Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
Les salariés, dans l’entreprise, représentent une masse d’hommes et de femmes qui entrent en relation
avec le pouvoir, le pouvoir de celui qui peut licencier, de celui qui dirige et qui organise le travail.
Cette relation collective d’un seul côté constitue la forme la plus spontanée de la relation de travail.
Elle va se manifester par la grève : les salariés vont pouvoir se réunir et faire grève. Il s’agit de l’une
des deux raisons des relations collectives.
L’autre raison réside dans le phénomène corporatiste : c’est le partage d’une conscience commune.
Quand un syndicat de salariés signe une convention collective avec un syndicat d’employeurs, la
relation est collective des deux côtés.
Ces deux raisons expliquent ce que l’on appelle les relations collectives.
1
Loi Rebsamen du 17 août 2015 : Elle donne la possibilité aux salariés des petites entreprises d’être
représentés (CSE mis en place au-dessus de 11 salariés uniquement).
Ordonnances Macron de 2017 : Traite de la négociation collective. L’objectif est de développer le
dialogue social dans l’entreprise et dans la branche, de construire de vraies garanties pour tous,
d’apporter des solutions concrètes aux TPEM/PME, de renforcer l’attractivité de notre territoire.
Accords collectifs
On va conclure des accords plus favorables aux salariés par rapport au Code du travail. La négociation
collective va permettre de protéger les droits sociaux d’un salarié du même secteur ou d’une même
entreprise. Il y a 3 niveaux de négociation :
- Au niveau national : accord national interprofessionnel. L’accord national interprofessionnel
est négocié lorsqu’il est appliqué à plusieurs branches.
- Au niveau du secteur d’activité : accord de branche. L’accord de branche concerne la branche
professionnelle. Il ne traite que de certains sujets du droit du travail. Il peut être signé entre
entreprises qui exercent dans un même domaine d’activité.
- Au niveau de l’entreprise : accord d’entreprise ou d’établissement. L’accord d’entreprise ou
d’établissement va être signé entre un employeur et son personnel. Il a pour objet de prévoir
des dispositions spécifiques et limitées à son champ d’application géographique et
professionnel des salariés d’un établissement.
On négocie à ces 3 niveaux un accord collectif.
Dans le cadre d’un accord collectif, un ou plusieurs syndicats représentatifs de travailleurs et un ou
plusieurs syndicats d’employeurs vont se mettre d’accord sur une matière précise. L’accord va
permettre à l’employeur d’adopter sa loi à sa profession.
Conventions collectives
La convention collective est un accord conclu entre des employeurs et un ou plusieurs syndicats de
salariés. Elle porte sur l’ensemble des thématiques du droit du travail. Cette convention peut être
localisée sur un département, une région, ou même au niveau national.
La convention collective est une forme d’accord de branche, mais dont le champ d’application est plus
large. L’employeur ne peut pas déroger à l’accord d’entreprise collectif, mais il peut, en revanche,
déroger à l’accord de branche.
Accords de groupe
L’accord de groupe est conclu au niveau d’un groupe d’entreprises. Il va comprendre l’ensemble des
entreprises du groupe ou certaines entreprises du groupe.
Le rôle du législateur
Le rôle du législateur est d’encadrer la procédure de négociation et d’accorder une légitimité aux
normes (légales et conventionnelles) produites par les interlocuteurs sociaux à l’égard des salariés. Les
normes légales conservent leur impérativité, mais, de plus en plus, les normes conventionnelles sont
autorisées et vont pouvoir y déroger, même dans le cadre d’un accord d’entreprise ou dans le cadre
d’un accord de branche.
2
accord de branche peut prévoir des dispositions plus favorables que la loi (ordre public social).
Exemple : Un accord d’entreprise ou un accord de branche va pouvoir prévoir un niveau de salaire
supérieur au SMIC. En revanche, il n’est pas possible de prévoir un niveau de salaire inférieur au
SMIC.
Le droit supplétif
Le droit supplétif s’applique en l’absence de dispositions conventionnelles de branche ou d’entreprise.
Exemple : Pour les heures supplémentaires : ordre public et droit supplétif, en cas de majoration. S’il
n’y a pas eu d’accord, c’est le droit supplétif qui va s’appliquer.
L’ordre public prévoit une majoration de 10%. Dans le cadre des négociations, il est possible de
prévoir davantage. Le droit supplétif prévoit, qu’à défaut d’accord, les 8 premières heures
supplémentaires sont majorées à 25%, et pour les suivantes à 50%. Dans le cadre d’un accord collectif
il est possible de prévoir que la majoration sera de 20%.
En résumé
- Ordre public : Pas de dérogation, sauf dans un sens plus favorable.
- Négociations collectives : Négociations menées sous réserve de respect de l’ordre public.
- Dispositions supplétives.
3
- CFDT : 38%,
- CGT : 28%,
- UNSAT : 19%,
- FO : 9%,
- CFTC 8%.
Un syndicat est représentatif à partir de 10%. La CFDT, la CGT et l’UNSAT sont représentatifs. Un
accord est rédigé entre ces organisations syndicales. Il est signé par la CGT et l’UNSAT. Cet accord
est-il valable ? Oui, l’accord est valable.
Le score n’est pas de 47% mais de 55,30% (28 + 19 / 28 + 38 + 19 * 100).
Formule : Syndicats ayant signé / Syndicats représentatifs.
Référendum - Calcul des suffrages valablement exprimés : Comptabilisation des bulletins dans l’urne,
auxquels on soustrait les bulletins blancs ou nuls.
4
Thème 1 : Les conflits collectifs
La grève traduit un conflit collectif, mais elle constitue surtout le soutien nécessaire du syndicalisme et
de la négociation collective. C’est aussi un acte de désobéissance, le signe de vouloir renverser l’ordre
établi. Parfois, cette volonté peut s’accompagner d’une certaine violence. La grève est prévue par le
Préambule de la Constitution de 1946, mais ce Préambule ne dit pas grand-chose. Il dit que la grève
s’exerce dans le cadre des lois qui la règlemente.
Le Conseil constitutionnel va organiser le droit de grève avec d’autres droits, comme le droit de
travailler.
5
salaires, une amélioration des conditions de travail, la protection de l’emploi, la stratégie de
l’entreprise, la défense des droits collectifs, la rémunération… En réalité, c’est tout ce qui touche au
travail et aux relations avec l’employeur. Des revendications politiques peuvent-elles légitimer une
grève ? Oui, à la condition qu’elles reposent sur des revendications professionnelles. On ne peut pas
faire grève pour protester contre la politique du gouvernement. En revanche, dès que des
revendications politiques professionnelles apparaissent, la grève est licite.
Les revendications doivent être présentées au moment de l’arrêt du travail. L’employeur doit être tenu
au courant. D’un autre côté, l’employeur doit avoir reconnu les revendications, mais il n’est pas
nécessaire qu’il ait rejeté les revendications pour que la grève soit déclenchée.
- La grève de solidarité interne
Une grève de solidarité interne est-elle licite ? Il s’agit d’une grève déclenchée en vue du soutien à un
salarié frappé de sanction, par exemple. Cette grève n’est licite que si elle se rattache à des intérêts
généraux des salariés. La grève de solidarité interne est licite.
- La grève de solidarité externe
Les grèves de solidarité externe sont menées pour soutenir des revendications, ou, plus largement, un
mouvement de salariés qui travaillent dans une autre entreprise, mais dans la même branche. En
réalité, ces grèves font écho à des inquiétudes ou des réclamations internes. Lorsque les salariés d’une
branche professionnelle viennent soutenir d’autres salariés, l’idée est qu’il y ait une réciprocité, des
problèmes communs. Ces mouvements peuvent avoir pour conséquence de parvenir à une grève
nationale. En réalité, ces grèves ne devraient être déclarées illicites que dans les hypothèses où aucune
revendication de type professionnel ne peut être décelée. Les grèves de solidarités sont licites.
- La grève d’autosatisfaction
La Cour de cassation a qualifié la grève d’autosatisfaction dans un arrêt Bardot du 23 novembre 1978.
Il s’agissait de salariés refusant de travailler le samedi qui revendiquaient justement le fait de ne pas
travailler le samedi matin. En réalité, si les salariés se servent eux-mêmes, il n’y a pas de
revendications et leur mouvement de grève leur donne satisfaction. Les grèves d’autosatisfaction ne
sont pas autorisées. En réalité, les salariés ne peuvent pas choisir les obligations contractuelles qu’ils
vont réaliser et celles qu’ils ne vont pas réaliser. L’illicéité de ces grèves s’explique par le fait que le
juge considère que l’employeur a le pouvoir de direction et que c’est contrevenir à ce pouvoir de
direction que d’accepter ces grèves d’autosatisfaction. Si dans un tel mouvement les salariés
souhaitent faire apparaître d’autres revendications professionnelles, le mouvement sera licite.
6
La grève abusive ne permet pas à elle seule de retenir la faute lourde des salariés qui y ont participé, ni
d’engager la responsabilité civile des syndicats. Il faut retenir le mouvement de grève dans son
ensemble et l’agissement des salariés. Des violences, des dégradations, des séquestrations ne sauraient
rendre le mouvement de grève illicite dans son ensemble, ni de permettre de sanctionner les salariés
n’ayant pas participé à ces agissements. En revanche, si ces comportements sont individualisés, ils
peuvent être punis parce qu’ils constituent une faute lourde, même s’ils ne rendent pas le mouvement
illicite. Insulter son supérieur ne constitue pas une faute lourde. Le mouvement peut être licite, et
certains salariés peuvent être sanctionnés pour faute lourde, tout comme le mouvement peut être
illicite s’il ne répond pas à la définition du droit de grève.
A) Le déclenchement de la grève
Dans le secteur privé, aucun préavis n’est exigé avant que les salariés se mettent grève. La grève
surprise ou la grève inopinée est admise. En revanche, il doit exister des revendications
professionnelles collectives qui doivent être portées à la connaissance de l’employeur au moment de la
grève. Même si l’employeur est informé oralement, on considère qu’il a connaissance des
revendications. Un supérieur hiérarchique peut être prévenu plutôt que l’employeur.
B) La perte de salaire
7
les salariés sont licenciés alors que la grève est licite, la procédure de licenciement sera irrégulière. On
va considérer qu’il n’y a pas de cause réelle et sérieuse au licenciement. Le licenciement va être nul, le
salarié va être réintégré et va être indemnisé à hauteur de 6 mois de salaire maximum.
Dans le cadre de la grève, les salariés peuvent se livrer à deux sortes d’agissement : l’occupation des
locaux et le piquet de grève.
- L’occupation des locaux : Elle constitue un trouble manifestement illicite, lorsque
notamment cette occupation entrave la liberté de travail. L’occupation des locaux constitue un
acte abusif susceptible de caractériser une faute lourde. Les grévistes n’ont pas le droit
d’interdire l’accès aux locaux à quiconque. Cependant, lorsque l’occupation est partielle ou
momentanée, si elle n’entraîne aucune désorganisation de l’entreprise elle ne sera pas
considérée comme abusive.
- Le piquet de grève : Il s’agit d’un regroupement de grévistes devant l’entreprise dont
l’objectif est d’inciter les non-grévistes à cesser le travail. Le piquet de grève est illicite s’il
désorganise l’entreprise. Le piquet de grève ne doit pas empêcher les salariés non-grévistes
d’aller travailler. Il faut regarder si le salarié est dans le cadre d’un mouvement de grève licite
ou non. S’il est dans une grève licite, il peut commettre une faute lourde qui caractérisera la
grève d’abusive. Si les piquets de grève n’empêchent pas les autres salariés de travailler, les
salariés vont être protégés puisqu’il n’y aura pas de répercussion sur les autres salariés.
8
rarement accueillies favorablement par les juges, sauf faute lourde du salarié. L’employeur pourra
engager dans certains cas la responsabilité des syndicats. Il va devoir prouver la participation directe
du syndicat à l’acte dommageable.
La grève dans le secteur public :
Dans le secteur public, la grève doit être précédée d’un préavis, et si ce préavis n’est pas respecté cela
constitue une faute lourde pour les salariés ayant appelé à la grève, mais également une faute lourde
pour le syndicat qui appelle à la cessation du travail. Dans le cadre du secteur public, ce prévis doit
émaner d’une organisation syndicale et parvenir 5 jours francs avant le début de la grève à l’autorité
hiérarchique. Il va devoir préciser les motifs du recours à la grève. Le préavis fixe le lieu, la date, la
durée de la grève… Pendant ce préavis, ces organisations syndicales et l’administration sont tenues de
négocier et d’informer de la mise en place de la grève. Certains agents publics n’ont pas le droit de
faire grève : c’est notamment le cas des militaires, des préfets, des magistrats…
9
Thème 2 : Les syndicats : La représentation indirecte du personnel
Dans l’entreprise, les syndicats participent à la négociation des conventions et des accords collectifs, à
la négociation annuelle obligatoire (formation, réduction du temps de travail, égalité hommes-femmes,
et à la défense des valeurs du syndicat (revendications et réclamations auprès de l’employeur). Ils
participent à travers leurs représentants syndicaux (représentant syndical au sens strict ou délégué
syndical).
Au niveau national, les syndicats participent à l’élaboration des conventions collectives, à la gestion de
nombreux organismes (Sécurité Sociale), et aux concertations et négociations nationales avec l’Etat
sur les grandes réformes sociales. Ils sont caractérisés par la spécificité de leur objet (article 21131-1
du Code du travail). Ils sont également caractérisés par la catégorie des personnes dont ils entendent
représenter les intérêts. Seules les personnes appartenant à cette catégorie vont pouvoir adhérer aux
syndicats (article 2131-2 du Code du travail). Les syndicats vont se constituer autour d’une profession
ou d’un métier (syndicat des pilotes de ligne ou des inspecteurs d’assurances), autour d’une catégorie
d’emploi, ou autour d’une branche d’activité d’une entreprise (syndicat de l’hôtellerie restauration).
10
- Les autres structures patronales : L’UPA créée en 1975. L’UNAPL en 1977. Ces deux
syndicats vont fusionner en 2016, créant l’U2P. En 1946 est créée la FNSEA et la CPME.
D) La liberté syndicale
La liberté syndicale correspond au droit de tout travailleur de défendre ses intérêts par l’action
syndicale. Elle est protégée par toutes les conventions internationales qui traitent des droits
fondamentaux du travailleur. Cette liberté syndicale est consacrée par la Constitution française et est
protégée par le droit du travail. La Constitution de 1946 prévoit notamment que tout Homme peut
défendre ses intérêts et ses droits par l’action syndicale.
La liberté syndicale présente une face positive, c’est-à-dire qu’elle permet à chaque salarié d’agir
syndicalement. Toute entrave portée à la liberté syndicale est pénalement sanctionnée, notamment par
l’article L2146-1 du Code du travail, qui prévoit 1 an d’emprisonnement et 3 750 € d’amende. La
discrimination d’un salarié en fonction de ses activités syndicales est aussi civilement et pénalement
sanctionné, notamment par l’article L2146-2 du Code du travail.
La liberté syndicale est une liberté individuelle. Elle offre également un aspect plus collectif. Les
formalités sont assez légères et il n’y a pas de formalités de constitution, une simple déclaration en
mairie suffit (R2131-1). Les syndicats déterminent leurs règles de fonctionnement et les liens qu’ils
tissent entre eux. De même, les syndicats vont pouvoir choisir librement leurs représentants.
La liberté syndicale présente aussi un aspect négatif, qui se concrétise dans la liberté d’adhérer ou de
se retirer d’un syndicat. Cet aspect négatif a été mis en évidence par un arrêt de la CEDH du 11 janvier
2006. Cet arrêt précise qu’un salarié ne doit pas subir de pression syndicale qui interdirait la
constitution d’un syndicat. Sont aussi sanctionnées les clauses de closed shop et d’union shop. Dans la
première, l’employeur n’est pas obligé d’engager que des salariés syndiqués. L’autre oblige les salariés
à adhérer à un syndicat.
A) La réforme de la représentativité
La loi du 20 août 2008 a réformé l’ancien dispositif relatif à la représentativité. Elle a mis fin à la
présomption irréfragable de représentativité des organisations syndicales. Ainsi, toutes les
organisations syndicales doivent prouver leur représentativité, et la participation aux élections
11
professionnelles est devenue un baromètre de la représentativité. Cela va permettre aux syndicats de
peser dans la négociation. En effet, si une organisation syndicale a obtenu un bon score, elle pourra à
elle seule signer un accord.
A) La section syndicale
Le syndicat va être représenté par cette section syndicale. Il faut obligatoirement qu’il y ait une section
syndicale pour désigner un délégué syndical.
La section syndicale regroupe l’ensemble des salariés adhérant à un syndicat dans une entreprise. Elle
représente un groupe de syndiqués qui exercent certains droits et dont l’exercice est soumis à
l’existence d’une section. La section syndicale a pour rôle de représenter les intérêts matériels moraux
de ses membres. Elle ne représente que les salariés de la section. Son rôle est revendicatif. Au-delà de
ce rôle revendicatif, la section syndicale va apporter des éléments au délégué syndical lorsqu’il va
devoir négocier des accords.
12
Une organisation syndicale non-représentative créée depuis au moins deux ans et qui souhaite
être représentative.
13
De la même manière, un employeur ne peut expulser les syndicats du local. S’il le fait, cela constitue
un trouble manifestement illicite et le juge des référés va pouvoir intervenir pour ordonner la
réintégration dans le local.
L’employeur peut-il accorder plus de moyens à certains syndicats ? Les syndicats s’organisent
librement dans l’entreprise (L2141-4). Il existe le principe d’égalité de traitement entre les syndicats
présents dans l’entreprise. Ce principe est abordé lors de différents litiges :
- Dans le cadre de la désignation des délégués syndicaux. Bien souvent, l’employeur accorde
des droits supplémentaires à certains syndicats, tandis que pour d’autres l’employeur fait une
stricte appréciation de la loi. On retrouve ce comportement lorsque l’employeur refuse la
désignation d’un délégué syndical par un syndicat représentatif au motif que l’effectif de
l’entreprise est inférieur à 50 salariés, alors qu’il l’accepte pour un autre syndicat représentatif.
C’est la même chose lorsque l’employeur tolère pour un seul syndicat la présence d’un seul
représentant syndical aux réunions du CSE. Les dérogations mises en place doivent bénéficier
à l’ensemble des syndicats.
- Dans le cadre de la communication syndicale. L’employeur peut accorder des droits
supplémentaires aux syndicats représentatifs, alors que la loi ne fait pas de différence. Par
exemple, il a été jugé qu’un accord d’entreprise ne peut réserver l’accès à l’intranet
d’entreprise. La sanction n’est pas la nullité de l’accord ou de la clause prévoyant cet
avantage : on étend cet accord à l’ensemble des syndicats qui n’en bénéficiaient pas.
Toutefois, lorsque la loi confère des prérogatives différentes selon les syndicats, et notamment
selon qu’ils soient représentatifs ou non. On ne peut pas invoquer l’inégalité de traitement.
Cela sera le cas lorsqu’un syndicat non-représentatif veut désigner un deuxième représentant
de la section syndicale. Dans ce cas, il ne pourra pas invoquer le fait que les autres syndicats
ont eu la possibilité d’invoquer un délégué syndical.
Rappels : Elections (CSE) 3 représentants élus ayant une casquette syndicale. Celui ayant au moins
10% sera désigné délégué syndical par les syndicats.
Section syndicale : La section syndicale est ce qui permet d’avoir, dans l’entreprise, une activité
syndicale. Elle permet de désigner un délégué syndical.
B) Le délégué syndical
Le délégué syndical représente le syndicat dans son entreprise.
14
- La désignation doit être réalisée dans l’intérêt de la collectivité du travail. La désignation ne
doit pas protéger un salarié contre une mesure de licenciement, par exemple. La désignation
est frauduleuse si un syndicat souhaite protéger un salarié et doit par exemple intervenir avant
la notification du licenciement.
- La désignation du délégué est notifiée à l’employeur par lettre recommandée avec accusé de
réception (L2143-7 et D2143-4). Ce courrier doit mentionner les noms et prénoms du délégué
syndical. Le nom est affiché sur les panneaux réservés à la communication syndicale. La date
de réception marque le point de départ de la protection du salarié, le délégué syndical va faire
l’objet d’une protection accrue. Elle marque le point de départ du délai de contestation de cette
désignation. Aucune date butoir n’est exigée. L’employeur ne dispose que de 15 jours à
compter de la notification de la désignation du délai syndical pour contester. Ce délai vise à
assurer une mission représentative efficace. En effet, le salarié mandataire doit pouvoir être
assuré de la solidité de ses fonctions. Passé ce délai, la désignation est purgée de tout vice. Il
est fait exception à cette règle dans 3 cas :
1°) La survenance d’évènements postérieurs à la désignation tels que la disparition de la
section syndicale ou la réorganisation de l’entreprise.
2°) La fraude dans la désignation qui va permettre la contestation hors délai.
3°) La saisine, dans les 15 jours requis, du Tribunal judiciaire territorialement compétent. Ce
tribunal va statuer et premier et dernier ressort. La seule voie possible de recours est le
pourvoi en cassation.
Le mandat du délégué syndical se renouvelle tous les 4 ans.
15
par ce déplacement dans l’entreprise. S’agissant de ces délégués syndicaux, ils vont être destinataires
d’un certain nombre de documents et leur avis va être recueilli sur un certain nombre de points. En
réalité, ils vont être consultés sur un certain nombre de points : durée du travail, analyse des résultats
dans l’entreprise…
Si cette liberté est entravée, cela constitue un délit d’entrave par l’employeur.
d. Le cumul de mandat
Au sein du CSE, les élus titulaires représentent les salariés : ils parlent et ils rendent des avis à leur
nom. Peu importe la catégorie professionnelle, le poste occupé dans l’entreprise ou encore
l’appartenance à un syndicat, chaque élu va se prononcer au nom de l’ensemble des salariés et peut
traiter des sujets concernant n’importe quel salarié de l’entreprise. En raison de cette mission générale
des élus, cette interdiction de cumul de mandat est un principe de base du fonctionnement du CSE. Il
ne faut pas confondre les mandats de représentant syndical au CSE et de délégué syndical. Le délégué
syndical représente son syndicat auprès de l’employeur, en particulier notamment pour la négociation
des accords. Le représentant syndical au CSE prend la parole et fait des déclarations au nom de son
syndicat uniquement au cours des réunions du CSE. Un salarié, dans une entreprise, peut être
représentant syndical sans être délégué syndical, sauf dans les entreprises de moins de 300 salariés, où
seul le délégué syndical peut être désigné représentant syndical au CSE par son syndicat (article
L2143-22).
- Cette interdiction de cumul est-elle valable entre la casquette d’élu suppléant et la casquette de
représentant syndical au CSE ?
Pour les entreprises ayant mis en place le CSE, l’élu suppléant ne participe plus aux réunions
(ordonnances Macron). Faute de présence en réunion avec la casquette d’élu suppléant, le salarié
suppléant pourrait donc être présent au titre d’une casquette de représentant syndical sans qu’il puisse
y avoir de confusion. Dans une décision du 11 septembre 2019, la Cour de cassation a considéré qu’un
membre suppléant remplaçant un membre titulaire du CSE ne peut être représentant syndical au CSE.
16
- Dans les entreprises de moins de 50 salariés :
Les syndicats non-représentatifs peuvent désigner un membre de la délégation du personnel au CSE
comme représentant de la section syndicale. S’agissant de la protection, le représentant de la section
syndicale va bénéficier de 4 heures par mois et du statut de salarié protégé. De la même manière, en
cas de licenciement, il va bénéficier d’une indemnité de 30 mois de salaire minimum. En principe, le
mandat de représentant de la section syndicale prend automatiquement fin au jour des premières
élections professionnelles suivant la désignation du salarié en cause. Or, la durée légale des
représentants élus du personnel est de minimum 2 ans. A cette période, il convient d’ajouter les 6 mois
suivant l’expiration des mandats. Il convient de ne pas excéder 30 mois de salaire. Le montant de
l’indemnisation est aligné sur le montant de l’indemnisation des représentants du personnel au CSE.
17
Thème 3 : Les élections professionnelles
Les élections professionnelles permettent d’élire les représentants des salariés et de mesurer l’audience
électorale.
18
- 6 salariés titulaires d’un CDD pour surcroît d’activité à temps plein du 1 er février 2022 au 31
juillet 2022.
- 3 salariés titulaires d’un CDD pour surcroît d’activité de 20h du 1 er août 2022 au 30 septembre
2022.
Les élections ont lieu le 14 février 2023. La durée légale de travail est de 35h. Doit-on mettre en place
un CSE ?
Note : Ce tableau représente les 12 mois précédant l’élection.
CDD temps
CDI Temps plein Total
partiel
02-2022 8 6 * 1/12 = 0,5 8,5
03-2022 8 6 * 2/12 = 1 9
04-2022 8 6 * 3/12 = 1,5 9,5
05-2022 8 6 * 4/12 = 2 10
06-2022 8 6 * 5/12 = 2,5 10,5
07-2022 8 6 * 6/12 = 3 11
08-2022 8 3 * 1/12 = 0,25 *
8,14
20/35 = 0,14
09-2022 8 3 * 2/12 = 0,50 *
8,29
20/35 = 0,29
10-2022 8 8
11-2022 8 8
12-2022 8 8
01-2023 8 8
19
économique et sociale. Le juge vérifie, pour le statut social, s’il est possible d’appliquer une
même grille de salaire, un même accord d’intéressement, un même règlement intérieur, une
même convention collective.
Cour de cassation, chambre sociale, 18 juillet 2000, Société Roussillon agrégats.
L’unité économique et sociale n’a pas la personnalité morale. Le périmètre de l’unité économique et
sociale va être déterminé par accord collectif ou par décision de justice (TJ). Toute personne qui a
intérêt peut demander en justice la reconnaissance de l’unité économique et sociale (employeur, CSE,
salarié). Une fois que l’unité économique et sociale est reconnue, elle va être considérée comme une
entreprise unique pour la mise en place des élections des représentants du personnel. Sa
reconnaissance emporte organisation d’élections professionnelles. Donc, on va mettre en place, dans le
cadre de l’unité économique et sociale, un CSE. La désignation de représentants syndicaux dans le
périmètre de l’unité économique et sociale sont permis.
2. Etablissement distincts
Les élections peuvent être organisées dans ces établissements. La reconnaissance d’un établissement
s’établit par un accord entre l’employeur et les représentants de la section syndicale. Dans un
établissement, il va y avoir une communauté de travail susceptible de générer des réclamations
communes et spécifiques à l’établissement. Egalement, il doit y avoir la présence dans l’établissement
d’un représentant de l’employeur, même si cette présence n’est pas permanente.
3. Site
On peut mettre en place un CSE interentreprise. On reconnaît le site pour mettre en place des élections
dans les entreprises comptant moins de 11 salariés. L’idée est de regrouper ces entreprises pour que le
seuil de 11 salariés soient atteint et que les salariés puissent disposer d’une représentation, parce qu’un
besoin d’expression collective se fait sentir. Le site peut être une galerie marchande, par exemple. Le
site peut être reconnu par les interlocuteurs sociaux. On parle d’une reconnaissance, et même d’une
désignation, puisque les membres du CSE interentreprise ne sont pas nécessairement élus, mais
peuvent être désignés dans le cadre d’un accord. 3 conditions doivent être réunies pour créer une
représentation des salariés sur un site :
- Plus de 50 salariés appartenant à une pluralité d’entreprises de moins de 11 salariés doivent
être concernés.
- Les salariés doivent être localisés dans un même lieu.
- La nature et l’importance des problèmes communs aux entreprises du site justifient cette
désignation (article L2313-9).
4. Groupe
La reconnaissance de l’unité économique et sociale n’est pas possible parfois car les liens entre les
personnes morales ne sont pas assez serrés pour le permettre. Il se peut cependant qu’il y ait des liens
forts ou que les décisions importantes soient prises au sein d’une autre société. Ainsi, on peut mettre
en place une structure représentative du personnel. Les notions d’unité économique et sociale et de
communauté de groupe sont incompatibles (incompatibilité institutionnelle). S’il y a déjà un CSE dans
un groupe, il n’est pas possible de mettre en place une unité économique et sociale. On peut
reconnaître un groupe s’il y a une société mère et des filiales, qu’elle contrôle. Le contrôle se
caractérise par la possibilité, pour la société mère, d’imposer ses choix parce qu’elle est majoritaire.
Ensuite, on peut parler de groupe lorsqu’une société dominante est capable d’exercer une influence
notable sur les autres sociétés, c’est-à-dire quand la permanence et l’importance des relations de ces
entreprises établit l’appartenance de l’une et de l’autre à un même ensemble économique, sous réserve
que la société dominante détienne au moins 10% de la société dominée (L2331-1).
Il existe aussi des comités de groupe européens (Peugeot, AXA…). Cela veut dire qu’il va y avoir une
représentation des salariés au niveau du groupe et que les représentants vont se battre pour l’ensemble
des salariés.
20
II- L’organisation des élections professionnelles
21
participé à sa négociation. Ces syndicats, s’ils se sont présentés, mais s’ils ont ensuite décidé de se
retirer, sont malgré tout comptabilisés dans le calcul. En second lieu, parmi les signataires, il doit y
avoir les syndicats représentatifs ayant recueilli la majorité des suffrages exprimés lors des dernières
élections professionnelles. S’il n’y a pas de syndicat représentatif, seule la première condition tenant à
la majorité suffit. La majorité implique 50 + 1% des voix. C’est le principe de la double majorité qui
s’applique, mais il n’a pas été étendu à l’ensemble des éléments pouvant être négociés. La double
majorité s’applique généralement aux modalités matérielles d’organisation du scrutin :
- La répartition du personnel entre les collèges.
- La répartition des sièges entre les collèges.
- Les modalités d’organisation et de déroulement des opérations électorales.
- La modification du nombre de membres composant la délégation du personnel du CSE, ainsi que
leurs heures de délégation.
Certains sujets devront être négociés à l’unanimité des organisations :
- Le nombre et la composition des collèges électoraux, s’ils sont dérogatoires aux collèges
légaux, doivent être signés à l’unanimité.
- L’organisation du scrutin hors du temps de travail doit être aussi signée à l’unanimité.
Dans une décision du 6 octobre 2011, la Cour de cassation distingue 2 hypothèses, confirmée par un
arrêt du 24 novembre 2021 :
- Si le protocole d’accord préélectoral répond aux doubles conditions de la majorité, il ne peut
pas être contesté par le juge, sauf s’il contient des dispositions contraires à l’ordre public.
- Si les conditions de double majorité ne sont pas respectées, c’est-à-dire si l’accord est
minoritaire. L’accord n’est pas irrégulier, il peut servir de base à l’organisation des élections.
En revanche, toute personne qui a un intérêt peut saisir le TJ d’une demande de fixation des
modalités d’organisation et de déroulement du scrutin. Le protocole est applicable tant qu’il
n’est pas contesté judiciairement.
Comment l’employeur peut-il modifier un élément du protocole préélectoral (date des élections) ? La
Cour de cassation s’est prononcée dans un arrêt du 26 octobre 2011 et a indiqué que les modifications
peuvent intervenir par avenant soumis aux mêmes conditions de validité que le protocole.
3. Les collèges
Les électeurs sont répartis en 2 collèges. Le premier collège comprend les ouvriers, les employés. Le
second collège comprend les ingénieurs, les agents de maitrise, les chefs de service qui peuvent avoir
également le statut de cadre. Un protocole d’accord préélectoral, même conclu à la double majorité, ne
peut créer 2 collèges et ne pas donner de siège à l’un des collèges. On va diviser l’entreprise en 2
collèges.
Exceptions : Dans les établissements ne dépassant pas 25 salariés, et donc qui n’élisent qu’un seul
membre, le représentant du personnel sera élu dans un collège unique qui regroupe l’ensemble des
catégories socioprofessionnelles (R2314-1). Dans les entreprises dont le nombre d’ingénieurs, chefs de
service et cadres est au moins égal à 25 au moment de la constitution ou du renouvellement du CSE,
ils vont constituer un 3ème collège :
- 1. Ouvriers, employés.
- 2. Ingénieurs, agents de maitrise.
- 3. Ingénieurs, chefs de services, personnes assimilées comme telles.
L’accord suppose le consentement de tous les syndicats représentatifs dans l’entreprise. S’il n’y a pas
d’accord unanime, les règles légales s’appliquent.
Il faut ensuite répartir les salariés dans les collèges électoraux en tenant compte des fonctions
réellement exercées. Ce sont elles qui déterminent l’appartenance au collège électoral.
On prend en compte le niveau d’études, les fonctions exercées, le titre donné par l’employeur… On
regarde la convention collective et on se fie aux fonctions prévues par la convention collective. Ce
n’est que si le salarié vient contester qu’on pourra le modifier et le changer de collège. Cette
répartition fait l’objet d’un accord entre l’employeur et les organisations syndicales selon le principe
22
de la double majorité. S’il ne peut pas y avoir d’accord, c’est la double répartition du travail qui
procède à cette répartition. Si le protocole d’accord ne prévoit pas cette répartition, c’est la direction
du travail qui procède à cette répartition. Le recours contre la direction du travail peut se faire devant
le juge judiciaire.
S’agissant de la répartition des sièges, le nombre de sièges à répartir est fixé par la loi (R2314-1).
B) Electorat et éligibilité
1. Les électeurs
La liste des électeurs est établie par l’employeur. Les conditions d’électorat sont identiques quelles que
soient les élections. Elles sont précisées à l’article L2314-18 :
- Etre salarié de l’entreprise (3 mois d’ancienneté à la date du scrutin).
En revanche, si un salarié de l’entreprise n’a que 2 mois d’ancienneté et est en CDI,
l’inspecteur du travail peut poser des dérogations.
L’article L2314-25 précise que l’inspecteur du travail peut autoriser des dérogations lorsque
l’application de cette condition a pour effet de réduire à moins des 2/3 de l’effectif des salariés
remplissant ces conditions. L’objectif est de faire en sorte que l’inspecteur du travail puisse
mettre en place des dérogations pour que l’effectif de l’entreprise ne se réduise pas de telle
manière que les salariés seraient discriminés par l’absence d’institutions représentatives du
personnelles. Pour les salariés mis à disposition dans l’entreprise, la condition de présence
dans l’entreprise est de 12 mois. Ils vont choisir s’ils exercent leur droit de vote dans
l’entreprise qui les emploie ou dans l’entreprise utilisatrice.
- Avoir 16 ans révolus le jour du scrutin.
- Jouir de ses droits civiques. Autrement dit, il faut que le salarié n’ait fait l’objet d’aucune
interdiction d’échéance ou d’incapacité vis-à-vis de ses droits civiques. Si l’employeur estime
qu’il ne jouit pas de ses droits civiques, il va s’adresser au TJ, qui vérifiera le bien fondé.
Pour être électeur, il faut être lié à l’employeur par un contrat de travail, peu importe qu’il s’agisse
d’un CDI, d’un CDD ou d’un contrat de travail à temps partiel. Le salarié dont le contrat de travail est
suspendu demeure électeur. Ainsi, on ne comptabilise pas un salarié qui remplace un autre salarié de
l’entreprise. En revanche, le chef de l’entreprise ne peut pas être électeur. De même, les salariés qui
représentent le chef d’entreprise, et notamment dans les institutions représentatives du personnel, ne
peuvent pas être électeurs. En réalité, ce sont les cadres qui détiennent une délégation particulière
d’autorité qui va pouvoir être assimilée au chef d’entreprise.
2. Les candidats
La liste des candidats au premier tour est établie par les syndicats (L2314-19, modifié par la loi du 21
décembre 2022) :
- Etre âgé de 18 ans au moins.
- Les futurs candidats doivent avoir travaillé dans l’entreprise depuis 1 an au moins. Encore une
fois, l’inspecteur du travail peut accorder des dérogations.
- Ne pas être conjoint, concubin, partenaire de pacs… Cette liste est limitative. La nièce ou le
neveu peut candidater.
Cet article précise que les salariés travaillant à temps partiel ne sont éligibles que dans une de ces
entreprises. S’agissant des salariés mis à disposition, ils ne sont pas éligibles dans l’entreprise
utilisatrice. Un cadre dirigeant ne va pas pouvoir se présenter sur les listes électorales s’il est titulaire
d’une délégation de pouvoir. Les cadres sont assimilés au chef d’entreprise et sont exclus de l’électorat
et de l’éligibilité pendant la durée d’exercice de cette délégation. En revanche, ils sont comptabilisés
dans les effectifs de l’entreprise. S’il y a une délégation de pouvoir, le délégataire peut représenter la
société mais pas les salariés.
C) Les candidatures
23
Avant une loi de 2008, l’accès au premier tour des élections était réservé aux syndicats représentatifs.
Avec la loi du 20 août 2008, le premier tour des élections est ouvert à tous les syndicats qui ont
participé à la négociation du protocole préélectoral. Des syndicats qui ne sont pas représentatifs vont
pouvoir présenter des candidats. Le premier tour des élections est donc ouvert à toutes les
organisations syndicales invitées à négocier le protocole d’accord préélectoral. Ceci est prévu par
l’article L2314-29 du Code du travail. L’adhésion au syndicat n’est pas une condition pour présenter le
candidat. Les syndicats peuvent présenter leurs adhérents, des salariés qui ne sont pas syndiqués ou
qui adhèrent à une autre organisation syndicale représentative. Au deuxième tour, les candidatures sont
libres. Rien n’interdit à plusieurs organisations syndicales de présenter une liste commune. Les salariés
doivent savoir, au moment du vote/des listes, quelle est la répartition des candidats. Si aucune
information n’est donnée, la répartition se fait à parts égales entre les organisations concernées
(L2122-3). L’article 2122-3-1 précise que, lors du dépôt de la liste, le syndicat doit indiquer son
affiliation à une organisation syndicale. Les listes sont établies distinctement pour chaque collège et
séparément pour les titulaires et les suppléants (R2314-1). Aucun texte n’interdit de présenter une liste
incomplète. En revanche, il n’est autorisé de présenter un nombre de candidats supérieur aux nombres
de sièges à pourvoir.
La représentation entre les hommes et les femmes doit être équilibrée. Les listes de candidats doivent
être composées d’un nombre de femmes et d’hommes correspondant à la part de femmes et d’hommes
inscrits sur la liste électorale ou dans le collège en question. Cette obligation de représentation
équilibrée a été créée par une loi du 17 août 2015. Le non-respect de cette obligation pourrait faire
l’objet d’un recours devant le JJ. Dès l’établissement de la liste électorale de chaque collège,
l’employeur va indiquer le nombre d’hommes et de femmes composant le collège. Avant l’élection, le
juge peut déclarer irrecevable la liste irrégulièrement composée, ce qui va permettre à l’organisation
syndicale concernée de rectifier la liste. Après l’élection, la loi prévoit que le JJ prononce l’annulation
de l’élection d’autant de candidats que la liste comportait de candidats en surnombre du sexe
surreprésenté.
Exemple : Une entreprise compte 230 salariés avec 1 collège comportant 10 sièges. Le corps électoral
doit comporter 63% d’hommes et 35% de femmes, soit 6 hommes et 4 femmes. Dans le cas où la liste
compose 7 hommes et 3 femmes, elle s’exposerait à l’annulation car elle comporterait un homme en
surnombre.
On va envoyer les listes de candidats à l’employeur par lettre recommandée. Un salarié peut remettre
la liste à l’employeur. Les candidatures peuvent être présentées oralement. Ces listes vont faire l’objet
d’un affichage sur les panneaux réservés. La liste est aussi envoyée à l’inspecteur du travail. Il se peut
que l’inspecteur du travail
Le protocole d’accord préélectoral fixe le délai de dépôt des candidatures. Si cela n’est pas prévu, les
candidatures peuvent être reçues jusqu’au jour des élections. Pour des raisons d’organisation,
l’employeur va fixer un délai entre le dépôt des listes et le jour du scrutin. Si quelqu’un souhaite
contester la validité des candidatures, il va le faire devant le TJ dans les 15 jours suivant les élections.
L’employeur procède à l’établissement des listes, sur lesquelles on peut écrire un nombre d’éléments
importants comme les noms, les dates d’entrée dans l’entreprise du salarié, les affiliations à une
organisation syndicale, etc. Parfois, on écrit sur les listes l’emploi du salarié dans l’entreprise pour
savoir s’il fait partie de la liste des ouvriers ou des cadres ou pour savoir dans quel collège il va voter.
Normalement, les listes sont affichées 4 jours avant le scrutin, mais aucune publicité particulière n’est
exigée par la loi. La régularité de la liste électorale peut être contestée par tout électeur, candidat,
syndicat ou employeur. Cette contestation se fait devant le TJ dans les 3 jours suivant la publication de
la liste.
Une campagne électorale va précéder les élections professionnelles, régie par plusieurs principes
électoraux. Le juge, lorsqu’il n’y a pas d’accord préélectoral, serait faire au droit commun électoral.
Les syndicats vont faire campagne par voie d’affichage, par des distributions de tracts, par des
réunions. Un principe de neutralité s’impose à l’employeur. Il ne peut pas initier une campagne
électorale en faveur ou en défaveur d’une liste ou d’un syndicat. Il va veiller à ce que les tracts émis ne
24
portent pas atteinte à la libre détermination des électeurs. L’employeur appelle à voter au profit des
candidats au second tour. En effet, au premier tour ce sont les syndicats qui présentent leurs candidats.
Exemple : L’employeur respecte son obligation ne s’opposant pas à la diffusion d’un tract émis par
une organisation syndicale habilitée à présenter des candidats au premier tour des élections et dont il
n’est pas soutenu que le contenu excédait les limites normales de la propagande électorale (Cour de
cassation, chambre sociale, 9 juillet 2014).
L’employeur ne doit pas entraver la propagande électorale. Dans une décision du 4 juillet 2012, la
Cour de cassation dit que le juge doit rechercher si la mise à pied conservatoire de 2 des 3 candidats du
syndicat 3 semaines avant le premier tour des élections et la convocation de ceux-ci devant le comité
d’entreprise à la suite de la mise à pied conservatoire le jour même du scrutin n’était pas lié à une
volonté de l’employeur d’empêcher les salariés de préparer et de diffuser leur propagande électorale
pour le premier jour du scrutin auquel ils étaient candidats et n’étaient pas de nature à fausser la
sincérité du scrutin. Le juge doit rechercher si les agissements de l’employeur vis-à-vis des salariés
n’ont pas pour seul objectif d’empêcher les salariés de préparer et de diffuser une propagande
électorale, et si les agissements de l’employeur ne sont pas de nature à fausser le scrutin. Ce respect de
la propagande électorale doit se faire dans le respect d’une égalité de traitement. L’employeur doit
veiller à assurer une stricte égalité de traitement dans l’octroi des moyens de communication entre les
syndicats habilités à présenter des syndicats.
Une fois que les résultats ont lieu, ils sont retranscrits sur un PV, adressé à l’inspecteur du un
exemplaire. Un exemplaire sera adressé au centre de traitement des résultats des élections
professionnelles. Une fois que les élections ont eu lieu, il peut y avoir des litiges. Le juge compétent
est le TJ. La personne qui conteste doit faire une déclaration au greffe dans un délai qui est court (- de
10 jours dans tous les cas). Le juge va rendre son jugement dans les 10 jours.
Lorsque le salarié vote pour le CSE, il vote pour une personne, mais détermine également quelles sont
les organisations représentatives dans l’entreprise. Il va donc donner du poids à ces organisations
syndicales dans l’entreprise, mais aussi au niveau syndical.
25
Thème 4 : Le CSE
Le CSE est mis en place dans toutes les entreprises au-delà de 11 salariés.
Dans les entreprises de plus de 11 salariés, mais de moins de 50 salariés, on va élire un CSE aux
prérogatives réduites. Dans les entreprises de plus de 50 salariés, on va élire un CSE à compétence
élargie ou de plein exercice. Le CSE de plein exercice dispose, comme les entreprises, de la
personnalité morale.
A) L’intercession
Le CSE va être un vecteur permettant aux salariés d’entretenir des liens avec l’employeur (parce que
lorsque le salarié veut se plaindre il va le faire par l’intermédiaire du CSE et entretien donc un lien
avec l’employeur), et aussi d’entretenir des liens avec l’inspecteur du travail.
a. Les réclamations
La délégation du personnel présente à l’employeur les réclamations individuelles ou collectives des
salariés (L2312-5). Cette délégation du personnel ne se substitue pas aux délégués syndicaux puisque
l’activité syndicale ne relève pas de sa mission. Cela signifie que la délégation du personnel n’est pas
autorisée à présenter des revendications qui relèvent de l’office des délégués syndicaux. La délégation
du personnel réclame uniquement l’application du droit positif. Le droit peut résulter de divers textes.
Si un représentant du personnel est porteur d’une revendication au CSE, l’employeur peut refuser d’y
répondre sans encourir de condamnation pour délit d’entrave.
L’objet des réclamations est très étendu. La première réclamation faite concerne les salaires et les
heures supplémentaires. Attention, toutefois, un représentant du CSE n’est pas autorisé à dénoncer un
accord collectif, sauf lorsque l’accord collectif est illicite. Si l’accord prévoit un droit d’ouverture des
casiers en dehors de la présence des salariés, cet accord est considéré comme illicite et un membre de
26
la délégation du personnel peut le contester. L’employeur ne peut procéder à l’ouverture de l’armoire
individuelle d’un salarié que dans le cas et aux conditions prévues par le règlement intérieur et en
présence de l’intéressé ou lorsqu’il est prévenu.
La délégation du personnel au CSE représente l’ensemble des travailleurs présents dans l’entreprise et
non uniquement ceux liés à l’entreprise par un contrat de travailleurs (travailleurs travaillant dans
l’entreprise utilisatrice). Cela signifie que les représentants du personnel peuvent présenter des
réclamations portées par des salariés d’entreprises extérieures, mais qui sont mis à disposition de
l’entreprise utilisatrice. Cela signifie qu’ils peuvent présenter des réclamations des travailleurs
temporaires parce qu’ils partagent les mêmes conditions que les autres. Le fait qu’il y ait des salariés
élus dans l’entreprise n’impose pas aux salariés de faire transiter les doléances individuelles par les
élus. Ils peuvent présenter eux-mêmes leurs observations à l’employeur (L2312-7). En revanche,
l’employeur ne peut pas inciter les salariés à contourner la compétence des représentants du personnel.
S’il le faisait, il commettrait un délit d’entrave aux fonctions des représentants du personnel.
L’employeur peut organiser une réunion des salariés pour leur permettre de s’exprimer.
b. L’alerte
L’alerte est la possibilité pour les représentants du personnel de tirer la sonnette l’alarme. Ils peuvent
exercer l’alerte pour toute atteinte apportée aux droits des personnes, à la santé des salariés physique et
mentale et aux libertés individuelles lorsque cette atteinte n’est pas justifiée par la nature de la tâche à
accomplir, ni proportionnée au but recherché. En réalité, ceci s’explique parce que le CSE a une
fonction générale de l’application des lois. Cette mission d’alerte est précisée à l’article L2312-5
alinéa 3 (+ L2312-59 et L2312-60). L’allégation du CSE à s’acquérir du traitement rentre dans le droit
d’alerte. L’alerte des représentants du personnel porte également sur le droit à l’absence de
discrimination sur le droit à la vie privée, sur le choix du domicile (le salarié doit avoir le choix de son
domicile), sur la liberté syndicale. Le délégué peut aller voir l’employeur pour lui faire part de ce qu’il
subit personnellement. Dès lors que le CSE constate une atteinte aux droits des personnes, à la santé
des salariés et aux libertés individuelles, il saisit immédiatement l’employeur sans attendre la réunion
mensuelle. Une fois que l’employeur est informé, l’employeur ou son représentant va procéder, sans
délai, à une enquête. A l’issue de cette enquête, l’employeur va rédiger un rapport d’enquête qui va
faire l’objet de discussions lors de la réunion suivante du CSE. L’employeur est tenu de prendre les
dispositions nécessaires pour remédier à cette situation. Si l’employeur ne remédie pas à cette
situation, le membre du CSE peut exercer le droit d’alerte auprès du juge.
Trois situations caractéristiques de la carence de l’employeur justifient la saisine du juge :
- L’absence de solution trouvée avec l’employeur.
- L’existence de divergences sur la qualité de l’atteinte aux droits des personnes dénoncée par le
représentant.
- Le fait que l’employeur ne diligente pas d’enquête.
Une fois saisi, le juge va pouvoir ordonner des mesures pour faire cesser l’atteinte aux droits des
personnes, aux libertés individuelles et à la santé des salariés. Le juge va pouvoir ordonner à
l’employeur d’organiser une enquête avec les représentants du personnel. C’est une enquête sur les
conditions dans lesquelles l’atteinte aux droits des personnes et aux libertés individuelles a été
exercée. Cela signifie que les preuves vont émaner de cette enquête. Le juge va pouvoir assortir sa
décision d’une astreinte, c’est-à-dire que si l’employeur ne s’exécute pas il va devoir payer tant par
jour de retard. Le droit d’alerte va permettre aux représentants du personnel d’obtenir le retrait
d’éléments de preuve obtenus par l’employeur en violation du droit des personnes et des libertés
individuelles. Autrement dit, si l’employeur fouille le casier d’un salarié, le CSE va pouvoir obtenir le
retrait des éléments de preuve qui ont été tenus en violation des libertés individuelles et du droit à la
vie privée. Le droit d’alerte ne permet pas aux représentants d’obtenir l’annulation des mesures prises
grâce aux procédés contestés.
27
La délégation du personnel détient le pouvoir de saisir l’inspection du travail de toutes les plaintes et
observations relatives à l’application des dispositions légales dont elle est chargée d’assurer le contrôle
(L2312-5 dernier alinéa). Cela signifie que le représentant du personnel va saisir l’inspecteur du travail
parce qu’il a eu connaissance d’une non-application de la loi. En effet, le CSE va informer l’inspecteur
du travail des diverses plaintes relatives à l’application du droit du travail. L’inspecteur va mener une
enquête dans l’entreprise comme il l’entend. Le Code du travail ne dit pas si le représentant du
personnel doit accompagner l’inspecteur du travail pendant cette visite.
B) Le contrôle
1. L’information du CSE
A partir du moment où les membres du CSE sont élus, l’employeur doit leur remettre les conventions
et accords collectifs applicables dans l’entreprise. On va donner aux membres du CSE les attestations,
les consignes, les résultats et les rapports relatifs aux vérifications et contrôles mis à la charge de
l’employeur au titre de la santé et de la sécurité au travail. Ces mises en demeure doivent être
transmises aux membres du CSE. L’employeur qui refuse de transmettre ces documents s’expose à des
poursuites pour délit d’entrave à l’exercice des fonctions des représentants du personnel.
2. La consultation de l’instance
L’employeur doit consulter les représentants du personnel avant de prendre certaines décisions
(licenciement économique, modification du règlement intérieur…).
A) Le local
L’article L2315-20 dit que le chef d’établissement est tenu de mettre à la disposition de la délégation
du personnel le local nécessaire pour leur permettre d’accomplir leurs missions, et notamment de se
réunir. Il est distinct et a pour objectif de se réunir.
C) Les réunions
1. La réunion mensuelle
L’employeur va réunir collectivement les membres du CSE une fois par mois (L2315-21). Cette
fréquence mensuelle est impérative. 2 exceptions à cette obligation : la force majeure et le refus des
représentants du personnel de se rendre à la réunion ou leurs défections le jour de la réunion. En
dehors de ces deux cas, l’employeur qui ne réunit pas le CSE commet un délit d’entrave.
28
L’employeur ou son représentant fixe la date de la réunion et convoque le CSE. L’employeur va
convoquer tous les représentants, y compris celui dont le contrat est suspendu. La convocation est
obligatoire, même si des réunions informelles ont eu lieu. La réunion mensuelle est légale. Des
réunions informelles ne peuvent pas se substituer à la réunion mensuelle légale. La convocation doit
être rédigée par écrit. Le courrier de convocation comporte l’ordre du jour, l’heure et le lieu de la
réunion. Les réunions se déroulent pendant les heures de travail. Si l’employeur convoque les
représentants du personnel en dehors des heures de travail, elles doivent être rémunérées. S’agissant
du lieu, la réunion doit se tenir dans un local mis à disposition par l’employeur. S’agissant du moment
de la convocation, la loi précise que sauf circonstances exceptionnelles les membres de la délégation
du personnel remettent à l’employeur une note écrite exposant l’objet des demandes présentées 2 jours
ouvrables avant la date à laquelle il doivent être reçus. Elle doit être envoyée suffisamment en avance
pour que le temps soit suffisant à la rédaction de cette note. Le chef d’entreprise ne peut imposer de
manière unilatérale un délai plus long. En revanche, rien ne s’oppose à ce que l’employeur reçoive les
membres du CSE le jour de la remise de la note, sous réserve de leur accord. L’article L2315-22
prévoit également que des circonstances exceptionnelles peut prévoir un retard. La réunion mensuelle
a pour objet de discuter les points évoqués dans la note rédigée par les représentants du personnel.
L’employeur doit traiter toutes ces questions et prendre le temps nécessaire pour épuiser l’ordre du
jour. L’employeur n’est pas tenu de répondre aux questions qui n’ont pas été posées dans la note écrite.
Les représentants du personnel peuvent s’associer un représentant syndical. L’employeur peut désigner
un représentant pour conduire la réunion. L’employeur peut se faire représenter ou se faire assister par
un collaborateur (L2315-21). Il ne peut pas se faire assister par des tiers, notamment par des avocats
extérieurs. L’employeur peut répondre oralement aux questions, mais au plus tard dans les 6 jours
suivant la réunion par écrit. De la même manière, s’il ne satisfait pas à cette obligation, cela peut
caractériser le délit d’entrave. Les questions et les réponses vont être tenues à la disposition du
personnel 1 jour ouvrable par quinzaine. Il est tenu à disposition de l’inspecteur du travail et des
membres représentants du CSE (L2315-22). Le temps passé à ces réunions n’est pas déduit des heures
de délégation (L2315-11). En revanche, le temps de déplacement nécessaire pour se rendre à ces
réunions rentre dans les heures de délégation.
D) La communication
Les représentants n’ont pas la possibilité d’organiser sans autorisation des réunions d’information à
destination des salariés. S’ils organisaient une réunion, ils commettraient une faute disciplinaire
susceptible d’être sanctionnée. Ils vont communiquer à travers le local.
Ils vont également communiquer au travers de panneaux d’affichage et de tracts indirectement, et
directement grâce à la liberté de déplacement qui leur est accordée dans l’entreprise, mais également
en dehors de l’entreprise.
1. Le déplacement
Le déplacement dans l’entreprise : Les représentants du personnel vont circuler librement dans
l’entreprise pour prendre tous les contacts nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. Ils vont
informer les salariés des résultats des réunions et il vont réunir de nouvelles réclamations (L2315-14).
29
Ce déplacement n’est octroyé qu’aux représentants titulaires. Cette liberté de déplacement est exclue
de tout contrôle par l’employeur.
Le déplacement en dehors de l’entreprise : Le déplacement va s’inscrire dans le cadre de leur mandat.
La prise de contact avec l’inspecteur du travail fait partie de leur mandat. Le temps passé en dehors de
l’entreprise va s’imputer de crédit d’heures. L’employeur, s’il conteste le bien fondé, peut demander le
remboursement.
3. Les tracts
Arrêt 31 mars 1998 : Sont des tracts tous documents concernant les conditions de travail, peu
important qu’ils aient été remis sous enveloppe. Normalement, ce sont seulement les délégués
syndicaux qui doivent distribuer les tracts. La Cour de cassation a parfois décidé que les représentants
du personnel ne pouvaient pas distribuer des tracts. Si les représentants du personnel distribuent des
tracts en dehors de leurs heures de délégation, cela ne pose pas de souci.
§3. Le mandat
L2314-33 : Les membres de la délégation du personnel sont élus pour 4 ans. Le nombre de mandats
successifs est limité à 3, sauf disposition contraire dans l’accord préélectoral. Cette limitation concerne
les entreprises entre 50 et 300 salariés. Cette limitation n’est pas applicable aux entreprises de moins
de 50 salariés parce que dans ces entreprises on a des difficultés à trouver des représentants du
personnel. Dans les entreprises de moins de 50 salariés, il y a une relation particulière avec
l’employeur, qui essaie de ne pas organiser les élections.
A) La composition
Le CSE est composé du chef d’entreprise, éventuellement assisté de 3 collaborateurs. Les
collaborateurs du chef d’entreprise ne votent pas, même lorsqu’ils sont salariés, lorsque le CSE est
consulté (L2314-1). Le chef d’entreprise peut parfois voter. Tout dépend du type de décision qu’il
s’agit de prendre. En réalité, le chef d’entreprise ne participe pas au vote lorsqu’il consulte les
membres élus du comité en tant que délégation du personnel, c’est-à-dire que le CSE va se prononcer
30
au nom du personnel. Par exemple, lorsqu’il consulte le CSE dans le cadre de ses attributions
économiques, il ne peut pas être jugé partie et ne peut pas voter. Lorsqu’il consulte le CSE dans le
cadre œuvres culturelles, il ne peut pas se prononcer. La jurisprudence lui accorde le droit de voter sur
les questions relatives à l’organisation du comité. Dans la mesure où il travaille avec le secrétaire, il va
pouvoir voter dans le cadre de l’élection du secrétaire. Le chef d’entreprise va aussi participer au voter
qui permet de désigner le trésorier du CSE.
Le CSE est composé d’une délégation élue par le personnel, qui comprend les membres titulaires et les
membres suppléants. Ces membres votent quel que soit le sujet. En revanche, les suppléants
n’assistent pas aux séances, ils ne viennent qu’en l’absence de titulaires.
Le CSE est composé des représentants des syndicats représentatifs. Le représentant du syndicat
représentatif peut assister (L2314-2). Il assiste mais a une voix consultative, c’est-à-dire qu’il ne vote
pas.
Assistent également aux réunions concernant la santé, la sécurité et les conditions de travail le
médecin du travail, le responsable interne du service de sécurité, un agent de l’inspection du travail et
les services de prévention des organismes de Sécurité Sociale (L2314-3).
B) Le fonctionnement
Une fois que les élections ont eu lieu, il va y avoir une réunion. Cette première réunion est consacrée à
la désignation du bureau, qui est composé du président (chef d’entreprise), du secrétaire et du trésorier.
Le secrétaire est un membre élu du comité. Il est généralement tête de liste, c’est-à-dire qui a obtenu
les meilleurs résultats aux élections. Le secrétaire joue un rôle central et il est chargé de la rédaction
des PV du comité, de fixer l’ordre du jour en accord avec l’employeur (thème sur lequel va porter la
réunion). Le comité va adopter un règlement intérieur (L2315-24) pour fixer précisément les modalités
de fonctionnement. Le comité est une véritable petite entreprise dans l’entreprise. Le fonctionnement
du CSE peut faire l’objet d’une négociation avec les syndicats.
2. Les commissions
Le CSE va pouvoir mettre en place des commissions dont le but va être de rationnaliser et de préparer
le travail du CSE. C’est la raison pour laquelle certains membres vont se spécialiser. La commission la
plus importante est la CSSCT. Elle remplace en quelques sortes le CHSCT. C’est la raison pour
laquelle 4 des réunions sont dédiées à la santé, à la sécurité et aux conditions de travail. Exceptions :
Industries classées dangereuse, nucléaire (de moins de 300 salariés). Le périmètre et le nombre de
CSSCT dans l’entreprise sont fixés par accord collectif ou par un accord conclu entre l’employeur et la
majorité des membres du CSE. La CSSCT est composée d’au moins 3 membres issus du CSE et de
l’employeur, qui peut éventuellement être assisté de collaborateurs. Il va y avoir un vote interne au
CSE. L’employeur sera le président de la commission CSSCT. L’objectif est qu’il prenne conscience
des thèmes relatifs à la santé, à la sécurité et aux conditions de travail. Les réunions sont ouvertes à
d’autres personnes qu’aux seuls représentants du personnel (L2315-39). Toutes les prérogatives en
matière de santé, sécurité et conditions de travail vont être transmises à la CSSCT. Le CSE ne traitera
31
plus ces questions. Toutefois, la possibilité de rendre un avis ou la possibilité par exemple de se faire
assister par un expert ne peut pas être délégué à la commission. On donne certains pouvoirs à la
CSSCT par accords. A défaut d’accords, c’est le règlement du CSE qui détermine l’ampleur de la
mission de la CSSCT.
D’autres commissions peuvent être mises en place dans le cadre du CSE (L2315-45). Par exemple, il y
a la commission formation dans les entreprises de plus de 300 salariés. Elle sert à former les salariés.
Des membres du CSE vont se retrouver et vont réfléchir à un plan de formation qui va être proposé au
salarié. On peut aussi mettre en place une commission d’information et d’aide au logement dans les
entreprises de plus de 300 salariés. On peut également mettre en place une commission égalité
professionnelle, qui est en charge de vérifier qu’à poste similaire les hommes et les gemmes seront
payées le même montant.
Dans les entreprises d’au moins 1 000 salariés il va y avoir une commission économique.
1. Le droit d’alerte
Dans le cadre des attributions économiques, le CSE va avoir la possibilité d’interroger l’employeur
lorsqu’il estime que la situation de l’entreprise est préoccupante. Le CSE a aussi le pouvoir de saisir le
CAC de l’entreprise et les organes de la société (CA, par exemple). L’alerte économique est prévue par
l’article L2312-63. Il existe aussi un droit d’alerte dit social qui permet de saisir l’employeur, mais
aussi l’inspecteur du travail, notamment lorsque l’employeur a recours à un nombre trop important de
salariés en CDD ou de travailleurs temporaires (L2312-70).
2. L’information du CSE
Le CSE doit recevoir une information suffisante pour pouvoir diffuser des avis qu’il doit rendre dans
le cadre de sa mission. Dans les entreprises de plus de 300 salariés, un rapport trimestriel sur
l’évolution de l’activité lui est communiqué (L2312-69). Ce rapport va permettre au comité de pouvoir
détecter les difficultés économiques et éventuellement déclencher le droit d’alerte économique. On va
permettre au CSE d’accéder à la BDES. Elle va permettre d’accéder à un certain nombre
d’informations, qui doivent régulièrement être mises à jour par l’employeur (L2312-18 / R2312-8).
Cette BDES permet au CSE d’émettre des avis dans des consultations récurrentes portant sur la
politique de l’entreprise. Dans le cadre de ces consultations récurrentes, on estime que les
renseignements dans la BDES suffisent à satisfaire l’obligation d’information de l’employeur.
Le CSE va être aussi informé dans le cadre de l’information ponctuelle lié à la communication et dans
le cadre de l’information ponctuelle qui affecte la gestion liée à l’entreprise. Il va être informé des
offres publiques d’achat dont l’entreprise fait l’objet (L2312-42) et des méthodes de recrutement mises
en œuvre (L2312-38).
Lorsque l’employeur consulte ponctuellement le CSE, il doit fournir tous les renseignements pour
qu’il puisse donner son avis.
Le CSE peut être informé de la politique de mécénat de l’entreprise. L’employeur ne peut pas se
cacher derrière le caractère confidentiel des informations à communiquer. Si l’employeur le demande,
les informations confidentielles doivent être gardées secrètes par les membres du CSE.
3. La consultation du CSE
Les décisions de l’employeur qui concernent la gestion, l’organisation et la marche générale de
l’entreprise sont précédées de la consultation du CSE. Cette consultation va se matérialiser dans un
32
avis que l’employeur est libre de suivre ou non, parce qu’en réalité le CSE n’a pas de pouvoir de
décision, de véto. En revanche, le CSE a la possibilité de demander en référé la suspension d’une
décision qui ne lui a pas été soumise. En réalité, le CSE constitue un lieu de dialogue et d’information,
même si ce lieu est conflictuel. L’objectif de cette consultation est d’obliger l’employeur à justifier ses
choix, ce qui peut conduire à les modifier. Une fois que le comité a été consulté, l’employeur va
pouvoir mettre en œuvre son projet. C’est la raison pour laquelle on dit que le CSE n’a pas de droit de
véto.
Il y deux types de consultations dans le cadre de la consultation du CSE :
- Une consultation qui porte sur l’appréciation de politiques et d’orientations générales de
l’entreprise. Il s’agit de ce que l’on appelle les consultations récurrentes.
- Une consultation qui porte sur les décisions de l’employeur dans les domaines précisés par le
Code du travail. Il s’agit des consultations dites ponctuelles.
On peut aménager les modalités de consultation ainsi que la liste des informations à délivrer (L2312-
55 et L312-19).
33
consultation doit avoir lieu dès qu’un projet, même encore très général, est susceptible d’avoir une
influence sur la situation des salariés. Pour un projet complexe, un avis devra être donné par le CSE
avant d’arrêter le projet d’ensemble, puis, un autre avis devra être rendu avant que les détails du projet
soient déterminés. A chaque mesure concrète d’application, le CSE va devoir se prononcer.
34
l’expertise, il dispose d’un délai de 10 jours pour la contester à compter de la délibération du CSE
décidant le recours à l’expertise s’il entend contester la nécessité de l’expertise. Il peut aussi la
contester 10 jours à partir de la désignation de l’expert par le CSE s’il entend contester le choix de
l’expert. 10 jours aussi à compter de la notification de l’employeur, du cahier des charges et des
informations qui lui sont transmises par l’expert s’il entend contester le coût prévisionnel, l’étendue ou
la durée de l’expertise. S’il entend contester le coût final, il a 10 jours à compter du coup final de
l’expertise. Si l’employeur saisit le juge, la saisine du juge suspend la décision du comité et les délais
dans lequel il est consulté. Le CSE doit se réunir également à la suite d’un accident portant atteinte ou
susceptible de porter atteinte à la santé ou à la sécurité des salariés. Cette réunion va permettre de
désigner un expert de risques graves. Le CSE doit également se réunir à la demande motivée de deux
de ses membres quand leur demande porte sur la santé, la sécurité et les conditions de travail. Chaque
membre dispose d’un droit d’alerte qu’il peut faire jouer en cas de risque grave et imminent ou de
risque grave sur la santé publique ou l’environnement. Au moins 4 réunions par an doivent porter sur
la santé et la sécurité des conditions de travail.
35
l’élu ne dispose pour un mois donné de plus d’une fois et demi le temps qu’il lui est normalement
attribué. Ces heures de délégation bénéficient d’un régime particulier qui vise à limiter les
contestations de l’employeur. Si l’employeur souhaite contester, il peut le faire mais après les avoir
payées. En revanche, s’il y a des heures exceptionnelles qui ont été prises, il peut refuser de les payer.
Ces heures de délégation sont des heures qui sont aussi prises librement et à tout moment. Cela
signifie que ces heures sont des autorisations de s’absenter du poste du travail, à la condition d’en
informer l’employeur sous forme de bons de délégation. Dans le cadre des réunions, le temps de
réunion est déduit des heures de délégation : de 30 heures dans les entreprises de 300 à 1000 salariés et
de 60 heures dans les entreprises de plus de 1000 salariés. Cette règle n’est pas applicable pour les
réunions sur la santé, la sécurité et les conditions de travail.
36