Il s'agit de la cession par les associés majoritaires de leurs droits
sociaux ; dans les sociétés cotées, il existe des règles particulières (voir Fiche 13).
Les principes généraux concernant la cession
La cession est bien évidemment précédée d'une phase de négociation (voir Fiche l) et en général il est fait appel à un audit financier afin de pouvoir en évaluer le prix. Quant au contrat de vente, il est soumis aux conditions de validité des contrats (voir Fiche l) ; ainsi, le consentement ne doit pas être vicié (ici le dol peut provenir de la présentation de faux documents comptables) et le prix doit être déterminé ou du moins déterminable : il peut être fait appel à un audit ou à un expert qui fixera le prix, il est aussi possible d'insérer une clause de earn out (ou clause d'intéressement) selon laquelle le prix est lié aux performances futures de la société. L'acheteur bénéficie de la garantie du droit du contrat de vente, mais la garantie des vices cachés ne peut jouer que si l'acheteur démontre l'impossibilité de continuer l'activité (car le vendeur garantit l'existence des titres pas la solvabilité de la société). Les clauses de garantie de passif ou/et d'actif sont fréquentes dans ces cessions. Par ces clauses, le cédant garantit la véracité ou l'exactitude des informations fournies pour fixer le prix de vente. Leur but est de prémunir le cessionnaire contre toute aggravation du passif ou diminution de l'actif provenant d'un évènement inconnu au jour o de la cession, mais dont l'origine est antérieure, et qui se révèlerait postérieurement à la cession. De son côté, le cédant a fortement intérêt à préciser les catégories de dettes qu'il prend en charges (fiscales, sociales...) et à fixer un plafond à son engagement. Quant à la forme de la cession on distingue. — les cessions de droits sociaux non négociables : elles sont établies par écrit, notifiées à la société et, pour être opposables aux tiers, publiées au RCS • — les cessions de droits sociaux négociables : elles nécessitent un ordre de virement afin que le nouveau nom du propriétaire soit inscrit sur les registres de la société. Le transfert de propriété a lieu à la date de l'inscription des actions au compte du cessionnaire.
Les conditions d'agrément
Société civile Les cessions de parts à un tiers nécessitent l'agrément de tous les associés. Les cessions entre associés ou à un conjoint sont, en fonction des dispositions statutaires, soit libres, soit soumises à agrément. La loi ne prévoit d'agrément pour les cessions à des ascendants ou descendants mais les statuts peuvent en prévoir un. Le projet est notifié à la société et aux associés, le silence durant 6 mois vaut acceptation. En cas de refus de l'agrément, une solution de sortie doit être proposée à l'associé. SNC La cession se fait sur agrément à l'unanimité des associés et, à défaut d'accord, aucune solution de sortie n'a à être proposée à l'associé qui peut donc rester prisonnier de son titre (il peut alors conclure une convention de croupier). SARL L'agrément à un tiers se fait à la majorité des associés représentants la moitié des parts sociales, mais les statuts peuvent prévoir une majorité plus forte sans pour autant exiger l'unanimité. Le projet doit aussi être notifié à la société et le silence pendant 3 mois vaut acceptation. En cas de refus, une solution de sortie doit être proposée à l'associé détenant ses parts depuis au moins 2 ans. La cession entre associés et la cession familiale sont en principe libres mais les statuts peuvent prévoir un agrément qui ne peut pas être plus contraignant que celui pour les cessions à des tiers. SA Les actions sont négociables mais les statuts peuvent prévoir un agrément (dont les conditions sont fixées par les statuts) et, en cas de refus, une solution de sortie doit être proposée à l'actionnaire. SAS Les actions sont en principe librement négociables mais les statuts peuvent prévoir un agrément (ainsi que toutes les conditions), voire une clause d'inaliénabilité pendant 10 ans maximum. SCA Il faut l'unanimité des associés mais les statuts peuvent être plus souples en prévoyant par exemple que les cessions de parts des commanditaires entre associés sont libres ou qu'elles peuvent être cédées à des tiers avec le consentement de tous les commandités et de la majorité en nombre et en capital des commanditaires.
scs Les actions des commandités ne sont pas librement
négociables : mêmes règles que dans la SCS. Les actions des commanditaires sont librement négociables mais les statuts peuvent prévoir un agrément (mêmes règles que dans la SA).
Le régime fiscal de la cession des droits sociaux
Il convient de distinguer selon que les cessions portent sur des actions, ou sur des parts sociales. • Les cessions d'actions, de parts de fondateurs ou de parts bénéficiaires sont soumises à un droit de 0,1%. Dans les sociétés par actions cotées, le droit n'est exigible que si les cessions sont constatées par un acte. Dans les sociétés non cotées, le droit est exigible même en l'absence d'acte. • Les cessions de parts sociales dans les sociétés dont le capital n'est pas divisé en actions (SARL, sociétés civiles...) sont soumises à un droit de 3 %, qu'elles soient ou non constatées par un acte. L'assiette des droits est, en principe, le prix exprimé augmenté des charges qui peuvent s'ajouter au prix, ou I 'estimation des parties si la valeur réelle est supérieure au prix majoré des charges. Il est appliqué sur la valeur de chaque part un abattement égal au rapport : 23 000/Nombre total de parts de la société. Conclusion : La loi relative à l'économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014 crée, pour les entreprises de moins de 250 salariés, un droit d'information préalable au profit des salariés en cas de cession de fonds de commerce ou d'entreprise (plus de la moitié des parts de SARL ou d'actions ou valeurs mobilières donnant accès à la majorité du capital d'une société par actions). Le but est de faciliter la transmission de l'entreprise aux salariés ; de ce fait, ils doivent être informés 2 mois avant la cession afin de pouvoir proposer une offre de rachat. Sont exclues les cessions réalisées dans le cadre d'une succession ou d'une liquidation de communauté de biens ou d'une cession au conjoint, ascendant ou descendant ou encore dans le cadre d'une conciliation ou d'une procédure collective. La cession en projet peut être réalisée entre 2 mois et 2 ans après l'information des salariés. Si elle n'a pas eu lieu au bout de 2 ans, tout nouveau projet de cession doit être à nouveau notifié aux salariés. La cession peut intervenir avant l'expiration du délai de 2 mois dès lors que chaque salarié a fait connaître au cédant sa décision de ne pas présenter d'offre.