Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
--------ooo--------oooo------ooo------
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
1
PRINCIPAUX SIGLES ET ABRÉVIATIONS
2
SOMMAIRE
4
MISE EN CONTEXTE
Ce cours de Groupement d’affaires a pour objet de fournir a l’auditeur de l’IMD une connaissance
juridique du fonctionnement de certains groupement d’affaire consacres par l’OHADA.
Il devra, notamment, permettre le développement de compétences spécifiques :
• Définition de la société.
• identifier et hiérarchiser les différentes parties prenantes,
• Repérer les grandes évolutions historiques et économiques ayant donné naissance aux
différentes formes sociétaires
• Repérer l’influence du droit OHADA en droit des sociétés
• Identifier les formes adaptées à la situation patrimoniale de l’entrepreneur
• Analyser le fonctionnement interne d’une société et sa représentation vis-a-vis des tiers.
• Distinguer la rémunération liée au mandat social, du salaire lié au contrat de travail.
• Différencier les conditions et les conséquences de l’engagement de la responsabilité de la
société, des dirigeants et des associés.
• Apprécier les controles internes et externes de l’action du dirigeant et leurs conséquences.
• Identifier les principaux types de sociétés pour mieux comprendre les avantages et les
inconvénients de chaque forme sociétaire (utiles pour pouvoir ensuite déterminer la forme la
plus adaptée à un contexte donné).
Rappel des objectifs spécifiques de cette partie II. et les savoirs associés
Compétences á acquérir Savoirs associés
• Des rè gles de fonctionnement de chaque forme sociétaire é tudié e.
• Identifier des clauses spécifiques des statuts (clause limitative de
pouvoir, clause d’inalié nabilité , clause d’agré ment). • Les sociétés à responsabilité́
• Repé rer dans des statuts les clauses non conformes (clause limitée : – pluripersonnelle ;
limitative de pouvoir, clause d’inalié nabilité , clause d’agré ment, – unipersonnelle.
clause de pré emption et clause d’exclusion). • Les sociétés anonymes : –
• Analyser les opérations de contrô le au sein forme classique ;
d’une socié té : rô les du commissaire aux comptes, contrô le des - A conseil d’administration
conventions ré glementé es, contrô le interne, procé dure d’alerte.
• Différencier les principales valeurs mobiliè res (actions, actions de - Avec administrateur general.
préférence, obligations) et expliquer leur ré gime juridique.
• Distinguer les actions et les parts sociales et justifier les
conséquences juridiques de cette distinction.
5
• Analyser les opérations d’augmentation et de réduction de capital.
• Analyser les conditions et les conséquences d’une transformation
pour chaque type de sociétés. visées
• Identifier les causes et les conséquences d’une dissolution
spécifiques à chaque type de sociétés.
• ustifier le choix d’une forme sociétaire adaptée à une situation
donné e.
6
INTRODUCTION GENERALE -MISE EN CONTEXTE
Le droit des groupement d’affaire tient une place importante dans le secteur
économique d’une nation. Autrement dit, il sécurise le secteur clé, qu’est
l’entrepreneuriat, et permet tant aux investisseurs qu’aux entrepreneurs de poursuivre
légalement et équitablement leurs projets d’entreprise. Or, ce domaine législatif, tout
comme les autres branches du droit des affaires, joue un rôle considérable dans
l’évolution des marchés au niveau national et international.
1
CJCE, 23 avr. 1991, Höfner et Elser, aff. C. 41/90, R, I-1979, concl. av. gén. F. G. Jacobs ; 17 févr. 1993, Poucet
et Pistre, aff. jtes C-159 et 160/91, R, I-637, concl. av. gén. G. Tesauro ; 16 nov. 1995, FFSA, aff. C-244/94, R,
I-4013, concl. av. gén. G. Tesauro ; 18 juin 1998, Commission c/Italie, aff. C-35/96, R, I-3855, concl. av. gén.
G. Cosmas ; v. aussi CJCE, 27 sept. 1988, Ahlstrom Osakeyhtiö dit « Pâte de bois I », aff. jtes 89 et a/85, R,
5193, concl. av. gén. M. Darmon, solution implicite ; TUE, 15 juill. 2015, Siderurgica Latina Martin, aff. jtes T-
189/10 et T-419/10. Cette définition n’est pas remise en cause par une décision du Conseil constitutionnel
en date du 7 déc. 2015 (n° 2015-510 QPC, JORF du 10 déc. 2015, CCC mars 2016, comm. D. Bosco, n° 75,
p. 39) qui, pour l’interprétation de l’article 464-2, I, du Code de commerce, lequel fixe des montants
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
maximaux des sanctions pécuniaires encourues par les auteurs de pratiques anticoncurrentielles plus
élevés à l’encontre des « entreprises » que des « autres contrevenants », justifie une telle discrimination
dénoncée par les auteurs de la QPC comme inconstitutionnelle en énonçant que « le législateur a, en se
référant à la notion d’entreprise, entendu distinguer les personnes condamnées en fonction de la nature de
leurs facultés contributives respectives ; qu’il a ainsi fixé un montant maximum de la sanction pécuniaire
proportionné au montant du chiffre d’affaires pour celles qui sont constituées selon l’un des statuts ou
formes juridiques propres à la poursuite d’un but lucratif et fixé en valeur absolue le montant de ladite
sanction pour les autres contrevenants ». Il résulte en effet des motifs de cette décision que la notion
d’entreprise qu’elle retient est propre au champ d’application du texte répressif sur la constitutionnalité
duquel le Conseil se prononçait. Il y a lieu de préciser qu’en droit interne, pour déterminer le maximum de
l’amende encourue pour pratique anticoncurrentielle, lequel dépend de l’applicabilité ou non, selon l’article
L. 464-2, I du Code de commerce, de la qualification « d’entreprise », la Cour de cassation, après avoir soumis
au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité, a jugé, en suivant le raisonnement
de celui-ci (n° 2015-510 QPC 7 janv. 2016), que « l’entreprise » s’entend ici d’une entité constituée « selon
l’un des statuts ou formes juridiques propres à la poursuite d’un but lucratif » (Cass. com., 8 févr. 2017,
n° 15-15005, obs. D. Bosco, CCC 2017, n° 133 – cet auteur relève la « polysémie » de la notion d’entreprise
devant la Cour de cassation).
7
Ce concept est mouvant et sa nature varie en fonction de la branche du droit dans
laquelle elle est considérée. Par exemple, au regard du droit commercial, l'entreprise
concerne une unité économique reposant sur une organisation préétablie et
fonctionnant autour de moyens de production ou de distribution. Mais, en droit du
travail, elle est considérée comme un ensemble de personnes rémunérées exerçant
une activité en commun (usine, local ou chantier) tout en étant soumis à l'autorité d'un
même employeur2.
Le concept d'entreprise a déjà été défini de plusieurs manières. Par entreprise, nous
entendons une unité économique de production. En législation sociale, une
entreprise est une organisation économique de forme juridique déterminée (propriété
individuelle ou collective) constituée pour une production des biens destinés à la
vente ou à la fourniture des services rémunérés et pouvant comprendre un ou
plusieurs établissements.3L'entreprise est une unité d'activités économiques,
administratives, techniques ou sociales qui consiste dans la réunion, sous une
direction commune, de plusieurs ressources combinées en vue de l'atteinte d'un
objectif bien déterminé4.
Cette définition est valable tant pour les entreprises privées que publiques, les
premiers visent le profit, tandis que les secondes, en dehors du profit, font prévaloir
l'intérêt général. Selon J.M. AUBY, l'entreprise publique est une institution placée
sous l'autorité de l'administration publique (gouvernement) affectée à des biens et
services soumis à un régime prépondérant de droit privé5.
Il peut y avoir une entreprise individuelle quand la personne physique utilise son
patrimoine, ses biens, ses capitaux, ses droits pour établir et développer une activité
économique (exclu de notre étude) - Il peut s’agir d’une entreprise sociétaire quant à
l’origine de l’activité de l’entreprise un groupement est constitué, la plupart du temps
une société commerciale ou civile. Dans l’entreprise individuelle (commerçant,
agriculteur, médecin, artisan), en raison de l’absence de personnalité, il n’y a qu’un 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
seul patrimoine : celui de l’entrepreneur individuel. Le patrimoine est rattaché à
l’activité. En fait, la théorie du patrimoine d’affectation est rejetée. Cette théorie
consiste à affecter un patrimoine mobilier et/ou immobilier à l'exercice d'une activité
professionnelle dans le but de protéger ses biens personnels contre les difficultés
financières que peut rencontrer l'entreprise. L’entreprise est sociétaire quand sa
structure juridique est constituée par une société, personne morale de droit privé. La
société est un groupement à but lucratif, caractérisée par la recherche de bénéfices
ou la réalisation d’économies. (La forme sociétaire n’est toutefois pas la seule forme
2
- V. en ce sens l’article L3 du Code du travail.
3
Code du travail
4
MBAYA KABAMBA, Syllabus de droit administraif,G2 SPA, UNILU, 2005-2006, p.8
5
MBAYA KABAMBA, syllabus de Grands Services Publics de l'Etat, G3 SPA, UNILU, 2006-2007, p .8
8
juridique utilisée pour l’exercice d’une activité économique6). D’autres groupements
peuvent être utilisés, à savoir les GIE, les associations, les coopératives, les sociétés
civiles, etc. Les groupements d’affaires sont très divers, pour satisfaire à la variété des
besoins auxquels ils répondent. Plusieurs critères de classement existent .
Rappel :
Le droit des sociétés commerciales désigne l’ensemble des règles de droit régissant cette
catégorie de personnes morales de droit privé – les sociétés commerciales, procédant de la
mise en commun de biens ou d’industrie en vue d’en partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie qui pourra en résulter. Les règles du droit des sociétés régissent ainsi la vie de ces
dernières de leur naissance – création de la société – à leur mort – liquidation de la société.
6
L’économie sociale et solidaire (ESS) prend une place croissante au sein de l’économie. Les formes classiques
de sociétés ne permettent pas toujours de répondre à ces nouveaux besoins. L’association (COCC) et la société́
coopérative (Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives, adopte le 15 décembre 2010) sont deux
structures juridiques qui peuvent investir les activités économiques.
7
- L’institution « est un groupement humain, organisé de façon durable, pour la réalisation d’une idée ».
9
juridique de la personne morale résulte de la réalisation d'une formalité et sur le fait
les dirigeants sociaux ne sont pas des mandataires mais des organes tirant leurs
pouvoirs et leurs responsabilités de la loi. Elle sera aussi renforcée depuis l’admission
de la société unipersonnelle. Dans la théorie institutionnelle, la société a un intérêt
propre distinct de celui de ces associés à la différence de la théorie contractuelle où
l’intérêt de la société est l’intérêt commun des associés.
Cependant, la conception contractuelle de la société connaît un renouveau
depuis les 1990. En droit OHADA, depuis la réforme de 2014, il est évoqué un retour
en force d’une certaine contractualisation de la société, à côté de
l’internationalisation, de la dématérialisation et de l’instrumentalisation. En outre, ce
débat sur la nature contractuelle ou institutionnelle de la société semble s’estomper
d’autant plus que la société demeure largement considérée comme étant un acte
unilatéral ou un contrat générateur d’une personne morale. En tout état de cause,
cette personne morale peut être entre autre une société civile régie par le code des
obligations civiles et commerciales ou une société commerciale régie par l’AUSCG.
Cette expression société commerciale englobe toutes les sociétés qui présentent
au moins une forme commerciale, quel que soit leur objet, civil ou commercial. A
cet effet, elle englobe toutes les sociétés qui ont un objet commercial des lors que
leur forme est commerciale. Soit elle exige une forme commerciale, pas forcément
un objet commercial. Il suffit donc qu’une société ait emprunté la forme d’une
société commerciale pour être visée par l’AUSCG; son objet peut ne pas être
nécessairement l’exercice d’activités commerciales.
10
les coopératives sont, selon les termes de l’article 1er de la loi n°47-1775 du 10
septembre 1947 portant statut de la coopération, expressément qualifiées de
sociétés. L’absence de but lucratif des coopératives n’est donc pas de nature à écarter
le recours aux mécanismes sociétaires même si ceux-ci font en l’espèce l’objet
d’aménagements tendant à laisser prévaloir les principes coopératifs.
Plus généralement, les développements sociétaires hors de leur champ capitaliste
originel constituent désormais une réalité incontournable. A cet égard, le moule de la
société civile se révèle particulièrement propice à accueillir l’exercice d’activités
désintéressées, le lien fait par la Cour de cassation entre la qualification d’entreprise
d’une société civile et l’exercice par cette dernière d’une activité économique
corroborant l’idée selon laquelle de telles sociétés peuvent n’exercer aucune activité
économique. Que la société soit civile ou commerciale, elle demeure la forme la plus
répandue par laquelle l’activité économique se développe. Elle est différente de
l’association et du GIE.
L’accent sera ainsi mis sur les groupements d’affaires exclusivement créés dans
l’intérêt commun des associés ou de l’associé unique. Il s’agit de sociétés
commerciales.
Les sociétés sont commerciales soit de par leur forme soit de par leur objet.
Relativement à leur forme, elles ne peuvent revêtir que l’une des formes prévues par
l’Acte uniforme. La société peut prendre plusieurs formes selon que les associes
veulent limiter ou non leur responsabilité au montant de leurs apports, se ménager
une latitude contractuelle, faciliter le financement de ses activités.
Ainsi, sont commerciales par leur forme selon la loi : les Sociétés en Nom
Collectif (SNC), les Sociétés en Commandite Simple (SCS), les Sociétés à
Responsabilité Limitée (SARL), les Sociétés Anonyme (SA), les Sociétés par Action
Simplifiée (SAS). Suivant leur objet sont qualifiées de sociétés commerciales : les
sociétés en participation, les sociétés de fait et les sociétés créées de fait ayant une 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
activité commerciale. Ceci emporte à faire la distinction entre les sociétés ayant la
personnalité morale (sociétés commerciales par la forme) et celles ne l’ayant pas (les
sociétés commerciales par leur objet).
Les associés d'une société commerciale sont soumis à une responsabilité
limitée (SA, SAS, SARL) ou illimitée et solidaire (SNC, SCS). De ce point de vue on
peut faire la distinction entre sociétés à responsabilité limitée et société à
responsabilité limitées ; société de capitaux et sociétés de personnes.
Ø Sociétés à responsabilité illimitée et sociétés à responsabilité limitée
Dans les sociétés à responsabilité illimitée qui peuvent concernées aussi bien
celles commerciales par la forme (SNC, SCS) que celles sans personnalité juridique,
les associés sont solidairement et indéfiniment responsables du passif social à l'égard
des créanciers. Cela signifie que les créanciers sociaux pourront demander à un
associé de payer l'intégralité de la dette. En outre, chaque associé doit pouvoir faire
11
confiance aux coassociés. Il faut donc l'accord de tous pour une cession des parts de
la société. En cas de décès d'un associé ou dans une hypothèse d'incapacité d'un
associé, la société est en principe dissoute (déséquilibre dans les engagements).
Dans les sociétés où la responsabilité est limitée (SA, SAS, SARL), les droits des
créanciers ne portent que sur le patrimoine social8 et pas sur la fortune personnelle
des associés. En cas de défaillance de la société, tout associé ne risque que la perte
de son apport.
Ø Sociétés de personnes et sociétés de capitaux
Dans les sociétés de personnes qui se rapportent aux SNC, aux SCS, aux
sociétés civiles et aux sociétés sans personnalité morale, les titres sociaux sont
représentés en parts sociales, les membres sont appelés « associés ». Ici, la fortune et
la personnalité des associés valent autant ou plus que les apports mis en commun lors
de la constitution de la société. Elles sont basées sur l'intuitu personae. Les associés
se regroupent car ils se connaissent, se font confiance et s'apprécient mutuellement.
Les parts sociales ne peuvent être cédées qu'avec l'agrément de tous associés et les
droits de vote sont répartis selon le système de la part virile.
Dans les sociétés de capitaux (SA et SAS), les titres sociaux sont représentés par des
actions et les membres sont appelés « actionnaires » (associés dans les SAS). Ici seul
l’argent compte et pas les qualités personnelles des actionnaires. Les actions sont
soumises au principe de libre cessibilité. Et, les droits de vote sont répartis en
proportion du capital détenu par chaque actionnaire. La SA, en particulier peut faire
Appel public à l’épargne. L’appel public à l’épargne est une technique juridique et
financière consistant, pour une société ou toute personne, à se procurer des capitaux,
notamment en fonds propres ou par endettement, en contrepartie du placement de
ses titres auprès du public. La technique permet traditionnellement aux entreprises et
autres agents économiques de disposer d’une réelle alternative aux emprunts
bancaires, réduisant ainsi leur dépendance à l’égard du système bancaire. Ayant pour
substrat la mobilisation de l’épargne du public, la technique donne lieu à une extrême
vigilance des autorités de régulation financière des États parties, dont la
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
préoccupation principale consiste à veiller à la bonne information du public.
8
- Mais, dans la pratique, les créanciers ont pris l'habitude d'obtenir la garantie personnelle des principaux associés,
par un cautionnement simple, ou plus souvent solidaire, une hypothèque sur certains biens personnels des
dirigeants.
12
Les sources de cette réglementation sont multiples : le législateur lui-même a
pris le soin de les indiquer. Toutes ces sociétés commerciales de personnes ou de
capitaux sont régies par l’acte uniforme, par les lois particulières au commerce, par
les conventions des parties, et aussi par le droit civil dans les points qui n'ont rien de
contraire à l’acte uniforme et aux usages du commerce. Mais, ce sont les règles
contenues dans les Actes uniformes qui requerront le plus notre attention car les
dispositions nationales ne s’appliquent que si elles ne sont pas contraires9 aux
premières règles. Ces règles proviennent pour l’essentiel du droit de l’Organisation
pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires. Il s’agit d’une organisation
promouvant une intégration juridique en Afrique. Elle a été instituée par un traité
signé en 1993 à Port-Louis en Île Maurice. Elle a pour objectif principal de permettre
une certaine accessibilité, modernité et clarté, relativement à la compréhension, la
pratique et l'application judiciaire du droit des affaires. A travers actes uniformes,
l’OHADA a entendu intervenir dans le droit commercial général, le droit des sociétés
commerciales, les procédures collectives... C’est l’Acte Uniforme relatif au Droit des
Sociétés Commerciales et du GIE qui régit les sociétés commerciales. L’AUDSCG,
adopté par le Conseil des ministres du 17 avril 1997, et entré en vigueur le 1er janvier
1998, a été révisé en 2014. Les dispositions de ce texte demeurent directement
applicables et obligatoires dans les seize Etats-parties10, conformément aux
dispositions du Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique. Elles
s’appliquent à toute société commerciale, y compris celle dans laquelle un Etat ou
une personne morale de droit public est associé, dont le siège social est situé sur le
territoire de l’un des membres. Elles sont aussi sont d'ordre public sauf dans les cas
où il est permis expressément aux associés de substituer des dispositions statutaires
ou conventionnelles aux dispositions légales ou de les compléter (article 2). Ainsi,
toute autre substitution aux dispositions de l'AU est réputée non écrite. Mais l’article
2-1 de l’AUDSCG révisé permet aux associés de conclure des conventions
extrastatutaires tout en respectant l’Acte Uniforme et les statuts. En tout état de cause,
l’AUDSCG régit les sociétés commerciales d’une part à travers des règles générales
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
(Partie I) et d’autre part à travers des règles spéciales (Partie II).
9
- Selon l’avis n° 1/2001 de la Cour commune de justice et d’arbitrage du 30 avril 2001 il faut comprendre par lois
contraires toutes les dispositions législatives ou réglementaires de droit interne ayant le même objet que des
dispositions du droit uniforme et qui leur seraient contraires parce qu’elles les neutraliseraient.
10
- Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau,
Guinée-Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo.
13
PARTIE I- RAPPEL DES ASPECTS GENERAUX DES FORMES
COMMUNES (DU DROIT COMMUN) DE SOCIÉTÉS
COMMERCIALES
Depuis sa création jusqu’à sa disparition, des règles juridiques vont encadrer la vie
d’une société commerciale. Certaines règles dites communes sont applicables à
toutes les sociétés commerciales pour leur constitution (Titre I) et leur fonctionnement
(Titre II).
Cela n’est possible que si l’on observe des conditions de validité dans la
création de la société (Section I). Le non-respect est spécifiquement traité (section II).
14
PARAGRAPHE I- LES CONDITIONS DE FOND DE CREATION
Les quatre conditions déclarées essentielles par la plupart des codes des obligations
civiles pour la validité des conventions en général, sont requises pour la validité des
sociétés commerciales : le consentement, la capacité, un objet certain et une cause
licite. Elles sont soit relatives à l’expression de la volonté (1) soit au contenu de l’acte
sociétaire (2)
a- Le consentement
Pour tout acte juridique, le COCC exige qu’un consentement exempt de tout
vice. Il existe s’il est personnel ou donné par un représentant. Le seul problème posé
par l’existence du consentement en droit des sociétés se rapporte à la simulation. La
théorie de la simulation s'applique en droit des sociétés dans les conditions énoncées
par le COCC. Deux situations sont à noter soit elle porte sur l'acte fondateur de la
société soit sur la qualité d’associé. Si la société dissimule un autre contrat, elle
constitue alors l'acte apparent dont la validité est soumise au droit des sociétés. Si
elle porte sur la qualité d'associé, elle n'est pas, en elle-même, une cause de nullité.
Il faut distinguer le cas de la simulation où l'associé réel est dans l'ombre et celle de
l'associé fictif qui n'a fait aucun apport.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
La simulation doit être distinguée de la convention de croupier qui est valable,
sauf si elle n’est pas destinée à faire échec aux conditions légales d’entrée dans la
société. A travers cette convention, l’associé et un tiers dit croupier conviennent, sans
l’accord des coassociés, de se partager les bénéfices et les pertes résultants de la
participation dans la société.
Le consentement est vicié s’il y a erreur, dol ou violence. En pareille occurrence,
seul cet engagement devrait être annulé et non la société, sous certaines réserves.
b- La capacité
15
règle n'est pas absolue, car elle comporte quelques exceptions ; elle est du moins
générale; et l'on peut dire que ceux-là sont capables de contracter une société
commerciale, qui sont capables de faire le commerce, et à l'inverse, que ceux à qui le
commerce est interdit ne sont pas capables de s'associer commercialement. Elle varie
selon le type de société. Elle demeure prise en compte pour les sociétés dans
lesquelles les associés doivent la qualité de commerçant. Elle n’est pas prise en
compte dans les autres sociétés, sauf si tous les associés sont frappés d’incapacité.
Des difficultés peuvent apparaitre en ce qui concerna la capacité des personnes
morales de droit public car il existe des restrictions. L’État peut souscrire au capital
d’une société, en vertu d’une loi seulement. Sur ce point, on précisera par rapport à
la portée de cette capacité par rapport au lien de capital, qu’en principe rien ne
s’oppose qu’une association soit associée d’une société.
En France, par exemple ni la loi de 1901, ni l’article 1832 du Code civil n’interdisant à
une association de détenir des parts ou actions d’une société, fût-elle commerciale,
un certain nombre d’associations recourent à la création de filiales dans le but,
notamment, de localiser au sein de celles-ci leurs activités, lucratives, de recourir à
des investisseurs ou encore de loger dans une structure sociétaire des immeubles non
strictement nécessaires à la réalisation de leur objet11. L’association peut ainsi être
associée d’un groupe et même devenir une simple holding si elle cesse elle-même
toute activité pour se limiter à un contrôle sur le groupe et encaisser des dividendes.
La filialisation par l’association d’une partie de son activité peut s’opérer par une prise
de participation dans une société existante ou par un apport à une société nouvelle.
L’objet de la filiale doit, dans tous les cas, s’inscrire dans le cadre général de celui
poursuivi par l’association en vertu de ses statuts12. En outre, l’association ne peut en
aucun cas devenir associée d’une société de personnes dès lors qu’une telle société
confère à ses membres la qualité de commerçant que lui refuse la jurisprudence.
a- L’objet
L’objet du contrat de société est donné par l’article 4 de l’AU qui vise la mise en
commun d’apports en vue de partager les bénéfices ou les économies qui pourront
en résulter. Cet objet doit être licite car dans le cas contraire la société est nulle.
L’objet du contrat est différent de l’objet social de la société qui doit être licite aussi.
La société commerciale se distingue de la société civile par son objet même ou par
son but. L’objet social désigne les activités envisagées dans les statuts de la société.
11
La création de filiales par une association, Extrait du rapport au 92e Congrès des notaires de France, BJS 1996,
p. 657.
12
V. Rép. min. Justice n°8532, JO Sénat Q, n°5, 2 février 1995, p. 279, BJS 1995, p. 262 qui préconise même le
recours à la filialisation « lorsque le volume des activités économiques d’une association devient important ».
16
Il est différent de l’activité sociale, activité réellement exercée. En pratique, il est
largement défini.
En tout état de cause, l’objet social limite la sphère d’activité de la société. En
fait, la société a une capacité de jouissance limitée en raison du principe de la
spécialité des sociétés. Ce principe exige que celles-ci exercent uniquement les
activités visées par leur objet social.
L’objet social limite également le pouvoir des dirigeants qui en principe ne
peuvent pas engager la société en dehors de l’objet social. Mais, dans certains cas, la
société est tenue.
Enfin, en principe, la société est dissoute s’il y a résiliation ou extinction de l’objet
social. Il convient de différencier la méconnaissance de l’intérêt social, de la non-
conformité à l’objet social. L’objet social est le genre d’activité que la société se
propose d’exercer pour obtenir les bénéfices escomptés. Il se distingue de l’objet de
la société qui n’est autre que l’objet du contrat de société, c’est-à-dire conformément
à l’article 4 de l’AU, la mise en commun de biens ou d’activités en vue de partager le
bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter.
La conformité à l’objet social tient uniquement à la nature de l’acte, tandis que la
conformité à l’intérêt social dépend de l’utilité de l’acte et de son opportunité au
regard de la société et de ses membres. Il en découle qu’une opération, tout en étant
détachée de l’activité de l’entreprise ou même contraire à l’objet social, telle que la
commission d’une infraction, peut lui être profitable et, par conséquent, ne pas être
contraire à l’intérêt social13. Inversement, un acte quoique conforme à l’objet social
peut nuire à la société. Si l’intérêt social incarne l’intérêt de l’entreprise sociale, l’acte
contraire à l’intérêt social peut être analysé comme un acte « antifonctionnel », c’est-
à-dire un acte contraire aux objectifs légaux et statutaires.
b- La cause
13
Cass. crim., 2 déc. 1991, Dr. Pénal avr. 1992, n° 101, obs. J.-H. Robert.
17
Obligatoire réalisé pour tout associé, l’apport est une opération consistant
pour l’associé à mettre à la disposition de la société des biens, une industrie en
échange de titres sociaux. L’associé est débiteur envers la société de tout ce qu’il s’est
obligé à lui apporter. Différents apports sont réalisés (a) pour la constitution du capital
social (b).
a- Les différents apports réalisés à la formation de la société
v L’apport en numéraire
Définition. Il correspond à une somme d'argent. Il est réalisé par le transfert à
la société de la propriété d’une somme d’argent que l’associé s’est engagé à lui
apporter.
En principe, cette somme d’argent doit être entièrement libérée lors de la
constitution de la société, mais l’AUR ou les statuts peuvent prévoir une libération
étalée dans le temps. Selon le type de société, la loi ou les statuts fixent alors
librement le pourcentage du capital à libérer lors de la souscription.
Par exemple, à la constitution de la société de la SARL ou de la SA,
respectivement la moitié ou le quart au moins des apports en numéraire doivent être
versés. Le reste est libéré en plusieurs étapes selon la « technique de l’appel du non
versé ». Les statuts détermineront celui qui appelle le non versé : les dirigeants sociaux
en général. Ceux-ci fixent souvent un échéancier soumis à une contrainte légale selon
laquelle tout le non versé doit être libéré dans les 2 ans (pour les SARL) ou 3 ans (pour
les SA) qui suivent la création de la société. Si un associé ne paye pas son dû lors d’un
appel du non versé, selon l’art. 43 AUR, les intérêts moratoires courent de plein droit,
sans préjudice de dommages et intérêts, s’il y a lieu.
18
entretenir la chose apportée en état de servir pour l'usage auquel elle est destinée14.
Il reprend en principe la chose quand la société prend fin. Toutefois, si l'apport porte
sur des choses de genre et ou sur tous autres biens normalement appelés à être
renouvelés pendant la durée de la société, celle-ci est présumée en devenir
propriétaire, à charge pour elle d'en restituer l'équivalent (quantité, qualité, valeur) à
sa dissolution. La propriété et les risques sont transférés à la société. Le bien promis
doit être mis à la disposition de la société pour un temps déterminé (terme fixé par
les parties).
Evaluation. L’apport en nature doit être entièrement libéré lors de la
constitution de la société. Son évaluation doit être faite par les associés dans les
statuts. Dans certains cas prévus par l’AUR (art. 312 pour les SARL; art. 400 pour les
SA), l’évaluation est faite par le commissaire aux apports (art. 49 AUR) désigné par les
futurs associés à l’unanimité ou par le président du tribunal compétent.
Art49
Les statuts doivent nécessairement contenir l'évaluation de chaque apport en nature et la description
des avantages particuliers stipules ainsi que, le cas échéant leur évaluation.
L'évaluation des apports en nature est contrôlée par un commissaire aux apports des lors que la
valeur de l'apport en nature considéré, ou que la valeur de l'ensemble des apports en nature
considérés, est supérieure à cinq millions (5.000.000) de francs CFA.
L'évaluation des avantages particuliers est obligatoirement contrôlée par un commissaire aux apports.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Le commissaire aux apports, choisi sur la liste des commissaires aux comptes selon les modalités
prévues aux articles 694 et suivants du présent Acte uniforme, est désigné à l'unanimité par les futurs
associés ou, à défaut, par la juridiction compétente, à la demande des fondateurs de la société ou de
l'un d'entre eux.
Le commissaire aux apports établit sous sa responsabilité un rapport annexe aux statuts. Ce rapport
décrit chacun des apports en nature et/ou avantages particuliers, selon le cas, indique le mode
d'évaluation adopté et les raisons pour lesquelles il a été retenu. Il atteste que la valeur des apports
correspond au moins à la valeur du nominal des parts à émettre.
SA : Art.400
14
- D’après l’article 47 AUR, il est garant envers la société comme un bailleur envers son preneur.
19
Les statuts doivent nécessairement contenir l'évaluation de chaque apport en nature et la description
des avantages particuliers stipulés ainsi que, le cas échéant leur évaluation.
La valeur des apports en nature et/ou les avantages particuliers doivent être contrôles par un
commissaire aux apports.
Le commissaire aux apports, choisi sur la liste des commissaires aux comptes selon les modalités
prévues aux articles 694 et suivants ci-après, est désigné à l'unanimité par les futurs associés ou, à
défaut, par la juridiction compétente, à la demande des fondateurs de la société ou de l'un d'entre eux.
v L’apport en industrie
Définition Aux termes de l’art. 40 AUR, l’apport en industrie concerne des
connaissances techniques ou professionnelles ou des services, de sorte que la
contribution à la constitution de la société prenant alors la forme d’une activité.
Régime. Toutes les formes sociales permettent l’apport en industrie à l’exception de
la société anonyme, société par actions. En l’absence de précision légale, l’apporteur
en industrie peut être une personne morale ou une personne physique. Il est soumis
à diverses obligations (ce qu’un associé peut apporter pour s’acquitter de l’obligation
inhérente à la constitution de la société) : fournir à la société la contribution promise,
rendre des gains qu’il a réalisés par l’activité faisant l’objet de son apport. Selon
l’article 50-1 de l’AUR, cet apport est réalisé par la mise à disposition effective au
profit de la société de connaissances techniques ou professionnelles ou de services.
De telles obligations s’analysent en pratique comme des obligations de non
concurrence, voire d’exclusivité. .L’AUR accorde une certaine liberté aux associés
dans l’organisation de cet apport à travers les statuts. Ils peuvent fixer les modalités
de sa libération et la durée de la prestation. Ils peuvent aussi fixer le nombre de titres
sociaux rémunérant cet apport et ouvrant droits de vote, sans que ces droits ne soient
supérieurs à 25% de l’ensemble des droits de vote. Ils peuvent aussi déterminer la
part totale attachée à ces titres sociaux pour les bénéfices, l’actif net et les pertes de 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
la société, sans excéder 25% de ces résultats. Même les modalités de liquidation de
ces titres en cas de cessation de l’activité promise sont fixées par les statuts. A ce
propos d’ailleurs, il est important d’une manière générale de bien préciser les
contours de l’apport en industrie, surtout lorsqu’il s’exprime sous forme de travail de
façon minutieusement claire et précise. En effet, il suffira d’une imprécision ou d’une
négligence pour aboutir à une requalification de la relation en contrat de travail. Pour
un auteur toutefois, « la précaution conseillée ci-dessus n’exclut pas le cumul entre
l’apport en industrie et un contrat de travail ».
Les titres sociaux résultant d'apports en industrie ne sont ni cessibles ni
transmissibles. Ils n'ont pas de valeur nominale.
20
Mentionné dans les statuts et obligatoire pour toute société, le capital social
représente le montant des apports en nature et en numéraire. En cours de vie sociale,
il est augmenté, des incorporations de réserves, de bénéfices ou de primes d’apports,
d’émission ou de fusion.
21
variabilité du capital permet l’entrée et la sortie d’associés à tout moment sans
modifier les statuts. Il en est ainsi si les conditions prévues aux articles 269-1 et s. sont
remplies (art. 67 AUR). Selon l’article 269-1 la variabilité du capital doit être stipulée
dans les statuts des SA ne faisant pas appel public à l’épargne ou des SAS. Elle permet
soit d’augmenter le capital social par des versements successifs des associés ou par
l’admission d’associés nouveaux, soit de diminuer par la reprise totale ou partielle les
apports effectués. En effet, pour assurer une meilleure protection des tiers le caractère
variable du capital doit être mentionné dans tous les actes et documents émanant de
de la société et qui leur est destinés par l’addition à la forme social des mots « à
capital variable ». Les statuts prévoient également une somme au-dessous de laquelle
le, capital ne peut être réduit par les reprises des apports15. Le capital autorisé, fixé
par les statuts, constitue la limite maximale à laquelle peut être porté le capital
souscrit. En matière bancaire, les banques qui ont leur siège social dans l’UMOA
peuvent être constituées sous forme de sociétés coopératives ou mutualistes à capital
variable par autorisation spéciale du Ministre des Finances, donnée après avis
conforme de la Commission Bancaire (article 20 de la loi bancaire)).
Les actes constatant les augmentations ou les diminutions du capital social
opérées ne sont pas assujettis aux formalités de dépôt et de publication. Il en est de
même des retraits d’associés, autres que les gérants ou les dirigeants sociaux de la
SAS. Les créanciers ne disposent pas d’un droit d’opposition à la réduction du capital
non motivée par des pertes.
Les statuts aménagent les modalités de souscription, de libération et de reprise des
apports. Ils déterminent une somme au-dessous de laquelle le capital ne peut être
réduit par les reprises d’apports. Cette somme ne peut être inférieure ni au 10ème du
capital social stipulé dans les statuts ni au montant minimal légal. Toute réduction de
capital au-delà de la limite statutaire est nulle. Le retrait ou l’exclusion d’un associé
(art. 269-6) peut être aussi prévu. C’est un mécanisme qui peut intéresser les sociétés
de capital-risque par rapport à leur stratégie de sortie de PME dans lesquelles elles
investissent. La survenance de causes de dissolution des sociétés de personnes sont
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
sans effets sur la société.
15
L’article 269‐5 de l’AUSCGIE prévoit que cette somme ne peut être inférieure ni au dixième du capital social
stipulé dans les statuts ni au montant minimal du capital exigé pour la forme de la société considérée.
22
La prise en compte des tiers a justifié le principe d’intangibilité du capital qui
interdit la distribution du capital du capital entre associés sans que les créanciers aient
eux-mêmes des moyens de se faire payer. Ainsi, les créanciers ont droit d’opposition,
en cas de réduction du capital en vue de partager les sommes perçues. A ce principe
s’ajoute le principe d’alerte du capital social qui joue dans les SARL et les SA. Il admet
la dissolution de la société si les pertes d’actifs dépassent la moitié des capitaux
propres.
A l’égard des associés. Il permet de déterminer les droits (pécuniaires et les droits
politiques) des associés dans la société. Les droits d’un associé se déterminent en
multipliant le nombre de parts par la valeur d’une part, et en divisant le tout par le
capital social (NP x VP/CS).
Étudions la vocation aux résultats sociaux (a) avant de voir l’affectio societatis
(b).
23
l'exonérant de la totalité des pertes, ainsi que celles excluant un associé totalement
du profit ou mettant à sa charge la totalité des charges.
b- L’affectio societatis
16
« une volonté de collaboration active, en vue d’un but commun qui est la réalisation d’un enrichissement par la
mise en commun des capitaux et de l’activité des associés » (Pic P., De l’élément intentionnel dans le contrat de
société, Ann. dr. comm., 1906, p. 153 ; Ripert G., Prêt avec participation aux bénéfices et sociétés en participation,
Ann. dr. comm., 1905, p. 53
24
PARAGRAPHE II- LES CONDITIONS EXTRINSEQUE DE FORME
Excepté les sociétés commerciales par l’objet, l'acte créateur de la société doit
être constaté par écrit (A) qui peut être renforcé par d’autres actes (B). Pour la
constitution des sociétés commerciales, il est exigé un écrit : les statuts.
25
Ils doivent obligatoirement contenir 13 mentions (Art. 13 AUR) dont : la forme
de la société, sa dénomination sociale17 suivie, le cas échéant, de son sigle, la nature
et le domaine de son activité, son siège social, sa durée, l’identité des apporteurs en
nature, la nature et l’évaluation de l’apport effectué par chacun d’eux, le nombre et
la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport, l’identité des
bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci, le montant du capital
social, le nombre et la valeur des titres sociaux émis, les stipulations relatives à la
répartition du résultat, à la constitution des réserves et à la répartition du boni de
liquidation, les modalités de son fonctionnement.
17
La raison sociale, ou comme on dit encore, la raison de commerce, est le nom commercial de la société. C'est le
nom qui en constate la personnalité juridique, le nom qui sert à la faire reconnaître et à la distinguer de la personne
des associés. Elle est formée avec le nom des associés personnellement et solidairement responsables. soit avec le
nom de tous, soit avec le nom de quelques-uns, soit même avec celui d'un seul.
18
Art. L100 du code du travail sénégalais.
26
B- Par la publicité :
En matière de formalités et de publicité, l’effort du législateur a essentiellement
consisté à alléger le contenu des avis et à introduire l’utilisation de l’électronique dans
l’accomplissement des actes de constitution. Les tiers sont mis en mesure de
connaître au juste le crédit et la confiance qu'ils peuvent faire -à la société. Avec les
règles de publicité il s’agit d'obvier aux fraudes et d'empêcher qu'en cas de faillite de
quelqu'un des associés, les autres associés ne pussent se dérober à la connaissance
des créanciers, et éviter de payer les dettes de la société dont ils étaient tenus.
Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, créé par l’Acte uniforme sur le droit
commercial général révisé en 2010 est un répertoire institutionnel de centralisation
de toutes les informations relatives au commerçant, aux entreprises et aux sûretés
mobilières tant au niveau local, national que régional. Il facilite l’accessibilité, la
fiabilité et la traçabilité des informations économiques gage d’une meilleure
attractivité des investissements dans l’espace de l’OHADA.
L’article 256-1 de l’AUSCGIE traitant des formalités de publicité opère un simple
renvoi aux dispositions pertinentes. Il dispose que « les formalités relatives aux
sociétés peuvent être effectuées par voie électronique conformément aux
dispositions du Livre V de l’Acte uniforme sur le droit commercial général ainsi qu’aux
dispositions applicables du présent Acte uniforme ». L’électronique peut ainsi faciliter
la constitution de la société commerciale et son usage se prolonge dans
l’accomplissement des formalités de publicité de la société constituée. L’encadrement
de l’électronique pour l’immatriculation des sociétés commerciales n’est pas inscrit
dans l’AUSCGIE mais plutôt dans l’Acte uniforme portant sur le droit commercial
général (AUDCG). Celui-ci consacre en son article 79 le principe de l’applicabilité des
dispositions relatives à l’électronique non seulement aux formalités ou demandes qu’il
prévoit, mais également à toutes celles qui sont prévues dans les autres actes
uniformes. Les formalités d’immatriculation des sociétés commerciales peuvent être
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
faites sur support papier ou par voie électronique avec la même valeur juridique.
L’article 82, alinéa 1 er, de l’AUDCG dispose ainsi que : « Les formalités accomplies
auprès des registres du commerce et du crédit mobilier au moyen de documents
électroniques et de transmissions électroniques ont les mêmes effets juridiques que
celles accomplies avec des documents sur support papier, notamment en ce qui
concerne leur validité juridique et leur force probatoire ». Le principe de l’équivalence
fonctionnelle ainsi consacré signifie que non seulement les documents et les
transmissions électroniques sont désormais admis mais ils le sont au même titre que
les documents sur support papier et les transmissions non électronique.
Par ailleurs, L’Acte uniforme révisé institue une disposition générale relative aux avis
publiés dans les bulletins ou journaux d’annonces légales (AUSCGIE, art. 257-1). Ainsi,
tous les avis publiés, quels que soient leurs objets, doivent obligatoirement
27
comprendre « la dénomination sociale de la société, la forme de la société, le montant
du capital social, l’adresse du siège social et le numéro d’immatriculation au RCCM ».
OBERVATIONS/ Les notions qui précèdent doivent suffire pour faire distinguer la société de certains
contrats avec lesquels on est quelquefois tenté de la confondre. Et d'abord il n'est pas exact de dire
que le consentement des parties, qui est indispensable à l'existence de la société, soit la différence
essentielle qui la distingue de la communauté, puisque celle-ci peut aussi résulter d'un contrat. 1° Le
signe caractéristique est que la communauté est un état passif, tandis que la société est un état actif
lucri faciendi causa; 2° la communauté, ou indivision-, est considérée par la loi d'un œil défavorable; la
société au contraire est envisagée avec faveur, et encouragée par le législateur; 3° dans la
communauté, chacun veille pour soi à ses propres affaires, sans s'occuper de celles des autres; dans la
société chaque associé est censé administrer pour ses co-associés, et ne peut préférer son intérêt privé
aux intérêts communs; 4° la communauté engendre l'action communi dividundo et l'action familioe
erciscundoe; la société, outre l'action communi dividundo qui lui est commune avec la*communauté,
produit l'action pro socio ; 5° enfin la société commerciale se distingue encore de la communauté, en
ce qu'elle forme une personne morale.
A- La nullité de la société
Est théoriquement nulle toute société dont l’un des éléments constitutifs fait
défaut. C’est pourquoi, elle est soigneusement encadrée (1) et elle produit des effets
(2).
28
a- La détermination des causes de nullité
Selon l’article 242 al. 1 de l’AUR, la nullité d'une société ne peut résulter que
d'une disposition de l’AU la prévoyant expressément ou des textes régissant la nullité
des contrats.
S’agissant des cas de nullité expressément consacrés par l’AUR, on a des cas
généraux et des cas spécifiques. Les cas généraux concernent la violation de certaines
règles de constitution de la société : les interdictions, incapacités ou incompatibilités ;
illicéité de l’objet social, absence ou apport fictif, apport interdit (art. 74-1 AUR). Les
cas spécifiques se rapportent aux types de sociétés. Dans les sociétés de personnes, il
y a cause de nullité pour : incapacités, appartenance des époux à une même société
(art. 74-1), non accomplissement des formalités de publicité (s’il n’y a de fraude, le
juge peut l’écarter) (art. 245). Pour les sociétés où le risque est limité (SA, SAS, SARL),
il y a nullité lorsque tous les fondateurs sont atteints d’incapacité (art. 242 in fine).
Rappelons qu’en principe, dans ces sociétés, la nullité de la société ne peut résulter
ni d’un vice de consentement ni de l’incapacité d’un associé.
Concernant les textes régissant la nullité des contrats, la nullité est retenue pour
défaut de capacité de contracter, absence d'objet déterminé ou d'une cause licite.
29
Lorsque la nullité de la société est prononcée, elle met fin, sans rétroactivité, à
l’exécution du contrat. Il est procédé à sa dissolution et, pour ce qui concerne les
sociétés pluripersonnelles, à leur liquidation.
Ni la société, ni les associés ne peuvent se prévaloir d’une nullité à l’égard des
tiers de bonne foi. Toutefois, la nullité pour vice de consentement ou pour incapacité
est opposable, même aux tiers de bonne foi, par l’incapable ou par son représentant
légal ou par la personne dont le consentement a été vicié.
Par ailleurs, la tierce opposition contre les décisions prononçant la nullité d’une
société n’est recevable que pendant un délai 6 mois à compter de la publication de
ces décisions dans un journal habilité à recevoir les annonces légales du siège de la
juridiction.
Elle concerne d’une part les personnes à l’origine d’une irrégularité de forme
(1) et d’autre part les personnes ayant provoqué une irrégularité de fond (2).
Elle concerne les associés et les dirigeants sociaux auxquels la nullité est
imputable.
C’est une responsabilité pour faute qui permet d’engager la responsabilité
solidaire des associés et des dirigeants sociaux auxquels la nullité est imputable du
fait du préjudice subi par les tiers. Il existe deux sortes de responsabilités : celle
complétant la nullité pour les préjudices générés par l’annulation et celle concernant
les dommages crées par des vices sanctionnés par la nullité mais en l’absence de
prononcé de la nullité.
Dans le premier cas, l’action en responsabilité se prescrit par 3 ans à compter
du jour où la décision d'annulation est passée en force de chose jugée. Dans le
30
second, l’action peut être intentée même après disparition de cette cause (art. 256 al.
3 AUR). Cette action se prescrit par 3 ans à compter du jour où la nullité a été couverte.
Par ailleurs, les associés peuvent engager leur responsabilité solidaire lorsqu’ils
procèdent eux-mêmes à l’évaluation des apports en nature.
Enfin, leur responsabilité pénale peut être engagée, au même titre que les
fondateurs et premiers dirigeants sur le fondement de l’article 886 de l’AUR. Il en est
ainsi, en cas d’émission d’actions avant l’immatriculation ou à n’importe quelle
époque lorsque l’immatriculation est obtenue par fraude ou que la société est
irrégulièrement constituée.
31
Elle peut être ordonnée, sous astreinte, par juridiction compétente dans le ressort de
la quelle se situe le siège social (art. 75 AUR). L'action aux fins de régularisation se
prescrit par 3 ans à compter de l'immatriculation de la société ou de la publication de
l'acte modifiant les statuts.
a- La société en formation
32
La société est en formation lorsqu'elle n’est pas encore constituée. La société
est formée par les fondateurs : personnes participant aux opérations menant à sa
constitution. Leur rôle prend fin à la constitution. Ils doivent avoir une domiciliation
sur le territoire de l’un des États parties. Elle est constituée d’une adresse ou une
indication géographique suffisamment précise, une simple boîte postale est
insuffisante.
b- La société constituée
33
elle a eu lieu avant la constitution si la société ne fait pas appel public à l'épargne ou
lors de l’AGC, dans le cas contraire. Pour les besoins de l’information des associés, il
est établit un document appelé « état des actes et engagements accomplis pour le
compte de la société en formation ». Ce document décrit les actes pris par les
fondateurs tout en indiquant, pour chacun d'eux, la nature et la portée des obligations
qu’ils comportent pour la société en cas de reprise.
Concernant l’approbation des actes par les associés, elle dépend du mode de
constitution de la société. Si la société est constituée sans assemblée constitutive,
l’état des actes et engagements est annexé aux statuts. La signature, par les associés,
des statuts et de cet état emporte approbation des actes et engagements. Si la
société est constituée avec assemblée constitutive, l’approbation se fait au moyen
d'une résolution spéciale de l'assemblée (art. 109 AUR). Ainsi, s’il y a information puis
approbation des associés, dès l’immatriculation, il y a reprise automatique par la
société des actes et engagements pris.
Pour les actes pris par les dirigeants, deux conditions sont exigées : ils doivent
être précisés dans un mandat et être accomplis pour le compte de la société
constituée. Le mandat doit être donné à une personne déterminée par tous les
associés (dans les statuts ou par acte séparé, assemblée). Si les conditions sont
respectées, la reprise est automatique.
ü Reprise par AGO des associés
Elles concernent les actes pris par les fondateurs et ceux pris par les dirigeants
mandatés.
Pour les actes pris par les fondateurs, sauf clause contraire des statuts, la reprise
s’effectue postérieurement à la constitution de la société et se fait par ratification de
l'AGO des associés, dans les conditions prévues par l’AU pour chaque forme de
société. L'assemblée doit être complètement informée sur la nature et la portée de
chacun des actes et engagements dont la reprise lui est proposée (art. 108 AUR).
Pour les actes pris par les dirigeants mandatés, sauf clause contraire des statuts,
la reprise par voie d’AGO est aussi admise par l’article 112 de l’AUR. Elle est prévue
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
pour les actes excédants ou étrangers aux pouvoirs conférés à travers les mandats
reçus après la constitution de la société. Ils ne peuvent être repris que s’ils sont
approuvés par l'AGO, dans les conditions prévues par l’AU pour chaque forme de
société.
Elles concernent aussi bien la société que les personnes ayant pris les
engagements.
Sur la société. Les actes repris par la société régulièrement constituée et immatriculée
sont réputes avoir été contractés par celle-ci dès l'origine. La société devient
contractante à la place de la personne qui a agi en se substituant à elle de manière
rétroactive.
34
Par ailleurs, les actes qui n'ont pas été repris par la société lui sont
inopposables.
Sur les personnes ayant pris les engagements. Deux situations sont à envisager :
reprise ou non reprise des actes. En cas de reprise des actes, il y a une substitution
rétroactive. Ceci emporte pour la personne ayant agi disparition complète de
l’engagement. En l’absence de reprise des actes par la société, les personnes qui les
sont souscrits sont tenues solidairement et indéfiniment par les obligations qu'ils
comportent. Mais, si l’acte a profité à la société, elle pourrait être tenue de, sur le
fondement de l’enrichissement sans cause ou de la gestion d’affaire, de rembourser
les frais de celui ou de ceux qui s’étaient engagés.
Il n’y a pas de reprise si la société n’a pas été immatriculée, reprise irrégulière
lorsqu’elle a été immatriculée, ou quand la société refuse de reprendre l’engagement.
Par ailleurs, en cas de commencement l’activité sociale, la société devient une
société de fait. Tous les associés seront tenus indéfiniment et solidairement des actes
accomplis.
B- L’immatriculation au RCCM
2- La procédure d’immatriculation
35
juridique de l’établissement. Elle n’entraîne ni la création d’une personne morale
nouvelle ni la dissolution de la société. La transformation se traduira par une
modification des statuts.
En outre, l’immatriculation fait courir des délais. Elle constitue le point de
départ de la prescription. Il en est ainsi de l’action en régularisation ou de l’action en
annulation de la société irrégulièrement constituée. Par elle le transfert de propriété
des biens apportés devient effectif. Elle confère la négociabilité aux actions, elle fait
courir le délai de libération du capital, elle fait apparaître l’employeur (c’est la société)
et ses différentes obligations sociales, elle oblige la société à communiquer son
numéro d’immatriculation aux tiers, etc.
Dans un délai de 15 jours suivant l’immatriculation, un avis doit être inséré dans
un journal habilité à recevoir les annonces légales dans l’Etat du siège social (art. 261
de l’AUR).
Les modalités et les énonciations de cet avis sont précisées par l’article 262 de l’AU.
Sont habilités à recevoir les annonces légales, d’une part, le journal officiel, les
journaux habilités à cet effet par les autorités compétentes, le Bulletin national des
RCCM, d’autre part, les quotidiens nationaux d’information générale de l’État partie
du siège social justifiant une vente effective par abonnement, dépositaires ou
vendeurs, mais aussi : paraître depuis plus de 6 mois ; justifier d’une diffusion à
l’échelle nationale.
Par ailleurs, lorsque de par la loi, une société n’est pas soumise à la formalité
d’immatriculation, elle est considérée soit comme une société en participation
lorsqu’il y a un écrit (art. 114 AUR), soit comme une société créée de fait en l’absence
d’écrit (art. 115 AUR).
19
La fiction juridique se définit comme l'altération d'un ou plusieurs concepts juridiques par la méconnaissance
soit des conditions logiques, soit des effets logiques de leur application. Les fictions juridiques manifestent ainsi
une insuffisance de la construction juridique élaborée au moyen d'un ensemble de concepts. Leur présence
implique donc un renouvellement de la conception des institutions qu'elles affectent, de telle façon que par leur
intégration dans la construction juridique elles perdent leur caractère d'anomalie. Dans le cadre du droit privé
interne, les fictions juridiques intéressent, directement ou indirectement, la théorie du sujet de droit, celle des
droits, celle des biens, celle du patrimoine ou celle des contrats, celle du groupement d’affaire, ect.
36
A- L’individualisation de la société
1- La dénomination sociale
Elle permet de désigner et d’identifier la société par une suite de mots qui peut
inclure, sauf disposition contraire de la loi, le nom d’un ou plusieurs associés ou
anciens associés. Elle peut être fantaisiste mais elle doit être obligatoirement suivie
de l'indication de la forme de la société et du montant du capital social. Elle doit
figurer sur tous les actes et documents émanant de la société et destinés aux tiers :
lettres, factures, annonces et autres publications.
Une société ne peut prendre la dénomination d’une autre société déjà
immatriculée au RCCM. Le nom de la société peut être changé mais il est aussi
protégé par l'action en concurrence déloyale contre les usurpations entraînant la
confusion chez la clientèle.
2- Le siège social
Toute société a un siège social qui doit être mentionné dans ses statuts. Le
siège social est fixé, au choix des associés, soit au lieu du principal établissement de
la société, soit à son centre de direction administrative et financière. C’est le lieu où
l’on rentre en contact avec la société. Les formalités sociales, commerciales, fiscales,
etc. sont accomplies en ce lieu. Il détermine la compétence territoriale sur le plan
judiciaire et la lex societatis ou loi applicable à la société. La lex societatis comprend
une variété de normes : constitution de la société, fonctionnement, capital et droits
sociaux, les fusions, la dissolution, la liquidation, etc.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Vue son importance, il doit être localisé par une adresse ou une indication
géographique suffisamment précise. Cependant, il peut arriver que le siège social
statutaire ne soit pas le véritable domicile de la société. On parle, ainsi, de siège
statutaire et de siège réel.
Dans ce cas, les tiers peuvent se prévaloir du siège statutaire, mais celui-ci ne
leur est pas opposable par la société si le siège réel est situé en un autre lieu. Ils
peuvent aussi dans certaines circonstances assigner la société ailleurs qu’à son siège
social : c’est la théorie dite des gares principales ou des succursales multiples.
3- La nationalité
37
l’espace. C’est le lien juridique qui rattache une société à un État. Divers critères sont
utilisés pour déterminer ce lien. Celui du siège social qui confère à la société la
nationalité du pays dans lequel elle est installée (siège social) et celui du contrôle lui
conférant sa nationalité selon la qualité de ceux qui la contrôlent : nationalité des
dirigeants et origine des capitaux. On est ainsi donc les règles qui gouvernent
l’adoption des décisions affectant la localisation traduisent fidèlement les enjeux de
pouvoir au sein des sociétés.
B- Le patrimoine de la société
Le patrimoine social est différent du capital social. Ce dernier n’est qu’une des
composantes. Le patrimoine social s’enrichira ou s’appauvrira au gré des résultats
financiers.
Il est également différent du patrimoine des associés. Les biens qu’ils apportent
appartiennent à la société car il n’y a pas ici une copropriété entre associés. Ils ne sont
titulaires que de droits sociaux conférant des droits financiers et politiques
représentant un droit de créance contre la société. La compensation entre une dette
de la société et celle d’un associé n’est pas possible. Egalement, en cas de cessation
des paiements de la société, le redressement ou la liquidation judiciaire ne s’applique,
en principe, qu’à elle seule. En outre, il y a abus de biens sociaux en cas de confusion
entre biens personnels et ceux de l’entreprise.
Par ailleurs, sur le patrimoine social, les créanciers sociaux ont un droit de gage
exclusif contrairement aux créanciers personnels des associés. Cependant, il faut
préciser que dans les sociétés de personnes, les créanciers sociaux ont aussi un droit
de gage sur le patrimoine de chacun des associés en cas de carence de la société.
Les créanciers personnels des associés n'ont aucun droit sur le patrimoine social. La
seule possibilité qui les reste, c’est de pouvoir saisir les titres sociaux des associés qui
sont leurs débiteurs, ainsi que les sommes que la société peut leur devoir. Demeure
impossible, la compensation entre les dettes personnelles d'un associé et les créances
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
de la société, et inversement.
Comme toute personne, la société peut connaître une fin qui découle de
certains évènements dits causes (Paragraphe I) et produit un certain nombre d’effets
(Paragraphe II).
Nous avons les causes communes (A) et les causes propres aux types de société
(B).
38
A- Les causes communes à toutes les sociétés (art. 200 AUR)
2- La dissolution provoquée
39
d’apprécier le juste motif. En général, ils ne retiennent que des situations paralysant
le fonctionnement de la société20.
Réunion de toutes les parts en une seule main (art. 60 AU). Cette cause
concerne les sociétés unipersonnelles par dégénérescence (la société
pluripersonnelle devenue unipersonnelle). La dissolution se justifie par le fait que le
caractère unipersonnel ne peut pas être revêtu par la société de personnes. La
dissolution peut être évitée si on procède à une régularisation dans un délai d’un an
et qui peut être prorogé de six mois par le juge.
Décès d'un associé. Il y a dissolution du fait de l'intuitu personae, sauf clause
de continuation. Incapacité et liquidation judiciaire d'un associé. En principe, ces
situations entraînent la dissolution de la société car elles bouleversent les prévisions
des autres associés. Mais la continuation par les autres associés peut être prévue.
Révocation d'un associé gérant statutaire d'une SNC. La révocation de ce
gérant par ses coassociés ou lorsque tous les associés sont gérants emporte
dissolution de la société, sauf continuation décidée ou prévue par une clause.
20
- La jurisprudence exige qu'elle soit suffisamment grave pour empêcher la poursuite de l'exploitation sociale.
40
augmentation du capital social suivi d’une réduction à concurrence des pertes non
imputées sur les réserves.
Capital social inférieur au minimum légal. Selon l’article 66 in fine, encourt dissolution
toute société dont le capital est réduit à un montant inférieur au minimum légal, à
moins que le capital soit porté à un montant au moins égal au montant minimum.
Par ailleurs, quel que soit les causes, la dissolution de la société n’a d’effet à
l’égard des tiers qu'à compter de sa publication au RCCM. Toujours en vue de la
publicité de la dissolution, l’article 202 de l’AUR impose une publication par avis dans
un journal habilité à recevoir les annonces légales du lieu du siège social, par dépôt
au greffe des actes ou procès-verbaux décidant ou constatant la dissolution et par la
modification de l'inscription au RCCM.
A- La liquidation de la société
Il existe 3 sortes de liquidation, deux prévues par l’AUSCG (art. 203 AUR) : celle
décidée à l’amiable par les associés et celle ordonnée par le juge et une prévue par
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
un autre AU21 pour les sociétés en cessation des paiements (qui n’est pas concernée,
ici).
D’après une règle générale, dès qu’elle est l’objet de la dissolution, une société
est en liquidation, pour quelque cause que ce soit. Sa raison ou sa dénomination
sociale est suivie de la mention : « société en liquidation ».
Pour protéger les tiers, la dissolution ne produit ses effets à leur égard qu’à
compter de la date à laquelle elle est publiée au registre du commerce.
La société dissoute conserve la personnalité morale pour les besoins de la
liquidation. Cette survivance étant indispensable pour maintenir le patrimoine social
jusqu’au moment où il sera partagé. Il est certain que la personnalité morale
postérieure à la dissolution est une personnalité diminuée qui n’est maintenue que
pour les besoins de la liquidation. La société ne peut ni se transformer en société sous
21
- Voir l'Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du passif, révisé en 2015.
41
une autre forme, ni reprendre de nouvelles activités. Mais, elle conserve son siège et
sa dénomination, et doit mentionner qu'elle est en liquidation dans les en-têtes de
ses documents. Elle reste à la tête de son patrimoine. L'exploitation se poursuit : les
profits et pertes sont repartis entre les associés comme avant.
La clôture de la liquidation doit intervenir dans un délai de trois ans à compter
de la dissolution de la société. A défaut, le ministère public ou tout intéressé peut
saisir la juridiction compétente dans le ressort de laquelle est situé le siège de la
société afin qu'il soit procédé à la liquidation de la société ou, si celle-ci a été
commencée, à son achèvement.
2- La réalisation de la liquidation
42
Les associés sont convoqués en fin de liquidation pour statuer sur les comptes
définitifs, sur le quitus de la gestion du liquidateur et la décharge de son mandat et
pour constater la clôture de la liquidation. A défaut, tout associé peut demander au
président du tribunal compétent statuant à bref délai, la désignation d'un mandataire
chargé de procéder à la convocation. Si l'assemblée de clôture ne peut délibérer, ou
si elle refuse d'approuver les comptes du liquidateur, la juridiction compétente statue
sur ces comptes et, le cas échéant, sur la clôture de la liquidation, en lieu et place de
l'assemblée des associés, à la demande du liquidateur ou de tout intéressé. Dans ce
cas, le liquidateur dépose ses comptes au greffe du tribunal chargé des affaires
commerciales où tout intéressé peut en prendre connaissance et obtenir, à ses frais,
la délivrance d'une copie.
Les comptes définitifs établis par le liquidateur sont déposés au greffe du
tribunal chargé des affaires commerciales en annexe au registre du commerce et du
crédit mobilier. Il y est joint, soit la décision de l'assemblée des associés statuant sur
ces comptes de la liquidation, le quitus de la gestion du liquidateur et la décharge de
son mandat, soit, à défaut, la décision de justice visée à l'article précédent.
Sur justification de l'accomplissement des formalités prévues à l'article
précédent, le liquidateur demande la radiation de la société au registre du commerce
et du crédit mobilier dans le délai d'un mois à compter de la publication de la clôture
de la liquidation.
Deux cas : fusion ou scission (1) et dissolution d'une société unipersonnelle (2).
43
On peut combiner fusion et scission : la fusion-scission consiste pour une
société soit à faire apport de son patrimoine à des sociétés existantes, soit à participer
avec celles-ci à la constitution de sociétés nouvelles.
En tout état de cause, la fusion et la scission partagent les mêmes conditions
et les mêmes effets. Ces opérations s’effectuent à travers deux actes successifs : la
préparation du projet de fusion ou de scission et sa ratification par les assemblées
générales des sociétés intéressées, conformément aux articles 193 et 194 de l’AU.
La fusion ou la scission entraine la dissolution sans liquidation des sociétés qui
disparaissent et la transmission universelle de leur patrimoine aux sociétés
bénéficiaires, dans l'Etat où il se trouve à la date de réalisation définitive de
l'opération. La société absorbante recueille tous les biens et toutes les créances et est
tenue des dettes de la société absorbée. Mais, les contrats conclus intuitu personae
par la société absorbée ne sont pas concernés. Les associés des sociétés qui
disparaissent acquièrent la qualité d'associés des sociétés bénéficiaires dans les
conditions déterminées par le contrat de fusion ou de scission.
44
TITRE II- LE FONCTIONNEMENT DE LA SOCIÉTÉ COMMERCIALE
La société commerciale quelle que soit sa forme fonctionne sur la base d’un certain
nombre de principes (Chapitre I) favorisant une plus grande transparence et qui
structurent les mécanismes de contrôle de la gestion de la société. Un équilibre se
crée dans le fonctionnement quotidien entre les dirigeants, les associés et les organes
de contrôle. Parfois les aléas du fonctionnement de la société vont l’amener à
disparaître ou du moins traverser des situations « de crises » qui vont bouleverser son
existence (Chapitre II).
Ils sont relatifs à la gestion de la société par les dirigeants sociaux (Section I) et
d’autre part de la participation des associés à la vie sociale (Section II). Il s’agit de 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
garantir l’équilibre des forces au sein de la société commerciale. Ainsi, les règles de
fonctionnement arbitrent les jeux de pouvoir entre ceux qui dirigent la societe
commerciale et ceux qui y investissent leurs ressources.
La société commerciale sera dirigée par des organes dont les pouvoirs et les
responsabilités varient selon les formes sociétaires.
Les dirigeants sont désignés pour exercer des pouvoirs (Paragraphe I) tout en étant
responsables (Paragraphe II).
45
PARAGRAPHE I- DES DIRIGEANTS DESIGNES POUR L’EXERCICE DE LARGES POUVOIRS
Il sera étudié d’une part la désignation des dirigeants et d’autre part leurs pouvoirs.
B- Les pouvoirs et obligations des dirigeants sociaux 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Il conviendra d’étudier les pouvoirs (1) et les obligations (2) des dirigeants
sociaux.
Il exerce des fonctions institutionnalisées avec des pouvoirs déterminés par les
associés dans l’acte de société ou tout acte ultérieur auquel les statuts ou la loi renvoient le
22
J.F. BULLE, Le statut du dirigeant de société, préc., n° 2, p. 23 ; D. Gibirila, op. cit., n° 7, p. 8
23
Encyclopédie, du droit de l’OHADA, page 705
24
- A titre exceptionnel et en cas de désaccord entre les associés, de dissolution de la société ou d'ouverture d'une
procédure collective, les tribunaux peuvent être amenés à désigner un administrateur provisoire, ou un syndic.
25
- Arrivée du terme du mandat, décès, incapacité, interdiction ou d’incompatibilité, démission ou révocation.
46
cas échéant26. Cela est favorable à l’institutionnalisation de relation d’agence qui est
fortement contractuelle. En effet, les aspects contractuels font partie des rouages sans
lesquels les changements ne se produisent généralement pas. Ils ne doivent pas servir de
prétexte pour diluer l’autorité27 du dirigeant et permettre que l’exercice de la fonction de
direction cesse d’être envisagé comme de la responsabilité exclusive du dirigeant, mais
devienne une responsabilité partagée avec les associés. Se limite-t-elle à l’exécution, la
gestion des activités sociales conformément aux décisions collectives ou intègre-t-elle tout le
processus de gouvernance de la société commerciale ? L’activité de gestion autonome est
celle réalisée par le dirigeant de droit qui a une réelle influence sur la société et le personnel
social, sans aucune emprise aboutissant à priver ce dirigeant de la liberté qui caractérise
l’exercice de ses fonctions. En réalité, le statut légal du dirigeant est lié à la forme de l’exécutif,
de la composition des organes direction, de l’existence de dualisme dans ces organes (avec
ou sans conseils d’administration) et à son mode de désignation (dans les statuts ou après la
signature des statuts de la société commerciale) et non à une conception de la primauté de
la fonction de direction sur les organes de contrôle. Dans tous les cas, comme démontrer
infra c’est l’indépendance mutuelle des pouvoirs qui est la marque distinctive des différents
types de gouvernement des sociétés commerciales. Agissant pour le compte de la société,
les dirigeants sociaux sont chargés de faire marcher celle-ci. En ce sens, ils tiennent de
nombreux pouvoirs de la loi ou des statuts. Ils ont tout pouvoir pour assurer la gestion
quotidienne de la société dans l’intérêt de celle-ci. En réalité, ils assument à la fois la direction
économique et la direction juridique. La direction juridique doit être étudiée dans les rapports
entre associés et dans les rapports avec les tiers.
Dans les rapports entre associés. Les statuts peuvent limiter les pouvoirs des
dirigeants sociaux. Mais, cette limitation n’est pas opposable aux tiers de bonne foi.
Dans les rapports avec les tiers, toute limitation de leurs pouvoirs légaux est
inopposable aux tiers de bonne foi (art. 121). Aussi, la société est engagée par les
actes des dirigeants sociaux dépassant l’objet social. Mais, il en est autrement si la
société parvient à prouver que le tiers savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne
pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances, sans que la seule publication des
statuts suffise à constituer cette preuve (art. 122). En définitive, la société peut être
engagée à l’égard des tiers pour les fautes de gestion des dirigeants, des entorses
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
au comportement normalement prudent, diligent et actif du dirigeant social.
C’est une responsabilité fondée sur la faute personnelle du dirigeant.
26
Encyclopédie, du droit de l’OHADA, page 705
27
Le terme « autorité » désigne ici « le pouvoir d’une personne de se faire obéir, d’imposer sa volonté dans un
groupe ou un espace donné. Cette autorité doit être exercée en toute indépendance, sans immixtion dans la gestion
de la société. Toutefois, il est possible de s’interroger sur le domaine d’exercice de cette autorité. Voir NZE
NDONG DIT MBELE jean-richard, le dirigeant de fait en droit prive français, Thèse. Université Nancy 2. 2008,
p.145
47
suffisamment dotée pour pouvoir s’opposer aux actes de gestion ayant fait naître des
créances légitimes. A ce propos, les dirigeants sociaux sont également astreints à des
obligations comptables et financières28. Ils doivent arrêter les états financiers de
synthèse (où figure un état annexé contenant un état des cautionnements, avals et
garanties donnés par la société et un état des sûretés réelles consenties par elle) à la
clôture de chaque exercice conformément à l’AU sur le droit comptable. Aussi, ils
doivent établir un rapport de gestion exposant la situation de la société à l’exercice
passé, son évolution prévisible et, surtout, les perspectives de continuation de
l’activité, l’évolution de la situation de trésorerie et le plan de financement (art. 138
AU). Ces documents comptables, doivent être présentés par les dirigeants aux
associés, et à toute personne intéressée (clients, créanciers...).
A- La responsabilité civile
28
- La société par le biais de ses dirigeants doit tenir une comptabilité conformément aux dispositions de l’AU sur
le droit commercial général et l’AU (art. 13) sur le droit comptable (art. 1er).
29
Juris-data n°1996-003942; Bull. Civ. 1996, IV, n°261; JCP G 1997, I, 4002, obs. M. Fabre-Magnan ; D. 1997,
Jur. 121, note A. Sériaux et Som. Com. 175, obs. Ph. Delebecque ; Contrats, conc., consom., 1997, comm. 24, obs.
L. Leveneur ; JCP G 1997, II, 22881, note D. Cohen ; Defrénois, 1997, 333, obs. D. Mazeaud ; RTDciv.1997, 418,
obs. J. Mestre
30
». Conf. in http://www.tout-sur-le-caferuis.com/pages/Ethique_et_responsabilite-2092532.html
48
L’action individuelle permet d’engager la responsabilité individuelle ou
collective des dirigeants sociaux du fait du dommage qu’ils ont causé, dans l’exercice
de leurs fonctions, aux tiers et aux associés qui en ont personnellement souffert. A
l’égard des tiers leur responsabilité est individuelle si c’est un dirigeant qui a agi seul
ou solidaire si les dirigeants agissent collectivement (art. 161 AUR). Cette action
intentée par celui qui a subi le dommage (art. 162 AUR) devant la juridiction située au
siège de la société se prescrit par trois ans à compter du fait dommageable ou de sa
révélation s'il a été dissimulé. Elle se prescrit par dix ans pour les crimes. Cependant,
l'exercice de l'action individuelle ne s'oppose pas à ce que l'action sociale puisse être
exercée par les associés.
L’action sociale : c’est l'action en réparation du dommage subi par la société
du fait de la faute commise par le ou les dirigeants sociaux dans l'exercice de leurs
fonctions. Elle est intentée soit par les dirigeants sociaux (action ut universi) soit par
les associés (action ut singuli). On précisera que le juge n’apprécie pas l’opportunité
des décisions de gestion, mais l’existence de fautes potentielles en fonction de la
régularité du processus ayant conduit à l’adoption des décisions et de leur caractère
normal au moment où elles ont été prises, et ce en tenant compte des risques générés
par la gestion de toute entreprise. L’action des associés est exercée après une mise
en demeure de 30 jours aux dirigeants non suivie d'effet. En cas de condamnation, la
société reçoit des dommages et intérêts.
L’action sociale est librement exercée. Ainsi, est réputée non écrite : la clause
statutaire qui soumettrait l’exercice d’une telle action à l’obtention d’un avis ou d’une
autorisation préalable des autres associés ou des dirigeants sociaux. Mais, pour
mettre fin au litige, une transaction peut être conclue entre les poursuivants et les
personnes poursuivies. De même, demeurent nulle, toute décision des associés ou
des dirigeants sociaux qui a pour effet d’éteindre l’exercice d’une telle action. En
outre, les frais et honoraires occasionnés par l'action sociale, lorsqu'elle est intentée
par un ou plusieurs associés, sont avancés par la société (art. 171 AUR). L’associé ayant
subi un préjudice personnel peut aussi agir en justice.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
49
exposé aux poursuites pour abus des biens et du crédit de la société appelé « abus
de biens sociaux ». En l’occurrence, La commission du délit suppose d’une part, un
usage des biens ou du crédit de la société ; d’autre part, un usage contraire à l’intérêt
social. On notera que cette usage est à l’origine de l’abus des biens ou du crédit de
la société et participe à l’identification de l’infraction, mais il reste bien évident que
c’est le caractère abusif qui en constitue le fondement.
En outre, la responsabilité des dirigeants peut être mise en œuvre dans le cadre d’une
procédure de liquidation judiciaire selon l’AU portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif.
La qualité d’associé s’acquiert et se perd (A) mais il confère plusieurs droits (B).
50
B- Les droits attachés à la qualité d’associé
31
R. Escarpit, L’information et la communication. Théorie générale, Hachette 1997
51
documents disponibles au siège social, envoyés à l’associé, en réponse à des
questions écrites posées. La violation de ce droit est sanctionnée par la mise en cause
de la responsabilité des dirigeants fautifs et par l’annulation de la délibération
litigieuse voire de l’assemblée elle-même dans des cas graves.
En somme on peut En principe, les associés en sont titulaires, mais le droit des
sociétés distingue entre les associés des sociétés à risque illimité et ceux des sociétés
à risque limité. Dans le premier cas, le droit à l’information des associés est
relativement sommaire, il prend essentiellement la forme d’un droit à obtenir
communication des livres et des documents sociaux, de poser des questions sur la
gestion sociale et d’interroger le gérant. Pour les sociétés à risque limité et
traditionnellement présentées comme étant des sociétés hybrides, autrement dit les
SARL, le droit d’information des associés est prévu dans l’AU. Toutefois, celui-ci est
nettement moins développé que dans les sociétés par actions, sociétés pour lesquels
les associés sont appelés des actionnaires. Dans ces conditions, l’information des
actionnaires consiste en des indications et précisions données par la société ou ses
dirigeants aux personnes ayant la qualité d’associé dans les sociétés de capitaux. En
effet, en règle générale, en contrepartie des apports effectués dans ce type de
sociétés, les associés reçoivent des actions ; d’où leur nom d’actionnaires.
Ø Les droits financiers
Ils se révèlent spécialement par la vocation aux dividendes qui fait naître trois sortes
de droits:
Le droit aux bénéfices : le dividende est un bénéfice distribuable. En d’autres termes,
c’est le résultat de l’exercice, moins les pertes antérieures, les dividendes partiels
régulièrement distribués et les réserves légales et statutaires, augmenté de l’éventuel
report bénéficiaire32.
Bénéfice distribuable = Bénéfice de l'exercice - (pertes antérieures + dividendes
partiels distribués + prélèvements pour la dotation de la réserve légale + réserve
statutaire) + report bénéficiaire.
32
- Par exemple, une société qui réalise un bénéfice de 180 au cours de l’exercice 2014, qui a réalisé 30 de pertes
au cours de l’exercice précédent et qui doit affecter 10 à la réserve légale, fait apparaître un bénéfice distribuable
de 140.
52
des associés. Ainsi, ces réserves pourront être distribués en cours de vie sociale
(réserves facultatives) et à la dissolution de la société (réserves statutaire et légale).
Le droit au boni de liquidation : à la dissolution de la société, après la réalisation des
actifs, remboursement des créanciers, paiement des droits et taxes dus au titre de la
dissolution et puis la reprise des apports par les associés, ce qui reste est partagé
selon les mêmes modalités que le dividende. C’est le boni de liquidation
Elle est à noter à travers les décisions collectives (A) et le contrôle des
dirigeants (B). Mais des litiges peuvent exister entre associés (C).
53
B- Le contrôle des dirigeants sociaux par les associés
L’une et l’autre mesure peuvent s’appuyer aussi bien sur la faute du dirigeant ou du
salarié, que sur le manque de confiance des associés à l’égard du dirigeant ou de
l’employeur vis-à-vis du salarié33, surtout s’il s’agit d’un cadre de l’entreprise. Il n’en
33
A. Chirez, La perte de confiance par l’employeur constitue-t-elle une cause réelle et sérieuse de licenciement ?
: Dr. social 1981, chron.
p. 193 ; De la confiance en droit contractuel : thèse Nice, 1977.
54
demeure pas moins que l’idée de perte de confiance est difficile à cerner et son
appréhension n’exclut pas le risque d’abus dans la mise en œuvre du droit de rupture
unilatérale du contrat de travail à durée indéterminée par l’employeur, et du droit de
révocation du mandataire social par l’assemblée des associés, si les statuts le
prévoient. Cette perte peut entrainer la nomination d’un expert de gestion en cas de
difficulté de gestion. Cette éventualité est prévue par les articles 159 et 160 de l'AU.
Cette nomination s’impose en cas de difficulté de gestion. Il s’agit d’un ou de
plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de
gestion. Il est désigné par la juridiction statuant à bref délai du siège social à la
demande d’un ou plusieurs associés représentant au moins le dixième du capital
social, soit individuellement, soit en se groupant sous quelque forme que ce soit. De
même, c’est la juridiction qui détermine l’étendue de la mission et les pouvoirs des
experts, même si les honoraires des experts sont supportés par la société.
Le rapport qu’il établit est adressé au demandeur et aux organes de gestion,
de direction ou d’administration ainsi qu’au CAC. Mais l’AU n’a pas précisé le contenu
de ce rapport ainsi que la notion d’opération de gestion34.
34
- B. Y. MEUKE, La notion d’opération de gestion au sens de l’article 159 de L’A.U.S.CGIE DE L’OHADA :
réflexion a la lumière du droit français, ohadata d-05-57.
35
De sorte que cette liberté et l’autonomie dans la direction vers la prise en charge de préoccupations non
financières ou économique sont fortement tributaires de la volonté des associés. Sa qualité de dirigeant social est
dans la plupart du temps inopérante. Autant elle implique une collaboration entre les associés et le dirigeant en
dehors de tout processus de soumission du dernier, autant elle reconnaît une liberté contractuelle qui offre la
55
d’accomplir sa mission tant qu’il en demeura chargé36. Ce mandat est un acte
volontaire et de confiance caractérisé par sa précarité. C’est tout naturellement37 que
le contrat de mandat qui résulte de la volonté à la fois du dirigeant qui accepte la
mission de représentant et celle des associés, les représentés, qui le nomment38, est
le siège des mécanismes de précarisation du statut du dirigeant39. Ces mécanismes
sont liés d’une part à la nature du contrat de mandat consubstantiel à la confiance des
associés, qui disposent le pouvoir de révocation et d’autre part au principe de la
séparation et de la spécialité légale. Cette confiance n’étant pas possible d’un point
de vue individuel, il faut créer les moyens de son existence. Nous aboutissons donc à
un paradoxe dans la mesure où nous savons que sans confiance, aucun échange social
ne saurait être possible, et que dans l’éventualité où il pendrait forme, il entraînerait
la révocation du dirigeant. La révocation découle du caractère intuitu personae40du
contrat de mandat. Le mandataire est tenu d’exécuter sa mission tant qu’il en
demeure chargé, sans possibilité de bénéfice des garanties sociales de protection des
salariés en cas de cumuls de fonctions.
L’organe de révocation - La cour d’appel d’Abidjan a rappelé à ce sujet, en 2003, et
conformément aux dispositions visées ci-haut que « l’organe compétent pour
révoquer le président directeur général et son équipe dirigeante est l’assemblée
générale »41. Nul doute alors, la révocation des dirigeants relève de la compétence
de l’assemblée d’actionnaires.
si en matière de révocation des dirigeants sociaux, l’assemblée générale
ordinaire (AGO) est traditionnellement visée, la question reste posée en ce qui
concerne la compétence de l’assemblée générale extraordinaire. À cet égard, il faut
relever qu’en droit français, jurisprudence (CA Rennes, 25 févr. 1972, JCP 1972, II,
n° 17220, note Synvet H. ; CA Paris, 15 mars 1990, BRDA 1990/14, p. 18.) et doctrine
(Mercadal, Janin, Dione) admettent que l’assemblée générale extraordinaire peut
possibilité au dirigeant d'insérer des clauses qui limiterait ses responsabilités à l’égard des autres parties prenantes 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
à la vie de la société commerciale. Dans ce cadre, les dirigeants ont, une certaine autonomie, en raison de leur
mandat et de la séparation des pouvoirs, il n’en demeure pas moins toutefois que cela ne soit pas exclusif de la
reconnaissance de pouvoirs sanctions, de révocation au profit des associés.
36
Le mandat n'est pas un blanc-seing ; la plus vulgaire prudence le conseille.
37
S. ASENCIO, Le dirigeant de société, un mandataire « spécial » d'intérêt commun, Revue des sociétés 2001, p.
683
38
En tenant bien sûr compte des structures que la loi impose et qui fait des sociétés des démocraties plus ou moins
médiatisées et ce à la différence des principes de droit allemand, Cl. Ducouloux-Favard, Le cumul des fonctions
de dirigeant et de salariés dans les sociétés de capitaux en Allemagne, Rev. Sociétés 1988, p. 381, spéc. p. 383. -
Sur le fait de considérer un directeur général de société anonyme comme un « mandataire du conseil
d'administration », V. Y. GUYON, Droit commercial général et sociétés, op. cit., n° 347, p. 363
39
Il est possible de noter les pouvoirs exorbitants des associés dans la nomination et la révocation des dirigeants.
Ce mandat spécial s’appuie notamment sur le principe de la hiérarchie des organes, défini par le droit de l’OHADA
se singularise par son caractère contraignant.
40
Le « mandat d’intérêt commun » est un contrat intuitu personae puisqu’il repose sur la confiance entre les
parties. Le caractère intuitu personae produit des conséquences s’agissant, notamment, des causes de cessation du
contrat : en effet, le principe est celui de la révocabilité ad nutum du mandataire.
41
(CA Abidjan, 24 oct. 2003, n° 1161, Sté ASH Internationale c/ Maurice KACOU ; www.ohada.com, ohadata J-
03-317).
56
valablement prendre une décision de révocation aux conditions de quorum et de
majorités prévues pour les assemblées ordinaires.
Les administrateurs ont compétence, à travers le conseil, pour nommer et
révoquer à tout moment le président-directeur général, le président du conseil
d’administration, le directeur général (AUSCGIE, art. 492) ainsi que son adjoint
(AUSCGIE, art. 475 et 492). Pour statuer valablement, il est nécessaire que la moitié
au moins des membres du conseil soit présente. La décision est prise à la majorité
des membres présents ou représentés, à moins que les statuts ne prévoient une
majorité plus forte
Les biens sociaux représentent toutes les valeurs qui forment l’actif de la
société, autrement dit, l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers corporels ou
incorporels, constatés ou non par les documents comptables. Il importe que ces biens
appartiennent à la société.
42
J. Attard, La révocation des dirigeants sociaux : de la licéité des clauses écartant l’exigence légale du juste motif
? : JCP G 2000, I, 217. – V. aussi, D. Miellet, Liberté statutaire et contrôle de la révocation des mandataires sociaux
protégés : JCP E 1999, n° 30-31, p. 1278.
57
Les fonds de la société sont les biens sociaux les plus exposés et dont le
dirigeant abuse quand il s’en sert indûment. Le crédit social est celui qui s’attache à
l’établissement, eu égard à son capital, à la nature et à la bonne marche de ses
affaires. Au sens large et économique, le crédit de la société est sa renommée
commerciale et donc, sa capacité à emprunter43. En faire l’usage revient à engager la
signature sociale, à exposer la personne morale à des paiements ou à des
décaissements éventuels, à lui faire courir des risques qui en principe ne lui incombent
pas. Le crédit abusé ne porte donc pas seulement sur le renom moral de la société,
mais aussi sur sa capacité financière telle qu’elle apparaît aux tiers.
Pour être répréhensible, l’usage des biens ou du crédit doit être contraire à
l’intérêt social, c’est-à-dire exposer la personne morale à un risque sans espoir d’un
gain raisonnable, ou même la priver d’avantages plus importants et plus conformes à
ses intérêts. Il est contraire aux intérêts de la société dès lors que, sans contrepartie,
il expose l’actif à un risque de perte par le fait de la volonté frauduleuse de son
auteur44. En raison de cet usage, l’intégrité de l’actif social est compromise.
L’intérêt social est distinct de celui de chaque associé, de celui de la majorité ou
même de celui de l’unanimité des associés. Il s’ensuit que l’assentiment de tous les
associés n’entraîne aucune présomption de conformité à l’intérêt social, n’efface pas
le caractère délictueux des prélèvements abusifs des biens sociaux et n’exonère pas
leur auteur de toute responsabilité. Ainsi, une décision unanime des associés ne
couvre pas le cautionnement illicite par une SARL d’une dette personnelle de son
gérant45. De même, le dirigeant qui, avec l’accord de l’assemblée des actionnaires,
fait prendre en charge par la société les amendes auxquelles il a été condamné,
commet un abus de biens sociaux.
43
M. Dagot et C. Mouly, L’usage personnel du crédit social et son abus, Rev. Sociétés, 1988, p. 1.
44
Cass. crim., 8 déc. 1971, Bull.crim., 1971, n° 346 ; Rev. Sociétés, 1972, p. 514, note B. Bouloc.
45
CA Colmar, 21 mars 1986, Gaz. Pal. 1986, 2, somm. p. 370.
58
Dans les sociétés par actions, il faut relever trois phases : D’abord, le CAC demande
par écrit des explications aux organes sociaux (PCA, PDG ou l'Ad. Gen., Président) sur
tout fait relevé ci-dessus. Selon le cas, réponse écrite lui est faite dans un délai de 15
jours suivant la réception de la demande où il est donné une analyse de la situation
et il est précisé, en ce cas, les mesures envisagées. Ensuite, à défaut de réponse de
l’organe sollicité, ou si, la réponse n’est pas convenable, il invite, par écrit, le dirigeant
à faire délibérer le conseil d’administration ou à se prononcer (administrateur général
ou président) sur les faits. Il doit être convoqué à cet effet. Enfin, en l’absence de
convocation du conseil d’administration ou si les dirigeants ne se prononcent pas ou
si à l'issue de la réunion du conseil ou des décisions prises, il estime que les décisions
prises ne permettent pas d'assurer la continuité de l'exploitation, il devra établir un
rapport spécial à présenter aux actionnaires réunis en AG ou, en cas d'urgence, à une
AG des actionnaires qu'il convoque lui-même par écrit pour soumettre ses
conclusions. Si, à l’issue de l’AG, les décisions prises lui paraissent insuffisantes pour
assurer la continuité de l’exploitation, il en informe (démarches et résultats) au juge
compétent. En tout état de cause, la procédure d'alerte peut être arrêtée par le
commissaire aux comptes en cours de déroulement. Par contre, elle ne peut pas être
suspendue pour être reprise ultérieurement au-delà des délais prévus par la loi (6
mois). La procédure d'alerte prend fin avec l'information de l'assemblée générale et
éventuellement de la juridiction compétente.
Dans les sociétés autres que les sociétés par actions (SARL, SNC, SCS), deux phases
sont notées. En premier lieu, le CAC adresse au dirigeant, par lettre au porteur contre
récépissé ou par lettre recommandée, une demande d’explications. Le dirigeant doit
répondre dans un délai de 15 jours en lui adressant un écrit précisant la situation et
les mesures envisagées. En second lieu, à défaut de réponse du dirigeant ou si, en
dépit des décisions prises par le dirigeant, la continuité de l’exploitation demeure
compromise, le CAC dresse un rapport spécial dont copie est adressée à la juridiction
compétente. Il peut aussi demander, par écrit, le dirigeant à communiquer aux
associés le rapport spécial dans les 8 jours suivant sa réception ou à le présenter à la
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
prochaine AG. En cas d'urgence, il peut convoquer lui-même une AG pour présenter
les conclusions de son rapport. Si à l'issue de l'AG, il constate que les décisions prises
ne permettent pas d'assurer la continuité de l'exploitation, il informe la juridiction de
ses démarches et lui communique les résultats.
Dans les SARL ou SA, en cas de perte de la moitié du capital social, la réunion
des actionnaires ou des associés s’impose pour décider des mesures de redressement
à prendre. La loi prévoit deux sortes de mesures selon la gravité de la situation. Si la
situation de la société parait irrémédiablement compromise, les associés peuvent
décider de procéder à la dissolution de la société. Mais si les associés peuvent encore
espérer redresser la situation, ils peuvent décider de poursuivre l’activité de la société
à la condition de reconstituer le montant des capitaux propres dans les deux ans qui
suivent. L’AUR exige que les capitaux propres soient reconstitués immédiatement à
hauteur d’au moins la moitié du capital social. A défaut la société devra réduire son
59
capital (sans dépasser le minimum légal) d’un montant au moins égal à celui des
pertes qui ne pourraient être imputées sur les réserves. Toutefois, le tribunal peut
accorder à la société un moratoire de 6 mois pour régulariser le montant des capitaux
propres. Dans les cas extrêmes, on peut associer une réduction et une augmentation
du capital.
Cependant, ces mesures ne peuvent pas être mis en œuvre lorsque la société
en redressement judiciaire ou en liquidation de biens.
En droit des sociétés commerciale pour qu’il y ait abus, il ne suffit pas que l’acte soit
contraire à l’intérêt social, il faut également qu’il soit profitable directement à celui
qui en est personnellement l’auteur, ou indirectement en vue de favoriser une autre
société ou entreprise dans laquelle il a des intérêts. Les actes abusifs qui revêtent
diverses formes supposent pour prospérer, de prendre naissance dans le cadre d’une
quelconque société, qu’elle soit civile ou commerciale, unipersonnelle ou
pluripersonnelle, de personnes ou de capitaux, à risque limité ou illimité. Il est vrai
qu’ils sont beaucoup plus isolés dans les sociétés civiles et plus fréquents dans
certaines sociétés que dans d’autres, qu’ils se présentent davantage sous une forme
particulière dans telles ou telles sociétés, plus que dans telles ou telles autres. Le droit
des sociétés est influencé par le droit administratif qui conçoit l’abus de droit comme
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
le fait pour quelqu’un d’« user de ses pouvoirs en vue d’un but autre que celui pour
lequel ils lui ont été conférés »46.Certaines décisions sociales peuvent être entachées
d’abus du droit de vote qui se présente sous le double aspect de l’abus de majorité
et l’abus de minorité ou d’égalité. .
1- L’abus de majorité
Il y a abus de majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une décision dans
leur seul intérêt, contrairement aux intérêts des associés minoritaires, sans que cette
décision ne puisse être justifiée par l'intérêt de la société, donc socialement
contestable. Nous sommes véritablement dans des conflits d’intérêt. C’est
effectivement ces conflits qui constituent le critère le plus pertinent d’identification de
46
G. Vedel et P. Delvolvé, Droit administratif, p. 737 et s., PUF,1984.
60
l’abus en droit des sociétés, les autres critères tels que l’intention de nuire et la rupture
d’égalité n’étant pas suffisamment fiables, ou tels que l’absence de cohérence, le
défaut de proportionnalité et l’anormalité dans le comportement des acteurs
sociétaires étant trop imprécis47.Les décisions collectives entachées de cet sont nulles.
La responsabilité des associés ayant voté la décision constitutive de l'abus peut être
engagée par les associés minoritaires pour la réparation du préjudice qu’ils ont subi.
47
E. Cordelier, Thèse Toulouse I, 2002, n° 33 et 34, préc., note 1.
48
- Dans sa demande de prorogation, il doit indiquer, à peine d’irrecevabilité, les raisons pour lesquelles sa mission
n’a pu être achevée, les mesures qu’il envisage de prendre et les délais pour achever sa mission.
61
ou d’administration qui restent en fonction et précise les pouvoirs et compétences
qui leur sont maintenus. Elle est publiée dans un délai de 15 jours à compter de sa
nomination, dans un avis inséré dans un journal d’annonces légales.
L’administrateur provisoire représente la société dans le cadre de sa mission et
dans la limite de ses pouvoirs. Le dépassement de ses pouvoirs est inopposable à la
société.
Il doit présenter à la juridiction compétente, au moins une fois tous les 3 mois,
un rapport sur les opérations qu’il a accomplies ainsi que sur l’évolution de sa mission.
Lorsqu’il dispose de tous les pouvoirs d’administration au sein de la société, dans les
4 mois de la clôture de l’exercice, il établit les états financiers de synthèse annuels et
un rapport écrit par lequel il rend compte des opérations de l’administration
provisoire au cours de l’exercice écoulé. Sauf dispense accordée par la juridiction, il
convoque l’AGA.
Responsabilité. L’administrateur provisoire est responsable, à l’égard tant de la
société que des tiers, des fautes qu’il commet dans l’exercice de ses fonctions.
Compte tenu du mutisme du législateur qui ne définit pas la paralysie du
fonctionnement de la structure sociétaire, la difficulté réside dans la caractérisation
de cette paralysie, plus particulièrement à la date où les juges du fond vont statuer
sur la demande de dissolution. Aussi, la notion de paralysie relève-t-elle de
l'appréciation souveraine des juges du fond dont le juge du droit a pour mission de
contrôler la pertinence. Il résulte de la jurisprudence que cette paralysie peut être
appréhendée de deux manières. La première qui correspond à la paralysie
organisationnelle, structurelle et juridique de la société implique l'impossibilité pour
les organes sociaux compétents de prendre des décisions conformes à la loi et aux
statuts49. C'est le cas de la mésentente entre deux associés qui, en raison de
l'unanimité requise pour adopter certaines décisions sociales, a conduit l'associé
gérant à prendre seul celles-ci en violation des statuts laquelle établissait qu'elle ne
pouvait fonctionner normalement et qu'elle était paralysée50. Il en va pareillement de
la mésentente permanente et générale entre deux associés égalitaires, source d'un
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
grand nombre de litiges compromettant le fonctionnement normal de la société en
empêchant l'adoption des décisions collectives, la mise en œuvre de la procédure
statutaire de sortie d'un associé51. La seconde conception correspond à la paralysie
économique et financière de la société52 qui, si elle n'existait pas, ne provoquerait pas
la dissolution de la société, quand bien même la mésentente aurait de graves
incidences sur le fonctionnement de la société.
49 Cass. civ., 3 juin 2009, n˚ 08-15.542, F-D (N° Lexbase : A6343EHE), RJDA, 10/2009, n˚ 849 ; Cass.com., 28
mai 2013, n˚ 12-20.287, F-D (N° Lexbase : A9528KEM), Rev. Sociétés, 2013, p. 499, dissolution judiciaire non
prononcée, et absence de référence à la situation financière de la société.
50 Cass. com., 10 mai 2011, n˚ 10-16.323, F-D (N°Lexbase : A1142HRQ), RJDA, 7/2011, n˚ 629.
51 CA Reims, 9 avril 2013, n˚ 11/02 807 (N° Lexbase : A8488KBY), RJDA, 7/2013, n˚ 631.
52 Cass. civ.1, 16 octobre 2013, n˚ 12-26.729, F-P+B (N°Lexbase : A0902KNQ), BRDA, 22/2013, n˚ 6, RJDA,
4/2014, n˚ 339, Bull. Joly Sociétés, 2014, p. 39, note E. Forget, également, A. — C. Deville, Retour sur la
dissolution judiciaire pour mésentente entre associés, RLDA, janvier 2014, n˚ 4902.
62
Section II- La restructuration des sociétés commerciales
Définition. C’est l'ensemble formé par des sociétés unies entre elles par divers liens
qui permettent à l'une d'elles de contrôler les autres. Par contrôle on peut entendre
la détention effective du pouvoir de décision au sein de cette société. Une personne
physique ou morale est présumée détenir le contrôle d'une société : si elle détient
plus de la moitié des droits de vote, soit directement ou indirectement ou par
personne interposée, soit en vertu d'un accord ou d'accords conclus avec d'autres
associés.
Absence d’existence juridique du groupe. Chaque société du groupe conserve
son autonomie juridique. Mais le groupe est pris en compte en droit des sociétés,
social, fiscal ou comptable pour assurer protection des associés minoritaires, des
créanciers et des salariés. 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Définition. Lorsqu'une société possède dans une autre une fraction de capital
égale ou supérieure à 10%, la première est considérée comme ayant une participation
dans la seconde. La participation peut être réciproque ou croisée.
Participation réciproque ou croisée. Elle est très réglementée dans les SA, SAS,
SARL. Entre deux de ces types de sociétés, de même nature ou non, la participation
croisée est limitée à 10%. En cas de dépassement, la cession du surplus s’impose. En
cas d’égalité des participations réciproques, chacune des sociétés doit réduire la
sienne à hauteur de 10%. En cas d’inégalité, celle qui détient la fraction la plus faible
du capital de l’autre doit céder ses actions ou ses parts sociales. Dans les deux cas,
63
jusqu’à leur cession effective, les titres sociaux à céder sont privés du droit de vote et
du paiement des dividendes qui y sont attachés.
Par ailleurs, il ne peut y avoir de participation réciproque entre une société à
risque illimité et une société à risque limité lorsque cette dernière est associée de la
première et détient une participation supérieure à 10% de son capital. Cependant,
elle est autorisée jusqu’à hauteur de 10% si la participation la société à risque limitée
est égale ou inférieure à 10%. Dans les deux cas, si la société à risque illimité possède
déjà des titres de la société à risque limité, elle doit les céder. A défaut, on applique
la même sanction évoquée ci-dessus.
3- La société mère-filiale
Définition. Une société est société mère d'une autre société quand elle
possède dans la seconde plus de la moitié du capital. La seconde société est la filiale
de la première. Elle peut être filiale commune de plusieurs sociétés mères si son
capital est possédé par lesdites sociétés. En tout état de cause, la filiale est
naturellement une société sous la dépendance ou le contrôle d’une autre. Elle doit
être distinguée de la succursale (art. 116 à 120 AUR) et du bureau de représentation
(120-1 à 120-5 AUR).
La succursale. C’est une forme d’établissement secondaire commercial ou
industrie1 ou de prestations de services d’une autre société ou personne physique
qui sans avoir de personnalité morale jouit d’une autonomie pour traiter avec des
tiers. Elle constitue un prolongement sur un autre territoire d’un établissement
principal, maison mère. Contrairement à la filiale, elle n’a pas de personnalité morale
propre et dépend de la maison mère.
La succursale comme la filiale, elle doit se faire immatriculée. De même, pour
ne pas encourir radiation, lorsqu’elle appartient à une personne étrangère, elle doit
être apportée à une société de droit, préexistante ou à créer, de l'un des Etats parties,
2 ans au plus tard après sa création. Elle peut être dispensée de cette obligation par
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
un arrêté du ministre chargé du commerce pour une durée ne dépassant pas 2 ans.
Le bureau de représentation ou de liaison. C’est un établissement appartenant
à une société et chargé de faire le lien entre cette dernière et le marché de l'Etat
partie dans lequel il se situe. Il n’est pas permanent car constituant le plus souvent un
établissement temporaire sans autonomie de gestion et sans activité propre. Il a pour
objet d'étudier le marché sur un autre territoire contrairement à la succursale qui a
pour objet une activité commerciale. Cependant, le bureau de représentation ou de
liaison comme la succursale doit être immatriculé au RCCM. De même, il peut être
transformé en succursale. Une demande de rectification RCCM doit être formulée
dans les 30 jours suivant un tel changement de situation. A défaut de la rectification,
il encourt radiation.
64
B- L’ABSENCE DE LIEN CREE
La forme sociétaire choisie n’est pas figée. Les opérations sur le capital ou les
opérations de transformation permettant par exemple d’adapter la forme initialement
choisie aux besoins des associés.
Définition. C’est l'opération par laquelle une société change de forme juridique
par décision des associés. C’est une modification des statuts n'entrainant pas perte
de la personnalité morale, sauf si la société prend une forme non prévue par l’AUR
tout en exerçant une activité commerciale. La décision de transformation est prise à
l’unanimité de faire muer une société à risque limité en société en SNC ou SCS (art.
181 AUR) ou toute société en SAS.
Date d’effet. La transformation prend effet à compter du jour où la décision la
constatant est prise mais pour être opposable aux tiers elle doit respecter les
formalités de publicité de l’article 265 AUR. Elle n’a point d’effet rétroactif même si
elle produit des effets à l’égard des dirigeants sociaux, de la société transformée, des
commissaires aux comptes.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Effets. A l’égard des dirigeants sociaux, elle met fin à leurs pouvoirs sans que
ceux-ci ne puissent demander des dommages et intérêts, sauf si elle a été faite dans
le seul but de porter atteinte à leurs droits. Mais, ils participent avec les nouveaux
dirigeants à l’établissement du rapport de gestion pour la période les concernant.
A l’égard de la société transformée, la transformation ne remet pas en cause
les droits et obligations contractés par celle-ci sous son ancienne forme. II en est de
même pour les sûretés, sauf clause contraire dans l'acte constitutif de ces sûretés.
Toutefois, les créanciers dont la dette est antérieure à la transformation conservent
leurs droits contre la société et les associés, lorsqu’il y a transformation d’une société
à risque illimité en société à risque limité.
A l’égard des CAC, en principe, la transformation ne met pas fin à leurs
fonctions si la nouvelle forme sociale requiert leur nomination. Dans le cas contraire,
leurs fonctions cessent, sauf si les associés en décident autrement. Néanmoins, en cas
65
de cessation de leurs fonctions, ils sont tenus de rendre compte de leur mission pour
la période comprise entre le début de l'exercice et la date de cessation de cette
mission à l'assemblée appelée à statuer sur les comptes de l'exercice au cours duque1
la transformation est intervenue.
Dans les sociétés où il n’y avait pas de commissaires aux comptes, leur
transformation en société par actions emporte désignation de commissaires à la
transformation chargés de faire un rapport tenu à la disposition des associés (art. 187-
1 AUR). Désignés par le juge, en l'absence d'accord unanime des associés, dans leur
rapport ils apprécient sous leur responsabilité la valeur des biens composant l'actif
social et les avantages particuliers. Cette appréciation est évaluée par les associés
qui ne peuvent les réduire qu’à l’unanimité. A défaut d'approbation expresse des
associés, mentionnée au procès-verbal, la transformation est nulle.
Les personnes morales de droit privé sont classées selon le but de leur activité.
Lorsque ce but est purement lucratif, l’objectif étant le partage entre les membres des
bénéfices résultant de l’action commune ou la réalisation d’économies, la personne
morale est nécessairement une société. Par exemple, la société anonyme. Lorsque le
but est totalement désintéressé et exclut tout partage de bénéfices ou réalisation
d’économies, alors le groupement fera partie des personnes morales de droit privé à
but non lucratif. Par exemple, l’association.
La société, personne morale par l’effet de la loi, peut prendre plusieurs formes
selon que les associés veulent limiter ou non leur responsabilité au montant de leurs
apports, faire appel ou non à l’épargne publique, se ménager une latitude
contractuelle.
Si, dans leur organisation et dans leurs effets, les sociétés commerciales énumérées
par l’Acte uniforme présentent ainsi des traits caractéristiques qui les font distinguer
les unes des autres, elles ont aussi, d'un autre côté, un caractère commun. Chacune
d'elles est mise en mesure par la loi de centraliser tous ses moyens d'action et de se
constituer un patrimoine distinct qui répond de ses engagements. C'est qu'en effet,
différentes en cela des sociétés civiles, les sociétés commerciales se personnifient
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
dans un être de raison. A la faveur de cette fiction, toute société commerciale,
constitue une personne juridique distincte de la personne des associés, personne
juridique dont la formation doit être rendue publique par des écrits équivalant à de
véritables actes de naissance, et dont, pour compléter l'analogie, la fin doit, en
général, se manifester par d'autres publications ou d'autres écrits qu'on peut assimiler
à des actes de décès.
Il faut voir maintenant dans quelle mesure ces règles sont applicables aux
sociétés commerciales, ou, en d'autres termes, en quoi le droit particulier à ces
sociétés modifie le droit commun, ce qu'il y ajoute, ce qu'il en retranche. Mais, avant
tout, il importe de se fixer sur les éléments mêmes de ce droit particulier et de préciser
le trait caractéristique de chacune des cinq espèces de sociétés commerciales.
66
PARTIE II- LE DROIT SPÉCIAL DES GROUPEMENTS
D’AFFAIRES (TYPOLOGIE)
Il s’agit des sociétés pour lesquelles, la responsabilité est limitée aux apports des
associés. Il s’agit des sociétés dites de capitaux ou par actions53 : Société Anonyme
(SA) (Chapitre II) et Société par Action Simplifiée (SAS) (Chapitre III) et de la Société à
Responsabilité limitée (SARL) (Chapitre I). Ces trois sociétés ne peuvent engager que
l’actif social, au-delà duquel les tiers n’ont ni recours ni action, ceux-ci connaissant ou
étant censés connaitre la constitution de la société avec laquelle ils ont traité.
53
Avec la nouvelle réforme il sied de Mentionner l’introduction de nombreuses dispositions dans lesquelles la
formule « sociétés par actions », incluant la société anonyme (SA) et la SAS, qui est venue remplacer l’expression
« société(s) anonyme(s) ».
67
SECTION I- LA CONSTITUTION DE LA SARL
Selon l’article 311 de l’AU, le montant minimum du capital social est fixé à
1.000.000 f CFA. Il est divisé en parts sociales d'une valeur nominale de 5000 f CFA
au minimum.
Ainsi, le capital social est fixé à 1000000. Le législateur OHADA a prévu des
sanctions en cas de non-respect du minimum exigé. Mais, il faut faire la distinction
entre une société en formation et une société constituée. Si la société en formation
ne respecte pas le minimum du capital social exigé, elle ne peut être valablement
constituée. De même, si le capital social est réduit à un montant inférieur au minimum
fixé par l’AU, la société doit être dissoute à moins que l’A.G décide d’augmenter le
capital pour le porter à un niveau au moins égal au montant légal. Si cela n’est pas
fait, tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société après avoir
mis en demeure les représentants de celle-ci à régulariser la situation. L’action est
éteinte si cette cause de dissolution a cessé d’exister au jour où la juridiction
compétente statue sur le fond.
Cependant, l’article 311 de l’AUR prévoit qu’il peut être adopté des dispositions
nationales contraires. En ce sens, le Togo (Décret n° 2014-119/PR, 19 mai 2014 )et le
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Burkina Faso (Décret n° 2014-462/PRES/PM/MJ/MEF/ MICA, 26 mai 2014) ont fixé le
capital social minimal des SARL à 100 000 francs CFA, la Guinée (Décret n°
D/2014/124/PRG/SGG, 30 mai 2014 ) à 100 000 francs guinéens, alors que la Côte
d’Ivoire(Ordonnance n° 2014-161 du 2 avril 2014),et le Bénin(Décret n° 2012-220, 26
mars 2014 ) ne fixent pas de capital minimal en laissant la liberté aux associés de
déterminer le capital social de leur société. Par ailleurs, le législateur sénégalais
privilégié fait de même. Toutefois, il reviendra pour adopté la loi n°2015-07 du 09
avril 2015 portant réglementation du capital de la société à responsabilité limitée
(JORS n°6844 du 18 avril 2015) destinée à abroger la loi n° 2014-20 du 14 avril 2014
portant fixation du capital social minimum de la société à responsabilité limitée. Selon
les articles 1 et 2 de la loi de 2015, le capital social de la SARL est fixé par les statuts.
Le Législateur a décidé de laisser l’entière liberté aux associés de fixer ce montant .
68
Les Etats ont la faculté de donner la liberté aux associés de fixer ce montant de
décider d’imposer un capital social minimal inferieur à 1000000F. En ce sens, des pays
comme le Sénégal, le Burkina Faso, le Benin, Cote D’ivoire. Au Sénégal, le dernier
décret semble supprimer et laisse entrevoir la possibilité d’un capital librement fixé et
même inférieur à 50.000F. Il est divisé en parts sociales dont le montant nominal est
librement fixé par les statuts.
Le capital social de la SARL est donc constitué de parts sociales qui doivent
être souscrites et libérées. Au-delà de la condition établie par l’alinéa 1 de l’article
311-1, selon laquelle la SARL ne peut être définitivement constituée que si toutes les
parts sociales ont été souscrites en totalité par les associés, il est des conditions pour
ce qui concerne les parts représentant des apports en nature et celles représentant
des apports en numéraire.
Apports en nature. Il se pose la question de leur libération et de leur évaluation.
Selon l’article 311-1 al. 1, la libération est intégrale. D’après l’article 312, les statuts
doivent nécessairement contenir l'évaluation de chaque apport en nature et des
avantages particuliers stipulés. On a recours aux services d’un commissaire aux
apports si la valeur de l'apport ou de l'avantage considéré, ou que la valeur de
l'ensemble des apports ou avantages considérés, est supérieure à 5.000.000 de francs
CFA.
Choisi sur la liste des commissaires aux comptes selon les modalités prévues
aux articles 694 et suivants de l’AU, il est désigné à l'unanimité par les futurs associés
ou, à défaut, par le président de la juridiction compétente, à la demande des
fondateurs de la société ou de l'un d'entre eux. Il établit sous sa responsabilité un
rapport annexé aux statuts. Ce rapport décrit chacun des apports en nature et/ou
avantages particuliers, indique le mode d'évaluation adopté et les raisons pour
lesquelles il a été retenu. II atteste que la valeur des apports correspond au moins à
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
la valeur du nominal des parts à émettre. En cas d'impossibilité d'établir la valeur des
avantages particuliers, il en apprécie la consistance et les incidences sur la situation
des associés. L'obligation de garantie ne vise que la valeur des apports au moment
de la constitution ou de l'augmentation de capital et non pas le maintien de cette
valeur.
Toutefois, les associés peuvent eux-mêmes procéder à l’évaluation des apports
en nature dans deux cas : lorsque la désignation d’un commissaire aux apports n’est
pas exigée ou lorsque malgré la désignation du commissaire aux apports, ils refusent
de retenir la valeur proposée par cet expert. En ces cas, ils sont solidairement et
indéfiniment responsables à l’égard des tiers, de la valeur attribuée aux apports et
aux avantages particuliers stipulés.
Apports en numéraire. Il se pose la question de leur libération, de leur dépôt
et de leur retrait. Libération. Selon l’alinéa 2 de l’article 311-1, la libération des apports
69
se fait au moins de moitié lors de la souscription du capital. Le surplus est libéré en
une ou plusieurs fois dans de 2 ans à compter de l'immatriculation de la société au
RCCM, suivant les statuts.
Dépôt des fonds provenant des apports en numéraire libérés à la souscription.
D’après les articles 313 et suivants de l’AUR, ces fonds font l'objet d'un dépôt
immédiat par le fondateur, en banque ou dans tout autre établissement de crédit ou
de microfinance agrée, contre récépissé, dans un compte ouvert au nom de la société
en formation, ou en l'étude d'un notaire54. Mention de la libération des parts et du
dépôt des fonds est portée dans les statuts.
Sauf dispositions nationales contraires, la libération et le dépôt des fonds sont
constatés par un notaire du ressort du siège social, au moyen d'une déclaration
notariée de souscription et de versement qui indique la liste des souscripteurs avec
les nom, prénoms, domicile pour les personnes physiques, dénomination sociale,
forme juridique et siège social pour les personnes morales, ainsi que la domiciliation
bancaire des intéressés, s'il y a lieu, et le montant des sommes versées par chacun.
Les fonds ainsi déposés sont indisponibles jusqu'au jour de l'immatriculation de la
société au RCCM. A compter de ce jour, ils sont mis à la disposition du ou des gérants
régulièrement nommés par les statuts ou par acte postérieur.
Retrait des fonds. Dans le cas où la société ne serait pas immatriculée au RCCM
dans le délai de 6 mois à compter du premier dépôt des fonds en banque, dans tout
autre établissement de crédit ou de microfinance dûment agréé, ou chez le notaire,
les apporteurs peuvent, soit individuellement, soit par mandataire les représentant
collectivement, demander au président de la juridiction compétente l'autorisation de
retirer le montant de leurs apports.
Pour conclure dans cette partie, il faut relever que le législateur sénégalais a
cherché, depuis la dernière réforme de 2014, à faciliter la création de SARL en
diminuant la contrainte financière que constituait la fixation d’un capital légal
minimum. Toutefois, la libre détermination de ce montant est susceptible de fragiliser
l’Assise financière de certaines entreprises au point de les exposer parfois au risque
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
d'une sous-capitalisation. En outre, d’autres incidences négatives sont susceptibles
d’apparaître, telles que la mise en œuvre de la responsabilité des associés et des
gérants au titre de l’insuffisance d’actif ou l’obtention par les banques de garanties
prises sur le patrimoine personnel des dirigeants ou des associés préalablement à
l'octroi de crédits à la société. La conséquence de cette situation est alors une sensible
altération du principe de responsabilité limitée pourtant initialement recherchée par
les fondateurs de la SARL.
Cette perspective de facilitation se ressent également au niveau de formalités
de constitution.
54
, le notaire est un professionnel du droit, « officier public, nommé par l’État pour conférer l’authenticité aux
actes juridiques et contrats contenus dans les documents qu’il rédige et pour agir comme conseiller en faveur des
personnes faisant appel à son ministère », http://www.uinl.org/146/les-principesfondamentaux-du-notariat-de-
type-latin.
70
PARAGRAPHE II- LES FORMALITES REQUISES POUR LA CONSTITUTION DE LA
SARL
La SARL dispose d’un encadrement juridique assez précis, tout en offrant à ses
utilisateurs des espaces de liberté non négligeables. La liberté statutaire accordée aux
associés peut être envisagée sous deux aspects principaux, le premier relatif au
financement de la société (voir ci-dessus) et le second portant sur l’organisation des
pouvoirs au sein de la structure.
Dans l’absolu les formalités de constitution sont relatives à la rédaction des statuts,
d’un écrit considéré comme nécessité commune à toutes les sociétés et à
l'accomplissement des mesures de publicité des actes de société.
Elles doivent remplir les conditions de forme auxquelles les sociétés commerciales
sont soumises dans l'intérêt des tiers qui traiteraient avec elles.
Le contrat de société ou l’acte unilatéral de société unipersonnelle par lequel elle est
formée n'est pas purement consensuel : l'écrit en est une condition nécessaire et
substantielle, essentiellement lorsque les associés veulent donner naissance à une
personne morale et opérer à une dichotomie entre le patrimoine dit professionnel et
le patrimoine dit prive et de mettre ainsi ce dernier a l'abri des risques engendres par
l'activité économique. La rédaction de l'écrit apparaît, non point comme un moyen
de preuve, mais comme une condition extrinsèque nécessaire pour la perfection du
contrat, et, par conséquent, substantielle. Elle est requise ad formam, ad
solemnitatem, et non pas seulement ad probationem. Les statuts de la SARL doivent
être établis par acte notarié ou tout acte offrant des garanties d’authenticité ou par
acte sous seing privé. L’authenticité ou par acte sous seing privé jouit d’une date
certaine, d’une force probant. Toutefois, Le recours au notaire est facultatif pour la
constitution d’une SARL. L'article 315 de l’AUR, à peine de nullité, exige l’intervention
de tous les associés à l'acte en personne ou par l'intermédiaire des mandataires
justifiant d'un pouvoir spécial. Les statuts sont naturellement signés par les associes.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Sur les conditions de forme, à peine de nullité, l’obligation est faite à tous les associés
d’apposer leur signature à l’acte instituant la société.
Les premiers gérants et les associés auxquels la nullité de la société est imputable
sont solidairement responsables envers les autres associés et les tiers du dommage
résultant de l'annulation. L'action se prescrit par 3 ans à compter du jour où la décision
d'annulation est passée en force de chose jugée (art. 316).
Par ailleurs, la société acquiert la personnalité morale dès l’immatriculation au RCCM.
Les règles de forme communes de publicité sont applicables.
Toutefois, les associés peuvent établir l'association par tous les moyens de preuve,
s'ils demandent à établir la société de fait qui les a unis pour arriver au règlement de
leurs rapports dans le passé.
71
Section II- Le fonctionnement de la SARL
A- L’organisation de la gérance
La SARL est gérée par une ou plusieurs personnes physiques, associées ou non,
nommées par les associés dans les statuts ou dans un acte postérieur. Dans le second
cas, à moins qu'une clause des statuts n'exige une majorité supérieure, la décision est
prise à une majorité des associés représentant plus de la moitié du capital, à peine de
nullité (art. 323 AUR). Le ou les gérants rémunérés55 ou officiant gratuitement et en
l'absence de dispositions statutaires, sont nommés pour 4 ans tout en étant
rééligibles. Cependant, selon l’article 326 de l’AUR, ils sont révocables pour juste
motif par décision des associés ou par la juridiction compétente où se situe le siège
social à la demande de tout associé. Lorsque la révocation est décidée par les
associés, elle doit, à peine de nullité, être prise par les associés représentant plus de
la moitié des parts sociales. De même, lorsqu’elle est faite sans juste motif, elle peut
donner lieu à dommages et intérêts.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Le ou les gérants peuvent librement démissionner. Toutefois, si la démission
est faite sans juste motif, la société peut demander en justice réparation du préjudice
qu'elle subit.
Ils sont définis par les articles 328 et 329 de l’AUR. Ils disposent de pouvoirs
dans les rapports entre associés et dans les rapports avec les tiers. L’exercice de cette
même liberté statutaire présente un intérêt particulier aux fins de circonscrire, dans
l’ordre interne, les pouvoirs des gérants légalement définis en des termes très larges.
55
- Le gérant, lorsqu'il est associé, ne prend pas part au vote de la délibération relative à sa rémunération et ses
voix ne sont pas prises en compte pour le calcul de la majorité. Toute délibération prise en violation cette règle est
nulle.
72
Il reste que le principe de l’inopposabilité aux tiers des clauses limitatives de pouvoirs
constitue une limite importante à la pleine efficacité de tels aménagements.
73
C- La responsabilité des gérants
L'actionnaire dispose à titre principal de deux droits politiques que sont le droit à l'information
et le droit de voter aux assemblées.
NB : pour son financement, la SARL ne peut pas faire appel au marché financier et
donc émettre des valeurs mobilières (Titres émis par des personnes morales publiques
ou privées, transmissibles par inscription en compte ou tradition (remise de la chose
objet du contrat), qui confèrent des droits identiques par catégorie et donnent accès
directement ou indirectement à une quotité du capital de la société émettrice, ou à
un droit de créance général sur le patrimoine).
Ils se manifestent par la réalisation de trois actes sur les parts sociales : cession,
transmission et nantissement. Soit elles sont transférées (a) soit mises en garantie (b).
Il s’agit de deux actes : la cession des parts sociales entre vifs et leur
transmission pour cause de décès d’un associé.
La Cession des parts. Elle respecte un formalisme et se réalise suivant des modalités.
75
Formalisme. Il exige l’établissement d’un écrit et la réalisation de formalités
pour l’opposabilité de la cession. L’écrit constate la cession et son absence ne signifie
pas que l’acte est nul ou inopposable. Pour être opposable à la société et aux tiers,
la cession doit respecter des formalités prévues par la loi. Pour rendre la cession
opposable à la société, l’une des trois formalités prévues par l’AU doivent être
respectées :
1- signification de la cession à la société par exploit d'huissier ou notification
par tout moyen permettant d'établir sa réception effective par le
destinataire ;
2- acceptation de la cession par la société dans un acte authentique ;
3- dépôt d'un original de l'acte de cession au siège social contre remise par le
gérant d'une attestation de ce dépôt.
La cession n'est opposable aux tiers qu'après l'accomplissement de l'une des
formalités ci-dessus et modification des statuts et publicité au RCCM.
Modalités de cession. Il y en a deux : cession entre associés ou à des tiers.
Dans les cessions entre associés, la cession est libre si les statuts ne l’organisent pas.
Cette même règle s’applique aux conjoints, ascendants et descendants. Est nulle
toute cession de parts intervenue en violation des clauses statutaires l’organisant.
Dans les cessions à des tiers étrangers, les statuts organisent librement les modalités
de transmission des parts sociales à titre onéreux. À défaut, il faut :
- consentement de la majorité des associés non cédants représentant les 3/4 des parts
sociales déduction faite des parts de l'associé cédant ;
- notification du projet de cession par le cédant à la société et à chacun des autres
associés.
La société doit faire connaître sa décision dans un délai de 3 mois, à compter de la
dernière notification, sinon le consentement à la cession est réputé acquis. Si la
société refuse, elle notifie sa décision à l'associé cédant. Dans ce cas, les associés sont
indéfiniment et solidairement tenus dans le délai de 3 mois qui suit la notification du
refus, d'acquérir les parts à un prix qui, à défaut d'accord entre les parties, est fixé par
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
un expert nommé par la juridiction compétente, à la demande de la partie la plus
diligente. Le délai de 3 mois peut être prorogé une seule fois par décision de la
juridiction compétente, sans que cette prorogation puisse excéder 120 jours. Dans un
tel cas, les sommes dues portent intérêt au taux légal.
La société peut également, avec le consentement de l'associé cédant, décider dans
les mêmes délais, de réduire le montant du capital social du montant de la valeur
nominale des parts de cet associé et de racheter ces parts au prix fixé d'un commun
accord entre les parties, ou déterminé conformément à l'alinéa 4 article 319 de l’AUR.
Encourt la nullité toute cession de parts intervenue en violation de clauses statutaires
établies conformément à l'alinéa 1er de l’article 319 ou, à défaut, en violation des
alinéas 2 et suivants du même article. Si à l'expiration des délais impartis à l'article
319 aucune des solutions prévues aux alinéas 4 et 5 dudit article, n'est intervenue,
76
l'associé cédant peut librement réaliser la cession initialement prévue ou, s'il le juge
préférable, renoncer à la cession et conserver ses parts.
Transmission des parts pour cause de décès. Selon l’article 321 de l’AUR, les statuts
peuvent prévoir qu'en cas de décès d'un associé, un ou plusieurs héritiers ou
successeurs ne peuvent devenir associés qu'après avoir été agrées dans les conditions
qu'ils définissent. Les délais accordés à la société pour l'agrément ne peuvent être
plus longs que ceux prévus aux articles 319 et 320 de l’acte uniforme et la majorité
exigée ne peut être plus forte que celle prévue audit article 319. La décision
d'agrément doit être notifiée à chaque héritier ou successeur intéressé par lettre au
porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception. En cas de refus d'agrément, il est fait application des dispositions des
articles 318 et 319 et si aucune solution prévue à ces articles n'intervient dans les
délais impartis, l'agrément est réputé acquis. II en est de même si aucune notification
n'a été faite aux intéressés. Est nulle toute cession de parts intervenue en violation de
clauses statutaires établies conformément à l'alinéa 1er de l’article 321 ou, à défaut,
en violation des alinéas 2 et suivants du même article.
b- L’acte de mise en garantie des parts sociales (Art. 322 AUR) par le nantissement
Il s’agit d’acte consistant à garantir une créance notamment de parts sociales, par le
nantissement. On rappelle que le nantissement consiste en « l’affectation d’un bien
meuble incorporel ou d’un ensemble de biens meubles incorporels, présents ou
futurs, en garantie d’une ou plusieurs créances… » (Art 125 Acte Uniforme sur les
Suretés (AUS). Lorsque la société donne son consentement à un projet de
nantissement de parts sociales, dans les conditions prévues pour la cession de parts
à des tiers, celui-ci emporte agrément du cessionnaire en cas de réalisation forcée
des parts sociales régulièrement nanties, sauf si la société ne préfère, après la cession,
racheter sans délai lesdites parts pour réduire son capital.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Le nantissement des parts est constaté par un acte notarié ou par acte sous
seing prive signifié à la société et publié au RCCM. Ce nantissement confère au
créancier (article 144 de l’AUS) un droit financier : un droit aux dividendes56, un droit
de suite, un droit de réalisation (l’attribution forcée ou l’attribution conventionnelle
des actions ou parts sociales au créancier nanti, la réalisation forcée, savoir le droit de
vendre des actions ou parts sociales nanties, qui peuvent éventuellement être
rachetées par la société elle-même en vue de réduire son capital social57.
56
Cette faculté implique un accord spécifique, préalable entre les parties ; dans le cas contraire, le titulaire des
actions continuera de percevoir ces dividendes.
57
Art 322 et 772 AU.
77
L'associé dispose à titre principal de deux droits politiques que sont le droit à l'information et
le droit de voter aux assemblées.
a- Le droit à l’information.
Généralité. L'information due à l’associé doit permettre d'éclairer sa participation à la vie
sociale. C'est une condition essentielle de l'exercice effectif de ses droits. la société doit aux
Associés une information permanente concernant notamment c'est comptes sociaux mais
aussi une information occasionnelle liés à la réunion des différentes assemblée générale qui
anime régulièrement la vie des société. A côté de ces informations portables existe aussi une
information quérable permettant aux associes eux-mêmes de solliciter certaines informations,
de poser des questions écrites voir de solliciter des mesures d'expertise.
Concrètement. Selon le principe retenu par l’AUR (art. 344), les associés ont un
droit à l'information permanent sur les affaires sociales. En outre, préalablement à la
tenue des assemblées générales, ils ont aussi un droit de communication organisé.
Concernant l’AGA, ce droit porte sur les états financiers de synthèse de
l'exercice et le rapport de gestion établis par le gérant, sur le texte des résolutions
proposées et, le cas échéant, sur le rapport général et le rapport spécial du CAC relatif
aux conventions intervenues entre la société et un gérant ou un associé. Ce droit
s'exerce durant les 15 jours précédant la tenue de l'AG. À compter de la date de
communication de ces documents, tout associé a le droit de poser par écrit des
questions auxquelles le gérant sera tenu de répondre au cours de l'AG. Concernant
les AG autres que l'AGA, le droit de communication porte sur le texte des résolutions
proposées, le rapport du gérant et, le cas échéant, le rapport du CAC.
L'associé peut en outre, à toute époque, obtenir copie des documents ci-
dessus énumérés, relatifs aux trois derniers exercices. De même, tout associé non
gérant peut, deux fois par exercice, poser par écrit des questions au gérant sur tout
fait de nature à compromettre la continuité de l'exploitation. La réponse du gérant
est communiquée au commissaire aux comptes. Toutes délibérations violant le droit
de communication peuvent être annulées.
Elles sont prises dans le cadre d’une ’assemblée générale. L’assemblée demeure un
organe décisionnel important de la société, puisqu’en principe elle exerce des
attributions essentielles dans lesquelles ne peuvent s’immiscer les dirigeants et les
autres organes sociaux. Pour la prise des décisions collectives, l’AUR a prévu des
principes généraux l’organisant et des règles s’appliquant aux types de décisions
susceptibles d’être prises.
58
- Une SARL ne peut émettre des « parts sociales de préférence ».
79
convocation indique la date, le lieu et l'ordre du jour de la réunion. Dans le cas où la
tenue de l'assemblée est demandée par les associés, le gérant la convoque avec
l'ordre du jour indiqué par eux. En tout état de cause, quel que soit la modalité de
convocation utilisée, les associés doivent être mis en situation d'exercer le droit de
communication.
Sanction de l’irrégularité de la convocation (art. 339 AUR). C’est l’annulation
de l’assemblée, sauf si tous les associes étaient présents ou représentés.
Tenue. Président de l’AG. C’est le gérant ou l'un d’eux, s’il est associé. À
défaut, c’est l’associé majoritaire présent et acceptant et, en cas d’égalité, le plus âgé
(art. 341).
Délibérations. À peine de nullité, l'assemblée ne peut délibérer sur une
question qui n'est pas inscrite à son ordre du jour, sauf pour ce qui concerne la
révocation du gérant. Les délibérations des assemblées sont constatées par des
procès-verbaux qui indiquent la date et le lieu de réunion, les nom et prénoms des
associés présents, les documents et rapports soumis à discussion, un résumé des
débats, le texte des résolutions mises aux voix et le résultat des votes. Le PV doit être
signé par chacun des associes présents. Les copies ou extraits des PV des
délibérations des associés sont valablement certifiés conformes par un seul gérant.
Ä Les délibérations par consultation écrites : dans ce cas, le texte des
résolutions proposées ainsi que les documents nécessaires à l'information des
associés sont adressés à chacun d'eux dans les mêmes conditions que celles prévues
à l'article 338 al. 1. Les associés disposent d'un délai minimal de 15 jours à compter
de la date de réception des projets de résolutions pour émettre leur vote. Les
délibérations des consultations écrites sont constatées par des PV. La mention de
consultation écrite est faite dans le PV auquel est annexée la réponse de chaque
associé, et qui est signé par le ou les gérants.
Selon l’article 347 de l’AUR, il s’agit des décisions ayant pour but de statuer sur
les états financiers de synthèse de l'exercice écoulé, d'autoriser la gérance à effectuer
les opérations subordonnées dans les statuts à l'accord préalable des associés, de
procéder à la nomination et au remplacement des gérants et, le cas échéant, du CAC,
d'approuver les conventions intervenues entre la société et l'un de ses gérants ou
associés et, plus généralement, de statuer sur toutes les questions n'entrainant pas
modification des statuts. Désignation du CAC. Elle est en principe facultative. Mais,
elle peut être demandée en justice par un ou plusieurs associes détenant, au moins,
80
le dixième du capital social. La désignation d’un CAC au moins devient obligatoire,
selon l’article 376 de l’AUR, si la SARL remplit, à la clôture de l'exercice social, deux
des conditions suivantes :
1°) total du bilan supérieur à 125.000.000 frs CFA ;
2°) chiffre d'affaires annuel supérieur à 250.000.000 frs CFA ;
3°) effectif permanent supérieur à 50 personnes.
La société n'est plus tenue de designer un CAC si elle n'a pas rempli deux des
conditions fixées pendant les deux exercices précédant l'expiration du mandat du
CAC.
Dans les assemblées ordinaires ou lors des consultations ordinaires écrites, les
décisions sont adoptées par un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié
du capital. Si cette majorité n'est pas obtenue, et sauf clause contraire des statuts, les
associés sont, selon le cas, convoqués ou consultés une seconde fois et les décisions
sont prises à la majorité des votes émis quelle que soit la proportion de capital
représentée. Toutefois, la révocation des gérants ne peut, dans tous les cas, intervenir
qu’à la majorité absolue. Est nulle, toute délibération contraire à ces dispositions.
Concernant l'AGO annuelle, selon l’article 348 de l’AUR, elle se réunit dans les
6 mois de la clôture de l'exercice. La juridiction compétente statuant sur requête peut
proroger ce délai à la demande des gérants. Si l'assemblée des associés n'a pas été
réunie dans ce délai, le ministère public ou tout associé peut saisir la juridiction
compétente statuant à bref délai afin d'enjoindre, le cas échéant sous astreinte, aux
gérants de convoquer cette assemblée ou de désigner un mandataire ad hoc pour y
procéder.
L’AGO annuelle se prononce sur les conventions intervenues entre la société et les
dirigeants ou les associés : il s’agit des conventions réglementées qui sont différentes
des conventions implicites et les conventions interdites pour lesquelles l’AGO
n’intervient pas..
Conventions réglementées, c’est-à-dire autorisées par l’AGO. Elles sont
concluent :
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
- directement ou par personne interposée entre la société et les dirigeants ou
associés.
- avec une entreprise individuelle dont le propriétaire est simultanément gérant
ou associé de la SARL.
- avec une société dont un associé indéfiniment responsable, gérant,
administrateur, directeur général, administrateur général ou autre dirigeant
social est simultanément gérant ou associé de la SARL.
Ces conventions sont approuvées ou rejetées par l’AGO. Pour ce faire, le gérant les
porte à la connaissance du CAC s’il en existe un, dans le délai de 1 mois à compter
de leur conclusion. Il est aussi informé dans le même délai, à la fin de l’exercice, des
conventions conclues au cours d'exercices antérieurs dont l'exécution s’est poursuivie
au cours du dernier exercice.
81
En outre, le gérant ou le CAC s’il en existe un, présente à l’AGO annuelle ou
joint aux documents communiqués aux associés, un rapport sur les conventions. Ce
rapport contient un certain nombre d’informations prévu à l’article 353 de l’AUR. À
peine de nullité, aucune délibération ne peut intervenir sur ces conventions
réglementées si aucun rapport n’a été dressé ou lorsque le rapport ne contient pas
les informations prévues à l’article 353 AUR.
L’A.G.O se prononce sur les conventions à la majorité absolue sur 1ère
convocation et à la majorité simple sur 2ème. L’associé concerné ne prend pas part aux
délibérations.
Les conventions non approuvées produisent leurs effets, à charge pour le
gérant ou l’associé contractant de supporter individuellement ou solidairement les
effets du contrat préjudiciable à la société. L’action en responsabilité est intentée dans
un délai de 3 ans à compter de la conclusion ou, si elle a été dissimulée, de la
révélation de la convention.
S’il s’agit d’une SUARL, et que la convention est conclue avec l’associé unique,
il en est seulement fait mention dans les registres des délibérations.
Conventions interdites (art. 356). Elles sont dangereuses pour le patrimoine
social. À peine de nullité, il est interdit aux personnes physiques gérantes ou
associées, de contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de la
société, de se faire consentir par elle un découvert en compte-courant ou autrement,
ainsi que de faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers.
Cette interdiction frappe également les conjoints, ascendants et descendants de ces
personnes ou associées.
Conventions implicites (art. 352 AUR). Elles sont librement conclues. Il s’agit
des conventions portant sur « des opérations courantes conclues à des conditions
normales ». Les « opérations courantes » concernent celles habituellement effectuées
par une société dans le cadre de ses activités. Les « conditions normales » sont celles
appliquées pour des conventions semblables dans la société en cause ou, dans les
sociétés du même secteur.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
82
Est prise, par les associés représentant au moins la moitié des parts sociales, la
décision d'augmenter le capital par incorporation de bénéfices, de réserves ou de
primes d'apports, d'émission ou de fusion.
Réglementation de certaines décisions touchant aux droits des associés. Elles
se rapportent aux modifications du capital social et à la transformation de la SARL.
v Les modifications : augmentation, réduction ou variation des capitaux
propres.
Augmentation partielle ou totale du capital social. Elle se fait par de nouveaux
apports à la société ou par l’incorporation de réserves, de bénéfices ou primes
d’émission59.
Augmentation par apports en numéraire. Les fonds provenant de la
souscription sont déposés en banque, dans tout autre établissement de crédit ou de
microfinance dument agréé, ou en l'étude d'un notaire suivant les dispositions
applicables à la création de la société. Le gérant peut disposer des fonds provenant
de la souscription en remettant au dépositaire, un certificat du RCCM attestant du
dépôt d'une inscription modificative consécutive à l'augmentation de capital. Les
parts sont obligatoirement libérées, lors de la souscription, de la moitié au moins de
leur valeur nominale. La libération du surplus doit intervenir, en une ou plusieurs fois,
dans le délai de 2 ans à compter du jour où l'augmentation de capital est devenue
définitive. L'augmentation de capital est réputée réalisée dès lors qu'elle a été
constatée dans un procès-verbal d'assemblée. Si elle n'a pas été réalisée dans le délai
de 6 mois à compter du premier dépôt des fonds provenant de la souscription, tout
souscripteur peut demander à la juridiction compétente l'autorisation de retirer soit
individuellement, soit par mandataire les représentant collectivement, les fonds pour
les restituer aux souscripteurs.
Augmentation par apports en nature. Un commissaire aux apports doit être
désigné par les associés si la valeur de chaque apport ou la valeur de l'ensemble des
apports est supérieure à 5.000.000 frs CFA et en cas d'octroi d'avantages particuliers.
Il est désigné comme lors de la constitution ou est nommé par la juridiction
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
compétente à la demande de tout associé. Il établit, sous sa responsabilité, un rapport
décrivant chacun des apports et /ou avantages particuliers, selon le cas, indique le
mode d'évaluation adopté et les raisons pour lesquelles il a été retenu. Il atteste que
la valeur des apports correspond au moins à la valeur du nominal des parts sociales à
émettre. En cas d'impossibilité d'établir la valeur des avantages particuliers, le
commissaire aux apports en apprécie la consistance et les incidences sur la situation
des associés.
Les délibérations prises en l'absence du commissaire aux apports sont nulles.
Elles peuvent aussi être annulées dans le cas où le rapport ne contient pas les
mentions évoquées ci-dessus. Ce rapport est soumis à l’assemblée statuant sur
l'augmentation de capital. À peine de nullité, l'apporteur en nature ou le bénéficiaire
59
La prime d’émission correspond à la somme supplémentaire que l’investisseur devra verser à la société pour
refléter la valeur convenue de la société et ne pas diluer les associés existants.
83
de l'avantage particulier ne prend pas part au vote de la résolution approuvant cet
apport ou avantage particulier. Ses parts sociales ne comptent pas pour le calcul de
la majorité (art. 364 AUR).
Lorsqu'il n'y a pas eu de commissaire aux apports ou lorsque la valeur retenue
est différente de celle proposée par le commissaire, le gérant et les associés sont
responsables de la valeur attribuée aux apports en nature dans les conditions fixées
à l'article 312 de l’AUR. Toutefois, l'assemblée ne peut réduire la valeur des apports
ou des avantages particuliers qu'à l'unanimité des souscripteurs et avec le
consentement exprès de l'apporteur ou du bénéficiaire mentionne au procès-verbal.
À défaut, l'augmentation du capital est nulle.
Réduction du capital social (art. 366 et s). À peine de nullité, elle ne peut en
aucun cas porter atteinte à l’égalité des associés. Elle peut être réalisée par réduction
du nominal des parts sociales, ou par diminution du nombre de parts.
S'il existe un CAC, le projet de réduction lui est communiqué dans les 30 jours
précédant la tenue de l'AGE. II fait connaitre à l'AG son appréciation sur les causes et
conditions de la réduction. En cas de consultation écrite, le projet de réduction est
adressé aux associés 15 jours au moins avant la tenue de l'assemblée.
Le capital ne peut pas être réduit à un montant inférieur au minimum légal, sauf
augmentation corrélative du capital lors de la même assemblée pour le porter à un
niveau au moins égal au montant légal. En cas de manquement à cette obligation,
tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société après avoir mis en
demeure les représentants de celle-ci de régulariser la situation. L'action est éteinte
lorsque cette cause de dissolution a cessé d'exister au jour où la juridiction
compétente statue sur le fond.
En cas de réduction de capital non motivée par des pertes, les créanciers dont
la créance est antérieure à la date de l'avis publié dans un JAL relatif au PV de
délibération, peuvent former opposition à la réduction du capital dans un délai 30
jours à compter de la date de publication de cet avis. L'opposition est signifiée à la
société par exploit d'huissier ou notifiée par tout moyen permettant d'établir sa
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
réception effective par le destinataire. La juridiction saisie rejette l'opposition ou
ordonne soit le remboursement des créances, soit la constitution de garanties si la
société en offre et si elles sont jugées suffisantes. Les opérations de réduction du
capital ne peuvent commencer pendant le délai d'opposition.
L'achat de ses propres parts par la société est interdit, à moins qu’une
autorisation soit donnée au gérant de les acquérir pour les annuler. L’AGE donne
cette autorisation, s’il s’agit de réduction non motivée par des pertes.
Variation du capital social (art. 371 à 373 AUR). Si du fait des pertes constatées,
les capitaux propres de la société deviennent inferieurs à la moitié du capital social,
le gérant ou, le cas échéant, le CAC, doit dans les 4 mois qui suivent l'approbation
des comptes ayant fait apparaitre cette perte, consulter les associés sur l'opportunité
de prononcer la dissolution anticipée de la société. Si la dissolution est écartée, la
société est tenue, dans les 2 ans qui suivent la date de clôture de l'exercice déficitaire,
84
de reconstituer ses capitaux propres jusqu’à ce que ceux-ci soient à la hauteur de la
moitié au moins du capital social. À défaut, elle doit réduire son capital d'un montant
au moins égal à celui des pertes qui n'ont pu être imputées sur les réserves, à la
condition que cette réduction de capital n'ait pas pour effet de réduire le capital au
montant inférieur à celui du capital légal.
La dissolution de la société peut être demandée par tout intéressé à la
juridiction compétente, si les gérants ou le CAC n’ont pas provoqué une décision, ou
si les associes n'ont pu délibérer valablement. II en est de même si la reconstitution
des capitaux propres n'est pas intervenue dans les délais prescrits. L'action est éteinte
lorsque cette cause de dissolution a cessé d'exister au jour où la juridiction
compétente statue sur le fond.
v La transformation de la SARL :
La SARL peut être transformée en société d'une autre forme. La transformation ne
donne pas lieu à création d'une personne morale nouvelle. À peine de nullité, elle ne
peut être réalisée que si la SARL a, au moment où la transformation est envisagée,
des capitaux propres d'un montant au moins égal à son capital social.
La transformation ne peut être faite qu'au vu d'un rapport d'un CAC certifiant, sous
sa responsabilité, que les conditions sont bien remplies. Lorsqu'il n'existe pas de CAC,
celui-ci est choisi par le ou les gérant(s) selon les modalités prévues aux articles 694
et suivants. Toute transformation réalisée en violation de ces dispositions est nulle.
85
3°) les dirigeants sociaux de sociétés possédant le dixième du capital de la
société ou dont celle-ci possède le dixième du capital, ainsi que leur (s) conjoint (s);
Le CAC est nommé pour 3 ans par un ou plusieurs associés représentant plus
de la moitié du capital social. Si cette majorité n'est pas obtenue et sauf clause
contraire des statuts, il est nommé à la majorité des votes émis.
Les délibérations prises à défaut de désignation régulière du CAC ou sur le
rapport d'un CAC nommé ou demeuré en fonction contrairement aux dispositions de
l'AUR sont nulles. L'action en nullité est éteinte si ces délibérations ont été
expressément confirmées par une assemblée sur le rapport CAC régulièrement
désigné. Les dispositions concernant les pouvoirs, les fonctions, les obligations, la
responsabilité, la révocation et la rémunération du commissaire aux comptes sont
régies par un texte particulier règlementant cette profession.
Concernant la dissolution, selon l’article 384 de l’AUR, la SARL est dissoute
pour les causes communes applicables à toutes les sociétés. Cependant, elle n'est
pas aussi dissoute en cas d'interdiction, faillite ou incapacité d'un associé. De même,
sauf clause contraire des statuts, le décès d’un associé n’emporte pas dissolution de
la société.
86
CHAPITRE II- LA SOCIÉTÉ ANONYME (SA)
Les associés d’une société anonyme sont nommés des « actionnaires », on les
considère comme les piliers de la société, dans la mesure où ils contribuent par leur
apport à sa constitution. Cette constitution obeit. Elles sont relatives au capital social
(Paragraphe I) et à la constitution d’une SA avec seulement des apports en numéraire
(Paragraphe II) ou avec apport en nature et stipulation d'avantages particuliers
(Paragraphe III).
87
Ce capital de la SA doit être entièrement souscrit avant la signature des statuts. Les
actions représentant des apports en numéraire sont libérées, lors de la souscription
du capital, d'un quart au moins de leur valeur nominale. La libération du surplus
intervient dans un délai qui ne peut excéder 3 ans à compter de l'immatriculation,
selon les modalités définies par les statuts ou par une décision du CA ou de l’Ad. Gen.
Les actions représentant des apports en numéraire non intégralement libérées
restent sous la forme nominative. Tant que le capital n'est pas entièrement libéré, la
société ne peut ni émettre des obligations, ni augmenter son capital sauf si cette
augmentation se fait par apports en nature. Les actions ne peuvent représenter des
apports en industrie (art. 389 AUR).
Le montant du capital social exact de la société doit figurer dans tous les actes,
notamment les factures, les lettres, les annonces, etc.
88
fonds, de communiquer la liste à tout souscripteur qui, justifiant de sa souscription,
en fait la demande.
Sur présentation des bulletins de souscription et, le cas échéant, d'un certificat
du dépositaire, le notaire affirme dans l'acte qu'il dresse, dénommé « déclaration
notariée de souscription et de versement », que le montant des souscriptions
déclarées est conforme au montant figurant sur les bulletins de souscription et que
celui du versement est conforme au montant des sommes déposées en son étude ou,
le cas échéant, figurant au certificat précité.
Le certificat du dépositaire est annexé à la déclaration notariée de souscription
et de versement. Le notaire tient la déclaration notariée à la disposition des
souscripteurs qui peuvent en prendre connaissance, et copie en son étude.
Etablissement des statuts. Sauf, dispositions nationales contraires, ils sont
établis sous la forme d’un acte notarié ou acte sous seing privé (art 10 AUR). Ils sont
signés par tous les souscripteurs, en personne ou par mandataire spécialement
habilité à cet effet, après l'établissement du certificat du dépositaire. Ils doivent
contenir les énonciations prévues à l'article 13 de l’AU, à l'exception du 6°). Ils doivent
indiquer en outre : 1°) le mode d'administration et de direction retenu ; 2°) selon le
cas, soit les nom, prénoms, adresse, profession et nationalité des premiers membres
du CA, soit ceux de l'admtr. Gén et ceux du premier CAC et de son suppléant ; 3°) la
dénomination sociale, le montant du capital et la forme sociale des personnes morales
membres du conseil d’administration; 4°) la forme des actions émises; 5°) les clauses
relatives à la composition, au fonctionnement et aux pouvoirs des organes de la
société; 6°) le cas échéant, les restrictions à la libre négociabilité et à la libre cession
des actions, ainsi que les modalités de l'agrément et de la préemption des actions.
Retrait des fonds provenant des souscriptions. Il ne peut avoir lieu qu'après
l'immatriculation de la société. II est effectué, selon le cas, par le PDG, le DG, l'ad.
gén., sur présentation au dépositaire du certificat du greffier ou de l'organe
compètent de l'Etat partie attestant l'immatriculation de la société. Tout souscripteur,
6 mois après le versement des fonds, peut demander en référé, la nomination d'un
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
administrateur chargé de retirer les fonds pour les restituer aux souscripteurs si, à
cette date, la société n'est pas immatriculée.
89
valeur des apports et/ou des avantages particuliers correspond au moins à la valeur
du nominal des actions à émettre. En cas d'impossibilité d'établir la valeur des
avantages particuliers, il en apprécie la consistance et les incidences sur la situation
des actionnaires. Il peut se faire assister, par un ou des experts de son choix dont les
honoraires sont à la charge de la société, sauf clause contraire des statuts.
Lorsque la valeur retenue est différente de celle proposée par le commissaire
aux apports, les actionnaires sont solidairement responsables pendant 5 ans, à l'égard
des tiers, de la valeur attribuée aux apports en nature. L'obligation de garantie ne vise
que la valeur des apports au moment de la constitution et non pas le maintien de
cette valeur.
L’AGC. Convocation. Elle est convoquée par les fondateurs 15 jours au moins
avant la date de l'assemblée (V. art. 404 et s de l’AUR), après l'établissement de la
déclaration notariée de souscription et de versement des fonds. La convocation est
faite, à chaque souscripteur, par lettre au porteur ou par lettre recommandée portant
mention de l'ordre du jour, du lieu, de la date et de l'heure de l'assemblée.
Quorum. Pour valablement délibérer un quorum doit être atteint : les
souscripteurs présents ou représentés doivent au moins posséder la moitié des
actions. A défaut, il est procédé à une deuxième ou même à une à une troisième
convocation, 6 jours au moins avant la date de l'assemblée. Dans tous les cas, le
quorum exigé est : les souscripteurs présents ou représentés doivent au moins
posséder le ¼ des actions. Il faut rappeler qu’un délai de 2 mois doit séparer la 2è et
la date de l’AGC sur 3è convocation. Toute AGC irrégulièrement convoquée peut être
annulée, sauf si tous les actionnaires étaient présents ou représentés.
En tout état de cause, les actions de l'apporteur en nature, même s’il est aussi
apporteur en numéraire, ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum.
Tenue de l’AGC. Les règles prévues pour la tenue des AG dans la SA (V. art.
529 et s. AUR) s’appliquent. L'actionnaire majoritaire ou, à défaut, par le doyen d'âge
la préside. Majorité. Elle statue à la majorité des 2/3 des voix dont disposent les
souscripteurs présents ou représentés. Pour le calcul de la majorité, ne comptent pas
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
les bulletins blancs et les actions de l’apporteur en nature. Sa tenue est constatée
dans un PV selon l’article 411.
Délibérations. Pour chaque apport en nature et avantage particulier, elle émet
un vote spécial. Elle approuve et désapprouve le rapport du commissaire aux apports.
L'apporteur ou le bénéficiaire d'avantages particuliers ou son mandataire n'a pas voix
délibérative mais son consentement exprès (constaté dans le PV) est requis s’il y a
réduction de la valeur des apports en nature décidée à l'unanimité des souscripteurs.
En outre, elle : constate l’entière souscription du capital social et sa libération ; adopte
les statuts dont la modification ne se fait qu’à l’unanimité des souscripteurs ; nomme
les dirigeants sociaux et le premier CAC ; statue sur les actes pris par la société en
formation au vu d’un rapport des fondateurs ; donne mandat aux dirigeants de réaliser
des actes pour le compte de la société déjà constituée (art. 410).
90
Les fondateurs de la société auxquels la nullité de l'AGC est imputable et les
administrateurs ou l'administrateur général, selon le cas, en fonction du moment où
elle a été encourue, peuvent être déclarés solidairement responsables du dommage
résultant pour les tiers de l'annulation de la société.
Elles sont relatives aux organes de gestion de la SA (Paragraphe I), aux organes
de délibération d’autre part (Paragraphe II), aux organes de contrôle (Paragraphe III)
et aux opérations sur le capital social (Paragraphe IV). Ainsi, au sein de la SA,
coexistent parfois les actionnaires (assemblée générale), les administrateurs (conseil
d’administration), les dirigeants et le commissaire aux comptes (organe de contrôle).
En raison du principe dit de spécialité des organes pouvoirs de gestion varient selon les
organes sociaux. Ce principe signifie que chaque organe social exerce « exclusivement » les
pouvoirs qui lui sont conférés par la loi ou les statuts.
60
J.-L. RIVES-LANGE, La notion de dirigeant de fait (au sens de l'art. 99 de la loi du 13 juill. 1967 sur le
règlement judiciaire et la liquidation des biens), D. 1975, chron., p. 41, n° 5.
91
La SA avec conseil d’administration a également un mode de direction dualiste. En
effet, cette SA peut assurer sa direction soit par un Président Directeur Général (PDG),
assisté éventuellement d’un Directeur Général Adjoint (DGA), soit par un Président
du Conseil d’Administration (PCA) et un Directeur Général (DG.
La direction de la société peut être assurée soit par le PCA, il prend alors le titre
Président Directeur Général, soit par un Directeur Général distinct du PCA.
92
Désignation. Personne physique, nommée parmi les membres du CA, il exerce
mandat renouvelable dont la durée ne peut excéder celle d'administrateur. Il ne peut
cumuler son mandat avec plus de 3 mandats de PDG ou avec plus 2 mandats d'Ad.
Gen ou de DG de SA ayant leur siège social sur le territoire d'un même Etat partie.
Les sanctions appliquées aux administrateurs en cas de cumul de mandat lui sont aussi
applicables.
Rôle. Il préside le CA et les AG et assure la direction générale de la société
qu’elle représente dans ses rapports avec les tiers. II est tenu de communiquer à
chaque administrateur tous les documents et informations nécessaires à
l'accomplissement de sa mission. Il est investi des pouvoirs les plus étendus qu'il
exerce dans la limite de l'objet social et sous réserve de ceux expressément attribués
aux AG ou spécialement réservés au CA par des dispositions légales ou statutaires.
Dans ses rapports avec les tiers, la société est engagée par les actes du PDG qui ne
relèvent pas de l'objet social, dans les conditions et limites fixées à l'article 122 de
l’AUR. Les clauses des statuts, les délibérations des AG ou les décisions du CA limitant
les pouvoirs du PDG sont inopposables aux tiers de bonne foi.
Rémunération et révocation. Il peut conclure un avec la société un contrat de
travail. En outre, les modalités et le montant de sa rémunération et ses avantages en
nature sont fixés par le CA. Il n’a droit à aucune autre rémunération, en dehors de
celles-ci. Il ne prend pas part au vote sur sa rémunération. Il peut être révoqué à tout
moment par le CA (article 469).
Le Directeur Général Adjoint. Le PDG peut être assisté d’un ou plusieurs DGA,
nommé par le CA sur sa proposition, à peine de nullité. Les règles concernant la durée
de son mandat, le renouvellement et la fin de celui-ci, l’étendue de ses pouvoirs, sa
rémunération, sa révocation avec juste motif par le CA qui peut intervenir à tout
moment sur proposition du PDG (à peine de nullité), sont déterminées par les articles
470 à 476 de l’AUR.
93
faire, il détient des pouvoirs les plus étendus qu'il exerce dans la limite de l'objet
social (articles 465 alinéa 3 et 487 alinéa 2). Il ne doit cependant empiéter ni sur les
pouvoirs du CA, ni sur ceux de son président encore moins sur les prérogatives des
assemblées d'actionnaires. A l'égard des tiers, les pouvoirs du DG sont mêmes plus
étendus. Il peut engager la société par des actes qui ne relèvent pas de l'objet social.
En tout cas, toute stipulation statutaire ou délibération du CA ou des assemblées qui
limiterait ses pouvoirs serait inopposable aux tiers de bonne foi.
En cas d'empêchement temporaire ou définitif du directeur général, le CA
pourvoit à son remplacement immédiat en nommant un nouveau DG.
Le DG peut être révoqué à tout moment par le CA. Si la révocation est décidée
sans juste motif, elle peut donner lieu à dommages et intérêts. Sauf en cas de décès
ou de cessation des fonctions, les fonctions du DG prennent fin à l'arrivée du terme
de son mandat.
C- L’administrateur général
Nous verrons d’une part leur statut avant d’entrevoir les pouvoirs.
94
l'Ad. Gen, ses fonctions sont exercées par l'ad. Gén. adjoint jusqu’à la nomination,
par la plus prochaine AGO, d'un nouvel ad. gén. (art. 508 AUR). En outre, l'ad. gén.
peut être révoqué à tout moment par l'AG si elle dispose d’un juste motif, à peine de
dommages et intérêts (art. 509 AUR).
L’Administrateur Général adjoint. Il est nommé, sur la proposition de l'Ad.
Gen., par les actionnaires. Ce mandat peut être donné à une ou plusieurs personnes
physiques. Il peut signer un contrat de travail avec la société après approbation de
l’AG.
L’AG fixe librement la durée de son mandat, les modalités et le montant de sa
rémunération et les avantages en nature qui lui sont accordés. Sur proposition de
l'administrateur général, I’AGO peut le révoquer à tout moment avec juste motif.
95
Cependant, un mois au plus tard après leur conclusion, il doit en informer le CAC et,
en tout état de cause, 15 jours au moins avant la tenue de l'AGO annuelle. Il est
dispensé de ces formalités lorsqu'il se trouve être l'actionnaire unique de la société
anonyme. Le CAC présente à l'AGO un rapport sur ces conventions. Ce rapport
énumère les conventions soumises à l'approbation de l'assemblée, en précise la
nature, mentionne les produits ou les services faisant l'objet de ces conventions, leurs
modalités essentielles notamment l'indication des prix ou des tarifs pratiques, des
ristournes ou commissions consenties, des sûretés conférées et toutes autres
indications permettant aux actionnaires d'apprécier l'intérêt qui s'attache à la
conclusion de ces conventions. Ce rapport spécial est non seulement exigé mais aussi
contenir toutes les mentions prévues par l’AUR, à peine de nullité des délibérations
portant approbation des conventions.
Ces conventions produisent toujours des effets à l'égard des cocontractants et
des tiers qu'elles soient approuvées ou désapprouvées par l'assemblée générale.
Toutefois les cautions, avals et garanties que pourrait donner la société aux tiers
demeurent soumis à l'autorisation préalable de l'AG. Ne pas sont concernées par
cette autorisation, les garanties données dans les sociétés exploitant d’établissements
de crédit, de microfinance ou d'assurance caution et dûment agréées par
l'administrateur général ou par l'administrateur général adjoint.
S’agissant de l’Ad. Gen adjoint, en accord avec l'ad. Gén., l'AG détermine les
pouvoirs qui lui sont délégués. Les clauses statutaires ou les décisions de l'AG limitant
ses pouvoirs ne sont pas opposables aux tiers de bonne foi.
96
concernent. L’AU a déterminé ses membres, ses pouvoirs et ses règles de
fonctionnement.
Les membres du CA
L'administration est confiée par les actionnaires à des mandataires à temps,
révocables, salariés ou non, pris ou non parmi les associés, responsables - seulement
de l'exécution de leur mandat et dans les limites de ce mandat. Ils sont réunis autour
d’un conseil d’administration. Ce sont des personnes capables physiques ou morales,
actionnaires ou salariées si leur contrat de travail correspond à un emploi effectif, à
qui on peut exiger la détention d’un nombre d’actions pour être membre (art. 417 al.
2). L’administrateur personne morale, doit désigner, pour la durée de son mandat, un
représentant permanent actionnaire ou non. Celui-ci encourt les mêmes
responsabilités que s'il était administrateur en son nom propre. A la fin de sa mission,
la SA doit être informée. Pour les salariés, si les statuts le permettent, ils ne sont
membres du CA que si leur contrat de travail correspond à un emploi effectif.
Élection.
Toute personne peut être élue administrateur. Les statuts fixent les modalités de cette
élection. Une répartition des sièges suivant les catégories d'actions émises par la
société peut être prévue. Mais, elle ne saurait priver les actionnaires de leur éligibilité
ou priver une catégorie d'actions de sa représentation au conseil. En tout état de
cause, la désignation des administrateurs et du représentant permanent doit être
publiée au RCCM. Les délibérations prises par un CA irrégulièrement constitué sont
nulles.
Nombre. Il y a 3 administrateurs au moins et 12 au plus. En cas de fusion le
nombre peut provisoirement atteindre 24 (impossible de les remplacer tant que l’on
n’est pas revenu à 12). A peine de nullité, ils sont désignés par l’AGC à la constitution,
par l’AGE en cas de fusion, par l’AGO en cours de vie sociale.
Mandat. La durée du mandat est librement fixée par les statuts sans dépasser
6 ans s’ils sont nommés en cours de vie sociale et de 2 ans s’il y a nomination à la
constitution (par les statuts ou l’AGC). Il est interdit à tout administrateur d’exercer
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
plus de 5 mandats d'administrateurs de S.A. ayant leur siège sur le territoire d'un
même Etat partie. En cas de violation de cette interdiction, l’administrateur doit se
démettre de l'excédent de mandats dans les 3 mois de sa nomination. A l'expiration
de ce délai, la démission se fait d'office. L'administrateur peut alors être appelé à
remettre les sommes perçues à ce titre. Les délibérations auxquelles il aurait participé
demeurent cependant valables.
Vacance d'un ou de plusieurs sièges d'administrateur (décès, démission). Deux
cas doivent être distingués : nombre des administrateurs est devenu inferieur au
minimum statutaire ou il est devenu inferieur au minimum légal. Dans le premier cas,
le CA doit, entre deux AG, dans le délai 3 mois à compter du jour où se produit la
vacance, nommer de nouveaux administrateurs en vue de compléter son effectif. Les
délibérations du conseil prises durant ce délai sont valides. La vacance et les
nominations de nouveaux administrateurs ne prennent effet qu'à l'issue de la séance
97
du CA tenue à cet effet. Les nominations faites par le CA sont soumises à la ratification
de la plus prochaine AGO. En cas de non ratification, les décisions prises par le CA
demeurent valides et produisent tous leurs effets à l'égard des tiers. Dans le second
cas, les administrateurs restants doivent convoquer immédiatement l'AGO en vue de
compléter l'effectif du CA.
Lorsque le conseil néglige de procéder aux nominations requises, ou de
convoquer l'AGO à cet effet, tout intéressé peut demander, par requête à la
juridiction compétente, la désignation d'un mandataire chargé de convoquer l'AGO,
à l'effet de procéder aux nominations ou de les ratifier.
Rémunérations. Les administrateurs ont droit à une rémunération. Ils peuvent
percevoir une rémunération issue d’un contrat de travail conclu avec la société. Ce
contrat doit être préalablement autorisé par le CA et correspondre à un emploi
effectif. Ils perçoivent aussi une indemnité de fonction représentée par une somme
fixe annuelle allouée par l’AGO. Sauf clause contraire des statuts, le CA repartit
librement les indemnités de fonction entre ses membres. Il peut allouer aux
administrateurs, membres des comités prévus par l'AUR, une part supérieure à celle
des autres administrateurs. En outre, le CA peut allouer des rémunérations
exceptionnelles à ses membres pour les missions et mandats qui leurs sont confiés ou
pour le remboursement des frais de voyage, déplacements et dépenses engagées
dans l'intérêt de la société sous réserve des dispositions des articles 438 et suivants
de l’AUR.
Fin de fonctions. Les fonctions d’administrateurs prennent fin à l’expiration de
leur mandat, en cas de décès ou de cessation des fonctions (démission ou révocation).
Les administrateurs peuvent être révoqués à tout moment par l’AGO (Art. 433 AUR).
La cessation des fonctions d'un administrateur doit être publiée au RCCM.
ü Les pouvoirs du CA (art. 445 et s)
Pouvoirs généraux. Le conseil d’administration détermine les orientations de l’activité
de la société anonyme et veille à leur mise en œuvre. Ses membres participent donc
à l’élaboration de la politique générale de la société que la direction générale aura la
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
charge de mettre en œuvre. Il en résulte que le conseil d’administration prend une
part importante dans la gestion des affaires. L’article 435 de l’AURevisé énonce : le
conseil d'administration dispose à cet effet des « pouvoirs les plus étendus » pour agir
en toutes circonstances au nom de la société.
Le CA a un pouvoir de représentation de la société. Il détermine les orientations de
l'activité de la société et veille à leur mise en œuvre. Il se saisit de toute question
intéressant la bonne marche de la société et règle par ses délibérations les affaires
qui la concernent. Il procède aux contrôles et vérifications qu’il juge opportuns. Toute
limitation de pouvoirs du CA (par les statuts ou par les délibérations des AG) est
inopposable aux tiers de bonne foi. Même en cas de dépassement de l’objet social
par le CA, la société est engagée, conformément à l'article 122 de l’AUR.
Le CA peut confier à un ou à plusieurs de ses membres tous mandats spéciaux
pour un ou plusieurs objets déterminés. II peut décider la création de comités
98
composés d'administrateurs chargés d'étudier les questions que lui-même ou son
président soumet, pour avis, à leur examen. II fixe la composition et les attributions
des comités qui exercent leur activité sous sa responsabilité. Lors de la création d'un
comité, le CA peut décider que le comité peut recueillir l'avis d'experts non
administrateurs.
Pouvoirs Spéciaux. Ils se rapportent d’abord aux conventions réglementées.
Elles demeurent soumises à l'autorisation préalable du CA qui n'est pas nécessaire
lorsque les conventions portent sur des opérations courantes conclues à des
conditions normales. Il y en a deux. La première est constituée de toute convention
conclue par la SA :
- directement avec l'un des administrateurs, DG ou DGA ou un actionnaire
détenant une participation supérieure ou égale à 10% du capital de la société ;
- dans laquelle ces personnes citées ci-dessus sont indirectement intéressées
ou dans laquelle il traite avec la société par personne interposée;
- avec une entreprise ou une personne morale où l'une des personnes citées
ci-dessus est propriétaire de l'entreprise ou associé indéfiniment responsable ou
dirigeant social.
L'autorisation doit être sollicitée par l'intéressé qui informe le conseil dès qu'il
a connaissance de telle convention. Le CAC est avisé par le PCA dans le mois qui suit
sa conclusion, si le CA accorde son autorisation. Il s'agit de permettre au CAC de
dresser le rapport spécial qu'il soumettra à l’AGA ordinaire (15 jrs avant) qui peut alors
approuver ou désapprouver la convention. Les conventions approuvées ou
désapprouvées par l'AG produisent leurs effets à l'égard des cocontractants et des
tiers sauf lorsqu'elles sont annulées pour fraude. Toute fois et même en l'absence de
fraude, les conséquences dommageables pour la société du fait de ces conventions,
notamment les pertes subies par la société et les bénéfices indus tirés de la
convention, peuvent être mises à la charge de l'administrateur, du DG, du DGA ou
de l'actionnaire intéressé et, éventuellement, des autres membres du CA.
Sans préjudice de la responsabilité de l'intéressé, les conventions conclues sans
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
autorisation préalable du CA peuvent être annulées si e1les ont eu des conséquences
dommageables pour la société. L'action en nullité exercée par les organes sociaux ou
par tout actionnaire agissant individuellement se prescrit par 3 ans à compter de la
date de la convention ou au jour où elle a été révélée si elle a été dissimulée.
Cependant, la nullité peut être couverte par un vote spécial de l'AGO intervenant sur
rapport spécial du CAC exposant les circonstances en raison desquelles la procédure
d'autorisation n'a pas été suivie. L'intéressé n’a pas voix délibérative pour le calcul du
quorum et de la majorité.
La deuxième catégorie de conventions est constituée de cautionnements,
avals, garanties autonomes, contre-garanties autonomes et autres garanties que
pourrait donner la société (autre que celles exploitant des établissements de crédit,
de microfinance ou d'assurance caution dument agrées) à des tiers pour couvrir leurs
engagements.
99
Le CA peut cependant autoriser la direction (DG ou PDG) à donner ces
engagements, elle-même pouvant déléguer ce pouvoir. Le montant de l'engagement
peut être limité soit globalement soit par engagement ; de même sa durée qui ne
saurait excéder 1 an. Lorsqu'un engagement dépasse l'un ou l'autre des montants
ainsi fixés, l'autorisation du CA est requise.
Les garanties citées ci-dessus demeurent nulles si elles sont données sans
autorisation du CA. Le dépassement du montant total fixé pour la période en cours
ne peut être opposé aux tiers qui n'en ont pas eu connaissance. Cependant si le
montant de l'engagement invoqué excède, à lui seul, l'une des limites fixées par le
CA, dans ce cas, il est nul.
Cependant, il y a des conventions interdites (art. 450 AUR) dont la conclusion
est sanctionnées par la nullité. En fait, il est interdit aux administrateurs, aux dirigeants
sociaux ainsi qu'à leurs conjoints, ascendants ou descendants et aux autres personnes
interposées, de contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de
la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte-courant ou
autrement, ainsi que de faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers
les tiers.
Cette interdiction ne s'applique pas aux personnes morales membres du CA. Mais
cette interdiction s’applique à leur représentant permanent lorsqu'il agit à titre
personnel. Lorsque la société exploite un établissement bancaire ou financier, cette
interdiction ne s'applique pas aux opérations courantes conclues à des conditions
normales. En matière bancaire l’octroi direct ou indirect de crédits aux personnes
participant à la direction, à l’administration, à la gérance, au contrôle ou au
fonctionnement des banques, est limité à un pourcentage de leurs fonds propres
effectifs arrêté par la Banque Centrale (article 35 de la loi bancaire). Ce pourcentage
est actuellement de 20% desdits fonds propres. La même limitation s’applique aux
crédits consentis aux entreprises privées dans lesquelles les personnes susvisées
exercent des fonctions de direction, d’administration ou de gérance, ou détiennent
plus du quart du capital61.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Par ailleurs, le CA est doté d’autres prérogatives telles que : le déplacement
dans les limites du territoire du siège social d’un lieu à un autre. Pour cela, il faut une
modification des statuts et la plus prochaine AGO doit ratifier cette décision sinon elle
61
Ces privilèges sont classés dans les conventions règlementées. Ils ne sont pas interdits. En effet, tout prêt ou
garantie consenti par une banque à ses dirigeants, à ses principaux actionnaires ou associés ou aux entreprises
privées dans lesquelles ces personnes exercent des fonctions de direction, d’administration ou de gérance ou
détiennent plus du quart du capital social doit être approuvé à l’unanimité par les membres du Conseil
d’Administration et être mentionné dans le rapport annuel du commissaire aux comptes. Toutefois, des dérogations
individuelles et temporaires peuvent être accordées par le Ministre chargé des Finances, après avis conforme de la
Commission Bancaire (article 36 de la loi bancaire). En France, ont été relaxés les dirigeants d’une société bancaire
qui avaient sans demander l’autorisation du conseil d’administration, profité de leur pouvoir d’engager celle-ci,
pour s’octroyer ainsi qu’à des sociétés qu’ils contrôlaient, des prêts disproportionnés à leur capacité de
remboursement et sans garantie exigée, leur permettant de mener sans risque et à leur seul profit des opérations
financières de gestion de titres à forte plus-value. (T. corr. Paris, 14 avr. 1999, Le Monde, 4 mai 1999, p. 18, obs.
M.-A. Frison-Roche ; Gaz. Pal., 2000, 1, jurispr. p. 128, note C. Tardo-Dino). Le motif invoqué a été que les prêts
« ont été consentis avec intérêt au profit de la société, conformément à son objet social, sans qu’il soit explicitement
démontré qu’ils excédaient la capacité financière de la société ».
100
devient caduque. Dans ce cas, il faut accomplir de nouvelles formalités pour informer
les tiers du retour au siège antérieur. Le CA arrête les états financiers de synthèse et
le rapport de gestion sur l’activité de la société, qui sont soumis à l'approbation de
l'AGO.
ü Le fonctionnement du CA
Il sera étudié la convocation et les délibérations du CA et le compte rendu de réunion
du CA.
S’agissant de la convocation et des délibérations, les statuts déterminent les règles
les concernant. Le CA se réunit aussi souvent que nécessaire. Il est en principe
convoqué par son président. Mais, si le CA ne s’est pas réuni depuis 2 mois, les
administrateurs représentant le tiers au moins des membres, ont droit de convoquer
et fixent l’ordre du jour. En cas d’irrégularités dans la convocation de tous les
membres, les délibérations du CA sont nulles.
Pour valablement délibéré, il exigé un quorum : la moitié au moins des
membres présents du CA; toute clause contraire est réputée non écrite. Lorsqu’il y a
des participants au moyen des télécommunications, il est exigé qu’au moins un tiers
des administrateurs soit physiquement présent. Les décisions sont prises à la majorité
des membres présents ou représentés, sauf majorité plus forte prévue par les statuts.
S’il y a partage de voix, celle du président est prépondérante de séance sauf clauses
contraires des statuts. Toute décision prise contrairement à ces règles est nulle.
Les statuts peuvent prévoir le vote oral pour les administrateurs qui participent
au conseil par visioconférence ou par d'autres moyens de télécommunication
permettant leur identification et garantissant leur participation effective. Ces moyens
doivent transmettre au moins la voix des participants et satisfaire à des
caractéristiques techniques permettant la retransmission continue et simultanée des
délibérations. Les statuts peuvent limiter la nature des décisions pouvant être prises
lors d'une réunion tenue au moyen de télécommunication. Toute décision prise en
violation de l’AUR ou, le cas échéant, des clauses statutaires est nulle.
Les participants aux réunions du CA doivent garder la discrétion à l’égard des
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
informations confidentielles ou présentées comme telles par le président de séance.
Un administrateur peut se faire représenter aux séances du CA. Le mandat donné par
lettre, télex ou télécopie n’est valable que pour une même séance.
Les séances du CA sont présidées par le PCA qui organise et dirige les travaux
du conseil, dont il rend compte à l'AG. Il veille au bon fonctionnement des organes
de la société et s'assure, en particulier, que les administrateurs sont en mesure de
remplir leur mission. En cas d'empêchement du PCA, sauf clause contraire des statuts,
l'administrateur ayant le plus grand nombre d'actions ou, en cas d’égalité, le doyen
en âge, préside la séance.
Les délibérations du CA sont constatées par des P.V établis sur un registre
spécial tenu au siège social, côté et paraphé par le juge compétent. Mais les P.V
peuvent être établis sur des feuilles mobiles numérotées sans discontinuité,
paraphées par le juge compétent. Dès qu'une feuille a été remplie, même
101
partiellement, elle doit être jointe à celles précédemment utilisées. Il est interdit
d’ajouter, de supprimer, de remplacer ou d’intervertir des feuilles.
Les P.V mentionnent la date, le lieu de la réunion du Conseil, indiquent les
administrateurs présents, représentés ou absents non représentés. Ils font état de la
présence ou absence des personnes convoquées à la réunion du CA en vertu d’une
disposition légale, de la présence de toute autre personne ayant assisté à tout ou
partie de la réunion. En cas de participation au CA au moyen de télécommunication,
mention des incidents techniques survenus au cours de la séance et ayant perturbé
son déroulement, est faite dans le PV.
Les P.V sont certifiés sincères par le Président de séance et par au moins un
administrateur. Si le Président de séance est empêché, ils sont signés par au moins
deux administrateurs. Le PCA s'assure que les PV du CA sont remis aux
administrateurs en mains propres ou leur sont adressés par lettre au porteur, lettre
recommandée, télécopie ou courrier électronique dans les meilleurs délais et au plus
tard lors de la convocation du prochain CA. Les copies ou extraits des P.V sont
valablement certifiés par le PC.A, le D.G ou à défaut un fondé de pouvoirs habilité à
cet effet. Si la société est en liquidation, par le liquidateur. Il faut dire que les P.V font
foi jusqu’à preuve contraire.
a- La convocation des AG
102
2°) un mandataire désigné par la juridiction compétente, statuant à bref délai,
à la demande soit de tout intéressé, en cas d'urgence, soit d'un ou de plusieurs
actionnaires représentant au moins le 10ème du capital social s'il s'agit d'une AGE ou
AGO ou le 10ème des actions de la catégorie intéressée s'il s'agit d'une AGS;
3°) le liquidateur.
Les règles de convocation des AG. En plus de celles fixées par l’article 518 AUR, les
statuts peuvent en prévoir d’autres. Selon l’article 518 de l’AUR, les AG sont
convoquées par l’insertion d’un avis de convocation dans un journal habilité à recevoir
les annonces légales.
Si toutes les actions sont nominatives ( Actions résultant d'une inscription de
leur titulaire sur un registre tenu par la personne morale émettrice), cette insertion
peut être remplacée par une convocation aux frais de la société par lettre au porteur
contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception,
télécopie ou courrier électronique,.
La convocation indique la date, le lieu de la réunion et l'ordre du jour. L'avis de
convocation doit parvenir ou être porté à la connaissance des actionnaires 15 jours au
moins avant la date de l'assemblée sur première convocation et, le cas échéant, 6
jours au moins pour les convocations suivantes. Lorsque l'assemblée est convoquée
par un mandataire ad hoc, le juge peut fixer un délai différent.
L'avis de convocation indique la dénomination de la société, suivie, le cas
échéant, de son sigle, la forme de la société, le montant du capital social, l'adresse
du siège social, le numéro d'immatriculation au RCCM, les jour, heure et lieu de
l'assemblée, ainsi que sa nature ordinaire, extraordinaire ou spéciale et son ordre du
jour.
S’il y a des actions au porteur (Actions représentées par un support papier
détenu par leur titulaire et sur lequel ne figure pas le nom de celui-ci), l’avis de
convocation indique le lieu de dépôt desdites actions ainsi que la date de dépôt. Ces
formalités sont précisées dans l’avis de convocation dans le souci de permettre aux
actionnaires de participer à l’assemblée.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Les copropriétaires d'actions indivises, les nu-propriétaire et les usufruitiers
d'actions sont convoqués suivant les formes ci-dessus mentionnées.
Toute assemblée qui n’est pas régulièrement convoquée peut être annulée.
Mais l’action en nullité est irrecevable lorsque tous les actionnaires étaient présents
ou représentées.
Ø La fixation de l’ordre du jour
L'ordre du jour de l'assemblée est arrêté par l'auteur de la convocation. Toutefois,
lorsque l'assemblée est convoquée par un mandataire ad hoc, l'ordre du jour est fixé
par la juridiction compétente qui l'a désigné. De même, un ou plusieurs actionnaires
ont la faculté de requérir l'inscription, à l'ordre du jour de l'AG, d'un projet de
résolutions lorsqu'ils représentent :
ü 1°) 5 % du capital, si le capital de la société est inférieur à un milliard
de francs CFA;
103
ü 2°) 3 % du capital, si le capital est compris entre un milliard et deux
milliards de francs CFA ;
ü 3°) 0,50 % du capital, si celui-ci est supérieur à deux milliards de
francs.
La demande est accompagnée : du projet de résolution auquel il est joint un
bref exposé des motifs, de la justification de la possession ou de la représentation de
la fraction de capital exigée. Le projet de résolution sont adressés au siège social, par
lettres ou par télécopie, 10 jours au moins avant la tenue de l'AG pour être voté à
l’assemblée. Les délibérations de l'AG sont nulles si le projet de résolution envoyé
n’est pas soumis à son vote.
Par ailleurs, l'assemblée ne peut délibérer sur une question qui n'est pas
inscrite à son OJ. Toute délibération violant cette disposition est nulle. Cependant, la
révocation d’un ou plusieurs membres du conseil d'administration ou, et le cas
échéant, l'administrateur général ou l'administrateur général adjoint et leur
remplacement peut ne pas être inscrit à l’OJ. Lorsque l'OJ de l'AG porte sur la
présentation de candidats au poste d'administrateur ou d'administrateur général,
selon le cas, il doit être fait mention de leur identité, de leurs références
professionnelles, de leurs activités professionnelles et de leurs mandats sociaux au
cours des cinq dernières années. L'OJ de l'assemblée ne peut être modifié sur
deuxième convocation ou, le cas échéant, pour les assemblées générales
extraordinaires, sur troisième convocation. Toute délibération contraire est nulle.
Ø Communication des documents aux actionnaires : elle peut se faire
avant la tenue de l’AGO annuelle, des autres assemblées et à toute
époque.
Concernant l’A.G.O annuelle, tout actionnaire a le droit de prendre
connaissance pour lui-même ou par son représentant à l’AG au siège social de
l’inventaire, des états financiers de synthèse, du texte des résolutions proposées, du
rapport du CAC, de la liste des actionnaires etc. Ce droit s’exerce durant les 15 jours
avant la tenue de l’A.G. En dehors de l’inventaire, l’actionnaire consulte à ses frais les
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
documents susmentionnés.
En ce qui concerne les autres assemblées, le droit de prendre connaissance
porte sur le texte des résolutions proposées, le rapport du CA ou de l'ad. Gén., selon
le cas et, le cas échéant, le rapport du CAC ou du liquidateur.
S’agissant de la communication qui se fait à toute époque, l’actionnaire peut
prendre connaissance et copie de l’inventaire, états financiers de synthèse etc.,
concernant les trois dernières exercices, des procès-verbaux et des feuilles de
présence des assemblées tenues au cours de ces trois dernières exercices, de tous
autres documents, si les statuts le prévoient. De même, tout associé peut poser des
questions écrites deux fois par exercice au P.D.G, D.G ou à l’administrateur général
sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. La réponse des
dirigeants est communiquée au C.A.C.
104
Toute délibération violant les règles de communication avant AG peut être
annulée.
Le droit de communication, à toute époque et de poser des questions écrites
aux dirigeants appartient également à chacun des copropriétaires d’actions indévises,
au nu-propriétaire et à l’usufruitier d’actions.
Si la société refuse de communiquer tout ou partie des documents visés par
l’AUR, la juridiction compétente statue à bref délai sur ce refus, à la demande de
l’actionnaire. Cette juridiction peut ordonner à la société, sous astreinte, de
communiquer les documents à l'actionnaire dans les conditions fixées par l’AUR.
b- La tenue des AG
Sauf clause contraire des statuts, c’est au siège social de la société que les
assemblés d’actionnaires sont réunies ou en tout autre lieu du territoire de l'Etat partie
où il se situe.
Ø Organisation de la tenue des AG
Les AG sont présidées soit par le P.D.G, le P.C.A ou l’Administrateur général.
En cas d’empêchement de ceux-ci et sauf clause statutaire contraire, l’actionnaire
majorité ou en cas d’égalité, le plus âgé qui les préside. Les deux actionnaires
représentant le plus grand nombre d'actions par eux-mêmes ou comme mandataires,
sont nommés scrutateurs, sous réserve de leur acceptation. Un secrétaire est nommé
par l'assemblée pour établir le PV des débats. II peut ne pas être un actionnaire.
A chaque assemblée, il est tenu une feuille de présence indiquant le nombre
d'actions dont dispose l’actionnaire, le nombre de voix attachées à ces actions, les
nom, prénom et domicile de chaque actionnaire, les nom, prénom et domicile de
chaque mandataire et le nom de chaque actionnaire ayant participé a l' assemblée
par visioconférence ou par tout moyen de télécommunication permettant leur
identification. La mauvaise tenue de la feuille de présence conduit à l'annulation des
délibérations de l'AG.
Au moment de l’entrée en séance, la feuille de présence est émargée par les
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
actionnaires présents ou par les mandataires. A la fin de l’assemblée, les procurations
et les bulletins de vote par correspondance sont annexées à la feuille de présence,
certifiée sincère et véritable sous leur responsabilité, par les scrutateurs. En cas de
violation cette disposition, les délibérations prises dans le cadre de l'assemblée
générale sont nulles.
Ø Contenu des PV
Le PV des délibérations indique la date et le lieu de réunion, la nature de
l’assemblée, le mode de convocation, l’ordre du jour, la composition de bureau, le
quorum, le texte des résolutions soumises au vote de l’assemblée et le résultat des
votes pour chaque résolution, les documents et rapports présentés à l’assemblée et
un résumé des débats. Ce sont les membres du bureau qui signent le P.V. qui est
archivé au siège social avec la feuille de présence et ses annexes. En cas de
participation à l'assemblée par visioconférence ou autre moyen de
105
télécommunication, il est fait mention dans le PV des incidents techniques
éventuellement survenus au cours de l'assemblée et ayant perturbé son déroulement.
Les copies ou extraits des procès-verbaux des assemblées sont valablement
certifiés soit par le P.D.G, soit par le PCA, soit par l’Ad. Gen. ou par toute autre
personne dument mandatée à cet effet. En cas de liquidation, ils sont certifiés par un
seul liquidateur.
Ø La participation à l’AG
ü Les participants à l’AG
Ce sont les actionnaires eux-mêmes ou leur représentant dans les conditions
prévues par l’AUSCGIE ou les statuts, toute personne habilitée à cet effet par la loi ou
les statuts de la société.
Représentation. Tout actionnaire peut se faire représenter par quelque
mandataire que ce soit. Toutefois, des actionnaires peuvent donner pouvoir à un
actionnaire d’être représenté aussi bien en son nom personnel que comme
mandataire. Le tout sous le respect des limites fixées par la loi ou les statuts fixant le
nombre de voix dont peut disposer une même personne.
En tout état de cause, la procuration doit comporter les nom, prénom et le
domicile ainsi que le nombre d’actions et le droit de vote du mandant, l’indication de
la nature de l’assemblée pour laquelle la procuration est donnée, la signature du
mandant précédée de la mention « bon pour pourvoir » et la date du mandat.
Le principe est que le mandat est donné pour une seule assemblée. Seulement,
il peut arriver qu’un mandat soit donné pour deux assemblées, l’une ordinaire et
l’autre extraordinaire ayant le même ordre du jour ou tenues dans un délai de sept
jours. Le mandat donné pour une assemblée vaut pour les assemblées successives
convoquées avec le même ordre du jour. Toute clause contraire aux règles relatives
au mandat est réputée non écrite.
Inscription des actions au nom de l’actionnaire. Le droit de participer aux
assemblées est subordonné à l'inscription des actions au nom de l'actionnaire, au jour
de l'AG dans les registres de titres nominatifs tenus par la société. Toutefois, il peut
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
être prévu par les statuts que ce droit est subordonné à une inscription dans les
registres de titres nominatifs au troisième jour ouvre précédant l'assemblée à zéro
heure, heure locale.
Le juge peut autoriser des personnes étrangères à participer aux A.G. Le
bureau de l’assemblée ou l’assemblée elle-même peut faire de même. Les
administrateurs non actionnaires peuvent participer à toutes les assemblées
d'actionnaires avec voix consultative.
ü Le droit de vote
Ce droit appartient à tout associé. Il garde ce droit même s’il a nanti ses actions.
Les actions rachetées par la société (V. art. 639 et s. AUR) sont dépourvues de droit
de vote. Elles ne comptent pas pour le calcul du quorum.
106
Le droit de vote attaché aux actions de capital ou de jouissance62 est
proportionnel à la quotité du capital qu'elles représentent et chaque action donne
droit à une voix au moins. Toutefois, les statuts peuvent limiter le nombre de voix
dont chaque actionnaire dispose dans les assemblées, à condition que cette limitation
soit imposée à toutes les actions.
Un droit de vote double de celui conféré aux autres actions, eu égard à la quotité du
capital social qu'elles représentent, peut être attribué, par les statuts ou par une AGE
ultérieure, à toutes les actions entièrement libérées pour lesquelles il est justifié d'une
inscription nominative depuis 2 ans au moins, au nom d'un actionnaire. En outre, en
cas d'augmentation de capital par incorporation de réserves, bénéfices ou de primes
d'apports, d'émission ou de fusion, le droit de vote double peut être conféré, dès leur
émission, aux actions nominatives attribuées gratuitement à un actionnaire a raison
d'actions anciennes pour lesquelles il bénéficie de ce droit.
Attributions. Elle statue sur toutes les décisions n’entrainant pas modification
des statuts. En outre, elle prend connaissance des différents rapports et projets de 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
résolutions et, le cas échéant, le PCA rend compte des travaux du CA. Elle est
notamment compétente pour : Statuer sur les états financiers de synthèse de
l’exercice ; Décider de l’affectation du résultat ; Nommer les membres du CA ou l’ad.
gén. et son adjoint, ainsi que le CAC ; Approuver ou refuser d’approuver les
conventions réglementées ; Emettre des obligations ; Approuver le rapport du CAC
sur la valeur d’un bien acquis par la société des mains d’un actionnaire. Il s’agit de
tout bien dont la valeur est au moins égale à 5.000.000 f acquis par la société 2 ans
après son immatriculation. Le rapport est dressé à la demande du PDG ou du PCA
ou de l’ad. gén. Si L’AGO ne statue pas sur la vente, celle-ci est nulle. Le vendeur ne
62
- L’action de jouissance est un titre remis à l'actionnaire au cours de la vie sociale, lorsque la société procède à
l'amortissement de son capital, en remboursant par anticipation la valeur nominale des actions aux actionnaires.
107
prend pas part au vote et ses actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du
quorum et de la majorité.
Le rapport présenté par le CA ou l'ad. gén., à l'AG rend compte annuellement
de l'état de la participation des salariés au capital au dernier jour de l'exercice.
Tenue. Réunion. Elle se tient au moins une fois par an, dans les 6 mois de la fin
de l’exercice. Ce délai peut être prorogé par décision de justice. Si l'AGO n'a pas été
réunie dans ce délai, le ministère public ou tout actionnaire peut saisir la juridiction
compétente statuant à bref délai afin d'enjoindre, le cas échéant sous astreinte, aux
dirigeants de convoquer cette assemblée ou de désigner un mandataire pour y
procéder.
Quorum. Sur 1ère convocation, les actionnaires présents ou représentés doivent
au moins avoir le 1/4 des actions ayant le droit de vote. Sur 2ème convocation aucun
quorum n’est requis. Majorité. C’est la majorité des voix exprimées, sans les bulletins
de votes blancs.
Attributions. Seule l’AGE est habilitée à modifier les statuts. Toute clause
contraire est réputée non écrite. Ainsi, elle est compétente pour autoriser certaines
opérations de restructuration (fusions, scissions, transformations et apports partiels
d’actif) et le transfert du siège social en toute autre ville de l’Etat partie où il est situé,
ou sur le territoire d’un autre Etat. Elle décide de la dissolution par anticipée de la
société ou en proroger sa durée.
Tenue. Tout actionnaire peut participer aux AGE sans qu’une limitation de voix
puisse lui être opposée. Quorum. Sur première convocation, l’AGE les actionnaires
présents ou représentés doivent posséder au moins la moitié des actions. Sur
deuxième convocation, il faut le quart des actions. A défaut de ce quorum, une 3ème
convocation est lancée dans un délai qui ne peut excéder de 2 mois à compter de la
date fixée par la deuxième convocation. Dans cette occurrence le quorum est fixé au
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
¼ des actions.
Majorité. L’AGE statue à la majorité des 2/3 des voix exprimées, sans les
bulletins de votes blancs. Mais la décision de transfert du siège social sur le territoire
d’un autre Etat est prise à l’unanimité des membres présents ou représentés. Elle est
aussi requise en cas d’augmentation les engagements des actionnaires au-delà de
leurs apports.
c- L’assemblée spéciale
Attributions. L’AGS est celle qui, aux termes de l’article 555 réunit les titulaires
d’actions d’une catégorie déterminée. C’est elle qui approuve ou désapprouve les
décisions des AG modifiant les droits de ses membres. Cette décision de l’AG
108
modifiant les droits des membres de l’AGS n’est définitive qu’après approbation par
celle-ci.
Quorum. Sur 1ère convocation, il est exigé que si les actionnaires présents ou
représentés possèdent au moins la moitié des actions. Sur 2ème, il faut le ¼ des actions.
A défaut de ce quorum, dans un délai de 2 mois à compter de la date fixée par la
deuxième convocation, l’assemblée doit se tenir et là, le quorum exigé c’est le ¼ des
actionnaires présents ou représentés possèdent au moins le ¼ des actions. Majorité.
L’AGS statue à la majorité des 2/3 des voix exprimées. Les bulletins blancs ne sont
pas pris en compte.
NB : Dans le cas d’une société anonyme unipersonnelle, les décisions qui
doivent être prises en assemblée, le sont, qu’il s’agisse d’une AGO ou AGE.
L’actionnaire doit donc prendre des décisions dans les 6 mois de la clôture de
l’exercice.
Le système de contrôle interne a notamment pour objet de vérifier que les opérations
réalisées, l’organisation et les procédures internes sont conformes aux prescriptions
légales et réglementaires, aux orientations de l’organe exécutif et que les limites
fixées en matière de risques, en particulier de signature, de change et de taux
d’intérêt, sont strictement respectées. En outre, le contrôle interne doit veiller à la
qualité de l’information comptable et financière. Son bon fonctionnement apparaît
donc comme l’une des conditions indispensables à une saine gestion de
l’établissement et participe directement à la qualité du gouvernement d’entreprise.
Qualité. Les SA ont l’obligation de désigner un commissaire aux comptes, qui effectue
une prestation de service de contrôle. Le contrôle est assuré par un ou plusieurs CAC,
personnes physiques ou des sociétés. Le CAC est un expert-comptable agréé par
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
l’Ordre des experts comptables s’il en existe un dans l’Etat partie. S’il en n’existe pas,
seuls ceux inscrits sur une liste établie préalablement par une commission siégeant
auprès d’une Cour d’Appel peuvent devenir CAC. Cette commission est composée
de quatre membres :
1°) un magistrat du siège à la cour d'appel qui préside avec voix
prépondérante;
2°) un professeur de droit, de sciences économiques ou de gestion;
3°) un magistrat de la juridiction compétente en matière commerciale;
4°) un représentant du Ministère des finances ayant compétences en la
matière.
Incompatibilités. Le CAC ne peut exercer une activité ou tout acte de nature à
porter atteinte à son indépendance, un emploi salarié (mais l’enseignement rattachant
à l’exercice de sa profession d’expert-comptable est possible) une activité
109
commerciale, directement ou par personne interposée. Ces règles sont relatives aux
incompatibilités de la profession d’expert-comptable.
Interdictions. Certaines personnes ne peuvent exercer la profession de CAC.
Ainsi, les fondateurs, apporteurs, bénéficiaires d’avantages particuliers, dirigeants
sociaux de la société ou de ses filiales ainsi que leur conjoint ne peuvent être CAC. Il
en est de même des parents et alliés jusqu’au 4e degré inclusivement des personnes
dont nous venons de parler. En outre, les dirigeants sociaux de sociétés ayant le 1/10
du capital de la société ne peuvent être CAC (voir l’article 698 AUSCVIE). S’il a cessé
sa mission de contrôle d’une société, le CAC ne peut être nommé administrateur
général, administrateur général adjoint, DG ou DG adjoint de la société moins de cinq
ans après cette cessation.
Désignation. Si le CAC est irrégulièrement désigné ou s’il est désigné alors que
sa fonction est incompatible avec celle qu’il doit exercer, les délibérations prises sont
nulles sauf si l’AG confirmé celles-ci ; sur le rapport de CAC régulièrement désignés.
Il sera étudié successivement la nomination du CAC et de son suppléant et sa
mission.
Par rapport au premier aspect, il faut dire que si la société ne fait pas appel
public à l’épargne, elle est tenue de désigner un CAC et un suppléant. Dans le cas
contraire, elle est tenue de désigner au moins deux commissaires aux comptes et
deux suppléants.
Le premier CAC et son suppléant sont désignés par l’AGO.
Lorsque le CAC est désigné dans les statuts ou par l’AGC, la durée de ses
fonctions est de deux exercices sociaux. Mais si l’AGO le désigne, la durée est de 6
ans.
Si l’assemblée omet d’élire un CAC titulaire ou suppléant tout actionnaire peut,
en référé, demander au président de la juridiction compétente la désignation d’un
CAC titulaire ou suppléant, le président du Conseil d’administration, le PDG ou l’AG
dûment appelé.
Rôle : l’action des commissaires aux comptes vise à garantir la qualité de l’information
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
destinée aux tiers. Leur rôle principal consiste à certifier sincères et réguliers les
documents de fin d’exercice de certains groupements d’affaires.. Elles se manifestent
dans la certification de la sincérité et conformité des états financiers de synthèse. La
certification des comptes doit être accomplie selon les principes généralement admis
dans la profession, afin de garantir que les documents sont établis conformément aux
principes de régularité et de sincérité et qu’ils donnent une image fidèle des
opérations de l’exercice, de la situation financière et du patrimoine réel de
l’établissement En outre, il doit donner une image fidèle du résultat de l’exercice
écoulé, de la situation financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice.
Il vérifie les valeurs et documents comptables de la société, s’assure que l’égalité des
associés est respectée en cas d’émission d’actions. En aucun cas, le C.A.C doit violer
le secret professionnel (actes et renseignements dont il a pu avoir dans l’exercice de
sa fonction) et s’immiscer dans la gestion de la société.
110
Il peut se faire communiquer toute pièce qu’il juge utiles à toute époque de
l’année. Ce droit de communication s’étend aux tiers. Il doit être obligatoirement
convoqué à toutes les A.G d’actionnaires et aux réunions du Conseil d’administration.
Les honoraires ainsi que les frais de déplacements, de séjour du C.A.C sont laissés à
la charge de la société.
Responsabilité du CAC. Elle peut être engagée lorsqu’il commet des fautes ou
négligences dans l’exercice de sa fonction. En cas d’empêchement, de démission ou
de décès, il est pourvu à son remplacement par le C.A.C suppléant. De même un ou
plusieurs actionnaires représentant le 1/10e du capital social peuvent demander la
récusation ou révocation du C.A.C. Cette possibilité est offerte au Ministère public
concernant la récusation et la révocation au CA et à l’administrateur général.
B- AUMENTATION DE CAPITAL
C’est de loin l’opération la plus complexe, elle se réalise suivant des règles générales
(1). Il y a les règles relatives à l’émission d’actions nouvelles (2) et l’attribution gratuite
d’actions (3).
Tout actionnaire a le droit de participer aux augmentation de capital qui seront décidé 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
afin que la société accroissent ses fonds propres. L'augmentation de capital, qu'elle
soit direct à l'occasion de la réalisation de nouveau apport en nature ou indirecte à
la suite de l'exercice d'une option adossé à un titre primaire (obligation, bon, ect) déjà
émis, conduit, si rien n'est prévu, à l'entrée de nouveaux actionnaires dans la société
qu'ils auront souscrit aux actions nouvellement émises. ses actionnaires entrant vont
alors disposer des mêmes droits que les actionnaires et déjà présents dans la
société. L’entrée de ces nouveaux actionnaires fait donc peser risque de dilution des
droits pécuniaires des primo d'actionnaires. C'est la raison pour laquelle en
droit préférentiel de souscription a été institué à leur profit leur offrant de souscrire
par priorité à l'augmentation de capital et de conserver sur les réserves et les plus-
values les mêmes droits que ceux dont-ils disposaient avant l'augmentation du
capital. Tout le contraire est réputée non écrite. Dans l’espèce OHADA, les règles
111
générales relatives à l’augmentation du capital social concernent les procédés et le
pouvoir d’augmentation.
112
plafond global de l’augmentation. Ces organes ont, ici, tout pouvoir pour fixer les
modalités d'émission, constater la réalisation et procéder à la modification corrélative
des statuts.
L’AGE leur délègue le pouvoir de réaliser l’opération si elle décide de l’augmentation.
A cet effet, non seulement l’organe délégué réalise l’opération en une ou plusieurs
fois mais aussi fixe tout ou partie les modalités mais aussi constate la réalisation et
procédé à la modification corrélative des statuts.
En tout état de cause, l’augmentation du capital social doit être réalisée dans le délai
de 3 ans à compter de l’AG qui l’a décidée ou autorisée. Elle est réputée réalisée à
compter du jour de l’établissement de la déclaration notariée de souscription et de
versement.
L’article 618-1 prévoit la nullité ou l’annulabilité des délibérations ou opérations prises
en violation des dispositions sur les augmentations de capital.
La loi met l’accent sur l’augmentation par apport en numéraire ou par apport en
nature. On rappele que les actions ont connu ces dernières années des réformes
importantes dans l'espace OHADA désormais en plus des valeurs ordinaires nous
avons des actions de préférence. Les actions sont des valeurs mobilières émises par
les sociétés par action représentation de leur capital social. Il s'agit des titres de
capital remis aux personnes qui réalisent un apport en fond propres à la société. Ce
sont les créanciers de tout dernier rang de la société, ce qui ne seront remboursés
qu'en cas de liquidation de la société.
113
Les actionnaires jouissent de ce droit proportionnellement au montant de leurs
actions. Ce droit est irréductible et constitue un droit individuel. C’est un moyen pour
sauvegarder les droits des anciens actionnaires de la société.
Délai d’exercice du droit préférentiel de souscription. Ce délai ne peut être
inférieur à 20 jours. Il court à compter de la date de l'ouverture de la souscription. Il
se trouve par anticipation clos dès que tous les droits de souscription à titre
irréductible et, le cas échéant, à titre réductible ont été exercés, ou que
l'augmentation a été intégralement souscrite après renonciation individuelle au droit
de souscription, par les actionnaires qui n'ont pas souscrit.
Exercice du droit préférentiel de souscription. Le DPS peut être exercé en
souscrivant à titre irréductible aux actions émises en fonction de la participation au
capital.
Par exemple si une SA au capital de 10.000.000 f CFA composé de 1.000
actions de 10.000 f CFA de nominal chacune décide d’augmenter de 2.000.000 f CFA
en numéraire. Dans ce cas, chaque actionnaire bénéficie du droit de souscrire une
action nouvelle pour 5 anciennes. L’actionnaire détenant 500 actions (donc 50% du
capital) aura le droit de souscrire 100 actions nouvelles. En le faisant, il détiendra 600
actions sur 1.200 actions suite à la réalisation définitive de l’augmentation du capital.
La quotité de sa participation dans le capital demeure inchangée à 50%.
Si l'AG le décide expressément, les actionnaires ont également un droit
préférentiel de souscription à titre réductible des actions nouvelles qui n'auraient pas
été souscrites à titre irréductible. Les actions sont attribuées à titre réductible aux
actionnaires qui ont souscrit un nombre d'actions supérieur à celui qu'ils pouvaient
souscrire à titre irréductible et, en tout état de cause, dans la limite de leur demande.
La valeur du droit préférentiel de souscription. Elle dépend de la loi de l’offre
et de la demande, notamment en bourse. Mais, théoriquement ce droit peut être
calculé. Reprenons les données ci-dessus et supposons que les capitaux propres de
la société émettrice s’élèvent au moment de l’émission à 16.000.000 f CFA. La valeur
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
théorique de l’action avant augmentation du capital s’élève à 16.000 f CFA. Suite à
l’augmentation du capital et en supposant que l’émission se fait au pair, la valeur
théorique de l’action dite « valeur ex-droits ou coupon détaché » s’élèvera à 15000 f
CFA. (16.000.000+2.000.000) / (1.000+200). La valeur théorique du droit préférentiel
de souscription s’élèvera à 1000 f CFA (16000-15000).
Cession du droit préférentiel de souscription. Pendant la durée de la
souscription, le droit préférentiel de souscription est négociable lorsqu'il est détaché
d'actions elles-mêmes négociables. Dans le cas contraire, ce droit est cessible dans
les mêmes conditions que l’action elle-même. Avec la dématérialisation des titres, la
cession des droits préférentiels de souscription détachés des actions elles-mêmes
négociables doit s’effectuer par un simple virement entre comptes de valeurs
mobilières.
114
Lorsque le droit préférentiel de souscription est détaché d’actions non-
négociables, il est cessible dans les conditions du droit civil.
Anciennes actions grevées d’usufruit. Dans cette situation le droit préférentiel
et l’attribution des actions nouvelles sont réglés par l’usufruitier et le nu-propriétaire.
A défaut, le droit préférentiel appartient au nu-propriétaire. S’il vend ses droits de
souscription, l’argent de la cession ou les biens acquis en remploi au moyen de ces
sommes sont soumis à l’usufruit.
Dans l’hypothèse où le nu-propriétaire néglige d’exercer son droit préférentiel
de souscription, l’usufruitier peut le remplacer pour souscrire aux actions nouvelles ou
pour vendre les droits de souscription. Dans ce cas, le nu-propriétaire peut exiger le
remploi des sommes provenant de la cession. Les biens ainsi acquis sont soumis à
l’usufruit. Lorsque le nu-propriétaire n’a ni souscrit d’actions nouvelles, ni vendu les
droits de souscription huit jours au moins avant l’expiration du délai de souscription
accordé aux actionnaires, il est réputé à l’égard de l’usufruitier avoir négligé d’exercer
le droit préférentiel de souscription.
Les actions nouvelles appartiennent au nu-propriétaire pour la nue-propriété
et à l’usufruitier pour l’usufruit. Mais si le versement des fonds est fait par le nu-
propriétaire ou par l’usufruitier pour réaliser ou parfaire une souscription, les actions
nouvelles appartiennent au nu-propriétaire ou à l’usufruitier à concurrence des droits
de souscription. Le surplus des actions nouvelles appartient en pleine propriété à celui
qui a versé les fonds.
Suppression du droit préférentiel de souscription. L’AGE peut le décider. Cette
suppression peut se faire au profit de bénéficiaires dénommés. Elle peut se faire pour
la totalité de l’augmentation de capital ou pour une ou plusieurs tranches de cette
augmentation. Les bénéficiaires de cette suppression ne prennent pas part au vote.
Un rapport spécial du CAC est établi, dans lequel il donne son avis sur la proposition
de suppression.
Renonciation au droit préférentiel. La décision relative à la conversion des
actions de préférence emporte renonciation des actionnaires au droit préférentiel de
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
souscription aux actions issues de la conversion. La décision d'émission de valeurs
mobilières donnant accès au capital emporte également renonciation des
actionnaires à leur droit préférentiel de souscription aux titres de capital auxquels les
valeurs mobilières émises donnent droit.
Les actionnaires peuvent aussi renoncer de façon individuelle à leur droit au
profit de personnes dénommées. Cette renonciation doit être accompagnée de
l’acceptation de ces dernières. Les droits de celui qui renonce sont transmis à ceux-
ci, à titre irréductible et, le cas échéant, à titre réductible. On peut également renoncé
à ce droit sans indiquer de bénéficiaires. La société doit être informée de cette
renonciation par lettre au porteur ou par L.R.A.R avant la fin du délai d’ouverture de
la souscription c’est-à-dire 3 mois à compter de la décision de l’Assemblée qui décide
ou autorise cette augmentation.
115
ü Établissement d’un bulletin de souscription
Le contrat de souscription est constaté par un bulletin de souscription établi en
deux exemplaires, l’un pour la société et l’autre pour le notaire chargé de dresser la
déclaration notariée de souscription et de versement. Ce bulletin est daté et signé
par le souscripteur ou son mandataire qui écrit en toutes lettres le nombre de titres
souscrits ; copie de ce bulletin établie sur papier libre lui est remise. Il bulletin contient
des mentions prévues à l’article 603.
Ø Libération des actions
Modalités de libérations. Les actions souscrites en numéraire sont
obligatoirement libérées lors de la souscription d’un ¼ au moins de leur valeur
nominale et le cas échéant, de la totalité de la prime d’émission. La libération du
surplus doit intervenir, en une ou plusieurs fois, sur appel du CA ou de l'Ad. Gen.,
dans le délai de 3 ans à compter du jour où l'augmentation de capital est réalisée.
Cependant, les actions souscrites en numéraires résultant pour partie de versement
d'espèces et pour partie d'une incorporation de réserves, de bénéfices ou de primes
d'apports, d'émission ou de fusion doivent être intégralement libérées lors de la
souscription.
Dépôt des fonds et établissement du certificat du dépositaire. 8 jours à
compter de leur réception, les fonds provenant de la souscription sont déposés par
les dirigeants sociaux, pour le compte de la société, soit dans un établissement de
crédit ou de microfinance, soit en l’étude d’un notaire. Le déposant remet au
dépositaire, lors du dépôt des fonds, une liste mentionnant l'identité des
souscripteurs et indiquant, pour chacun d'eux, le montant des sommes versées. Le
dépositaire est tenu, jusqu'au retrait des fonds, de communiquer cette liste à tout
souscripteur qui, justifiant de sa souscription, en fait la demande. Il remet au déposant
un certificat attestant le dépôt des fonds. En cas de libération d’actions par
compensation de créances sur la société, ces créances font l’objet d’un arrêté des
comptes établi, selon le cas, par le CA ou par l’Ad. Gen. et certifié exact par le CAC.
Déclaration notariée de souscription et de versement. Les souscriptions et les
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
versements sont constatés par une Déclaration notariée de souscription et de
versement des dirigeants sociaux sur présentation des bulletins de souscription et du
certificat du dépositaire attestant le dépôt des fonds. Pour retirer les fonds provenant
de la souscription en numéraire, il faut que l’augmentation du capital soit réalisée.
Celle-ci doit l’être dans les six mois du dépôt des fonds sinon ceux peuvent être retirés
passés ce délai. En tout état de cause, l’augmentation de capital doit être publiée au
J.A.L.
En cas ce cas, les apports en nature doivent être évalués par un commissaire
aux apports qui ne peut être le CAC de la société, désigné à la requête du CA ou de
116
l’administrateur général, par la juridiction compétente. Le rapport du commissaire aux
apports est déposé 8 jours au moins avant la tenue de l’A.G.E au siège social et au
greffe de la juridiction compétente. Si l’A.G.E approuve l’évaluation des apports et
l’octroi d’avantages, elle constate la réalisation de l’augmentation de capital. En
aucun cas, l’A.G.E ne peut réduire l’évaluation des apports ou la rémunération
d’avantages particuliers sans l’approbation expresse des modifications par les
apporteurs, bénéficiaires ou leurs mandataires.
117
Partiel ou intégral, selon l’article 651 de l’AUR, c’est l’opération par laquelle la
société rembourse aux actionnaires tout ou partie du montant nominal de leurs
actions, à titre d’avance sur le produit de la liquidation future de la société. Il est
décidé par l’A.G.O si les statuts le prévoient, à défaut, c’est l’A.G.E. Toute
délibération contraire est nulle.
Les réserves légales ou statutaires ne peuvent être utilisées pour rembourser
les actionnaires. De même, le remboursement ne peut avoir pour effet de réduire les
capitaux propres à un montant inférieur au montant du capital social augmenté des
réserves non distribuables. Les actions partiellement ou entièrement amorties
conservent tous leurs droits sauf le droit au premier dividende et au remboursement
du nominal.
Si du fait des pertes constatées dans les états financiers de synthèse, les
capitaux propres sont inférieurs à la moitié du capital social, le CA ou l’administrateur
général doit convoquer l’A.G.E pour décider de la dissolution anticipée ou pas. Cette
convocation se fait dans le délai de quatre mois suivant l’approbation des comptes.
A défaut de dissolution prononcée, la société est tenue de réduire son capital d’un
montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves
si, dans ce délai, les capitaux propres n’ont pas été reconstitués à concurrence d’une
valeur au moins égale à la moitié du capital social. Cette réduction doit se faire au
plus tard à la clôture du deuxième exercice suivant celui au cours duquel la
constatation des pertes est intervenue. La décision de l'AGE est déposée au RCCM
de l'Etat partie du siège social. Elle est publiée dans un J.A.L. du lieu du siège social.
Si l’A.G.E ne se réunit pas, ou si elle n’a pu délibérer valablement sur dernière
convocation, tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société.
C’est le cas si la réduction n’est pas intervenue dans les délais prévus ou si les capitaux
propres n’ont pu être reconstitués. Le juge peut accorder un délai maximal de 6 mois
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
pour régulariser la situation.
118
- Acquisition ou souscription d’actions pour les distribuer aux salariés.
La distribution doit se réaliser dans un délai de 1 an à compter de l'acquisition.
Dans ce cas, la société ne peut posséder ou par personne interposée plus de 10% du
total de ses propres actions. Les actions doivent être conservées sous la forme
nominative et entièrement libérées. L'acquisition d'actions de la société ne peut avoir
pour effet d'abaisser les capitaux propres à un montant inférieur à celui du capital
augmenté des réserves non distribuables. Les actions possédées par la société ne
donnent pas droit aux dividendes.
- Acquisition à la suite de transmission de patrimoine à titre universel ou d’une
décision de justice. Mais les actions doivent être cédées dans un délai de 2 ans à
compter de leur souscription ou de leur acquisition sinon, passé ce délai, elles doivent
être annulées.
Ainsi, la société peut acheter ses propres actions en vue de les annuler, de
réduire son capital ou de faciliter une augmentation de capital, une fusion ou une
scission. Pour cela, elle doit insérer un avis dans un J.A.L. Si les actions en vente sont
supérieures aux actions à acheter, tout actionnaire doit réduire ses actions. Mais si les
actions en vente sont inférieures à celles à acheter, le capital social est réduit à due
concurrence des actions achetées.
Pour les actions grevées d’usufruit, l’offre d’achat est faite au nu-propriétaire.
Mais le rachat n’est définitif que si l’usufruitier a donné son consentement à
l’opération. Le prix de rachat des actions est réparti entre usufruitier et nu-propriétaire
à concurrence de leurs droits respectifs, sauf clause contraire.
Principe d’interdiction à la société prendre en gage ses propres actions,
directement ou par personne interposée. Dans ce cas, elle doit les restituer à leur
propriétaire dans un délai de 1 an. Cette restitution a lieu dans un délai de 2 ans si le
transfert du gage à la société résulte d’une transmission de patrimoine à titre universel
ou d’une décision de justice sinon le gage est nul de plein droit. Cette interdiction
n'est pas applicable aux opérations courantes des établissements de crédit, de
microfinance ou d'assurance caution dûment agrées.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
PARAGRAPHE 2-LES OPERATIONS SUR LES TITRES DE SOCIETES
Les titres de la société anonyme dans l’espace OHADA sont notamment de valeurs
mobilières négociable ou librement cessible et, à ce titre, susceptibles d’être cotées
en bourse. En l’occurrence, les valeurs mobilières émises par les sociétés anonymes
sont : les actions, les certificats d’investissement et les obligations. Y sont assimilés,
les droits d’attribution ou de souscription.
On notera que la SA a la possibilité de se financer sur le marché des capitaux. Elle
créée ou dit autrement émet ainsi des titres financiers. On rappelle qu’un titre
financier est un titre représentatif d'une partie du capital d'une société par actions ou
119
d'une partie de sa dette (titres de créances négociables63) et les options64 à terme
(contrat financiers65). Nous étudierons l’émission des titres avant la restructuration.
Les actions susceptibles d’être attribuées gratuitement peuvent être des actions
existantes ou à émettre ou des actions de référence. Il ne peut s’agir de valeurs
mobilières composées, qui donnent aussi selon les cas, accès au capital ou droit à
l'attribution de titres de créance. Il ne s’agit de pas de « stock options » utilisés par
les sociétés désireuses d’offrir, à ses dirigeants et salariés, la possibilité de souscrire
ou d’acheter des actions, à l’issue d’une certaine période, à un prix préférentiel, aux
conditions déterminées (nombre de titres, qualité des bénéficiaires, valeur
d’attribution, modalité d’acquisition, etc.).
C’’est une nouveauté consacrée par l’AU en 2014. Elle est réglementée par les articles
626-1 et suivants. Elle est également possible dans les SAS (art. 626-1-2).
Pouvoir d’autorisation. L’article 626-1 investit explicitement et exclusivement
l’AGE du pouvoir d’autorisation à l’attribution gratuite d’actions. Dans tous les cas,
l’AGE doit statuer le rapport du CA ou de l’Ad. Gen. et sur le rapport spécial du CAC.
L’autorisation est donnée aux organes de gestions : CA ou Ad. Gen dans un délai fixé
par l’AGE qui ne peut excéder 36 mois. L’AGE se prononce sur les bénéficiaires de
l’attribution de façon très générale. Il peut alors revenir aux organes de déterminer
réellement les personnes concernées.
L’AGE doit décider si les actions, objet de l’attribution gratuite, seront des
actions existantes ou à émettre. Si l'attribution porte sur des actions à émettre,
l'autorisation de l'AGE emporte de plein droit, au profit des bénéficiaires,
renonciation des actionnaires à leur droit préférentiel de souscription. L'augmentation
de capital correspondante est définitivement réalisée du seul fait de l'attribution
définitive des actions aux bénéficiaires.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Les bénéficiaires de l’attribution. Il s’agit selon l’AUR des salariés ou d’une catégorie
de salariés et des dirigeants sociaux : PCA, DG, DGA, Ad. Gen. ou Ad. Gen. Adjoint.
Il s’agit d’un outil juridique permettant de concilier l’accès préférentiel au capital des
salariés ou des dirigeants avec les attentes des actionnaires. Sans dépasser le seuil
de 10 % du capital social, l’AGE doit fixer le pourcentage maximal du capital social
pouvant être attribué gratuitement.
Les salariés et les dirigeants sociaux détenant chacun plus de 10% du capital,
non pas droit à l’attribution gratuite d’action. De même, l’attribution gratuite d’actions
63
La notion de titres de créances exclut les effets de commerce et les bons de caisses.
64
Une option est saisie comme un droit (contrat) d’acheter (ou de vendre) un actif (action, indice, devise, matière
première…) à un prix déterminé, pendant une période donnée moyennant le paiement d’une prime.
65
Ces contrats (art. L. 211-1, I. ) appelés aussi « instruments financiers à terme ne bénéficient pas d’un régime
uniformisé, même s’ils peuvent être émis par les SA et SAS. Il est laissé le soin aux autorités de chaque État partie
le soin d’en fixer les conditions de conclusion (art. 744.AU).
120
ne doit pas leur permettre de détenir chacun plus de 10% du capital. Dans les sociétés
non cotées en bourse, les statuts peuvent prévoir un pourcentage plus élevé, sans
dépasser 20% du capital.
Détermination de la période d’acquisition des actions. L’attribution gratuite
d’action n’est acquise qu’à l’issue d’une durée fixée par l’AGE sans qu’elle soit
inférieure à 2 ans. Toutefois, elle peut prévoir l'attribution définitive des actions avant
le terme de la période d'acquisition s’il y a invalidité du bénéficiaire (l'incapable
d'exercer une profession ordinaire).
Les droits résultant de cette attribution sont incessibles jusqu’à la fin de la
période d'acquisition. En cas de décès du bénéficiaire, ses héritiers peuvent
demander l’attribution des actions dans un délai 6 mois à compter du décès. La
cession de ces actions est libre.
Détermination de la période de conservation des actions. Les bénéficiaires
doivent conserver les actions gratuitement attribuées pour tout ou partie pendant une
durée fixée par l’AGE. Cette durée, ne pouvant aussi être inférieure à 2 ans, court à
compter de l’attribution définitive des actions. Toutefois, les actions sont librement
cessibles en cas d'invalidité des bénéficiaires se trouvant dans l'incapacité d'exercer
une profession ordinaire. Elle peut aussi réduire ou supprimer la durée de l'obligation
de conservation si elle retient une durée de 4 ans.
Financement de l’attribution gratuite. Selon l’article 640-1, en vue d'une
attribution gratuite, il est réalisé un prélèvement obligatoire, à concurrence du
montant des actions à attribuer, sur la part des bénéfices ou sur des réserves, à
l'exception de la réserve légale. Les sommes prélevées sur les bénéfices sont inscrites
à un compte de réserve jusqu'à l'attribution définitive de ces actions qui intervient
après que le montant de ces actions est atteint. En cas d'émission, le CA ou l'Ad.
Gen., selon le cas, est habilité à apporter les modifications nécessaires aux clauses
des statuts dans la mesure où ces modifications correspondent matériellement aux
résultats de l'opération.
Ils sont aussi appelés instruments financiers, étant entendu que les valeurs mobilières
appartiennent à la catégorie plus large des titres financiers66. Nous étudierons les
règles générales (A) puis les catégories de valeurs mobilières (B), c’est-à-dire les titres
qui confèrent de droits identiques par catégorie et dont accès directement ou
indirectement à une quotité du capital de la société émettrice, ou à un droit de
créances général sur son patrimoine.
66
Cette catégorie englobe ‘également d’autres titres financiers notamment les titres du marché monétaire.
121
Rappel : « Les valeurs mobilières constituent un élément essentiel du financement à
long terme des entreprises. Ce sont ses valeurs qui généralement servent de moyens
de financement au projet de croissance aux sociétés commerciales par actions. Elles
appartiennent à la catégorie plus vaste des titres financiers dans laquelle se trouvent
inclus les actions et autres titres donnant ou pouvant donner accès, directement ou
indirectement, au capital ou au droit de vote, transmissible inscription compte ou par
tradition ainsi que les titres des créances représentant chacun une créance sur
l'émetteur, à l'exclusion des bons de caisse et des effets de commerce, et les parts
ou action organismes de placement collectif. Ils peuvent être nominatif c'est-à-dire
inscrire en compte chez l'émetteur qui en connaît l'identité de leur titulaire, ou au
porteur c'est-à-dire inscrire un compte chez un intermédiaire financier habilité ».
Elles confèrent des droits identiques par catégorie et donnent accès directement ou
indirectement à une quotité du capital de la société émettrice (droit de proprieté-
action), ou à un droit de créance général sur son patrimoine (obligation). Elles sont
indivisibles à l'égard de la société émettrice. Les VM émises comprennent : les titres
de capital (actions), les titres de créance (obligations) autres que les titres du marché
monétaire. Les SA peuvent aussi conclure des contrats financiers, aussi dénommés «
instruments financiers à terme » (Art. 744 AUR).
Inscription des VM en compte. Quelle que soit leur forme, elles sont inscrites en
compte au nom du propriétaire et leur transmission se fait par virement de compte à
compte. Le transfert de propriété n’a lieu qu’après leur inscription au compte-titres
de l’acquéreur.
Formes. Ce sont des titres au porteur ou des titres nominatifs qu’elles soient émises
en contrepartie d'apports en nature ou d'apports en numéraire. Toutefois, la forme
exclusivement nominative peut être imposée par l’AUR ou les statuts. En outre, le
propriétaire de titres faisant partie d'une émission qui comprend des titres au porteur
a la faculté, malgré toute clause contraire, de convertir ses titres au porteur en titres
nominatifs et réciproquement.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Établissement des registres de titres nominatifs. Ils sont établis par chaque société ou
par une personne qu'elle habilite à cet effet des registres de titres nominatifs émis par
cette société. Ils contiennent les mentions relatives aux opérations de transfert, de
conversion, de nantissement et de séquestre des titres, et notamment certaines
mentions : date de l’opération, identification de 1'ancien et du nouveau titulaire des
titres…(V. art. 746-1AUR).
Toutes les écritures contenues dans les registres doivent être signées par le
représentant légal de la société ou son délégué. Ces registres sont tenus à jours par
la société. L'AGO annuelle constate leur existence et donne son avis sur leur tenue
conforme suite au rapport du CAC annexé d’une déclaration des dirigeants attestant
de leur tenue conforme.
122
Nantissement des VM. Il est possible mais la société doit donner son consentement
et le projet de nantissement doit lui être adressé. Il se fait conformément aux
dispositions de l’AU portant organisation des suretés...
VM subordonnées (art. 747-1 AUR). Lors de l'émission de VM représentatives de
créances sur la société émettrice ou donnant droit de souscrire ou d'acquérir une VM,
il peut être stipulé que ces VM ne sont remboursées qu'après désintéressement des
autres créanciers. Dans ces catégories de VM, il peut être également stipulé un ordre
de priorité des paiements.
Deux catégories : les valeurs représentant une fraction du capital (1), celles ne le
représentant pas (2) et les valeurs mobilières composées (3).
a- Les valeurs mobilières représentant une fraction du capital social : les actions
L'on distingue les actions de numéraire dont le montant est libéré en espèces (que ce soit
par versement de fonds supplémentaires à la société, du fait du jeu de la compensation ou
encore en raison de l'incorporation de réserve ou de prime) et les actions d'apport qui
constate l'apport d'un bien autre que du numéraire.
Il ne faut pas oublier que l'apport réalisé par l'associé pour faire l'objet ou non d'un
remboursement ce qui fait qu'on peut avoir des actions de capital ou des actions de
jouissance.
Les actions de numéraire sont : « Celles dont le montant est libéré en espèce ou par
compensation de créances certaines, liquides et exigibles sur la société, celles qui
sont émises par suite d’une incorporation au capital de réserves, bénéfices, ou primes
d’émission, et celles dont le montant résulte pour partie d’une incorporation de
réserves, de bénéfices ou de primes d’émission et pour partie une libération en
espèces. Ces dernières doivent être intégralement libérées lors de la souscription ».
Toutes les autres actions sont des actions d’apport. 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Formes. Deux formes : actions nominatives, c’est à dire libellées au nom de leur
propriétaire et actions au porteur, c’est-à-dire celles permettant à leur détenteur de
faire valoir les droits y afférents, sans être connu de la SA. Ont la forme nominative,
les actions qui ne sont admises ni aux négociations sur une bourse des valeurs ni aux
opérations d'un dépositaire central (Art. 748-1 AUR). De même l'action de numéraire
est nominative jusqu’à son entière libération. L'action d'apport n'est convertible en
titre au porteur qu'après 2 ans.
Classification. Deux catégories : actions ordinaires ou actions de préférence.
• Les actions ordinaires.
Représentant le droit de l'associé dans la société, elles confèrent des droits : droit de
vote, droit au dividende et droit préférentiel de souscription.
Droit de vote. le droit de vote aux assemblées concrétise la participation de la porter en
capitale à un être social collectif qu'est la société. La décision stratégique ne peuvent se
123
prendre que collectivement. la souveraineté d'une société réside dans son assemblée. ce
doigt peut se décomposer de la manière suivante :
- Tout d'abord, le droit pour l'actionnaire ou son représentant plus ou moins librement choisis
Selon que la société est ou non côté, de se rendre aux assemblées, d'y accéder sans entrave.
Si l'actionnaire ne peut se déplacer et il convient que la société prévoit les moyens lui
permettant de s'exprimer à distance (vote par correspondance, visioconférence, ect.).
- ensuite, le droit qu'à tout actionnaire de prendre part aux délibérations des projets de
résolution soumis à l'examen critique de l'Assemblée ;
- enfin, il s'incarne dans l'exercice effectif du droit de vote don chaque actionnaire dispose
proportionnellement à sa participation, chaque action donnant droit à une voix au moins.
A chaque action, il est attaché un droit de vote proportionnel à la quotité du capital
et en principe, chaque action donne droit à une voix au moins. Mais, les statuts ou
l’A.G.E peuvent conférer aux actions nominatives, à la condition qu’elles soient
entièrement libérées et que le nom de l’actionnaire fasse l’objet d’une inscription
pendant au moins 2 ans, un droit de vote double. De même, le droit de vote double,
en cas d’augmentation de capital par incorporation de réserves, de bénéfices ou de
primes d’émission, peut être conféré aux actions nominatives attribuées gratuitement
à un actionnaire ancien. Toute action convertie au porteur perd le droit de vote
double.
124
au simple bailleur de fonds, soit dans le sens d'un cumul pour favoriser au contraire, la
pression exercée par le management le top managers.
- La nature des préférences
« il est bien difficile d'établir la liste des préférences positive ou négative qui pourront être
véhiculée par les actions de préférence dans l'imagination promis au pouvoir semble
débrider. Les préférences peuvent être positives comme négatives et se traduire par des
obligations supplémentaires imposer aux titulaires d'action de tel ou de tel autre catégorie.
L'on peut alors imaginer déposer au titulaire de certaines actions de préférence de laisser à
la disposition de la société, sous forme de compte courant, par exemple tout ou partie des
sommes quelle leur devrait, á quelques titres que ce soit ou encore de s'engager par avance
Au divers appel de fonds, quelle lancera, ou encore de restreindre l'assiette des bénéfices
distribuable à laquelle ils pourront prétendre ». Ces préférences sont prévues d’abord par
l’article 755 AUR et par l’article 778-1 de l’AUR : « Lors de la constitution de la société ou
au cours de son existence, il peut être créé des actions de préférence, avec ou sans
droit de vote, assorties de droits particuliers de toute nature, à titre temporaire ou
permanent. Ces droits sont définis par les statuts dans le respect des articles 543, 623
et 751 ci-dessus ». Les actions de préférence peuvent également être créées par
conversion d’actions ordinaires.
Aussi, les actions de préférence se traduisent à la fois par l’octroi de droits particuliers
(droits pécuniaires ou non financiers, cf. infra) et le retranchement de certaines
prérogatives (suppression du droit de vote, droit aux dividendes limité). En effet, le
terme « préférence » ne signifie pas que ces actions bénéficient exclusivement
d’avantages par rapport aux actions « classiques » ; elles peuvent être également
assorties de droits réduits en contrepartie de ces avantages. En tout état de cause,
les caractéristiques de ces actions sont très largement laissées à la liberté de
l’émetteur. Ainsi, le capital d’une société par actions peut être composé, soit d’actions
« ordinaires », soit d’actions « de préférence » (l’assemblée générale extraordinaire
est seule compétente pour décider de l’émission, du rachat et de la conversion de
ces actions au vu d’un rapport des organes sociaux et d’un rapport spécial du CAC
mais elle peut déléguer ce pouvoir), soit encore de ces deux types de titres.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Les actions de préférence ont de principales caractéristiques, elles peuvent :
- donner droit à des avantages pécuniaires (préférences pécuniaires) :
Dividende prioritaire (attribution d’un dividende d’un montant déterminé versé avant
toute autre affectation du bénéfice distribuable, en espèces ou en actions), les
dividendes gonflé à savoir une part plus importante de dividende, le premier
dividende, le préciputère c'est-à-dire le dividende est payé avant les autres
actionnaires, le fixe ou variable voir les deux à la fois le cumul avec un dividende
prélevé sur les bénéfices ultérieur s'ils n'ont pu être suffisant auparavant dividende
fixé par formule, droit prioritaire au remboursement lors de la liquidation, Droit
prioritaire au rachat, et le droit prioritaire ou boni de liquidation (en cas de liquidation
de la société, les actions donnent droit à un certain pourcentage du boni de
liquidation),
125
D'autres formules peuvent encore être envisagées, á savoir, le droit à privilégier sur
la distribution des réserves où le produit de la cession de certains actifs ou encore les
actions traçant qui permettent de percevoir un dividende sur le résultat d'une seule
branche d'activité de la société (filiale).
Selon l’article 779 de l’AUR des titres négociables qui dans une même émission,
confèrent les mêmes droits de créance pour une même valeur nominale. Ainsi,
l’obligation confère un droit de créance et il n’y pas d’égalité entre les obligataires
d’une même émission.
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
L'émission d'obligations n'est permise qu'aux SA et aux GIE constitués de SA, ayant
2 années d'existence et qui ont établi deux bilans régulièrement approuvés par les
actionnaires. Elle est interdite aux sociétés dont le capital n'est pas entièrement libéré.
De même, l'émission d'obligations à lots est interdite. L'AGE des actionnaires a seule
qualité pour décider ou autoriser l'émission d'obligations. Elle peut déléguer au CA
ou à l'administrateur général selon le cas, les pouvoirs nécessaires pour procéder à
l'émission d'obligations en une ou plusieurs fois dans le délai de 2 ans, et pour en
arrêter les modalités. Toute émission d'obligations réalisée en violation des articles
780 à 783 de l’AUR est nulle. Les obligations rachetées par la société émettrice et
remboursées sont annulées et ne peuvent être remises en circulation.
Les porteurs d'obligations d'une même émission sont groupés de plein droit pour la
défense de leurs intérêts dans une masse qui jouit de la personnalité juridique. Mais,
s’il y a émissions successives d'obligations, la société peut, lorsqu'une clause de
126
chaque contrat d'émission le prévoit, réunir en un groupement unique les porteurs
d'obligations ayant des droits identiques. Celui-ci est représenté selon la volonté de
l'AG des obligataires par un 1 à 3 mandataires. Le mandat de représentant de la
masse ne peut être confié qu'à des personnes physiques ou morales résidentes dans
l'Etat partie du lieu du siège social de la société débitrice. Ce mandat ne peut être à
certaines personnes clairement identifiées par l’article 787 de l’AUR. En cas d'urgence,
les représentants de la masse peuvent être désignés par le juge compétent à la
demande de tout intéressé. Ils sont révocables par l’AG des obligataires.
Les représentants du groupement ont, sauf restriction décidée par l'AG des
obligataires, le pouvoir d'accomplir au nom du groupement et de tous les obligataires
tous les actes de gestion pour la défense des intérêts communs des obligataires. Ils
ne peuvent s'immiscer dans la gestion de la société. Ils peuvent participer aux AG des
actionnaires mais sans voix délibérative. Ils ont le droit d'obtenir communication des
documents mis à la disposition des actionnaires et dans les mêmes conditions que
ceux-ci.
D. Les valeurs mobilières composées (art. 822 et s. AUR)
127
convertibles en actions (OCA), des obligations avec bons de souscriptions d’actions
(OBSA), des obligations échangeables contre des actions (OEA), des obligations
remboursables en actions (ORA), des obligations convertibles et/ ou échangeables en
actions nouvelles ou existantes (OCEANE), des obligations à bon de souscription
d’action remboursable (OBSAR), des bons de souscriptions d’actions (BSA) ou encore
des bons autonomes de suscription à des obligations (BSO).
128
Clause de préemption : (qui oblige l’actionnaire candidat cédant à les proposer
d’abord aux bénéficiaires du pacte de préférence, que ceux-ci soient actionnaires ou
tiers). Elle permet de ce fait de stipuler que l'actionnaire qui entend céder tout ou
partie de ses actions est tenu de le notifier à un ou plusieurs autres actionnaires, qui
peuvent faire connaitre au cédant qu'ils exercent un droit de préemption aux prix et
conditions qui lui ont été notifiés. La violation cette clause emporte nullité de la
cession. Pour les conventions extrastatutaires, il en est ainsi s’il est démontré que l'un
des bénéficiaires en avait connaissance ou ne pouvait en ignorer l'existence. La clause
de préemption peut être invoquée en cas de cession à des tiers comme en cas de
cession entre actionnaire. A cet effet, peut être stipulé dans les statuts ou dans les
pactes d’actionnaires que l’actionnaire qui entend céder tout ou partie de de ses
actions est tenu de le notifier (l’AU ne prévoit pas de règle de procédure ou de
notification particulière en cas de préemption) à un ou plusieurs autres actionnaires,
qui peuvent faire connaitre au cédant qu’ils exercent un droit de préemption aux prix
et conditions qui lui ont été notifiés. En cas de clause de préemption statutaire, toute
cession d’action réalisée en violation de cette clause est nulle. Il en est de même en
cas de clause de préemption prévue dans un pacte d’actionnaires, des lors qu’il est
démontré que l’un des bénéficiaires en avait connaissance ou ne pouvait en ignorer
l’existence. Une sanction sous forme de dommage et intérêts restent applicable sur
le terrain de la responsabilité civile.
Le transfert des VM : s’opère par l’inscription des valeurs mobilières au compte-titre
de l’acquéreur. L’AU consacre la dématérialisation obligatoire des valeurs mobilières.
D’après l’article 744-1 AU toutes les valeurs mobilières doivent désormais être
inscrites en compte au nom de leur propriétaire et se transmettent par virement de
compte à compte. Ces VM sont négociables, c’est-à-dire qu’elles se transmettent de
façon simplifiées, sans qu’il soit besoin d’en passer par les formalités de la cession de
créance.
129
Le projet de nantissement doit avoir été préalablement adressé à la société par tout
moyen permettant d'établir sa réception effective par le destinataire et indiquant les
noms, prénom et le nombre d'actions devant être nanties. L’accord résulte soit d'une
acceptation du nantissement communiquée dans les mêmes formes que la demande
d'agrément du nantissement, soit du défaut de réponse dans le délai de 3 mois à
compter de la demande.
Si la société donne son consentement à un projet de nantissement d'actions, celui-ci
emporte agrément du cessionnaire en cas de réalisation forcée des actions nanties, à
moins que la société ne préfère racheter ces actions sans délai en vue de réduire son
capital.
SECTION III.
OPERATION DE MOFICATION D’ACTIVITES (LA
RESTRUCTURATION DE LA SA)
A- La fusion ou la scission
La fusion (du latin fusio) est l’une des techniques les plus utilisées. Elle est dite pure
et simple, lorsque deux sociétés associent leurs actifs pour se fondre juridiquement
dans une nouvelle société. La fusion peut également consister en l’absorption d’une
société par une autre société, qui par delà va faire disparaître juridiquement la société
absorber et elle va s’approprier son capital. La fusion par absorption présente donc 3 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
caractéristiques essentielles: l’existence préalable d’au moins deux sociétés; le
transfert de l’ensemble du patrimoine, activement et passivement et engagements,
de la ou des sociétés absorbées à la société absorbante, sauf fusion partielle; la
dissolution sans liquidation de la ou des sociétés absorbées. On rappelle qu’on parle
de fusion-scission lorsqu’une société se scinde en deux ou plusieurs autres sociétés
nouvelles. Elle se distingue de l’apport partiel d’actifs qui consiste pour une société
à apporter une partie de son patrimoine à une autre société tout en conservant sa
structure juridique d’origine.
La fusion est décidée par l’A.G.E de chacune des sociétés qui participent à
l’opération. Elle est soumise à la ratification des assemblées spéciales d’actionnaires.
67
Dictionnaire LAROUSSE maxi poche, 2014, p.1214.
130
Le CA de chacune des sociétés qui fusionnent établit un rapport mis à la disposition
des actionnaires. Un ou plusieurs commissionnaires à la fusion établissent un rapport
écrit sur les modalités de la fusion. Ce ou ces commissaires sont désignés par le juge.
Toute société qui participe à la fusion doit mettre à la disposition des
actionnaires 15 jours au moins avant la date de l’A.G, le projet de fusion, les états
financiers de synthèse etc. Le projet de fusion est soumis aux assemblées
d’obligataires des sociétés absorbées.
La société absorbante est débitrice des créanciers non obligataires de la
société absorbée aux lieu et place de celle-ci, sans que cette substitution emporte
novation. Les créanciers non obligataires des sociétés participant à l’opération de
fusion, y compris les bailleurs de locaux loués aux sociétés apportées, et dont la
créance est antérieure à la publicité donnée au projet de fusion peuvent s’opposer à
la fusion. Le juge peut rejeter ou ordonner soit le remboursement des créances, soit
la constitution de garanties si la société en offre et si elles sont jugées suffisantes. Tant
que le remboursement des créances ou la constitution de garanties ordonnées n’aura
pas été faite, la fusion est inopposable aux créanciers non obligataires. L’opposition
ne constitue pas un obstacle à la poursuite de l’opération de fusion.
Ø Scission
Les règles sus énoncées s’appliquent à la scission. Le projet de scission est soumis
aux A.G d’obligataires de la société scindée. Les sociétés bénéficiaires de la scission
sont débitrices solidaires des obligataires et des créanciers non obligataires de la
société scindée.
La transformation est « l’opération par laquelle une société change de forme juridique
par décision des associés (article 181 alinéa 1). Autrement dit, elle est le passage
d’une forme sociale à une autre. La transformation se définit comme le changement
de la forme juridique de l’établissement. Elle n’entraîne ni la création d’une personne
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
morale nouvelle ni la dissolution de la société. La transformation se traduit par une
modification des statuts. Cette transformation est soumise (article 690 AU) à 3
conditions. Ainsi, au moment de sa transformation, la S.A doit être constituée depuis
au moins deux ans et doit établir et faire approuver par les actionnaires le bilan de ses
deux premiers exercices. De plus, la décision de transformation est prise à la suite du
rapport du C.A.C certifiant que l’actif net est au moins égal au capital social. Ces
règles ne s’appliquent pas lorsque la S.A se mue en SNC ou en SCS. Ici la transformée
est décidée à l’unanimité des actionnaires (article 692) sans considération des trois
conditions prédéfinies n’est plus requise. Cette règle de l’Unanimité est requise pour
toute transformation d’une société en SAS (article 853-6 AU). Il en résulte qu’une SA
souhaitant cette forme sociale, devrait obligatoirement requérir l’unanimité de ses
actionnaires. Par ailleurs, si la S.A se mue en S.A.R.L, c’est l’A.G.E qui en décide
conformément aux exigences attachées aux modifications statutaires de la SARL
131
(article 693 AU) Ainsi, la transformation s’effectuera au moins avec la majorité de ¾
(75%) des voix, et non celle de 2/3 (66,66%) des droits de vote (5 article 551). La
transformation de la S.A est soumise à publicité au J.A.L.
68
- L'une des opérations suivantes sont visées: - une communication adressée sous quelque forme et par quelque
moyen que ce soit à des personnes et présentant une information suffisante sur les conditions de l‘offre et sur les
valeurs mobilières à offrir, de manière à mettre une personne en mesure d'envisager d'acheter ou de souscrire ces
valeurs ; - un placement de valeurs mobilières par des intermédiaires financiers dans le cadre soit d'une émission
soit d'une cession.
69
- Article 81-2 AUR : un investisseur qualifié est une personne ou une entité disposant des compétences et des
moyens nécessaires pour appréhender les risques inhérents aux opérations sur instruments financiers, telle que les
établissements de crédit et autres intermédiaires ou établissements financiers agrées ou règlementés dans les Etats
parties, les organismes de placement collectif ainsi que leurs sociétés de gestion, les entreprises d'assurance et de
réassurance, les sociétés de groupe d'assurance, les mutuelles et unions de mutuelles et les institutions de
prévoyance.
132
CHAPITRE III- LA SOCIÉTÉ PAR ACTION SIMPLIFIÉE (SAS)
Contrairement à des pays comme la France qui l’ont instituée par la loi du 3 janvier
1994 dans le but de fournir aux entreprises un instrument de coopération débarrassé
des rigidités administratives et fonctionnelles de la SA, la SAS apparait dans l’espace
OHADA comme une nouvelle forme sociale. A la faveur de la réforme de l’Acte
uniforme du 17 avril 1997 relatif aux sociétés commerciales et au groupement
d’intérêt économique réformé adoptée le 30 janvier par le 35e Conseil des ministres
tenu à Ouagadougou et ayant pleinement pris effet au 5 mai de l’année en cours
(v.JO OHADA, 4 févr. 2014), le législateur OHADA a rénové le droit uniforme des
sociétés porté par ce texte, consacrant un nombre considérable d’innovations. De
l’Acte uniforme susvisé, le fond a été sensiblement retouché, la physionomie aussi, au
point qu’il est question de bien plus qu’une simple « mise à jour »70. Au fond, et en ce
qui concerne particulièrement les structures juridiques de l’entreprise, l’on voit
apparaître notamment une nouvelle forme sociale, la société par actions simplifiées
(SAS), de son insertion notamment dans les dispositions listant les sociétés
commerciales en raison de certaines caractéristiques.
C’est une société instituée par un ou plusieurs associés et dont les statuts prévoient
librement l’organisation et le fonctionnement de la société et dans laquelle les
associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports
et leurs droits sont représentés par des actions. Mais les règles impératives de l’AUR
doivent être respectées.
La SAS est régie par les articles 853-1 à 853-23 de l’AUR. L’article 853-3 précise
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
que les règles concernant les SA s’appliquent dans la mesure où elles sont
compatibles avec les dispositions particulières aux SAS. C’est ainsi que s’applique à
la SAS les dispositions régissant les SA concernant : la constitution de la société
(libération, publicité), le contrôle, la dissolution, la liquidation, ainsi que celles relatives
aux valeurs mobilières (art. 694 à 822).
Toutefois, sont expressément exclues par l’article 853-3, les dispositions sur la
SA relatives au montant du capital social (art. 387, al. 1er), à son administration, aux
assemblées générales (art. 414 à 561), au délai nécessaire à sa transformation (art.
690). Les règles fixant le principe de proportionnalité du droit de vote et les conditions
du vote double sont également exclues (art. 751 à 753).
Il sera étudié sa création (Section I) et son fonctionnement (Section II).
70
J. Jehl, « OHADA : mise à jour 2014 de l’Acte uniforme sur les sociétés », JCP. G 2014/21-22, p. 1069.
133
Section I – La création de la SAS
Une société déjà existante peut être transformée en une SAS sans pour autant
donner naissance à une personne morale nouvelle (art. 181). Cependant, la décision
de transformation doit être prise à l’unanimité des associés (art. 853-6). Il en est de
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
même en cas de fusion-absorption d’une société par une société par actions
simplifiée. Toute délibération prise en violation de cette disposition serait nulle (art.
853-6).
71
Les dispositions sur la SA relatives au montant du capital social (art. 387, al. 1er) sont Exclues par l. 1 sur l853‐
3
134
Ces règles de fonctionnement social pour l’essentiel librement aménagé dans
les statuts de la SAS, sont simplifiées, adaptées aux besoins particuliers, et protègent
ainsi les intérêts individuels des participants. L’AU ne définit pas l'organisation interne
de la SAS : il revient aux statuts de la déterminer, en toute autonomie mais en
respectant certaines règles impératives : principes généraux du droit des sociétés tels
que l'intérêt social, l’égalité et les droits propres des associes ; règles légales,
partiellement empruntées à la société anonyme. Les statuts déterminent les organes
sociaux, leurs compétences, leur fonctionnement et les droits et obligations des
associes, dirigeants et autres participants à la SAS. Le principe est celui de la liberté
dans l’organisation de la SAS. Ce sont les statuts qui déterminent la structure et le
fonctionnement du pouvoir dans la société.
135
une fréquence à déterminer dans les statuts et statuer sur les décisions de gestion de
la société ou les décisions plus stratégiques.
Libre détermination par les statuts des décisions à prendre collectivement Les
associés disposent d'une compétence minimale réservée. Les modes de décision sont
déterminés par les statuts, dans le respect du droit de participation de chaque associe 2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
aux décisions collectives. En ce sens, les associés peuvent librement organiser leurs
relations et leur participation à l'exercice des pouvoirs au sein de la société.
Ainsi les statuts stipulent les formes et conditions de prises de décisions. Les
décisions prises en violation des clauses statutaires sont nulles. Chaque action donne
droit à une voix au moins.
- Décisions à prendre obligatoirement par les actionnaires
Pour ces décisions les modalités de consultation doivent être prévues dans les statuts,
au même titre que les conditions de quorum et de majorité.
• augmentation de capital,
• fusion, scission et apports partiels d’actif soumis au régime des
scissions,
• nomination du commissaire aux comptes,
136
• approbation des comptes annuels et affectation des bénéfices,
• perte de plus de la moitié du capital social,
• dissolution puis liquidation,
• transformation en une autre forme de société,
• contrôle des conventions réglementées conclues entre la SAS et son
président ou ses autres dirigeants.
Les décisions prises en violation de ces dispositions sont nulles. C’est le cas
aussi si elles sont prises de manière collective mais en violation des conditions
stipulées aux statuts.
Pour d’autres, l’unanimité des associés est exigée, sans possibilité de
déroger à cette majorité. Il s’agit des cas suivants :
• adoption ou la modification de certaines clauses statutaires touchant à
la stabilité de l’actionnariat (art. 853-22).
• (ex. modifications statutaires relatives à l’inaliénabilité des actions, à
l’agrément des cessions d’actions, à l’exclusion d’un actionnaire, à la
suspension des droits de vote ou à l’exclusion d’un associé dont le
contrôle est modifié, modification de dénomination
sociale, modification d’objet social, transfert du siège social de la SAS,
etc.).
• prorogation de la durée de la société,
Dans les sociétés ne comprenant qu’un seul associé, le rapport de gestion, les
comptes annuels et, le cas échéant, les comptes consolidés sont arrêtés par le
président. L’associé unique approuve les comptes, après rapport du CAC s’il en existe
un, dans le délai de 6 mois à compter de la clôture de l’exercice.
L’associé unique ne peut déléguer ses pouvoirs. Ses décisions sont
répertoriées dans un registre spécial. Les décisions prises en violation de ces
dispositions peuvent être annulées à la demande de tout intéressé. Lorsque l’associé
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
unique, personne physique, assume personnellement la présidence de la société, le
dépôt, dans le même délai au RCCM de l’inventaire et des comptes annuels dûment
signés vaut approbation des comptes.
- Décisions à prendre par les associés par l’effet d’une disposition statutaire
Pour toutes les autres décisions que celles évoquées ci-dessus, une décision
collective n’est pas imposée. Celle-ci peut toutefois être prévue par les statuts.
Si les statuts sont muets quant aux modalités de prise d’une décision, il
convient d’analyser si celle-ci va avoir pour effet de modifier les statuts de la SAS ou
non. Si c’est le cas, la décision ne pourra être prise qu’à l’unanimité des associés.
Les associés bénéficient pour une large part d’une grande liberté dans leur
rédaction et leurs choix de clauses.
137
PARAGRAPHE III– LES CONTROLES DANS LA SAS
En principe, le contrôle est assuré par les associés lorsqu’ils statuent sur les
comptes de l’exercice écoulé. Chaque année, un rapport de gestion portant sur le
dernier exercice écoulé doit être présenté en assemblée générale de la SAS pour
approbation par cette dernière. Mais un CAC peut également assurer le rôle de
contrôleur. Le commissaire aux comptes est un organe indépendant de contrôle de
la gestion et des comptes de la SAS.
Les commissaires sont désignés par une décision collective des associés (art.
853-11, al.2). Les règles applicables aux CAC exerçant dans les sociétés SA sont
transposables à la SAS. La désignation d’un ou plusieurs CAC est une simple faculté
offerte aux associés, sauf en cas de franchissement de certains seuils (art. 853-13). Il
en est ainsi, si la SAS remplit, à la clôture de l’exercice social, deux des conditions
suivantes :
1°) total du bilan supérieur à 125.000.000 de francs CFA ;
2°) chiffre d’affaires annuel supérieur à 250.000.000 de francs CFA ;
3°) effectif permanent supérieur à 50 personnes.
L’obligation de désigner un contrôleur légal des comptes est également prévue pour
les SAS qui contrôlent, au sens de l’article 174, une ou plusieurs sociétés, ou qui sont
contrôlées par une ou plusieurs sociétés (art. 853-13, al. 4).
Même si ces conditions ne sont pas atteintes, la nomination d’un commissaire
peut toujours être demandée en justice par un ou plusieurs associés représentant au
moins le dixième du capital (art. 853-13, al. 5).
Il est aussi un contrôle opéré par les associés. En fait, ils contrôlent les
conventions entre la société et ses dirigeants ou un associé important. A cet effet, les
statuts peuvent instaurer un organe de contrôle, que les associés sont également libre
d’appeler comme ils l’entendent (comité ou conseil de surveillance, comité
stratégique, comité consultatif, comité d’audit, comité de rémunération, etc.)
2024_Droit des groupements d’ affaires.IMD
Les conventions intervenues directement ou par personne interposée entre la
société et son président, ses dirigeants ou l’un de ses associés disposant de plus de
10 % des droits de vote ou la société contrôlant un tel associé, doivent être soumises
au contrôle des associés, de même que celles dans lesquelles ces personnes sont
indirectement intéressées (art. 853-14).
L’existence de telles conventions doit être portée à la connaissance du CAC
selon les modalités que les statuts devront fixées. En effet, le CAC, ou, s’il n’en a pas
été désigné, le président, doit présenter aux associés un rapport sur lequel ceux-ci
sont appelés à statuer.
Les personnes intéressées, directement ou indirectement, ne prennent pas part
au vote et leurs actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de
la majorité (art. 853-14, al. 1er et 2). Les délibérations violant ces dispositions sont
nulles (art. 853-14, al. 3).
138
Les conventions non approuvées produisent néanmoins leurs effets, à charge
pour la personne intéressée, et éventuellement pour le président et les autres
dirigeants, d’en supporter les conséquences dommageables pour la société (art. 853-
14, al. 4).
Les dispositions de l’article 853-14 ne s’applique pas aux conventions portant
sur des opérations courantes et conclues à des conditions normales (art. 853-15).
A peine de nullité de la convention, il est interdit au président et aux dirigeants,
ainsi qu’à leurs conjoints, ascendants ou descendants et autres personnes
interposées, de contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de
la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte-courant ou
autrement, ainsi que de faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers
les tiers. Cette interdiction ne s’applique pas aux personnes morales dirigeantes.
72
On utilise le concept de prime d’émission de capital lors des augmentations de capital de sociétés (on peut
également utiliser le terme de prime d’apport), afin d’égaliser les droits entre les actionnaires nouveaux et anciens
(les statuts de SAS pouvant prévoir des aménagements aux droits des associés).
139
Changement de contrôle. Les statuts peuvent prévoir l’obligation d’informer la
SAS en cas de changement intervenu dans le contrôle d’une société associée (par
cession, fusion, augmentation de capital, modification dans les droits de vote). La SAS
peut suivant les dispositions statutaires, suspendre l’exercice des droits non
pécuniaires de cet associé et l’exclure. Ces dispositions s’appliquent dans les mêmes
conditions à l’associé qui a acquis cette qualité à la suite d’une opération de fusion,
de scission ou de dissolution (art. 853-20).
Admission des clauses d’exclusion. Selon l’article 853-19 al.1 un associé peut
être tenu, dans les conditions fixées par les statuts, de céder ses actions et de quitter
la société. La suspension des droits non pécuniaires de cet associé peut être prévu
tant qu’il n’a pas réalisé la cession (art. 853-19, al. 2 AUR).
Si les statuts ne précisent pas les modalités du prix de cession des actions, dans
les hypothèses visées par les articles 853-18 à 853-20, ce prix est fixé par accord entre
les parties ou, à défaut, déterminé par expert. Lorsque les actions sont rachetées par
la société, celle-ci est tenue de les céder dans un délai de 6 mois ou de les annuler
(art. 853-21 AUR).
140