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SESSION 2017

UE 112 – DROIT DES SOCIÉTÉS

Durée de l’épreuve : 3 heures

Le corrigé comporte : 10 pages

CORRIGÉ

PARTIE I : CAS PRATIQUE (16 points)

DOSSIER 1 (6 points)

1/ Ophélie pourra-t-elle conclure un contrat de travail avec la société CORENTANE ? (2 points)

Problème de droit : Quelles sont les conditions de cumul d’un contrat de travail avec un mandat
d’administrateur dans une même société ?

Règles applicables :
En principe, un administrateur en fonctions ne peut conclure de contrat de travail avec la société sauf s’il
démissionne de son mandat d’administrateur (art. L. 225-22 C.com). Le contrat de travail conclu entre la
SA et un de ses administrateurs est nul de nullité absolue, mais le mandat d’administrateur demeure
valable.

Toutefois, une exception à ce principe existe désormais (depuis la loi du 22 mars 2012, dite « Warsmann
II »). En effet, un administrateur peut se faire consentir un contrat de travail par la société anonyme lorsque
deux conditions sont réunies :
- d’une part, le contrat de travail doit correspondre à un emploi effectif ;
- d’autre part, la société anonyme doit respecter, à la clôture de chaque exercice social, les deux
conditions suivantes liées à sa taille :
 impérativement un effectif inférieur à 250 salariés,
 et, soit un chiffre d’affaires n’excédant pas 50 millions d’euros, soit un total du bilan
n’excédant pas 43 millions d’euros.
Même si les textes ne l’envisagent pas expressément, il conviendra de vérifier l’effectivité du lien de
subordination, cette notion étant la caractéristique essentielle du contrat de travail.
De plus, cet administrateur cumulant son mandat avec un contrat de travail dans la même société doit être
pris en compte, au même titre que les salariés devenus administrateurs, pour apprécier le nombre des
administrateurs liés à la société par un contrat de travail : ce nombre ne peut dépasser le tiers des
administrateurs en fonction.
Par ailleurs, lorsque le cumul entre un mandat d’administrateur et un contrat de travail dans la même
société anonyme sera possible, la procédure des conventions réglementées devra impérativement être
respectée lors de la conclusion du contrat de travail.

1
Application :
En l’espèce, Ophélie, administrateur, pourra sans doute conclure un contrat de travail avec la SA dont elle
est administrateur. En effet, les fonctions occupées sont bien distinctes, le contrat correspondra à un emploi
effectif, le lien de subordination peut être caractérisé et on peut supposer que la SA, du moins au départ,
sera de taille modeste et se situera donc en-dessous des seuils légaux.

2/ Précisez la réaction que doit adopter la société CORENTANE face à cette situation. (1 point)

Le Conseil d’administration de la S.A. CORENTANE comportait quatre administrateurs. À la suite de la


démission de Margaux, le Conseil d’administration ne comporte plus que trois membres. Or, les statuts de
la S.A. CORENTANE stipulent que le Conseil d’administration doit comporter quatre membres au moins.

Problème de droit : la cooptation d’administrateurs.

Règles applicables :
Au regard de l’article L.225-17 al. 1er du Code de commerce, un Conseil d’administration doit être
composé de trois membres au moins et de dix-huit au plus. Dans ces limites, le nombre d’administrateurs
est fixé librement dans les statuts.
En cas de vacance d’un poste d’administrateur, la loi envisager ensuite les 3 situations distinctes :
- Cooptation interdite : Art. L225-24 al. 2 C. com. : si le nombre d’administrateurs devient inférieur
au minimum légal. Le CA doit alors convoquer au plus vite les actionnaires en AGO pour désigner
un administrateur remplaçant. A défaut tout intéressé peut demander en justice la désignation d’un
mandataire chargé de convoquer cette AGO. Le CA ne peut plus fonctionner tant qu’il ne comporte
pas au moins 3 administrateurs.
- Cooptation obligatoire : Art. L225-24 al. 3 C. com. : si le nombre d’administrateurs devient
inférieur au minimum statutaire tout en restant supérieur ou égal au minimum légal. Le CA a trois
mois à compter de la vacance pour réaliser la cooptation. A défaut de cooptation dans les 3 mois,
tout intéressé peut demander en justice la désignation d’un mandataire chargé de convoquer une
AGO destinée à désigner l’administrateur remplaçant.
- Cooptation facultative : Art. L225-24 al. 1 C. com. : Si le nombre d’administrateur baisse tout en
restant supérieur ou égal au minimum statutaire.

Application :
En l’espèce le nombre des administrateurs restant est devenu inférieur au minimum statutaire de quatre
mais n’est pas inférieur au minimum légal de trois. Par conséquent, la cooptation est obligatoire ; le
Conseil d’administration doit procéder à une nomination à titre provisoire en vue de compléter son effectif
(et ce dans le délai de trois mois à compter du jour où se produit la vacance). Cette cooptation sera ensuite
soumise à ratification de la plus prochaine assemblée générale ordinaire (art. L.225-24 al. 3 et 4 C.com.).

3/ Peut-elle librement céder ses actions ? (1 point)

Problème de droit : La cession d’actions de S.A. est-elle libre entre frères et sœurs ?

Règles de droit :
Principe de libre négociabilité des actions : transmission par simple virement de compte à compte.
Exception : application d’une clause d’agrément statutaire : art. L 228-23 C. com.
Clause d’agrément : permet d’écarter l’entrée dans la société de personnes physiques ou morales dont la
présence est jugée indésirable.
Ne sont possibles que dans les sociétés non cotées.
Sont interdites en cas de transmission par voie de succession, de liquidation de communauté entre époux,
en cas de cession entre conjoints, ascendants et descendants.
Toute cession intervenue en violation d’une clause d’agrément est nulle.
2
En termes de procédure, le cédant doit avertir la société de son projet de cession par LRAR ou acte
extrajudiciaire.

Application :
La cession entre collatéraux n’est pas visée par l’article L228-23 C. com. comme étant obligatoirement
libre au titre des cessions familiales.
Donc Margaux devra éventuellement se conformer à une clause d’agrément contenue dans les statuts de la
société CORENTANE pour pouvoir céder ses actions à son frère.
Si une telle clause d’agrément figure dans les statuts de la société, elle devra avertir la société de son projet
de cession par lettre RAR ou acte extrajudiciaire et respecter la procédure d’agrément.
En l’absence de clause statutaire d’agrément, la cession envisagée est libre.

4/ Quelle solution s’offre à la société CORENTANE face à cet acte d’achat de Corentin ? (2 points)

Problème de droit : Quels sont les pouvoirs du DGD statutaire d’une SA ?

Règles applicables : Le DGD est un organe facultatif de la SA. Il s’agit d’une personne physique chargée
d’assister le DG et placée sous sa subordination.
Dans l’ordre interne, le DGD a les pouvoirs qui lui ont été fixés par le conseil d’administration en accord
avec le DG. Il engage sa responsabilité civile pour tous les actes accomplis en dépassement du cadre de ses
pouvoirs et peut également être révoqué.
Dans l’ordre externe, le DGD a les mêmes pouvoirs que le DG.
Par conséquent, le DGD a les pouvoirs les plus étendus pour représenter la société et l’engager vis-à-vis
des tiers. La société sera donc engagée par tous les actes accomplis par le DGD y compris en dehors de
l’objet social, sauf à prouver que le tiers connaissait ce dépassement ou ne pouvait l’ignorer compte tenu
des circonstances.

Application :
Le contrat d’achat est conclu par Corentin au nom de la SA CORENTANE avec Margaux, ancienne
actionnaire et administrateur de la société.
Margaux ayant cédé ses actions et démissionné de ses fonctions d’administrateurs la législation des
conventions règlementées est sans objet.
Il s’agit d’un contrat conclu entre la société et un tiers. Néanmoins ce contrat apparait être conclu en dehors
de l’objet social.
En principe la société est engagée par les actes de son DGD y compris pris en dehors de l’objet social.
Par exception, la société peut se dégager en démontrant que le tiers avait connaissance du dépassement de
l’objet social ou ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances.
S’agissant d’un contrat conclu en dehors de l’objet social avec une ancienne actionnaire, qui plus est
administrateur de la société, la société démontrera aisément que le tiers connaissait se dépassement.
Par conséquent la société CORENTANE n’est pas engagée par ce contrat.

DOSSIER 2 (5 points)

5/ Quelles sont les conditions pour décider de la transformation de leur société en SCA. (1,5 point)

Problème de droit : Conditions de forme et de fond de transformation d’une SA en SCA.

Règles applicables :
Art. L225-96 al. 1er C. com. : l’AGE est seule habilitée à modifier les statuts de la société dans toutes leurs
dispositions.
Le Conseil d’administration est compétent pour convoquer l’AGE (art. L225-103 C. com.) par écrit
(publication dans un journal d’annonces légales ou convocation individuelle par courrier simple ou
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électronique dans une SA non cotée dont les titres sont au nominatif), 15 jours au moins avant la date
prévue.
Le Conseil d’administration fixe l’ordre du jour.
L’AGE ne pourra siéger que si le quorum d’1/4 sur 1re convocation ou d’1/5 sur 2e convocation est réuni.
Les décisions se prennent en principe à la majorité des 2/3.
Néanmoins, s’agissant de la transformation d’une SA en SCA, cette transformation a pour effet
d’augmenter les engagements des associés qui deviendront commandités. Ils doivent donc y consentir
expressément.

Application :
Le Conseil d’administration de la SA CORENTANE doit convoquer l’AGE dans les formes et les délais
prescrits.
La décision sera prise à l’unanimité des futurs commandités et la majorité des 2/3 des autres actionnaires.

6/ Présentez les conditions de fond et de forme de l’augmentation de capital. (1,5 point)

Problème de droit : conditions de forme et de fond de l’augmentation du capital d’une SCA.

Règles applicables : il s’agit d’une décision de modification des statuts qui doit être votée en des termes
identiques par l’assemblée des commandités et par l’assemblée des commanditaires.
- Assemblée des commandités : toutes les décisions doivent être prises à l’unanimité.
- Assemblée des commanditaires : application des règles des AG d’actionnaires.
Convocation : par les gérants, dans les délai et formes prévues pour les AG d’actionnaires.
Quorum : 1/4 sur 1re convocation, 1/5 sur 2e convocation. Majorité des 2/3.
S’agissant d’une augmentation de capital par apports en numéraire (hypothèse qui se déduit des données de
l’énoncé) :
- Le capital social doit avoir été intégralement libéré avant toute émission d’actions nouvelles à
libérer en numéraire.
- Si la société a été constituée sans offre de ses titres au public et qu’elle vient à augmenter son
capital par offre au public moins de deux ans après sa constitution, elle est tenue de faire procéder à
une vérification de son actif et de son passif, ainsi que le cas échéant les avantages particuliers qui
ont pu être consentis.
- L’AGE qui décide de l’augmentation de capital doit statuer sur la suppression du droit préférentiel
de souscription.

7/ Présentez les conditions de l’introduction sur les marchés financiers. (1 point)

Problème de droit : conditions de forme et de fond de l’introduction sur les marchés financiers.

Règles applicables :
Il s’agit tout d’abord d’une décision modifiant les statuts de la SA, qui doit donc être votée par l’AGE aux
conditions de quorum et de majorité requises.
Art. L411-1 CMF : définit la notion d’offre au public au regard d’opérations réalisées par la société :
- soit la communication adressée sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit à des
personnes et présentant une information suffisante sur les conditions de l’offre et sur les titres à
offrir ;
- soit un placement de titres financiers par des intermédiaires financiers.

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Conditions de publicité :
Art. L412-1.-I. CMF ― (..) les personnes ou les entités qui procèdent à une offre au public de titres
financiers ou à une admission de titres financiers aux négociations sur un marché réglementé doivent, au
préalable, publier et tenir à la disposition de toute personne intéressée un document destiné à l'information
du public, portant sur le contenu et les modalités de l'opération qui en fait l'objet, ainsi que sur
l'organisation, la situation financière et l'évolution de l'activité de l'émetteur et des garants éventuels des
titres financiers qui font l'objet de l'opération, dans des conditions prévues par le règlement général de
l'Autorité des marchés financiers.
- Notice au balo et prospectus à l’intention du public soumis au visa préalable de l’AMF.
- Annonces publiées dans les journaux pour informer le public.
- Des bulletins de souscription doivent être émis pour matérialiser la volonté réelle des souscripteurs
d’entrer au capital de la société. Lors de la souscription, la moitié au moins du nominal des actions
doit être libérée.

Application :
La SCA CORENTANE doit donc faire voter une double décision : augmenter le capital et ouvrir son
capital au public.
Ces décisions doivent être prises par l’assemblée des commandités à l’unanimité et par l’assemblée des
commanditaires aux conditions de quorum et de majorité des AGE.
La SCA doit ensuite se conformer aux obligations de publicité exigées pour l’offre des titres au public.

8/ Vous présenterez les actions qui s’offrent à lui ainsi que les chances de succès. (1 point)

Problème de droit : Responsabilité des gérants commandités de SCA.

Textes applicables : art. L 226-7 C. com. qui renvoit aux textes applicables à la responsabilité des
dirigeants de SA, donc à l’article L225-251 C. com. sur les fautes causes de responsabilité des dirigeants.
Action individuelle : dans l’hypothèse exceptionnelle de vente des titres sur le marché à un prix ne reflétant
pas la valeur vénale des titres en raison d’une mauvaise information provenant des dirigeants, alors
responsabilité.
Sinon démonstration d’une faute, un préjudice et un lien de causalité.
Problème du caractère personnel du préjudice subi : la jurisprudence considère que le préjudice subi par
l’actionnaire n’est que le corollaire de celui subi par la société : Com. 26 janv. 1970, Com. avril 1997.
Donc l’action individuelle d’un actionnaire n’est pas admise.
Action sociale ut singuli : exercée par un actionnaire dans le but de réparer le préjudice subi par la société
elle-même.

Application :
M. PADEBOL ne peut exercer une action individuelle en responsabilité des gérants faute de préjudice
personnel distinct de celui subi par la société.
M. PADEBOL ayant cédé ses actions, n’est plus actionnaire et ne peut donc pas exercer non plus l’action
sociale ut singuli.

DOSSIER 3 (5 points)

9/ Présentez les caractéristiques d’une société civile immobilière et expliquez pourquoi le choix est
judicieux. (2 points)

Problème de droit : caractéristiques et intérêts d’une SCI.

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Règles applicables :
Les sociétés civiles immobilières ont pour objet de faire construire ou d’acquérir des immeubles en vue de
les louer ou de les mettre à la disposition gratuite de leurs associés. Elles ont une activité civile.
Le régime de base de la société civile est exposé dans les articles 1832 à 1873 du Code civil, et plus
spécialement dans les articles 1845 à 1870 1.
La société civile est immatriculée au registre du commerce et des sociétés du lieu du siège social et dispose
de la personnalité morale à compter de son immatriculation.
Elle est fondée sur l’intuitus personae. Ses associés sont indéfiniment responsables des dettes de la société
mais seulement en proportion de leur part dans le capital social. Il n’y a aucune solidarité entre eux ; on
parle alors de responsabilité indéfinie et conjointe.
Les règles applicables sont pour une large part les mêmes que celles qui régissent la conclusion du contrat
de sociétés commerciales (respect des articles 1128 et 1832 du Code civil).
Capacité des associés : capacité civile.
Objet social : gestion d’un bien immobilier.
Apports : tous les apports sont autorisés.
Capital social : aucun minimum.
Dénomination sociale : peut englober les noms des associés.
Siège social : obligatoire.
Gérance : grande liberté des statuts pour organiser la gérance de la SCI, la nomination et le statut interne
des gérants, la cessation des fonctions
Le pouvoir des gérants est fixé dans les mêmes conditions que pour les gérants de sociétés en nom collectif
auxquelles il suffit de se reporter.
Dans les rapports avec les tiers, la société civile n’est engagée que par les actes du gérant qui entrent dans
l’objet social.
Décisions collectives : en principe, les décisions collectives sont prises en assemblée générale. Toutefois,
les statuts peuvent aussi prévoir qu’elles résulteront d’une consultation écrite (C. civ., art. 1853), ou d’un
acte sous seing privé ou notarié (C. civ., art. 1854). Les statuts organisent librement le régime de la réunion
et de la tenue des assemblées générales (ordinaire, extraordinaire, spéciale). Ils fixent aussi les conditions
de majorité.
À défaut de dispositions statutaires contraires sur ce point, l’unanimité est requise.
Tout associé a le droit de participer aux décisions collectives.

Application :
La SCI est recommandée pour exploiter en commun un immeuble. S’agissant d’un immeuble acquis par
succession ou donation, la mise en société évite un partage entre les héritiers et permet d’organiser une
exploitation en commun.

10/ Qualifiez et analysez le bail conclu entre la société civile immobilière et la société CORENTANE.
(1 point)

Problème de droit : Qualification d’un bail conclu entre une SCA et une SCI dont les parts sociales sont
détenues par des associés de la SCA.

Règles applicables : S’agissant d’une convention conclue entre 2 sociétés ayant des dirigeants communs,
application du régime des conventions règlementées.
Article L226-10 C. com. : la procédure des conventions règlementées, libres et interdites prévue par les
articles L225-38 et s. du C. com. est applicable aux conventions intervenues directement ou indirectement
entre la société et l’un de ses gérants, l’un des membres du conseil de surveillance ou un actionnaire
détenant plus de 10% des droits de vote.
 Champ d’application :
- Conventions conclues directement entre la société et un administrateur, DG, DGD ou actionnaire
détenant au moins 10% des droits de vote ou, s'il s'agit d'une société actionnaire, la société la

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contrôlant. Toute convention dès lors qu’un administrateur, DGD, DGD ou actionnaire détenant
au moins 10% des droits de vote est indirectement intéressé à la convention.
- Conventions conclues entre la société et une autre entreprise si un des administrateurs, DG, ou
DGD est propriétaire de cette entreprise, en est associé indéfiniment responsable, gérant,
administrateur, président, DG ou membre du directoire ou du conseil de surveillance.
 Procédure :
- Information du conseil de surveillance : le conseil de surveillance statue sur l’autorisation, la
personne concernée ne prenant pas part au vote et motive sa décision.
- Signature de la convention
- Le CS avise les CAC dans le délai d’un mois.
- Les CAC présentent un rapport spécial à l’AGO.
- L’AGO vote et approuve ou désapprouve la convention. L’actionnaire concerné ne prend pas part
au vote et ses actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum ou de la majorité.
 Soit la convention est approuvée et elle produit ses effets
 Soit la convention est désapprouvée et elle produit ses effets à l’égard des tiers, mais les conséquences
préjudiciables pour la société peuvent être mises à la charge de l’actionnaire, administrateur ou dirigeant
concerné.
 Sanction de l’inobservation des règles légales.
- Défaut d’autorisation du conseil de surveillance
Nullité de la convention si elle a des conséquences dommageables pour la société. Nullité facultative qui
peut être couverte par un vote de l’AGO. Délai de prescription de trois ans, la suspension ou l’interruption
du délai étant possible.
- Défaut d’accomplissement des autres formalités
Obligation pour l’intéressé de supporter les conséquences dommageables subies par la société.

Application : la convention est conclue entre la SCA et la SCI détenue par Morgane, commandité gérante
et Ophélie, actionnaire.
La législation sur les conventions règlementées s’applique donc.
Le bail doit donc faire l’objet d’une autorisation a priori du conseil de surveillance et validé a posteriori par
les assemblés de commandités et de commanditaires.
En dépit de conditions intéressantes, le bail ne peut être qualifié de « convention portant sur des opérations
courantes conclues à des conditions normales », s’agissant d’une opération exceptionnelle pour la société et
ne relevant pas de son activité sociale.
Néanmoins ces conditions laissent augurer l’autorisation de la convention.

11/ Présentez les structures envisageables pour le partenariat des trois structures, avec leurs
avantages et leurs inconvénients. (2 points)
Valoriser toute autre proposition bien exposée.

Problème de droit : quelles structures sont envisageables pour un partenariat d’entreprises ?

Règles applicables : certaines structures ont été conçues pour permettre la coopération entre entreprises :
 La SAS
Société commerciale par la forme, ouverte à tout type d’associés et reposant essentiellement sur la
liberté contractuelle exprimée dans les statuts.
Comme toute société elle doit répondre aux exigences de l’article 1832 C. civ. et avoir vocation à
réaliser des bénéfices ou faire profiter ses membres d’une économie. Elle est dotée de la personnalité
morale à compter de son immatriculation. Le montant du capital social est librement fixé dans les
statuts et la responsabilité des associés limitée au montant de leurs apports.
Liberté contractuelle dans l’organisation de la gestion de la société (seule exigence d’un président) et
dans la répartition du capital et du pouvoir.
Limite : la particulière attention que les fondateurs doivent avoir quant à la rédaction des statuts.

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 Le GIE
A été institué pour permettre aux entreprises d’unir leurs efforts là où elles ont des intérêts communs
tout en conservant leur entière indépendance.
Ordonnance n°67-821 du 23 septembre 1967 : art. L L251-1 à L251-23 C. com.
Cadre intermédiaire entre la société et l’association.
Différence principale entre le GIE et la société : le GIE ne peut avoir pour objet que le prolongement
de l’activité économique de ses membres et cet objet doit avoir un caractère économique. Il peut agir
dans tous les secteurs de la vie économique.
Le GIE peut être constitué avec ou sans capital social.
Le GIE dispose de la personnalité morale à compter de son immatriculation.
Le GIE n’a pas pour but principal la réalisation de bénéfices. Néanmoins il ne serait pas illicite s’il
réalisait des bénéfices, quand bien même il les partagerait entre ses membres. Il a vocation à mettre en
œuvre tous les moyens propres à faciliter, accroitre ou développer l’activité économique de ses
membres et à améliorer les résultats de cette activité.
Les membres du GIE sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes du groupement.
Le GIE constitue un groupement d’entreprises qui n’a pas d’activité propre indépendante de celle des
entreprises qu’il groupe : il ne constitue pas lui-même une entreprise distincte.
 L’association
L’association est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent de mettre en commun
d’une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un autre but que le partage des
bénéfices et désigne également la personne morale à laquelle est affectée cette mise en commun.
À la différence de la société, l’association ne peut partager les bénéfices entre ses adhérents.
Une association peut avoir le même but qu’un GIE.

Application à l’espèce :
On ne peut que recommander la SAS qui présente l’avantage de pouvoir poursuivre la réalisation de
bénéfices, et leur partage, comme la recherche d’économies ; qui dispose de la pleine capacité juridique
(par rapport à l’association) et qui offre une limitation de responsabilité aux associés (par rapport au GIE).

PARTIE II : ANALYSE DE DECISION DE JUSTICE (4 points)

Cour de cassation
Chambre criminelle
Audience publique du mercredi 7 décembre 2016

1/ Résumez les faits. (0,5 point)

M. X. a conclu avec société coopérative GEF un contrat de travail fixant sa rémunération à 5400 euros
bruts par mois plus une commission de 4% du CA. Il a par ailleurs, en qualité de directeur administratif et
financier de la société coopérative GEF, réglé des montants importants pour des prestations douteuses
fournies par la société Progelis dont il est actionnaire.
Il est condamné par la CA d’Aix-en-Provence le 13 octobre 2015 pour abus de biens sociaux à un an
d’emprisonnement et 113 578€ et 31 000€ sur les intérêts civils.
Il se pourvoit donc en cassation.

2/ Rappelez la définition et les éléments constitutifs du délit en cause. (1,5 point)

Le délit d’abus de biens sociaux consiste pour les dirigeants de sociétés par actions et de sociétés à
responsabilité limitée, à utiliser les biens, le crédit, mais aussi les pouvoirs, au sens large, d’une société,
dans un but contraire à l’intérêt social.

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 Élément légal
Article L. 242 6 C. com.
Ces dispositions, qui visent le président, les administrateurs et les directeurs généraux de sociétés
anonymes, sont applicables à toute personne qui, directement ou par personne interposée, aura exercé
la direction, l’administration ou la gestion desdites sociétés sous le couvert ou au lieu et place de leurs
représentants légaux (art. L. 245 16, C. com.).
Le délit d’abus de biens sociaux est un délit de fonction, ce qui signifie que seuls les dirigeants l’ayant
commis peuvent être qualifiés d’auteurs et voir leur responsabilité pénale engagée à ce titre.
L’abus de biens sociaux est punissable d’une peine d’emprisonnement de cinq ans et d’une peine
d’amende de 375 000 euros.
 Éléments matériels
Le délit est constitué si trois éléments matériels sont réunis.
 Un usage abusif des biens, du crédit, des pouvoirs ou des voix.
La notion d’« usage » fait référence essentiellement à des actes positifs accomplis au nom de la
société.
Ces actes doivent être abusifs, c’est-à-dire ne pas être justifiés et faire courir à la société un risque
excessif. Le législateur n’exige pas que cet usage abusif cause un préjudice à la société,
contrairement à l’abus de confiance.
La jurisprudence estime que l’usage abusif est commis dès que le dirigeant prend la décision de
gestion anormale constitutive de l’abus, même s’il ne l’exécute que plus tard.
Sont visés tous les biens qui se trouvent dans le patrimoine de la société, et non pas seulement les
valeurs formant l’actif de la société.
 Un usage contraire à l’intérêt social
Cet usage contraire à l’intérêt social peut être défini comme l’usage qui porte atteinte à l’intérêt de
la personne morale, entité distincte de ses membres et dont l’intérêt ne peut pas être identique.
L’usage abusif doit exposer la société à un risque de pertes, ou encore la priver d’avantage.
Ce sont donc en premier lieu tous les actes qui portent atteinte au patrimoine social, le plus souvent
cet usage est fait dans un simple but d’enrichissement personnel.
Ce sont, en second lieu, les actes qui font courir un risque anormal au patrimoine social.
C’est aussi, en troisième lieu, un acte conforme aux intérêts de la société, et donc qui ne porte pas
atteinte au patrimoine de la société, mais est contraire à la loi.
 Un usage destiné à satisfaire un intérêt personnel direct ou indirect
Il faut aussi que cet acte de mauvaise gestion soit accompli en vue de favoriser l’intérêt personnel,
direct ou indirect, du dirigeant.
 Élément moral
 la conscience du dirigeant d’agir dans un sens contraire à l’intérêt social ;
 sa volonté d’agir à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou une autre entreprise
dans laquelle il a un intérêt matériel ou moral.

3/ Formulez les problèmes de droit. (0,5 point)

Un salarié peut-il être coupable d’abus de biens sociaux eu égard à l’importance exorbitante de sa
rémunération ? Quel doit alors être le montant de la réparation ?

4/ Quelles sont les solutions de la Cour de cassation et l’apport de cet arrêt ? (1,5 point)

Le salarié est reconnu coupable, en tant que gérant de fait d’une société coopérative, d’une part pour avoir
perçu en tant que directeur administratif et financier des salaires exorbitants au regard des possibilités
financières de la société, et d’autre part pour avoir fait régler par cette société des factures injustifiées par
une société dont il est actionnaire.

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La solution retenue pour cette condamnation pour abus de biens sociaux est classique quant aux éléments
constitutifs du délit.
L’apport de l’arrêt réside dans l’action civile. En effet, la société avait exercé l’action civile et réclamé
réparation du préjudice subi par la société. La CA a alors condamné le prévenu à rembourser à la société
l’intégralité des salaires perçus.
La cassation est donc prononcée au visa de l’article 1382 (devenu 1240) C. civ. : seul l’excès de
rémunération constitutif de l’abus de biens sociaux doit être réparé. Il appartiendra donc à la cour d’appel
de renvoi de déterminer le trop perçu à reverser à la société.

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