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FISCALITÉ

➢ Principes de fiscalité
➢ Fiscalité Directe 1

Première Partie

PRINCIPES DE FISCALITE

L’impôt fait tellement p a r t i e de notre vécu quotidien que Maurice Cozian s’est autorisé à dire : « Les
impôts existent, ils sont de tous les temps et de tous les lieux, il est donc inutile d’épiloguer sur l’existence d’une
société sans impôt ».

Avec l’avènement de l’Etat moderne, naquirent également de nouveaux concepts qui ont véritablement transformé
la notion d’impôt qui d e v i e n t principalement la manifestation des autorités publiques, donc l’affaire des
gouvernements.

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NOTION D’IMPOT

I/ DÉFINITION DE L’IMPÔT

C’est en 1930, que Gaston Jèze dans son cours de finances publiques (1930/31) proposa la première définition
moderne de l’impôt. Ainsi écrit-il : « l’impôt est une prestation pécuniaire requise des particuliers (personnes
autres que l’Etat) par voie d’autorité à titre définitif et sans contrepartie déterminée, en vue de la couverture des
charges publiques ».

La contribution de Keynes, a permis une meilleure prise en considération du rôle de l’Etat, bien au-delà de ses
responsabilités régaliennes traditionnelles. En effet, les enseignements t i r é s de la crise économique des années
1929, ont renforcé le rôle de l’Etat d e v a n t ses charges de plus en plus importantes et urgentes auxquelles il
devrait faire face. C’est ainsi que l’impôt devient non seulement un moyen de couverture des charges publiques,
mais aussi un moyen de régulation économique et sociale.

II/ FONDEMENTS DE L’IMPÔT

Pour dégager les fondements de l’impôt, nous étudions les démarches de deux écoles qui se sont historiquement
opposées et pourtant qui se retrouvent dans leurs conclusions. Il s’agit de l’école de la conception individualiste,
et celle de la conception du devoir social.

II.1- Ecole de la conception individualiste

L’école de la conception individualiste, influencée par des théoriciens de l’économie politique classique considère
l’impôt commet une forme de prime d’assurance, un prix que le citoyen doit payer au gouvernement en contre
partie des services publics notamment la garantie de l’ordre, de la sécurité et de la bonne gestion.

II.2- Ecole de la conception du devoir social

L’école de la conception du devoir social s’appuie sur la solidarité sociale à savoir, tous les citoyens sont solidaires,
chacun devant contribuer au financement des charges communes de la Nation. Il est donc souhaitable d e rappeler
sévèrement l’article 101 de la Constitution française de 1793 qui stipule que « …nul citoyen n’est dispensé de
l’honorable obligation de contribuer aux charges publiques… »

III INDIVIDUALITÉ DE L’IMPÔT

L’individualité s’attache au fondement de l’imposition. Elle s’appuie sur les principes d’universalité et de
territorialité de l’impôt

III.1- Universalité de l’impôt

Le principe d’universalité stipule l’égalité des citoyens devant l’impôt. En effet aucun privilège ne peut être
consenti en matière fiscale à la seule exception de ceux autorisés par la loi qui seule peut déroger au principe
d’universalité de l’impôt.

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III.2 – Territorialité de l’impôt

La notion de territorialité évoque l’application de la loi fiscale dans l’espace. C’est l’évidence car un Etat ne peut
exercer son droit fiscal qu’à l’intérieur de son territoire national.

En application du principe de la territorialité, toute personne domiciliée ou résidente habituellement sur un


territoire donné est soumise aux règles et lois fiscales de l’Etat où elle réside pour la totalité de ses revenus. Le
principe de territorialité veut également que la loi fiscale s’applique de semblable manière sur chaque point du
territoire national.

II/ FONCTIONS DE L’IMPOT

L’analyse des fonctions de l’impôt conduit à examiner la politique fiscale d’un pays. Au soutien de cette thèse,
Joseph Schumpeter va plus loin dans sa démarche en affirmant que : « rien ne montre plus clairement le caractère
d’une société et d’une civilisation que la politique fiscale suivie par ses politiciens » . Il poursuit en ces termes «
si l’impôt n’est pas tout, il est dans tout et en tout état de cause dans les principes dynamiques appelées à enfanter
la croissance ».

C’est sur cette idée que l’on s’appuie pour reprendre la classification de Richard Musgrave dans
« Theory of Public Finance 1959 ». Celle-ci met en exergue différents axes de la politique budgétaire en trois
fonctions principales q u i s’articulent autour de l’affectation, la redistribution et la régulation.

II.1- Fonction d’affectation

La fonction d’affectation est perçue comme une fonction financière, car assure une allocation efficiente des
ressources et leurs distributions adéquates entre besoins privés et besoins publics. En situation de production
comportant des rendements croissants, le rôle de l’Etat peut consister à stimuler cette production à rendement
croissant en lui appliquant une tarification au coût marginal, ou mieux l’exonérer. L’Etat veillera à cet effet à
promouvoir les activités génératrices d’externalités positives et endiguer celles entrainant des externalités
négatives.

II.2- Fonction de redistribution

La fonction de redistribution a pour objet principal la réduction des inégalités financières entre agents économiques.
Elle a un caractère essentiellement social, ainsi on le qualifie de fonction sociale. Il consiste à imposer lourdement
les revenus très élevés et procéder à redistribuer cet excédent aux économiquement faibles ou aux agents
économiques déficitaires. Cette fonction joue donc un rôle essentiellement social.

II.3- Fonction de régulation

Cette fonction a un caractère économique, elle vise la régulation de la conjoncture économique et sociale. C’est
principalement une fonction de stabilisation économique et sociale menée par les gouvernements. Cette fonction
corrige les fluctuations économiques conjoncturelles, elle conduit l’économie sur le sentier de la croissance,
assure un taux d’emploi élevé et garantie aussi, la stabilité des prix

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SOURCES DU DROIT FISCAL ET ELEMENTS CONSTITUTIFS


DE L’IMPOT

I/ LES SOURCES DU DROIT FISCAL

Le droit fiscal affirme- t- on est le domaine du droit public qui traite les rapports entre l’Etat et les particuliers
par l’intermédiaire des impôts. Il est caractérisé par deux principes fondamentaux qui s’articulent autour de
l’autonomie et le réalisme du droit fiscal.
➢ Autonomie du droit fiscal
Bien que disposant d’une autonomie propre, le droit fiscal est logé à la charnière du droit et de l’économie.
C’est à ce titre qu’il traite différemment les agents économiques selon ses propres définitions et classifications.
➢ Réalisme du droit fiscal
L’application du droit fiscal s’étend sur les situations de fait des agents économiques n o n sur leurs situations
juridiques. Cette démarche s’appuie sur le principe de la prééminence de la réalité économique sur l’apparence
juridique dans les cas d’imposition.

I.1 – Sources internes


I.1.1 – La loi

La loi est la source fondamentale du droit fiscal. L’article 67 de la Constitution sénégalaise confirme cette
prédominance en ces termes : « …la loi fixe les règles concernant l’assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impositions de toutes natures …. ».

Eu égard à la pluralité des textes fiscaux, il est judicieux de les codifier harmonieusement dans un document cadre
et unique appelé Code général des impôts (CGI). C’est ainsi qu’il est institué au Sénégal le premier CGI par la loi
76-93 du 12 août 1976.
I.1.2 – Les règlements

L’exécutif dispose d’un pouvoir réglementaire normal dans toutes les matières autres que celles qui relèvent du
domaine de la loi. Les règlements d’exécution permettent aussi au pouvoir exécutif de déterminer et de préciser
les conditions d’application d’une loi. Pareilles dispositions sont complétées par les décrets présidentiels et arrêtés
ministériels.
I.1.3 – La doctrine administrative et les circulaires

Elle résulte des commentaires et interprétations apportés par l’Administration fiscale à la suite d’une publication
de lois et règlements fiscaux. La doctrine administrative, en droit fiscal africain est constituée des circulaires
d’application et aussi des lettres administratives. Ces publications permettent d’analyser et d’éclairer les textes
fiscaux.

I.1.4 – La jurisprudence

Par jurisprudence, on entend les jugements rendus par les tribunaux compétents en matière fiscale; le plus souvent
suite à une contestation par un citoyen contribuable.

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La jurisprudence permet alors d’éclairer sur la façon dont les tribunaux compétents en matière
fiscale interprètent les textes fiscaux.

I.2 – Sources externes


Elles sont constituées des conventions internationales et des directives communautaires

I.2.1- Les conventions internationales

Les conventions internationales sont constituées des traités et accords internationaux x négociées et signées de
façon bilatérale ou multilatérale. Les conventions internationales ont principalement pour objet d’éviter la double
imposition, de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, et en dernier ressort promouvoir le développement.

Il convient de préciser qu’aux termes de l’article 98 de la Constitution « …les traités et accords régulièrement
ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, u n e autorité supérieure à celle des lois internes sous réserve pour
chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie. ».

I.2.2 – Les sources communautaires

Il s’agit des règlements et directives fiscaux édictés par le Conseil des Ministres de l’UEMOA. Ces dites fixent
aux Etats membres les objectifs à atteindre, dans un certain délai, en précisant expressément les m o d a l i t é s .
Les directives ont pour objet l’harmonisation des textes fiscaux dans l’espace UEMOA.

II/ ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’IMPOT

Pour la détermination des éléments constitutifs de l’impôt, nous faisons recours au théorème de Lucien Mehl qui
est le suivant : « tout impôt atteint une matière imposable en la personne d’un contribuable, à l’occasion d’un
événement ou d’une situation qui en constitue le fait générateur ».

II.1- Etendue de l’imposition

II.1.1 – Champ d’application

C’est le domaine de définition de l’impôt, le champ d’application couvre les opérations et personnes imposables.
Toutefois pour des raisons économiques ou sociales, certaines personnes, opérations ou actes sont affranchis
d’impôt même s’ils sont dans le champ d’application : il s’agit d’exonération. L’exemption fiscale vise les
personnes, opérations ou actes qui sont hors du champ d’application.

II.1.2- Personnes imposables

La personne imposable est celle qui supporte les obligations et charges fiscales. A cet effet on note plusieurs
vocables pour désigner la personne imposable.

- Le contribuable
C’est la personne au nom de qui la dette d’impôt est juridiquement établie. L’approc he économique définie le
contribuable comme la personne qui supporte effectivement la charge de l’impôt.

- Le redevable
Le redevable est un collecteur d’impôts, il a l’obligation de traiter, prélever à la source et de verser l’impôt.
Par exemple en matière d’impôt sur les traitements et salaires, le contribuable de droit et de fait est le salarié, le
redevable est l’employeur.

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- L’assujetti
Ce terme est le plus utilisé en matière de taxe sur le chiffre d’affaires (TCA). Il est en évidence plus large que
celui de redevable ou contribuable. L’assujetti peut être à la fois contribuable et redevable.

L’article 354 du CGI définit l’assujetti à la TVA comme toute personne qui exerce de manière indépendante et
quel qu’en soit le lieu, une activité économique, quels que soient les buts poursuivis ou les résultats obtenus.

II.2- Les outils de l’imposition

II.2.1 – Fait générateur

Le fait générateur est l’événement (le phénomène, l’opération ou la situation) qui donne naissance à la créance
fiscale. C’est le phénomène économique ou juridique qui permet de déclencher le mécanisme de l’imposition.
On peut aussi affirmer que c’est le fait par lequel sont réalisées les conditions légales nécessaires pour assoir
l’impôt.

II.2.2 - Matière imposable

Lucien Mehl définit la matière imposable comme « l’élément ou la richesse économique dans lequel l’impôt
prend directement ou indirectement sa source ». Ainsi la matière imposable dans sa diversité peut être un
bien, un service, un revenu, une opération etc.

II.2.3 - Base imposable

La base imposable est aussi appelé assiette dans un sens plus large. Elle est constituée par la donnée chiffrée
sur laquelle on applique un taux de taxe.

II.2.4 – Liquidation

La liquidation de l’impôt consiste à calculer le montant de l’impôt, il s’agit d’appliquer le tarif sur la base
imposable. Certains impôts comportent un ou plusieurs tarifs tels l’IS et le régim e privilégié du code des
investissements. D’autres sont calculés selon un barème établi d’avance par l’Administration fiscale en
fonction du niveau du revenu.

II.2.5 – Exigibilité

L’exigibilité est définie comme étant le droit conférer au l’Administration de faire valoir auprès du redevable,
le paiement d’impôt. Autrement dit le droit de rappeler le paiement. L’exigibilit é est aussi traduite par la
période le paiement de l’impôt si l’on évoque le principe du réalisme du droit fiscal basée sur l’approche
économique.

II.2.6 – Recouvrement

Le recouvrement de l’impôt confère au Trésor public ou à l’Administration fiscale le droit de réclamer les
sommes qui lui sont dues. Certains impôts doivent être payés spontanément au moment de la déclaration, telle la
TVA. D’autres, par contre sont appelés par le Fisc qui dresse un avis d’imposition à l’endroit de tous les
contribuables sur la base d’une liste appelée rôle de l’impôt.

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LES SYSTEMES FISCAUX

Selon Maurice Duverger « les systèmes fiscaux sont des constellations dont les impôts sont les étoiles ». On en
déduit alors que c’est l’ensemble des différents impôts et des procédés techniques utilisés pour leur application
qui détermine le système fiscal.

I/ CRITERES D’UN SYSTEME FISCAL OPTIMAL

Evoquer la notion d’optimum du point de vue fiscale conduit à étudier les critères d’équité, de neutralité et
d’efficacité fiscale. Il s’y ajoute la liberté de gestion et ses limites

I.1 – Equité fiscale


Ce critère stipule que la répartition de la charge fiscale doit être équitable. Autrement dit chaque citoyen doit payer
sa juste part. Du fait que les revenus individuels sont différents, chaque citoyen doit contribuer selon sa
capacité contributive.

Cette notion de capacité contributive est fonction du revenu du contribuable, de sa fortune et du niveau
de sa consommation.

I.2 – Neutralité fiscale


Le critère de neutralité bien que irréaliste constitue un idéal à atteindre.

- Au sens microéconomique, un impôt est neutre s’il ne modifie pas considérablement le


comportement du producteur ou consommateur suite à sa variation.

- Au sens macroéconomique, un bon système fiscal ne doit pas provoquer de charge fiscale excédentaire, il
doit minimiser toute répercussion négative sur l’allocation des ressources. Les impôts ne doivent pas donc
provoquer de distorsions dans les choix budgétaires.

Face à cette contrainte, il en résulterait que l’impôt est rarement neutre, car tout impôt entraîne
un effet de revenu ou un effet de substitution suite à leur variation.

I.3 – Efficacité fiscale


L’efficacité fiscale est la technique fiscale qui contribue à un meilleur prélèvement des recettes fiscales. Ainsi
pour assoir un système fiscal efficace, on peut se placer à deux niveaux d’analyse toujours axé sur le niveau de
prélèvement fiscal.

I.3.1- Taux de pression fiscale

- Au sens microéconomique, un impôt est efficace, lorsque le coût de prélèvement de cet impôt est
largement couvert par les recettes générées par ce même impôt.

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- Au sens macroéconomique, il convient d’apprécier la pression fiscale traduite ici par le niveau de
prélèvement opéré sur la richesse produite dans un pays considéré. Cette pression fiscale peut être mesurée par
un agrégat appelé taux de pression fiscale défini comme suit :

Taux de pression fiscale = ∑recettes fiscales x 100


PIB

L’appréciation de la pression fiscale dépend en grande partie de la nature du système fiscal, de sa structure et
du recours privilégié sur tel ou tel impôt et de leur l’efficacité, de la probité de l’Administration fiscale et surtout
de la façon dont l’impôt est prélevé.

L’idée d’un taux plafond préconisé par les physiocrates dont le chef de fil est François Quesnay semble être une
mesure bien efficace, car consiste à établir un bouclier fiscal ou butoir. Cette façon de faire permet d’établir un
maximum d’imposition.

I.3.2- Courbe de Laffer

Le modèle d’Arthur Laffer soutenu par des économistes de l'offre est traduit par une courbe du nom de l’auteur
dénommée courbe de Laffer. C’est une modélisation économique qui permet de fixer des limites du niveau
de prélèvement fiscal.

En effet un niveau de prélèvement élevé conduira une baisse des recettes fiscales dictée par plusieurs facteurs qui
peuvent être d’ordre économique (baisse du rendement du travail) ou social (troubles ou tensions sociales)

T= Recettes fiscales
t= Taux moyen d’imposition
t*= taux d’imposition
optimale
t max = taux d’imposition maximale

Remarque : Pour un taux d’imposition nul (t0) les recettes fiscales sont nulles. Au fur et à mesure que le
taux de pression augmente les recettes fiscales suivent une tendance haussière jusqu’à t* où elles atteignent le
maximum. Au-delà de t* les recettes fiscales baissent pour atteindre un niveau nul lorsque le taux de
prélèvement est à 100%

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I.4 – La liberté de gestion fiscale et ses limites

Par principe, l’Administration fiscale n’a pas à s’immiscer dans la gestion de l’entreprise, elle n’a donc pas
à porter de jugement sur la qualité ou les résultats, même médiocres, de la gestion financière de l’entreprise.

Cette façon de faire est conforme aux principes de la liberté de gestion de l’entreprise. Mais comme toute liberté,
celle-ci n’est pas absolue, elle a bien des limites qui ont pour noms abus de droit et acte anormal de gestion.

I.4.1 - La théorie de l’abus de droit

L’abus de droit consiste à élaborer des montages dans le seul but d’éluder l’impôt. « C’est le péché des surdoués
très malintentionnés » affirme Maurice Cozian. Cette pratique peut se présenter tantôt comme une simulation,
tantôt comme une manœuvre frauduleuse destiner à éluder l’impôt.

Les procédures de répression de l’abus de droit sont délicates et parfois même très dissuasives.

I.4.2 – L’acte anormal de gestion

C’est l’acte qui consiste pour le contribuable à faire supporter à l’entreprise une perte ou charge qui, par sa
nature ou son montant, n’est pas justifié par l’intérêt de l’exploitation. L’acte anorm al de gestion s’applique
également en matière d’imposition des bénéfices. Il peut revêtir plusieurs formes à savoir, calculer exagérément
le salaire versé à un employé ou imputer des libéralités consenties à des parents ou amis non membres de
l’entreprise.

Les conséquences fiscales d’un acte anormal de gestion sont des redressements fiscaux assortis de sanctions
très souvent administratives du fait qu’il y a manquement à la législation fiscale.

II/ LE BUDGET, DÉTERMINANT DU SYSTÈME FISCAL

Le Budget est acte prévisionnel qui autorise durant un exercice la perception des impôts et les dépenses de l’Etat.
Le Budget est donc un ensemble de comptes qui décrivent pour une année fiscale toutes les ressources et dépenses
de l’Etat.

Actuellement le terme budget est abandonné par le droit positif d’un grand nombre de pays qui
ont choisi la notion « loi de finances ».

II.1 – Les lois de finances

Les lois de finances recouvrent plusieurs types de lois qui sont toutes soumises à un vote du Parlement
en tant qu’autorité budgétaire et approuvé par le chef de l’Etat.

II.1.1 – Loi de finances initiale

La loi de finances initiale (LFI) autorise notamment la perception des ressources de l’État et des impositions de
toutes natures attribuées à des personnes morales autres que l’État. C’est également elle qui emporte
l’autorisation pour l’État d’emprunter pour se financer.
II.1.2 – Loi de finances rectificative

Les lois de finances rectificatives (LFR) appelés aussi « collectifs budgétaires » modifient en
cours d’année les dispositions de la LFI.

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Le vote des LFR permet notamment corriger les hausses ou baisses des dépenses et recettes prévues en LFI par
des autorisations de mouvements de crédits et de réévaluations du niveau des recettes budgétaires ;
II.1.3 – Loi de règlement

La loi de règlement est une loi de finances qui contrôle l'exécution du budget de l'État. Elle arrête le montant définitif des
recettes et des dépenses du Budget, ainsi que le résultat budgétaire (déficit ou excédent) qui en découle. Elle approuve
aussi les différences entre les résultats et les prévisions de la loi de finances

II.2 – Les principes budgétaires

La présentation du Budget s’appuie au respect de cinq grands principes du droit budgétaire


classique (annualité, unité, universalité, spécialité et équilibre).

II.2.1- Principe d’annualité

Le principe d’annualité stipule le vote du Budget de l’État chaque année. L’exercice budgétaire coïncide avec
l’année civile en France comme dans les économies africaines en particulier le Sénégal.
I.2.2- Principe d’unité

Le principe d’unité impose le respect des règles suivantes :

- Le Budget doit être retracé dans un document unique ;


- Le Budget doit être présenté de façon détaillée ;
Les recettes et dépenses doivent être de même nature afin de pouvoir être additionnées.

II.2.3- Principe d’universalité

Le principe d’universalité veut que l’ensemble des recettes et dépenses soit inscrit au Budget
pour leur montant global. Ce principe se décompose en deux règles :

- La règle de non-compensation, qui interdit la compensation des dépenses et recettes. Autrement dit, il
n’est pas possible de soustraire certaines dépenses de certaines recettes ou de soustraire des recettes de
certaines dépenses.
- La règle de non-affectation, qui interdit l’affectation d’une recette à une dépense déterminée.
L’application de cette règle conduit à verser toutes les recettes dans une caisse unique.

II.2.4- Principe de spécialité

Le principe de la spécialité s’appuie sur le respect de la présentation du Budget chapitre par chapitre, article
par article et sa division en rubrique d’investissement et de fonctionnement.

II.2.5- Principe d’équilibre

Il est légitime de ne plus analyser l’équilibre comme principe budgétaire au même titre que les quatre
principes précités. Cet équilibre recherché qui est une règle d’or pour le tenant des méthodes classiques,
doit être profondément réaménagé.

Il est évident que les comptes satisfassent au principe d’équilibre, mais pas forcément les
Budgets. Donc la question de l’équilibre reste un enjeu politique toujours sensible.

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CLASSIFICATIONS DES IMPOTS ET OBLIGATIONS FISCALES

La grande majorité des économies du monde a adopté un système d’impôt multiple pour une meilleure prise en
compte des politiques économiques et sociales de développement. Mauric e Allais oriente ses recherches vers la
notion d’impôt dominant.

Du fait du caractère pluriel des impôts on distingue plusieurs classifications dont les deux les plus usuels sont
la classification administrative et la classification économique.

I/ CLASSIFICATION DES IMPOTS

I.1. – Classification administrative


Cette classification est la plus ancienne et la plus courante, elle correspond à une forme
d’organisation administrative. On distingue les impôts directs et les impôts indirects.
I.1.1. – les impôts directs

Les impôts directs sont ceux perçus par voie de rôles nominatifs. Les rôles sont des registres établis par
l’Administration au nom de chaque contribuable permettant d’assoir l’impôt.

Sont classés dans l’ordre des impôts directs : l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), l’impôt sur
le résultat des sociétés (IS, IMF), les droits d’enregistrements, la contribution économique locale (CEL),
contributions foncières etc.

I.1.2 – les impôts indirects

Les impôts indirects sont en principe acquittés par le contribuable mais par l’intermédiaire d’un tiers collecteur.
Ces impôts peuvent être perçus sans qu’il ait recours par voie de rôle nominatif. Il s’agit des impôts qui
frappent les actes intermittents traduisant l’emploi de ressource à l’occasion d’opérations de production, de
consommation et d’échanges de biens.

Parmi les impôts indirects on cite la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), la taxe sur les activités financières (TAF), la
taxe sur les assurances, les droits de timbres et les droits d’accises sur le tabac, les alcools, le cola, les corps
gras alimentaires…

I.2. – Classification économique


Pour cette classification on distingue les impôts sur le revenu, les impôts sur la consommation et les impôts
sur le capital. Cette classification permet de mieux appréhender l’élément économique sur lequel la contribution
est assise.
I.2.1 – les impôts sur le revenu

Les impôts sur le revenu s’identifient par le fait qu’ils frappent le revenu lors de sa constitution avant même
qu’il ne soit dépensé. Les impôts sur le revenu au Sénégal sont définis en fonction de la catégorie des revenus
du contribuable (fonciers, commerciaux et industriels, salariaux, mobiliers,)

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I.2.2 – Les impôts sur la consommation

Les impôts sur la consommation appréhendent le revenu au moment où il est dépensé. A titre d’exemple, nous
citons la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), la taxe sur les activités financières (TAF) et les droits d’accises.

I.2.3 – Les impôts sur le capital

L’impôt sur le capital frappe le revenu quand il est accumulé dans patrimoine. C’est un impôt perçu de manière
irrégulière. Il s’agit en général des donations entre vifs et des droits de succession. Au Sénégal, on y associe la
vignette, les contributions foncières.

I.3. – Autres classifications

I.3.1 – Impôts d’Etat et impôts locaux

Les impôts d’Etat sont constitués de l’IR, de la contribution forfaitaire à la charge des employeurs
(CFCE), de la TVA et taxes assimilées et des droits d’enregistrements et de timbres.

Les impôts locaux sont perçus au profit des collectivités locales, ils sont composés des contributions foncières,
da la taxe sur la publicité, la taxe rurale, la contribution économique locale ‘CEL), et la licence etc.
I.3.2 – Impôts réels et impôts personnels

L’impôt réel frappe le revenu ou le bien sans tenir considération de la personnalité du


contribuable. Dans la catégorie de ces impôts on cite principalement la TVA.

L’impôt personnel en revanche prend considération de la personnalité, la situation économique,


financière et sociale du contribuable. L’IR entre dans cette catégorie d’impôt.

II/ LES OBLIGATIONS FISCALES


II.1 - Obligations déclaratives

Le système de l’impôt sur les revenus est déclaratif. Le contribuable déclare l’existence de son activité et de ses
revenus. En cas de cessation d’activité, le contribuable produit une déclaration pour son imposition à l'IR ou à l'IS
selon le cas et liquide la TVA exigible en procédant aux différentes régularisations prévues par la loi fiscale.
II.2 - Obligations comptables

La loi fiscale fait obligation aux redevables de tenir une comptabilité complète, régulière et sincère prescrite
par le système comptable en vigueur (SYSCOA). Les documents et opérations comptables sont déclarés dans les
délais requis pour chacun d’entre eux. La sincérité des écritures de gestion étant préservée par le droit fiscal, il
est fait obligation au contribuable de conserver les documents et pièces comptables pendant une période de dix (10)
ans.

II.3 – Obligations de collecter et de payer l’impôt

Le contribuable est souvent amené à jouer le rôle d'auxiliaire du Trésor en collectant l'impôt ou la taxe. Il est
appelé alors redevable légale. C'est là une servitude à laquelle il ne peut échapper. Enfin le contribuable doit non
seulement produire la déclaration, mais il doit aussi et surtout s'acquitter du montant de l'impôt dû.

Deuxième Partie

TAXES SUR LE CHIFFRE D’AFFAIRES ET DROITS D'ENREGISTREMENT

La taxe sur le chiffre d’affaires (TCA) est un terme générique désignant un système de fiscalité indirecte frappant
l’ensemble des opérations réalisées par une entreprise. Il est incontestable que seul un système de TVA caractérisé
par le mécanisme de déduction fiscale présente les caractéristiques d’une fiscalité moderne.

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La TVA est un impôt assis sur la valeur ajoutée réalisée par les entreprises.

L’approche comptable, dérivée de la définition économique considère la valeur ajoutée comme la différence entre la
valeur des biens et services produits par une entreprise et celle des biens et services utilisés pour la production c’est
à dire les consommations intermédiaires.

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CHAMP D’APPLICATION DE LA TVA

Est assujettie à la TVA toute personne qui exerce de manière habituelle et indépendante, et quel qu’en soit le lieu,
une activité économique, quels que soient les buts ou les résultats de cette activité. L’activité économique résulte de
toute activité de production, de commerce ou de prestation de services, ainsi que toutes les opérations annexes qui y
sont liées, y compris les activités extractives, agricoles et celles des professions libérales ou assimilées

I/ DEFINITION

II/ LES OPERATIONS ET PERSONNES IMPOSABLES

II.1 - Les opérations imposables

II.1.1 - Les opérations imposables par nature

En principe la TVA est due sur les opérations prenant la forme soit d’une livraison matérielle ou juridique de biens
meubles, corporels ou de travaux immobiliers ; soit celle d’une prestation de service. L’opération imposable par
nature est une affaire faite entre deux personnes distinctes moyennant une contrepartie quelconque.
Nota : Est assimilé à un bien corporel l’électricité, le gaz, la chaleur, le froid ou les choses similaires.

II.1.2 - Les opérations imposables par détermination de la loi

Certaines opérations n'entrant pas expressément dans le champ d'application de la TVA, sont soumises à la taxe par
détermination de la loi. Il convient d’étudier pour cette rubrique les livraisons à soi-même de biens et services, les
opérations d’importation et les prélèvements de stocks.

II.1.2.1 - Les livraisons à soi-même

Constitue une livraison à soi-même de biens, le prélèvement ou la production par un assujetti d’un bien qu’il affecte
à des opérations n’ouvrant pas droit à déduction. Sont exclus de cette définition les libéralités ou échantillon donner
gracieusement à valeur inférieure à 20 000F

II.1.2.2 - Les prestations de services à soi-même

Constitue une prestation à soi-même de services la prestation de services effectuée à titre gratuit par un assujetti ou
l’utilisation d’un bien de l’entreprise par celui-ci pour les besoins d’une activité n’ouvrant pas droit à déduction.

II.1.2.3 - Les importations

L’importation de biens donne lieu à la perception de la TVA au passage de la frontière. L’importation s’entend du
franchissement du cordon douanier en vue de la mise à consommation dans un pays donné.

II.1.3 - Les opérations imposables par option

L’exonération d’une opération au cours d’un circuit de production ou de commercialisation, aboutit à une certaine
pénalisation pour l’entreprise qui réalise l’opération exonérée, car il ne peut alors récupérer par voie de déduction la
TVA qui lui a été facturée.

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Cette option est globale et peut être exercée à tout moment par lettre adressée au Chef de service compétent. Elle
n’est applicable qu’aux livraisons effectuées à compter de la date de réception de la lettre d’option. L’option est
irrévocable.

II.2 - Les personnes imposables ou assujetties

Est assujettie à la TVA toute personne physique ou morale qui réalise une opération imposable, soit par nature, soit
par détermination de la loi, soit par option. On distingue les producteurs, les commerçants grossistes, les importateurs
et bien d’autres assujettis.

III/ LA TERRITORIALITE

Le droit fiscal est d’application territoriale. C’est en matière de fiscalité indirecte que ce principe trouve
son sens et toute sa vigueur et suivant la hiérarchie des normes.

III.1 - Définition et localisation des ventes

La définition des ventes en matière fiscale est sensiblement différente de celle en matière civile. Cette définition est
en effet plus large en ce sens qu’elle ne prévoit pas seulement le paiement en argent. Les ventes sont réputées faites
dans un pays donné lorsque la livraison des biens corporels s’effectue dans ce même pays. Le lieu de livraison
s’entend de celui où la délivrance matérielle doit s’effectuer.

III.2 - Définition et localisation des prestations de services

Les prestations de services constituent une catégorie résiduelle. Tout ce qui n’entre pas dans la définition fiscale de
vente tombe en général dans les prestations de services. Le critère de la territorialité en ce qui concerne les prestations
de services est celui du lieu d’utilisation du service et non celui d’exécution du service.

IV/ LES OPERATIONS NON IMPOSABLES A LA TVA

IV.1 - Les exonérations

Les opérations qui entrent dans le champ d’application de la TVA ne sont pas toutes imposées. Celles qui ne sont pas
recherchées en paiement de la taxe sont dites exonérées. Certaines exonérations sont conditionnelles, c’est à dire
subordonnées à l’usage d’une formalité comme le visa en exonération de taxe (formalité du visa), d’autres par contre
sont directes et ne font appel à aucune formalité.

IV.2- Les exemptions

L’exemption, à l’opposé de l’exonération porte sur des opérations qui sont en dehors du champ d’application. En
matière de TVA, ce sont les activités agricoles et les activités salariées qui sont exemptées.

IV.3 – les annexes I et II du livre II du CGI

IV.3.1 – Annexe I : les opérations exonérées


Sont exonérées de taxe sur la valeur ajoutée :
1. les prestations d’hospitalisation, y compris le transport des blessés et malades, les prestations de soins à la personne,
réalisées par les centres hospitaliers, centres de soins ou par des organismes assimilés, et les prestations de soins
rendus par les membres du corps médical et paramédical ;
2. les livraisons de médicaments et produits pharmaceutiques, ainsi que les livraisons de matériels et
produits spécialisés pour les activités médicales figurant sur la liste prévue à l’annexe I du présent livre ;
3. les livraisons de produits alimentaires non transformés et de première nécessité dont la liste est fixée par arrêté du
Ministre chargé des finances ;
4. l’enseignement scolaire ou universitaire rendu par des établissements publics ou privés, ou par des
organismes assimilés ;

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5. les livraisons d’eau et d’électricité fournies à un foyer dont la consommation n’excède pas la tranche
sociale. Cette tranche sociale est fixée par arrêté du Ministre chargé des Finances ;
6. les opérations bancaires et les prestations d’assurance et de réassurance, qui sont soumises à une
taxation spécifique ;
7. les mutations d’immeuble, de droits réels immobiliers et les mutations de fonds de commerce imposées aux droits
d’enregistrement ou à une imposition équivalente, à l’exclusion des opérations de même nature effectuées par
les entreprises de crédit-bail ou de finance islamique ;
8. les livraisons à leur valeur faciale, de timbres-poste pour affranchissement, de timbres fiscaux et d’autres valeurs
similaires ;
9. les ventes, importations, impressions et compositions de livres, de journaux et publications périodiques
d’information à l’exception des recettes de publicité, ainsi que les ventes ou importations de papier journal de
presse et autres papiers d’impression utilisés dans la fabrication de journaux et autres périodiques ;
10. les ventes, par leur auteur, d’œuvres d’art originales ;
11. les locations d’immeubles nus à usage d’habitation ;
12. les importations de biens dont la livraison est exonérée de la taxe sur la valeur ajoutée ;
13. les importations de biens placés sous un régime douanier suspensif ainsi que les prestations de services liées
aux biens placés sous le régime douanier du transit ;
14. les exportations directes de biens et opérations assimilées ainsi que les services directement liés à ces
opérations ;
15. le transport international de biens à destination de l’étranger ;
16. le transport international de voyageurs en provenance ou à destination de l’étranger ;
17- les livraisons, transformations, réparations, entretien, affrètement et locations de bateaux destinés à une activité
de pêche, une activité industrielle ou commerciale exercée en haute mer ;
- les livraisons, locations, réparations et entretien des objets qui sont incorporés ou qui servent à leur
exploitation ;
- les livraisons de biens destinés à leur avitaillement, ainsi que les prestations de services effectuées pour les
besoins directs de ces bateaux et de leurs cargaisons ;
18 - les livraisons, transformations, réparations, entretien, affrètement et locations d’aéronefs, utilisés par
des compagnies de navigation aérienne pratiquant essentiellement un trafic international rémunéré ;
- les livraisons, locations, réparations et entretien des objets qui leur sont incorporés ou qui servent à leur
exploitation ;
- les livraisons de biens destinés à leur avitaillement, ainsi que les prestations de services effectuées pour les
besoins directs des aéronefs et leur cargaison ;
19. les ventes et prestations de services faites par des services ou organismes administratifs, à l’exception de
celles effectuées par des établissements publics à caractère industriel et commercial et des opérations présentant
un caractère similaire à celles effectuées par des entreprises privées, même si elles émanent d’un service ou
établissement public ;
20. sauf exercice de l’option prévue à l’article 353 du présent code, les opérations de transport public de
voyageurs faites par les transporteurs inscrits au rôle des patentes en cette qualité titulaires des autorisations
réglementaires et pratiquant des tarifs homologués par l’autorité publique ;
21. les importations et les reventes en l’état de produits et marchandises livrés à l’Etat, aux communes et aux
établissements publics dans la mesure où ces produits sont exonérés de droits d’entrée ;
22. les livraisons de semences, engrais, produits phytosanitaires, aliments de volaille et de bétail, reproducteurs
de race pure, œufs à couver, poussins dits d’un jour entrant directement dans un cycle de production végétal ou
animal ;
23. les opérations de crédit-bail ou de finance islamique portant sur des biens dont la livraison est exonérée au
présent livre ;
24. le gaz butane à usage domestique ;

25. les livraisons et prestations réalisées au profit de titulaires de permis de recherche de substances minérales
ou pétrolières, pendant toute la durée de validité dudit permis de recherche et de ses renouvellements, dans la
mesure où cette taxe se rapporte strictement et directement au programme de recherche.

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TRAITEMENTS DE LA TVA

Les entreprises qui relèvent du régime du bénéfice réel (réel normal) doivent établir chaque mois une déclaration de
TVA, même si aucune opération n’a été réalisée. Le calcul de la TVA à déclarer conduit d’abord à analyser les
composantes de l’assiette de la TVA collectée (TVA exigible) afin de lui appliquer le taux de taxe.

I/ ANALYSE DE L’ASSIETTE DE LA TVA

L’assiette correspond aux éléments sur lesquels l’impôt est prélevé. Elle est constituée du montant total effectif du
prix demandé par le vendeur en contre partie de la livraison du bien ou de la prestation de services.

I.1 - Eléments de la base d’imposition


La base d’imposition est constituée des éléments qui suivent :
- Le prix de vente hors TVA
- Les compléments de prix
- Les frais accessoires à la vente,
- Les frais fiscaux
- Les frais à la charge de l’acheteur

I.2 - Eléments exclus de la base d’imposition


Ne sont pas compris dans la base imposable :
- La TVA ;
- Les frais à la charge du client,
- Les frais et taxes que le fournisseur a avancés
- Les sommes versées à des intermédiaires
- Les réductions de prix

II/ CALCUL DE LA TVA EXIGIBLE

La liquidation de la TVA est l’opération par laquelle on applique le taux de TVA à la base déterminée.

II.1 - Fait Générateur

En matière de livraison de biens, le fait générateur et l’exigibilité de la taxe interviennent au moment où la


livraison est effectuée.
S’agissant des prestations de services, c’est l’accomplissement des prestations qui constitue le fait
générateur.
En matière de livraison à soi-même le fait générateur intervient dans la première utilisation du bien. Enfin, en
matière d’importation, le fait générateur coïncide avec l’exigibilité, il en est de même pour les opérations soumises
au précompte.

II.2 - L’exigibilité

Dans la pratique la notion d’exigibilité revêt d’une grande importance car elle présente un double intérêt :
- Pour le fournisseur, l’exigibilité fixe la période au titre de laquelle il est redevable de la TVA.
- Pour le client c’est la date à laquelle naît le droit à déduction.

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III/ RÉGIME DES DÉDUCTIONS DE LA TVA

Le degré de sensibilité du principe de neutralité en matière de TVA est lié au mécanisme de déduction de cet impôt.
La déduction consiste pour le fournisseur redevable de la TVA, à imputer sur montant de la TVA exigible (TVA
collectée), la TVA qu’il a supportée ou facturée par ses fournisseurs.

Le droit à déduction prend naissance lorsque la taxe est exigible chez le fournisseur des biens et services. Pour les
importations, le droit à déduction prend naissance lors de la mise à la consommation.

III.1 – Déduction de la TVA

III.1.1 - Conditions de fond


La déductibilité de la TVA repose sur les critères suivants :

III.1.1.1 - La règle de nécessité


Les biens ou services doivent être nécessaires à l’exploitation et être engagés dans l’intérêt de l’exploitation. Cette
condition doit être interprétée de façon large et ne vise qu’à exclure les dépenses excessives.

III.1.1.2 - La règle de l’affectation


Les biens ou services doivent être utilisés pour la réalisation d’opération imposable à la TVA. Le fisc n’accorde de
déduction, que s’il est certain que l’opération finale est taxée de la TVA.

III.1.13 - La règle du prorata de déduction


Lorsqu’une entreprise exerce à la fois, des opérations taxables et non taxables, seules celles qui sont taxables doivent
bénéficier de la déduction. Il s'y ajoute les opérations exonérées ouvrant droit à déduction

CA des opérations taxables et effectivement taxées +


Prorata de déduction = CA des opérations exonérés ouvrant droit à déduction
Chiffre d’affaires HT total.

III.1.2 - Les conditions de forme

Le principe est simple, l’assujetti doit justifier le montant qu’il doit déduire. Il ne peut donc déduire la TVA que dans
la mesure où celle-ci figure sur un document justificatif. Cela peut être la TVA qui figure sur les factures d’achat
délivrées par les fournisseurs. La TVA doit également figurer sur le document douanier pour les importations ;

III.2 - les opérations exclues du droit à déduction


Les opérations exclues ou subissant une limitation du droit à déduction de TVA peuvent être ainsi analysées. Lorsque
le pourcentage d’utilisation des biens et services est inférieur à 80% de leur utilisation totale, la TVA ayant grevée
les dépenses relatives à ces biens et services ne peut donner droit à déduction.

III.2.1 - les dépenses non déductibles d’IS et d’IR

Les dépenses ciblées sont celles qui ne sont pas admises à déduction à l’imposition sur le revenu ou du bénéfice
imposable. Il s’agit des charges non liées directement à l’exploitation (dépenses somptuaires) et celles qui ne
concourent pas à la formation d’un produit imposable.

III.2.2 - les dépenses de logements, de restaurants, et de spectacles

La règle de l’affectation n’autorise pas de déduire la TVA qui grève les opérations exonérées de la TVA. La TVA
supportée sur les immeubles à usage d’habitation n’est pas déductible. Aussi l’exonération de la plupart des intrants
dans la restauration entraine la non déductibilité de la TVA. La TVA supportée sur les frais de réception et de
spectacle n’est pas déductible.

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III.2.3 - les frais de siège et frais d’assistance technique

Les frais de siège et les frais d’assistance technique, quel que soit leur dénomination, ne sont pas déductibles de la
TVA, lorsque le bénéficiaire n’est pas imposable à un impôt sur le revenu au Sénégal sur les dits frais.
Précision : Les redevances versées par les sociétés installées au Sénégal au profit des sociétés étrangères sont
imposables de la TVA au soin de la société versante, car le service est utilisé au Sénégal.

III.2.4 - les véhicules de transport de personnes

Les véhicules de transport public de personnes sont patentés. Les usagers de ces véhicules (véhicules de tourisme
des entreprises, taxis, bus, cars rapides) ne supportent donc, pas la TVA. En retour, lors de leur acquisition, la TVA
supportée n’est pas déductible. Il en est de même pour le carburant, l’entretien et la réparation sur ces véhicules.

Précision : Les sociétés de location de véhicules se livrant à transporter des personnes facturent la TVA
du fait que le transport facturée est un produit d’exploitation imposable à l’IS.

III.2.5 - les meubles meublants à l’exclusion du mobilier de bureau

Les meubles meublants sont en principe affectés aux logements d’habitation, donc, ils sont non déductibles de la
TVA. Par contre le mobilier de bureau est entendu servir à l’exploitation, donc la TVA est déductible.

III.2.6 - les biens cédés à titre gratuit ou moyennant une très faible rémunération

Les biens cédés sans rémunération, ou moyennant une rémunération inférieure au prix du marché, quelle que soit la
qualité du bénéficiaire ou la forme de la distribution (commissions, gratifications, cadeaux etc.), n’ouvrent pas droit
à déduction de la TVA, sauf lorsque la valeur unitaire du bien n’excède pas 20 000 francs CFA

IV/ ANALYSE DE LA REGULARISATION EN MATIERE DE TVA

IV.1 - La règle du prorata de déduction

Le prorata de déduction est à régulariser lorsqu'il qu'y a différence entre le prorata définitif et le prorata provisoire constitué
durant deux exercice d'imposition.

IV.2 – Autres événements rendant obligatoire la régularisation

Il s’agit de la cessation d’activité, de la cession totale ou partielle, de la distribution de bien acquis ou produit en
dehors du contrôle de l’administration fiscale, de l’affectation partielle ou totale d’un bien ou de service n’ouvrant
plus droit à déduction, la destruction de bien en l'absence du fisc, manquants, vols non justifiés, pertes et abondons
de la qualité d'assujetti

En cas de régularisation, le redevable devra soit reverser un complément de taxe, soit bénéficier d’un
complément de déduction. La TVA à régulariser est déterminée par la formule suivante :

TVA = TVA initialement déduite x temps d’amortissement restant à courir


à reverser Durée de vie

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AUTRES TAXES INDIRECTES

I/ LA TAXE SUR LES ACTIVITES FINANCIERES

La taxe sur les activités financières (TAF) remplace la taxe sur les opérations bancaires (TOB). Si la TOB ne portait
que sur les opérations strictement bancaires, la TAF quant’ à elle frappe certaines opérations non bancaires. Parmi
celles-ci on trouve l’intermédiation financière, le transfert d’argent et le change.

I.1 – Champ d’application

La TAF s’applique à toutes les rémunérations perçues sur les opérations financières réalisées au Sénégal. Sont
ciblés les commissions et intérêts perçus sur les prêts, crédits, avances, engagements par signature et les transferts
d’argent réalisés à partir du Sénégal à l’exclusion du mandat postal.

I.1.1 – les personnes imposables

Les assujettis à la TAF sont ces personnes physiques ou morales se livrant à une activité financière. Les personnes
sont les suivantes :
- les banques
- les établissements financiers agréés au Sénégal ;
- les personnes physiques ou morales réalisant de l’intermédiation financière ;
- les personnes physiques ou morales réalisant des opérations de transfert d’argent ;
- les opérateurs de change.

I.1.2 – les opérations exonérées

1. les intérêts sur prêts, avances, dépôts en comptes correspondants fonctionnant comme tels ainsi que les
commissions d’engagements par signature et opérations assimilées, conclus ou réalisés entre banques ou entre
banque et systèmes financiers décentralisés dûment agrées par les autorités compétentes ou entre banques et
établissements financiers installés ou non au Sénégal ;
2. les intérêts et commissions sur prêts d’une durée de cinq ans au moins, consentis à des entreprises
de production de biens industriels, agricoles, du secteur de la pêche ou du tourisme ;

3. les intérêts et commissions sur prêts consentis aux personnes physiques pour la construction et l’acquisition de
locaux à usage d’habitation principale, lorsque la valeur hors taxes des constructions ne dépasse pas un seuil fixé par
décret pris sur proposition conjointe du ministre chargé des Finances et de celui chargé de l’Habitat;

4. les intérêts et commissions sur les opérations de collecte de l’épargne et de distribution du crédit effectuées
par les Systèmes Financiers Décentralisés telles que définies par la loi portant Réglementation des Systèmes
Financiers Décentralisés (SFD) ;
5. les intérêts et commissions perçus sur les opérations réalisées dans le cadre du fonctionnement normal des
missions diplomatiques et organismes internationaux assimilés ;
6. les marges réalisées par les banques sur les opérations de change autres que manuelles ;

7. les opérations réalisées par la BCEAO ;

8. les intérêts et commissions sur prêts et avances consentis à l’Etat ;

9. les intérêts et commissions perçus sur les opérations réalisées avec les entreprises établies dans la zone franche
industrielle de Dakar.

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10. Les opérations de transfert d’argent à destination du Sénégal

II.2 – Traitement de la TAF

L'assiette de la TAF est constituée par le montant brut des intérêts, agios, commissions et autres rémunérations. La
TOB elle-même est exclue de la base d’imposition.

La TAF dispose de deux taux de taxe : un taux normal de 17% et un taux réduit de 7% qui s’applique
aux opérations finançant les ventes à l’exportation.

II/ LES DROITS D’ACCISES COMPLEMENTS DE LA TVA

Les droits d’accises font partie des plus anciens prélèvements indirects dans l’histoire de la fiscalité. L’accise est une
taxe qui porte sur une quantité, contrairement à la TVA qui porte sur une valeur. Les droits d’accises sont plus
modulables que la TVA, car ils peuvent connaitre des régimes d’impositions non fiscaux à caractère multiple.

II.1 – Champ d’application

II.1.1- Produits imposables

Au Sénégal les produits de consommation ciblés par les accises au départ sont ceux dont l’abus serait nocif à la santé.
Il s’agit des boissons et liquides alcoolisés, le café, le thé, les corps gras alimentaires et les tabacs. Avec la nouvelle
codification, le cola échappe aux droits d’accises. Par contre les produits cosmétiques et les véhicules de tourisme
dont la puissance fiscale est au moins égale à 13 chevaux font leur entrée. Il convient de souliers que les produits
pétroliers sont toujours dans le champ d’application du fait de leur caractère liquide pour mieux assurer une
péréquation des prix d'autres produits dérivés.

II.1.2 – Exonérations

Les opérations exonérées sont les suivantes :

1. Exportations de produits soumis aux droits d’accises ;


2. Reventes en l’état de produits de consommations ayant supportés les droits d’accises lors de leurs
acquisitions.

II.2 – Traitement des droits d'accises

II.2.1 – Fait générateur

Le fait générateur peut être analysé suivant que l’opération suit le régime des ventes ou des
importations

- Le fait générateur des produits fabriqués localement est constitué, par la première cession effectuée
à titre onéreux ou à titre gratuit ou le prélèvement pour la consommation.

- En matière d’importation, le fait générateur est constitué par la mise à la consommation, au sens
douanier du terme

II.2 – Base d’imposition

Les droits d’accises s’appliquent aux produits fabriqués localement et aux produits importés, lors de leur
première vente ou de leur mise à la consommation. Les bases d’imposition doivent être définies en fonction des
prix courants majorées des droits et taxes à l’exclusion de la TVA et des droits d’accises.

- Pour le régime des ventes, la base taxable est le prix sortie usine à l’exclusion de la TVA ;
.
- Pour le régime des importations, la base taxable est constitué de la valeur en douane augmentée
de tous les droits et taxes liquidés par la Douane, à l’exclusion de la TVA et du droit d’accise afférent;

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INTRODUCTION SUR LES DROITS


D’ENREGISTREMEMTS

I/ DEFINITION

Les droits d’enregistrement sont des impôts exigibles lorsque certaines opérations juridiques ont été
accomplies. Ils désignent à la fois une formalité et un impôt.

I.1 – l’enregistrement est une formalité.

De manière générale l’enregistrement est une formalité accomplie par un fonctionnaire public appelé receveur de
l’enregistrement. Cette formalité peut consister à l’analyse d’évènements juridiques qui donne lieu à la perception
d’impôt. Elle peut s’appliquer soit à des actes soit à des opérations juridiques non constatées par des actes.

Enfin la formalité de l’enregistrement comporte un certain nombre d’effets civils.


- l’enregistrement n’est pas une condition de validité des actes mais constitue une présomption de preuve pour
les actes écrits.
- l’enregistrement donne une date certaine aux actes sous signature privée à l’égard d’un tiers.
- la formalité d’enregistrement permet de contrôler la régularité ou d’assurer la surveillance de certains actes.

I.2 – L’enregistrement est un impôt

La formalité a un rôle essentiellement fiscal en ce sens qu’elle constitue un mode particulier de taxation des opérations
juridiques et économiques. Par conséquent, tous les enregistrements ne sont rien d’autre que des impôts.

II/ LES ACTES ET OPERATIONS SOUMIS A L’ENREGISTREMENT.

On distingue les actes obligatoirement soumis à la formalité de l’enregistrement, ceux présentés


volontairement à la formalité et les actes enregistrés à raison de l’usage qu’on en fait.

II.1 – Les actes soumis obligatoirement à l’enregistrement.

Il convient de distinguer les actes soumis en raison de la qualité de la personne qui les rédigent et de
l’opération qu’il constate.

II.2 – Les actes présentés volontairement à la formalité

Il s’agit des actes qui n’entrent pas dans le champ d’application de cet impôt. Ces actes ne sont pas assujettis à
l’enregistrement dans un délai déterminé, et sont enregistrés au minimum de perception qui est fixé au taux de 5000
francs.

II.3 – les actes soumis à la formalité en raison de l’usage qu’on en fait.

Il s’agit de l’usage en justice et l’usage par acte public.

Précision : les opérations juridiques non constatées par un acte peuvent être soumis à l’enregistrement. Il s’agit des
mutations verbales entre vifs et des mutations par décès.

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