Vous êtes sur la page 1sur 7

GBANG DEZO ALEXANDRE CYRILLE

La clause d’agrément Statutaire dans


l'OHADA
GBANG DEZO ALEXANDRE CYRILLE + Follow

Published Jun 14, 2020

La cession de parts sociales constitue l’un des moments critiques durant lesquels la
gestion d’une Société peut basculer très souvent, soit par l’entrée d’un cessionnaire
qui ne serait pas animé par l’affectio societatis, soit par la naissance d’une
mésentente suite au refus opposé par certains associés. D’où l’intérêt d’encadrer
cette opération, qui malheureusement est très souvent prise à la légère par les
associés lors des rédactions des statuts. Pour se faire des contributions sont faites
tant par les parties elle‐même aux travers des statuts de la Société, que par le
Législateur à travers des textes et des lois, tel que l’acte uniforme relatif au droit
des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt économique pour la zone
OHADA qui nous intéresse.

Nous nous focaliserons sur les Sociétés par actions les plus courantes, en
occurrence les SA et les SARL. En effet au sein de ces deux types de sociétés la
Cession d’actions est caractérisée par le principe de la libre transmissibilité des
parts sociales entre associés et tiers, qui a pour fondement juridique l’Article 764
AUSCGIE pour les SA « Les actions sont en principe librement transmissibles
(…) », et pour les SARL, les Articles 318 Alinéa 1 AUSCGIE « Les statuts
organisent librement les modalités de transmission des parts sociales entre
associés. A défaut, la transmission des parts entre associés est libre », et 319
Alinéa 1 AUSCGIE « Les statuts organisent librement les modalités de
transmission des parts sociales à titre onéreux à des tiers étrangers à la
société (…)».

Nonobstant ce principe établit, des limitations sont prévues dans une nécessité
comme elle l’a été signalé plus haut d’encadrer les modalités de transmission des
parts sociales. D’où l’exigence pour l’associé cédant du consentement et de
l’agrément des autres associés. Le mécanisme auquel les associés font le plus
recours ici est la clause d’agrément.

En principe, les cessions de titres de sociétés par actions sont libres. Mais il
est possible d’insérer une clause d’agrément dans les statuts de toute société
par actions ﴾SA, SAS, SARL etc…﴿.

Toutefois elle peut faire l’objet d’une disposition extra‐statutaire, notamment à


travers le pacte d’associés. La rédiger dans le pacte d'actionnaires permet de garder
les modalités de celle‐ci confidentielles. Elle permet en tout état de cause de se
prémunir contre l'arrivée d'un actionnaire non voulu.

La clause d’agrément peut se définir comme un mécanisme qui impose


de soumettre toute cession de droits sociaux par un associé à un tiers à l’agrément
préalable des associés de la société.

Elle puise sa source dans les Articles 765 et suivants AUSCGIE pour les SA, et 319
et suivants du même acte pour les SARL.

A titre d’illustration, imaginons une société avec 03 associés : A, B et C. C souhaite


céder ses titres à un tiers, que l’on appellera D. S’il y’a un mécanisme d’agrément au
sein de la société, alors A et B devront donner leur accord à C pour que ce dernier
puisse céder ses titres à D.

La finalité de la clause d’agrément est de contrôler, voire de stabiliser


l’actionnariat de la société. Elle se justifie en particulier très bien dans les sociétés
avec un fort intuitu personae, dans lesquelles les associés veulent avoir un droit de
regard sur les nouveaux entrants dans le capital social, et éviter dans la mesure du
possible l’entrée d’indésirables ﴾des concurrents par exemple﴿. La clause d’agrément
permet donc aux associés de refuser l’entrée au capital social de personnes qui ne
seraient pas animées de l’affectio societatis.

Le fait de prévoir l'agrément des actionnaires permet aussi de contrôler l’évolution


de la répartition du capital social entre les actionnaires. Pour donner un exemple,
imaginons une répartition du capital de la sorte :

· Actionnaire X ﴾50%﴿,

· Actionnaire Y ﴾25%﴿,

· Actionnaire Z ﴾25%﴿.

X décide de céder ses parts à W. à moment‐là, pour éviter que W prenne la majorité
du capital, Y et Z peuvent décider de racheter les actions de X et de les répartir
entre eux. ﴾à condition d'avoir précisé cette obligation de rachat dans le pacte ou les
statuts﴿.

La demande d’agrément de l’associé cédant doit faire l’objet de publicité à l’égard


des autres associés. Elle doit notamment leur parvenir sous forme écrite avec
accusé de réception, tel que prévue aux Articles 767 AUSCGIE pour les SA et 319
Alinéa 2 du même acte pour les SARL.

Mais que se passe‐t‐il en l’absence d’agrément, c’est‐à‐dire dans le cas où les


associés refusent de donner leur accord à la cession au tiers ?

Très simplement, la société a alors l’obligation d’acquérir elle‐même, ou de faire


acquérir par les associés ou un tiers qu’elle aura choisi, les droits sociaux que
l’associé cédant souhaitait céder au cessionnaire pressenti. Ceci dans un délai de 03
﴾trois﴿ mois selon l‘Article 769 AUSCGIE pour les SA, et l’Article 319 Alinéa 4 pour
les SARL.

L’acte Uniforme nous précise également qu’à défaut d’une réponse de la société ou
des associés à l’expiration de ce délai de 03 ﴾trois﴿ mois, le consentement
ou l’agrément à la cession est réputé acquis. Article 768 AUSCGIE pour les SA, et
l’Article 319 Alinéa 3 pour les SARL.
Ainsi l’associé cédant peut après l’expiration de ce délai 03 ﴾trois﴿ mois, réaliser
librement la cession initialement prévue ou, selon son gré, renoncer à la cession et
conserver ses parts. C’est ce qui ressort des Article 771 AUSCGIE pour les SA, et
l’Article 320 pour les SARL.

L’inobservation de l’obtention du consentement des autres associés pour l’associé


cédant dans une SARL, entraîne la nullité de toutes transmissions de parts sociales.
Article 319 AUSCGIE

La conséquence de la violation de la clause d’agrément statutaire dans une SA,


entraîne la nullité de la cession des parts. Article 777‐1‐1 AUSCGIE « Toute cession
d’actions réalisée en violation d’une clause d’agrément est nulle ».

En définitive, s’il le principe de la libre transmissibilité des parts sociales est une
réalité, force est de constater que ses limitations, consacrées dans les textes en
vigueur notamment l’Acte uniforme régissant le droit des sociétés commerciales et
le groupement d’intérêt économique, constituent des « garde‐fous », aux dérives qui
pourraient surgir dans les cessions d’actions. La clause d’agrément permet donc aux
associés de refuser l’entrée au capital social de personnes qui ne seraient pas
animées de l’affectio societatis, et également de contrôler l’évolution de
la répartition du capital social entre les actionnaires. La clause d’agrément est
une clause qui subordonne la vente d’actions ou de parts sociales par un associé
à l’agrément de l’assemblée générale des associés ou d’un autre organe social.
Elle peut être prévue dans les statuts ﴾dès la constitution ou par insertion
ultérieure﴿ ou dans un pacte extra‐statutaire ﴾pacte d’associés﴿.

Pouvons‐nous dire parvenus au terme de notre analyse que tous les statuts des
Sociétés par actions comporteront des clauses d’agrément ? Nous serons forcés de
répondre par la négative, au regard de la pratique, notamment dans les cas des
Sociétés cotées en bourse. Ne faut‐il pas reconnaître que ce cas de figure ouvre une
brèche au déclin de la clause d’agrément qui ne pourra plus jouer son rôle de filtre
dans les statuts à l’entrée de nouveaux actionnaires au sein des grandes firmes ?

Like Comment Share 20 · 3 Comments

Tribunejustice. com 2y
Tribunejustice. com
1er Portail numérique pour les professionnels du droit vivant en Afrique et à l'étranger

Bonjour, votre article est intéressant, et tribunejustice souhaiterait publier votre article pour une
plus grande audience. Merci

Like · Reply 1 Reaction

See more comments

To view or add a comment, sign in

More articles by this author

LA RESTRUCTURATION DES L’AFFECTIO SOCIETATIS :


SOCIÉTÉS COMMERCIALES… UNE INTENTION OU UNE…
A LA6,LUMIÈRE
Aug 2020 DE L’OHADA COOPERATION?
Jul 18, 2020

Others also viewed


FOCUS SUR LES CLAUSES DE PREEMPTION, D’INALIENABILITE ET D’AGREMENT
DANS LE FONCTIONNEMENT DES SOCIETES COMMERCIALES REGIES PAR LE
DROIT OHADA
Mamadou SECK · 2y

La consultation écrite en droit OHADA


Joël Elifaz DANSOU · 3y

LES CAUSES DE DISSOLUTION DE LA SOCIETE


Teranga LeX · 1y

Le droit à l’information de l’investisseur en capital dans les SA et les SAS de droit


OHADA
Alyma Amar · 3y

La gouvernance des sociétés commerciales dans l’espace OHADA


Romain Battajon · 7y
FILIALE OU SUCCURSALE? : le bon choix pour étendre vos activités dans l'espace
OHADA
Petnga Ngonga Toussaint · 6y

Les actions de préférence, une rémunération idoine pour les investisseurs en


capital
Alyma Amar · 4y

LES CAUSES D’EXCLUSION DUN ASSOCIÉ EN DROIT OHADA.


Maître Cheikh Fall · 2y

La qualité d’associé ou d’actionnaire en droit OHADA


Lex Conseil · 5y

Fusion‐acquisition : les 3 étapes stratégiques


Vanessa ETTAHAR · 5y

Explore topics
Sales

Marketing

Business Administration

HR Management

Content Management

Engineering

Soft Skills

See All

© 2023 About

Accessibility User Agreement

Privacy Policy Cookie Policy

Copyright Policy Brand Policy


Guest Controls Community Guidelines

Language

Vous aimerez peut-être aussi