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PARIS DAUPHINE TUNIS

Année universitaire 2022-2023

Cours : fiscalité
Niveau : 3eme Année Gestion
Thème n°1
Horaire : 1h30

Enseignante : Zouhour KOURDA


Maître de Conférences à l’Ecole Supérieure du Commerce

INTRODUCTION GENERALE

A LA FISCALITE TUNISIENNE
Zouhour kourda- MaÎtre DE CONFERENCES A L’ECOLE SUPERIEURE De COMMERCE

Citation à méditer :
«Éviter de payer l’impôt est la seule recherche intellectuelle gratifiante » (Keynes).

SECTION I. IMPORTANCE DE LA FISCALITE


A) Pour l’Etat
L’Etat finance ses activités soit par les emprunts soit par les ressources ordinaires, la fiscalité.
Cette dernière constitue aussi pour l'État un outil incontournable de la politique économique et sociale.
Sans fiscalité, pas d’Etat.
La fiscalité alimente le trésor, les finances publiques, ce qui permet à l’Etat d’assurer :
-les dépenses de fonctionnement et le financement des services publics tels que : la défense du territoire,
la sécurité des citoyens,
-les dépenses d’investissement, c'est-à-dire le financement des infrastructures nécessaires au
développement économique et social: routes, écoles, lycées et universités, hôpitaux, télécommunication,
la formation, la santé, etc...
En Tunisie, les ressources ordinaires de l’Etat sont constituées à hauteur de 87% de recettes fiscales, le
reliquat provient des ressources naturelles et des entreprises publiques.

B) pour les citoyens


Les citoyens bénéficient des services publics à des coûts peu élevés financés par l’impôt.
Toute gratuité de service public est financée par l’impôt. : ex : dépenses de l’université, les hôpitaux.

SECTION II. DISTINCTION ENTRE FISCALITE, SCIENCE FISCALE, ET


SCIENCE FINANCIERE

La fiscalité est une branche du droit public constituée de l'ensemble des règles juridiques concernant
les impôts et tous prélèvements dus par les contribuables au profit de l’Etat ou des collectivités locales.
La fiscalité est une matière essentiellement juridique : car seul le droit permet de protéger les droits des
contribuables, leur patrimoine et les libertés individuelles.
La fiscalité présente 2 caractéristiques indissociables : elle est une science (savoir académique) et une
technique (règles de calcul).
Elle est aussi une matière économique et sociale ; elle devient de plus en plus un enjeu politique majeur.

Le droit fiscal n'est qu'une branche de la science fiscale qui est elle-même une partie de la SCIENCE
FINANCIERE.
- La science financière : elle couvre un domaine large : elle étudie les problèmes liés à l’impôt :
questions du budget, du trésor, de l'emprunt et de la monnaie.

- La science fiscale : elle étudie la théorie générale de l'impôt : elle définit le concept d'impôt, analyse
ses éléments constitutifs, procède aux classifications des différents types d'impôts, examine les
caractéristiques de chacun d'eux pour aboutir à la notion de système fiscal. Mais le phénomène fiscal ne
peut être isolé de son environnement, à savoir les aspects économiques, sociologiques, psychologiques,
politiques et même religieux de l'impôt.
Entrent aussi en considération, les conditions d'élaboration et d'application de la loi fiscale, les organes
compétents en matière fiscale, les prérogatives de l'administration, les garanties accordées aux
contribuables, les rapports entre le fisc et les contribuables, le contentieux fiscal

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Zouhour kourda- MaÎtre DE CONFERENCES A L’ECOLE SUPERIEURE De COMMERCE

- Le droit fiscal : c’est l'ensemble des règles juridiques relatives à l'impôt y compris le contentieux
fiscal. C’est un droit pluridisciplinaire ; il se trouve au carrefour de toutes les disciplines, de droit public
et de droit privé. L'étude du droit fiscal doit donc comprendre nécessairement le droit administratif, le
droit commercial, le droit civil, le droit financier et comptable, le droit des sociétés, les règles de la
comptabilité privée, le droit du travail et de la sécurité sociale,
Son ossature est faite de règles spéciales et relève donc plutôt des disciplines du droit public ; son
contenu est constitué aussi de règles du droit privé et public.

SCIENCE FINANCIÈRE
Budget, Trésor, Emprunt,
Monnaie

SCIENCE FISCALE
théorie générale de l'impôt
problémes juridiques,
économiques, psychologiques,
politiques

DROIT FISCAL:
ensemble des régles juridiques
relatives à l'impôt y compris le
contentieux fiscal

SECTION III. LA NOTION D’IMPÔT

§1. DEFINITION ET CARACTERES DE L’IMPÔT

L’impôt : peut être défini comme un prélèvement pécuniaire opéré sur les contribuables, de caractère
obligatoire, effectué en vertu de prérogatives de puissance publique, à titre définitif, sans
contrepartie, en vue d'assurer le financement des charges publiques de l'Etat, des collectivités
territoriales et des établissements publics administratifs.

 un prélèvement pécuniaire : l’impôt est payé toujours en argent, en principe ;

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 les contribuables : ce sont des personnes de droit privé : personnes physiques et personnes
morales ; mais aussi des personnes publiques : TVA, IS pour les établissements publics exploitant des
services publics industriels et commerciaux.

 caractère obligatoire : il provient de de 2 aspects : 1/l’impôt est imposé unilatéralement par l’Etat,
c’est une obligation et un devoir qui pèsent sur le contribuable, et la contrepartie de la citoyenneté. Cette
idée est toutefois tempérée par le principe du consentement à l’impôt : l’impôt est consenti par le peuple
par l’intermédiaire de ses représentants élus démocratiquement sous forme de loi : le principe de légalité
de l’impôt. 2/l’Etat jouit de prérogatives de puissance publique pour exiger le paiement de l’impôt.
Le caractère obligatoire de l'impôt est tempéré par et le principe de la légalité et le principe du
consentement à l’impôt.

 prérogatives de puissance publique : l’administration fiscale jouit de pouvoirs exorbitants du droit


commun : droit de communication, droit de vérification sur place et sur pièces, droit de perquisition des
locaux professionnels ou même du domicile, vérification de la situation fiscale personnelle, demande de
justifications et de l’origine de l’enrichissement, sur l’origine des crédits portés aux comptes bancaires,
procédures d'imposition d'office, pouvoir de sanction.

 à titre définitif : en principe l'impôt ne peut faire l'objet d'une restitution de la part de la personne
publique qui en est bénéficiaire.

 prélèvement sans contrepartie : l'impôt n'est pas le prix d’un service public. Qu'il paie l'impôt ou
qu'il ne le paie pas, tout citoyen a accès aux services publics. Un autre principe se trouve en cause ici : le
principe de l'égalité de tous devant les services publics. Il en découle le principe de non affectation.
Néanmoins de plus en plus d’impôts voient leur produit affecté à certaines opérations spéciales.

 destiné à assurer le financement des charges publiques de l'Etat, des collectivités territoriales et
des établissements publics administratifs : l'impôt est perçu exclusivement au profit de personnes
morales de droit public : l'Etat, les collectivités territoriales (communes), des établissements publics
administratifs.

Le but classique de l’impôt est de procurer à l'Etat, aux collectivités territoriales et aux établissements
publics administratifs les ressources financières dont ils ont besoin pour couvrir leurs dépenses
publiques.
Cependant l’impôt est de plus en plus utilisé dans des objectifs de caractère économique ou social :
dissuasion ou incitation : c’est l’interventionnisme fiscal.

§2. DISTINCTION DE L’IMPÔT AVEC DES NOTIONS VOISINES

1/Taxe : c’est le prix d’un service, un prélèvement versé à titre obligatoire, à l'État ou à une collectivité
en contrepartie d'un service dont profite le payeur ou dont il aurait pu profiter.
Ex : Taxe de la RTT figurant sur la facture STEG : elle est due même si on n’a pas de téléviseur ou si on
en a plusieurs ; Taxe d’inscription des étudiants aux établissements d’enseignement supérieur
(modique).

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2/ Redevance : c’est aussi le prix d’un service ; mais le prélèvement n’est dû que par celui qui utilise le
service .Ex : redevance téléphonique.
Distinction entre taxe et redevance : Pour la doctrine (Trotabas et Cotteret) :

Le critère de distinction tient à la nature du service : il est obligatoire pour la taxe et facultatif pour
la redevance.
NB : le législateur tunisien ne fait pas de distinction entre ces notions et c’est au fiscaliste de le faire car
il existe des implications au niveau contentieux.

3/ Droit : parfois utilisé pour désigner une imposition : droits d’enregistrement et droits de timbre.

4/Taxes parafiscales : elles sont apparues dans les pays occidentaux après l’essoufflement de l’Etat au
lendemain de la 2eme guerre mondiale; elles désignent des taxes perçues dans un intérêt économique
ou social au profit d'une personne morale de droit privé ou d'un établissement public industriel et
commercial. Elles sont destinées au financement de certains organismes interprofessionnels.
Les taxes parafiscales relèvent de la compétence du pouvoir réglementaire.

§3. LA CLASSIFICATION DES IMPÔTS

A) LES DISTINCTIONS DOCTRINALES


1) distinction entre impôts réels et impôts personnels
- L'impôt réel est celui qui frappe une opération, un bien ou une somme d'argent uniquement dans sa
nature, sa valeur monétaire ou sa quantité, abstraction faite de la personne du contribuable ; il ne peut
pas être personnalisé : IS, TVA.
- L’impôt personnel frappe directement le contribuable dans son revenu ou sa richesse ; il se prête à
personnalisation grâce à la prise en compte des facultés contributives : IR, impôt sur la fortune.

2) distinction entre impôts sur le capital, sur le revenu et sur la dépense


Cette classification est fondée sur les concepts économiques de capital, de revenu et de dépense.
-Impôt sur le revenu : il frappe les revenus des contribuables personnes physiques (en Tunisie, l’IRPP et
l’impôt sur la plus-value immobilière) et les revenus des sociétés (Impôt sur les sociétés).
Cet impôt conjugue deux composantes : l'assiette et les taux appliqués.
Son rendement est corrélé avec le développement économique et civique. Aux États-Unis et au Japon,
les impôts sur le revenu constituent la principale ressource fiscale.
-Impôt sur le capital : il atteint le capital lorsqu’il change de main (à l’occasion d’une transaction).
L’exemple type d’impôt sur le capital est le droit d’enregistrement. Il peut aussi dans certains pays
frapper la fortune.
-Impôt sur la dépense : il s’applique aux biens et services. Il est répercuté d’un stade à un autre pour
avoir pour point de chute : le consommateur final.

Avantage de la distinction : elle permet de déterminer les effets de l'impôt en ce qui concerne, d'une part,
les différentes interventions de l'Etat en matière sociale, économique ou financière et d'autre part, elle
détermine l'incidence de l'impôt, notamment du point de vue de la justice fiscale.
Inconvénient de la distinction : elle est peu rigoureuse car les notions de capital, de revenu et de
dépense peuvent se recouper (la richesse est soit capitalisée, soit périodique, soit dépensée).

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3) distinction entre impôt proportionnel, impôt progressif, impôt fixe


- l’impôt proportionnel : son taux est constant pour l’ensemble de l’assiette imposable.

- L’impôt progressif : son taux augmente par pallier en fonction de l’augmentation de la base imposable.
- L’impôt fixe : le montant est fixe sans changement : Taxe de voyage.

4) distinction entre impôt de répartition, impôt de quotité :


- L'impôt de quotité est celui dont le législateur fixe le taux et non la recette.
-L'impôt de répartition est celui dont le produit est fixé à l'avance puis réparti entre les différents
contribuables. Ce type d’impôt n'existe plus.

B) LA DISTINCTION LEGALE
Distinction impôts directs et impôts indirects
C’est la distinction la plus usitée dans le monde ; elle est prévue dans la loi de finances.
- Les impôts directs sont ceux qui frappent directement les biens ou les revenus d'une personne, du seul
fait qu'elle possède ces biens ou dispose de ces revenus.
- les impôts indirects n'atteignent le contribuable qu'indirectement, c'est-à-dire à l'occasion de l'emploi
de ses ressources ou des dépenses qu'il fait : ils sont assis sur des faits ou opérations de production,
d'échange ou de consommation.

-L'impôt direct s'applique à une personne ou une propriété, il correspond au verbe "être" ou "avoir",
-l'impôt indirect frappe une opération, un bien, un acte et correspond au verbe "faire".

§4. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’IMPÔT


Ce sont des éléments nécessaires pour l’existence d’un impôt.

A) LA MATIERE IMPOSABLE
C’est l’élément ou la richesse économique dans lesquels l’impôt prend directement sa source. Il peut
s’agir des biens meubles, des biens immeubles, des services, des revenus…
La matière imposable peut être identifiée soit par recensement de l’administration qui procède elle-
même à rechercher la matière imposable en se déplaçant sur les lieux (technique obsolète), soit par la
déclaration du contribuable (technique en vigueur).

B) LA PERSONNE IMPOSABLE
C’est la personne sur laquelle pèse la charge fiscale et qui procède au paiement de l’impôt : elle est
appelée :
- le contribuable : désigné par le législateur comme celui qui supporte réellement l’impôt : IR.
- l’assujetti : supporte juridiquement la charge d’un impôt qui n’est pas le sien : l’assujetti à la TVA.
- redevable : c’est un collecteur d’impôt à la place de l’administration : employeur qui verse les retenues
à la source.

C) LE FAIT GENERATEUR
Le fait générateur est le phénomène, l’événement, l’opération, l’acte ou la situation juridique qui fait
naître la dette fiscale sans toutefois la rendre exigible. Le fait générateur présente plusieurs intérêts :
- il définit le champ d’application de l’impôt : la nature de l’impôt est souvent fonction du fait
générateur.

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-il détermine la loi applicable dans l’espace,
-il détermine la loi applicable dans le temps : en cas de conflit de loi dans le temps, la connaissance du
fait générateur fixe la date à laquelle il convient de se placer pour déterminer la législation applicable.

SECTION VI. LE PRELEVEMENT DE L’IMPÔT


Pour prélever l’impôt il faut nécessairement procéder à 3 opérations : la détermination de la matière
imposable ; le calcul ou la liquidation de l’impôt ; la perception ou le recouvrement de l'impôt.

§1. LA DETERMINATION DE LA MATIERE IMPOSABLE


1. Choix de la matière imposable : (biens, revenu, richesse)
Ces derniers sont imposés par des impôts synthétiques à caractère général (IR, TVA) contrairement aux
impôts analytiques où chaque catégorie de revenu supporte un impôt bien déterminé (dépassés).
2. Evaluation de la matière imposable : il existe 2 méthodes
a) L'évaluation réelle : cette méthode consiste à déterminer la valeur exacte de la matière imposable.
Les contribuables procèdent à la déclaration de leurs revenus sous le contrôle de l’administration.
La déclaration peut être faite soit par le contribuable lui-même (déclaration par le contribuable), soit par
des tiers (déclaration par des tiers).
b) Les évaluations forfaitaires
- La méthode forfaitaire : le forfait légal : la loi elle-même fixe le revenu, à partir de certaines données,
créant ainsi une présomption de productivité qu'elle attache à ces données.
- la méthode indiciaire selon les signes extérieurs de richesse : ce procédé consiste à fixer la valeur de la
matière imposable par référence à un indice, (automobiles, avions, bateaux, chevaux de course,
employés de maison...).

§2. LE CALCUL OU LA LIQUIDATION DE L'IMPÔT


Liquider un impôt consiste à appliquer le taux légal de l'impôt à la matière imposable. Ces taux peuvent
être : proportionnel, progressifs, fixes, donnant ce caractère aux impôts auxquels ils s’appliquent.
La liquidation est une étape permettant la personnalisation de l’impôt : les contribuables sont imposés
selon leurs capacités contributives, ce qui permet une meilleure équité fiscale.
Ainsi les taux progressifs permettent de faire des discriminations positives (appliquer des tarifs
différentiels à des matières imposables d'origine différente), la situation et charges de famille, la
déduction des frais professionnels, les abattements à la base...
La progressivité porte sur la quantité alors que la discrimination porte sur la qualité de la matière
imposable.

§3. LE PAIEMENT OU RECOUVREMENT DE L'IMPÔT


Le recouvrement est l'ensemble des procédures financières par lesquelles l'impôt passe du patrimoine du
contribuable dans les caisses du trésor Public.
- l’impôt est perçu en argent (le paiement de l’impôt en nature a disparu).
- il est perçu par l’intermédiaire des agents de l’Etat (la technique de la ferme fut abolie : l’Etat laisse la
levée de l'impôt à un particulier ou à une compagnie, moyennant un prix forfaitaire payé) ;
- les impôts sont en principe payés au comptant : la recherche de l’assiette, la liquidation et le
recouvrement étant concomitants et effectués par une seule et même administration.

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- à l’opposé il y a droits «constatés», lorsque l’assiette et la liquidation (effectuées par les ordonnateurs)
sont décalées du recouvrement effectué par les comptables). Ce cas se produit en cas de non payement
de la dette d’impôt.
- généralement les impôts sont « ad valorem » : ils touchent la matière imposable dans sa valeur tout
entière ; ils se traduisent par un pourcentage de cette valeur.

- A l’opposé des impôts dits « spécifiques » subsistent : portent sur l'unité matérielle du produit frappé,
définie en poids, volume, surface, nombre...

III. BREF APERÇU DE LA FISCALITE TUNISIENNE


Nous allons voir les origines et les composantes de cette fiscalité.

A) ORIGINES DE LA FISCALITE TUNISIENNE


La fiscalité tunisienne actuelle est d’origine coloniale. Sous le Protectorat, les français vont substituer
progressivement leur système fiscal à celui local d’origine à la fois islamique et laïque et introduire des
impôts de types français à mesure du développement économique : droits d’enregistrement, l’impôt sur
les valeurs mobilières, la contribution personnelle d’Etat, l’impôt sur les traitements et salaires ; ces
impôts sont dits cédulaires et frappent la richesse là où elle se trouve, sans faire de synthèse entre les
revenus.

A l’indépendance, les autorités tunisiennes vont reconduire cette fiscalité sans grand changement, car
elles étaient préoccupées par la construction de l’Etat. Mais peu à peu cette fiscalité s’est avérée
incapable de répondre aux défis et missions de l’Etat moderne. Une refonte du système fiscal
s’imposait ; c’est ce que préconisait le FMI qui livre aux pays en voie de développement des systèmes
fiscaux clé en main : un impôt sur le revenu et sur les sociétés, un impôt sur la dépense la TVA, un
impôt sur le capital : les droits d’enregistrement et de timbre. Ces impôts sont dits synthétiques, car ils
frappent la totalité de la richesse générée par un type d’impôt.

Finalement la Tunisie a un système fiscal moderne dans son apparence mais dont le fonctionnement
révèle des insuffisances et des lacunes. Il est vrai qu’il n’existe pas de système fiscal parfait. Toutefois
les réformettes introduites et les nouveaux impôts n’ont pas changé la nature des choses :
Le système fiscal reste caractérisé par l’importance de la fraude et de l’évasion fiscale, par l’inégale
répartition de la charge fiscale sur les contribuables donc un système qui reste injuste et inéquitable.
La réforme fiscale qui est en cours ne semble pas déroger aux précédentes.
C’est pour cela que les fiscalistes considèrent les réformes fiscales comme profondément conservatrices.
En effet réformer consiste à retoucher l’existant en conservant l’esprit et les fondements ; ce n’est point
une révolution fiscale.

B) COMPOSANTES DE LA FISCALITE TUNISIENNE

§1. Les types d’impôts


Le système fiscal tunisien se présente ainsi :
A) Les impôts d’Etat
1) des impôts directs :
- l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques : IRPP ;
- l’Impôt sur le bénéfice des sociétés : IS
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2) des impôts indirects :
- Impôts sur la consommation ou la dépense : la TVA et les Droits de Consommation
- Impôts sur le capital qu’il soit en stagnation ou en mouvement : les droits d’enregistrement et
de timbre qui pèsent sur les mutations.
- Les droits de douane et taxes d’effets équivalents (Redevances sur les prestations douanières).

3) Les taxes parafiscales.


- La taxe professionnelle.
- La taxe sur les conserves alimentaires.
- La taxe de compétitivité agricole.
- La taxe de statistique sur les céréales.
- Taxe de formation professionnelle (TFP).
- Fonds de promotion de logements sociaux (Foprolos).
4) Les impositions diverses.
- La taxe de circulation.
- La taxe unique de compensation du transport routier.
- La taxe annuelle sur les véhicules de tourisme à moteur à huile lourde
- Taxe unique sur les assurances…

B) Les taxes locales.


- La taxe sur établissements à caractère professionnel et commercial (TCL).
- La taxe hôtelière.
- La taxe sur les immeubles bâtis.
- La taxe sur les terrains non bâtis…

§2. Caractéristiques du système fiscal tunisien


L’analyse de la structure du système fiscal tunisien montre :
1) prédominance de l’imposition indirecte en dépit de la chute des recettes perçues à la douane en raison
du démantèlement tarifaire : en 2016 la TVA et les droits de consommation rapportent 56% des recettes
fiscales ordinaires du budget.
2) conséquence : L’évolution constante de la part des impôts directs dans les recettes fiscales qui
représentent 43% en 2017.
3) La prédominance des traitements et salaires dans les impôts directs
4) La prédominance des retenues à la source en matière d’imposition des revenus.
5) L’importance des recettes fiscales affectées (taxes parafiscales affectées à des fonds autonomes) qui
représente environ 5% des recettes fiscales.

L’importance de l’imposition indirecte est une caractéristique des pays dont le régime politique est peu
ou pas démocratique (car faible légitimité) ce qui explique la faiblesse du civisme fiscal des
contribuables et vice versa.

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