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Les implications juridiques, fiscales et sociales de l’existence d’un groupe

I. La constitution des groupes et les garanties en leur sein

A. Les prises de participation, déclarations de seuils et critères de contrôle

1. Le pourcentage de détention du capital

L’achat de parts ou actions du capital d’une société par une autre découle de stratégies
diverses :
- l’achat d’un faible pourcentage du capital peut ne correspondre qu’à une simple
volonté de placement ;
- l’achat aboutissant à la détention d’entre 10 et 50% du capital peut être qualifié de
participation instituant une relation durable entre les 2 entités ;
- l’achat de plus de la majorité du capital démontrera la volonté de contrôle de la
société acheteuse mère sur l’émettrice devenue fille.

Remarques :
- L’autocontrôle résulte de la possession de ses propres actions par une société par
l’intermédiaire d’une ou plusieurs autres qu’elle contrôle. Les droits de vote de ces
actions ne peuvent être utilisés en AG.
- Les participations croisées (ou réciproques) sont interdites entre sociétés par actions
ou lorsque l’une d’entre elles l’est. Elle résulte d’une participation réciproque
supérieure à 10% du capital. Les actions excédentaires doivent être cédées dans le
délai d’un an, les droits de vote qui y sont attachés ne peuvent être exercés mais la
chambre commerciale de la Cour de cassation refuse de considérer pour autant nulle
la cession.

2. Les franchissements de seuils et autres changements nécessitant une


Déclaration à l’AMF

Les personnes physiques et morales sont obligées de déclarer le franchissement de seuils


(dans les 4 jours de bourse) au fur et à mesure qu’elles acquièrent un pourcentage plus
important du capital d’une société cotée. Cette information doit être réalisée auprès de la
société dont les parts sont acquises et de l’AMF qui publiera l’information sur son site
Internet. Il s’agit ainsi, selon le Conseil constitutionnel, d’éviter les prises de participation
occultes, d’assurer une certaine transparence des marchés et loyauté dans les relations
entre la société et ses membres et entre ses membres. Les statuts peuvent toutefois ajouter
d’autres seuils.

Déclaration de franchissements de seuils (actions sur un marché réglementé)

Déclaration à réaliser à chaque fois que l’un des seuils suivants est dépassé : 5% , 10% (*),
15% (*), 20% (*), 25% (*), 30% (* + **), 33,33%, 50%, 66,66%, 90%, 95%

(*) L’acheteur doit en outre indiquer ses objectifs dans les 6 mois qui suivront.
(**) Franchissement qui doit s’accompagner du déclenchement d’une OPA.
Sanctions en cas de non-respect :
- civile : privation des droits de vote attachés aux actions excédant la fraction non
déclarée pour toute assemblée qui se tiendra durant les 2 années suivant la date à
laquelle l’actionnaire régularise le défaut de déclaration ;
- administrative, de l’AMF : pouvant aller jusqu’à 100 millions d’euros ou 5% du CA
annuel total ou à 10 fois l’avantage retiré ou les pertes évitées s’ils peuvent être
déterminés ;
- pénale : amende de 18 000 €.

Remarque : les personnes agissant de concert sont tenues solidairement de déclarer les
seuils qu’elles franchissent ensemble.

Déclaration préalable à une OPA/OPE

L’initiateur d’une offre doit publier un communiqué et déposer auprès de l’AMF une note
d’informations présentant aux investisseurs ses caractéristiques.

Déclaration des pactes d’actionnaires

Malgré le caractère confidentiel des pactes d’actionnaires, dès lors qu’une clause prévoit
des conditions préférentielles de cession ou acquisition d’au moins 0,5% du capital ou des
droits de vote d’une société cotée sur un marché réglementé, elle doit, dans les 5 jours de
bourse, être communiquée à l’émetteur et à l’AMF qui rendra l’information publique. A défaut
de transmission, les effets de cette clause sont suspendus, et les parties déliées de leurs
engagements, en période d’offre publique.

3. Les critères autres que capitalistiques de l’existence d’un contrôle

Loi et jurisprudence ne se contentent pas de mesurer le seuil de détention capitalistique


pour présumer ou identifier l’existence du contrôle d’une société.

L’article L. 233-3 du Code de commerce relatif aux filiales, participations et des sociétés
contrôlées, prévoit que le contrôle pourra résulter des situations suivantes : détention de la
majorité des droits de vote, possibilité de déterminer en fait, par ses droits de vote les
décisions en AG, pouvoir de nommer ou de révoquer la majorité des membres des organes
d’administration, de direction ou de surveillance de cette société, disposition de plus de 40%
des droits de vote sans qu’aucun autre associé ou actionnaire ne détienne directement ou
indirectement une fraction supérieure.

L’article L. 233-16 du Code de commerce relatif aux comptes consolidés indique qu’une
société est présumée en contrôler une autre dans 3 autres situations :
- en cas de détention de la majorité des droits de vote ;
- en cas de désignation pendant 2 exercices successifs de la majorité des membres
des organes d’administration, de direction ou de surveillance d’une autre entreprise.
Cette situation est présumée lorsque la société consolidante a disposé de plus de
40% des droits de vote et que personne d’autre ne détenait une fraction supérieure à
la sienne ;
- lorsque la société exerce une influence dominante sur une autre du fait d’un contrat
ou de dispositions statutaires.
B. Les garanties octroyées au sein du groupe

1. La garantie à première demande (ou garantie autonome)

Il s’agit d’une garantie autonome qui ne fait aucune mention d’un contrat principal. Ainsi, le
garant s’engage à première demande ou selon des modalités convenues, à verser une
somme d’argent sans pouvoir soulever d’exceptions.

2. La lettre d’intention (ou lettre de confort ou lettre de parrainage)

Elle consiste à garantir par écrit le soutien de la mère à ce que sa fille respecte un
engagement de faire ou de ne pas faire. Sa force est variable et découle du contenu de sa
rédaction :
- elle ne comporte qu’une obligation de moyens lorsque l’auteur s’engage à faire de
son mieux pour faciliter l’exécution de l’obligation mais ne s’engage pas lui-même à
l’atteinte d’un résultat précis ;
- elle comporte une obligation de résultats lorsque l’auteur s’engage sur un résultat
déterminé avec précision.

II. Les règles sociales applicables au groupe

A. Les relations individuelles du travail au sein du groupe

1. La possibilité pour un dirigeant d’une société mère de prononcer un


licenciement dans une filiale

Pour la Cour de cassation, le licenciement d’un cadre d’une entité d’un groupe est possible
par un représentant légal d’une autre entité du groupe. Le dirigeant ayant prononcé le
licenciement ne peut pas être considéré comme un tiers dès lors que la société mère à
laquelle il appartient supervisait les activités de la personne licenciée dans l’autre entité.

2. L’absence d’obligation de reclassement au sein d’une entité étrangère du


groupe en cas de licenciement économique

Les difficultés économiques justifiant des licenciements économiques sont évaluées au seul
niveau national et l’obligation de tentative de reclassement prévue dans le Code du travail
se situe au même niveau. Concernant cette dernière obligation, la Cour de cassation a
indiqué que la recherche de reclassement devait être suffisamment personnalisée.

3. Le détachement

Le détachement d’un salarié dans une entité du groupe en France ou à l’étranger est
possible sous plusieurs conditions : l’accord du salarié, que la situation soit temporaire donc
non assimilable à une mutation (pas plus de 24 mois), l’accomplissement de déclarations.
Le Code du travail indique explicitement que le détachement entre entreprises du même
groupe n’entraîne pas la destruction du contrat de travail.
Une obligation de reclassement d’un salarié détaché dans une entité du groupe à l’étranger
découle du Code du travail indiquant : “Lorsqu’un salarié engagé par une société mère a été
mis à la disposition d’une filiale étrangère et qu’un contrat de travail a été conclu avec cette
dernière, la société mère assure son rapatriement en cas de licenciement par la filiale et lui
procure un nouvel emploi compatible avec l’importance de ses précédentes fonctions en son
sein”.

4. Le prêt de main-d’oeuvre et ses limites

Le prêt de main-d'œuvre consiste en la mise à disposition d’un salarié, avec son accord et
par la signature d’une convention spécifique, auprès d’une entreprise utilisatrice pour
exécuter un travail, et ce, sans que le contrat de travail ne soit transféré ou suspendu.

Cette pratique est licite si elle est réalisée sans but lucratif (l’entreprise prêteuse ne facture
que les salaires, charges et frais professionnels liés au salarié). Elle est encadrée par le
Code du travail qui en indique les interdictions (sauf exceptions). Il prévoit en cas d’usage
illicite : 2 ans de prison et une amende de 30 000 € pour une personne physique et
150 000 € pour une personne morale.

A titre d’exception, le Code du travail autorise des mises à disposition allant jusqu’à 2 ans
dans des PME de moins de 8 ans ou ayant moins de 250 salariés et lorsque l’entreprise
prêteuse appartient à un groupe d’au moins 5 000 salariés. Les opérations de prêt de
main-d’oeuvre réalisées dans ces conditions sont réputées ne pas avoir de but lucratif pour
les entreprises utilisatrices, “même lorsque le montant facturé par l’entreprise prêteuse à
l’entreprise utilisatrice est inférieur aux salaires versés au salarié, aux charges sociales
afférentes et aux frais professionnels remboursés à l’intéressé au titre de sa mise à
disposition temporaire ou est égal à zéro”.

Il convient à tout prix d’éviter les incriminations de prêt illicite de main-d’oeuvre constitué dès
lors que l’opération est à but lucratif et a pour objet exclusif le prêt de main-d’oeuvre ou de
délit de marchandage consistant en une opération à but lucratif de fourniture de
main-d’oeuvre ayant pour effet de causer un préjudice au salarié. Dans ce dernier cas, la
jurisprudence a indiqué que le prêt de main-d’oeuvre entre une société mère et sa fille,
constitutive d’un délit de marchandage, justifiait la rupture du contrat de travail par une prise
d’acte du salarié pouvant ensuite être qualifiée judiciairement de licenciement sans cause
réelle et sérieuse.

B. Les relations collectives du travail au sein du groupe

1. Le Comité de groupe

Instauré en 1982 et ayant des attributions différentes de celles dévolues au Comité


d’Entreprise et au Comité Social et Économique, le Comité de groupe est régi par le Code
du travail. Cette instance représentative du personnel doit être créée dès lors qu’une
entreprise dominante située en France contrôle une ou plusieurs filiales. Cette obligation
existe également lorsque peut être identifiée une immixtion dépassant le cadre normal d’une
entreprise en participation.
Il reçoit des informations sur l’activité, la situation financière et les prévisions d’emplois au
sein du groupe et a pour objectif principal d’assurer un dialogue social par l’expression
collective des salariés, permettant la prise en compte de leurs intérêts dans les décisions
relatives à la gestion et à l’évolution économique et financière.

Il comprend le chef de l’entreprise dominante et les représentants du personnel des


entreprises constitutives du groupe. Ceux-ci sont désignés pour 4 ans parmi les élus du
CSE par les organisations syndicales des entreprises du groupe. Le nombre maximum de
représentants est de 30 ou, lorsque moins de 15 entreprises du groupe d’au moins 50
salariés possèdent un CSE, le nombre de membres du Comité ne peut être supérieur au
double du nombre de ces entreprises. Le Comité possède la personnalité civile et peut être
assisté d’un expert-comptable accédant aussi aux informations financières des entités
étrangères.

La non-constitution ou la non-réunion du Comité de groupe est passible d’une peine de


prison d’un an et d’une amende de 3 750 €. L’atteinte au fonctionnement régulier est lui
sanctionné d’une amende de 7 500 €.

Un accord en son sein peut accepter sa suppression pour transférer ses prérogatives au
Comité d’Entreprise Européen.

2. Le Comité d’Entreprise Européen

Mis en place en 1994, il est prévu par le Code du travail et doit être mis en place dans les
entreprises de dimension communautaire, c’est-à-dire employant au moins 1 000 salariés
dans les Etats membres de la Communauté européenne ou de l’Espace Economique
Européenne (EEE) et comportant au moins un établissement employant au moins 150
salariés dans au moins 2 de ces Etats (les seuils sont pris en compte pour les 2 années qui
précèdent la mise en place). Il est mis en place par un accord signé entre la direction de
l’entreprise et un Groupe Spécial de Négociation.

Il est consulté sur des questions touchant plusieurs entités du groupe et doit accéder aux
informations utiles pour formuler des avis consultatifs. Il peut aussi être consulté
exceptionnellement lorsque des décisions sont susceptibles d’impacter l’emploi des salariés
et se faire assister par des experts.

3. L’implication des travailleurs au sein des SE et SCE

L’UE, en permettant dans sa législation, la création de groupes européens possédant la


personnalité morale comme les Sociétés Européennes ou les Sociétés Coopératives
Européennes a conditionné leur constitution au respect d’un certain nombre de dispositions
sociales.

La SCE ne peut s’immatriculer qu’après avoir mis en place préalablement un dispositif


d’implication des travailleurs. Il en est de même pour la SE. Les Directives prévoient la mise
en place d’un Groupe Spécial de Négociation en charge de déterminer avec les dirigeants,
par un accord, les modalités d’implication des salariés de chaque entité. A défaut d’un
accord dans les 6 mois, un régime par défaut est prévu.
4. Les accords conclus au sein du groupe

a. Les accords facultatifs au sein du groupe

Les conventions ou accords de groupe encadrés par le Code du travail peuvent concerner
l’ensemble des négociations prévues au niveau de l’entreprise, laissant les entreprises
choisir à quel niveau elles souhaitent négocier certains thèmes.

Si les accords de groupe ont toujours pu contenir des dispositions plus favorables aux
salariés que celles contenues dans d’autres accords, il leur est aussi possible depuis 2016,
s’ils le prévoient expressément, de déroger de manière défavorable à des droits accordés
aux salariés par l’accord de branche dans des accords d’entreprise ou d’établissement (sauf
pour ceux considérés relevant de l’ordre public conventionnel de la branche).

La négociation est effectuée entre l’employeur de l’entreprise dominante (et des personnes
mandatées par les autres entreprises) et des coordinateurs ou délégués syndicaux de
groupe issus des organisations syndicales représentatives de salariés. Pour être adoptés les
accords devront être signés par un ou plusieurs syndicats représentatifs ayant obtenu, au
1er tour des dernières élections professionnelles au moins 50% des voix (s’appréciant à
l’échelle de l’ensemble des entreprises ou établissements compris dans le périmètre de
l’accord).

L’accord de groupe fixe lui-même son champ et ses modalités d’application et doit le faire de
manière précise. La chambre sociale de la Cour de cassation a refusé que soit étendu à des
filiales un accord signé pour le compte de la société mère qui ne fixait pas son champ
d’application.

b. Les accords obligatoires au sein du groupe

Depuis 2005, la loi rend obligatoire tous les 4 ans la négociation d’un accord relatif à la
Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) dans les entreprises et les
groupes d’entreprises comprenant plus de 300 salariés et celles de dimension
communautaire comprenant au moins 150 salariés en France.

III. Les règles fiscales applicables au groupe

A. Le régime de l’intégration fiscale

L’intégration fiscale consiste à consolider les résultats fiscaux de toutes les sociétés d’un
groupe. Elle permet de réaliser une compensation intégrale des résultats, tant bénéficiaires
que déficitaires à l’intérieur du groupe. Ainsi, certains profits internes peuvent être
neutralisés (plus-values sur cessions d’immobilisations entre sociétés membres) et les
résultats déficitaires d’une société du groupe viennent compenser les bénéfices des autres
sociétés. Seule la société mère sera redevable de l’impôt pour l’ensemble des sociétés du
groupe.
1. Les conditions pour bénéficier du régime d’intégration fiscale

Le régime juridique de l’intégration fiscale permet de cumuler les résultats de la société


mère et des sociétés filiales si plusieurs conditions sont réunies. Si elles le sont, l’option
pour ce régime sera valable pour une durée de 5 ans renouvelable sans limite, et ce, par
tacite reconduction. L’iintégration fiscale la plus classique est dite verticale mais il en existe
également une dite horizontale (elles sont exclusives l’une de l’autre).

1re condition : la société mère doit détenir de façon continue au moins 95% du capital de
ses filiales (les titres des salariés ne sont pas pris en compte pour le calcul de ce seuil).
Cette détention peut être directe ou indirecte. A noter qu’une société détenant au moins 95%
du capital d’une autre société est considérée comme détenant la totalité du capital. La
détention de 95% du capital d’une société correspond à la possession en pleine propriété de
95% des droits à dividende et de 95% des droits de vote.

La détention indirecte correspond aux droits détenus par l’intermédiaire d’une ou plusieurs
société(s). Elle est caractérisée en multipliant les taux de participations détenues par les
sociétés qui appartiennent à une même chaîne de participation.

Remarque : la détention de 95% du capital par la société mère doit être réalisée de manière
continue pendant toute la durée de l’exercice. Lorsque ce taux cesse d’être atteint, la filiale
concernée est exclue du périmètre du groupe à compter de la date d’ouverture de l’exercice
au cours duquel cet événement est intervenu.

2e condition : le capital de la société mère ne doit pas être lui-même détenu directement à
plus de 95% par une société soumise à l’IS (ou alors la société mère pourrait être
considérée comme une filiale). Toutefois, la société mère peut être détenue indirectement à
95% ou plus par une autre personne morale soumise à l’IS, dès lors que cette dernière ne
détient pas plus de 95% du capital de la ou des sociétés intermédiaires.

3e condition : toutes les sociétés concernées doivent être assujetties à l’IS en France.
Cette imposition peut résulter soit du droit commun, soit d’une option. Les sociétés
exonérées en partie ou en totalité ne peuvent faire partie d’un groupe.

4e condition : toutes les sociétés concernées doivent clôturer leurs comptes à la même
date. Au maximum une fois tous les 5 ans, les sociétés peuvent décider de toutes changer
leurs dates de clôture.

5e condition : le régime de l’intégration fiscale étant un régime optionnel, chacune des


sociétés éligibles souhaitant faire partie du périmètre doit marquer son accord. Il n’est donc
pas obligatoire que toutes les sociétés éligibles l’acceptent pour que le régime s’applique.

6e condition : la société mère doit faire connaître son option pour ce régime au plus tard à
la date limite de déclaration du résultat de l’exercice qui précède.

7e condition : la société mère est redevable de l’IS pour l’ensemble du groupe (liasse
fiscale unique).
2. La jurisprudence de l’Union européenne en matière d’intégration fiscale

A deux reprises, la jurisprudence de la CJUE a condamné des législations nationales ayant,


selon elle, une vision trop restrictive des situations rendant possible l’intégration fiscale au
regard du droit communautaire.

Les sociétés étrangères ne peuvent bénéficier du régime d’intégration fiscale mais une
société mère française détenue par une société étrangère a le droit d’opter pour le régime
fiscal de groupe, si les filiales donnent leur consentement préalable à l’intégration. Il est
désormais possible d’intégrer au périmètre d’intégration fiscale une sous-filiale française
détenue indirectement par une filiale étrangère.

L’intégration fiscale horizontale, c’est-à-dire entre sociétés soeurs ou cousines a été rendue
possible par 3 décisions de la CJUE. Les sociétés soeurs ou cousines établies en France
mais détenues au moins à 95% par une société mère établie dans l’UE ou l’EEE peuvent
constituer un groupe fiscal intégré. En acceptant la consolidation de leurs résultats, elles
renonceront au report de leurs déficits non imputés. L’accord entre les soeurs ou cousines
pourra résulter de différents documents et notamment d’une attestation, mais il conviendra
qu’ils soient suffisamment clairs quant aux consentements des membres de l’intégration
invoquée.

3. Les modalités d’imposition du résultat du groupe

Le résultat d’ensemble va être déterminé par addition de chacun des résultats des sociétés
du périmètre de l’intégration fiscale mais en appliquant des corrections (notamment pour
éviter les doubles impositions) et des neutralisations (des plus et moins-values réalisées par
cessions à l’intérieur du groupe).

a. Si le résultat d’ensemble est bénéficiaire

Il sera imposé à l’IS au taux de droit commun (normal ou réduit en fonction des
circonstances).

Le bénéfice d’ensemble est imposable à l’IS au nom de la société mère. Elle en est la seule
redevable et est passible tant des acomptes que du solde d’impôt.

b. Si le résultat d’ensemble est déficitaire

Lorsque le résultat d’ensemble fait apparaître un déficit, il constitue une charge pour les
exercices suivants.

La société mère peut opter soit pour :


- le report en avant des déficits (régime de droit commun) ;
- le report en arrière (carry-back) qui ne peut dépasser 1 million d’euros (somme
majorée de 50% du bénéfice excédant ce seuil).
B. Le régime mère-fille

Ce régime optionnel a pour but principal d’éviter la double imposition de la fille à son niveau
puis à celui de sa mère en cas de distribution de résultats (en exonérant d’IS chez la mère la
taxation des dividendes reçus de ses filiales).

1. Les conditions d’obtention du régime mère-fille

- La société mère comme la filiale doivent être imposables à l’IS au taux de droit
commun.
- La société mère doit détenir en pleine propriété ou en nue-propriété des titres de
participation correspondant à au moins 5% du capital de la filiale.
- La participation doit être sous forme nominative (ou être déposée dans un
établissement désigné par l’administration).
- La société mère doit avoir détenu 5% du capital depuis au moins 2 ans.

2. Le fonctionnement du régime mère-fille

- C’est la mère qui peut opter annuellement (sur la liasse fiscale) pour ce régime.
- La mère sera exonérée du paiement de l’IS sur les produits reçus de sa fille
(dividendes, boni de liquidation…).
- En contrepartie, la mère devra réintégrer une quote-part des frais et charges
correspondant à 5% des dividendes reçus.

Remarque : ce dispositif peut être cumulé avec celui de l’intégration fiscale.

C. Le régime fiscal de la cession des titres de participation

1. Les titres de participation concernés

Il s’agit de ceux détenus par une société imposable à l’IS dans une autre société. Trois
catégories de titres sont concernées :
- ceux dont la possession durable est considérée comme utile à l’activité de
l’entreprise en permettant notamment de contrôler ou exercer une influence sur la
société émettrice ;
- ceux permettant de bénéficier du régime mère-fille ;
- ceux acquis dans le cadre d’une OPA ou d’une OPE par l’entreprise qui en est
l’initiatrice et à condition que les titres soient inscrits dans un compte ou sous-compte
spécial.
2. La fiscalité applicable

Long terme Court terme


(titres détenus depuis plus de 2 ans) (titres détenus depuis moins de 2 ans)

Plus-value nette Moins-value nette Plus-value nette Moins-value nette

0% Elle ne peut ni être Elle est imposable au taux Elle est mise en report
imputée ni reportée de droit commun. et ne peut être mise en
Est pris en compte (depuis le 01/01/2007). déduction.
pour la détermination
du résultat imposable
une quote-part de frais
et charges
correspondant à 12%
des plus-values de
cession.

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