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UE1 - GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET SOCIALE

CHAPITRE N°16 - LA RESTRUCTURATION DE L’ENTREPRISE

LES FUSIONS DE SOCIÉTÉS

Les conditions et effets des opérations de fusion

L’opération de fusion est celle qui va permettre à plusieurs entreprises de n’en faire, au final,
plus qu’une. Elle peut résulter de 2 modes :
- par fusion-absorption : une société absorbante (dont la personnalité morale va
subsister) va absorber une société absorbée (dont la personnalité morale va
disparaître) ;
- par dissolution : les entités existantes disparaissent au profit d’une seule (ou
plusieurs) créée(s) à cette occasion.

● Les conditions de l’opération de fusion


Cette opération est ouverte à toute forme de société, y compris de natures juridiques
différentes.
En même temps que la demande d’inscription modificative faite au greffe de l’une
des sociétés bénéficiaires, une déclaration de conformité signée par chacun des
dirigeants des sociétés concernées doit être déposée au greffe du Tribunal de
commerce de chaque société concernée. Elle concerne notamment les SA, SAS, SE
et les fusions transfrontalières. Elle décrit les actes accomplis en vue de la fusion et
atteste que l’opération a été réalisée en conformité avec les textes en vigueur. Le
non-respect de cette formalité entraînerait la nullité de l’opération de fusion.

1re étape : rédaction et signature d’un projet par les dirigeants des entités
concernées, intitulé “traité de fusion”. Ses mentions obligatoires sont énumérées
dans le Code de commerce : forme, dénomination et siège social de toutes les
sociétés participantes : motifs, buts et conditions de la fusion ; désignation et
évaluation de l’actif et du passif dont la transmission aux sociétés absorbantes ou
nouvelles est prévue ; modalités de remise des parts ou actions ; dates auxquelles
ont été arrêtés les comptes des sociétés intéressées utilisés pour établir les
conditions de l’opération ; rapport d’échange des droits sociaux et, le cas échéant, le
montant de la soulte ; montant prévu de la prime de fusion ou de scission ; droits
accordés aux associés ayant des droits spéciaux et aux porteurs de titres autres que
des actions ainsi que, le cas échéant, tous avantages particuliers.
Le projet de fusion doit faire l’objet pour chaque société concernée d’un avis inséré
au BODACC sauf en cas d’une publication, au moins 30 jours avant l’AG, sur le site
Internet de la société. En outre, au cas où l’une des sociétés concernées fait appel
publiquement à l’épargne ou si l’ensemble des actions de l’une d’entre elle ne revêt
pas la forme nominative, un avis doit être inséré au Bulletin des annonces légales
obligatoires.
2e étape : nomination par le Tribunal de commerce, sur demande des dirigeants de
la société absorbée, d’un ou (plusieurs) commissaire(s) à la fusion. Il peut s’agir d’un
commissaire aux comptes, d’une personne figurant sur une liste d’experts près la
cour d’appel ou le Tribunal. La société absorbante doit également en nommer un qui
peut être le même.
Le (ou les) commissaire(s) à la fusion va(vont) : établir un rapport écrit relatif à la
fusion qui sera mis à la disposition des actionnaires au moins 30 jours avant l’AGE.
Le rapport a notamment pour objet de définir les modalités de la fusion et de vérifier
que les valeurs relatives attribuées aux actions des sociétés participant à l’opération
sont pertinentes et que le rapport d’échange est équitable.
Commissaire à la fusion obligatoire Commissaire à la fusion facultatif

En cas de fusion entre 2 sociétés par En l’absence à l’opération d’une SARL


actions. ou d’une société par actions.

En cas de fusion entre une société par Lorsque la société absorbante détenait
actions et une SARL. déjà la totalité ou au moins 90 % du
capital de la société absorbée. La fusion
est alors dite “simplifiée”.

Remarques :
- La décision de ne pas désigner un commissaire à la fusion, peut être prise
à l’unanimité par les actionnaires de toutes les sociétés participant à
l’opération.
- Le commissaire à la fusion engage sa responsabilité vis-à-vis des tiers des
fautes qu’il pourrait commettre à l’occasion de sa mission.
Chaque CA ou directoire des entités concernées doit expliquer et justifier le projet
d’un point de vue juridique et économique, dans un rapport écrit.

3e étape : les AGE des entités concernées devront délibérer aux conditions légales
et statutaires correspondant aux décisions entraînant une modification statutaire. En
cas de nullité de ces délibérations, l’opération, sauf régularisations, sera elle-même
nulle.
Depuis la loi PACTE, lorsque la valeur de la société absorbée est peu importante par
rapport à celle absorbante, l’AGE d’une société par actions peut déléguer au CA ou
au directoire le pouvoir de décider :
- la fusion (pour une durée maximum de 26 mois) ;
- les modalités définitives du projet de fusion (pour une durée maximum de 5
ans) ;
- une augmentation de capital attribuant des titres aux associés de la société
absorbée.

Remarque : lorsque la fusion intervient entre une entité possédant 100 %, ou au


moins 90 % du capital d’une autre, l’AGE est inutile, à moins que des actionnaires de
la société absorbante représentant au moins 5 % du capital social ne réclament en
justice la désignation d’un mandataire pour qu’il convoque une AGE chez la société
absorbante qui devra se prononcer sur le projet de fusion.
● Les effets de l’opération de fusion
En cas de fusion-absorption, la fusion prend effet à compter de la dernière AG qui a
approuvé l’opération sauf autre date prévue par le contrat de fusion mais qui ne peut
être antérieure à la date de clôture du dernier exercice clos de la société absorbée ni
postérieure à la date de clôture de l’exercice en cours de la société absorbante.
En cas de dissolution, la fusion prend effet à compter de l’immatriculation au RCS de
la société (ou de la dernière concernée si plusieurs sociétés sont créées).
L’opération de fusion va avoir 3 conséquences principales :
- la transmission universelle du patrimoine ;
Remarque relative aux créanciers obligataires : la société absorbante va
devenir débitrice des créanciers non obligataires. Les créanciers dont les
créances sont antérieures à la publicité de l’opération disposent d’un droit
d’opposition au projet de fusion qu’ils peuvent exercer au greffe du Tribunal
de commerce dans les 30 jours de la dernière insertion au JAL.
- la dissolution sans liquidation de la société absorbée ;
- des échanges de droits sociaux. Les associés de la société absorbée vont
automatiquement acquérir la qualité d’associés de la société absorbante.
C’est là l’une des conditions même de validité de l’opération. Il est possible
toutefois qu’une soulte soit versée en espèces mais à la condition qu’elle
reste inférieure à 10 % des nouveaux droits sociaux attribués.

Remarques :
- les mandats des dirigeants de la société absorbée s’arrêtent ;
- pendant une période maximum de 3 ans à compter de la fusion, le nombre
d’administrateurs ou de membres du conseil de surveillance peut atteindre
24.

Les conséquences sociales et fiscales des opérations de fusion

● Les conséquences sociales de l’opération de fusion


Concernant les contrats de travail, le Code du travail prévoit que tous ceux en cours
au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de
l’entreprise.
Concernant les conventions collectives et les accords d’entreprise, ils produisent des
effets jusqu’à l’entrée en vigueur de ceux substitués ou, à défaut, pendant un an à
compter de la durée du préavis de dénonciation (qui est de 3 mois).

● Les conséquences fiscales de l’opération de fusion


Le régime de droit commun assimile l’opération à une cessation d’entreprise et
impose pour la société absorbée les bénéfices d’exploitation non encore taxés (y
compris ceux antérieurs différés) et les plus-values réalisées sur les éléments de
l’actif de la société fusionnée.
Depuis 2019, les droits d’enregistrement ont été supprimés.
Une dispense de TVA s’applique.
Le régime de faveur permet de neutraliser plus-values et provisions (ne seront pas
soumises à l’IS les plus-values nettes et les profits dégagés sur l’ensemble des
éléments d’actif apporté) à condition de répondre à plusieurs obligations :
- l’opération ne doit pas pouvoir être considérée comme constitutive d’une
fraude ou d’une évasion fiscales ;
- les sociétés concernées doivent toutes être soumises à l’IS et avoir leur siège
social en France, dans l’UE ou un pays ayant conclu avec la France une
convention fiscale prévoyant une clause d’assistance administrative en vue
de lutter contre la fraude et l’évasion fiscales ;
- les apports concernés peuvent uniquement être ceux provenant d’actions ou
de parts sociales ;
- la société absorbante doit :
➢ reprendre à son passif les provisions dont l’imposition est différée
ainsi que la réserve spéciale où la société absorbée a porté les
plus-values à long terme soumises antérieurement au taux réduit de
10 %, de 15 %, de 18 %, de 19 % ou de 25 % ainsi que la réserve où
ont été portées les provisions pour fluctuation des cours ;
➢ se substituer à la société absorbée pour la réintégration des résultats
dont la prise en compte avait été différée pour l’imposition de cette
dernière ;
➢ calculer les plus-values réalisées ultérieurement à l’occasion de la
cession des immobilisations non amortissables qui lui sont apportées
d’après la valeur qu’elles avaient, du point de vue fiscal, dans les
écritures de la société absorbée ;
➢ réintégrer dans ses bénéfices imposables les plus-values dégagées
lors de l’apport des biens amortissables ;
➢ inscrire à son bilan les éléments autres que les immobilisations pour
la valeur qu’ils avaient, du point de vue fiscal, dans les écritures de la
société absorbée.

Remarque : une rétroactivité est possible concernant l’IS si le traité de fusion


comprend une clause en ce sens. Elle peut remonter jusqu’à la date d’ouverture de
l’exercice en cours de la société absorbante si elle est postérieure.

Formalités postérieures à l’opération :


- annuellement, un état de suivi des plus-values en sursis d’imposition doit être
joint à la liasse fiscale (à déposer au centre des impôts dans les 45 jours de
la TUP) ;
- doit être établi un registre des plus-values sur éléments d’actifs non
amortissables et mis à disposition de l’administration.

● La Société Européenne comme alternative aux difficultés que posent la fusion


entre sociétés de nationalités différentes ?

➢ Les différentes formes de constitution d’une Société Européenne


Cette forme particulière de SA peut résulter :
- de la fusion d’au moins 2 SA (si elles sont établies dans 2 pays
différents de l’UE) ;
- d’une société holding (pour des SA ou SARL) ;
- d’une transformation d’une SA de droit national ;
- la création d’une filiale commune à plusieurs sociétés.
Elle présente pour intérêt de soumettre l’entité à des règles unifiées.
Toutefois, les droits nationaux s’appliquent de façon superposée au droit de
l’UE.

➢ Les avantages et inconvénients de la Société Européenne


Les inconvénients

- Le formalisme à respecter : rédaction des statuts, publication d’un avis


de constitution au JOUE, immatriculation où la société possède son
siège social (et qui doit correspondre au lieu de son administration
centrale) et réunion d’une importante documentation.
- Le statut juridique de la SE n’est pas totalement unifié par les textes
européens. Ceux-ci se superposent dans chaque pays à des règles
nationales.
- Le capital minimum est de 120 000 €.

Les avantages

- Dans ses statuts, la SE peut opter soit pour une gouvernance avec un
organe d’administration, soit pour un organe de direction et un organe
de surveillance.
- Après 2 ans, la SE peut se transformer en SA.

Les avantages en cas de constitution par fusion

- La SE présente notamment pour avantages de faciliter la fusion


puisqu’il est inutile de créer une forme juridique nouvelle et puisque le
transfert du siège social est automatique (contournant ainsi l’obstacle
des législations nationales refusant que le transfert puisse permettre
la continuité de la personne morale initiale).
- Lorsqu’elle est née d’une fusion, la SE est imposée selon les règles
de l’Etat où se situe son siège social après compensation des pertes
subies par un des établissements situés dans un État membre et les
bénéfices réalisés par d’autres établissements situés dans d’autres
États membres.

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