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5 Fonctions convexes
5.1 • Définition
Soit f une fonction de R dans R définie sur un intervalle I contenant au moins
deux points. On dit que f est convexe sur I si :
y
Interprétation graphique :
Soit M et N les points de la courbe représentative de f d’abscisses respectives
λ f(x)+(1−λ) f(y) G x et y.
N
M Soit G le barycentre du système (M , λ), (N , 1 − λ).
f (λ x+(1−λ)y) Les coordonnées de G sont (λx + (1 − λ)y , λf (x) + (1 − λ) f (y)).
P
Soit P le point de la courbe Cf d’abscisse λx + (1 − λ)y. L’ordonnée de P est
O x λ x +(1−λ ) y y x f (λx + (1 − λ)y). La définition de la convexité de f exprime donc que le point
P est situé en dessous de G (Doc. 9).
Doc. 9 Fonction convexe.
Une fonction est convexe si et seulement si tout arc de sa courbe représentative
est situé en dessous de la corde correspondante.
APPLICATION 4
Généralisation : inégalité de Jensen
n+1
Soit f une fonction convexe sur un intervalle I . Dé-
montrer que ∀n 2 ∀(xi ) ∈ I n ∀(λi ) ∈ Rn+ : (λ1 , · · · , λn+1 ) ∈ R+n+1 tel que λi = 1.
i=1
n n n
λi = 1 ⇒ f λi xi λi f (xi )
n+1 n
i=1 i=1 i=1
f λi xi =f λi xi + λn+1 xn+1
i=1 i=1
• Si Λ = 0 : soit ξ le barycentre de
∀(x1 , x2 ) ∈ I 2 ∀(λ1 , λ2 ) ∈ R2+ λ1 + λ2 = 1
(x1 , λ1 ), · · · , (xn , λn ) ; comme I est un intervalle,
=⇒ f (λ1 x1 + λ2 x2 ) λ1 f (x1 ) + λ2 f (x2 ) ξ ∈ I.
n
Soit n un entier supérieur ou égal à 2 pour lequel λi xi = Λξ et Λ + λn+1 = 1
la propriété est vraie, et soit (x1 , · · · , xn+1 ) ∈ I n+1 et i=1
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COURS 18 Dérivation des fonctions d’une variable réelle
Théorème 6
Soit f une fonction de R dans R définie sur un intervalle I .
f est convexe sur I si et seulement si pour tout x0 ∈ I , la fonction :
f (x) − f (x0 )
x→
x − x0
est croissante sur I \{x0 }.
Démonstration
1) Supposons f convexe sur I . Soit x0 ∈ I et x1 , x2 deux éléments de
I \{x0 }. Supposons, pour fixer les idées, que x0 < x1 < x2 . On peut poser
x1 = λx0 + (1 − λ)x2 , avec λ ∈ ]0, 1[. f étant convexe :
f (x1 ) λf (x0 ) + (1 − λ)f (x2 )
d’où :
f (x1 ) − f (x0 ) (1 − λ)( f (x2 ) − f (x0 ))
or x1 − x0 = (1 − λ)(x2 − x0 ) et x1 − x0 > 0 ; d’où :
f (x1 ) − f (x0 ) f (x2 ) − f (x0 )
x1 − x0 x2 − x0
La démonstration est pratiquement la même lorsque x1 < x0 < x2 ou x1 < x2 < x0 .
I \{x0 } → R
On en déduit que l’application f (x) − f (x0 ) est croissante.
x →
x − x0
2) Réciproquement, supposons cette application croissante pour tout x0 ∈ I .
Soit (x, y) ∈ I 2 avec x < y, et λ ∈ ]0, 1[. Posons z = λx + (1 − λ)y, d’où
x<z<y:
f (z) − f (x) f (y) − f (x)
;
z−x y−x
z−x
d’où f (z) f (x) + ( f (y) − f (x)).
y−x
z−x
Or =1−λ; d’où f (z) f (x) + (1 − λ)( f (y) − f (x)).
y−x
342
18 COURS
Dérivation des fonctions d’une variable réelle
M0 Graphiquement, cette propriété signifie que la pente d’une sécante dont on fixe
une extrémité est une fonction croissante de l’autre extrémité (Doc. 10).
De même, f est concave si et seulement si cette même application est décroissante.
O x0 x1 x2 x3 x
Doc. 10 Croissance de la pente d’une 5.3 • Caractérisation des fonctions convexes dérivables
sécante.
Théorème 7
Une fonction de R dans R dérivable sur un intervalle I est convexe sur I si et
seulement si sa dérivée est croissante sur I .
Démonstration
Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I .
1) Supposons f convexe sur I . Soit (x, y) ∈ I 2 avec x < y. Pour tout
z ∈ ]x, y[, on a :
f (z) − f (x) f (z) − f (y)
z−x z−y
f (y) − f (x)
En faisant tendre z vers x à droite , on obtient f (x) .
y−x
f (y) − f (x)
En faisant tendre z vers y à gauche, on obtient f (y) ;
y−x
f (y) − f (x)
d’où f (x) f (y).
y−x
f est donc croissante sur I .
2) Supposons f croissante sur I . Soit (x, y) ∈ I 2 tel que x < y et y = mx + p
y
l’équation de la droite joignant les points d’abscisses x et y de la courbe représen-
tative de f . Soit g la fonction définie par g(t) = f (t) − (mt + p), pour t ∈ I .
g est dérivable sur [x, y] et g (t) = f (t) − m. D’après le théorème des accrois-
sements finis, il existe c ∈ ]x, y[ tel que f (c) = m, c’est-à-dire g (c) = 0. La
g(t) fonction g étant croissante, elle est négative sur [x, c] et positive sur [c, y].
D’où les variations de g :
t x c y
O x c y t g − 0 +
Doc. 11 Croissance de la dérivée.
0 0
g
Corollaire 7.1
Une fonction de R dans R deux fois dérivable sur un intervalle I est convexe
sur I si et seulement si sa dérivée seconde est positive sur I .
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COURS 18 Dérivation des fonctions d’une variable réelle
Démonstration
Sur l’intervalle I : f croissante ⇐⇒ f positive.
Théorème 8
La courbe représentative d’une fonction convexe dérivable sur un intervalle I
est au-dessus de chacune de ses tangentes.
Démonstration
Soit f une fonction convexe dérivable sur I . L’équation de la tangente à sa
courbe représentative en un point x0 est y = f (x0 ) + f (x0 )(x − x0 ).
Posons h(x) = f (x) − f (x0 ) + f (x0 )(x − x0 ) .
y La fonction h est dérivable sur I et h (x) = f (x)−f (x0 ). f étant croissante
sur I , les variations de h sont données par le tableau ci-dessous :
x x0
h − 0 +
h(x)
h
0
O x0 x On en déduit que h est toujours positive : la courbe est au-dessus de sa tangente
(Doc. 12).
Doc. 12 La courbe est au dessus de sa
tangente. De même, la courbe d’une fonction concave sur I est en dessous de ses tangentes.
En un point d’inflexion, la courbe traverse sa tangente.
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18 COURS
Dérivation des fonctions d’une variable réelle
APPLICATION 5
Dérivée de l’exponentielle complexe
Théorème 9
Soit f une fonction de R dans C , continue sur un segment [a, b] et dérivable
sur ]a, b[ (avec a < b).
f (b) − f (a)
Si ∀t ∈ ]a, b[ | f (t)| M , alors M.
b−a
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Dérivation des fonctions d’une variable réelle
Démonstration
f (b) − f (a)
Posons = r eiα avec (r, α) ∈ R+ × R et considérons la fonction g
b−a
définie par :
∀t ∈ [a, b] g(t) = f (t) e−iα
g(b) − g(a)
On a donc = r ∈ R. Posons g(t) = x(t) + i y(t) et appliquons
b−a
l’inégalité des accroissements finis à la fonction réelle x :
En particulier, si f est nulle sur ]a, b[, f est constante sur [a, b].
............................................................................................................
MÉTHODE
Pour montrer qu’une fonction f est dérivable en x0 , on peut :
• appliquer les opérations sur les fonctions dérivables ;
• chercher si f admet un développement limité d’ordre 1 au voisinage de x0 ;
f (x) − f (x0 )
• chercher si admet une limite finie quand x tend vers x0 (cf. exercices 2 et 5) ;
x − x0
• si f est continue en x0 et dérivable sur un voisinage de x0 privé de x0 , chercher si f admet une limite
finie en x0 .
Pour trouver un extremum d’une fonction réelle dérivable sur un intervalle I , on peut :
• chercher les points de I où la dérivée s’annule, puis vérifier pour chacun d’entre eux s’il s’agit bien d’un
extremum (cf. Application 2) ;
• examiner la valeur de la fonction aux extrémités de I (où f peut présenter un extremum non local).
346
Dérivation des fonctions d’une variable réelle
Ne pas confondre :
• la définition de la dérivée en a :
f (x) − f (a)
lim
= f (a)
x→a x−a
on peut l’utiliser lorsque, connaissant des propriétés concernant le taux d’accroissement, on veut obtenir des
propriétés concernant la dérivée (cf. exercice 5 ) ;
• le théorème des accroissements finis :
f (b) − f (a)
∃c ∈ ]a, b[ = f (c)
b−a
on peut l’utiliser lorsque, connaissant des propriétés de la dérivée, on veut obtenir des propriétés du taux
d’accroissement (cf. exercice 11).
...................................................................................................................................................................................................
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Dérivation des fonctions d’une variable réelle
Exercice résolu
Soit f une fonction définie sur R+ , positive, bornée, deux fois dérivable, telle que f f .
1 Montrer que f est convexe.
2 Montrer que f est décroissante.
3 Montrer que f et f tendent vers 0 en +∞.
4 On considère les fonctions g et h définies sur R+ par : g(x) = f (x)ex , h(x) = (f (x) + f (x))e−x .
a) Étudier le sens de variation et le signe de h.
b) En déduire le sens de variation de g.
c) Montrer que pour tout x ∈ R+ : f (x) f (0) e−x .
Conseils Solution
1) f est positive, donc f est croissante : f est convexe.
Raisonner par l’absurde. 2) La courbe représentative de f est au dessus de sa tangente en tout
point. S’il existait un point où cette tangente avait un coefficient directeur
strictement positif, f tendrait vers +∞ en +∞, ce qui est impossible
puisqu’elle est bornée. Donc f est partout négative : f est décroissante.
Toute fonction monotone bornée a une 3) Comme f est décroissante et minorée par 0, elle a une limite positive
limite finie en +∞. en +∞. Si > 0, f > , d’où pour tout x ∈ R+ f (x) > f (0) + x ;
f tendrait vers +∞ en +∞, ce qui est exclu. Donc = 0.
De même, : f est croissante et majorée par 0, elle a une limite négative
en +∞. Si < 0, pour tout x ∈ R+ : f (x) < f (0) − x ; f tendrait
vers −∞ en +∞, ce qui est exclu ; donc = 0.
Dériver h(x). 4 a) h est dérivable et h (x) = (f (x) − f (x))e−x 0. Donc h est
croissante et comme elle tend vers 0 en +∞, elle est négative sur R+ .
Dériver g(x). b) g est dérivable et g (x) = (f (x) + f (x))ex = h(x)e2x 0 ; g est
décroissante sur R+ .
c) On en déduit que pour tout x ∈ R+ : g(x) g(0), c’est-à-dire
f (x) f (0) e−x .
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