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Sylvie Ancel
2020-2021
Droit du travail
La recherche de
Une dimension
La protection des la satisfaction
collective des
intérêts du salarié d'intérêts
relations de travail
divergents
Protection du salarié – Le droit du travail a pour objectif de protéger le salarié. Il s’agit de limiter les effets de la
subordination et d’encadrer sa dépendance économique.
Dimension collective des relations de travail – Le droit du travail est un droit collectif. Il permet d’organiser les
relations dans l’entreprise et sur le marché de l’emploi. Il encadre les actions collectives et la résolution des éventuels
conflits. Divers acteurs et institutions interviennent et contribuent à l’instauration d’un dialogue social (négociation
collective, droit syndical, CSE).
Un droit au cœur des conflits – Il existe au cœur de la relation de travail un conflit d’intérêts. Les parties au contrat ont
des intérêts divergents. Le droit du travail cherchera à satisfaire ces intérêts.
Egalité de traitement
En application du principe constitutionnel d’égalité, l’égalité de traitement entre les salariés s’applique en droit du travail.
L’employeur doit respecter ce principe dans ses décisions, notamment en matière de rémunération. Les partenaires sociaux sont
également tenus de respecter ce principe lorsque des dispositions de conventions ou d’accords collectifs sont attribuées à
certaines catégories de salariés. Ces dispositions doivent être justifiées.
80% des salariés à temps partiel sont des femmes.
Parmi les temps partiels, 30% sont déclarés subis.
Non-discrimination
Une discrimination est le fait de traiter, sans justification, une personne de manière moins favorable qu’une autre placée
dans une situation comparable.
La discrimination peut prendre différentes formes. Le Code du travail Article L1132-1 (modifié loi 22 mai 2019)
Aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement ou
dresse une liste exhaustive de 24 critères de discrimination. de nomination ou de l'accès à un stage ou à une période de formation en
Une personne est traitée de manière moins entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet
Discrimination d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, telle que définie à l'article
favorable qu’une autre dans une situation
directe 1er de la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions
comparable. d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les
Une disposition ou une pratique de l’entreprise, discriminations, notamment en matière de rémunération, au sens de
neutre en apparence, entraine un désavantage l'article L. 3221-3, de mesures d'intéressement ou de distribution d'actions,
de formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de
particulier pour des personnes (ex : système de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de
Discrimination promotion). renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses
indirecte L’employeur doit prouver que cet avantage mœurs, de son orientation sexuelle, de son identité de genre, de son âge, de
sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques,
accordé à certaines personnes est justifié par un
de la particulière vulnérabilité résultant de sa situation économique,
but légitime et que les moyens pour réaliser ce but apparente ou connue de son auteur, de son appartenance ou de sa non-
sont nécessaires et appropriés. appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une prétendue
Un harcèlement constitue une discrimination race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de
Discrimination par ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom de
quand il est pratiqué en raison d’un motif famille, de son lieu de résidence ou de sa domiciliation bancaire, ou en raison
harcèlement
discriminatoire. de son état de santé, de sa perte d'autonomie ou de son handicap, de sa
capacité à s'exprimer dans une langue autre que le français .
On entend par sources du droit, les différentes manières dont les règles juridiques sont établies.
En droit interne, les sources du droit formelles sont la loi au sens large (Constitution, loi au sens strict, règlement). La
jurisprudence, les principes généraux du droit formulés notamment par la doctrine, ne sont que partiellement reconnus comme
sources du droit.
À côté de l’ordre interne, il faut prendre en considération l’ordre international dont le rôle, dans la création de la règle de droit
est de plus en plus important.
Art. 55. - Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des
lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l'autre partie.
Le droit communautaire
Le droit communautaire se décompose en droit communautaire primaire et droit communautaire dérivé.
Le droit communautaire primaire est composé des différents traités instituant l’Union Européenne (traités de Paris, de Rome,
Amsterdam, Nice, Lisbonne…).
Le droit communautaire dérivé est constitué des actes créés par les institutions européennes en application des traités : les
règlements, directives (ex : règlement du 25 octobre 1968 sur la libre circulation des travailleurs).
• Le règlement communautaire : il est général et obligatoire dans l’ensemble des pays membres. Le règlement
communautaire est d’application directe.
• Les directives communautaires : elles fixent un résultat à atteindre et laissent les états libres du moyen utilisé pour
atteindre ce résultat (ex : directive du 14 octobre 1991 imposant la remise d’un écrit à tout salarié dans les deux mois
qui suivent le début de son activité).
• Les décisions communautaires : ce sont des actes de portée individuelle. Leurs dispositions sont obligatoires et
applicables directement par leurs destinataires.
La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) tient une place importante dans l’édification du droit du
travail européen.
Les conventions et accords collectifs portent sur les conditions d’emploi et de travail des salariés et leurs garanties sociales. Ils
visent à assurer une meilleure protection des salariés.
L’ensemble des salariés du secteur privé est concerné par l’existence de conventions et accords collectifs de travail.
La négociation collective (art. L 2211-1 du Code du travail) est la discussion entre partenaires sociaux des conditions d’emploi,
de formation professionnelle et de travail, et des garanties sociales des salariés.
L’expression partenaires sociaux désigne les organisations qui participent à des négociations d’ordre social et qui sont
constituées notamment des représentants des syndicats reconnus représentatifs de salariés et des organisations syndicales
représentatives patronales. Le dialogue social peut être tripartite lorsque les pouvoirs publics y prennent part.
Les partenaires sociaux ont un rôle en matière de gouvernance sociale et économique en représentant les intérêts et les
problèmes concernant les conditions de travail. Ils sont habilités à conduire un dialogue pour le compte de leurs membres et à
mener des négociations qui donnent naissance le plus souvent à des conventions collectives.
1
Cf. supra - page 12 présentant les 3 blocs de compétence
La négociation peut être imposée, avec des thèmes et un rythme imposés, ou libre.
Le dialogue social préalable à la loi a valeur constitutionnelle.
La convention et l’accord collectif de travail ont les mêmes parties et la même forme.
Il s’agit d’un écrit à peine de nullité conclu entre :
Une ou plusieurs organisations syndicales de salariés reconnues représentatives au plan national, ou affiliées aux dites
organisations, ou qui ont fait preuve de leur représentativité dans le champ d’application de la convention ou de
l’accord.
Une ou plusieurs organisations d’employeurs, ou tout autre groupement d’employeur, ou un employeur pris
individuellement.
La convention et l’accord collectif diffèrent par leur objet, celui de la convention étant plus large.
La convention a vocation à traiter de l’ensemble des conditions d’emploi et de travail.
o Elle peut être de branche, négociée et conclue au niveau de la branche : métallurgie, chimie, bâtiment…ce qui constitue
son champ d’application professionnel. Son champ d’application territorial est soit national, soit régional, soit local.
o Elle peut être d’entreprise, négociée et conclue au niveau de l’entreprise.
L’accord ne traite qu’un ou plusieurs sujets déterminés : réduction du temps de travail, indemnisation du chômage ; Il
peut être négocié et conclu :
• Par l’ensemble des branches : accord interprofessionnel,
• Au niveau d’une branche : accord professionnel,
• Au niveau d’une entreprise : accord d’entreprise.
§ 3 - La mise en œuvre
Les conventions de branche restent soumises à la signature par une ou plusieurs organisations syndicales représentatives ayant recueilli aux
dernières élections professionnelles au moins 30% des suffrages exprimés en faveur d’organisations reconnues représentatives à ce niveau.
De plus, l’accord ne doit pas avoir fait l’objet d’une opposition d’une ou plusieurs organisations syndicales de salariés ayant recueilli la majorité
des suffrages exprimés en faveur des institutions représentatives du personnel.
B - La publicité
Les conventions et accords collectifs, ainsi que leurs avenants et annexes (actes révisant ou complétant la convention ou
l’accord), doivent être déposés auprès de la DIRECCTE et au secrétariat du conseil de prud’hommes.
Les conventions et accords de branche, de groupe, interentreprises, d’entreprise et d’établissement sont rendus publics et
versés dans une base de données nationale, dont le contenu est publié en ligne dans un standard ouvert aisément
réutilisable.
Après la conclusion de la convention ou de l’accord, les parties peuvent acter qu’une partie de la convention ou de l’accord ne
doit pas faire l’objet de la publication prévue si l’employeur estime que la diffusion serait préjudiciable à l’entreprise. Cet acte,
ainsi que la version intégrale de la convention ou de l’accord et la version de la convention ou de l’accord destinée à la
publication, sont joints au dépôt prévu à l’article L. 2231-6.
A défaut d’un tel acte, si une des organisations signataires le demande, la convention ou l’accord est publié dans une version
rendue anonyme, dans des conditions prévues par décret en Conseil d’Etat.
Les conventions et accords valides s’appliquent, sauf stipulations contraires, dès le lendemain de leur dépôt. Leurs
dispositions se substituent de plein droit à celles des contrats de travail dans les entreprises relevant de leur champ.
Apports de la loi du 08 août 2016 Art. L. 2222-4 du Code du travail - La convention ou l’accord est conclu pour une durée
déterminée ou indéterminée.
A défaut de stipulation de la convention ou de l’accord sur sa durée, celle-ci est fixée à cinq ans.
Les conventions et accords à durée indéterminée. Ils peuvent être dénoncés par les parties signataires.
La dénonciation est une technique dont l’objet est de stopper l’application d’un texte, en l’occurrence la convention ou
l’accord collectif.
Un préavis de 3 mois au moins doit être observé. Si la dénonciation émane de la totalité des signataires employeurs ou salariés,
une nouvelle négociation doit s’ouvrir dans un délai maximal de 3 mois.
Lorsque la convention ou l'accord qui a été dénoncé n'a pas été remplacé par une nouvelle convention ou un nouvel accord dans
un délai d'un an à compter de l'expiration du préavis, les salariés des entreprises concernées conservent, en application de la
convention ou de l'accord dénoncé, une rémunération dont le montant annuel, pour une durée de travail équivalente à celle
prévue par leur contrat de travail, ne peut être inférieur à la rémunération versée lors des douze derniers mois.
Lorsqu'une stipulation prévoit que la convention ou l'accord dénoncé continue à produire ses effets pendant un délai supérieur
à un an, le premier alinéa du présent article s'applique à compter de l'expiration de ce délai si une nouvelle convention ou un
nouvel accord n'a pas été conclu.
Prolongation de 12 mois
Dénonciation
Dénonciation dudu
texte
texte conventionnel
conventionnel
J + 3 mois Délai dit « de survie »
J J + 15 mois
Pour les accords interprofessionnels et les conventions et accords de branche, la révision peut être engagée :
• Jusqu’à la fin du cycle électoral au cours duquel l’accord ou la convention a été conclu :
• Par une ou plusieurs organisations syndicales de salariés représentatives dans son champ d'application et
signataires ou adhérentes de ce texte ;
• Par une ou plusieurs organisations professionnelles d'employeurs signataires ou adhérentes. Si la convention
ou l'accord est étendu, ces organisations doivent être en outre représentatives dans le champ d'application de
la convention ou de l'accord ;
• A l’issue de cette période :
• Par une ou plusieurs organisations syndicales de salariés représentatives dans le champ d'application de la
convention ou de l'accord ;
• Par une ou plusieurs organisations professionnelles d'employeurs de la branche. Si la convention ou l'accord
est étendu, ces organisations doivent être représentatives dans le champ d'application de la convention ou de
l'accord.
Effets de l’avenant de révision – L’avenant de révision se substitue de plein droit aux stipulations de l’accord ou de la
convention qu’il modifie.
Les conventions et accords collectifs obligent tous ceux qui les ont signés ou qui sont membres des organisations signataires.
Un employeur sera tenu d’appliquer une convention collective dans trois cas :
• Il a signé la convention ou l’accord,
• Il est membre d’une organisation patronale signataire,
• La convention, ou l’accord, a été étendue par arrêté ministériel.
L’application de la convention dépend de l’activité principale de l’entreprise. Pour déterminer cette activité, il convient de se
référer aux codes NAF/APE mais ceux-ci ne sont que des indices. Ce qui compte en pratique, c’est l’activité réellement exercée :
• Lorsque l’activité est industrielle, il convient de se référer aux effectifs employés,
• Lorsque l’activité est commerciale, c’est plutôt le volume du chiffre d’affaires qui doit être prise en compte.
Une convention ne s’applique dans une entreprise ou un établissement que si ceux-ci sont situés dans l’espace géographique
que la convention a entendu couvrir.
L’adhésion à l’organisation emporte acceptation de la convention. La démission de l’organisation n’empêche pas de demeurer
lié par la convention. Les clauses de la convention ou de l’accord s’appliquent dès lors aux contrats de travail conclus par
l’employeur, sauf dispositions plus favorables.
Les organisations syndicales sont tenues d’exécuter loyalement la convention ou l’accord. Elles peuvent agir en justice, ainsi que
toutes personnes liées par la convention, pour en obtenir l’exécution, contre les autres parties signataires ou liées par la
convention. Les inspecteurs du travail sont chargés de veiller à l’application des conventions et accords collectifs.
L’extension – Elle consiste à imposer le respect de la convention de branche à toutes les entreprises
entrant dans son champ d’application
Le code du travail donne la liste des clauses que doit nécessairement comprendre la convention de branche susceptible d’être
étendue (art. L 133-5 et L 133-7). L’extension intervient à la demande de l’une des parties, ou à l’initiative du ministre par arrêté
ministériel, après avis motivé de la commission nationale de la négociation collective.
Les effets de l’extension
L’extension rend l’application de la convention ou de l’accord obligatoire pour tous les employeurs et salariés de son champ
d’application professionnel et territorial. La convention est étendue aux conditions (durée, champ d’application…) où elle a été
conclue. L’application des avenants et annexes ne sera obligatoire que s’ils ont été eux-mêmes étendus. L’arrêté d’extension est
publié au JO et l’extension n’a d’effet que pour l’avenir.
L’élargissement - Dans une région ou une branche où se manifeste une impossibilité persistante de conclure une convention
ou un accord, du fait de l’absence ou de carence des organisations syndicales d’employeurs ou de salariés, un arrêté ministériel
d’élargissement peut être pris par le ministre du travail. Il peut :
• Rendre obligatoire dans le secteur territorial considéré une convention ou un accord déjà étendu à un secteur
territorial différent.
• Rendre obligatoire dans le secteur professionnel considéré une convention ou un accord déjà étendu à un autre
secteur professionnel.
• Rendre obligatoire dans une ou plusieurs branches d’activité non comprises dans son champ d’application un accord
interprofessionnel étendu.
• Rendre obligatoires les avenants de ces conventions et accords élargis.
La procédure est sensiblement la même que pour l’extension et l’arrêté d’élargissement est publié au JO.
L’usage est une pratique suivie habituellement dans l’entreprise, sous la forme d’avantages reconnus aux salariés ou à une
catégorie d’entre eux : primes, jours de congés supplémentaires, temps de pause…
Conditions de l’usage - Cette pratique oblige l’employeur à l’égard des salariés et acquiert la qualité d’un usage d’entreprise à
condition de présenter les caractères de généralité, fixité et constance.
• Généralité : l’avantage est attribué à l’ensemble des salariés, ou à une catégorie donnée d’entre eux.
• Fixité : son montant est déterminé selon des règles constantes et objectives.
• Constance : il est attribué régulièrement, non à la discrétion de l’employeur.
Dénonciation de l’usage - L’employeur peut toujours renoncer à l’application d’un usage d’entreprise en le dénonçant. La
dénonciation sera régulière et opposable à l’ensemble des salariés concernés, à condition que l’employeur :
• Informe individuellement chaque salarié concerné,
• Informe les institutions représentatives du personnel,
• Respecte un délai de prévenance suffisant, afin que ses négociations puissent éventuellement, être ouvertes.
Toutefois, ce dernier pourra les dénoncer dans les mêmes conditions qu’un usage d’entreprise.
Le pouvoir réglementaire consiste à donner des ordres dotés d’une certaine généralité et d’une vocation à régir les rapports de
travail. Le pouvoir réglementaire crée des normes qui prennent différentes formes.
§ 1 – Le règlement intérieur
Le contenu du règlement intérieur est réglementé. Il comporte des clauses obligatoires alors que d’autres sont interdites.
1. Les mesures d’application de la réglementation en matière d’hygiène et de sécurité dans
l’entreprise,
2. Les conditions dans lesquelles les salariés peuvent être appelés à participer, à la demande
de l’employeur, au rétablissement des conditions de travail protectrices de la santé et de la
sécurité des salariés quand elles sont compromises,
3. Les règles générales et permanentes relatives à la discipline, et notamment la nature et
l’échelle des sanctions que peut prendre l’employeur.
4. Les règles relatives au droit de la défense des salariés tels qu’ils résultent du code du travail
Champ du règlement intérieur ou de la convention collective applicable,
5. Les dispositions relatives à l’abus d’autorité en matière sexuelle et morale.
Interdiction des agissements sexistes. - Le règlement intérieur doit désormais rappeler les
dispositions relatives aux « agissements sexistes » en plus des dispositions relatives aux
harcèlements moral et sexuel (art. L. 1321-2 du Code du travail).
La notion d’agissement sexiste a été définie par la loi Rebsamen : il s’agit de tout agissement lié au
sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un
environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant (loi 2015-994 du 17 août 2015,
art. 20, JO du 18 ; art. L. 1142-2-1).
L’art. L 1321-3
Le règlement intérieur ne saurait contenir des clauses contraires « aux lois et règlements, ainsi
qu’aux dispositions des conventions et accords collectifs de travail applicables dans l’entreprise ».
Le règlement intérieur ne peut pas "apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles
et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni
Clauses interdites
proportionnées au but recherché".
Le règlement intérieur ne peut pas contenir de clauses discriminatoires. « Le RI ne peut pas
comporter de dispositions lésant les salariés dans leur emploi ou leur travail, en raison de leur sexe, de
leurs mœurs, de leur situation de famille, de leurs origines, de leurs opinions ou confessions ou de leur
handicap, à capacité professionnelle égale ».
Principe de neutralité. - Le règlement intérieur de l’entreprise peut désormais contenir des
Clauses de neutralité : dispositions inscrivant le principe de neutralité et restreignant la manifestation des convictions des
salariés si, d’une part, ces restrictions sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits
facultative
fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise, et d’autre part, si elles
(Loi du 8 août 2016 dite « Loi sont proportionnées au but recherché (art. L. 1321-2-1 du Code du travail).
Travail ») Bien que rédigé en des termes généraux, cet article inséré par le Sénat peut notamment être utilisé
pour les signes trop ostentatoires d’appartenance à une religion.
Apports des ordonnances Macron sur les sources du droit (septembre 2017)
Un premier bloc couvre tous les domaines dans lesquels la convention de branche prévaut obligatoirement sur l’accord
d’entreprise (verrouillage de droit), qu’il soit antérieur ou postérieur à la date d’entrée en vigueur de la convention de
branche.
Parmi ces domaines figurent notamment :
• Les salaires minima hiérarchiques ;
• Les classifications ;
• La mutualisation des fonds de la formation professionnelle ;
• Les garanties collectives de protection sociale complémentaire ;
• L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
On retrouve ici en partie la liste fixée par la législation actuelle (art. L. 2253-3 du Code du travail), à laquelle la réforme
ajoute la mutualisation des fonds de la formation professionnelle.
Le premier bloc recense également diverses mesures que la loi Travail du 6 août 2016 a réservées à la branche :
• Création d’une durée d’équivalence (. art. L. 3121-14 du Code du travail),
• définition du nombre minimal d’heures entraînant la qualification de travailleur de nuit (art. L. 3122-16 du Code du
travail) et, en matière de temps partiel, durée minimale de travail (art. L. 3123-19, 1er alinéa du Code du travail),
• taux de majoration des heures complémentaires (art. L. 3123-21 du Code du travail) et recours aux avenants de
complément d’heures (art. L. 3123-22 du Code du travail).
Indépendamment de la loi Travail, relèvent aussi de la branche les conditions et durées de renouvellement de la période
d’essai (art. L. 1221-20 du Code du travail) et le transfert conventionnel des contrats de travail. Sur tous ces points, la
réforme ne fait qu’inventorier des mesures existantes et n’entraîne donc pas de modification de fond.
En définitive, la principale nouveauté concerne les CDD et l’intérim. En effet, dans ces domaines, un autre volet de la
réforme (projet d’ordonnance relatif à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail) offre aux branches la
possibilité de fixer la durée totale du CDD ou du contrat de mission, les modalités de calcul du délai de carence entre deux
contrats, le nombre maximal de renouvellements pour un contrat de mission et le délai de transmission du CDD au salarié.
Les branches peuvent également définir les conditions de recours au CDI de chantier ou d’opération.
Le premier bloc reprend donc ces divers points, pour rappeler la prééminence de l’accord de branche.
Le deuxième bloc définit les domaines dans lesquels la convention de branche peut interdire toute dérogation défavorable
aux salariés par un accord d’entreprise ultérieur (verrouillage facultatif). Sont concernés :
• La prévention des effets de l’exposition aux facteurs de risques professionnels ;
• L’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées ;
• L’effectif à partir duquel les délégués syndicaux peuvent être désignés, leur nombre et la valorisation de leur parcours
syndical ;
• Les primes pour travaux dangereux ou insalubres.
Le troisième bloc se définit par défaut : dans tout domaine qui n’appartient au premier ou au deuxième bloc, l’accord
d’entreprise prévaut sur les clauses de la convention de la branche ayant le même objet, que l’accord ait été conclu avant
ou après l’entrée en vigueur de cette convention.
À titre d’exemple, il est donc théoriquement possible de remettre en cause, par accord d’entreprise, le montant d’une prime
de vacances d’origine conventionnelle, voire la supprimer (en la remplaçant par autre chose, voire sans contrepartie), sous
réserve, bien évidemment, que les syndicats acceptent de signer un tel accord.
Applications
I - Quiz – Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les. Vrai Faux
1. Le droit du travail s’applique à tous les salariés
2. Les conventions et accords collectifs sont toujours plus favorables que la loi
3. Les accords d’entreprise ne peuvent pas déroger aux accords de branche
4. Le droit du travail ne s’applique qu’aux salariés du secteur privé
5. Un usage est un avantage répété accordé par l’employeur
6. Toutes les personnes doivent être rémunérées selon les mêmes règles dans l’entreprise
7. Ce sont les partenaires sociaux qui fixent la durée du travail dans l’entreprise
8. Un usage est pérenne, il ne peut pas être supprimé
9. Une norme européenne est supérieure à une norme nationale
10. L’égalité homme/femme s’applique à la rémunération
Annexe 2
Annexe 3
Il y a douze ans, Adrien et Justine ont créé une entreprise de vêtements écoresponsables en tissus recyclables. Précurseurs, ils
ont réussi à faire connaitre leur maque Eco-shirt partout en France. Ils décident de vendre leur société pour se consacrer à une
association de réinsertion. La société est achetée par François Piraux, qui y voit une opportunité à saisir. Adrien et Justine ont
jusqu’alors pratiqué un management participatif, octroyant à leurs salairés de nombreux avantages (congés supplémentaires,
13ème mois, prime d’assiduité aux personnes qui ne se sont pas absentées plus de 10 jours dans l’année).
1. Quelle est la nature juridique des avantages octroyés par Adrien et Justine ?
2. Peut on considérer que la prime dassiduité est discriminatoire ?
3. François Piraux a une vision très différente de celle d’Adrien et Justine. Il envisage de retrirer les primes de congés
supplémentaires à ses salariés. Quelle procédure doit il suivre ?
La société Asappétit est une société de retauration collective sous contrat (code NAF/APE : 5629 A – restauration collective sous
contrat), dont le siège social est à Strasbourg.
Leader français dans ce domaine d’activité, elle offre des solutions pour ses clients dans trois métiers :
• Le portage des repas à domicile pour les collectivités et les particuliers,
• La restauration collective pour les entreprises et les administrations,
• Les plats cuisinés surgelés pour les collectivités et la grande distribution.
Marina Didier travaille au service surgelé pour les collectivités. Son bulletin de paie fait référence à la convention collective
relative à l’exploitation en concession de cantines, retaurants d’entreprises ou de cafétérias (par exemple pour les unsines, les
bureaux, les hopitaux ou les écoles), comprenant la fournitures de repas et, éventuellement, leur préparation (code
NAF/APE5628 B). Ce code n’est pas une erreur. Il provient du fait de Mme Didier a travaillé pour une entreprise rachetée par
Alsappetit.
1. A quelles conditions une convention collective est elle applicable ?
2. Que pensez vous du cas de Mme Didier ?
L’an dernier, Alappetit a racheté une cafétéria dont elle a conservé le personnel, notamment Honorine Hecker qui s’occupe du
service en salle. Pour ne pas avoir à gérer diverses conventions collectives, Alsappetit a décidé de traiter tous les salariés de la
même façon. En conséquence, elle n’applique pas à Honorine la convention relative à la restauration collective mais celle des
cafétérias du 28 août 1998.
3. Mme Hecker peut elle réclamer l’application de la convention collective de la restauration collective ?
Alsappetit a négocié, il y a 3 ans, un accords d’entreprise dit de progès afin de faire participer les salariés aux gains de
productivité : une fraction de ceux-ci étant automatiquement affectée à des augmentations de salaire. Le DG de l’entreprise
regrette amérement cette décision car il a d’importants investissements à réaliser, notamment dans les cuisines centrales. Il a le
sentiement de ne pas affecter les ressources de l’entreprise aux postes prioritaires. Pour sortir de cette situation, il a l’intention
de dénoncer l’accord d’entreprise avec effet au 1er février prochain.
4. A quelle condition peut on dénoncer un accord d’entreprise ? Faut il justifier sa décisoin par des raisons que le juge
pourrait être amené à controler ?
5. Présentez un échéancier des conséquences de la dénonciation de l’accord de progrès ?
6. L’accord de progrès prévoyait une augmentaiton de salaire à effet au 1er mars de la même année. Que va telle
devenir ?
Pour remplacer l’accord dénoncé, le DG de l’entreprise Alsappetit décide de négocier avec les organisations professionnelles
un nouveau texte. Or à ce jour, seule la CFDT à accepté de signer le nouvel accord.
7. Le nouvel accord peut il entrer en vigueur ?
VI – Le règlement intérieur
Appréciez la licéité des clauses suivantes figurant dans différents réglements intérieurs :
1. Les vendeurs sont astreints au port d’un uniforme
2. Le personnel pourra à tout moment être soumis à un alccotest
3. Sur les chantiers, le port du casque est obligatoire
4. Les salariés sont tenus de présenter leurs réclamations par voie hiérarchique
5. Le délai de préavis est fixé à un mois
6. L’échelle des anctions est la suivante : avertissement, blâme, mise à pied, mutation, régrogradation, licenciement
7. Les discutions politiques et religieuses sont interdites
8. Il est interdit de pénétrer dans l’entreprise avec des boissons alcoolisées
9. Les salariés ne peuvent se marier entre eux sous peine de licenciement
10. Le port d’un badge avec photo est obligatoire
11. Il est interdit de fumer dans les locaux collectifs
12. Une fouille du personnel sera organisée en cas de nécessité
Brasserie fondée en 1926, Heinefort produit des bières dans le respect des traditions. La société emploie 32 personnes.
Monsieur Houblon vient d’en prendre la direction. Il a constaté quelques dysfonctionnements dans l’organisation du travail et
rédigé le règlement intérieur qu’il envisage d’afficher la semaine prochaine pour application immédiate.
1. Les nouveaux articles du règlement intérieur de la société Heinefort sont-ils valides ? Justifiez votre réponse.
2. Sous réserve des modifications à apporter, le règlement intérieur peut-il s’appliquer dès la semaine prochaine ?
Art. 5 Le présent règlement intérieur est applicable aux salariés en contrat à durée indéterminée, à l’exclusion des
contrats à durée déterminée.
Art.12 Chaque salarié devra signaler à son supérieur tout symptôme pouvant laisser croire qu’un autre salarié est
atteint d’une maladie contagieuse.
Art.16 La période d’essai des ouvriers est fixée à deux semaines, des employés à un mois, des cadres à deux mois.
Art.21 Les salariés devront présenter leurs revendications par la voie hiérarchique uniquement.
Art. 24 Le contrat de travail est automatiquement rompu en cas d’absence prolongée non justifiée supérieure à
quatre semaines.
Art. 28 Il est interdit d’emporter ou d’utiliser le matériel de l’entreprise pour son propre compte.
Art.32 Pour des raisons de sécurité les salariés qui travaillent sur les postes de l’atelier AB2 devront porter une
charlotte et un tablier mis à leur disposition dans le local situé au rez-de-chaussée du bâtiment A salle 008.
Art.36 L’entreprise se réserve le droit de procéder à des alcootests à tout moment qu’elle jugera opportun
pendant le temps de travail.
Cour de cassation
chambre sociale
Audience publique du mercredi 10 février 2016
N° de pourvoi: 14-26147
Publié au bulletin Cassation partielle
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que, le 31 mai 2007, M. X... a été engagé par la société FC Nantes par contrat à durée déterminée
en qualité de joueur professionnel pour trois saisons successives ; que, le 21 juin 2009, le club a informé le joueur que du fait de
sa relégation en ligue 2, la rémunération contractuelle ne pouvait pas être maintenue ; que le joueur a saisi la juridiction
prud'homale ;
Attendu que, pour débouter le salarié de sa demande de rappel de salaire et de congés payés, l'arrêt retient qu'aux termes de
l'article 761 de la charte de football professionnel, en cas de relégation en division inférieure, les clubs ont la faculté de diminuer
la rémunération de leurs joueurs de 20 % et qu'au-delà de ce pourcentage, les clubs peuvent proposer individuellement à leurs
joueurs par écrit avant le 30 juin avec copie à la ligue du football professionnel (LFP), une diminution de la rémunération, la
réponse du joueur devant intervenir dans un délai de 8 jours de la réception de la proposition écrite ; que l'absence de réponse
écrite du joueur dans le délai indiqué vaut acceptation de la diminution proposée par le club ; qu'il résulte des pièces produites
que le courrier recommandé du club daté du 24 juin 2009 a été présenté à son destinataire le 29 juin 2009, lequel n'a contesté la
baisse de sa rémunération que plus d'une année plus tard le 21 juin 2010 auprès de la LFP, soit manifestement hors délai ; que
l'absence d'envoi d'une copie de la proposition de réduction de salaire à la LFP n'est pas de nature à entacher la validité de la
décision du club ;
Attendu que, sauf disposition légale contraire, une convention collective ne peut permettre à un employeur de procéder à la
modification du contrat de travail sans recueillir l'accord exprès du salarié ;
Qu'en statuant comme elle l'a fait, sans constater que le joueur avait donné son accord exprès à la réduction de rémunération
décidée par le club de football, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il déboute M. X... de sa demande de rappel de salaire et de congés payés au titre de
la saison 2009/2010, l'arrêt rendu le 5 septembre 2014, entre les parties, par la cour d'appel de Rennes ; remet, en
conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les
renvoie devant la cour d'appel d'Angers ;
Vu l'article 700 du code de procédure civile, condamne la société Football club de Nantes à payer à M. X... la somme de 3 000
euros ;
Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être transcrit en
marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;
Sylvie Ancel
2020-2021
Droit du travail
I – Le recrutement
Le préambule de la constitution du 4 octobre 1958 précise : « chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi » et
la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ajoute « toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail ».
Cette liberté du travail à deux significations :
• Pour l’employeur, elle consiste à choisir librement ses salariés (sous certaines réserves),
• Pour le salarié, elle consiste dans la liberté de travailler ou non et de choisir son activité.
La liberté de l’employeur est fortement encadrée. On peut signaler 3 types de limites à l’embauche.
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Droit du travail
Les méthodes de recrutement relatives à l’investigation, à l’évaluation, au choix du candidat doivent être pertinentes
au regard de la finalité poursuivie.
L’offre d’emploi peut être publiée ou diffusée sur tout mode de diffusion accessible au public, ce qui inclut Internet.
Toute offre d’emploi publiée ou diffusée doit être datée. L’offre d’emploi peut être rédigée de façon anonyme. Dans ce cas,
l’employeur est tenu de faire connaître son nom ou sa raison sociale et son adresse au directeur de publication ou au
responsable du moyen de communication accessible au public. L’employeur engage sa responsabilité sur les indications portées
dans l’offre d’emploi qu’il fait publier ou diffuser.
L’employeur doit respecter certains principes :
• L’offre d’emploi doit être rédigée en français.
• L’offre d’emploi ne doit pas comporter de mentions discriminatoires concernant le sexe, les mœurs, le statut familial,
la race, la religion, l’âge (proposition de loi déposée le 18 novembre 2020 auprès de l’assemblée nationale destinée à
inclure dans les mentions discriminatoires « les accents »).
Il convient donc de présenter l’offre, à la fois, au féminin et au masculin.
• Elle ne doit pas comporter de mentions mensongères sur l’emploi, la rémunération, les avantages annexes.
Ces mentions pourraient conduire à l’annulation du contrat pour dol et à la condamnation de l’employeur à des dommages et
intérêts, outre des sanctions pénales (contraventions).
La promesse d’embauche – Elle correspond à la conclusion des pourparlers. Il s’agit du moyen utilisé en pratique par
l’employeur pour se réserver, à terme, les services d’un salarié.
Jusqu'à présent, le fait pour un employeur de promettre l'embauche valait embauche. En effet, constituait une promesse
d'embauche valant contrat de travail, l'écrit qui précisait l'emploi proposé et la date d'entrée en fonction.
Dans la continuité de l'Ordonnance du 10 février 2016 portant réforme du droit des obligations, la chambre sociale de la Cour
de cassation a opéré un revirement de jurisprudence dans deux arrêts du 21 septembre 2017. La promesse d'embauche ne
vaut désormais plus forcément contrat de travail.
En effet, la Cour de cassation distingue ainsi l'offre de contrat de travail et la promesse unilatérale de contrat de travail.
• La Cour de cassation considère que l'acte par lequel un employeur propose un engagement précisant l'emploi, la
rémunération et la date d'entrée en fonction et exprime la volonté de son auteur d'être lié en cas d'acceptation,
constitue une offre de contrat de travail.
• En revanche, le contrat par lequel une partie, le promettant, accorde à l'autre, le bénéficiaire, le droit d'opter pour la
conclusion d'un contrat de travail, dont l'emploi, la rémunération et la date d'entrée en fonction sont déterminés et
pour la formation duquel ne manque que le consentement du bénéficiaire, constitue une promesse unilatérale de
contrat de travail.
Les effets ne sont pas les mêmes pour les parties selon que l'on est en présence d'une offre de contrat de travail ou d'une
promesse unilatérale de contrat de travail.
• L'employeur qui propose une offre de contrat de travail à un candidat, peut se rétracter librement tant que l'offre
n'est pas parvenue au candidat à l'embauche où qu’il ne l’a pas acceptée. En effet, la rétractation de l'offre avant
l'expiration du délai fixé par son auteur ou, à défaut, l'issue d'un délai raisonnable, fait obstacle à la conclusion du
contrat de travail.
• L’employeur qui propose une promesse unilatérale de contrat de travail, s’engage même si le candidat à l'embauche
n'a pas encore manifesté son accord. Dès lors le non-respect de cet engagement constitue un licenciement sans cause
réelle et sérieuse.
Concrètement, seule la promesse unilatérale de contrat de travail constitue désormais une promesse d'embauche ayant valeur
de contrat de travail.
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Droit du travail
Le contrat n’est valablement conclu que si le consentement des parties n’a pas été vicié par l’erreur, le dol ou la
violence.
La violence : La violence est une contrainte morale ou physique, de nature à faire impression sur une personne
Le
raisonnable, exercée sur le contractant ou ses proches afin d’arracher son consentement. Elle peut être
consentement exercée sur les biens du contractant et émaner d’un tiers (contrairement au dol). Pour être cause de nullité
elle doit avoir deux caractères :
o Elle doit être déterminante du consentement (les tribunaux tiennent compte de l’âge, des
caractéristiques physiques et psychologiques de la personne),
o Elle doit être injuste, illégitime (ce qui n’est pas le cas de menace de l’emploi de voies de droit).
Il y a aussi violence lorsqu’une partie, abusant de l’état de dépendance dans lequel se trouve son contractant, obtient
de lui un engagement qu’il n’aurait pas souscrit en l’absence d’une telle contrainte et en tire un avantage
manifestement excessif.
Le dol : manœuvre destinée à tromper le contractant (mensonge, mise en scène, réticence)
Le mensonge du salarié peut constituer un dol, par exemple le salarié qui a menti sur ses diplômes, ou qui a envoyé un
CV écrit de la main de son épouse. Toutefois l’erreur est excusable si l’employeur pouvait facilement l’éviter en
procédant à des investigations qui ne se heurtaient à aucune difficulté notable ou lorsque la fraude n’est pas
déterminante.
L’erreur : Le fait de se tromper sur une qualité déterminante de la personne ou sur l’objet du contrat.
Par contenu du contrat de travail, il faut entendre les prestations que les parties se sont engagées à fournir. Il s’agit de
prestation de travail contre rémunération.
Par application du droit commun le contrat ne peut valablement être conclu que s’il a un contenu certain et licite. Les
parties au contrat jouissent d’une grande liberté pour déterminer la prestation de travail. Certains travaux sont
Le contenu cependant illicites et ne peuvent évidemment pas faire l’objet d’un contrat de travail. D’autres travaux, sans être
illicites, sont interdits à certaines personnes en raison de leurs caractères particuliers. Ainsi les travaux pénibles et
dangereux réclament de l’exécutant une compétence établie et ne peuvent être accomplis que par des personnes
justifiant d’un titre déterminé. Le contrat peut être déclaré nul en raison du caractère illicite ou immoral du contenu du
contrat.
La sanction de la violation des conditions de formation des contrats - Si une des conditions de validité des contrats fait défaut,
la sanction est la nullité. Lorsqu’il est déclaré nul, le contrat de travail cesse immédiatement de produire ses effets. Mais
contrairement aux effets classiques des nullités, la nullité du contrat de travail n’entraîne pas l’anéantissement rétroactif du
contrat. Le travailleur conserve les rémunérations qu’il a perçues et peut réclamer les salaires qui ne lui auraient pas été payés.
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Droit du travail
Il peut exiger aussi bien un certificat de travail qu’un bulletin de paie Il peut même dans certains cas obtenir une indemnité de
préavis et une indemnité de rupture.
Dans les 5 jours ouvrables suivant celui de la réception de la déclaration, l’organisme destinataire adresse à l’employeur un
document accusant réception de la déclaration et mentionnant les informations enregistrées.
A défaut de contestation par l’employeur de ces informations, dans les deux jours ouvrables suivant réception, ledit document
vaut preuve de la déclaration préalable d’embauche.
Cet accusé réception comporte un volet détachable, mentionnant les informations contenues dans la déclaration, que
l’employeur doit remettre sans délai au salarié. Mais cette obligation de remise est considérée comme satisfaite dés-lors que le
salarié perçoit un exemplaire de son contrat de travail, accompagné de la mention de l’organisme destinataire de la déclaration
préalable d’embauche.
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Droit du travail
3. La durée
Dans le cas d’un CDI, la durée de la période d’essai est librement fixée dans la lettre d’engagement ou dans le contrat de travail
sans dépasser les limites maximales légales :
Durée initiale (mois) Renouvellement (mois)
Ouvriers et employés 2 2
Agents de maitrise et techniciens 3 3
Cadres 4 4
Le renouvellement doit être prévu à la fois par :
• Le contrat de travail ou dans la lettre d’engagement
• Un accord de branche étendu en fixant les conditions et les durées.
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Droit du travail
4. La rupture anticipée
L’employeur ou le salarié qui rompt la période d’essai doit observer un délai minimal de prévenance. La durée du délai de
prévenance varie selon que c’est l’employeur ou le salarié qui met un terme à l’essai et selon la durée de la présence du salarié
dans l’entreprise. Le délai de prévenance n’a pas pour effet de prolonger la période d’essai, renouvellement inclus, au-delà des
maxima légaux.
Présence du salarié dans l’entreprise Délai de prévenance Délai de prévenance
Si rupture de l’employeur Si rupture du salarié
7 jours maximum 24 heures 24 heures
Entre 8 jours et 1 mois 48 heures 48 heures
De 1 mois à 3 mois 2 semaines 48 heures
Au-delà de 3 mois 1 mois 48 heures
L’employeur n’est pas tenu d’indiquer le motif de la rupture mais ce dernier doit exister, ne pas être abusif et ne pas être
discriminatoire. Ainsi, en cas de faute disciplinaire, l’employeur doit respecter la procédure disciplinaire et ne peut rompre
librement.
L’employeur ne doit pas abuser de son droit de rompre, la rupture ne pouvant être motivée que par l’incompétence du salarié.
Mais pour cela l’employeur doit avoir laissé le temps au salarié de faire ses preuves.
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Droit du travail
C – La clause de mobilité
Ce sont des clauses par lesquelles le salarié consent d’avance à changer le lieu de travail, d’affectation, d’employeur. Elles
paralysent la théorie élaborée pour régir la modification du contrat de travail puisque le changement de lieu de travail et
d’affectation a déjà été contractuellement accepté.
La clause de mobilité ne se présume pas. Elle doit être insérée dans le contrat de travail ou dans la convention collective.
Si la clause de mobilité est prévue de façon facultative dans la convention collective, le contrat qui n’y fait pas
mention est réputé sans clause de mobilité, même s’il fait référence à la convention collective.
Si la convention collective prévoit une clause de mobilité obligatoire, elle s’applique de plein droit sous réserve que
le salarié ait été informé au moment de son engagement de l’existence de la convention collective et mis en
mesure d’en prendre connaissance.
Une clause de mobilité insérée dans le règlement intérieur n’est pas valable.
D - La clause de résidence
C’est la clause par laquelle l’employeur impose au salarié d’habiter à proximité de son lieu de travail. Cette clause porte atteinte
à la liberté de choisir son domicile, elle n’est donc, en principe, pas valable.
Mais la jurisprudence admet une exception, lorsqu’elle est indispensable aux intérêts légitimes de l’entreprise et proportionnée
au but recherché quant à l’emploi et au travail demandé.
F – La clause d’exclusivité
La clause d’exclusivité interdit au salarié d’exercer une autre activité dans un secteur concurrentiel, pendant l’exécution de son
contrat de travail.
Cette clause porte atteinte aux libertés individuelles. Aussi pour être valable elle doit être écrite et acceptée par le salarié. Elle
doit être indispensable à la protection des intérêts légitimes de l’entreprise, c'est-à-dire justifiée par la nature de la tâche à
accomplir et proportionnée au but recherché.
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Droit du travail
Cependant pour permettre au salarié de créer ou de reprendre une entreprise tout en conservant temporairement son activité
salariée, la loi prévoit que l’employeur ne peut pas, la première année suivant la création ou la reprise, se prévaloir de la clause
d’exclusivité (art. L1222-5 du Code du travail).
Une telle clause est réputée non écrite dans les contrats à temps partiel.
G – La clause d’objectifs
La clause d’objectifs, ou de résultats, permet à l’employeur de déterminer les objectifs attendus de ses salariés. Les objectifs
correspondent à des données chiffrées et doivent être obtenus sur une période de temps donnée.
Une telle clause est valable si les objectifs ou quotas imposés sont réalisables. Cela relève de l’appréciation souveraine des juges
du fond. En cas de non réalisation des objectifs ou quotas, il ne peut y avoir licenciement que si l’employeur démontre une
insuffisance professionnelle ou une faute du salarié.
Si les objectifs sont irréalistes, l’employeur est lui-même responsable de leur non réalisation.
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Droit du travail
Applications
I – QUIZ
Vrai Faux
1. Il est interdit aux jeunes de moins de 16 ans de travailler
2. En application du droit européen, tous les étrangers peuvent travailler librement en France
3. Tous les salariés licenciés bénéficient d’une priorité de réembauche de 6 mois
4. Toutes les méthodes de recrutement peuvent être mises en œuvre
5. Les pourparlers peuvent être menés de mauvaise foi car ils se caractérisent par la liberté de
contracter
6. Le consentement ne doit pas être vicié par l’erreur, le dol, la violence et la manipulation
7. Les contrats à durée indéterminée ou déterminée peuvent être conclus oralement
8. Pour chaque formation, il convient d’introduire dans le contrat de travail une clause de dédit
formation
Le 30 avril Ornella ne dispose toujours pas de son contrat de travail. Après vérification auprès du service des ressources
humaines, elle s’aperçoit qu’aucune déclaration n’a été effectuée auprès de l’Urssaf.
2. L’employeur a-t-il respecté les formalités nécessaires au moment de l’embauche d’Ornella ? Pourquoi ?
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Droit du travail
Marion « Compte tenu de vos fonctions d’entraineuse de l’équipe féminine du FC Lens, vous vous engagez à
Delavalle,
entraineuse d’un club de
réserver l’exclusivité de votre activité professionnelle au club. Dans l’avenir vous n’accepterez aucune
football féminin
collaboration, notamment auprès d’un sponsor ou d’une association sans avoir obtenu une autorisation
écrite de la direction du club. Toute violation de cette clause d’exclusivité vous exposerait à verser une
amende de 1000€ au club ».
Maxime Legrand, disc- « Maxime Legrand exercera ses fonctions au Lagon Rouge de Béziers, 34 place du colonel Fabre.
jockey Pour des raisons tenant à son développement économique, la société du Lagon Rouge se réserve la
possibilité de muter Maxime Legrand dans tout autre établissement présent et à venir en France et en
Belgique. Maxime Legrand disposera d’un délai de quatre semaines pour rejoindre sa nouvelle
affectation. Il bénéficiera d’une prise en charge intégrale de ses frais de déménagement. Le refus de
Maxime Legrand de rejoindre son nouveau poste s’analyserait en une inexécution fautive de son contrat
de travail s’accompagnant d’un licenciement ».
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0 DROIT DU TRAVAIL
DROIT DU
TRAVAIL
Le contrat de travail
Sylvie Ancel
2020 - 2021
DROIT DU TRAVAIL
La sélection des candidats opérée, la décision d’embaucher prise, reste pour l’employeur à décider du type de contrat de travail :
contrat de travail à durée indéterminée, CDD, contrat de travail à temps plein ou à temps partiel.
Bien que la loi portant modernisation du marché du travail du 25 juin 2008 pose le principe que la forme normale et générale de la
relation de travail est le contrat de travail à durée indéterminée (art. L 1221-2 nouveau), les contrats proposés aux salariés sont de
plus en plus fréquemment des contrats à durée déterminée.
L’évolution contemporaine, quant au choix du contrat de travail, est également marquée par la progression des contrats de travail
à temps partiel.
§ 1 – Conditions de forme
A – Ecrit et validité du contrat
Une directive communautaire de 1991 a rendu la remise d’un écrit au salarié obligatoire pour tout contrat de travail. Cependant, il
peut s’agir du contrat lui-même ou d’une lettre d’engagement ou du bulletin de paie.
Le code du travail prévoit que l’employeur doit, lors de l’embauche, fournir une copie de la déclaration préalable à l’embauche ou
de l’accusé de réception, ou un contrat de travail écrit accompagné de la mention de l’organisme destinataire de la déclaration.
Par exception, le contrat doit obligatoirement être rédigé par écrit dans certains cas. En effet, le code du travail impose à titre
exceptionnel la rédaction d’un écrit lors de la conclusion du contrat de travail à durée indéterminée, sans pour autant sanctionner
par la nullité du contrat l’absence d’écrit.
La rédaction d’un écrit est par exemple exigée pour les contrats de travail à domicile, pour les contrats conclus par des médecins
salariés. Lorsque les conventions collectives prévoient que le contrat de travail doit être conclu par écrit, elles font rarement de
cette règle une condition de validité du contrat. Elles instituent une obligation à la charge de l’employeur qui doit remettre au
salarié un exemplaire écrit du contrat dont les précisions éviteront des contestations ultérieures. Si l’employeur ne remet pas cet
écrit au salarié, celui-ci pourra exiger la rédaction et la remise de cet écrit en invoquant les dispositions de la convention.
Dans de très rares cas, l’écrit est une véritable condition de validité des contrats de travail. Le défaut d’écrit entraîne la nullité du contrat de travail
lorsqu’il s’agit d’un contrat d’engagement maritime, de l’engagement d’un membre du personnel navigant de l’aéronautique civile.
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DROIT DU TRAVAIL
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Sylvie Ancel
DROIT DU TRAVAIL
B - Interdictions
Le code du travail interdit le recours aux contrats de travail à durée déterminée dans des situations assez différentes. Deux
interdictions sont précises et ne supportent aucune exception :
« En aucun cas le CDD ne peut avoir pour objet le remplacement d’un salarié dont le contrat de travail est suspendu par suite d’un
conflit collectif de travail ».
De même, ne peuvent pas être conclu des CDD pour travaux particulièrement dangereux figurant sur une liste établie par arrêté
ministériel.
Deux autres interdictions ont, au contraire, un caractère provisoire et elles supportent des exceptions.
Selon le code du travail, un employeur ne peut pas immédiatement conclure un nouveau contrat à durée déterminée pour
faire occuper le poste du salarié dont le CDD vient de se terminer. Pour qu’un nouveau contrat puisse être conclu, il faut
qu’il se soit écoulé depuis l’expiration du précédent CDD une période égale au tiers de la durée de ce contrat. Cette
prohibition est levée lorsque le premier contrat a été rompu par le salarié avant l’échéance du terme ou lorsque le CDD
étant arrivé à échéance, le salarié a refusé le renouvellement de son contrat. Elle l’est aussi lorsque le CDD qui vient de se
terminer était soit un contrat saisonnier, soit un contrat pour tenir un emploi temporaire dans un secteur d’activité où il
est d’usage de recourir aux CDD, soit enfin un contrat pour remplacer un travailleur absent.
L’autre interdiction à caractère provisoire concerne la conclusion de CDD dans les 6 mois qui suivent un licenciement
économique pour accroissement temporaire d’activité ou pour tâche occasionnelle, qui permettrait de pourvoir de postes
concernés par ledit licenciement.
C – Sanctions
Lorsqu’un contrat de travail à durée déterminée a été conclu en dehors des situations autorisées par la loi ou en violation des
interdictions légales, il est réputé « à durée indéterminée ».
Lorsque le juge est saisi d’une demande de requalification de contrat en CDI, la procédure est accélérée. L’affaire est portée
directement devant le bureau de jugement, qui doit statuer sur le fond dans le délai de 1 mois.
Le salarié reçoit des indemnités :
• Indemnité éventuelle de rupture de CDI,
• Indemnité qui ne peut être inférieur à un mois de salaire pour le dommage causé.
B – La durée et le renouvellement
En principe, le terme du contrat doit être fixé avec précision. Les parties doivent indiquer lors de la conclusion du contrat la date
d’échéance, soit en mentionnant expressément le jour où les relations contractuelles prennent fin, soit en précisant le nombre de
jours, de semaines, de mois ou éventuellement d’années pour lequel le contrat est conclu. Les contractants ne doivent pas insérer
dans le contrat une clause autorisant les deux parties ou l’une d’elle à résilier le contrat avant l’échéance du terme.
Les règles relatives à la durée et au renouvellement du contrat diffèrent selon que le contrat est de date à date (principe) ou à
terme imprécis (exception).
Principe : Un CDD doit comporter un terme fixé avec précision dès sa conclusion.
Normalement pour les contrats conclus pour l’exécution d’une tâche précise et non durable, le contrat de date
à date a une durée maximale fixée à 18 mois, renouvellement compris.
L’ordonnance du 22 septembre 2017 apporte une modification à cette règle. En effet, elle prévoit dorénavant
que la durée totale du CDD peut être fixée par convention ou accord de branche étendu (art. L 1242-8 du Code
Le contrat de date à date
du travail). L’ordonnance rappelle aussi que cette durée ne peut avoir ni pour objet ni pour effet de pourvoir
durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise
Dans certains cas, la durée maximale est portée à 24 mois (contrat exécuter à l’étranger, commande
exceptionnelle à l’exportation) ou rapportée à 9 mois (attente de l’entrée en service d’un salarié recruté par CDI,
Tavaux urgents pour des raisons de sécurité) ou à 3 mois (contrat conclu pour faire face à un accroissement
d’activité dans un établissement ayant procédé à un licenciement économique ou encore 1 mois (vendanges).
• Pour effectuer un travail en attendant l’arrivée d’un salarié embauché sous contrat à durée
indéterminée,
• Pour un emploi saisonnier ou temporaire par usage.
Le contrat à terme imprécis doit stipuler une durée minimale. Aucun maximum n’est fixé pour sa durée : le
contrat se termine lorsque survient l’évènement prévu (retour du salarié absent, fin de la saison…).
Cette durée minimale ne doit pas être confondue avec le terme. Elle a pour but d’assurer un temps minimal de
travail et de rémunération au salarié qui est embauché. Les salaires correspondant à cette période seront dus,
même si à la suite d’un événement imprévu, le terme arrivait à échéance avant l’expiration de la durée minimale.
La loi du 8 aout 2016 prévoit que lorsque la relation contractuelle de travail se poursuit après l’échéance du terme du CDD, celui-ci
devient un contrat à durée indéterminée.
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Sylvie Ancel
DROIT DU TRAVAIL
§ 3 – L’exécution du contrat
1. La période d’essai
Jusqu’à l’échéance du terme, le salarié embauché par CDD bénéficie d’une stabilité dans l’emploi que ne connaît pas le salarié sous
CDI. Cette stabilité dans l’emploi n’existe certes qu’après l’expiration de la période d’essai, mais celle-ci fait l’objet d’une
réglementation et sa durée maximale est fixée par le législateur.
La période d’essai ne peut jamais être supérieure à un mois. Elle ne peut atteindre cette durée que si la durée du contrat est
supérieure à 6 mois.
Elle est de un jour par semaine travaillée avec un maximum de deux semaines si le contrat est inférieur à 6 mois.
Pendant la durée de l’essai, l’employeur et le salarié peuvent rompre librement le contrat sans avoir à verser à l’autre partie
d’indemnité. La période d’essai ne peut être renouvelée.
Contrats immédiatement successifs sur des postes différents. En principe, un employeur ne peut pas conclure avec un
même salarié plusieurs contrats à durée déterminée, même en donnant aux contrats successifs des objets différents. Si
plusieurs contrats sont conclus, les parties sont considérées comme liées par un CDI
• Cette règle est écartée, lorsqu’il s’agit de contrats pour remplacer un absent, pour effectuer un travail saisonnier ou pour
occuper des emplois qui, dans certains secteurs d’activité, sont usuellement pourvus par des CDD. Les contrats successifs
restent alors des CDD.
• Cependant en application de la règle selon laquelle, le CDD ne peut avoir ni pour objet ni pour effet de pourvoir
durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise, les juges peuvent requalifier des contrats
successifs de remplacement à durée déterminée en contrat à durée indéterminée lorsque ces contrats ont permis au
même salarié de conserver pendant plusieurs années la même qualification et le même salaire quel que soit le
remplacement assuré.
3. La cessation du contrat
Après l’expiration de la période d’essai, l’employeur est tenu d’exécuter le contrat jusqu’à l’échéance du terme convenu. Les seuls
cas où une rupture du contrat pourrait intervenir légitimement avant l’échéance du terme sont prévus limitativement par le
législateur (art. L 122-3-8 du Code du travail). Il s’agit :
• De l’accord des parties,
• De la faute grave de l’autre partie,
• D’un cas de force majeure,
• En cas d’inaptitude du salarié en raison d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle,
• Embauche à durée indéterminée (Loi sur la modernisation sociale 17 janvier 2002).
Lorsque l’employeur rompt le contrat avant l’arrivée du terme en raison de la faute grave commise par le salarié, il exerce son
pouvoir disciplinaire et doit observer la procédure disciplinaire.
Le salarié est en principe tenu d’exécuter le contrat de travail pendant toute sa durée comme l’employeur. La loi a cependant
introduit une différence importante entre les obligations des deux parties au contrat.
Le salarié peut en effet légitimement rompre le CDD avant l’échéance du terme non seulement en cas d’accord des parties, de la
faute grave ou d’une situation de force majeure, il le peut également s’il justifie d’une embauche en CDI par un autre employeur à
condition de respecter le préavis.
Dans ce dernier cas, sauf accord des parties, le salarié est alors tenu de respecter un préavis. En cas de CDD à terme précis, le préavis
est d’un jour par semaine, dans les autres cas, le préavis à une limite maximale de deux semaines.
Lorsque l’une des parties rompt unilatéralement le contrat avant l’arrivée du terme, en l’absence des cas précités, elle commet une
irrégularité qui est sanctionnée de façon différente selon qu’elle émane de l’employeur ou du salarié.
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DROIT DU TRAVAIL
• Si c’est l’employeur qui est l’auteur d’une rupture anticipée irrégulière, il doit au salarié des dommages et intérêts d’un
montant au moins égal aux rémunérations que celui-ci aurait perçues jusqu’au terme du contrat, sans préjudice de
l’indemnité de fin de contrat.
• Si c’est le salarié qui se rend coupable d’une rupture anticipée injustifiée, il doit à l’employeur des dommages et intérêts
correspondant au préjudice subi. Il n’existe plus de condamnation minimale forfaitaire et l’employeur ne pourra percevoir
une indemnité que s’il établit l’existence d’un préjudice.
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DROIT DU TRAVAIL
B – Sanctions pénales
Les infractions à la législation sur les contrats à durée déterminée sont punies pénalement. Il s’agit des cas suivants :
• Du non-respect du délai de transmission du contrat au salarié,
• Du principe d’égalité de rémunération entre le salarié sous CDD et le salarié permanent de l’entreprise,
• Des cas où la loi interdit formellement d’avoir recours à un contrat précaire (ex : travaux dangereux).
Les personnes physiques sont passibles d’une amende de 3750 €, et en cas de récidive d’une amende de 7 500 €.
Les personnes morales sont passibles d’une amende égale au quintuple de l’amende applicable aux personnes physiques.
Mission
Entreprise cliente Salarié intérimaire
Les règles applicables au CDD sont valables pour le CTT (cas de recours, durée et renouvellement, succession).
Statut de l’intérimaire – L’égalité de traitement avec les salariés de l’entreprise utilisatrice est la règle ; l’intérimaire est
pris en compte dans l’effectif dans les mêmes conditions que le salarié en CDD.
Fin, indemnités et sanctions éventuelles – Le CTT prend fin dans les mêmes conditions que le CDD.
Néanmoins, lorsque l’ETT rompt le CTT avant le terme prévu, elle doit proposer au salarié un nouveau contrat dans les
trois jours ouvrables. A défaut, l’ETT verse à l’intérimaire les rémunérations qu’il aurait perçues jusqu’au terme initialement
prévu au contrat, y compris l’indemnité de fin de mission.
A l’issue de la mission, l’intérimaire reçoit, en l’absence de proposition de CDI, une indemnité de fin de contrat égale à 10%
de sa rémunération brute ainsi que l’indemnité légale de congés payés.
En cas de non-respect des règles, l’entreprise utilisatrice comme l’entreprise de travail temporaire encourent les mêmes
sanctions civiles et pénales que dans le cadre d’un CDD.
§2 - Le portage salarial
Le portage salarial est une opération contractuelle dans laquelle un salarié porté, rattaché par un contrat de travail à une entreprise
de portage, effectue une prestation de services pour le compte d’une entreprise cliente qu’il a, au préalable, démarchée.
Il s’agit d’un ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise de portage, une personne portée et des
entreprises clientes comportant pour la personne portée le régime du salariat et la rémunération de sa prestation chez le client par
l’entreprise de portage (art. L 1251-64 CT).
Dans un premier temps, le consultant recherche une société de portage acceptant sa ou ses missions. Il signe avec elle une
convention dite « convention de portage » qui fixe les modalités qui permettront le portage dans la structure juridique de la société
de portage.
Le consultant agit ensuite comme un travailleur indépendant. Il prospecte sa propre clientèle et négocie les termes de sa mission.
Une fois la mission définie, deux contrats distincts sont établis :
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DROIT DU TRAVAIL
Un contrat de travail ou une convention de portage, conclu entre le consultant et la société de portage qui devient son
employeur.
Un contrat de prestation de service entre le consultant, la société de portage et le client. Il s’agit d’un contrat commercial
relatif à la mission et à ses modalités.
La société de portage facture la prestation au client du consultant, gère les recouvrements et verse chaque mois un salaire au
consultant après déduction de frais de gestion.
Le salarié porté travaillant depuis au moins un an dans l’entreprise est pris en compte dans l’effectif dans les mêmes conditions
qu’un salarié en CDD ou intérimaire. Il bénéficie d’une rémunération minimale fixée par accord de branche étendu. A défaut, le
montant minimal mensuel est fixé à 77% du plafond de la sécurité sociale, pour une activité équivalente à un temps plein.
A cette rémunération s’ajoute une indemnité d’apport d’affaires dont le montant est défini par accord de branche étendu ou fixée
à 5% de la rémunération.
Faute de respect des règles de forme (délais, mentions obligatoires…), l’entreprise de portage salarial est passible d’une amende
de 3 750 €.
La rémunération – La rémunération peut faire l’objet de dispositions conventionnelles ou légales. A défaut, cette rémunération est
déterminée en pourcentage du Smic ou du salaire minimum conventionnel.
SMIC apprentis (en % du Smic)
ère
Age 1 année 2ème année 3ème année
Contrats conclus avant 2019
< à 18 ans 25% 37% 53%
18-20 ans 41% 49% 65%
21 ans et + 53%(1) 61% (1) 78% (1)
Contrats conclus à partir de 2019
< à 18 ans 27% 39% 55%
18-20 ans 43% 51% 67%
21 ans-25 ans 53% (1) 61% (1) 78% (1)
26 ans et + 100% (1) quelle que soit l’année
(1) Du minimum conventionnel si plus élevé
Les obligations mutuelles - En contrepartie du travail fourni par l’apprenti, l’entreprise s’engage, par l’intermédiaire d’un maitre
d’apprentissage, à assurer la formation professionnelle de l’apprenti et à lui permettre de suivre, sur son temps de travail rémunéré,
les enseignements théoriques assurés en CFA ou en section d’apprentissage.
La rupture – La rupture intervient, pendant la période d’essai, à l’initiative de l’une ou de l’autre partie durant 45 jours, consécutifs
ou non, de formation pratique en entreprise, sans indemnités.
Passé ce délai, le contrat peut être rompu d’un commun accord par un écrit ou résilié par l’employeur en respectant la procédure
de licenciement pour motif personnel (pour faute grave, manquements répétés, inaptitude ou force majeure).
L’apprenti peut rompre le contrat après saisine du médiateur : le contrat est dénoncé au plus tôt sept jours après que l’employeur
ait été informé de l’intention de l’apprenti.
§ 2 – Le contrat de professionnalisation
Le contrat de professionnalisation est un contrat écrit de formation en alternance, relevant de la formation continue, permettant
aux salariés d’acquérir une qualification et favorisant ainsi leur insertion professionnelle ou leur maintien dans l’emploi. Le contrat,
qu’il s’agisse d’un CDD ou d’un CDI, est écrit ; il est enregistré dans les 5 jours ouvrables du début d’activité, auprès de la chambre
de commerce et d’industrie, de la chambre des métiers et de l’artisanat ou de la Direccte, sous peine de nullité.
La rémunération – La rémunération est fixée en pourcentage du smic, en fonction de l’âge et de la formation du salarié.
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DROIT DU TRAVAIL
Age Pourcentage
Moins de 21 ans Au moins 55% du Smic
De 21 ans à 25 ans Au moins 70% du Smic
26 ans et plus Au moins el Smic ou au moins 85% du minimum conventionnel
Les obligations des parties et la rupture du contrat – En contrepartie du travail fourni par le salarié, l’employeur s’engage, par
l’intermédiaire d’un tuteur, à fournir au salarié la formation lui permettant d’acquérir une qualification professionnelle, un savoir-
faire et un emploi en relation avec cet objectif.
Il doit y avoir égalité de traitement avec les autres salariés de l’entreprise.
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DROIT DU TRAVAIL
Modification de l’horaire contractuel de base – Si pendant 12 semaines consécutives ou si pendant 12 semaines sur 15, le salarié a
effectué au moins 2 heures complémentaires par semaine, son horaire hebdomadaire de base doit être augmenté des heures
complémentaires effectuées.
L’employeur doit prendre l’initiative de cette réévaluation en soumettant un avenant au salarié. Le salarié dispose alors de 7 jours
pour s’y opposer. Passé ce délai et en cas de silence du salarié, l’horaire contractuel est modifié.
Section 6 – Le télétravail
Le travail à domicile a été mis en place par un accord national interprofessionnel en juillet 2005, étendu par arrêté ministériel du
30 mai 2006. La loi différencie le télétravail du travail à domicile. Le télétravail doit faire l’objet d’un contrat ou d’un avenant, il ne
peut être que volontaire. L’entreprise prend les coûts en charge. Il permet en principe, une diminution de la fatigue, du stress, du
temps lié au transport.
L’art. L1222-9 du code du travail définit ainsi :
« Le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les
locaux de l’entreprise est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l’information
et de la communication ».
Les conditions de recours au télétravail ainsi que le statut du salarié bénéficiant de ce dispositif ont été révisés par l’ordonnance du
22 septembre 2017
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1. I – Quiz – Vérifiez l’exactitude des propositions en matière de contrat de travail Vrai Faux
2. Le CDD ne peut être conclu que dans le cadre des motifs prévus par la loi
3. Le CDD peut être conclu oralement. Il n’a pas besoin d’être réalisé par écrit
4. Le CDD avec un terme précis peut être conclu pour une durée supérieure à 18 mois
9. Seuls les employeurs assurant le financement de la formation professionnelle peuvent conclure des
contrats de professionnalisation
10. Le salarié à temps partiel ne peut pas travailler plus que la durée prévue dans son contrat
11. Le CDI de chantier prend fin lorsque l’opération est réalisée, sans avoir à réaliser de formalités
particulières
13. Le CDD peut être renouvelé autant de fois que le veut l’employeur
14. Une fois la période d’essai du CDD expirée, il n’est possible de rompre le CDD que dans les cas prévus par
la loi
16. Les montants des indemnités de fin de mission et de contrat des CTT et CDD sont égaux
17. Le portage salarié ne concerne que les activités nécessitant une expertise particulière ou des tâches
ponctuelles ne relevant pas de l’activité normale de l’entreprise
II – Cas Forecco
Forecco est une entreprise de forage et de construction d’ouvrages d’exploitation minière située à Mulhouse. Ce secteur d’activité
est soumis à la convention collective nationale étendue des travaux publics du 12 juillet 2006. La société est présente à
l’international, notamment en Afrique, zone riche en minerais rares. Elle a remporté un marché au Gabon visant à développer de
nouvelles techniques d’exploitation d’une mine de fer. Pour réaliser cet ouvrage, le dirigeant de la société a dédié une équipe d’une
centaine de salariés permanents de l’entreprise constituée d’ingénieurs, de techniciens et d’opérateurs. Il doit leur associer des
salariés chargés de l’encadrement, formés à Mulhouse pour intervenir sur les chantiers en cours.
Le DRH de l’entreprise, a contacté Paco Ramirez, agent de maitrise, qui pourrait être chargé de mettre en œuvre une partie du
projet avec les trois équipes d’opérateurs, dont il assurerait la direction et la coordination. Sa candidature peut être retenue au
regard de ses compétences professionnelles, de son expérience et de sa maitrise des langues et dialectes locaux. La durée prévisible
globale de la mission serait de 57 mois à compter de la prise de service à Port Gentil. Le DRH entend lui proposer un CDI de chantier.
1. Déterminez s’il est possible, dans cette situation, de recourir au CDI de chantier plutôt qu’au CDI.
2. Justifiez l’intérêt du choix du CDI de chantier pour Forecco.
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DROIT DU TRAVAIL
IV – Cas Savio
Savio équipe et déploie des activités de maintenance informatique au service de grands groupes. Chaque année, l’entreprise forme,
en lien avec l’université, des jeunes en apprentissage et en contrat de professionnalisation en CDD. Elle a reçu en septembre Mario,
âgé de 22 ans, qui prépare en 24 mois un master informatique en apprentissage, et Marie, 25 ans, étudiante en licence 3 Gestion
des ressources humaines, en contrat de professionnalisation pour une année.
L’insertion dans l’entreprise a été rapide pour Marie, mais elle estime que les tâches qui lui sont confiées ne sont pas adaptées aux
exigences de l’examen et que la formation est insuffisante. Elle s’interroge sur ses capacités à réussir les épreuves du diplôme. Elle
en a informé son employeur qui n’a pas réagi.
Pour Mario, l’intégration dans l’équipe a été nettement plus difficile. Si son tuteur était satisfait les deux premiers mois, Mario
s’absente, depuis, régulièrement sans justification. Il ne s’est pas présenté à plusieurs TD à l’université, sans justificatif. Il a fait
l’objet de plusieurs avertissements écrits, en vain. Le dirigeant de Savio entend rompre le contrat d’apprentissage.
1. Quelles sont les obligations du dirigeant de Savio à l’égard de Marie découlant de la signature du contrat de
professionnalisation ?
2. Précisez comment sera calculé le montant de la rémunération de ces deux salariés.
3. Indiquez au dirigeant de Savio s’il pourrait renouveler le contrat de Marie si elle échoue à ses examens.
4. Que risquerait le dirigeant de Savio si le défaut de formation était reconnu ?
5. A quelles conditions le dirigeant de Savio peut-il rompre le contrat d’apprentissage de Mario ?
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DROIT DU
TRAVAIL
Chapitre 4 : Le pouvoir
disciplinaire de l’employeur
Le licenciement pour motif
personnel
Sylvie Ancel
2020 - 2021
DROIT DU TRAVAIL
Le rapport de travail est une relation d’inégalité juridique que, dans un régime d’égalité civile, seul un contrat réputé librement
conclu peut créer. L’ordre juridique habilite l’employeur à prendre des décisions visant ou affectant le salarié, qui doit les subir ou
s’y soumettre, sauf à les contester en justice pour des motifs de légalité.
3 pouvoirs sont accordés à l’employeur :
• Le pouvoir de direction,
• Le pouvoir normatif,
• Le pouvoir de sanctionner.
Le droit du travail s’attache principalement à encadrer ces pouvoirs et à concilier le pouvoir patronal avec les libertés des salariés.
Il existe deux types de garanties pour protéger le salarié contre l'abus de pouvoir de l'employeur :
• Des garanties a priori ;
• Des garanties a postériori.
A – La faute disciplinaire
1 - La qualification de faute disciplinaire
Il n’existe pas de définition générale de la faute disciplinaire, on déduit simplement du code du travail qu’il s’agit de tous
agissements du salarié que l’employeur considère comme fautifs.
Mais il est admis qu'elle suppose la violation injustifiée d'une obligation professionnelle. L'attitude fautive du salarié ne constitue
une faute disciplinaire que si elle est relative à l'exécution de la prestation de travail.
Une obligation professionnelle ayant un caractère licite.
la violation de l'obligation ne doit pas être justifiée par l'exercice d'un droit.
L’agissement fautif du salarié peut être :
• Un manquement aux règles de discipline générale de l’entreprise (non-respect des horaires, absences injustifiées, refus
d’obéissance, non-respect des consignes de sécurité…) ;
• Une inexécution fautive du travail ou une exécution volontairement défectueuse (négligence professionnelle,
restriction volontaire à la production…).
Remarque : La faute disciplinaire doit être distinguée de l’insuffisance professionnelle, la première supposant que soit en cause
la bonne volonté de l’intéressé, tandis que la seconde ne s’attache qu’à son aptitude, à ses erreurs et résultats, abstraction faite
de tout élément moral.
2 - La prescription de la faute disciplinaire
Le code du travail apporte la principale garantie en matière de prescription de la faute : « aucun fait fautif ne peut donner lieu à
lui seul à l’engagement de poursuites disciplinaires au-delà d’un délai de deux mois à compter du jour où l’employeur en a eu
connaissance, à moins que ce fait ait donné lieu dans le même délai à l’exercice de poursuites pénales ».
Le texte et la jurisprudence apportent des précisions importantes :
▪ La prescription est de deux mois à compter du jour où l'employeur a eu connaissance des faits et non à compter
de leur réalisation.
▪ Exception à cette prescription : si des poursuites pénales sont engagées pendant ce délai.
Le code ne vise que le fait isolé. Si d'autres faits fautifs sont commis postérieurement à une faute qui n'a pas été sanctionnée,
l'employeur peut se prévaloir de l'ancienne faute lorsqu'il entend sanctionner les fautes nouvelles.
2. La procédure normale
Son domaine : Chaque fois que l'employeur envisage de prononcer une sanction ayant une incidence, immédiate ou
non, sur la présence du salarié dans l'entreprise, sur sa fonction, sa carrière ou sa rémunération. C'est-à-dire un blâme,
une mise à pied, une mutation, une rétrogradation.
Son contenu
L'employeur doit convoquer le salarié à un entretien.
▪ Convocation écrite qui doit préciser l'objet, la date, l'heure et le lieu de l'entretien ; et rappeler que le salarié peut se faire
assister par une personne de son choix appartenant au personnel de l'entreprise.
▪ Convocation remise en main propre au salarié contre décharge ou envoyée par lettre recommandée.
Le déroulement de l'entretien.
▪ L'employeur doit indiquer le motif de la sanction envisagée et recueillir les explications du salarié. Le salarié peut être
assisté par une personne de son choix appartenant au personnel de l'entreprise.
▪ L'employeur doit attendre au moins 2 jours ouvrables après l'entretien pour prendre une décision. Mais sa décision doit
intervenir dans le mois qui suit le jour fixé pour l'entretien s'il entend prononcer une sanction. L'expiration du délai d'un
mois interdit à l'employeur de convoquer le salarié à un nouvel entretien préalable pour les mêmes faits ainsi que de
sanctionner ces faits.
La sanction doit faire l'objet d'une décision écrite et motivée (cf. licenciement pour motif personnel).
Sylvie Ancel 3|Page
DROIT DU TRAVAIL
Liberté d’expression
Principes et limites – Le salarié jouit de la liberté d’expression dans et en dehors de l’entreprise. Seules des restrictions justifiées
et proportionnées au but recherché peuvent être apportées à cette liberté. Par ailleurs, le salarié ne doit pas abuser de cette
liberté (propos injurieux, diffamatoires ou excessifs).
Utilisation des réseaux sociaux – Sur les réseaux sociaux, lorsque l’accès à la page est largement ouvert, les propos tenus ne
relèvent plus de la sphère privée mais de l’espace public. Ils peuvent faire l’objet d’une sanction de la part de l’employeur. Les
juges apprécient la nature des propos tenus et leur caractère public par le choix des médias de diffusion (ex : accès au « mur »
restreint ou non).
Protection des lanceurs d’alerte – Les salariés peuvent dénoncer, de bonne foi, des faits dont ils ont eu connaissance dans
l’exercice de leurs fonctions et qui seraient de nature à caractériser des infractions pénales. Toute mesure défavorable émise à
l’encontre du lanceur d’alerte est interdite.
Le législateur n'a pas interdit une telle possibilité. Ainsi si la première sanction a été annulée car trop rigoureuse, l'employeur
pourra prononcer une sanction plus légère.
S’il est aisé d’imposer à un employeur de supprimer les conséquences d’un avertissement ou d’une mise à pied, la réintégration
d’un salarié rétrogradé à tort soulève des difficultés, surtout lorsque le poste de ce salarié a été confié à un autre. Ces difficultés
ne dispensent pas l’employeur de proposer à l’intéresser un poste équivalent à celui qui était occupé avant le prononcé de la
sanction.
Le licenciement peut être décidé par l’employeur (décision unilatérale) pour un motif inhérent à la personne du salarié (motif dit
personnel) ou pour un motif qui lui est étranger, lié à des conditions d’ordre économique.
Art. L1232-1 « Tout licenciement pour motif personnel… est justifié par une cause réelle et sérieuse ».
Tout licenciement pour être régulier, quant au fond, doit être fondé sur une cause réelle et sérieuse. Les deux conditions doivent
être remplies simultanément. Le code du travail n’a pas donné de définition du motif réel et du motif sérieux, mais il est
généralement admis qu’ :
Une cause réelle est une cause ayant une réalité concrète et vérifiable. Elle doit aussi être objective et donc tenir soit à
la personne du salarié ou à son aptitude au travail, soit à l’organisation de l’entreprise.
Une cause sérieuse est une cause revêtant un certain degré de gravité rendant impossible (sans dommage pour
l’entreprise) la continuation du travail.
Par ailleurs, si la faute commise par le salarié dans le cadre de sa vie personnelle ne peut en principe justifier un
licenciement disciplinaire, son comportement peut être invoqué comme motif de rupture s’il apporte un trouble
caractérisé à l’entreprise.
Exemple : L’infraction au Code de la route commise par un salarié dans le cadre de sa vie privée ne saurait constituer une
faute. Si l’intéressé voit de ce fait son permis suspendu ou retiré, il pourra cependant être licencié s’il est empêché
d’exercer la mission pour laquelle il avait été engagé.
B – L’entretien préalable
L’employeur doit indiquer au salarié le ou les motifs du licenciement envisagé et recueillir les explications de celui-ci, ainsi que les
observations de la personne qui assiste le salarié. Il ne doit pas transformer l’entretien préalable au licenciement en enquête et
ainsi détourner la procédure de son objet.
Le salarié doit se présenter en personne. S’il ne se présente pas à l’entretien, l’employeur peut continuer normalement la
procédure, quel que soit le motif de l’absence.
A l’issue de l’entretien, l’employeur peut maintenir son projet de licenciement ou y renoncer. Dans le cas où il souhaite maintenir
son projet, il ne doit pas l’annoncer immédiatement : un délai lui est imposé par la loi avant la notification du licenciement.
Si le salarié ne se présente pas à l’entretien, l’employeur est en droit de continuer la procédure et de notifier le licenciement.
C – La notification du licenciement
La notification du licenciement doit être faite par écrit, par lettre recommandée avec AR en respectant un délai minimum de 2
jours ouvrables après l’entretien préalable.
Le licenciement doit être notifié dans un délai maximum de 1 mois s’il est prononcé pour motif disciplinaire. Par contre la loi
n’impose pas de délai maximum en cas de licenciement pour un motif non disciplinaire.
La lettre de notification doit obligatoirement comporter certaines mentions :
L’énoncé précis du ou des motifs de licenciement, c’est-à-dire matériellement vérifiables (modification par ordonnances
du 22 septembre 2017) ;
La date d’expiration du préavis ou la mention dispensant le salarié de l’effectuer.
Une lettre de licenciement insuffisamment motivée entrainerait une condamnation de l’employeur pour un licenciement sans
cause réelle et sérieuse. La date de présentation de la lettre fixe le point de départ du préavis.
L’ordonnance du 22 septembre 2017 prévoit la possibilité pour l’employeur de préciser la lettre de licenciement après coup. –
Actuellement toute insuffisance dans la motivation du licenciement rend le licenciement sans cause réelle et sérieuse (cass. ass. plén. 27
novembre 1998, n° 97-40423, n° 96-40199 et n° 96-44358, B. ass. plén. n° 6 et 7). Ceci oblige l’employeur à être particulièrement vigilant
lors de l’énonciation des motifs dans la lettre de licenciement.
Pour éviter une telle sanction, il devient possible pour l’employeur de préciser les motifs de licenciement indiqués dans la lettre,
postérieurement à sa notification. Ce droit d’amendement peut être utilisé par l’employeur de son propre chef, ou à la demande du salarié
(c. trav. art. L. 1235-2 modifié).
L’ordonnance donne le droit de « préciser » la motivation du licenciement, mais plus de la « compléter ».
Si le salarié ne demande pas à l’employeur de préciser la lettre de licenciement, l’insuffisance de motivation de la lettre de licenciement
constatée ne privera pas, à elle seule, le licenciement de cause réelle et sérieuse. Elle ouvrira seulement droit pour le salarié à une indemnité
d’au plus 1 mois de salaire.
Si le licenciement est jugé sans cause réelle et sérieuse, le préjudice résultant du vice de motivation sera réparé par les dommages et
intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, versés en application du barème d’indemnités prud’homales.
Entretien préalable
Si l’entreprise ne remplit pas les deux Indemnité fixée en fonction du préjudice subi qui doit être prouvé par le demandeur ;
conditions cumulatives : cependant les juges sont moins rigoureux sur les moyens de preuve du préjudice qu’en droit
• Entreprise d’au moins 11 commun (ils exigent des preuves moins détaillées).
salariés
• Salarié ayant au moins deux ans
d’ancienneté
Si l’entreprise remplit les deux conditions Le juge doit proposer la réintégration du salarié ; à défaut ou en cas de refus de
cumulatives : réintégration par l’une ou l’autre des parties, le salarié a droit à une indemnité fixée en
• Entreprise d’au moins 11 fonction du préjudice subi, mais qui ne peut être inférieure à 6 mois de salaire.
Il s’agit de la rémunération brute, primes et avantages compris.
salariés
L’employeur fautif doit rembourser tout ou partie des indemnités chômage payées par les
• Salarié ayant au moins deux ans
organismes concernés du jour du licenciement au jour du jugement, dans la limite de 6
d’ancienneté mois.
La Loi Macron avait instauré un barème impératif, variant selon la taille de l’entreprise et de l’ancienneté du salarié pour la fixation
de l’indemnité, mais le conseil constitutionnel a invalidé cette mesure (Cons. Constitutionnel 5 août 2015).
La nullité du licenciement
Dans certains cas le juge prononce la nullité du licenciement, lorsque celui-ci est hautement illicite. La sanction est alors renforcée,
en raison de la gravité du comportement de l’employeur. Tout doit être fait, comme si le licenciement nul n’avait jamais été
prononcé.
En principe, il n’y a « pas de nullité sans texte ». Le Code du travail prévoit des interdictions légales de licencier :
La discrimination – Une jurisprudence importante a été amenée à sanctionner des motifs tirés des convictions
religieuses, de l’origine, de l’ethnie… de la situation de famille, d’un handicap, de l’apparence physique… ;
L’activité syndicale
L’exercice du droit de grève
L’état de grossesse
Le harcèlement au travail….
La jurisprudence, d’une façon générale, prononce la nullité des licenciements portant atteinte aux droits fondamentaux des
salariés. Toutefois, la méconnaissance de la liberté de se vêtir à sa guise et le droit du salarié à une action de formation
professionnelle ne caractérisent pas la violation d’une liberté fondamentale et n’entrainent donc pas la nullité du licenciement.
Toute contestation portant sur la régularité ou la validité du licenciement se prescrit par 12 mois à compter de la dernière réunion
du comité d’entreprise ou, dans le cadre de l’exercice par le salarié de son droit individuel de contester la régularité ou la validité
du licenciement à compter de la notification de celui-ci.
Ce délai n’est opposable au salarié que s’il en a été fait mention dans la lettre de licenciement.
Notification du congé
Fin du CDI
Préavis
La date de notification du congé donne le point de départ du préavis.
Le préavis et un délai préfixe : il ne peut être ni interrompu ni prolongé sauf convention contraire. Néanmoins la période de
congés payés ne se confond pas avec le préavis.
L’employeur peut dispenser le salarié d’effectuer le préavis. Dans ce cas, il doit verser au salarié une indemnité compensatrice de
préavis.
Le salarié qui ne respecte pas le préavis peut être amené à verser à l’employeur une indemnité égale aux salaires qu’il aurait
perçus.
Tableau récapitulatif de la durée du préavis en fonction de l’ancienneté
Nature de la rupture Ancienneté
Moins de 6 mois De 6 mois à deux ans Plus de deux ans
Licenciement Convention collective ou 1 mois 2 mois
usages
En cas de force majeure ou de faute grave ou lourde du salarié, il n’y a pas de préavis à respecter ou d’indemnité
compensatrice de préavis.
Sylvie Ancel 10 | P a g e
DROIT DU TRAVAIL
Les modalités de calcul de cette indemnité sont fonction de la rémunération brute dont le salarié bénéficiait antérieurement à la rupture du
contrat de travail. Ce taux et ces modalités sont déterminés par voie réglementaire.
NOTA : Conformément à l'article 40-I de l'ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017, ces dispositions sont applicables aux licenciements
prononcés postérieurement à la publication de ladite ordonnance.
Article L1234-10
La cessation de l'entreprise ne libère pas l'employeur de l'obligation de verser, s'il y a lieu, l'indemnité de licenciement prévue à l'article L.
1234-9.
Article L1234-11
Les circonstances entraînant la suspension du contrat de travail, en vertu soit de dispositions légales, soit d'une convention ou d'un accord
collectif de travail, soit de stipulations contractuelles, soit d'usages, ne rompent pas l'ancienneté du salarié appréciée pour la détermination du
droit à l'indemnité de licenciement.
Toutefois, la période de suspension n'entre pas en compte pour la détermination de la durée d'ancienneté exigée pour bénéficier de ces
dispositions.
suite à AT
ou MP(4)
Faute(3)
Faute(3)
Maladie
lourde
Cas de
grave
force
ou
La dénonciation du reçu pour solde de tout compte est faite par lettre recommandée dans les 6 mois qui suivent sa signature,
délai au-delà duquel il devient libératoire pour l’employeur pour les sommes qui y sont mentionnées.
Le salarié reste libre d’exercer toutes réclamations, même postérieurement à la remise du solde de tout compte, pour des sommes
qui n’y figurent pas.
L’employeur et le salarié ont la possibilité de conclure une transaction à la place du reçu pour solde de tout compte.
L’employeur doit porter sur le registre unique du personnel la date de sortie de l’entreprise du salarié et la nature de la rupture.
Pour les entreprises d’au moins 50 salariés, l’employeur doit avant le 8 de chaque mois adresser à DIRECCTE la déclaration
mensuelle ses mouvements de personnel.
Sylvie Ancel 12 | P a g e