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DROIT FISCAL

AFRICAN UNIVERSITY OF MANAGEMENT


2019-2020
DROIT FISCAL
PLAN DU COURS
CHAPITRE 1 : LA NOTION D’IMPOT

1. LA DEFINITION DE L’IMPOT
2. LE FONDEMENT DE L’IMPOT
3. LA FINALITE DE L’IMPOT

CHAPITRE 2 : LA MATIERE IMPOSABLE

1. LE CHOIX DE LA MATIERE IMPOSABLE


2. LA TYPOLOGIE DES SYSTEMES FISCAUX
3. L’EVALUATION DE LA MATIERE IMPOSABLE

CHAPITRE 3 : LA LIQUIDATION DE L’IMPOT

1. IMPOTS REELS OU IMPOTS PERSONNELS


2. IMPOT DE QUOTITE OU IMPOT DE REPARTITION
3. IMPOT PROPORTIONNEL OU IMPOT PROGRESSIF

CHAPITRE 4 : LE RECOUVREMENT DE L’IMPOT

1. LES DIFFERENTES TECHNIQUES DE RECOUVREMENT


2. LE RECOUVREMENT DES IMPOTS DIRECTS
3. LE RECOUVREMENT DES IMPOTS INDIRECTS

CHAPITRE 5 : LE CONTROLE FISCAL

1. LES MODALITES DE CONTROLE, LES PROCEDURES DE REDRESSEMENT ET LES SANCTIONS


2. LES PROCEDURES DE REDRESSEMENT
3. LES SANCTIONS

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CHAPITRE 1 : LA NOTION D’IMPOT
1. LA DEFINITION DE L’IMPOT

Selon Gaston JEZE : « l’impôt est une prestation pécuniaire requise des particuliers par voie
d’autorité à titre définitif sans contrepartie en vue de la couverture des charges publiques ».

Ce prélèvement fiscal est effectué en fonction de la faculté contributive de chacun. Cette définition de
l’impôt, met en relief les caractéristiques essentielles de l’impôt. Ce sont des flux des versements
effectifs opérés par les agents économiques au profit de la puissance publique dès lors que ce
prélèvement n’est pas lié à une volonté de leur part.

Ces trois éléments permettent de distinguer l’impôt des autres prélèvements publics c’est-à-dire à la fois
des prélèvements obligatoires et des prélèvements non obligatoires.
a. L’IMPOT ET LES AUTRES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES

Nous allons comparer l’impôt d’une part à la parafiscalité d’autre part la cotisation sociale (néo
fiscalité).

La parafiscalité : prélèvement obligatoire institué au profit des établissements publics autonomes ou


d’organismes semi publics, ces prélèvements se rapprochent de l’impôt en raison de son caractère
obligatoire. En revanche la parafiscalité s’en éloigne sur deux points :

D’abord la parafiscalité doit viser un but économique ou social propre à un secteur d’activités
alors que l’impôt répond aux objectifs généraux de la politique économique arrêté par le
gouvernement.
Ensuite, la parafiscalité est créée au profit des personnes morales de droit public ou de droit
privé autre que l’Etat.

La parafiscalité se distingue de son objectif ainsi que de sa destination.

L’impôt et néo fiscalité

Le terme néo fiscalité est un néologisme qui désigne les prélèvements obligatoires institués au profit des
organismes de sécurité sociale, elle vise à protéger le travailleur contre les risques, elle peut être financée
par prélèvement obligatoire (Bismarck) ou par solidarité (Beveridge).

Comme l’impôt, la néo fiscalité est constituée par prélèvement obligatoire institué par la loi,
contrairement à l’impôt, la néo fiscalité est affectée aux organismes de sécurité sociale.

Ensuite contrairement à l’impôt, les cotisations sociales ont une contrepartie.

b. L’IMPOT ET LES PRELEVEMENTS NON OBLIGATOIRES : TAXES, REDEVANCES, EMPRUNT.

Distinction impôt et taxe

Contrairement à l’impôt, la taxe est un prélèvement non obligatoire qui comporte toujours une
contrepartie. En effet, la taxe n’est pas obligatoire, elle ne le devient que lorsque l’usager utilise le
service public (timbre sur les courriers). Ensuite la taxe comporte une contrepartie qui est le service
offert par l’administration. Cependant en droit fiscal, on observe un désordre de qualification en raison
de l’absence de la rigueur terminologique de la part du législateur (TVA).

Distinction impôt et redevance

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C’est un prélèvement non obligatoire, c’est la rémunération d’un service rendu par l’administration
(contrepartie réelle et équivalente et se rapproche de plus en plus du prix).

2. LE FONDEMENT DE L’IMPOT

Pour certains auteurs comme PROUDHON, l’impôt ne se justifie pas, plusieurs thèses ont été avancées
pour justifier l’impôt, à coté de ce fondement doctrinal. Il existe un fondement juridique, social et
politique à l’impôt.

a. LE FONDEMENT DOCTRINAL

Deux grandes thèses ont été émises pour justifier le prélèvement fiscal : il s’agit de la thèse impôt-
assurance et celle de l’impôt prix.

Impôt-assurance

Selon cette thèse développée par Jean BODIN puis par MONTESQUIEU, selon cette thèse, l’impôt est
assimilé à une prime d’assurance que chaque assuré est tenu de payer en contre partie des risques
couverts par la compagnie.

Impôt-prix

Dans cette thèse développée par MIRABEAU et LEROY BEAULIEU au 19ème siècle, l’impôt est le
prix à payer par chaque citoyen pour recevoir le service de l’administration. Elle n’est pas convaincante
parce qu’elle entretient une confusion entre l’impôt d’une part, la taxe et la redevance d’autre part.

Ni la thèse de l’impôt-assurance, ni la thèse de l’impôt-prix ne permet de donner un fondement juridique


à l’impôt.

b. LE FONDEMENT JURIDIQUE

Juridiquement l’impôt est un procédé de répartition des charges publiques entre tous les citoyens, c’est
ce qui ressort de l’article 13 de la déclaration de droit de l’homme et des citoyens (DDHC) de 1789.
L’impôt est une contribution aux charges publiques en fonction de la capacité contributive de chacun.

c. LE FONDEMENT SOCIAL

Si l’impôt est une obligation commune, la dette fiscale de chacun doit être calculé non pas en fonction
de ce qu’il reçoit mais en fonction de ses facultés contributives, ces notions de facultés contributives est
le fondement de l’impôt. L’impôt doit être établi en fonction de ses facultés : les plus riches paient pour
les plus pauvres.
d. LE FONDEMENT POLITIQUE

L’impôt est un attribut de la souveraineté de l’Etat, le pouvoir fiscal faisait partie des compétences
régaliennes de l’Etat, l’impôt est un acte de puissance publique. Le pouvoir politique et le pouvoir fiscal
vont de pair.

3. LA FINALITE DE L’IMPOT

La finalité de l’impôt a évolué avec les missions de l’Etat, jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale,
l’impôt a pour finalité la couverture des dépenses de l’administration, l’Etat peut utiliser l’impôt comme
moyen de réguler l’activité économique en utilisant des moyens conjoncturels ou structurels.

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De même manière, l’interventionnisme fiscal peut permettre de réduire les inégalités sociales. En effet,
l’Etat peut accorder un régime de faveur aux couches sociales les plus défavorisées en réduisant l’impôt
ou en déduisant l’impôt.

En revanche, il peut accroître la pression fiscale sur les couches les plus favorisées et moraliser les
citoyens.

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CHAPITRE 2 : LA MATIERE IMPOSABLE
La matière imposable désigne les richesses sur lesquelles l’impôt est prélevé, il peut être prélevé sur le
revenu, sur le capital et la consommation.

La matière imposable est donc le support de l’impôt, c’est donc le socle sur lequel l’impôt est assis,
l’assiette de l’impôt est l’ensemble des opérations permettant de déterminer la matière imposable.
Asseoir un impôt, c’est d’abord choisir la matière imposable et ce choix revient au législateur, ensuite
l’évaluer par l’administration fiscale.

1. LE CHOIX DE LA MATIERE IMPOSABLE

Plusieurs options s’offrent au législateur dans le choix de la matière imposable. En effet, il doit choisir
notamment entre le système d’imposition unique et un système d’imposition multiple, entre un système
d’impôt analytique et un système d’impôt synthétique, entre un système d’impôt direct et un système
d’impôt indirect.

a. SYSTEME D’IMPOSITION UNIQUE OU SYSTEME D’IMPOSITION MULTIPLE

L’impôt peut être prélevé sur une seule matière imposable ou sur plusieurs matières imposables, le
législateur peut alors se contenter d’un impôt unique ou au contraire miser sur plusieurs impôts.

Plusieurs théories d’impôt unique ont été préconisées ou même expérimentées dans le passé. Le système
d’imposition unique le plus répandu autrefois était l’impôt de capitation ou par personne. Comme son
nom l’indique c’est un impôt par tête. La matière imposable c’est le contribuable lui-même.

D’autres systèmes d’imposition unique furent préconisés, c’est ainsi qu’en France au 17ème siècle les
physiocrates avec DUPONT DE NEMOURS vont préconiser un impôt unique sur le foncier. L’impôt
unique sur le revenu fut préconisé par certains auteurs socialistes au début du 20ème siècle.

Aujourd’hui l’impôt unique relève des utopies fiscales de même qu’une société sans impôt.
b. SYSTEME D’IMPOT ANALYTIQUE OU SYSTEME D’IMPOT SYNTHETIQUE

Un impôt analytique est un impôt qui frappe la matière imposable de manière catégorielle en revanche,
un impôt synthétique est un impôt qui appréhende globalement la matière imposable. La préférence
accordée par le législateur à l’un ou l’autre de ses systèmes dépend du niveau de développement de
chaque pays et du degré d’organisation de son administration fiscale.
c. SYSTEME D’IMPOT DIRECT OU SYSTEME D’IMPOT INDIRECT

L’impôt peut frapper la matière imposable de deux manières, soit en l’imputant directement. Ce qui
donne lieu à des impôts directs sur le revenu ou sur le capital soit à l’occasion d’une dépense, ce qui
donne lieu à des impôts indirects sur la consommation.

Dans un premier temps nous analyserons le critère de distinction et ensuite dans un second temps les
avantages et inconvénients.

Le critère de distinction

Plusieurs critères de distinction ont été dégagés par la doctrine, il s’agit des critères matériels,
économiques, administratifs et juridiques.

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Le critère matériel

Selon ce critère la distinction entre impôt direct et impôt indirect repose sur la nature de matière
imposable, alors que l’impôt direct frappe les situations stables ou permanentes. L’impôt indirect quant
à lui vise les situations occasionnelles ou instables.

Ce critère matériel présente cependant des limites, car l’impôt direct peut aussi viser les situations
occasionnelles, ne serait-ce-t-il des revenus saisonniers ou des gains en bourse d’où le recours à un
second critère qui est administratif.

Le critère administratif

Ce second critère repose sur la gestion de tel ou tels impôts, alors que les impôts directs sont établis par
l’administration des contributions directes, les impôts indirects sont établis et gérés par l’administration
des contributions indirectes.

Mais ce critère de distinction s’il peut être opérant dans les pays où l’administration fiscale comporte
deux grandes directions séparées, il n’a en revanche aucun intérêt dans les pays où ces deux directions
fusionnées pour donner naissance à la Direction Générale des Impôts (DGI).

Le critère juridique

Ce troisième critère est fondé sur la procédure de recouvrement des impôts qui fait intervenir un
document administratif important qui est la déclaration.

Ainsi le recouvrement des impôts directs s’effectue par voie de rôle alors que le recouvrement des impôts
indirects ne donne pas lieu à l’établissement préalable d’un rôle. Ce troisième critère présente aussi des
limites, d’abord le recouvrement des impôts directs peut conduire aussi à l’établissement d’un rôle si le
contribuable ne s’acquitte pas spontanément de sa dette fiscale.

Le critère économique

Ce dernier repose sur la notion de répercussion économique de l’impôt, ainsi l’impôt direct est celui
supporté définitivement par le redevable légal qui est aussi le contribuable réel. En revanche, l’impôt
indirect est celui qui peut être répercuté par le redevable légal sur le contribuable réel.

d. LES AVANTAGES ET LES INCONVENIENTS DES IMPOTS DIRECTS ET INDIRECTS

Nous allons d’abord analyser les avantages et les inconvénients de l’impôt direct ensuite les avantages
et inconvénients de l’impôt indirect.

Les avantages et les inconvénients de l’impôt direct

Le premier avantage de l’impôt direct est son rendement quasi-certain et relativement stable. En effet,
l’impôt direct est moins dépendant de la conjoncture économique et apporte donc au fisc des recettes
sures même en période de crise.

Le deuxième avantage, c’est que l’impôt direct présente une bonne élasticité légale (variation du taux
d’impôt direct. Il en résulte une majoration de taux de l’impôt direct qui se traduit par l’accroissement
de son rendement. Il faut cependant éviter d’abuser de cet avantage car en effet au-delà d’un taux, toute
aggravation du tarif de l’impôt pourrait se traduire par une rupture du système fiscal.

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Non seulement que toute aggravation du taux de l’impôt est génératrice de fraude et d’évasion fiscale,
mais encore elle risque de décourager l’esprit d’entreprise, dès lors que le contribuable a le sentiment
de ne pas tirer suffisamment de son activité.

Le troisième avantage de l’impôt direct est qu’il réalise au mieux la justice fiscale, donc c’est un impôt
qui se prête aisément aux techniques de personnalisation, mais l’impôt direct présent de nombreux
inconvénients.

Le premier inconvénient de l’impôt direct est sa faible élasticité économique.

Le deuxième inconvénient majeur de l’impôt direct, est que son recouvrement se fait trop lentement, il
s’écoule toujours un temps plus ou moins long entre le fait générateur de l’impôt et le paiement. Cet
inconvénient est atténué aujourd’hui par les techniques de recouvrement par anticipation (retenue à la
source, mensualisation et acompte provisionnel).

Le troisième inconvénient, il atteint de manière illégale les différentes catégories de contribuable en


fonction de la nature de leur revenu.

Les avantages et les inconvénients de l’impôt indirect

L’impôt indirect présent de nombreux avantages :

Le premier avantage est sa discrétion, en effet, dissimuler dans les prix des biens et services qu’il frappe
son poids est à peine ressenti par le contribuable.

Le deuxième avantage est son élasticité aussi bien légale qu’économique, d’abord une augmentation du
taux ne se traduit pas l’accroissement de l’impôt indirect et en termes de rendement et ensuite une
amélioration de la conjoncture économique a pour conséquence l’accroissement des rendements des
impôts indirects.

L’autre avantage de l’impôt indirect, c’est la rapidité de son recouvrement.

Mais l’impôt indirect présent aussi des nombreux inconvénients :

Premier inconvénient et son injustice, il frappe les riches ainsi que les pauvres au même taux, exemple
la TVA. Cette injustice des impôts indirects peut être atténuée en prévoyant plusieurs taux en fonction
des biens.

Deuxième inconvénient est l’instabilité de son rendement, car en fonction de la conjoncture économique.
Les crises économiques ou les conjonctures économiques défavorables se traduisent par une baisse de
son rendement.

2. LA TYPOLOGIE DES SYSTEMES FISCAUX

On peut distinguer deux types de systèmes fiscaux :

Les systèmes fiscaux des pays industrialisés et capitalistes ;


Les systèmes fiscaux des pays en voie de développement.
a. Les systèmes fiscaux des pays industriels et capitalistes
Ces systèmes fiscaux se caractérisent d’une part par une forte pression fiscale et d’autre part par la
prédominance des impôts directs. Le niveau élevé de la pression fiscale s’explique par le niveau élevé
du pouvoir d’achat du contribuable et donc de ses facultés contributives.

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La prédominance des impôts directs quant à elle s’explique par l’industrialisation de ces pays, ainsi dans
la plupart de ces pays industrialisés, l’impôt direct sur le revenu représente plus de la moitié de
l’ensemble de recettes fiscales (IRPP et IS).

La France présente une structure fiscale atypique, puisque l’impôt direct sur le revenu représente 20%
des recettes fiscales alors que la TVA (impôt indirect) représente quant à elle 50% de l’ensemble des
recettes fiscales.

b. Les systèmes fiscaux des pays sous-développés ou en voie de développement


Ces systèmes fiscaux sont caractérisés par une prépondérance des impôts indirects notamment des droits
de douanes.

La prépondérance des impôts indirects

Dans ces pays en voie de développement, les recettes fiscales proviennent essentiellement des impôts
indirects. Cette situation s’explique d’abord par le faible niveau de revenu moyen par habitant. La
deuxième explication tend à la rareté des grandes entreprises industrielles et commerciales passibles de
l’impôt direct sur les sociétés, dans ces pays la pression fiscale est généralement faible.

La troisième explication est que l’impôt direct sur le revenu exige une administration fiscale
performante, ils sont donc obligés de recourir à des impôts indirects et surtout aux droits de douanes.

L’importance des droits de douanes

Les droits de douanes ou droits de porte ou la fiscalité extérieure représente généralement plus de la
moitié des recettes fiscales, ce chiffre montre à quels points les pays sous-développés sont dépendant de
droits de douanes (fiscalité extérieur). Si les droits à l’exportation n’existent que dans les pays, pourvus
que les matières, en revanche tous perçoivent des droits à l’exportation.

Cette prépondérance des de douanes constituent pour ces Etats une fiscalité, en effet, ils contribuent non
seulement à l’équilibre de la balance des paiements, mais surtout elle permet de procurer des recettes
fiscales appréciables au Trésor Public.

3. L’EVALUATION DE LA MATIERE IMPOSABLE

Une fois la matière imposable a été choisie, il faut ensuite l’évaluée, c’est-à-dire la mesurée avec autant
de précision que possible. En effet, de cet évaluation dépendra du montant de l’impôt dû par le
contribuable, il s’agit d’une opération complexe du processus d’évaluation. Il existe deux grands
procédés pour évaluer la matière imposable.

D’abord un procédé indirect qui fait appel aux indices ou signes extérieurs de richesses, c’est
l’évaluation par présomption ensuite un procédé direct qui s’appuie sur les déclarations du contribuable
c’est l’évaluation par témoignage.

a. L’évaluation indirecte par présomption

En recourant à ce procédé, l’administration fiscale refuse de connaître avec exactitude la valeur de la


matière imposable, elle se contente d’une évaluation approximative. Ce procédé d’évaluation par
présomption peut prendre trois formes :

L’évaluation indiciaire ;
L’évaluation forfaitaire ;
L’évaluation administrative.

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L’évaluation indiciaire

Elle signifie que l’évaluation de la matière imposable est déterminée à partir des indices ou signes
extérieurs de richesse. Ces signes ou indices doivent être révélateur du train de vie du contribuable (biens
mobiliers ou immobiliers). On retiendra la valeur locative de la résidence principale, la puissance fiscale
du véhicule.

L’évaluation indiciaire par présomption présente un avantage, c’est sa simplicité. En effet, elle évite une
friction entre le fisc et le contribuable, mais son inconvénient majeur réside dans le fait que ce procédé
est improductif parce qu’approximatif.

L’évaluation forfaitaire

Dans certain cas, il est difficile d’exiger du contribuable une déclaration de sa matière imposable soit
parce qu’il est incapable de connaître lui-même la valeur de celle-ci exacte, soit parce que la déclaration
ne peut être valablement contrôlée faute de pièces justificatives ou documents comptables probants.

Dans ces conditions, l’évaluation forfaitaire paraît commode à la fois pour le contribuable et pour
l’Administration fiscale, l’évaluation forfaitaire donne lieu à un accord au terme duquel on attribue à la
matière imposable une valeur approximative pour une période déterminée, cela suppose donc que
l’Administration fiscale renonce à connaître la valeur exacte de la matière imposable, en s’appuyant à
la fois sur ces présomptions et sur les déclarations du contribuable et va parvenir à une évaluation la
plus proche possible de la réalité.

Ce procédé est surtout utilisé pour les revenus des produits agricoles, il est également utilisé pour
évaluer, les revenus des petits commerçants et artisans. L’évaluation forfaitaire se présente généralement
comme une option ou le contribuable a le choix entre l’évaluation réelle exacte et l’évaluation forfaitaire,
le contribuable peut opter pour l’évaluation réelle à condition qu’il tienne une comptabilité exacte de
son activité.

L’évaluation administrative

C’est un procédé qui permet à l’Administration Fiscale d’apprécier et d’évaluer librement la matière
imposable, en s’appuyant sur tous les éléments à sa connaissance, l’évaluation administrative est un
procédé exceptionnel qui intervient pour sanctionner les contribuables négligeant ou récalcitrants, elle
débouche sur la taxation d’office (procédure de redressement unilatéral).

b. L’évaluation directe par témoignage

Cette évaluation par témoignage prend deux formes :

La déclaration par un tiers ;


La déclaration par le contribuable.

La déclaration par un tiers

Ici la matière imposable est déclarée au fisc par une tierce personne qui en raison de sa position en
connait parfaitement la valeur (employeur, locataire, actionnaire…). Ce système a l’avantage d’écarter
tout risque de fraude, le déclarant n’ayant aucun intérêt à dissimuler au fisc, le montant exact des
sommes versées au contribuable (se sont des charges déductibles qui peut influer sur son résultat).

Ce système est appelé ou qualifié de la dénonciation fiscale.

La déclaration par le contribuable lui-même

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Dans ce système c’est le contribuable lui-même qui révèle au fisc la valeur de la matière imposable qu’il
détient, le fisc doit donc se fier à la sincérité de ses déclarations, ce système est appelé la confession
fiscale.

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CHAPITRE 3 : LA LIQUIDATION DE L’IMPOT
Une fois la matière imposable a été choisie par législateur, que sa valeur a été déterminée par
l’Administration Fiscale, ensuite il faut liquider l’impôt, c’est-à-dire calculer la somme exacte que le
contribuable devra payer. La liquidation d’impôt offre au législateur trois options principales.

Il doit ainsi choisir entre un système d’imposition réelle et un système d’imposition personnelle, entre
un système de répartition et un système de quotité, entre un système d’impôt proportionnel et un système
d’impôt progressif.

1. IMPOTS REELS OU IMPOTS PERSONNELS

Un impôt réel est un impôt qui frappe le contribuable sans tenir compte de sa situation personnelle, il
atteint de la même manière les riches et les pauvres, c’est un impôt inre (la chose).

C’est un impôt fondamentalement injuste car ne tenant pas compte de la situation personnelle du
contribuable, c’est-à-dire qui prend en considération non seulement ses ressources mais aussi ses dettes
(IRRP).

L’objectif visé ici est une plus grande justice fiscale au moyen d’une fiscalité personnalisée, c’est un
impôt à la carte qui varie en fonction de la situation personnelle des contribuables.

Il existe trois techniques de personnalisation des impôts :

D’abord la technique des déductions et réductions ;


Ensuite celle de la discrimination ;
Enfin celle du quotient familial.
a. La technique des déductions et réductions

Déductions : aussi appelées abattements interviennent avant l’application du taux à la matière


imposable, ils interviennent en amont, elles consistent à diminuer la base d’imposition c’est-à-dire à
minorer la matière imposable.

Contrairement aux abattements ou déductions, les réductions interviennent en aval c’est-à-dire après
du taux à la matière imposable. Autrement dit, l’impôt a été calculé avant qu’on accorde la réduction, le
montant de l’impôt serait ainsi réduit d’une certaine somme ou d’un certain montant.

Il est possible de combiner les réductions et les déductions afin de mieux adapter le prélèvement à la
situation du contribuable. Il faut préciser toutefois que les déductions et les réductions doivent être
prévues par la loi fiscale, l’Administration Fiscale est obligée de les appliquer dès lors que le
contribuable satisfait les conditions prévues par la loi.

Elle a donc une compétence liée (lorsque l’administration ne dispose pas de pouvoir pour appliquer une
disposition).

En revanche, les réductions relèvent de la compétence de l’Administration Fiscale, elle eut les accorder
ou non en cas de gêne ou d’indulgence du contribuable, l’Administration dispose ainsi d’un pouvoir
discrétionnaire.

La discrimination

L’impôt personnel peut être discriminatoire, cette discrimination vise une plus grande justice fiscale, la
discrimination consiste à tenir compte d’autres éléments en dehors des revenus, ainsi un revenu égal on
imposera plus lourdement un célibataire par rapport à un marié, les revenus du capital par rapport au

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revenu du travail. Toutes ces mesures tendent à personnaliser l’impôt et à obtenir une plus grande justice
fiscale.

Le quotient familial

C’est une technique d’allégement de l’impôt en faveur des ménages, elle a été conçue après la seconde
guerre mondiale en Europe, d’une part pour encourager la natalité, d’autre part pour stigmatiser le
célibat, cette technique consiste à diviser le revenu du contribuable en part suivant la composition de la
famille, ensuite on applique séparément le taux de l’impôt à chaque part, le montant de l’impôt que doit
payer le contribuable est obtenu en additionnant ses impositions partielles, plus le nombre de part est
important moins on paie d’impôts.

2. IMPOT DE QUOTITE OU IMPOT DE REPARTITION

Le législateur a le choix entre un système d’impôts de quotité et un système d’impôts de répartition.

a. IMPOT DE QUOTITE

C’est un impôt dont le taux est déterminé par le législateur, on applique à la matière imposable évaluée
par l’Administration Fiscale un taux unique. La particularité de ce procédé c’est qu’on ne peut connaître
à l’avance le rendement de l’impôt, celui-ci dépendre de la quantité des matières imposables détenues
par le contribuable.

Au contraire, la technique de la répartition consiste à fixer à l’avance le rendement de l’impôt, ce


rendement donne lieu ensuite à la détermination de contingents pour des unités territoriales de plus en
plus petites jusqu’au contribuable.

3. IMPOT PROPORTIONNEL OU IMPOT PROGRESSIF

L’impôt de quotité que l’on retrouve essentiellement dans les systèmes fiscaux modernes peut prendre
deux formes :

Celle d’un impôt proportionnel ou celle d’un impôt progressif

a. Impôt proportionnel (IS)

Un impôt proportionnel est un impôt dont le taux est uniforme, c’est-à-dire qui s’exprime en un
pourcentage qui ne varie pas. Cette proportionnalité de l’impôt était considérée par les révolutionnaires
français de 1789 comme la conséquence du principe d’égalité devant l’impôt. L’inconvénient de l’impôt
proportionnel c’est qu’il ne tient pas compte du fait que tout le monde n’a pas la même capacité
contributive.

b. Impôt progressif

C’est un impôt dont le taux augmente au fur et à mesure que la matière imposable s’accroit, c’est-à-dire
le taux n’est pas uniforme mais au contraire il existe plusieurs taux, la multiplicité de ces taux répond à
un souci de justice sociale.

L’impôt progressif est le résultat de la théorie décroissante des revenus qui a été conçue au 19ème siècle
par un philosophe et économiste anglais John Stuart Mill.

Selon cet auteur, les diverses tranches de revenus n’ont pas la même utilité mais une utilité décroissante
par conséquent pour qu’il y ait une proportionnalité exacte, il faut imposer plus lourdement les tranches
supérieures de revenus parce qu’elles sont vitales à l’individu.

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CHAPITRE 4 : LE RECOUVREMENT DE L’IMPOT
Après la liquidation de l’impôt, il faut ensuite le faire payer par le contribuable, c’est le législateur qui
fixe les modalités de recouvrement de l’impôt. La question qui se pose ici est celle de savoir comment
faire passer l’argent du contribuable aux caisses du Trésor Public.

Nous allons voir dans un premier temps les techniques de recouvrement ensuite le recouvrement des
impôts directs et enfin le recouvrement des impôts indirects.

1. LES DIFFERENTES TECHNIQUES DE RECOUVREMENT

Le recouvrement de l’impôt peut se faire sous diverses formes, de fois sous la forme du versement direct
par le contribuable, sous la forme du versement indirect par un tiers enfin par le procédé du timbre.

a. Versement direct par le contribuable

Ce procédé signifie que l’argent passe directement des mains du contribuable dans les caisses du Trésor
Public, il n’y a pas d’intermédiaire entre le fisc et le contribuable. De nos jours l’impôt est portable et
non quérable (taxe vicinale), ça n’a pas toujours été le cas notamment à l’époque des collecteurs
d’impôts.

Aujourd’hui encore, certains impôts comme la taxe vicinale sont encore quérables notamment dans les
zones rurales.

b. Le versement indirect par un tiers

Le versement par un tiers signifie qu’une personne autre que le contribuable paie l’impôt au fisc, avec
l’argent prélevé sur ce dernier exemple la TVA, ce procédé est surtout utilisé en matière d’impôts
indirects.

Ce qu’on appelle la retenue à la source (salaire des fonctionnaires), autrement dit, l’impôt est défalqué
du revenu imposable avant que ce revenu ne soit perçu par le contribuable (ce procédé évite la fraude,
discret et indolore).

Sur le plan psychologique, le versement par un tiers à l’avantage de rendre ce prélèvement indolore.

c. Le procédé du timbre

Le timbre est un procédé indirect de recouvrement, il consiste à obliger le contribuable à coller sur la
matière imposable une vignette ou une estampille (vignette sur les taxis), qu’il doit acheter
préalablement auprès de l’administration fiscale. Ce procédé est très utilisé pour le paiement de certains
impôts indirects qui frappent les actes juridiques :

Contrats ;
Passeports ;
Les actes d’état civil.

Il est également utilisé dans notre pays pour l’imposition des véhicules à moteur ou la vignette.

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2. LE RECOUVREMENT DES IMPOTS DIRECTS
a. RECOUVREMENT PAR ANTICIPATION

Le recouvrement par anticipation vise à l’accélération la perception de l’impôt, ce qui constitue un


avantage (ressources) pour l’Etat et le contribuable. Ces techniques de recouvrement par
anticipation sont :

La mensualisation ;
La retenue à la source ;
Les acomptes provisionnels.

La retenue à la source s’applique principalement essentiellement aux revenus salariaux et autres revenus
assimilables, la mensualisation quat à elle, est une convention passée entre le fisc et le contribuable au
terme de laquelle, ce dernier donne l’ordre à son banquier de virer chaque mois au profit du Trésor
Public un douzième su montant de l’impôt acquitté l’année précédente (N-1) en attendant de connaître
au début de l’année suivantes (N+1) dû, au titre du revenu de l’année en cours (N).

Pour ce qui est des acomptes provisionnels, il s’applique aux contribuables qui ne voulaient pas recourir
à la mensualisation en se référant à l’impôt payé l’année précédente. Les contribuables concernés sont
tenus de verser régulièrement au fisc (périodiquement) le montant de l’impôt dû au titre de l’année en
cours.

3. LE RECOUVREMENT DES IMPOTS INDIRECTS

Le recouvrement des impôts indirects, obéit à des procédures des droits au comptant ou droits constatés.

a. Procédures des droits au comptant

C’est la procédure de droit commun (impôts indirects), elle se caractérise par le fait que le recouvrement
de l’impôt à lieu au même moment que l’assiette et la liquidation.

Autrement dit, l’impôt est perçu au moment où se produit le fait générateur, le contribuable doit payer
le droit de douanes au moment où il franchit la frontière avec la marchandise importée de l’étranger.

De plus, contrairement aux procédures de recouvrement des impôts directs qui établit la séparation entre
l’ordonnateur de l’impôt et le comptable chargé de son recouvrement, l’administration qui établit
l’impôt et le perçoit à ses propres guichets.

b. Procédures des droits constatés

Dans le cadre de cette procédure, les opérations d’assiette, de liquidation et le de recouvrement peuvent
être séparées dans le temps tout en étant accomplies par la même administration.

15
CHAPITRE 5 : LE CONTROLE FISCAL
Le contrôle fiscal est la contrepartie du système déclaratif (le contribuable déclare lui-même ses
revenus). Le contribuable déclare ses impôts sur la base de déclaration qu’il a souscrite sur un imprimé
fourni par l’Administration Fiscale. C’est la mise en œuvre du principe de consentement de l’impôt.

Mais corrélativement l’administration fiscale se voit l’obligation de contrôler la sincérité des


informations souscrites par le contribuable, elle dispose pour cela des prérogatives lui permettant de
vérifier et corriger les omissions, les insuffisances ou les erreurs d’imposition (pouvoir fiscale de
l’administration).

Le contrôle fiscal peut, donc se définir comme l’ensemble des procédures qui permettent à
l’Administration Fiscale de s’assurer que le contribuable s’est acquitté de ses obligations fiscales. Ces
opérations de contrôle s’exercent dans le cadre des procédures créant des droits et des devoirs tant à
l’encontre des contribuables que du fisc.

Le contrôle fiscal répond à une exigence constitutionnelle (principes de nécessité et de légalité de


l’impôt).

En effet, la lutte contre la fraude fiscale et sa légitime répression sont la mise en œuvre de la nécessité
d’impôt, il s’agit en outre de garantir le principe d’égalité devant l’impôt, mais cet objectif doit être
concilié avec d’autres normes de valeurs constitutionnelles, notamment les droits fondamentaux des
contribuables.

Concrètement, le contrôle fiscal conduit l’Administration à exercer son droit de contrôle qui pourra être
suivit d’un droit de reprise1 et par la mise en œuvre du pouvoir de redressement. Le pouvoir de
redressement est celui reconnu à l’Administration de rehausser l’impôt dû par le contribuable, ce pouvoir
de redressement s’exerce dans le cadre des procédures reconnaissant d’importantes garanties au
contribuable.

L’Administration dispose aussi du pouvoir d’infliger les sanctions.

1. LES MODALITES DE CONTROLE, LES PROCEDURES DE REDRESSEMENT ET LES


SANCTIONS
a. Les modalités du contrôle fiscal

Dans l’exercice de son contrôle, l’administration dispose des moyens qui lui permettent d’obtenir des
informations sur le contribuable, le contrôle peut prendre plusieurs formes, selon qu’il s’agit d’une
entreprise ou d’un particulier, enfin l’Administration exerce un droit de reprise dans la limite du délai
de reprise.

a.1 : Les moyens de contrôle

Ces moyens permettent à l’Administration Fiscale d’obtenir des informations sur le contribuable,
d’abord l’Administration peut demander des éclaircissements ou des justifications adressés au
contribuable lui-même. De peur qu’elle n’obtienne des informations insincères, elle peut les recueillir
auprès des tiers en exerçant son droit de communication, enfin dans la mesure où elle suspecte des
fraudes graves, l’Administration peut procéder à ce qu’on appelle des perquisitions fiscales et saisies.

1
Droit de rappeler aux contribuables les erreurs, omissions dans l’imposition qui s’exerce dans un délai, quatre
ans au Gabon

16
a.2 : La demande d’éclaircissement et de justification

Elle est prévue au Gabon par l’article P.845 LPF2, qui dispose que : « l’Administration Fiscale peut
demander par écrit au contribuable, tout éclaircissement, justification, renseignement relatif aux
déclarations souscrites et aux actes déposés y compris pour les catégories des revenus pour lesquelles
ils ne sont pas astreint à la tenue d’une comptabilité, les documents d’éclaircissement et de justification
doivent indiquer explicitement les points sur lesquels elle porte. Si le contribuable n’a pas répondu dans
un délai de vingt (20) jours (Avis de mise en recouvrement) à compter de la réception de la demande ou
si sa réponse est insuffisante, l’Administration pourra lui appliquer la procédure de taxation d’office ».

a.3 : Le droit de communication

Ce droit permet à l’Administration d’obtenir des informations concernant un contribuable auprès des
tiers, le droit de communication s’exerce à l’endroit de nombreuses personnes morales et physiques
notamment :

Les employeurs qui doivent communiquer les documents sur lesquels sont enregistrés les
paiements de salaire ;
Les administrations et entreprises publiques,
Les organismes de sécurité sociale ;
Les entreprises et sociétés commerciales.

Toutes ces entités doivent communiquer leur livre comptable dont la tenue est obligatoire. Les livres,
registres et documents sur lesquels peut exercer le droit de communication doivent être conservés dans
un délai de dix ans article P.890 LPF à compter de la date de la dernière opération mentionnée sur ces
livres ou de leur établissement.

a.4 : le droit de visite et de saisie (perquisition)

Dans certaines circonstances, l’Administration Fiscale peut amener à effectuer des visites domaniales
ou des perquisitions fiscales, dans les locaux professionnels et entrepôts, mais aussi dans les locaux
privés en vue de saisir le cas échéant des documents. C’est le cas notamment lorsque le contribuable
(entreprise) est soupçonné d’avoir une double comptabilité.

Le législateur a entouré l’exercice de ce droit de garanties importantes (droits fondamentaux : vie privée,
liberté, droit de propriété).

Or au terme de la constitution, l’autorité judiciaire est gardienne des libertés individuelles et de la


propriété, chaque visite doit être autorisée par l’autorité judiciaire (avoir une ordonnance du juge).

Au Gabon, l’article P.897 LPF dispose que : « l’Administration Fiscale saisie l’autorité judiciaire
compétente pour l’autoriser à effectuer des visites en tout lieu même privé où les pièces et documents à
ses investigations sont susceptibles d’être détenus et procéder à leur saisie quel qu’en soit le support
(papiers, ordinateurs) lorsqu’elle existe des présomptions qu’un contribuable se soustrait à
l’établissement ou au paiement des impôts, droits et taxes :

En se livrant à des achats et à des ventes sans factures ;


En utilisant ou en délivrant des factures ou des documents ne se rapportant pas à des opérations
réelles ;

2
Livre de Procédure Fiscale

17
En émettant scilliamment, de passer ou de faire passer des écritures ou en passant ou faisant
passer scilliamment des écritures inexactes ou fictives dans les documents comptables dont la
tenue est imposée par le présent code ».
b. Les formes de contrôles

Les contrôles peuvent prendre plusieurs formes selon le cas, elles varient en fonction des conditions
d’exercice et l’activité du contribuable, notamment de l’obligation de produire ou non une comptabilité.
Deux formes de contrôles concernent les entreprises :

Il s’agit d’une part d’un contrôle sur pièce et d’autre part de la vérification de la comptabilité (contrôle
sur place).

b.1 : Le contrôle sur pièce

Il s’agit des opérations de recherche et d’analyse qui sont effectuées au sein même de l’Administration
Fiscale. L’Article P.844 LPF dispose que : « l’Administration Fiscale peut procéder au contrôle des
déclarations souscrites par le contribuable, depuis les locaux de l’Administration, sans envoyer un avis
au préalable dans le cadre des contrôles sur pièce, ces contrôlent se limitent à l’examen de la cohérence
des déclarations, des actes utilisés pour l’établissement des impôts, droits et taxes ainsi que des
documents en vue d’obtenir des déductions, des restitutions ou des remboursements ».

b.2 : la vérification de comptabilité ou le contrôle sur place ou le contrôle externe

La vérification de la comptabilité est prévue par l’article P834 LPF, elle concerne uniquement les
entreprises astreintes à tenir une comptabilité. Cette forme de contrôle fiscal externe a pour objet, de
confronter la comptabilité présentée à certaines données de fait ou matérielles afin de s’assurer de la
sincérité des déclarations souscrites. Le Livre de Procédure Fiscale (LPF) soumet la vérification de
comptabilité à un cadre juridique strict destiné à garantir les droits du contribuable vérifié et notamment
ces droits à la défense (informer au préalable le contribuable).

Les droits à la défense s’entendent à la fois du droit à l’information et du droit à un débat oral et
contradictoire, on peut ainsi distinguer les garanties avant la vérification de comptabilité, les garanties
durant la vérification de comptabilité et les garanties après la vérification de comptabilité (sous peine
d’annulation de procédure de vérification).

Les garanties avant la vérification de comptabilité

Le droit pour le contribuable d’être informé, constitue ici une garantie essentielle, de ces droits à la
défense, car il est souvent une condition préalable pour l’application effective d’autres droits. Ce droit
implique que le contribuable soit préalablement alerté des mesures qui lui concerne.

Ce droit à l’information se matérialise par l’envoie au contribuable vérifié sous lettre remise en main
propre avec accusée de réception ou bordereaux de décharge ou d’un avis de vérification au moins huit
jours franc avant ma date prévue de l’intervention.

L’absence d’avis de vérification ou son envoie dans les délais inférieurs à huit jours, entraîne
normalement la nullité de la procédure ou de la décharge des impositions.

En cas de report de la date initiale, à l’initiative de l’Administration Fiscale, cette dernière doit
impérativement adressée au contribuable un avis rectificatif. Toutefois l’Administration Fiscale peut
aussi procéder des vérifications inopinées dans le cas où l’information du contribuable pourra le
conduire à dissimuler certains éléments, dans ce cas l’avis d’imposition est remis au contribuable en
main propre lors de la première intervention.

18
Les garanties durant la vérification de comptabilité

D’abord la vérification de la comptabilité doit être effectuée sur place, c’est-à-dire au siège de
l’entreprise, en principe le vérificateur ne peut emporter les documents pour les vérifier à son bureau
(pour éviter de gêner l’activité de l’entreprise).

Le juge administratif en France a défini de manière prétorienne, les conditions dans lesquelles, le
vérificateur peut emporter dans les locaux de l’Administration Fiscale des documents appartenant au
contribuable :

Les documents emportés doivent être déposés dans les bureaux de l’Administration et non au
domicile privé du vérificateur ;
Le contribuable doit demander par écrit l’emport de ses documents, le vérificateur qui emporte
les documents, a l’obligation d’un dépositaire et doit notamment délivrer un reçu au
contribuable ;
L’emport des documents ne doit pas pour effet de priver le contribuable du débat oral et
contradictoire auquel il a droit. ;
Les documents emportés doivent être restitués avant l’expiration du délai prévu par la loi, en
moyenne trois mois.

Ensuite, la durée de vérification de comptabilité ne peut excéder trois mois (sauf disposition contraire
de la loi de finances en vigueur) dans la généralité des cas.

Toutefois, précise l’article P869 LPF, lorsque l’étendue des recherches ou les circonstances l’exigent,
ce délai peut être porté à douze mois.

Par ailleurs, la vérification ne peut que porter sur les impôt, droits et taxes pour les années et périodes
précisées dans l’avis. Lorsque l’Administration envisage d’étendre la vérification de comptabilité à une
période ou un impôt non précisé sur l’avis initial, il doit préalablement adresser un avis complémentaire
dans la condition de forme et de délai.

L’article P839 LPF précise que : « lorsque l’avis ne comporte pas sur les impôts, droits et taxes ou des
années et périodes indiquées et soumises à vérification, c’est l’ensemble des impôts dont le contribuable
est redevable au titre de la période non prescrite qui fait l’objet de la vérification, dans ce cas de
vérification est dite générale.

Enfin, lorsque la vérification au titre d’un exercice donné est achevée, l’Administration ne peut procéder
à de nouveaux redressements pour ces mêmes impôts pour le même exercice, sauf en cas de plainte
déposée par l’Administration pour fraude Fiscale.

Les garanties après la vérification de comptabilité

Bien que le vérificateur ait livré oralement ses conclusions au contribuable, il doit les lui adresser par
écrit après la vérification. En effet, l’achèvement des opérations de contrôle sur place est matérialisé par
une notification de redressement ou par un avis d’absence de redressement.

c. Les délais d’exercice du droit de reprise

En cas d’omissions, d’insuffisances ou d’erreurs constatées, l’Administration est tenue de rectifier les
bases d’imposition correspondantes. Celles-ci ne peuvent cependant être effectuées que dans la limite
du droit de reprise dont dispose l’Administration.

19
Il s’agit d’une garantie importante pour le contribuable. La durée du délai de prescription est variable,
mais le délai usuel est de quatre ans au Gabon, trois ans en France, ainsi par exemple s’agissant de
l’impôt sur les sociétés, la déclaration de 2016 peut être rectifiée par le fisc jusqu’au 31 décembre 2020
inclusivement, à l’expiration de ce délai aucune rectification ne peut plus être effectuée et la prescription
est acquise au contribuable.

Le délai de reprise peut toutefois être interrompu par une proposition de rectification intervenue avant
le délai d’écoulement de la prescription.

2. LES PROCEDURES DE REDRESSEMENT

La procédure de redressement ou de rectification est la suite logique du droit de reprise, parce que cette
procédure constitue une contrainte importante pour le contribuable, elle comporte des garanties pour ce
dernier, la procédure de redressement contradictoire est la procédure de droit commun, mais en cas
de méconnaissance de certaines obligations par le contribuable une période de redressement non
contradictoire peut lui être appliquée.

Enfin, il existe des procédures exceptionnelles comme la procédure de répression de l’abus de droit.

a. La procédure de redressement contradictoire

Cette procédure s’applique pour tous les impôts, elle se caractérise essentiellement par son caractère
contradictoire.

D’abord, l’Administration qui entend procéder à un redressement adresse au contribuable une


notification qui doit être motivée et chiffrée sous peine de nullité afin de permettre à celui-ci de faire
parvenir des observations ou de faire connaître son acceptation dans un délai franc de vingt (20) jours
(AMR) à compter de la date de réception de ladite notification.

Ensuite, le défaut de réponse dans le délai fixé, vaut acceptation et les impôts rappeler sont mis
immédiatement en recouvrement, l’Administration doit alors confirmer les redressements initialement
notifiés, si les observations formulées par le contribuable dans le délai sont reconnues fondées ou tout
ou partie, l’Administration peut abandonner totalement ou partiellement les redressements notifiés, elle
informe alors le contribuable dans une lettre de réponse aux observations du contribuable adressée par
lettre recommandée ou remise en main propre avec accusé de réception ou bordereaux de décharge.

Si l’Administration entend maintenir les redressements initiaux elle les confirme dans une lettre réponse
aux observations du contribuable et informe ce dernier qu’il a la possibilité de déposer une réclamation
contentieuse.

b. La procédure de redressement unilatéral (taxation d’office)

Elle intervient pour sanctionner le contribuable qui n’a pas déposé sa déclaration à l’endroit de
l’Administration Fiscale.

c. La procédure d’abus de droit3

L’abus de droit est une simulation juridique, une opération régulière sur le plan juridique, en dissimule
en fait une autre qui elle, donnerait lieu à des impositions plus élevées, il s’agit donc d’un mensonge
juridique, d’un montage ayant pour but d’éluder ou d’atténuer la charge fiscale du contribuable (une

3
Le droit est détourné de son but

20
vente qui dissimule une donation pour payer moins d’impôts qui à un caractère fictif). La qualification
ou la requalification d’un acte relève de la compétence de l’administration.

Selon le principe de réalisme du droit fiscal, la loi fiscale frappe des situations de faite et non leur
apparence juridique (vente), article P.855 LPF.

Il dispose en effet que : « toute opération conclue sous la forme d’un contrat ou d’un acte juridique
quelconque dissimulant une réalisation ou un transfert de bénéfice ou de revenu effectué directement
ou par personne interposée n’est opposable à l’Administration Fiscale, qui a le droit de restituer à
l’opération son véritable caractère et de déterminer en conséquence les bases des impôts, droits et taxes
en cause, en cas de réclamation devant la juridiction contentieuse, la charge de la faute incombe à
l’Administration Fiscale ».

L’enjeu de cette disposition est qu’elle donne la possibilité à l’Administration Fiscale de lutter contre
les exercices de trapèze juridique et fiscal auquel se livre le contribuable pour dissimuler la matière
imposable.

Le domaine d’abus de droit

L’abus de droit doit être distingué des notions voisines comme la fraude fiscale, l’évasion fiscale,
l’optimisation fiscale ou l’acte anormal de gestion.

La fraude fiscale est un procédé individuel et volontaire de fuite devant l’impôt utilisé par les
contribuables et consistant à se mettre en contradiction avec la loi fiscale.

L’évasion fiscale quant à elle est un procédé de fuite devant l’impôt utilisé par les contribuables
consistant à profiter des lacunes et des imperfections de la loi fiscale pou se placer indirectement par
l’utilisation d’un procédé réel et régulier des techniques juridiques dans une situation fiscale favorable.

Cette notion d’évasion fiscale doit être rapprochée de cette de l’optimisation fiscale, ce néologisme
désigne l’habilité fiscale autorisée du contribuable.

Enfin, l’acte anormal de gestion est une théorie dégagée par le juge fiscal, un acte anormal de gestion
est un acte qui n’est pas conforme à l’intérêt de l’entreprise, c’est le cas notamment, lorsque l’entreprise
abandonne une créance ou réalise une dépense sans que cela soit justifié par son intérêt.

L’abus de droit à la lecture des dispositions du code général des impôts du Gabon appartient
manifestement à l’ensemble des procédés que l’on regroupe sous le vocable de fraude fiscale, il consiste
à dissimuler la vente derrière un acte qui soit effectif (le cas par exemple pour une société, la pluralité
d’associés n’est qu’un leurre) soit est déguisé (le cas d’une donation déguisée en vente).

Dans un arrêt du conseil d’Etat du 10 juin 1981 en France, le juge administratif a donné une définition
plus large de l’abus de droit, en y incluant l’abus de droit par fraude de la loi en d’autres termes, l’acte
du contribuable qui n’a pu être inspiré par aucun autre motif que celui d’éluder ou d’atténuer les charges
fiscales est considéré comme un abus de droit quand bien même il serait licite.

La procédure

L’Administration Fiscale estime qu’un contribuable a commis un abus de droit, l’article P.855 lui donne
la possibilité de procéder à une déqualification et une requalification. L’acte apparent va être écarté au
profit de l’acte réellement voulu, l’acte ostensible est déclaré inopposable à l’Administration Fiscale.

En effet, le fisc est autorisé à faire produire effet à la procédure réelle que le contribuable aurait
réellement acquitté.

21
Le fondement de ce pouvoir de déqualification et de requalification peut être prouvé dans la théorie du
réalisme du droit fiscal, la loi fiscale frappe des situations de faite et non les apparences.

L’abus de droit permet aussi au fisc d’atteindre les faits en crevant l’écran trompeur qui les entoure.
Dans cette hypothèse, le fisc adresse aux contribuables les redressements correspondants, autrement dit,
le contribuable devrait acquitter le montant des impôts rappelés majorés des pénalités prévues par le
code.

En France, l’article L64B LPF donne la possibilité à l’Administration Fiscale mais aussi au contribuable
de saisir un comité consultatif pour la répression d’abus de droit, la saisine de ce comité a une incidence,
sur la charge de la preuve, si l’administration ne s’est pas conformée à l’avis du comité, elle devra en
cas de contentieux supportée la charge de la preuve. La charge de la preuve lui incombe également
lorsque le comité n’a pas été saisie du litige ni à son initiative ni à la demande du contribuable.

3. LES SANCTIONS

Tenue de rectifier les bases d’impositions en cas d’erreur, inexactitudes et omissions constatées,
l’Administration Fiscale est dans l’obligation d’appliquer les sanctions correspondantes prévues par le
code général des impôts, on peut distinguer deux catégories de sanctions :

Les sanctions fiscales ;


Les sanctions pénales.
a. Les sanctions fiscales

Ces sanctions se traduisent par un supplément à payer exigé en sus du rappel d’imposition qui lui ne
concerne que les droits du Trésor, il convient ici de distinguer les intérêts de retard qui ont le caractère
d’une réparation pécuniaire, et les sanctions pécuniaires qui ont ici un caractère répressif.

Les intérêts de retard

Selon l’article P 996 LPF, les insuffisances, omissions ou inexactitudes qui affectent la base ou les
éléments d’impositions et qui ont conduit l’Administration Fiscale à effectuer des redressements donne
lieu à un intérêt de 1,5% par mois plafonné à 50%, calculé sur la base du droit mis à la charge du
contribuable à la suite de notification du dernier acte de la procédure en cas de contrôle.

Les intérêts de retard constituent la réparation pécuniaire de préjudice financier subit pat le Trésor Public
et non une sanction.

En conséquence, ces intérêts sont dus qu’il y ait ou non absence de manquement délibéré.

Sanctions pécuniaires à caractère répressif

Ces sanctions ont un caractère général ou spécifique à certaines infractions.

D’abord, selon l’article P 997 LPF, les insuffisances, omissions ou dissimulations qui affectent la
base ou les éléments d’imposition et qui ont conduit l’Administration à effectuer les redressements,
excluant la bonne foi du contribuable donne lieu en sus de l’intérêt de retard à l’application des
majorations suivantes :

100% en cas de mauvaise foi ;


150% en cas de manœuvre frauduleuse.

Ensuite, certaines pénalités particulières sont prévues par le code général des impôts, ainsi donne lieu à
une amende forfaitaire égale à 250 000FCFA ? le non dépôt dans les délais légaux, d’une demande

22
d’immatriculation ou de modification des éléments ayant servi à une immatriculation initiale ainsi que
toute immatriculation comportant des éléments erronés.

Une amende forfaitaire pouvant aller jusqu’à 5 000 000FCFA est appliquée à toute personne tendant ou
ayant tenté de se soustraire ou de s’opposer aux droits de communication, sans préjudice de l’application
d’autres sanctions.

De même une amende égale à 100% de la valeur de la transaction avec un minimum de 500 000FCFA
est appliquée à toutes ventes de biens ou prestations de services n’ayant pas fait l’objet d’une facturation
sans préjudice de l’application d’autres sanctions.

Les sanctions pénales

L’Administration peut décider d’engager des poursuites contre le contribuable en cas de fraude fiscale,
sous le vocable de fraude fiscale ou regroupe la soustraction frauduleuse ou tentative de soustraction
frauduleuse à l’impôt. Le refus de faire sa déclaration dans les délais prescrits, la dissimulation d’une
part sujette à l’impôt, l’organisation de son insolvabilité ou encore le fait de faire obstacle au
recouvrement des impôts.

Les poursuites pour fraude fiscale sont portées devant le tribunal correctionnel peut prononcer dont le
ressort duquel l’un des quelconques impôts en cause aurait dû l’être établi ou acquitté.

Le tribunal correctionnel peut prononcer des peines principales qui sont l’emprisonnement de 15 jours
à 1 an et une amende de 500 000FCFA à 5 000 000FCFA.

Il peut aussi prononcer des peines complémentaires comme l’interdiction temporaire pour une durée
n’excédant pas 5 ans d’une profession industrielle, commerciale ou libérale.

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