réglementée par les articles 54 et suivants du C.S.C. « La S.N.C est constituée entre deux ou plusieurs personnes qui sont responsables personnellement et solidairement du passif social. Elle exerce son activité sous une raison qui se compose du nom de tous les associés ou du nom de l'un ou de quelques- uns d'entre eux suivis des mots et compagnie ». (article 54 du C.S.C). La S.N.C est la société la plus anciennement connue. Cependant, actuellement, elle n'est pas assez répondue à cause de ses risques illimités. Nous examinerons dans ce qui suit: - les caractéristiques de la S.N.C. - sa constitution. - son fonctionnement. - et sa dissolution.
Section I - Les caractéristique de la
S.N.C
La S.N.C se caractérise par le fonctionnement sous
une raison social, l'engagement personnel et solidaire des associés el l'incessibilité des parts sociales. 1- Le fonctionnement sous une raison sociale : La S.N.C exerce son activité sous une raison sociale qui doit répondre aux deux conditions prévues par l'article 54 du C.S.C : • Elle doit se composer des noms de tous les associés ou du nom de l'un ou de quelques-uns d'entre eux suivis des mots « et compagnie ». • Elle doit toujours correspondre à l'identité des associés actuels. En effet, en application de l'article 54 du C.S.C : Toute personne étrangère à la société qui laisserait sciemment son nom figurer dans la raison sociale de la société répondrait des dettes de la société vis à vis de quiconque qui aurait pu ainsi induit en erreur . Par conséquence, l'associé qui se retire d'un S.N.C. doit veiller à ce que son nom ne figure plus dans la raison sociale.
2- L'engagement personnel et solidaire des associés
:
Les associés d'une S.N.C sont responsables
indéfiniment du passif social. Cet engagement personnel et solidaire constitue le caractère essentiel de la S.N.C. Il en résulte que tout associé, assumant pleinement les risques du commerce, est considéré comme commerçant. Il doit avoir la capacité de faire le commerce. La gage des créanciers sociaux ne se limite pas au patrimoine social, la mise en faillite de la société entraîne la faillite personnelle de chaque associé. La possibilité d'agir contre les associés est cependant soumis à deux conditions : d'une part, les créanciers de la société ne peuvent poursuivre l'associé en paiement des dettes sociales que quinze jours après l'avoir mis en demeure; d'autre part, ils ne peuvent poursuivre que les associés faisant partie de la société au moment où l'engagement social a été contracté.
§3- L'incessibilité des parts sociales :
Les parts de la S.N.C qu'on appelle parts
d'intérêt, sont incessibles et ne peuvent être représentées par des titres négociables. Ce principe est logique, en effet, étant constituée en considération de la personnalité des associés, la S.N.C doit pouvoir empêcher l'entrée des tiers indésirables. Ainsi l'article 56 du C.S.C dispose que : à l'exception des cas expressément prévus dans l'acte constitutif de la société, l'associé ne peut céder sa part d'intérêt à un tiers sauf consentement unanime des autres associés et à condition de se conformer aux obligations de publicité . L'étude de cet article permet de dégager les observations suivantes: • L'article 56 ne vise que les cessions aux tiers, donc les cessions entre associés peuvent être librement effectuées. En plus, les statuts peuvent autoriser certaines cessions au profit de certains cessionnaires déterminées (« à l'exception des ces expressément prévus dans l'acte constitutif de la société...») • Pour les cessions aux tiers, il faut l'accord unanime des autres associés. Si ces derniers n'acceptent pas la cession, l'associé demeurera prisonnier de ses parts sociales et de la société, et la seule issue qui lui reste est de demander la dissolution pour mésintelligence grave entre les associés. • Enfin, il faut noter que le principe d'incessibilité des parts sociales dans le S.N.C admet un tempérament, en effet, en application de l'alinéa 2 de l'article 56 : il est permis à un associé de transférer à un tiers les droits et les avantages attachés à sa part d'intérêt, cet accord n'ayant d'effet qu'entre les parties contractantes. Concrètement, cela signifie que l'associé transfère ses droits sociaux à un tiers tout en restant associé et propriétaire de ses parts sociales. Dans la pratique ces conventions, qu'on appelle les conventions de croupier, ne semblent pas exister. Section II - La constitution de la S.N.C
A côté des conditions de droit commun, il faut
ajouter quelques conditions spécifiques à la S.N.C. : - La nécessité pour chaque associé en nom collectif, d'avoir la capacité d'exercer le commerce. - L'absence de toute obligation légale d'un capital social minimal. A la limite, la société pourrait se constituer sans capital, donc uniquement avec des apports en industrie. - L'absence également de toute obligation légale de libérer immédiatement tous ou partie des apports. Ainsi, la constitution de la société en nom collectif apparaît globalement assez facile pour les associés car en contrepartie, le tiers qui vont contracter avec elle sont fortement protégés par l'obligation solidaire et indéfinie pesant sur les associés en nom.
Section III - Le fonctionnement de la
S.N.C.
§1- La gérance de la S.N.C. :
La gérance de la S.N.C est régie par les articles
57 et suivants du code des sociétés commerciales qui portent essentiellement sur la désignation des gérants, leur révocation, leurs pouvoirs et leur responsabilité.
A- La désignation des gérants :
En application de l'article 57 du C.S.C : la gestion de la société est un droit pour tous les associés sauf si les statuts ou une convention ultérieure ne prévoient le contraire . Le droit de gérer appartient donc, en principe, à tous les associés. Par conséquent, chacun d'eux peut engager la société sans prendre au préalable l'accord des autres associés. On dit que chaque associé a la signature sociale. Néanmoins, cette disposition présente un inconvénient majeur car si chaque associé agit tout seul sans l'accord des autres associés. il y aura un risque d'anarchie qui menacera l'existence même de la société. C'est pourquoi l'article 58 du C.S.C prévoit que la gérance peut être confiée à un ou plusieurs gérants par les statuts ou par une décision ultérieure. Les associés peuvent choisir comme gérant une personne étrangère à la société, mais beaucoup plus fréquemment ils le choisissent parmi eux. En effet, les associés qui sont solidairement tenus du passifs social n'ont pas intérêt à être engagé par un gérant qui est un simple mandataire et qui n'est pas lui- même tenu des engagements qu'il contracte.
B- Les pouvoirs des gérants :
Le gérant accomplit tous les actes de gestion qu'exige l'intérêt de la société sauf limitation expresse de ses pouvoirs par les statuts. Le ou les gérants engagent la société toutes les fois qu'ils agissent dans les limites de leurs pouvoirs et qu'ils signent sous la raison sociale, même s'ils usent de cette signature dans leur intérêt personnel, à moins que le tiers cocontractant ne soit de mauvaise foi (article 61 du C.S.C). Par conséquent, l'abus de la raison sociale est inopposable aux tiers de bonne foi. En cas de pluralité de gérants, les statuts pourraient régler leurs pouvoirs respectifs. A défaut, chacun a les mêmes pouvoirs. L'article 60 du C.S.C prévoit que l'opposition formée par un gérant aux actes d'un autre gérant est sans effet à l'égard des tiers, à moins qu'il ne soit établi qu'ils en ont eu connaissance. Dans les rapports avec les associés, il faut distinguer trois types d'actes: 1- Les actes sans restriction : Ce sont les actes nécessaire à la sauvegarde du patrimoine social ou de l'un des éléments du fonds de commerce et de tous les droits appartenant à la société. Il s'agit aussi des actes de gestion courante de la société (achat et vente de marchandises, renouvellement du matériel, embauche du personnel , ouverture et fonctionnement des comptes bancaires, actions en justice). Tous ces actes tendant à la réalisation de l'objet social entrent dans les pouvoirs du gérant sans qu'il y ait besoin de l'intervention des associés.
2- Les actes réglementés : Ce sont les actes que le
gérant ne peut accomplir qu'avec l'autorisation des associés. Le C.S.C ne cite qu'un seul acte réglementé. En effet, l'article 63 prévoit que les gérants ne peuvent, sans autorisation spéciale des associés, passer pour leur compte personnel des marchés avec la société.... Cet article a pour but d'éviter que le gérant , profitant de sa situation, cherche à s'assurer certains avantages au détriment des intérêts de la société.
3- Les actes interdits : Il s'agit essentiellement
des actes qui sont de nature à menacer l'exploitation sociale ou à modifier les statuts de la société (ex : vendre le fonds de dissoudre la société). Par ailleurs, en application de l'article 62 du C.S.C, les gérants ne peuvent gérer une société ou une entreprise individuelle exerçant une activité concurrente. Il s'agit ici d'une innovation puisque avant la promulgation du C.S.C, cet acte était un acte réglementé qui est soumis à l'autorisation des associés (article 35 du code de commerce).
C- La révolution des gérants :
Les associés exercent un droit de contrôle sur la gérance de la société, ils peuvent être parfois amenés à révoquer le gérant. En application de l'article 59 du C.S.C : le gérant est révocable dans les mêmes conditions suivant lesquelles il a été nommé..Toutefois, si la révocation est abusive, elle peut donner droit à réparation. A partir de cet article on peut dégager deux principes régissant la révocation des gérants : 1- La révocation ne doit pas être abusive : elle doit être motivée par une cause légitime. Peuvent être considérés comme motif juste de révocation, le désaccord grave entre les gérants, les actes de mauvaise gestion, la violation de la loi ou des statuts... Toute révocation non fondée sur une cause légitime est considérée comme abusive et donne lieu à des dommages intérêts au profit du gérant. 2- Il faut respecter le principe de parallélisme des formes entre la nomination et la révocation. A ce niveau on doit distinguer entre deux hypothèses : le gérant statutaire et le gérant non statutaire. • La révocation du gérant statutaire. La nomination du gérant dans les statuts est un élément de l'acte constitutif, sa révocation implique donc la modification des statuts qui ne peut se faire qu'à l'unanimité des associés. Le problème se pose lorsque le gérant statutaire est un associé. En effet, ce dernier participe, en principe, au vote et peut empêcher la prise de décision de révocation. L'article 1297 du C.O.C résout ce problème en prévoyant que la décision de révocation est prise à l'unanimité des autres associés , ce qui implique que le gérant statutaire ne doit pas participer au vote. • La révocation du gérant non statutaire : N'étant pas protégé par les statuts, le gérant non statutaire est simple mandataire qui peut être révoqué pour tout motif juste à tout moment . Cependant, il faut toujours respecter le principe le principe de parallélisme des formes consacré par l'article 59 du C.S.C. Par conséquent, il faut révoquer le gérant par la même majorité requise lors de sa nomination.
La démission du gérant pose les mêmes problèmes.
La démission du gérant statutaire doit être acceptée par tous les associés et doit entraîner la modification des statuts. Le gérant peut démissionner pour «cause légitime d'empêchement» en application de l'article 1298 du C.O.C. Le gérant qui démissionne sans motif juste engage sa responsabilité vis à vis des associés.
D- La responsabilité des gérants :
La responsabilité des gérants de la S.N.C n'est pas réglementée par le code des sociétés commerciales. C'est donc le droit commun de la responsabilité (c'est à dire le C.O.C.) qui doit s'appliquer. Le gérant engage sa responsabilité envers la société pour avoir commis une faute qui peut consister dans la violation des dispositions légales ou statutaires ou dans une faute de gestion. Si le principe même de la responsabilité du gérant ne pose pas de problème il n'en pas de même pour sa mise en ou œuvre. En effet. l'action appartient à la société, mais comme c'est le représentent de la société qui lui même est attaqué par les associés, l'action en justice devrait être exercée par un associé au nom de la société. A l'égard des tiers, en principe, c'est la société qui répond des engagements pris par le gérant, mais si le gérant cause un dommage aux tiers, il peut encourir une responsabilité personnelle.
§2- Les droits des associés :
Les associés non gérants ne peuvent prendre aucune
part à la gestion, ni s'opposer aux actes accomplis par les gérants. Ceci implique que ces associés ne doivent pas provoquer des troubles dans la gestion et qu'ils ne peuvent pas agir au nom et pour le compte de la société. Cependant, les associés non gérants ne sont pas exclus de la vie sociale. En effet, en application de l'article 64 du C.S.C, ces associés ont le droit de prendre connaissance deux fois par an, au siège de la société, des documents comptables. Ils ont également le droit de poser des questions écrites sur la gestion sociale. Les réponses à ces questions doivent être faites par écrit dans un délai ne dépassant pas un mois. Les statuts règlent généralement les modalités d'exerce de ce droit de contrôle en prévoyant par exemple, lorsque le nombre d'associés le permet la tenue d'une assemblée générale pour l'approbation des comptes. En outre, les associés sont aussi appelés à prendre des décisions qui excèdent les pouvoirs reconnus aux gérants. (ex : la modification des statuts).
§3- Les droits des créanciers sociaux :
Pour déterminer les droits des créanciers
sociaux, il faut partir de la nature des engagements des associés. En effet, les associés en nom sont solidaires entre eux et solidaires à l'égard de la société. Et cette solidarité implique que le créancier peut obliger chacun des débiteurs à payer ses dettes conformément à l'article 176 du C.O.C. Toutefois, les créanciers de la société ne peuvent poursuivre l'associé en paiement des dettes sociales que quinze jours après l'avoir mis en demeure (article 55 du C.S.C).
Section IV - La dissolution de la S.N.C
Cette dissolution ayant les conséquences de droit
commun précédemment exposées, on ne présentera dans cette section que ses causes, et encore parmi elles uniquement celles spécifiques aux sociétés en nom collectif. Celles-ci étant dominées par l'intuitu personae, ces causes ont logiquement trait à des évènements graves affectant la personne d'un associé. Outre les causes de dissolution communes à toutes les sociétés, les S.N.C. sont soumises aux causes de dissolution suivantes :
1- L'impossibilité pour l'un des associés de céder
ses parts . 2- La survenance de l' incapacité ou la faillite d'un associé : Toutefois, l'article 65 du C.S.C précise que les autres associés peuvent à l'unanimité décider que la société continuera entre eux, à l'exclusion du démissionnaire, de l'incapable ou du failli, mais à condition de procéder aux mesures de publicité.
3- La continuation de la société en cas de décès de
l'un des associés : L'article 65 du C.S.C prévoit que : Sauf clause contraire des statuts, en cas de décès de l'un des associés, la société en nom collectif continue entre les survivants, si le prédécédé n'a pas laissé d'héritiers auxquels ses droits sont dévolus. Au cas contraire, la société continue avec les héritiers qui prennent la qualité d'associés commanditaires, et la société se transforme de droit en une société en commandite simple qui doit faire l'objet des mesures de publicité légales . En application de l'article 87 du code de statut personnel : l'Etat recueille la succession de celui qui décède sans laisser des héritiers . Cependant, lorsqu'un associé décède sans laisser des héritiers, l'Etat ne devient pas associé, il recueille simplement la valeur des droits sociaux de l'associé décédé.