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Les conventions conclues entre la SA et un dirigeant ou un actionnaire

I – Les conventions interdites


Il est interdit aux dirigeants, aux administrateurs personnes physiques et aux
membres personnes physiques du conseil de surveillance de :
• contracter des emprunts auprès de la société ;
Quoi ? • de se faire consentir par elle un découvert, en compte courant
d’associé ou autrement ;
• de faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers des
tiers.

Sont concernés par l’interdiction :


• le directeur général ;
• les DG délégués ;
Qui ? • les membres du directoire ;
• les administrateurs personnes physiques ;
• les membres personnes physiques du CS ;
• les représentants permanents des administrateurs personnes morales
ou des membres personnes morales du CS ;
• les conjoints, ascendants et descendants de toutes ces personnes
physiques ;
• toute personne interposée.

Attention ! La notion de convention interdite ne s’applique pas :


- aux administrateurs personnes morales ;
- aux membres personnes morales du CS.

Attention ! Dans les SA, contrairement aux règles applicables aux SARL, la
notion de convention interdite ne s’applique pas aux actionnaires.

Attention ! La notion de convention interdite est écartée si la SA exploite un


établissement financier.

Nullité absolue du contrat, invocable par :


Sanction • les associés ;
• les tiers y ayant un intérêt (né, actuel, légitime) ;
• les créanciers sociaux lésés pourvu que ceux-ci soient en mesure de
justifier d'un intérêt légitime.

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II – Les conventions réglementées

A. Le champ d’application des conventions réglementées

Constituent des conventions réglementées :


• Tous les contrats intervenus directement ou par personne interposée, entre la SA
et l’une des personnes suivantes, dès lors que ces contrats ne constituent pas des
conventions interdites :
- l'un des dirigeants (directeur général, directeur général délégué, membre du
directoire) ;
- l’un des administrateurs ou l’un des membres du conseil de surveillance ;
- ou encore un actionnaire détenant plus de 10 % des droits de vote.

• Mais également tous les contrats conclus entre la SA et une autre entreprise, lorsque
l’un des dirigeants de la SA (directeur général, directeur général délégué, membre du
directoire) ou un administrateur ou un membre du conseil de surveillance est
simultanément :
- soit propriétaire de l’entreprise cocontractante (qui ne peut alors être qu’une
entreprise individuelle, dépourvue de toute personnalité morale) ;
- soit associé indéfiniment responsable de l’autre entreprise (qui ne peut alors
être qu’une personne morale dans laquelle les associés sont responsables
indéfiniment et solidairement : SNC, société civile, GIE, SCS et SCA pour les
commandités) ;
- soit dirigeant, ou administrateur, ou membre du CS de l’entreprise
cocontractante (qui peut alors être toute personne morale).

Attention ! De nombreuses erreurs sont souvent commises, en lien avec la 2nde partie de la
définition des conventions réglementées. Beaucoup de candidats à l’examen ne comprennent
pas correctement la notion d’associé « indéfiniment responsable » : l’expression
« indéfiniment responsable » signifie que ces associés sont soumis à une responsabilité
illimitée (et non pas limitée au montant de leurs apports).
Il faut ici rappeler que les associés ne sont pas toujours « indéfiniment responsables » : tout
dépend des formes sociales.
Ainsi, si une SA conclut un contrat avec une SARL et que le directeur général de cette SA est
associé de la SARL, le contrat ne constituera pas une convention réglementée ; certes, le DG
de la SA est associé de la SARL, mais les associés de SARL ne sont pas soumis à une
responsabilité indéfinie (au contraire, ils bénéficient d’une responsabilité limitée au montant
de leurs apports). Ce contrat ne rentre donc pas dans le champ d’application des conventions
réglementées.

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B. La procédure du double contrôle

1. Les étapes de la procédure


Cette procédure est marquée par l’existence d’un double contrôle :
- dans un premier temps, le CA (ou le CS en cas de SA dualiste) doit donner son
autorisation préalable ;
- dans un second temps, après sa signature, la convention réglementée est
soumise à l’approbation des actionnaires (AGO).

Les étapes à suivre sont précisément les suivantes :


o la personne intéressée par la convention réglementée (dirigeant, administrateur,
membre du CS ou actionnaire) doit informer le CA ou le CS de son projet de
convention réglementée ;
o vote du CA (ou du CS) sur le projet de convention ; si la personne intéressée par la
convention est membre du CA ou du CS, elle ne peut pas prendre part au vote (sa
voix n’est pas prise en compte pour le calcul du quorum et de la majorité) ;
o si l’autorisation préalable du CA (ou du CS) est obtenue, la convention peut être
signée ;
o le président du CA (ou du CS) doit en informer le commissaire aux comptes (CAC)
de la SA, dans le mois de la conclusion de ce contrat ;
o le CAC doit ensuite établir un rapport spécial, portant sur toutes les conventions
réglementées dont il a eu connaissance ; ce rapport est communiqué aux
actionnaires avant l’AGO ;
o vote des actionnaires, en AGO, sur l’approbation des conventions réglementées
intervenues depuis la dernière AGO ; si la personne intéressée par la convention
est actionnaire, elle ne peut pas prendre part au vote (sa voix n’est pas prise en
compte pour le calcul du quorum et de la majorité).

Remarque : il n’est pas nécessaire de convoquer une AGO spécialement pour faire statuer
les actionnaires sur l’approbation d’une convention réglementée, aucun délai impératif
n’étant prévu par la loi ; généralement, les actionnaires sont amenés à statuer sur les
conventions réglementées au cours de l’AGO annuelle d’approbation des comptes.

Attention ! Pour l’examen, il est impératif de bien connaître toutes les étapes de la
procédure et de les mentionner sur votre copie si ce sujet tombe.

2. Les sanctions en cas de non-respect de la procédure

 Défaut d’autorisation préalable du CA (ou du CS)


Nullité facultative de la convention, si celle-ci a eu des conséquences dommageables
pour la SA. Délai pour agir en nullité : 3 ans.
Cette nullité peut être couverte par un vote de l’AGO.

 Désapprobation de la convention par les actionnaires


 Principe : la convention n’est pas nulle ; elle produit donc quand même ses effets à
l’égard des tiers. Mais les conséquences préjudiciables (pour la SA) de cette

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convention doivent être réparées par le dirigeant, l’administrateur, le membre du CS


ou l’actionnaire intéressé par la convention. L'action en responsabilité doit être
intentée dans un délai de 3 ans à compter de la conclusion de la convention ou, si
elle a été dissimulée, à compter de sa révélation.

 Exception : nullité de la convention si celle-ci a été établie de manière frauduleuse.

III – Les conventions libres

Les contrats qui doivent en principe entrer dans la catégorie des conventions réglementées,
sont qualifiés de « conventions libres » lorsque deux conditions sont réunies :
- Ils portent sur des opérations courantes (= celles effectuées dans le cadre de
son objet social) ;
- Et ils sont conclus à des conditions normales (= aux conditions habituellement
pratiquées par la société).

Aucune procédure de contrôle ne s’applique aux conventions libres.

Attention ! La notion de convention libre ne s’applique qu’aux contrats conclus entre la SA


et l’une des personnes suivantes :
- l'un des dirigeants (directeur général, directeur général délégué, membre du
directoire) ;
- l’un des administrateurs ou l’un des membres du conseil de surveillance ;
- un actionnaire détenant plus de 10% des droits de vote ;
- une autre entreprise, lorsque l’un des dirigeants de la SA (directeur général,
directeur général délégué, membre du directoire) ou un administrateur ou un
membre du conseil de surveillance est simultanément :
 soit propriétaire de l’entreprise cocontractante (qui ne peut alors être
qu’une entreprise individuelle, dépourvue de toute personnalité
morale),
 soit associé indéfiniment responsable de l’autre entreprise (qui ne peut
alors être qu’une personne morale dans laquelle les associés sont
responsables indéfiniment et solidairement : SNC, société civile, GIE,
SCS et SCA pour les commandités),
 soit dirigeant, ou administrateur, ou membre du CS de l’entreprise
cocontractante (qui peut alors être toute personne morale).

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