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Organisation affiliée à la Commission Internationale des Juristes (Genève), à la Fédération Internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), dotée du
statut d’observateur auprès de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (Banjul) et membre du Réseau OMCT/SOS Torture – Email :
asadhokin@yahoo.fr, Blog : asadho-rdc.org Site : www.asadho-rdc.org,
Introduction …………………………………………………………………………….. 3
f. Blessés……………………………………………………………………... 12
V. Recommandations ……………………………………………………………… 15
ABBREVIATIONS
INTRODUCTION
La mission a aussi observé les procès organisés par le Tribunal Militaire de Garnison
et la Cour Militaire de Mbandaka.
Par ailleurs, la mission a été empêchée, par des responsables militaires, de visiter le
cachot de la 3ème région militaire où il serait détenu une cinquantaine de personnes
soupçonnées soit d’appartenir aux combattants Enyele ou d’avoir collaboré avec
eux.
L’ASADHO remercie vivement toutes les autorités et personnes qui ont collaboré
avec sa mission durant son séjour à Mbandaka.
I. CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE
A. ORIGINE DU CONFLIT
B. SITUATION SOCIO-POLITIQUE
seulement que la SNEL la fournit de manière irrégulière, mais elle coûte chère. A
titre d’exemple, ceux qui habitent le centre ville paient des factures forfaitaires
variant entre 90 et 100 USD, tandis que ceux qui habitent la cité 56 USD, alors que le
revenu mensuel de la plupart des agents et fonctionnaires de l’Etat ne dépasse pas
60 USD.
L’ASADHO note que l’indifférence coupable de l’action de l’Etat face aux cris
d’alarme des populations et les frustrations nées de l’inaccessibilité de certains
citoyens aux services de base et l’impunité que jouissent les détourneurs des deniers
publics en province1 ont contribué à la cristallisation de ce conflit. Il s’y ajoute la
déstabilisation des institutions de la province de l’Equateur par certains membres de
la coalition des partis politiques au pouvoir. Cela s’est confirmé récemment avec la
destruction des bureaux de l’Assemblée provinciale et l’installation d’un nouveau
bureau, en violation de la constitution et du Règlement intérieur de ladite
Assemblée, et ce, avec le concours des services de sécurité2. Et contre toute attente,
les membres du nouveau bureau ont été reconnus avec empressement par les
autorités du Gouvernement central. Ainsi, le Président de la République, garant du
respect de la Constitution a, lors de sa dernière visite à Mbandaka, en ce mois
d’avril 2010, reçu les membres de ce nouveau bureau et pourtant élus et installés en
violation des lois de la République.
A ces faits récents, il faut ajouter les frustrations nées de toutes les arrestations et
détentions arbitraires (en 2008) de certains militaires et policiers originaires de
l’Equateur à cause soit de leur appartenance à cette province, soit de leurs liens
politiques ou amicaux, vérifiables ou supposés, avec le Président du MLC, M. Jean
Pierre BEMBA3.
Tous ces faits démontrent que certains animateurs des institutions de la République
ne sont pas étrangers, d’une manière ou d’une autre, à ce qui se passe dans cette
province.
1
Le vendredi 11 décembre 2009, le Bureau du Sénat a officiellement transmis au Premier Ministre le rapport de la
mission d’audit effectuée en novembre à l’Equateur par la Commission Lunda Bululu. Ce Rapport met en cause la
gestion calamiteuse des fonds publics par le Gouverneur Jean Claude Baende. Le Sénat a conclu, malgré l’obstruction
musclée opposée par le Gouverneur Jean Claude Baende à l’exécution de l’audit diligenté à Mbandaka, que celui-ci est
responsable pénalement, entre autres de détournement des fonds alloués aux entités territoriales décentralisées (ETD).
2
Dans la journée du mardi 30 mars 2010, les Députés provinciaux ont pu installer un nouveau Président par la force.
Ceci après avoir cassé les locaux de l’Assemblée provinciale. Cette crise est née entre la nouvelle majorité parlementaire
de cette assemblée provinciale, favorable à l’actuel Gouverneur Jean Claude Baende.
3
Lire à ce propos le Rapport annuel 2008 de l’ASADHO sur la situation des droits de l’homme en RDC.
7
soixante et faiblement armés, selon les témoignages. Après avoir évacué tous les
passagers, les combattants Enyele vont changer l’itinéraire du bateau en rentrant
vers Mbandaka. Lors de la prise du commandement du bateau, les Enyele ont
exécuté sommairement le gérant du bateau pour avoir tenté de résister à leurs
injonctions. Arrivé à Mbandaka vers 09 heures, le bateau a accosté au port Bankita et
les Enyele ont débarqué. Avant de franchir le poste, à l’arrivée, ils ont abattu
froidement M. Roger Mongata sans motif valable.
Arrivés à l’aéroport vers 10 heures, les Enyele l’ont, sans coup ferrure, occupé
durant toute la journée de dimanche 04 avril 2010 (de pâques). Ils n’avaient pas fait
usage d’armes lourdes de la MONUC, ni des FARDC trouvées sur place.
Quelques heures après, les FARDC, appuyées par les forces de la MONUC, ont
contrattaqué jusqu’à récupérer l’aéroport le lundi 05 avril 2010 vers 10 heures du
matin. De nombreuses familles étaient contraintes de réfugier soit à la Procure des
missionnaires catholiques, soit au Cercle de la BRALIMA, soit au Quartier général
de la MONUC, ainsi que dans les localités périphériques de Mbandaka notamment
à Iyonda, à près de 20 km. Ceux qui avaient fui les affrontements ont regagné leurs
habitations à partir du 06 avril 2010. Et dans la journée du mardi 13 avril 2010, le
touriste espagnol répondant au nom de Mario Sarsa, qui était pris en otage par les
combattants Enyele peu avant leur entrée à Mbandaka sur l’îlot nommé Nganda-
Kongo, situé à 150 Km à l’extrême Nord de Mbandaka, a été libéré par les militaires
des FARDC.
Il faut signaler que quatre vingt neuf détenus ont été aidés à s’évader de la Prison
centrale de Mbandaka par les combattants Enyele. Cette évasion risque d’augmenter
la criminalité dans la ville de Mbandaka.
Le 09 avril 2010, aux environs de 19 heures, un groupe de six policiers armés a fait
irruption au n° 9 de l’avenue Saint Esprit, quartier Bokotola, commune Wangata et y
ont violé deux femmes avant d’emporter des biens de valeur de la maison : un poste
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téléviseur ; un poste radio; un panneau solaire, des habits, des assiettes, deux
téléphones portable, et une somme d’argent de 300.000 franc congolais. La section
des droits de l’homme de la MONUC a aidé les victimes à recevoir des soins
médicaux.
B. EXECUTIONS SOMMAIRES
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Leur arrestation est intervenue après les affrontements survenus entre les FARDC et les Enyele dans la localité de
Lobengo, située à plus ou moins 175 km de Mbandaka.
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- Deux personnes que les FARDC avaient trouvé le 05 avril 2010 au Centre de santé
Mama wa Elikia, situé au croisement des avenues Bayera, Libération et Bayekoli,
quartier Mbandaka1, à coté de la maison communale de Mbandaka, ont été brulées
vives et publiquement par la population sous le nez des FARDC, qui les accusaient
d’appartenir au mouvement insurrectionnel Enyele.
Il est important de relever qu’il n’y avait jamais eu des combats entre les Enyele et
les FARDC à la Cité de Mbandaka lors de premiers progressions de ces derniers
vers l’aéroport. C’est pourquoi tous les témoignages recueillis attribuent les morts et
blessés enregistrés à la Cité de Mbandaka aux FARDC. Car les Enyele n’y sont
jamais passés. Ce qui laisse à croire que les FARDC n’avaient pas respecté les
principes du droit international humanitaires qui interdisent de diriger des attaques
vers les habitations civiles, car des cibles non militaires.
- M. Joël non autrement identifié, résidant sur l’avenue Salongo, quartier air
Congo dans la commune de Mbandaka, fut arrêté le 05 avril 2010, dans le
champ de riz situé dans le quartier Besenge, commune de Mbandaka,
pendant qu’il était entrain d’y labourer. En effet, il y fut surpris par des
militaires FARDC qui l’avaient accusé d’être insurgé Enyele. Il fut déshabillé
et trainé nu dans les rues avant d’être relâché après paiement de la somme de
5000 franc congolais.
- A Nganda Esobe, qui est situé dans le quartier Basoko, à bord du fleuve, dans
la nuit du lundi 05 au mardi 06/04/2010, M. Papy (qui a requis l’anonymat
pour son nom de famille), résidant sur l’avenue pêcheur a révélé aux
11
enquêteurs de l’ASADHO qu’il fut arrêté avec quelques écoliers qui venaient
de passer leurs examens, par des FARDC au motif qu’ils étaient en train
d’espionner l’Etat-major de la 3ème région militaire. La même personne a
déclaré à la mission avoir vu les militaires FARDC prendre deux groupes
respectivement de six personnes, dans la nuit du 05 avril 2010, et un autre de
dix-sept dans la nuit 06 avril et les amener à une destination inconnue, car
soupçonnées d’appartenir au mouvement des insurgés Enyele.
D. DISPARITION FORCEE
Les enquêteurs ont reçu plusieurs témoignages faisant état de personnes portées
disparues. C’est le cas de M. Bongeto Chirac, âgé de 26 ans, qui fut hospitalisé aux
Cliniques Universitaires de Mbandaka le 05 avril 2010 de suite des balles reçues à la
tête, et fut retiré de son lit d’hôpital dans la nuit 09 avril 2010 par des militaires des
FARDC qui l’accusaient d’être combattant Enyele et emmené à une destination
inconnue.
- Certains militaires FARDC ont pillé les installations de la MONUC lors des
affrontements le dimanche 04 avril. Parmi les biens pillés et volé par eux, il y a
des ordinateurs, des imprimantes, des chaises, des habits et autres matériels
de communication.
- Monsieur Willy Bakombele, père d’une grande famille, résidant sur l’avenue
Bwaka, n° 42, à Mbandaka1, commune de Mbandaka, fut visité le 05 avril
2010, vers 13 heures 30, par deux militaires FARDC, identifiés respectivement
sous les prénoms de Didier et Pitshou, et appartenant au camp Ngashi, qui le
menacèrent de le tuer. Comme il eut la possibilité de s’échapper et se cacher
chez les voisins, ses bourreaux s’étaient introduits dans sa maison où ils
emportèrent la somme de 500 USD et 200.000 FC que son fils Serge
Bakombela, étudiant en 2ème graduat de l’Université de Mbandaka, devait
aller payer à l’école pour ses études. La victime à déclaré aux enquêteurs de
l’ASADHO avoir demandé, sans succès, le secours auprès du colonel Code
Fort, commandant du groupe mobile d’intervention, par téléphone. La
victime a été aidée par les enquêteurs de l’ASADHO à déposer la plainte
contre lesdits militaires, depuis le 06 avril 2010, à l’auditorat de la Garnison
militaire de Mbandaka, avec copies pour information aux Gouverneur de
province, Commandant Région militaire, Redoc, Directeur de la DGM, Maire
de la ville. Mais jusqu’à ce jour aucune suite n’y est réservée.
F. BLESSES
Après les affrontements entre les FARDC et les Enyeles, plusieurs victimes de
blessures ont été enregistrées démontrant que les belligérants n’avaient pas pris des
dispositions pour épargner les civils des dommages. Plusieurs blessés ont été
constatés dans les grands formations médicales de Mbandaka, soit dix aux Centre
hospitalier Universitaire, dix à l’Hôpital général de Wangata, et quatorze dont six
Enyele à l’Hôpital militaire du camp Ngashi.
- Mlle Balangi, âgé de 3 ans, blessée par balle, et qui réside sur avenue
Yasanyama n° 12, quartier Mbandaka2, commune de Mbandaka ;
- M. Jean Louis Bondela, âgée de 37 ans, résidant au village Bamanya situé à
plus ou moins 7 Km de Mbandaka, marié et père d’une grande famille, blessé
par une balle;
- Mme Djema Mpembe, âgée de 33 ans, résidant sur avenue Nkunda, quartier
Mbandaka1, commune de Mbandaka, blessée par balle;
- M. Siluvangi Trésor, âgé de 30 ans, résidant au n°88 de l’avenue mbole,
quartier Mbandaka2, commune de Mbandaka, blessé par balle;
- M Liwenga, âgé de 31 ans, résidant au n° 3 de l’avenue potopoto, quartier
Basoko commune Mbandaka, blessé par balle;
- M. Tesie, âgé de 19 ans, il réside sur avenue Munji en face ISDR/Ville de
Mbandaka, il fut blessé par balle.
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Les blessés civils comme militaires sont internés dans les différentes formations
médicales et pris en charge depuis le dimanche 11 avril 2010, le jour que le Ministre
provincial de la Santé leur a rendu visite, par le Gouvernorat de province.
Après les affrontements, certains militaires ont été poursuivis, jugés et condamnés
devant le Tribunal de Garnison et la Cour Militaire de Mbandaka. Les accusés ont
bénéficié de l’assistance gratuite des Avocats commis d’office par le Bâtonnier du
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Barreau de Mbandaka et qui ont déclaré à l’ASADHO que les procès se sont
déroulés dans le respect des droits de la défense.
- Trois colonels Ngobo, Kabusa et Mulunda ont été poursuivis pour lâcheté devant
l’ennemi. Les deux premiers ont été condamnés à une année de prison avec sursis
de douze mois; et le dernier acquitté ;
- Le major Kabeya et treize policiers de la PIR ont été acquittés de l’accusation de
lâcheté devant l’ennemi.
Par ailleurs, l’ASADHO reste préoccupée par le sort de cinquante trois personnes,
arrêtées lors des affrontements du 04 au 05 avril, qui restent détenues à la base de
l’Etat major de la 3ème région militaire sans droit de recevoir visite des membres de
leurs familles, d’être présentées dans le délai légal devant une autorité judiciaire
compétente et d’obtenir l’assistance des conseils. Par contre, elle a salué la remise à
l’UNICEF, par les autorités militaires, de huit enfants combattants appréhendés lors
desdits affrontements.
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I. RECOMMANDATIONS
Au Gouvernement congolais :
- D’enquêter sur les faits imputés aux militaires FARDC et de déférer leurs auteurs
devant les juridictions compétentes ;
I. PRESENTATION DE L’ASADHO
Elle est animée par un Comité exécutif, au niveau national, composé de la manière
suivante :
MANDAT
Monitoring sur les violations des Droits de l’Homme (enquêtes sur les
allégations des Droits de l’Homme…).
La dénonciation systématique desdites violations par la publication des
communiqués de presse, lettres ouvertes, périodiques et rapports.
L’assistance juridique et judiciaire gratuite des victimes des droits humains.
Le travail en réseaux :