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Comment rémunérer un gérant de

SARL ?
Mis à jour le 19 mai 2021
Un gérant de SARL peut percevoir une rémunération
au titre de son mandat social. Comment sa
rémunération est-elle déterminée ? Quelles limites
respecter ?

Tous les gérants de SARL peuvent-ils être rémunérés ?


Un gérant de SARL peut recevoir une rémunération au titre de son mandat social ou de son
contrat de travail s'il exerce des fonctions techniques distinctes de son mandat.

Les associés conviennent librement dans les statuts ou par une décision collective des associés
des modalités de fixation et de versement de la rémunération du gérant de la SARL.

En pratique, il est fréquent que les statuts prévoient l'attribution d'une rémunération au gérant de
la SARL, la fixation du montant relevant d'une décision des associés.

En outre, un gérant de SARL qui bénéficie d'un droit à rémunération peut y renoncer, mais sa
renonciation ne doit pas être équivoque.

Le gérant de SARL peut-il décider de s'attribuer une


rémunération ?

Fixation de la rémunération du gérant de SARL par les


statuts ou les associés
La rémunération du gérant de SARL peut être :

 fixée par les statuts. Il faut éviter de prévoir une somme fixe car tout
changement dans sa rémunération obligerait à modifier les statuts et à payer des
frais de publication ;
 déterminée par une décision collective des associés. La loi n'interdit pas au
gérant de participer au vote mais cela reste déconseillé, surtout s'il est majoritaire.
Si les associés ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le montant de sa
rémunération, c'est le juge qui la fixera.

Une rémunération fixée pour une année ou un exercice précis ne vaut que pour celui-ci (Cass.
com. 15-3-2017 n° 14-17.873 F-D, Sté Silvestri Baujet c/ L.). Si la rémunération du gérant de
SARL n'a pas vocation à changer d'une année sur l'autre, il est préférable dans la décision
collective qui fixe cette rémunération, de ne pas préciser qu'elle est attribuée au titre d'un
exercice précis et d'ajouter, par exemple, que ce montant demeurera inchangé jusqu'à nouvelle
décision des associés.

Fixation de la rémunération par le gérant de SARL lui-


même
En aucun cas, le gérant de SARL ne peut décider de s'attribuer lui-même une rémunération ou
fixer son montant. Une telle décision constituerait une faute pouvant entraîner l'obligation de
restituer les sommes perçues et pouvant constituer un motif légitime de révocation.

Le gérant de SARL ne peut pas, même au titre de son contrat de travail, s'octroyer, sans l'accord
des associés, les majorations de salaires ou autres avantages qu'il consent au personnel en
général (CA Paris 3-3-1976).

La décision de rémunérer un gérant de SARL est-elle une


convention réglementée ?
La détermination de la rémunération du gérant d'une SARL n'est pas considérée comme une
convention, de sorte qu'elle échappe au régime des conventions réglementées.

Le gérant de SARL peut donc, s'il est associé, prendre part au vote, même s'il est majoritaire.
Toutefois, la décision concernant sa rémunération ne doit pas constituer un abus de majorité. Il
n'est pas rare en effet que le gérant d'une SARL s'attribue une rémunération importante avec
l'accord de la majorité des autres associés, soit parce qu'ils font partie de la même famille ou sont
amis.

Un abus de majorité est un vote contraire à l'intérêt de la SARL et qui a pour seul but de favoriser
les membres de la majorité au détriment des autres associés. Le ou les associés minoritaires
pourront demander en justice l'annulation de la décision de rémunération du gérant de SARL et
des dommages-intérêts contre le ou les associés majoritaires.
Si la société tarde à réagir et continue de rémunérer le gérant malgré la décision du Tribunal de
commerce, les associés pourront agir en référé.

La rémunération d'un gérant de SARL est-elle


plafonnée ?
La rémunération du gérant de SARL peut être modulée de diverses manières. Son montant peut
être :

 fixe. Cela est peu conseillé car tout changement nécessite une modification
des statuts et/ou une décision collective ;

 proportionnelle au chiffre d'affaires ou aux bénéfices ;

 fixe avec une part variable.

La rémunération doit être proportionnée à l'activité réelle


du gérant de SARL
La rémunération doit être proportionnée à l'activité réelle du gérant, à ses compétences, à ses
résultats ainsi qu'aux possibilités financières de la SARL.

Ce qui n'est pas le cas dans les hypothèses suivantes :

 le gérant de SARL perçoit, durant les premiers mois d'activité, une


rémunération représentant la moitié des frais généraux de la société ;

 le gérant de SARL perçoit une rémunération importante alors qu'il est


souvent absent.

La rémunération du gérant de SARL doit correspondre à


la situation financière de la société
Une rémunération excédant les capacités financières de la SARL constitue trois infractions
simultanées :

 une faute de gestion pouvant entraîner des sanctions pécuniaires à


l'encontre du gérant (faillite personnelle, interdiction de gérer, action en extension
du passif de la SARL), si la SARL vient à subir une procédure de redressement ou
de liquidation judiciaire ;
 un abus de bien sociaux ;

 un juste motif permettant de le révoquer sans indemnités.

Pour autant, un gérant de SARL peut percevoir une rémunération élevée, malgré les difficultés
financières rencontrées par la société, dès lors que cette rémunération n'a pas contribué à ces
difficultés et que celles-ci sont dues à des causes extérieures à la gestion du dirigeant

abus de biens sociaux


Le délit d'abus de biens sociaux (A.B.S. pour les initiés) article 363 alinéa 2 du code
pénal vise l'appropriation illégitime des biens de la société par les dirigeants.
Les affaires politiques ont médiatisé l'abus de biens sociaux. Délit dévoyé pour beaucoup
d'auteurs, arme redoutable utilisée par les juges pour punir la corruption, il peut être
extrêmement dangereux pour les dirigeants qui le réalisent, leurs complices et les
bénéficiaires. Cette menace tient au fait que nombre d'actes constitutifs du délit sont
considérés par beaucoup de dirigeants comme des avantages inhérents à leur fonction.
Confondant pouvoir et propriété, ils assimilent le patrimoine social de leur société au
leur. Cette erreur d'appréciation des faits conduit le dirigeant à commettre la faute de
gestion qualifiable d'abus de biens. Un actionnaire minoritaire, l'administration fiscale ou
le Commissaire aux comptes pourront, entre autres, peuvent porter 1'affaire devant les
tribunaux.

Sanctionnée par un emprisonnement d'un un mois à 3 ans, cette infraction est réalisée,
par le dirigeant de droit ou de fait, dans son intérêt personnel, par 1'usage abusif qu'il
fait des biens de l'entreprise, qu'il sait être contraire aux intérêts de celle-ci.

Ce délit est fréquemment commis, car il est humain ! En effet, tout homme qui détient
un pouvoir est tenté d'en abuser, et il arrive souvent qu'au motif de bénéficier d'une

« compensation » eu égard, notamment, au temps consacré a la bonne marche de son


entreprise, le dirigeant d'une société publique ou privée s'offre des avantages, tels la
prise en charge de dépenses personnelles par sa société.

Le délit d'abus de biens est particulièrement pervers. Dans la plupart des cas, le dirigeant
d'une PME a crée sa structure, et déploie tous ses efforts à la faire fructifier. Cette
société représente une part importante de ses activités et investissements. Il la considère
bien souvent comme « sa chose ». Comment lui expliquer que le patrimoine de sa
société, personne morale, est différent du sien, personne physique, et que tous les
transferts économiques entre ces deux personnes ne sont pas obligatoirement autorisés
par la loi ? Les dirigeants considèrent souvent les biens et le crédit comme les leurs
confondant pouvoir et propriété.

Exemple de cas d'abus de bien sociaux :

Prise en charge de frais de voyage n'entrant dans le cadre d'aucune mission, recrutement
abusif d'un personnel dont la qualification ne correspond pas à l'activité de l'entreprise
sous prétexte des services rendus à l'entreprise par le père de l'intéressé. Ainsi L'ABS est
un délit redoutable même pour les entreprises privées. Le détenteur des capitaux qui est
au service de sa société et qui en a le souci permanent, conçoit difficilement que le fait
d'inviter un ami au restaurant sur le compte de sa société constitue un ABS. Il considère
cela comme un avantage acquis. Il ne comprend pas d'ailleurs que de tels faits
constituent un délit sanctionné pénalement.

Ainsi certains d'entre eux s'en excusent devant les tribunaux de la manière suivante : «
tout le monde le fait ! ». De plus, certaines de ces pratiques constitutives d'ABS sont
indispensables à la vie des affaires: ne pas offrir de cadeaux ou ne pas verser de pots de
vins seront des motifs de perte de certains marchés potentiels. Tout détenteur d'un
pouvoir est tenté d'en abuser, sans se douter que cela peut entrainer un délit,
pénalement sanctionné.

Il faut tout de même reconnaitre que l'ABS n'est pas défini dans le code Pénal Algérien et
nos magistrats sont peu fourni en matière d'outils juridiques pour sanctionner un ABS il
ont recours souvent au seul article 363 alinéa 2 du code Pénal qui ne couvre pas à mon
avis tous les cas d'ABS. Il conviendrait éventuellement, par l'enrichissement de l'arsenal
juridique, de préciser la notion d'intérêt social. Fixer une échelle des peines permettant
de sanctionner plus nettement « le professionnel de l'ABS », que le délinquant
occasionnel.

Offrir des cadeaux est un acte qui permet d'entretenir de bonnes relations d'affaires,
mais cela peut devenir constitutif d'abus de biens sociaux, si les conditions suivantes se
trouvent réunies :

-le bénéficiaire n'a aucune relation avec l'activité de la société : c'est l'exemple dit du «
manteau de fourrure », offert par le dirigeant à une tierce personne aux frais de la
société sans intérêt pour celle-ci,

-La pratique des cadeaux est peu fréquente eu égard à l'activité de l'entreprise,

-Le nom du bénéficiaire ne figure pas sur la facture (non par oubli, mais par volonté de
dissimulation),

-Le montant et la valeur du cadeau sont anormalement élevés,

L'administration fiscale admet d'ailleurs leur déductibilité du résultat fiscal à condition :

. d'être faits dans l'intérêt de l'entreprise,

. de ne pas avoir une valeur exagérée,

. de ne pas avoir un caractère illicite.

La notion d'ABS dans les groupes de sociétés mérite également une attention
particulière, car aucun droit ne fixant les règles spécifiques. La difficulté est de savoir si
un acte réalisé au sein d'un groupe est constitutif du délit d'ABS, ou relève de la simple
qualification d'erreur stratégique de gestion de la part des dirigeants. Utiliser
massivement la trésorerie de la société mère ( sous forme de prêt sans intérêt,
annulation de créances, remise commerciale) pour venir en aide a une filiale qui tombe
par la suite en faillite est-ce une erreur de gestion due a une mauvaise évaluation des
perspectives d'avenir ou est-ce faire un abus des biens de la société mère ? Si le groupe
réalise des bénéfices, la question ne sera vraisemblablement pas posée ; mais en sera-t-
il de même s'il fait faillite ?

C'est pourquoi les conventions directes entre société mère et filiale, doivent être
soumises à un contrôle à deux degrés :

-tout d'abord une autorisation préalable de la convention,

-ensuite un vote en assemblée après lecture du rapport spécial du commissaire aux


comptes. Cette procédure a pour objectif d'assurer la transparence, l'équilibre des
opérations, l'égalité des actionnaires, voire d'empêcher d'éventuels abus de biens
sociaux.
L'Expert comptable peut être jugé de complicité d'abus de biens sociaux et de tenue de
comptabilité irrégulière s'il avait connaissance des ABS réalisés par les dirigeants et de
l'inexactitude des écritures qu'il portait et faisait porter.

Face à cette délinquance l'expert-comptable, sans pour autant s'investir de la tâche «


d'ange gardien » des sociétés, doit par ses conseils aider à la prévention et inciter son
client à la valeur d'intégrité et de civisme. S'il ne peut y parvenir, c'est lui-même qui
abordera l'attitude convenable, si nécessaire en abandonnant la mission qui lui était
contractuellement dévolue.il respectera ainsi le serment qu'il a prêté de «respecter et
faire respecter la loi dans l'exercice de ses fonctions» et n'entachera pas sa propre
intégrité en mettant ses paroles en application. Car comme l'écrivait SENEQUE : «il n'y a
pas d'hommes qui fassent plus de mal au genre humain que ceux qui vivent autrement
qu'ils n'enseignent à vivre».

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