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REMFO N°6 Octobre 2017 ISSN 2489-205X

Revue D’Etudes e Ma age e t et Fi a ce D’Orga isatio


N°6 Octobre 2017

FISCALITE ET INVESTISSEMENTS TOURISTIQUES

TAXES AND INVESTMENT IN THE TOURISM INDUSTRY

Amina TOUZANI
Doctorante en Gestion
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Agdal-Rabat
Université Mohamed V –Rabat
Email : Amina_touzani@yahoo.fr
Soumia ERRAISSE
Doctorante en Economie appliquée
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales- Salé
Université Mohamed V –Rabat
Email : soumia.erraisse@gmail.com

Résumé
Cet article se propose d’étudier et d’analyser l’impact de la fiscalité sur l’investissement touristique. En
effet, malgré les efforts entrepris par l’Etat marocain pour améliorer le climat des affaires et l’attractivité
de l’investissement privé dans le secteur du tourisme, le poids de la fiscalité sur la rentabilité des
investissements demeure important. Aujourd’hui, la croissance économique d’un pays est intimement
corrélée à la compétitivité (dont le coût constitue une composante importante) de ses entreprises.
L’entreprise qui constate que ses coûts, dont la charge fiscale, sont plus élevés que la concurrence risque
de délocaliser sa production à l’étranger ou de voir diminuer sa part de marché. Le présent article propose
une analyse d’impact de l’introduction d’une mesure fiscale avantageuse sur la charge fiscale des
structures hôtelières, sur leur rentabilité et, par ricochet, sur l’investissement touristique et la croissance
économique.
Mots clés : Investissement touristique, charge fiscale, croissance économique, compétitivité, rentabilité.

Abstract
The purpose of this article is to study and analyze the impact of taxes on investment in the tourism
industry. The Moroccan government carried out several reforms to improve the business climate and
encourage private investment. Among the different measures that were set up was taxes reduction. The
correlation between economic growth of a nation and the competitiveness of its companies is obvious.
One way to boost the companies’ competitive edge is to help them improve their margins by reducing the
taxes burden. Companies’ considering that their tax expenses are high either will consider transferring
their activities elsewhere or will endure a shrinking market share. The present article analyze the
introduction impact of advantageous tax measure on the tax burden of hospitality structures and thus on
investment in tourism industry and hence on the economic growth.
Keywords: Tourism investment, tax burden, economic growth, competitiveness, profitability.

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INTRODUCTION
L’investissement, sous toutes ses formes, joue inéluctablement un rôle déterminant pour
atteindre le sacro-saint objectif de croissance économique, il agit d’une part du côté de l’offre en
renouvelant, améliorant ou augmentant les capacités et d’autre part du côté de la demande en
distribuant des revenus. Au cours de la dernière décennie, plusieurs mesures ont été prises au
Maroc pour améliorer le climat des affaires et inciter ainsi les entreprises à investir. L’impact est
notable dans bien des domaines, mais reste encore insuffisant.
Le secteur du tourisme, à l’instar des autres secteurs, bénéficie de la charte commune destinée à
faciliter l’entrée des investissements (foncier à prix réduit, avantages fiscaux, subventions
d’investissement, etc.), mais des efforts, souvent liés à la pérennité des investissements, restent
encore à fournir. En effet, les mécanismes proposés actuellement sont généralement limités à la
phase acquisition du foncier / développement, et ne permettent pas de canaliser l’investissement
vers le secteur et concurrencer les destinations phares du tourisme. Or, l’exploitation des
structures touristiques en zones émergentes nécessite des mesures incitatives adaptées à la
performance de la destination ou à la catégorie de l’investissement touristique.
La première et principale composante de la finance pouvant affecter la rentabilité reste de loin la
fiscalité. L’étude du contexte et du système fiscal touristique au Maroc révèle que malgré une
politique de réforme du secteur, l’Etat marocain n’a pas encore atteint pleinement les objectifs
escomptés. Aussi, les projets touristiques programmés dans le cadre de la vision touristique 2020
semblent être prometteurs et nourrissent tous les espoirs en termes de création d’emploi, de
valeur ajoutée, etc. Il est temps d’apporter un nouveau souffle au secteur en introduisant une
réforme fiscale profonde qui intègrerait une logique de croissance économique. Il y a lieu de
s’inspirer des pays références en matière d’investissement touristique pour positionner le Maroc
parmi les plus attractifs en termes d’investissement.
Cet article essaiera de montrer dans un premier lieu qu’un lien étroit existe entre une fiscalité
avantageuse et l’attrait à l’investissement dans un projet touristique et, dans un deuxième lieu,
comme ouverture, une proposition d’incitation à étudier.

I. LE ROLE DE LA FISCALITE DANS UNE ECONOMIE OUVERTE


I.1. Généralités sur la fiscalité
La notion de « système fiscal » désigne l’ensemble des impôts et taxes appliqués dans une
économie à un intervalle de temps définie. Parler de régime fiscal laisse entendre l’existence
d’un système harmonieux et cohérent alors que la composition fait état d’élément épars, plus au
moins cohérents résultant plutôt d’une réflexion concrète.
La structure fiscale d'un pays résulte certes des choix de l’autorité politique mais reste
dépendante des facteurs sociaux, économiques et psychologiques avec lesquels l’administration
fiscale doit composer. Par ailleurs, chaque système fiscal compte deux axes : une structure
directive qui comprend les principes de base (taux d'imposition, base imposable, unité

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d'imposition, etc.), et le second axe qui contient les exceptions qui représenteront l'intervention
de l'Etat visant à réguler le développement économique et social. La pression fiscale définit le
poids relatif d'un impôt ou d'un ensemble d’impôts dans une économie donnée. Elle concerne,
d’une part, le niveau macroéconomique en exprimant le poids des impôts en pourcentage du
Produit Intérieur Brut pour mesurer l'emprise de l'État sur les contribuables et , d’autre part, le
niveau micro-économique en mesurant la pression fiscale sur les entreprises : la somme totale
des impôts sur le bénéfice qu'elles paient est mise en rapport à la somme totale de leurs bénéfices
, on parle de charge fiscale. Ces mesures permettent des comparaisons globales sur l'emprise de
la fiscalité sur l'économie.

I.2. Fiscalité, décision d’investissement et croissance économique


L’ouverture croissante des économies des pays et leur intégration sans cesse plus poussée, du fait
de la libéralisation des transactions sur les biens et les services, des transactions financières et de
la mobilité accrue des personnes, mettent les systèmes fiscaux en situation de concurrence.
En effet, L’analyse économique standard permet d’évaluer les effets d’un différentiel
d’imposition sur la répartition spatiale des investissements dans un environnement de mobilité et
de concurrence parfaite.
Avant les années 80, les études portant sur les statistiques globales d’investissement avançaient
que l’imposition n’a pas d’influence appréciable sur les décisions d’investissement. On estimait
que d’autres éléments, comme l’évolution positive de la demande de biens et de services,
jouaient un rôle plus important dans la croissance des investissements. Cependant, des études
plus récentes fondées sur des données au niveau de l’entreprise débouchent sur une conclusion
différente. Même si d’autres facteurs exercent assurément une influence non négligeable sur les
investissements, les recherches consacrées à cette question corroborent que les impôts exercent
bel et bien un effet important sur les décisions d’investissement des entreprises.
Lorsqu’une entreprise investit dans des actifs (machines, en bâtiments, etc.), elle s’attend à en
tirer un certain bénéfice après déduction des différentes charges. Pour entreprendre de nouveaux
investissements, les propriétaires d’une entreprise doivent espérer tirer du nouveau capital investi
un rendement au moins égal à celui qu’offrent les autres possibilités d’investissement
disponibles. Or, les impôts peuvent réduire le revenu tiré des investissements. L’effet des impôts
sur les bénéfices des sociétés fait état de consensus d’un nombre considérable d’études. Le
régime fiscal applicable aux entreprises peut influer de deux façons importantes sur la croissance
économique 1:
• Efficacité économique
La croissance économique est stimulée si le régime fiscal permet d’améliorer l’efficacité
économique. Un système d’imposition est efficient s’il est, notamment, neutre par rapport à la

1
Rapport du comité technique de la fiscalité des entreprises, Canada, p.26.

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prise de décision économique. Dans une économie de marché, les prix et les bénéfices ont un
effet de signal qui indique aux entreprises comment utiliser les facteurs de production.
Un régime fiscal qui ne fausse pas les prix relatifs ni les rendements des investissements
contribuera généralement à une utilisation plus productive des facteurs de production existants
(capital et travail), améliorant ainsi les perspectives de croissance économique.
Exemple : Considérons deux pays X et Y, X étant plus productif que Y mais affichant une
imposition plus lourde. Un investissement de 100 dans le pays X procure un bénéfice avant
impôt de 20 taxé à 50 % : le bénéfice après impôt est de 10. Le même investissement rapporte 15
avant impôt dans le pays Y taxé à 20 %, ce qui donne un bénéfice net de 12. L’entreprise
maximise son profit en investissant dans Y, alors que l’investissement Y est moins productif. Il y
a perte d’efficience économique. La perte d’efficience économique est un argument majeur
contre certaines formes de concurrence fiscale.
• Investissement en biens et en services de capital
La croissance économique dépend des investissements que les entreprises consacrent aux
machines, aux bâtiments et aux autres biens et services de capital qui accroissent leur capacité
d’embaucher les travailleurs ainsi que de produire des biens. Le régime fiscal réduit la croissance
économique s’il dissuade les entreprises d’investir dans des ressources en capital qui permettront
de produire des biens et des services.
Par ailleurs, et selon le modèle théorique de la courbe de Laffer2, l’accroissement des taux
d'imposition augmente les ressources fiscaux jusqu’à un certain seuil. Au-delà de ce niveau,
variable selon les économies, les revenus fiscaux diminuent. A cet effet, l’imposition exerce un
effet décourageant sur les contribuables et, en conséquence, le revenu global et la base
d'imposition se réduisent causant ainsi le ralentissement de l’investissement et des gains de
productivité et, par ricochet la stagnation de l’économie et l’inflation3.

I.3. La fiscalité, facteur de compétitivité


La croissance économique d’un pays dépend en partie de la compétitivité des entreprises sur le
plan des coûts. En outre, étant donné l’ouverture des économies (commerce international,
investissements directs de l’étranger et investissements directs à l’étranger), il importe de
maintenir un «climat fiscal» compétitif. L’entreprise qui constate que ses coûts, dont font partie
les impôts, sont plus élevés risque de délocaliser sa production à l’étranger ou de voir diminuer
sa part du marché. Il faut cependant bien noter qu’en plus de l’impact du régime fiscal, les coûts
liés à la localisation des activités économiques dépendent d’une multitude de facteurs : le coût de
la main-d’œuvre, le coût du capital, la disponibilité et la productivité de la main-d’œuvre, les
ressources naturelles et l’infrastructure. Cela signifie que, certes un pays ne doit jamais négliger

2
Arthur Betz Laffer, né le 14 août 1940, est un économiste libéral américain et chef de file de l'école de l'offre ("supply side"). Il est diplômé en
Sciences Economique de l'université de Munich, il est aussi diplômé de l'université de Stanford où il obtient son doctorat de Sciences
Economiques en 1972.
3
Georges Dumas, Politique fiscale : le naufrage, édition : Le harmattan, 2007, p.50.

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les niveaux d’imposition en vigueur à l’étranger, il doit toutefois offrir un régime fiscal optimal
du point de vue économique, qui prend en considération l’avantage comparatif du pays. En effet,
une économie sera fiscalement compétitive lorsque la structure de sa fiscalité lui confère un
avantage en termes de coûts de production (via les prix, la qualité des facteurs, l’allocation des
ressources) ou un avantage en termes d’attractivité des facteurs.
Il faut donc accepter le fait que dans certains secteurs d’un pays donné, les entreprises auront des
coûts de production plus élevés que leurs concurrents étrangers et de ce fait, essaieront de
compenser ces coûts par des avantages fiscaux ou des subventions directes.
Par ailleurs, Il n’existe pas de mesure simple de la compétitivité fiscale d’une économie. La
pression fiscale et la structure des assiettes varient fortement d’une économie à l’autre.
Néanmoins, l’intensité de la fiscalité est généralement abordée à partir de 3 types d’indicateurs,
chacun ayant sa logique spécifique et comportant des limites4 :
Type 1 : Les indicateurs macro-économiques
L'indicateur le plus utilisé est le taux nominal d'imposition, c’est le taux légal. Il ne rend pas
compte des règles d’assiette : le traitement des charges financières, la déductibilité des autres
impôts, les vitesses de dépréciation des actifs. Cet indicateur est très significatif en termes de
signal pour les agents économiques quoique le taux effectif d'imposition soit en général plus
faible que le taux nominal.
Type 2 : Les indicateurs micro-économiques
Le taux effectif concerne un cas typique d’investissement théorique. Cet indicateur compare le
rendement avant et après-impôt, suivant les modalités légales en vigueur. Il délivre une
information sur la taxation actualisée au cours du temps mais il est sensible à la nature de
l’investissement, aux hypothèses de taux d’intérêt, à la structure de financement. Il ne peut pas
rendre compte d’une fiscalité moyenne. Seule une comparaison des écarts entre économies pour
des hypothèses similaires pourrait être expressive.
Par ailleurs, le taux implicite rapporte l’impôt à sa base potentielle. Par exemple, concernant
l’impôt sur les sociétés, l’indicateur de profit auquel on se réfère sera le plus souvent l’excédent
net d’exploitation (ENE) (ENE = valeur ajoutée – rémunérations – impôts sur la production –
amortissement du capital physique). Cet indicateur, est calculé à partir des données comptables
contenues dans les liasses fiscales ; ou bien à partir des données de la comptabilité nationale. Il
peut être décliné par catégories d’entreprises (taille ou secteur).
Type 3 : Les indicateurs basés sur des données comptables
La part de l’impôt dans le PIB est un autre indicateur de la pression fiscale, il consiste à ramener
les recettes d’impôt à la richesse produite par l’ensemble de l’économie, mesurée par le produit
intérieur brut (PIB). Il permet ainsi de mesurer l’importance de l’impôt dans le paysage des

4
H. Partouche & M. Olivier, « Le taux de taxation implicite des bénéfices en France », Trésor-Éco, P.5.

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prélèvements obligatoires. C’est sur la base des divers indicateurs avancés ci-dessus que la
question de la compétitivité fiscale est généralement abordée au plan empirique.

II. FISCALITE AU MAROC


II.1. Le système fiscal marocain
Courant les dernières années, les économies subissent des pressions de plus en plus fortes pour
réformer leurs systèmes fiscaux. Ces pressions fiscales sont de deux origines : une origine
externe naît de la compétition entre les économies nationales et, une origine interne. Dans ce
contexte chaque pays essaye de faire de la fiscalité un instrument privilégié d’orientation des
comportements économiques et, a minima, un instrument ne dégradant pas la compétitivité des
entreprises et ce, en traçant des objectifs en matière de réforme fiscale : mise en place d’un
système fiscal équitable, mise en place d’un système qui soutient la compétitivité de l’entreprise
ainsi que mise sur pied d’un système qui favorise le développement d’un environnement de
confiance, de transparence et de respect mutuel.
Dans un but d’incitation économique ou en réponse à des problématiques sociales, la fiscalité au
Maroc est en perpétuelle évolution et ce, à l’avènement de chaque nouvelle loi de finance.
Le système fiscal marocain est très largement utilisé par l’autorité gouvernementale comme
levier économique d’incitation, soit à l’investissement de façon générale ou à l’investissement
plus particulièrement dans un secteur donné. Certains secteurs bénéficient, par ailleurs, d’une
fiscalité allégée5. Le système fiscal marocain actuel est le fruit d'une évolution historique, que les
circonstances économiques et politiques ont enrichi par des apports successifs.
Avant le protectorat, les ressources générales du Royaume émanaient principalement de produits
des droits de portes et des marchés, des participations de souveraineté et des contributions
d'essence religieuse. Sous le protectorat, et au vu de la situation peu confortable des finances de
l’Etat et le taux élevé d’endettement, le système fiscal Marocain a vécu des agencements faisant
de l’impôt un instrument de régulation économique. Cet aménagement s’est traduit par
l’instauration d’un régime fiscal imprégné du modèle français. Outre qu’accumuler les
ressources financière, cette nouvelle réforme avait également pour objectif la réalisation
d’investissement en infrastructures (routes, voies ferrées, ports, électrification, etc.).
Avec l'avènement de l'indépendance, le système fiscale Marocain est régit par un cadre
constitutionnel récapitulant les fondements de l’obligation fiscale et l’autorité compétente pour
l’établir. A cet effet, un document de loi de finance planifie et agrée pour chaque année civile
l’ensemble des ressources et dépenses de l’Etat pouvant faire objet de modification en cours

5
Conseil Economique et Social, « Le système fiscal marocain, développement économique et cohésion sociale », P.56.

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d’année dans le cadre de lois de finance rectificatives6. Entre les années 60 et jusqu’au milieu des
années 80, les documents de la loi de finance ont connu plusieurs modifications. En effet, le
système fiscal Marocain a connu courant la moitié de la décennie 80 une profonde réforme le
positionnant à l’échelle des systèmes fiscaux occidentaux et ce, au niveau de son architecture
générale. En 1996, le Maroc a connu la promulgation de la charte d’investissement, comme
document commun à tous les secteurs, récapitulant les avantages fiscaux et budgétaires destinés
à encourager l’investissement et remplaçant ainsi les différents codes sectoriels.
Depuis, les lois de finances successives (de 2000 à 2011) ont connu plusieurs aménagements
visant la simplification, la rationalisation et l’homogénéisation du système fiscal.
Actuellement, les principaux impôts et taxes sont régis par deux textes :
 le Code Général des Impôts qui régit l’impôt sur les sociétés, la taxe sur la valeur ajoutée,
l’impôt sur le revenu, les droits d’enregistrement, les droits de timbre et la taxe spéciale
annuelle sur les véhicules automobiles et ;
 la loi n° 47-06 relative à la fiscalité des collectivités locales, qui s'articule autour de deux axes :
 Les taxes gérées par les collectivités locales elles- mêmes et,
 Les taxes locales gérées par la Direction Générale des Impôts (DGI) au profit des
collectivités locales.

II.2. Aperçu sur la fiscalité du secteur touristique au Maroc


Pour réussir la dynamique touristique, il est nécessaire de rendre l’investissement dans le
tourisme suffisamment attractif pour les opérateurs privés et ce, en offrant un cadre incitatif
favorable notamment sur le volet fiscal. Toutefois, il faut éviter que la fiscalité ne se transforme
en un obstacle à la compétitivité des entreprises, comme cela pourrait être le cas pour certaines
impôts ou taxes. Le Maroc est un pays en plein essor avec des atouts touristiques uniques,
cependant la complexité de son système fiscal freine sa promotion touristique vis-à-vis de la
concurrence. Par ailleurs, des actions sont déjà mises en place mais restent insuffisantes. Il
importe aujourd’hui d’actionner des mesures opérationnelles à même de drainer l’investissement
vers le secteur touristique et assurer un rythme soutenu et durable de l’investissement. La
fiscalité touristique marocaine est divisée en deux catégories : Etatique et locale ; elle englobe
une taxe parafiscale aussi. Les tableaux suivants donnent un aperçu sur les impôts et taxes
étatiques et locales ainsi que les taxes parafiscales touchant directement ou indirectement
l’investissement ou l’exploitation des activités touristiques7

6 Noureddine Bensouda,, « Analyse de la décision fiscale au Maroc », éditions : la croisée des chemins, p.127.
7
Le recensement des taxes s’est fait en se basant sur les différents textes juridiques, notamment le Code Général des impôts et la loi n°47-06
relative à la fiscalité des Collectivités Locales.

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Tableau 1 : Fiscalité Etatique liée à l’investissement touristique

Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base d’imposition Taux


D’ENREGISTREMENT

La formalité de l’enregistrement a pour effet de faire acquérir date certaine aux conventions sous seing
privé au moyen de leur inscription sur un registre dit «registre des entrées» et d’assurer la
conservation des actes.
Prix d’acquisition du bien
DROITS

 Liés à l’acquisition de biens : il s’agit des «acquisitions de terrains nus ou comportant des constructions 3%
destinées à être démolies et réservées à la réalisation d’opérations de lotissement ou de construction de
locaux à usage d’habitation, commercial, professionnel ou administratif».
 Liés à la constitution ou l’augmentation de capital ; Valeur de l’augmentation du capital 1%
 Liés à la cession de parts et d’actions des sociétés non cotées en bourse et d’actions et de parts dans les
sociétés immobilières ou dans les sociétés à prépondérance immobilière.
Prix de cession des parts et des actions 6%
DROITS DE
L’ANCFCC

Valeur du terrain pour acquisition 1,02%


Droits de l’agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie
Coût total du projet pour l’éclatement
1,5%
des titres fonciers.

20%
VALUE DE
TAXE SUR
LA PLUS-

CESSION

(Avec un
Il s’agit des profits réalisés entre le prix de cession du bien et son prix d'acquisition. Profits immobiliers minimum de
3% du prix
de cession).

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Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base d’imposition Taux


DROITS DE DOUANES

Le taux appliqué varie entre 2,5 % à 50 %, selon les produits.


Toutefois les biens d’équipement, matériels et outillages, ainsi que leurs parties, pièces
détachées et accessoires sont passibles d’un taux variant entre 2,5 % et 10 % ad valorem.
La loi cadre N° 18-95 formant la charte de l’investissement a fixé une liste de matériel pouvant 2,5% à
bénéficier d’un taux minimum de 2,5% ad valorem ou à un taux maximum de 10% ad valorem. Prix d’acquisition du produit
Le matériel ne figurant pas sur cette liste demeure imposé à 25%, 35% et 45%. 50%
La loi de finances 2010 a apporté des baisses par rapport aux importations des véhicules de
tourisme en particulier, ainsi en 2010 le taux a encore baissé de 15 % supplémentaires pour les
importations en provenance de l’Union européenne
VALEUR AJOUTEE
LA TAXE SUR LA

La TVA est gérée par l’article 123-22°- B du CGI


Une Exonération est prévue dans le cadre du droit commun pour les biens d’investissement à
inscrire dans un compte d’immobilisation acquis localement et à l’importation pour une durée 20%
Prix d’acquisition du produit
de 24 mois à compter du début d’activité.
Dans le cadre du régime conventionnel, l’exonération de la TVA à l’importation est rallongée
de 12 mois ;

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Tableau 2 : Fiscalité Etatique liée à l’exploitation touristique

Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base d’imposition Taux

L’impôt sur les sociétés s’applique obligatoirement sur l’ensemble des produits, bénéfices
des sociétés de capitaux, des établissements publics et autres personnes morales qui réalisent des
30%
IMPOTS SUR LES SOCIETES

opérations lucratives, et sur option irrévocable aux sociétés de personnes.


Les entreprises hôtelières au titre de leurs établissements Hôteliers et les sociétés de gestion Le résultat fiscal de chaque (si
des résidences immobilières de promotion Touristique bénéficient pour la partie de la base exercice comptable est déterminé
Bénéfice<30
imposable correspondant à leur chiffre d’affaires réalisé en devises dûment rapatriées d’après l’excédent des produits sur
directement par elles ou pour leur compte par l’intermédiaire d’agences de voyages de : les charges de l’exercice, engagées 0 Kdhs; Tx=
l’exonération totale de l’impôt sur les sociétés pendant une période de cinq (5) ans ou supportées pour les besoins de
10%)
consécutifs qui court à compter de l’exercice au cours duquel la première opération l’activité imposable.
d’hébergement a été réalisée en devises et ; l’imposition au taux réduit de 17,5% au-delà de
cette période.

Les revenus professionnels imposables L’IR est


L’impôt sur le revenu s’applique aux revenus et profits des personnes physiques et des
IMPOT SUR LES REVENUS

sont déterminés d’après le régime net calculé


personnes morales n’ayant pas opté pour l’impôt sur les sociétés.
réel (Excédent des produits sur les suivant un
Au niveau de notre étude et l’application de l’impôt sur le revenu, on s’intéressera aux :
charges engagées ou supportées) ou sur barème dont
 Revenus professionnels ;
option selon le RNS ou le bénéfice le taux varie
 Revenus salariaux.
forfaitaire. de 0% à 38%
Les sociétés hôtelières bénéficient de 20% de l’IR à partir de la 6ème année ( après 5 ans
Le revenu salariale imposable est selon la
d’exonération) pour la partie imposable correspondant à leur chiffre d’affaires réalisé en
obtenu en déduisant des sommes brutes tranche de
devises dûment rapatriées directement par elles ou pour leur compte par l’intermédiaire
payées au titre des revenus et avantages revenu
d’agences de voyages.
accordés. annuel

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Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base d’imposition Taux

La taxe sur la valeur ajoutée qui est une taxe sur le chiffre d’affaires, s’applique aux :
VALEUR AJOUTÉE

 opérations de nature industrielle, commerciale, artisanale ou relevant de l’exercice d’une Le chiffre d’affaires imposable comprend le
TAXE SUR LA

profession libérale, accomplies au Maroc ; prix des marchandises, des travaux ou


 opérations d’importation ; des services et les recettes accessoires qui
 opérations effectuées par les personnes autres que l’Etat non -entrepreneur, agissant, à titre s’y rapportent, ainsi que 10%
habituel ou occasionnel quels que soient leur statut juridique, la forme ou la nature de leur les frais, droits et taxes y afférents à
intervention. l’exception de la taxe sur la valeur
►Application du taux réduit de 10% avec droit à déduction aux opérations d’hébergement et de ajoutée.
restauration sous réserve qu’elles soient adossées à des équipements.

La taxe à l’essieu est instituée sur les véhicules automobiles servant au transport de voyageurs ayant un Fixée à 7.500 DH par an, quel que soit le
L’ESSIEU
TAXE À

poids total en charge supérieur à 3.000 kilos, La TSVR a pour objet de compenser les dépenses type de véhicule poids lourd. Une 7 500
d'entretien de la voirie, occasionnées par la circulation de certaines catégories de véhicules de fort redevance payable en un seul versement ou Dh/an
tonnage. en deux tranches semestrielles.

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Tableau 3 : Fiscalité locale liée à l’investissement touristique

Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base Taux

La TP est due par toute personne physique ou morale pour l’exercice d’une activité, elle est
TAXE PROFESSIONNELLE

établie sur la valeur locative annuelle brute.


Toute activité professionnelle nouvellement créée bénéficie de l’exonération totale pendant une
période de cinq ans à compter de l’année du début de ladite activité. La valeur locative, base de la taxe
Varie de
►Pour les établissements hôteliers, la valeur locative servant de base au calcul de la taxe professionnelle est déterminée soit au
10% à
professionnelle est déterminée par application au prix de revient des constructions, matériel, moyen de baux et actes de location, soit
30%
outillage, agencements et aménagements de chaque établissement, des coefficients fixés en par voie de comparaison, soit par voie
suivant la
fonction du coût global des éléments corporels de l’établissement considéré, qu’il soit exploité d’appréciation directe.
classe
par son propriétaire ou par le locataire : Pour les EH, la VL = Prix de revient
d’activité
• 2% lorsque le PR est < à 3 Mdhs * Coefficient
• 1,5 lorsque le PR est entre 3 et 6 Mdhs
• 1,25 % lorsque le PR est entre 6 et 12 Mdhs
• 1 % lorsque le PR est > à 12 Mdhs
TAXE DE SERVICES

La taxe de services communaux est établie annuellement au lieu de situation des immeubles
COMMUNAUX

soumis à cette taxe, au nom du propriétaire ou de l’usufruitier et à défaut


6,5%
• 10,5 % de la valeur locative, pour les biens situés dans le périmètre des
La valeur locative ou sur le montant (CR)
communes urbaines, des centres délimités, des stations estivales, hivernales
global des loyers Ou 10,5%
et thermales ;
(CU)
• 6,5 % de la valeur locative pour les biens situés dans les zones périphériques
des communes urbaines.

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Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base d’imposition Taux


TAXE D’HABITATION

La taxe porte annuellement sur les immeubles bâtis et constructions de toute nature occupée Varie de
en totalité ou en partie par leurs propriétaires à titre d’habitation principale ou secondaire. La taxe d’habitation est assise sur la
Bénéficient de l’exonération temporaire, les constructions nouvelles réalisées par des 0% à 30%
valeur locative des immeubles,
personnes au titre de leur habitation principale pendant une période de cinq (5) années déterminée par voie de comparaison suivant la
suivant celle de leur achèvement. d’après la moyenne des loyers
de 0 à 5 000 dirhams=>0% valeur
 pratiqués pour les habitations
 de 5 001 à 20 000 dirhams =>10% similaires situées dans le même locative
 de 20 001 à 40 000 dirhams =>20% quartier.
 de 40 001 dirhams et plus =>30% annuelle
CONTRIBUT

RIVERAINS

La contribution des riverains de la voie publique aux dépenses d’équipement et


ION DES

d’aménagement est due par les propriétaires riverains qui sont tenus de supporter les frais de Conditions énumérées au niveau des
construction des chaussées, y compris le revêtement bitumeux, au droit de leurs immeubles articles 76 à 81 de la loi 30-89
dans les conditions énumérées au niveau des articles 76 à 81 de la loi 30-89.

Il s’agit d’une taxe pour l’assurance des sapeurs-pompiers qui s’évalue comme suit : 2,00
POMPIERS
TAXE DES
SAPEURS

• 2,00 DH/m² aménagé pour les demandes d’instruction de dossier de DH/m²


lotissement ; Est calculée par rapport au m² aménagé
• 2,00 DH/m² couvert pour les demandes d’instruction de dossier de ou couvert couvert ou
construction d’immeuble à usage commercial, professionnel ; aménagé

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Caractéristiques de la Taxe
Liquidation/Base d’imposition Taux
TAXE SUR LES TERRAINS

Elle porte sur les terrains urbains non bâtis situés à l'intérieur des périmètres des communes
URBAINS NON BATIS

urbaines. De 04 à 20
Sont exonérés temporairement de cette taxe : DH/m2 pour
Pour une durée de 3 ans, les terrains faisant l’objet d’une autorisation de lotir ou de les zones
construire et les terrains faisant l’objet d’une autorisation d’aménagement ou de immeubles et ;
La taxe est assise sur la superficie
développement pour les terrains dont la superficie ne dépasse pas 30 hectares ; De 2 à 12
du terrain au mètre carré
Pour une durée de 5 ans, les terrains dont la superficie est de 30 à 100 hectares ; DH/m2 pour
Pour une durée de 7 ans, les terrains dont la superficie est supérieure à 100 hectares les zones
Sont également exonérés de la taxe sur les terrains non bâtis, les terrains situés dans des villas et autres
zones dépourvues d’eau et d’électricité et ceux situés dans les zones frappées zones.
d’interdiction de construire.
OPÉRATION DE
LOTISSEMENT

La taxe est assise sur le coût total Varie entre


TAXE SUR

des travaux de viabilisation, 3% et 5% du


La taxe sur les opérations de lotissement est établie à l’occasion de toute opération de d’assainissement et coût total
lotissement. Elle est due par le bénéficiaire de l’autorisation de lotir. d’électrification du lotissement desdits
hors taxe sur la valeur ajoutée. Travaux
CONSTRUCTION
OPERATIONS DE
TAXE SUR LES

La taxe sur les opérations de construction s’applique aux opérations de construction, de


reconstruction et d’agrandissement de toute nature ainsi qu’aux opérations de restauration
La taxe sur les opérations de
qui nécessitent une autorisation de construire. De 10 à
construction est calculée sur la
*De 10 à 20 dh/m² pour les immeubles collectifs de logements ou ensembles immobiliers et 30dh/m²*
superficie au mètre carré couvert.
les immeubles à usage industriel, commercial, professionnel ou administratif ;
De 10 à 30 dh/m² pour les logements individuels.

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Tableau 4 : Fiscalité locale liée à l’exploitation touristique

Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base d’imposition Taux


TAXE SUR LES

La taxe sur les débits de boissons est


DEBITS DE
BOISSONS

assise sur les recettes hors T.V.A., De 2% à


La taxe sur les débits de boissons est due par les exploitants des cafés, bars et salons de thé.
réalisées sur la vente des boissons à 10% des
Elle s’applique à tout établissement qui a pour activité principale la vente de boissons pour
consommer sur place, effectuée par recettes
la consommation sur place.
les exploitants des établissements hors TVA
soumis à la taxe.

Varie de 2
La taxe est due par personne et par à 30 dhs
La taxe de séjour est perçue dans les établissements d’hébergement touristiques appartenant
TAXE DE
SEJOUR

nuitée selon les tarifs fixés pour les selon la


à des personnes morales ou physiques et vient en sus du prix de la chambre.
différentes catégories catégorie
Sont exonérés de la taxe de séjour les hôtels non classés, les pensions, les camping
d’établissements d’hébergements des
caravanings, les auberges de jeunesse et les enfants de moins de 12 ans.
touristiques. établissem
ents.

De 80 à
TAXE SUR LE

VOYAGEURS
TRANSPORT
PUBLIC DE

La taxe est assise sur l’activité de 2000 dh


La taxe sur le transport public de voyageurs est perçue sur l’activité des taxis et de cars de transport public de voyageurs en suivant la
transport public de voyageurs à raison de leur exploitation territoriale. fonction des catégories de véhicules catégorie
qui en sont affectés. de
transport

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Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base d’imposition Taux

Il s’agit de redevances d’occupation temporaire du domaine public communal :

L’assiette de la taxe est fixée au mètre carré de la


superficie du domaine communal
1/Pour usage lié à la construction. Occupée. Le taux maximum de la redevance est fixé
par trimestre à 40 dirhams par mètre
REDEVANCE D’OT
DU DPC

2/Pour usage Commercial Elle est calculée en tenant compte de la superficie


Industriel ou Professionnel occupée, de l’emplacement et de la nature de
l’occupation.

De 0,1carré à 0,5% de la VL
3/Par des biens meubles et
immeubles liés à l’exercice d’un La redevance est assise sur la valeur locative qui sert de
commerce, d’une Industrie ou base de calcul de taxe professionnelle
d’une profession.

Taxis de 2e catégorie 200 dirhams


licences de taxis
La taxe sur les

Taxis de 1ère catégorie 300 dirhams


La taxe sur les licences de taxis et de cars de transport public de voyageurs est instituée sur les
Cars moins de 7 places 400 dirhams
licences de taxis et de cars de transport public de voyageurs à raison de leur exploitation.
et de cars

Cars De Série C 800 Dirhams


La taxe est due trimestriellement, avant l’achèvement de chaque trimestre
Cars De Série B 1.400 Dirhams
Cars De Série A 2.000 Dirhams

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Tableau 5 : les taxes parafiscales liées à l’activité touristique

Caractéristiques de la Taxe Liquidation/Base d’imposition Taux


TOURISTIQUE

De 1 à 15
PROMOTION
TAXE DE

La TPT qui est destinée à financer la promotion touristique est facturée au client pour chaque La taxe de promotion touristique est Dh suivant
fixée par personne et par nuitée, selon la
nuitée dans un établissement touristique. L’hôtelier la reverse à l’Office.
un barème en fonction de la catégorie catégorie
d’établissement. d’héberge
ment
LA TAXE SUR
LES BILLETS

Cette taxe a pour but de promouvoir la destination Maroc via l’élargissement de l’assiette de la
La taxe aérienne pour la solidarité et la promotion
D’AVION

taxe de promotion touristique à l’ensemble des acteurs, et donc dès 2014 aux compagnies
touristique s’élèvera à 100 dirham (9 euros) pour la
aériennes.
classe économique et à 400 dirham (35 euros) pour les
Cette taxe pour la promotion du tourisme était auparavant supportée en totalité par les
classes Affaires et première sur les vols internationaux
établissements d’hébergement.
L’IMPORTA
TAXE À

TION

Taxe parafiscale sur les marchandises importées, destinée au financement de la promotion


Valeur du bien 0,25%
économique et de l’inspection des exportations.
SPECIALE

CIMENT
SUR LE
TAXE

Taxe spéciale sur le ciment est applicable aussi bien à la production locale qu’à l’importation
Kg de ciment 0,1%
du ciment

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Une comparaison basée sur un benchmark8 de 3 différents modèles fiscaux par rapport aux
aspects de cohérence du système, de pression fiscale et d’incitations fiscales ressort ce qui suit :

TUNISIE
TURQUI GRECE MAROC
E

La cohérence globale du
système fiscal applicable au ** *** **** **
secteur touristique

La pression fiscale ** ** *** ***

Les incitations fiscales dont


bénéficie le secteur
*** **** ** ***

*** Important ** moyen *Faible

II.3. Constat et propositions


La fiscalité du secteur tant locale, parafiscale qu’étatique, demeure complexe, peu cohérente
avec une pression importante due notamment à des impositions qui ne dépendent pas du niveau
de l’activité. En effet, le système fiscal applicable au tourisme au Maroc reste lourd par rapport à
ceux en vigueur dans la Turquie, la Tunisie ou la Grèce.
Par ailleurs, le secteur ne bénéficie d’aucun dispositif fiscal incitatif particulier. La charte
d’investissement est commune à tous les secteurs. La configuration actuelle du système fiscal
applicable aux entreprises touristiques confirme qu’il s’agit du secteur qui paye le maximum de
taxes et impôts. La distribution tant qualitative que quantitative de ces impositions, fait d’emblée
du tourisme le secteur le plus taxé en la matière. Le secteur est quelque part taxé sur l’exercice
de son activité, abstraction faite de son niveau d’activité et de ses performances. A cet égard, et
dans une fin d’amélioration de la compétitivité et de la rentabilité des investissements
touristiques et partant des doléances exprimées par les différentes fédérations du secteur du

8
Comparaison basé sur une étude de la fiscalité du secteur du tourisme, Confédération Générale des entreprises Marocaines-CGEM, Maroc
expertise, P.21-22.
18
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19

tourisme, l’idée qui se dégage de notre réflexion consiste en une proposition d’aménagement de
l’impôt sur les sociétés de manière à augmenter la rentabilité des entreprises en faible activité.

III. SIMULATION DE LA PROPOSITION SUR UN ACTIF TOURISTIQUE TYPE


III.1. Choix de l’actif
Le secteur du tourisme constitue l’un des piliers de l’économie marocaine. Cette importance
devrait être traduite par des mesures encourageantes sur le plan fiscal afin de lui permettre d’être
compétitif, de faire face à la concurrence très vive et d’atteindre les objectifs fixés par la vision
2020 9. Par ailleurs, aujourd’hui les efforts sont plus orientés vers la phase investissement de
l’implémentation des projets touristique (prime à l’investissement et autres avantages), occultant
ainsi la phase exploitation qui conditionne la pérennité de l’entreprise. A cet effet et afin de
soutenir surtout les entreprise hôtelière en zones émergentes, n’atteignant pas la maturité
nécessaire pour être suffisamment rentable, il est proposé de les faire bénéficier, à l’instar des
entreprises s’établissant dans des zones offshores, d’un impôt sur les bénéfices avantageux
suivant le CA réalisé et l’investissement engagé.
Nous nous limiterons aux seuls établissements hôteliers compte tenu de leur participation
économique en termes de création de valeur ajoutée dans le secteur et du poids 10 significatif de
la fiscalité sur leur rentabilité.

III.2. Hypothèses et mesures à introduire


Notre travail s’intéressera aux 3 catégories d’hôtels suivants : hôtel 3 étoiles, hôtel 4 étoiles et
hôtel 5 étoiles. Notre modèle s’est basé sur des hypothèses d’investissement et d’exploitation
réalistes pour chaque catégorie d’hôtel. Et se résument comme suit :

Invest/ Nbr de Taux d’occupation Prix moyen par Résultat brut


Chambre chambres
Foncier * année croisière*** chambre d’exploitation en %
**(en Dh)
****(en Dh)
Ouverture Année croisière Année croisière

Hôtel 3* 15% 700 000 100 35% 45% 700 20%

Hôtel 4* 12% 950 000 100 35% 50% 1 000 25%

Hôtel 5* 10% 1 300 000 100 35% 55% 1 500 30%

9 La stratégie de développement touristique : Vision 2020,« Le Maroc, parmi les 20 plus grandes destinations mondiales.
Une référence du pourtour méditerranéen en matière de développement durable. »Ministère du tourisme, 2010.
10
Constat fait à partir de l’analyse des états de synthèse d’un hôtel 4* et 5* fonctionnant suivant une activité normale.
19
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20

* le coût du foncier dans l'investissent des entreprises hôtelières se situe entre 10 et 15 % de


l’investissement global et ce dépendamment de l’emplacement du site objet du projet. Par
ailleurs, le foncier peut être cédé à titre gracieux dans certains cas (parcelles hôtelières du projet
oued Fès de MEDZ)11.
** il s’agit de l’investissement global (hors foncier) rapporté à la chambre12
*** Taux d’occupation moyen par catégorie au niveau national.13
****D'une manière générale, on admet que le prix d’une chambre par nuit ne doit pas dépasser le
1/1000 du coût d'investissement maximal14.
Autre part, on considère un taux d’endettement de 40% pour toute catégorie d’hôtels confondue.
La valeur terminale est calculée en utilisant un multiple d’EBITDA de 815.
Proposition
Introduction d’un taux d’IS réduit de 10% pour l’ensemble des revenus des entreprises hôtelières
s’implantant dans des zones émergentes, nouvellement créées, et réalisant au moins un CA en
devises d’au moins 50% et ce, à partir de la cinquième année de la première opération de vente.

III.3. Sensibilité d’introduction de la mesure sur la rentabilité et l’investissement


La simulation est faite sur des business plan élaborés par nos soins, pour chaque catégorie
d’hôtel, et prend en considération les hypothèses avancées précédemment. L’objectif de ce
travail est d’évaluer dans un premier lieu, l’impact de l’introduction de cette mesure sur la
rentabilité du projet, en prenant comme indicateur le taux de rentabilité interne, et dans un
deuxième lieu d’avancer les limites de cette mesure et sa sensibilité sur l’investissement en
général.
Les principales conclusions de la simulation se résument comme suit :

TRI
TRI

Avec application de l’IS réduit de 10% Régime fiscal normal


Régime fiscal normal

Hôtel 3* 8,5% 7%

Hôtel 4* 10% 9%

Hôtel 5* 12,5% 11,5%

11
Vincent Vles, Le projet de station touristique, éditions Pessac, p.96
12
Cabinets Mazars, Panorama 2008 de l’hôtellerie au Maroc, 2009 , P.20.
13
Statistiques du tourisme au Maroc 2014, Direction des statistiques – Ministère du Tourisme
14
Vincent Vles, Le projet de station touristique, éditions Pessac, p.100
15
Multiple RISMA : Société d’investissement et propriétaire hôtelier-Société cotée à la bourse de Casablanca. EBITDA:Earnings before interest,
taxes, depreciation and amortization
20
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La simulation fait ressortir qu’une réduction de l’impôt sur les sociétés à 10%16 améliorera
d’environ 1 point le TRI. Cela permettra de renforcer le cadre incitatif à l’investissement en
faveur des entreprises hôtelières s’implantant au niveau des zones peu matures et ce , à l’instar
des zones franches, dont les efforts de l’Etat ont permis d’atteindre des résultats concrets en
matière d’attraction de capitaux. L’équilibre général du budget de l’Etat demeurera globalement
respecté dans la mesure où la baisse de l’imposition entrainera une augmentation de l’imposition
des revenus.
Toutefois, la mesure proposée reste limitée vu qu’elle profite plus pour les entreprises dont le
résultat avant impôt est important et ne tient pas en compte le niveau d’activité et
d’investissement. A cet effet, et comme ouverture, il est proposé d’étudier la faisabilité d’un
impôt sur les sociétés variable considérant à la fois deux variables : le budget d’investissement et
le niveau du résultat d’exploitation. Exemple : Deux projets : A avec un investissement de 100 et
B avec un investissement de 200. A et B réalisent un résultat d’exploitation de 10. Tous les deux
payent la même charge d’impôt sur le bénéfice abstraction faite de leur niveau d’investissement
et d’activité. A cet effet, l’opportunité d’introduire un impôt sur les sociétés variable est à
étudier. La variabilité du taux d’IS ne devrait pas néanmoins décourager les entreprises hôtelières
dans leur effort commercial.
Conclusion
Certes, la fiscalité est un levier de développement économique, permettant d’orienter les
investissements privés vers des secteurs ciblés. Toutefois, son aménagement, à elle seule, ne peut
être garant d’une réussite de la stratégie de développement touristique. En effet, d’autres leviers
doivent être étudiés et mis en place notamment, un mix de mesures fiscales, budgétaires et
commerciales à même d’améliorer la rentabilité d’une entreprise touristique comme :
• L’introduction d’une subvention d’équilibre pour les structures hôtelières de faible activité ;
• L’adoption d’une stratégie de commercialisation agressive pouvant assurer un seuil de
fréquentation minimal ;
• La mise en œuvre d’une stratégie tarifaire dynamique afin de permettre des rendements
adéquats sur la base des fluctuations quotidiennes de la demande (yield management).

16
La simulation sur le BP a fait ressortir qu’un taux d’IS réduit et supérieur à 10% n’aura d’impact significatif sur le TRI.
21
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Bibliographie
Cabinets Mazars (2009), Panorama 2008 de l’hôtellerie au Maroc.
Commission investissement (2014), « compétitivité et émergence industrielle : étude sur les
leviers de la compétitivité des entreprises marocaines », Maroc.
Conseil Economique et Social (2012), « Le système fiscal marocain, développement
économique et cohésion sociale », Cana Print
Devereux M.P. (1995) : « Tax Competition and the Impact on Capital Flows » in Locational
Competition in the World Economy, Siebert, édition: Symposium.
Gubian A., F. Guillaumat-Taillet et J. Le Cacheux (1986) : « Fiscalité des entreprises et
décisions d’investissement – Allemagne, États-Unis, France », Revue de l’OFCE, n° 16,
juillet.
Georges Dumas (2007), « Politique fiscale : le naufrage », édition : L’harmattan, Paris.
H. Partouche & M. Olivier (2011), « Le taux de taxation implicite des bénéfices en France »,
Trésor-Éco, n°88, juin.
Noureddine Bensouda (2009), « Analyse de la décision fiscale au Maroc », éditions : la croisée
des chemins.
Rapport du comité technique de la fiscalité des entreprises (1997), Canada :
https://www.fin.gc.ca/pub/pdfs/tsrep_f.pdf
Sebastian James (2009), « Incentives and Investments: Evidence and Policy Implications», The
World Bank.
Van Parijs P. (2000) : « Philosophie de la fiscalité pour une économie mondialisée », Miméo,
Ministère belge des Finances, Bruxelles.
Vartia, L. (2008), « How Do Taxes Affect Investment and Productivity ? – Industry Level
Analysis of OECD Countries », Documents de travail du Département des affaires économiques.
Vincent Vles (1996), « Le projet de station touristique », éditions : Pessac.

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