Une Mag 192-V3.

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192

MAGAZINE
AVRIL 2018 >

C H I M I E / E N E R G I E

pages spéciales - CFDT Magazine N° 442 avril 2018 - Ce magazine est conçu avec les normes Imprim’Vert FLASHEZ
MOI ;)
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MAGAZINE
EDITO CHIMIE / ÉNERGIE

VERS UNE QUATRIÈME SOMMAIRE

VAGUE FÉMINISTE ? ACTUALITE pages

. 1 L’apprentissage : une voie 4

L
e féminisme, rappelons-le, et inquiète sur la haine de l’homme.
est un mouvement pour L’autre, au contraire, pense que la li- vers l’emploi !
l’égalité des droits entre bération de la parole de la femme
les hommes et les femmes. permettra de légiférer et de réguler . 2 Le comité social
Symbolisé en France par la les rapports entre les hommes et les et économique (CSE) 6
déclaration des droits de la femme femmes dans la société. Cette affaire
d’Olympe De Gouges en 1791, on a le mérite d’ouvrir le débat sur un AGIR pages
parle ensuite de 3 vagues principales sujet longtemps resté tabou.
du féminisme. La première de 1870, Un arsenal de lois existe, mais trop . 3 DÉVELOPPEMENT /
venue d’Angleterre, visait à réformer peu de condamnations sont pronon- Le savoir-faire
les institutions pour une égalité de cées, 95 % des plaintes de harcèle- picard en matière de 7
droits devant la loi : éducation, pro- ment sexuel sont classées sans suite. développement !
priété, travail et vote. La seconde La seule application des lois actuelles
vague apparait à la fin des années permettrait le début d’un change- . 4 VIE DE LA FCE /
1960 avec la naissance du Women’s ment culturel. La lutte contre les Stéphane galiné, nouveau
Lib et du Mouvement de Libération discriminations, le combat pour chargé de mission 8
des Femmes (MLF). On assiste à une l’égalité, font partie de l’ADN de la fédérale
remise en cause du patriarcat et à CFDT. Les changements de compor-
l’élaboration du concept de sexisme. tement passeront par le respect de BRANCHE pages
Les revendications concernent la nos règles et par l’éducation, pour que
construction de nouveaux rapports les générations futures ne voient en . 6 PLASTURGIE/
sociaux et le contrôle du corps des nos différences de genre, de sexe, Nouvelle réglementation
femmes par les femmes (la contra- d’origine, qu’une réelle force. sur le styrène : faire de la 9
ception, l’avortement…). La troi- Le combat des femmes a connu contrainte une
sième vague, dans les années 1990, de réelles avancées dans les pays opportunité
est marquée par une génération occidentaux. Mais il ne prend sens
renouvelée. Sans couper court aux qu’en portant aussi la voix de toutes . 5 CHIMIE /
vagues précédentes, certains mouve- les femmes, partout dans le monde. SOLVAY : un accord pour 10
ments intègrent des revendications Aucune culture, aucune religion, sécuriser les emplois et le
plus ciblées, parfois moins univer- aucune guerre ne sauraient justifier statut des salarié(e)s
selles et des pratiques plus violentes les discriminations les plus abjectes,
(femen, black feminist…). les pires violences : coups, excisions, S’OUVRIR pages
Trente ans plus tard, l’affaire viols, tortures…. Tant qu’une femme
Weinstein libère la parole et oblige subira des violences et des discrimi- . 7 EUROPE /
notre société à reconsidérer les nations en France et dans le monde, La FCE-CFDT 11
rapports hommes-femmes. Elle met nous devrons nous battre, parce que et la coopération
en exergue deux mouvances fémi- notre avenir est commun, hommes et syndicale
nistes ; celle qui pense que le mouve- femmes, ensemble, et que l’égalité des
ment « me too » a été trop loin, que sexes fait partie de l’égalité des . 8 IDEFORCE /
le jugement populaire accompagné hommes.• Analyse des impacts d’un 12
d’un certain puritanisme remet en projet de réorganisation
cause la liberté sexuelle de la femme dans une organisation
patronale

. 9 RETRAITÉS /
Guy Guyot, le militantisme 14
au cœur !
/ CFDT Magazine Directeur de la publication : Frédérix Sève, Imprimerie : Napoléon Alexandre 8 rue Salvador
Allendei 95870 Bezons : N° CPPAP : 1122 S 06265 - ISSN : 0395-5621
/ Magazine chimie énergie Directeur de la rédaction : Dominique Bousquenaud / Responsable de la commu-
nication : Pierrette Goeller / Assistante de la communication et maquettage : Christelle Lemaître / Concep-
tion graphique et illustration: Angelo Da Rocha / Photos : Crédits photos : / © FCE-CFDT - Vous pouvez
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CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018

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MAGAZINE
CHIMIE / ÉNERGIE ACTUALITES > JURIDIQUE

L’APPRENTISSAGE :
UNE VOIE VERS
L’EMPLOI !
L
e contrat d'apprentis-
sage est un contrat
d’alternance, c’est-à-dire
un temps partagé entre
l'entreprise qui encadre et
forme un jeune à un métier, et un
établissement de formation qui
assure le suivi de cours théoriques.
Il prépare les élèves à acquérir des
diplômes allant du CAP au bac + 5.
Il est souvent mal considéré,
parce qu’on lui prête encore
beaucoup d’idées reçues (voie
de garage suite à un échec scolaire,
formation à des diplômes moin-
dres, métiers uniquement ma-
nuels…). L’apprentissage souffre
d’une mauvaise image, alors qu’il
couvre un champ de plus de
1000 métiers, que 7 jeunes sur
10 trouvent un emploi à temps
plein et en CDI dans les 7 mois qui
suivent la fin de leur cursus, et que
nombre d’entre eux créent leur
propre entreprise.
En France, on ne compte que
7% d’apprentis, alors que les pays
européens où le chômage est plus
bas (l’Allemagne en tête) en comp-
tent 15 %. De plus, un million de
jeunes en France ne sont ni en tous besoin de coiffeurs, de solutions restent à trouver pour
emploi, ni en formation, ni en boulangers, de bouchers, de financer leur logement et leur
études. Les Neets, comme les a personnes qualifiées en travaux, permettre ainsi une plus grande
baptisés l’OCDE, représentent plus mais aussi de pouvoir franchir des mobilité. L’aide à la recherche d’un
de 17% des moins de 25 ans. C’est routes ouvragées, d’admirer un contrat, la prévention des ruptures
l’un des chiffres les plus élevés en patrimoine qui n’existerait pas sans de contrat et le suivi pédagogique
Europe. les artisans. De recourir à de du CFA devront les compléter. La
Il est donc urgent de réformer multiples services qui sont CFDT agira dans le cadre de la né-
l’apprentissage, de lui reconnaître indispensables au quotidien, et gociation formation profession-
le mérite d’être l’objet d’un choix dont nous sommes les clients. nelle pour obtenir ces avancées.
pour de nombreux jeunes, d’être L’apprentissage, c’est du savoir-faire Le gouvernement a annoncé
attractif parce qu’en lien avec les au service de tous. plus de 20 mesures pour faire
réalités des offres d’emploi, de La CFDT a largement contri- évoluer le statut de l’apprenti, les
revaloriser enfin tous les métiers bué, au travers des concertations conditions de formation, et élargir
qu’il couvre, parce qu’il s’agit qui se sont déroulées jusqu’au aux jeunes sans formation l’accès à
d’assurer la pérennité des offres de 9 février, à faire évoluer l’accompa- l’apprentissage.
services qu’il remplit. Nous avons gnement des apprentis. Mais des

4 CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018

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• DOSSIER •

L’EMPLOI !
UNE VOIE VERS
L’APPRENTISSAGE :
L’apprentissage pour qui ? pour quoi ? comment ?
Pour qui ? Pour quoi Rémunération de Droits de l’apprenti
l’apprenti
Salaire apprenti :
contrat d'apprentissage

Les jeunes de 16 à 30 Plus de 1000 métiers ouverts

30 jours de CP / an + 5 jours
ans révolus à l’alternance Moins de 21 ans et pour préparer les examens
- 250 métiers dans l’artisanat 18 ans plus
Accessible à partir de - des métiers d’art 1ère année Sécurité sociale + mutuelle
15 ans si le jeune justi- - le numérique 370,07 € 784,54 €
fie avoir terminé son - les métiers de services (25% SMIC) (53% Smic)
Temps de travail applicable
cycle au collège (fin - l’industrie 2ème année 547,70 € 902,96 € dans l’entreprise
de 3ème) - les transports
(37% SMIC) (61% Smic)
- les assurances
Remboursement du forfait
- l’agriculture 3ème
année 784,54 € 1154,61 € transport à 50 % par
- les métiers de bouche (53% SMIC) (78% Smic) l’employeur
- l’hôtellerie, la restauration
- etc.
Frais de scolarité pris
en charge par l’entreprise,
Un panel riche, varié, ou les Le gouvernement a annoncé une la région
débouchés existent ! revalorisation de 30 €/nets par mois
Du CAP au BAC + 5 pour les 16-20 ans. Ces revenus ne 500 € d’aide au financement
sont pas soumis à l’impôt du permis de conduire pour
les + 18 ans
Les conventions collectives peuvent
prévoir des montants + importants

L’apprentissage est annoncé
comme une priorité. Des change-
ments majeurs vont être mis en
place : modulation de la durée du
contrat (pour tenir compte du ni-
veau du jeune), Mise en place du
contrôle continu, financement par sage (vae, certification par les
les branches professionnelles, les branches). N’en doutons pas
régions. Les CFA pourront adap- l’apprentissage à de l’avenir. •
ter les formations proposées à la
réalité du marché du travail, Cer-
tification des maitres d’apprentis-

SOUS LA HOULETTE !
LA FAQ
Je voudrais me réorienter vers un apprentissage dans les métiers du web, comment faire ?
Les CFA (centres de formation des apprentis) vont mettre en place des prépa-apprentissage
pour permettre aux jeunes motivés de se réorienter. Ces prépas les formeront au savoir-faire
de base.
En apprentissage depuis septembre, mon employeur a décidé de mettre fin à mon contrat
de travail, si je ne trouve pas de nouvel employeur, je vais perdre mon année…
Non, désormais, vous pouvez continuer votre formation théorique, pendant 6 mois, même si
vous n’avez plus d’employeur.
Mes cours en CFA commencent en septembre, et je n’ai pas trouvé d’entreprises, comment
faire ?
De très nombreuses offres en alternances sont publiées : https://www.regionsjob.com,
www.cci.fr, www.letudiant.fr/, www.monster.fr/Alternance, www.en-alternance.com,
https://www.alternance.emploi.gouv.fr

CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018

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MAGAZINE
CHIMIE / ÉNERGIE
LE COMITÉ SOCIAL
ET ÉCONOMIQUE (CSE)
D
epuis 1936, les salariés
élisent leurs représentants
du personnel. Selon la
taille de l’entreprise, les
IRP (institutions représenta-
tives du personnel) vont de 1 à 3 ins-
tances, voire plus. Les ordonnances
Macron, ratifiées le 14 février dernier,
changent le paysage des institutions
représentatives du personnel de ma-
nière significative puisqu’ il est ques-
tion de fusionner les 3 instances que
constituent le comité d’entreprise
(mis en place à partir de 50 salariés),
les délégués du personnel (DP, mis en
place à partir de 11 salariés), et le
comité d’hygiène, santé, sécurité et
conditions de travail (le CHSCT, mis
en place à partir de 50 salariés ou, en
cas d’effectif inférieur, missions assu-
rées en partie par les DP) au sein
d’une instance unique le comité
social et économique (le CSE), et ce
au plus tard le 1er janvier 2020.
Le CSE doit être mis en place dans
les entreprises dès lors que l’effectif de
11 salariés est atteint sur 12 mois
consécutifs. Si ce chiffre n’est pas at-
teint, il n’y aura pas de représentant du
personnel. Sans électeurs, il n’y aura
pas non plus de représentant du per-
sonnel. Ce qui fragilise les relations de
6 CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018
ACTUALITES > JURIDIQUE
travail, car le rapport de force, on le sait
bien, n’est pas équitable.
Les salariés seront donc appelés à
élire leurs représentants du personnel
(élus et mandatés par une organisa-
tion syndicale) dans le cadre d’une
élection unique dans les 2 prochaines
années. Alors qu’ils les ont peut-être
élus l’année dernière, et ce pour une
durée de 4 ans. Mais la loi permet de
raccourcir les mandats (ou de les
prolonger) pour permettre à toutes
les entreprises de plus de 11 salariés
de mettre en place un CSE avant le
31 décembre 2019.
Si jusqu’à présent les salariés
ne participaient pas à l’élection
des membres du CHSCT, qui
étaient désignés par le CE et
les DP, désormais en élisant
des élus aux CSE, ils
participeront ainsi à désigner
également les élus chargés
des conditions de santé,
sécurité et conditions de
travail.
Une nouvelle institution, une nou-
velle élection, c’est l’occasion de se
pencher sur la nécessité d’élire ses
représentants, qui ont un rôle fonda-
mental à jouer dans l’entreprise.
Elire ses représentants du person-
nel, c’est donc élire des représentants
femmes et hommes, formés pour éla-
borer le dialogue social dans l’entre-
prise, pour négocier, pour être
garants des intérêts de l’ensemble des
salariés.
Trop souvent perçus comme can-
tonnés aux activités sociales et cultu-
relles, les élus exercent bien d’autres
missions qui justifient les heures de
délégation dont ils bénéficient, et la
protection qui leur est nécessaire
pour garantir leur indépendance,
leur liberté d’expression.
Etre élu, c’est s’engager pour défen-
dre les valeurs portées par son orga-
nisation syndicale. C’est savoir être
autant que savoir-faire. Les diverses
missions leur permettent d’acquérir
des compétences : communication,
analyse financière et sociale, législa-
tion, négociations, santé et sécurité
au travail. Bien des savoirs qui peu-
vent être valorisés par une validation
des acquis professionnels (VAP) ou
VAE (validation des acquis de l’expé-
rience). Une expérience prenante,
haute en couleur et enrichissante. •
-192.qxp_Mise en page 1 23/05/18 13:00 Page5

MAGAZINE
DÉVELOPPEMENT < AGIR CHIMIE / ÉNERGIE

LE SAVOIR-FAIRE
PICARD EN MATIÈRE
DE DÉVELOPPEMENT !
D
epuis une dizaine d’années,
le syndicat Picardie se dé-
veloppe régulièrement (en
2004, 1123 adhérents, en
2017, 1859), et ce, malgré les
départs à la retraite, les fermetures
d’entreprises, les plans sociaux, etc.
MAG FCE est allé à la rencontre de
son secrétaire général, Sylvain Belle-
mere, pour en savoir plus.
MAG FCE : Sylvain, peux-tu en Emmanuel Maingard avec des participants à la formation
quelques mots nous expliquer les juridique de février
raisons essentielles de cette progression
régulière ?
Sylvain : Tout d’abord, il faut être
convaincu soi-même de l’enjeu du
développement, doter le syndicat d’une
politique adaptée, et sensibiliser
fréquemment les équipes à l’impor-
tance d’être plus nombreux et plus
forts. Ensuite, il faut les rencontrer
régulièrement et bien les accompagner.
Enfin, il faut être réactif à leurs diffé- Sylvain et Alexandra avec des participants à la formation
rentes demandes et tâcher d’y répondre. juridique de février

MAG FCE : Dit comme cela, ça paraît

simple, mais quelles sont les actions
mises en œuvre par ton syndicat ?
Sylvain : Notre priorité, c’est la proxi-
mité avec les militants. Je me déplace
souvent pour rencontrer les équipes dans
leur entreprise, afin de les aider à prépa-
rer la négociation des NAO, le protocole
d’accord préélectoral, les élections, etc.,
mais aussi pour mieux structurer le
collectif. Par ailleurs, j’insiste sur la visi-
bilité de la CFDT dans leur « boîte » en
leur remettant du matériel tel que des
autocollants, des affiches, des drapeaux,
ou grâce aux tournées d’atelier. En ma-
tière de développement, je leur fournis
également différents outils comme des
tracts sur l’adhésion, par exemple.
MAG FCE : Concernant l’accompagne-
ment des équipes, as-tu autre chose à
ajouter ?
Sylvain : Oui. Il s’agit de la formation
syndicale et du juridique. Nous avons
progressé sur les formations animées par
le syndicat grâce à l’implication
d’Alexandra et de Manu dans l’anima-
tion de nouveaux modules tels que les
enquêtes Flash, les micromodules de dé-
veloppement, ainsi que les modules
« Rédiger un tract » et « Du bon usage
du juridique ». A noter que cela s’est fait
avec l’aide de notre EPI. Je constate éga-
lement que ces formations correspon-
dent aux attentes des équipes puisque
nos sessions de formation sont toujours
bien remplies.
Concernant le juridique, le syndicat
s’est structuré à travers le renfort
d’Alexandra pour répondre au mieux
aux besoins des militants.
MAG FCE : Sylvain, quels sont les pro-
jets de ton syndicat pour 2018 ?
Sylvain : Nous souhaitons aider nos
adhérents qui perdent leur job à travers
la mise en place d’une commission
« Emploi » qui aura pour mission de les
accompagner dans l’aide à la rédaction
de CV, lettre de motivation et à la
préparation à l’entretien. Nous allons
aussi étoffer le réseau des animateurs.
Enfin, le développement reste toujours
une priorité, avec le lancement d’une
campagne de développement qui se
terminera en octobre lors de notre
congrès. Je conclurai en disant qu’au-
jourd’hui plus qu’hier, il faut mouiller le
maillot et ne rien lâcher. •

CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018

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MAGAZINE
CHIMIE / ÉNERGIE AGIR
STÉPHANE GALINÉ
NOUVEAU CHARGÉ DE MISSION
FÉDÉRALE
S
téphane Galiné a 49 ans et
habite en région pari-
sienne. Après un parcours
syndical important chez
Sanofi, il aintégré la fédéra-
tion pour de nouvelles responsabilités
depuis le mois de janvier.
MAG FCE : Bonjour Stéphane, pour-
rais-tu nous parler de ton parcours
professionnel ?
Stéphane : Je suis chimiste de forma-
tion. Je suis entré directement en CDI
chez Rhône-Poulenc sur le site de Vitry-
sur-Seine en 1992, où j’étais chercheur
de nouvelles molécules.
MAG FCE : Quelles ont été tes motiva-
tions pour faire le grand saut dans le
militantisme ?
Stéphane : Tout d’abord, il faut savoir
que ce n’est pas quelque chose d’innée
chez moi, je n’avais aucune culture
syndicale au départ. Il s’avère que j’étais
sur un site à forte présence syndicale,
avec une CGT 1ère OS. Et le phénomène
déclencheur, ce fut un plan social sur le
site en 1998, et 150 suppressions de
postes. Il y a eu, à l’époque, une grève
dure, et une approche CGT qui ne
correspondait pas à ce que je pensais.
C’est à ce moment-là que j’ai découvert
la CFDT, avec des idées qui étaient plus
proches de mes convictions, malgré une
réputation surfaite de pro-direction.
C’est ainsi qu’après ce plan social j’ai
adhéré à la CFDT et que j’ai été élu sur
mon premier mandat en tant que
suppléant au comité d’établissement.
MAG FCE : Tu as un parcours syndical
riche au sein du groupe Sanofi, quelles
en ont été les principales étapes ?
Stéphane : Ce parcours syndical, c’est
du bonheur, car j’ai appris énormément,
ça m’a forgé le caractère et désinhibé. J’ai
pris confiance en moi, j’ai appris à pren-
dre la parole en public. Mon parcours a
8 CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018
> VIE DE LA FCE
été riche et ponctué de moments satis-
faisants, mais aussi difficiles. Au début,
j’ai beaucoup axé la reconnaissance de
la CFDT par la communication. En
2000, nous nous sommes retrouvés qu’à
deux militants CFDT, il a fallu tout
reconstruire, et nous l’avons fait en cher-
chant de nouveaux militants, mais
surtout en prenant contact avec les
salariés, en distribuant des tracts. Un
travail de fourmi qui a fait qu’aux élec-
tions de 2001 la CFDT a progressé. J’ai
alors pris d’autres mandats comme celui
de délégué syndical, et j’ai découvert les
méandres de la négociation. J’ai pu ainsi
militer avec des glorieux anciens comme
Jean-Marie Villoing, Jean-François
Chavance ou François Leborgne.
J’ai alors participé aux négociations
concernant les fusions des années 2000
avec Aventis puis Sanofi-Aventis, et les
différents plans sociaux qui ont émaillé
la vie du groupe. J’ai été secrétaire lement mais, avec philosophie, je dirai
adjoint du CCE, puis secrétaire du CCE, que la vie syndicale, c’est aussi ça.
DSC, avant d’être secrétaire du comité
européen de 2013 à 2017. MAG FCE : Aujourd’hui, tu intègres
d’autres responsabilités au sein de
MAG FCE : Quels faits marquants re- la Fédération, quelles ont été tes
tiens-tu de ce parcours, qu’ils soient motivations ?
positifs ou non ? Stéphane : La première motivation,
Stéphane : Le fait marquant que je c’est d’abord la volonté de réaliser autre
retiens, c’est la victoire aux élections de chose sur le plan syndical. J’avais la sen-
2015 sur mon site. On devient la sation d’avoir fait le tour des mandats
première organisation devant la CGT, dans l’entreprise et dans le groupe, et je
et ça reste un aboutissement militant songeais même à un repositionnement
exceptionnel pour moi. Le travail a fini professionnel. Je connaissais la Fédéra-
par payer, et changer une culture syn- tion parce que je travaillais dans le
dicale implantée depuis des années, ce réseau comité européen et que d’autres
n’est pas une mince affaire. Après, j’ai militants Sanofi avaient déjà pris des
aussi connu des situations très difficiles responsabilités au sein de la FCE. J’ai
et des moments compliqués à gérer. Je donc postulé au nouveau poste ouvert,
pense aux différents plans sociaux, et et un mois et demi après je ne le regrette
en particulier à celui de 2012-2014, pas. Je découvre les négociations dans la
avec la sortie du site de Toulouse du branche Pharmacie et j’élargis l’aspect
Groupe. Je rajouterai que j’ai connu relationnel, très important à mes yeux.•
beaucoup de désaccords internes au
sein de la CFDT Sanofi et que, c’est
épuisant de faire la synthèse continuel-
-192.qxp_Mise en page 1 23/05/18 13:00 Page7

MAGAZINE
PLASTURGIE < BRANCHES CHIMIE / ÉNERGIE

NOUVELLE RÉGLEMENTATION
SUR LE STYRÈNE :
FAIRE DE LA CONTRAINTE UNE
OPPORTUNITÉ
S
ur recommandation de limitant ainsi les émanations de sty-
l’ANSES (Agence natio- rène et les investissements en matière
nale de sécurité sanitaire d’extraction de l’air, ou d’utiliser des
de l’alimentation, de l’envi- résines à faible teneur en styrène lors
ronnement et du travail), de fabrication à moule ouvert.
le décret du 23 mars 2016 fixe une va- La branche AT-MP de la
leur limite d’exposition professionnelle CNAMTS avait également fait de la
(VLEP), contraignante pour le styrène prévention à l’exposition au styrène
au 1er janvier 2019. Elle sera alors de délocalisation vers des pays aux rè- un objectif prioritaire de son plan
23.3 ppm sur 8 heures (c’est-à-dire la glementations plus souples en ma- d’action 2014-2017. Des mesures
durée d’une journée de travail), et de tière de santé au travail . Cette VLEP d’accompagnement pour les entre-
46.6 ppm à court terme (sur 15 min, a, par conséquent, été adaptée : prises étaient proposées, tant d’un
incluant des pics d’exposition). d’abord incitative au 1er janvier 2017, point de vue financier que méthodo-
La première VLEP remontait à elle devenait contraignante deux ans logique (organisation, formation et
1985. Dès 2010, l’ANSES avait déjà plus tard. Cela devait laisser le temps sensibilisation des salariés).
estimé qu’elle devait être réduite aux aux employeurs pour adapter leurs A moins d’un an de l’application
niveaux précités au 1er janvier 2015. moyens de production, revoir leur de la nouvelle VLEP contraignante,
En 2014, les entrepreneurs de la organisation du travail (ex : isolation la FIN revient à la charge. La FCE-
navigation de plaisance, regroupés au des postes les plus concernés par son CFDT a fait valoir son positionne-
sein de la Fédération des Industries utilisation), et opter pour la mise en ment, déjà mis en avant en 2014. Il
nautiques (FIN), étaient alors montés place de mesures collectives de n’est pas concevable d’opposer
au créneau pour demander au gou- protection des salariés. A défaut, les l’emploi et les conditions de travail,
vernement de revoir l’application du EPI (équipements de protection bien au contraire, car les conditions
caractère contraignant de la VLEP. Ils individuels) sont adoptés. Pour les de travail sont une condition de
arguaient des impacts négatifs de entrepreneurs du nautisme, cela l’attractivité des métiers de la
cette nouvelle règlementation sur impliquait de privilégier le passage branche. Ce qui n’exclue pas d’étudier
l’emploi, et brandissaient le risque de du moule ouvert au moule fermé, une harmonisation européenne
quant à la prévention de la santé
des travailleurs. C’est dans ce
sens qu’un travail sera engagé au
LE STYRÈNE sein d’IndustriAll Europe.
Enfin, la FCE-CFDT demande
que le bilan du plan d’action de
Le styrène est un produit chimique utilisé pour la fabrication de matières plastique, de la CNAMTS soit présenté aux
caoutchoucs et de matériaux composites. Il permet de dissoudre certains d’entre eux et partenaires sociaux de la
offre l’avantage de durcir la matière, avec une action thermique. C’est un produit difficile à
substituer. Au niveau toxicologique, il agit sur les voies respiratoires et sur la peau,
branche. La négociation d’un
engendrant des irritations aiguës, des céphalées, des vertiges… Il est de surcroît classé par accord sur la santé au
le Centre international de recherche sur le cancer comme cancérogène possible. Il est très travail doit pouvoir s’engager à
employé dans l’industrie nautique pour fabriquer les résines de polyester entrant dans les l’aune de ses résultats. Cette re-
process de fabrication des bateaux. On le trouve également dans la fabrication d’éléments vendication, avancée dès 2014,
de salle de bain ou de pales d’éolienne. Plusieurs secteurs industriels sont, par conséquent, est pour l’instant restée lettre
concernés par la législation qui le règlemente. morte. Il est temps de s’emparer
concrètement du sujet !•

CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018

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MAGAZINE
CHIMIE / ÉNERGIE
SOLVAY :
UN ACCORD POUR
SÉCURISER LES EMPLOIS ET
LE STATUT DES SALARIÉ(E)S
S
olvay est un groupe chi-
mique en pleine évolu-
tion. En 6 ans, il s’est
recentré sur la chimie de
spécialité, avec la cession de
14 activités majeures, contre 5 acqui-
sitions, dont Rhodia. C'est dans ce
cadre que la direction annonçait, en
mai 2017, la vente de son activité
polyamides, impactant environ
1 300 salariés, répartis sur 3 sites
(Chalampé, Lyon et Valence). En
octobre, la cession à BASF est confir-
mée, avec un closing prévu pour
octobre 2018, et l’objectif de regrou-
per les salariés concernés dans une
nouvelle société PPF (Performance
Polyamides France) pour pouvoir la
céder à BASF fin 2018.
Les équipes CFDT, pourtant
défavorables au projet, ont fait le
choix du dialogue social sans atten-
dre la procédure classique d’informa-
tion / consultation, et la création de
cette nouvelle entreprise. Dès le mois
d’octobre 2017, la CFDT Solvay a
demandé et a obtenu l’ouverture de
négociation sur un accord de
méthode pour sécuriser les salariés,
les emplois et le statut collectif.
Cette démarche innovante s’inscrit
dans l’esprit du dialogue social
imprimé par la CFDT, et en vigueur
dans le groupe.
Deux objectifs : maintenir les
avantages sociaux de Solvay pour les
salariés qui seront intégrés dans cette
nouvelle entité PPF, et mettre en
place des institutions représentatives
du personnel dotées de moyens
10 CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE >N°192 / AVRIL 2018
BRANCHES > CHIMIE
permettant d’assurer la continuité du
dialogue social.
Ce type de cession entraîne auto-
matiquement la dénonciation des ac-
cords de groupe. De ce fait, le
repreneur peut être tenté de «faire son
marché» dans les différents textes dé-
noncés. De plus, avec des IRP déjà
construites et un droit
syndical valable, le dialogue social peut
perdurer après la cession effective.
En effet, en 5 ans, la CFDT a bâti
un véritable statut du personnel, en
créant une UES France, en harmoni-
sant les différents accords existants,
en gommant certaines inégalités.
Malgré des réticences venant plus des
autres OS que de la direction, sur les
25 accords de groupe signés depuis
2010, 19 ont été portés par la CFDT
qui, avec ses 34 % de représentativité,
permet l'application des textes.
La CFDT Solvay s’est pleinement
engagée dans la négociation, qui s’est
traduite par la signature d’un accord
ouvrant plusieurs garanties pour les
salariés transférés :
w Une priorité d’embauche face à
d'autres candidatures externes pen-
dant 18 mois en cas de suppression
de poste sans possibilité de reclasse-
ment chez BASF. Ce type de clause
est important, car il oblige le repre-
neur à jouer le jeu du reclassement
réussi en cas de suppression de poste
après la cession, et impose à Solvay
une responsabilité morale face à ces
situations.
w Le maintien des dispositions
contenues dans les accords Solvay.
Comme le statut global est maintenu
du fait de cet accord, il restera juste à
négocier ce qui ne peut être transféré
en l'état : l'intéressement, la partici-
pation, l'égalité professionnelle et le
handicap. Ce sera l'occasion de
s'intégrer dans BASF France et de
jouer la cohésion CFDT dans le
nouveau groupe.
w La reprise de l'accord dialogue
social, avec la mise en place d'un
comité social et économique central
Performance Polyamides France,
création des DSC, et mise en place du
droit syndical. Nous sommes en
avance dans l'application des
nouveaux textes de loi. Nous avons
maintenu un droit syndical impor-
tant qui pallie les baisses de moyens
mis en place dans le CSE.
Par la signature de cet accord, la
CFDT Solvay démontre sa capacité à
négocier les aspects sociaux dans le
cadre d’une cession, avec l'objectif de
préserver les intérêts des salariés et de
les garantir par un accord, sans
conflit !
C'est avec cet état d'esprit que
nous aborderons les futures évolu-
tions de Solvay. Pour ce qui est de
Performance Polyamides France, qui
sera cédée à BASF, la CFDT fait un
pari : développer la CFDT dans
BASF, pour les salariés, bien sûr ! •
POUR EN SAVOIR +
Retrouvez toute les infos sur :
www.cfdt-solvay.fr
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LA FCE-CFDT
ET LA COOPÉRATION
SYNDICALE
D
ans le cadre des
accords de coopé-
ration conclus en
2017 avec le syn-
dicat allemand IG
BCE et la centrale syndicale
belge CSC BIE, nous venons
de définir un programme de
travail commun, avec l’un et
l’autre, pour 2018. La volonté
fédérale est que ces accords
servent aussi bien aux mili-
tants qu’à la fédération. Il est donc
primordial d’engager des actions
réalistes et réalisables afin que
chaque partie prenante puisse s’y
retrouver, c’est la notion gagnant-
gagnant qui nous permet à tous de
faire avancer la cohésion sociale et
sociétale, aussi bien dans nos pays
respectifs qu’au niveau international
et européen.
Les deux accords prévoient des
actions communes au niveau des
branches, des comités d’entreprise
européens et/ou des dossiers secto-
riels. C’est ce que nous avons com-
mencé à mettre en œuvre et que nous
développerons au cours des années à
venir. Ils prévoient aussi une rencon-
tre annuelle entre l’exécutif de la
FCE-CFDT et, séparément, avec
celui d’IG BCE et celui de la CSC
BIE. Ces rencontres permettent de
valider les travaux sectoriels, mais
aussi d’aborder d’autres projets liés à
des dossiers transversaux : activité
revendicative, développement syndi-
cal, juridique, et travaux au sein des
fédérations IndustriALL (Global
Union et Europe).
Les activités FCE-CFDT
de coopérations pour 2018 :
Avec IG BCE, ces activités concer-
MAGAZINE
EUROPE < S'OUVRIR CHIMIE / ÉNERGIE
nent deux branches d’acti- Aline Eysseric (Sanofi), Patrick Le-
vité (Chimie et Caout- maire (l’Oréal), Marc Ferron (EDF)
chouc), et les jeunes de et Bruno Vannoni (Fédération), a
nos organisations syndi- participé à une conférence des mem-
cales. Pour la branche bres belges de la CSC dans les CEE.
Chimie, une délégation Nous prévoyons de mettre en place
d’IG BCE participera au un petit groupe de travail pour com-
comité national de parer les avantages des deux législa-
branche en octobre, nos tions nationales sur les CEE. Un
collègues allemands pré- deuxième groupe de travail sera
senteront la situation éco- constitué sur les questions d’égalité
nomique et sociale de la des chances afin de comparer nos
branche dans leur pays. La délégation législations nationales, mais aussi de
allemande sera composée d’Iris Wolf, préparer ensemble les réunions orga-
responsable fédérale du suivi de la nisées par la fédération européenne
branche, et d’un militant des entre- sur ces sujets.
prises BAYER, ASF, l’Oréal et Solvay.
Pour le Caoutchouc, une déléga-
tion de la FCE se rendra à Hanovre
pour rencontrer des collègues
allemands de ce secteur, en octobre
aussi.
En ce qui concerne la question des
jeunes, nous allons aussi rencontrer
de jeunes Allemands pour établir un
programme de travail commun. Le
premier sujet de discussion concer- Pour la FCE-CFDT, l’idée de ces
nera la notion d’âge entre nos coopérations et de ces rencontres est
militants. En Allemagne, les 17-25 de permettre de mieux se connaître
ans sont considérés comme « jeunes» et d’apprendre à travailler ensemble.
du fait que presque 1,7 million sont Ceci est la base d’une coopération
en contrat d’apprentissage et se solide qui permettra ensuite de déve-
syndiquent très tôt, ce qui n’est pas le lopper des positions et des revendi-
cas en France où la syndicalisation a cations communes à tous les niveaux
lieu plus tard, et la notion de « jeune» de nos structures. •
s’étend jusqu’à 35 ans. Nous devons
donc trouver un point médian pour
décider d’actions communes.
Avec la CSC BIE, nos activités
concernent les comités d’entreprise
européens, et un dossier transversal
sur l’égalité des chances. Pour la pre-
mière, une délégation du comité de
pilotage de la FCE, comprenant
CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018
11
-192.qxp_Mise en page 1 23/05/18 13:00 Page10
MAGAZINE
CHIMIE / ÉNERGIE S'OUVRIR
ANALYSE DES IMPACTS
D’UN PROJET DE
RÉORGANISATION DANS
UNE ORGANISATION PATRONALE
E
n décembre 2017,
Idéforce a été mandaté
pour réaliser une
expertise relative à un
projet de réorganisation
au sein d’une organisation profes-
sionnelle d’employeurs issue de la
fusion, récente, de deux autres or-
ganisations patronales.
En 2015, pour répondre aux
enjeux de représentativité patro-
nale instituée par la loi du 5 mars
2014, deux chambres patronales
décident de fusionner afin de réu-
nir au moins 8 % des entreprises
adhérentes et 8% des salariés em-
ployés par l’ensemble des entre-
prises candidates. Plusieurs
cabinets se sont succédé pour
accompagner cette fusion, et les
salariés ont été invités à s’exprimer
au travers de groupes de travail
destinés à identifier les dysfonc-
tionnements existants : circulation
de l’information insuffisante,
pratiques managériales hétéro-
gènes, et pour certaines délétères,
difficultés à identifier les fonctions
de chacun. Moins d’un an après la
fusion, la direction présentait un
projet de réorganisation s’ap-
puyant sur ces constats, avec pour
objectif la réduction des dysfonc-
tionnements évoqués. Les élus de
la DUP (délégation unique du
personnel) s’estimant néanmoins
insuffisamment informés pour
formuler un avis motivé ont voté
à l’unanimité le recours à une
expertise, afin d’évaluer les
impacts de cette réorganisation
sur les conditions de travail et la
santé des salariés. Les élus s’inter-
rogeaient également sur la perti-
12 CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018
> IDEFORCE
nence de la nouvelle organisation
pour réduire les dysfonction-
nemes constatés.
LES ENJEUX DE REPRÉSENTATIVITÉ
À L’AUNE DE LA RESTRUCTURATION
DES BRANCHES
Avec la loi Travail de 2016, le
chantier national de restructuration
des branches est réaffirmé, avec
comme ambition d’abaisser le
nombre de branches à 200, contre
700 aujourd’hui. Une loi qui renforce
le rôle de la branche en en précisant
les missions, et qui offre la possibi-
lité au ministère du Travail d’engager
des fusions de branches profession-
nelles, à défaut de rapprochement
décidé par les partenaires sociaux.
Un rôle d’autant plus important de-
puis que les ordonnances dites
« Macron » étendent le champ de la
négociation collective.
Depuis la fusion, les salariés de
la structure ont été à plusieurs re-
prises sollicités pour s’exprimer
sur leurs conditions de travail.
Pour éviter un effet de lassitude,
les élus et Idéforce ont choisi de
recueillir leur avis à travers un
questionnaire, en plusieurs par-
ties. La première était destinée à
confirmer les constats sur les dys-
fonctionnements de l’organisation
actuelle. La deuxième partie per-
mettait d’évaluer les contraintes de
l’environnement psychosocial au
travail au travers de trois dimen-
sions reprises du modèle de Kara-
sek : les exigences de travail, l’auto-
nomie et le soutien social. La
troisième partie interrogeait direc-
tement les salariés sur la nouvelle
organisation : le projet contribue-
rait-il, selon eux, à améliorer la
communication interne, la com-
munication externe, ou encore le
management ? Les données ont été
complétées avec l’analyse fine des
documents reçus de l’établissement
et ceux obtenus lors d’un entretien
avec la direction.
A l’issue de cette analyse, un
des premiers constats réalisés
concernait la confrontation de
deux cultures d’entreprises depuis
la fusion. Une culture dite
«souple», décrite comme laissant
des marges de manœuvre impor-
tantes aux salariés, notamment
sur la gestion des horaires de tra-
vail, et une culture dite « rigide »,
caractérisée par un mode de fonc-
tionnement procédural. D’après
les collaborateurs interrogés, des
cultures différentes d’entreprises
subsistaient déjà, et pour 73 %
d’entre eux, leur coexistence
constituait un frein à leur activité
de travail. Ces résultats confir-
ment que fusionner deux struc-
tures ne consiste pas seulement à
additionner des chiffres d’affaires
et des parts de marché, mais
consiste également à réunir des
hommes, des méthodes de travail
et des cultures.
Le projet présenté par la
direction était particulièrement
imprécis, et de nombreuses inter-
rogations restaient en suspens. Les
réponses des salariés illustraient la
-192.qxp_Mise en page 1 23/05/18 13:01 Page11

• DOSSIER •

PATRONALE
RÉORGANISATION DANS UNE ORGANISATION
ANALYSE DES IMPACTS D’UN PROJET DE
diversité des effets attendus de la réorganisation, et
démontraient que les avis étaient partagés sur la ca-
pacité du projet à répondre aux dysfonctionnements
observés. Plus de 70% des salariés estimaient que le
projet n’était pas suffisant pour les réduire ou les éli-
miner. En sus, le questionnaire a permis de démon-
trer que ces dysfonctionnements étaient devenus des
facteurs de risques psychosociaux pour de nombreux
salariés.
Suite à la restitution de l’expertise, les élus ont
émis un avis négatif sur le projet. Ils ont alors décidé
d’organiser une restitution devant les salariés de l’en-
treprise, démarche appuyée et financée par la direc-
tion. S’agissant des préconisations émises dans le avec la direction pour étoffer le plan d’action pour
rapport, celles-ci vont être étudiées conjointement l’année en cours. •

LA SANTÉ AU TRAVAIL : UNE QUESTION D’ÉQUILIBRE ?

Le modèle élaboré par Robert Karasek en 1979 démontre que le bien-être au travail repose sur un équilibre entre
trois dimensions du travail (cf. représentation ci-contre). D’après lui, une situation de travail caractérisée par des
exigences importantes (complexité, rythme, quantité) et une autonomie suffisante pour y faire face ne présentent
pas de risque particulier pour la santé du travailleur. En revanche, un salarié ne disposant pas de l’autonomie né-
cessaire pour répondre à ces exigences de travail subit une forte tension psychologique. Robert Karasek a nommé
cette combinaison job strain, que l’on pourrait traduire par « travail en tension ». En outre, lorsque le salarié ne
dispose pas non plus d’un soutien social suffisant (troisième dimension) de la part de ses pairs ou de sa hiérarchie,
il est dit en situation d’iso-strain.

Représentation schématique des résultats de Karasek pour le pôle Secrétariat général

En s’appuyant sur le modèle de Karasek, et le questionnaire afférent, les situations des salariés de l’entreprise
ont été mises en regard à la médiane nationale. Les pôles qui étaient en situation d’équilibre et inversement
ceux en situation de job strain ou d’iso-strain ont pu être identifiés. Ce modèle, reconnu scientifiquement
par le ministère du Travail, et dont les qualités psychométriques ont été validées, est prédictif de maladies
cardiovasculaires, notamment de l’infarctus du myocarde.

CFDT MAGAZINE > CHIMIE / ÉNERGIE > N°192 / AVRIL 2018

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MAGAZINE
CHIMIE / ÉNERGIE S'OUVRIR > RETRAITÉS

GUY GUYOT,
LE MILITANTISME AU CŒUR !
M
ilitant très connu et haute-
ment apprécié sur
l’ensemble du Languedoc-
Roussillon, Guy Guyot est
pourtant un Francilien pur
jus. Né à Rosny-sous-Bois, il y passa
toute son enfance, étudia ensuite au
lycée de Gagny, avant de sortir ingé-
nieur de l’Ecole d’électricité
industrielle puis de l’Ecole supérieure
d’électricité de Paris.
Ce remarquable cursus scolaire
prédestinait l’ami Guy à une brillante
carrière d’ingénieur, mais son entrée
à EDF, en 1964, et sa nomination à
un poste à responsabilités dans la
subdivision de Sommières, qui le
rapproche du Larzac, et de son ami
Lanza del Vasto (*), l’amena très
rapidement à concrétiser ses désirs
associatif, politique et syndical. mique et social en région jusqu’en militantisme alliant sagesse,
Parallèlement à son engagement 2010, et président de l’Association compétences et disponibilité dans un
politique au sein du PSU, Guy entra ra- pour l’emploi des cadres (Apec) en univers de gentillesse absolue, et nous
pidement au bureau du syndicat région de 1997 à 2003. pouvons affirmer que si la littérature
CFDT EDF de Nîmes, puis au bureau Son parcours syndical parmi les française nous a fait découvrir et
régional de l’ancienne Fédération Gaz- retraités fut tout aussi remarquable : aimer Proust et sa madeleine, la
Electricité (FGE), avant d’intégrer militant très actif dans l’UTR 34, Guy CFDT, quant à elle, a eu le bonheur et
celle-ci en 1976 en qualité de secrétaire fut secrétaire de l’URR Languedoc- la chance de compter parmi ses mili-
fédéral chargé de la formation, un an Roussillon et membre du conseil de tants Guy Guyot et sa Madeleine !
après être devenu membre du bureau l’Union confédérale des Retraités Nous lui souhaitons une longue et
national de l’Union confédérale des (UCR-CFDT) jusqu’en 2017. paisible retraite sur les bords du Lez !•
ingénieurs et Cadres (UCC-CFDT). Pourtant, parler de Guy sans faire
A la FGE, après avoir largement référence à ses activités dans le
œuvré pour décentraliser la forma- monde associatif serait bien trop
tion, Guy prit en charge le service réducteur. En effet, déjà sensible à la
économique fédéral, ce qui lui valut sauvegarde du patrimoine naturel,
de siéger au conseil d’administration Guy fut l’un des créateurs en 1964 de
d’EDF au titre de la CFDT de 1980 à l’association Nature et Progrès, qu’il (*)Lanza del Vasto, philosophe
1984, et d’intégrer le tout premier implanta ensuite en 1967 dans italien né le 29 septembre 1901 à
conseil d’administration de l’Associa- l’Hérault avant de s’engager dans le San Vito dei Normanni, mort le
tion Etudes et Consommation-CFDT Mouvement pour le désarmement, la 5 janvier 1981 à Elche de la Sierra,
(ASSECO). paix et la liberté, dont il assura le se- près d'Albacete. Militant de la paix
Après cet impressionnant investis- crétariat national de 1975 à 1997. chrétienne, il a été un précurseur
sement militant au niveau national, Infatigable, il fut aussi le cofondateur des mouvements de retour à la
de la Maison des Tiers Mondes et de nature. Poète français, sculpteur
Guy resta très actif dans sa région et dessinateur, il est le fondateur
d’adoption, où il fut successivement la Solidarité internationale, dont il des Communautés de l'Arche,
secrétaire de l’UD de l’Hérault, assura la présidence puis le secréta- répliques des ashrams de l'apôtre
membre de la CE de l’URI Langue- riat de 1998 à 2010. de la non-violence, Gandhi.
doc-Roussillon, chef de file de la Vous l’aurez compris, Guy Guyot,
délégation CFDT au conseil écono- c’est le militantisme à fleur de peau, un

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