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BIP n°47

Septembre 1995

LA GESTION DES SOCIETES ANONYMES SELON LE


PROJET DE REFORME

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BIP n°47
Septembre 1995

1/ LA SOCIETE ANONYME A CONSEIL D'ADMINISTRATION

Nous étudierons successivement :

Ÿ L'organisation du Conseil d'Administration : nombre de membres, conditions et


modes de leur rémunération ;
Ÿ Le fonctionnement du Conseil d'Administration ;
Ÿ Les conventions entre la société et ses administrateurs ;

I. L'ORGANISATION DU CONSEIL D'ADMINISTRATION :

1. Taille du Conseil d'Administration :

p Principe :

Selon les dispositions du dahir de 1922 réglementant les S.A au Maroc, une S.A
peut avoir un administrateur unique, ou plusieurs administrateurs. A cet égard il faut
préciser qu'aucun nombre maximum des administrateurs n'a été fixé par la loi.

Celle-ci est restée au demeurant silencieuse sur de nombreuses dispositions dont


essentiellement :

Ÿ les règles de non cumul des fonctions


Ÿ les précisions d'ordre structurel afférentes aux conditions de détermination du
nombre des administrateurs en cas de transformation des sociétés : cas de fusion
ou scission de la S.A.

Au terme de l'article 39 du projet "une S.A est administrée par un Conseil


d'Administration composé de trois membres au moins et au plus douze membres
ou, lorsque les actions de la société sont inscrites à la cote de la bourse des
valeurs, quinze membres".

Le projet distingue les S.A faisant appel public à l'épargne (APE) des autres S.A, et
détermine à cet effet deux nombres maximum tenant ainsi en ligne compte
l'ouverture du capital au public:

Ÿ 12 administrateurs pour les S.A ne faisant pas APE ;


Ÿ 15 administrateurs pour les S.A faisant APE.

Le nombre minimum d'administrateurs devant constituer le Conseil


d'Administration reste trois dans tous les cas.

Ä Cas particuliers : décès, démission des administrateurs :

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L'article 49 du projet prévoit qu'en cas de vacance (par décès, démission ou autre
motif...) d'un ou de plusieurs sièges d'administrateurs tout en respectant le minimum
statutaire et légal, le Conseil d'Administration est habilitée entre deux Assemblées
Générales, à nommer provisoirement 1 des administrateurs.

Par ailleurs, si pour les mêmes raisons ce nombre venait à se situer en deçà :

Ÿ du minimum légal c'est à dire trois administrateurs, l'effectif du Conseil


d'Administration doit impérativement être complété après convocation préalable
de l'Assemblée Générale Ordinaire ;

Ÿ du minimum statutaire, et au-dessus du minimum légal, le Conseil


d'Administration est dans l'obligation dans un délai de trois mois à compter de
la date de la convocation de nommer provisoirement et en vue de compléter
l'effectif (minimum statutaires) des administrateurs.

Ä Cas de transformation des sociétés anonymes : fusion, scission...

Si les textes actuels ne traitent pas des modalités de nomination et du nombre des
administrateurs en cas de fusions ou scissions des sociétés anonymes entraînant des
modifications majeures pour la S.A, les articles 39 et 40 du projet comblent
désormais cette lacune.

* Cas des fusions :

Dans ce cas de figure le nombre plafond d'administrateurs peut exceptionnellement


dépasser le maximum légal.

Nombre maximum d'administrateurs

L a limite maximale de douze administrateurs ne peut être dépassée que jusqu'à


conccurence du nombre total des administrateurs en fonctions depuis plus de 6
mois dans les sociétés fusionnées (art 39 al.2).
Cependant le nombre des administrateurs de la société absorbante ne pourra pas
être supérieur à 24.

Sociétés inscrites à la côte officielle

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Cette nomination devra tenir comptes des limites imposées par la loi (3, 12 ou 15) et de la volonté
des actionnaires (statuts).

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En cas de fusion d'une société dont les actions sont inscrites à la côte officielle d'une
bourse de valeurs, le nombre maximal des administrateurs est de 24.

Ce plafond est porté à :

Ÿ 30 si la fusion est réalisée entre deux sociétés dont les actions sont admises à la
côte officielle.
Ÿ 27 si la fusion est réalisée avec une société dont les actions sont inscrites à la
côte officielle de la Bourse des Valeurs.

Régularisation de la situation du Conseil d'Administration d'une société issue


d'une fusion.

Il faut souligner que le projet n'accorde aux sociétés fusionnées la possibilité


d'avoir un conseil d'administration élargi que pour une période temporaire, la
société devant rétablir progressivement son régime normal. Il en résulte que:

1. Il ne pourra être procédé à aucune nomination de nouveaux


administrateurs, ni au remplacement des administrateurs décédés, révoqués ou
démissionnaires, tant que le nombre des administrateurs n'aura pas été réduit à
douze (quinze si les actions de la société sont inscrites à la côte de la Bourse des
Valeurs) (article 39 alinéa 3).

Si une nouvelle nomination des administrateurs paraît exclue dans ce cas, il n'en
est pas de même du renouvellement du mandat qui reste parfaitement possible.

2. Dans le cas d'une nouvelle fusion, cette interdiction de procéder à de nouvelles


nominations au Conseil d'administration ne joue pas. Cette disposition a pour
but d'encourager les restructurations et en particulier les fusions successives.

Dans ce cas de figure on déterminera le nombre maximum d'administrateurs en


se basant au jour de la réalisation de la fusion par rapport aux administrateurs
en fonction depuis plus de six mois dans les sociétés intéressées,avec aplication
éventuelle du plafond de 24, 27 ou 30 administrateurs.

Par exception à la règle générale qui gouverne les autres administrateurs, il est
prévu par le projet que si le Président est lévoque ou démissionnaire (en sa
qualité de Président) alors que le Conseil comprend plus de 12 à 15 membres, le
Conseil a la faculté de nommer un nouvel administrateur en vue de le désigner
comme Président.

Ä Scission :

Le projet de loi demeure silencieux quant à la règle à adopter en cas de scission de


la société ou apport partiel d'actif. De ce silence il conviendra de conclure que les
dérogations relatives au dépassement du maximum légal en matière de membres

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composant le Conseil d'Administration ne pourront être transposées aux cas


particuliers des scissions par lesquelles une société apporte son actif à plusieurs
sociétés existantes.

Ä Sanctions :

Toute nomination entraînant le dépassement du maximum légal constituera une


violation des dispositions impératives de la loi, et en vertu de l'article 339 du
projet, est susceptible d'annulation.

2. Nomination des administrateurs :

2.1. Conditions :

* Actionnaire :

Le projet de loi relatif aux sociétés anonymes a maintenu l'exigence de la loi


actuelle à l'égard des futurs administrateurs d'être propriétaire d'un nombre
d'actions déterminés par les statuts.

Par ailleurs, le projet conserve le régime des actions de garantie suivant lequel les
administrateurs doivent déposer un nombre déterminé d'actions en garantie de la
gestion du Conseil. Ces actions sont non négociables.

Si une loi française de 1988 a supprimé de telles actions, compte tenu du caractère
désuet de ce système, le législateur marocain semble pourtant maintenir cette
disposition.

En effet au terme des dispositions prévues par l'article 44 2ème alinéa dudit projet,
les actions précitées sont "indivisiblement affectées à la garantie de la
responsabilité que peuvent encourir les administrateurs collectivement ou
individuellement à l'occasion de la gestion de la société ou même d'actes qui leur
seraient personnels".

Par ailleurs, il est interdit pour un administrateur d'être propriétaire d'actions à


dividende prioritaire sans droit de vote (ni émises par leur société, article 266).

Nombre d'actions recquis :

Le nombre d'actions dont chaque administrateur doit être propriétaire est déterminé
par les statuts (article 44).

Cependant, ce nombre ne peut être inférieur à celui exigé par les statuts pour ouvrir
aux actionnaires le droit d'assister à l'assemblée générale ordinaire, le cas échéant.

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Nature des actions :

L'article 44 ne fixe aucune condition sur la nature des actions dont doivent être
propriétaire les administrateurs. Il peut donc indifféremment s'agir d'actions de
numéraire ou représentative d'apports en nature, voire d'actions intégralement ou
partiellement libérées.

De même, le projet de loi n'interdit pas que les statuts déterminent eux-même les
conditions auxquelles doivent répondre les actions des administrateurs.

En revanche, si le projet de loi prévoit bien la possession d'actions, cela ne saurait


être assimilé à la possession de certificats d'investissement ou des bons de
souscription d'actions.

En outre, le projet de loi relatif aux sociétés anonymes prévoit le cas particulier où
l'administrateur au moment de sa nomination n'est pas en possession du nombre
d'actions exigé au niveau des statuts.

En effet, au terme de l'article 45 du projet l'administrateur qui "au jour de sa


nomination, n'est pas propriétaire du nombre d'action requis, ou si au cours de son
mandat, il cesse d'être propriétaire" dispose de trois mois pour régulariser sa
situation, le cas échéant il est réputé démissionnaire de plein droit.

Inscription sur le registre des transferts de la société :

Il est nécessaire d'inscrire les actions dont les administrateurs doivent être
propriétaires dans un registre des transferts de la société.

Contrôle des commissaires aux comptes (article 47) :

Les commissaires aux comptes doivent sous leur responsabilité veiller à


l'observation des dispositions relatives aux actions des administrateurs et dénoncer
dans leur rapport à l'assemblée, toute infraction qu'ils auraient pu constater.

Incompatibilité :

L'exercice de certaines activités est incompatible avec l'exercice des fonctions


d'administrateurs. Il en est ainsi pour les commissaires aux comptes dont on doit
assurer l'indépendance complète à l'égard des sociétés qu'ils contrôlent (article 166).

A l'inverse, pour l'exercice de certaines activités, une qualité supplémentaire sera


exigée pour pouvoir siéger au Conseil d'Administration d'une société.

Ainsi, l'article 14 du dahir du 19/02/1960 exigent que pour les S.A dont l'objet porte
sur la vente ou la production en gros de médicaments que le Président et (la

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majorité) des membres du Conseil d'Administration possèdent le titre de


pharmacien.

Le projet maintient, dans son article 44 , que les administrateurs sont soumis aux
règles de capacité2 (1) et d'incompatibilité prévues par les lois en vigueur et les
statuts réglementant la S.A au Maroc.

Cumul avec un contrat de travail :

Le dahir du 11/08/1922 réglementant les S.A au Maroc est silencieux sur


l'éventualité du cumul de la fonction d'administrateur et de statut de salarié

Néanmoins, la jurisprudence marocaine 3 (1) a tranché sur ce point, en maintenant


le bénéfice d'un contrat de travail à un administrateur déléguée cumulant les deux
fonctions sans que son contrat de louage de services puisse être révocable.

Le projet de loi prévoit que le salarié de la société ne peut être nommé


administrateur que si son contrat de travail correspond à un emploi effectif.

Le législateur marocain ne prévoit rien pour le cas où c'est un administrateur déjà


en place qui se verrait attribué un contrat de travail. Si cette éventualité est exclue
par la législation française, le projet de loi adopte finalement une démarche plus
souple.

Nombre de mandat et limite d'âge :

Si la législation française a prévu des dispositions particulières et des conditions à


remplir concernant ces deux points aussi bien la législation actuelle que le projet de
loi portant réforme des S.A restent silencieux et laissent ces exigences à la libre
appréciation des actionnaires qui peuvent prévoir des stipulations dans ce sens dans
les statuts de la société.

Le projet reste également silencieux sur l'éventuelle limitation du nombre des


administrateurs liés à la société par un contrat de travail.

Personne morale administrateur :

Le dahir de 1922 n'apporte aucune précision quant à la qualité (de personne


physique ou morale) requise des administrateurs ; la seule exigence à ce niveau est
qu'ils justifient d'une qualité d'actionnaire et qu'ils détiennent le nombre requis
d'actions de garantie.
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Pour les exigences en matière de capacité, consulter la première partie de l'étude I.2. Capacité.
3
Arrêt cassation du 14/12/1958.

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L'article 42 du projet de réforme prévoit que, sauf disposition contraire des statuts,
"une personne morale peut être nommée administrateur", d'une S.A.

Cette personne morale doit au moment de sa nomination au poste d'administrateur


désigner un représentant permanent.

Le législateur a opté par le terme de "représentant permanent" afin d'éviter les


changements fréquents des représentants de la personne morale et par conséquent
de la dilution de la responsabilité qui pourraît en résulter.

Par ailleurs, le "représentant permanent" est soumis aux mêmes conditions et


obligations et encourt les mêmes responsabilités civiles et pénales que s'il était
administrateur en son propre nom.

En matière de nomination du représentant permanent, la personne morale est libre


de le choisir:

Ÿ parmi son personnel ;


Ÿ parmi son conseil ;
Ÿ de choisir une personne étrangère à la société.

Toutefois, cette liberté est atténuée par l'obligation formulée par l'article 42 à
l'égard de ce représentant et qui consiste en le respect des "mêmes conditions et
obligations qu'un administrateur à savoir :

Ÿ les règles d'incompatibilité, de d'échéance et d'interdiction ;


Ÿ l'obligation de justifier d'un travail effectif au sein de société représentée si le
représentant bénéficie d'un statut de salarié ;
Ÿ avoir la qualité d'actionnaire.

A cet égard, il convient de s'interroger sur l'esprit du texte : le représentant doit-il


personnellement détenir le nombre minimum d'actions de garantie nécessaire ?

Si cette solution venait à être adoptée, elle aboutirait à une double exigence, car le
nombre d'action à détenir serait égal à deux fois le minimum institué par les statuts.

De même cette option, réduirait considérablement le nombre de personnes parmi


lesquelles la personne morale pourrait choisir ses représentants notamment quant il
s'agit de société à nombre restreint d'actionnaires.

Les modalités de désignation du représentant permanent, sa rémunération et sa


responsabilité demeurent non réglementées par le projet.

En effet, le mode de nomination diffère également selon que l'on se place dans une
optique de création (c'est à dire début d'activité) ou en cours d'exploitation.

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2.2. Mode de nomination :

Les modalités de nomination des administrateurs, sont de la compétence du ressort


de l'Assemblée Générale Ordinaire, sauf lors de la constitution des sociétés où les
premiers administrateurs sont désignés dans les statuts ou dans un acte séparé
faisant corps avec les statuts (article 40).

Le projet de réforme, contrairement au dahir de 1922, définit les modalités de


désignation des administrateurs en fonction de la phase dans laquelle se trouve la
S.A :

Ÿ lors de la création ;
Ÿ en cours d'exploitation ;
Ÿ lors d'une fusion ou scission de la S.A.

* A la constitution :

L'article 20 du projet stipule que les premiers administrateurs sont nommés, soit par
les statuts ou par un acte séparé mais faisant corps avec les statuts.

Leur prise en fonction ne devenant effective qu'à partir de la date d'immatriculation


de la S.A au registre du commerce.

* Au cours de la vie sociale :

L'article 40 du projet de réforme dispose dans son premier alinéa que la nomination
des administrateurs relève de la compétence de Assemblée Générale Ordinaire.

Par ailleurs, d'autres nominations peuvent intervenir par Assemblée Générale


Ordinaire sur convocation du Conseil d'Administration lorsque le nombre des
administrateurs devient inférieur au minimum légal.

Le Conseil d'Administration est chargé également de nommer des administrateurs


lorsque le nombre de ceux-ci devient inférieur au minimum statutaire sans qu'il soit
pour autant inférieur au minimum légal 4 (1).

* Lors de la fusion ou de scission :

Dans des circonstances de transformation de la S.A, la nomination des


administrateurs relève des prérogatives des Assemblées Générales Extraordinaires.

* Publicité des nominations :

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Voir nombre des administrateurs.

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L'article 30 du projet prévoit l'obligation à l'égard des sociétés anonymes en


formation de publier un avis visé par le notaire et qui comporte entre autres
mentions :

Ÿ le nom, prénom ;
Ÿ qualité et domicile des administrateurs.

3. Durée des fonctions des administrateurs :

* Régime actuel :

Le dahir de 1922 a prévu des durées maximales pour les fonctions


d'administrateurs, et qui sont de :

Ÿ trois ans si la désignation s'est effectuée par l'intermédiaire des statuts ;


Ÿ six ans si c'est l'Assemblée Générale qui les a désignés.

Néanmoins, à l'intérieur de ces limites les parties peuvent opter pour une autre
durée qui doit être fixe.

Au terme des trois ans de services des administrateurs statutaires, la S.A doit
procéder à une modification des statuts avec toutes les implications que ce
changement peut entraîner (Assemblée Générale Extraordinaire, quorum,
majorité...).

* Projet de réforme :

L'article 48 du projet stipule que la durée des fonctions des administrateurs doit être
mentionnée sur les statuts, néanmoins cet article prévoit des durées maximales et
qui sont de:

Ÿ six ans lorsque la nomination est faite par Assemblée Générale ;


Ÿ trois ans si la désignation des administrateurs découle des dispositions
statutaires.

Toute nomination faite pour une période excédant les plafonds prévus par cet article
est réputé nulle.

Les fonctions des premiers administrateurs commencent à courir à compter de la


date d'immatriculation de la S.A au Registre de Commerce, et prennent fin à l'issue
de la tenue de l'Assemblée Générale Ordinaire qui a statué sur les états et comptes
de l'exercice écoulé et tenue dans l'année au cours de laquelle expire le mandat
dudit administrateur.

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Ä Renouvellement des fonctions d'administrateurs :

"Les administrateurs sont en principe rééligibles sauf stipulation contraire des


statuts" (article 40 3° alinéa).

En revanche, et à tout moment, l'Assemblée Générale Ordinaire peut mettre fin à


leur fonctions.

Ä L'expiration des fonctions des administrateurs :

La fonction des administrateurs peut prendre fin à l'issue de divers événements :

Ÿ décès ;
Ÿ incompatibilité ;
Ÿ l'arrivée du terme prévu lors de la nomination ;
Ÿ transformation ou dissolution de la société...
Ÿ démission ; ou,
Ÿ révocation...

En effet, l'article 48 alinéa 3 du projet de réforme précise en effet, que les


administrateurs de la S.A "peuvent être révoqués à tout moment par l'Assemblée
Générale Ordinaire", et ce sans que cette révocation soit prévue à l'ordre du jour.

La faculté de révoquer est capitale, elle exprime la liberté des actionnaires à exercer
leur droit de regard sur la gestion de la S.A à travers les Assemblées Générales
Ordinaires.

La révocabilité est une règle d'ordre public à laquelle il ne peut être dérogé.

Par conséquent sont nulles toutes les clauses ou dispositions statutaires, ou toutes
conventions susceptibles de faire échec à cette liberté.

II. LE FONCTIONNEMENT DU CONSEIL D'ADMINISTRATION :

1. Délibérations du Conseil d'Administration :

1.1. Convocation du Conseil d'Administration :

Le Conseil d'Administration est un organe collégial ne bénéficiant pas de la


personnalité morale. C'est collectivement que les membres du Conseil
d'Administration agissent, et non individuellement car ils ne détiennent alors aucun
pouvoir.

En effet, le Conseil d'Administration jouit du statut de mandataire des actionnaires.

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En matière de convocation du Conseil d'Administration et des commissaires aux


comptes, le dahir du 11/08/1922 ne prévoit aucune dispositions particulière à cet
effet, et laisse donc les parties libres d'en préciser les modalités par statuts.

Le projet de réforme est resté de la même façon silencieux quant aux modalités et
délais de convocation des administrateurs aux séances du conseil. Celles-ci restent
librement fixés par les statuts dans lesquels il est conseillé de préciser les
fréquences des séances du conseil, les formes de convocation (lettre, télégramme,
recommandée...) ainsi que les lieux de réunions.

1.2. Représentation des administrateurs :

* Le projet de réforme :

L'article 50 alinéa 2 du projet contrairement à la loi actuelle prévoit la possibilité


pour les administrateurs de se faire représenter par un autre administrateur au sein
des séances du conseil, et ce à moins que les statuts n'en disposent autrement.

Les conditions de cette représentation ont été fixées par le projet :

Ÿ le mandat ne peut être donné qu'à un autre administrateur ;


Ÿ chaque administrateur ne peut représenter qu'un seul de ses collègues au cours
d'une même séance.

1.3. Registre de présence :

Le dahir du 11/08/1922 ne prévoit pas de dispositions particulières à cet effet.

En revanche, le projet de réforme dans son article 50 3° alinéa, prévoit l'obligation


de tenue du registre des présences, sur lequel les administrateurs participant à la
réunion ainsi que les personnes qui y assistent doivent apposer une signature.

N.B : Le terme "registre" employé par ledit article écarte à cet effet la
possibilité d'y substituer une feuille de présence.

Le projet de réforme marocain, a manifestement opté pour l'extension, de


l'obligation de signature du registre aux personnes assistant aux séances du conseil
se montrant ainsi plus strict que le droit français où cette dernière obligation n'est
pas d'ordre public mais découle de dispositions statutaires.

1.4. Bureau du conseil :

Le dahir actuel réglementant les S.A, ne prévoit pas de réglementation précise en


matière de composition du bureau, néanmoins le projet de réforme comporte
quelques dispositions à ce sujet.

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* Président du conseil :

L'article 63 stipule que le Conseil d'Administration nomme un Président et ce


conformément à certaines exigences :

Ÿ le Président est obligatoirement une personne physique ;


Ÿ respect des conditions de majorité et quorum5 (1) ;
Ÿ la durée de nomination ne peut excèder celle du mandat d'administrateur 6 (2) ;
Ÿ il est révocable à tout moment 7 (3).

* Secrétaire :

Par ailleurs l'article 64 du projet prévoit la nomination sur proposition du Président


d'un secrétaire, qui peut être :

Ÿ salarié de la société ; ou,


Ÿ un homme d'art choisi en dehors de la société ; et,
Ÿ ne peut être CAC de la société.

Le secrétaire du conseil, s'est vu assigné deux prérogatives principales :

Ÿ l'organisation des réunions sous l'autorité du Président ; et,


Ÿ la rédaction des P.V du conseil.

* Les directeurs généraux :

Sur proposition du Président, le Conseil d'Administration, peut mandater, une ou


plusieurs personnes en vue d'apporter leur assistance au Président et ce en qualité de
"directeur général" et ce en conformité avec certaines exigences :

Ÿ la durée de leurs fonctions ne peut dépasser celle de leur mandat


d'administrateur s'il a la qualité d'administrateur ;

Ÿ le(s) directeur(s) général(aux) est révocable à tout moment par le Conseil


d'Administration et sous proposition du Président du Conseil.

N.B :

Ÿ Le montant et les modalités de rémunération des membres du bureau :

Ÿ Président ;
Ÿ Secrétaire ; et,
5
6
7

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Ÿ les directeurs généraux,

sont fixés par le Conseil d'Administration,

Ÿ Le nombre des administrateurs exerçant une fonction dans le bureau doit être :

Ÿ divisible par trois ;


Ÿ inférieur au nombre des administrateurs n'exerçant aucune fonction dans le
bureau.

1.5. Le quorum :

Le Conseil ne peut délibérer valablement que si la moitié au moins de ses membres


sont effectivement présents.

N.B : Pour le calcul du quorum, il n'est pas tenu compte des administrateurs
représentés.

Aussi toute décision prise par le conseil, en cas de défaut du quorum est réputée
nulle (article 50).

1.6. Majorité :

Les décisions du Conseil d'Administration se prennent à la majorité des membres


présents ou représentés toutefois les statuts peuvent prévoir une majorité plus forte.

En cas de partage égal des voix, la voix du Président est prépondérante sauf
stipulation contraire des statuts.

1.7. Le vote :

Les administrateurs peuvent exercer librement leur droit de vote, à moins que des
dispositions légales restreignent cette liberté ; ce qui peut être le cas s'il existe une
convention entre la S.A et ses administrateurs.

1.8. Comités techniques :

L'article 51 du projet prévoit la possibilité pour le Conseil d'Administration, de


constituer en son sein ou avec le concours de tiers, des comités techniques dont la

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mission est l'étude de certaines questions que leur soumet le conseil pour
approbation.

Les avis, recommandations, formulés par ces comités, sont pris en ligne de compte
lors des séances du conseil.

1.9. Obligation de discrétion :

Au terme de l'article 50 dernier alinéa, et l'article 51 dernier alinéa sont tenues à


l'obligation de discrétion à l'égard des informations ayant un caractère confidentiel :

Ÿ les administrateurs ;
Ÿ les personnes appelées à assister aux réunions du Conseil d'Administration ;
Ÿ les personnes assistant ou participant aux réunions des comités techniques.

1.10. Procès verbaux des réunions du conseil :

Ä Nécessité d'établir un procès-verbal :

Au terme de l'article 52 du projet de réforme, après chaque séance, les délibérations


du Conseil d'Administration sont obligatoirement constatées par un procès-verbal
établi par le secrétaire du conseil sous l'autorité du Président.

Ä Conservation des procès-verbaux :

L'article 53 dudit projet dispose que les procès-verbaux des réunions du conseil
doivent être établis soit:

Ÿ sur un registre spécial tenu au siège social, coté et paraphé par le greffier du
tribunal de première instance ; ou,

Ÿ sur un recueil de feuillets mobiles numérotés sans discontinuité et paraphés dans


les conditions prévues à l'alinéa précédent.

Toute addition, suppressions, substitution ou intervention de feuillets est


interdite.

Dans tous les cas, ce registre ou ce recueil sont placés sous la surveillance du
Président et du Secrétaire du Conseil d'Administration.

Ä Contenu du procès-verbal :

Le deuxième alinéa de l'article 52 dispose que les procès-verbaux doivent indiquer


certaines mentions dont:

Ÿ le nom des administrateurs présents, représentés ou absents ;

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Ÿ l'indication de la présensce de toute autre personne ayant assisté à une partie ou


à la totalité de la réunion ;
Ÿ l'indication de la présence ou absence des personnes convoquées à la réunion en
vertu de dispositions légales ;
Ÿ résumé des délibérations du conseil.

Ä Signature des procès-verbaux :

Les P.V des réunions du Conseil d'Administration sont signés par le Président et par
au moins un administrateur.

En cas d'empêchement du Président, celui-ci doit être signé par deux


administrateurs au moins (article 52 1° alinéa).

Ä Copies des procès-verbaux :

L'article 54 du projet de réforme des S.A dispose que "les copies ou extraits de
procès-verbal des délibérations sotn valablement certifiés par :

Ÿ le Président du Conseil d'Administration ; ou,


Ÿ le Directeur Général conjointement avec le Secrétaire ;
Ÿ un liquidateur au cours de liquidation de la S.A.

Ä Communication des procès-verbaux :

Les procès-verbaux des réunuions du Conseil d'Administration doivent être


communiqués :

Ÿ aux administrateurs ; et,


Ÿ aux Conseils d'Administration Constitutives,

et ce si ceux-ci en formulant la demande (article 53 alinéa 3).

Ä Valeur probante des procès-verbaux :

Le deuxième alinéa de l'article 54 stipule que la justification du nombre des


administrateurs en exercice, leur présence ou leur représentation à une séance du
conseil résulte suffisamment de la présentation d'une copie ou d'un extrait du
procès-verbal de la séance en question.

2. Pouvoirs du Conseil d'Administration :

2.1. Etendue des pouvoirs :

Le Conseil d'Administration sous le régime du dahir du 11/08/1922 a les pouvoirs


généraux du mandataire.

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Les pouvoirs des administrateurs découlent :

Ÿ de la loi ; ou,
Ÿ des dispositions statutaires.

En effet, les administrateurs ont le pouvoir de convoquer les actionnaires en


Assemblée Générale Ordinaire au moins une fois par an et ce, après la clôture de
l'exercice social. A cet effet, le Conseil d'Administration est tenu d'établir un
inventaire, le bilan et le compte de CPP rédiger un rapport sur la gestion de la S.A.

L'article 69 du projet de loi établit que le Conseil d'Administration est investi de


pouvoir les plus étendus pour prendre en toute circonstances toute décision tendant
à la réalisation de son objet social au nom de la société et sous réserve des pouvoirs
attribués à la présente loi aux assemblées d'actionnaires.

Cependant, malgré l'étendue des pouvoirs que le projet de loi reconnait au Conseil
d'Administration, il s'avère que ceux-ci sont en grande partie absorbés du fait des
pouvoirs propres que le texte reconnait au Président du Conseil d'Administration et
directeurs généraux.

2.2. Limitation des pouvoirs du Conseil :

Ä Objet social :

En principe, le Conseil n'a de pouvoirs que dans la limite de l'objet social. Mais
cette limitation n'a d'effet qu'entre les actionnaires car dans ses rapports avec les
tiers, la société est engagée même par les actes du Conseil d'Administration qui ne
relèveraient pas de l'objet social.

Ä Pouvoirs des assemblées :

Le Conseil ne peut empiéter non plus sur les pouvoirs reconnus aux assemblées
d'actionnaires, qui sont essentiellement :

Ÿ la modification des statuts ;


Ÿ l'approbation des comptes et affectation des résultats ;
Ÿ nomination ou révocation des administrateurs et fixation de leur rémunération ;
Ÿ nomination des commissaires aux comptes ;
Ÿ approbation des conventions conclues entre la société et l'un de ses
administrateurs ou directeurs généraux.

Par ailleurs, il est parfaitement licite de prévoir dans les statuts des limitations aux
pouvoirs du Conseil venant s'ajouter aux limitations légales. Cependant, ces
limitations seraient inopposables aux tiers.

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BIP n°47
Septembre 1995

Ä Pouvoirs propres du Conseil :

Le Conseil jouit de certaines attributions qu'il est le seul à pouvoir exercer : ni le


Président, ni l'assemblée des actionnaires ne sauraient se susbstituer à lui pour :

Ÿ convoquer les assemblées générales (article 72) ;


Ÿ établir l'inventaire et états de synthèse et du rapport annuel de gestion ;
Ÿ autorisation des conventions passées entre la société et l'un de ses
administrateurs ou directeurs généraux ;
Ÿ cooptation d'administrateurs ;
Ÿ nomination et révocation du Président du Conseil d'Administration et des
directeurs généraux et fixation de leur rémunération ;
Ÿ répartition des jetons de présence ;
Ÿ autorisation des cautions, avals et garanties.

2.3. Rémunération des administrateurs :

Le projet prévoit, en rémunération de l'activité des administrateurs au Conseil une


somme fixe annuelle dite "jetons de présence" (article 55).

Ä Jetons de présence :

Ils sont en principe destinés à récompenser l'assiduité des administrateurs aux


séances du Conseil.

Il s'agit d'une somme annuelle qui est donc déterminée dont la répartition incombe
seule au Conseil d'Administration.

Seule l'assemblée générale des actionnaires est habilitée à fixer le montant des
jetons de présence du Conseil (article 55).

Ä Rémunérations exceptionnelles :

Le Conseil d'Administration peut allouer aux administrateurs des rémunérations


exceptionnelles pour les missions et les mandats qui leur sont confiés à titre spécial
et temporaires (article 55).

Pas plus que la loi française le projet ne dit pas expressément que ces rémunérations
exceptionnelles doivent être versées pour des missions ou mandats également
exceptionnels.

La jurisprudence française caractérise ces missions comme "ne rentrant pas dans le
cadre normal des fonctions des administrateurs et ne revêtent pas un caractère
permanent".

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BIP n°47
Septembre 1995

Les rémunérations et les remboursements des frais sont portés dans les charges
d'exploitation (article 55), à condition que leur montant soit justifié et non exagéré
pour éviter les réintégrations dans les bénéfices sociaux pour la détermination du
montant de l'impôt sur les sociétés.

L'attribution de rémunérations exceptionnelles constitue une convention entre la


société et l'un de ses administrateurs : elle doit donc faire l'objet de la procédure
spéciale applicable aux conventions de cette nature (article 56).

Ä Sanctions :

Les administrateurs ne peuvent recevoir de la société aucune rémunération,


permanente ou non, autre que celles précitées (jetons de présence, rémunérations
exceptionnelles) et celles attribuées au Président, au directeur général ou à certains
administrateurs en contrepartie d'un emploi salarié.

Toute délibération contraire à ces dispositions est nulle.

Ä Remboursement de frais :

Le Conseil d'Administration peut autoriser le remboursement des frais de voyage et


de déplacement engagés sur sa décision préalable dans l'intérêt de la société (article
55 alinéa 3).

III. CONVENTIONS ENTRE LA SOCIETE ET LES ADMINISTRATEURS :

L'article 56 du projet établit le régime des conventions directes ou par personne


interposée passées entre une société anonyme et l'un de ses administrateurs ou
directeurs généraux.

Ce contrôle est à deux degrés puisqu'il comprend :

Ÿ en premier lieu, une autorisation préalable de la convention par le Conseil


d'Administration ;
Ÿ en second lieu, un vote de l'assemblée des actionnaires après audition d'un
rapport spécial des commissaires aux comptes.

1. Domaine de la réglementation :

Toutes les conventions entre une société et l'un de ses administrateurs ou directeurs
généraux ne doivent pas nécessairement faire l'objet de la procédure spéciale.

On doit distinguer en dehors de ces conventions réglementaires celles qui sont libres
et celles qui sont interdites.

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BIP n°47
Septembre 1995

Ä Conventions interdites :

Il est interdit à un administrateur :

Ÿ de contracter, sous quelque forme que ce soit des emprunts auprès de la société
;
Ÿ de se faire consentir par elle un découvert en compte courant ou autrement ;
Ÿ de faire cautionner ou avaliser par elle leur engagements envers les tiers
(article 62).

La même interdiction s'applique :

Ÿ aux directeurs généraux ;


Ÿ aux représentants permanents des personnes morales administrateurs ;
Ÿ aux conjoints, ascendants et descendant des administrateurs, directeurs généraux
ou représentants permanents des personnes morales administrateurs ; et,
Ÿ d'une manière générale à toute personne interposée (article 62 alinéa 3).

Toutefois, cette interdiction n'est pas applicable dans les quatre cas suivants :

1. Lorsque l'administrateur est une personne morale (article 62 alinéa 1) : ce qui


veut dire qu'une société mère peut emprunter à sa filiale et réciproquement. Dans
ce cas il faudra respecter la procédure particulière aux conventions réglementées
dans la mesure où il ne s'agit pas d'une "opération courante conclue à des
conditions normales".

2. Lorsque la société exploite un établissement bancaire ou financier, à la condition


qu'il s'agisse d'opération courantes de ce commerce conclues à des conditions
normales (article 62 alinéa 2).

Ä Sanctions :

Nullité des emprunts, découverts, avals ou garanties irrégulièrement contractés.

L'action en nullité se prescrit par 3 ans à compter de la date de la convention ou du


point de départ du jour où la convention a été révélée si elle était dissimulée (article
61).

Toutefois, conformément à la loi française, la nullité peut être couverte par un vote
de l'assemblée générale intervenant sur rapport spécial de commissaires aux
comptes exposant les circonstances en raison desquelles la procédure d'autorisation
n'a pas été suivie. Dans ce cas l'intéressé ne peut prendre part au vote et ses actions
ne sont pas prises en compte dans le calcul du quorum et de la majorité.

Ä Conventions libres :

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BIP n°47
Septembre 1995

Les conventions libres sont celles "portant sur des opérations courantes et conclues
à des conditions normales" (article 57).

Le projet de loi ne précise pas plus les termes "courantes" et "normales".

La jurisprudence française considère que sont des opérations courantes conclues à


des conditions normales les avances en compte courant consentis par un
administrateur à sa société.

Ä Conventions réglementées :

La réglementation concerne d'une part les personnes d'autre part les actes soumis à
autorisation.

1. Les personnes visées par la réglementation :

Le contrôle prévu par l'article 56 est applicable :

Ÿ Aux conventions (soumises à la réglementation) conclues directement entre la


société et l'un de ses administrateurs ou directeurs généraux ;

Ÿ Aux conventions conclues entre la société et une personne et dans laquelle


l'administrateur ou le directeur général, sans être personnellement partie au
contrat est indirectement intéressé à celle-ci.

En France, la jurisprudence considère sur la base de cette même législation que


profite indirectement d'une convention :

Ÿ le PDG d'une société anonyme qui a consenti à son épouse une promesse de
vente d'une partie d'un immeuble de la société, car il habitait avec sa femme
dans ledit immeuble ;

Ÿ le PDG qui a conclu un contrat d'approvisionnement exclusif avec une


SARL constituée entre les enfants du président, et qui était en réalité dirigée
de fait par celui-ci.

Il en est de même lorsque l'administrateur ou le directeur général traite avec


la société par personne interposée (article 56 alinéa 2).

Ÿ Aux conventions conclues entre la société et une autre entreprise, si l'un


des administrateurs ou directeurs généraux de la société est propriétaire,
associée indéfiniment responsable, gérant, administrateur, directeur
général de l'entreprise.

2. Actes visés à l'autorisation préalable :

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BIP n°47
Septembre 1995

La loi vise toutes les conventions sans aucune distinction (sauf celles interdites ou
libres). On devra rappeler que constitue une convention réglementée les
rémunérations exceptionnelles allouées par le Conseil d'Administration par des
missions spéciales confiées à des administrateurs.

L'article 56 n'a vocation à s'appliquer que là où existe une convention, c'est à dire un
accord de volonté néant, modifiant ou éteignant un rapport de droit d'où l'exclusion
de certains actes sans caractère conventionnel comme la résolution par laquelle le
Conseil d'Administration fixe la rémunération du Président.

2. Procédure :

La procédure instaurée par le projet de loi est complexe et ne comporte pas moins
de cinq étapes.

ç Information du Conseil d'Administration par le dirigeant concerne dès qu'il a


eu
connaissance d'une convention à laquelle l'article 56 est applicable (article 58
alinéa 1). L'information doit être complète et indiquer les modalités essentielles
de la convention:
tarif, délai de paiement, garanties...

Il est à préciser que l'article 383 permet d'un emprisonnement d'un an à 5 ans
et/ou d'une amende de 2.000 à 1.000.000 de dirhams, "les membres des organes
d'administration, de directoire ou de gestion d'une société anonyme qui de
mauvaise foi, auront fait des pouvoirs qu'ils possédaient et ou des voix dont ils
disposaient en cette qualité un usage qu'ils savaient contraire aux intérêts
économiques de la société, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre
société ou entreprise dans laquelle ils étaient intéressés directement ou
indirectement".

ç Autorisation du Conseil d'Administration par un vote auquel l'intéressé ne


peut participer s'il est administrateur (article 58 alinéa 1).

ç Avis aux commissaires aux comptes :

Le Président du Conseil d'Administration avise les commissaires aux comptes


des conventions autorisées dans le délai d'un mois à compter de la conclusion de
celles-ci (article 59).

ç Rapport spécial du commissaire aux comptes :

Les commissaires aux comptes présentent à l'assemblée, sur ces conventions un


rapport spécial.

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BIP n°47
Septembre 1995

Le texte à la différence de la législation française ne précise pas le contenu de ce


rapport et, notamment l'énumération des conventions soumises à approbation,
nom des intéressés, nature, objet et modalités essentielles de ces conventions.

ç Approbation lors de l'assemblée ordinaire annuelle au vu du rapport du


commissaire aux comptes.

Cette approbation intervient alors que la convention si elle a été autorisée par le
Conseil d'Administration, a déjà reçu application.

D'où la règle selon laquelle les conventions désapprouvées produisent cependant


effet à l'égard du tiers (article 60). La seule incidence de la désapprobation tient
dans la possibilité de mettre à la charge du dirigeant en cause les conséquences
préjudiciables de la convention désapprouvée (article 60 alinéa 2).

Par ailleurs, la jurisprudence française considère que l'assemblée pouvait


approuver la convention même en cas de refus d'autorisation par le Conseil
d'Administration.

Ä Sanctions de la violation des prescriptions légales :

Si la procédure de l'article 56 n'a pas été observée il n'en résulte pas pour autant la
nullité de plein droit de la convention.

La nullité n'est susceptible d'être prononcée que :

ç si la convention n'a pas été préalablement autorisée par le Conseil


d'Administration ; et,
ç que si la convention a eu des conséquences dommageables pour la société
(article 61).

La nullité se prescrit par 3 ans.

IV. RESPONSABILITE DES ADMINISTRATEURS :

1. Responsabilité civile des administrateurs :

1.1. Fautes engageant la responsabilité civile des administrateurs :

Les fautes susceptibles d'être reprochées aux administrateurs soit par les
actionnaires, soit par les tiers sont précisées dans l'article 353 du projet :

ç les infractions aux dispositions législatives ou réglementaires applicables aux


sociétés anonymes ;

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BIP n°47
Septembre 1995

ç violation des statuts ;

ç fautes dans leur gestion.

Ä Infractions aux dispositions législatives ou réglementaires :

L'article 351 prévoit la responsabilité des administrateurs en cas d'annulation de la


société.

De manière générale constitue désormais une faute susceptible d'entraîner la


responsabilité des administrateurs l'inobservation des règles relatives au
fonctionnement du Conseil d'Administration : défaut de convocation aux séances,
méconnaissance des textes concernant les règles de quorum et de majorité, non
respect de la procédure applicable aux conventions passées entre la société et ses
administrateurs, réalisation d'un acte excédant les pouvoirs du Conseil
d'Administration.

Ä Violation des statuts :

Les administrateurs peuvent engager leur responsabilité lorsqu'ils ne se conforment


pas aux dispositions statutaires.

Ä Fautes de gestion :

Le projet de loi ne définit pas le périmètre de la faute de gestion. La jurisprudence


française considère de façon constante que la faute de gestion est constituée si les
administrateurs ont passé des actes contraires aux intérêts de la société. En
conséquence, elle condamne notamment :

ç l'utilisation abusive des fonds sociaux en vu de favoriser d'autres sociétés du


même groupe;
ç la présentation de bilan inexact ;
ç le défaut de surveillance de l'action du président directeur général.

La responsabilité des administrateurs n'est engagée que si la faute qu'ils ont


commise a entraîné un préjudice. Conformément au droit des obligations et des
contrats il faut qu'il existe une relation de cause à effet entre cette faute et le
préjudice (article 77 DOC).

1.2. Etendue de la responsabilité :

La responsabilité des administrateurs est individuelle ou solidaire, selon le cas


(article 353).

Ä Responsabilité individuelle :

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BIP n°47
Septembre 1995

La responsabilité est individuelle lorsqu'une faute peut être imputée à un


administrateur déterminée, les autres membres du Conseil étant étrangers à cette
faute.

Ce sera le cas lorsqu'un administrateur commet une faute dans l'accomplissement


d'une mission qui lui sera confiée à titre particulier, ou le cas du président directeur
général qui commet une faute dans l'exercice de ses fonctions.

Ä Responsabilité solidaire :

La responsabilité sera au contraire solidaire lorsque la faute est commune ou


collective, c'est à dire commise par le Conseil d'Administration tout entier.

La seule façon pour un administrateur de dégager sa responsabilité et prouver qu'il


n'a pas ratifié la décision du Conseil d'Administration est de consigner ses réserves
dans le procès-verbal, voire de démissionner dans les cas graves. En effet, le seul
fait de voter "contre" n'est pas suffisant.

La solidarité entraîne des conséquences à l'égard des bénéficiaires de la réparation,


en effet chaque administrateur peut être poursuivi pour le paiement intégral du
montant de la réparation.

1.3. Action en responsabilité :

Le projet distingue l'action individuelle de l'action sociale.

Ä L'action individuelle :

Cette action ne peut être exercée que par la personne ayant personnellement subi un
préjudice, qui peut être indépendant de celui subi par la société.

La jurisprudence considère que tel est le cas lorsqu'un actionnaire établit qu'un
administrateur a détourné les dividendes qui lui étaient destinés ou lorsqu'un
actionnaire prouve qu'il a été systématiquement mis à l'écart des assemblées
générales.

Lorsque plusieurs actionnaires souffrent directement et individuellement d'un


préjudice provenant des mêmes fautes, ils peuvent se grouper et charge l'un ou
plusieurs d'entre eux d'agir en leur nom devant la juridiction compétente sous
réserve que deux conditions soient respectées (article 353 alinéa 3) :

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BIP n°47
Septembre 1995

1) Le mandat doit être écrit et mentionner expressément qu'il donne au ou aux


mandataires le pouvoir d'accomplir au nom du mandant tous les actes de procédure ;
il précise s'il y a lieu, qu'il emporte le pouvoir d'exercer les voies de recours.

2) La demande en justice doit indiquer les noms, prénom et adresse de chacun


des mandants ainsi que le nombre d'actions qu'ils détiennent. Elle précise le montant
de la réparation réclamée par chacun d'eux.

Ä L'action sociale :

L'action sociale vise à réparer le préjudice subi par la société.

L'action sociale peut être exercée par un actionnaire agissant individuellement (le
projet ne prévoit pas de conditions relatives à la fraction du capital qu'il représente).

Les actionnaires peuvent aussi se grouper pour exercer l'action sociale en chargeant
un ou plusieurs d'entre eux de les représenter.

En principe, l'action sociale devra être introduite par les représentants légaux de la
société, c'est à dire par les anciens dirigeants contre les anciens soit par les
dirigeants majoritaires contre les minoritaires.

La mise en oeuvre de l'action en responsabilité est un droit absolu qui ne peut être
limité par une clause statutaire, visant notamment à subordonner l'exercice de
l'action sociale à l'avis préalable ou à l'autorisation de l'assemblée générale ou qui
comporterai, par avance renonciation à cette action (article 355).

L'action en responsabilité se prescrit par trois ans à compter du fait dommageable


ou s'il a été dissimulé, à compter du jour de sa révélation.

Si la faute est qualifiée de crime l'action se prescrit par 20 ans.

2. Responsabilité pénale des administrateurs :

Outre les infractions dont les administrateurs peuvent se rendre coupableend'autres


circonstances de la vie sociale, les administrateurs encourent une responsabilité
pénale particulière au titre de la direction et de l'administration.

L'article 383 vise les fautes les plus graves dont peuvent se rendre coupables les
dirigeants sociaux qui sont passibles à ce titre d'un emprisonnement de six mois à
deux ans et/ou d'une amende de 2.000 à 1.000.000 de dirhams, et qui sont :

1) La distribution de dividendes fictifs :

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BIP n°47
Septembre 1995

Sont passibles des sanctions pénales de l'article 383 les dirigeants qui, en l'absence
d'inventaire ou au moyen d'inventaires frauduleux, auront sciemment, opéré entre
les actionnaires la répartition de dividendes fictifs (article 383 alinéa 1).

2) La présentation de comptes infidèles :

Le délit vise les dirigeants sociaux qui, en l'absence de toute distribution de


dividendes, auront sciemment publié ou présenté aux actionnaires, en vue de
dissimuler la véritable situation de la société, des états de synthèse annuels ne
donnant pas, pour chaque exercice, une image fidèle du résultat des opérations de
l'exercice, de la situation financière et du patrimoine, à l'expiration de cette période
(article 383 alinéa 2).

3) L'abus de biens sociaux :

Ce délit vise les dirigeants qui de mauvaise foi, auront fait, des biens ou du crédit
de la société, un usage qu'ils savaient contraire à l'intérêt économique de celle-ci à
des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle
ils étaient intéressés directement ou indirectement (article 383 alinéa 3).

4) Abus de pouvoirs ou de voix :

Le délit vise les dirigeants qui de mauvaise foi, auront fait des pouvoirs qu'ils
possédaient et/ou des voix dont ils disposaient, en cette qualité, un usage qu'ils
savaient contraires aux intérêts économiques de la société, à des fins personnelles
ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils étaient intéressés
directement ou indirectement.

Les personnes susceptibles d'être mises en cause sont définies par le projet comme
les membres du Conseil d'Administration y compris le Président et les directeurs
généraux extérieurs au Conseil.

CONCLUSION : Les pouvoirs partagés du Président Directeur Général et du


Conseil d'Administration.

Le Président Directeur Général assure sous sa responsabilité la présidence et la


direction générale de la société (article 74).

En sa première qualité, il préside le Conseil d'Administration, et c'est à lui qu'il


revient de convoquer ce collège, de préparer les réunions, l'ordre du jour.

En tant que directeur général, le PDG représente la société à l'égard des tiers.

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BIP n°47
Septembre 1995

Si les statuts peuvent limiter les pouvoirs du Président ces limites sont inopposables
aux tiers qui peuvent par exemple exiger l'exécution d'un contrat qui n'avait pas été
autorisé par le Conseil d'Administration.

Le Conseil d'Administration et son Président sont tous deux investis des pouvoirs
les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société (article 74 et
69).

Pour des raisons d'efficacité il est nécessaire de procéder à une répartition de


tâches. Le Conseil donne son avis sur les divisions les plus importantes et en accord
avec le Président fixe les grandes orientations stratégiques de l'entreprise.

Le Président assure la gestion quotidienne de la société, assisté le cas échéant des


directeurs généraux.

Le Conseil surveille les actes du Président qui doivent être conformes aux lois,
statuts et l'objet de la société.

Conseil et Président, chacun dans sa sphère d'intervention trouvent des limites à leur
domaine d'action ; dès lors ils doivent :

ç respecter les pouvoirs propres de l'assemblée générale ;


ç respecter l'intérêt social ;
ç agir uniquement dans la limite de l'objet social.

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

2/ LA SOCIETE ANONYME A DIRECTOIRE ET CONSEIL DE


SURVEILLANCE

Ä Généralités

La gestion de la société anonyme par un directoire et un conseil de surveillance est


dominée par la dualité des fonctions de direction et de surveillance de cette
direction.

Cette gestion duelle est inspirée de la loi allemande sur les sociétés anonymes qui
prévoit deux organes : le VORSTAND, chargé de la direction et
l'AUFSICHTSRAT : chargé du contrôle.

Cette formule représente cependant moins de 2% du total des sociétés anonymes en


France où la transposition de ce schéma répondait à la volonté de séparer la
direction, assumée par le Directoire, et le contrôle, assumé par le conseil de
surveillance.

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BIP n°47
Septembre 1995

Cependant, ce succès tout relatif de la formule s'explique par la difficulté pratique


de séparer la direction du contrôle.

En revanche , cette formule est plus souple et compte tenu de la facilité d'accès au
directoire, des managers même non actionnaires peuvent faire partie de la direction
de la société.

Ä Mention du type de gestion :

Lorsque la société anonyme est dotée d'un directoire et d'un conseil de surveillance
la forme sociale doit être indiquée, dans tous les actes et documents émanant de la
société et destinés aux tiers, par les mots : "société anonyme à directoire et conseil
de surveillance" (article 77).

I. LE DIRECTOIRE :

Plusieurs aspects relatifs au fonctionnement du directoire sont à examiner et qui


sont les suivants:

ç L'organisation du directoire : taille du directoire, les conditions et le mode de


leur rémunération.

ç Les fonctions du directoire : délibération, rôle et rémunération.

ç Les conventions entre la société et les membres du directoire.

ç La responsabilité civile et pénale des membres du directoire.

1. L'organisation du directoire :

1.1. Taille du directoire :

Le nombre des membres du directoire ne peut pas être supérieur à cinq. Toutefois,
lorsque les actions de la société sont admises à la cote officielle d'une bourse de
valeurs, ce nombre peut être porté à sept (article 78).

Cette limite doit être respectée même en cas de fusion, car le projet ne prévoit pour
le directoire, aucune dérogation analogue à celles accordés aux administrateurs et
aux membres du conseil de surveillance.

Le nombre des membres du directoire est fixé dans les statuts (article 78).

Dans les sociétés anonymes dont le capital est inférieur à 1.500.000 DHS, les
fonctions attribuées au directoire peuvent être exercées par une seule personne, dans
ce cas celle-ci prend le titre de directeur général unique (article 79).

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BIP n°47
Septembre 1995

Il résulte de cette disposition qu'à contrario, dans les sociétés ayant un capital égal
ou supérieur à 1.500.000, le directoire doit comprendre au moins deux membres.

1.2. Nomination des membres du directoire :

1.2.1. Conditions de nomination :

Ä Actionnaires ou non :

Contrairement aux membres du conseil d'administration ou aux administrateurs, les


membres du directoire peuvent ne pas être actionnaires (article 79 alinéa 3).

Il est interdit aux membres du directoire (y compris leurs conjoint et enfants)


d'être détenteurs, sous quelque forme que ce soit, d' actions à dividende prioritaire
sans droit de vote émises par la société (article 266).

Ä Personnes physiques :

Les membres du directoire doivent être obligatoirement des personnes physiques.


Toute nomination d'une personne morale à ce poste entraînent la nullité de la
nomination (article 79 alinéa 3).

Ä Capacité :

Les conditions de capacité nécessaires pour avoir la fonction de membre du


directoire ne sont pas définies par le projet ; on en déduira que la capacité requise
par un majeur pour l'accomplissement des actes de la vie civile est exigée.

Ä Incompatibilités :

Aucun membre du directoire ne peut faire partie du conseil de surveillance de la


même société (article 86).

Si un membre du conseil de surveillance est nommé au directoire son mandat au


conseil prend fin dès son entrée en fonction (article 86 alinéa 2).

Si l'interdiction est méconnue, la nomination est nulle ainsi que les délibérations
prises qui restent sans effets à l'égard des tiers (article 98 alinéa 1).

Aucune incompatibilité concernant les fonctions de membre du directoire et celles


de commissaire aux comptes n'est prévue par le projet.

Ä Cumul des fonctions de membre du directoire avec un contrat de travail :

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BIP n°47
Septembre 1995

La formule nouvelle de gestion des sociétés anonymes permet à un membre du


directoire (ou ledirecteur général unique) d'être en même temps salarié de la
société (article 79 alinéa 3).

Ä Limitation du nombre de mandats :

Contrairement à la loi française interdisant à un membre d'appartenir à plus de deux


directoires simultanément, le projet ne prévoit aucune diposition similaire relative à
la limitation du nombre de mandats.

1.2.2. Mode de nomination des membres du directoire :

Seul le Conseil de Surveillance a le pouvoir de nommer les membres du directoire


ou le Directeur Général Unique. C'est également le Conseil de Surveillance qui
désigne le Président du directoire et, éventuellement les directeurs généraux, ou
encore qui remplace un directeur. Aucune cooptation n'est donc possible.

1.3. Durée des fonctions des membres du directoire :

Ä Limitation de la durée :

La durée des fonctions du directoire peut être fixée par les statuts dans des limites
comprises entre deux ans et six ans. A défaut de dispositions statutaires, cette
durée est de quatre ans, ce qui est une durée plus courte que celle du mandat
d'administrateur .

Seule l'assemblée générale extraordinaire peut modifier la durée des fonctions des
membres du directoire.

Les membres du dirctoire,comme les administrateurs sont indéfiniment rééligibles.

En toute hypothèse, c'est l'ensemble du directoire qui est nommé : il n'est pas
possible de procéder comme pour les administrateurs à un renouvellement
périodique par roulement.

Ä Expiration des fonctions des membres du directoire :

Diverses circonstances mettent fin à la durée du mandat des membres du directoire


:

ç l'échéance du terme ;

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BIP n°47
Septembre 1995

ç la transformation ou la dissolution de la société ;


ç l'adoption en Assemblée Générale Extraordinaire du régime traditionnel avec
Conseil d'Administration et Président Directeur Général ;
ç démission ;
ç révocation.

Ä Révocation :

Alors que la nomination des membres du directoire relève de la compétence du


Conseil de Surveillance, leur révocation ne peut être prononcée que par l'assemblée
générale (article 80 alinéa 1) qui vient ici tenir un rôle d'arbitre.

La révocation ne peut intervenir que sur proposition du conseil de surveillance :


un groupe d'actionnaires ne pourrait déposer un projet de résolutions en vue de
cette révocation.

Cette dissymétrie avec la procédure de nomination des membres du directoire se


fonde sur le souci de maintenir une indépendance entre le conseil de surveillance
et le directoire.

La révocation sans justes motifs n'ouvre pas droit à des dommages et intérêts.

2. Le fonctionnement du directoire :

2.1. Délibérations du directoire :

Le directoire, organe collégial oeuvre en délibérant. Pas plus que la loi française,
le projet ne contient de dispositions relatives aux délibérations du directoire, se
contentant de renvoyer aux statuts (article 102 alinéa 4).

Les dirigeants ont donc toute liberté pour fixer la cadence des réunions , au besoin
par un règlement intérieur.

Les débats sont présidés par le Président du directoire , personnage choisi par le
conseil de surveillance qui le nomme et le révoque de manière discrétionnaire et
sans indemnités.

2.2. Rôle du directoire :

Ä Etendue des pouvoirs du directoire :

Le directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstances au nom de la société dans les seules limites de l'objet social et des
pouvoirs expressément attribués par la loi au conseil de surveillance et aux
assemblées d'actionnaires (article 102 alinéa 1).

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BIP n°47
Septembre 1995

Ä Répartition des tâches :

En principe, les membres du directoire doivent agir collégialement. Toutefois, pour


éviter une trop grande lourdeur dans la direction des différents services de la
société, les membres du directoire peuvent, avec l'autorisation du Conseil de
Surveillance, et sauf clause contraire des statuts, répartir entre eux les tâches de
la direction (article 102 alinéa 4).

Malgré cette répartition, les actes individuels de chaque membre du directoire sont
réputés avoir été accomplis collégialement ; ils engagent donc le directoire tout
entier (article 102 alinéa 2).

Ä Limitation des pouvoirs du directoire :

* Limitation par l' objet social :

En principe, le directoire ne peut agir que dans les limites de l'objet social (article
102 alinéa 1).

Cette limitation ne vaut que dans les rapports internes. A l'égard des tiers, la société
est engagée même par les actes du directoire qui ne relèvent pas de l'objet social,
sauf si elle prouve que le tiers avait connaissance du dépassement de l'objet social
ou qu'il ne pouvait l'ignorer, compte tenu des circonstances, étant précisé que la
seule publication des statuts ne suffit pas à constituer cette preuve (article 102
alinéa 2).

* Limitation par le pouvoir des assemblées :

Le directoire ne doit pas non plus empiéter sur les attributions reconnues aux
assemblées d'actionnaires, notamment en cas de modification des statuts.

à Limitation par les pouvoirs du conseil de surveillance :

L'étendue des pouvoirs du directoire est également limitée par certaines


prérogatives attribuées au conseil de surveillance (convocation des assemblées
générales, désignation des membres du directoire, du président et des directeurs
généraux, autorisations des conventions entre la société et les membres du
directoire).

Le directoire exerce les fonctions de direction de l'entreprise, et exerce en parallèle


les prérogatives de gestion du conseil d'administration.

33
BIP n°47
Septembre 1995

Cela signifie que le directoire arrête les orientations stratégiques de la société.

En revanche, seul le président du directoire a qualité pour représenter la société à


l'égard des tiers.

Les statuts peuvent prévoir que le même pouvoir de représentation sera attribué à un
ou plusieurs actionnaires, membres du directoire qui portent alors le titre de
directeurs généraux.

2.3. Rémunération du directoire :

La rémunération de chacun des membres du directoire est fixée par le conseil de


surveillance lors de la nomination de chaque intéressé (article 82).

Le conseil de surveillance doit donc déterminer la rémunération de chaque membre


du directoire et non pas allouer un montant global que les membres du directoire se
répartiraient entre eux comme ils l'entendraient.

Si les pouvoirs du directoire sont bornés par l'objet social, il est de règle dans les
sociétés de capitaux que le dépassement de l'objet est sans conséquences à l'égard
des tiers (sous réserve de leur bonne foi).

S'il arrive que les statuts soumettent à l'autorisation préalable du conseil de


surveillance certains actes passés par le directoire la règle est identique.

Par ailleurs celui-ci dispose de pouvoirs propres :

ç sur délégation de l'assemblée générale extraordinaire, réalisation d'une


augmentation (article 185 alinéa 3) ou réduction (article 208 alinéa 2) de
capital ;

ç modification du capital à la suite de la conversion d'obligations convertibles


(article 322 alinéa 4);

ç sur délégation de l'assemblée générale ordinaire, l'émission d'obligations


(article 292 alinéa 3).

3. Conventions entre la société et l'un des membres du directoire :

Toute convention intervenant entre une société et l'un des membres du directoire ou
de son conseil de surveillance, est soumise à l'autorisation préalable de son Conseil
de Surveillance (article 95).

La procédure à suivre est déterminée par les règles que l'on connaît pour les
sociétés anonymes à Conseil d'Administration.

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a) Le membre du directoire intéressé est tenu d'informer le conseil de


surveillance dès qu'il a connaissance d'une convention à laquelle l'autorisation du
Conseil de Surveillance doit s'appliquer (article 97 alinéa 1).

Toutefois si l'intéressé s'abstenait de prendre cette initiative, les membres du


directoire qui auraient néanmoins eu connaissance de cette information peuvent
engager leur responsabilité sur le fondement de l'article 353 alinéa 1 (infraction
aux dispositions législatives).

b) Le conseil de surveillance statue sur l'autorisation de la convention étant


précisé que cette autorisation doit être préalable à la convention.

c) Le président du conseil de surveillance donne son avis aux commissaires aux


comptes de toutes les conventions autorisées (article 97 alinéa 2).

d) La convention est soumise à l'approbation de l'assemblée générale.

4. Responsabilité des membres du directoire :

Ä Responsabilité civile :

Les membres du directoire sont soumis à la même responsabilité civile que les
administrateurs (article 353 alinéa 1).

Ä Responsabilité pénale :

La responsabilité pénale des membres du directoire est définie de la même façon


qu'en ce qui concerne les administrateurs.

II. LE CONSEIL DE SURVEILLANCE :

Le statut du conseil de surveillance est très voisin de celui du conseil


d'administration même si les rôles de chacun diffèrent.

En effet, alors que le conseil de surveillance a pour seule mission de contrôle les
organes de direction de la société, le conseil d'administration doit assumer la gestion
de la société.

Il en résulte que certaines règles relatives au conseil d'administration ont été


transposées à l'identique au conseil de surveillance.

Dans l'étude qui suit, nous procéderons à des renvois dès lors qu'il n'y aura pas lieu
de signaler une spécificité.

Il s'agit des éléments suivants :

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ç Les membres du Conseil de Surveillance : nombre, conditions et mode de


leur nomination ainsi que la durée de leurs fonctions.

ç Le fonctionnement du Conseil de Surveillance : Délibérations, missions et


rémunération.

ç Les conventions entre la société et l'un des membres du Conseil de


Surveillance

ç La responsabilité civile et pénale des membres du Conseil de Surveillance

1. Les membres du Conseil de Surveillance :

1.1. Nombre de membres du Conseil de Surveillance :

Le Conseil de Surveillance doit être composé de trois membres au moins et de


douze membres au plus (article 83 alinéa 1), ce nombre est porté à quinze dans les
sociétés dont les actions sont inscrites à la côte officielle d'une bourse de valeurs.

Ä Cas particuliers des fusions :

En cas de fusions, la société absorbante ou nouvelle peut avoir un conseil de


surveillance comprenant plus de douze membres.

En effet, le nombre de membres pourra atteindre le nombre total des membres du


conseil de surve illance en fonction depuis plus de six mois dans chacune des
sociétés fusionnés, sans pouvoir être supérieur à 24, 27 dans le cas d'une fusion
d'une société dont les actions sont inscrites à la côte de la bourse des valeurs et
d'une autre société avec une autre société.

Le nombre de membres est porté à 30 dans le cas d'une fusion de deux sociétés dont
les actions sont inscrites à la côte de la bourse des valeurs.

1.2. Nomination des membres du conseil de surveillance :

1.2.1. Conditions de nomination :

Ä Qualité d'actionnaire :

Comme les administrateurs et dans les mêmes conditions, les membres du Conseil
de Surveillance doivent être propriétaire d'un nombre d'actions déterminés par les
statuts (article 84).

Les membres du Conseil de Surveillance peuvent disposer librement de leurs


actions, mais s'ils cessent d'être propriétaires du nombre d'actions requis, ils sont

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réputés démissionnaires d'office s'ils n'ont pas régularisé leur situation dans le délai
de trois mois (article 84 alinéa 2).

Ä Capacité :

Les règles de capacité sont celles qui régissent les membres du conseil
d'administration.

Ä Incompatibilité :

La situation d'incompatibilité est très différente de celle applicables aux


administrateurs. En effet, les membres du Conseil de Surveillance n'ont qu'une
mission de contrôle et non de gestion.

Le projet n'indique en tous cas aucune règle d'incompatibilité et, dans le


prolongement de la doctrine française, on peut admettre que l'exercice des fonctions
de membre du conseil de surveillance par des commissaires aux comptes est licite
sauf s'il s'agit de la société qu'ils contrôlent.

Ä Interdiction et déchéances :

Le projet indique dans son article 38 que les personnes déchues du droit
d'administrer ou de gérer une société auxquelles l'exercice de ces fonctions et
interdit, ne peuvent fonder une société anonyme.

On peut s'interroger sur la portée de ce texte dès lors d'une part qu'il ne précise pas
"et/ou diriger ou administrer une société anonyme"et que, d'autre part, il ne prévoit
aucune sanction .

Ä Cumul avec un contrat de travail :

Les membres du conseil de surveillance ne peuvent recevoir de la société aucune


rémunération permanente ou non autre que la somme fixée à raison des fonctions de
membre du conseil de surveillance.

Le projet prohibe indirectement l'exercice de la fonction de membre du conseil de


surveillance avec un contrat de travail (article 94).

Contrairement à la législation française, il n'y a aucune limitation du nombre de


mandats ni de limite d'âge des membres du conseil de surveillance.

Ä Personne morale membre du conseil de surveillance :

Une personne morale peut être nommée au conseil de surveillance (article 88).

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Lors de sa nomination, elle est cependant tenue de désigner un représentant


permanent qui est soumis aux mêmes conditions et obligations et qui encourt les
mêmes responsabilités civiles et pénales que s'il était membre du conseil en son
nom propre, sans préjudice de la responsabilité solidaire de la personne morale qu'il
représente.

1.2.2. Mode de nomination :

Ä Lors de la constitution :

Les premiers membres du conseil de surveillance de ces sociétés sont nommés dans
les statuts ou dans un acte séparé faisant corps avec les statuts et signés dans les
mêmes conditions (article 20 et 87 alinéa 1) .

Ä En cours de vie sociale :

Au cours de la vie sociale, la nomination des membres du Conseil de Surveillance


relève, dans tous les cas de la compétence de l'Assemblée Générale Ordinaire
(article 87).

Aucune publicité des nominations des membres du Conseil de Surveillance n'est


prévue par le projet.

1.2.3. Durée des fonctions des membres du conseil de surveillance


:

Ä Durée maximale des fonctions

La durée des fonctions des membres du Conseil de Surveillance est fixée dans les
statuts. Cependant, elle ne peut excéder 10 ans en cas de nomination dans les
statuts.

Toute nomination pour une durée supérieure à celle prévue par la loi est nulle
(article 87 alinéa 4).

Ä Computation du délai :

Les fonctions d'un membre du conseil de surveillance prennent fin à l'issue de la


réunion de l'assemblée générale ordinaire qui a statue sur les comptes de l'exercice
écoulé et qui s'est tenue dans l'année au cours de laquelle expire le mandat dudit
membre du conseil de surveillance (article 87 alinéa 5).

Ä Renouvellement des fonctions des membres du conseil de surveillance :

Sauf clause contraire des statuts les membres du Conseil de Surveillance sont
rééligibles (article 87 alinéa 3).

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Ä Expiration des fonctions des membres du conseil de surveillance :

Les fonctions des membres du conseil de surveillance prennent fin :

ç par l'arrivée du terme prévu lors de la nomination ;


ç par le décès ;
ç par la nomination au directoire, les fonctions au Conseil de Surveillance
cessant dès l'entrée en fonction au directoire ;
ç par l'adoption en assemblée générale extraordinaire du régime traditionnel avec
conseil d'administration et président-directeur général ;
ç par la dissolution de la société ;
ç par la démission (voir les règles applicable aux administrateurs) ;
ç par la révocation, laquelle peut être prononcée à tout moment par l'Assemblée
Générale Ordinaire.

La personne morale membre du conseil de surveillance peut révoquer son


représentant, auquel cas elle est tenue de pourvoir en même temps à son
remplacement.

Elle devra dans ce cas notifier sans délai ses décisions à la société et procéder de
même en cas de décès ou de démission du représentant permanent (article 88 alinéa
2).

2. Le fonctionnement du conseil de surveillance :

Le conseil desurveillance est comme le conseil d'administration ou le directoire, un


organe collégial.

2.1. Délibérations du conseil de surveillance :

Ä Convocation aux séances du conseil :

Les modes et délais de convocation des membres du Conseil de Surveillance aux


séances de Conseil sont librement fixés dans les statuts.

Toutefois, le Président et le Vice-Président sont chargés de convoquer le Conseil de


Surveillance et d'en diriger les débats (voir supra pour les autres aspects de la
convocation).

Ä Convocation des commissaires aux comptes :

Lorsque leur présence à une séance du conseil desurveillance paraît opportune, les
commissaires aux comptes peuvent y être convoqués.

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Dans ce cas, la convocation doit être faite par lettre recommandée avec accusé de
réception adressée aux commissaires en même temps que la convocation des
membres du conseil (article 168 alinéa 2).

Ä Représentation des membres duconseil de surveillance :

Sauf clause contraire des statuts, les membres du Conseil de Surveillance ont la
possibilité de se faire représenter au conseil desurveillance.

Ä Registre de présence :

Il doit être tenu un registre de présence signé par les membres du Conseil de
Surveillance participant à la séance du conseil. En fait, la disposition de l'article 50
alinéa 9, du projet relative au registre de présence aux séances du Conseil
d'Administration s'applique en l'espèce de la même façon.

* Bureau du Conseil :

Ä Président et Vice-Président :

Le conseil desurveillance élit en son sein un président et un vice-président (article


80 alinéa 1).

A peine de nullité de leur nomination, le président et le vice-président doivent être


des personnes physiques (article80 alinéa 2).

Ä Durée des fonctions :

Le Président et le Vice-Président "exercent leurs fonctions pendant la durée du


mandat du Conseil de Surveillance".

Ä Mission du Président et du Vice-Président :

Le Président et le Vice-Président sont compétents pour convoquer le Conseil de


Surveillance et diriger ses débats ainsi que pour certifier les copies des extraits des
procès-verbaux de ses délibérations (article 52).

Seul le Président est compétent pour aviser les commissaires aux comptes des
conventions conclues entre la société et un membre du directoire ou un membre du
Conseil de Surveillance.

Ä Quorum :

Le conseil de surveillance ne délibère valablement que si la moitié au moins de ses


membres sont effectivement présents (article 91).

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Ä Majorité :

Les décisions sont prises à la majorité des membres présents ou représentés (article
91 alinéa 2), sauf disposition contraire des statuts prévoyant une majorité plus forte.

Ä Obligations de discrétion :

Les membres du conseil de surveillance, ainsi que toute personnes appelées à


assister aux réunions du conseil sont tenus à l'obligation de discrétion à l'égard des
informations dans les mêmes conditions que les membres du conseil de
surveillance.

* Procès-verbaux des réunions du Conseil de Surveillance :

Ä Nécessité des procès-verbaux :

Après chaque réunion du Conseil, il est obligatoire d'établir un procès-verbal de la


réunion (article 52).

Le Président ou l'administrateur président de séance qui n'aura pas fait constater les
délibérations du conseil d'administration par des procès-verbaux formant un registre
spécial tenu au siège de la société sera puni d'une amende de 2.000 à 30.000
dirhams (article 384).

Ä Contenu et conservation des procès-verbaux :

Les règles relatives au contenu des procès-verbaux (article 53) et à leur


conservation (registre ou feuilles cotées et paraphées) sont les mêmes que pour le
conseil d'administration.

Ä Signature des procès-verbaux :

Le procès-verbal est signé par le président de la séance et au moins un membre du


conseil de surveillance. En cas d'empêchement du président de séance, il est signé
par deux membres du conseil de surveillance au moins.

Ä Nullités des délibérations :

Les délibérations duconseil de surveillance peuvent être annulées, soit pour


violation des dispositions légales impératives intéressant les délibérations, soit pour
violations des principes généraux du droit.

2.2. Mission du conseil de surveillance :

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* Pouvoirs de contrôle :

Ä Contrôle permanent :

Le Conseil de Surveillance exerce le contrôle permanent de la gestion de la société


par le directoire (article 104 alinéa 1).

A ce titre, le Conseil de Surveillance est doté des pouvoirs suivants :

1. Il peut, à toute l'époque de l'année, opérer les vérifications et contrôles qu'il


juge
opportuns et se faire communiquer les documents qu'il estime utile à
l'accomplissement de sa mission (article 104 alinéa 7).

Ce contrôle est indépendant de celui qui incombe aux commissaires aux


comptes même s'il porte également sur la régularité des comptes. De manière
générale le contrôle s'exerce sur l'opportunité des actes de gestion du directoire
sans que cela n'entraîne une immixtion dans la gestion.

2. Le directoire doit présenter un rapport au Conseil de Surveillance une fois au


moins par trimestre (article 104 alinéa 8).

Cependant aucune disposition n'a été fixée par le projet pour préciser le
contenu
de ce rapport compte tenu de la mission du conseil de surveillance. Il va sans
dire
que celui-ci devrait pouvoir obtenir les informations les plus complètes.

Ä Vérification des comptes annuels :

Après la clôture de l'exercice, le Conseil de Surveillance vérifie et contrôle les


comptes établis par le directoire. Ces comptes doivent lui être présentés par le
directoire dans un délai de trois mois à compter de la clôture de l'exercice (article
104 alinéa 9).

Ä Pouvoir propres du Conseil de Surveillance :

Le projet précise les attributions propres auconseil desurveillance :

ç nomination des membres du directoire et fixation de leur rémunération (article


79);
ç choix du président du directoire (article 79) ;
ç proposition à l'assemblée en vue de la révocation des membres du directoire
(article 80) ;
ç attributions du pouvoir de représentation à un ou plusieurs membre du
directoire, si les statuts le permettent (article 103 alinéa 1) ;

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ç autorisation des conventions entre la société et l'un des membres du directoire


ou du conseil de surveillance (article 95) ;
ç répartition des jetons de présence (article 92 alinéa 2).

Ä Autorisations spéciales :

Les règles applicables sont les mêmes que celles régissant le directoire.

Ä Transfert du siège social :

Le Conseil de Surveillance est compétent pour décider du transfert du siège social


dans la même wilaya, préfecture ou province, sous réserve de ratification par
l'assemblée générale ordinaire (article 105).

Le régime de ce transfert est le même que celui décrit pour leconseil


dadministration.

2.3. Rémunération des membres du conseil de surveillance :

Les dispositions relatives à la rémunération des membres du Conseil de


Surveillance sont identiques à celles concernant la rémunération des membres du
Conseil de Surveillance peuvent être prévues à titre de rémunération :

1. Une somme fixe annuelle à titre de jetons de présence en rémunération de leur


activité au Conseil (article 92 alinéa 1).

Comptablement, le montant de cette somme devra être portée au poste des


charges d'exploitation.

2. Des rémunérations exceptionnelles correspondant à des missions ou mandats


confiés à des membres de ce conseil (article 93).

L'octroi de rémunérations exceptionnelles constitue une convention soumise à la


procédure de l'article 95.

Les membres du conseil de surveillance ne peuvent recevoir de la société aucune


rémunération, permanente ou non autres que celles précitées (article 94 alinéa 1).

Toute clause contraire est réputée non écrite et toute décision contraire est nulle
(article 94 alinéa 2).

Il résulte de ces dispositions que les membres du conseil de surveillance ne


peuvent pas être liés à la société par un contrat de travail.

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3. Conventions entre la société et l'un des membres du conseil de


surveillance :

Les conventions directes ou indirectes entre une société et l'un des membres du
Conseil de Surveillance sont soumises à un contrôle analogue à celui des
conventions passées avec des administrateurs, directeurs généraux de membres du
directoire (article 95 à 100).

Il conviendra ici de rappeler que le membre du Conseil de Surveillance intéressé


par une telle convention est tenu d'en informer le Conseil dès qu'il en a
connaissance (article 97 alinéa 1) et qu'il ne peut prendre part au vote ni sur
l'autorisation demandée, ni lors de l'assemblée appelée à statuer sur la convention
(article 97 alinéa 5).

Le Président du Conseil devra par ailleurs aviser les commissaires aux comptes
(article 97 alinéa 2).

La responsabilité collective du Conseil de Surveillance ou éventuellement du/des


membre(s) du Conseil intéressé(s) peut être mise en cause si se révèlent des
conséquences préjudiciable à la société à la suite de conventions désapprouvées.

Sur les conventions interdites, il convient de se reporter au régime prévu pour les
sociétés à conseil d'administration.

4. La responsabilité des membres du Conseil de Surveillance :

Ä Responsabilité civile :

Les membres du conseil de surveillance sont responsables à l'égard de la société ou


à l'égard des tiers des infractions législatives ou réglementaires applicables aux
sociétés anonymes, soit de la violation des statuts soit des fautes de gestion (article
353).

La loi française dispose que le conseil de surveillance n'a aucune responsabilité en


raison des actes de gestion. Cette disposition découle du principe que le conseil de
surveillance n'effectue qu'un simple contrôle de la gestion et ne doit pas s'y
immiscer.

Au contraire, le projet du législateur marocain accroît la responsabilité du conseil de


surveillance, qui, de fait devra s'immiscer dans la gestion de la société à raison de la
responsabilité qu'il partage avec la collectivité du directoire.

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Ä Action en responsabilité :

L'action en responsabilité contre les membres du conseil de surveillance est régie


par les mêmes règles applicables en matière de responsabilité des administrateurs
(article 354).

Les membres du conseil desurveillance peuvent donc être condamnés pour faute
personnelle à verser des dommages intérêts s'ils ont été la cause de fautes
préjudiciables à la société (article 354).

Ä Responsabilité pénale :

La responsabilité pénale est édictée par différents articles applicables aux membres
du conseil d'administration.

En tout état de cause, les membres du conseil de surveillance encourent une


responsabilité pénale identique à celle des membres du directoire et administrateurs.

L'étendue de cette responsabilité apparaît exagérée eu égard à la simple mission de


contrôle voulue par les rédacteurs du projet. La spécificité marocaine réside donc
dans la présomption de" complicité" des membres du conseil de surveillance et des
membres du directoire.

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CHOIX DE LA FORMULE CLASSIQUE ET FORMULE NOUVELLE


D'ADMINISTRATION DES SOCIETES ANONYMES

Le projet de loi permet désormais aux actionnaires d'adopter l'une ou l'autre des
formules de gestion précités.

Le choix n'est certes pas irrévocable puisqu'un changement de formule est


parfaitement possible en cours de vie sociale.

Il paraît donc utile d'exposer les avantages et les inconvénients de la formule


nouvelle par rapport à l'ancienne.

Avantages de la nouvelle formule

ç Séparation théorique de la direction et du contrôle. Le directoire assume la direction de la


société, le conseil de surveillance doit contrôler la gestion sans pouvoir s'immiscer dans la
gestion de la société.

ç Sécurité des fonctions des me mbres du directoire qui ne peuvent être révoqués que par
l'assemblée générale , et ont droit à des dommages et intérêts si la révocation intervient sans
justes motifs . En outre, ils peuvent cumuler leur fonction avec un contrat de travail
totalement indépendant de leur mandat.

ç Facilité de recrutement car les membres du directoire peuvent être choisis en dehors des
actionnaires.

ç Possibilité d'adapter l'importance des organes de direction aux besoins de l'entreprise.

Inconvénient de la nouvelle formule

ç Responsabilité des membres du conseil de surveillance aussi étendue que celle des
administrateurs.

ç Risque d'inutilité du conseil de surveillance car le Conseil nomme au directoire


des personnes en qui il a confiance (sous la réserve qu'il paiera le prix de cette confiance en
cas d'erreur compte tenu de la responsabilité qu'il partage avec le directoire).

ç Risque inverse d'aller à l'encontre de la société si le conseil de surveillance est composé de


personnes faisant partie d'une autre société.

ç Risque d'absence de cohésion des organes de direction car le Président du directoire ne


choisit pas les autres membres.

ç Risque d’inefficacité car le Conseil ne peut révoquer les membres du directoire qu'il a lui
même nommé.

ç Risque de prolongations des conflits car nécessité de retourner devant l'assemblée gnérale
en cas de conflit entre conseil de surveillance et directoire.

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BIP n°47
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CONCLUSION :

A l'instar de ce qui se constate en Allemagne, l'utilisation de cette formule reste


cependant marginale en France.

Au Maroc, où la tradition familiale des affaires est encore bien présente, la nouvelle
formule proposée permet de mettre sous le contrôle des anciens du plan familial (conseil
de surveillance), l'activité de gestion des plus jeunes (directoire). Sous cet angle, cette
formule peut ouvrir d'intéressantes perspectives dans la pratique des affaires au Maroc

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DIRECTION REPRESENTATION :

LE PRESIDENT DU CONSEIL D'ADMINISTRATION :

ç Il est élu et révoqué par le Conseil d'Administration.


ç Il doit être :
Ÿ une personne physique ;
Ÿ membre du Conseil d'Administration.

ç Il préside le Conseil d'Administration.


ç Il assure la direction générale, il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toutes circonstances au nom de la société.
ç Il représente la société vis à vis des tiers.
ç Il ne peut donner de cautionnement, d'aval ou de garantie pour la société qu'après y
avoir être autorisé par le Conseil d'Administration.
ç Il peut être assisté d'un ou plusieurs directeurs généraux.

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ADMINISTRATION :

LE CONSEIL D'ADMINISTRATION:

ç 3 à 12 administrateurs , personnes physiques ou morales obligatoirement actionnaires.


ç Ils sont désignés par l'Assemblée Générale Ordinaire pour 6 ans et révoqués par elle.
ç Le Conseil d'Administration a les pouvoirs les plus étendus de gestion, dans l'intérêt de
la société.
ç Si des clauses limitatives existent, elles ne sont pas opposables aux tiers.
ç Ses pouvoirs propres :
Ÿ convocation des assemblées ;
Ÿ établissement des comptes ;
Ÿ rapport à l'Assemblée Générale Ordinaire ;
Ÿ Les décisions sont prises à la majorité.
Ÿ Les membres du Conseil d'Administration sont responsables civilement et
pénalement.
1. Administration direction :
Ä Le directoire :
ç 2 à 5 personnes physiques8 .
ç Les membres sont désignés par le Conseil de Surveillance pour 4 ans et peuvent être
révoqués par l'Assemblée Générale Ordinaire sur proposition du Conseil de Surveillance,
pour de justes motifs.
ç Le directoire a les pouvoirs les plus étendus pour gérer et agir au nom de la société.
ç Si des clauses limitatives existent, elles sont inopposables aux tiers.
ç Ses pouvoirs propres :
Ÿ convocation des assemblées ;
Ÿ établissement des comptes ;
Ÿ rapport à l'Assemblée Générale Ordinaire .
Les membres du directoire sont responsables civilement et pénalement.
Ä Le Président du Directoire :
Il est désigné par le Conseil de Surveillance.
8
Lorsque le capital de la société est inférieur à 1,5 millions de dirhams : un seul directeur est admis.

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Il représente le directoire.
Ä Le Conseil de Surveillance :
Le Conseil de Surveillance a aussi un pouvoir de gestion mais son rôle de contrôle est
prépondérant (à ce titre il fait l'objet de la fiche suivante).

2. Contrôle de la S.A :
Il est exercé normalement par les commissaires aux comptes et les actionnaires.
Les SA avec directoire comportent un organe supplémentaire : le Conseil de Surveillance.
2.1. Le Conseil de Surveillance :
Il a non seulement un rôle de contrôle, mais participe aussi à la fixation des grands objectifs
de la société :
Ÿ il est composé de 3 à 12 actionnaires, personnes physiques ou morales élus par
l'Assemblée Générale Ordinaire ;
Ÿ il vérifie les comptes annuels ;
Ÿ il nomme les membres du directoire, désigne son Président et peut soumettre la
révocation de certains directeurs au vote de l'Assemblée Générale Ordinaire ;
Ÿ il convoque l'Assemblée Générale Ordinaire , lui présente un rapport ;
Ÿ il donne des autorisations notamment pour les conventions passées entre les
directeurs et la société.
2.2. Les commissaires aux comptes :
Désignation d'au moins un commissaire aux comptes dans toute S.A.
Par l'Assemblée Générale Ordinaire pour trois exercices.
2.3. Les actionnaires :
Ä Droit de communication :
Ÿ Permanent : sur les documents présentés pour les trois derniers exercices.
Dans les 15 jours qui précèdent l'Assemblée Générale Ordinaire : les actionnaires ont le
droit de prendre connaissance des comptes, des rapports, des résolutions proposées, avoir des
renseignements sur les actionnaires et les plus importantes rémunérations.

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