation pour atteinte à la vie ou
officiers de police judiciaire, peut être assortie du sursis, quel que
à l’intégrité de la personne commise simultanément avec l’une
soit son mode de prononcé.
des infractions prévues aux articles L. 234-1 et L. 234-8 entraîne
176. Une mesure de suspension ne prend effet que du jour de également de plein droit l’annulation du permis de conduire avec
la remise du permis de conduire aux forces de l’ordre chargées interdiction de solliciter un nouveau permis dans un délai maxi-
de l’exécution de la décision (Cass. crim. 4 nov. 1999, Bull. mal de cinq ans fixé par la juridiction.
crim., no 244, Rev. sc. crim. 2000.603, obs. Bouloc ; V. cep.,
infra, no 189). La notification de la décision exigée pour que l’in- 182. Il convient de distinguer l’interdiction de solliciter un nou-
fraction de refus de s’y soumettre soit constituée n’est soumise à veau permis de conduire après annulation dont la durée est fixée
aucune forme particulière (Cass. crim. 20 févr. 1991, Jur. auto par la juridiction qui prononce ou constate l’annulation, de l’inter-
1991.367). diction de délivrance du permis de conduire que le jugement peut
prononcer à la place des peines complémentaires de suspension
177. La suspension du permis de conduire peut être pronon- ou d’annulation du permis de conduire pour les personnes qui ne
cée à l’encontre d’un étranger titulaire du permis de conduire de sont pas titulaires du permis de conduire (V. infra, no 187).

mai 2004 - 25 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

183. Durée de l’annulation. — La durée de la peine complé- SECTION 9


mentaire d’annulation du permis de conduire prévue par le code
de la route ou par les articles 221-8 (atteinte involontaire à la Exécution provisoire, relèvement.
vie), 222-44 (atteinte involontaire à l’intégrité de la personne) ou
434-45 (délit de fuite) du code pénal est doublée lorsque l’infrac-
tion concernée a été commise simultanément avec un délit de ART. 1er. – EXÉCUTION PROVISOIRE.
fuite ou une conduite sous l’empire d’un état alcoolique. Sans
précision dans le texte de l’article L. 224-15 du code de la route, 189. La juridiction qui prononce une interdiction de délivrance,
ce doublement résulte de la commission aussi bien du délit que une suspension ou une annulation du permis de conduire peut
de la contravention de conduite sous l’empire d’un état alcoo- assortir sa décision de l’exécution provisoire. Cela a pour ef-
lique. fet de fixer le point de départ du délai d’application de cette
peine complémentaire au jour où le prévenu en a légalement
connaissance, notamment au jour de l’audience si la condam-
184. En cas de récidive du délit d’atteinte involontaire à la vie nation est prononcée par jugement contradictoire (Cass. crim.
commis simultanément avec un délit de conduite sous l’empire 7 févr. 1990, Dr. pénal 1990, comm. 197). Dans un arrêt plus ré-
d’un état alcoolique ou en état d’ivresse ou bien avec celui de re- cent, la chambre criminelle a même ajouté « qu’en effet, lorsque
fus de se soumettre aux vérifications, la durée de l’annulation du l’annulation du permis de conduire est assortie de l’exécution
permis de conduire est portée à dix ans. L’utilisation du présent provisoire en vertu de l’article L. 13 du code de la route [devenu
de l’indicatif impose à la juridiction de prononcer le maximum de art. L. 224-13], cette mesure de protection prend effet à comp-
cette peine. ter du jour où le prévenu en a eu légalement connaissance, ce
qui vaut notification de la mesure » (Cass. crim. 3 sept. 1998,
Bull. crim., no 226). En application de l’article L. 224-13 du code
185. La combinaison des diverses durées d’annulation prévues de la route, l’exécution provisoire ne semble pouvoir être pro-
par le code pénal et le code de la route semble difficile. Il est noncée que si la sanction constitue une peine complémentaire.
certain qu’il aurait fallu profiter de la codification pour les harmo- En revanche, l’article 471, alinéa 4 du code de procédure pé-
niser, même si les limites de la codification à droit constant ne nale autorise le prononcé de l’exécution provisoire pour les sanc-
l’ont vraisemblablement pas permis. tions pénales prises en application des articles 131-6 à 131-11
du code pénal (peines alternatives et peines complémentaires),
186. Après annulation du permis de conduire, l’intéressé qui parmi lesquelles figurent la suspension et l’annulation du permis
sollicite un nouveau permis doit se soumettre obligatoirement à de conduire.
un examen médical et psychotechnique (C. route, art. L. 224-14).
190. Si l’exécution provisoire n’a pas été prononcée, la me-
sure prend effet au jour où la décision a été notifiée à l’inté-
ressé (Cass. crim. 24 mai 1966, Bull. crim., no 156, Gaz.
SECTION 8 Pal. 1966.2.210, note Vassas). Cette obligation de notification,
dont la forme n’est pas précisée, découle de la rédaction de l’ar-
Interdiction de délivrance du permis de conduire. ticle L. 224-16 du code de la route qui, pour caractériser l’infrac-
tion de conduite malgré suspension ou annulation, mentionne
que l’infraction est constituée par la conduite « malgré la notifi-
187. L’article L. 224-12 du code de la route prévoit que les peines cation qui lui a été faite d’une décision ».
de suspension et d’annulation du permis de conduire sont rem-
placées par l’interdiction de délivrance du permis de conduire 191. L’exécution provisoire appliquée à la peine complémen-
lorsque la personne condamnée n’est pas titulaire de ce titre. taire de suspension de permis de conduire n’est pas incompa-
Il est d’évidence qu’il appartient à la juridiction qui prononce la tible avec le principe de la présomption d’innocence fixé par l’ar-
condamnation de vérifier si le prévenu est titulaire ou non de ce ticle 6, paragraphe 2, de la Convention européenne des droits de
titre et de prononcer la peine complémentaire en conséquence. l’Homme et des libertés fondamentales, dès lors que cette me-
La Cour de cassation a jugé depuis longtemps que sur le fonde- sure s’attache à une peine prononcée par la juridiction répres-
ment de l’article 710 du code de procédure pénale une juridiction sive après que celle-ci a décidé que la culpabilité du prévenu est
ne pouvait pas substituer à l’interdiction de délivrance une peine légalement établie (Cass. crim. 10 juill. 1996, no 95-85.785, in-
de suspension du permis de conduire (Cass. crim. 12 nov. 1975, édit).
Bull. crim., no 243 : « mais attendu que la suspension du per-
mis de conduire pour la durée d’une année constitue une mesure
différente de l’interdiction d’obtenir un permis avant l’expiration ART. 2. – RELÈVEMENT.
d’un délai de trois ans »). On peut facilement imaginer que la
situation inverse serait considérée de la même façon et il n’ap-
192. Les peines d’interdiction de délivrance, de suspension
partient pas au ministère public, lors de la mise à exécution, de
ou d’annulation du permis de conduire peuvent sous certaines
transformer la suspension en interdiction de délivrance.
conditions faire l’objet de relèvement, parfois appelé abusive-
ment « aménagement ». Il est d’évidence que la rétention du
188. La durée de la peine complémentaire d’interdiction de dé- permis de conduire, qui n’est pas une peine mais une simple
livrance du permis de conduire prévue par le code de la route mesure conservatoire de courte durée, ne peut faire l’objet d’un
en remplacement des peines d’annulation ou de suspension du relèvement.
permis de conduire, lorsque le condamné n’est pas titulaire de ce
document, est doublée lorsque l’infraction concernée a été com- 193. Les possibilités de relèvement sont fixées principalement
mise simultanément avec un délit de fuite ou une conduite sous par les articles 132-21 du code pénal et 702-1 du code de pro-
l’empire d’un état alcoolique. Sans précision dans le texte de cédure pénale. Seule l’annulation résultant de la commission
l’article L. 224-15, ce doublement résulte de la commission aus- simultanée de plusieurs infractions ou de certaines infractions
si bien du délit que de la contravention de conduite sous l’empire commises en récidive semble ressortir de l’article 132-21, mais
d’un état alcoolique. comme il a été jugé que l’annulation du permis de conduire ne

Rép. pén. Dalloz - 26 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

pouvait faire l’objet d’un relèvement (Cass. crim. 17 oct. 1991, une demande. Le délai de six mois doit s’apprécier non pas au
Bull. crim., no 358), c’est bien en application de l’article 702-1 jour de la demande mais au jour où le ministère public a saisi la
du code de procédure pénale que la juridiction pourra relever en juridiction (Cass. crim. 9 juin 1999, Bull. crim., no 134).
tout ou partie le condamné du délai avant l’expiration duquel il
ne peut solliciter un nouveau permis (Cass. crim. 26 juill. 1994, 196. Le condamné dispose d’une autre faculté. C’est celle pré-
Bull. crim., no 287). vue par l’article 708 du code de procédure pénale. En effet, le
ministère public, maître de la mise à exécution d’une peine, peut
194. Les articles 131-6, 131-14, 131-16 et R. 624-1 du code
toujours décider de la retarder et il peut aussi, en cours d’exécu-
pénal disposent que la suspension du permis de conduire peut
tion, suspendre ou fractionner l’exécution de la peine à condition
être limitée à la conduite en dehors de l’activité professionnelle.
que la suspension de l’exécution soit d’une durée inférieure à
Cette expression a été reprise par les codificateurs sous chaque
trois mois. Pour une durée supérieure, le tribunal peut être saisi
article du code de la route prévoyant une suspension du permis
d’une demande. On peut donc parfois suspendre la suspension
de conduire. Cette disposition permet donc au juge, qu’il pro-
du permis de conduire dans l’attente de pouvoir présenter une
nonce cette sanction à titre de peine complémentaire ou à titre
requête en aménagement.
de peine principale, de relever en partie le condamné de la sanc-
tion alors que ni le code pénal ni le code de la route ne prévoient
d’autre cas de relèvement pour des peines prononcées à titre 197. Lorsqu’un « aménagement » de la suspension du permis
principal et entraînant interdiction, déchéance ou incapacité. de conduire est accordé par la juridiction de condamnation, le
condamné doit quand même remettre son permis de conduire
195. La demande de relèvement doit intervenir lors du juge- au greffe de la juridiction. Le greffier de la juridiction lui remet
ment de condamnation ou ultérieurement après qu’il s’est écou- alors un certificat indiquant notamment qu’il vaut, au regard de
lé un délai de six mois. Cette disposition, qui vise à éviter les l’article R. 221-1 du code de la route, justification du droit de
demandes dilatoires, est particulièrement contraignante. Si le conduire lorsque sont respectées les conditions fixées par la ju-
condamné, lors de l’audience initiale, ne justifie pas d’un tra- ridiction (C. pén., art. R. 131-2). Ce certificat est plus générale-
vail, il ne peut demander un aménagement pour ce motif, alors ment connu sous le nom de permis blanc en raison de sa cou-
peut-être que dans les jours qui vont suivre, il va devoir refuser leur. Sur ce document, doivent impérativement être rappelées la
un travail puisqu’il ne peut demander un relèvement avant six condamnation, les références du permis de conduire, les condi-
mois. Le même problème se pose lorsqu’une demande a été tions d’autorisation de conduite et, éventuellement, les catégo-
refusée par la juridiction. Dans ce cas, le condamné doit égale- ries de véhicules autorisées. Ce certificat est rendu à la fin de la
ment attendre un délai de six mois avant de formuler à nouveau durée de la suspension contre la remise du permis de conduire.

CHAPITRE 2
Conduite sans permis ou malgré une interdiction de délivrance, une suspension ou
une annulation du permis de conduire.

SECTION 1re conduire correspondant au camion utilisé (Cass. crim. 18 nov.


1981, Jur. auto 1982.316).
Conduite sans permis.
200. La conduite d’un véhicule au mépris de restrictions de va-
198. La loi no 2004-204 du 9 mars 2004 (D. 2004.737) portant lidité imposées par le préfet, en l’espèce en l’absence de verres
adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité a recréé correcteurs, équivaut à une conduite sans permis valable (Cass.
le délit de conduite sans permis qui est désormais puni d’une crim. 13 nov. 1986, Bull. crim., no 339, JCP 1987. IV. 28, Rev.
peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende, les sc. crim. 1987.422, obs. Delmas Saint-Hilaire).
peines complémentaires restant les mêmes que pour l’ancien
délit de conduite sans permis en récidive, à savoir la peine de
travail d’intérêt général, celle de jours-amende, l’interdiction de SECTION 2
conduire certains véhicules terrestres à moteur, la confiscation Conduite sans permis valide.
du véhicule ainsi que l’obligation d’accomplir un stage de sensi-
bilisation à la sécurité routière. Ce stage, prévu d’ailleurs aussi 201. Lorsqu’une visite médicale est obligatoire avant délivrance
pour les excès de vitesse d’au moins 30km/h, est dispensé dans ou renouvellement du permis de conduire, le fait de conduire
les mêmes conditions que le stage permettant de récupérer des sans respecter les conditions de validité prévues, sans deman-
points sur son permis de conduire (Décr. no 2003-642 du 11 juill. der la prorogation de la validité du permis ou sans avoir obtenu
2003, JO 12 juill.). cette prorogation constitue non pas la contravention de conduite
sans permis mais une contravention spécifique de troisième
199. L’infraction de conduite sans permis est consommée par classe prévue par les articles R. 221-10 et R. 221-11 du code
le fait de se trouver au volant d’une voiture, moteur en marche, de la route.
sans avoir obtenu le permis de conduire, dès lors que le conduc-
teur était sur le point de démarrer au moment où il a été inter-
pellé (Cass. crim. 24 mai 1966, Bull. crim., no 157). L’infrac- SECTION 3
tion est également constituée dès lors que le prévenu résidant Conduite malgré une interdiction de délivrance,
en France depuis cinq ans en tant que salarié et non en tant une rétention, une suspension ou une annulation
qu’étudiant ne peut circuler avec un permis marocain, la déro- du permis de conduire.
gation accordée par l’article 4, alinéa 2, d’un arrêté du 6 février
1989 ne bénéficiant qu’aux seuls étudiants (Cass. crim. 4 mai 202. Le non-respect des mesures ou peines d’interdiction de
2000, no 99-87.704, Jur. auto 2000.331). Est complice de cette délivrance, de rétention, de suspension ou d’annulation du per-
infraction l’employeur qui autorise le salarié à prendre la route mis de conduire constitue bien évidemment des infractions, pré-
en sachant qu’il n’est pas titulaire de la catégorie du permis de vues aux articles L. 224-16 et L. 224-17 du code de la route. Il

mai 2004 - 27 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

convient néanmoins de s’interroger sur l’articulation de ces in- nulation, celle-ci peut toujours être poursuivie pour conduite mal-
fractions avec celles de conduite sans permis, de conduite mal- gré annulation puisque l’annulation n’a pas cessé de produire
gré invalidation par perte de points ou de violation des obliga- son effet, comme ce serait le cas en fin de suspension, et que la
tions ou interdictions résultant de l’application des articles 131-6, délivrance du nouveau permis reste subordonnée aux conditions
131-10, 131-14 ou 131-16 du code pénal. particulières de l’article L. 224-14 (Cass. crim. 15 juin 1994, Bull.
crim., no 241).
203. L’article L. 224-16 du code de la route prévoit l’infraction
de conduite malgré une décision notifiée de suspension, de ré-
205. L’article L. 224-17 prévoit l’infraction de refus de restitution
tention, d’annulation ou d’interdiction de délivrance du permis de
du permis de conduire après décision notifiée de suspension ou
conduire. La sanction principale est celle de l’ancien article L. 19
d’annulation. Il en est de même de refuser, pendant la période
qui, elle-même, était égale à celle de la conduite sous l’em-
de rétention, de restituer son permis de conduire (art. L. 224-17,
pire d’un état alcoolique, à savoir deux ans d’emprisonnement
II). Ces deux délits sont sanctionnés comme la conduite malgré
et 4 500 € d’amende. À ces peines principales s’ajoutent des
une suspension du permis de conduire (V. supra, no 203).
peines complémentaires dont celle de suspension du permis de
conduire, qui peut paraître déplacée si elle est prononcée après
206. La conduite dans des conditions ou selon des horaires dif-
annulation ou en cas d’interdiction de délivrance. Néanmoins,
férents de ceux fixés par la décision relevant partiellement le
rien n’interdit à un tribunal statuant après que l’intéressé a re-
condamné de la mesure de suspension constitue, bien évidem-
passé les épreuves du permis de conduire de lui infliger, pour
ment, une conduite malgré une décision de suspension notifiée.
ce nouveau permis, une suspension. Les autres peines complé-
mentaires sont les peines de travail d’intérêt général et de jours-
amende ainsi que, dans les cas de conduite malgré suspension 207. La violation, par un condamné, des obligations ou interdic-
ou rétention, celle d’annulation du permis de conduire. Le véhi- tions résultant des peines de suspension ou d’annulation du per-
cule peut être immobilisé par les forces de l’ordre. Lorsque ce mis de conduire prononcées en application des articles 131-6,
délit est constitué par une conduite malgré suspension ou réten- 131-10, 131-14, 131-16 ou 131-17 du code pénal est punie de
tion, il entraîne un retrait de six points du permis de conduire. deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende (C. pén.,
art. 434-41). Il existe donc une différence entre le code pénal et
204. Au-delà du délai fixé par la juridiction interdisant à une per- le code de la route sur la sanction encourue pour une infraction
sonne de solliciter la délivrance d’un nouveau permis après an- tout à fait similaire.

CHAPITRE 3
Permis de conduire à points.
208. Depuis la loi no 89-469 du 10 juillet 1989 relative à di- de points. En revanche, la loi (C. route, art. L. 223-6) a prévu
verses dispositions en matière de sécurité routière et en ma- que la récupération automatique de points à l’issue d’un délai
tière de contraventions (JO 11 juill., D. 1989.237 ; M. COUZI- de trois ans sans infraction aura pour effet d’affecter au permis
NET, Permis à points et droit pénal, D. 1992, chron. 255), le de conduire le nombre maximal de points, soit douze. Ce mé-
permis de conduire français est un permis à points (V. Permis à canisme ne prolonge pas le délai probatoire qui reste identique
points). Lors de sa délivrance, le permis est crédité de douze même s’il y a commission d’une infraction. Le délai probatoire
points susceptibles d’être retirés lors de la commission de cer- aura notamment pour conséquence que tout délit routier com-
taines infractions jusqu’à invalidation du permis, à l’inverse de mis par un conducteur novice entraîne automatiquement perte
certains pays où la commission d’infractions est sanctionnée par de validité du permis par retrait total de points.
des points de pénalité dont la somme au-delà d’un seuil amène
également à l’invalidation du permis (par exemple, le Québec).
209. Le législateur (L. 10. juill. 1989, art. 21) avait prévu que les
Cette deuxième forme peut sembler plus pédagogique, car l’oc-
dispositions de la loi concernant le permis à points rentreraient
troi d’un nombre de points dès la délivrance du permis peut lais-
en vigueur à une date fixée par décret en Conseil d’État et au plus
ser penser à un droit de tirage sur les points composant le per-
tard le 1er janvier 1992. Le décret est en fait intervenu le 25 juin
mis de conduire. La loi no 2003-495 du 12 juin 2003 renforçant la
1992 (Décr. no 92-559, D. 1992.335 ; V. M. COUZINET, article
lutte contre la violence routière (D. 2003.1668 ; AJ Pénal 2004,
préc. [supra, no 208]), ce qui a conduit à un contentieux devant le
Les nouvelles infractions routières, Dossier. 85), dont, sur ce
Conseil d’État qui a dû confirmer sa jurisprudence habituelle en
point, les dispositions sont applicables pour les permis obtenus
ce qui concerne la publication tardive d’un décret d’application et
à compter du 1er mars 2004, a profondément modifié les dispo-
valider ce décret (CE, ass., 23 oct. 1992, req. no 138.787, inédit).
sitions concernant le permis à points. Elle a notamment instauré
Mais, surtout, ce décret a déclenché la colère des conducteurs
un permis dit probatoire. Dorénavant le permis de conduire pen-
professionnels de poids lourds qui craignaient de voir leur per-
dant une durée de trois ans n’est affecté que de six points. Ce dé-
mis très vite annulé puisque celui-ci n’était alors affecté que de
lai est raccourci à deux ans pour ceux qui ont obtenu le permis de
six points. Après une grève dure, un nouveau décret a été pris
conduire par le biais de l’apprentissage anticipé de la conduite.
(Décr. no 92-1228 du 23 nov. 1992, D. 1992.567) qui a porté le
Un jeune conducteur ou plus exactement un conducteur novice
nombre de points initial à douze, mais le gouvernement a refu-
se voit attribué six points à l’obtention du permis de conduire, au
sé de traiter différemment les conducteurs professionnels, qu’il
lieu de douze. S’il ne commet aucune infraction donnant lieu à
aurait été bien difficile de définir, et les autres.
retrait de points durant le délai probatoire de trois ou deux ans,
son permis de conduire est crédité du nombre maximal de points,
soit douze, à l’issue de ce délai. Au contraire, s’il commet des 210. Le nombre de points initial du permis de conduire est réduit
infractions entraînant retrait de points, c’est le nombre de points de plein droit si le titulaire du permis a commis une infraction
prévus par le code de la route qui est retiré sans distinction entre pour laquelle cette réduction est prévue. Le système du per-
conducteurs novices et autres. Une infraction entraînant retrait mis à points est donc indépendant de celui de la suspension et
de points, commise durant le délai probatoire a pour effet d’em- de l’annulation, sauf lorsque le permis vient à être invalidé par
pêcher qu’à la fin du délai le permis soit doté du nombre maximal réduction totale du nombre de points pendant l’exécution d’une

Rép. pén. Dalloz - 28 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

suspension du permis de conduire ou, à l’inverse, lorsque le per- car les diverses infractions peuvent lui être adressées séparé-
mis est annulé par une juridiction judiciaire alors que le nombre ment, notamment si un délit a été poursuivi devant le tribunal
de points n’est pas nul. La circulaire de la direction des affaires correctionnel alors que les contraventions ont été renvoyées de-
criminelles et des grâces du 12 juin 1992 prise en application vant le tribunal de police. Il est indispensable alors de saisir
(Circ. CRIM. 92.10/F3-12.6-.92 ; V. égal. Circ. 25 juin 1992 et ce service du ministère de l’Intérieur pour demander une rec-
Circ. 23 nov. 1992, relatives au permis à points, in Code de la tification et l’application de ces règles de limitation des cumuls.
route Dalloz) de la loi du 10 juillet 1989 a précisé l’articulation L’article L. 223-2 du code de la route a été modifié par la loi du
qu’il convenait de mettre en œuvre. L’annulation judiciaire doit 12 juin 2003 (préc. supra, no 208). Dorénavant, le règlement qui
recevoir application en priorité et la durée de l’interdiction de sol- sanctionne une contravention peut prévoir que le retrait de points
liciter un nouveau permis ne doit pas se cumuler avec celle de pourra atteindre la moitié du nombre maximal de points affectés
six mois prévue après invalidation du permis par réduction totale au permis de conduire, c’est-à-dire six points. En cas de cumul
du nombre de points. De la même façon, les effets d’une annu- d’infractions, délits et contraventions ne sont plus distingués et
lation judiciaire priment sur une perte partielle de points et l’inté- les retraits de points se cumulent dans la limite des deux tiers du
ressé ne peut exciper de son capital restant. À l’opposé, l’inva- nombre maximal de points, soit huit points.
lidation du permis de conduire par la réduction totale du nombre
de points produit son plein effet nonobstant une décision judi- 213. L’expression de plein droit a entraîné un important conten-
ciaire de suspension intervenue précédemment. Dans ce cas, tieux de la part des contempteurs du permis à points qui es-
il y a donc lieu de mettre fin à la mesure de suspension. Enfin, timaient qu’une sanction automatique ne répondait ni aux exi-
dans l’hypothèse d’une suspension prononcée postérieurement gences de notre droit, ni à celles de la Convention européenne
à la réduction totale du nombre de points, la mise à exécution des droits de l’Homme. Le Conseil d’État dans deux arrêts du
de la peine de suspension est devenue impossible, faute de titre 23 octobre 1992 (D. 1992.511, concl. Legal) a confirmé la vali-
auquel elle serait applicable. Une note du garde des Sceaux dité du décret du 25 juin 1992, non entaché d’excès de pouvoir.
adressée au ministre de l’Équipement, des transports et du lo- La Cour de cassation, par plusieurs arrêts dont le premier du
gement en date du 16 janvier 1997, non publiée, précise qu’il n’y 6 juillet 1993, a estimé de son côté que le retrait de points ne
a pas davantage lieu d’appliquer la peine de suspension sur le présentait pas le caractère d’une sanction pénale accessoire à
nouveau permis obtenu à l’expiration du délai de six mois. Cette une condamnation et qu’en conséquence son fondement légal
note confirme enfin que si la suspension du permis de conduire échappait à l’appréciation du juge répressif (Cass. crim. 6 juill.
est intervenue avant l’invalidation par réduction du nombre total 1993, D. 1994.33, note Couvrat et Massé).
de points, il doit y être mis fin dès que l’invalidation est notifiée
et que cette interruption est définitive, c’est-à-dire que le reliquat 214. La Cour européenne, dans un arrêt Malige du 23 septembre
de suspension ne doit pas être reporté sur le nouveau permis 1998 (D. 1999, somm. 154, obs. de Lamy, et 1999, somm. 267,
obtenu. obs. Renucci, Petites affiches 1999, no 234, p. 9, note Pélis-
sier), a considéré que le retrait de points répondait aux trois cri-
tères habituels de la jurisprudence de la Cour pour qualifier les
211. La réduction du nombre de points intervient lorsque est
affaires faisant partie de la matière pénale et s’apparentait donc
établie la réalité d’une infraction par le paiement d’une amende
à une peine accessoire. Il conviendra donc de voir si la Cour
forfaitaire, l’exécution d’une composition pénale ou une condam-
de cassation modifiera sa jurisprudence en ce sens. Mais la
nation définitive. L’ancien article L. 11-1 fixait trois catégories
Cour européenne a estimé que le système du permis à points
d’infractions entraînant retrait de points : certains délits limitati-
français répondait aux exigences de la Convention et que, no-
vement énumérés prévus par le code de la route, les infractions
tamment, le caractère automatique n’était pas un obstacle, car
d’atteinte à la vie ou à l’intégrité physique commises à l’occasion
le législateur avait lui-même intégré la proportionnalité indispen-
de la conduite d’un véhicule et les contraventions susceptibles
sable entre gravité de l’infraction et sanction.
de mettre en danger la sécurité des personnes et limitativement
énumérées par décret en Conseil d’État. Les codificateurs ayant
215. Le système du permis à points français a donc vu ses bases
fait le choix de placer sous chaque infraction toutes les sanc-
juridiques largement approuvées par les plus hautes juridictions
tions encourues, y compris le retrait de points, il n’existe donc
françaises et européennes. Quelques autres points ont pu gé-
plus de liste de délits ou de contraventions susceptibles d’en-
nérer un contentieux qui devra peut-être conduire à une légère
traîner ce retrait. Cependant, les cas prévus par l’ancien code
réforme des textes.
ont été repris dans le nouveau. Il appartiendra au législateur
pour les délits et au pouvoir réglementaire pour les contraven- 216. Sur la date effective du retrait de points, qui conditionne
tions, lorsqu’ils modifieront ou créeront une infraction, de déci- parfois la possibilité de suivre un stage de sensibilisation à la sé-
der si elle doit entraîner retrait de points. Il appartiendra aussi curité routière pour recouvrer un certain nombre de points, il ne
au Conseil d’État de vérifier si les contraventions ainsi sanction- fait aucun doute qu’il intervient à la date à laquelle la condam-
nées répondent bien au critère fixé par la loi, à savoir le caractère nation devient définitive. Cependant, le Conseil d’État a estimé,
de dangerosité. Cette question pourrait peut-être d’ailleurs être selon sa jurisprudence habituelle, qu’il n’était opposable au titu-
soulevée dès maintenant, par le biais du contrôle de légalité de- laire du permis qu’à compter de sa notification, c’est-à-dire à la
vant les juridictions pénales, pour certaines contraventions dont date où cette décision a été portée à la connaissance de l’inté-
le caractère de dangerosité n’est pas évident (par ex., dépasse- ressé, laquelle constitue le point de départ du délai de recours.
ment de moins de 20 km/h de la vitesse autorisée).
217. La loi du 10 juillet 1989 (C. route, art. L. 223-3) a prévu éga-
212. Lorsque plusieurs infractions sont commises simultané- lement que l’auteur d’une infraction entraînant retrait de points
ment, le législateur a prévu des règles de cumul. Jusqu’à l’en- devait être informé du retrait qu’il était susceptible d’encourir.
trée en vigueur de la loi du 12 juin 2003 (préc.), en cas de com- Cette obligation a été introduite par les parlementaires soucieux
mission de plusieurs contraventions, les retraits de points se cu- que le contrevenant ne soit pas lésé par le recours aux procé-
mulaient dans la limite de six points. Dans le cas où plusieurs dures simplifiées telles que celle de l’amende forfaitaire (V. su-
infractions, dont au moins un délit, avaient été commises simul- pra, no 105), lesquelles parfois n’apportent pas la certitude que
tanément, le retrait de points se cumulait dans la limite de huit l’intéressé a bien été informé de ses possibilités de recours. Or,
points. Ces règles sont parfois difficilement applicables par le le Conseil d’État a estimé que cette formalité d’information était
service du permis de conduire chargé d’enregistrer ces données, une formalité substantielle. Il appartient donc au ministère public

mai 2004 - 29 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

d’apporter la preuve que cette information a bien été donnée. 221. Le législateur a voulu éviter que le juge puisse vider de son
Pour pallier cette difficulté, cette information qui, au départ, était sens le retrait de points en interdisant la possibilité de relèvement
donnée par le biais de la remise d’un imprimé sans signature de la déchéance que constitue ce retrait (C. route, art. L. 223-4).
de l’intéressé a finalement été imprimée directement sur les for-
mulaires de timbre-amende. Toute contestation qui nécessite la 222. En cas de retrait de la totalité des points, et non pas de
production de cette carte-lettre ne peut donc se faire qu’en ayant perte comme l’indiquait l’ancien texte, les points n’étant pas per-
eu connaissance de l’information préalable. Selon le code de la dus mais défalqués du capital initial, le titulaire du permis de
route, le retrait de points n’est possible que si la réalité de l’in- conduire perd le droit de conduire et reçoit du préfet une injonc-
fraction est établie. La loi du 12 juin 2003 (préc. supra, no 208) a tion de devoir remettre son permis de conduire, y compris un
d’abord confirmé que l’émission du titre exécutoire par le minis- éventuel « permis blanc » (V. supra, no 197). La question pour-
tère public, en cas de non-paiement et d’absence de contesta- rait se poser de savoir à quel moment l’infraction de conduite
tion d’une amende forfaitaire, permettait néanmoins le retrait des sans permis du fait de l’invalidation par retrait de la totalité des
points. Plus exactement, l’article L. 223-1 du code de la route points est constituée. En effet, le permis est invalidé dès que la
(L. 12 juin 2003, art. 14-I, 1o ) précise que la réalité de l’infraction dernière condamnation est devenue définitive. On pourrait donc
est établie par l’émission du titre exécutoire de l’amende forfai- considérer que l’infraction est constituée dès ce moment-là, ce
taire majorée. Le Conseil d’État avait cependant déjà statué en que peut laisser penser le texte de l’article L. 223-5 du code de
ce sens (CE 14 oct. 2002, no 205204). la route. La chambre criminelle semble plutôt exiger que l’injonc-
tion de remettre le permis ait déjà été réalisée. Elle a déjà jugé
qu’une mesure de suspension du permis de conduire avec amé-
218. Enfin, le caractère définitif de la condamnation a soulevé nagement (permis blanc) demeurait exécutoire tant que l’injonc-
quelques difficultés lorsque le contrevenant, sans former de re- tion n’a pas été délivrée par le préfet (Cass. crim. 19 mars 1997,
cours, ne paie pas l’amende forfaitaire. Le médiateur de la Ré- Bull. crim., no 112), laissant ainsi supposer que l’injonction est
publique a d’ailleurs été saisi de cette question. La Chancellerie un préalable à la constatation d’une infraction de conduite sans
estime que l’article L. 225-1, 5o , du code de la route qui permet permis après invalidation par retrait de la totalité de points. De
l’enregistrement des procès-verbaux lors de l’émission du titre surcroît, il serait pratiquement impossible, dans le cas contraire,
exécutoire de l’amende forfaitaire majorée, constitue l’autorisa- aux forces de l’ordre de constater l’infraction, puisque le conduc-
tion de retirer les points après l’émission de ce titre exécutoire. teur pourrait leur présenter son permis de conduire.
Il serait certainement nécessaire que ce point soit précisé par le
législateur afin d’éviter tout risque de contentieux. 223. Le conducteur qui ne se soumet pas à l’injonction de re-
mettre son permis commet un délit puni de deux ans d’empri-
sonnement et de 4 500 € d’amende, ainsi que des peines com-
219. Reconstitution du capital de points. — Lorsqu’un conduc- plémentaires de suspension du permis de conduire, de travail
teur perd des points sur son permis de conduire à la suite de la d’intérêt général et de jours-amende. La peine complémentaire
commission d’infractions sanctionnées définitivement, il dispose de suspension du permis de conduire devrait pouvoir s’appliquer
de plusieurs moyens pour reconstituer son capital de points. Il sur le nouveau permis de conduire en possession du condamné
peut d’abord – et c’était l’une des motivations de l’instauration du lors de l’audience statuant sur le refus de se soumettre à l’in-
permis à points – modifier sa conduite de manière à ne plus com- jonction. La loi du 12 juin 2003 (supra, no 208, art. 6) a prévu
mettre d’infractions susceptibles d’entraîner un retrait de points. comme peines complémentaires des délits de conduite en état
Si, dans un délai de trois ans, il ne commet pas de nouvelles in- alcoolique ou de refus de se soumettre aux vérifications, celles
fractions, il retrouve ses douze points. Il peut également suivre d’interdiction de conduire certains véhicules terrestres à moteur
un stage de sensibilisation à la sécurité routière qui lui permet et d’obligation d’accomplir un stage de sensibilisation à la sécu-
de retrouver quatre points. Toutefois, il ne pourra pas récupérer rité routière.
l’ensemble de ses points. Dans ce cas, en effet, son capital de
points ne peut pas dépasser onze points. Le contenu et les mo- 224. La décision du préfet portant injonction de restituer le
dalités de cette formation sont fixés par les articles R. 223-4 à permis de conduire doit être motivée conformément à la loi
R. 223-13 du code de la route. Enfin, les points retirés sont attri- du 11 juillet 1979 sur la motivation des actes administratifs
bués de nouveau au titulaire du permis à l’expiration d’un délai (préc. supra, no 158). Toutefois, cette motivation se limite à la
de dix ans à compter de la date à laquelle la condamnation est référence à la dernière infraction qui, en fait, invalide le permis
devenue définitive ou du paiement de l’amende forfaitaire. de conduire, le conducteur ayant été informé au fur et à mesure
des retraits antérieurs (Cass. crim. 12 mars 1997, Bull. crim.,
no 98). Le fait de conduire après avoir reçu cette injonction
220. La loi du 18 juin 1999 (préc. supra, no 60) a aussi impo- constitue la contravention de conduite sans permis (Cass. crim.
sé aux conducteurs novices, c’est-à-dire aux titulaires du permis 6 mai 1998, Bull. crim., no 154).
de conduire depuis moins de deux ans, auteurs d’une infraction
entraînant un retrait de quatre points, de suivre une formation 225. En 2000, 1 204 372 dossiers de retrait de points ont été
spécifique comprenant un programme de sensibilisation à la sé- traités par le système national du permis de conduire géré par le
curité routière, facultative pour les autres conducteurs (V. supra, ministère de l’Intérieur. Le nombre de points retirés a atteint la
no 219). Si le conducteur se soumet à cette obligation, la for- même année 3 175 619 et le nombre de permis invalidés par re-
mation, en général d’un coût d’environ 225 €, se substitue à trait total des points s’est élevé à 11 758. Il est intéressant de no-
l’amende qu’il n’a donc pas à payer ou qu’il peut se faire rem- ter que la catégorie des excès de vitesse est prépondérante mais
bourser. En revanche, s’il ne soumet pas à cette obligation, il que le nombre de points retirés ne semble pas correspondre au
commet une infraction punie de l’amende prévue pour les contra- nombre d’infractions constatées : 581 852 dossiers de retrait de
ventions de quatrième classe. Il encourt également une suspen- points pour excès de vitesse ont été traités en 2000, alors que
sion du permis de conduire pour une durée maximale de trois le nombre d’excès de vitesse constatés est toujours légèrement
ans. supérieur à un million (1 215 793 en 1999).

Rép. pén. Dalloz - 30 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

CHAPITRE 4
Autres titres de conduite.

SECTION 1re 229. Le décret no 2002-675 du 30 avril 2002 relatif à la formation


à la conduite et à la sécurité routière et modifiant le code de la
Brevet militaire de conduite.
route (JO du 2 mai) a créé l’attestation de sécurité routière qui
226. Le brevet militaire de conduite est délivré par les autorités est délivrée aux personnes non titulaires des attestations sco-
militaires dans les conditions fixées par l’arrêté du 5 mars 1998 laires de sécurité routière de premier et de deuxième niveaux
relatif à la délivrance du brevet militaire de conduite et fixant les lorsqu’elles ont subi avec succès le contrôle des connaissances
conditions requises pour la conduite des véhicules du ministère théoriques des règles de sécurité. Cette attestation vient donc
de la Défense. Les principales conditions sont d’avoir suivi une s’ajouter aux attestations scolaires qui existaient déjà et est des-
formation équivalente à celle du permis de conduire et d’avoir tinée à ceux qui n’ont pas obtenu ces dernières durant leur sco-
ensuite, sous une forme de conduite accompagnée, parcouru larité. Elle permettra à ceux-ci de pouvoir suivre la formation pra-
un certain nombre de kilomètres en condition normale de circu- tique nécessaire à la délivrance du brevet de sécurité routière et
lation. Le brevet militaire de conduite est délivré par le chef de de pouvoir se présenter aux épreuves des catégories A ou B du
corps. permis de conduire. Cette disposition n’est, bien sûr, applicable
qu’aux enfants nés après le 31 décembre 1987.
227. Les dispositions concernant le permis de conduire ne sont
pas applicables, lorsqu’ils sont titulaires du brevet militaire de
conduite, aux conducteurs des véhicules d’instruction et d’inter- 230. Brevet de sécurité routière. — Pour la conduite des cyclo-
vention de la sécurité civile et des véhicules des formations de la moteurs entre 14 et 16 ans, le brevet de sécurité routière est
sécurité civile mises sur pied dans le cadre des dispositions de exigé. Ce brevet est composé de l’attestation scolaire de pre-
l’ordonnance no 59-147 du 7 janvier 1959 portant organisation mier niveau, complétée d’une formation pratique organisée par
générale de la défense (JO 10 janv. ; V. C. route, art. R. 221-20). une personne physique ou morale agréée par le préfet. Il s’agit
en fait d’une formation de trois heures en circulation.
SECTION 2
Attestations scolaires et brevet de sécurité routière. 231. Le brevet de sécurité routière, délivré après une forma-
tion pratique aux personnes titulaires de l’attestation scolaire de
228. Attestations scolaires de sécurité routière. — « Afin de per- premier niveau ou de l’attestation de sécurité routière (V. supra,
mettre aux élèves usagers de la route d’acquérir des comporte- no 229), est exigé de toute personne, quel que soit son âge, pour
ments responsables », le décret no 93-204 du 12 février 1993 pouvoir conduire un cyclomoteur à moins qu’elle ne soit titulaire
(in Code de la route Dalloz), dont l’article 5 a été codifié à l’ar- d’un permis de conduire. Il en est de même pour la conduite
ticle R. 211-1 du nouveau code de la route, a instauré deux attes- des quadricycles légers à moteur. Toutefois, ces dispositions ne
tations scolaires de sécurité routière, l’une de premier niveau dé- s’appliquent qu’aux personnes qui atteindront l’âge de seize ans
livrée en principe en classe de cinquième, l’autre de deuxième ni- à compter du 1er janvier 2004
veau délivrée aux élèves de troisième. Ces attestations sont dé-
livrées aux élèves qui ont subi avec succès le contrôle théorique
des connaissances des règles de la sécurité routière. Cet en- 232. Le fait de conduire un cyclomoteur avant l’âge de 14 ans
seignement est obligatoire et est donné au travers des diverses ou entre 14 et 16 ans, sans être titulaire du brevet de sécurité
disciplines de l’enseignement général. routière, constitue une contravention de deuxième classe.

TITRE 3
Règles de conduite.

CHAPITRE 1er
Signalisation routière.

SECTION 1re de porter à la connaissance des usagers les règles spécifiques


qui s’appliquent sur la portion de route sur laquelle ils circulent et
Principes généraux. qu’ils doivent respecter. C’est le but principal de la signalisation
routière qui doit aussi, parfois, simplement donner des informa-
233. Le code de la route prévoit un certain nombre de disposi- tions aux conducteurs.
tions qui se suffisent à elles-mêmes et ne nécessitent pas obli-
gatoirement d’être portées à la connaissance des usagers par 234. Les principes régissant la signalisation routière en France
une signalisation particulière. Ainsi, même sans panneau de si- reposent sur plusieurs textes qui permettent une uniformité
gnalisation indiquant la vitesse à respecter sur les autoroutes, sur l’ensemble du territoire national et une harmonisation avec
les automobilistes ne doivent pas dépasser la vitesse limite de nombre d’autres pays. Les grands principes de la signalisation
130 km/h. Il en est de même de la priorité due, à une intersec- routière internationale ont été définis dans la Convention du
tion, aux véhicules venant de la droite ou encore de l’obligation 8 novembre 1968 sur la signalisation routière, signée à Vienne
de dépasser par la gauche. Au-delà des vertus pédagogiques du le 8 novembre 1968, entrée en vigueur le 6 juin 1978 et publiée
rappel, par une signalisation appropriée, de ces règles qui s’im- en France par le décret no 81-796 du 4 août 1981 (in Code de la
posent en toutes circonstances, il est très souvent indispensable route Dalloz). Ce texte est complété par les accords européens

mai 2004 - 31 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

signés à Genève le 1er mai 1971, entrés en vigueur le 3 août placés au-dessous des panneaux de signalisation pour leur ap-
1979 et publiés par décret no 81-968 du 16 octobre 1981 (JO porter des précisions ou compléter leur signification.
28 oct.). En ratifiant ces textes, les parties contractantes, dont la
France fait partie, reconnaissent que « l’uniformité internationale 239. Les panneaux de danger sont de forme triangulaire. Ils
des signaux et symboles routiers et des marques routières est comportent un fond blanc et sont bordés d’une bande rouge,
nécessaire pour faciliter la circulation routière internationale et elle-même entourée d’un listel blanc. Ils imposent aux usagers
pour accroître la sécurité sur la route ». Ainsi, lorsque ces textes de la route une vigilance spéciale avec un ralentissement adap-
définissent un signal, les signataires s’interdisent d’en créer un té à la mesure du danger signalé. D’une manière générale, ils
autre ayant la même signification. Les signataires peuvent créer renforcent l’obligation de prudence imposée à tout conducteur et
un nouveau signal répondant à un besoin particulier de leur leur non-respect peut caractériser l’imprudence, élément consti-
pays, sous réserve qu’il ne soit pas déjà prévu dans la conven- tutif des atteintes involontaires à la vie ou à l’intégrité physique.
tion avec une autre signification. En pratique, les signaux des
pays qui ont ratifié ces textes sont quasiment identiques, sauf 240. Les signaux comportant une prescription absolue se di-
en ce qui concerne le design des pictogrammes et l’utilisation visent eux-mêmes en deux catégories : les panneaux d’inter-
de certaines couleurs. diction et de fin d’interdiction et les panneaux d’obligation et de
fin d’obligation. Les panneaux d’interdiction sont de forme cir-
235. L’article L. 411-6 du code de la route a repris l’ar- culaire et, à l’exception du panneau de sens interdit et de ceux
ticle L. 113-1 du code de la voirie routière. Il définit les autorités concernant l’arrêt et le stationnement, ils sont sur fond blanc et
auxquelles appartient le droit de placer, en vue du public, la comportent une bordure rouge entourée d’un listel blanc. Les
signalisation routière (V. supra, no 25). L’article R. 411-25 du panneaux d’obligation sont de forme circulaire. Ils ont un fond
code de la route prévoit un arrêté conjoint du ministre chargé bleu et sont bordés d’un listel blanc. Ces panneaux d’interdic-
de la voirie et du ministre de l’Intérieur pour fixer les conditions tion et d’obligation constituent une part importante des obliga-
dans lesquelles la signalisation routière, aussi bien de pres- tions et interdictions imposées aux usagers de la route et sont
cription que d’information, doit être établie. C’est l’arrêté du donc souvent à la base des poursuites pour le non-respect des
24 novembre 1967 sur la signalisation des routes et autoroutes règles qu’ils symbolisent.
(in Code de la route Dalloz), maintes fois modifié et, en dernier
lieu, par l’arrêté du 26 décembre 2000 (JO 13 janv. 2001), qui 241. Les signaux d’intersections et de priorité indiquent les
remplit cette fonction. Cet arrêté précise notamment dans son règles applicables aux intersections : stop, cédez-le-passage,
article 1er. 1 que : « Le ministre de l’équipement et du logement caractère prioritaire d’une route. Il s’agit bien aussi de prescrip-
définit les conditions d’homologation de certains dispositifs et tions particulièrement importantes pour les automobilistes, et
produits destinés à la signalisation routière ou autoroutière ou leur non-respect est lourdement sanctionné.
de leurs composants. Il désigne ceux des dispositifs ou produits
qui ne pourront être utilisés sans homologation. Il détermine les 242. Les signaux comportant une simple indication sont très
conditions d’agrément de leurs fournisseurs. Sont considérés nombreux et de formes diverses. Ils apportent des éléments
comme homologués au sens du présent arrêté et des instruc- d’information au conducteur, soit pour faciliter sa conduite (parc
tions interministérielles visées à l’article 1er du présent arrêté les de stationnement), soit pour l’aider dans la recherche d’un équi-
produits certifiés marque NF-Équipements de la route. L’emploi pement particulier (hôpital, hôtel), soit pour lui donner des indi-
de signaux d’autres types ou modèles que ceux qui sont définis cations sur les lieux qu’il traverse, soit encore pour l’aider dans
dans le présent arrêté est strictement interdit ». le suivi d’un itinéraire. Ils ne fixent pas de règles mais donnent
simplement des indications permettant de mieux appréhender la
236. L’instruction interministérielle sur la signalisation routière conduite. Il convient cependant de signaler dans ces panneaux
et l’instruction interministérielle relative à la signalisation de di- ceux d’entrée et de sortie d’agglomération qui, s’ils ne fixent pas
rection précisent les conditions dans lesquelles doivent être em- de règles particulières, indiquent que, dans la zone qu’ils en-
ployés les signaux définis dans l’arrêté interministériel du 24 no- cadrent, des règles particulières, notamment de limitation de vi-
vembre 1967 modifié. Elles détaillent les règles se rapportant à tesse, s’appliquent.
l’établissement de la signalisation routière et autoroutière. L’en-
semble de ces dispositions peut être consulté sur le site inter- 243. Les usagers doivent respecter, en toutes circonstances, les
net du ministère de l’Équipement, des transports et du loge- indications résultant de la signalisation établie conformément à
ment (www.securiteroutiere.equipement.gouv.fr, rubrique Signa- l’alinéa 1er de l’article R. 411-25 du code de la route. Cette dispo-
lisation routière). sition impose d’abord que les arrêtés fixant les conditions dans
lesquelles est établie la signalisation routière soient publiés au
237. Enfin, les articles R. 418-1 à R. 418-9 du code de la route Journal officiel. En revanche, la Cour de cassation a estimé, à
définissent les règles applicables en matière de publicité sur les juste titre, que la parution des instructions techniques dans leur
voies ouvertes à la circulation publique ou visibles de celles-ci. détail uniquement dans le Bulletin officiel du ministère des Trans-
Ces règles visent principalement à éviter une confusion entre ports était suffisante (Cass. crim. 1er févr. 2000, Bull. crim.,
une publicité commerciale et la signalisation routière. no 51, Jur. auto 2000.124). On peut s’interroger sur la nécessité
d’une décision légale de l’autorité investie du pouvoir de police
pour donner toute sa valeur à la signalisation implantée et à l’obli-
SECTION 2 gation de son respect. L’article R. 411-25 du code de la route
Panneaux de signalisation. ne semble pas imposer cette obligation puisqu’il ne subordonne
l’obligation de respect de la signalisation qu’à la seule application
238. Les panneaux de signalisation sont de forme et de cou- des conditions de son établissement. On ne saurait donc trop
leur différentes suivant la nature des indications à porter à la conseiller aux usagers de la route de respecter la signalisation
connaissance des usagers de la route. Ils se divisent en quatre tant au regard de la règle fixée par l’article R. 411-25 que de leur
catégories : les signaux de danger, les signaux comportant une propre sécurité. La deuxième chambre civile de la Cour de cas-
prescription absolue, les signaux comportant une simple indica- sation a largement fait l’application de ce principe de respect de
tion et certains signaux relatifs aux intersections et aux régimes la signalisation conforme, sans égard à aucune autre considéra-
de priorité qui relèvent de diverses autres catégories. Il existe tion. Une signalisation claire et précise, destinée à assurer la sé-
également des panonceaux additionnels de forme rectangulaire curité de la circulation et, partant, sa police, constitue en tant que

Rép. pén. Dalloz - 32 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

telle une injonction officielle à laquelle les parties doivent obéir accolée et se trouve la plus proche du véhicule au début de
en toutes circonstances ou sans égard à aucune autre considé- la manœuvre et à condition que cette manœuvre soit terminée
ration (Cass. 2e civ. 16 mai 1958, D. 1958.483 ; 14 oct. 1965, avant la fin de la ligne discontinue. En dehors de cette exception,
Bull. civ. II, no 737, D. 1966, somm. 39 ; 13 déc. 1961, Bull. le franchissement ou le chevauchement d’une ligne longitudinale
civ. II, no 857, D. 1962, somm. 59). Il est vrai qu’aujourd’hui la continue est sanctionné d’une contravention de quatrième classe
Cour de cassation ne retiendrait certainement pas l’expression et entraîne un retrait de trois points pour le franchissement et
« signalisation claire et précise », mais indiquerait vraisembla- d’un point pour le chevauchement (art. R. 412-19). Jusqu’à l’ap-
blement « signalisation conforme à la réglementation ». Cette plication du nouveau code de la route, cette infraction était éga-
jurisprudence s’applique même si le panneau a été apposé à lement sanctionnée d’une contravention de quatrième classe,
tort (Cass. 2e civ. 30 nov. 1961, Bull. civ. II, no 723, D. 1961, mais sur la base de l’ancien article R. 232, 1o applicable aux per-
somme. 30, Gaz. pal. 1961.1.72). Il n’en demeure pas moins sonnes qui contrevenaient aux dispositions du livre 1er concer-
que la responsabilité de celui qui aurait implanté une signalisa- nant les sens imposés à la circulation. La chambre criminelle
tion, même répondant aux exigences de l’arrêté interministériel avait effectivement considéré que le fait de franchir ou chevau-
du 24 novembre 1967 et des instructions ministérielles, sans dé- cher une ligne continue amenait obligatoirement le conducteur
cision de l’autorité investie du pouvoir de police, pourrait certai- à circuler sur la voie exclusivement réservée aux véhicules ve-
nement être recherchée. La nécessité d’un arrêté légalement nant en sens inverse (Cass. crim. 6 janv. 1966, Bull. crim.,
pris et publié est rappelée par la chambre criminelle. Un signal no 5 ; 28 mars 1966, D. 1966.521). Curieusement, cette infrac-
« stop » apposé sur un chemin privé par le propriétaire de ce che- tion, principalement celle de franchissement de ligne continue
min n’a aucun caractère réglementaire et par là même impératif axiale, ne peut être sanctionnée d’une suspension du permis de
(Cass. crim. 7 mai 1963, D. 1963.474). Les arrêtés organisant conduire, peine complémentaire non prévue par le code de la
le stationnement doivent non seulement avoir fait l’objet d’une route (Cass. crim. 19 avr. 2000, Jur. auto 2000.272).
signalisation, mais également avoir été publiés. Dans ce cas,
en revanche, rien n’interdit au juge du fond de considérer que la 247. Les lignes longitudinales discontinues autorisent leur fran-
non-observation de la signalisation existante constitue une faute chissement ou leur chevauchement. Elles sont destinées à dé-
susceptible de caractériser les délits d’homicide ou de blessures limiter les voies en vue de guider la circulation. Il n’y a donc
involontaires (Cass. crim. 24 oct. 1963, D. 1964.8, Gaz. Pal. pas de sanction attachée à leur franchissement ou chevauche-
1963.2.371). ment, sous réserve du respect de l’obligation de rouler près du
bord droit de la chaussée. Toutefois, lorsque, sur les routes à
sens unique ou sur les routes à plus de deux voies, la circulation
s’établit en file ininterrompue sur toutes les files, les conducteurs
244. La jurisprudence a toujours confirmé que, en l’absence de doivent rester dans leur file. Dans ce cas, le fait de changer de
signalisation réglementaire, la règle édictée par l’autorité de po- file constitue une contravention de deuxième classe, sauf lors-
lice était inopposable aux usagers (Cass. crim. 15 janv. 1959, qu’il est effectué pour préparer un changement de direction tout
Bull. crim., no 45). C’est une solution de bon sens que l’ar- en entravant le moins possible la marche normale des autres vé-
ticle R. 411-25 du code de la route a consacré. On ne saurait hicules.
en effet imposer à tout automobiliste de prendre connaissance
de tous les arrêtés municipaux avant de traverser une commune. 248. Peuvent certainement être assimilées à un changement
Un tribunal ne peut reprocher à un automobiliste d’avoir circulé de file, les manœuvres qui sont imposées, sur autoroute, à un
à une vitesse supérieure à celle autorisée par arrêté municipal usager qui souhaite gagner une bretelle de sortie ou un branche
sans rechercher si cet arrêté a été porté à la connaissance des d’autoroute. L’article R. 421-4 du code de la route, afin d’évi-
usagers par un panneau de signalisation (Cass. 2e civ. 23 mars ter toute manœuvre de dernière minute particulièrement pertur-
1986, Bull. civ. II, no 383). Il en est de même de la signalisation, batrice, impose à tout conducteur qui souhaite emprunter une
en l’espèce un stop, implantée au seul débouché de la branche bretelle de sortie de gagner la voie de circulation adjacente à
de droite d’une voie séparée en deux branches par un terre-plein, cette bretelle, qu’elle se trouve à gauche ou à droite par rap-
qui ne saurait s’imposer à l’automobiliste circulant sur la branche port au sens de circulation. Il impose de même de gagner la ou
de gauche (Cass. crim. 16 juin 1973, Bull. crim., no 278) ou en- l’une des voies de circulation correspondant à la branche d’auto-
core d’un panneau « cédez-le-passage » (Cass. crim. 16 mai route que le conducteur souhaite emprunter. Ces manœuvres,
1991, Bull. crim., no 209, JCP 1991. IV. 330). et c’est cela le plus important, doivent être terminées avant les
panneaux de signalisation placés au début de la bretelle ou de
la bifurcation. Dans le cas contraire, le conducteur est passible
SECTION 3 d’une contravention de deuxième classe.
Marques sur la chaussée.
245. Les marques sur la chaussée (ou marques routières, selon
la Convention de Vienne du 8 nov. 1968, préc. supra, no 234)
constituent aussi une forme de signalisation prévue par l’article 8
SECTION 4
de l’arrêté du 24 novembre 1967 (préc. supra, no 235). Elles Feux de signalisation lumineux.
sont employées « pour régler la circulation, avertir ou guider les
usagers de la route. Elles peuvent être employées, soit seules, 249. Les feux de signalisation lumineux réglant la circulation
soit avec d’autres moyens de signalisation qui en renforcent ou des véhicules sont verts, jaunes ou rouges. Les feux rouges
en précisent les indications ». À quelques exceptions près, ces imposent l’arrêt. Les feux verts autorisent le passage des vé-
marques sont de couleur blanche et sont constituées des lignes hicules, sous réserve des dispositions de l’article R. 415-2 du
longitudinales, des lignes transversales et de marques complé- code de la route relatives à l’interdiction de s’engager dans une
mentaires. intersection si on risque d’y être immobilisé et de gêner la pro-
gression des autres véhicules.
246. Les lignes longitudinales sont continues ou discontinues
suivant la signification qu’elles comportent. Les lignes conti- 250. Les feux jaunes fixes, souvent qualifiés abusivement de
nues axiales ou séparatives de chaussée ne doivent être ni fran- feux orange, imposent l’arrêt, sauf dans le cas où, lors de l’al-
chies ni chevauchées, sauf lorsqu’une ligne discontinue leur est lumage du feu, le conducteur ne peut plus arrêter son véhicule

mai 2004 - 33 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

dans des conditions de sécurité suffisantes. Doit être considéré jaune permet aux conducteurs de dépasser le signal s’ils s’en
comme responsable des conséquences d’un accident le conduc- trouvent si près, lorsque le feu jaune s’allume, qu’ils ne puissent
teur ayant dépassé un feu jaune, alors que la vitesse réduite à plus s’arrêter dans des conditions de sécurité suffisantes avant
laquelle son véhicule était en mesure de se déplacer, lui per- de l’avoir dépassé, que la survenance de l’accident montre que
mettait de s’arrêter dans des conditions de sécurité suffisante le conducteur ne pouvait plus s’arrêter dans de telles conditions,
et qu’il savait d’ailleurs ne pas pouvoir achever la traversée de qu’il aurait dû traverser le carrefour, ce qu’il aurait pu faire sans
l’intersection, avant que ne soit libérée la circulation sur l’autre danger pendant la durée du feu jaune (Cass. 2e civ. 29 nov.
voie (Cass. crim. 27 mai 1970, Bull. crim., no 171). Mais le feu 1967, D. 1968.162).

CHAPITRE 2
Équipement des utilisateurs de véhicules.

SECTION 1re retenue, soit par une ceinture de sécurité. Le conducteur est
responsable pénalement de cette infraction.
Ceinture de sécurité et système de retenue pour enfant.
253. Le transport d’un enfant de moins de 10 ans est interdit sur
251. En circulation, tout conducteur ou passager d’un véhicule
le siège avant d’un véhicule, sauf dans un siège homologué pour
dont le poids total autorisé en charge n’excède pas 3,5 tonnes
être installé face à l’arrière, ou si le véhicule ne comporte pas de
doit porter une ceinture de sécurité homologuée, si le véhicule
siège arrière ou, encore, si le siège arrière est momentanément
a été réceptionné avec cet équipement. Toute infraction à cette
inutilisable ou utilisé par des enfants de moins de 10 ans. Toute
obligation constitue une contravention de quatrième classe et en-
infraction à ces dispositions constitue aussi une contravention
traîne un retrait d’un point sur le permis de conduire lorsqu’elle
de deuxième classe imputable au conducteur, mais n’entraînant
est commise par le conducteur. Il existe néanmoins un certain
pas de retrait de points.
nombre d’exceptions : 1o pour une personne dont la morphologie
est manifestement inadaptée au port de la ceinture ; 2o pour une
254. Le port de la ceinture de sécurité est aussi obligatoire pour
personne munie d’un certificat médical d’exemption délivré par la
les conducteurs et passagers de motocyclette, de tricycle à mo-
commission médicale du permis de conduire (V. supra, no 149) ;
teur, de quadricycle à moteur et de cyclomoteur lorsque le vé-
3o pour les conducteurs et passagers des véhicules d’intérêt gé-
hicule a été réceptionné avec ce dispositif. Il existe, en effet,
néral prioritaires et des ambulances en intervention d’urgence,
quelques véhicules de ce type munis de ceinture de sécurité lors
pour les conducteurs de taxi en service, pour les conducteurs et
de leur réception. Le conducteur ou le passager peut s’exoné-
passagers des véhicules de services publics contraints de s’arrê-
rer de cette obligation en portant un casque homologué comme
ter fréquemment en agglomération, pour les conducteurs et pas-
il doit le faire si le véhicule n’est pas équipé de ceinture. C’est
sagers des véhicules effectuant des livraisons de porte à porte
la combinaison des articles R. 431-1 et R. 431-2 du code de la
en agglomération. Si les deux premiers cas d’exemption peuvent
route qui permet cette lecture. Toutefois, il semble bien que le
s’expliquer et étaient d’ailleurs peu courants, en revanche, les
régime des sanctions diffère suivant le type d’équipement du vé-
autres cas semblent difficilement justifiables au regard des ex-
hicule. Si celui-ci est équipé de ceinture et que le conducteur
plications données par les spécialistes sur l’utilité du port de
ou le passager ne la porte pas, il commet une infraction de dé-
la ceinture de sécurité. Il convient en plus de noter que, par
faut de port de la ceinture de sécurité punie d’une contravention
exemple, pour les conducteurs et passagers de véhicules d’inté-
de deuxième classe entraînant un retrait d’un point du permis
rêt général prioritaires, l’exemption n’est prévue qu’en cas d’in-
de conduire lorsqu’elle s’applique au conducteur. En revanche,
tervention d’urgence. Pour les véhicules dont le poids total auto-
si le véhicule ne comporte pas de ceinture, le conducteur ou le
risé en charge excède 3,5 tonnes, en deux étapes, il a finalement
passager commet l’infraction de défaut de port de casque (V. in-
été décidé que les conducteurs et passagers de ces véhicules
fra, no 256) punie d’une contravention de quatrième classe avec
devraient porter leur ceinture de sécurité. (Décr. no 2003-440
retrait d’un point du permis de conduire lorsque l’infraction s’ap-
du 14 mai 2003 [JO 17 mai] et no 2003-637 du 9 juill. 2003 [JO
plique au conducteur ; par ailleurs, l’immobilisation du véhicule
10 juill.]). Ces dispositions s’appliquent immédiatement aux vé-
est possible.
hicules à moteur dont les sièges sont équipés de ceintures de
sécurité en application du livre III du code de la route relatif à
l’équipement des véhicules. SECTION 2
252. Pour les enfants de moins de 13 ans, le conducteur doit Port du casque.
s’assurer qu’ils sont retenus par une ceinture de sécurité ou par
un système de retenue adapté aux enfants et homologué. Si 255. En circulation, tout conducteur ou passager d’une moto-
l’enfant a moins de 10 ans, le conducteur doit s’assurer qu’il est cyclette, d’un tricycle à moteur, d’un quadricycle à moteur ou
retenu par un système homologué, sauf si la morphologie de d’un cyclomoteur doit porter un casque de type homologué (Arr.
l’enfant lui permet d’utiliser la ceinture de sécurité ou si l’enfant 21 nov. 1975, fixant les normes des casques utilisés par les
est muni d’un certificat médical d’exemption ou, encore, s’il s’agit conducteurs et passagers des véhicules, in Code de la route Dal-
d’un transport dans un taxi, un véhicule de remise, un véhicule loz). Le code de la route, en dehors du cas de port de la ceinture
affecté au transport public de personnes ou un véhicule de trans- de sécurité (V. supra, no 254), ne prévoit aucun cas d’exemption
port en commun. Si le conducteur ne respecte pas cette obliga- du port du casque, même pour raison médicale. La chambre
tion, il est passible d’une contravention de deuxième classe qui criminelle a approuvé un tribunal ayant condamné un personne
n’entraîne pas de retrait de points. Même pour les véhicules de pour défaut de port de casque malgré la production de certifi-
plus de 3,5 tonnes, les autobus et les autocars, le conducteur cats médicaux lui interdisant ce port (Cass. crim. 16 mars 1988,
doit s’assurer que les passagers âgés de moins de treize ans D. 1988.490, note Agostini, Gaz. Pal. 1988.1.44). Un tribunal de
sont maintenus soit par un système de sécurité homologué de police a estimé qu’un tel certificat médical n’avait pour effet que

Rép. pén. Dalloz - 34 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

d’interdire à une personne d’utiliser un véhicule pour la conduite 256. Le défaut de port de casque constitue une contravention de
duquel le port du casque est requis (T. pol. Guingamp, 29 avr. quatrième classe. Cette contravention ouvre la possibilité d’im-
1982, JCP 1982. IV. 355). Néanmoins, le tribunal de police mobilisation, mais uniquement si le véhicule est un véhicule à
de Lunéville avait statué dans le sens contraire, estimant qu’il moteur à deux roues. Elle entraîne le retrait d’un point du per-
s’agissait d’une contrainte irrésistible (T. pol. Lunéville, 9 janv. mis de conduire si elle est commise par le conducteur.
1981, JCP 1981. IV. 377).

CHAPITRE 3
Règles de priorité.

SECTION 1re peut le faire sans danger. Ces prescriptions sont impératives et
absolues (Cass. crim. 27 oct. 1980, Bull. crim., no 273). Une
Priorité à droite.
cour d’appel ne peut relaxer un conducteur au motif qu’on ne
257. Le principe que, dans une intersection, tout conducteur saurait lui faire grief de s’avancer dans le carrefour alors que
venant par la gauche est tenu de céder le passage à l’autre la visibilité était masquée sur sa droite et sur sa gauche par
conducteur est bien connu comme le principe de la priorité à d’autres véhicules et qu’il existe un doute quant au point de sa-
droite, applicable sur l’ensemble des intersections, sauf dispo- voir s’il a ou non dépassé l’axe médian de la voie transversale
sitions différentes prévues par le code de la route ou prises par (Cass. crim. 1er oct. 1980, Bull. crim., no 239, JCP 1982.
l’autorité investie du pouvoir de police. Ce principe s’applique II. 19744, note Chambon). Il ne suffit pas que la visibilité soit
même en dehors de toute signalisation (Cass. 2e civ. 19 janv. excellente au moment des faits pour que le conducteur soit dis-
1966, D. 1967, somm. 2). Une voie privée ouverte à la circu- pensé de l’arrêt absolu au panneau stop, l’opportunité de la mise
lation publique est soumise aux règles normales de priorité aux en place et du maintien du panneau à l’endroit où il est implanté
intersections (Cass. crim. 27 avr. 1981, Bull. crim., no 124 ; étant une question relevant du fonctionnement de l’Administra-
sur la notion de voie ouverte à la circulation publique, V. supra, tion, question étrangère aux éléments de la contravention repro-
no 15 et s.). Les règles de priorité s’appliquent aux intersections chée (Cass. crim. 7 avr. 1993, Jur. auto 1993.407). Une cour
en Y (Cass. crim. 16 janv. 1958, D. 1958.225 ; 6 déc. 1983, d’appel fait une exacte application de ce texte en notant, pour re-
Bull. crim., no 331). Le non-respect de la priorité constitue une laxer un prévenu d’homicide involontaire, que celui-ci a respecté
contravention de quatrième classe, punissable également d’une les obligations de l’ancien article R. 27 (art. R. 415-6) : « Qu’en
suspension du permis de conduire. Il entraîne le retrait de quatre effet si, aux termes de l’article R. 27 du code de la route, tout
points du permis de conduire. conducteur doit, à certaines intersections indiquées par une si-
gnalisation spéciale, marquer un temps d’arrêt à la limite de la
258. Toutefois, celui qui bénéficie du droit de priorité peut voir sa chaussée abordée, qu’il doit ensuite céder le passage aux véhi-
responsabilité engagée s’il est relevé à son encontre une faute cules circulant sur l’autre route et ne s’y engager qu’après s’être
grave comme l’absence de prudence particulière en rapport avec assuré qu’il peut le faire sans danger, les juges ont constaté que
la configuration des lieux (Cass. crim. 17 oct. 1979, D. 1980, IR le prévenu avait respecté l’ensemble de ces dispositions impé-
172). Le droit de priorité n’est absolu qu’autant que celui qui s’en ratives et absolues et ont pu en déduire en l’espèce que seule
prévaut a respecté toutes les précautions prescrites par le code la configuration des lieux, dont ils ont souverainement apprécié
de la route lorsqu’on aborde une intersection et le bénéficiaire de l’existence et les conséquences, ne lui avait pas permis de termi-
la priorité peut être déclaré seul responsable de l’accident lors- ner une manœuvre correctement engagée » (Cass. crim. 11 mai
qu’il a commis des fautes graves, alors qu’aucune n’est relevée 1982, Bull. crim., no 118, D. 1983, IR 66, obs. Levasseur, Rev.
à la charge de l’autre conducteur (Cass. crim. 4 mars 1964, sc. crim. 1983.262).
Gaz. Pal. 1964.2.235 ; 22 févr. 1984, D. 1984, IR 229). Si le
bénéficiaire de la propriété circulait à une allure excessive et en
SECTION 3
tenant le milieu de la chaussée sans qu’il soit justifié qu’il était
dans l’obligation de le faire et si le cyclomotoriste débouchant Intersections munies d’un cédez-le-passage.
sur la gauche d’un chemin non classé n’avait commis aucune
faute, les juges du fond, en laissant l’entière responsabilité à la 260. À certaines intersections indiquées par une signalisation
charge de l’automobiliste, ont justifié leur décision (Cass. crim. dite « cédez-le-passage », le conducteur doit céder le passage
1er mars 1961, Bull. crim., no 129). Les juges du fond peuvent aux véhicules circulant sur l’autre ou les autres voies et ne
déduire des faits et circonstances de la cause qu’aucune faute s’engager qu’après s’être assuré qu’il peut le faire sans danger.
grave ne peut être imputée au conducteur non prioritaire qui, la Comme pour le non-respect du stop, le non-respect de ces
route étant dégagée au moment où il entreprenait sa manœuvre, prescriptions constitue une contravention de quatrième classe,
avait respecté les obligations de prudence qui lui incombaient, susceptible d’être assortie d’une suspension du permis de
et qui avait été mis dans l’impossibilité de laisser le passage au conduire et qui entraîne un retrait de quatre points du permis de
motocycliste, lequel avait commis la faute grave de circuler en conduire. À la différence de l’article R. 415-6, l’article R. 415-7
agglomération à la vitesse excédant le double de la vitesse au- n’impose pas l’arrêt absolu du véhicule. Seule la règle de
torisée (Cass. crim. 6 déc. 1983, Bull. crim., no 331). priorité est absolue.

SECTION 2 SECTION 4
Intersections munies d’un stop. Changements de direction.
259. À certaines intersections indiquées par une signalisation 261. Les changements de direction constituent des manœuvres
spéciale dite « stop », le conducteur doit s’arrêter et céder le perturbatrices qui nécessitent que les autres usagers soient in-
passage aux véhicules circulant sur l’autre ou les autres voies formés de l’intention du conducteur. Celui-ci doit donc, tout en
et ne s’engager dans l’intersection qu’après s’être assuré qu’il prenant les précautions que lui impose de façon générale le code

mai 2004 - 35 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

de la route, aviser les autres usagers de son intention. Les ré- une chaise roulante mue par eux-mêmes ou circulant à l’allure
dacteurs du nouveau code de la route n’ont pas gardé le membre du pas.
de phrase de l’ancien article R. 6 qui demandait au conducteur
de s’assurer qu’il pouvait effectuer sa manœuvre sans danger. Il 266. La seule difficulté que présente cette règle de priorité est
est vrai que l’obligation de précaution est sous-jacente à l’en- celle de pouvoir donner une définition précise de l’expression
semble du code et surtout qu’il était impossible de constater, « régulièrement engagés ». Les piétons, pour la traversée des
sauf a posteriori après un accident, si le conducteur s’était as- chaussées, sont soumis à un certain nombre de règles et leur
suré qu’il pouvait manœuvrer sans danger. L’article R. 412-10 non-respect constitue certainement a contrario un élément im-
cite trois exemples particulièrement marquants de changement portant de cette définition. Les piétons doivent tenir compte de
de direction : le fait de se porter à gauche, celui de traverser la la visibilité, ainsi que de la distance et de la vitesse des véhicules.
chaussée ou celui de reprendre sa place dans la circulation en Ils doivent emprunter les passages prévus à leur intention s’il en
quittant un arrêt ou un stationnement. Bien évidemment, cette existe un à moins de cinquante mètres. Ils doivent, aux inter-
liste n’est pas limitative. sections non munies de ces passages, emprunter la partie de la
chaussée dans le prolongement du trottoir. Ils doivent respecter
262. Permet de caractériser le délit de blessures involontaires les feux qui leur sont destinés. En dehors des intersections, ils
le fait de quitter une place de stationnement en faisant irruption doivent traverser la chaussée perpendiculairement à son axe et,
sur la chaussée et ainsi de surprendre un motocycliste qui cir- si la chaussée est séparée en plusieurs parties, ils ne doivent
culait dans le même sens (Cass. crim. 14 févr. 1989, Jur. au- s’engager sur la partie suivante qu’en respectant l’ensemble de
to 1989.287). En revanche, un automobiliste ne commet pas ces règles.
de faute si, se tenant près du trottoir de droite et ayant régu-
lièrement signalé son intention de changer de direction, un cy-
clomotoriste, qu’il n’avait pas eu à dépasser, a tenté de passer SECTION 6
dans l’étroit espace laissé entre le trottoir et le véhicule (Cass. Priorité due aux véhicules d’intérêt général.
2e civ. 3 mai 1974, Gaz. Pal. 1974.2, panor. 173). La chambre
criminelle a, par ailleurs, estimé qu’il ne pouvait être retenu de 267. Il existe en fait deux catégories de véhicules d’intérêt géné-
faute à l’encontre d’un conducteur qui, après avoir fait fonction- ral : ceux dits « prioritaires » et ceux qui bénéficient de facilités
ner son indicateur de changement de direction, renonce finale- de passage.
ment à exécuter sa manœuvre au motif qu’une voiture arrivait à
vive allure derrière lui (Cass. crim. 13 févr. 1973, Bull. crim., 268. Les véhicules d’intérêt général prioritaires comprennent les
no 75). Doit également être relaxé le conducteur d’un tracteur, véhicules des services de police, de gendarmerie, des douanes,
ayant fait fonctionner son indicateur de changement de direction, de lutte contre l’incendie et d’intervention des unités mobiles
qui est dépassé par un automobiliste qui a doublé dangereuse- hospitalières. En toutes circonstances, les autres conducteurs
ment d’un seul trait une file entière de véhicules et ne pouvait doivent leur céder le passage lorsqu’ils annoncent leur approche
voir en temps utile l’indicateur de changement de direction du par l’emploi des avertisseurs spéciaux dont ils sont spécialement
tracteur (CA Poitiers, 21 janv. 1993, Juris-Data, no 042 202). équipés. Le non-respect de cette priorité est sanctionné comme
toutes les autres infractions aux règles de priorité, à savoir une
263. Apporter un changement dans sa direction sans en aver- contravention de quatrième classe avec suspension du permis
tir les autres usagers constitue une contravention de deuxième de conduire et un retrait de quatre points.
classe mais, compte tenu du danger que cela représente, en-
traîne également un retrait de trois points du permis de conduire. 269. Cependant, le droit de priorité prévu par ce dernier texte
ne dispense pas les conducteurs qui en bénéficient de l’obser-
264. L’obligation d’avertir de son intention s’impose en toutes vation des règles générales de prudence s’imposant aux usa-
circonstances, y compris en agglomération, aux conducteurs de gers de la route, et la priorité spéciale conférée aux véhicules
véhicules de transport en commun. Néanmoins, les autres usa- de lutte contre l’incendie ne s’applique qu’à la condition que leur
gers doivent ralentir et au besoin s’arrêter pour laisser ces véhi- approche ait été annoncée par l’emploi de leurs signaux lumi-
cules quitter leurs arrêts signalés comme tels. Il ne s’agit pas, neux et sonores réglementaires, dans des conditions de temps
semble-t-il, d’une véritable priorité, dont le non-respect serait si- et de lieu permettant aux autres usagers de leur céder le pas-
non sanctionné d’une contravention de quatrième classe, mais sage (Cass. crim. 26 avr. 2000, Bull. crim., no 162, D. 2000, IR
d’une règle générale de conduite, insérée d’ailleurs dans une 181, Rev. sc. crim. 2000.828, obs. Y. Mayaud).
section intitulée « Principes généraux de circulation », visant à
faciliter la progression des véhicules de transport en commun et 270. De manière générale, les règles fixées au livre IV du code
dont le non-respect n’est sanctionné que d’une contravention de de la route ne s’appliquent pas aux véhicules d’intérêt général
deuxième classe. prioritaires sous réserve qu’ils fassent usage de leurs avertis-
seurs spéciaux, dans les cas justifiés par l’urgence de leur mis-
sion et sous réserve de ne pas mettre en danger les autres usa-
SECTION 5
gers de la route (C. route, art. R. 432-1). Les véhicules d’inté-
Priorité due aux piétons. rêt général prioritaires sont équipés de feux spéciaux tournants
ou d’une rampe spéciale de signalisation, ainsi que d’avertis-
265. Tout conducteur est tenu de céder le passage aux piétons seurs spéciaux dont les caractéristiques sont fixées par l’arrêté
régulièrement engagés dans la traversée d’une chaussée. La du 30 octobre 1987 (in Code de la route Dalloz).
nouvelle rédaction du code de la route a bien identifié cette obli-
gation comme une règle de priorité dont le non-respect est sanc- 271. Les véhicules d’intérêt général bénéficiant de facilités de
tionné d’une contravention de quatrième classe, avec possibilité passage comprennent les ambulances de transport sanitaire,
de suspension du permis de conduire et avec un retrait de quatre les véhicules d’intervention d’Électricité de France et de Gaz de
points du permis de conduire. Il convient de rappeler que sont France, du service de surveillance de la SNCF, les véhicules de
assimilés aux piétons les personnes qui conduisent une voiture transport de fonds de la Banque de France, du ministère de la
d’enfant, de malade ou d’infirme ou tout autre véhicule de petite Justice affectés au transport des détenus, des associations mé-
dimension sans moteur, les personnes qui conduisent à la main dicales concourant à la permanence des soins, des médecins
un cycle ou un cyclomoteur, les infirmes qui se déplacent dans lorsqu’ils participent à la garde départementale et les engins de

Rép. pén. Dalloz - 36 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

service hivernal. Ces véhicules ne sont donc pas prioritaires. leur mission. Les véhicules d’intérêt général bénéficiant de
Les autres usagers doivent simplement leur faciliter le passage. facilités de passage peuvent être munis de feux à éclats, sur
autorisation préfectorale, et de timbres spéciaux prévus par
272. Lorsqu’ils font usage de leurs avertisseurs spéciaux, dans l’arrêté du 30 octobre 1987.
les cas nécessités par l’urgence de leur mission et sous réserve
de ne pas mettre en danger les autres usagers de la route, les 273. La section III du chapitre II du titre III du livre IV du code de
conducteurs de ces véhicules ne sont pas soumis aux règles la route cite également des exceptions à l’application des règles
concernant les vitesses maximales autorisées et l’usage des du code pour quelques véhicules qualifiés alors d’intérêt géné-
avertisseurs la nuit ou en agglomération. Sur autoroute et route ral, mais non compris dans la définition générale donnée à l’ar-
express, les conducteurs de ces véhicules ne sont pas soumis ticle R. 311-1. Il s’agit de dérogations aux règles de circulation
aux règles relatives à la circulation, à l’arrêt et au stationnement sur autoroute ou route express accordées aux conducteurs des
sur la bande centrale séparative des chaussées et les accote- véhicules d’exploitation ou des véhicules militaires, ainsi que de
ments, au demi-tour, à la marche arrière, au franchissement dérogations aux règles d’accès des autoroutes pour diverses ca-
des lignes longitudinales, à l’arrêt et au stationnement sur les tégories de véhicules.
chaussées. Les engins de service hivernal bénéficient égale-
ment de dérogations leur permettant d’exercer correctement

CHAPITRE 4
Vitesse.

274. Dénoncée comme facteur d’accident – une vitesse exces- infraction lors d’un accident de la circulation dont les circons-
sive ou inadaptée serait présente dans plus de 40 % des ac- tances ne sont pas bien établies. Il n’est pas nécessaire que les
cidents mortels – et d’aggravation des conséquences des acci- agents verbalisateurs établissent à l’aide d’un appareil homolo-
dents, la vitesse est, en tout cas, source d’un contentieux pénal gué la vitesse du véhicule pour que l’infraction soit constituée.
de masse, 1 215 793 infractions relevées en 1999. Il faut bien Leurs constatations, qui peuvent d’ailleurs se baser sur le comp-
constater que « quel que soit le réseau, c’est plus de la moitié teur kilométrique de leur propre véhicule, sont suffisantes si elles
des automobilistes qui est en infraction » (La sécurité routière ne sont pas contestées par d’autres éléments de preuve (Cass.
en France, Bilan de l’année 2000, La Documentation française, crim. 29 sept. 1999, D. 2000.374, note Céré, Dr. pénal 2000,
p. 14). En 2002, le nombre d’infractions relatives à l’excès de comm. 31, obs. J.-H. Robert). Une définition du défaut de maî-
vitesse a été de 1 354 957, soit 10 % de l’ensemble des contra- trise est donnée par un arrêt de la Cour de cassation qui impose
ventions au code de la route (Source ministère de l’Intérieur). aux juges de rechercher si, en raison même de l’insuffisance de
visibilité, l’automobiliste n’aurait pas dû réduire sa vitesse en de-
275. Le chapitre III du titre Ier du livre IV du code de la route traite çà de la limite prévue par les règlements de manière à être à
des questions liées à la vitesse. Ce chapitre, pour la partie légis- même d’arrêter son véhicule devant les obstacles se découvrant
lative, ne comprend qu’un article relatif à la récidive de la contra- dans la limite de son champ de vision (Cass. crim. 18 déc. 1984,
vention de cinquième classe d’excès de vitesse et, pour la partie Bull. crim., no 410). De même, il a été jugé qu’un conducteur
réglementaire, est lui-même composé de deux sections qui dé- qui circulait dans une rue où l’éclairage était insuffisant et, alors
crivent chacune l’une des deux catégories d’infractions liées à la qu’il pouvait aisément doubler le véhicule en stationnement qu’il
vitesse : le non-respect des limitations de vitesse et la non-maî- a percuté, n’a pas mené sa voiture avec prudence et n’a pas
trise de la vitesse. réduit sa vitesse en fonction de la visibilité et des obstacles pré-
visibles, commettant ainsi la contravention de défaut de maîtrise
de sa vitesse (Cass. crim. 18 janv. 1978, JCP 1979. II. 19244).
SECTION 1re
Seul un fait imprévisible et inévitable caractérisant la force ma-
Défaut de maîtrise de la vitesse. jeure est de nature à exonérer le conducteur de sa responsabi-
lité. Ainsi, une cour d’appel a jugé qu’un conducteur qui avait
276. La section consacrée à la maîtrise de la vitesse comprend perdu le contrôle de son véhicule après un léger freinage n’avait
trois articles qui abordent trois situations différentes, mais qui pas commis d’infraction, au motif que son comportement était en
pourraient être regroupés sous un même vocable : une vitesse fait dû à une perte d’adhérence imprévisible de la chaussée (CA
inadaptée aux circonstances de la circulation. Agen, 14 mai 1993, Juris-Data, no 043 701). Mais la chambre
criminelle a rappelé que la présence de verglas ne constitue pas
277. L’article R. 413-17 rappelle fort opportunément, sans pour forcément cette circonstance imprévisible et inévitable, même si
autant créer une incrimination et une sanction, que les vitesses dans l’espèce où elle le dit, elle a reconnu que les constatations
maximales autorisées ne s’entendent que dans des conditions des juges, montrant qu’il n’existait pas de signalisation avertis-
optimales de circulation, c’est-à-dire bonnes conditions atmo- sant du danger de verglas et que, par temps sec, celui-ci était
sphériques, trafic fluide, véhicule en bon état. Mais le conduc- très étroitement localisé, étaient suffisantes pour justifier une re-
teur doit rester constamment maître de sa vitesse et la régler en laxe (Cass. crim. 11 avr. 1970, Bull. crim., no 117). Le Conseil
fonction de l’état de la chaussée, des difficultés de la circulation d’État a lui-même estimé que le simple fait qu’un véhicule ait
et des obstacles prévisibles. L’article donne ensuite une liste de heurté une glissière de sécurité ne suffisait pas à établir l’exis-
onze circonstances dans lesquelles la vitesse doit être réduite. tence d’une infraction de défaut de maîtrise et que, en consé-
Auparavant, l’ancien article R. 11-1 faisait précéder cette liste quence, le préfet ne pouvait au seul vu du procès-verbal prendre
de l’adverbe « notamment », laissant place ainsi à une grande une mesure de suspension du permis de conduire (CE 19 févr.
marge d’appréciation que le nouveau code a voulu réduire. 1993, Jur. auto 1993.332).

278. Le défaut de maîtrise de la vitesse du véhicule a donné 279. L’article R. 413-18 décrit une situation très particulière, celle
lieu à une abondante jurisprudence, car cet article fourre-tout de la circulation de véhicules sur des trottoirs ou terre-pleins où
est utilisé largement par les forces de l’ordre pour qualifier une sont aménagés des parcs de stationnement. Cet article pourrait

mai 2004 - 37 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

très bien être considéré comme une illustration d’un cas sup- les premières. La plupart des limitations de vitesse s’imposent
plémentaire d’obligation d’adaptation de la vitesse aux risques à tous les conducteurs mais, pour certains types de véhicule ou
prévisibles. pour les conducteurs novices, des limitations plus restrictives
sont prévues.
280. L’article R. 413-19 invite, au contraire, les automobilistes à
ne pas gêner la marche normale des autres véhicules en circu- 284. En dehors des agglomérations, la vitesse maximale des
lant à une vitesse anormalement réduite, notamment sur auto- véhicules est fixée à 130 km/h sur autoroute, 110 km/h sur les
route où il est interdit de circuler à moins de 80 km/h sur la voie routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central et
la plus à gauche. Si quelques infractions à cet article sont rele- 90 km/h sur les autres routes. En cas de pluie ou d’autres pré-
vées, en revanche, il ne semble pas que le caractère anormal cipitations, ces limites sont abaissées à 110 km/h sur les au-
de cette vitesse réduite ait donné lieu à des interprétations juris- toroutes limitées normalement à 130 km/h, à 100 km/h sur les
prudentielles. autres sections d’autoroutes et sur les routes à deux chaussées
séparées par un terre-plein central et à 70 km/h sur les autres
281. En corollaire de l’obligation de maîtrise de la vitesse du routes. Enfin, en cas de visibilité inférieure à 50 mètres, les vi-
véhicule, l’article R. 412-6 du code de la route rappelle que tout tesses maximales sont abaissées à 50 km/h sur l’ensemble des
véhicule doit avoir un conducteur. Cette obligation, créée dans réseaux routier et autoroutier. Cette mesure est peu connue, peu
les premiers textes sur la circulation routière aux XXIe siècle pour réprimée et, pourtant, source d’insécurité importante.
éviter que des véhicules à traction animale ne soient pas accom-
pagnés, a été maintenu dans le nouveau code de la route, car il 285. Pour les élèves conducteurs et les conducteurs titulaires
existe toujours quelques véhicules à traction animale, mais aus- depuis moins de deux ans du permis de conduire, les vitesses
si parce qu’il convenait d’éviter que des véhicules commandés à maximales autorisées sont de 110 km/h sur les sections d’auto-
distance puissent circuler sur les routes. routes où la limite normale est de 130 km/h, de 100 km/h sur les
sections d’autoroutes où cette limite est plus basse, ainsi que sur
282. Cet article, dont la rédaction remonte au décret du 30 mai les routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central,
1921, article 7, impose aussi au conducteur de se maintenir et de 80 km/h sur les autres routes. Le délai de deux ans de
constamment en état et en position d’exécuter commodément et possession du permis de conduire court à compter de la date
sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. Plusieurs de délivrance du permis de conduire, quelle que soit la catégo-
illustrations de ce texte ont été évoquées dans des réponses rie pour laquelle il a été obtenu. Ainsi, une personne qui obtient
ministérielles (usage de baladeurs : Rép. min., JOAN Q, janv. la catégorie A1 (motocyclettes légères) du permis de conduire
1994, p. 150 ; apposition d’autocollants sur la vitre arrière ; Rép. à 16 ans n’est pas soumise aux limitations de vitesse prévues
min., JOAN Q, oct. 1991, p. 4122). Récemment, c’est l’utili- pour les conducteurs novices lorsqu’elle obtient la catégorie B
sation du téléphone portable lors de la conduite qui a été visée du permis à 18 ans.
(Rép. min. no 23015, JO Sénat Q 4 mai 2000, p. 1596). Les
études menées notamment par l’Institut national de recherche 286. En agglomération, la vitesse est limitée à 50 km/h, vitesse
sur les transports et leur sécurité (INRETS) montrent que l’uti- pouvant être relevée jusqu’à 70 km/h sur décision du préfet pour
lisation du téléphone portable au volant est source d’insécurité, les routes à grande circulation ou du maire pour les autres routes,
notamment par la surcharge mentale qu’impose une conversa- après consultation des autorités normalement investies du pou-
tion téléphonique, davantage d’ailleurs, semble-t-il, que le fait de voir de police sur ces voies (V. supra, no 20) et à condition que la
tenir le combiné dans une main. Il n’en demeure pas moins que, configuration des lieux s’y prête (accès des riverains et des pié-
en ayant une main occupée à tenir le combiné, le conducteur ne tons en nombre limité et protégés). Le boulevard périphérique de
se trouve plus en état d’exécuter commodément et sans délai Paris dispose d’un régime spécial puisque, bien qu’il se trouve en
toutes les manœuvres qui lui incombent, ce qui justifie la réponse agglomération, la vitesse maximale est fixée à 80 km/h, vitesse
ministérielle citée ci-dessus et aussi les décisions de quelques pouvant bien évidemment être diminuée par décision spéciale
tribunaux de police confirmées par une décision de la Cour de de l’autorité de police.
cassation (Cass. crim. 2 oct. 2001, no 01-81.099, inédit : « Le
287. Les sanctions attachées à la commission d’infraction aux
conducteur d’un véhicule en mouvement qui tient en main un ap-
limitations de vitesse sont proportionnelles à l’importance du dé-
pareil téléphonique n’est pas en état d’exécuter commodément
passement et sont plus sévères pour les conducteurs novices.
et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent »). La
Lorsque le dépassement est inférieur à 50 km/h, la sanction est
question est plus délicate lorsque le conducteur utilise un dis-
une contravention de quatrième classe. Si le dépassement est
positif « mains libres ». La constatation de l’infraction est alors
au moins égal à 40 km/h, le prévenu encourt aussi la peine com-
pratiquement impossible et, même si elle pouvait être démon-
plémentaire de suspension du permis de conduire et se voit reti-
trée, le texte d’incrimination semble trop restrictif pour permettre
rer quatre points de son permis de conduire. Pour les dépasse-
le prononcé d’une sanction.
ments moins importants, il n’y a pas de possibilité de suspension.
Les retraits sont de trois points pour les dépassements de 30 à
SECTION 2 moins de 40 km/h, de deux points pour les dépassements de 20 à
moins de 30 km/h et d’un point pour les dépassements de moins
Excès de vitesse. de 20 km/h. Pour les conducteurs novices, c’est-à-dire ceux titu-
laires du permis de conduire depuis moins de deux ans, le retrait
ART. 1er. – LIMITATIONS DE VITESSE. est de trois points pour tous les excès de moins de 40 km/h. En-
fin, les dépassements d’au moins 50 km/h sont réprimés par une
283. (V. Vitesse) Le non-respect des limitations de vitesse contravention de cinquième classe, par une suspension du per-
constitue l’infraction la plus relevée en matière routière. Les mis de conduire et par un retrait de quatre points.
limitations de vitesse sont imposées, en plus de celles liées à la
construction du véhicule, par deux types de mesures : les dispo- 288. Tout conducteur qui, déjà condamné définitivement pour
sitions générales du code de la route et les mesures prises par un dépassement de la vitesse maximale autorisée égal ou supé-
les autorités investies du pouvoir de police. Ces dernières, qui rieur à 50 km/h, commet la même infraction dans le délai d’un an
sont forcément plus rigoureuses, les autorités locales n’ayant est puni de trois mois d’emprisonnement, de 3 750 € d’amende,
pas le pouvoir de prendre des mesures allant à l’encontre de la d’une suspension du permis de conduire et d’un retrait de six
réglementation générale (C. route, art. R. 411-6), priment sur points. La loi du 12 juin 2003 (art. 6 ; D. 2003.1668 ; AJ Pénal

Rép. pén. Dalloz - 38 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

2004, Les nouvelles infractions routières, Dossier. 85) a pré- le bon fonctionnement de l’appareil était établi par son homolo-
vu comme peines complémentaires du délit de grand excès de gation et sa vérification annuelle. En effet, aux termes de l’ar-
vitesse en récidive, celle d’interdiction de conduire certains véhi- rêté du 7 janvier 1991 (in Code de la route Dalloz) relatif à la
cules terrestres à moteur, celle d’obligation d’accomplir un stage construction, au contrôle et aux modalités techniques d’utilisa-
de sensibilisation à la sécurité routière ainsi que celle de confis- tion des cinémomètres de contrôle routier, pris en application de
cation du véhicule. décret du 6 mai 1988 relatif au contrôle des instruments de me-
sure et du code de la route, les cinémomètres sont soumis à des
289. Les limitations de vitesse qui résultent des dispositions du opérations de contrôle que sont l’approbation du modèle, la vé-
code de la route s’imposent même en l’absence de signalisa- rification primitive des instruments neufs, la vérification annuelle
tion particulière. Ainsi, la limitation générale fixée à 130 km/h des instruments en service, la réparation par un réparateur agréé
sur autoroute s’applique à tous les véhicules, même si cette li- et la vérification après réparation ou modification. Ces textes ne
mitation ne fait l’objet d’aucune signalisation particulière (Cass. soumettent donc pas chaque mise en service de l’appareil à un
crim. 26 nov. 1991, Jur. auto 1992.105). En revanche, ne jus- essai préalable (Cass. crim. 24 mars 1999, Bull. crim., no 55,
tifie pas sa décision de condamnation d’un prévenu pour excès D. 1999, IR 120). Toutefois, certaines cours d’appel semblent, à
de vitesse la cour d’appel qui affirme que, selon le procès-ver- tort, exiger un essai du cinémomètre sur place avant la consta-
bal, la vitesse était limitée à 50 km/h à l’endroit de la constatation tation des infractions. A donc été relaxé le conducteur dont la
et que la preuve d’une limitation de vitesse à 90 km/h n’est pas vitesse a été constatée avec un appareil dont l’essai a été réali-
rapportée par le prévenu, sans préciser quel était le règlement sé postérieurement à la constatation de l’infraction (CA Rennes,
applicable à cet endroit (Cass. crim. 22 mars 2000, Dr. pénal 9 févr. 1990, Gaz. Pal. 1992.1, somm. 203) ou à l’instant même
2000, comm. 90, obs. J.-H. Robert). de la constatation de l’infraction (CA Chambéry, 9 janv. 1997,
Gaz. Pal. 1998.1.127).
290. Les élèves conducteurs et les conducteurs titulaires du
permis de conduire depuis moins de deux ans, qui sont sou- 293. Le cinémomètre étant un instrument de mesure, le service
mis à des limitations de vitesse plus restrictives que les autres de la métrologie définit, lors de l’approbation du modèle, une er-
conducteurs, doivent, en circulation, apposer à l’arrière de leur reur maximale tolérée. Cela ne veut pas dire que la mesure est
véhicule un signe distinctif dont les conditions d’utilisation et le fausse, mais que l’appareil peut avoir fait varier cette mesure en
modèle sont fixés par arrêté des ministres de l’Intérieur et des plus ou en moins de quelques points. Pour pallier toute contes-
Transports (C. route, art. R. 413-5). De même, lorsque des vé- tation sur ce point, il a été décidé d’appliquer systématiquement
hicules de moins de 3,5 tonnes ou des véhicules de transport en cette marge d’erreur en faveur du prévenu. Ainsi, les forces de
commun sont équipés de crampons antidérapants, leur vitesse l’ordre disposent d’un tableau leur permettant d’affecter un coef-
est limitée à 90 km/h et un disque doit être apposé à l’arrière ficient de réduction à la vitesse constatée. Néanmoins, les deux
du véhicule (C. route, art. R 413-7). Enfin, pour les véhicules vitesses, celle qui est lue sur l’appareil et celle qui est retenue
dont la vitesse est réglementée en raison de leur poids, les vi- comme base de la poursuite, sont indiquées sur le procès-verbal.
tesses maximales qu’ils sont tenus de ne pas dépasser doivent Seule la vitesse la plus basse est retenue et, par conséquent, un
être indiquées à l’arrière du véhicule (C. route, art. R. 413-13). conducteur ne saurait soutenir que cela lui porte grief ou que la
Le non-respect de ces diverses obligations d’affichage est sanc- mesure de la vitesse est incertaine (Cass. crim. 24 janv. 1996,
tionné d’une contravention de deuxième classe. Jur. auto 1996.327).

ART. 2. – PREUVE DE L’EXCÈS DE VITESSE. 294. Les conditions d’utilisation de l’appareil ont aussi été source
de contestations. En effet, les premiers modèles de cinémo-
291. (V. Vitesse) Les contestations relatives à des procès-ver- mètres ne pouvaient être utilisés par temps de pluie et plusieurs
baux d’excès de vitesse portent principalement sur la preuve de relaxes sont intervenues pour ce motif. Néanmoins, la Cour de
la commission de l’infraction. Rapporter la preuve d’une contra- cassation s’est toujours montrée très restrictive, estimant qu’il
vention pour excès de vitesse nécessite que le procès-verbal soit appartenait au prévenu de rapporter la preuve du temps de pluie
régulier, que le véhicule ait été identifié, que le conducteur l’ait sur le lieu même et à l’heure exacte du contrôle (Cass. crim.
aussi été sous réserve de l’application de l’article L. 121-3 du 27 juin 1990, Jur. auto 1990.370 ; 29 janv. 1991, Jur. au-
code de la route et que le mode de preuve soit reconnu. to 1991.237 ; 3 mars 1993, Jur. auto 1993.341). Cependant,
ces jurisprudences n’ont plus que valeur historique, puisque les
292. Mode de preuve. — Il convient d’abord de rappeler que, en nouveaux modèles sont homologués pour utilisation en temps
matière de contraventions, conformément à l’article 537 du code de pluie. Les modalités d’emploi des appareils sont précisées
de procédure pénale, le procès-verbal, établi par un agent qui lors de l’homologation et il appartient aux forces de l’ordre de
a le pouvoir de constater les infractions, fait foi jusqu’à preuve s’y soumettre (longueur de visée suffisante, absence de feuilles
contraire, laquelle ne peut être rapportée que par écrit ou par té- d’arbre, proximité d’émetteur pouvant troubler le fonctionnement
moins (V. supra, no 75). Le conducteur qui conteste une contra- de l’appareil). Là aussi, il appartient au conducteur de rappor-
vention, quelle qu’elle soit et pas seulement les contraventions ter la preuve de la mauvaise utilisation de l’appareil. Dans ce
relatives à la vitesse, est donc contraint d’apporter la preuve que cas, la relaxe s’impose (CA Bordeaux, 21 mars 1985, Gaz. Pal.
le procès-verbal est erroné. La plupart des excès de vitesse sont 1985.1.390, note Amouroux), mais le fait que l’appareil ait été
constatés au moyen d’un appareil de mesure de la vitesse homo- placé dans le sens opposé à la circulation ne suffit pas à mettre
logué, appelé « cinémomètre » ou, plus couramment, « radar » en doute la vitesse constatée s’il n’est pas, en outre, établi que
et dont le fonctionnement a été vérifié. Cet appareil doit faire la position de l’appareil ait pu avoir une influence sur la vitesse
l’objet d’une vérification annuelle matérialisée par une lettre de enregistrée (Cass. crim. 29 oct. 1986, Jur. auto 1987.15).
l’alphabet variant chaque année et gravée sur le poinçon. En
l’absence de cette vérification, le prévenu doit être relaxé (Cass. 295. Le fait que la vitesse relevée soit supérieure à la vitesse
crim. 11 déc. 1985, Bull. crim., no 400, JCP 1986. IV. 72, Gaz. maximale du véhicule indiquée par le constructeur a donné lieu
Pal. 1986.2.267, note Amouroux). En revanche la chambre cri- à plusieurs relaxes basées sur la preuve que l’infraction ne pou-
minelle a estimé qu’il n’y a avait pas lieu de relaxer un automo- vait être constituée (T. pol. Bordeaux, 21 janv. 1987, Gaz. Pal.
biliste poursuivi pour excès de vitesse au motif que le cinémo- 1987.1, somm. 94 ; CA Angers, 18 déc. 1990, Juris-Data,
mètre n’avait pas fait l’objet d’un essai avant usage, alors que no 047 843). Néanmoins, la chambre criminelle a approuvé une

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CIRCULATION ROUTIÈRE

cour d’appel qui avait estimé que l’écart entre la vitesse relevée 299. Une photographie peut servir de base à la conviction des
et la vitesse maximale indiquée par le constructeur n’était pas juges du fond. Les juges d’appel donnent une base légale à
d’une ampleur (161 km/h et 143 km/h) telle qu’elle conduise à leur décision de culpabilité en énonçant qu’ils reconnaissent le
considérer comme nécessairement fausse la mesure de cette vi- prévenu sur la photographie qui leur est présentée (Cass. crim.
tesse et, par suite, comme impossible l’infraction relevée (Cass. 5 févr. 1986, Jur. auto 1986.203). Mais, si la photographie ne
crim. 23 mars 1994, Jur. auto 1994.326). permet pas d’identifier la personne qui se trouve au volant, le
prévenu doit être relaxé (CA Poitiers, 12 janv. 1990, Juris-Data,
no 041 293). En l’absence de prise de cliché photographique,
296. La preuve de l’infraction peut être rapportée par tous
les juges doivent bien évidemment apprécier selon les règles de
moyens et il n’est pas indispensable que les forces de l’ordre
droit commun les éléments de preuve apportés par le ministère
utilisent un cinémomètre. En effet, les juges peuvent fonder leur
public (Cass. crim. 30 nov. 1977, JCP 1978. IV. 37, Rev. sc.
conviction tant sur les procès-verbaux de police et de gendar-
crim. 1978.331, obs. Vitu). C’est ainsi que plusieurs juridictions
merie que sur des présomptions de fait dont ils apprécient la
ont pu relaxé des prévenus au motif qu’ils justifiaient que plu-
force probante (Cass. crim. 19 avr. 1988, Jur. auto 1988.337).
sieurs personnes avaient pu conduire le véhicule (Cass. crim.
Une cour d’appel peut à bon droit déduire la conviction que le
7 nov. 1977, Bull. crim., no 331 ; CA Versailles, 19 sept. 1978,
conducteur a enfreint la limitation de vitesse, non seulement des
Gaz. Pal. 1979.1.27). A cependant été rejeté le pourvoi formé
constatations du procès-verbal, mais aussi des témoignages
à l’encontre d’une décision de condamnation « dès lors que les
produits à la barre par les agents qui ont fait les constatations et
juges ne se sont pas fondés uniquement sur la seule circons-
d’autres considérations de fait (Cass. crim. 1er oct. 1980, Gaz.
tance que le prévenu était le propriétaire du véhicule mais ont
Pal. 1981.1 somm. 146, note Vivier, Rev. sc. crim. 1981.377,
pris en considération, par une appréciation souveraine de la va-
obs. Vitu). La Cour de cassation a rejeté un pourvoi contre un
leur des éléments de preuve qui leur étaient soumis, la recon-
arrêt de cour d’appel au motif que le moyen soulevé ne faisait
naissance par D. qu’il était le conducteur de l’automobile et sa
que mettre en question l’appréciation souveraine des faits par
réponse affirmative à la reconnaissance de la contravention »
les juges du fond, lesquels avaient estimé que les gendarmes
(Cass. crim. 17 mars 1992, Jur. auto 1992.364).
avaient pu utilement constater, à l’aide du tachymètre de leur
véhicule et grâce à un chronométrage par rapport aux bornes ki-
lométriques, qu’un automobiliste roulait à une vitesse excessive
durant une filature sur plusieurs dizaines de kilomètres (Cass. 300. L’article 429 du code de procédure pénale, qui dispose que
crim. 5 févr. 1992, Jur. auto 1992.289). Cette jurisprudence a tout procès-verbal n’a de valeur probante que s’il est régulier en
été reprise récemment par la cour d’appel de Toulouse qui a la forme, si son auteur a agi dans l’exercice de ses fonctions
estimé que la vitesse d’un véhicule pouvait être déterminée par et a rapporté sur une matière de sa compétence ce qu’il a vu,
une mesure du temps mis à parcourir une distance, en l’espèce entendu ou constaté personnellement, s’applique bien évidem-
3 minutes et 16 secondes pour parcourir 10 kilomètres, soit une ment aux constatations en matière d’infractions routières. C’est
vitesse moyenne de 183,67 km/h (CA Toulouse, 23 mars 2000, principalement sur la question de la constatation personnelle de
JCP 2001. IV. 1131). l’infraction d’excès de vitesse et la signature des procès-verbaux
que des contestations ont été formulées. La Cour de cassation
a tranché sur la qualité de rédacteur du procès-verbal. Le plus
297. La jurisprudence exige aussi, à juste titre, qu’il n’y ait pas
souvent, la constatation d’un excès de vitesse à l’aide d’un ciné-
de doute sur le véhicule avec lequel l’infraction a été commise.
momètre nécessite deux intervenants, celui qui relève la vitesse
Peu importe qu’il y ait une erreur matérielle sur le numéro d’im-
sur l’appareil et celui qui reçoit et consigne les indications du
matriculation si, par ailleurs, la preuve de l’infraction est rappor-
premier. En fait, tous les deux participent personnellement à la
tée à l’encontre du prévenu qui a reconnu les faits (Cass. crim.
constatation de l’infraction et doivent être considérés comme les
29 mars 1995, Jur. auto 1995.285), ou que l’agent se soit trou-
rédacteurs communs du procès-verbal qu’ils ont conjointement
vé dans l’impossibilité de donner le numéro d’immatriculation du
signé (Cass. crim. 28 mai 1980, Bull. crim., no 159) ou même si
véhicule alors que, sur le moment, le conducteur n’a pas contes-
seulement l’un d’entre eux a signé le procès-verbal (Cass. crim.
té les faits et n’a pas soutenu qu’il ait pu y avoir confusion avec
12 févr. 1997, Bull. crim., no 59). Mais tel n’est pas le cas du
un autre véhicule (Cass. crim. 6 sept. 1993.1993, Jur. auto
gendarme motocycliste qui, avisé de l’infraction par message ra-
1994.73), ou encore qu’une erreur ait été commise sur le type de
dio, intercepte le véhicule du contrevenant et l’escorte jusqu’au
véhicule si la marque et le numéro d’immatriculation ont été rele-
poste d’interpellation. Ce dernier en effet ne participe pas per-
vés et que le conducteur n’allègue pas une possibilité de confu-
sonnellement à la constatation de l’infraction, n’intervient que sur
sion avec un autre véhicule (Cass. crim. 16 déc. 1994, Jur.
les instructions expresses du militaire chargé de l’appareil et, en
auto 1995.176). Ce qui importe donc, c’est qu’il n’y ait pas de
conséquence, n’a qu’un rôle d’exécutant (Cass. crim. 5 juill.
possibilité de doute sur le véhicule effectivement contrôlé en vi-
1994, Bull. crim., no 264, Dr. pénal 1994, comm. Lesclous
tesse excessive et que, par exemple, les agents aient pu suivre
et marsat ; Cass. crim. 9 nov. 1994, Dr. pénal 1995, comm.
de visu le véhicule entre le poste de contrôle et le poste d’inter-
40). Plusieurs décisions de cour d’appel ont refusé de retenir la
ception, qu’il n’ait pas pu y avoir de possibilité d’infiltration d’un
force probante d’un procès-verbal signé seulement par les gen-
autre véhicule entre ces deux postes. Toutefois, c’est au préve-
darmes qui ont intercepté le contrevenant, mais non par ceux
nu d’apporter la preuve que l’excès de vitesse peut être imputé
qui ont effectivement et personnellement constaté l’infraction sur
à un autre automobiliste (Cass. crim. 7 avr. 1987, Jur. auto
l’appareil de contrôle de la vitesse (CA Besançon, 9 janv. 1979,
1987.328), le procès-verbal faisant foi jusqu’à preuve contraire.
Gaz. Pal. 1979.1.57 ; CA Versailles, 4 oct. 1978, Gaz. Pal.
1979.1.58 ; CA Toulouse, 20 mars 1997, Gaz. Pal. 23-24 janv.
298. Il est évident aussi qu’il ne faut pas que subsiste un doute 1998, p. 23). Toutefois, dans une affaire de non-respect d’un feu
sur le conducteur. Si cette question ne se pose pas lorsque le rouge, la Cour de cassation a estimé qu’était justifiée la décision
véhicule est intercepté juste après la constatation de l’infraction, d’une cour d’appel qui déclare le prévenu coupable en se fon-
il en est autrement lorsque cette constatation a été réalisée à dant sur le procès-verbal établi par des agents ayant rapporté ce
l’aide d’une photographie, voire sans photographie, même si au- qu’ils ont entendu de leur collègue, agissant dans l’exercice de
jourd’hui cette affirmation a moins de portée depuis l’instauration ses fonctions et qui leur rendait compte par radio de ses propres
de la responsabilité pécuniaire du propriétaire du véhicule (V. su- constatations (Cass. crim. 5 nov. 1996, Bull. crim., no 392 ;
pra, no 59 et s.). V. égal. supra, no 76).

Rép. pén. Dalloz - 40 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

301. Certains véhicules sont soumis à une limitation de vitesse SECTION 3


par construction. A priori, c’est lors de la réception du véhicule
Distances de sécurité.
que le dispositif de limitation est vérifié et le véhicule ne peut
donc pas dépasser la vitesse prescrite. Néanmoins, ces disposi- 305. À une vitesse donnée correspond une distance parcourue
tifs peuvent subir diverses avaries, être modifiés ou simplement dans un laps de temps. Il est enseigné dans les auto-écoles
débranchés ou enlevés. Dans ce cas, peuvent éventuellement que, quelle que soit la vitesse d’un véhicule, il est impératif de
être relevées des infractions d’excès de vitesse pour non-respect laisser une distance suffisante avec le véhicule précédent pour
de la réglementation générale applicable à tous les conducteurs, éviter une collision. Le temps de deux secondes, validé par les
mais aussi des infractions liées à la manipulation du dispositif. organismes scientifiques, apparaît comme le temps minimal, in-
dépendant de la vitesse de circulation des véhicules, pour perce-
voir un danger et réagir de façon appropriée. Ce temps de deux
302. Les cyclomoteurs et les quadricycles légers à moteur
secondes permet d’établir un tableau des distances minimales
ont une vitesse limitée par construction à 45 km/h (C. route,
de sécurité en fonction de la vitesse.
art. R. 311-1). Il existe néanmoins des dispositifs qui permettent
de « débrider » facilement ces engins. Le fait de débrider un Vitesse Distance de sécurité
cyclomoteur n’est pas en soi une infraction, mais l’installation
d’un dispositif qui va permettre à cet engin de dépasser les 50 km/h 28 m
45 km/h le fait sortir de la catégorie des cyclomoteurs, ce qui 90 km/h 50 m
voudrait dire que, normalement, il devrait faire l’objet d’une
nouvelle réception par la direction régionale de l’industrie, de 110 km/h 62 m
la recherche et de l’environnement (DRIRE). Faire circuler sur
une voie ouverte à la circulation publique un engin ainsi débridé 130 km/h 73 m
et sans qu’il ait fait l’objet d’une nouvelle réception constitue
donc une infraction réprimée par l’article R. 321-4 du code de 306. Avant qu’un conducteur, percevant un danger, n’ait une ac-
la route. Il est vraisemblable qu’un défaut d’assurance pourrait tion sur le véhicule, il s’écoule un temps d’environ une seconde.
être relevé, sous réserve des termes du contrat d’assurance, Ce délai correspond au temps de transmission au cerveau des
puisque le véhicule assuré ne correspond pas au certificat informations visuelles ou auditives et au déclenchement de l’ac-
produit. L’assureur pourrait d’ailleurs certainement décliner sa tion. La notion de distance de sécurité, ou interdistance, est
garantie, car il pourrait s’estimer trompé sur un élément essen- donc particulièrement importante en matière de sécurité routière.
tiel du contrat, situation purement théorique actuellement. Enfin, Jusque récemment, seul l’article R. 412-12 du code de la route
ces engins atteignant une vitesse nettement supérieure à celle traitait de ce problème. Il affirmait simplement que, lorsque deux
pour laquelle ils sont construits ne répondent plus dans ce cas à véhicules se suivent, le conducteur du second doit laisser une
des normes de sécurité suffisantes. La fabrication, l’importation, distance de sécurité suffisante pour pouvoir éviter une collision
la détention en vue de la vente, la vente et la distribution à titre en cas de ralentissement brusque ou d’arrêt subit du véhicule qui
gratuit des dispositifs ayant pour objet d’augmenter la puissance le précède. En dehors des agglomérations, cet article fixait, pour
du moteur des cyclomoteurs sont interdites. De même, la trans- les véhicules ou ensembles de véhicules de plus de 3,5 tonnes
formation par des professionnels des moteurs de cyclomoteur ou d’une longueur supérieure à 7 m une distance minimale de
en vue d’en augmenter la puissance est également interdite. 50 m. Le défaut de respect d’une distance de sécurité suffisante
Le non-respect de ces interdictions constitue une contravention était puni d’une contravention de deuxième classe.
de cinquième classe (C. route, art. R. 317-29). Cependant, la
307. Le décret no 2001-1127 du 23 novembre 2001 (JO
vente de ces dispositifs pour équiper des cyclomoteurs destinés
30 nov.), pris notamment en réaction à l’incendie du tunnel du
à la compétition sportive est bien évidemment autorisée et,
Mont-Blanc, modifie profondément l’article R. 412-12 afin de
en dehors d’une mention sur l’emballage, rien ne permet de
rendre plus claire la notion de distance de sécurité et d’augmen-
déterminer leur véritable destination.
ter sensiblement les sanctions. Ce texte donne une définition
de la distance de sécurité suffisante en faisant référence à la
303. Les véhicules de transport en commun d’un poids total durée de deux secondes. Il s’agit de la distance parcourue par
autorisé en charge supérieur à 10 tonnes et les véhicules de le véhicule pendant un délai d’au moins deux secondes et qui
transport de marchandises d’un poids total autorisé en charge doit séparer deux véhicules qui se suivent. Il prévoit également
de plus de 12 tonnes sont limités par construction à 100 km/h et que l’autorité investie du pouvoir de police peut imposer des dis-
85 km/h. Le fait, pour le responsable de l’exploitation d’un vé- tances de sécurité plus grandes pour les ouvrages routiers dont
hicule de transport routier (V. supra, no 66) de ne pas respecter l’exploitation ou l’utilisation présente des risques particuliers. Le
l’obligation de limitation de vitesse par construction, de modifier non-respect de la distance de sécurité est désormais sanctionné
ou, en tant que commettant, de faire ou de laisser modifier le d’une contravention de quatrième classe, entraînant un retrait
dispositif de limitation constitue un délit puni d’un an d’emprison- de trois points du permis de conduire. Lorsque cette infraction
nement et de 30 000 € d’amende, ainsi que d’une suspension de concerne des distances de sécurité plus grandes fixées pour
permis de conduire. Le véhicule doit être immobilisé et retiré de des ouvrages présentant des risques particuliers, la suspension
la circulation jusqu’à mise en conformité. du permis de conduire pourra être prononcée.
308. Par ailleurs, les députés adoptant, le 10 octobre 2001, en
304. Les tracteurs agricoles ont également par construction une première lecture, le projet de loi relatif à la sécurité des infra-
vitesse limitée à 40 km/h en palier. Les engins spéciaux, c’est-à- structures et des systèmes de transport et aux enquêtes tech-
dire les engins automoteurs ou remorqués servant à l’élévation, niques après événement de mer, accident ou incident de trans-
au gerbage ou au transport de produits de toute nature, à l’ex- port terrestre, ont adopté un amendement créant un délit pour
clusion du transport de personnes autres que le conducteur et non-respect des distances de sécurité dans les tunnels « Le fait
éventuellement un convoyeur, ont une vitesse par construction de ne pas respecter, dans les tunnels, la distance de sécurité suf-
limitée à 25 km/h. fisante entre deux véhicules ou la distance de 50 mètres pour les

mai 2004 - 41 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

véhicules de plus de 3,5 tonnes est passible d’une amende de pas été retenu et le texte voté a créé un article L. 412-2 (art. 26
9 000 €. Toute personne coupable de l’infraction définie au pré- de la loi no 2002-3 du 3 janvier 2002 relative notamment à la sé-
sent article encourt également la peine complémentaire de sus- curité des infrastructures et systèmes de transport, JO 4 janv.)
pension pour une durée de un an au plus du permis de conduire, qui, malgré une rédaction peu compréhensible, semble punir de
cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors six mois d’emprisonnement et de 3 750 € la récidive dans le
de l’activité professionnelle. L’immobilisation et la mise en four- délai d’un an de la contravention, commise dans un tunnel, de
rière peuvent être prescrites dans les conditions prévues aux ar- non-respect d’une distance de sécurité suffisante ou de la dis-
ticles L. 325-1 à L. 325-3. L’infraction prévue au présent article tance de 50 mètres prévue pour les véhicules de plus de 3,5
donne lieu de plein droit à la réduction de la moitié du nombre de tonnes. Ce délit permet le prononcé de la suspension du permis
points initial du permis de conduire ». En cas de récidive dans de conduire et autorise l’immobilisation et la mise en fourrière. Il
l’année, l’infraction est punie de six mois d’emprisonnement et entraîne un retrait de six points du permis de conduire.
d’une amende de 30 000 €. Cet amendement n’a finalement

CHAPITRE 5
Conduite sous influence.

309. L’expression « conduite sous influence » recouvre en fait doit certainement être rapproché de l’état d’ivresse manifeste
deux notions, conduite sous l’influence de l’alcool et conduite réprimé par l’article R. 3353-1 du code de la santé publique
sous l’influence de produits stupéfiants, qui auraient pu être re- (anc. C. déb. boiss., art. R. 4). La Cour de cassation a estimé
groupées puisque l’alcool, dont la consommation n’est pas inter- que l’état d’ivresse manifeste réprimé par cet article était un fait
dite, est néanmoins classé parmi les drogues. matériel qui peut être constaté à l’aide du témoignage des sens
sans qu’il soit nécessaire que le rapport qui l’atteste relate à
l’appui des signes particuliers (Cass. crim. 24 avr. 1990, Bull.
SECTION 1re
crim., no 152).
Conduite sous l’influence de l’alcool.
313. Il convient de noter que le II de l’article L. 234-1 du code de
310. Dans l’entre-deux-guerres, la consommation excessive la route, même s’il est inséré dans le chapitre intitulé « Conduite
d’alcool est reconnue comme un facteur d’accident. La première sous l’influence de l’alcool », ne fait pas expressément référence
incrimination dans ce domaine n’intervient néanmoins que lors à une ivresse due à l’alcool. Il parle simplement d’ivresse ma-
de la publication de l’ordonnance no 58-1216 du 15 décembre nifeste. Il serait donc possible aux forces de l’ordre de rele-
1958 créant le code de la route (ancien) [D. 1959.3]. Le texte de ver les signes de l’ivresse due à la consommation d’autres pro-
1958 prévoyait simplement une incrimination pour conduite en duits (cannabis, certains médicaments) et à une juridiction de
état d’ivresse ou sous l’empire d’un état alcoolique sans fixer de condamner au vu de ces constatations.
taux. La loi no 65-373 du 18 mai 1965 modifiant l’article L. 1er du
code de la route (D. 1965.169) remplace simplement l’expres- § 1er. – Dépistage de l’imprégnation alcoolique.
sion « en état d’ivresse ou sous l’empire d’un état alcoolique »
par « sous l’empire d’un état alcoolique, même en l’absence de 314. L’auteur présumé de conduite en état d’ivresse, comme
signe manifeste d’ivresse ». Il faudra attendre la loi no 70-597 du de conduite sous l’empire d’un état alcoolique, doit être soumis
9 juillet 1970 (D. 1970.180) pour que soit institué un taux légal à des épreuves de dépistage. Cette obligation résulte de la ré-
d’alcoolémie et que soit généralisé le dépistage par l’air expiré. daction de l’article L. 234-3 qui emploie le présent de l’indicatif
Par la suite, divers textes vont venir renforcer la législation et « soumettent ». Toutefois, l’article L. 234-6 dispose que, en cas
la réglementation dans ce domaine. Aujourd’hui, ce sont les de conduite en état d’ivresse manifeste ou d’accompagnement,
articles L. 234-1 à L. 234-14 et R. 234-1 à R. 234-4 du code de en état d’ivresse manifeste, d’un élève conducteur, les enquê-
la route qui régissent ce domaine. teurs peuvent avoir directement recours aux vérifications desti-
nées à établir l’état alcoolique. De plus, l’article L. 3354-1 du
311. L’expression générique « conduite sous influence » ne code de la santé publique (anc. art. L. 88 C. déb. boiss.) prévoit
permet pas de caractériser une infraction particulière et, pour que : « Les officiers ou agents de police judiciaire doivent, lors
l’instant, seule la conduite sous l’empire de l’alcool ou en état de la constatation d’un crime, d’un délit ou d’un accident de la
d’ivresse répond à cette définition. Toutefois, on peut s’interro- circulation, faire procéder, sur la personne de l’auteur présumé,
ger sur la possibilité de placer sous cette appellation une perte aux vérification prévues au I de l’article L. 1 du code de la route
de vigilance ou un excès de fatigue susceptible de constituer destinées à établir la preuve de la présence d’alcool dans son
peut-être, un des éléments constitutifs de la mise en danger d’au- organisme lorsqu’il semble que le crime, le délit ou l’accident a
trui (V. supra, no 128). été commis ou causé sous l’empire d’un état alcoolique. Ces vé-
rifications sont obligatoires dans tous les cas de crime, délits ou
ART. 1er. – CONDUITE EN ÉTAT D’IVRESSE ET CONDUITE accidents suivis de mort ». (V. égal. Cass. crim. 8 nov. 1988,
SOUS L’EMPIRE D’UN ÉTAT ALCOOLIQUE. BT 1989, no 2324).

312. En matière de conduite sous l’influence de l’alcool, il 315. Mais, même si les épreuves de dépistage et les vérifica-
convient d’abord de bien distinguer la conduite sous l’empire tions ont été utilisées à l’encontre de l’auteur présumé d’une
d’un état alcoolique (le terme « emprise » serait peut-être plus conduite en état d’ivresse, les juges du fond peuvent recourir
exact mais c’est toujours le mot « empire » qui a été utilisé à tout autre moyen de preuve pour se prononcer sur la culpa-
par le législateur) de la conduite en état d’ivresse. L’état al- bilité du prévenu. Ainsi, c’est à bon droit qu’une cour d’appel a
coolique est caractérisé par un taux d’alcoolémie dans le sang pu condamner un prévenu en se fondant « sur ses aveux des-
ou dans l’air expiré alors que l’état d’ivresse se traduit dans quels il résultait qu’il avait bu plusieurs boissons alcoolisées et
un comportement et des signes constatés par les forces de qu’au moment de l’accident il n’était pas dans son état normal et
l’ordre. L’état d’ivresse manifeste prévu par le code la route avait des difficultés de conduire, corroborés par les témoignages

Rép. pén. Dalloz - 42 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

de deux autres automobilistes d’après lesquels W. faisait des contrôle et la personne allongée sur le siège avant et profondé-
zigzags sur la route, roulait sur sa gauche et même sur le trot- ment endormie n’empêche pas la poursuite et la condamnation
toir et avait failli heurter les glissières de protection alors même (Cass. crim. 12 oct. 1988, Jur. auto 1989.191). De même, le
que les vérifications n’ont donné aucun résultat positif » (Cass. délit est constitué alors que le conducteur a chuté de son cyclo-
crim. 9 oct. 1984, Bull. crim., no 293). La chambre criminelle a moteur (Cass. crim. 7 mai 1996, Jur. auto 1996.449).
même admis que les dispositions de l’article L. 1er, II du code de
la route (ancien), selon lesquelles les preuves du dépistage ain- 321. Les épreuves de dépistage doivent être effectuées au
si que les vérifications médicales, cliniques ou biologiques, ou moyen d’un appareil conforme à un type homologué selon
ces dernières vérifications seulement, seront utilisées à l’égard des modalités définies par le ministre chargé de la santé (Arr.
de l’auteur présumé de l’infraction de conduite en état d’ivresse 21 mars 1983, in Code de la route Dalloz). Cet appareil est
manifeste, n’interdisent pas aux juges, en cas d’inobservation de communément appelé « éthylotest » et parfois, abusivement,
ses dispositions, de recourir à tout autre moyen de preuve pour « alcootest » puisque ce nom est en fait une marque.
se prononcer sur la culpabilité du prévenu d’après leur intime
conviction (Cass. crim. 12 avr. 1995, no 94-84.888, inédit). § 2. – Vérifications destinées à établir la preuve
de l’état alcoolique.
316. Dans le cas de conduite en état alcoolique, l’exigence de
l’établissement du taux d’alcoolémie est beaucoup plus forte, 322. Si le dépistage est positif ou impossible (état de santé, dé-
même si le juge garde sa liberté pour forger sa conviction sur cès), si la personne refuse de s’y soumettre ou si la législation
les éléments de preuve qui lui sont apportés et qui sont contra- l’autorise (V. supra, no 311), les forces de l’ordre font procéder
dictoirement discutés. aux vérifications destinées à établir l’état alcoolique (prise de
sang avec examen médical ou éthylomètre).
317. Les agents de police judiciaire sont compétents, même s’ils
ne sont pas placés sous la responsabilité d’un officier de police 323. La personne contrôlée n’est pas libre de choisir la méthode
judiciaire, pour soumettre un conducteur aux épreuves de dépis- de vérification de l’état alcoolique puisque la loi accorde la même
tage de l’imprégnation alcoolique, lorsqu’ils relèvent des indices valeur probante à l’une et à l’autre (Cass. crim. 27 oct. 1993,
laissant présumer qu’il conduisait sous l’empire d’un état alcoo- Bull. crim., no 316, D. 1994, IR 9). En effet, « l’article L. 1er [an-
lique (Cass. crim. 5 nov. 1997, no 97-81.178, inédit). cien] du code de la route dont les dispositions ne sont pas à cet
égard incompatibles avec la Convention européenne de sauve-
318. Lorsque les épreuves de dépistage sont effectuées par un
garde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ne
agent de police judiciaire mentionné au 2o de l’article 21 du code
prévoit pas pour les auteurs des infractions visées par cet article
de procédure pénale - on devrait d’ailleurs plutôt parler d’agent
et les conducteurs impliqués dans un accident de la circulation
de police judiciaire adjoint -, c’est-à-dire un agent de police muni-
le droit de choisir entre deux modes de vérifications, auxquels la
cipale, celui-ci doit en rendre compte immédiatement à l’officier
loi accorde la même valeur probante ».
de police judiciaire territorialement compétent qui peut décider
de se faire présenter l’intéressé. Les agents de police municipale 324. Le refus de se soumettre aux vérifications destinées à éta-
ne sont pas habilités à constater les contraventions et délits de blir l’état alcoolique constitue un délit puni comme l’infraction de
conduite sous l’empire d’un état alcoolique (C. route, art. L. 130-5 conduite en état alcoolique elle-même, soit deux ans d’empri-
et R. 130-2). sonnement et 4 500 € d’amende. Cette infraction est constituée
et ces sanctions sont encourues quelle que soit la procédure qui
319. Les épreuves de dépistage, si elles sont généralement un
préalable aux vérifications de l’état alcoolique, constituent une sert de base à ce contrôle. L’article L. 3354-2 du code de la san-
opération tantôt obligatoire, tantôt facultative. Doit être soumis té publique prévoit une peine d’un an d’emprisonnement et de
à ces épreuves, l’auteur présumé d’une infraction au code de la 3 750 € d’amende pour le refus de se soumettre aux vérifica-
route punie de la peine complémentaire de suspension du per- tions prévues par l’article L. 3354-1 de ce code.
mis de conduire ou le conducteur ou l’accompagnateur de l’élève 325. En revanche, les peines complémentaires sont légère-
conducteur impliqué dans un accident corporel de la circulation. ment différentes. En cas de contrôle après accident ou infrac-
Peut être soumis à ces épreuves tout conducteur ou accompa- tion punie de la peine complémentaire de suspension du permis
gnateur d’un élève conducteur impliqué dans un accident quel- de conduire (C. route, art. L. 234-8), l’intéressé encourt, outre
conque de la circulation ou auteur présumé d’une infraction à la la peine de suspension du permis de conduire, celles d’annu-
vitesse ou au port de la ceinture de sécurité ou du casque. Les lation du permis de conduire, de travail d’intérêt général et de
officiers de police judiciaire ou, sur leur ordre et sous leur res- jours-amende. De surcroît, la peine de suspension ne peut être
ponsabilité, les agents de police judiciaire, peuvent soit à leur assortie du sursis.
initiative, soit sur instruction du procureur de la République, sou-
mettre au dépistage toute personne qui conduit ou qui accom- 326. Lorsque le dépistage est effectué sur l’initiative de l’offi-
pagne un élève conducteur, même en l’absence d’accident ou cier de police judiciaire ou sur instruction du procureur (C. route,
d’infraction préalable. La personne contrôlée est libre de refuser art. L. 234-10), seule la suspension du permis est encourue et
de se soumettre aux épreuves de dépistage. Elle ne commet peut être assortie du sursis.
donc pas d’infraction.
327. Il est intéressant de noter que le refus de se soumettre aux
320. Pour que les épreuves de dépistage puissent être opérées, vérifications prévues par l’article L. 3354-1 du code de la santé
il est nécessaire que les forces de l’ordre interviennent à l’occa- publique, pour des infractions comprenant celles visées au code
sion de la conduite d’un véhicule. Le fait d’essayer d’ouvrir les de la route, est puni moins sévèrement : un an d’emprisonne-
portières d’un véhicule ou même d’introduire la clé de contact ne ment et 3 750 € d’amende sans que des peines complémentaires
suffit pas pour autoriser le dépistage (Cass. crim. 2 févr. 1961, spécifiques soient prévues (C. santé publ., art. L. 3354-2).
D. 1961.396). La notion de conduite suppose une initiative posi-
tive du conducteur. La cour d’appel de Poitiers a ainsi pu juger 328. L’infraction de refus de se soumettre aux vérifications mé-
que le fait que le véhicule se soit mis en mouvement sans l’inter- dicales cliniques et biologiques prévues par le code de la route,
vention de la personne poursuivie n’autorisait pas non plus les après avoir refusé de se soumettre aux épreuves de dépistage,
épreuves de dépistage (CA Poitiers, 11 nov. 1990, Juris-Data, est constituée, quand bien même le prévenu serait renvoyé des
no 046 019). Mais le fait que le véhicule soit arrêté au moment du fins de la poursuite pour la contravention à l’origine du contrôle

mai 2004 - 43 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

(Cass. crim. 29 mars 1977, Bull. crim., no 114, D. 1977, IR 335 ; 336. Le dépistage et les vérifications qui en découlent éventuel-
6 oct. 1977, Bull. crim., no 337). lement doivent intervenir, conformément à l’article R. 3354-6 du
code de la santé publique (anc. C. débits de boissons, art. R. 19)
329. Le délit de refus de se soumettre aux vérifications est égale- dans le délai le plus court possible après l’infraction ou l’accident,
ment constitué à l’encontre de l’auteur présumé d’une infraction et en tout cas moins de six heures après celui-ci. Il est évident
permettant ces vérifications, même s’il est finalement établi qu’il que les forces de l’ordre ont intérêt à faire les constatations et
n’était pas le conducteur du véhicule (Cass. crim. 2 mai 1982, à établir l’état alcoolique le plus rapidement possible après l’in-
Bull. crim., no 119). fraction afin de bien décrire la situation exacte de l’intéressé à
ce moment-là. On sait néanmoins que le pic d’alcoolémie se si-
tue environ une heure après l’absorption de la dernière boisson
§ 3. – Analyse de contrôle. alcoolisée et il n’est donc parfois pas inutile de laisser s’écouler
quelques minutes, en général un quart d’heure, entre les deux
330. L’analyse de contrôle peut être demandée par le procureur, contrôles par éthylomètre. Les textes relatifs à l’infraction de
le juge d’instruction ou la juridiction de jugement ou, dans les conduite sous l’empire d’un état alcoolique n’exigent pas que
cinq jours de la notification des résultats de l’analyse initiale, par cette infraction soit constatée sur-le-champ (Cass. crim. 23 fé-
l’intéressé (C. santé publ., art. R. 3354-14, anc. C. déb. boiss., vr. 1987, Jur. auto 1987.191). Néanmoins, il importe d’établir
art. R. 26). Il a été jugé que les juges ont pu, à juste titre, retenir qu’entre la commission de l’infraction ou l’accident et le dépis-
le taux le plus favorable au prévenu au vu des preuves appor- tage et les analyses, la personne mise en cause n’a consommé
tées au cours des débats et contradictoirement débattues de- aucune boisson alcoolisée (CA Douai, 4 sept. 1990, Juris-Data,
vant eux (Cass. crim. 6 févr. 1992, Bull. crim., no 59, JCP 1992. no 043 718).
IV. 1910). Toutefois, si l’écart entre les deux résultats est trop im-
portant, aucun taux ne semble pouvoir être retenu à l’encontre
du prévenu (CA Angers, 7 janv. 1988, Gaz. Pal. 1989.1, somm. § 5. – Sanctions pour conduite sous l’empire d’un état
98). alcoolique ou conduite en état d’ivresse manifeste.

331. À juste titre, la cour d’appel de Grenoble a jugé que l’infrac-


337. La concentration d’alcool constatée sur le conducteur ou
tion ne peut être caractérisée si la seconde analyse de contrôle
l’accompagnateur d’un élève conducteur détermine la catégorie
n’a pu être réalisée du fait de la perte du second flacon de sang
d’infraction commise : délit ou contravention. Lorsque le taux
(CA Grenoble, 17 avr. 1991, Juris-Data, no 000 339).
d’alcoolémie est compris entre 0,5 g par litre de sang ou 0,25
mg par litre d’air expiré et 0,8 g par litre de sans ou 0,4 mg
332. Mais la demande d’analyse de contrôle faite par le prévenu par litre d’air expiré, il s’agit d’une contravention de quatrième
doit intervenir dans les cinq jours de la notification du taux d’al- classe, entraînant également un retrait de trois points du permis
coolémie, sinon il ne saurait, devant les juges du fond, être admis de conduire mais, en revanche, pas de suspension du permis
à contester la régularité des vérifications (Cass. crim. 19 déc. de conduire. En conséquence, il ne peut y avoir non plus de
1991, Bull. crim., no 486, D. 1992, somm. 319, obs. Pradel). De suspension administrative du permis pour cette infraction. Pour
même, le prévenu est sans intérêt à se prévaloir d’une impossi- un taux égal ou supérieur à ces chiffres, c’est alors un délit qui
bilité de faire procéder à une analyse de contrôle à sa demande est commis, puni de deux ans d’emprisonnement et de 4 500 €
dès lors que celle-ci a déjà été réalisée à la demande du procu- d’amende, ainsi que des peines complémentaires de suspension
reur (Cass. crim. 6 févr. 1992, préc. supra, no 330). du permis de conduire, d’annulation, de travail d’intérêt géné-
ral et de jours-amende, la suspension ne pouvant être assortie
333. Enfin, le délai de neuf mois imposé au biologiste pour la du sursis. Le condamné se voit également retirer la moitié du
conservation du deuxième échantillon en vue d’une éventuelle nombre de points initial de son permis, soit six points. Le délit
analyse de sang ne s’impose qu’à lui et les résultats d’une ana- de conduite en état d’ivresse manifeste est réprimé comme le
lyse de contrôle effectuée au-delà de ce délai peuvent être pris délit de conduite en état alcoolique.
en compte (Cass. crim. 3 avr. 1990, Bull. crim., no 145, D. 1990,
IR 141).
338. L’article L. 3354-3 du code de la santé publique prévoit une
autre peine complémentaire : « Lorsque le fait qui a motivé des
334. La Cour de cassation a jugé qu’il appartient au prévenu, in-
poursuites en matière pénale peut être attribué à un état alcoo-
voquant la nullité des opérations d’analyse de sang, de démon-
lique, la juridiction répressive saisie de la poursuite peut interdire,
trer en quoi un prélèvement éventuellement insuffisant aurait pu
à titre temporaire, à l’individu condamné, l’exercice des emplois
modifier les résultats de l’analyse pratiquée. L’absence de men-
des services publics ou concédés, où la sécurité est directement
tion relative à la quantité de sang prélevée sur les fiches B et
en cause, ainsi que l’obtention ou la détention du permis de chas-
C est dès lors indifférente (Cass. crim. 8 janv. 1997, Jur. auto
ser. En cas de récidive, l’interdiction peut être prononcée à titre
1997.119).
définitif ». Cette disposition semble peu connue des juridictions
pénales et, en tout cas, ne semble pas prononcée.
§ 4. – Contrôle par éthylomètre.
339. L’alcool dans le sang peut provenir d’autres moyens que
335. Lorsqu’il est fait usage d’un appareil homologué dit « éthy- de l’absorption d’un liquide alcoolisé. Ainsi deux juridictions ont
lomètre », l’appareil exprime les résultats en milligrammes par estimé que la respiration de vapeurs d’alcool au cours du net-
litre d’air expiré. Pour connaître l’équivalence en grammes par toyage d’une cuve dans un chai vinicole ou la manipulation de
litre de sang, il suffit de multiplier le résultat par 2000. Le contrôle solvants par un ébéniste n’enlevait rien à la constatation de l’état
doit être effectué dans les délais les plus brefs possibles après alcoolique et en quelque sorte au danger que le législateur a vou-
l’infraction ou l’accident et l’intéressé peut demander un second lu combattre, alors que les intéressés connaissaient ce danger
contrôle. Ce second contrôle peut être ordonné par le procureur, (T. corr. Montauban, 9 févr. 1968, JCP 1969. II. 15781, note
par le juge d’instruction ou par l’officier ou l’agent de police judi- Clavel ; CA Metz, 19 oct. 1989, Dr. pénal 1990, comm. 166 ;
ciaire. Dans la pratique, ce second contrôle est effectué presque voir aussi Cass. crim. 10 déc. 2003, no 03-84.096, AJ Pénal
systématiquement par l’officier ou l’agent de police judiciaire. 2004.69, obs. p. Remillieux : pour un refus par la Cour de la

Rép. pén. Dalloz - 44 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

justification d’une imprégnation alcoolique due à la combinaison crim., no 259). En l’espèce, la chambre criminelle a approuvé
de deux verres de bière et d’un médicament lui-même alcoolisé, une cour d’appel pour avoir relaxé un prévenu de conduite sous
ce que le prévenu prétendait ignorer). l’empire d’un état alcoolique alors que l’analyse de sang avait ré-
vélé un taux d’alcoolémie de 1,10 gramme par litre et l’analyse
340. Les divers seuils sont exprimés en gramme par litre ou de contrôle un taux de 1,08 gramme par litre mais que, suivant
en milligramme par litre correspondant à la concentration d’al- une attestation du centre hospitalier, il s’avérait qu’une troisième
cool, terme plus exact que celui de taux plus couramment utili- analyse avait révélé un taux de 0,36 gramme par litre, taux cor-
sé, dans le sang et dans l’air. Les vérifications destinées à éta- respondant aux déclarations du prévenu et établi à partir d’une
blir la preuve de l’état alcoolique sont, en effet, effectuées soit analyse pratiquée avec le matériel du ministère de la Santé en
au moyen d’analyses et examens médicaux, cliniques et biolo- utilisant une partie du sang prélevé.
giques à partir du sans prélevé, soit au moyen d’un appareil per-
mettant de déterminer la concentration d’alcool par analyse de
§ 6. – Garde à vue.
l’air expiré, homologué dans les conditions fixées par le décret
no 85-1519 du 31 décembre 1985. Les prélèvements biologiques 344. La notification de la mesure de garde à vue à une personne
doivent être effectués par un médecin ou, à défaut, par un interne interpellée en état d’ivresse aurait pu poser problème, notam-
ou par un étudiant en médecine autorisé à exercer la médecine ment lors de la constatation d’un délit de conduite en état al-
à titre de remplaçant (C. déb. boiss., art. R. 18) qui doit recueillir coolique. Dans une affaire de conduite sous l’empire d’un état
deux flacons pour qu’il soit possible de répondre ultérieurement d’ivresse manifeste, en récidive légale, refus de se soumette aux
à une demande d’analyse de contrôle, et les résultats sont ex- vérifications prescrites concernant le véhicule et le conducteur
primés en grammes par litre de sans (chap. IV du titre V du livre ainsi qu’aux vérifications destinées à établir la preuve de l’état
III de la partie III du code de la santé publique et art. R. 14 et s. alcoolique, aucune nullité ne résulte de ce que la notification du
du code des débits de boissons dans l’attente de sa codification placement en garde à vue soit intervenue huit heures après le
dans la partie réglementaire du code de la santé publique). L’an- début de cette mesure dès lors que l’arrêt constate que, lors
cien code de la route prévoyait que le taux d’alcool dans le sang de son interpellation, l’intéressé se trouvait en état d’ébriété, cir-
s’exprimait en grammes pour 1000. Or, l’analyse était bien effec- constance insurmontable l’empêchant de comprendre la portée
tuée pour permettre de déterminer la quantité d’alcool dans un des droits qui lui auraient été notifiés et de les exercer utilement
litre de sang qui, compte tenu de sa densité, pèse plus de 1000 (Cass. crim. 3 avr. 1995, Bull. crim., no 140, Rev. sc. crim.
grammes. Dans un arrêt de 1980, la Cour de cassation avait cri- 1995.609, obs. Dintilhac). Dans une affaire similaire, la Cour
tiqué une cour d’appel qui reprenait les termes d’un jugement de de cassation a confirmé sa jurisprudence en estimant que c’est
tribunal correctionnel condamnant une personne pour conduite à bon droit que l’officier de police judiciaire ne notifie la garde à
sous l’empire d’un état alcoolique caractérisé par la présence vue et n’informe l’intéressé de ses droits qu’après complet dégri-
dans le sang de 2,25 grammes d’alcool pur par litre (Cass. crim. sement (Cass. crim. 25 oct. 1995, Jur. auto 1996.70). L’entrée
2 juill. 1980, Bull. crim., no 209). Si la Cour de cassation avait en vigueur de la loi no 2000-516 du 15 juin 2000 renforçant la
raison en application du texte du code de la route, en revanche, protection de la présomption d’innocence et les droits des vic-
la science et les laboratoires lui donnaient tort. Cette possibilité times (D. 2000.253) ne devrait rien changer sur ce point.
d’erreur aux conséquences minimes a été réparée par les codi-
ficateurs de 2001. 345. Le fait, pour les gendarmes recherchant l’auteur d’un dé-
lit de conduite en état d’ivresse, de se rendre au domicile d’un
341. Les articles concernant la conduite sous l’empire d’un état suspect dans le seul but de l’inviter à les accompagner aux fins
alcoolique et les infractions voisines ne font aucune distinction d’audition, sans effectuer aucune constatation dans ce domicile,
entre les divers types de véhicule. L’infraction peut donc être ne constitue pas une visite domiciliaire au sens de l’article 59
constatée et poursuivie pour la conduite de tous les types de du code de procédure pénale (Cass. crim. 15 mars 1990, Bull.
véhicule, vélo, cyclomoteur, etc., même si le permis de conduire crim., no 117). De même, le fait, pour des agents de police judi-
n’est pas exigé pour la conduite de ces véhicules. ciaire, de pénétrer dans une cour d’immeuble non close ne pou-
vant être assimilée à un domicile et d’inviter dans les conditions
342. La rédaction de l’article 121-3 du code pénal, qui a conduit
légales l’auteur présumé d’une infraction qui l’autorise à se sou-
à supprimer tous les adverbes caractérisant l’intention (sciem-
mettre aux épreuves de dépistage, ne doit pas être assimilé à
ment, volontairement, etc.), aurait pu conduire à une application
une perquisition ou à une visite domiciliaire (Cass. crim. 26 sept.
difficile des articles concernant l’alcoolémie au volant lorsque le
1980, Bull. crim., no 321). Lorsque n’est pas en cause la léga-
conducteur aurait prétendu qu’il n’avait pas eu conscience d’être
lité d’un prélèvement de sang ou d’air expiré, la preuve qu’une
dans un état alcoolique et que, en conséquence, l’élément in-
personne ivre a conduit peut résulter d’autres indices que l’ob-
tentionnel faisait défaut. La Cour de cassation a, au contraire,
servation directe d’un officier ou agent de police judiciaire. En
estimé que la conduite sous l’empire d’un état alcoolique qui
l’espèce, les gendarmes alertés par des tiers avaient constaté la
procède d’un comportement volontaire est une infraction inten-
présence d’un véhicule arrêté, les feux allumés, le moteur éteint
tionnelle. La seule présence caractérisée d’un taux d’alcoolémie
mais encore chaud et le prévenu assis au volant. De ces consta-
illégal chez le conducteur suffit à caractériser l’infraction (Cass.
tations, la chambre criminelle estime que les juges ont pu en dé-
crim. 19 déc. 1994, Bull. crim., no 420, JCP 1995. IV. 821).
duire que la personne assise au volant avait bien circulé au vo-
343. Comme pour toute infraction, les juges du fond doivent lant de son véhicule entre le moment de l’alerte et la découverte
se décider d’après leur intime conviction en se fondant sur les du véhicule par les gendarmes. Comme le contrôle d’alcoolémie
preuves qui leur sont apportées au cours des débats et contra- s’est révélé positif, ils ont pu retenir l’infraction de conduite d’un
dictoirement discutées. Ainsi, les résultats des analyses qui ont véhicule sous l’empire d’un état alcoolique (Cass. crim. 25 févr.
été pratiquées afin de déterminer le taux d’alcoolémie du sang 2003, Juris-Data no 2003-018633).
d’un prévenu de conduite sous l’empire d’un état alcoolique sont
soumis à l’appréciation des juges du fond qui conservent, aux ART. 2. – VENTE DE BOISSONS ALCOOLISÉES.
termes de l’article 427 du code de procédure pénale, le droit de
se décider d’après leur intime conviction en se fondant sur les 346. L’article R. 5333-6 du code de la santé publique
preuves qui leur sont apportées au cours des débats et contra- (anc. C. déb. boiss., art. R. 8-2) interdit la vente de bois-
dictoirement discutées devant eux (Cass. crim. 7 juin 1988, Bull. sons alcooliques à emporter, entre vingt-deux heures et six

mai 2004 - 45 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

heures dans un point de vente de carburant (contravention que le procureur de la République était destinataire des résul-
de cinquième classe qui peut être reprochée aux personnes tats des analyses et que, en conséquence, il lui était loisible de
morales et dont la récidive est prévue). Toutefois, il existe une poursuivre une personne ainsi convaincue de consommation de
dérogation possible pour les productions locales et à condition stupéfiants sur la base de l’article L. 3421-1 (anc. art. L. 628) du
que la vente se fasse sous un conditionnement spécial, de code de la santé publique. Les résultats étaient également joints
nature à dissuader d’une consommation immédiate. au dossier pénal transmis éventuellement au tribunal chargé du
dossier d’homicide involontaire et les renseignements ainsi four-
SECTION 2 nis pesaient certainement dans la décision.

Conduite sous l’influence de substances ou plantes


ART. 2. – PÉNALISATION DE LA CONDUITE SOUS L’INFLUENCE
classées comme stupéfiants. DE STUPÉFIANTS (L. No 2003-87 DU 3 FÉVR. 2003).

ART. 1er. – SIMPLEOBLIGATION DE DÉPISTAGE POUR UNE ÉTUDE 349. C’est une simple proposition de loi déposée le 20 sep-
ÉPIDÉMIOLOGIQUE (L. No 99-505 DU 18 JUIN 1999). tembre 2002 qui a conduit à une profonde réforme des dispo-
sitions relatives à la conduite sous l’influence de substances ou
347. La première intervention du législateur en matière de plantes classées comme stupéfiants. La loi no 2003-87 du 3 fé-
conduite sous l’influence de stupéfiants fut la création de l’ar- vrier 2003 (JO 4 févr.) a élargi considérablement les possibili-
ticle L. 235-1 du code de la route, issu de l’article 9 de la loi tés de contrôle dans ce domaine et surtout a créé un délit de
no 99-505 du 18 juin 1999, portant diverses mesures relatives conduite sous l’influence de stupéfiants puni comme le délit de
à la sécurité routière et aux infractions sur les agents des conduite en état alcoolique.
exploitants de réseau de transport public de voyageurs (préc.
supra, no 60) : il s’agissait d’une nouvelle obligation de contrôle 350. Les officiers ou agents de police judiciaire peuvent faire
exercée par les officiers ou les agents de police judiciaire soumettre à des épreuves de dépistage, en vue d’établir s’il
lors d’un accident mortel de la circulation. Cette obligation conduisait en ayant fait usage de stupéfiants, tout conducteur
de dépistage s’appliquait à tout conducteur impliqué dans un ou accompagnateur (notons d’ailleurs que l’accompagnateur ne
accident mortel de la circulation. Il n’y avait donc pas la moindre conduit pas) d’un élève conducteur impliqué dans un accident
allusion à une présomption de commission d’une infraction. Le de la circulation, ou qui est l’auteur présumé d’une infraction
seul critère imposant le dépistage était celui de l’implication punie de la peine de suspension du permis de conduire ou
dans un accident mortel. Le dépistage ne s’adressait qu’au relatives à la vitesse des véhicules ou au port de la ceinture de
conducteur. L’accompagnateur de l’élève conducteur n’était sécurité ou du casque ou, enfin, lorsqu’il existe une ou plusieurs
pas visé par ce texte. La qualification de « mortel » pouvait raisons plausibles de soupçonner qu’il a fait usage de stupé-
poser quelques difficultés, puisque le dépistage n’a de sens fiants. Le dépistage est obligatoire en cas d’accident mortel.
que s’il est effectué dans un temps très proche de l’accident et, Tout dépistage positif entraîne la mise en œuvre d’analyses ou
en tout cas, alors que le conducteur n’aura pas pu consommer examens médicaux cliniques et biologiques en vue d’établir si la
d’autres stupéfiants. Le décret no 2001-751 du 27 août 2001 personne conduisait sous l’influence de substances ou plantes
(JO 28 août, D. 2001.2491 ; V. Circ. CRIM-2001.16/F1 du classées comme stupéfiants. Il convient de noter une petite
21 sept. 2001, BOMJ 2001, no 83) avait précisé qu’il ne pouvait différence de rédaction entre ces termes et ceux retenus par
s’agir que d’un accident immédiatement mortel. Cet adverbe l’article L. 235-1 pour l’infraction elle-même. L’infraction vise
immédiatement pouvait lui-même conduire à quelques inter- la conduite par une personne « qui a fait usage » alors que
prétations, mais il semble bien qu’il fallait le comprendre dans les analyses doivent établir si la personne conduisait « sous
un temps très proche de l’accident et tant que les personnes l’influence ».
concernées étaient encore à la disposition des forces de l’ordre
351. La conduite après avoir fait usage de stupéfiants est punie
chargées de l’enquête. La loi du 15 novembre 2001 relative à la
comme la conduite en état alcoolique, à savoir 2 ans d’emprison-
sécurité quotidienne (préc. supra, no 87) avait ajouté un alinéa
nement et 4 500 € d’amende. Les peines complémentaires sont
à l’article L. 235-1 ancien du code de la route pour autoriser
la suspension et l’annulation du permis de conduire, la peine de
les officiers de police judiciaire à procéder aux épreuves de
travail d’intérêt général, la peine de jours-amende, la peine d’in-
dépistage de stupéfiants sur les conducteurs impliqués dans un
terdiction de conduire certains véhicules terrestres à moteur et
accident corporel de la circulation. Le refus de se soumettre aux
la peine d’obligation d’accomplir un stage de sensibilisation à la
analyses et examens médicaux, cliniques et biologiques consti-
sécurité routière. Il en est de même pour l’infraction de refus
tuait un délit réprimé comme le refus prévu pour les contrôles
de se soumettre aux vérifications médicales. Les forces de po-
d’alcoolémie de l’article L. 234-10 (2 ans d’emprisonnement et
lice peuvent immobiliser le véhicule. Ces infractions entraînent
4 500 € d’amende avec peine complémentaire de suspension
le retrait de la moitié du nombre initial de points du permis de
du permis de conduire).
conduire.
348. En revanche, il n’y avait pas d’infraction de conduite sous
352. La circonstance de conduite sous l’influence de stupé-
l’influence de stupéfiants. La volonté du législateur, lorsqu’il a vo-
fiants est une circonstance aggravante des délits d’homicide et
té le texte de la loi du 18 juin 1999 (préc. supra, no 60), en l’ab-
de blessures involontaires. Elle conduit également à ce que les
sence de connaissance correcte de l’influence des stupéfiants
peines prévues pour les blessures involontaires avec incapacité
sur la conduite automobile, était bien de permettre de mener
totale de travail de plus de trois mois soient applicables même si
une étude épidémiologique afin de compléter les connaissances
la durée d’incapacité est inférieure.
dans ce domaine. Le décret du 27 août 2001 décrit les modalités
de cette étude. Bien que la loi du 3 février 2003 ait créé l’infrac-
tion de conduite sous l’influence de stupéfiants (V. infra, no 349 SECTION 3
et s.), l’étude épidémiologique prévue par la loi du 18 juin 1999 Conduite automobile et prise de médicaments.
s’est poursuivie. La période de collecte des procédures sur le
terrain s’est terminée le 30 septembre 2003. Tous les accidents 353. La conduite sous l’influence de médicaments n’est pas non
immédiatement mortels survenus entre le 1er octobre 2001 et le plus incriminée. Deux mesures ont cependant été prises dans
30 septembre 2003 sont concernés. Les résultats de l’étude sont ce domaine : l’apposition d’un pictogramme sur les conditionne-
attendus pour la fin de l’année 2004. Il n’en demeure pas moins ments de certains médicaments et la recherche de la présence

Rép. pén. Dalloz - 46 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

de médicaments dans le cadre de l’étude épidémiologique pré- 355. Le décret no 2001-751 du 27 août 2001 (préc. supra,
vue pour les stupéfiants (V. supra, no 346). no 347) a créé un article R. 235-5 dans le code de la route qui in-
dique que les analyses et examens médicaux, cliniques de bio-
354. L’article R. 5143 du code de la santé publique indique toutes logiques, effectués en cas de dépistage positif des stupéfiants
les mentions que doit comporter le conditionnement des médica- lors d’un accident mortel, comprennent notamment la recherche
ments. Lorsque le médicament ou le produit a des effets sur la et le dosage de stupéfiants. En cas de résultat positif au cours
capacité de conduire des véhicules, son conditionnement exté- de cette opération, sont alors recherchés les médicaments psy-
rieur doit comporter un pictogramme, dont le modèle est détermi- choactifs pouvant avoir des effets sur la capacité de conduire les
né par arrêté du ministre chargé de la santé pris sur proposition véhicules. Si l’on peut s’interroger sur le biais introduit dans cette
du directeur général de l’Agence française de sécurité sanitaire recherche par le fait qu’elle n’intervient qu’en cas de dépistage
des produits de santé (Arr. 3 mai 1999, pris pour l’application positif des stupéfiants, il n’en demeure pas moins que ce sera
de l’art. R. 5143 C. santé publ. et relatif à l’apposition d’un pic- un élément du dossier pénal ouvert éventuellement pour homi-
togramme sur le conditionnement de certains médicaments, JO cide involontaire et que cet élément d’information peut aussi être
5 mai). Le fait que les conducteurs ne respectent pas cet aver- utilisé comme élément constitutif du délit de mise en danger dé-
tissement pourrait éventuellement constituer un des éléments du libéré d’autrui.
délit de mise en danger d’autrui.

CHAPITRE 6
Arrêt et stationnement.

SECTION 1re 362. Si les appareils de mesures appelés « parcmètres » ne sont


pas, en l’état actuel des textes, soumis au contrôle de l’État, cette
Dispositions générales. absence de vérification réglementaire est sans incidence sur la
356. L’arrêt est l’immobilisation momentanée d’un véhicule sur valeur des procès-verbaux constatant une infraction à la régle-
une route durant le temps nécessaire pour permettre la montée mentation sur le stationnement payant des véhicules. Ces pro-
ou la descente de personnes, le chargement ou le déchargement cès-verbaux font foi jusqu’à preuve contraire, c’est-à-dire jusqu’à
du véhicule, le conducteur restant aux commandes de celui-ci ou ce que soit établie par le contrevenant la preuve du non-fonc-
à proximité pour pouvoir, le cas échéant, le déplacer. Le station- tionnement ou du fonctionnement défectueux de l’appareil ayant
nement est l’immobilisation d’un véhicule sur la route hors les permis la constatation de l’infraction (Cass. crim. 23 mai 1984,
circonstances caractérisant l’arrêt (V. Stationnement et arrêt de no 83-94.782, inédit).
véhicule).
363. Les automobiles personnelles des magistrats et fonc-
357. En agglomération, un véhicule à l’arrêt ou en stationnement tionnaires d’une juridiction qui sont autorisés à les utiliser pour
doit être placé, sous réserve de dispositions différentes prises les besoins du service par application de l’article 26 du décret
par l’autorité investie du pouvoir de police :...1o sur l’accotement, no 66-614 du 10 août 1966 (D. 1966.359) entrent dans la
si celui-ci n’est pas affecté à une autre destination ;...2o sur le catégorie des véhicules affectés à un service public et pour les
côté droit sur les chaussées à double sens de circulation ;...3o sur besoins exclusifs de ce service. Dès lors, le maire peut, en vertu
le côté droit ou gauche sur les chaussées à sens unique. de l’article 2 de la loi no 66-407 du 18 juin 1966 (D. 1966.258),
devenu l’article L. 131-4 du code des communes et, dorénavant,
358. Hors agglomération, le véhicule doit être placé autant que l’article L. 2213-3 du code général des collectivités territoriales
possible sur l’accotement. Si cela n’est pas possible, il convient (réd. L. no 2000-646 du 10 juill. 2000, relative à la sécurité du
d’appliquer les règles prévues pour l’arrêt ou le stationnement dépôt et de la collecte de fonds par les entreprises privées, JO
en agglomération. 11 juill.), leur réserver une zone de stationnement sur la voie
publique (Cass. crim. 26 avr. 1990, no 89-82.440, inédit).
359. Le maire peut décider d’un stationnement unilatéral alterné.
Il peut également limiter la durée du stationnement dans tout 364. L’ordonnance du préfet de police de Paris du 15 septembre
ou partie de l’agglomération (zone bleue), le conducteur devant 1971, ayant institué des emplacements de stationnement réser-
alors faire usage d’un dispositif (Arr. 29 févr. 1960, in Code de vé dits « zones de livraison », n’est pas entachée d’illégalité,
la route Dalloz) destiné à faciliter le contrôle de cette limitation. dès lors qu’elle n’est pas contraire au principe de l’égalité des
citoyens devant la loi et que lesdits emplacements sont indiqués
360. Toute infraction à ces dispositions générales constitue une par un marquage au sol conforme à la réglementation en vigueur
contravention de première classe. (Cass. crim. 27 nov. 1991, no 91-82.457, inédit).

361. La légalité de l’arrêté municipal relatif à la réglementation 365. Est, à bon droit, déclaré coupable de la contravention à
du stationnement peut être contrôlée par le juge judiciaire en ap- l’ancien article R. 37-1, dernier alinéa, du code de la route, celui
plication de l’article 111-5 du code pénal. Ainsi, le juge judiciaire qui laisse sa voiture en stationnement sur le bateau du garage
peut estimer que « dès lors qu’ils ont constaté que l’arrêté critiqué dont il a l’usage exclusif, sans acquitter les redevances. Dé-
[créant diverses zones de stationnement], légalement pris par le cider le contraire aboutirait à rompre le principe d’égalité avec
maire dans la limite des pouvoirs conférés par l’article L. 131-5 les autres utilisateurs de la voie publique et à l’usage d’une por-
du code des communes [anc.], ne créait aucune catégorie privilé- tion de celle-ci sans autorisation (Cass. crim. 8 avr. 1992,
giée de citoyens et que les règles mises en place s’appliquaient no 91-84.198, inédit).
dans chacune des zones indistinctement à tous les automobi-
listes désireux d’utiliser les emplacements réservés et, par suite, 366. L’article 7 du décret du 22 avril 1790 concernant les dettes
tenus de payer la redevance régulièrement fixée par l’autorité du clergé, les assignats et les revenus des domaines nationaux
publique compétente », les juges ont justifié leur décision (Cass. (codifié : C. mon. fin., art. L. 112-5), lequel impose au débiteur
crim. 13 janv. 1993, no 29-83.130, inédit). de faire l’appoint en numéraire, édicte une règle d’ordre dans les

mai 2004 - 47 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

comptes que l’usage a détachée de son contexte d’origine. Cette vés aux véhicules des GIG/GIC, sur les voies spécialement dé-
obligation est rappelée sous une autre forme par l’article 1243 signées par l’autorité investie du pouvoir de police, etc.). Le
du code civil. Est donc justifié l’arrêt qui fait application desdits même article liste également les cas où seul le stationnement
textes à l’usager d’une zone de stationnement payant pour le est considéré comme gênant (devant les entrées carrossables
règlement de la redevance régulièrement fixée et publiée par des immeubles, en double file, sur les emplacements réservés
l’autorité publique (Cass. crim. 27 oct. 1993, no 93-80.404, à la livraison, etc.). L’article R. 417-11 prévoit deux autres cas
inédit). spécifiques d’arrêt ou de stationnement gênant : arrêt ou station-
nement sur les voies ou autres parties de la chaussée réservées
367. Dans une zone de stationnement payant, la durée de sta- à la circulation des véhicules de transport public de voyageurs,
tionnement est généralement limitée. Il s’ensuit que chaque fois des taxis ou des véhicules d’intérêt général prioritaires, arrêt ou
que cette durée s’est écoulée sans nouveau paiement, une nou- stationnement d’un véhicule de plus de 20 m2 dans les zones
velle infraction est constituée (CA Paris, 19 déc. 1990, Juris-Da- touristiques délimitées par l’autorité de police.
ta, no 025 695). Un automobiliste ayant été verbalisé à 10 h
45, une nouvelle contravention peut être relevé à 15 h sans que 371. Contrairement au stationnement payant dont la durée est
l’on puisse soutenir que la prolongation du stationnement au-de- par définition limitée, le stationnement gênant constitue une
là des deux heures réglementaires constitue la continuation de contravention instantanée qui ne cesse que par l’enlèvement
l’infraction initiale (Cass. crim. 2 oct. 1991, Jur. auto 1992 60 ; volontaire ou forcé du véhicule et qui ne peut donner lieu qu’à
pour le stationnement gênant, V. infra, no 373). une seule poursuite. Encourt dès lors la censure le jugement qui
prononce, pour le même stationnement, une amende en raison
368. Il existe une différence de situation entre les riverains d’une
d’une première contravention relevée le matin alors que, l’inté-
voie publique et les autres usagers justifiant que des tarifs de sta-
ressé s’étant acquitté de l’amende forfaitaire pour une seconde
tionnement réduits leur soient offerts sur ces voies (Cass. crim.
contravention dressée l’après-midi, l’action publique se trouvait
16 févr. 1999, Bull. crim., no 19).
éteinte (Cass. crim. 7 juin 1995, Bull. crim., no 206, D. 1995, IR
201, Rev. sc. crim. 1996.126, obs. Delmas Saint-Hilaire).
SECTION 2
372. Le stationnement abusif se caractérise par un stationne-
Arrêt ou stationnement dangereux, gênant ou abusif.
ment ininterrompu en un même point de la voie publique ou de
369. Tout arrêt ou stationnement dangereux constitue une ses déplacements pendant une durée excédant sept jours ou la
contravention de quatrième classe, ouvrant, si le conducteur ou durée fixée par l’autorité de police. Le stationnement abusif est
le propriétaire est absent ou refuse de faire cesser l’infraction, la sanctionné d’une contravention de deuxième classe ouvrant, si
possibilité d’immobilisation et de mise en fourrière et entraînant le conducteur ou le propriétaire est absent ou refuse de faire
le retrait de trois points du permis de conduire. La caractéri- cesser l’infraction, la possibilité d’immobilisation et de mise en
sation de la dangerosité relève des seules constatations des fourrière.
forces de l’ordre auxquelles le code de la route donne néan-
moins quelques indications : « Sont notamment considérés 373. L’article R. 417-13 du code de la route prévoit un cas par-
comme dangereux, lorsque la visibilité est insuffisante, l’arrêt et ticulier de stationnement abusif. Dans les zones touristiques, le
le stationnement à proximité des intersections de routes, des stationnement gênant d’un véhicule de plus de 20 m2 de surface
virages, des sommets de côte et des passages à niveau ». est abusif s’il se poursuit pendant plus de deux heures après
l’établissement du procès-verbal pour l’infraction de stationne-
370. Depuis l’application du nouveau code de la route, les cas ment gênant. Il est puni d’une contravention de quatrième classe
d’arrêt ou de stationnement gênant sont limitativement énumé- ouvrant, si le conducteur ou le propriétaire est absent ou refuse
rés à l’article R. 417-10 du code de la route (sur les trottoirs de faire cesser l’infraction, la possibilité d’immobilisation et de
et passages réservés aux piétons, sur les emplacements réser- mise en fourrière.

TITRE 4
Le véhicule.

CHAPITRE 1er
Dispositions administratives.

SECTION 1re à l’homologation communautaire en ce qui concerne l’indicateur


de vitesse est un bon exemple de cette pratique. Son article 2
Réception des véhicules.
est ainsi rédigé : « L’homologation communautaire en ce qui
374. Avant sa mise en circulation, tout véhicule à moteur doit concerne l’indicateur de vitesse destiné à être installé sur les vé-
faire l’objet d’une réception. Cette obligation s’applique aussi hicules à moteur à deux ou trois roues et les quadricycles à mo-
aux remorques et éléments de véhicules dont le poids total au- teur est accordée par le ministre chargé des transports aux dis-
torisé en charge dépasse 500 kilogrammes ainsi qu’aux semi-re- positifs répondant aux prescriptions de la directive 2000/7/CE »
morques. La réception d’un véhicule peut être réalisée au niveau (Arr. 22 sept. 2000, JO 5 oct. ; Direct no 2000/7/CE du Parlement
européen ou au niveau national. De plus en plus, la réglementa- européen et du Conseil du 20 mars 2000 relative à l’indicateur
tion des véhicules est fixée par l’Union européenne, alors même de vitesse des véhicules à moteur à deux ou trois roues mod.
que les arrêtés donnant les définitions techniques auxquelles les Direct. no 92/61/CEE du Conseil relative à la réception des vé-
véhicules doivent répondre ne font que reprendre les directives hicules à moteur à deux ou trois roues, JOCE, no L. 106, 3 mai
européennes, voire y font simplement référence en les transpo- 2000, V. EUR-Lex : www.europa.eu.int/eur-lex/fr).
sant dans le droit français. L’arrêté du 22 septembre 2000 relatif

Rép. pén. Dalloz - 48 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

375. Réception communautaire. — La réception communautaire 378. L’article R. 321-4 du code de la route donne la liste des
ou réception CE est destinée à constater qu’un type de véhi- quelques contraventions liées à la réception des véhicules ou
cule satisfait aux prescriptions techniques exigées pour sa mise des éléments de véhicules et à l’homologation des dispositifs ou
en circulation. Toutes les dispositions concernant la réception équipements. Le fait de mettre en vente ou de vendre un véhi-
CE par type d’un véhicule s’appliquent à la réception des sys- cule ou un élément de véhicule non réceptionné constitue une
tèmes ou équipements. Ces réceptions sont prononcées par contravention de cinquième classe, à laquelle les dispositions
délégation du ministre chargé des transports par les directions sur la récidive sont applicables. Le fait de mettre ou maintenir
régionales de l’industrie, de la recherche et de l’environnement en circulation un véhicule ou une remorque, non réceptionné,
(DRIRE) spécialement désignées. Il est étonnant de noter qu’un est passible d’une contravention de quatrième classe. Le fait de
ministre donne délégation à une direction dépendant d’un autre mettre en vente ou de vendre un dispositif ou équipement non
ministère. La réception se fait par type de véhicule. Le construc- conforme à un type homologué ou réceptionné est une contra-
teur adresse une demande de réception accompagnée d’un dos- vention de quatrième classe. Son usage constitue une contra-
sier permettant de vérifier la conformité du type de véhicule avec vention de première classe.
les prescriptions techniques exigées. Le ministre fait procéder
aux vérifications qui lui paraissent nécessaires, notamment, pour 379. Les véhicules de collection ne sont pas soumis à l’obligation
garantir la conformité des véhicules au type réceptionné. Il dé- de réception. En revanche, leur carte grise doit porter la mention
livre alors une fiche de réception CE. Le constructeur donne en- « véhicule de collection » et ils ne peuvent circuler librement que
suite à chacun des véhicules conformes au type homologué un dans leur département d’immatriculation ou les départements li-
numéro d’identification et remet en plus à l’acheteur un certifi- mitrophes, leur déplacement sur l’ensemble du territoire n’étant
cat de conformité. Tout véhicule dont le type a fait l’objet d’une autorisé que pour se rendre à des manifestations ou rallyes aux-
réception CE et qui est muni de ce certificat de conformité peut quels ils sont appelés à participer.
être librement commercialisé et mis en circulation. Cette récep-
tion est valable pour l’ensemble des pays de l’Union européenne,
ce qui veut dire qu’un véhicule réceptionné CE en Allemagne n’a SECTION 2
pas besoin d’une nouvelle réception pour être commercialisé en Immatriculation des véhicules.
France ou en Italie, par exemple.
376. Le ministre chargé des Transports peut toujours faire vé- 380. Le propriétaire d’un véhicule à moteur, à l’exception des
rifier par ses services, pour un type de véhicule pour lequel il a cyclomoteurs à trois roues non munis d’une carrosserie et des
accordé une réception CE, les méthodes de contrôle de confor- cyclomoteurs à deux roues, ou d’une remorque dont le poids
mité appliquées dans les établissements de production. S’il est total autorisé en charge est supérieur à 500 kilogrammes doit
constaté que des véhicules ne sont pas conformes au type ré- le faire immatriculer pour pouvoir le mettre en circulation. Pour
ceptionné, le ministre peut prendre toutes mesures nécessaires ce faire, il doit s’adresser au préfet de son département qui, au
pouvant aller jusqu’au retrait de la réception. Les autres pays vu des justificatifs fournis, délivre un certificat d’immatriculation,
membres de l’Union européenne doivent en être informés. De dit « carte grise ». La plupart des conditions d’application des
même, s’il est établi que des véhicules ayant fait l’objet d’une dispositions relatives à l’immatriculation sont contenues dans un
réception CE compromettent gravement la sécurité, le ministre arrêté du ministre chargé des transports, pris après avis du mi-
des Transports peut, pour une durée de six mois, refuser d’im- nistre de l’Intérieur (Arr. 5 nov. 1984 mod., in Code de la route
matriculer ces véhicules ou en interdire la vente ou la mise en Dalloz).
service.
381. L’immatriculation des cyclomoteurs avait été décidée par le
377. Réception nationale. — La réception nationale peut être Comité interministériel pour la sécurité routière du 26 novembre
demandée en l’absence de réception CE. Elle peut se faire par 1997, mais n’avait pu être mise en œuvre en raison de difficul-
type à la demande du constructeur, cas de plus en plus excep- tés techniques avancées par le ministère de l’Intérieur. La loi
tionnel, compte tenu de la voie ordinaire que constitue la récep- du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne (art. 19,
tion CE, ou à titre isolé. La procédure de réception nationale par préc. supra, no 87) a prévu que la mise en circulation d’un vé-
type est proche de celle appliquée à la réception communautaire. hicule à moteur à deux roues est subordonnée à la délivrance
Les conséquences sont très différentes puisque, pour qu’un vé- d’un certificat d’immatriculation et que les formalités de première
hicule ainsi réceptionné puisse être immatriculé dans un autre immatriculation des véhicules en deçà d’une cylindrée détermi-
pays, une nouvelle réception nationale, dans ce pays, devra être née par décret sont mises à la charge du constructeur ou du
réalisée. La réception à titre isolé permet à un propriétaire d’ob- vendeur. Pour l’application de ce texte qui ne fixe pas de date
tenir une autorisation de mise en circulation d’un seul véhicule, butoir, un décret en Conseil d’État devait être publié. Finale-
importé par exemple d’un pays n’appliquant pas la même régle- ment l’immatriculation des cyclomoteurs a été mise en place par
mentation, parfois après avoir apporté quelques modifications le décret no 2003-1186 du 11 décembre 2003 relatif à l’immatri-
techniques. Elle permet aussi à un propriétaire de répondre à culation des cyclomoteurs ainsi qu’aux coupons détachables de
l’exigence de réception après transformations notables de son carte grise (JO 13 déc.). Cette disposition entre en vigueur le
véhicule (l’art. 13 de l’arrêté du 19 juill. 1954 [D. 1954.292], mo- 1er juill. et 2004 pour les cyclomoteurs mis pour la première fois
difié notamment par l’arrêté du 29 juin 1983 relatif à la réception en circulation postérieurement à cette date. La demande de pre-
des véhicules [D. 1983.445], donne une définition des transfor- mière immatriculation est présentée par le vendeur qui encourt
mations notables ; V. la liste des arrêtés modificatifs, in Code de une contravention de 4e classe s’il ne satisfait pas à cette obli-
la route Dalloz, ss. art. R. 321-15). Elle est également exigée gation. Les infractions prévues aux articles R. 317-8 (défaut de
pour les véhicules dont les dimensions ou le poids dépassent les plaque d’immatriculation) et R. 322-1 (mise en circulation d’un
limites réglementaires et qui doivent, pour pouvoir circuler, faire véhicule sans certificat d’immatriculation) sont applicables aux
l’objet d’une autorisation de transports exceptionnels (V. infra, cyclomoteurs dès l’entrée en vigueur du décret du 11 décembre
no 450). Il en est de même pour tout matériel de travaux pu- 2003.
blics, soumis à une autorisation de transport exceptionnel, pour
pouvoir circuler occasionnellement sur les routes. Les dispositifs 382. Lorsque le propriétaire du véhicule est une personne mo-
d’équipement des véhicules à moteur, au plan national, ne font rale ou une entreprise individuelle, la demande d’immatriculation
pas l’objet d’une réception mais doivent être homologués. doit être adressée au préfet du département de l’établissement

mai 2004 - 49 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

inscrit au registre du commerce ou du répertoire des métiers au- route pris en Conseil des ministres, car dérogeant aux textes re-
quel le véhicule doit être affecté à titre principal. Pour les vé- latifs aux pouvoirs du préfet.
hicules de location, la demande doit être adressée au préfet du
département de l’établissement où le véhicule est mis à la dispo- 389. Certificat d’immatriculation W ou WW. — Dans certaines
sition du locataire au titre du premier contrat de location. Enfin, conditions, la circulation à titre provisoire d’un véhicule peut être
pour les véhicules faisant l’objet d’un contrat de crédit-bail ou de autorisée sous couvert d’un certificat d’immatriculation spécial W
location d’au moins deux ans, la demande doit être formulée au- ou WW. Les conditions sont fixées au titre II de l’arrêté du 5 no-
près du préfet du département du domicile du locataire, sauf si le vembre 1984 (préc. supra, no 380). La circulation à titre provi-
véhicule doit être affecté à un établissement du locataire. Dans soire est aussi autorisée sous couvert d’un certificat de transit ou
ce dernier cas, c’est le préfet du département de cet établisse- d’un document équivalent délivré par les autorités compétents
ment qui est compétent. d’un État membre de la Communauté européenne (C. route,
art. R. 322-3).
383. Les dispositions concernant l’immatriculation des véhicules
appartenant à des personnes morales et des véhicules de loca- 390. Les cartes W sont délivrées aux professionnels (importa-
tion ont été prises pour éviter que, du fait d’une fiscalité plus fa- teur, transporteur, réparateur, constructeur, etc.) pour leur per-
vorable, certains départements voient le nombre des immatricu- mettre de faire des essais, des présentations à la presse ou pour
lations fortement augmenter dans leur ressort. C’est l’article 63 quelques autres déplacements. Ces cartes ont une durée de va-
de la loi no 98-546 du 2 juillet 1998 (D. 1998.249) qui a instauré lidité d’une année. Le fait d’utiliser un certificat d’immatriculation
ces dispositions. S’agissant de toute évidence de dispositions W en dehors de ces conditions constitue une contravention de
relevant du domaine réglementaire, les codificateurs les ont ré- quatrième classe.
introduites dans l’article R. 322-1 du code de la route.
391. Les certificats WW sont délivrés par l’intermédiaire des
384. Le fait, pour un propriétaire, de mettre en circulation un constructeurs, importateurs, carrossiers ou commerçants de
véhicule sans avoir obtenu un certificat d’immatriculation, est l’automobile et sous leur entière responsabilité, afin de permettre
puni de l’amende prévue pour les contraventions de quatrième la circulation de véhicules dans l’attente d’une immatriculation
classe. définitive ou de leur sortie temporaire ou définitive du territoire
national. Ils sont valables quinze jours, non compris les same-
385. En cas de changement de propriétaire, l’ancien proprié- dis, dimanches et jours fériés. Le fait, pour un professionnel de
taire doit adresser, dans les quinze jours suivant la mutation, l’automobile, de délivrer un certificat d’immatriculation WW en
au préfet du lieu d’immatriculation, une déclaration l’informant dehors des cas prévus par le code de la route est puni d’une
de cette mutation. Le nouveau propriétaire dispose, lui, d’un contravention de quatrième classe.
mois pour faire établir à son nom un nouveau certificat d’im-
matriculation, selon des modalités fixées par l’article R. 322-5. 392. Le décret no 2003-42 du 8 janvier 2003 relatif à l’immobilisa-
Le fait de ne pas effectuer cette demande constitue une contra- tion des véhicules et modifiant le code de la route (JO 15 janv.)
vention de quatrième classe. Les infractions relatives au trans- a créé deux contraventions de 4e classe relatives au certificat
fert du certificat d’immatriculation lors de la vente d’un véhicule d’immatriculation provisoire : le fait, pour toute personne, d’uti-
permettent dorénavant de prescrire l’immobilisation du véhicule liser ou, pour un professionnel, de délivrer un certificat d’imma-
(Décr. no 2003-42 du 8 janv. 2003, JO 15 janv.). Le décret triculation provisoire W ou WW sans respecter les conditions du
no 2003-1186 du 11 décembre 2003 (JO 13 déc.) a créé la pos- nouvel article R. 322-3, et le fait pour toute personne d’utiliser un
sibilité que le certificat d’immatriculation comporte un coupon dé- certificat de transit ou un document équivalent sans en respec-
tachable qui servira notamment lors des transferts de propriété. ter les conditions de validité. Ce décret a prévu que dans ces
cas l’immobilisation du véhicule pouvait être prescrite (C. route,
386. Si le nouveau propriétaire ne désire pas maintenir le véhi- art. R. 322-3).
cule en circulation, il doit, dans les quinze jours suivant l’achat,
en aviser le préfet du lieu d’immatriculation et lui adresser la carte 393. Les véhicules immatriculés en W ou WW doivent être
grise qui sera annulée. Le défaut de déclaration ou une déclara- munis de plaques réglementaires (V. infra, no 422). Toutefois,
tion tardive constituent une contravention de quatrième classe. les plaques W ou celles appliquées sur certaines remorques
La cour d’appel de Poitiers a précisé que le défaut de déclara- (C. route, art. R. 317-8, al. 4) peuvent être amovibles (Arr.
tion et de renvoi de la carte grise est une infraction instantanée 1er juill. 1996, in Code de la route Dalloz).
et que, en conséquence, l’action publique est prescrite si les faits
remontent à plus d’un an avant le premier acte de poursuite (CA SECTION 3
Poitiers, 26 avr. 1990, Juris-Data, no 043 138). Le propriétaire
qui vend son véhicule en vue de sa destruction ou qui détruit Opposition au transfert du certificat d’immatriculation.
lui-même son véhicule doit en aviser le préfet du lieu d’immatri-
culation et lui renvoyer la carte grise, le tout dans un délai de 394. Les difficultés rencontrées dans le recouvrement des
quinze jours. En cas de vente, il doit mentionner l’identité décla- amendes prononcées en matière d’infractions au code de
rée par l’acquéreur. la route, principalement liées aux défauts de déclaration de
changement de domicile, ont conduit à chercher des procédés
387. Tout changement de domicile ou d’établissement d’affecta- permettant d’y remédier. La procédure d’opposition au transfert
tion doit aussi donner lieu à une déclaration à la préfecture dans du certificat d’immatriculation, introduite par l’article 3 de la loi
le délai d’un mois. Le non-respect de cette formalité dans le délai no 90-977 du 31 octobre 1990 portant diverses dispositions
prescrit et le maintien en circulation d’un véhicule sans avoir ob- en matière de sécurité routière (JO 4 nov., D. 1990.436) est
tenu un nouveau certificat d’immatriculation constituent encore particulièrement efficace, même si elle n’atteint son plein effet
une contravention de quatrième classe. qu’au moment de la vente du véhicule.

388. Le préfet peut autoriser un sous-préfet d’arrondissement 395. Lorsqu’une amende forfaitaire a été émise (V. supra,
à délivrer un certificat d’immatriculation à une personne non do- no 105), que le contrevenant ne l’a pas payée dans les délais
miciliée dans cet arrondissement, lorsque cette dérogation est et n’a pas formé de recours, celui-ci devient redevable d’une
de nature à améliorer sensiblement le service rendu à l’usager. amende forfaitaire majorée dont le recouvrement est confié au
Cette disposition fait l’objet de l’article R.* 322-12 du code de la comptable du Trésor. Si ce dernier constate que le contrevenant

Rép. pén. Dalloz - 50 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

n’habite plus à l’adresse indiquée au fichier national des imma- 402. Le fait de ne pas se soumettre aux obligations du contrôle
triculations (V. supra, no 87), il peut faire opposition au transfert technique constitue une contravention de quatrième classe.
du certificat d’immatriculation. La loi du 12 juin 2003 a simplifié L’immobilisation et la mise en fourrière du véhicule peuvent être
la procédure d’opposition. Dorénavant, le comptable du Trésor prescrites. Cette infraction, compte tenu de la rédaction de
fait directement opposition au transfert, sans passer par le l’article d’incrimination, incombe au seul propriétaire. Il a ainsi
procureur de la République qui est simplement informé. Cette été jugé que l’obligation de faire subir un contrôle technique
opposition suspend le délai de prescription, particulièrement incombe au propriétaire et non à l’utilisateur, en l’espèce un
court en matière de contravention. Tout propriétaire qui souhaite locataire, seulement tenu de prouver, en fournissant les docu-
vendre un véhicule doit remettre à l’acquéreur un certificat établi ments justificatifs, que l’obligation a été respectée (Cass. crim.
depuis moins de deux mois par la préfecture du lieu d’immatri- 2 oct. 1985, Jur. auto 1986.107).
culation attestant qu’il n’y a pas d’opposition au transfert de la
carte grise. L’opposition au transfert est levée par le paiement 403. La responsabilité de l’établissement de contrôle peut être
de l’amende forfaitaire majorée. En cas de réclamation formée recherchée sur le plan civil et retenue en cas de défaut consta-
dans les conditions prévues par le code de procédure pénale table visuellement et non révélé dans le rapport (CA Lyon, 11 avr.
(C. pr. pén., art. 530), c’est le procureur qui procède à la levée 1991, Jur. auto 1992.429 ; TI Bordeaux, 12 mars 1987, Jur. auto
de l’opposition lorsque la personne concernée justifie qu’elle 1987.344).
a déclaré sa nouvelle adresse au service d’immatriculation.

396. Il n’y a pas d’infraction spécifique attachée au maintien ou à SECTION 5


la mise en circulation d’un véhicule, alors qu’a été formée une op-
position au transfert du certificat d’immatriculation. En revanche,
Assurance.
un propriétaire qui aurait acquis un véhicule sans avoir le certifi-
404. Eu égard à la possibilité de voir sa responsabilité civile
cat de non-opposition au transfert pourrait se voir reprocher l’in-
engagée en raison de dommages subis par des tiers résultant
fraction prévue à l’article R. 322-5 du code de la route, puisque
d’atteintes aux personnes ou aux biens, toute personne qui sou-
l’une des conditions mises à la délivrance d’un certificat d’im-
haite faire circuler un véhicule à moteur doit être couverte par
matriculation, qui doit être demandé dans les quinze jours de la
une assurance garantissant cette responsabilité. Cette obliga-
transaction, est la production d’un certificat de non-opposition.
tion d’assurance a été instaurée par une loi no 58-208 du 27 fé-
vrier 1958 (D. 1958.123). Aujourd’hui, cette obligation est fixée
SECTION 4 par l’article L. 211-1 du code des assurances, reproduit à l’ar-
ticle L. 324-1 du code de la route.
Contrôle technique.
405. Cette obligation d’assurance ne s’applique pas à l’État qui
397. L’article L. 323-1 du code de la route, issu de l’article 23 de
est son propre assureur. Fait une fausse application de l’ar-
la loi no 89-469 du 10 juillet 1989 relative à diverses dispositions
ticle L. 221-1 du code des assurances la juridiction qui, pour dé-
en matière de sécurité routière et en matière de contraventions
clarer l’État tenu à garantie, expose que, si celui-ci est exempté
(préc. supra, no 208), a astreint la plupart des véhicules à moteur
de l’obligation de souscrire un contrat d’assurance, il n’en est pas
à un contrôle technique périodique. Ce contrôle est effectué par
moins soumis à toutes les obligations qui pèsent sur le proprié-
les services de l’État ou par des contrôleurs agréés par l’État
taire d’un véhicule terrestre à moteur, notamment celle de cou-
et vise à vérifier que le véhicule est en bon état de marche et
vrir la responsabilité civile de tout conducteur ou gardien, même
en état satisfaisant d’entretien. Les textes d’application de cet
non autorisé, dudit véhicule, d’autant plus que la cour d’appel
article législatif sont dorénavant contenus dans le chapitre III du
avait omis de rechercher si l’accident était ou non dépourvu de
titre II du livre III du code de la route. Le contrôle est effectué à
tout lien avec le service (Cass. crim. 24 oct. 1989, Bull. crim.,
l’initiative du propriétaire, dans les délais prescrits et à ses frais.
no 372).
398. Pour les voitures particulières et les camionnettes, il existe
trois cas de contrôle technique obligatoire : dans les six mois 406. Cette obligation s’applique même en dehors des voies ou-
précédant un délai de quatre ans à compter de la date de la pre- vertes à la circulation publique. Ainsi, commet l’infraction de dé-
mière mise en circulation, tous les deux ans à partir du premier faut d’assurance, qui était alors un délit, le motocycliste qui, cir-
contrôle, avant toute mutation intervenant au-delà du délai initial culant en dehors de la voie publique, s’expose à voir sa respon-
de quatre ans, sauf si un contrôle technique est intervenu pour un sabilité civile retenue envers des tiers alors qu’il n’est pas garanti
autre motif dans le délai de six mois. Les camionnettes doivent par une assurance contre ce risque (Cass. crim., 15 févr. 1982,
en plus subir un contrôle complémentaire tous les ans après un D. 1982, IR 206). L’obligation d’assurance a une portée géné-
contrôle technique afin de vérifier les émissions polluantes. rale et s’applique aux accidents de service régis par les règles
de droit commun et dont est victime un agent d’une collectivité
399. Certaines voitures particulières ou camionnettes, notam- publique (Cass. crim. 15 févr. 1990, Bull. crim., no 79 ; Cass.
ment les véhicules de moins de dix places affectés au transport 2e civ. 24 juin 1998, Bull. civ. II, no 227).
public de personnes, les véhicules de transports sanitaires ou
les véhicules d’enseignement de la conduite, sont soumises à 407. Alors que le défaut d’assurance était sanctionné par une
un contrôle technique particulier. contravention de cinquième classe prévue par l’article R. 211-45
du code des assurances, reproduit à l’article R. 324-1 du code
400. Les véhicules de transport en commun ne peuvent être mis de la route, la loi no 2004-204 du 9 mars 2004 (art. 59 ; C. route,
en circulation que sur autorisation du préfet après un contrôle art. L. 324-2 et C. assur., art. L. 211-26 [code suiveur]) a restau-
technique initial, renouvelé ensuite tous les six mois. ré le délit de défaut d’assurance puni dorénavant d’une amende
de 3 750 €. Il convient de noter que ce délit peut être com-
401. Les véhicules de transport de marchandises dont le poids mis « y compris par négligence ». Il est également prévu les
total autorisé en charge est supérieur à 3,5 tonnes ne peuvent peines complémentaires suivantes :...1o le travail d’intérêt géné-
également être mis en circulation que sur autorisation du préfet ral ;...2o le jours-amende ;...3o la suspension, pour une durée
après un contrôle technique initial, qui est ensuite renouvelé tous de trois ans au plus, du permis de conduire, cette suspension
les ans. ne pouvant pas être limitée à la conduite en dehors de l’activité

mai 2004 - 51 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

professionnelle ;...4o l’annulation du permis de conduire avec in- l’agent chargé des constatations. Celui-ci peut prescrire l’immo-
terdiction de solliciter la délivrance d’un nouveau permis pendant bilisation du véhicule. Il retire alors à titre conservatoire le certifi-
trois ans au plus ;...5o l’interdiction de conduire certains véhicules cat d’immatriculation qu’il envoie à la préfecture du lieu de l’acci-
terrestres à moteur, y compris ceux pour la conduite desquels le dent accompagné d’un document justificatif de l’état du véhicule.
permis de conduire n’est pas exigé, pour une durée de cinq ans Le propriétaire peut demander la restitution de la carte grise
au plus ;...6o l’obligation d’accomplir, à ses frais, un stage de sen- sur présentation du rapport d’un expert en automobile (V. infra,
sibilisation à la sécurité routière ;...7o la confiscation du véhicule no 418) qualifié pour le contrôle des véhicules gravement acci-
dont le condamné s’est servi pour commettre l’infraction, s’il en dentés. Cet expert doit être désigné par l’Administration et son
est le propriétaire. Par ailleurs, l’immobilisation peut être pres- rapport doit attester que les dommages ne mettent pas en cause
crite dans les conditions prévues aux articles L. 325-1 à L. 325-3 la sécurité. Dans le cas contraire, il adresse le devis prévisionnel
du code de la route. des réparations à effectuer, à moins qu’il n’estime que le véhicule
n’est plus réparable. Si le propriétaire décide de faire procéder
408. Les amendes prononcées pour violation de l’obligation aux réparations, il doit les faire exécuter conformément au devis
d’assurance sont affectées d’une majoration de 50 % perçue lors descriptif de l’expert. Le certificat d’immatriculation lui sera resti-
de leur recouvrement au profit du fonds de garantie automobile tué au vu d’un certificat de l’expert attestant que les réparations
institué par l’article L. 420-1 du code des assurances. ont été faites conformément au devis descriptif et que le véhicule
est en état de circuler dans des conditions normales de sécurité.
409. Pour déclarer une personne coupable de défaut d’assu- Si le propriétaire décide de ne pas faire réparer son véhicule, il
rance, une cour d’appel ne doit pas se contenter d’énoncer que, doit en aviser le préfet qui annule le certificat d’immatriculation.
n’étant plus en possession de son permis de conduire, suspen- Le préfet agit de même si, dans un délai d’un an après son retrait,
du pendant deux mois, elle avait obligatoirement cessé d’être le certificat d’immatriculation n’a pu être restitué. Le propriétaire
assurée, sans constater si le contrat d’assurance dont elle était peut toujours vendre son véhicule, mais les obligations qui pe-
bénéficiaire comprenait la suspension du permis de conduire au saient sur lui sont reportées sur le nouveau propriétaire.
nombre des causes d’exclusion et de déchéance de la garantie
(Cass. crim. 28 janv. 1975, D. 1976.61 [2e esp.], note Durry). 415. Le fait de maintenir en circulation un véhicule dont le cer-
tificat d’immatriculation a été retiré par un agent constatant que
410. Il convient de noter que, à l’article L. 122-1 du code de la ce véhicule n’est plus en état de circuler sans danger pour la sé-
route, ont été reproduits les articles 1er à 6 de la loi no 85-677 du curité est constitutif d’une contravention de quatrième classe.
5 juillet 1985 tendant à l’amélioration de la situation des victimes
d’accident de la circulation et à l’accélération des procédures
d’indemnisation (D. 1985.371, in Code civil Dalloz). De toute ART. 2. – VÉHICULES ÉCONOMIQUEMENT IRRÉPARABLES.
évidence, ces dispositions auraient dû être codifiées soit dans
le code des assurances, soit dans le code civil. Dans le cadre 416. Les véhicules économiquement irréparables sont des véhi-
général du programme de codification de tous les textes législa- cules dont un rapport d’expertise fait apparaître que le montant
tifs et réglementaires, il était certainement souhaitable que ces des réparations est supérieur à la valeur de la chose assurée au
articles soient codifiés mais, en l’absence de codification dans moment du sinistre. L’assureur qui est tenu d’indemniser le pro-
leur code naturel de rattachement, il est intéressant que ceux-là priétaire pour ces dommages doit, dans les quinze jours, lui faire
soient rappelés dans le code de la route, qui devient ainsi code une proposition d’indemnisation en perte totale avec cession du
suiveur d’une loi. véhicule à l’assureur. Si le propriétaire accepte cette proposi-
tion, le certificat d’immatriculation est renvoyé par l’assureur au
préfet. L’assureur doit vendre le véhicule à un professionnel pour
SECTION 6 destruction, réparation ou récupération des pièces. Pour pouvoir
Véhicules accidentés. remettre le véhicule en circulation et obtenir un nouveau certificat
d’immatriculation, le réparateur devra fournir un nouveau rapport
411. Le code de la route fait état de deux types de véhicule d’expertise certifiant que le véhicule a fait l’objet des réparations
accidenté : les véhicules gravement accidentés et les véhicules prévues dans le premier rapport et qu’il est en état de circuler
économiquement irréparables, auxquels il faudrait ajouter tous dans des conditions normales de sécurité. Le propriétaire peut
les autres véhicules accidentés pour lesquels le code n’a, bien également refuser la proposition de l’assureur. Dans ce cas, ce-
évidemment, prévu aucune disposition particulière. lui-ci doit en informer le préfet du lieu d’immatriculation et ce der-
nier doit procéder à l’inscription d’une opposition au transfert du
certificat d’immatriculation (V. supra, no 394 et s.) dont il donne
ART. 1er. – VÉHICULES GRAVEMENT ACCIDENTÉS. connaissance au propriétaire par lettre et qui ne peut être levée
que sur présentation d’un rapport d’expertise, certifiant que le
412. Les véhicules gravement accidentés sont des véhicules
véhicule a fait l’objet des réparations prévues dans le premier
qui, en raison de la gravité des dommages subis à la suite d’un
rapport et qu’il est en état de circuler dans des conditions nor-
accident, ne sont plus en état de circuler sans danger pour la sé-
males de sécurité.
curité. Cette définition au sens du code de la route ne s’applique
ni aux véhicules dont le poids total autorisé en charge excède 417. Il est paradoxal de constater qu’il n’y a pas d’infraction spé-
3,5 tonnes, ni aux véhicules à deux ou trois roues, ni aux qua- cifique liée à la circulation d’un véhicule économiquement irré-
dricycles à moteur, ni enfin aux véhicules militaires. parable alors que, de toute évidence, le véhicule présente un
danger pour la circulation. Là aussi, le contrôle technique et
413. Il est étonnant que la qualification de véhicules gravement
les sanctions qui s’y attachent peuvent peut-être pallier partielle-
accidentés ne s’attache qu’aux véhicules endommagés à la suite
ment ce défaut. De même, le propriétaire ne pourra pas procéder
d’un accident de la circulation, alors que d’autres causes, telles
à la vente de son véhicule.
des dégradations volontaires, peuvent conduire au même résul-
tat. Il est vrai que le contrôle technique peut pallier au moins
pour partie cette carence. ART. 3. – EXPERTS EN AUTOMOBILE.

414. La constatation de l’état de danger du véhicule et, donc, la 418. La profession d’expert en automobile a été organisée par
qualification de véhicule gravement accidenté sont établies par la loi no 72-1097 du 11 décembre 1972 (D. 1972.592). Ce texte

Rép. pén. Dalloz - 52 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

a été plusieurs fois modifié, notamment par la loi no 85-695 du vol, escroquerie, recel, abus de confiance, agressions sexuelles,
11 juillet 1985 (D. 1985.386), laquelle revenait sur les déroga- faux témoignage, faux, corruption ou trafic d’influence, soustrac-
tions accordées par la précédente loi et faisait revivre un délai tion commise par un dépositaire de l’autorité publique ou pour
pour permettre la délivrance de la qualité d’expert par des équi- un délit puni des peines du vol, de l’escroquerie ou de l’abus de
valences. L’ordonnance no 2000-930 du 22 septembre 2000 re- confiance. Elle est incompatible avec l’exercice de la profession
lative à la partie législative du code de la route (préc. supra, no 8) d’assureur, avec celle de producteur, vendeur, loueur, réparateur
a permis de réécrire totalement ces dispositions, tout en restant ou représentant en véhicules, avec la détention d’une charge
dans les limites du droit constant. Ce sont les articles L. 326-1 d’officier public et ministériel. Il semble que la jurisprudence du
à L. 326-9 et R. 327-1 à R. 327-20 du code de la route qui fixent Conseil d’État autorisant un préfet à ne pas inscrire sur la liste, à
les contours de cette activité. Il était curieux de noter que, pour l’époque, départementale, un expert remplissant les conditions
une fois, dans le nouveau code de la route, la numérotation des requises, ne serait plus applicable (CE 10 juin 1992, Rec. CE,
articles en partie législative et en partie réglementaire était diffé- p. 1161). En cours d’exercice, la commission nationale peut sus-
rente. La loi no 2003-495 du 12 juin 2003 (D. 2003.1668 ; AJ Pé- pendre ou radier un expert qui ne justifie plus remplir les condi-
nal 2004, Les nouvelles infractions routières, Dossier. 85) a ré- tions requises.
tabli la concordance de la numérotation du code de la route en
partie législative et en partie réglementaire. Elle a ainsi créé un 420. Les personnes inscrites sur la liste nationale des experts en
chapitre VI intitulé « Organisation de la profession d’expert en automobile peuvent exercer deux activités : la rédaction à titre
automobile » et un chapitre VII intitulé « Véhicules endomma- habituel de rapports, destinés à des tiers et relatifs aux dom-
gés ». mages causés à des véhicules, et la détermination de la valeur
des véhicules. Pour assurer le contrôle des véhicules gravement
419. Aujourd’hui, pour être expert en automobile, il faut obtenir le accidentés (V. supra, no 412), les experts en automobile doivent
diplôme correspondant ou la reconnaissance d’une équivalence. justifier d’une formation initiale et continue dans les conditions
Pour exercer, il faut être inscrit sur la liste nationale arrêtée par fixées par arrêté des ministres chargés de l’éducation nationale
une commission nationale présidée par un conseiller à la Cour de et des transports. Cette qualification est mentionnée dans la liste
cassation, composée en nombre égal de représentants de l’État, nationale des experts en automobile.
de représentants des professions concernées par l’expertise et
l’assurance et de représentants des consommateurs. L’inscrip- 421. La qualité d’expert en automobile est totalement indépen-
tion sur la liste nationale est de droit, sous réserve de remplir dante de celle d’expert judiciaire. Une personne peut être inscrite
les conditions de diplôme et de ne pas avoir été condamné pour sur une des listes sans être inscrite sur l’autre.

CHAPITRE 2
Dispositions techniques.

SECTION 1re du véhicule tracteur, sauf pour les remorques attelées à une mo-
tocyclette ou à un tricycle à moteur, lorsque la remorque laisse
Plaques.
visible la plaque d’immatriculation du véhicule tracteur. Plusieurs
422. L’immatriculation des véhicules se traduit sur les véhicules délits et contraventions sont attachés au non-respect des dispo-
eux-mêmes par l’apposition de plaques permettant d’identifier sitions concernant les plaques d’immatriculation.
le propriétaire du véhicule et de donner des informations sur le
426. L’usage d’une fausse plaque d’immatriculation ou, plus pré-
véhicule lui-même.
cisément, d’une plaque portant un numéro, un nom ou un domi-
cile faux ou supposé, est puni de cinq ans d’emprisonnement
ART. 1er. – PLAQUES D’IMMATRICULATION. et de 3 750 € d’amende, avec possibilité de suspension du per-
mis de conduire et de confiscation du véhicule. Ce délit entraîne
423. Tout véhicule à moteur, à l’exception des cyclomoteurs à également un retrait de six points du permis de conduire. Il a
deux roues et des cyclomoteurs à trois roues non carrossés, des été jugé que le directeur d’une société de location de véhicules
matériels de travaux publics et des véhicules et matériels agri- se rendait coupable d’usage de fausses plaques en n’apposant
coles ou forestiers attachés à une exploitation agricole, doit être pas la nouvelle plaque du véhicule et en laissant le locataire cir-
muni de deux plaques d’immatriculation, portant le numéro as- culer avec les numéros provisoires. De même, ce propriétaire
signé au véhicule lors de la délivrance de la carte grise. Ces doit veiller à l’apposition de nouvelles plaques dès la remise au
plaques doivent être fixées en évidence d’une manière inamo- locataire de la carte grise définitive (Cass. crim. 14 févr. 1989,
vible à l’avant et à l’arrière du véhicule. Bull. crim., no 71, D. 1989, IR 153).
424. Les motocyclettes, les tricycles et quadricycles à moteur, 427. La circulation sans plaque d’immatriculation ne constitue
les cyclomoteurs à trois roues munis d’une carrosserie peuvent qu’une contravention de quatrième classe (C. route, art. R. 317-
n’avoir qu’une plaque d’immatriculation placée à l’arrière. Il 8). En revanche, la circulation sans plaque d’immatriculation, à
est vraisemblable que cette disposition s’appliquera aux cyclo- laquelle s’ajoute la déclaration d’un numéro, d’un nom ou d’un
moteurs à deux roues lorsque l’obligation d’immatriculation les domicile autre que le sien ou celui du propriétaire, constitue un
concernant entrera en vigueur (V. supra, no 381). délit puni comme l’usage de fausses plaques.
425. Les remorques agricoles non attachées à une exploita- 428. Le fait, pour l’acquéreur d’un véhicule, de tarder à chan-
tion et dont le poids total autorisé en charge est supérieur à 1,5 ger les plaques d’immatriculation à la suite d’une transaction im-
tonne, ainsi que toute autre remorque dont le poids total autori- pliquant ce changement constitue le délit d’usage de fausses
sé en charge dépasse 500 kilogrammes, de même que les se- plaques (Cass. crim. 3 févr. 1987, Jur. auto 1989.98).
mi-remorques, doivent être munies d’une plaque d’immatricula-
tion à l’arrière. Pour les autres remorques, elles doivent avoir 429. Enfin, la mise en circulation d’un véhicule muni d’une
une plaque d’immatriculation, à l’arrière, reproduisant le numéro plaque ou d’une inscription ne correspondant pas à la qualité

mai 2004 - 53 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

de ce véhicule ou à celle de l’utilisateur est punie des mêmes SECTION 2


peines que les délits précédents. Ces infractions sont donc très
Poids et dimensions des véhicules.
sévèrement sanctionnées. Il s’agit des peines les plus lourdes
prévues par le code de la route.
ART. 1er. – POIDS DES VÉHICULES.

430. Le tribunal qui déclare le simple conducteur d’un véhicule 438. Le poids à vide d’un véhicule s’entend du poids du véhicule
coupable de contravention aux prescriptions réglementaires en ordre de marche comprenant le châssis avec les accumula-
concernant les plaques d’immatriculation justifie sa décision teurs, les réservoirs remplis, la carrosserie, les équipements nor-
puisque l’infraction peut être reprochée à toute personne quelle maux, les roues et les pneus de rechange et l’outillage courant
que soit sa qualité (Cass. crim. 9 juill. 1997, no G.96-663/PF, normalement livrés avec le véhicule.
inédit).
439. Le poids total autorisé en charge (PTAC) est le poids fixé
par le service chargé de la réception et qui figure sur la carte
431. Les plaques d’immatriculation doivent répondre aux exi- grise du véhicule.
gences de dimension et d’homologation fixées par les arrêtés
des 15 avril et 1er juillet 1996 (in Code de la route Dalloz). Le 440. Le poids total roulant autorisé (PTRA) d’un véhicule articu-
fait d’avoir des plaques d’immatriculation ne correspondant pas lé, d’un ensemble de véhicules ou d’un train double est le poids
à ces exigences ou d’avoir des plaques d’immatriculation mal fixé par le service chargé de la réception et qui figure sur le cer-
entretenues constitue une contravention de troisième classe. tificat d’immatriculation.

441. Il est interdit de faire circuler un véhicule dont le poids réel


dépasse le PTAC. Il est également interdit de faire circuler un
ART. 2. – PLAQUE CONSTRUCTEUR. ensemble de véhicules, un véhicule articulé ou un train double
dont le poids réel dépasse le poids total roulant autorisé.
432. Les véhicules à moteur, à l’exception de certains petits vé- 442. Les limites de poids des véhicules sont rappelées dans le
hicules agricoles, doivent être munis d’une plaque, dite « plaque tableau ci-dessous :
constructeur ». Cette plaque doit comporter le nom, la marque
ou le symbole du constructeur, le type et le numéro d’identifi- Véhicule Largeur maximale
cation ou d’ordre du véhicule, ainsi que les caractéristiques de Véhicules avec 2,60 m
poids du véhicule. Les plaques pour les cyclomoteurs, tricycles superstructures à parois
et quadricycles à moteur, ainsi que celles des motocyclettes, épaisses pour le transport
doivent comporter, outre le nom du constructeur, la marque de de marchandises sous
réception, le numéro d’identification, le niveau sonore à l’arrêt et température dirigée
le régime moteur correspondant.
Véhicules à traction animale 2,95 m
dont la carrosserie ou les
433. De plus, les véhicules de transport de marchandises d’un
garde-boue ne surplombent
poids total autorisé en charge de plus de 12 tonnes, ainsi que
pas les roues
les remorques d’un poids total autorisé en charge de plus de 10
tonnes, doivent comporter une plaque dite « plaque relative aux Motocyclettes, tricycles 2 m
dimensions ». Celle-ci, outre les mentions de la plaque construc- et quadricycles à moteur,
teur, doit indiquer les caractéristiques de dimension du véhicule. cyclomoteurs à trois roues
Cyclomoteurs à deux roues 1 m
434. L’indication du type et le numéro d’ordre dans la série du
type ou le numéro d’identification du véhicule doivent être frap- Autres véhicules ou parties 2,55 m
pés à froid afin d’éviter les falsifications. de véhicules

435. Tous les véhicules à moteur et les remorques d’un poids 443. Le poids des remorques attelées derrière un véhicule trac-
total autorisé en charge de plus de 3,5 tonnes, ainsi que tous les teur ne peut dépasser 1,3 fois le poids réel de celui-ci. Ce coef-
véhicules de transport de marchandises, à l’exception des vé- ficient est majoré dans le cas où le poids total roulant d’un en-
hicules automoteurs agricoles, doivent également porter en évi- semble constitué d’un véhicule tracteur et d’une remorque est
dence, pour un observateur placé à droite, l’indication du poids supérieur à 32 tonnes (V. C. route, art. R. 312-3). Le poids to-
à vide, du poids total autorisé en charge et du poids total roulant tal en charge des remorques des motocyclettes, des tricycles et
autorisé, ainsi que celle de la longueur, de la largeur et de la sur- des quadricycles à moteur, des cyclomoteurs ne peut dépasser
face maximales. 50 % du poids à vide du véhicule tracteur.

444. Sur les véhicules comportant plus de deux essieux, la


436. Enfin, les véhicules ou matériels agricoles ou forestiers charge de l’essieu le plus chargé ne doit pas dépasser certaines
attachés à une exploitation agricole, à une entreprise de travaux valeurs fixées à l’article R. 312-6 du code de la route en fonction
agricoles, à une coopérative d’utilisation de matériel agricole ou de la distance séparant deux essieux consécutifs.
à une exploitation forestière, doivent être munis d’une plaque
d’identité portant un numéro d’ordre, fixée en évidence à l’arrière 445. Le non-respect de l’une des dispositions concernant les
du véhicule. poids des véhicules ou de la charge par essieu constitue une
contravention de quatrième classe. Toutefois, si le dépassement
excède 20 %, il s’agit alors d’une contravention de cinquième
437. Toute infraction aux dispositions concernant les diverses classe pour laquelle la récidive est prévue. Un dépassement de
plaques mentionnées ci-dessus est punie de l’amende prévue 5 % du poids autorisé permet une mesure d’immobilisation du
pour les contraventions de quatrième classe. véhicule.

Rép. pén. Dalloz - 54 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

ART. 2. – DIMENSIONS DES VÉHICULES. · Autobus ou autocar à plus · 15m


de deux essieux
446. Les largeurs maximales des véhicules sont rappelées dans
le tableau suivant : · Remorque (non compris le · 12 m
dispositif d’attelage)
Véhicule Largeur
maxi- · Semi-remorque · 12 m entre le pivot
male d’attelage et l’arrière de
la semi-remorque
· Véhicules avec superstructures à parois · 2,60 m
épaisses pour le transport de marchandises · 2,04 m entre l’axe du pivot
sous température dirigée d’attelage et d’un point
quelconque de l’avant de
· Véhicules à traction animale dont la carrosserie · 2,95 m la semi-remorque
ou les garde-boue ne surplombent pas les roues
· Véhicule articulé · 16,5 m
· Motocyclettes, tricycles et quadricycles à ·2m
moteur, cyclomoteurs à trois roues · Autobus ou autocar articulé · 18,75m
· Cyclomoteurs à deux roues ·1m · Autobus articulé comportant · 24,5 m
plus d’’une section articulée
· Autres véhicules ou parties de véhicules · 2,55 m
· Train routier, train double · 18,75 m
447. Les longueurs maximales des véhicules sont rappelées
Véhicule ou matériel de · 15m
dans le tableau suivant. Le décret no 2003-468 du 28 mai 2003
travaux publics
relatif à la longueur des véhicules et modifiant le code de la
route (JO 31 mai) a quelque peu modifié les dispositions des Ensemble de véhicules ou de · 22m
articles R. 321-11 et R. 312-14 du code de la route. La longueur matériels de travaux publics
maximale des autobus ou autocars à deux essieux à été por-
tée à 13,50 m et celle des autobus ou autocars à plus de deux · Autres ensembles de · 18 m
essieux à 15 m. En revanche, pour les ensembles formés par véhicules
· 18,75 m pour les
un autobus ou un autocar et sa remorque, la longueur maximale
ensembles formés par
a été ramenée à 18,75 mètres au lieu de 20 m. Celle des en-
un autobus ou un autocar
sembles formés par un véhicule remorqueur et un autobus en
et sa remorque
panne ou accidenté a été portée à 30 m (au lieu de 26 m). Si
ces ensembles comportent plus d’une section articulée la lon-
gueur peut dorénavant atteindre 36 m (au lieu de 34,5 m) : 448. Des dispositions particulières sont prises pour les trains
doubles et les trains routiers, ainsi que pour les ensembles
Véhicule Longueur maximale
formés par un véhicule remorqueur et un véhicule en panne
· Motocyclette, tricycle à · 4 m (C. route, art. R. 312-12 à R. 312-14).
moteur, quadricycle à moteur,
cyclomoteur 449. Toute infraction aux dispositions concernant les dimensions
des véhicules est sanctionnée d’une contravention de quatrième
· Véhicule à moteur · 12 m classe. Toutefois, si le dépassement excède les limites régle-
mentaires de plus de 20 %, la sanction est élevée à une contra-
· Autobus ou autocar à · 13,5m
vention de cinquième classe, pour laquelle les dispositions de la
deux essieux
récidive sont applicables.

CHAPITRE 3
Transports exceptionnels.

SECTION 1re délivrée par le préfet du département du lieu de départ ou du dé-


partement d’entrée en France. Elle est délivrée pour l’ensemble
Transports exceptionnels de marchandises, du parcours après accord des préfets dont le département est
d’engins ou de véhicules. traversé. Elle peut être délivrée pour plusieurs voyages. Le pré-
fet peut également délivrer des autorisations individuelles per-
450. Il peut être nécessaire dans certaines circonstances de manentes valables pour une durée déterminée par lui mais qui
faire circuler sur les voies ouvertes à la circulation publique des ne peut dépasser cinq ans. Le décret no 2002-505 du 8 avril 2002
véhicules dont les dimensions ou le poids dépassent les limites (JO 13 avr.) a légèrement modifié les règles relatives au certifi-
réglementaires (V. supra, no 438 et s.) fixées par le code de cat d’immatriculation des véhicules de transports exceptionnels,
la route. Cette circulation est soumise à autorisation préalable. lequel ne supportera plus qu’un signe distinctif, une mention spé-
Cette autorisation de transports exceptionnels peut être délivrée ciale ou une mention spéciale complémentaire dont les caracté-
pour quatre types de véhicule : les véhicules ou matériels agri- ristiques ont été fixées par arrêté du 2 avril 2003 relatif à la ré-
coles ou de travaux publics, les ensembles forains comprenant ception des véhicules de transport exceptionnel (JO 15 avr.).
une remorque, les véhicules ou engins spéciaux et, surtout, les
véhicules à moteur ou remorques transportant ou destinés au 451. La notion de charge indivisible, qui est à la base de l’auto-
transport de charges indivisibles. L’autorisation de circulation est risation de transport exceptionnel, est définie à l’article R. 433-1

mai 2004 - 55 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

du code de la route. Il s’agit d’une charge qui ne peut, aux fins de les départements limitrophes à condition que des mesures simi-
transport par route, être divisée en plusieurs chargements sans laires aient été arrêtées dans ces départements.
frais ou risque de dommages importants et qui ne peut, du fait
de ses dimensions ou de sa masse, être transportée par un vé- 454. Les sanctions pour le non-respect de ces réglementations
hicule dont les dimensions ou la masse respectent elles-mêmes sont identiques à celles applicables aux transports exceptionnels
les limites réglementaires. Cette notion, malgré cette définition, soumis à autorisation individuelle.
reste vague lorsqu’une charge est en soi divisible, mais soit en 455. Les transports exceptionnels de marchandises ne sont pas
risquant de l’endommager, soit en occasionnant des frais im- autorisés sur autoroute, sauf dérogation accordée par le préfet.
portants, le montant des frais qualifiés d’importants ne pouvant, Il en est de même sur l’ensemble du réseau routier du same-
bien sûr, pas être fixé à l’avance par la réglementation. Cette di ou veille de jour férié à 12 h jusqu’au lundi ou lendemain de
notion de charge indivisible est donc soumise à l’appréciation jour férié à 6 h. Des dérogations peuvent être accordées en cas
des tribunaux administratifs. Dans les faits, il s’agit bien souvent de nécessité absolue et compte tenu de circonstances locales.
d’une négociation avec les directeurs départementaux de l’Équi- Les transports exceptionnels sont également soumis aux inter-
pement qui sont chargés d’instruire ces dossiers, ce qui repré- dictions de circulation applicables au transport de marchandises
sente d’ailleurs pour ces services un volume de travail important. et de matières dangereuses définies chaque année par le mi-
nistre de l’Intérieur et celui des Transports. Enfin, ils ne peuvent
452. Les travaux de codification ont profondément modifié le ré- circuler ni sur les itinéraires où sont installées des barrières de
gime des sanctions applicables au non-respect de la réglementa- dégel, ni par temps de neige, de verglas ou de visibilité insuf-
tion applicables aux transports exceptionnels. En effet, il n’existe fisante. Le non-respect des interdictions est sanctionné d’une
plus aujourd’hui qu’une sanction spécifique, celle de ne pas res- contravention de quatrième classe et l’immobilisation du véhi-
pecter les prescriptions de l’autorisation préfectorale. Cette in- cule peut être prescrite.
fraction, qui peut être reprochée à toute personne, constitue une
contravention de quatrième classe, devenant une contravention SECTION 2
de cinquième classe lorsque l’infraction concerne le poids, la
charge par essieu ou les dimensions du chargement et que le Transports exceptionnels de personnes.
dépassement est d’au moins 20 %. La récidive de cette contra-
456. Certains projets, comme celui relatif à la desserte du
vention de cinquième classe est prévue. Lorsque le conduc-
Mont-Saint-Michel, prévoient l’utilisation, pour le transport de
teur ne respecte pas les dispositions de l’arrêté préfectoral ou
personnes, de véhicules ne respectant pas les limites régle-
ne peut présenter l’autorisation de transport exceptionnel, le vé-
mentaires. Il était donc nécessaire de prévoir une possibilité
hicule peut être immobilisé. Il n’y a donc pas d’infraction, à pro-
de dérogation comme pour les transports de marchandises.
prement parler, de défaut d’autorisation de transport exception-
L’article R. 433-7 du code de la route dispose donc que, lorsque
nel, comme c’était le cas auparavant. En effet, si un véhicule
des besoins locaux spécifiques de transport de personnes le
ne respectant pas les limites réglementaires en ce qui concerne
justifient, notamment du fait de l’affluence du public et des ca-
le poids ou les dimensions circule sans autorisation de transport
ractéristiques géographiques du lieu, le préfet peut autoriser la
exceptionnel, c’est la réglementation générale qui s’applique et
circulation de véhicules spécifiques ne respectant pas les limites
des infractions aux dimensions ou aux poids autorisés peuvent
réglementaires. Cette disposition est également utilisée pour
être relevées.
des véhicules de transport en commun en milieu urbain. Sous
le contrôle du juge administratif, le préfet doit donc vérifier qu’il
453. Il existe également une catégorie particulière de transports existe des besoins locaux spécifiques et que la configuration
exceptionnels visant à répondre à des besoins locaux perma- des lieux justifie une disposition particulière.
nents. Il ne s’agit plus alors de délivrance d’une autorisation indi-
viduelle de transports exceptionnels, mais d’une réglementation 457. Le fait, pour toute personne, de ne pas respecter les dispo-
prise par le préfet pour permettre en permanence la circulation sitions de l’autorisation préfectorale, est puni de l’amende pré-
de certains véhicules ne respectant pas les limites réglemen- vue pour les contraventions de quatrième classe, devenant une
taires. Ces dispositions peuvent s’appliquer aux pièces indivi- contravention de cinquième classe lorsque l’infraction concerne
sibles de grande longueur, aux bois en grume, aux machines, le poids, la charge par essieu ou les dimensions du chargement
instruments et ensembles agricoles, aux matériels et engins de et que le dépassement est d’au moins 20 %. La récidive de
travaux publics, aux ensembles forains et aux conteneurs. Cette cette contravention de cinquième classe est prévue. Lorsque le
réglementation n’est évidemment applicable que dans le dépar- conducteur ne respecte pas les dispositions de l’arrêté préfecto-
tement du préfet qui a pris la réglementation. Toutefois, pour ral ou ne peut présenter l’autorisation de transport exceptionnel,
les besoins de l’exploitation, le déplacement peut se faire dans le véhicule peut être immobilisé.

INDEX ALPHABÉTIQUE
Accident 120 s., 411 s. Agglomération 22. – éthylotest 321. Ambulance (Priorité) 267 s.
– délit de fuite 122s. Ajournement de peine 165 s. – rétention (permis de conduire) 155 s Amende forfaitaire 47., 105 s.
– experts en automobile 418 s. Alcool 310 s. . V. ce mot. Amnistie 118 s.
– mise en danger d’autrui 128 s. – contravention 335. – sanctions (conduite sous état al- Annulation (Permis de conduire)
– obligation : de porter secours – délit 338. coolique ou état d’ivresse) 337 s. : 178 s.
120 s. ; de s’arrêter 120 s. – état alcoolique 312 s. : analyse de garde à vue 344 s. – conduite malgré une (sanction)
– statistiques 1 s. contrôle 330 s. ; contrôle par éthy- – seuils (concentration dans le sang) 192 s .
– véhicule : économiquement irrépa- lomètre 335 s. [refus (rétention) 337 s . – durée 183 s.
rables 415 s. ; gravement accidenté 155 s.] ; dépistage 314 s. ; impré- – statistiques (infractions) 2. – examen médical 186.
412 s. gnation alcoolique 314 s. ; prise de – suspension (permis de conduire) – exécution provisoire 189 s.
Accompagnateur (Apprentissage) sang 330 s. ; vérifications (preuve) 160 s., 171 s. V. ce mot. – judiciaire 178.
67. 322 s. [refus (sanction) 324]. – vente de boissons alcoolisées 346. – peine complémentaire 179.
Agents habilités (Contrôle) 68 s. – état d’ivresse 312 s. – visite médicale 152 s. – de plein droit 180 s.

Rép. pén. Dalloz - 56 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

– préfectorale 178. Commettant 49 s. Délégué interministériel à la sécuri- – dimanche 26.


– récidive 180. Commission de suspension du per- té routière (DISR) 4 s. – immobilisation 36.
– relèvement 192 s. mis de conduire 157, 161 s. Délit – information 32, 36.
Apprentissage de la conduite 144 s. Comportement du conducteur (Ac- – de fuite 122 s. – jour férié 26.
– auto-école 146. cident) 120 s. – ordonnance pénale 103 s. – maire 31.
– conduite accompagnée 147. V. Accident (Comportement du Délivrance (Permis) 148. – marchandise 31.
– contrôle pédagogique 147. conducteur). Dimensions des véhicules 446 s. – matériel agricole 38.
– leçon de conduite 144. Composition pénale 168. Distances de sécurité 305 s. – matière dangereuse 27 s.
– livret d’apprentissage 144 s. Condamnations (Statistiques) 2. Documents à présenter (Contrôle ) – motocross 31.
– sanction 145. Conducteur 79 s. – peine 30.
– vitesse (limite) 146. – consignation 47. Domaine 21. – piéton 38.
Arrêt et stationnement 356 s. – contravention 46. Douanes (Priorité) 267 s. – poids lourd 26, 31.
– dangereux gênant ou abusif 369 s . – cumul des peines 46. Droit de conduire 134 s. – pollution 34.
– dispositions générales 356 s . – identification 44. Élève conducteur 67, 144 s., 285, – pont 34.
– responsabilité du propriétaire (pré- – immatriculation 44 s. 319. – préfet 28.
somption) 51 s., 55. – photographie 44 s. Enfant (Système de retenue) 251 s. – président du Conseil exécutif de
V. La rubrique Stationnement et ar- – pneumatique 46. Entrave à la circulation 12 Corse 31.
rêt de véhicule. – preuve 43 s. V. La rubrique stationnement et ar- – président du Conseil général 31.
Arrêté préfectoral 161 s. – propriétaire 44. rêt de véhicule. – samedi 26.
Assurance 58 s., 404 s. – responsabilité pénale (principe) Équipement (Utilisateurs) 251 s. – sanction 30, 32, 38.
– défaut (délit) 407 s. 42 s. : atténuations 48 s. ; commet- – ceinture de sécurité 251 s . – temporaire 28.
– justification 84. tant 49 s. ; préposé 49 s. ; proprié- – port du casque 255 s. – tracteur 38.
Attestation scolaire 228 s. taire du véhicule . V. ce mot. – système de retenue pour enfant – transporteur 31.
Auto-école 146. – vie privée 45. 251 s . – trolleybus 37.
Autobus articulés 37. – visite médicale 150 s. État alcoolique Intérêt général
Autoroute 24, 38. V. Propriétaire (Véhicule), Respon- V. Alcool. – travail d’ 169 s.
Baladeur 282. sabilité pénale. Éthylomètre 155 s., 335 s. – véhicule d’ 267 s. : avertisseur 272 ;
Barrières de dégel 34. Conduite Étranger 141 s., 177. facilité de passage 271 ; militaire
Brevet – accompagnée 144 s. Excès de vitesse 283 s. 273 ; prioritaire 268 s.
– militaire de conduite 226 s. – apprentissage 144 s. V. Vitesse. Intersections 259 s.
– de sécurité routière 231 s . – illégale : malgré interdiction (déli- Exécution provisoire 189 s. Ivresse
vrance, rétention, suspension, an- Experts en automobile 418 s. V. Alcool.
Carte grise
V. Certificat d’immatriculation. nulation du permis) 202 s. ; permis Exploitant d’un véhicule de trans- Législation 7 s.
non valide 201 ; sans permis 198 s port routier 66. – code de la route. V. ce mot.
Casier judiciaire 92 s.
. Feux de signalisation 249 s. – pouvoirs de police de la circulation.
Casque 255 s.
– leçon de 144 s. Fichier 85 s., 93. V. ce mot.
Cédez-le-passage 260.
– règle de 233 s. – casier judiciaire 92 s. V. La ru- Ligne longitudinale 246 s.
Ceinture de sécurité 251 s.
Conduite sous influence 309 s. brique du même nom. – continue 246.
Centre commercial 17.
– alcool 310 s. V. ce mot. – central des automobiles 86. – discontinue 247.
Certificat d’immatriculation
– médicaments 353 s. – national des immatriculations 87 s. : – franchissement 246 s.
– changement : de domicile 387 ; de – plantes 347 s. infraction 88. Location (Véhicule) 53.
propriétaire 385. – stupéfiants 347 s. : délit 349 s. – national du permis de conduire Lotissement 17.
– coupon détachable 385. Confiscation 106. 89 s. : communication 90 ; efface- Lutte contre la pollution 36.
– défaut (sanction) 384. Conseil général 23. ment 89 ; infraction 91 ; permis à Maire 21 s.
– deux roues 382. Conseil national de la sécurité rou- points 89. Maîtrise (Défaut) 276 s.
– fiscalité 383. tière 6. File 246 s. Marques sur la chaussée 245 s.
– opposition au transfert 394 s. Consignation 46. Formation – ligne longitudinale 246 s. V. ce
– personne morale 53. Constructeur (Plaque) 432 s. V. Apprentissage de la conduite. mot.
– photocopie 81. Contravention 107 s. Fourrière 99 s. Médicaments 353 s.
– présentation 81 s. – amende forfaitaire 110 s. Gare 17. Ministère public 115 s.
– provisoire (W ou WW) 389 s. – ordonnance pénale 108 s. Gendarmerie (Priorité) 267 s. Ministères 5, 26.
– titulaire 51 s. – tableau récapitulatif 114. Gendarmerie nationale 4 s. Mise en danger d’autrui 128 s.
Champ juridique 3 s. Contrôle Greffe 168. Mise en fourrière 99 s.
Changements de direction 261 s. – judiciaire 166 s. Haut-de-Seine 23. Mort 2.
Chemin 16. – routier. V. ce mot. Île-de-France 23. Obligation de porter secours 120 s.
Cinémomètre 292 s. – technique 56, 397 s. Immatriculation 44 s., 380 s. Omission de porter secours 120 s.
– contestation 292 s. Contrôle routier 68 s. – certificat d’. V. ce mot. Ordonnance pénale 103 s.
– homologation 292. – agent de police judiciaire (APJ) 69. – plaque d’ 423 s. PALOMAR (Plan) 24.
– marge d’erreur 293. – agents habilités 68 s. Immobilisation 94 s., 158. Panneaux de signalisation 238 s.
– obligation d’utilisation (non) 296. – confiscation 101. – administrative 95. – catégories 238 s.
– preuve de la vitesse par d’autres – documents à présenter 79 s . – obstacle 95. – circulaire 240.
moyens 296 s . – fichier 85 s., 93 : casier judiciaire – peine complémentaire 98. – couleur 239 s.
– temps de pluie 294. 92 s. ; central des automobiles 86 ; Influence – danger 239.
– vérification 292. national des immatriculations 87 s. ; – conduite sous. V. ce mot. – indication 242.
V. La rubrique Vitesse. national du permis de conduire 89 s. Interdiction – interdiction 240.
Circulation – fonctionnaire 69. – de circulation. V. Restriction (Cir- – intersection 241.
– interdiction, restriction 26 s. V. In- – immobilisation 94 s. culation), V. Interdiction . – obligation 240.
terdiction, restriction (Circulation). – législation 69 s. – de conduire certains véhicules – prescription absolue 240.
Code de la route 7 s. – mise en fourrière 99 s. 159 s., 166 s. – priorité 241.
– champ d’application 7 s. : course de – officier de police judiciaire (OPJ) 69. – de délivrance (permis de conduire) – triangulaires 239.
véhicules 12 ; entrave à la circula- – police : judiciaire 69 ; municipale 187 s. : conduite malgré une (sanc- V. Signalisation routière.
tion 12 ; propriété privée 11 ; territo- 70 ; nationale 69. tion) 202 s. ; durée 188 ; exécution Paris 22 s.
riale 10 s. – procès-verbal 75 s. provisoire 189 s. ; peine 187 ; relè- Parking 17.
– jurisprudence (Cour de cassation) – simple renseignement 76. vement 192 s. Passage des ponts 35.
9. – transport terrestre (contrôle) 73. Interdiction, restriction (Circulation) Peines 169 s.
– partie législative 9 s. Convention européenne des droits 26 s. – complémentaire 171 s., 179, 187 s .
– partie réglementaire 13 s. de l’homme 45, 54. – animal 38. – cumul 46.
– voie privée, publique (distinction). Course de véhicules 12. – arrêté ministériel 26. – mise à exécution 196.
V. ce mot. Cumul de peines 46. – autobus articulé 37. Permis de conduire 134 s.
Collectivité territoriale 20 s. Cyclomoteur 38, 381. – autoroute 38. – annulation 178 s., 202 s.
Comité interministériel de la sécu- Défaut de maîtrise 276 s. – barrière de dégel 34. – apprentissage de la conduite 144 s.
rité routière (CISR) 4 s. Définition 3. – cyclomoteur 38. – BEP (routier) 140.

mai 2004 - 57 - Rép. pén. Dalloz


CIRCULATION ROUTIÈRE

– brevet militaire de conduite 148, Pouvoirs de police de la circulation – stationnement 51. Stage de sensibilisation à la sécu-
226 s . 20 s. – vitesse 60 s. rité routière (Peine) 127, 198, 223,
– CAP (routier) 140. – agglomération 22. Propriété privée 11 s. 288.
– catégorie 136. – autobus articulés et trolleybus 37. Radar 292 s. Stationnement 51, 369 s.
– Communauté européenne 141 s . – autoroute 24. V. Cinémomètre. V. Arrêt et stationnement et la ru-
– conduite : illégale. V. ce mot ; sans – barrières de dégel 34. Réception des véhicules 374 s. brique Stationnement et arrêt de vé-
198. – collectivité territoriale 20 s., 31. Redevabilité pécuniaire (Titulaire de hicule.
– contrôle judiciaire 166 s. – Conseil général 23, 31. la carte grise) 59 s. Statistiques 1 s.
– définition 134. – domaine 21. – exonération 62 s. Stop 259.
– dispenses 134 s. – Haut-de-Seine 23. – infractions concernées 61. Stupéfiants 347 s.
– équivalences 139 s. – Île-de-France 23. Région parisienne 23. – conduite sous influence (délit) 349 s
– Espace économique européen – interdiction (circulation) 26 s. V. In- Règles de conduite 233 s. .
141 s . terdiction, restriction (Circulation). – changement de direction 261 s. – étude épidémiologique 347.
– exécution provisoire 189 s. – interdictions et restrictions de circu- – intersection 259 s. – pénalisation 349 s.
– immobilisation 158. lation 26 s. : sur autoroute 38. – priorité. V. ce mot. Sursis 169 s.
– interdiction : de conduire certains – maire 21 s., 31. Relèvement 164, 192 s. Suspension (Permis de conduire)
véhicules 159 s., 202 s. ; interdiction – PALOMAR (Plan) 24. – délai 195. 159 s., 171 s.
de délivrance 187 s., 202 s. ; de – Paris 22 s. – procureur de la République (exécu- – administrative 159 s.
solliciter un nouveau permis 182. – passage des ponts 35. tion de la peine) 196. – arrêté préfectoral 162 s. : motiva-
– nature 134 s. – petite couronne (Paris) 23. Responsabilité pécuniaire 59 s. tion 163.
– obligation 134 s. – plan neige 24. Responsabilité pénale 39 s. – atteinte à la vie et à l’intégrité phy-
– pays étrangers 141 s. – pollution (lutte) 36. – accompagnateur de l’élève conduc- sique 160.
– à points 208 s. V. La rubrique, Per- – préfet 21 s., 31 : de police (Paris) teur 67. – commission de suspension du per-
mis à points : reconstitution 219 s. ; 22. – auteur 54. mis de conduire 161 s.
réduction 211 s. ; restitution 223 s. – président du Conseil exécutif de – civile, administrative (responsabili- – conduite malgré une (sanction)
– probatoire 208. Corse 23, 31. té, distinction) 39. 202 s .
– refus de délivrance 148 s. – président du Conseil général 23, – commettant 49 s. – étranger 177.
– relèvement 192 s. 31. – conducteur (principe) 42 s. – exécution provisoire 189 s.
– restriction de validité 148 s. – principes généraux 20 s. V. Conducteur : atténuations 48 s. – judiciaire 171 s.
– rétention 155 s., 202 s. V. ce mot. – région parisienne 23. – exonération 54. – peine complémentaire 171 s. : du-
– statistiques 1 s. – restriction (circulation) 26 s. V. In- – exploitant d’un véhicule de trans- rée 172 s.
– suspension 159 s., 202 s. : ad- terdiction, restriction (Circulation). port routier 66. – préfet 159 s.
ministrative 155 s. ; ajournement – Rhône (Vallée du) 24. – force majeure 54. – relèvement : peine 192 s. ; sus-
169 s. ; composition pénale 168 ; – Seine-Saint-Denis 23. – identification 54. pension administrative (non) 164.
peine complémentaire 171 s. ; – service de la voirie 25. – urgence 162.
– location 53.
remise du permis de conduire au – signalisation routière 25., 235, 243 . Système de retenue pour enfant
– personne morale 53.
greffe 168 ; sursis 169 s. ; suspen- – Val-de-Marne 23. 251 s.
– présomption 54.
sion judiciaire 171 s. ; travail d’inté- – vitesse 22 : zone 30 km/h 22. Tableaux récapitulatifs
– propriétaire du véhicule 51 s. : res-
rêt général 169 s. – voie (nature) 21.
ponsabilité pécuniaire 59 s. – amende forfaitaire 114.
– véhicule : agricole 138 ; militaire – zone piétonne 22.
V. Répertoire de droit civil. – consignation 46.
139. Préfet 21 s.
Restriction – distances de sécurité 305.
– visite médicale 150 s. – annulation (permis de conduire)
– de circulation 26 s. – largeur maximale des véhicules
V. La rubrique Permis à points. 178.
– de validité du permis 143 s. 446.
Petite couronne (Paris) 23. – certificat d’immatriculation 381 s.,
Rétention (Permis de conduire) – longueur maximale des véhicules
Photographie (Constatation) 44 s., 388 .
155 s., 202 s. 447.
59 s. – de police (Paris) 22.
– commission de suspension du per- – poids limite des véhicules 442.
– force probante 76, 299. – refus (permis de conduire) 148 s.
mis de conduire 157. Téléphone portable 282.
– restriction (permis de conduire)
Piéton 18, 265 s. – conduite malgré une (sanction) Titres de conduite
148 s .
– priorité 265 s. 202 s . – attestation scolaire 228 s.
– suspension (permis de conduire)
– régulièrement engagé 266 . – durée 157. – brevet : militaire de conduite 226 s. ;
159 s.
– zone piétonne 22. – état alcoolique 155 s. de sécurité routière 230 s.
– visite médicale 150 s.
Plan neige 24. – éthylomètre (refus) 155 s . – permis de conduire. V. ce mot.
Président du Conseil général 23.
Plantes 347 s. – immobilisation du véhicule 158. Transport
Présomption 42 s., 48 s.
Plaque 422 s. Preuve 44 s., 64, 75 s. – sanction 158. – en commun 151.
– constructeur 432 s. Priorité 233 s., 257 s. Rhône (Vallée du) 24. – exceptionnel 450 s. : de marchan-
– d’immatriculation 423 s. : change- – changements de direction 261 s. Sécurité routière 1 s. dises, d’engins ou de véhicules
ment de propriétaire 428 ; circula- – à droite 257 s. – champ 3. 450 s. ; de personnes 456 s.
tion sans 427 ; fausse 426 ; véhicule – due aux piétons 265 s. – Comité interministériel de la sécuri- – routier 66, 151.
concerné 423 s. – due aux véhicules d’intérêt général té routière (CISR) 4 s. – visite médicale 150 s.
Poids des véhicules 438 s. 267 s. – Délégué interministériel à la sécuri- Travail d’intérêt général 169 s.
– poids total autorisé en charge – intersections : cédez-le-passage té routière (DISR) 4 s . Trolleybus 37.
(PTAC) 439 s. 260 ; stop 259. – pouvoirs publics (organisation) 4 s. Unité mobile hospitalière (Priorité )
– poids total roulant autorisé (PTRA) Procès-verbal 75 s. – statistiques 2. 267 s.
440 s. Procureur de la République 196. – violences routières 3. Val-de-Marne 23.
– remorque 443. Propriétaire du véhicule 51 s. Seine-Saint-Denis 23. Véhicule 374 s.
– tableau récapitulatif 442. – arrêt (non) 55. Service de la voirie 25. – accidenté 411 s. : économiquement
Police – assurance 58. Signalisation routière 25, 233 s. irréparable 416 s. ; experts en au-
– contrôle routier. V. ce mot. – auteur (identification) 54. – autorités compétentes 235. tomobile 418 s. ; gravement 412 s.
– pouvoirs de. V. ce mot. – certificat d’immatriculation 56. – claire et précise 243. – assurance 404 s.
– véhicule (priorité) 267. – contrôle technique 56. – feux de signalisation lumineux – contrôle technique 397 s.
Pollution 36. – exonération 54. 245 s. – dimensions 446 s.
Pompier (Priorité) 267 s. – location 53. – fondement 243. – dispositions administratives 374 s.
Port du casque 255 s. – personne morale 53. – marques sur la chaussée 245 s. – dispositions techniques 422 s.
Poursuites pénales 102 s. – photographie (constatation) 59. – normes internationales 234. – immatriculation 380 s.
– amende forfaitaire 105 s. – pluralité 53. – panneaux 238 s. V. ce mot. – d’intérêt général 267 s. : avertisseur
– amnistie 118 s. – présomption 51 s. : ConV. EDH – pouvoir de police 243. 272 ; facilité de passage 271 ; mili-
– commissaire de police 115 s. (compatibilité) 54. – principes généraux 233 s . taire 273 ; prioritaire 268 s.
– ministère public 115 s. – redevabilité pécuniaire 59 s . – rappel 233. – largeur 446.
– officier du ministère public 115 s . – responsabilité : pécuniaire 59 s. ; – respect 243. – de location 53.
– ordonnance pénale 103 s. pénale 51 s. – responsabilité pécuniaire (proprié- – longueur 447.
Pouvoir public (Organisation) 4 s. – signalisation 60 s. taire) 59 s. – maîtrise 276 s.

Rép. pén. Dalloz - 58 - mai 2004


CIRCULATION ROUTIÈRE

– opposition au transfert du certificat – cinémomètre 292 s. V. ce mot. – responsabilité pécuniaire (proprié- – gare 17.
d’immatriculation 394 s. – débridage (interdiction) 302. taire) 59 s. – lotissement 17.
– plaque 422 s. : construction 432 s. ; – défaut de maîtrise de la 276 s . – signalisation 289. – ouverte à la circulation : définition
d’immatriculation 433 s. – distances de sécurité 305 s . – tracteur agricole 304. 14 s. ; qualification (jurisprudence)
– poids 438 s. V. ce mot . – élève conducteur 285, 290. – transport en commun 303. 15 s.
– réception des véhicules 374 s. : – excès de vitesse 283 s. : délit – zone 30 km/h 22. – parking 17.
collection 379 ; communautaire 288 ; preuve 291 s. [cinémomètre . V. La rubrique du même nom. – piéton 18.
375 s. ; nationale 377 s. V. ce mot] [par tous moyens 296] ; Voie (Nature) 21. – voies ferrées (non) 19.
– statistiques 1 s. sanctions 287 s. Voie privée, publique (Distinction) Voies ferrées (non) 19.
Vie privée 45. – limitation 282 s. : du véhicule 11 s. Zone piétonne 22.
Violences routières 2. (construction) 301 s. – application du code de la route :
Visite médicale 150 s. – mise en danger d’autrui 128 s. partie législative 9 s. ; partie régle-
Vitesse 22, 274 s. – photographie 299. mentaire 13 s.
– agglomération 22. – preuve (charge de la) 64, 291 s. – centre commercial 17.
– brider 301 s. – radar 292 s. – chemin 16.

mai 2004 - 59 - Rép. pén. Dalloz

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