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D’ASSURANCE
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SOMMAIRE
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GENERALITES ........................................................................................................... 3
II.POLITIQUE DE REASSURANCE…………………………………………………………………..61
ANNEXES ………………………………………………………………………………..81
BIBLIOGRAPHIE :
- La dynamique du gouvernement d’entreprise de Bertrand RICHARD et
Dominique MIELLET, éditions d’Organisation, 2003 ;
3
GENERALITES
La gouvernance d’entreprise est « le système par lequel les entreprises sont dirigées et
contrôlées ».
En France, c’est surtout des sociétés ouvertes sur le capital étranger qui se sont vu
contraintes de l’intégrer.
C’est ce qui explique que les règles en matière de gouvernance ont été produites dans
un premier temps par d’autres sources que la loi, en l’occurrence des organisations
patronales, des comités ad hoc, des associations d’administrateurs, etc…
Dans la zone CIMA, c’est à la suite d’un certain nombre d’anomalies constatées dans le
fonctionnement des entreprises et leur impact sur la solvabilité que les participants aux
états généraux sur la vie tenus en 2007, à Douala, ont été amenés à recommander la
transposition dans le code des assurances des règles de bonne gouvernance
préconisées par l’International Association of Insurance Supervisors (IAIS) ou
l’Association Internationale des Commissaires Contrôleurs des Assurances (AICA).
Ces propositions ont été codifiées par le règlement n° 0005/CIMA/CMA/PDT/2009 pris
par le Conseil des Ministres des Assurances, en sa session du 28 septembre 2009 à
Paris. Elles s’inspirent des principes de base de l’International Association of Insurance
Supervisors et en partie de la réglementation française. Elles réaffirment, s’il en était
besoin, le rôle central du Conseil d’ Administration qui est désormais placé au cœur de
la gouvernance des entreprises d’assurances. Ce rôle est codifié par les articles 331-
14 à 331-18 qui traitent de :
Responsabilités du conseil ………. Article 331-14
Dispositif de contrôle interne …… Article 331-15
Rapport sur le contrôle interne …. Article 331-16
Politique de placement ………… Article 331-17
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L’objectif de ce cours est d’étudier les nouvelles règles de gouvernance fixées par le
code des assurances.
Etude de cas
Le cas ENRON
Dans les années 1990, Enron était l’une des stars favorites de Wall Street. Son cours
de Bourse est passé de $ 30 à 90 de 1998 à fin 2000, quand son chiffre d’affaires a
explosé de $ 31 milliards à $ 100 milliards sur la même période.
Début 2002, la faillite d’ENRON, qui est l’une des plus marquantes de l’histoire
économique américaine, a eu pour conséquences :
Ce qui prouve bien qu’on attache souvent plus d’importance à l’apparence qu’a la
qualité réelle.
La débâcle d’ENRON prouve que bien souvent les actionnaires et les investisseurs
n’évaluent pas assez sérieusement la qualité et l’indépendance du conseil
d’administration chargé de les représenter et de défendre leurs intérêts.
Les autorités américaines, toujours promptes à réagir dans ce genre de situation, ont
décidé de lancer un certain nombre de réformes qui touchent :
Aux conditions de mise en cause de la responsabilité des dirigeants qui,
du comportement malhonnête, sera étendue à la simple négligence.
Aux conflits d’intérêt pour les cabinets d’audit.
Aux règles comptables pour éviter la dissimulation de transactions, qui
avait été faite en toute légalité par le management d’ENRON
Plus proche de nous, plusieurs compagnies d’assurance ont vu leur agrément retiré
entre 1995 à nos jours et certaines sont en difficulté.
Lors des états généraux de l’assurance vie tenus en 2007 à Douala, les participants
avaient fait un certain nombre de constats relatifs à la gouvernance des organismes
d’assurances.
Parmi ces constats, on peut citer :
le fonctionnement très peu efficace des conseils d’administration,
des Directeurs Généraux sans véritable pouvoir de décision dans la gestion
courante,
le non-respect des dispositions légales en matière de conventions réglementées,
des décisions d’investissement hasardeuses et inopportunes souvent guidées
par la seule volonté de l’actionnaire majoritaire,
des plans de réassurance inadaptés… etc.
l’absence de contrôle interne ou de dispositif de contrôle interne défaillant.
Ces différents éléments ne sont pas conformes aux principes généraux de bonne
gouvernance d’entreprise.
Il convient d’examiner les règles d’administration et de direction d’une entreprise
d’assurance pour mieux appréhender l’utilité de la réforme du code CIMA du 28
septembre 2009 relative à la bonne gouvernance.
Ces règles pour une société anonyme sont prévues par l’Acte Uniforme OHADA et
s’appliquent de facto aux entreprises d’assurances qui doivent s’y conformer durant
toute leur existence : de la naissance à la liquidation.
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Aux termes des dispositions de l’art. 435 de l’acte uniforme, le conseil d’administration
est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la
société, dans la limite de l’objet social et des prérogatives de l’assemblée générale des
actionnaires.
préciser les objectifs de la société et l’orientation qui doit être donnée à son
administration ;
exercer un contrôle permanent de la gestion assurée, selon le mode de direction
retenu, par le président directeur général ou par le directeur général ;
arrêter les comptes de chaque exercice.
Aucune distinction n’est faite entre administrateurs non actionnaires et leurs collègues
administrateurs et actionnaires; ces deux catégories d’administrateurs étant assujettis
aux mêmes droits et obligations en matière de responsabilité civile et pénale.
Les premiers administrateurs sont désignés par les statuts ou, le cas échéant, par
l’assemblée générale constitutive lorsque la société est constituée (art. 419 AU). La
durée de leur mandat ne peut excéder deux années.
Les administrateurs peuvent être des personnes morales ou des personnes physiques.
Cependant, le conseil doit comporter obligatoirement au moins une personne physique
pour remplir le mandat de P-DG ou de PCA.
«administrateur»
Cette limitation est valable pour les deux catégories d’administrateurs, actionnaires ou
non actionnaires. Elle ne concerne pas le nombre des mandats d’administrateur, mais
le nombre de conseils d’administration auxquels participe une même personne
physique.
Les personnes morales ne sont pas visées par la limitation et peuvent donc détenir plus
de cinq mandats d’administrateur, sans toutefois désigner le même représentant
permanent dans plus de cinq conseils.
Les administrateurs ne peuvent recevoir que trois types de rémunération pour l’exercice
de leur mandat :
La durée de son mandat ne peut excéder celle de son mandat d’administrateur, c’est à
dire six ans au maximum.
Cependant, le P-DG peut être réélu dans cette fonction indéfiniment, sauf disposition
contraire des statuts, pour autant que son mandat d’administrateur ait été renouvelé.
1.2.1.3. Pouvoirs
Le P-DG préside le conseil d’administration et les assemblées générales et assure la
direction générale de la société.
Il dispose à cet effet des pouvoirs les plus étendus qu’il exerce dans la limite de l’objet
social et des prérogatives expressément reconnues au conseil d’administration ou à
l’assemblée générale.
Le P-DG est un mandataire social et non un travailleur salarié; cependant, il peut
exercer un emploi salarié qui fera l’objet d’un contrat de travail dans le cadre des
conventions réglementées préalablement autorisées par le conseil d’administration.
1.2.1.4. Rétribution
La rémunération du P-DG relève de la décision du conseil d’administration.
1.2.1.5. Révocation
Le P-DG est révocable à tout moment par le conseil d’administration.
Pour mieux accomplir ses fonctions de direction générale, le P-DG a la possibilité de se
faire assister par un ou plusieurs directeurs généraux adjoints.
Le DGA est titulaire d’un mandat social, et non d’un contrat de travail, dans le cadre de
sa fonction. La durée de ce mandat est librement fixée par le conseil d’administration.
Le mandat du DGA est renouvelable indéfiniment, sauf ci ce dernier est également
administrateur de la société, auquel cas la durée de son mandat ne peut excéder celle
de son mandat d’administrateur.
Le DGA peut cependant avoir le statut d’un travailleur salarié qui fera l’objet d’un contrat
de travail dans le cadre des conventions réglementées préalablement autorisées par le
conseil d’administration.
1.2.2.2. Pouvoirs
Le DGA tient ses pouvoirs du conseil d’administration qui en détermine l’étendue et les
conditions d’exercice, ainsi que les modalités et le montant de sa rémunération.
1.2.2.3. Révocation
Le DGA est révocable à tout moment par le conseil d’administration, après accord
préalable du P-DG.
1.3.1.3. Pouvoirs
Les attributions du PCA sont de trois ordres (art. 480 de l’acte uniforme):
- présider les réunions du conseil d’administration et des assemblées générales;
- veiller à ce que le conseil d’administration assume le contrôle de la gestion
confiée au directeur général;
- opérer les vérifications jugées opportunes et se faire communiquer à toute
époque de l’année tous documents utiles à sa mission.
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Le PCA n’a donc pas le pouvoir de représenter ou d’engager la société, dans les
rapports avec les tiers.
Le PCA peut, dans les mêmes conditions que le P-DG, être éventuellement lié à la
société par un contrat de travail.
1.3.1.4. Rétribution
Les dispositions qui fixent les modalités et le montant de la rémunération du PCA sont
identiques à celles relatives aux conditions de rémunération du P-DG.
1.3.1.5. Révocation
Le PCA est révocable à tout moment par le conseil d’administration, comme le P-DG.
1.3.2.2. Rétribution
Le DG peut éventuellement conclure avec la société un contrat de travail. Ses
conditions de rémunération sont fixées par le conseil d’administration.
3. Le Conseil d’Administration
Le nombre des administrateurs élus par les salariés, qui est fixé par les statuts, ne peut
être supérieur à quatre, ni excéder le tiers de celui des autres administrateurs.
Lorsque ce nombre est égal ou supérieur à deux, les cadres et assimilés ont un siège
au moins.
Les administrateurs sont choisis parmi les sociétaires à jour de leurs cotisations, à
l’exception de ceux qui sont élus par les salariés. Ils doivent être remplacés lorsqu’ils ne
remplissent plus cette condition.
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Les administrateurs sont nommés pour six ans au maximum et sont rééligibles, sauf
disposition contraire des statuts. Ils sont révocables pour faute grave par l’assemblée
générale.
Les statuts doivent prévoir une limite d’âge applicable soit à l’ensemble des
administrateurs, soit à un pourcentage déterminé d’entre eux.
A défaut de disposition expresse dans les statuts, le nombre des administrateurs ayant
dépassé l’âge de soixante dix ans ne peut être supérieur au tiers des administrateurs
en fonction.
La limite d’âge pour l’exercice des fonctions de président et de vice-président est fixée à
soixante-cinq ans, sauf disposition expresse des statuts.
directeur général.
Il convient de signaler que l’acte uniforme OHADA fut signé à Port-Louis (Ile Maurice)
en septembre 1993 et mis en application en 1998.
Or, le London Stock Exchange a lancé à partir de 1992 une grande réflexion sur le
corporate governance ou gouvernement d’entreprise, dont la première pierre fut le
rapport Cadbury, suivi des rapports Greebury en 1995 et Hampel en 1998.
L’acte uniforme n’a pas encore intégré les réformes intervenues en France en 2001,
2003 et 2005 approfondissant l’institution du gouvernement d’entreprise.
C’est ce qui explique son introduction dans le code des assurances par le Règlement
CIMA n° 0005/CIMAPCMA/CE/SG/2009 du 28 septembre 2009 sur la gouvernance.
Justement non et c’est là toute l’ambiguïté car, simultanément, la loi attribue presque
les mêmes pouvoirs au PDG à l’article 465 et au Directeur général à l’article 487 de
l’acte uniforme, sous réserve de ceux attribués aux assemblées générales ou
spécialement réservés au conseil d’administration par les dispositions légales ou
statutaires.
Etude de cas
Les faits
Bien qu’à l’époque, la performance boursière du titre était très satisfaisante, l’un
des plus grands fonds de pension US, TIAA-CREF met en cause la légitimité et
l’efficacité du conseil de WALT DISNEY car huit des douze membres sont liés
(amis, partenaires) au président Michael EISNER, ce qui ne constitue pas pour
le fond un gage d’indépendance permettant de s’assurer que le conseil conduira
sa mission de contrôle avec diligence.
Le rapport annuel du WALT DISNEY ne donne, par ailleurs, aucune information
sur la composition réelle du conseil et sur la nature de ses travaux, et ne permet
pas à l’actionnaire de mesurer la réalité du travail de ses mandants.
Leur interprétation
Ainsi, le poids des actionnaires dans le rapport de force avec les managers finit
toujours par agir sur le cours de Bourse.
Rappelons que les missions du conseil définies par l’acte uniforme sont les suivantes :
préciser les objectifs de la société et l’orientation qui doit être donnée à son
administration ;
Dans la pratique, les pouvoirs réservés au conseil sont limités à la convocation des
assemblées, à l’établissement des comptes et à la préparation du rapport de gestion, à
la nomination et à la fixation de la rémunération du P-DG ou du DG et enfin, à
l’autorisation préalable des conventions passées entre la société, un administrateur ou
directeur général ainsi que des cautions, avals ou garanties données par la société.
Le P-DG (comme le DG) est le seul organe permanent, le conseil ne siégeant que
lorsqu’il est convoqué et, bien souvent, dans beaucoup de sociétés anonymes, il ne
l’est qu’une fois par an pour la préparation de l’assemblée d’approbation des comptes.
- Collégial car les administrateurs n’ont aucun pouvoir décisionnel personnel, bien
qu’ils assument une responsabilité individuelle ;
- Intermittent car, hormis le cas prévu à l’art. 453 alinéa 3 dans lequel un tiers des
administrateurs peut demander au président de convoquer le conseil s’il ne s’est
pas réuni depuis plus de 2 mois en indiquant l’ordre du jour, il ne se réunit
généralement que sur l’initiative du Président ou du P-DG.
C’est ce qui fait en l’état sa principale faiblesse et les critiques ne manquent pas sur le
caractère sporadique de son action.
Ce régime minimum n’est guère satisfaisant toutefois, les statuts voire le règlement
intérieur peuvent en l’état actuel du droit limiter ces inconvénients.
Les statuts peuvent donc prévoir une périodicité obligatoire des réunions. Ils peuvent
également organiser les prises de décision à une majorité plus forte que la moitié des
membres présents ou représentés (art. 454 alinéa 2) et surtout interdire la
représentation. En effet, l’article 456 alinéa 1 prévoit que « sauf clause contraire des
statuts, un administrateur peut donner….mandat à un autre administrateur de le
représenter à une séance du conseil d’administration. »
L’art. 417 de l’acte uniforme ouvre la possibilité de désigner des administrateurs non
actionnaires dans la limite du tiers des membres du conseil.
Aucune distinction n’est faite entre administrateurs non actionnaires et leurs collègues
administrateurs et actionnaires ; ces deux catégories d’administrateurs étant assujetties
aux mêmes droits et obligations en matière de responsabilité civile et pénale.
Cette désignation pourrait être considérée comme un pas important dans la désignation
d’administrateurs indépendants susceptibles de renforcer l’indépendance du conseil
d’administration vis-à-vis du management de l’entreprise.
L’objectif visé est de parvenir à ce que le Conseil cesse de jouer un rôle de simple
chambre d’enregistrement.
Qu’il soit indépendant ou non, l’administrateur est élu pour représenter la totalité des
actionnaires et son mandat doit s’exercer dans l’intérêt de la société.
Mais là où le système est souvent pervers, c’est que l’administrateur est en fait choisi
par le président ou l’actionnaire dominant et non par l’assemblée générale qui ne fait
qu’avaliser ce choix. Et c’est contre cette dérive que les pratiques de bonne
gouvernance tentent de s’élever.
Dans les sociétés anonymes, les dispositions de l’acte uniforme de l’OHADA relatives
au droit des sociétés commerciales et du GIE permettent le plus souvent de réaliser un
équilibre entre le conseil et le directeur général.
Toutefois, dans le mode de direction d’une société anonyme avec PDG, la fonction de
Président du conseil et celle de direction générale sont confiées à une seule et même
personne.
Le PDG convoque et préside le conseil qui est chargé de le nommer (art. 462 de
l’acte uniforme, de le contrôler (art. 435 2°) de l’acte uniforme) et éventuellement
de le révoquer (art. 469 de l’acte uniforme), ce qui peut paraître paradoxal ;
Le rapport de force entre PDG et administrateurs est en théorie équilibré (ils ont
tous les deux les pouvoirs les plus étendus et ceux du président lui est conféré
par délégation du conseil) mais, en pratique, il n’en est rien car, ne disposant
individuellement d’aucun pouvoir, les administrateurs ne peuvent réagir que
collégialement ; à ceci s’ajoute le paradoxe que leur responsabilité individuelle
est totale, alors que leur pouvoir n’est que collégial.
Ce mode de direction d’une entreprise repose plus sur la confiance dans la capacité et
les talents des hommes que dans la pratique des contre-pouvoirs.
Or, il est recommandé de répartir les responsabilités de façon à équilibrer les pouvoirs
afin qu’aucun individu ne possède à lui seul le pouvoir de décision.
Les sociétés d’assurances dirigées par un Président Directeur général devraient donc
s’interroger périodiquement sur l’opportunité de séparer les fonctions de Président et de
directeur général.
En attendant que soit instituée une séparation volontaire de fonctions, il devenait utile
de trouver dans la loi des garde-fous avec l’adoption du Règlement n°
0005/CIMA/PCMA/CE/SG/2009 du 20 Septembre 2009 permettant de procurer au
conseil des règles de fonctionnement harmonieuses.
Le législateur a été conduit à dissocier, de plus en plus nettement, quatre (4) types de
fonction. Selon la structure classique de droit commun, les organes d’une entreprise
d’assurance qui concourent à sa gestion et à son administration sont hiérarchisés, et
chaque organe doit exercer les pouvoirs que la loi lui a dévolus sans empiéter sur ceux
attribués par la loi à un autre organe :
Le rappel de cette pyramide des pouvoirs et le respect des pouvoirs dévolus à chacun
des organes s’inscrivent dans les bonnes pratiques de gouvernance.
Les administrateurs ne peuvent recevoir que trois types de rémunération (art. 431 et
432 de l’acte uniforme) pour l’exercice de leur mandat :
Les conditions de rémunération des directeurs généraux des sociétés anonymes (art.
490 de l’acte uniforme) et des directeurs généraux des mutuelles (art. 330-14 du code
des assurances) sont fixées par le conseil d’administration.
- part fixe ;
- part variable ;
- jetons de présence.
Soit en cohérence, en ce qui concerne les dirigeants, avec les standards et les
pratiques en cours dans le pays et le secteur, et être proportionné à la capacité
de l’entreprise.
établie.
Dans les sociétés d’assurance mutuelles, le code des assurances proscrit les
rémunérations directes liées à l’activité. Il appartient au conseil d’administration de
veiller à ce que cette interdiction ne soit pas contournée par le biais de filiales.
Etude de cas
Premier cas
Les affaires et les bons sentiments font rarement bon ménage. Un adage, qu’a pu
vérifier à ses dépens l’épouse d’un cadre de haut niveau d’un groupe français, âgée
d’une soixantaine d’années.
Son tort : avoir accepté en 1992, pour être agréable à un proche, de devenir
administrateur de complaisance d’une SA située dans les DOM-TOM alors qu’elle
vivait à Paris. Car, cinq ans plus tard, alors qu’elle s’appétait à suivre son mari affecté
du CANADA, elle a reçu un courrier lui annonçant que des poursuites avaient été
engagées contre les mandataires sociaux pour fraude à la TVA. Ne tenant pas compte
de cet avertissement concernant une entreprise dont elle ne s’était jamais préoccupée,
elle a décidé de partir sans délai.
Quelques mois plus tard, la police canadienne s’est présentée à son domicile pour
saisir son passeport et lui demander de se tenir à la disposition de la justice française.
Le dirigeant avait en effet été condamné et, en tant qu’administrateur, sa propre
responsabilité était également engagée.
Convoquée à Paris, elle a protesté de sa bonne foi, expliquant qu’elle n’avait jamais pris
aucune part à la gestion de la société. Ce à quoi le juge s’est contenté de lui
répondre que la négligence ne l’exonérait pas de ses responsabilités.
Prise de panique, elle a alors décidé, dès son retour au Canada, de procéder à un
changement de régime matrimonial, afin de préserver une partie de son patrimoine en
couple en cas de condamnation. Mauvaise inspiration ! Le juge a en effet considéré
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A la fin de l’audience, elle est donc partie les menottes aux poignets, et l’ensemble des
biens du couple a été cédé afin de payer l’amende (Option Finance, 16 Novembre
1998).
Deuxième cas
4.1. Une responsabilité civile définie à l’article 740 de l’acte uniforme pour
les sociétés anonymes et à l’article 330-15 du code des assurances pour
les mutuelles d’assurance
L’article 740 de l’acte uniforme stipule que « les administrateurs sont responsables
individuellement ou solidairement envers la société ou envers les tiers, soit des
infractions à la réglementation OHADA sur les sociétés anonymes, soit des violations
des statuts, soit des fautes commises dans leur gestion. »
Pour les administrateurs des mutuelles d’assurances, les dispositions de l’article 330-15
du code des assurances précisent qu’ils sont responsables civilement et pénalement
des fautes commises dans leur gestion.
Ce qui signifie qu’ils doivent être vigilants à l’égard de la gestion du P-DG et des
directeurs généraux.
C’est au titre de cette responsabilité qu’un administrateur peut se voir poursuivi par un
actionnaire ou par un tiers.
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4.2. Lorsque la société fait l’objet d’une liquidation et que la procédure fait
apparaître une insuffisance d’actifs, la responsabilité des administrateurs
peut être retenue, sur décision de justice, s’ils ont commis une faute de
gestion ayant contribué à cette insuffisance d’actif (183 de l’acte uniforme des
procédures collectives).
La procédure peut même être ouverte à leur encontre personnellement, s’il est
démontré qu’ils ont poursuivi un intérêt propre, ce qui suppose un comportement allant
au-delà de la faute de gestion ou de la négligence, imputable à un manque
d’information.
Pour mettre en cause cette action dit « en complément de passif », il faut trois (3)
éléments réunis :
Ainsi, dès lors qu’un administrateur d’une société en état de cessation de paiements ou
dans une situation irrémédiablement compromise n’est pas en mesure d’obtenir du
président de la société qu’il dépose le bilan, il doit, s’il ne peut parvenir à réunir le
conseil à cette fin, présenter sa démission.
A défaut, il s’expose à se voir condamné à combler une partie des dettes sociales.
La responsabilité de nouveaux arrivants peut être engagée, même s’ils ne sont pas
responsables de la gestion passée. En effet, s’ils constatent l’état de cessation de
paiements et maintiennent néanmoins l’activité et laissent s’aggraver la situation.
Bien que ce soit le plus souvent le président, le P-DG et/ou ses directeurs généraux qui
sont les plus exposés dans ce domaine, l’administrateur peut néanmoins être poursuivi
pour complicité.
Afin de limiter les risques de mise en cause de leurs responsabilités et leur permettre
d’exercer au mieux leur mandat, les administrateurs ont intérêt à respecter un certain
nombre de règles relativement simples :
c. La fin de mandat :
L’objectif visé est de garantir la qualité dans les pratiques et l’éthique dans le
comportement quotidien au sein de l’entreprise.
Elle est établie afin de permettre aux Administrateurs d’exercer pleinement leurs
compétences et afin d’assurer l’entière efficacité de la contribution de chacun d’entre
eux, dans le respect des règles d’indépendance, d’éthique et d’intégrité qui est attendu
d’eux.
3.1.1. Convocation
Le conseil est normalement convoqué par son président sous toute forme
(lettre, télégramme, e-mail…). Toutefois, des administrateurs constituant au
moins le tiers des membres peuvent demander au président de convoquer le
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conseil si celui-ci ne s’est pas réuni depuis plus de deux (2) mois ;
Les formes de convocation sont généralement précisées dans les statuts ;
La fréquence des conseils n’est pas réglementée, mais il est recommandé de le
réunir régulièrement en la prévoyant dans le règlement intérieur.
Bien qu’empreinte d’un certain formalisme, la tenue des séances du conseil est plus
simple que celle de l’assemblée générale.
3.1.3. Vote
Après les débats, qui sont souvent plus techniques que ceux de l’assemblée
générale, le président passe au vote des résolutions ;
En l’absence de règles légales comme en matière de conventions réglementées,
les administrateurs ont en principe le droit de participer au vote, même lorsque
leur intérêt personnel est en jeu ;
Toutefois, la délicatesse engage à ce que le vote sur la rémunération soit pris
sans la voix de l’intéressé ;
Les décisions sont prises à la majorité des membres présents ou représentés.
Les statuts peuvent prévoir une majorité plus forte.
3.1.4. Procès-verbal
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Dans tout organisme, quelle que soit son importance, le conseil d’administration devrait
se doter d’un règlement intérieur, prévoyant notamment la fréquence minimale de ses
réunions et la liste des sujets devant obligatoirement être l’objet d’une délibération une
fois par an.
Les sujets suivants devraient faire l’objet d’une délibération au moins annuelle du
conseil :
- dans le cas où il y a une société de tête de groupe, suivi des filiales, de leur
valorisation et de la situation consolidée.
35
Ces procès-verbaux peuvent également être établis sur des feuilles mobiles
numérotées sans discontinuité, paraphées par le juge de la juridiction compétente et
revêtues du sceau de ladite autorité.
Ces feuilles numérotées doivent se suivre sans interruption, puisque sont interdites
toute addition, suppression, substitution ou interversion de feuilles.
Au regard des usages, il semble cependant admis que les procès-verbaux des
délibérations soient rédigés sur des feuilles libres qui sont ensuite collées sur un
registre côté et paraphé par le juge de la juridiction compétente.
Outre ces mentions obligatoires, il ressort des usages que les procès-verbaux des
conseils d’administration précisent également :
Il a été relevé dans le fonctionnement des entreprises d’assurance que des conseils
d’administration n’avaient pas pu jouer pleinement leur rôle, à cause d’une information
insuffisante ou, dans certains cas, du manque d’implication de certains administrateurs,
ne ménageant pas les temps de réflexion nécessaires au mûrissement des décisions.
Dans les groupes, l’autorité de contrôle a pu observer des cas de déficit de contrôle
interne, avec des sous-estimations des provisions techniques.
Elle a enfin constaté des cas où la compétence des commissaires aux comptes a été
insuffisante pour déceler à temps la dégradation de la situation des sociétés.
C’est pour toutes ces raisons que la réglementation a prévu que soient mis place dans
les entreprises d’assurance des comités techniques chargés de faciliter la prise de
décisions pertinentes.
Aucune décision ne peut être prise en leur sein, leur seule vocation est de préparer le
travail du conseil afin de lui permettre de délibérer en toute connaissance de cause.
Composition
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Le conseil détermine librement le nombre des membres, les qualités requises : les
membres peuvent être non seulement des administrateurs, mais également des
actionnaires ou des cadres supérieurs voire des personnes extérieures à la société.
de la taille de l’entreprise ;
de la structure de son actionnariat ;
des prérogatives du comité.
Il faut au minimum deux (2) administrateurs indépendants dans les pays (France,
Grande Bretagne) où cette catégorie d’administrateurs est prévue par la loi ;
La présence du président au sein des comités paraît possible pour le comité de
nomination, car on ne peut envisager qu’il soit exclu d’un tel processus. Mais rien
n’impose que ce soit lui qui le préside ;
Par contre, le management doit être absent des comités d’audit et de
rémunération.
Durée du mandat
Le conseil détermine la durée des fonctions des membres des comités. Il peut être de
trois (3) ans.
Attributions
Elles sont fixées par le conseil mais il s’agit toujours d’«étudier» des questions. Le
comité est cantonné dans des tâches de réflexion, d’analyse, de préparation des
décisions. Les avis du comité sont purement consultatifs ; ni le conseil ni son Président
ne sont tenus de suivre les avis qui peuvent être donnés.
Rémunérations
Quant aux administrateurs, membres du comité, ils peuvent percevoir des jetons de
présence plus importants que les autres administrateurs, et se voir allouer par le conseil
une rémunération exceptionnelle pour telle mission spéciale, ce qui exclut une
rémunération permanente à ce titre, ladite rémunération exceptionnelle étant soumise à
la procédure relevant des conventions réglementées.
Publication
Les comités créés par le conseil doivent être publiés dans son rapport annuel.
L’étendue de la mission de ce comité dépend de ce que veut lui confier le conseil. Elle
peut être :
plus restrictive :
o rémunération du seul P-DG ou du président, s’il est exécutif, ou du
directeur général ;
o nomination des membres du conseil ;
plus large :
o définition de la politique de rémunération des cadres ;
o nomination des cadres dirigeants et mandataires sociaux.
Le code des assurances précise en son article 331-16 alinéa 2 que le rapport de
contrôle interne détaille l’ensemble des rémunérations versées aux administrateurs.
Le comité d’audit devrait être constitué pour toutes les entreprises, à l’exception de
celles de très petites tailles où il pourrait être remplacé par un audit externe.
Le comité d’audit se réunit au moins trois (3) fois par an (deux pour les comptes,
une pour le rapport de contrôle interne).
Le calendrier de ses réunions peut être parallèle au calendrier des réunions du
conseil d’administration qu’il précède, mais il devra avoir le temps requis pour
mener en toute indépendance ses investigations.
Le comité peut, néanmoins, se réunir à toute autre date à la demande d’un de
ses membres.
Les risques :
o le comité passe en revue régulièrement, avec le conseil d’administration,
les principaux risques liés à la souscription des risques, à la réassurance
ainsi que les risques financiers résultant de la gestion financière de
l’entreprise ;
o il détermine si les techniques de gestion et de couverture sont bien
adaptées.
En conséquence, le rapport établi par le comité d’audit sur l’ensemble des risques
identifiés tant sur le plan technique que financier contribuera à la définition des lignes
directrices de la politique de placement et de la politique de réassurance de la société.
L’article 331-15 du code des assurances stipule que toute entreprise d’assurance est
tenue de mettre en place un dispositif permanent de contrôle interne adapté à la nature,
à l’importance et à la complexité de ses activités.
Il est taillé sur mesure et épouse les réalités et spécificités de chaque entreprise.
Il s’agit de retracer :
a. les objectifs du contrôle interne visant à prévenir et maîtriser les risques liés à
l'activité. Il vise également à s'assurer que les informations comptables et
financières reflètent avec sincérité l'activité et la situation de l'entreprise.
b. l’organisation du contrôle interne : la position (service ou direction) qu’occupe le
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Il consiste à décliner les diligences mises en œuvre pour mener à bien les contrôles
portant sur :
a. L’activité de la société :
excès de frais de gestion (par rapport à l’activité) et par rapport au niveau moyen
du marché (perte de compétitivité) ;
mesures prises par la direction Générale pour la maîtrise des frais et leur mise
en œuvre ;
examen de la procédure budgétaire de la compagnie, sa fréquence, et le suivi
des réalisations, ainsi que la procédure de gestion du personnel : organigramme,
définition précise des postes, suivi des compétences, existence, régularité et
conservation des contrats de travail, grille de salaire (existence, respect, intérêt),
suivi des avantages accordés aux salariés.
c. Les placements
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d. La réassurance
e. Solvabilité
1. La politique de placement
Le code des assurances, en ses articles 335-1 et suivants, énumère les éléments d’actif
et les conditions dans lesquelles les engagements réglementés des entreprises
d’assurance devaient être investis.
Dans ces deux catégories d’actif, la société devrait opérer un arbitrage en fonction de la
maturité de son passif engagé en privilégiant par exemple les obligations à 5 ans
d’échéance.
C’est ainsi que par exemple, la quote-part d’immeubles devraient est limitée non
seulement à 40% des engagements réglementés mais également la valeur admise pour
un même immeuble ne devrait pas dépassée 15% des engagements réglementés. Par
ailleurs, la réglementation sur les placements n’interdit pas de manière formelle la
détention de titres spéculatifs. Toutefois, en raison d’importants risques inhérents à ce
type d’actif, il n’est pas prudent d’en acquérir.
- le risque de marché
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Une baisse de ces marchés entraîne une insuffisance de rendements financiers. Ceci
implique un risque de devoir doter des provisions pour dépréciation.
Il convient de signaler qu’en zone CIMA, le phénomène décrit ci-dessus est courant
pour les actions et exceptionnel pour les immeubles.
- le risque de taux
C’est le risque d’incapacité à servir le taux minimum garanti en assurance vie, en cas
de baisse des taux. Ceci induit la nécessité de réévaluer les provisions mathématiques.
- le risque de crédit
- le risque de liquidité
Il s’agit des difficultés que pourrait éprouver une société à transformer à court ou à très
court terme un actif (actions, obligations, immeubles…) en argent liquide.
Une fois adoptée cette politique devra faire l’objet d’un suivi par le conseil
d’administration, suivi retracé dans le rapport de gestion mentionné à l'article 426 du
code des assurances. Ce rapport présente, dans une partie distincte relative aux
placements, les résultats obtenus au cours de la période écoulée pour chaque
portefeuille et chaque catégorie de placements.
La gap ou ALM vise à coordonner les décisions relatives à la gestion d’actif (acquisition
et cession d’éléments d’actif) et les décisions relatives à la gestion des engagements
réglementés (évaluation, suivi et règlement des sinistres notamment) dans le but
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d’atteindre des objectifs financiers et de respecter les engagements, compte tenu des
risques et contraintes.
La duration mesure la durée de vie moyenne des flux actualisés de toute nature (intérêt
et capital) générés par un produit financier ou un portefeuille.
2. Politique de réassurance
Chaque assureur doit avoir une politique de réassurance, approuvée par son
Conseil d’administration, en adéquation avec son profil de risque global.
la réassurance à souscrire ;
Le Conseil doit s’assurer que toutes les exigences légales et réglementaires sont
satisfaites. Il doit fixer des limites en matière de :
Afin que tous les risques soient couverts, les termes et conditions des couvertures de
réassurance doivent correspondre à ceux des activités directes.
Les limites du risque net pouvant être conservé doivent être fixées par catégorie
d’affaires.
L’assureur peut aussi fixer des limites par risque ou par événement (ou une
combinaison des deux).
Les limites doivent être établies à partir de l’évaluation du profil de risque et du coût de
la réassurance.
Pour cela, l'assureur doit évaluer la capacité et la volonté du réassureur à exécuter ses
obligations aux dates prévues (c.-à-d., sa sécurité).
L’assureur doit être attentif à la sécurité des réassureurs qui participent à ses
programmes.
Si les placements ont été faits par l’intermédiaire d’un courtier, il doit évaluer le risque
opérationnel de la transaction.
La direction générale doit s’assurer que le système d’information répond à toutes les
exigences du Conseil sur la périodicité et le niveau de détail des rapports.
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Elle doit prendre en compte les effets de tout nantissement délivré par le réassureur à
d’autres cédants.
Aux termes de l’article 331-18 du code des assurances, un rapport relatif à la politique
de réassurance est soumis annuellement au conseil d’administration. Ce rapport décrit :
Après son approbation, ce rapport est transmis au Ministre en charge du secteur des
assurances dans l’Etat membre et à la Commission de Contrôle des Assurances dans
les conditions fixées à l’article 425.