Vous êtes sur la page 1sur 7

Chapitre II 

: Le fonctionnement de la SARL
3 organes se partagent les pouvoirs de la SARL :

1- un organe de gestion : les gérants


2- un organe de délibération : les assemblées générales des associés
3- un organe de contrôle : le commissaire aux comptes

Section I : Le gérant de la SARL

La gérance est l’organe essentiel de la SARL. Elle assure le


fonctionnement quotidien de la société. On examinera le statut, les pouvoirs et la
responsabilité des gérants.

Paragraphe I : Le statut des gérants

A- Désignation du gérant

Il faut que le gérant soit une personne physique et non une personne
morale (article 112 du CSC).

Le gérant peut être choisi parmi les associés ou parmi les tiers (article 112
alinéa 2 du CSC).

L’article 112 du CSC prévoit que les associés peuvent désigner un ou


plusieurs gérants.

Les gérants peuvent être désignés soit par les statuts, lors de la
constitution de la société, soit par un acte postérieur. Dans ce second cas, et
conformément à l’article 130 du CSC, la nomination est décidée par un ou
plusieurs associés représentant plus de la moitié du capital social.

La désignation du gérant doit faire l’objet d’une publicité, afin que les
tiers puissent identifier la personne qui détient le pouvoir d’engager la société.

B- La durée du mandat du gérant

Cette durée est généralement fixée par les statuts ou par la décision de
nomination. En cas de silence des statuts ou de la décision de nomination, la
durée du mandat du gérant sera de 3ans renouvelable d’une manière indéfinie.

C- La cessation des fonctions des gérants


Les fonctions du gérant prennent fin par l’arrivée du terme ou à la suite de
la survenance d’un évènement tel que le décès, l’incapacité, la démission, la
dissolution de la société…

En pratique, c’est la révocation qui suscite plus de difficultés que les


autres modes de cessation ; c’est ainsi que le gérant peut être révoqué par les
associés ou par le juge.

 La révocation par les associés

Selon l’article 122 du CSC

 le gérant statutaire est révocable par décision des associés réunis en


assemblée générale représentant au moins les ¾ du capital social
 le gérant non statutaire est révocable par une décision des associés
détenant plus de la ½ du capital social.

La révocation par les associés est décidée ad nutum, c'est-à-dire à tout


moment et sans besoin d’être justifiée.

Néanmoins les conditions de majorité (¾ et ½ du capital social) peuvent


rendre un gérant associé pratiquement irrévocable. C’est le cas lorsqu’il
dispose à lui seul d’un nombre de voix suffisant pour empêcher la réunion
d’une majorité. C’est la raison pour la quelle la jurisprudence a toujours
admis la possibilité d’une révocation judiciaire.

 La révocation par le juge

Cette révocation est décidée suite à une action intentée par le ou les
associés représentant au moins le ¼ du capital social. Elle doit être
justifiée par une cause légitime, qui peut consister en une incapacité
physique ou intellectuelle du gérant, ou bien d’une mauvaise
administration.

Paragraphe II : Les pouvoirs des gérants

Il faut distinguer entre les pouvoirs du gérant dans ses relations avec la
société d’une part et dans ses relations avec les tiers d’autre part.

A- Les relations du gérant avec la société


L’art.113 règlemente les rapports entre le gérant et la société. Dans ces
rapports, le gérant peut passer tous les actes qui rentrent dans l’objet social et
qui sont accomplis dans l’intérêt de la société sauf s’il y a une limitation des
pouvoirs du gérant. L’art.113 dispose que : « Les statuts fixent les pouvoirs des
gérants dans les rapports avec les associés. Sauf stipulation contraire dans les
statuts, le gérant peut effectuer tous les actes relevant de l’objet de la société et
dans l’intérêt de celle-ci ». On en déduit que même en l’absence de stipulation
statutaire, les pouvoirs du gérant ne sont pas illimités puisque devant être
exercés dans les limites du respect de l’objet et de l’intérêt de la société.

Des conventions peuvent être conclues entre le gérant et la SARL qu’il


dirige. Puisque le gérant représente la société, la loi a dû prévoir des précautions
particulières pour qu’il n’abuse pas de sa qualité. A cet égard, le CSC distingue
entre deux types de conventions qui pourraient liées le gérant à la société :

1- Les conventions réglementées

L’article 115 du CSC prévoit que toute convention intervenue


directement ou par personne interposée entre la société et son gérant associé
ou non doit être approuvée par l’assemblée générale sans que le gérant ne
puisse prendre part au vote.

Même si les conventions n’ont pas été approuvées, elles produisent leurs
effets, mais le gérant sera tenu pour responsable, individuellement ou
solidairement des dommages subis par la société.

Ces mêmes dispositions s’appliquent :

 aux conventions passées entre la société et l’un de ses associés (article


115 alinéa 1 et 3 du CSC)
 aux conventions passées entre la société et une autre société dont un
associé solidairement responsable, gérant, administrateur, directeur
général est simultanément gérant ou associé de la SARL (article 115 in
fine du CSC).

La procédure de contrôle indiquée s’applique en outre à certaines autres


opérations déterminées en raison de leur objet estimé en quelque sorte
important. L’article 115 alinéa dernier (ajouté par la loi du 29 mai 2019
relative à l’amélioration du climat des affaires à la société à responsabilité
limitée) vise désormais les opérations de :
 Vente du fonds de commerce ou d’un élément constituant le fonds de
commerce, sa location à un tiers sauf s’il s’agit de l’activité principale
de la société en tant marchand de biens,
 Cession de plus de la moitié de la valeur brute comptable de l’actif
immobilisé
 Emprunt important dont les statuts déterminent le seuil
 Vente des immeubles quand les statuts le prévoient
 Garantie des dettes d’autrui sauf si les statuts dispensent l’approbation
dans la limite d’un certain montant fixé

En principe garantir les dettes du gérant ou de l’associé est une


convention interdite (article 116 du CSC). Cette interdiction se justifie par
la qualité du débiteur principal. Mais la garantie par la SARL des
engagements des tiers est une convention soumise à autorisation préalable
à moins que les statuts prévoient une dispense à cette autorisation dans la
limite d’un seuil fixé. Le terme garantie comprend les suretés
personnelles et les cautionnements réels.

2- Les conventions interdites

L’article 116 du CSC interdit au gérant ou à un associé personne


physique

 de contracter pour son propre compte et sous quelques formes que ce


soit des emprunts auprès de la société
 de se faire cautionner ou avaliser par elle ses engagements avec les
tiers. Cette interdiction s'étend aux représentants légaux des personnes
morales associés. Elle a été, en revanche, levée au profit des associés
personnes morales (article 116 du CSC).

B- Les relations du gérant avec les tiers

Le principe est que le gérant est investi, par la loi, des pouvoirs les plus étendus
pour agir en toute circonstance au nom de la société.

Deux principes résument les pouvoirs du gérant dans ses rapports avec les tiers
(art114 du C.S.C):

 Le gérant engage la société envers les tiers lorsqu’il agit dans les
limites de ses pouvoirs et lorsqu’il respecte l’objet social.
 Le gérant engage la société même lorsqu’il dépasse l’objet social ou
les clauses statutaires c'est-à-dire toutes les fois qu’il conclut :

1- des actes qui dépassent l’objet social à moins que la société ne prouve
que le tiers savait que l’acte dépasse cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer
compte tenu des circonstances.
2- Des actes qui dépassent les limitations statutaires, c’est ainsi que les
clauses statutaires limitant les pouvoirs du gérant sont inopposables aux
tiers même en cas de publication des statuts. La règle de l’inopposabilité
des limitations statutaires des pouvoirs du gérant aux tiers est avantageuse
dans la mesure où elle les dispense de la consultation des statuts pour se
renseigner sur les pouvoirs du gérant que de l’interprétation des clauses
souvent ambiguë.

Paragraphe III : La responsabilité des gérants

Dans l’exercice de leurs fonctions, les gérants peuvent encourir trois types
de responsabilités : une responsabilité civile, une responsabilité pénale et une
responsabilité particulière en cas de cessation de paiement de la société.

A- La responsabilité civile

Les causes de responsabilité civile du gérant sont la transposition du droit


commun de la responsabilité. Celle-ci suppose l’existence d’une faute, un
dommage et d’un lieu de causalité entre ces deux éléments.

*La faute  : elle peut consister en une violation de la loi ou des statuts, ou
encore en une faute de gestion.

En cas de pluralité de gérants, chacun répond individuellement de ses fautes


personnelles. Lorsque la faute est collective, les gérants sont responsables
solidairement. Dans ce cas, le tribunal détermine la part contributive de chacun
d’eux dans la réparation du dommage (article 117 du CSC).

*Le dommage  : c’est le préjudice subi par la société (préjudice social) ou par un
associé (préjudice individuel) ou encore par les tiers.
* Le préjudice social : en cas de dommage subi par la société, l’action en
responsabilité contre le ou les gérants responsables du préjudice appelée action
sociale pourrait être intentée

 soit par les autres gérants,


 soit par les associés représentant le dixième du capital social agissant
au nom et pour le compte de la société (article 118 alinéa 2 du CSC).

* Le préjudice individuel : en cas de dommage subi personnellement chaque


associé peut exercer individuellement l’action en responsabilité (article 118 du
CSC). Exemple de préjudice personnel : le détournement des dividendes
revenant à un associé, le défaut d’information d’un associé. Tandis que celui qui
se plaint de la mauvaise gestion de la société invoque un préjudice social à
moins qu’il ne prouve qu’il a personnellement subi un préjudice distinct du
préjudice social.

Comme pour l’action sociale, il est interdit de faire obstacle à l’exercice de


l’action individuelle, ni par les statuts, ni par l’assemblée générale.

Les actions en responsabilité dirigées contre le gérant (l’action sociale, l’action


individuelle ou l’action intentée par les tiers) se prescrivent par trois ans à
compter du fait dommageable ou s’il a été dissimilé à compter de sa révélation
(article 129 du CSC).

B- La responsabilité pénale

Les articles 145- 146 et 147 du CSC punissent d’un emprisonnement et


d’une amende les gérants qui n’ont pas établi pour chaque exercice un
inventaire, un bilan ou un rapport de gestion, qui n’ont pas convoqué
l’assemblée des associés au moins une fois par an…

C- La responsabilité du gérant en cas cessation de paiement de la


société

Lorsque la société fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire


ou de faillite, il est naturel de rechercher si la perte financière est due à la
négligence ou à la fraude du gérant. Dans ce cas il encourt diverses sanctions
pécuniaires personnelles. C’est ainsi l’article 121nouveau du CSC prévoit que
le gérant peut être appelé à :
 Supporter les dettes de la société en tout ou en partie avec ou sans
solidarité et jusqu’à la limite du montant désigné par le tribunal. Le
gérant de fait ou de droit n’est exonéré de la responsabilité que s’il
apporte la preuve qu’il a apporté à la gestion de la société la diligence
nécessaire.
 encourir la faillite personnelle lorsque le gérant a fait dans son intérêt
et sous le couvert de la société des actes de commerce et a disposé des
biens de la société comme de ses propres biens (article 596 du CC).

Vous aimerez peut-être aussi