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Cours de Droit pénal au Maroc

mars 10, 2019 Cours droit Droit marocain 0

DROIT PÉNAL MAROCAIN


   Le droit pénal marocain a pour objet le maintien de l’ordre public, de la sécurité des
personnes et des biens, des valeurs de la société. L’idée du droit pénal marocain,
comme dans les autres pays, c’est qu’une société à besoin d’un minimum d’ordre,
donc du respect de certaines règles. Dans un monde parfait chacun reconnaitrait ces
règles comme nécessaire au bien commun et les respecterait naturellement.

Le droit pénal considère que dans le monde réel, il est inévitable d’avoir recours à
une répression minimale pour inciter au respect des règles. Pour que ces règles
puissent être suivies par tous il est nécessaire de les codifier, de les écrire et de les
rendre publiques. Le droit pénal est un droit répressif, c’est un droit de la punition
(d’où son nom) et de la dissuasion. Voici le plan du cours de droit pénal marocain :

INTRODUCTION au droit pénal marocain

 LA NOTION DE DROIT PENAL


 A.  DEFINITIONS
 1. LE DROIT PENAL
 2. LA PROCEDURE PENALE
 B. RAPPORTS DU DROIT PENAL AVEC LES AUTRES DISCIPLINES
 1. RAPPORTS ENTRE LE DROIT PENAL ET LA PROCEDURE PENALE
 2. DROIT PENAL ET LES AUTRES DISCIPLINES AYANT POUR OBJET L’ETUDE DE L’INFRACTION
 3. LE DROIT PENAL GENERAL ET LE DROIT PENAL SPECIAL
 C. OBJET DU DROIT PENAL ET SCIENCES ANNEXES
 D. NATURE ET FONCTIONS DU DROIT PENAL
TITRE PREMIER : L’INFRACTION
CHAPITRE PREMIER : LES ELEMENTS DE BASE 
 INTRODUCTION
 SECTION 1 : L’ELEMENT LEGAL
 § 1 : APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS LE TEMPS
 A. LE PRINCIPE DE NON-RETROACTIVITÉ DE LA LOI PÉNALE
 B.  L’EXCEPTION
 § 2 : APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS L’ESPACE
 A. CHAMP D’APLICATION
 B. NOTION DE TERRITOIRE
 SECTION 2 : ELEMENT MATERIEL
 § 1 : L’INFRACTION CONSOMMEE
 A. LES INFRACTIONS DE COMMISSION
 B. LES INFRACTIONS D’OMISSION
 § 2 : LA TENTATIVE
 A. LES ELEMENTS DE LA TENTATIVE PUNISSABLE
 1. COMMENCEMENT D’EXECUTION
 2. ABSENCE DE DESISTEMENT VOLONTAIRE
 B. REPRESSION DE LA TENTATIVE PUNISSABLE
 SECTION 3 : L’ELEMENT MORAL
 SOUS SECTION 1 : CULPABILITE
 § 1 : LA FAUTE INTENTIONNELLE
 A. LES DIVERS ASPECTS DE LA FAUTE INTENTIONNELLE

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 1. LE DOL GENERAL
 2. LE DOL SPECIAL
 B. L’ERREUR DANS LES INFRACTIONS INTENTIONNELLES     
 1. L’ERREUR DE DROIT
 2. L’ERREUR DE FAIT
 § 2 : LA FAUTE NON INTENTIONNELLE
 A. LA FAUTE QUASI DELICTUELLE
 1. LE PRINCIPE D’IDENTITE DE LA FAUTE CIVILE ET DE LA FAUTE PENALE
 2. L’APPLICATION DU PRINCIPE D’IDENTITE DE LA FAUTE CIVILE ET DE LA FAUTE PENALE
 B. LA FAUTE CONTRAVENTIONNELLE
 1. L’ELEMENT VOLONTE DANS LES FAITS CONTRAVENTIONNELS 
 2. L’ELEMENT FAUTIF DANS LES FAITS CONTRAVENTIONNELS
 SOUS SECTION 2 : L’IMUTABILITE
 § 1 : INSUFFISANCE DES FACULTES INTELECTUELLES
 A. L’AGE
 B. ALIENATION MENTALE
 § 2 : ALTERATION PASSAGERE DES FACULTES INTELLECTUELLES
 A. LE SOMMEIL
 B. L’IVRESSE
 C. L’EMPLOI VOLONTAIRE DE SUBSTENCES STUPEFIANTES
 D. LES ETATS PASSIONNELS OU EMOTIFS
CHAPITRE 2 : ÉLEMENT ANTIJURIDIQUE
 SECTION 1 : LA JUSTIFICATION PAR L’ORDRE DE LA LOI ET LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME
 § 1 : L’ORDRE DE LA LOI
 A. L’ORDRE DE LA LOI
 B. LA SIMPLE AUTORISATION DE LA LOI
 § 2 : LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGIIME
 A. LE COMMANDEMENT ILLEGITIME
 1. LES ATTEINTES A LA SURETE INTERIEURE DE L’ETAT
 2. LES USURPATIONS
 B. L’ORDRE ILLEGITIME ISSU D’UNE AUTORITE LEGITIME
 1. LES ABUS D’AUTORITE
 2. LES EMPIETEMENTS
 SECTION 2 : LA SUFFISANCE D’UNE CONDITION : L’ORDRE DE LA LOI OU LE COMMANDEMENT DE
L’AUTORITE LEGITIME
 § 1 : L’ORDRE DE LA LOI SANS LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME
 § 2 : LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME SANS L’ORDRE DE LA LOI
 A . L’EXECUTION D’UN ORDRE MANIFESTEMENT ILLEGAL NE JUSTIFIE JAMAIS L’INFRACTION
 B. L’EXECUTION D’UN ORDRE APPAREMMENT LEGAL JUSTIFIE TOUJOURS L’INFRACTION
 SECTION 3 : LA JUSTIFICATION PAR LA CONTRAINTE PHYSIQUE 
 § 1 : ELLE DOIT ETRE D’ORIGINE EXTERNE
 § 2 : ELLE DOIT ETRE IRRESISTIBLE
 § 3 : ELLE NE DOIT PAS Avoir ETE PROVOQUE PAR UNE FAUTE DE L’AGENT
 SECTION 4 : LA JUSTIFICATION PAR NECESSITE
 § 1 : L’ETAT DE NECESSITE
 A. LES DISPOSITIONS PARTICULIERES
 B. FONDEMENT
 C. CONDITIONS
 § 2 : LA LEGITIME DEFENSE
 A. FONDEMENT
 B. CONDITIONS
 1. LE CAS GENERAL
 2. LES CAS PARTICULIERS
DEUXIEME TITRE : LE DELINQUANT 
CHAPITRE 1 : NOTION DE DELINQUANT
 SECTION 1 : L’AUTEUR DE L’INFRACTION
 PARAGRAPHE 1 : LES PERSONNES PHYSIQUES
 CHAPITRE 2 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS
 SECTION 1 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS EN FONCTION DE LEUR NATURE POLITIQUE, MILITAIRE
OU DE DROIT COMMUN
 PARAGRAPHE 1 : LES INFRACTIONS POLITIQUES 

2
 A. CRITERE DE LA DISTINCTION 
 PARAGRAPHE 2 : LES INFRACTIONS MILITAIRES
 A. CRITERE DE L’INFRACTION MILITAIRE
 B. INTERETS DE LA DISTINCTION
 SECTION 2 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS EN FONCTION DE LEURS ELEMENTS JURIDIQUES
GENERAUX
 TITRE TROIS :  LA REACTION SOCIALE
 CHAPITRE PREMIER : LES MANIFESTATIONS OBJECTIVES DE LA REACTION SOCIALE
 SECTION 1 : LES PEINES
 SOUS-SECTION 1 : LES PEINES PRINCIPALES
 PARAGRAPHE 1 : LES PEINES CORPORELLES
 A. CRIMES PASSIBLES DE LA PEINE DE MORT
 B. LA LEGITIMTE DE LA PEINE DE MORT
 PARAGRAPHE 2 : LES PEINES PRIVATIVE DE LIBERTÉ
 A. RÉCLUSION, EMPRISONNEMENT, DÉTENTION
 1. RÉCLUSION
 2. EMPRISONNEMENT
 3. DÉTENTION
 B. DISPOSITIONS COMMUNES AUX TROIS PEINES PRINCIPALES PRIVATIVES DE LIBERTE
 PARAGRAPHE 3 : LES PEINES RESTRICTIVES DE LIBERTE
 PARAGRAPHE 4 : LES PEINES PRIVATIVE DE DROIT
 PARAGRAPHE 5 : LES PEINES PECUNIAIRES
 A. MONTANT
 B. MODALITES D’EXECUTION 
 SOUS-SECTION 2 : LES PEINES ACCESSOIRES
 PARAGRAPHE 1 : LES PEINES PRIVATIVES DE DROIT
 A. L’INTERDICTION LEGALE
 B. LA DEGRADATION CIVIQUE
 C. LA SUSPENSION DE CERTAINS DROITS CIVIQUES, CIVILS ET DE FAMILLE
 D. LA DISSOLUTION D’UNE PERSONNE JURIDIQUE
 PARAGRAPHE 2 : LES PEINES PECUNIAIRES
 A. LA PERTE OU LA SUSPENSION DU DROIT AUX PENSIONS SERVIES PAR L’ETAT
 B. LA CONFISCATION PARTIELLE DES BIENS APPARTENANT AU CONDAMNE
 1. INFRACTIONS PASSIBLES DE LA SANCTION
 2. EXECUTION DE LA SANCTION
 C. LA PUBLICATION DE LA DECISION DE CONDAMNATION
 CHAPITRE 2 : L’INDIVIDUALISATION DE LA SANCTION PENALE 
 SECTION 1 : L’ATTENUATION DE LA SANCTION
 PARAGRAPHE 1 : LES EXCUSES ATTENUANTES
 A. L’EXCUSE DE MINORITE
 B. L’EXCUSE DE PROVOCATION
 C. L’EXCUSE DE SOUMISSION
 1. DETENTION ET SEQUESTRATION DE MAJEURS OU DE MINEURS DE DIX-HUIT ANS
 2. DETENTION ET SEQUESTRATION DE MINEURS DE DOUZE ANS
 PARAGRAPHE 2 : LES CIRCONSTANCES ATTENUANTES
 A. CONDITIONS D’APPLICATION
 B. EFFETS DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES
 SECTION 2 : L’AGGRAVATION DE LA SANCTION
 PAPAGRAPHE 1 : LES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
 A. DOMAINE DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
 B. EFFETS DES CIRONSTANCES AGGRAVANTES
 PARAGRAPGE 2 : LA RECIDIVE
 A. PREMIER TERME DE LA RECIDIVE
 B. DEUXIEME TERME DE LA RECIDIVE
 PARAGRAPHE 3 : LE CONCOURS REEL D’INFRACTION
 CHAPITRE 3 : L’EXTINCTION DE LA SANCTION PENALE
 SECTION 1 : EXTINCTION PAR LA MORT DU CONDAMNE
 PARAGRAPHE 1 : EFFET SUR LES PEINES
 PARAGRAPHE 2 : EFFET SUR LES MESURES DE SURETE
 PARAGRAPHE 3 : EFFET SUR LES AUTRES CONDAMNATIONS

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 SECTION 2 : EXTINCTION PAR LA DISPARITION DE L’INFRACTION
 SOUS SECTION 1 : L’ABROGATION DE LA LOI PENALE
 PARAGRAPHE 1 : MODALITES D’APPLICATION
 PARAGRAPHE 2 : EFFETS
 A. SUR L’ACTION PUBLIQUE
 B. SUR  LA CONDAMNATION
 C. SUR LA SANCTION PENALE
 SOUS SECTION 2 : L’AMNISTIE
 PARAGRAPHE 1 :  MODALITES D’APPLICATION
 PARAGRAPHE 2 : EFFETS DE L’AMNISTIE
 A. EFFETS SUR LA RESPONSABILITE PENALE
 B. EFFETS SUR LA RESPONSABILITE CIVILE

INTRODUCTION AU DROIT PENAL MAROCAIN

LA NOTION DE DROIT PENAL

A.  DÉFINITIONS  

1. LE DROIT PÉNAL AU MAROC

La plupart des définitions du droit pénal proposées par la doctrine sont très larges.
Ainsi il est défini comme « l’ensemble des règles juridiques qui organisent la réaction
de l’état vis-à-vis des infractions et des délinquants » ou comme « le droit de
l’infraction et de la réaction sociale qu’elle engendre » ou encore comme
« l’ensemble des normes juridiques qui réglementent le recours de l’état à la sanction
pénale ».

Ces définitions incluent dans le domaine du droit pénal à la fois les règles de droit
pénal de fond et les règles de procédure pénale.

Le législateur réserve l’expression droit pénal aux règles pénales de fond. Dans ce
sens, le droit pénal peut être défini comme « l’ensemble des règles ayant pour objet
de déterminer les actes antisociaux, de désigner les personnes pouvant en être
déclarées responsables et de fixer les peines qui leur sont applicables ». Plus
brièvement encore, le droit pénal peut être présenté comme « l’ensemble des règles
ayant pour objet la détermination des infractions ».

Les dispositions fondamentales applicables en la matière sont contenues dans le


Code pénal marocain.

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2. LA PROCÉDURE PÉNALE AU MAROC

La procédure pénale – ou droit pénal de forme – a pour objet de fixer les règles
relatives à la recherche, à la poursuite et au jugement des auteurs d’infractions.
L’intégralité de ces règles figure, dans le code de procédure pénale.

B. RAPPORTS DU DROIT PENAL AVEC LES AUTRES DISCIPLINES

1. RAPPORTS ENTRE LE DROIT PENAL ET LA PROCEDURE


PENALE

Généralement, le droit ne se confond pas avec le contentieux, qui n’en est qu’une
manifestation pathologique, par contre le droit pénal est un droit contentieux par
nature.

Les textes régissant la vente, le contrat de société s’appliquent sans donner lieu à
procès en l’absence de contestation entre les intéressés. En revanche, la mise en
œuvre des textes répriment le meurtre, le vol ou la corruption ne se conçoit pas
indépendamment de l’intervention des autorités judiciaires puisque ces textes ne
définissent pas une activité licite, mais au contraire les conséquences de la violation
de certains interdits.

Il résulte de ce lien entre les deux matières que la qualité d’une législation pénale ne
peut être appréciée indépendamment de celle du système procédural qui en assure
la mise en œuvre.

2. DROIT PENAL ET LES AUTRES DISCIPLINES AYANT POUR


OBJET L’ETUDE DE L’INFRACTION

Le droit pénal, qui a pour objet la définition juridique des infractions, doit être
distingué d’autres disciplines qui étudient l’infraction sous un ongle politique,
sociologique ou scientifique : la politique criminelle, la criminologie et la
criminalistique. 

a. POLITIQUE CRIMINELLE

La politique criminelle est un concept introduit au début du XIX siècle. Elle définie
comme « l’ensemble des procédés répressifs par lesquels l’Etat réagit contre le
crime »[1]. La doctrine s’accorde à donner à l’expression un sens plus large en
intégrant dans la politique criminelle les mesures préventives tels que
l’aménagement urbain, la lutte contre les fléaux sociaux, la prise en charge éducative
des enfants… Dans cette acceptation élargie, la définition donnée à la politique
criminelle est « l’ensemble des procédés par lesquels le corps social organise la
réponse au phénomène criminel ».[2]

b. CRIMINOLOGIE

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Le droit pénal, qui s’attache à la définition juridique des infractions, doit également
être distingué de la criminologique, qui étudie les causes de la criminalité et, les
divers modes de traitement du délinquant et de prévention de la récidive.

c. CRIMINALISTIQUE

La criminalistique a pour objet l’ensemble des procédés scientifiques de recherche


des infractions et de leurs auteurs (médecine légale, toxicologie et police
scientifique). En réalité, la criminalistique se rattache en réalité à la procédure pénale
dans la mesure où elle donne les moyens d’apporter la preuve des circonstances de
l’infraction et de la culpabilité de son auteur. 

d. LA PENOLOGIE

La pénologie ou la science pénitentiaire est l’étude des peines, de leur nature, de


leurs modes d’exécution.

3. LE DROIT PENAL GENERAL ET LE DROIT PENAL SPECIAL

L’article premier du Code pénal marocain dispose que « la loi pénale détermine et
constitue en infraction les faits de l’homme qui, à raison du trouble social qu’ils
provoquent, justifient l’application à leur auteur de peines ou de mesures de sûreté ».

Selon les termes de l’article précité, le droit pénal général réunit les règles
applicables à l’ensemble des infractions ou une partie d’entre elles, comme, par
exemple, celles fixant le champ d’application de la loi pénale dans le temps et dans
l’espace ou celles déterminant les causes d’irresponsabilité pénale ou encore les
règles précisant la nature des peines et leurs modalités d’application. Ces règles
générales, sont contenues dans les dispositions préliminaires, le livre 1er et le livre II
du Code pénal marocain.

Le droit pénal spécial a pour objet de définir les diverses infractions particulières en
décrivant leurs éléments constitutifs, les peines qui leur sont applicables et les règles
spécifiques de procédure ou de fond auxquelles elles sont soumises par dérogation
aux principes du droit pénal général et de la procédure pénale.

La matière du droit spécial est très dispersée. Le livre III du Code pénal marocain
contiennent les infractions fondamentales : meurtre, homicide ou blessures
involontaires, violences, agressions sexuelles, trafic de stupéfiants, vol, escroquerie,
abus de confiance, destructions, corruption, faux…

Mais, au cours de ces dernières décennies, de nombreuses infractions ont été


prévus dans des lois particulières ou des codes spéciaux (code des sociétés
anonymes n° 17-95 ; code des sociétés commerciales n° 5-96 ; code du commerce
n° 15-96 …). 

C. OBJET DU DROIT PENAL ET SCIENCES ANNEXES

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Le droit pénal est la branche du droit qui détermine :

§  Certains faits ou abstentions (infractions) ;

§  Les sanctions applicables à chaque infraction (peines).

Le droit pénal général étudie les règles applicables à toutes les infractions. Au sens
large, il englobe aussi l’étude des peines.

La procédure pénale définit l’organisation judiciaire en matière répressive et le


déroulement du procès pénal.

Le droit pénal spécial comporte l’étude des différentes infractions (meurtre, vol,
agression, escroquerie…).

D. NATURE ET FONCTIONS DU DROIT PENAL

1. NATURE DU DROIT PENAL

Le droit est traditionnellement divisé en deux grandes branches : d’une part, celle du
droit public, qui régit les rapports d’une personne avec l’Etat et dans laquelle
figurent  le droit administratif et le droit constitutionnel, d’autre part, celle du droit
privé, qui régit les rapports entres les personnes et qui comprend en particulier le
droit civil.

La nature du droit pénal interdit de le rattacher entièrement à l’une ou l’autre de ces


deux catégories, dans la mesure où il entretient des rapports étroits avec chacune
d’entre elles et présente en réalité un caractère autonome.

2. LES FONCTIONS DU DROIT PENAL

Les règles de droit pénal impliquent l’existence d’une sanction d’un caractère
spécial : la peine. A la différence de la sanction civile, qui est essentiellement
réparatrice (dommages intérêts, restitutions), la sanction pénale est répressive
(châtiment infligé au coupable ; l’amende va à l’Etat, non à la victime).

Aujourd’hui, la mesure pénale tend à perdre son caractère purement répressif


(mesures de sûreté, réinsertion par la réadaptation)

La sanction pénale et la sanction civile, peuvent coexister en cas d’atteinte à


l’intégralité de la personne par imprudence (il y a répression et réparation), en
revanche, il peut avoir répression pénale sans réparation ( la simple tentative, sans
dommage).

3. LES SOURCES DU DROIT PENAL

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Aux termes de l’article premier du Code pénal marocain, « la loi pénale détermine et
constitue en infraction les faits de l’homme qui, à raison du trouble social qu’ils
provoquent, justifient l’application à leur auteur de peines de mesures de sûreté ».

Cet article, délimite de manière simple et rationnelle les compétences de la loi en


matière pénale. Autrement dit, il appartient au pouvoir législatif de déterminer les
infractions et les peines qui leur sont applicables (alinéa 3 – article 46 de la
constitution révisée de 1996).

En définitive, l’article premier du Code pénal marocain précise que la loi est seule
compétente pour la détermination des infractions, c’est à dire, exclure toute autre
source de droit en matière pénale.

TITRE PREMIER : L’INFRACTION
DEFINITION

L’article 110 de la loi pénale, définie l’infraction comme : « un acte ou une abstention
contraire à la loi pénale et réprimé par elle ».

La plupart des infractions sont des actes positifs (ex. meurtre, vol, agression). De
même, la loi pénale sanctionne des abstentions (ex. omission de secours à personne
en péril – article 431 du Code pénal marocain).

CHAPITRE PREMIER : LES ELEMENTS DE BASE 


INTRODUCTION

L’infraction suppose la réunion de trois éléments constitutifs : l’élément légal,


l’élément matériel, l’élément moral.

Chaque infraction comporte des éléments qui sont particuliers à sa définition légale :
ils sont étudiés en droit pénal spécial. Par exemple, pour le vol, l’élément légal est
l’article 505 du Code pénal marocain réprimant ce crime, l’élément matériel est l’acte
tendant à soustraire une chose appartenant à autrui, l’élément moral, notamment
l’intention de soustraire.

A signaler que, même si tous les éléments de l’infraction sont réunis, il arrive qu’une
immunité légale fasse obstacle aux poursuites :

§  Immunités familiales : pour les vols et d’autres infractions entre certains parents ou
conjoint (articles 534 et 535 du Code pénal marocain), pour la non révélation
d’infractions commises par certains parents et alliés (article 297 alinéa 2) ;

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§  Immunité diplomatique : pour les infractions commises par les représentants d’un
Etal étranger (convention de Vienne, 1961 et 1963) ;

§  Immunité parlementaire : pour les propos devant la chambres des représentants


et la chambre des conseillers (article 39 de la constitution révisée de 1996).

SECTION 1 : L’ELEMENT LEGAL

INTRODUCTION

Le principe de la légalité des incriminations et des peines emporte les conséquences


suivantes :

§  Ni infraction, ni peine, sans texte légal ;

§  Application de la loi dont les dispositions sont moins rigoureuses ;

§  Non rétroactivité de la loi pénale.

1. NI INFRACTION, NI PEINE, SANS TEXTE LEGAL

En vertu de l’article 3 du Code pénal marocain « nul ne peut être condamné pour un
fait qui n’est pas expressément prévu comme infraction par la loi, ni puni de peines
que la loi n’a pas édictées ».

Ainsi, le juge ne peut créer de nouvelle incrimination ou peine, il ne peut compléter


une loi insuffisante ni appliquer une sanction autre que celle prévue.

2. APPLICATION DE LA LOI DONT LES DISPOSITIONS SONT MOINS


RIGOUREUSES

Aux terme de l’article 6 de la loi pénale qui dispose « lorsque plusieurs lois ont été en
vigueur entre le moment où l’infraction a été commise et le jugement définitif, la loi,
dont les dispositions sont les moins rigoureuses, doit recevoir application ».     

3. NON-RETROACTIVITE DE LA LOI PENALE

Voir principe de non rétroactivité de la loi pénale

§ 1 : APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS LE TEMPS

A. LE PRINCIPE DE NON-RETROACTIVITÉ DE LA LOI PÉNALE

La loi pénale s’applique, depuis sa promulgation jusqu’à son abrogation, à tous les
actes commis après l’entrée en vigueur de la loi ; elle ne s’applique pas aux actes
commis et définitivement jugés avant cette entrée en vigueur.

Conflit entre la loi antérieur et la loi nouvelle

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Un acte commis sous l’empire d’une loi déterminée, et non jugé définitivement au
moment où entre en vigueur une loi nouvelle. Si l’acte a été jugé définitivement, la loi
nouvelle lui est donc inapplicable, sauf les exceptions de l’exécution des peines :

La peine cesse d’être exécutée quand elle a été prononcée pour un fait qui, en vertu
d’une loi postérieure au jugement définitif, n’a plus  le caractère d’une infraction
(article 5 du Code pénal marocain)

Fondement du principe de non rétroactivité de la loi pénale

Le principe de non rétroactivité est une garantie de liberté individuelle ; la loi doit
avertir avant de frapper. C’est un corollaire de la règle plus générale de la légalité, et
garantie fondamentale de liberté individuelle. Le fondement du principe, libéral,
conduit à un deuxième principe : l’application immédiate des lois plus douces,
favorables à l’intéressé, à des faits antérieurs non jugés définitivement (article 6 –
Code pénal marocain)

B.  L’EXCEPTION

Malgré la place primordiale qu’occupe le principe de non rétroactivité dans le


système juridique Marocain et malgré son caractère absolu énoncé par l’article 4 de
la constitution, il souffre de certains exceptions en matière pénale.

C’est ainsi que malgré l’application de ce principe par le juge pénal qui est tenu
d’appliquer la loi pénale en vigueur au moment de l’infraction, l’article 8 du Code
pénal marocain applique aux mesures de sûreté la loi en vigueur au moment du
jugement de l’infraction.

Ceci s’explique par le fait que les mesures de sûreté n’ont pas un caractère répressif
et cherchent uniquement la rééducation du délinquant ou la protection de la société. 

Par ailleurs l’article 6 du Code pénal marocain dispose  que : « lorsque plusieurs lois


ont été en vigueur entre le moment où l’infraction a été commise et le jugement
définitif, la loi, dont les dispositions sont les moins rigoureuses, doit recevoir
application »

Ce texte répond d’une part aux souhaits du législateur qui veut faire bénéficier les
délinquants de la clémence des nouvelles lois et s’aligne d’autre part sur les droits de
l’homme.

Mais la véritable exception  a ce principe de la non rétroactivité des lois réside dans
le Dahir du 29 Octobre 1959 qui était déclaré applicable même  aux infractions
commises avant son entrée en vigueur.

Cette mesure a été prise à l’occasion de la célèbre affaire des huiles nocives qui a
coûté la vie a des citoyens et qui a porté préjudice a la sécurité alimentaire et à la
salubrité des Marocains. Et en raison du vide juridique que connaissait le système
juridique Marocain de l’époque, il était nécessaire de frapper sévèrement toutes
personnes qui serait tentée de porter atteinte à la santé des citoyens.

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§ 2 : APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS L’ESPACE

A. CHAMP D’APLICATION

en vertu de l’article 10 du Code pénal marocain «  sont soumis à la loi pénale


marocaine, tous ceux qui, nationaux, étrangers ou apatrides, se trouvent sur le
territoire du Royaume, sauf les exceptions établies par le droit public interne ou le
droit international ».

Le principe d’application de la loi Marocaine aux infractions commises sur le territoire


du Royaume, découle du principe de la souveraineté nationale, il conduit aussi à
l’application de la loi pénale aux infractions commises hors du royaume lorsqu’elles
relèvent de la compétence des juridictions répressives marocaines. (article 12 du
Code pénal marocain).

B. NOTION DE TERRITOIRE

Le territoire sur lequel la loi pénale marocaine est applicable est l’espace sur lequel
s’étend l’autorité politique de l’Etat. Aux termes de l’article 11 de cette loi, « sont
considérés comme faisant partie du territoire, les navires ou les aéronefs marocains
quel que soit l’endroit où ils se trouvent, sauf s’ils sont soumis, en vertu du droit
international, à une loi étrangère ».

SECTION 2 : ELEMENT MATERIEL

Le droit pénal n’admet pas que l’on réprime la simple pensée coupable. L’infraction
n’existe comme telle qu’avec un minimum de matérialisation de l’attitude coupable.

Ainsi l’élément matériel existe :

·          Dans le cas de l’infraction consommée ;

·          Dans le cas de l’infraction seulement tenté.

§ 1 : L’INFRACTION CONSOMMEE

Le plus souvent, l’infraction consiste à commettre un acte interdit par la loi : il s’agit
des infractions de commission.

Exceptionnellement, l’infraction peut consister à omettre un acte prescrit par la loi : il


s’agit des infractions d’omission.

A. LES INFRACTIONS DE COMMISSION

Ce sont les plus fréquentes, Ex. meurtre, vol, corruption… Elles supposent, pour leur
consommation :

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Une initiative physique de la part du coupable (Ex. geste du meurtrier qui appuie sur
la détente, du voleur qui s’empare de la chose, du corrompu qui sollicite des offres,
promesses ou reçoit des dons…)

Un résultat qui va constituer le dommage : celui-ci peut être matériel (meurtre) ou


immatériel (diffamation).

Cependant, certaines attitudes sont punissables indépendamment d’un préjudice


causé (Ex. contravention en matière de circulation).

Un lien de causalité entre l’acte et le résultat. 

B. LES INFRACTIONS D’OMISSION

On distingue l’infraction d’omission proprement dite et l’infraction de commission par


omission.

1. L’INFRACTION D’OMISSION PROPREMENT DITE

Il s’agit dune abstention sans résultat positif direct la loi pénale prévoit certaines
obligations d’agir.

Ex. omission de déclarer la naissance d’un enfant (article 468 du Code pénal
marocain), non révélation de crime aux autorités judiciaires ou administratives (article
299 du Code pénal marocain), non témoignage en faveur d’un innocent poursuivi
(article 378 du Code pénal marocain). Il existe de multiples infractions d’omission
dans le droit pénal des sociétés.

2. L’INFRACTION DE COMMISSION PAR OMISSION

Cette infraction se rapproche de l’infraction d’omission proprement dite, en ce que


son auteur est resté passif et par le résultat, dommageable.

Ex. laisser intentionnellement quelqu’un se noyer sans lui porter secours, l’omission
de porter secours à une personne en péril. 

§ 2 : LA TENTATIVE

Entre la naissance de la pensée criminelle et le résultat dommageable, il existe une


série de phases variables :

Phase interne :

·          Pensée de l’infraction, envisagée comme une éventualité ;

·          Désir de commettre l’infraction ;

·          Projet pour mener à son terme l’infraction.

Phase externe :
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·          Préparation de l’infraction (étude des lieux, achat d’instruments, d’armes) ;

·          Exécution.

Dans le cas ou l’exécution est parfaite (atteinte de l’objectif), on parle d’infraction


consommée. Par contre, si, par la volonté de l’agent ou pour toute autre raison, les
agissements criminels sont interrompus avant ce stade, l’infraction est seulement
« tentée ».

La tentative est punissable comme l’infraction consommée et l’auteur de la tentative


est considéré comme auteur de l’infraction (article 114 du Code pénal marocain) 

A. LES ELEMENTS DE LA TENTATIVE PUNISSABLE

Selon l’article 114 de la loi pénale « toute tentative de crime qui a été manifestée par
un commencement d’exécution ou par des actes non équivoques tendant
directement à le commettre, si elle n’a été suspendue ou si elle n’a manqué son effet
que par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur, est assimilée
au crime consommé et réprimée comme tel ».

La tentative punissable suppose la réunion de deux éléments :

Un commencement d’exécution ;

Une interruption involontaire de l’exécution : le désistement volontaire fait obstacle à


la répression de la tentative.

1. COMMENCEMENT D’EXECUTION

La simple intention coupable ne peut constituer la tentative. Seuls les agissements


extérieurs peuvent constituer la tentative. Cependant, il faut distinguer les actes
préparatoires et le commencement d’exécution.

Les actes préparatoires

Ils ne sont pas punissables sur le plan de la tentative ; mais ils peuvent parfois être
réprimés à titre d’infractions distinctes.

Exemples

·          Associations des malfaiteurs ;

·          Aide par fourniture d’armes…

Les actes d’exécution

Sont seuls susceptibles de constituer la tentative punissable.

Exemples

13
·          Briser la vitre d’une voiture pour voler à l’intérieur ;

·          Pénétrer dans une voiture pour voler celle-ci

·          Venir pour commettre un vol, avec instruments d’effraction ;

·          Se tenir en embuscade avec armes ou véhicules ; pour une agression…

2. ABSENCE DE DESISTEMENT VOLONTAIRE

Même s’il y a commencement d’exécution, il n’y aura pas tentative punissable si


l’agent renonce assez tôt, et volontairement, à accomplir l’acte coupable.

Autrement dit, ce désistement doit réunir deux conditions, pour qu’il n’y ait pas
tentative punissable : il doit être antérieur à la consommation de l’infraction, et
volontaire de la part de l’agent. 

a. Désistement antérieur à la consommation de l’infraction

Le remords tardif est sans effet sur les éléments de l’infraction, (Ex. restituer la chose
volée, donner des soins à sa victime). 

b. Désistement volontaire

Aux termes de l’article 114 précité, on ne tient pas compte du mobile qui a poussé
l’agent à s’arrêter (remords, peur), il faut un désistement spontané, vraiment
volontaire. Ainsi la tentative demeurera punissable si le désistement est causé par un
événement extérieur.

c. L’infraction impossible

L’article 117 du Code pénal marocain dispose : « la tentative est punissable alors
même que le but recherché ne pouvait être atteint en raison d’une circonstance de
fait ignorée de l’auteur ».

L’infraction impossible est un cas particulier d’infraction manquée, elle ne pouvait pas
réussir (Ex. vol d’un poche vide).

B. REPRESSION DE LA TENTATIVE PUNISSABLE

La répression de la tentative est exclue par la loi parfois pou des raisons tenant à la
faible gravité de l’infraction, parfois en raison de la nature de l’infraction.

·          La
tentative de crime est toujours punissable (article 114 du Code pénal
marocain) ;

·          La
tentative de délit n’est pas punissable en principe qu’en vertu d’une
disposition spéciale de la loi (article 115 du Code pénal marocain) ;
14
·          La
tentative de contravention n’est jamais punissable (article 116 du Code pénal
marocain). 

SECTION 3 : L’ELEMENT MORAL

L’acte n’est une infraction punissable que s’il y a responsabilité pénale, c’est-à-dire si
son auteur matériel est un être humain responsable, jouissant de ses facultés
mentales (l’imputabilité), à défaut de quoi il n’y a pas responsabilité, et ayant commis
une faute (la culpabilité).

Autrement dit, pour qu’une action ou une abstention constitue une infraction
punissable, il faut que l’agent ait commis une faute et que cette faute lui soit
imputable.

SOUS SECTION 1 : CULPABILITE

L’agent auquel l’acte est matériellement imputable ne sera coupable que s’il a
commis une faute.

§ 1 : LA FAUTE INTENTIONNELLE

A. LES DIVERS ASPECTS DE LA FAUTE INTENTIONNELLE

La faute intentionnelle c’est le dol. On distingue généralement deux catégories de dol


en matière pénale.

1. LE DOL GENERAL

C’est la faute intentionnelle qui déclenche la responsabilité pénale « Les crimes et


les délits ne sont punissables que lorsqu’ils ont été commis intentionnellement »
(alinéa 1 de l’article 133 du Code pénal marocain)

a. Les théories réalistes

La faute intentionnelle est une notion d’ordre moral ; elle est fonction de la
responsabilité de chaque délinquant ; il importe donc de prendre en considération
soit les mobiles, soit l’intention frauduleuse.

Dol général et mobile.

Le mobile c’est la cause impulsive et déterminante de l’acte criminel. Cette cause


variable, peut être honorable (faim du voleur) ou perverse (cupidité du voleur). Si l’on
veut subordonner la répression à l’état dangereux, il faut admettre que le droit pénal
doit tenir compte de la qualité du mobile pour exclure au atténué la responsabilité
pénale si les mobiles sont honorables. Le dol général se confond ici avec la
perversité du mobile, la sanction applicable étant proportionnée au degré de cette
perversité.

15
En droit pénal marocain, le mobil n’influe pas sur l’existence de l’infraction qui
demeure punissable, même si le mobile de l’agent était honorable.

La règle de l’indifférence des mobiles n’est pas absolue : les tribunaux leur accordent
attention, ils servent souvent de base à l’attribution du bénéfice des circonstances
atténuantes. En droit, le législateur lui apporte certains tempéraments. La sévérité
particulière des articles 163 à 218.9 sanctionnant les crimes et délits contre la sûreté
de l’Etat, ne puisse s’analyser en faisant abstraction du mobile ; de même l’article
473 du Code pénal marocain sur l’enlèvement des mineurs fait du mobile avéré une
circonstance aggravante du crime « Si le coupable se fait payer ou a eu pour but de
se faire payer une rançon par mes personnes sous l’autorité ou la surveillance
desquelles le mineur était placé, la peine, quel que soit l’âge du mineur, est la
réclusion perpétuelle »

Dol général et intention frauduleuse

L’intention frauduleuse ne se confond pas nécessairement avec le mobile : c’est


l’intention de tromper, la volonté de frauder. Le mobile est seulement l’explication de
cette volonté dolosive.

b. La théorie classique

Cette théorie définit le dol général, sur un plan purement intellectuel, comme un
mécanisme mental en rapport avec le type d’infraction défini par la loi. La théorie
classique distingue dans le dol général deux éléments constitutifs :

L’élément connaissance ou conscience

Le dol général consiste à agir avec une double connaissance :

La connaissance de l’état de droit infractionnel, c’est la conscience de l’illicéité de


l’acte. Son importance en droit marocain est purement théorique puisqu’aux termes
de l’article 2 du Code pénal marocain « nul ne peut invoquer pour son excuse
l’ignorance de la loi pénale ».

La connaissance de l’état infractionnel qui consiste à avoir conscience des éléments


matériels de l’infraction, tels qu’ils sont incriminés par la loi pénale, est en revanche
essentielle.

L’élément volonté

La connaissance est en elle-même insuffisant. Elle ne signifie rien si elle n’est pas
associé à la volonté délibérée d’agir ou de s’abstenir. l’agent sait, par exemple, être
le détenteur précaire de telle somme, il en refuse néanmoins la restitution. La volonté
délictueuse naît de cette décision.

2. LE DOL SPECIAL

16
C’est la faute intentionnelle. Le dol général n’est pas, en effet, toujours suffisant pour
déclencher la responsabilité pénale ; dans de nombreuses infractions, la loi exige en
outre un dol particulier : le dol spécial ou spécifique.

a. Dol spécial et intention

Le dol spécial c’est une intention précise. En plus de la volonté consciente de violer
la loi pénale, il est exigé, par exemple en cas de vol, la volonté de s’approprier de la
chose d’autrui (article 505 du Code pénal marocain).

A défaut de cette intention précise exigée par la loi, l’agent n’est pas punissable au
titre de l’infraction intentionnelle caractérisée par le do spécial. En revanche, il peut
être puni sous une autre qualification : si, par exemple, l’agent commet un homicide
sans avoir eu l’intention de tuer mais simplement de blesser, il pourra être
condamné, conformément à l’article 403 de Code pénal marocain du chef de coup et
blessures volontaires ayant entraîner la mort sans intention de la donner.

b. Dol spécial et prévisibilité

Le dol spécial peut donc être défini comme le fait d’avoir délibérément agi pour
obtenir les conséquences préjudiciables de telle ou telle infraction. Dans quelle
mesure peut-on imputer à l’agent, soit les conséquences préjudiciables qui étaient
simplement prévisibles, soit les conséquences préjudiciables qui ont dépassé ses
prévisions ?

Le dol indéterminé

La doctrine distingue le dol déterminé et le dol indéterminé. Dans le premier cas, les
conséquences préjudiciables de l’infraction appréciées, au moment de l’action,
étaient nettement prévues ; dans le second cas, elles étaient seulement prévisibles.
Par exemple, les conséquences du meurtre délibérément projeté sont déterminées
avec exactitude. En revanche, l’agent qui porte volontairement des coups à autrui ne
peut ignorer que son action est susceptible de produire différentes conséquences,
faciles à énumérer mais dont il ignore, au moment de l’action, laquelle en sera le
résultat. L’agent doit-il être puni comme s’il avait voulu ces conséquences ? la
réponse classique est affirmative car, ayant la capacité de comprendre et de vouloir,
l’agent est censé prévoir un dommage prévisible ; l’ayant prévu et n’ayant rien fait
pour l’éviter, il est censé l’avoir voulu.

Les articles 267, 400 à 403 du Code pénal marocain consacrent nettement cette
règle en proportionnant la peine applicable en cas de coups et blessures volontaires
à la gravité du préjudice subi par la victime.

Le dol prêter intentionnel

L’infraction peut également produire des conséquences plus graves que celles que
l’agent était à même de prévoir. L’exemple classique est celui de l’agent qui porte
des coups à une femme enceinte ont il ignorait la grossesse et dont il provoquera de
ce fait l’avortement. il y a là dol prêter intentionnel, dol au-delà de l’intention. seul un
lien de causalité matérielle permet de relier ce résultat non voulu à l’acte commis par

17
l’agent. ce dernier tombera-t-il sous le coup de l’article 400 du Code pénal marocain
réprimant l’avortement ? le lien de causalité subjective faisant défaut, on doit
admettre que l’agent ne sera punissable au pénal que sur la base de l’article 400 du
Code pénal marocain.

B. L’ERREUR DANS LES INFRACTIONS INTENTIONNELLES     

Si le dol général implique que l’agent ait la connaissance du caractère illégal de ses
actes, faut-il admettre que l’erreur ou l’ignorance puisse être exclusive de l’intention
criminelle chaque fois qu’elle fait disparaître les éléments intellectuels du dol ?

1. L’ERREUR DE DROIT

Elle peut consister soit dans l’ignorance de la loi pénale, soit dans une interprétation
inexacte de ses dispositions. La règle nul ne peut invoquer pour son excuse
l’ignorance de la loi pénale intégrée dans l’article 2 du Code pénal marocain
s’oppose absolument à ce que l’erreur de droit constitue une cause de non
culpabilité.

Cette règle est en fait totalement irréaliste, remarquablement inadaptée à la réalité


marocaine. Comment admettre que tous les citoyens du Royaume, dont la majeure
partie est analphabète, puisse être censés avoir lu le Bulletin Officiel ou le Code
pénal marocain ou un traité de droit pénal spécial.

2. L’ERREUR DE FAIT

C’est celle qui porte sur la matérialité de l’acte accompli par l’agent.

a. L’erreur de fait destructrice de la faute intentionnelle

L’erreur de fait est exonératrice lorsqu’elle porte sur un élément essentiel de


l’infraction, c’est-à-dire soit un élément constitutif, soit une circonstance aggravante.
Elle transforme alors l’infraction intentionnelle en infraction d’imprudence ou
empêche l’aggravation de la peine résultant de la circonstance aggravante.

Le pharmacien qui, par exemple, au lieu du remède prescrit par le médecin, livre par
erreur un poison violent occasionnant ainsi le décès du malade, est coupable non
pas du crime d’empoisonnement, mais du délit d’homicide par imprudence.

De même, le fils qui tue son père par erreur, croyant tuer une autre personne, ne
commet pas un parricide, mais un meurtre simple. La circonstance aggravante de
parricide est effacée par l’erreur de fait.

b. L’erreur de fait inopérante

Il en sera ainsi toutes les fois que subsistera la faute intentionnelle.

18
·          Erreur
sur la personne. Le meurtrier se trompant de victime, mais n’en ayant pas
moins pour les mêmes raisons demeure responsable ;

·          Il
en est de même si c’est par maladresse que le coup dirigé contre une personne
atteint une victime imprévue ;

·          Infraction impossible.

§ 2 : LA FAUTE NON INTENTIONNELLE

La faute non intentionnelle s’identifie avec le quasi-délit. L’article 133, alinéa 2 du


Code pénal marocain en fait une catégorie spécifique présentée comme
exceptionnelle : « Les délits commis par imprudence sont exceptionnellement
punissables dans les cas spécialement prévus par la loi ». il importe de distinguer la
faute quasi-délictuelle de la faute contraventionnelle.

A. LA FAUTE QUASI DELICTUELLE

Un certain nombre d’infractions sont dites involontaires, d’imprudence, de négligence


ou d’inattention. Ce sont les quasi-délits du droit pénal ; ces infractions sont
effectivement dans la plupart des cas des délits, exceptionnellement des crimes. Ces
quasi-délits du droit pénal sont-ils les mêmes que les quasi-délits du droit civil ? 

1. LE PRINCIPE D’IDENTITE DE LA FAUTE CIVILE ET DE LA FAUTE


PENALE

Les articles 432 et 433 du Code pénal marocain relatifs à l’homicide et aux blessures
involontaires fournissent la définition de la faute pénale non intentionnelle. Aux
termes de l’article 432 « Quiconque, par maladresse, imprudence, inattention,
négligence ou inobservation des règlements, commet involontairement un homicide
(…) est puni de l’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de 250 à
1.000 dirhams ».

Il importe de rapprocher ce texte de celui de l’article 78 du DOC aux termes duquel


« Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu’il a causé, non
seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est la
cause directe…La faute consiste, soit à omettre ce qu’on était tenu de faire, soit à
faire ce dont on était tenu de s’abstenir, sans intention de causer un dommage ».

A la lumière de ces deux textes, les deux disciplines incriminant explicitement ou


implicitement la négligence et l’imprudence. Cependant, adopter l’identité des deux
fautes ou au contraire reconnaître leur différence est un choix difficile.   

2. L’APPLICATION DU PRINCIPE D’IDENTITE DE LA FAUTE CIVILE


ET DE LA FAUTE PENALE

a. La faute légère pénale

19
La répression de la faute pénale même très légère ressortit explicitement des termes
de l’article 432 du Code pénal marocain. Une simple imprudence, une simple
inattention, en dehors de toute inobservation des règlements, est susceptible
d’engager la responsabilité pénale de l’agent dès l’instant où, à raison du trouble
social provoqué, l’acte ou l’abstention se révèle « contraire à la loi pénale et réprimé
par elle » (article 110 du Code pénal marocain).

b. La faute lourde pénale

Si, sur la base de l’identité des deux fautes, on suivait le principe de droit civil, la
faute lourde est assimilée au dol, il faudrait condamner pour homicide volontaire
l’agent coupable d’un homicide involontaire commis à la suite d’une très grave
imprudence. La règle ni infraction, ni peine sans texte interdit l‘assimilation d’une
faute non intentionnelle à une faute intentionnelle, l’assimilation d’un délit à un quasi-
délit.

c. L’harmonisation du procès pénal et du procès civil

 C’est une conséquence du principe de l’identité des deux  fautes lorsque les procès
sont engagés parallèlement ou concurremment à propos de la même infraction.
Cette harmonisation s’opère en fonction de la primauté du criminel sur le civil,
principe dégagé très tôt au Maroc sur la base du Code d’instruction criminelle de
1913 et consacré par le Code de procédure pénale de 2003. l’autorité sur le civil de
la chose jugée au pénal est la conséquence fondamentale de ce principe ; mais
l’harmonisation des deux procès s’arrête à ce niveau.

B. LA FAUTE CONTRAVENTIONNELLE

Il est vrai que l’article 133, alinéa 3 du Code pénal marocain semble poser le principe
de la contravention infraction matérielle. Aux termes de ce texte « les contraventions
sont punissables même lorsqu’elles ont été commises par imprudence… » ; l’article
116 du Code pénal marocain sur la tentative et l’article 129 sur la complicité
semblent par ailleurs confirmer la thèse de la contravention, infraction purement
matérielle. 

1. L’ELEMENT VOLONTE DANS LES FAITS CONTRAVENTIONNELS 

L’article 134, alinéa 1 du Code pénal marocain s’exprime en termes généraux à


propos de l’aliénation mentale exonératrice : l’  « impossibilité de comprendre ou de
vouloir » exonère l’agent de toute faute contraventionnelle ; « en matière
contraventionnelle l’individu absous, s’il est dangereux pour l’ordre public est remis à
l’autorité administrative » (article 134, alinéa 3 du Code pénal marocain) ; il en va de
même en cas d’irresponsabilité partielle : si, au moment des faits qui lui sont
matériellement imputés, l’agent se trouve seulement « atteint d’un affaiblissement de
ses facultés mentales », susceptible de « réduire sa compréhension et sa volonté »,
la peine contraventionnelle est modérée proportionnellement à la responsabilité qui
lui est reconnue (article 135, dernier alinéa du Code pénal marocain).  

2. L’ELEMENT FAUTIF DANS LES FAITS CONTRAVENTIONNELS

20
Si l’article 133, alinéa 3 du Code pénal marocain pose le principe de la répression
contraventionnelle de la simple imprudence, il souligne cependant l’existence
exceptionnelle « des cas où la loi exige expressément l’intention de nuire ».

a. Le principe : La faute contraventionnelle d’imprudence

Comme dans les infractions quasi-délictuelle, la faute réside en l’espèce dans une
négligence, une imprudence ou une inobservation des règlements. Deux différences
fondamentales séparent cependant la faute quasi-délictuelle et la faute
contraventionnelle d’imprudence.

La faute contraventionnelle d’imprudence est nécessairement présumée puisqu’elle


est punissable dans tous les cas (article 133, alinéa 2 du Code pénal marocain).

Pour renverser une telle présomption, l’agent se trouve dans la position du


responsable du fait des choses (article 88 du DOC). Il ne peut qu’invoquer la force
majeure que le Code pénal marocain assimile à la contrainte, fait justificatif.

b. L’exception : La faute contraventionnelle intentionnelle

Lorsque « la loi exige expressément l’intention de nuire » (article 133, alinéa 3 du
Code pénal marocain), l’agent est coupable d’une faute contraventionnelle
intentionnelle. Cette faute n’est pas présumée et obéit, dans son analyse, aux
normes dégagées à propos du dol général et du dol spécial. Seuls les articles 116 et
129 du Code pénal marocain, remarquablement adaptés à la faute
contraventionnelle d’imprudence, viennent en matière de tentative et de complicité
conférer à la faute contraventionnelle intentionnelle un aspect purement matériel :
dans les deux cas il est totalement fait abstraction de l’intention coupable.

SOUS SECTION 2 : L’IMUTABILITE

C’est la capacité de comprendre et de vouloir. Il n’y a pas en droit marocain de texte


posant un principe général de non imputabilité. Seule l’insuffisance des facultés
intellectuelles constitue une cause de non imputabilité.

§ 1 : INSUFFISANCE DES FACULTES INTELECTUELLES

Elle peut tenir à l’âge, ou à certains troubles.

A. L’AGE

L’insuffisance des facultés intellectuelles peut tenir à l’âge (minorité). On est majeur
à 18 ans. Il existe cependant certains règles spéciales entre 12 et 18 ans : 

1. MOINS DE 12 ANS

Le mineur de moins de douze ans est considéré comme irresponsable pénalement


par défaut de discernement (article 134 du Code pénal marocain). Il peut être soumis
aux mesures et dispositions de la loi n° 22.01 du 3 octobre 2003 relative à la
Procédure Pénale
21
2. LE MINEUR DE 12 A 18 ANS

Le mineur de douze ans qui n’a pas atteint dix-huit ans est, pénalement considéré
comme partiellement irresponsable en raison d’une insuffisance de discernement. Il
bénéficie de l’excuse de minorité, et ne peut faire l’objet que des dispositions de la
loi  de la procédure pénale (article 138 du Code pénal marocain).

En matière de crimes et de délits, il bénéficie de l’excuse de minorité et peut faire


l’objet, soit des mesures de protection ou de rééducation prévues à l’article 481 du
Code de la Procédure Pénale, soit des peines atténuées prévues à l’article 482 du
Code de la Procédure Pénale.

En matière de contravention, il peut faire l’objet d’une condamnation à une peine


d’amende prévue par la loi.   

3. AU DESSUS DE 18 ANS

Les délinquants ayant atteint la majorité pénale de dix-huit ans révolus, sont réputés
pleinement responsable (article 140 du Code pénal marocain).

Toutefois, l’âge du mineur s’apprécie non du jour de la comparution en justice, mais


au jour où l’infraction est commise. Et l’âge avancé n’est pas en soi une cause
d’irresponsabilité pénale.

B. ALIENATION MENTALE

L’insuffisance des facultés intellectuelles peut tenir à des raisons congénitales ou à


la maladie mentale : il s’agit des troubles psychiques ou neuropsychiques ; c’est le
problème des psychopathes délinquants. L’existence et la nature de ces troubles
sera établie par l’expertise médicale.

Les juges du fonds doivent s’expliquer sur l’état mental du prévenu à la date des
faits, et sans se borner par exemple à viser le comportement du prévenu à
l’audience.

A côté de l’irresponsabilité totale dont bénéficie le dément intégral, le Code pénal


marocain consacre le concept d’irresponsabilité partielle dont il fait bénéficier le
demi-fou. 

1. IRRESPONSABILITE TOTALE

Les agents qui, au moment des faits qui leur sont reprochés, se trouvaient, par suite
de troubles de leurs facultés mentales, « dans l’impossibilité de comprendre ou de
vouloir », sont considérés comme totalement irresponsables et doivent être absous
(article 134 du Code pénal marocain).

2. IRRESPONSABILITE PARTIELLE

En revanche, l’agent qui, au moment de la commission de l’infraction, se trouvait


atteint d’ un affaiblissement de ses facultés mentales de nature à réduire sa

22
compréhension ou sa volonté et entraînant une diminution partielle de sa
responsabilité, doit être considéré comme partiellement irresponsable (article 135 du
Code pénal marocain).

§ 2 : ALTERATION PASSAGERE DES FACULTES INTELLECTUELLES

L’altération passagère des facultés intellectuelles peut provenir d’événements


accidentels : il s’agit d’une personne adulte et normale, mais qui est soumise
provisoirement à une influence la privant du jeu normal de ses facultés.

La question se pose rarement à propos du somnambulisme ou de l’hypnose : il y


aurait dans ces cas irresponsabilité (sauf dans le cas d’hypnose, la responsabilité de
l’hypnotiseur).

A. LE SOMMEIL

L’individu qui dort n’a pas conscience des actes perpétrés durant son sommeil. Les
infractions de commission commise pendant une crise de somnambulisme naturel
doivent être regardées comme le fait d’un irresponsable obéissant à des impulsions
inconscientes et irrésistibles. En revanche, l’incidence infractionnelle du
somnambulisme provoqué par le sommeil hypnotique doit pouvoir être imputée non
seulement à l’agent imprudent, mais surtout à l’hypnotiseur, en ce cas complice par
provocation.

Quid de l’infraction d’omission commise durant un sommeil naturel ? Exemple : Un


passager de l’O.N.C.F. s’endort durant le trajet, omettant ainsi de descendre à la
station programmée sur son titre de transport et se trouvant par là même en
infraction vis-à-vis du droit pénal des transports ferroviaires. Sa responsabilité doit
normalement être engagée, sauf s’il démontre avoir pris les précautions nécessaires
pour se faire réveiller à la station voulue. 

B. L’IVRESSE

L’ivresse est un état passager dû à l’absorption excessive d’alcool. Elle peut enlever
à l’agent toute faculté de discernement. Il faut la distinguer de l’alcoolisme, état
pathologique durable.

L’ivresse est-elle une cause de non imputabilité ? Le Code pénal marocain est à cet
égard sans équivoque. Aux termes de l’article 137, en effet, l’ivresse ne peut en
aucun cas, exclure ou diminuer la responsabilité.

L’ivresse peut par ailleurs aggraver la répression des délits d’homicide et de


blessures volontaires (article 434 du Code pénal marocain) ou constituer en soi un
délit spécifique, lorsque étant le fait e parents, elle est regardée comme un exemple
pernicieux pour les enfants (article 482 du Code pénal marocain), ou plus
généralement lorsqu’elle est publique et manifeste (décret royal portant loi du 14
novembre 1967).

C. L’EMPLOI VOLONTAIRE DE SUBSTENCES STUPEFIANTES

23
Le droit pénal assimile purement et simplement à l’ivresse ce type d’intoxication dont
les conséquences peuvent être un facteur de criminalité. L’article 137 du Code pénal
marocain refuse d’exclure ou de diminuer la responsabilité de l’agent.

D. LES ETATS PASSIONNELS OU EMOTIFS

Une violente passion, une trop forte émotion peuvent incontestablement altérer
l’élément moral. Le Code pénal marocain pose ainsi une règle rigoureuse en
estimant que « les états passionnels ou émotifs…ne peuvent, en aucun cas exclure
ou diminuer la responsabilité »

CHAPITRE 2 : ÉLEMENT ANTIJURIDIQUE


Si l’action ou l’omission incrimine par la loi se trouve justifiée, l’infraction
disparaît. Il est donc nécessaire pour que l’infraction se trouve constituée qu’elle
puisse être analysé comme une transgression de l’ordre pénal, comme un fait
antijuridique. En effet, il n’y a ni crime, ni délit, ni contravention (article 124, alinéa 1
du Code pénal marocain) si le fait contraire à la loi pénale préexistante est justifié.

Un fait justificatif est une circonstance qui enlève son caractère illégal à un acte
normalement contraire à l’ordre social. Il ne se contente pas de neutraliser l’élément
légal, il fait également disparaître l’élément moral puisque’ aucune faute ne peut être
imputée à l’agent, ainsi que l’élément matériel dont l’apparence seule est
infractionnelle puisque cette action ou cette omission ne saurait analysée comme un
comportement pénal. Ce qui en d’autres circonstances eut été infractionnel se trouve
justifié par le droit. Il y a donc transgression apparente de l’ordre pénal, mais il n’y a
pas infraction. En conséquence, si le fait justificatif est établi, les poursuites doivent
prendre fin ; aucune sanction ne peut-être prise à l’encontre de l’agent qui ne
présente pas un état dangereux ni anti-social ; la responsabilité civile du fait
personnel de l’agent ne saurait non plus être retenue, car l’existence du fait justificatif
est exclusif de la faute. Les causes de justification font disparaître l’infraction qui,
pour être constituée, doit nécessairement comprendre un élément antijuridique.

L’étude de l’élément antijuridique se confond avec celle des trois faits justificatifs
généraux prévus dans les articles 124 et 125 du Code pénal marocain.

Dans le premier cas, la justification résulte d’un ordre de la loi qui impose à une
personne d’accomplir un acte. L’infraction est légale.

Dans le second cas, la justification résulte de la cause étrangère ayant contraint


l’agent, de façon irrésistible, à la commission de l’infraction. L’infraction est
inévitable.

Dans le troisième cas, la justification résulte d’une permission de la loi. L’infraction


est nécessaire.

24
SECTION 1 : LA JUSTIFICATION PAR L’ORDRE DE LA LOI ET LE
COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME

Aux termes de l’article 124-1° du Code pénal marocain « Il n’y a ni crime, ni délit, ni
contravention :

1° Lorsque le fait était ordonné par la loi et commandé par l’autorité légitime ».

Autrement dit, l’acte infractionnel ne peut être justifié que si sont réunies deux
conditions : l’ordre légal et le commandement de l’autorité.

§ 1 : L’ORDRE DE LA LOI

La justification peut en réalité résulter soit de l’ordre de la loi, soit de l’autorisation de


la loi, soit parfois de la coutume ou de l’usage.

A. L’ORDRE DE LA LOI

Il suffit par lui-même à justifier l’acte si l’ordre du supérieur n’est pas nécessaire.

Exemples : l’obligation de porter secours justifie une violation de domicile ;


l’obligation pour le commissaire aux comptes de révéler certaines infractions dans
les sociétés justifie la violation de secret professionnel.

B. LA SIMPLE AUTORISATION DE LA LOI

L’ordre de la loi peut être non seulement l’ordre formel qui résulte d’un texte légal,
mais également l’autorisation de la loi, que cette autorisation soit expresse ou tacite.

1. AUTORISATION EXPRESSE DE LA LOI

Exemple : l’obligation des médecins et chirurgiens de révéler certaines maladies


contagieuses justifie la violation de secret professionnel (article 446 du Code pénal
marocain). Ils ne seront pas considérés comme coupables de violation dudit secret.

2. AUTORISATION TACITE DE LA LOI

Elle est le plus souvent liée à l’exercice d’une profession réglementée ou à la


pratique d’un sport violent, tel que par exemple la boxe ou les arts martiaux.

a. Principe

Lorsque la loi réglemente l’exercice d’une profession ou d’un sport, elle autorise tous
les actes qui entrent dans l’exercice normal de cette profession ou dans la pratique
usuelle de ce sport.

Exemple : Il serait inconcevable de poursuivre le chirurgien qui a procédé à


l’amputation d’un membre sous le prétexte qu’une telle activité tombe sous le coup
de l’article 402 du Code pénal marocain, qui prévoit que « lorsque les blessures ou

25
les coups ou autres violences ou voies de fait ont entraîné une mutilation, amputation
ou privation de l’usage d’un membre, cécité, perte d’un œil ou toutes autres infirmités
permanentes, la peine est la réclusion de cinq à dix ans ».

L’amputation était juridiquement justifiée, il est accomplie dans un contexte


professionnel légal, c’est celui du Code de déontologie médicale. Ainsi le fait qui
apparemment est un fait délictueux est en réalité dépouillé de toute criminalité car il
est justifié par l’exercice de la profession.

b. Limites

Elles sont de deux sortes.

La fonction doit tout d’abord être exercée dans un contexte déontologiquement


correct. L’acte médical, par exemple, cessera d’être justifié pour devenir
antijuridique, s’il n’est pas « conforme aux données acquises de la science. Si
l’amputation nécessaire d’un membre a été réalisée dans un environnement clinique
tel que le malade y a perdu la vie, le fait chirurgical ne peut justifier l’homicide.

L’exercice abusif des prérogatives liées à la profession engage par ailleurs la


responsabilité de celui qui commet cet abus. Son acte devient antijuridique. Il en est
ainsi lorsqu’il exerce son droit dans l’intention de nuire à autrui ou contrairement à sa
destination par un véritable détournement de la fonction sociale en vue de laquelle
ce droit avait été conféré    

§ 2 : LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGIIME

La légitimité, au sens de l’article 124 – 1° du Code pénal marocain, est la conformité


d’un commandement à la légalité, c’est-à-dire à l’ordre de la loi fondé sur la légitimité
gouvernementale. La légalité gouvernementale doit être écartée du champ de cette
analyse, nécessairement limitée à l’autorité légitime publique qu’il importe
d’appréhender négativement par l’étude de deux types d’infractions : le
commandement illégitime et l’ordre illégitime issu d’une autorité légitime. 

A. LE COMMANDEMENT ILLEGITIME

L’absence de légitimité est fondée soit sur le défaut de titre de commandement, soit
sur la contravention flagrante à l’ordre de l’autorité légitime. Le Code pénal marocain
prévoit toutes les possibilités de commandement illégitime. Les infractions les plus
graves sont érigées en crimes et concernent la sûreté intérieure de l’Etat ; les autres
sont des délits et correspondent à des usurpations.

1. LES ATTEINTES A LA SURETE INTERIEURE DE L’ETAT

C’est l’hypothèse de la guerre civile qui est ici visée par le Code.

26
Six infractions différentes peuvent être dégagées des textes légaux. Les unes
concernent le commandement illégal exercé sur des militaires professionnels. Les
autres concernent le commandement de bandes armées dont la composition, semble
s’apparenter beaucoup plus à une association de malfaiteurs qu’à un corps de
bataille.

a. Le commandement illégitime de militaire professionnel

Aux termes de l’article 202 du Code pénal marocain, le commandement illégitime de


militaire professionnel est toujours puni de mort, il peut être le fait de : « toute
personne qui, sans droit ni motif légitime, prend ou exerce le commandement d’une
unité de l’armée, d’un ou plusieurs bâtiment de guerre, d’un ou plusieurs aéronefs
militaires, d’une place forte, d’un poste militaire, d’un port ou d’une ville ».

L’article 163 du Code de la Justice Militaire assure la répression de « tout militaire


qui prend un commandement sans ordre ou motif légitime ou qui le retient contre
l’ordre de ses chefs ».

Dans le premier cas la qualité originelle du commandant illégitime est indifférente, ce


peut être un civile ou un militaire ; dans le second cas son appartenance à la fonction
militaire est un élément constitutif de l’infraction.

« toute personne qui conserve, contre l’ordre du gouvernement, un commandement


militaire quelconque ». il peut s’agir soit d’un agent d’autorité, par exemple un
gouverneur, à qui le gouvernement aurait conféré provisoirement le commandement
d’une unité militaire, soit d’un officier.

« tout commandant qui maintient son armée ou sa troupe rassemblée après que le
licenciement ou la séparation a été ordonné ». Cette infraction est purement militaire.
Une troupe ne saurait licenciée, mais démobilisée.

« toute personne qui, sans ordre ou autorisation  du pouvoir légitime, lève ou fait
lever des troupes armées, engage ou entrôle, fait engager ou entrôler des soldats ou
leur fournir ou procure des armes ou munitions ». Il est difficile de spécifier la
situation envisagée par cette infraction dont un des éléments constitutifs est fonction
de la qualité des recrutés qui doivent être des militaires.

b. Le commandement illégitime de bandes armées

Selon l’article 203 du Code pénal marocain, le commandement illégitime de bandes


armées est puni de mort, il peut être le fait de :

« toute personne qui, soit pour s’emparer de deniers publics, soit pour envahir des
domaines, propriétés, places, villes, forteresses, postes, magasins, arsenaux, ports,
vaisseaux ou bâtiments, appartenant à l’ETAT, soit pour piller ou partager des
propriétés publiques nationales, ou celles d’une généralité de citoyens, soit enfin
pour faire attaque ou résistance envers la force publique agissant contre les auteurs
de ces crimes, s’est mis à la tête de bandes armées, ou y a exercé une fonction ou
commandement quelconque ». La bande peut être une armée privée et ce sont de
véritables actes de guerre civile que semble vouloir réprimer ce texte dont la finalité

27
est différente de celle de l’article 294 du Code pénal marocain sanctionnant moins
sévèrement les dirigeants d’une simple association de malfaiteurs.  

« ceux qui ont dirigé l’association, levé ou fait lever, organiser ou fait organiser les
bandes séditieuses ou leur ont sciemment et volontairement, fourni ou procuré des
armes, munitions et instruments de crime, ou envoyé des convois de subsistance, ou
qui ont de toute autre manière apporté une aide aux dirigeants ou commandants des
bandes ». Le texte vise ici l’instigateur, l’organisateur de l’insurrection, le véritable
commandant illégitime.

2. LES USURPATIONS

Le commandement d’une autorité illégitime peut être consécutif à différents délits


d’usurpation de fonction.

a. Est constitué en infraction par l’article 380 du Code pénal marocain, le fait de
s’immiscer sans titre dans des fonctions publiques civiles ou militaires, ou le fait
d’accomplir un acte d’une de ces fonctions. Une telle action constitue une atteinte
directe aux droits et prérogatives de la puissance publique qui, seule, nomme aux
emplois civils et militaires.

b. De même lorsque l’exercice de l’autorité publique est illégalement anticipé ou


lorsqu’il est illégalement prolongé. Dans l’un et l’autre cas le titre légitimant l’autorité
est inexistant : le donneur d’ordre n’a pas encore ou n’a plus de commandement
légitime.

La première hypothèse est prévue par l’article 261 du Code pénal marocain, elle vise
« tout magistrat ou tout fonctionnaire public astreint à un serment professionnel qui,
hors le cas de nécessité, continue à exercer ses fonctions sans avoir prêté
serment ».

La deuxième hypothèse est formulé par l’article 262 du Code pénal marocain, elle
concerne « tout magistrat, tout fonctionnaire public révoqué, destitué, suspendu ou
légalement interdit qui, après avoir reçu avis officiel de la décision le concernant,
continue l’exercice de ses fonctions » et « tout fonctionnaire public électif ou
temporaire qui continue à exercer ses fonctions après leur cessation légale ».

c. Dans les deux cas a et b envisagés, la déférence à l’ordre fondé sur l’usurpation
de l’agent n’est pas constituée en infraction par le Code pénal marocain. En
revanche, l’exécution par le subalterne de l’ordre émanant de l’autorité illégitime doit,
sauf le cas de complicité, s’analyser comme une action justifiée.

B. L’ORDRE ILLEGITIME ISSU D’UNE AUTORITE LEGITIME

Deux cas sont envisagés par le Code : les abus d’autorité et les empiètements.

1. LES ABUS D’AUTORITE

Ils sont réprimés à deux niveaux.

28
 

a. Les abus d’autorité commis par des fonctionnaires contre des particuliers

Le principe est posé par l’article 225 du Code pénal marocain. L’ordre illégitime sera
en l’espèce le fait de « tout magistrat, tout fonctionnaire public, tout agent ou préposé
de l’autorité ou de la force publique qui ordonne ou fait quelque acte arbitraire,
attentatoire soit à la liberté individuelle, soit aux droits civiques d’un ou plusieurs
citoyens ». l’objet de ce texte est de garantir la liberté individuelle et les droits
essentiels des citoyens contre l’arbitraire des magistrats et des agents d’autorité, à
quelque niveau qu’ils se situent dans la hiérarchie. La détention arbitraire (articles
227 et 228 du Code pénal marocain), le refus de respecter l’immunité parlementaire
(article 229 du Code pénal marocain) ou l’inviolabilité du domicile (article 230 du
Code pénal marocain), l’usage sans motif légitime de violence (article 231 du Code
pénal marocain) etc…

b. Les abus d’autorité commis par des fonctionnaires contre l’ordre public

Le principe est posé par l’article 257 du Code pénal marocain ; l’ordre illégitime sera
le fait de « tout magistrat ou fonctionnaire public qui requiert ou ordonne, fait requérir
ou ordonner l’action ou l’emploi de la force publique contre l’exécution d’une loi ou
contre la perception d’une contribution légalement établie ou contre l’exécution soit
d’une ordonnance ou mandat de justice, soit de tout autre ordre émané de l’autorité
légitime ». C’est une hypothèse que l’on ne peut envisager que dans un contexte de
guerre civile.

2. LES EMPIETEMENTS

Les infractions prévues sous cet intitulé par le Code pénal marocain sont destinées à
assurer la protection pénale de la séparation des pouvoirs. Ainsi, il sera illégitime le
commandement de l’autorité judiciaire lorsqu’il aura pour objet non seulement de
s’immiscer dans les attributions de l’autorité administrative, mais également
d’empiéter sur le pouvoir législatif.

a. Empiètement par les autorités judiciaires

Deux infractions peuvent être dégagées de l’article 237 du Code pénal marocain :

Empiètement sur le pouvoir législatif

·          Interdiction
d’édicter « des règlements contenant des disposition législatives ».
Ce sont non seulement les arrêts de règlement, émis par les cours souveraines dans
l’ancien droit français, qui sont prohibés par ce texte fondamental, mais également le
procédé de l’ijtihad, spécifique au droit musulman ;

·          Interdiction d’arrêter ou de suspendre « l’exécution d’une ou plusieurs lois ».

Empiètement sur le pouvoir exécutif

29
Interdiction d’édicter des règlements en matière administrative ;

Interdiction de s’opposer à l’exécution des ordres de l’administration.

b. Empiètement par les autorités administratives

Ils peuvent être de deux sortes :

Empiètement sur le pouvoir législatif (article 238 du Code pénal marocain)

·          Interdiction d’édicter « des règlements contenant des dispositions législatives » ;

·          Interdiction d’arrêter ou de suspendre « l’exécution d’une ou plusieurs lois ».

Empiètement sur le pouvoir judiciaire

·          « En
intimant des ordres ou défenses à des cours ou tribunaux » article 238 du
Code pénal marocain ;

·          En
statuant « sur des matières de la compétence des cours ou tribunaux » article
239 du Code pénal marocain.

Il s’agit dans le premier cas d’une tentative de subordination du pouvoir judiciaire et


dans le second cas d’une substitution de l’autorité administrative à l’autorité
judiciaire  

SECTION 2 : LA SUFFISANCE D’UNE CONDITION : L’ORDRE DE LA


LOI OU LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME

Conformément au principe posé par l’article 124 – 1° du Code pénal marocain, la


réunion des deux conditions doit être cumulative ; le concept d’autorité légitime
implique l’existence d’une subordination hiérarchique. La réunion des deux
conditions ne peut être effectivement réalisable que lorsque l’action est subordonnée
à une hiérarchie.

Ce principe cumulatif est-il absolu ? Ou bien faut-il admettre que la nécessaire


subordination de l’agent puisse être envisagée au regard d’une seule des deux
conditions ?

§ 1 : L’ORDRE DE LA LOI SANS LE COMMANDEMENT DE


L’AUTORITE LEGITIME

Il constitue un fait justificatif lorsqu’il n’y a aucune subordination hiérarchique,


l’agent étant uniquement le servant de la loi.

Exemples

En matière criminelle, un juge d’instruction peut de lui-même perquisitionner (article


xx du Code de la Procédure Pénale), procéder à des saisies (article xx du Code de la

30
Procédure Pénale) et de décerner des mandats de comparution, sans commettre les
délits de violation de domicile ou d’arrestation arbitraire.

De même un simple officier de police judiciaire peut, en cas de crime ou de délit


flagrant, « défendre à toute personne de s’éloigner du lieu de l’infraction jusqu’à la
clôture de ses opérations » (article xx du Code de la Procédure Pénale), sans être
pour autant coupable d’un délit d’atteinte à la liberté individuelle.

§ 2 : LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME SANS


L’ORDRE DE LA LOI

La subordination hiérarchique justifie-t-elle le comportement pénal lorsque le


commandement de l’autorité légitime cesse d’être fondé sur l’ordre de la loi ?

Il est bien évident qu’il ne saurait y avoir d’exercice légitime de l’autorité en dehors
de l’ordre de la loi ; dès l’instant où un officier ou un agent d’autorité abuse de ses
fonctions ou usurpe un commandement ou empiète sur un autre pouvoir, son
commandement perd de droits toute légitimité puisqu’il est fondé sur une infraction
(abus, usurpation, empiètement) ; les subordonnés peuvent du reste, refuser
d’obtempérer à ce commandement. Toutefois, l’apparence de ce commandement
peut passer pour légitime. L’obéissance à un tel commandement, est-elle suffisante
pour justifier une infraction ? deux systèmes peuvent être dégagés à partir des textes
légaux.

A . L’EXECUTION D’UN ORDRE MANIFESTEMENT ILLEGAL NE


JUSTIFIE JAMAIS L’INFRACTION

La sanction est toutefois subordonnée à la gravité de l’infraction.

1. PEINE DE MORT

Elle sanctionne, en cas d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, tous les


subordonnés sans distinction de grades dans deux cas :

a. L’article 171 du Code pénal marocain : Attentats contre le Roi, la famille royale ou
la forme du gouvernement.

b. L’article 204 du Code pénal marocain : Attentats ayant pour but … de susciter la
guerre civile.

2. RECLUSION DE CINQ A VINGT

En sont passibles, aux termes de l’article 205 du Code pénal marocain, les individus
faisant partie sans y exercer aucun commandement ou emploi déterminé de bandes
armés si, toutefois, leur commandant est coupable d’une des infractions visées par
l’article 203 du Code pénal marocain.

3. MESURES DE SURETE

31
Cette sanction est une faculté dont dispose le juge, conformément à l’article 145 du
Code pénal marocain, lorsque l’agent subordonné bénéficie d’une excuse
absolutoire, hypothèse prévue par le Code pénal marocain dans deux situations
différentes :

a. Aux termes de l’article 212 du Code pénal marocain, ceux qui ayant fait partie
d’une bande armée, sans y avoir exercé aucun commandement et sans y avoir
rempli aucun emploi déterminé, bénéficient d’une excuse absolutoire pour les faits de
sédition décrits aux articles 203 à 205 du Code pénal marocain, s’ils acceptent de se
retirer au premier avertissement des autorités civiles ou militaires, ou même
ultérieurement lorsqu’ils ont été appréhendés hors des lieux de la réunion séditieuse,
sans arme et sans opposer de résistance. Ce qui fonde, semble-t-il, l’excuse
absolutoire, et partant la réduction de la sanction à d’éventuelles mesures de sûreté
est la déférence immédiate au commandement d’une autorité indubitablement
légitime.

b. Les abus d’autorité commis par des fonctionnaires. Dans les deux cas prévus par
le Code pénal marocain, si l’agent démontre avoir agi par ordre de ses supérieurs
hiérarchiques dans un domaine de leur compétence, c’est-à-dire s’est contenté de
déférer au commandement de l’autorité légitime, il bénéficie aux termes des articles
225 alinéa 2 et 258 du Code pénal marocain, d’une excuse absolutoire. Dans le
premier cas (abus contre des particuliers), il semble que le bénéfice du texte puisse
être étendu aux autres abus d’autorité (articles 227 à 232 du Code pénal marocain)
dans la mesure où ces derniers ne constituent que des cas d’application du principe
général dégagé dans l’article 225 alinéa 1. dans le second cas en revanche, la règle
posée dans l’article 258 du Code pénal marocain concerne uniquement les
magistrats et les fonctionnaires publics, elle ne saurait être étendue aux agents
spécialement visés par l’article 260 du Code pénal marocain, « commandants,
officiers ou sous officiers de la force publique », dont le comportement pénal ne peut
en aucun cas être légalement excusé.

B. L’EXECUTION D’UN ORDRE APPAREMMENT LEGAL JUSTIFIE


TOUJOURS L’INFRACTION

Le principe il n’y a pas d’infraction sans texte s’applique aux militaires subordonnés
du commandant légitime dans le cadre des quatre infractions prévues par l’article
202 du Code pénal marocain, ainsi qu’aux civils, simples exécutants d’ordres
consécutifs à des empiètements (articles 237 à 239 du Code pénal marocain) où à
des usurpations de fonctions (articles 261, 262, 380 du Code pénal marocain).

SECTION 3 : LA JUSTIFICATION PAR LA CONTRAINTE PHYSIQUE 

Aux termes de l’article 124-2° du Code pénal marocain « Il n’y a ni crime, ni
délit, ni contravention :

1° ……….

2° Lorsque l’auteur a été matériellement forcé d’accomplir ou a été matériellement


placé dans l’impossibilité d’éviter l’infraction, par un événement provenant d’une
cause étrangère auquel il n’a pu résister ».
32
La contrainte est une cause générale de justification, et non une simple cause de
non culpabilité : elle fait disparaître l’infraction.

Dans les deux cas envisagés par le texte, il s’agit expressément de la seule
contrainte physique : l’agent est soit matériellement forcé d’accomplir, soit
matériellement placé dans l’impossibilité d’éviter.

Mais qu’est-ce qu’une contrainte physique ? Le Code pénal marocain ne la définit


pas à la différence du D.O.C. qui propose dans son article 269 une définition que la
jurisprudence marocaine a précisée : la contrainte physique, c’est la force majeure.

« La force majeure est tout fait que l’homme ne peut prévenir, tel que les
phénomènes naturels, l’invasion ennemi, le fait du prince, et qui rend impossible
l’exécution de l’obligation.

N’est point considérée comme force majeur la cause qu’il était possible d’éviter, si le
débiteur ne justifie qu’il a déployé toute diligence pour s’en prémunir.

N’est pas également considérée comme force majeure la cause qui a été
occasionnée par une faute précédente du débiteur ».

Ce texte est adapté à l’article 124-2° du Code pénal marocain dont il constitue, en
dépit de son antériorité, un prolongement précis.

Trois conditions sont nécessaires pour que la contrainte physique puisse être érigée
en fait justificatif.

§ 1 : ELLE DOIT ETRE D’ORIGINE EXTERNE

Provoquée par « un événement provenant d’une cause étrangère », la


contrainte physique apparaît subordonnée à un fait extérieur à la personne de
l’agent ; elle ne saurait donc avoir une origine interne. 

Serait ainsi soumis à une contrainte exonératoire, l’individu séquestré et par la


même dans l’impossibilité physique de verser à l’échéance une pension alimentaire :
le délit prévu par l’article 480 u Code pénal marocain ne pourrait être constitué. 

§ 2 : ELLE DOIT ETRE IRRESISTIBLE

L’agent « n’a pu résister ». La jurisprudence marocaine apprécie cette irrésistibilité


avec une sévérité particulière. La force visée par le texte doit être imprévisible.

§ 3 : ELLE NE DOIT PAS Avoir ETE PROVOQUE PAR UNE FAUTE DE
L’AGENT

En rappelant dans deux arrêts de principe rendus à propos du délit de blessures


involontaires consécutif à un accident de la circulation, cette nécessité de l’absence
de faute : Pour avoir le caractère de force majeure, la défaillance mécanique d’un
véhicule doit avoir un caractère imprévisible, la Cour Suprême voulant par là signifier

33
que l’état et l’entretien du véhicule doivent être insusceptibles de permettre la
prévision de cette défaillance. Il appartient à l’agent de prouver qu’il n’a commis
aucune faute d’omission relativement à cet entretien.

SECTION 4 : LA JUSTIFICATION PAR NECESSITE

Parfois l’infraction est commandée par la nécessité où se trouve une personne de


sauvegarder une vie, un ben ou un droit. N’étant pas irrésistiblement contraint à
l’infraction, l’agent commet volontairement et délibérément celle-ci, portant ainsi
atteinte à la vie, aux biens ou aux droits d’une autre personne.

La loi marocaine offre ainsi, en cas de nécessité, le choix entre deux maux : elle
permet l’accomplissement d’une infraction pour éviter un mal qu’elle estime encore
plus grave. Ce choix fondé sur une permission de la loi, c’est l’état de nécessité.

§ 1 : L’ETAT DE NECESSITE

L’état de nécessité, fait justificatif, n’étant pas expressément formulé par le droit
pénal marocain, il doit être induit des dispositions particulières que lui consacre, le
Code pénal marocain. On peut l’analyse comme un principe général du droit qui, s’il
n’est pas formulé explicitement par le législateur, se trouve véritablement en
suspension dans l’esprit de notre droit.

A. LES DISPOSITIONS PARTICULIERES

Huit textes du Code pénal marocain font une application univoque de l’état de
nécessité, fait justificatif général.

1. RUPTURE DU JEUNE

le fait de rompre ostensiblement le jeune « dans un lieu public pendant le temps de


Ramadan » (article 222 du Code pénal marocain) doit être analysé comme une
infraction nécessaire, si la rupture est canoniquement justifiée.

2. EXERCICE DE L’AUTORITE PUBLIQUE ILLEGALEMENT ANTICIPE

« Tout magistrat ou tout fonctionnaire public astreint à un serment professionnel qui


(…) commence à exercer ses fonctions sans avoir prêté serment » (article 261 du
Code pénal marocain), ne commet pas le délit d’exercice illégal de l’autorité publique
s’il agit par cas de nécessité.

3. AVORTEMENT

« L’avortement n’est pas puni lorsqu’il constitue une mesure nécessaire pour
sauvegarder la santé de la mère ». (article 453 du Code pénal marocain)

4. ABANDON DE FAMILLE

Ce délit peut apparaître nécessaire s’il est fondé, dans tous les cas envisagés par le
Code, sur un motif grave. (article 479 du Code pénal marocain)
34
5. DESTRUCTION OU MUTILATION D’ANIMAUX DOMESTIQUE OU D’ELEVAGE

Ces différents délits cessent d’être infractionnels s’ils sont commis par nécessité
(articles 602 et 603 du Code pénal marocain).

6. ENCOMBREMENT DE LA VOIE PUBLIQUE

Ce texte justifie en cas de nécessité le dépôt sur la voie publique « des matériaux ou
des choses quelconques qui empêchent ou diminuent la liberté ou la sûreté de
passage » (article 608-10° du Code pénal marocain).

7. REFUS D’OBTEMPERER A UNE CONVOCATION DE L’AUTORITE PUBLIQUE

Cette contravention sera justifiée si le refus est fondé sur un motif valable. (article
609-3° du Code pénal marocain).

Ces huit dispositions ne sauraient être considérées comme exceptionnelles ; elles


sont manifestement l’application d’une règle générale, celle de l’impunité de
l’infraction nécessaire. Deux exemples suffisent à s’en convaincre :

Aux termes de l’article 193-3° du Code pénal marocain est coupable d’atteinte à la
sûreté extérieure de l’Etat, délit passible en temps de paix d’un emprisonnement d’un
à cinq ans, « tout marocain ou étranger qui survole le territoire marocain au moyen
d’un aéronef étranger sans y être autorisé par une convention diplomatique ou une
permission de l’autorité marocaine ». Bien que le texte ne le précise pas, une telle
infraction est sans aucun doute justifiée par la nécessité de la commettre dès
l’instant où la déférence à la norme pénale peut raisonnablement s’analyser comme
un risque mortel pour l’équipage de l’aéronef.

De même le médecin frappé d’interdiction professionnelle, en application de l’article


456 du Code pénal marocain, commettrait une infraction nécessaire et ne tomberait
pas ainsi sous le coup du délit spécifique de l’article 323 du Code pénal marocain
(inobservation de la mesure de sûreté) si sa transgression de la loi est fondée sur la
nécessité de soigner.

B. FONDEMENT

Comment fonder la justification d’une infraction commise délibérément par un agent


à qui la loi consent exceptionnellement une option entre deux maux ? Un tel
fondement peut-il être subjectif et correspondre soit à la contrainte morale, soit au
mobile ? Est-il au contraire purement objectif et partant susceptible de se confondre
avec l’intérêt social ?

1. FONDEMENT SUBJECTIF

a. Si la contrainte morale, omise par l’article 224-2° du Code pénal marocain, n’est
pas érigée en fait justificatif autonome, peut-elle du moins fonder l’état de nécessité ?
On peut être tenté de l’admettre en analysant, par exemple, un texte comme l’article
453 du Code pénal marocain, justifiant l’avortement nécessaire.

35
Cependant cette considération subjective qui, en l’espace, peut déterminer le choix
du médecin, n’est pas à même de fonder d’autres justifications : un musulman ne
saurait, par exemple, être contraint moralement à rompre le jeune. De surcroît, en
droit pénal marocain, les états passionnels ou émotifs « ne peuvent, en aucun cas
exclure ou diminuer la responsabilité » (article 137 du Code pénal marocain). C’est
au contraire l’état de nécessité qui peut, en certains cas exceptionnels, venir justifier
l’infraction lorsque celle-ci est fondée sur une contrainte morale spécifique, telle celle
qui est décrite par l’article 538 du Code pénal marocain : Est ainsi, sans nul doute,
justifiée l’infraction commise sous la pression d’un chantage.

b. A défaut de contrainte morale, peut-on retenir cette cause impulsive et


déterminante de l’infraction que peut être le mobile généreux (exemple : le vol
nécessaire pour nourrir sa famille). La règle posée, en droit marocain, est celle de
l’indifférence des mobiles, fussent-ils louables ; ils peuvent, tout au plus, permettre
au juge d’accorder le bénéfice des circonstances atténuantes, mais ne sauraient, en
aucun façon, justifier l’infraction qui demeure punissable.

2. FONDEMENT OBJECTIF

Le seul critère susceptible de justifier l’infraction nécessaire, quelle que soit sa nature
juridique, réside dans l’intérêt social. La société n’est pas, en effet, fondée à punir si
le bien sacrifié par la transgression du droit a une valeur moindre ou égale au bien
sauvegardé par la commission de l’infraction. En effet, dès l’instant où cette
nécessaire transgression de l’ordre juridique n’est pas inspirée par un tempérament
anti-social est sans objet. Si la sanction pénale n’est pas nécessaire, donc injustifiée,
on doit considérer l’infraction comme nécessaire, donc justifiable.

C. CONDITIONS

Il est bien évident que l’infraction nécessaire doit être subordonnée à de stricte
conditions. Si la transgression du droit pénal peut être justifiée par un péril actuel et
injuste, encore faut-il qu’elle soit nécessaire et mesurée.

1. CONDITIONS TENANT AU PERIL

a. Un péril actuel

L’actualité du péril ressortit des huit textes du Cod pénal. C’est ainsi qu’aux termes
de l’article 435 du Code pénal marocain, l’avortement thérapeutique peut intervenir
« pour sauvegarder la santé de la mère ». De même la rupture du jeune prévue par
l’article 222 du Code pénal marocain ne peut, en droit malékite, être fondée que sur
une nécessité physique ou professionnelle… etc.

b. Un péril injuste

Le péril ne doit pas avoir été causé par une faute de l’agent ; si, par exemple, la
destruction d’animaux prévue par l’article 602 alinéa 1 du Code pénal marocain a été
réalisée à la suite d’une « violation de clôture » (article 602 alinéa 2 du Code pénal
marocain), l’infraction ne saurait être justifiée quand bien même la vie de l’agent eut
été sérieusement menacée. Il en va de même dans le cadre de l’article 603 alinéa 2

36
du Code pénal marocain, lorsque, après avoir pénétré dans une propriété privée au
mépris d’une interdiction, l’agent a été contraint, pour se défendre, de détruire
l’animal. 

2. CONDITIONS TENANT A L’INFRACTION

a. Une infraction nécessaire

Les huit textes du Code pénal marocain sont univoques : l’agent a le choix entre
deux maux ; aucune autre alternative ne lui est offerte ; l’infraction est l’unique
moyen de conjurer le péril. Aux termes de l’article 453 du Code pénal marocain, par
exemple, le médecin est contraint de pratiquer un avortement, car c’est le seul
moyen de « sauvegarder la santé de la mère ». En revanche, aux termes de l’article
609-3° du Code pénal marocain, le refus d’obtempérer à une convocation de
l’autorité publique ne se trouverait pas justifié si l’agent immobilisé pour « un motif
grave » avait la possibilité légale de se faire représenter.

b. Une infraction mesurée

Il ne paraît pas douteux qu’une certaine proportionnalité soit exigée pour justifier
l’infraction. Cette proportionnalité est une conséquence même du fondement objectif
de l’opinion légale, à savoir l’intérêt social.

Infraction justifiables

Si le bien sauvegardé a une valeur supérieure au bien sacrifié, l’intérêt social exige la
transgression de l’ordre pénal et l’infraction est justifiée. Exemples : la vie de
l’équipage de l’avion transgresse dans l’hypothèse²de l’article 193-3° du Code pénal
marocain ; la santé de la mère dans l’hypothèse de l’article 453 du Code pénal
marocain, celle du croyant dans l’hypothèse de l’article 222 du Code pénal marocain.

En est-il de même en cas d’égalité entre le bien sacrifié et le bien sauvegardé. Il


semble que l’on puisse admettre que la société n’ait aucun intérêt à préférer, en cas
de nécessité, la sauvegarde de tel bien par rapport à tel autre.

Infractions injustifiables

Quid si c’est la vie d’une personne qui est en jeu (exemple : pour sauver sa propre
vie un automobiliste tue une autre personne) ? Une réponse négative s’impose : Si la
permission de la loi ouvre en droit marocain un choix, ce choix est mesuré ; il ne
peut, en effet déboucher sur un homicide nécessaire qui étant, par hypothèse,
délibéré, ne pourrait être défini que comme un meurtre (article 392 du Code pénal
marocain). Si on justifiait le meurtre nécessaire, on ne pourrait qu’approuver la
torture nécessaire.

Si le bien sauvegardé a une valeur dérisoire au regard du bien sacrifié, il ne paraît


pas douteux que l’infraction, estimée nécessaire par l’agent, soit injustifiable.

Il ne peut en aller différemment qu’en certains cas de légitime défense ; mais le


conflit agresser agressé peut déterminer de telles conséquences que le législateur a

37
préféré réglementer cette application particulière de l’état de nécessité en l’érigeant
en principe justificatif autonome.

§ 2 : LA LEGITIME DEFENSE

L’article 124-3° du Code pénal marocain « Il n’y a ni crime, ni délit, ni contravention :

1° …..

2° …..

3° Lorsque l’infraction était commandée par la nécessité actuelle de la légitime


défense de soi-même ou d’autrui ou d’un bien appartenant à soi-même ou à autrui,
pourvu que la défense soit proportionnée à la gravité de l’agression ».

A. FONDEMENT

Il paraît manifeste que « la nécessité actuelle de la légitime défense », principale


application de l’état de nécessité, ouvre l’exercice d’un droit fondé sur un choix : se
laisser agresser ou se défendre.

La défense individuelle normalement prohibée devient légitime en cas d’urgence,


lorsque l’intervention sociale est défaillante. Dans le conflit agresseur défenseur, tel
qu’il est visé par l’article 124-3° et 125 du Code pénal marocain, la vie et l’intégrité
corporelle de l’agresseur sont apparemment moins respectables que les biens
matériels de l’agressé.

Comment justifier l’application de l’article 124-3° du Code pénal marocain à la


défense d’autrui ? L’agent défenseur d’autrui verra son acte justifié parce qu’il
accompli un devoir de justice également fondé sur un choix : Tolérer l’injustice, en
l’espèce l’attaque injustifiée, ou contribuer, en ripostant, au rétablissement du droit.

B. CONDITIONS

L’article 124-3° du Code pénal marocain pose des conditions générales, l’article 125
pose, dans certains cas déterminés, des conditions particulières.

1. LE CAS GENERAL

Les conditions de la justification tiennent soit à l’agression, soit à la défense.

a. Conditions tenant à l’agression

Aucune condition n’est relative à l’objet de l’agression, car à la différence de l’article


328 du Code-pénal français qui ne vise que les personnes, l’article 124-3° du Code
pénal marocain envisage la légitime défense « de soi-même ou d’autrui ou d’un bien
appartenant à soi-même ou à autrui ». Cette extension légale du fait justificatif à la
défense de toutes les agressions doit être regardée comme la conséquence du

38
fondement même de la légitime défense. Les conditions nécessaires à la justification
seront donc fonction du caractère de l’agression. 

Elle doit être actuelle

La condition d’actualité, « nécessité actuelle » dit le texte, consiste dans la menace


d’un mal imminent qui ne peut être écarté qu’en commettant l’infraction, c’est-à-dire
en opérant un choix. La légitime défense apparaît ainsi comme la principale
illustration de l’état de nécessité. Cette actualité laissée à l’appréciation du juge
cesse dans manifestement deux cas :

En cas de riposte contre une attaque déjà passée, il n’y a pas légitime défense, mais
vengeance privée.

En cas de défense contre un mal future, un mal éventuel. Il n’y a plus urgence, la
défense sociale peut jouer et peut notamment être mise en œuvre sur la base des
articles 425 à 429 du Code pénal marocain relatifs à la répression des menaces
contre les personnes ou les biens.

Elle doit être injuste

Injuste, c’est-à-dire antijuridique ; l’agression ne doit pas être légale. Une saisie
mobilière, exécutée conformément aux articles 460 et s du Code de la Procédure
Civile, ne saurait évidemment justifier une obstruction violente du débiteur dont la
défense n’est certes pas légale.

Quid si l’agression est injuste mais perpétrée par une autorité légitime ? Exemple :
Arrestation sans mandat d’arrêt. Il ne paraît pas douteux qu’en droit marocain, le
refus d’obtempérer à un tel ordre, au moyen de violences correspondant à une
défense légitime, ne soit justifié, puisque seul le délit de rébellion est prévu par le
Code et qu’il n’est pas permis d’ajouter ou de retrancher à la loi.

Quid si l’agression est perpétrée par un irresponsable majeur ou mineur ? Cette


agression ne pouvant être antijuridique puisque située hors du champ infractionnel,
la défense ne saurait être légitime. L’état de nécessité, en revanche, en tant que
principe général, nous paraît susceptible de justifier la réaction de l’agressé.

Quid enfin si l’agression est perpétrée par un agent excusable, par exemple, aux
termes de l’article 418 du Code pénal marocain par un mari trompé, blessant son
épouse et l’amant de cette dernière « à l’instant où il les surprend en flagrant délit
d’adultère » ; si l’épouse et l’amant ripostent, sont-ils en état de légitime défense ?
Une réponse affirmative s’impose, car si l’excuse de provocation a pour
conséquence d’atténuer la peine de l’agent, elle ne fait pas disparaître l’infraction : la
défense de l’amant ou de l’épouse est partant légitime et donc justifiée.

b. Conditions tenant à la défense

Elle doit être nécessaire

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Principale application de l’état de nécessité, la défense pour être légitime doit
normalement constituer le seul moyen de s’opposer à l’agression. L’agresseur
défenseur n’avait pas d’autre alternative : subir l’injustice ou rétablir le droit.

Elle doit être mesurée

C’est-à-dire « proportionnée à la gravité de l’agression ». L’appréciation de la


proportion est une question de fait qu’il appartient au juge seul de trancher, en
considération du péril qui pouvait être redouté, n fonction notamment de l’âge, du
sexe, voir même du contexte socio culturel de l’agent agressé. Le terme
« proportion » nous paraît en fait inadapté à l’institution car il semble introduire l’idée
de réciprocité : défense mesurée ne saurait en effet signifier talion. Le mal causé par
l’agressé peut être supérieur au mal reçu : un homicide peut ainsi être jugé
nécessaire pour se prémunir d’un vol ou de blessures graves ; ou inférieur : la
défense légitime d’un bien peut difficilement justifier la perte d’une vie humaine.

La légitime défense cessera de justifier l’infraction si elle est démesurée ; Cette


absence de justification ne signifiant d’ailleurs pas que l’agent sera condamné à la
peine prévu par le Code. Selon la nature de l’agression, l’agent pourra soit bénéficier
d’une des excuses atténuantes de provocation prévue par les articles 416 à 421 du
Code pénal marocain, soit se voir accorder conformément à l’article 146 du Code
pénal marocain le bénéfice des circonstances atténuantes.

2. LES CAS PARTICULIERS

Il est deux cas particuliers où le Code semble renoncer à la mesure imposée par
l’article 124-3° du Code pénal marocain. Aux termes de l’article 125 du Code pénal
marocain, en effet, « sont présumés accomplis dans un cas de nécessité actuelle de
légitime défense :

1° L’homicide commis, les blessures faites ou les coups portés, en repoussant,


pendant la nuit, l’escalade ou l’effraction des clôtures, murs ou entrée d’une maison
ou d’un appartement habité ou de leurs dépendances.

2° L’infraction commise en défendant soi-même ou autrui contre l’auteur de vols ou


de pillages exécutés avec violence ».

Ce texte n’est pas une simple application de l’article 124-3° du Code pénal
marocain ; il en constitue au contraire une dérogation dans la mesure où il établit, en
cas d’attaque particulièrement grave, une présomption de légitime défense. L’agent,
auteur de l’homicide ou des blessures, n’est pas tenu de prouver, l’attaque étant
actuelle et injuste, que sa riposte était nécessaire. Devant la gravité de l’agression,
l’agent semble dispensé de délibérer un choix : il opte d’emblée pour la défense que
la loi veut, en ce cas, présumer nécessaire.

DEUXIEME TITRE : LE DELINQUANT

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CHAPITRE 1 : NOTION DE DELINQUANT
Le droit positif ne donne pas une définition du délinquant. Toutefois, la loi n’hésite
pas à indiquer les sujets de droit susceptibles de supporter la réaction sociale à
l’occasion de la commission d’une infraction.

L’article 126 du Code pénal marocain dispose que les peines et les mesures de
sûreté sont applicables aux personnes physiques, tandis que, l’article 127 du même
code précise que les personnes morales ne peuvent être condamnées qu’à des
peines pécuniaires et aux peines accessoires : la confiscation partielle, la dissolution
et la publication du jugement de condamnation. Il ajoute que le tribunal peut les
soumettre aux mesures de sûreté réelles : confiscation du bien ayant un rapport avec
le trouble social et fermeture de l’établissement.

SECTION 1 : L’AUTEUR DE L’INFRACTION

L’auteur d’une infraction est la personne qui réalise le trouble social. Cette
observation limite les concepts de responsabilité et d’auteur à l’être humain,
personne physique pleinement douée de ses facultés intellectuelles et mentales.

Ceci dit, les animaux et les choses ainsi que les être humains privés des dites
facultés ne peuvent supporter la responsabilité pénale de leur comportement.

Toutefois, au sein de la société humaine, l’individualisme perd de plus en plus de


terrain, il laisse place aux activités et aux aspirations des groupes. Les hommes
organisent leurs intérêts intellectuels et matériels dans le cadre d’institutions où
l’homme, l’individu, la personne physique voit son entité se dissiper au profit de l’idée
du groupe. Le groupe, société (réunion de personnes physiques et de capitaux en
vue d’exploiter des biens, de partager les profits et de supporter les pertes
éventuelles), association, (réunion de personnes physiques et de biens en vue de
défendre des intérêts moraux, religieux, intellectuels ou professionnels), ce groupe,
finit par acquérir une condition sociales semblable à celle de la personne physique. Il
gagne des droits et se soumets à des obligations ou devoirs. Les juristes l’appeler
« personne morale ». or, dès que le groupement arrive à ce stade, il devient
susceptible d’intervenir directement dans le phénomène criminel ; d’où la question de
demander s’il ne faut pas considérer cette personne morale comme auteur et comme
complice d’infraction ?

PARAGRAPHE 1 : LES PERSONNES PHYSIQUES

Les personnes physiques, les êtres humains, peuvent accomplir l’infraction, à titre
d’auteur, de responsable principal de la réaction sociale. La loi pénale considère
comme auteur d’une infraction toute personne qui l’exécute matériellement.

Dans l’hypothèse où la personne qui exécute n’est qu’un figurant, le droit positif
attache la qualité d’auteur à l’individu qui dirige la réalisation de l’infraction.

CHAPITRE 2 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS

41
La classification des infractions s’articule sur plusieurs critères ; la nature de
l’infraction, la nature de la peine, la gravité de l’une et de l’autre, les différentes
conditions générales de l’infraction, l’objet de l’infraction etc…

SECTION 1 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS EN FONCTION


DE LEUR NATURE POLITIQUE, MILITAIRE OU DE DROIT COMMUN

On ne fait presque jamais attention aux actions qui ont pour ut la contestation des
institutions politiques d’un ETAT. Lorsque leurs résultats coïncident avec ceux des
infractions ordinaires, de droit commun, la plupart du temps l’observateur se contente
de les aligner. Or l’infraction politique doit être distinguée du délit de droit commun
car son auteur ne correspond pas aux observations formulées sur la personnalité du
criminel envisagé par le juriste et le criminologue. Si les actes de l’un et de l’autre se
ressemblent, leurs motivations divergent catégoriquement.

Une remarque de même genre s’applique à l’action du militaire dans le cadre de


compétence réservé aux forces armées.

PARAGRAPHE 1 : LES INFRACTIONS POLITIQUES 

L’infraction politique constitue un trouble certain ; seulement, à la différence de


l’infraction de droit commun, elle ne choque pas profondément la conscience
collective de la société.

Se traduisant par une contestation des institutions, de l’usage qu’en font les
responsables, l’infraction politique ne produit guère le même effet que le meurtre, le
vol. cette nécessité de distinction implique la recherche d’une définition d’ensemble,
d’un critère de l’infraction politique par rapport à l’infraction de droit commun.

A. CRITERE DE LA DISTINCTION 

La jurisprudence marocaine ne dénote aucun effort de recherche ni d’orientation. Par


conséquent le droit marocain demeure tributaire des inspirations du droit comparé et
des suggestions doctrinales en la matière.

1. CRITERES DOCTRINAUX

Du point de vue criminologique, le crime politique revient à une atteinte aux


institutions constitutionnelles aux fonctions du régime et son idéologie. Cependant,
les actes qui coïncident avec les comportements criminels de droit commun peuvent
se rattacher à la catégorie politique lorsqu’ils sont motivés par un idéal.

2. LES SOLUTIONS DU DROIT POSITIF

L’examen du Code pénal marocain dégage plusieurs catégories d’actes susceptibles


de rentrer dans le concept d’infraction politique.

42
INTERET DE LA DISTINCTION

PARAGRAPHE 2 : LES INFRACTIONS MILITAIRES

L’expérience démontre que dans la majorité des cas, le militaire qui commet une
infraction ne ressemble pas au délinquant ordinaire. La motivation de son acte, sa
matérialisation et ses buts ne reviennent presque jamais à la haine, la cupidité, le
profit, l’égoïsme.

L’action délictueuse du militaire s’explique par des raisons engendrées par son genre
de vie spécial et par la doctrine sociopolitique dont il est convaincu.

Les droits positifs actuels consacrent à la délinquance militaire des textes adaptés
tels que les prescriptions du Code de Justice Militaire (dahir du 10.11.1956).

A. CRITERE DE L’INFRACTION MILITAIRE

Le dahir de 1956 formant Code de Justice Militaire présente un critère simple à


saisir, la compétence du tribunal permanent des Forces Armées Royales.

1. COMPETENCE DU TRIBUNAL PERMANENT DES F.A.R.

Sur le plan du fond, le délit militaire peut être envisagé des points de vue subjectif et
objectif. Selon la première conception, l’infraction militaire revient à l’action
délictueuse qui ne peut être commise que par un élément de l’armée ; on ne la
conçoit pas de la part d’un civil. Ex. la désertion, la désobéissance, l’abandon de
poste et la violation du règlement disciplinaire intérieur à un établissement militaire.

Cette vue présente l’avantage de la précision et de la simplicité. Le dahir de 1956


prévoit notamment une série d’infraction qui ne se distinguent pas des infractions de
droit commun : le vol, l’attentat à la vie d’autrui, la falsification, le faux témoignage,
etc…

Dans la deuxième conception, c’est l’honorabilité de l’armée qui est en cause, par
conséquent, tous ceux qui s’en révèlent responsables, qu’ils soient militaires ou civils
deviennent passibles de la justice pénale militaire.

B. INTERETS DE LA DISTINCTION

Sur le plan international l’auteur d’une infraction militaire n’encourt point l’extradition
lorsqu’il remplit les conditions vues dans l’infraction politique.

Sur le plan du droit interne, les différences de régimes sont plus intéressantes. La
condamnation à l’occasion d’une infraction militaire ne compte pour récidive. Selon
l’article 160 du Code pénal marocain que si elle concerne une infraction de droit
commun commise dans le cadre des institutions militaires (catégorie des infractions
militaires mixtes).

43
Le Code de Justice Militaire prévoit toutes les peines criminelles de droit commun ; il
leur ajoute quelques sanctions spécifiquement militaires telles que la dégradation et
la destitution.

SECTION 2 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS EN FONCTION


DE LEURS ELEMENTS JURIDIQUES GENERAUX

TITRE TROIS  :  LA REACTION SOCIALE

C’est de façon purement abstraite que le législateur apprécie la gravité des


infractions. En fonction des mœurs politiques du moment ou du contexte
international, il fera de l’infraction qu’il réprime un crime, un délit ou une
contravention et il fixera la peine objectivement encourue, pour cette infraction par
n’importe quel délinquant.

Par exemple, aux termes de l’article 490 du Code pénal marocain, « sont punies de
l’emprisonnement d’un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n’étant
pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ». C’est là
une infraction strictement fondée sur le confessionnalisme musulman (crime et
péché de zina).

De même, aux termes des articles 191 et 192 du Code pénal marocain, l’espion
coupable d’une atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat est passible, « en temps de
guerre » de la réclusion de cinq à trente ans, et « en temps de paix » d’un
emprisonnement d’un à cinq ans.

Il est toutefois nécessaire que la sanction pénale soit adapté par le juge au degré de
responsabilité propre à chaque délinquant. Lorsque la sanction pénale est
temporaire, l’individualisation du châtiment par le juge peut non seulement s’opérer
dans les limites du minimum légal, mais également excéder ces limites sous la forme
d’une atténuation au-dessous du minimum ou d’une aggravation au-dessus du
maximum. C’est là tout le problème de l’individualisation de la sanction pénale. Celle-
ci est rarement définitive ; elle n’est pas même toujours appliquée ; il importe donc de
s’interroger sur ses causes d’exemption ou d’extinction.

 
44
 

CHAPITRE PREMIER : LES MANIFESTATIONS


OBJECTIVES DE LA REACTION SOCIALE
La réaction sociale, en droit marocain, revêt deux formes juridiques différentes : les
peines et les mesures de sûreté.

SECTION 1 : LES PEINES

Il y a deux catégories de peines : les peines principales et les peines accessoires.

SOUS-SECTION 1 : LES PEINES PRINCIPALES

Selon l’article 14 du Code pénal marocain, « Elles sont principales lorsqu’elles


peuvent être prononcées sans être adjointe à aucune autre peine ». l’échelle des
peines est fixée par l’article 15 du Code pénal marocain. Elles peuvent être
criminelles, délictuelles ou contraventionnelles. Certaines sont spécifique à une
catégorie, par exemple la peine de mort est uniquement criminelle ; d’autres en
revanche peuvent se situer à différents niveaux de l’échelle répressive, c’est par
exemple le cas des pines privatives de liberté. (voir les articles 16, 17 et 18 du Code
pénal marocain).

PARAGRAPHE 1 : LES PEINES CORPORELLES

Les peines corporelles ne subsistent en droit marocain qu’à travers la fusillade


jusqu’à ce que mort s’ensuive, peine criminelle principale prévue par l’article 16-1° du
Code pénal marocain.

A. CRIMES PASSIBLES DE LA PEINE DE MORT

Ils sont nombreux : 29 infractions présentant une gravité exceptionnelle sont


passibles de mort.

1. SURETE DE L’ETAT

1. Attentat contre le Roi ou l famille royale (article 163, 165, 167 du Code pénal
marocain) ;
2. Crimes contre la sûreté extérieure de l’Etat (articles 181, 182, 185, 190 du
Code pénal marocain) ;

45
3. Crimes contre la sûreté intérieure de l’Etat (articles 201, 202, 203 du Code
pénal marocain).

2. ORDRE PUBLIC

1. Coalition de fonctionnaire civils et militaires visant à attenter à la sûreté


intérieure de l’Etat (article 238 du Code pénal marocain) ;
2. Corruption d’un magistrat ayant eu pour effet une condamnation à mort (article
253 du Code pénal marocain) ;
3. Fux témoignage e matière criminelle, au cas de condamnation à mort de
l’accusé (article 369 du Code pénal marocain).

3. CRIMES CONTRE LES PERSONNES

a. Homicides volontaires

Violences envers un fonctionnaire public ayant entraîné sa mort (article 267 alinéa 5
du Code pénal marocain), meurtre aggravé (article 392 du Code pénal marocain),
assassinat (article 393 du Code pénal marocain), parricide (article 396 du Code
pénal marocain), infanticide aggravé ou prémédité (article 397 du Code pénal
marocain) ou consécutif à une exposition (article 463 du Code pénal marocain),
empoisonnement (article 398 du Code pénal marocain).

b. Homicides involontaires

Consécutifs à violences à enfant (article 411-5° du Code pénal marocain), à


castration (article 412 du Code pénal marocain), à enlèvement de mineur (article 474
du Code pénal marocain), à incendie (article 584 du Code pénal marocain), à
entrave à la circulation (article 591 du Code pénal marocain).

c. Violences

Crime accompagné de torture (article 399 du Code pénal marocain), enlèvement ou


séquestration accompagné de torture (article 438 du Code pénal marocain),
violences à enfant avec intention de provoque la mort (article 410 du Code pénal
marocain).

d. Incendie de maison habitée

Article 580 du Code pénal marocain.

e. Récidive criminelle

46
L’article 155 du Code pénal marocain dispose « si le premier crime ayant été puni de
réclusion perpétuelle, la peine édictée par la loi pour le second crime est la réclusion
perpétuelle ».

f. Actes de terrorisme

Lorsque les faits ont entraîné la mort d’une ou de plusieurs personnes (article 218-3 ;
dernier alinéa du Code pénal marocain).

B. LA LEGITIMTE DE LA PEINE DE MORT

1. POUR LA PEINE DE MORT

1. Élimination radicale des grands criminels ;


2. Elle est irremplaçable.

2. CONTRE LA PEINE DE MORT

1. L’erreur judiciaire devient irréparable ;


2. L’amendement n’est plus possible ;
3. Elle est inefficace : les pays qui l’ont supprimée n’ont pas vu leur criminalité
augmenter.

PARAGRAPHE 2 : LES PEINES PRIVATIVE DE LIBERTÉ

Elles peuvent, en fonction de la gravité objective de l’infraction, être criminelle,


délictuelle ou contraventionnelle et obéir ainsi à des règles spécifiques ; certaines
dispositions leurs sont cependant communes ;

A. RÉCLUSION, EMPRISONNEMENT, DÉTENTION

1. RÉCLUSION

c’est la seule peine criminelle privative de liberté ; elle peut être soit perpétuelle
(article 16-2° du Code pénal marocain), soit prononcée « à temps » pour une durée
de cinq à trente ans (article 16-2° du Code pénal marocain). Bien qu’exceptionnelle
au regard du principe que pourrait représenter la réclusion à temps, la réclusion
perpétuelle est une sanction souvent prévue par le Code : 28 infractions en sont
passibles ; il n’est donc pas inopportun de délimiter son champ d’application ;

a. Récidive criminelle

Selon l’article 155 du Code pénal marocain « Quiconque ayant été, par décision
irrévocable, condamné à une peine criminelle, a commis un second crime quelle
qu’en soit la nature, est condamné :

…….

47
– à la réclusion perpétuelle, si le maximum de la peine édictée par la loi pour le
second crime est la réclusion de trente ans ; »

b. Sûreté de l’Etat

Attentats et complots contre le Roi, la famille royale et la forme du gouvernement


(articles 146, 166, 169, 172 et 173 du Code pénal marocain).

c. Ordre public

Coalition de fonctionnaires civils et militaires visant à attenter à la sûreté intérieure de


l’Etat (article 235 du Code pénal marocain).

Corruption d’un magistrat ayant eu pour effet une condamnation à la réclusion à


perpétuité (article 253 du Code pénal marocain).

d. Faux, contrefaçons et usurpations

·          Concernant les monnaies ou effets de crédit public (article 334 du Code pénal
marocain) ;

·          Concernant le sceau de l’Etat (article 342 du Code pénal marocain) ;

·          Concernant les poinçons, timbres et marques (article 332 du Code pénal


marocain) ;

·          En
écriture publique ou authentique (articles  352 et 353 du Code pénal
marocain) ;

·          Faux
témoignage en matière criminelle ayant déterminé la condamnation de
l’accusé à la réclusion perpétuelle (article 369 du Code pénal marocain).

e. Crime contre les personnes

Homicides volontaires : meurtre simple (article 392 du Code pénal marocain),


infanticide simple (article 397 du Code pénal marocain) ;

Homicide involontaire consécutif à des violences volontaires (articles 403, 404, 410,


411, 414-4° et 568 du Code pénal marocain) ;

Blessures : tortures à fonctionnaire public (article 231 du Code pénal marocain),


castration (article 412 du Code pénal marocain) ;

Enlèvement : de majeur (article 437 du Code pénal marocain), de mineur (article 473
du Code pénal marocain).

f. Crimes contre les biens

·          Vol aggravé (article 507 du Code pénal marocain) ;

48
·          Recel aggravé (article 572 du Code pénal marocain) ;

2. EMPRISONNEMENT

c’est la seule peine délictuelle privative de liberté.  C’est une peine « à temps ».

a. Principe

Un mois au moins, cinq ans au plus (article 17 du Code pénal marocain).

Délit correctionnel ; infraction que la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont elle
fixe le maximum à plus de deux ans (article 111 du Code pénal marocain) ;

Délit de police : infraction que la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont elle fixe
le maximum à deux ans ou moins de deux ans (article 111 du Code pénal marocain).

b. Exception

·          La
récidive peut entraîner un emprisonnement de 10 ans (articles 156 et 157 du
Code pénal marocain) ;

·          Certains
délits sont punis d’un emprisonnement inférieur à un mois. Exemple :
l’article 325 du Code pénal marocain : suppression, dissimulation ou lacération
d’affiches apposées en exécution d’une décision judiciaire ;

·          Par le jeu des circonstances atténuantes, le minimum de


l’emprisonnement peut être abaissé à 6 jours en matière de délits de police
(article 150 du Code pénal marocain).

Dans les trois exceptions, la catégorie de l’infraction n’est pas modifiée (article 112
du Code pénal marocain) bien que la durée de l’emprisonnement déroge au principe
posé par l’article 17 du Code pénal marocain.

3. DÉTENTION

c’est la seule peine contraventionnelle privative de liberté. C’est une peine « à
temps ».

a. Principe

Moins d’un mois (article 18 du Code pénal marocain).

b. Exceptions

Certains infractions prévues par le Code pénal marocain et sanctionnées par un


emprisonnement d’un minimum inférieur à un mois sont des délits de police.

49
Aux termes de l’article 5 du dahir du 26.11.1962 portant approbation du texte du
ode pénal, lorsqu’un texte spécial, antérieur au Code pénal marocain, édicte une
peine d’emprisonnement dont le maximum est inférieur à un mois, l’infraction
constitue alors une contravention.  

B. DISPOSITIONS COMMUNES AUX TROIS PEINES PRINCIPALES


PRIVATIVES DE LIBERTE

1. POINT DE DEPART DE LA PEINE

a. Principe

La durée de la peine se calcule « à partir du jour où le condamné est détenu en


vertu de la décision devenue irrévocable », (article 30 du Code pénal marocain).

b. Exception

Lorsqu’il y a eu détention préventive, celle-ci est imputée sur la durée de la


peine dont le point de départ est fixé soit au jour où a commencé la garde à vue, soit
au jour du mandat de justice.

2. CALCUL DE LA PEINE

La durée des peines privatives de liberté se calcul comme suit :

·          Peine d’un jour : 24 heures ;

·          Peine inférieure à un mois : se compte par jours complète de 24 heures ;

·          Peine d’un mois : 30 jours ;

·          Peine de plus d’un mois : se calcul de date à date.

3. ORDRE DANS LEQUEL S’EXECUTENT LES PEINES PRIVATIVES DE


LIBERTE

a. PRINCIPE

Lorsque plusieurs peines privatives de liberté doivent être subies, le condamné


exécute en premier lieu la peine la plus grave, à moins que la loi n’en dispose
autrement (article 31 du Code pénal marocain). La peine la plus grave sera soit celle
qui est au plus haut degré de l’échelle des peines criminelles, délictuelles ou
contraventionnelles, soit celle dont la durée est la plus longue lorsqu’il s’agit de
peines de même nature.

b. Exceptions

Principe de la continuité des peines


50
Si une peine a débuté en raison du temps passé en prévention, elle doit être purgée
jusqu’à son terme normal, sans interruption.

Révocation du sursis

La première peine est alors exécutée avant la seconde, sans possibilité de confusion
avec cette dernière (article 56 alinéa 3 du Code pénal marocain).

4. REGLES SPECIALES AUX FEMMES ENCEINTES

Selon les termes de l’article 32 du Code pénal marocain :

lorsqu’il est vérifié qu’une femme est enceinte de plus de six mois, la peine
privative de liberté prononcée contre elle ne peut être exécutée que 40 jours après
sa délivrance.

Si elle est déjà incarcérée, elle bénéficie « pendant le temps nécessaire » du


régime de la détention préventive.

Si elle accouche moins de 40 jours avant sa condamnation, l’exécution de la


peine est différée.

REGLES SPECIALES AUX EPOUX TOUX DEUX CONDAMNES

Selon les termes de l’article 33 du Code pénal marocain :

Leur peine ne sera pas exécuter simultanément , s’ils le désirent et remplissent


les conditions suivantes :

·          Leur peine est inférieure à un an ;

·          Ils ne sont pas détenus au jour du jugement ;

·          Ils ont un domicile certain ;

·          Ils
ont à leur charge, et sous leur protection, un enfant de moins de dix-huit ans
insusceptible d’être recueilli « dans des conditions satisfaisantes » par une personne
publique ou privée.

Lorsque la peine d’emprisonnement prononcée contre chacun des époux est


supérieure à une année, et s’ils ont à leur charge ou sous leur protection un enfant
de moins de dix-huit ans ou si l’enfant ne peut être recueilli par des membres de sa
famille ou par une personne publique ou privée, dans des conditions satisfaisantes,
les dispositions de la loi relative à la procédure pénale sur la protection des enfants
en situation difficile, ou les dispositions de la kafala des enfants abondonnés sont
applicables (article 33 alinéa 2 du Code pénal marocain).

PARAGRAPHE 3 : LES PEINES RESTRICTIVES DE LIBERTE


51
Il s’agit de la seule résidence forcée qui est d’une part une peine criminelle
principal (article 16-4° du Code pénal marocain), d’autre part une mesure de sûreté
(article 61-2° du Code pénal marocain).

A. DEFINITION

Assignation d’un lieu de résidence ou d’un périmètre déterminé dont le


condamné ne peut s’éloigner sans autorisation du ministre de la justice pendant la
durée fixée par la décision (article 25 alinéa 3 du Code pénal marocain).

B. DUREE

Cinq ans minimum, le maximum étant déterminé par chaque infraction puni de
la résidence forcée (article 25 alinéa 1 du Code pénal marocain). Comme un seul
cas d’application est prévu par le Code (article 234 : coalition de fonctionnaires), on
peut poser en principe que la durée maximum de la peine est fixée à dix ans.

C. CONTROLE ET SANCTION

La direction générale de la sûreté nationale est chargée de contrôler la


résidence (article 25 alinéa 2 du Code pénal marocain) dont l’inobservation est
sanctionnée par un emprisonnement d’un à cinq ans (article 317 du Code pénal
marocain).

PARAGRAPHE 4 : LES PEINES PRIVATIVE DE DROIT

Il s’agit de la seule dégradation civique qui est une peine criminelle principale
d’une part (article 16-5° du Code pénal marocain), d’autre une peine accessoire à
une peine criminelle principale (article 36-2° du Code pénal marocain).

A. DEFINITION

C’est une incapacité de jouissance consistant dans l’interdiction d’exercer les


prérogatives liées ordinairement à la citoyenneté et se traduisant par des droits
civiques, civils et de famille.

1. Destitution et exclusion des condamnés de toutes fonctions, emplois ou offices


publics (article 26-1° du Code pénal marocain). Interdiction de « servir dans
l’armée » (article 26-5° du Code pénal marocain). Interdiction « d’enseigner, de
diriger une école ou d’être employé dans un établissement d’enseignement à titre de
professeur, maître ou surveillant » (article 26-5° du Code pénal marocain).

2. Privation du droit d’être électeur ou éligible et « en général de tous les droits
civiques et politiques » (article 26-2° du Code pénal marocain).

3. Incapacité d’être expert, de servir de témoins dans tous actes et de déposer en


justice autrement que pour y donner de simples renseignements (article 26-3° du
Code pénal marocain).

52
4. Incapacité d’être tuteur ou subrogé tuteur, si ce n’est de ses propres enfants
(article 26-4° du Code pénal marocain).

5. Privation du droit de port d’armes (article 26-5° du Code pénal marocain) et donc
du droit de chasser.

6. Interdiction de porter des  décorations (article 26-2° du Code pénal marocain).

B. DUREE DE LA PEINE

Deux à dix ans « sauf dispositions spéciale contraire » (article 26 dernier alinéa
du Code pénal marocain).

C. POSSIBILITE D’Y ADJOINDRE UNE PEINE DELICTUELLE

Emprisonnement de cinq ans maximum (article 27 alinéa 1 du Code pénal


marocain).

D. CRIMES PASSIBLES DE LA DEGRADATION CIVIQUE

Abus d’autorité commis par les fonctionnaires contre les particuliers (articles
225, 227, 229 du Code pénal marocain).

1. Coalition de fonctionnaires (article 236 du Code pénal marocain).

2. Empiètement des autorités administratives et judiciaires (articles 237 et 238 du


Code pénal marocain).

E. PEINE DE REMPLACEMENT

Peine de remplacement en cas d’inapplicabilité de la peine (marocain ayant


déjà perdu ses droits civiques ou étranger) : Réclusion de cinq à dix ans (article 27
alinéa 2 du Code pénal marocain).

PARAGRAPHE 5 : LES PEINES PECUNIAIRES

Seule peine principale pécuniaire, l’amende sanctionne d’une part des délits
(article 17-2° du Code pénal marocain), d’autre part des contraventions (article 18-2°
du Code pénal marocain). On peu la définir comme une obligation pour le condamné
de payer au profit du trésor une somme d’argent déterminée, comptée en monnaie
ayant cours légal dans le Royaume (article 35 du Code pénal marocain).

A. MONTANT

1. EN MATIERE DELICTUELLE

La loi n° 25-93 promulguée par le dahir n° 1-94-284 du 25 juillet 1994 (15 safar
1415), a fixé désormais à 1200 dirhams le taux minimum de l’amende, peine
principale délictuelle (article 17-2° du Code pénal marocain).

53
Si une infraction est passible de l’amende seule, quel que soit son taux
maximum mais dont le minimum est supérieur à 1200 dirhams, cette infraction est
délit de police (article 111-4° du Code pénal marocain).

2. EN MATIERE CONTRAVENTIONNELLE

La loi du 25 juillet 1994, tout en confirmant la fixation à 1200 dirhams du taux


maximum de l’amende contraventionnelle a fixé son minimum à 30 dirhams. L’article
18-2° du Code pénal marocain, peut être désormais regardé comme un principe dont
il n’existe plus aucune application dans le Code, puisque le taux minimum de
l’amende tel qu’il est prévu par le dahir de 1994 et la loi n° 25-93 est bien fixé à 10
dirhams.

Suivant le montant de l’amende qui vient les sanctionner, les contraventions


sont ainsi divisées en deux classes :

a. Contravention de première classe

La loi n° 3-80 promulguée par le dahir n° 1-81-283 du 6 mai 1982 (11 rejeb
1402), a fixé à 20 dirhams le taux minimum de l’amende et à 200 dirhams le taux
maximum (article 608 du Code pénal marocain). En cas de récidive, l’amende peut
être portée au double (article 611 alinéa 2 du Code pénal marocain).

b. Contravention de deuxième classe

Amende de 10 à 120 dirhams (article 609 du Code pénal marocain). En cas de


récidive, l’amende peut être portée au double (article 611 alinéa 3 du Code pénal
marocain).

B. MODALITES D’EXECUTION 

Le montant des amendes est recouvré par les soins de l’administration des
finances. L’extrait de la décision de condamnation constitue le titre en vertu duquel le
paiement peut être poursuivi par toutes voies de droit sur les biens du condamné.

Ce paiement est exigible dès que la décision de condamnation est passée en


force de chose jugée. L’exécution des condamnations à l’amende peut, par ailleurs,
être poursuivie par la voie de la contrainte par corps qui se réalise par l’incarcération
du débiteur. Cette incarcération n’éteint pas l’obligation qui peut faire l’objet de
poursuites ultérieures par les voies d’exécution ordinaires.

Toutefois, lorsqu’il y a eu détention préventive et que seule une peine d’amende


est prononcée, le juge peut, par décision spécialement motivée, exonérer le
condamné de tout ou partie de cette amende (article 34 du Code pénal marocain).

SOUS-SECTION 2 : LES PEINES ACCESSOIRES

Aux termes de l’article 14 alinéa 2 du Code pénal marocain, « Elles sont


accessoires quand elles ne peuvent être infligées séparément ou qu’elles sont les
conséquences d’une peine principale ».

54
 

PARAGRAPHE 1 : LES PEINES PRIVATIVES DE DROIT

A. L’INTERDICTION LEGALE

Liée aux seules peines criminelles, elle consiste en la privation de l’exercice et


de la jouissance des droits patrimoniaux qui sont confiés à l’administration d’un
tuteur, pendant la durée d’exécution de la peine principale.

1. INFRACTIONS PASSIBLES DE LA SANCTION

L’interdiction légale ne s’attache qu’aux peines criminelles. Elles n’a pas à être
prononcée. Elle s’applique de plein droit (article 37 du Code pénal marocain).

Elle est donc exclue lorsqu’un crime a été sanctionné par une peine délictuelle
à la suite d’une excuse ou de circonstances atténuantes.

2. PRIVATION DE L’EXERCICE DES DROITS PATRIMONIAUX

Selon l’article 38 du Code pénal marocain, l’interdit ne peut effectuer aucun


acte d’aliénation de ses biens, ne peut consentir un bail ou un prêt, ne peut signer un
chèque ou une lettre de change…etc. il peut seulement procéder à des actes
intéressant son patrimoine, lorsque l’effet de ces actes est reporté à la fin de la
peine. Il peut par exemple tester.

3. INTERDICTION DE JOUISSANCE

Pendant la durée de la peine, il ne peut percevoir aucune somme d’argent


provenant de ses revenus, sauf si ce n’est pour cause d’aliments et dans les limites
autorisées par l’administration pénitentiaire (article 39 alinéa 2 du Code pénal
marocain).

4. GESTION DES BIENS DE L’INTERDIT

L’article 38 du Code pénal marocain, confère à l’interdit le droit de choisir un


mandataire pour le représenter dans l’exercice de ses droits sous le contrôle et la
responsabilité d’un tuteur dont la désignation obéit aux « formes prévues pour les
interdits judiciaires » (article 39 alinéa 1 du Code pénal marocain). Si aucun
mandataire n’est choisi, il appartient au tuteur d’administrer directement le patrimoine
de l’interdit. Ce n’est qu’à l’expiration de la peine qu’il lui remettra ses biens et lui
rendra compte de son administration.

5. DUREE DE LA SANCTION

Débutant le jour où la condamnation principal est devenue irrévocable,


l’interdiction légale dure autant que la peine principale dont elle est l’accessoire. Elle

55
est donc perpétuelle si la peine principale est perpétuelle (article 38 du Code pénal
marocain).

B. LA DEGRADATION CIVIQUE

Cette sanction d’une part est une peine criminelle principale, d’autre part est
une peine accessoire à une peine criminelle principal (articles 15-5° et 36-2° du Code
pénal marocain).

1. INFRACTIONS PASSIBLES DE LA SANCTION

Elle s’attache de plein droit à toutes les peines criminelles principales autre
qu’elle-même et, de ce fait, n’a pas à être prononcée (article 37 du Code pénal
marocain). En revanche, elle ne peut être associée aux peines délictuelles
prononcées pour crime (article 40 du Code pénal marocain).

2. DUREE DE LA SANCTION

Elle s’applique de plein droit le jour où la condamnation principale est devenue


irrévocable. Elle est perpétuelle, le législateur ayant refusé d’en limiter la durée.

C. LA SUSPENSION DE CERTAINS DROITS CIVIQUES, CIVILS ET


DE FAMILLE

Il s’agit de la suspension d’une ou plusieurs des prérogatives liées à la


citoyenneté et dont la dégradation civique entraîne globalement la suspension de
façon temporaire lorsqu’elle intervient en tant que peine principale, et perpétuelle
lorsqu’elle intervient en tant que peine accessoire. L’interdiction d’exercice de
certains des droits visées à l’article 26 du Code pénal marocain est une faculté
laissée aux tribunaux lorsqu’ils prononcent certains peines délictuelles, c’est donc
une sanction facultative.

1. INFRACTIONS PASSIBLES DE LA SANCTION

Celle-ci est liée à certaines peines délictuelles « dans les cas déterminés par la
loi », en sorte que lorsqu’un crime a été puni d’une peine délictuelle par suite d’une
atténuation de la peine, non seulement l’article 37 du Code pénal marocain relatif à
la dégradation civile est inapplicable mais également l’article 40 du Code pénal
marocain, car seules en fait des peines sanctionnant des délits se voient associés
par le code cette peine accessoire.

2. DUREE DE LA SANCTION

La sanction est appliquée le jour où la condamnation est devenue irrévocable,


même lorsqu’il s’agit d’une condamnation avec sursis, car le sursis accordé au
principal ne s’étend pas à l’accessoire (article 57 alinéa 1 du Code pénal marocain).

La durée de la sanction est de un à dix ans (article 40 du Code pénal


marocain), mais ce principe est assorti de deux exceptions : les articles 180 (délits
contre le Roi, la famille royale et la forme du gouvernement) et l’article 197 du Code
56
pénal marocain (délits contre la sûreté intérieure de l’Etat) portent à cinq ans le
minimum de la sanction et à vingt ans son maximum.

D. LA DISSOLUTION D’UNE PERSONNE JURIDIQUE

La dissolution d’une personne juridique c’est l’interdiction de continuer l’activité


sociale, même sous un autre nom et avec d’autres directeurs, administrateurs ou
gérants.

Pour qu’une telle peine accessoire puisse être prononcée, il faut admettre que
les membres ou les dirigeants de la personne juridique aient préalablement fait
l’objet d’une condamnation à une peine principale.

Cette dissolution peut dès lors s’analyser comme la privation du droit


d’association dans le cadre de l’activité sociale initialement réprimée, que les fins de
cette activité soient purement économiques, politiques ou syndicales.

1. INFRACTIONS PASSIBLES DE LA SANCTION

Elles sont prévues par le dahir du 15 novembre 1958 relatif au droit


d’association, tel qu’il a été modifié et complété par la suite et notamment par la
nouvelle loi n° 75-00. trois cas sont prévus par ce texte.

a. Si la personne juridique est « fondée sur une cause ou en vue d’un objet illicite,
contraire aux lois, aux bonnes mœurs ou qui a pour but de porter atteinte à la religion
islamique, à l’intégrité du territoire national, au régime monarchique ou de faire appel
à la discrimination » (article 3 de la loi n° 75-00).

b. « S’il apparaît que l’activité de l’association est de nature à troubler l’ordre public »
(article 7 alinéa 1 de la loi n° 75-00).

c. « En cas d’infraction aux dispositions de l’article 5 », c’est-à-dire aux formalités de
constitution de la personne juridique.

L’article 27 de la loi 75-00 étend aux associations étrangères les mêmes règles.

2. EXECUTION DE LA SANCTION

La dissolution ne peut être prononcée que dans les cas prévus par la loi et en
vertu d’une disposition expresse de la décision de condamnation (article 47 alinéa 2
du Code pénal marocain). Dans ce cas, la dissolution entraîne la liquidation des
biens de la personne juridique.

PARAGRAPHE 2 : LES PEINES PECUNIAIRES

A. LA PERTE OU LA SUSPENSION DU DROIT AUX PENSIONS


SERVIES PAR L’ETAT

1. PERTE DEFINITIVE

57
Elle est liée de plein droit à la condamnation à mort et à la réclusion perpétuelle
et, de ce fait, n’a pas à être prononcée.

2. PERTE TEMPORAIRE (SUSPENSION)

Elle est liée facultativement aux trois autres peines criminelles. La suspension
dure autant que l’exécution de la peine.

B. LA CONFISCATION PARTIELLE DES BIENS APPARTENANT AU


CONDAMNE

La confiscation est une peine accessoire (articles 36-5° et 42 à 46 du Code


pénal marocain), de même une mesure de sûreté (articles 62 et 89 du Code pénal
marocain). Il est cependant parfois impossible de faire un partage exacte entre la
confiscation, peine accessoire, et la confiscation, mesure de sûreté. Certains textes
du Code pénal marocain – les articles 341, 350 et 610 – exigent, en effet, leur
association conjointe à une peine principale. On ne peut dès alors déterminer si la
sanction portant sur « les choses qui ont servi ou devaient servir à l’infraction » est
une peine accessoires comme le veut l’article 43 du Code pénal marocain, ou bien
si, portant sur les « objets ayant un rapport avec l’infraction », elle est une mesure de
sûreté comme le veut l’article 62-1° du Code pénal marocain. La rédaction de ces
trois textes est des plus équivoques, dès lors qu’elle entretient la confusion entre
deux types de sanction dont la finalité est différente.

En tant que peine accessoire, la confiscation consiste en l’attribution à l’Etat


d’une fraction des biens du condamné ou de certains de ses biens spécialement
désignés (article 42 du Code pénal marocain). Elle ne porte donc normalement que
« sur les biens appartenant à la personne condamnée » (article 45 du Code pénal
marocain). C’est là un principe rigoureux qui, en cas d’indivision, entraînera la
partage ou la licitation (article 45 du Code pénal marocain), mais qui, cependant, en
matière de sûreté extérieure de l’Etat, comporte une exception : les objets du crime
ou du délit doivent alors être confisqués « sans qu’il y ait lieu de rechercher s’ils
appartiennent ou non au condamné » (article 199 alinéa 1 du Code pénal marocain).

1. INFRACTIONS PASSIBLES DE LA SANCTION

a. Confiscation facultative

En matière criminelle, le juge « peut ordonner la confiscation, au profit de


l’ETAT, sous réserve des droits des tiers, des objets et choses qui ont servi ou
devaient servir à l’infraction, ou qui en sont les produits, ainsi que des dons ou autres
avantages qui ont servi ou devaient servir à récompenser l’auteur de l’infraction »
(article 43 du Code pénal marocain). Ce texte doit être retenu et peut être appliqué
alors même que la peine infligée pour le crime est seulement délictuelle par suite
d’une excuse ou des circonstances atténuantes ; le texte, en effet, spécifie qu’il s’agit
de « condamnation pour fait qualifié crime ».

b. Confiscation de plein droit


58
En matière criminelle

Elle est exceptionnelle, le juge est parfois tenu de la prononcer. Elle peut
porter :

·          Soit
sur « une fraction des biens du condamné ». un seul cas prévu par le Code
pénal marocain : en matière de sûreté extérieure de l’Etat (article 199 alinéa 3 du
Code pénal marocain) ;

·          Soit
sur les biens désignés à l’article 43. Deux cas prévus par le Code pénal
marocain : contrefaçon de monnaie (articles 334 et 341) ou des sceaux de l’Etat
(articles 342 à 344 et 350) ;

·          Soit
sur des biens spécialement désignés. Un seul cas prévu par le Code pénal
marocain : en matière de sûreté extérieure de l’Etat (article 199 alinéa 1 et 2).

En matière délictuelle ou contraventionnelle

La peine accessoire de la confiscation se rencontre rarement. Elle n’est autorisée par


le Code pénal marocain que « dans les cas prévus expressément par la loi » (article
44). Elle ne peut ainsi porter que:

·          Soit
sur des biens désignés à l’article 43. on retrouve, au niveau délictuel, les
contrefaçons de monnaie ou de sceaux (articles 338 à 380 et 341 ; 345 à 349 et
350) ;

·          Soit sur des biens spécialement désignés :

o   Cinq cas prévus en matière délictuelle : sûreté intérieure (article 207), corruption
(articles 248 à 255), maisons de jeux et loteries non autorisées (articles 282, 283 et
285), infractions à l’exportation (article 287), atteinte à la propriété littéraire ou
artistique (article 575 à 579) ;

o   Cinq cas en matière contraventionnelle : contrefaçon de monnaie (article 609-7°),


loteries non autorisées (article 609-10°), achat d’objets volés (article 609-24°),
fabrication ou usage de fausses clés (article 609-25°), instruments du devin ou
sorcier (articles 609-35° et 610).

2. EXECUTION DE LA SANCTION

Quelle que soit sa forme, la confiscation ne peut être effectivement réalisée que
lorsque la condamnation est devenue irrévocable. C’est l’administration des
domaines qui est chargée de poursuivre l’aliénation des biens confisqués « dans les
formes prescrites pour la vente des biens de l’Etat » (article 46 du Code pénal
marocain), et le code précise que seules les dettes légitimes antérieures à la
condamnation grèvent les biens confisqués « jusqu’à concurrence de leur valeur ».
Le législateur a voulu ainsi éviter que des engagements fictifs ou frauduleux passés
en prévision de la condamnation puissent venir obérer indûment les biens dévolus à
l’Etat.

59
C. LA PUBLICATION DE LA DECISION DE CONDAMNATION

Dans les cas déterminés par la loi, la juridiction de jugement peut ordonner que
sa décision de condamnation sera publiée ou affichée.

1. BUT DE LA SANCTION

C’est une peine mixte dont le principal aspect est purement pécuniaire à l’égard
du condamné qui en supporte le coût. C’est également une peine morale destinée à
assurer la réparation du scandale causé par l’auteur de l’infraction. Bien que leur
finalité soit similaire, il ne faut pas confondre cette peine accessoire avec l’insertion
dans la presse ou l’affichage des jugements obtenus par la victime à titre de
dommages intérêts et de réparation civile du préjudice causé notamment en matière
d’injure ou de diffamation.

2. INFRACTIONS PASSIBLES DE LA SANCTION

Elle peut être prononcée en matière criminelle ou délictuelle, mais « dans les
cas déterminés par la loi ».

Parfois la loi en fait une obligation au juge. Un seul cas prévu dans le Code
pénal marocain : en matière de banqueroute (article 569 du Code pénal marocain).

Le plus souvent la publication est facultative. Quatre cas prévus par le Code
pénal marocain : outrage à fonctionnaire public (article 263 alinéa 3), usurpation de
fonction, de titre ou de nom (article 388 alinéa 1), dénonciation calomnieuse (article
445 alinéa 1), atteinte à la propriété littéraire et artistique (article 578 alinéa 2).

3. EXECUTION DE LA SANCTION

La juridiction doit :

a. Fixer le montant des frais de la publication qui sont entièrement à la charge du


condamné.

b. Décider si cette publication doit être faite intégralement ou par extraits.

c. Dans un ou plusieurs journaux qu’elle désigne ou par affichage dans les lieux
qu’elle indique. L’affichage ne peut excéder un mois et bénéficie d’une protection
particulière.

60
 

CHAPITRE 2 : L’INDIVIDUALISATION DE LA SANCTION


PENALE 
Il est extrêmement rare que la sanction pénale prévue par le code de 1962 soit
fixe, comme c’est le cas pour la peine de mort, pour la réclusion perpétuelle, pour la
dégradation civique ou pour les mesures de sûreté réelles. La plupart des peines
principales et des sanctions qui en sont l’accessoire sont, en effet, susceptibles de
variation entre un minimum et un maximum. Il en va de même des mesures de
sûreté ; mais l’individualisation de ces dernières est spécifique.

L’article 141 du Code pénal marocain fixe à cet égard les prérogatives du juge :
« Dans les limites du maximum et du minimum édictés par la loi réprimant l’infraction,
le juge dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour fixer et individualiser la peine en
tenant compte d’une part, de la gravité de l’infraction commise, d’autre part de la
personnalité du délinquant ».

Cependant les limites légales ne sont pas toujours infranchissables. Le juge,


conformément à l’article 142 du Code pénal marocain, peut, selon les cas, être
« tenu » d’appliquer au coupable, soit une peine atténué, soit une peine aggravée.

SECTION 1 : L’ATTENUATION DE LA SANCTION

Elle peut être fondée soit sur une cause légale d’atténuation, il s’agit alors des
excuses atténuantes, soit sur une cause judiciaire d’atténuation, il s’agit alors des
circonstances atténuantes. Dans l’un et l’autre cas, la sanction est atténuée, mais
« la catégorie de l’infraction n’est pas modifiée », même si le juge prononce une
peine « afférente à une autre catégorie d’infraction » (article 112 du Code pénal
marocain).

PARAGRAPHE 1 : LES EXCUSES ATTENUANTES

Ce sont « des faits qui , tout en laissant subsister l’infraction et la responsabilité


assurent aux délinquants… une modération de la peine » (article 143 du Code pénal
marocain).

Le Code pénal marocain de 1962 distingue dans l’échelle des causes


d’atténuation, dressée dans l’article 161, les « excuses légales atténuantes
inhérentes à la commission de l’infraction », c’est-à-dire les excuses réelles, et les
« excuses légales atténuantes inhérentes à la personnalité de l’auteur de
l’infraction », c’est-à-dire les excuses personnelles. Cette classification ne présente
d’intérêt que pour la fixation de la sanction (articles 161 et 162 du Code pénal
marocain) et la situation du complice (article 130 du Code pénal marocain). Si on
envisage, en revanche, le substrat criminologique de l’atténuation, trois types

61
d’excuses peuvent être dégagés du droit pénal général marocain : une excuses
générale liée à la minorité, une excuses spéciale liée à la provocation et une excuses
utilitaire liée à la soumission.

A. L’EXCUSE DE MINORITE

Elle est générale dans la mesure où toutes les infractions commises par le
mineur de moins de douze ans, voire de 12 à 18 ans, sont susceptibles d’être
excusées.

En bénéficient obligatoirement les mineurs de 12 à 18 ans, car ils sont


considérés « comme partiellement irresponsable en raison d’une insuffisance de
discernement » (article 139 du Code pénal marocain, modifié par la loi n° 24-03
promulguée par le dahir n° 1-03-207 du 16 ramadan 1424 (11 novembre 2003). Ils
doivent donc

1. EN MATIERE DE CRIME OU DE DELIT

Normalement bénéficier des mesures de protection ou de rééducation propres


à l’enfance délinquante (article 147 du Code pénal marocain ; article 493 de la loi n°
22-01 portant Code de la procédure pénale, promulguée par le dahir n° 1-02-255 du
25 rejeb 1423 – 31 octobre 2002 – ).

Exceptionnellement être condamné en raison des circonstances et de la


personnalité du délinquant et en motivant spécialement la décision, à une des peines
atténuées de l’article 471 du Code de la procédure pénale (article 512 du Code de la
procédure pénale) :

·          Si
l’infraction commise était passible de la peine de mort, de la réclusion perpétuelle
ou de la réclusion à temps de 30 ans pour un délinquant majeur, le mineur doit être
condamné à une peine de dix à quinze ans d’emprisonnement (article 493 alinéa 3
du Code de la procédure pénale) ;

·          Si
l’infraction commise était passible de la réclusion à temps, il doit être condamné à
une peine de trois à dix ans d’emprisonnement ;

·          Si
l’infraction commise était passible de l’emprisonnement, le maximum et le
minimum de la peine prévue par la loi doivent être diminués de moitié.

2. EN MATIERE DE CONTRAVENTION

Soit faire l’objet d’une admonestation ;

Soit être condamné à l’amende prévue par la loi (article 468 du Code de la procédure
pénale).

B. L’EXCUSE DE PROVOCATION

62
Il s’agit d’une excuse spéciale qui s’applique « à une ou plusieurs infraction
déterminées » (article 144 du Code pénal marocain). Cette norme peut s’appartenir à
la légitime défense dans la mesure où l’agent a été poussé à commettre l’infraction
par une attitude antérieure de l’agresseur ; elle s’en différencie, car elle suppose une
agression déjà consommée. L’excuse de provocation vient en quelque sorte atténuer
la portée pénale de l’excès de légitime défense, de la disproportion entre la riposte et
l’attaque. Elle peut également, selon les cas, trouver son fondement dans une trop
forte émotion : si « les états passionnels u émotifs » ne peuvent exclure ou diminuer
la responsabilité (article 137 alinéa 1 du Code pénal marocain), ils peuvent
cependant parfois excuser l’infraction et partant atténuer la sanction.

1. DOMAINE DE L’EXCUSE

a. Principe

Ce domaine est étendu par le code aux réactions suscitées non seulement par
les crimes et délits « contre les personnes » (l’excuse vient ici atténuer les effets
pénaux d’une légitime défense excessive), mais également par les crimes et délits
« contre la moralité publique » (l’infraction semble ici excusable par la « légitime »
émotion de l’agent).

Crimes et délits contre les personnes

L’article 416 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre, les blessures et les
coups excusables s’ils ont été provoqués par des coups ou violences graves envers
les personnes ».

L’article 417 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre, les blessures et les
coups sont excusables s’ils ont été commise en repoussant pendant le jour
l’escalade ou l’effraction des clôtures, murs ou entrées d’une maison ou d’un
appartement habité ou de leurs dépendances ».

Crimes et délits contre la moralité publique

Adultère de l’épouse : L’article 418 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre,
les blessures et les coups sont excusables, s’ils ont été commis par l’un des époux
sur la personne de l’autre, ainsi que sur le complice à l’instant où il les surprend en
flagrant délit d’adultère ».

Attentat à la pudeur : Aux termes de l’article 419 du Code pénal marocain « Le crime
de castration est excusable s’il a été immédiatement provoqué par un attentat à la
pudeur commis avec violence ».

L’article 421 du Code pénal marocain dispose « Les blessures et les coups sont
excusables, lorsqu’ils sont commis sur la personne d’un adulte surpris en flagrant
délit d’attentat à la pudeur ou de tentative d’attentat à la pudeur, réalisé avec ou sans
violences, sur un enfant de moins de dix-huit ans.

Les mêmes faits sont excusables lorsqu’ils sont commis sur la personne d’un
adulte surpris en flagrant délit de viol ou de tentative de viol ».

63
Fornication : L’article 420 du Code pénal marocain dispose « Les blessures faites ou
les coups portés sans intention de donner la mort, même s’ils l’ont occasionnée, sont
excusables lorsqu’ils ont été commis par un chef de famille qui surprend dans son
domicile un commerce illicite, que les coups aient été portés sur l’un ou l’autre des
coupables ».

b. Exception

Deux crimes ne sont jamais excusables en fonction de leur gravité particulière :

·          Attentat contre la vie ou la personne du Roi (article 163 du Code pénal marocain) ;

·          Parricide (article 422 du Code pénal marocain).

2. EFFET DE L’EXCUSE

Lorsque le fait d’excuse est prouvé, le tribunal est tenu d’atténuer la sanction
pénale encourue par l’agent.

S’il s’agit d’un crime légalement puni de mort ou de réclusion perpétuelle,


l’agent sera condamné à un emprisonnement d’un à cinq ans (article 423-1° du Code
pénal marocain) ; s’il s’agit « de tout autre crime », il sera passible d’un
emprisonnement de six mois à deux ans (article 423-2° du Code pénal marocain).

La réaction criminelle ainsi excusée pouvant être analysée par le tribunal


comme un indice d’état dangereux, l’article 424 du Code pénal marocain autorise ce
dernier à appliquer « en outre » à l’agent excusé l’interdiction de séjour pendant cinq
ans au moins et dix ans au plus.

S’il s’agit d’un délit, l’agent sera condamné à un emprisonnement d’un à trois
mois ‘article 423-3° du Code pénal marocain).

C. L’EXCUSE DE SOUMISSION

Elle est utilitaire dans la mesure où la réduction de peine ne peut s’analyser que
comme une prime à la soumission ; elle est, à cet égard, proche de certains excuses
absolutoires ; le Code pénal marocain envisage expressément cette cause dans son
article 440 en cas d’atteinte portée par des particuliers à la liberté individuelle. Bien
que le texte ne le précise pas, cette excuse semble uniquement concerner la
détention et la séquestration de majeurs ou de mineurs de dix-huit ans, des textes
spéciaux étant réservés à la protection des mineurs de dix-huit ans (articles 471 à
475 du Code pénal marocain).

1. DETENTION ET SEQUESTRATION DE MAJEURS OU DE


MINEURS DE DIX-HUIT ANS

Pour apprécier la portée de l’excuse, il est nécessaire, sur la base des textes du
code, tels qu’ils ont été modifiés par le dahir portant loi n° 1-74-232 du 28 rebia II
1394 (21 mai 1974), de définir avec précision les éléments constitutifs des infractions
excusables, ainsi que la sanction qui leur est applicable.
64
a. Les infractions excusables

« Ceux qui, sans ordre des autorités constituées et hors le cas où la loi permet
ou ordonne de saisir des individus, enlèvent, arrêtent, détiennent ou séquestrent une
personne quelconque » (article 436 alinéa 1 du Code pénal marocain), ainsi que
leurs complices (expressément assimilés à l’auteur par l’article 439 du Code pénal
marocain).

·          Sont
punis de la réclusion de cinq à dix ans si la détention ou la séquestration a duré
moins de 30 jours (article 436 alinéa 1 du Code pénal marocain) ;

·          De
la réclusion de dix à vingt ans si la détention ou la séquestration a durée trente
jours ou plus (article 436 alinéa 2 du Code pénal marocain) ;

·          Si
l’arrestation ou l’enlèvement a été exécuté avec une des circonstances
aggravantes suivantes :

o   Port d’un uniforme ou d’un insigne réglementaire ;

o   Usage d’un aux nom ;

o   Usage d’un faux ordre de l’autorité publique ;

o   Usage d’un moyen de transport motorisé ;

o   Menace d’un crime contre les personnes ou les propriétés.

La peine est la réclusion de 20 à 30 ans ;

·          Si
l’une des quatre infractions de l’article 436 a eu pour but de procurer aux auteurs
des otages ;

o   Soit pour préparer ou faciliter la commission d’un crime ou d’un délit ;

o   Soit pour favoriser la fuite ou assurer l’impunité des auteurs d’un crime ou d’un délit ;

o   Soit pour l’exécution d’un ordre ou l’accomplissement dune condition et notamment le


paiement d’une rançon ;

La peine est la réclusion perpétuelle (article 437 du Code pénal marocain) ;

·          Si
la personne victime d’une des quatre infractions de l’article 436 du Code pénal
marocain « a été soumise à des tortures corporelles », les agents sont punis de mort
(article 438 du Code pénal marocain).

b. Conditions d’application de l’excuse

65
Le tribunal est tenue d’en faire bénéficier « tout coupable qui, spontanément, a
fait cesser la détention ou la séquestration ». la portée de l’excuse est plus ou moins
atténuante selon la gravité du préjudice subi par la victime :

Dans les cas prévus à l’article 436 du Code pénal marocain. Si la personne
détenue ou séquestrée est libérée « en bonne santé » :

·          Moins
de dix jours accomplis depuis son arrestation ou enlèvement, la peine est
l’emprisonnement d’un à cinq ans (article 440-2° du Code pénal marocain) ;

·          Entre
le dixième jour et le trentième jour accompli, depuis son arrestation ou
enlèvement, la peine est la réclusion de cinq à dix ans (article 440-2° alinéa 3 du
Code pénal marocain)

Dans les cas prévus à l’article 437 du Code pénal marocain. Si l’otage est libéré
« en bonne santé » avant le cinquième jour accompli depuis celui de l’arrestation ou
enlèvement, la peine est réduite à la réclusion de cinq à dix ans (article 440-1° alinéa
2 du Code pénal marocain). Cette excuse est également applicable « si les actes
criminels ayant eu pour but l’exécution d’un ordre ou l’accomplissement d’une
condition, la libération a eu lieu sans que l’ordre ait été exécuté ou la condition
accomplie » (article 440-1° alinéa 3 du Code pénal marocain).

Dans le cas prévu à l’article 438 du Code pénal marocain. Si la personne


torturée a été « libérée spontanément », la peine est la réclusion de dix à vingt ans
(article 440-2° alinéa 4 du Code pénal marocain).

2. DETENTION ET SEQUESTRATION DE MINEURS DE DOUZE ANS

Les articles 472 alinéa 2 et 473 alinéa 2 du Code pénal marocain relatifs à
l’enlèvement ou au détournement d’un mineur de douze ans prévoient également
une atténuation de la peine encourue par l’agent.

a. Infractions dont la sanction est susceptible d’atténuation

L’enlèvement ou le détournement « par violence, menace ou fraude » d’un


mineur « âgé de moins de douze ans » :

·          Est
puni de la réclusion de dix à vingt ans (article 472 alinéa 1 du Code pénal
marocain) ;

·          Est
puni de la réclusion perpétuelle, si le coupable « se fait payer ou a eu pour but
de se faire payer une rançon » (article 473 alinéa 1 du Code pénal marocain) ;

·          Est
puni de mort, si l’enlèvement est suivi de mort (article 474 du Code pénal
marocain).

b. Atténuation de la peine

Elle intervient « si le mineur est retrouvé vivant avant qu’ait été rendu le
jugement de condamnation » :

66
·          Dans le cas de l’article 472, la peine est la réclusion de cinq à dix ans ;

·          Dans le cas de l’article 473, la peine est la réclusion de dix à vingt ans.

Le Code pénal marocain ne parle pas, en l’espace, d’excuse atténuante, mais il


s’agit dans les deux cas d’une atténuation de peine dont la finalité ne peut être que la
protection de l’existence du mineur. Le législateur se veut manifestement utilitaire et
l’on ne peut, dès lors, dégager avec certitude le fondement de l’atténuation qui n’est
pas nécessairement lié à la soumission ou au repentir actif. La loi pénale étant
d’interprétation stricte, l’attitude de l’agent serait certainement sans influence sur la
sanction : si l’enfant est retrouvé vivant grâce aux seules investigations de la police,
l’agent devrait bénéficier néanmoins de l’atténuation de peine, conformément aux
libellés des articles 472 et 473 du Code pénal marocain.

PARAGRAPHE 2 : LES CIRCONSTANCES ATTENUANTES

A la différence des circonstances aggravantes précisées pour chaque infraction


et des excuses atténuantes qui sont limitativement énumérées par le code, les
circonstances atténuantes sont des faits laissés « à l’appréciation du juge » article
146 alinéa 3 du Code pénal marocain). Les effets de l’admission des circonstances
atténuantes « sont exclusivement personnels et la peine ne doit être réduite qu’à
l’égard des condamnés qui ont été admis à en bénéficier » (article 146 alinéa 2 du
Code pénal marocain). Cette institution peut donc être analysée comme une sorte de
correctif judiciaire de la rigueur abstraite de la loi ; celle-ci, précise l’article 146 alinéa
1 du Code pénal marocain, peut effectivement paraître « excessive par rapport soit à
la gravité des faits, soit à la culpabilité de l’auteur », formule générale traduisant bien
l’impuissance de la loi à prévoir tous les cas et partant la nécessité de transformer le
juge marocain en législateur puisque, en l’espèce, son appréciation est souveraine.

A. CONDITIONS D’APPLICATION

1. DOMAINE DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES QUANT AUX


INFRACTIONS

L’article 146 du Code pénal marocain, pose le principe de la généralisation en


déclarant que les circonstances atténuantes sont applicables de plein droit à tous les
crimes, délits et contraventions.

2. DOMAINE DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES QUANT AUX


DELINQUANTS

Là encore, c’est le principe de la généralisation qui est posé ; toutes les


catégories de délinquants peuvent bénéficier des circonstances atténuantes :
mineur, majeur, primaire, multiple. Les récidivistes toutefois ne peuvent en bénéficier
qu’en matière délictuelle (articles 149 alinéa 1 et 150 alinéa 1 du Code pénal
marocain) et contraventionnelle (article 151 alinéa 1 du Code pénal marocain).

3. DOMAINE DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES QUANT AUX


JURIDICTIONS

67
Toutes les juridictions de jugement, qu’elles soient de droit commun ou
d’exception, disposent de cette prérogative.

B. EFFETS DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES

1. SUR LES PEINES PRINCIPALES CRIMINELLES

·          Si
la peine édictée est la mort, le tribunal criminel applique la peine de la réclusion
perpétuelle ou celle de la réclusion de 20 à 30 ans (article 147 alinéa 1 du Code
pénal marocain) ;

·          Si
la peine édictée est celle de la réclusion perpétuelle, le tribunal criminel applique
la peine de la réclusion de 10 à 30 ans ;

·          Si
la peine édictée est la réclusion à temps, trois hypothèses sont prévues par le
texte (article 147 alinéa 3, 4, 5) :

o   S’il s’agit d’une réclusion de 20 à 30 ans, le tribunal criminel applique la peine de la


réclusion de 5 à 20 ans ;

o   Si le minimum de la peine édictée est la réclusion de dix ans, le tribunal criminel
applique la réclusion de 5 à 10 ans ou une peine d’emprisonnement de 2 à 5 ans ;

o   Si le minimum de la peine édictée est la réclusion de cinq ans, le tribunal criminel
applique une peine d’emprisonnement de un à cinq ans ;

Lorsque la peine de l’emprisonnement est substituée à une peine criminelle


(article 147 alinéa 7 du Code pénal marocain), le tribunal criminel peut, en outre,
prononcer :

o   Une amende de 200 à 1200 dirhams ;

o   L’interdiction de séjour pour une durée de 5 à 10 ans ;

o   L’interdiction des droits prévus à l’article 26-1° et 2° du Code pénal marocain pour une
durée de 5 à 10 ans ;

·          Si
la peine édictée est la résidence forcée, la juridiction prononce la dégradation
civique ou un emprisonnement de six mois à deux ans (article 148 alinéa 1 du Code
pénal marocain) ;

·          Si
la peine édictée est la dégradation civique, l’agent se verra condamné soit à une
peine d’emprisonnement de six mois à deux ans, soit à la privation de certains des
droits énumérés à l’article 26 du Code pénal marocain.

2. SUR LES PEINES PRINCIPALES DELICTUELLES

a. En matière de délit correctionnel

68
Le juge « même au cas de récidive », et sauf disposition légale contraire,
« dans tous les cas où la peine édictée est celle de l’emprisonnement et de l’amende
ou l’une de ces deux peines seulement », peut réduire la peine au dessous du
minimum légal, sans toutefois que l’emprisonnement puisse être inférieur à un mois
et l’amende inférieur à 200 dirhams (article 149 du Code pénal marocain).

b. En matière de délit de police

Le juge « même au cas de récidive », et sauf disposition légale contraire,


« dans les cas où la peine édictée est celle de l »emprisonnement et de l’amende ou
l’une de ces deux peines seulement », peut :

·          Soit
réduire la peine au-dessous du minimum légal, sans toutefois que
l’emprisonnement puisse être inférieur à six jours et l’amende à 12 dirhams ;

·          Soit prononcer séparément l’une ou l’autre de ces peines ;

·          Soit
substituer l’amende à l’emprisonnement, sans qu’en aucun cas cette amende
puisse être inférieure au minimum de l’amende contraventionnelle. Dans ce cas, si la
peine de l’emprisonnement était seule édictée par la loi, le maximum de cette
amende peut être fixé à 5000 dirhams.

c. Si la peine criminelle édictée est accompagnée d’une amende délictuelle

Selon l’article 147 alinéa 6 du Code pénal marocain, le tribunal criminel peut :

·          Soit réduire celle-ci jusqu’à 120 dirhams ;

·          Soit la supprimer.

3. SUR LES PEINES PRINCIPALES CONTRAVENTIONNELLES

Aux terme de l’article 151 du Code pénal marocain, le juge, « même au cas de
récidive » peut :

·          Soit
réduire la détention et l’amende jusqu’au minimum prévu par le code pour les
peines contraventionnelles ;

·          Soit
substituer l’amende à la détention dans le cas où cette dernière peine est
édictée par la loi.

4. SUR LES PEINES ACCESSOIRES

Attachées de plein droit à une peine principale, elles en suivent le sort, le juge
n’ayant pas le pouvoir de les modifier directement. S’il se borne, par suite de
circonstances atténuantes, à réduire la peine principale dans son taux ou dans sa
durée, celle-ci n’en subsiste pas moins avec son accessoire.

Qu’en est-il si, par suite de circonstances atténuantes, la peine principale se


trouve transformée en une autre peine ? Si, par exemple, l’agent coupable d’un

69
crime et passible de réclusion n’est condamné qu’à un emprisonnement, que
deviennent l’interdiction légale et la dégradation civique ? Elles disparaissent, car,
précise l’article 37 du Code pénal marocain, elles « ne s’attachent qu’aux peines
criminelles » et non pas à la catégorie de l’infraction ; l’agent contre qui est prononcé
une peine délictuelle peut, en revanche, conformément à l’article 40 du Code pénal
marocain se voir interdire « l’exercice d’un ou plusieurs des droits civiques, civils ou
de familles visés à l’article 26 ».

SECTION 2 : L’AGGRAVATION DE LA SANCTION


Trois séries de causes d’aggravation existent en droit marocain : les circonstances
aggravantes, la récidive et le concours d’infraction.

PAPAGRAPHE 1 : LES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES

Dans un système dominé par le principe de l’égalité, l’aggravation de la peine


applicable ne peut être abandonnée à l’arbitraire du juge ;ce dernier, au contraire
« est tenu d’appliquer au coupable une peine (…) aggravée chaque fois que sont
prouvées (…) une ou plusieurs des circonstances aggravantes prévues par la loi » 
(article 142 alinéa 1 du Code pénal marocain). Il appartient donc au législateur de
prévoir à l’avance la liste des événements qui lui paraissent susceptibles d’aggraver
la responsabilité de l’agent. L’article 153 du Code pénal marocain consacre cette
norme en rappelant que « la loi détermine ces circonstances à l’occasion de
certaines infractions criminelles et délictuelles ». Curieusement, le texte exclut
l’aggravation des contraventions, circonstance rare, mais dont le code lui-même
fournit pourtant un exemple. De fait, si les contraventions ne sauraient, dans la
plupart des cas, être aggravées, c’est que les circonstances qui correspondaient à
leur aggravation sont le plus souvent érigées en éléments constitutifs de délits. Par
exemple, la contravention  de maraudage de l’article 608-6° du Code pénal marocain
est la même infraction que le jour, mais la nuit ou en réunion.

Les circonstances aggravantes peuvent donc être définies comme des circonstances
accessoires du fait principal, fixées limitativement par la loi et qui déterminent une augmentation
des peines ordinaires.

A. DOMAINE DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES


L’article 152 du Code pénal marocain distingue les circonstances inhérentes à la
commission de l’infraction, de celles qui sont inhérentes à la culpabilité de l’agent ; les premières
sont réelles ou objectives,car elles se rattachent au fait matériel de l’infraction, les secondes sont
personnelles ou subjectives, car elles sont liées à la personnalité de l’agent.

1. CIRCONSTANCES AGGRAVANTES REELLES

Ce sont celles qui participent à la structure matérielle de l’infraction. Elles aggravent de ce


fait la criminalité objective de l’acte.

a. Circonstances de moyen

Ex : Escalade (vol, article 509 du Code pénal marocain), réunion (rébellion,
article 302 du Code pénal marocain), port d’armes (mendicité article 331 du Code

70
pénal marocain), fausses clés (vol, article 510 du Code pénal marocain), effraction
(vol, article 510 du Code pénal marocain), violence (vol, article 509 du Code pénal
marocain), port illégal d’uniforme (vol, article 510 du Code pénal marocain), véhicule
(vol, article 509 du Code pénal marocain) …etc.

b. Circonstances de lieu

Ex. : chemins publics (vol, article 508 du Code pénal marocain), maison habitée (vol, article
509 du Code pénal marocain), aéroport (vol, article 508 du Code pénal marocain), gare
ferroviaire (vol, article 510 du Code pénal marocain)… etc.

c. Circonstances de temps

Ex. : nuit (vol, article 509 du Code pénal marocain), période prohibée (pêche,
article 31 alinéa 3 dahir du 16 juillet 1974), au cours d’un incendie (vol, article 51O du
Code pénal marocain).

2. CIRCONSTANCES AGGRAVANTES PERSONNELLES

Elles participent, en quelque sorte, à la structure morale de l’infraction. Elles


aggravent de ce fait la responsabilité de l’agent.

a. Circonstances fondées sur la nature des relations qui unissent l’agent à sa victime

car ces relations lui imposaient un devoir particulier de respect, Ex. : parricide (article  397
du Code pénal marocain, crime commis par le sujet sur la personne du souverain)

car ces relations étaient de nature a lui faciliter l’infraction. Ex. : vol du domestique (article
509 du Code pénal marocain) ou de l’ouvrier (article 509 du Code pénal marocain).

b. Circonstances fondées sur l’exercice de certaines fonctions qui impliquent une


honnêteté sans faille

Ex. : usage de violence, dans motif légitime,par un préposé de la force publique


(article 231 alinéa 1 du Code pénal marocain), détournement d’archives publiques
par le dépositaire publics (article 276 alinéa 2 du Code pénal marocain).

c. Circonstances correspondant à un degré supplémentaire de la faute intentionnelle

Ex. : la préméditation aggrave le meurtre (article 393 du Code pénal marocain) et les
blessures volontaires (article 400 du Code pénal marocain).

B. EFFETS DES CIRONSTANCES AGGRAVANTES


1. AGGRAVATION DE LA PENALITE

Ex. : la mendicité est un délit puni de l’emprisonnement d’un à six mois (article 326
du Code pénal marocain) ; si le délit est réalisé en simulant des infirmités, il est puni
de l’emprisonnement de trois mois à un an (article 327-2° du Code pénal marocain).

71
2. MODIFICATION DE LA CATEGORIE DE L’INFRACTION

Elle intervient, avec les conséquences procédurales qui y sont attachées,


lorsque, en raison des circonstances aggravantes, « la loi édicte une peine afférente
à une autre catégorie d’infraction » (article 113 du Code pénal marocain). Ex. :
L’incendie contraventionnel prévu par l’article 608-5° du Code pénal marocain est
expressément aggravé et érigé en délit par l’article 435 du Code pénal marocain,
lorsqu’il a provoquée un homicide ; le larcin, délit de l’article 506 du Code pénal
marocain, devient un crime passible de la réclusion perpétuelle si, aux termes de
l’article 507 du Code pénal marocain, l’agent était porteur « de manière apparente ou
cachée d’une arme » .

3. EFFETS SUR LE COAUTEUR OU COMPLICE

Les circonstances personnelles n’ont d’effet qu’a l’égard du seul participant auquel
elles se rapportent (article 130 alinéa 2 du Code pénal marocain) ; en revanche, les
circonstances réelles sont supportées par le complice ou le coauteur, « même si
elles ne sont pas connues » de lui (article 130 alinéa 3 du Code pénal marocain).

PARAGRAPGE 2 : LA RECIDIVE

C’est la cause fondamentale d’aggravation de la peine ; elle révèle


subjectivement une nocuité persistante de l’agent ; elle est donc objectivement
commandée par l’utilité sociale.

L’article 154 du Code pénal marocain dispose « Est (…) en état de récidive légale, celui
qui, après avoir été l’objet d’une condamnation irrévocable pour une infraction antérieure
(1er terme de la récidive), en commet une autre » (2é terme de la récidive).

A. PREMIER TERME DE LA RECIDIVE


La condamnation antérieure doit obligatoirement présenter certaines caractéristiques :

1. UNE CONDAMNATION PENALE

Seule une condamnation pénale peut être prise en considération. Cette première condition
est Imposée par l’article 154 du Code pénal marocain, explicité à cet égard par les articles 155 à
160 du Code pénal marocain. Mais qu’est-ce qu’une condamnation pénale ? c’est une
condamnation à une peine, au sens technique de ce terme ; le prononcé, par le tribunal, d’une
mesure de sûreté, même lorsqu’elle vient sanctionner un crime ne saurait être pris en
considération parmi les antécédents  du récidiviste. La plupart des mesures de sûreté
interviennent, en effet, essentiellement comme sanction accessoire d’une peine principale et
c’est, dès lors, cette dernière qui fonde le premier terme de la récidive ; exceptionnellement, ce
sera la récidive qui fondera le prononcé de la mesure de sûreté ; c’est le cas de la relégation.

2. UNE CONDAMNATION IRREVOCABLE AU JOUR OU LA SECONDE INFRACTION EST


COMMISE

Si la condamnation n’était que définitive, il n’y aurait pas récidive, mais concours réel
d’infraction. On peut justifier cette règle en rappelant que le droit marocain ne punit sévèrement
qu’après avoir donné à l’agent un avertissement solennel qui se traduit par l’irrévocabilité de la
sanction : les délais accordés à l’agent pour attaquer la décision sont écoulés et toutes les voies

72
de recours sont épuisées ; la condamnation est passée en force de chose jugée. En cas de
prescription, voire même en cas de grâce, il est indifférent que la peine ait été subie, car la
condamnation subsiste ; il n’en irait différemment que si la condamnation ou ses effets avaient
été effacés par l’amnistie, la réhabilitation ou le sursis définitivement acquis à l’issue du délai
d’épreuve.

3. UNE CONDAMNATION EMANANT D’UNE JURIDICTION MAROCAINE ORDINAIRE OU


SPECIAL

C’est là une conséquence du principe de la territorialité. Peu importe donc la nature de


l’infraction, pourvu toutefois que les crimes et délits sanctionnés par le juge militaire soient
punissables d’après les lois ordinaires.

4. UNE CONDAMNATION IMPUTABLE

La condamnation pénale antérieure ne peut constituer le premier terme de la récidive que


si elle figure encore au casier judiciaire de l’agent, au moment où la deuxième infraction est
commise : l’amnistie notamment efface la condamnation et empêche ainsi qu’elle puisse être
invoquée à l’encontre du récidiviste.

B. DEUXIEME TERME DE LA RECIDIVE


Ce n’est pas une condamnation, mais une infraction commise postérieurement ; celle-ci va
supporter l’aggravation de la peine prévue par la loi en cas de récidive.

1. NATURE DE LA RECHUTE

a. La nouvelle infraction doit être juridiquement indépendante de la première.

Elle ne doit pas être une conséquence de la première condamnation. Ex. : le délit d’évasion
ne saurait constituer le second terme de la récidive. L’article 310 du Code pénal marocain prévoit
du reste que la peine sanctionnant l’évasion se cumule, par dérogation à l’article 120 du Code
pénal marocain, avec toute peine temporaire privative de liberté infligée pour l’infraction ayant
motivé la première condamnation.

Elle ne doit pas non plus être une conséquence de l’infraction ayant motivé la première
condamnation. Ex. : les infractions prévues par les articles 317 à 325 du Code pénal marocain et
sanctionnant « l’inobservation de la résidence forcée et des mesures de sûreté » ne peuvent, non
plus, constituer le second terme de la récidive, car on peut légitimement estimer qu’elles ne sont
commises, à l’instar de l’évasion à laquelle elles s’apparentent, que pour échapper aux
conséquences de cette condamnation.

b. La nouvelle infraction doit-elle être identique à la première ?

La récidive sera-t-elle prise en considération par exemple uniquement de meurtre à


meurtre, de corruption à corruption… ? ou bien sera-t-elle également sanctionnée si le second
terme diffère du premier, par exemple de vol à viol.

On peut parler de récidive générale si l’aggravation de peine est infligée quelle que soit la
nature respective des infractions successives, et de récidive spéciale si la loi exige que la
deuxième infraction soit identique à la première. Le droit pénal marocain utilise les deux
systèmes.

73
 

2. DELAI DE RECHUTE

Deux systèmes sont concevables

a. Récidive perpétuelle

Pour admettre l’état de récidive, la législation ne tient pas compte de l’intervalle de temps
qui a séparé les deux infractions.

Dès l’instant où la première condamnation est devenu irrévocable, l’agent se trouve


viagèrement exposé à tomber en état de récidive par la commission d’une seconde infraction.

b. Récidive temporaire

Le législateur exige, pour admettre la récidive, que les infractions se soient succédées
dans un délai préalablement fixé. Au-delà du délai fixé, la commission d’une nouvelle infraction
ne déterminera pas l’état de récidive par rapport à la première infraction.

Les deux systèmes sont retenus par le droit pénal marocain qui impose la temporalité ou la
perpétuité de la récidive, en fonction de la gravité des infractions.

PARAGRAPHE 3 : LE CONCOURS REEL D’INFRACTION


Il importe de le distinguer du concours idéal d’infraction, de l’infraction d’habitude et de
l’infraction continue.

Il y a concours ou cumul idéal d’infractions lorsque un « fait unique » est « susceptible de


plusieurs qualifications » (article 118 du Code pénal marocain).

Ex. : la fornication, telle qu’elle est définie par l’article 490 du Code pénal marocain
(1ére qualification) et l’outrage public à la pudeur, tel qu’il est prévu par l’article 483 du Code pénal
marocain (2e qualification).

Le tribunal est en ce cas tenu d’apprécier le fait « suivant la plus grave d’entre elles »
(article 118 du Code pénal marocain) et de prononcer une seule peine. En l’espèce choisie, les
fornicateurs seront donc jugés pour un outrage.

Il y a infraction d’habitude lorsque un acte pris isolément n’est pas punissable : seule sa
répétition constitue l’infraction.

Ex. : mendicité (article 326 du Code pénal marocain) ; vagabondage (article 329 du Code
pénal marocain) ; excitation habituelle de mineur à la débauche (article 497 du Code pénal
marocain) ; vie commune avec une prostituée (article 498-3° du Code pénal marocain) ;
proxénitisme hôtelier (article 501 du Code pénal marocain) ; tolérance habituelle de l’exercice de
la débauche dans un local privé (article 503 du Code pénal marocain).

Il y a infraction continue ou successive, lorsqu’une action ou omission se prolonge dans le


temps par la réitération constante de la volonté coupable de l’agent.

Ex. : port illégal de décoration, de titre, d’uniforme (articles 382 à 384 du Code pénal
marocain) ; non représentation d’enfant (article 477 du Code pénal marocain) ; recel (article 571
du Code pénal marocain).

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Il y aura, en revanche, concours ou cumul réel (ou matériel) d’infractions, lorsque l’agent
accomplira « simultanément » ou successivement » « plusieurs infractions non séparées par une
condamnation irrévocable » (article 119 du Code pénal marocain).

L’agent se distingue dès lors du délinquant occasionnel parce qu’il a commis plusieurs
infractions ; il n’est pourtant pas un récidiviste puisqu’il n’a pas reçu, sous la forme d’une
condamnation irrévocable, l’avertissement solennel de ne pas recommencer. La sanction qui doit
lui être appliquée ne peut que faire l’objet d’une mesure particulière.

75
 

CHAPITRE 3 : L’EXTINCTION DE LA SANCTION PENALE


La sanction disparaît normalement par l’achèvement de son exécution ; mais elle peut
également s’éteindre avant le terme fixé par la condamnation. Les articles 49 à 60 et 93 à 104 du
Code pénal marocain posent différentes normes destinées à réglementer les modes d’extinction
anticipée de la sanction.

La sanction peut aussi s’éteindre par la disparition de l’agent ou par la


disparition de l’infraction ; la disparition de la condamnation – La réhabilitation limite
ses effets aux mesures de sûreté ; il en va différemment de la dispense d’exécution
de la peine réputée exécutée par fiction – Extinction de la sanction par exécution
fictive ou de la disparition de la peine contractuellement remplacée par le paiement
d’une somme d’argent  – La transaction.

SECTION 1 : EXTINCTION PAR LA MORT DU CONDAMNE


La mort du prévenu éteint l’action publique (a. 31 C.P.P.) ; quelle est son incident sur la
sanction pénale si le prévenu a vécu suffisamment pour être condamné irrévocablement.

PARAGRAPHE 1 : EFFET SUR LES PEINES

A. PEINES PERSONNELLES

Qu’il s’agisse d’une exécution capitale ou d’un décès naturel, « la mort du
condamné » est une cause d’extinction des peines principales et accessoires
supportées par la personne même de l’agent, c’est-à-dire de toutes les peines
privatives ou restrictives de libertés ou de droits. C’est là une évidence qu’il est à
peine nécessaire de mentionner, mais que l’on doit cependant dégager de l’article
49-1° du Code pénal marocain qui en pose le principe.

B. PEINES PECUNIAIRES .

Aux termes de l’article 50 du Code pénal marocain, «  la mort du condamné n’empêche


pas l’exécution des condamnations pécuniaires sur les biens provenant de sa succession ». Les
peines pécuniaires visées par ce texte ne peuvent donc être que les amendes, les confiscations
et, le cas échéant, les frais occasionnés par la publication ou l’affichage de la condamnation.

Leur transmissibilité et donc leur imputation sur les patrimoines des héritiers vont
manifestement à l’encontre du principe de la personnalité des peines, puisque, en
l’espèce, une personne étrangère à l’infraction va subir la sanction prononcée contre
l’auteur de cette infraction. On peut, cependant, tenter de justifier cette anomalie
juridique en argent de la mutation nécessairement subie par la créance de la
société : dés l’instant où elle a pénétré les patrimoines des héritiers, elle est devenue
une dette et fait, à ce titre, partie du passif de la succession.

Il importe cependant de distinguer selon que la peine pécuniaire a été prononcée


contradictoirement ou par contumace.

1. CONDAMNATIONS COTRADICTOIRES

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Pour que la peine pécuniaire puisse être légalement exécutée sur les biens
successoraux, il est nécessaire que les conditions posées par le Code de la
Procédure Pénale soient remplies au jour du décès ; il faut donc que la décision ait
acquis l’autorité de la chose irrévocablement jugée, c’est-à-dire qu’elle ne puisse
plus faire l’objet d’aucune voie de recours ordinaire ou de pourvoi en cassation dans
l’intérêt des parties.

2. CONDAMNATION PAR CONTUMACE

Lorsque le condamné contumax meurt avant l’expiration du délai de


prescription, les peines pécuniaires déjà exécutées sur ses biens, obligatoirement
mis sous séquestre ou qui doivent l’être sur ses biens successoraux, sont acquises à
L’Etal, car, dans ce cas la mort du condamné entraîne
nécessairement  l’irrévocabilité des condamnations par contumace.

PARAGRAPHE 2 : EFFET SUR LES MESURES DE SURETE

A. MESURES DE SURETE PERSONNELLES

L’article 93-1° du Code pénal marocain estime opportun de rappeler que la mort du
condamné est le terme nécessaire des mesures de sûreté personnelles.

B. MESURES DE SURETE REELLES

Elles sont exécutée nonobstant le décès du condamné .La confiscation peut donc être
poursuivie, dans les mêmes conditions que pour les peines, sur les biens successoraux. Quant à
l’indignité réelle, susceptible de venir se greffer définitivement sur l’activité d’un établissement
commercial frappé de fermeture, c’est sa perpétuité qui gratuit sa transmissibilité aux héritiers

PARAGRAPHE 3 : EFFET SUR LES AUTRES CONDAMNATIONS

A la différence de l’action publique qui ne peut être exercée que contre les auteurs et
les complices, l’action civile qui tend à la constatation d’une dette civile de réparation
peut être exercée contre les héritiers de l’agent décédé. La mort du prévenu laisse
subsister l’action civile dont l’objet, conformément aux articles 105 à 108 du Code
pénal marocain est constitué par les frais de justice, les restitutions et les
dommages- intérêts .

Il importe, cependant, de distinguer la condamnation contradictoire de la condamnation par


défaut.

A. CONDAMNATION CONTRADICTOIRE

Les condamnations civiles ne peuvent être exécutées sur les biens successoraux que si
elles sont définitives, c’est dire qu’elles ne peuvent plus faire l’objet d’aucune voie de recours
ordinaire (appel ou opposition).

B. CONDAMNATION PAR DEFAUT .

77
Elles ne deviennent exécutoires que si le délai de l’opposition est expiré. En
effet, la prolongation du délai d’opposition édicté par le Code de la Procédure pénale
lorsque la notification n’a pas été faite à personne, n’est opposable qu’au ministère
public et non à la partie civile.

SECTION 2 : EXTINCTION PAR LA DISPARITION DE L’INFRACTION

Si la loi pénale est abrogée, l’infraction disparaît et partant la sanction. Il peut en aller
de même par simple effacement du caractère délictueux de l’acte reproché à l’agent.
Le Roi, décide, en usant de ses attributs régaliens, que l’infraction n’a jamais existé :
la fiction s’impose au droit et l’infraction disparaît.

SOUS SECTION 1 : L’ABROGATION DE LA LOI PENALE


L’abrogation de la loi ne peut qu’entraîner la disparition de l’infraction, partant l’effacement
de la condamnation, l’extinction de l’action publique et de la sanction pénale. Cette norme, posée
par les articles 49-3°, 52, 93-3° et 96 du Code pénal marocain doit être analysée comme une
incidence du principe de légalité consacré par l’article 3 du Code pénal marocain.

PARAGRAPHE 1 : MODALITES D’APPLICATION

A. PRINCIPE

Dés l’instant où le législateur décide expressément ou tacitement que tel fait ne


constitue plus une infraction, la loi pénale ancienne est abrogée .Qu’en est-il de la loi
tombée en désuétude ? Bien qu’elle n’ait plus été appliquée depuis plusieurs
années, une loi pénale demeure toujours en vigueur ; certains textes du protectorat,
relatifs au maintien de l’ordre, ont pu être ainsi revivifiés, alors même que le Code
pénal marocain contient des dispositions de dispositions de finalité similaire.

B. EXCEPTION

Selon les termes de l’article 7 du Code pénal marocain, les loi temporaires « même,
après qu’elles aient cessé d’être en vigueur, continuent à régir les infractions
commises pendant la durée de leur application ».

PARAGRAPHE 2 : EFFETS

A. SUR L’ACTION PUBLIQUE


1. SI LES POURSUITES NE SONT PAS ENCORE ENGAGEES LORSQUE LE TEXTE EST
ABROGE

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L’abrogation s’oppose à l’introduction de l’action publique, le fait ne pouvant plus être
qualité pénalement.

2. SI LES POURSUITES SONT ENGAGEES LORSQUE LE TEXTE EST ABROGE

Aux termes de l’article 5 du Code pénal marocain : « Nul ne peut être


condamné pour un fait qui, par l’effet d’une foi postérieure à sa commission, ne
constitue plus une infraction… »

B. SUR  LA CONDAMNATION

Si l’abrogation intervient postérieurement au jugement ou à l’arrêt, la condamnation


doit normalement être effacée du casier judiciaire et ne peut, de ce fait, faire
obstacle, le cas échéant, au prononcé ultérieur du sursis (article 55 du Code pénal
marocain).

C. SUR LA SANCTION PENALE


1. SUR LES PEINES

L’article 52 du Code pénal marocain dispose : « ..l’abrogation de la loi pénale fait obstacle
à l’exécution de la peine non encore subie et met fin à l’exécution en cours ».

L’article 5 du Code pénal marocain dispose : « …si une condamnation a été prononcée, il
est mis fin à l’exécution des peines tant principales qu’accessoires ».

2. SUR LES MESURES DE SURETE

La règle est posée par l’article 9 du Code pénal marocain : « l’exécution d’une
mesure de sûreté cesse lorsque le fait qui l’avait motivée n’est plus constitutif
d’infraction par l’effet d’une postérieure ou lorsque cette mesure de sûreté est elle-
même supprimée par la loi », sous réserve toutefois des dispositions de l’article 103
du Code pénal marocain.

SOUS SECTION 2 : L’AMNISTIE

L’amnistie fait disparaître l’infraction dans la mesure où elle efface rétroactivement le


caractère délictueux de certains faits. Ces faits, répréhensibles pénalement, sont
censés n’avoir jamais été incriminés par la loi. C’est l’élément légal de l’infraction, et
partant l’infraction, qui ainsi disparaît.

PARAGRAPHE 1 :  MODALITES D’APPLICATION

L’article 51 alinéa 1 du Code pénal marocain dispose : « L’amnistie ne peut résulter


que d’une disposition expresse de la loi ». Il appartient donc au seul législateur de
déterminer quels sont les agents ou les infractions qui peuvent en bénéficier. Selon
quelles modalités ? Dans le silence du Code pénal marocain, seule loi-cadre en la
matière, le législateur demeure libre d’intervenir. Chaque loi d’amnistie fixe donc
librement ses conditions d’application. L’amnistie peut ainsi avoir :

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A. SOIT UN CARACTERE REEL

lorsqu’elle s’applique à une catégorie déterminée d’infraction quels qu’en soit


les auteurs.

B. SOIT UN CARACTERE PERSONNEL

Lorsque le législateur subordonne son admission à certaines conditions exigées


de l’agent, tenu, selon les cas d’être par exemple un délinquant primaire, un mineur,
un résistant… Ainsi le dahir du 19 décembre 1955 est venu amnistier toutes les
condamnations prononcées entre le 11 janvier 1944 et le 7 décembre 1955 contre
les partisans de Mohamed V. Inversement un dahir de 1963 amnistiera un grand
nombre de « collaborateurs », partisans de Mohamed ben Arafa

PARAGRAPHE 2 : EFFETS DE L’AMNISTIE

La loi en « détermine les effets sous réserve toutefois des droits des tiers »
(article 51 alinéa 2 du Code pénal marocain).

A. EFFETS SUR LA RESPONSABILITE PENALE

Agissant directement sur la source objective de la responsabilité pénale,


l’amnistie a des effets puissants. Selon le niveau procédural de son intervention, elle
peut soit éteindre l’action publique, soit effacer la condamnation irrévocable et
partant supprimer la sanction pénale en cours d’exécution. Cet effet extinctif n’est
pourtant pas absolu.

1. EXTINCTION DE L’ACTION, DE LA CONDAMNATION ET DE LA SANCTION

a. Extinction de l’action publique à l’égard des infractions visées par l’amnistie

Deux situations peuvent se rencontrer.

Les poursuites ne sont pas encore engagées lorsque la loi est publiée

Si elle a un caractère purement réel, l’amnistie s’oppose à l’introduction de


l’action publique, car le fait infractionnel a cessé d’être délictueux.

Les poursuites sont engagées lorsque la loi est publiée

Si c’est la juridiction d’instruction qui est saisie, elle est tenue de rendre une
décision de non-lieu ; si c’est la juridiction de jugement, elle doit relaxer.

b. Effacement de la condamnation et extinction de la sanction pénale

Ce sera juridiquement le cas lorsque la loi d’amnistie est publiée


postérieurement au jugement ou à l’arrêt de condamnation.

Les peines principales et accessoires sanctionnant l’infraction visée par la loi


sont immédiatement éteintes.

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La condamnation est effacée du casier judiciaire, et, en cas de difficulté
d’interprétation de la loi, le demandeur peut utiliser la procédure de rectification
conformément aux dispositions du Code de la Procédure Pénale.

La condamnation amnistiée ne saurait non plus faire obstacle au prononcé


ultérieur du sursis ; le délinquant amnistié doit pouvoir bénéficier des dispositions de
l’article 55 du Code pénal marocain.

Enfin, aux termes de l’article 94 du Code pénal marocain, « la loi portant
amnistie de l’infraction ou de la peine principale, à moins qu’elle n’en décide
autrement par une disposition expresse, arrête l’exécution des mesures de sûreté
personnelles… », sous réserve toutefois des dispositions de l’article 103 du Code
pénal marocain.

2. LIMITES DE L’EFFET EXTINCTIF

Il faut se garder d’assimiler l’amnistie à un fait justificatif. Si l’on peut considérer


que l’infraction disparaît, dans la plupart des cas, par effacement de l’élément légal, il
en va différemment lorsque les faits amnistiés ont été parallèlement sanctionnés par
des mesures de sûreté réelles. Celles-ci, aux termes de l’article 95 du Code pénal
marocain, ne sauraient, en principe, bénéficier d’une extinction : « la loi portant
amnistie…demeure sans effet sur les mesures de sûretés réelles ».

Quoi qu’il en soit, l’infraction amnistiés a bel et bien existé dans le passé et
c’est par la technique de la rétroactivité que le fait délictueux a disparu, qu’il a cessé
d’être antijuridique. Il est donc normal qu’il soit impossible d’en supprimer toutes les
traces.

Le montant des peines pécuniaires principales et accessoires déjà exécutées


ne saurait être restitué à l’agent amnistié.

Celui-ci ne peut non plus se retourner en indemnité contre l’Etat pour obtenir
réparation du préjudice causé par son incarcération.

Enfin si l’amnistie a un caractère purement personnel, on ne saurait considérer


que la publication de la loi met un terme à l’action publique ; en effet, c’est à la suite
de nécessaires poursuites que l’agent pourra prouver l’existence des conditions
personnelles requises par la loi.

B. EFFETS SUR LA RESPONSABILITE CIVILE

Le Code pénal marocain prend le soin de préciser dans son article 51 alinéa 2
que la loi doit définir les effets de l’amnistie « sous réserve toutefois des droits des
tiers ». les « tiers » ne pouvant être, en l’espace, que les victimes de l’infraction
amnistiée, force est d’admettre que l’amnistie n’éteint pas l’action civile de la victime.
Cet effet limité de l’amnistie emporte deux conséquences.

L’agent amnistié est passible « des autres condamnations qui peuvent être
prononcées » :

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§  Les frais et dépenses du procès (article 105 du Code pénal marocain) ;

§  Les restitutions (articles 106 et 107 du Code pénal marocain) ;

§  Les dommages intérêts (article 108 du Code pénal marocain).

Dans quelle mesure l’origine délictueuse des faits ouvrant l’action civile va-t-elle
lui conserve le régime spécifique de l’action civile à origine pénale ?  En d’autres
termes, la juridiction répressive demeure-t-elle compétente à l’égard de l’action
civile ? Deux situations doivent être distinguées.

La prise civile n’a pas encore porté son action devant le juge pénal, au moment
de la publication de la loi d’amnistie. Elle ne peut dès lors plus le faire, l’action
publique étant éteinte.

En revanche, si la victime a déjà porté son action au pénal au moment de la


publication de la loi d’amnistie, le juge répressif demeure compétent.

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