Vous êtes sur la page 1sur 672

Communisme

système politique socialiste où la


propriété est partagée par tous

Pour les articles homonymes, voir


Communisme (homonymie).

Karl Marx, théoricien du communisme.


Vladimir Ilitch Lénine, chef du premier régime
communiste de l'Histoire.

Mao Zedong et Joseph Staline, deux des principaux


dirigeants communistes du e siècle.
Le Mémorial des victimes du communisme à Prague.

26e congrès du Parti communiste de l'Union


soviétique, en 1981.

Fidel Castro représenté sur un panneau de


d à b
propagande à Cuba.

Manifestation du Parti de la refondation communiste


italien en 2007.

Statues au pied de la Tour du Juche à Pyongyang


(Corée du Nord).

Le communisme (du latin communis –


commun, universel) est un ensemble de
doctrines politiques, issues du
socialisme et, pour la plupart, du
marxisme, s'opposant au capitalisme et
visant à l'instauration d'une société sans
classes sociales.

Plus largement, ce terme est associé au


mouvement communiste international né
après la Première Guerre mondiale, fruit
d'une scission de la IIe Internationale
provoquée par les bolcheviks. Il renvoie
également, dans le contexte de la guerre
froide, à une alliance géopolitique (Bloc
communiste) dominée par l'Union
soviétique, ainsi qu'à une forme de
régime politique, dictatorial ou totalitaire,
caractérisé par la position exclusive du
Parti communiste, la surveillance et la
pression constante des polices
politiques sur toutes les structures
institutionnelles, sociales et
économiques ainsi que sur les simples
citoyens[1] et par une économie planifiée
et étatisée.

Dans son sens d'origine, le communisme


est une forme d'organisation sociale
sans classes, sans État et sans monnaie,
où les biens matériels seraient partagés.
e
Au siècle, le mot « communisme »
entre dans le vocabulaire du socialisme.
Il se rattache en particulier à l'œuvre de
Karl Marx et Friedrich Engels — qui le
reprennent à leur compte en 1848 dans
le Manifeste du Parti communiste — et,
plus largement, à l'école de pensée
marxiste, qui prône la fin du capitalisme
via la collectivisation des moyens de
production. En 1917, les bolcheviks,
dirigés par Lénine, prennent le pouvoir en
Russie lors de la Révolution d'Octobre.
Cet évènement change radicalement le
sens du mot communisme : il désigne
désormais un mouvement politique
international, né d'une scission du
socialisme, et qui se reconnaît dans le
courant révolutionnaire incarné par les
bolcheviks comme dans l'interprétation
du marxisme par Lénine. Le
communisme se présente désormais
comme la véritable expression politique
du mouvement ouvrier, au détriment de
la social-démocratie dont il est issu.
Selon cette acception, le communisme
constitue l'un des phénomènes les plus
importants du e
siècle[2], qui a pu être
qualifié de « siècle du communisme »
tant cette idéologie y a tenu un rôle
moteur[3].

Lénine et ses partisans créent en 1919


l'Internationale communiste (dite
Troisième Internationale, ou Komintern)
afin de regrouper à l'échelle
internationale les partisans de la Russie
soviétique. L'Union des républiques
socialistes soviétiques (URSS), fondée en
1922 pour fédérer les territoires de l'ex-
Empire russe, dirige via le Komintern les
activités des partis communistes du
monde entier : elle domine ainsi la
mouvance communiste, malgré
l'existence de courants dissidents. Après
la mort de Lénine, Joseph Staline
s'impose comme le maître absolu de
l'URSS et du mouvement communiste
mondial.

En 1941, durant la Seconde Guerre


mondiale, l'URSS est attaquée par
l'Allemagne nazie, avec laquelle elle avait
conclu un pacte deux ans plus tôt. Les
troupes soviétiques jouent alors un rôle
déterminant dans la défaite du nazisme.
Après-guerre, l'URSS accède au rang de
superpuissance : elle occupe
militairement l'essentiel de l'Europe de
l'Est, dont les pays deviennent des États
communistes, formant le bloc de l'Est. La
Chine bascule également dans le camp
communiste en 1949. Le Rideau de fer
qui sépare l'Europe et la progression
spectaculaire du communisme amènent
le monde à se diviser en « blocs » rivaux :
la guerre froide oppose ainsi durant
plusieurs décennies les pays
communistes au « monde libre », au sein
duquel les États-Unis constituent la
superpuissance rivale de l'URSS. La
Chine de Mao occupe quant à elle une
place à part après la rupture sino-
soviétique. À l'apogée de l'influence du
communisme dans le monde, un quart
de l'humanité vit dans des pays
communistes[4].

Dans les années 1980, l'URSS tente de


remédier à sa sclérose économique et
politique en lançant un mouvement de
réformes, la perestroïka : mais ce
processus aboutit à l'effondrement
général des régimes communistes
européens entre 1989 et 1991. Par la
suite, bien qu'en net déclin[5], le
communisme ne disparaît pas : si des
partis anciennement communistes ont
adopté d'autres identités, d'autres ont
conservé leur nom et sont associés au
pouvoir dans certains pays. À Cuba, au
Viêt Nam, au Laos et en Corée du Nord,
des pays communistes existent encore,
sans se conformer à un mode de
gouvernement unique. La République
populaire de Chine, pays le plus peuplé
de la planète, est toujours dirigée par un
Parti communiste ; convertie à
l'économie de marché, elle est
aujourd'hui l'une des principales
puissances mondiales.

En tant que dictatures à parti unique, les


régimes communistes se sont tous
rendus coupables de violations des
droits de l'homme ; certains, comme
l'URSS sous Staline et la Chine sous Mao,
ont commis des crimes de masse, le
nombre de leurs victimes s'élevant à
plusieurs millions de morts. Le bilan
historique du communisme, qui englobe
un ensemble de réalités très différentes
les unes des autres, demeure cependant,
du fait même de sa complexité, contrasté
et polémique. Le communisme a fait
l'objet de diverses approches
historiographiques concurrentes,
longtemps handicapées par la difficulté
d'accès aux documents et par les
contextes politiques nationaux et
internationaux. La fin de la guerre froide
et l'ouverture des archives du bloc de
l'Est ont depuis bouleversé le champ des
études sur le communisme, sans mettre
fin à toutes les controverses autour du
sujet.

Définitions, concepts
associés et synonymes
Le vocable de communisme est
polysémique et, de par son histoire,
associé à un vaste ensemble de notions.
Le mot désigne à l'origine une forme
théorique de société égalitaire, ainsi que
les courants d'idées qui se revendiquent
de ce concept. Ensuite, par extension, il
désigne un grand nombre de réalités
concrètes, qui englobent un ensemble de
pratiques politiques, de formations
partageant les mêmes références
idéologiques, d'organisations sociales et
économiques, de régimes politiques et
de phénomènes culturels. Ainsi, selon les
contextes, le mot « communisme » peut
désigner une idéologie, un engagement
au sein d'un parti politique, un
mouvement révolutionnaire, un régime
politique, ou une organisation sociale[2].

Le Larousse donne les définitions


suivantes du mot communisme :
« Théorie visant à mettre en commun les
biens matériels. Formation économique
et sociale caractérisée par la mise en
commun des moyens de production et
d'échange, par la répartition des biens
produits suivant les besoins de chacun,
par la suppression des classes sociales
et l'extinction de l'État qui devient
l'administration des choses. Politique,
doctrine des partis communistes ; forme
d'organisation des pays où ces partis
sont au pouvoir. Ensemble des partis
communistes, des communistes »[6]. Le
Grand Dictionnaire Encyclopédique de la
langue française, publié aux éditions de la
Connaissance, indique quant à lui :
« Organisation d'un groupe social dans
lequel les biens sont possédés en
commun (vieilli) : le communisme d'un
monastère. Doctrine d'inspiration
religieuse ou utopiste prônant l'abolition
de la propriété individuelle : le
communisme de Thomas More. Pratique
politique, définie par Marx et Engels,
fondée sur une analyse de la société
capitaliste et caractérisée notamment
par la socialisation des moyens de
production, l'État étant dirigé par le parti
prolétarien et appelé à disparaitre au
profit d'une société sans classes. Régime
politique, économique et social mis en
œuvre dans les États se réclamant du
marxisme : le communisme chinois »[7].

e e
Le communisme des et siècles a
souvent été rattaché par l'historiographie
à des idées plus anciennes, remontant
jusqu'à l'Antiquité. Ces dernières n'ont
cependant pas de filiation politique
directe avec le communisme récent, et
ne constituent pas une famille de pensée
cohérente avant l'époque
contemporaine[3]. Depuis le début du
e
siècle, le mot est, pour l'essentiel,
rattaché à une scission du socialisme et
plus particulièrement à sa version
léniniste. L'historien Romain
Ducoulombier souligne à ce titre
l'importance de la rupture survenue après
1917 quant à la définition du
communisme au sens contemporain du
terme : pour lui, la « filiation
pluriséculaire » du communisme, qui le
fait remonter aux écrits d'auteurs comme
Thomas More, est « complètement
imaginaire » ; le « communisme de
Lénine », qui correspond à la définition
actuelle du mot, ne s'inscrit pas dans la
lignée d'auteurs anciens, mais dans le
prolongement des controverses
politiques et théoriques du socialisme à
e
la fin du siècle. L'adoption du nom de
« communistes » par Lénine et ses
partisans avait pour but de souligner leur
volonté de se démarquer des
réformistes, dans le contexte d'une
scission de la famille socialiste et d'une
révolution alors en cours en Russie[8].

Définition première et
évolution du sens

Sens d'origine
À Utopia, la cité idéale imaginée au e siècle par

Thomas More dans son œuvre fondatrice, le libre


consentement des citoyens (et pas seulement des
prolétaires) relève du courant de pensée utopiste,
différent du communisme moderne qui, pour sa part,
admet la coercition comme moyen de faire évoluer
les sociétés.

Dans son sens d'origine et d'un point de


vue philosophique, le mot désigne une
forme d'organisation sociale marquée
par la mise en commun des biens. Il peut
désigner au sens large « toute
organisation économique et sociale dont
la base est la propriété commune par
opposition à la propriété individuelle » ;
pris dans ce sens, le concept présente
certains points communs avec la cité
idéale telle que la définissait Platon dans
La République[9],[10]. Cette définition d'une
société communiste s'est notamment
développée dans la pensée utopiste dont
e
Thomas More est, au siècle, le
précurseur, à ceci près que Thomas More
n'envisage pas de moyens coercitifs pour
y parvenir. Le passage à une telle société
est conçu soit comme une application
des principes égalitaires du
christianisme — idée présente
notamment chez des auteurs comme
Étienne Cabet — soit comme un retour au
communisme primitif dont certains
postulent qu'il aurait été l'état originel
des sociétés humaines[3],[11],[12],[13]. En
1869, le philosophe Ludwig Büchner
décrit le communisme comme « un état
social où, sans péril pour le but même de
la société ou pour l'individualité de
chacun, le travail dégagé de toute
contrainte et purement volontaire, aurait
uniquement pour but le bien de la
communauté »[14].

Évolutions
Garde d'honneur de jeunes pionniers devant un
monument à Lénine, en URSS.

e
Durant la première moitié du siècle,
on retrouve des idées communistes dans
divers courants de pensée se réclamant
de Gracchus Babeuf. L'aspiration au
communisme est présente aussi bien
chez des révolutionnaires radicaux
comme Auguste Blanqui que chez des
chrétiens comme Cabet et Wilhelm
Weitling. Le mot communisme devient
un élément des vocabulaires du
socialisme - dont il désigne au sens plus
large des formes radicales - et de
l'anarchisme. Karl Marx et Friedrich
Engels le reprennent à leur compte dans
leur Manifeste du Parti communiste
(1848) ; il est par la suite associé plus
nettement au marxisme, qui devient
progressivement l'idéologie dominante
du courant socialiste et social-démocrate
européen. Pour Marx et ses
continuateurs, le communisme est la
forme que prendra la société future, à
l'issue d'un processus historique sous-
tendu par la lutte des classes et qui
débouchera sur le renversement du
capitalisme. Le terme communisme ne
désigne pas, alors, un courant politique
distinct du socialisme et de la social-
démocratie. En 1890, dans la préface à
une réédition du Manifeste, Engels
explique que Marx et lui ont choisi en
1848 de se revendiquer comme
communistes car le mot désignait alors,
au sein du mouvement ouvrier, ceux qui
exigeaient « que la société fût
réorganisée de fond en comble »[11],[13]. À
e
la fin du siècle, la notion de
communisme est essentiellement
rattachée à celle de collectivisme
économique, qui désigne plus
précisément les doctrines prônant la
mise en commun des moyens de
production[15].

À la suite de la Révolution d'Octobre, le


mot communisme est rattaché, de
manière prépondérante, à la tendance
léniniste du marxisme. Lénine
s'approprie dans ses écrits le terme
« communisme » pour distinguer son
parti et ses idées des autres familles
politiques de gauche[16]. Dans L'État et la
Révolution, rédigé avant la Révolution
d'octobre, il souligne que « dans la
mesure où les moyens de production
deviennent propriété commune, le mot
« communisme » peut s'appliquer
également [dans la phase socialiste de
l'« État prolétarien »] à condition de ne
pas oublier que ce n'est pas le
communisme intégral »[17].

Après leur prise de pouvoir et la


naissance de la Russie soviétique, les
bolcheviks se rebaptisent Parti
communiste, afin de souligner leur
caractère révolutionnaire et de se
différencier désormais des sociaux-
démocrates : Lénine souligne en 1919
que l'utilisation du mot « communisme »
est « incomparablement plus forte » du
point de vue du mouvement ouvrier, et
qu'il permet de se distinguer de la IIe
internationale agonisante. Pour lui,
cependant, l'utilisation du terme
communiste ne doit pas signifier que le
« régime communiste », au sens de
phase supérieure du socialisme, est
réalisé[18].

À la suite des bouleversements que


constituent la révolution en Russie et la
création de l'Internationale communiste,
le mot « communisme » désigne, de
manière prépondérante, les partisans des
bolcheviks et de l'URSS[11] : pris dans ce
sens, le communisme est une scission
du socialisme, qui reprend
l'internationalisme de principe de sa
mouvance d'origine et vise à propager la
révolution à l'échelle mondiale. Les
communistes ambitionnent de
supplanter les socialistes comme porte-
drapeaux du mouvement ouvrier ; ils
reprennent par ailleurs à leur compte
l'usage d'un certain nombre de symboles
historiques et signes distinctifs du
socialisme, comme l'usage du drapeau
rouge et de la couleur rouge en général,
ou le chant L'Internationale. Le mot
désigne non plus uniquement la société
sans classes et sans État censée
représenter le dernier stade de l'évolution
socialiste, mais l'ensemble des pratiques
politiques et gouvernementales mises en
œuvre par des régimes politiques se
réclamant du marxisme-léninisme, et
dans lesquels le Parti communiste local
exerce le monopole du pouvoir. Il désigne
également de manière plus large,
l'ensemble des actions et des théories
des partisans de cette idéologie. Les
communistes continuent par ailleurs de
se réclamer du socialisme, ce qui a
occasionné de nombreuses confusions
entre les mouvances socialistes et
communistes et a permis à leurs
adversaires de réaliser des amalgames
entre elles[19].

Sur le plan économique, le marxisme


prône la destruction du capitalisme et
s'oppose par conséquent au libéralisme
et à l'économie de marché : la propriété
collective des moyens de production se
traduit historiquement, dans les régimes
communistes, par une économie
étatisée, dirigiste et planifiée, où le
secteur privé, pour autant qu'il soit
autorisé, ne doit théoriquement jouer
qu'un rôle limité. Les pays ayant connu
une révolution communiste ont non
seulement étatisé l'économie, mais
également, du fait du caractère souvent
peu développé de leurs économies, mis
en œuvre des politiques
d'industrialisation destinées à renforcer
la productivité et à moderniser leurs
sociétés[20].

Les anarchistes, au sein desquels le


communisme libertaire (ou anarcho-
communisme) demeure un courant
important, continuent quant à eux de se
revendiquer de leurs propres conceptions
du communisme[21], qu'ils présentent
volontiers comme le seul communisme
authentique, en opposition totale avec
les conceptions léninistes[22].

Le concept de société
communiste

Articles connexes : Société sans classes


et Dictature du prolétariat.

Visions chrétienne et anarchiste


Pierre Kropotkine, théoricien anarcho-communiste.

Avant puis en parallèle à son utilisation


par la théorie marxiste, la notion de
société communiste a connu diverses
définitions, principalement durant la
e
première moitié du siècle. Du point
de vue du communisme chrétien,
notamment chez des intellectuels
comme Étienne Cabet ou Wilhelm
Weitling, il s'agit d'un retour à l'idéal
égalitaire du christianisme, via le partage
des biens matériels et l'égalité sociale
absolue[23].

Aux yeux de Cabet, la société


communiste sera instaurée sans
violence et par le prosélytisme,
aboutissant à un monde où chacun
recevra une rémunération selon ses
besoins, ce qui permettra de détruire
tous les vices de la civilisation, tandis
que le progrès de l'industrie permettra
l'abondance : il s'agirait là de revenir aux
conceptions de Jésus-Christ, « pionnier
d'une organisation sociale appelée
royaume de Dieu » qui préfigurait le
communisme[24]. Pour définir les
principes de sa cité idéale d'Icarie, Cabet
utilise la formule « De chacun suivant ses
forces, à chacun suivant ses besoins »,
qui connait alors, sous différentes
variantes, une importante fortune dans
les pensées socialiste et anarchiste[25].

Diverses communautés religieuses


fondées sur le partage des biens
matériels, comme celle des Shakers en
Amérique du Nord, ont par ailleurs été
e
assimilées, dès le siècle, à l'idée
communiste : Engels, faisant abstraction
de leur dimension religieuse, voyait en
elles la preuve que la communauté des
biens pouvait être réalisée de manière
concrète[26].
Dans une optique anarchiste, Pierre
Kropotkine voit pour sa part la société
communiste libertaire comme un
système fondé sur l'entraide, où les
communautés humaines
fonctionneraient à la manière de groupes
d'égaux ignorant toute notion de
frontière. Les lois deviendraient inutiles
car la protection de la propriété perdrait
son sens ; la répartition des biens serait,
après expropriation des richesses et
mise en commun des moyens de
production, assurée par un usage
rationnel de la prise au tas (ou « prise sur
le tas ») dans un contexte d'abondance,
et du rationnement pour les biens plus
rares[27].
Les anarchistes se distinguent de la
vision marxiste d'une société
communiste en rejetant l'idée d'une
dictature qui serait exercée après la
révolution par un pouvoir temporaire : à
leurs yeux, un tel système ne pourrait en
effet déboucher que sur la tyrannie.
Privilégiant la destruction de l'État, ils
sont au contraire partisans d'un passage
direct, ou du moins aussi rapide que
possible, à une société « communiste
libertaire » ; celle-ci se réaliserait par le
biais de ce que Bakounine appelait
l'« organisation spontanée du travail et
de la propriété collective des
associations productrices librement
organisées et fédéralisées dans les
communes »[28]. La formule De chacun
selon ses facultés, à chacun selon ses
besoins se retrouve également -
notamment sous la plume de Kropotkine
- parmi les principes anarchistes[29].

Visions marxistes

Statues de Karl Marx et Friedrich Engels à Berlin.


Marx ne définit pas clairement la manière
dont sera organisée la « société
communiste » après la révolution qu'il
envisage : il indique néanmoins que l'être
humain, libéré de l'aliénation, pourra
pleinement réaliser son potentiel
individuel et que la propriété privée
capitaliste sera remplacée par la
coopération entre des travailleurs libres,
qui disposeront en commun des moyens
de production et des ressources de la
nature[30]. Dans ses notes pour La Sainte
Famille, il définit le communisme,
« abolition positive de la propriété privée
considérée comme une séparation de
l'homme de lui-même », comme
« l'appropriation réelle de l'essence
humaine par l'homme et pour l'homme,
donc comme retour de l'homme à lui-
même en tant qu'homme social, c'est-à-
dire l'homme humain, retour complet,
conscient et avec maintien de toute la
richesse du développement intérieur. Ce
communisme étant un naturalisme
achevé coïncide avec l'humanisme ; il est
la véritable fin de la querelle avec la
nature et entre l'homme et l'homme,
entre l'objectif et l'affirmation de soi,
entre la liberté et la nécessité, entre
l'individu et l'espèce. Il résout le mystère
de l'histoire et il sait qu'il le résout ».
L'homme communiste est donc, dans
l'optique de la théorie marxiste, un
« homme total », libéré de l'aliénation : la
société communiste est vue comme
l'apparition de la vraie liberté, qui ne peut
véritablement exister que dès lors que
l'État disparaît, via un processus de
dépérissement envisagé comme
naturel[31]. Dans le Manifeste du Parti
communiste, Marx et Engels définissent
le communisme comme « une
association où le libre développement de
chacun est la condition du libre
développement de tous »[32]. Dans
Critique du programme de Gotha (1875),
Marx en parle comme d'« une société
coopérative fondée sur la possession
commune des moyens de
production »[11] : il reprend dans ce
même ouvrage, pour définir la société
communiste, l'adage utilisé par divers
auteurs comme Cabet ou le théoricien
socialiste Louis Blanc, « de chacun selon
ses moyens, à chacun selon ses
besoins »[33].

En 1876, défendant l'idée communiste


face aux critiques d'auteurs comme
l'anarcho-individualiste Max Stirner, Jules
Guesde écrit : « Pas de spoliation, mais
au contraire, maintien de la propriété
réellement personnelle existante, ou
création pour les sans-propriété
d'aujourd'hui, de la copropriété de
demain. Nous sommes aujourd'hui le
seul parti plus que défenseurs, créateur
de la propriété pour tous. »[34].
Dans son acception par la théorie
marxiste, que Lénine reprend à son
compte, le communisme est considéré
comme le dernier stade - dit « phase
supérieure » - d'un processus historique
sous-tendu par la lutte des classes, et qui
se terminera par l'abolition du
capitalisme et des classes sociales. Une
première phase, nécessairement
révolutionnaire et probablement violente,
aboutira à la mise en place d'une
dictature du prolétariat — expression
forgée par Auguste Blanqui — que Karl
Marx conçoit comme une phase
transitoire de dictature révolutionnaire
destinée à mettre à bas le pouvoir de la
bourgeoisie fondé sur le capitalisme. Sur
le plan économique, la dictature du
prolétariat se traduira par la suppression
de la propriété privée des moyens de
production. Cette première phase, dite
également « phase inférieure »,
d'instauration du socialisme — dit
également socialisme d'État — et du
collectivisme économique, correspondra
à un processus de socialisation des
biens[33]. Dans leurs écrits, Marx et
Engels utilisent alternativement les mots
« communisme » et « socialisme » pour
désigner la société qui verra le jour après
la révolution[11].

Marx lui-même n'indique pas


précisément quelles sont les conditions
de développement social et économique
nécessaires pour le passage au
socialisme : ce point entraîne de
nombreux débats parmi ses
continuateurs. Concernant l'usage de la
violence, sa pensée connaît des
évolutions : s'il souligne dans un premier
temps la nécessité d'une révolution
violente pour abattre le capitalisme, il en
arrive ensuite à considérer que, dans les
pays suffisamment développés, il sera
possible de passer au socialisme par des
moyens pacifiques, en gagnant les
esprits par la propagande[30],[33].

Marx emploie, dans un seul texte,


l'expression d'« État ouvrier » pour
qualifier le gouvernement qui
s'opposerait à l'« État bourgeois », mais
ne définit pas le type de régime politique
par lequel se traduirait la dictature du
prolétariat[35]. Lénine, s'appuyant sur les
textes d'Engels, considère que l'État sera
alors devenu un « État prolétarien »
(expression utilisée alternativement à
« État ouvrier »)[36]. Le prolétariat
s'empare en effet du pouvoir d'État et
transforme dans un premier temps les
moyens de production en propriété
d'État : il s'agit là d'un processus de
« suppression », par la révolution
prolétarienne, de l'État bourgeois qui sera
alors remplacé par l'État prolétarien[36].
Durant cette phase, où l'État continue
d'exister et dirige l'économie[33], Lénine
juge que l'exercice de la dictature du
prolétariat, qu'il définit comme
« l'organisation de l'avant-garde des
opprimés en classe dominante pour
mater les oppresseurs », nécessitera une
répression politique, qui sera exercée
« contre une minorité d'exploiteurs par
une majorité d'exploités »[37]. La
dictature, dans l'optique léniniste, est
censée être « temporaire » et nécessaire
pour briser la résistance des ennemis de
la révolution[38]. Boukharine, écrivant en
1919 dans le contexte de la guerre civile
russe, juge indispensable l'usage de la
violence pour mener à bien la révolution,
considérant qu'« une révolution sans
guerre civile est aussi chimérique qu'une
révolution « pacifique ». […] [Marx et les
autres théoriciens socialistes]
comprenaient que le prolétariat ne peut
convaincre la bourgeoisie et doit imposer
sa volonté par la guerre civile menée, à
l'aide des baïonnettes, de fusils et de
canons, jusqu'à la victoire »[39]. Le
progrès technique, dont le capitalisme
fait un instrument d'exploitation par le
biais du machinisme, doit être utilisé
dans la phase du socialisme comme un
outil d'émancipation de la classe
ouvrière, libéré des aspects avilissants
du travail : ce phénomène est
notamment illustré par la boutade de
Lénine : « le communisme, c'est les
Soviets plus l'électricité »[40].

Durant cette période de dictature


« temporaire », la théorie léniniste
considère que, « pour que le prolétariat
puisse vaincre », il doit être uni et
organisé, et disposer dans ce but d'un
parti communiste, qui tient un rôle
d'avant-garde dirigeante[41]. La technique
assure ensuite le progrès social dans un
cadre collectiviste : après la phase de
liquidation du capitalisme et des classes
possédantes, la société passe ensuite à
la phase, dite « supérieure », du
communisme intégral, soit celui du
dépérissement de l'État, appelé à
disparaître tout à fait (cette disparition
étant conçue comme un processus
naturel, en opposition à la conception
anarchiste qui préconise la fin de l'État
comme effet d'une décision volontaire).
La société vit alors dans des conditions
de discipline commune librement
consentie, aboutissant à la création d'un
« homme nouveau » : l'économie,
planifiée, fonctionne selon une logique
de production coopérative. La phase
supérieure de la société communiste
devra aboutir à la fin de la division du
travail et au fonctionnement de la société
selon la formule popularisée par Marx, de
chacun selon ses moyens, à chacun selon
ses besoins[33]. Pour Lénine, la phase
supérieure est atteinte dès lors que « les
hommes se seront si bien habitués à
respecter les règles fondamentales de la
vie en société, et que leur travail sera
devenu si productif, qu'ils travailleront
volontairement selon leurs capacités » :
l'État, devenu inutile, s'éteint alors de lui-
même[42]. Boukharine souligne qu'en
« régime communiste », la production de
biens ne se fait plus en fonction du
marché, mais en fonction des besoins :
« chacun ne travaille pas pour soi, c'est
toute la communauté géante qui travaille
pour tous ». L'administration étatique,
disparue car obsolète, est remplacée par
une « direction centrale » qui « incombera
à divers bureaux de comptabilité et
offices de statistiques ». Dans un délai
que Boukharine évalue à « deux ou trois
générations », les survivances de l'ancien
régime capitaliste disparaissent : l'État
ouvrier n'est alors plus nécessaire et le
pouvoir politique du prolétariat disparaît
également, le prolétariat se fondant avec
toutes les autres couches sociales qui,
selon Boukharine, auront alors pris « petit
à petit, l'habitude du travail en commun
et, dans 20 ou 30 ans, il y aura un autre
monde, d'autres hommes et d'autres
mœurs »[43].

Courants marxistes et notions


annexes
Concepts, familles idéologiques
et synonymes

Principales notions du marxisme

Articles connexes : Marxisme,


Socialisme scientifique, Économie
marxiste, Lutte des classes,
Collectivisme économique, Matérialisme
historique et Matérialisme dialectique.

Le Manifeste du Parti communiste publié par Karl


Le Manifeste du Parti communiste, publié par Karl
Marx et Friedrich Engels en 1848.

Une édition des trois volumes du Capital.

Par-delà sa signification première, le


communisme est principalement
rattaché à l'école de pensée marxiste
issue des travaux de Karl Marx et
Friedrich Engels. Il englobe donc, par
extension, un ensemble de courants, de
notions et de réalités politiques associés
au marxisme et s'en revendiquant. Marx
postule l'aliénation de l'ouvrier du fait que
ce dernier ne possède pas les moyens de
production ; l'aliénation concerne par
ailleurs l'ensemble des acteurs
économiques, du fait de leur soumission
au marché. Parallèlement à l'idée
d'aliénation économique intervient la
notion de classe sociale, et notamment
celle de prolétariat. Dans l'optique de
Marx, le prolétariat, en tant que classe
subissant une forme extrême
d'aliénation, aura pour mission et
vocation de créer une nouvelle société,
via une forme de renversement
dialectique. Pour le marxisme, la lutte
des classes est le moteur de l'Histoire de
l'humanité, dès lors que les classes
sociales sont nées de la division du
travail après l'abandon de l'état originel
du communisme primitif : les
contradictions internes du système
capitaliste doivent conduire à son auto-
destruction, et par conséquent à une
révolution conduite par le prolétariat, qui
aboutira à la propriété collective des
moyens de production[44].

Marx, et après lui les auteurs marxistes,


visent à démontrer que la réalisation
d'une nouvelle société via la révolution
prolétarienne et le renversement du
capitalisme est non seulement du
domaine du possible, mais relève d'une
nécessité historique. Dans Le Capital,
son principal traité d'économie politique,
Marx s'attache, en utilisant une méthode
à visées scientifiques et en s'appuyant
notamment sur des concepts comme la
plus-value et la valeur-travail, à prouver
l'injustice du système capitaliste. Les
deuxième et troisième volumes du
Capital, achevés par Engels après la mort
de Marx, visent à démontrer l'instabilité
essentielle du capitalisme et sa tendance
à l'auto-destruction, du fait de la baisse
tendancielle du taux de profit. Outre ces
analyses économiques, la pensée
marxiste s'appuie sur une conception
matérialiste de l'Histoire (dite
matérialisme historique). Marx et Engels
considèrent que l'Histoire résulte du fait
que l'homme a commencé à transformer
la nature par le biais du travail, ce qui a
entraîné la division de l'humanité en
classes sociales : la lutte des classes qui
en résulte, et qui constitue le moteur de
l'Histoire, est l'occasion d'une série de
crises où les forces productives, à
mesure qu'elles se développent, entrent
en mesure avec les structures sociales.
Les crises fondamentales de la société
capitaliste, en débouchant sur la
révolution puis sur une période de
dictature du prolétariat, permettront à
l'arrivée d'aboutir à une société sans
classes, qui équivaudra au communisme
primitif des origines, mais à un niveau
très supérieur[45],[46].

Le matérialisme historique, qui prend en


compte l'ensemble des facteurs sociaux
et économiques pour analyser l'histoire
des sociétés humaines, tend à être vu
par les continuateurs de Marx et Engels
comme un pur économisme : ces
interprétations, qu'Engels lui-même
jugeait excessives, font de l'économie le
principal moteur de l'Histoire[47]. La
méthode d'analyse marxiste, qui
s'attache à dégager des lois de
transformation sociale selon une logique
de science exacte, est baptisée au
e
siècle « socialisme scientifique »,
afin de la distinguer du « socialisme
utopique » des premiers temps[48]. Par la
suite, Lénine considère lui aussi le
marxisme comme une pensée d'essence
scientifique, jugeant que le matérialisme
ne peut qu'être confirmé par les
sciences[49]. École de pensée
essentiellement athée, le marxisme
s'oppose en principe à la religion,
considérée comme un facteur
d'aliénation et d'oppression, et qualifiée
par Marx d'« opium du peuple »[50].

Le marxisme est par ailleurs également


une philosophie qui se veut à la fois
matérialiste et dialectique : la théorie qui
formule à la fois les lois de la pensée et
celles de la réalité, appelée matérialisme
dialectique, est une méthode d'analyse
du réel reposant sur l'existence de
contradictions, et sur le fait que ces
contradictions se résolvent à un niveau
supérieur. La triade thèse-antithèse-
synthèse, dérivée de la pensée de Hegel,
est utilisée pour parvenir à une vision
dialectique de l'Histoire, où le passage du
capitalisme au socialisme surviendra
selon un processus logique, le
socialisme étant la négation du
capitalisme ou plutôt une manière de
surmonter les contradictions internes de
celui-ci. La notion selon laquelle le
socialisme remplacera nécessairement
le capitalisme introduit une équivoque au
sein du marxisme, entre d'une part les
tenants d'un schéma historique simple
selon lequel le capitalisme s'autodétruira
naturellement pour laisser la place au
socialisme, et d'autre part ceux qui
jugent que cette révolution doit être
provoquée. Cette dernière vision — à
tendance « millénariste » — du marxisme,
e
se traduit dès la fin du siècle par une
controverse entre les socialistes qui,
dans l'attente de la révolution, sont
devenus en pratique des réformistes, et
ceux qui demeurent partisans d'un
renversement actif du capitalisme. C'est
cette dernière tendance qui va, après
1917, donner naissance à ce qui
constitue le communisme au sens
moderne du mot[51].

Communisme et léninisme

Léninisme

Articles connexes : Léninisme et


Centralisme démocratique.

La faucille et le marteau, l'un des symboles les plus


familiers du communisme, représente l'union entre
les travailleurs agricoles et industriels par la jonction
entre le marteau du prolétariat ouvrier et la faucille
des paysans.
La tendance du socialisme qui prendra
par la suite le nom de communisme se
distingue par son mode de
fonctionnement interne et par la
méthode de prise du pouvoir qu'elle met
au point dans le contexte particulier de la
Russie impériale. Pour contrer l'appareil
répressif tsariste, Lénine, chef des
bolcheviks, préconise la formation d'un
parti strictement hiérarchisé, formé de
« révolutionnaires professionnels ».
Lénine se heurte en effet, en Russie, à un
double problème : outre le caractère
absolutiste du régime en place, le pays
est dépourvu d'un capitalisme comme
d'une bourgeoisie suffisamment
développés, ce qui rend très éloignée la
perspective de la révolution socialiste
(censée survenir, selon le schéma
marxiste, après une révolution
bourgeoise qui aura été suivie du
développement puis de l'auto-destruction
du capitalisme). Lénine en conclut qu'il
revient aux révolutionnaires de se
substituer à la bourgeoisie pour tenir un
rôle d'accélérateur de l'Histoire,
provoquant ainsi la révolution au lieu
d'attendre son déclenchement naturel. Il
théorise pour le parti un rôle central,
considérant que c'est à lui non seulement
de susciter la lutte des classes là où elle
ne s'est pas encore développée du fait
d'un contexte local, mais aussi
d'assumer un rôle d'« avant-garde » du
mouvement ouvrier à qui il devra
apporter le savoir et la conscience
révolutionnaire[52],[53].

Lénine - dont la pensée sera, après sa


mort, synthétisée au sein d'un corpus
appelé léninisme - prône le
fonctionnement du parti selon la logique
du centralisme démocratique, c'est-à-dire
d'un strict respect, par la base, des
décisions qui auront été prises par les
organes de direction[54],[52]. Il théorise
également, bien avant sa prise du
pouvoir, l'usage de la « terreur de
masse » pour combattre les contre-
révolutionnaires[55].
Après la mort de Lénine, le léninisme est
codifié par Staline sous la forme d'une
doctrine imposée à l'ensemble de
l'Internationale communiste, et dont les
analyses, initialement conçues en
fonction du contexte russe, sont censées
s'appliquer de manière obligatoire à
l'ensemble des pays[56].

Le fondement économique du léninisme


est le développement plus rapide de la
production des moyens de production[57]
par rapport à la production des articles
de consommation.Ce mode de
production est différent du communisme
de Karl Marx qui suppose, contrairement
au léninisme, le développement plus
rapide des articles de consommation par
rapport à la production des moyens de
production[58].

Marxisme-léninisme et
stalinisme

Articles connexes : Marxisme-léninisme


et Stalinisme.

Portraits de Marx, Engels, Lénine et Staline lors d'un


défilé en République démocratique allemande, en
1953.
Avec le temps, l'idéologie des partis
affiliés au Komintern — puis de
l'ensemble des régimes communistes —
prend le nom de marxisme-léninisme,
soit la lecture léniniste du marxisme, elle-
même réinterprétée par les successeurs
de Lénine à la tête du régime soviétique.
L'interprétation par Staline de la théorie
marxiste aboutit à une présentation
rigide de celle-ci, l'Histoire étant
considérée comme soumise à une
succession d'automatismes dans
lesquels le Parti communiste joue le rôle
de l'avant-garde ; le matérialisme
dialectique est élevé au rang de doctrine
à laquelle toutes les sciences doivent
être subordonnées[59]. Sur la base de
l'expérience de la révolution russe, le
marxisme-léninisme considère qu'il n'est
pas nécessaire d'attendre la maturation
du capitalisme pour accomplir la
révolution ; celle-ci dépend de l'action du
parti communiste, lequel est censé être
le représentant du prolétariat[60]. Staline
introduit également la notion de
socialisme dans un seul pays, qui
postule qu'il n'est pas nécessaire
d'accomplir en premier lieu la révolution
mondiale pour construire le socialisme ;
il estime en outre que la lutte des classes
se poursuit et s'intensifie sous le
socialisme, ce qui permet de justifier sur
le plan théorique des mesures de
terreur[61].
Le concept de stalinisme a par ailleurs
été forgé pour qualifier aussi bien
l'idéologie marxiste-léniniste codifiée par
Staline que la pratique politique de ce
dernier et, par extension, les régimes
dictatoriaux se revendiquant du
communisme, analysés sous l'angle de la
notion de totalitarisme. Utilisé le plus
souvent dans un sens critique et
péjoratif, ce terme n'a été que rarement
revendiqué par les acteurs du
communisme étatique ou par les
partisans de celui-ci, bien que certains
aient pu occasionnellement se présenter
comme « staliniens » ou
« stalinistes »[62].
Après la déstalinisation, le marxisme-
léninisme est demeuré l'idéologie
officielle de l'URSS et des régimes qui lui
étaient affiliés, sans que ne soit opérée
de révision théorique majeure. Les
courants marxistes-léninistes qui
refusaient, à l'image du maoïsme, de
condamner les conceptions et la pratique
staliniennes, se sont présentés comme
« anti-révisionnistes »[63],[64].

Trotskisme

Article connexe : Trotskisme.


Congrès trotskiste en Argentine, en 2006.

Le trotskisme (ou trotskysme) - du nom


de Léon Trotski - est une tendance se
revendiquant du léninisme, mais
opposée au stalinisme. Avant 1917,
Trotski élabore la théorie de la révolution
permanente qui implique, dans le
contexte russe, la poursuite continue de
la lutte révolutionnaire après la révolution
bourgeoise, afin de transformer celle-ci
en révolution socialiste et de parvenir à la
dictature du prolétariat ; à l'échelle
internationale, elle se traduit par
l'extension mondiale de la révolution.
Après 1924, l'idéologie trotskiste se
distingue surtout par son opposition à la
vision stalinienne du communisme en
contestant le règne de la bureaucratie
(nom donné par Trotski à la
nomenklatura) et en prônant la
démocratie et la liberté de débat au sein
du Parti communiste. Déjà divisé du
vivant de Trotski, le trotskisme éclate en
multiples tendances (pablisme,
lambertisme, Union communiste,
posadisme, morenisme...) après la
Seconde Guerre mondiale[65],[66].

Maoïsme
Article connexe : Maoïsme.

Statue de Mao Zedong.

Le maoïsme - du nom de Mao Zedong -


naît d'une adaptation du marxisme-
léninisme aux réalités chinoises : Mao
ajoute de nouveaux concepts, comme la
Nouvelle Démocratie et la guerre
populaire, et juge que la principale
contradiction se situe entre les
campagnes et les villes ce qui, à l'échelle
mondiale, se traduit par l'opposition entre
pays sous-développés et États
capitalistes. Il vise également à
remodeler totalement la société et les
mentalités, par une politique volontariste
de modernisation économique[67].

Après la rupture sino-soviétique, Mao se


présente comme le champion de l'« anti-
révisionnisme », c'est-à-dire de la stricte
orthodoxie marxiste-léniniste. Le
maoïsme adopte en outre une ligne plus
clairement tiers-mondiste avec la théorie
des trois mondes, qui postule que les
pays, dans le contexte la guerre froide,
sont divisés non pas en deux camps
— communistes et « réactionnaires » —
mais en trois camps, avec
respectivement les deux
superpuissances, les pays développés, et
enfin les pays en voie de développement,
dont fait partie la Chine. Les thèses de
Mao ont influencé, outre divers
groupuscules occidentaux, des
mouvements insurgés du tiers monde
qui se sont inspirés de son discours
« anti-impérialiste »[68].

Autres courants léninistes et anti-


léninistes

Articles connexes : Titisme, Juche,


Communisme de conseils et Gauche
communiste.
D'autres courants communistes
d'importance inégale existent, certains
étant essentiellement à usage d'une
région du monde, voire d'un pays. On a
appelé titisme - du nom de Tito, qui
utilisait pour sa part le terme
« yougoslavisme » - la pratique politique
en vigueur en Yougoslavie après la
rupture de ce pays avec l'URSS. Tito
prônait l'unité de son pays selon un
principe d'équilibre entre les nationalités,
et l'économie yougoslave fonctionnait
officiellement selon les principes de
l'autogestion des entreprises par les
travailleurs. Dans les faits, l'autogestion
yougoslave est demeurée superficielle et
subordonnée au contrôle par l'État et le
Parti[69],[70]. L'opéraïsme est une
tendance née en Italie dans les années
1960, qui prône les grèves sauvages,
l'illégalisme ainsi que le refus radical de
l'organisation capitaliste du travail, et qui
a influencé une partie de l'extrême
gauche italienne pendant les années de
plomb[71],[72]. On a parfois appelé
« hoxhaïsme » le marxisme-léninisme
« anti-révisionniste » et stalinien,
professé en Albanie par Enver Hoxha[73].
L'idéologie maoïste radicale du Sentier
lumineux, au Pérou, est appelée « Pensée
Gonzalo » du nom du fondateur de
l'organisation, Abimael Guzmán alias
« Président Gonzalo ». Le Juche est
l'idéologie en vigueur en Corée du Nord :
élaborée par Kim Il-Sung avec l'aide de
divers cadres de son régime, cette
doctrine s'est d'abord revendiquée du
marxisme-léninisme, avant de se
présenter comme une doctrine originale
ayant transcendé le marxisme lui-même.
Le Juche se traduit surtout par un
discours nationaliste prônant un
socialisme autosuffisant, et par des
pratiques autarciques[74].

Un autre des symboles utilisés par le communisme,


l'étoile rouge, représente les cinq continents et la
révolution prolétarienne
révolution prolétarienne.

Le mot gramscisme désigne la pensée


d'Antonio Gramsci, auteur d'une œuvre
théorique marxiste hétérodoxe et
découverte après la mort de son auteur.
Publiée de manière souvent tronquée en
fonction des intérêts du Parti
communiste italien, la pensée de
Gramsci a fait l'objet d'interprétations
divergentes. Gramsci prend ses
distances par rapport à l'économisme
marxiste, en jugeant que l'Histoire n'est
pas déterminée par la structure
économique mais par l'interprétation que
l'on donne de cette structure et des lois
qui la régissent, et en adoptant une
démarche qui relève de l'historicisme. Le
rattachement du gramscisme au
léninisme fait l'objet de débats, et semble
surtout obéi à une interprétation
opportuniste de la part des dirigeants
communistes italiens. Gramsci se
distingue également en insistant sur le
rôle de la culture et des intellectuels, et
sur le fait que les révolutionnaires
doivent viser l'hégémonie culturelle.
Cette conception implique d'agir non
seulement sur les terrains politique et
économique, mais également sur ceux
de la culture et des arts, car ceux-ci
touchent la conscience collective[75],[76].
On appelle castrisme - du nom de Fidel
Castro - un ensemble de thèses portant
sur la spécificité de la révolution cubaine,
mais aussi le régime marxiste-léniniste
cubain lui-même et, par extension, les
courants qui s'en réclament. Le
castrisme ne constitue pas une idéologie
distincte à proprement parler, mais un
discours analysant le monde sous l'angle
de l'anti-impérialisme et du tiers-
mondisme, et assimilant la lutte contre le
capitalisme - incarné en l'occurrence par
l'impérialisme américain - à celle contre
une forme de néocolonialisme[77].

On a par ailleurs baptisé du nom de


Gauche communiste un ensemble de
courants de pensée « gauchistes »
(d'extrême gauche ou d'ultra gauche),
apparus dès l'entre-deux-guerres, et dont
certains s'opposent au léninisme. Le
luxemburgisme - nom donné au courant
qui se réclame de Rosa Luxemburg -
s'oppose aux conceptions de Lénine sur
le rôle dirigeant du parti et juge que le
prolétariat doit prendre lui-même son
destin en main, en utilisant notamment la
grève de masse spontanée ; cette école
de pensée trouve son prolongement dans
le communisme de conseils (ou
« conseillisme ») qui prône un
gouvernement par les conseils
ouvriers[78],[79]. Le terme d'« ultra
gauche » est parfois employé comme
synonyme de l'extrême gauche elle-
même, mais peut désigner, de manière
plus précise, cet ensemble de courants
communistes anti-léninistes[80]. Le
bordiguisme - du nom d'Amadeo Bordiga
- est pour sa part une tendance
« gauchiste » du léninisme, qui se
réclame des conceptions de Lénine mais
voit dans l'URSS un « État capitaliste »[81].

On a appelé eurocommunisme un
courant porté dans les années 1970 par
plusieurs partis communistes, pour la
plupart européens, et qui consistait -
sans pour autant rompre avec l'URSS - à
remettre en cause l'orthodoxie
idéologique, en renonçant à diverses
notions comme la dictature du prolétariat
ou le marxisme-léninisme, et en prônant
une évolution démocratique vers le
socialisme[82].

Synonymes

Issu du socialisme, le communisme a


continué de s'en réclamer. L'URSS et les
régimes nés après elle se sont ainsi
présentés comme des « pays
socialistes », expression qui a été
employée comme synonyme de « pays
communistes »[83], l'URSS étant elle-
même qualifiée de « patrie du
socialisme ». Le terme socialisme
scientifique a été également utilisé par
les régimes communistes et leurs
partisans pour qualifier la forme de
socialisme pratiquée dans leurs pays[84].
Le mot marxisme est parfois utilisé
comme un synonyme de
« communisme » (éventuellement en
utilisant l'adjectif marxiste comme
synonyme de communiste), bien que le
marxisme, pris au sens large, ne se
résume pas à son interprétation
léniniste[85].

Les régimes communistes ont par


ailleurs désigné leur propre pratique
gouvernementale sous le nom de
« socialisme réel » (ou « socialisme
réellement existant »), destiné à
présenter leurs formes de gouvernement
et de société comme une phase de
transition continue vers le communisme
intégral, la frontière entre le stade du
socialisme réel et celui du communisme
proprement dit n'étant plus clairement
définie. Si Nikita Khrouchtchev a
proclamé en 1961 que l'objectif du
communisme serait atteint à brève
échéance, cette affirmation est ensuite
abandonnée au profit des objectifs plus
modestes de la « société socialiste
développée »[86].

Le communisme, au sens contemporain


du terme, a été tout d'abord associé pour
l'essentiel aux bolcheviks. En
conséquence, le mot « bolchevisme » a
été employé - parfois de manière
péjorative - pour désigner la mouvance
communiste dans son ensemble. Il n'est
tombé que progressivement en
désuétude, surtout après la Seconde
Guerre mondiale : le mot « bolchevik » a
continué jusqu'en 1952 de figurer entre
parenthèses à la fin du nom officiel du
Parti communiste de l'Union
soviétique[87].

La notion d'État communiste

Articles connexes : État communiste,


Démocratie populaire et Économie
planifiée.
Les régimes communistes en 1979.

Le Grand Palais du Kremlin, siège, à l'époque de


l'URSS, du Soviet suprême de l'Union soviétique.

Le mot communisme désignait,


étymologiquement, une société sans
État. Du fait de l'évolution de son usage, il
désigne également, par extension, une
forme de régime politique dominé par le
parti communiste local, et caractérisé
par un État fort. Ni Marx ni Engels ne
décrivent avec précision à quoi
ressemblera l'« État ouvrier » durant la
période de la dictature du prolétariat[88] :
dans la pratique, la prise du pouvoir par
les communistes a débouché sur la mise
en place de régimes où le PC local - qu'il
soit parti unique de manière officielle ou
de facto - détient le monopole du pouvoir,
excluant toute alternance et toute forme
de véritable pluralisme politique[89], dans
des pays se présentant comme
« démocratiques », « populaires » et
« socialistes ». L'historien Jean-François
Soulet dégage un ensemble de traits
communs permettant de distinguer
l'URSS et les régimes communistes
fondés après elle : tout d'abord, la toute-
puissance du parti communiste local,
dont la direction - sur le modèle du
Politburo du PCUS en URSS ou du
Politburo du PCC en Chine - est le
principal organe de décision ; dans la
majorité des cas, le véritable dirigeant de
l'État est le chef du Parti (qui peut, sans
que cela soit systématique, cumuler son
poste avec celui de chef du
gouvernement ou de chef de l'État).
Ensuite, le poids d'autres groupes de
pression influents comme l'armée et la
police ; l'existence d'une classe
dirigeante privilégiée - la nomenklatura -
liée à l'appareil du régime et du Parti (les
cadres du Parti étant également
surnommés apparatchiks) ; enfin, une
économie étatisée[90].

L'historien Archie Brown définit un


ensemble de critères permettant
d'identifier un système politique
communiste : pour lui, le terme de
« communisme » est le plus adapté pour
désigner ce type de régime. L'usage du
terme « socialiste », que les régimes
communistes utilisaient pour se désigner
eux-mêmes, est en effet inadéquat en ce
que le concept de socialisme recouvre un
ensemble politique bien plus vaste :
« étant donné que les partis communistes
au pouvoir qualifiaient leurs systèmes
politiques de « socialistes », il est
raisonnable de se demander en quoi il est
justifié de les appeler « communistes ». De
nombreux politiciens ex-communistes ont
contesté l'usage de ce terme car, nous
rappellent-ils, le « communisme » était
censé être le dernier stade du socialisme,
qu'ils n'ont jamais prétendu avoir atteint.
Cependant, les membres de ces partis au
pouvoir se définissaient eux-mêmes
comme des communistes et les
chercheurs occidentaux, en rangeant les
systèmes dans la catégorie
« communiste », n'envisageaient pas une
seconde qu'ils parlaient de ce que Marx et
Lénine décrivaient par le terme
« communisme » — cette société auto-
gouvernée, sans État, et coopérative, qui
n'a jamais existé nulle part »[83].

Défilé de l'Armée rouge en 1946.

Pour Brown, la première caractéristique


d'un système communiste est le
monopole du pouvoir exercé par le Parti
communiste local, selon une logique de
parti unique de fait ou de droit. Cette
méthode de gouvernement est assimilée
après 1945 à la dictature du prolétariat :
ce concept se traduit dans les faits par le
règne du Parti, celui-ci étant présenté
comme l'expression exclusive de la
volonté et des intérêts du prolétariat.
Durant la période post-stalinienne, le
terme le plus couramment utilisé sur le
plan officiel était celui de « rôle
dirigeant » du Parti. Un système de
gouvernement communiste se distingue
également par la pratique du centralisme
démocratique et, sur le plan économique,
par une économie planifiée, pouvant
éventuellement coexister dans certains
cas avec une forme d'économie de
marché dans certains secteurs
d'activité[83]. La forme de contrôle de
l'économie par l'État est parfois qualifiée
de capitalisme d'État[91], terme utilisé dès
1918 par Lénine lui-même (mais
notamment employé, par la suite, par les
adversaires « gauchistes » et
conseillistes du communisme
soviétique[92]) : le développement du
marché sous contrôle de l'État est à
l'origine conçu, dans une société
largement non industrialisée comme
celle de la Russie, comme une étape vers
la construction du socialisme[93].

Troupes de la Nationale Volksarmee, l'armée de la


RDA, en 1974.
Enfin, Archie Brown cite comme dernier
critère l'existence d'une forme
d'organisation internationale
communiste et l'appartenance du régime
politique concerné à celle-ci[83].

Le style de gouvernement pratiqué par


les régimes communistes peut par
ailleurs varier : de nombreux régimes se
distinguent, malgré l'internationalisme de
principe de la mouvance communiste, en
mariant la rhétorique communiste à une
propagande nationaliste, soit par
principe, soit en fonction des besoins
politiques du moment. Cuba, la Corée du
Nord, la Roumanie, l'Albanie et le Nord
Viêt Nam (puis le Viêt Nam réunifié) ont
pu ainsi, dans des registres et des
contextes très différents, pratiquer une
forme de « national-communisme »[94].

L'expression démocratie populaire a été


utilisée après la Seconde Guerre
mondiale pour désigner les régimes
communistes, notamment les pays
européens du bloc de l'Est : dans la
phraséologie communiste, ce terme
désigne une forme de gouvernement
censément différente de celle de l'URSS,
car située à un stade moins avancé de
l'évolution socialiste, et dans laquelle le
Parti communiste aurait comme rôle de
diriger l'ensemble des forces politiques
« antifascistes ». Cela a pu se traduire
par un système non pas de parti unique
officiel, mais de coalition, où sont
autorisés, non seulement le parti
communiste local, mais également un
certain nombre de partis-satellites,
réunis au sein d'un front unique : le parti
communiste détient cependant la réalité
du pouvoir. Ce type d'organisation
politique était notamment en vigueur
dans une partie des régimes d'Europe de
l'Est ; la RDA était ainsi gouvernée par le
Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED),
mais quatre autres partis, inféodés au
SED, étaient autorisés à exister au sein
du Front national de la République
démocratique allemande. D'autres
régimes communistes n'autorisent que le
parti communiste et les organisations de
masse qui lui sont affiliées. Dans la
pratique, la définition de ce qu'est une
« démocratie populaire » n'est pas
forcément très précise, et le terme a été
souvent utilisé comme un simple
synonyme d'État communiste[95],[89].

Histoire
Article détaillé : Histoire du
communisme.

Origines

Ancêtres du socialisme et du
communisme
Médaillon à l'effigie de Thomas More.

Gracchus Babeuf.

Le concept de communisme désigne


tout d'abord l'idée de mise en commun
des biens matériels, puis par extension
une organisation sociale où la propriété
privée serait absente. On trouve des
ancêtres lointains et indirects du
communisme et du socialisme dans la
pensée antique, notamment chez Platon
qui imagine dans La République une cité
idéale, divisée en trois classes, et dont
les dirigeants mettraient leurs biens en
commun. Il ne s'agit nullement d'une
société égalitaire, seule l'élite de la cité
étant concernée. Sparte qui, selon
Plutarque aurait mis en place un régime
de communauté de biens au sein de sa
classe dirigeante, est un autre exemple
de cette forme de « communisme »
antique[96]. Le concept de partage des
biens est également présent dans la
pensée chrétienne[97], et tout
particulièrement, sous la Renaissance,
dans des hérésies issues notamment de
e
l'anabaptisme. Au siècle, durant la
guerre des Paysans allemands,
l'idéologue millénariste Thomas Münzer
prône la constitution de « communautés
de saints », où tout serait partagé[98]. Par
la suite, des anabaptistes, inspirés par
les idées de Münzer, animent à Münster
en 1534-1536 un régime théocratique
fondé sur la communauté des biens[99].

Durant les siècles suivants, l'idée d'une


société égalitariste basée sur le partage
des biens constitue un élément essentiel
du courant de pensée utopiste. Le
philosophe et théologien Thomas More
signe en 1516 le livre Utopia qui
constitue le modèle de la littérature
utopiste : il y décrit un pays idéal où
règne l'harmonie. En 1602, le moine
Tommaso Campanella publie La Cité du
Soleil, autre ouvrage fondateur du
courant. More comme Campanella
s'inspirent nettement de La République
de Platon[100],[101],[102]. L'imaginaire
utopique continue de nourrir la critique
sociale radicale, avec comme point
commun le fait de considérer la propriété
privée comme une source d'injustice : on
retrouve cette idée chez des auteurs des
Lumières comme le curé Meslier, Morelly,
Dom Deschamps ou Godwin[103],[104].

En France, sous le Directoire, Gracchus


Babeuf mène en 1796 la conjuration des
Égaux [105]. Très proche, sur le plan des
idées, du communisme au sens
contemporain du terme, Babeuf
préconise une société égalitaire, fondée
sur l'abolition de la propriété particulière.
Il prône par ailleurs la prise du pouvoir
via un coup de force organisé par un état-
major secret incarnant l'avant-garde
révolutionnaire. Pour l'historien Michel
Winock, la méthode de Babeuf annonce
celles de Blanqui et de Lénine ; plus
largement, Winock voit dans la
Révolution française la prémisse de
divers éléments du socialisme et du
communisme, sur les plans des idées et
de la pratique[106],[107],[108]. Philippe
Buonarroti, camarade de Babeuf,
s'emploie par la suite à diffuser les idées
« babouvistes »[109]. Restif de la
Bretonne, à la même époque, contribue à
donner son sens contemporain au mot
communisme, qu'il rattache à la pensée
de Babeuf[110].

Le communisme au sein du
mouvement socialiste

Article détaillé : Socialisme.


Articles connexes : Socialisme utopique,
Social-démocratie, Blanquisme, Anarcho-
communisme et Histoire de
l'anarchisme.

Le drapeau rouge, utilisé comme symbole du


mouvement ouvrier à partir du e siècle.
Étienne Cabet.

Durant les premières décennies du


e
siècle, l'idée communiste se rattache
au courant socialiste, qui se développe
alors dans le contexte de la révolution
industrielle et des bouleversements
sociaux et économiques qui
l'accompagnent. Le socialisme naît sous
la forme d'une école de pensée
anticapitaliste, qui vise à résoudre la
question sociale en améliorant le sort de
la classe ouvrière : il devient une
expression politique du mouvement
ouvrier. L'idée d'une société fondée sur le
partage des biens matériels est très
présente dans le courant pré-marxiste du
« socialisme utopique » : le Britannique
Robert Owen, inspirateur du courant dit
« oweniste », prône l'auto-suffisance des
ouvriers au sein de communautés
coopératives et tente de mettre ses idées
en pratique dans des expériences
comme celle de New Harmony aux États-
Unis[111],[112].

Karl Marx et Friedrich Engels.

Au sein du mouvement socialiste, le


terme communistes tend à désigner,
dans les années 1840, un ensemble de
tendances radicales, principalement
celles qui insistent sur notion de lutte
des classes et qui ne comptent pas sur
la bonne volonté des classes dominantes
pour changer la société. Babeuf demeure
une « figure mythique » et une référence
commune pour les tout premiers
« communistes », bien que certains se
démarquent de son œuvre et de son
action[3]. Auguste Blanqui, notamment,
envisage une révolution violente, qui se
traduirait par une dictature du prolétariat
avant le passage à une société
communiste[23],[113],[3].
L'échec de la tentative d'insurrection de
Blanqui, en 1839, sonne le glas d'une
certaine mythologie révolutionnaire. Il
amène les intellectuels socialistes à
considérer que la réalisation d'une
nouvelle société ne peut plus dépendre
d'une action purement « militaire ». En
France, on voit alors se développer un
ensemble de courants cherchant à
analyser la société de manière
« scientifique », ou s'orientant vers des
formes de mysticisme[3]. Le mot
« communisme » lui-même est
popularisé par des écrivains comme le
Français Étienne Cabet. Ce dernier,
auteur du livre Voyage en Icarie dans la
tradition de More et de Campanella,
rejette l'idée de lutte des classes et se
revendique d'une forme de communisme
chrétien. Il attire autour de lui de
nombreux disciples avec qui il se lance,
aux États-Unis, dans une expérience de
vie communautaire sur le modèle de
l'Icarie, qui tourne cependant au
désastre[23],[3].

En Allemagne, le socialisme se diffuse


d'abord dans les milieux intellectuels,
sous l'influence des Français. En 1836, à
Paris, des socialistes allemands en exil
fondent, à l'initiative de Wilhelm Weitling,
la Ligue des justes, qui prône un
communisme empreint de mysticisme
chrétien, comparable à celui des
anabaptistes. Cette idéologie de type
religieux, apparentée à l'« icarisme » de
Cabet, est empreinte de principes non-
violents[114]. En juin 1847, la Ligue des
justes prend le nom de Ligue des
communistes sous l'impulsion de Karl
Marx et de Friedrich Engels. D'abord liée
à la Société des saisons blanquiste, elle
se veut internationaliste et adopte
comme devise le mot d'ordre
« Prolétaires de tous les pays, unissez-
vous ! ». En février 1848, Marx et Engels
publient la « profession de foi » du
mouvement, intitulée Manifeste du Parti
communiste. Les auteurs posent les
bases d'une conception à visée
scientifique du socialisme ; ils affirment
en outre une orientation nettement
révolutionnaire et rejettent tant le
« socialisme utopique » que les
conceptions chrétiennes du
communisme. L'idée communiste, telle
que la conçoivent Marx et Engels, est
désormais associée à l'athéisme[115],[116].

Le Capital, principal ouvrage d'économie politique de


Karl Marx.
Les idées socialistes apparaissent au
premier plan de la politique européenne
lors du Printemps des peuples. L'échec
des insurrections de 1848 ne donne
qu'un coup d'arrêt provisoire à la
diffusion du socialisme, qui continue de
se développer en Europe parallèlement
au syndicalisme. En 1864, plusieurs
organisations socialistes se réunissent
au sein de l'Association internationale
des travailleurs (ou Première
Internationale), dont Marx rédige les
statuts provisoires. L'Internationale se
défait avec le temps, du fait notamment
des divisions entre les partisans de Marx
et ceux de l'anarchiste Mikhaïl
Bakounine, mais les idées socialistes
continuent de progresser[117],[118].
L'épisode de la Commune de Paris de
1871 contribue à entretenir une
mythologie révolutionnaire dans
l'imaginaire socialiste et, plus tard,
communiste[119].

Le marxisme, courant de pensée dérivant


des œuvres de Marx et Engels et qui se
présente comme un « socialisme
scientifique », acquiert durant le dernier
e
quart du siècle une position
dominante au sein du socialisme
européen, bien que son degré d'influence
soit inégal selon les pays. Si le terme
communisme continue de faire partie du
vocabulaire socialiste et d'être
revendiqué par d'autres tendances
politiques, comme l'anarcho-
communisme, il ne désigne pas alors un
courant de pensée distinct, et connaît
une certaine désuétude[120],[121]. En
France, le marxisme est surtout présent
chez les guesdistes. Au Royaume-Uni, il a
peu de poids chez les travaillistes. Les
idées marxistes sont au contraire
dominantes chez les sociaux-
démocrates allemands, autrichiens et
russes[121].

e
À la fin du siècle, dans la majorité
des pays européens, le socialisme évolue
sensiblement vers le réformisme. Le
conflit entre réformistes et
révolutionnaires se déclare notamment
en Allemagne. Eduard Bernstein, l'un des
principaux idéologues du Parti social-
démocrate d'Allemagne (SPD), ayant
constaté que les prédictions de Marx sur
l'effondrement du capitalisme ne se
réalisaient pas, préconise en effet un
dépassement du marxisme. Il juge que
les socialistes doivent cesser de se voir
comme le parti du prolétariat et devenir
un vaste parti démocratique, qui
représenterait également les classes
moyennes, et que la social-démocratie
doit renoncer à la révolution pour aspirer
simplement à une plus grande justice
sociale. La « querelle réformiste »
(Reformismusstreit) tourne au
désavantage des thèses de Bernstein,
qui sont condamnées en 1899 lors du
congrès du SPD. Mais malgré cette
défaite apparente des thèses
« révisionnistes », le socialisme européen
n'en continue pas moins de se recentrer,
avec comme conséquence un décalage
croissant entre un discours toujours
officiellement révolutionnaire et une
pratique de plus en plus réformiste[121]. Il
conserve néanmoins une aile d'extrême
gauche, qui compte en Allemagne Rosa
Luxemburg et Karl Liebknecht parmi ses
représentants. Rosa Luxemburg se
distingue notamment en prônant une
révolution prise en main par le prolétariat
lui-même, partis et syndicats devant se
contenter d'« éclairer » les ouvriers sans
prétendre les diriger[122].

Lénine, vers 1900.

L'Empire russe, qui est toujours, à la fin


e
du siècle, une monarchie absolue,
connaît contexte particulier. Les militants
socialistes y sont réprimés, et le courant
révolutionnaire est particulièrement fort.
Le Parti ouvrier social-démocrate de
Russie (POSDR), formé en 1898 lors d'un
congrès clandestin qui ne réunit que neuf
participants, est contraint de s'organiser
dans l'illégalité et l'exil. De nombreux
révolutionnaires russes sont dispersés à
travers l'Europe et, jusqu'en 1905, le
mouvement socialiste russe demeure
illégal[123],[124],[125]. C'est dans ce
contexte qu'en 1902, Vladimir Oulianov,
dit « Lénine », publie le traité politique
Que faire ?, dans lequel il prône
notamment l'organisation de la révolution
par un parti clandestin, hiérarchisé et
discipliné, qui constituerait l'avant-garde
du prolétariat[126],[127]. Léon Bronstein, dit
« Trotski », rejoint à la même époque les
milieux socialistes exilés[128]. Le
mouvement socialiste russe connaît,
e
dans les premières années du siècle,
de profondes divisions et conflits
incessants : dès le second congrès du
POSDR, en 1903, les partisans de Martov
s'opposent à ceux de Lénine. Les
premiers reçoivent le nom de
mencheviks (« minoritaires »), et les
seconds de bolcheviks
(« majoritaires »)[129],[130].

La révolution russe de 1905 éclate en


janvier ; à partir du mois de mai, des
travailleurs et soldats russes s'organisent
en conseils (en russe : Soviets)[131]. Les
émigrés politiques, parmi lesquels
Trotski et Lénine, rentrent
progressivement en Russie pour tenter
de profiter de cette révolte spontanée.
Une tentative d'insurrection est écrasée à
Moscou et le mouvement révolutionnaire
décline ensuite dans l'ensemble de la
Russie[132],[133]. Si les principaux chefs
révolutionnaires sont à nouveau
contraints à l'exil, les partis socialistes
sont cependant légalisés : bolcheviks et
mencheviks ont désormais des députés
à la Douma. Des militants bolcheviks
demeurés en Russie - parmi lesquels
Joseph Djougachvili, connu sous les
pseudonymes de « Koba » puis de
« Staline » - contribuent à financer le
mouvement par des activités
illégales[134],[135]. Le parti socialiste russe
demeure en outre irrémédiablement
divisé entre bolcheviks et
mencheviks[136].

Lorsque la Première Guerre mondiale


éclate, l'Internationale ouvrière apparait
impuissante et discréditée. La majorité
des partis socialistes européens
soutiennent en effet la politique belliciste
de leurs pays respectifs[137]. Lénine
espère pour sa part sur une défaite de la
Russie, car cela pourrait y faciliter la
révolution[138]. Mais sa ligne demeure
minoritaire en Europe, y compris chez les
socialistes opposés à la guerre. Les
bolcheviks — dont beaucoup de militants
et l'ensemble des députés sont alors
arrêtés en Russie — semblent éloignés, à
l'époque, de toute perspective d'accès au
pouvoir[139],[140].

Naissance du régime
bolchevik et de l'URSS

Révolution en Russie

Articles connexes : Révolution russe et


Révolution d'Octobre.

Durant le conflit mondial, l'Empire russe


souffre durement des combats sur le
Front de l'Est. L'économie du pays
s'effondre, portant le coup de grâce au
régime tsariste, déjà politiquement
discrédité. En 1917, au début du mois de
mars (fin février selon le calendrier julien)
éclate la révolution de Février, premier
acte de la révolution russe. Des députés
de la Douma créent un comité destiné à
servir de gouvernement provisoire ; dans
le même temps est formé le Soviet des
députés ouvriers et des délégués des
soldats de Petrograd, sur le modèle des
conseils de la révolution de 1905. Le tsar
Nicolas II abdique. Si certains
mencheviks et socialistes
révolutionnaires ont participé à cette
révolution spontanée, les bolcheviks n'y
ont jusqu'ici tenu aucun rôle[141]. Alors
que la Russie est toujours en guerre, le
gouvernement provisoire, dirigé par
Gueorgui Lvov puis par Aleksandr
Kerenski, préfère attendre la convocation
d'une assemblée constituante pour
mener les réformes comme la
redistribution des terres. En outre, le
Soviet de Petrograd lui dispute la réalité
du pouvoir[142],[143].

Timbre soviétique commémorant la Révolution


d'Octobre.
Avec l'aide du commandement allemand
qui souhaite contribuer à déstabiliser la
Russie en y faisant entrer des fauteurs de
trouble potentiels, Lénine et d'autres
révolutionnaires exilés retournent sur le
sol russe. En chemin, Lénine rédige un
document connu ensuite sous le nom de
Thèses d'avril, qu'il présente dès son
arrivée à la réunion des
bolcheviks[144],[143] : il y préconise le
remplacement du gouvernement
provisoire par un cabinet socialiste, ainsi
que la redistribution des terres aux
paysans, l'arrêt de la guerre, l'auto-
détermination des peuples et la
transformation des Soviets de
travailleurs en organes de
gouvernement[145] ; il prône également
« la création d'une Internationale
révolutionnaire (...) contre les social-
chauvins et contre le « centre » », et le
contrôle des Soviets par le Parti. Les
bolcheviks, qui entretiennent
l'agitation[146], prennent le contrôle des
détachements armés des Soviets, bientôt
baptisés gardes rouges[147]. Mais
l'insurrection des journées de juillet est
un échec total[148] ; Lénine doit se
réfugier en Finlande. En son absence, les
bolcheviks continuent de profiter du
chaos politique et gagnent des élus aux
Soviets, aux comités d'usine et dans les
syndicats. En août, la contre-offensive
sur le front de l'Est, décidée par Kerenski,
est un désastre qui discrédite le
gouvernement provisoire[149]. En
septembre, Trotski, désormais allié aux
bolcheviks, est élu président du Soviet de
Petrograd[150].

Portrait de Vladimir Ilitch Lénine par Isaak Brodsky.

Durant son séjour en Finlande, Lénine


rédige L'État et la Révolution, ouvrage
dans lequel il théorise le passage du
stade d'un État bourgeois à celui d'un
« État prolétarien », qui, après une phrase
de dictature du prolétariat provisoire,
s'éteindra ensuite de lui-même pour
aboutir à la phase du communisme ; il n'y
aborde que furtivement la question de
l'usage de la violence, considérant qu'il
ne faudra réprimer qu'une « minorité
d'exploiteurs »[151],[152]. Il envisage par
ailleurs le remplacement du nom
« bolcheviks » par celui de Parti
communiste[153].

Au début du mois d'octobre, Lénine


revient clandestinement en Russie. Il
plaide auprès de son parti pour une prise
du pouvoir par la force, avant que le
deuxième congrès panrusse des Soviets
puisse se réunir et former un
gouvernement de coalition qui priverait
les bolcheviks du monopole du
pouvoir[154]. L'insurrection est décidée :
Trotski se charge de créer un Comité
militaire révolutionnaire du Soviet de
Petrograd[155]. Dans la nuit du 24 au 25
octobre (7 novembre du calendrier
grégorien), les troupes du Soviet
s'emparent des bâtiments stratégiques
de la capitale et Kerenski prend la fuite.
Au matin du 25 octobre, Lénine proclame
le renversement du gouvernement
provisoire[156],[157]. Quelques heures plus
tard, le deuxième congrès des Soviets
s'ouvre : les mencheviks, les SR et le
Bund s'en retirent pour protester contre le
coup de force des bolcheviks. Ils laissent
ainsi les mains libres à Trotski, qui fait
adopter un texte condamnant les SR et
les mencheviks. Peu après, le congrès
adopte un texte rédigé par Lénine, qui
attribue « tout le pouvoir aux Soviets » : le
pouvoir est cependant dans les faits
détenu par les bolcheviks, à qui le retrait
des autres partis permet de s'attribuer la
légitimité populaire. Le lendemain,
Lénine prend la tête d'un gouvernement
composé de bolcheviks, le Conseil des
commissaires du peuple (Sovnarkom).
D'emblée, les bolcheviks prennent des
mesures autoritaires en interdisant des
journaux d'opposition[158].
Fin novembre, lors de l'élection de
l'assemblée constituante, les socialistes-
révolutionnaires remportent la majorité,
devançant largement les bolcheviks[159] ;
en janvier 1918, la constituante est
déclarée dissoute par le Sovnarkom dès
le lendemain de sa première session. Le
Congrès des Soviets et l'ensemble des
Soviets sont mis sous contrôle du
gouvernement bolchevik. Un décret sur la
terre, qui légitime les confiscations des
terres de grands propriétaires survenues
depuis 1917, permet aux bolcheviks
d'obtenir, pendant un temps, le soutien
d'une grande partie de la
paysannerie[158].
Survie du pouvoir soviétique

Articles connexes : Guerre civile russe,


Terreur rouge (Russie), Communisme de
guerre, Nouvelle politique économique et
Union des républiques socialistes
soviétiques.

Le régime des bolcheviks est encore très


instable : la Russie reste en guerre contre
les Empires centraux, et le nouveau
gouvernement est incapable de se
défendre malgré la transformation de la
Garde rouge en Armée rouge. Pour éviter
l'effondrement, Lénine décide en mars de
signer une paix séparée avec les Empires
centraux : le traité de Brest-Litovsk sauve
le nouveau régime, au prix de la perte de
la Biélorussie, de l'Ukraine et des pays
baltes. En interne, Lénine doit composer
avec l'opposition de personnalités
comme Trotski, Nikolaï Boukharine et
Karl Radek, qui souhaitaient une « guerre
révolutionnaire » que le nouveau régime
n'a pas les moyens de mener. À la même
période, lors du septième congrès des
bolcheviks, le Parti est rebaptisé Parti
communiste de Russie (bolchevik), afin de
souligner son aspect révolutionnaire et
de se distinguer des autres
socialistes[160]. Après la paix coûteuse
avec les Empires centraux, les bolcheviks
doivent encore se battre sur plusieurs
fronts : les socialistes-révolutionnaires
de gauche, jusque-là alliés des
bolcheviks, entrent en rébellion ; les
Armées blanches, soutenues par les
Alliés, font quant à elles peser une grave
menace sur le nouveau pouvoir ; les
territoires de l'ex-Empire russe sombrent
dans une guerre civile d'une extrême
violence. Pour survivre, le gouvernement
bolchevik improvise une organisation
militaire, et un mode de fonctionnement
économique appelé « communisme de
guerre ». Trotski professionnalise et
réorganise l'Armée rouge au prix d'une
discipline impitoyable, et fait encadrer les
troupes par des Commissaires politiques
garants de la ligne idéologique. Les
partis d'opposition sont interdits, et un
vaste programme de nationalisations
permet d'étatiser et de mobiliser
l'économie. Des réquisitions agricoles
sont pratiquées pour assurer le
ravitaillement, provoquant des
insurrections dans la paysannerie :
Lénine, qui les attribue aux seuls paysans
riches (« koulaks »), ordonne de les
réprimer avec la plus grande
violence[161],[162].

Les institutions autonomes nées de la


révolution (Soviets, comités d'usine,
syndicats) sont subordonnées au Parti :
le régime s'emploie ensuite à dominer
l'ensemble de la société civile, via une
bureaucratie grandissante dont les
membres reçoivent le nom
d'apparatchiks. Le monde du travail est
mis sous contrôle : les ouvriers, censés
être au pouvoir par l'entremise du Parti,
se voient refuser le droit de grève. Le
régime s'appuie également sur une
police politique, la Tchéka, dirigée par
Félix Dzerjinski : la peine de mort, abolie
quelques mois plus tôt, est rétablie. La
famille du tsar est massacrée, et les
opposants réprimés. La répression à
grande échelle ne débute vraiment
qu'après que Lénine réchappe, le
30 août 1918, à une tentative
d'assassinat par la SR Fanny Kaplan[162].
Le 5 septembre, le Conseil des
commissaires du peuple décrète une
politique de Terreur rouge visant les
contre-révolutionnaires et les « ennemis
de classe »[163] : la Tchéka et l'Armée
rouge mènent une campagne de
répression d'une violence et d'un
arbitraire extrêmes, qui se déroule en
parallèle aux massacres commis par les
Blancs[164]. À partir de 1921, le clergé
russe est victime de massacres[165]. Un
système de camps est mis en place pour
y détenir prisonniers, déserteurs,
« otages issus de la haute bourgeoisie »,
fonctionnaires de l'ancien régime, etc.,
arrêtés à titre préventif et enfermés sans
jugement[166]. La forte présence de Juifs
parmi les chefs bolcheviks donne par
ailleurs naissance à la thèse antisémite
du « judéo-bolchevisme », qui assimile
les communistes aux Juifs. De nombreux
pogroms sont commis pendant la guerre
civile, notamment lors de la terreur
blanche[167].

Contre-offensive de l'Armée rouge contre l'Armée


blanche de Koltchak, à l'hiver 1919.

En 1919-1920, les bolcheviks parviennent


à triompher du gros des armées
blanches, auxquelles les Alliés, tout juste
sortis de la guerre mondiale, n'ont
apporté qu'une aide limitée. Ils doivent
cependant toujours affronter les divers
gouvernements indépendantistes -
notamment en Ukraine - les anarchistes
de Nestor Makhno, mais aussi, jusqu'en
1923, les « armées vertes » des paysans
révoltés[168],[169]. Les bolcheviks
reprennent le contrôle d'une majorité des
anciens territoires impériaux, où sont
proclamées des Républiques socialistes
soviétiques. Les pays baltes, la Finlande
et la Pologne orientale leur échappent
cependant : la défaite contre les Polonais
lors de la guerre de 1919-1921 marque
notamment un reflux pour la Russie
soviétique, qui avait un temps espéré y
étendre la révolution. Né dans des
circonstances très précaires, le premier
État communiste de l'Histoire survit in
fine au chaos politique et à la guerre
civile[167].

L'économie de la Russie soviétique est, à


la fin de la guerre civile, dans un état
désastreux, du fait notamment de
l'application improvisée du communisme
de guerre. Les insurrections paysannes,
dont la révolte de Tambov est l'une des
plus importantes, redoublent d'intensité.
Une terrible famine sévit dans plusieurs
régions. Le Parti communiste connaît
outre de vifs débat internes : l'Opposition
ouvrière réclame que la gestion de
l'industrie soit confiée aux syndicats, une
position que Lénine dénonce comme de
l'« anarcho-syndicalisme »[170]. Trotski,
lui, souhaite la fusion des syndicats avec
l'appareil d'État et une gestion militarisée
de l'économie[171].

Premier blason de l'URSS.

En mars 1921, le gouvernement


bolchevik doit affronter la révolte de
Kronstadt. Sur ordre de Trotski,
l'insurrection est écrasée ; la répression
fait plusieurs milliers de victimes et de
condamnations à mort ou à la
déportation[171]. Cet épisode achève de
sonner le glas de l'anarchisme en Russie
où les libertaires, initialement ralliés au
régime bolchevik, ont été réprimés dès
1918[172]. Les bolcheviks se consacrent
ensuite à la chasse aux opposants
socialistes-révolutionnaires et
mencheviks, et à la lutte contre les
grèves et le « laisser-aller » ouvrier, au
combat contre les insurrections
paysannes, et à la répression contre
l'église[173].

C'est dans ce contexte que le Xe congrès


du Parti communiste entreprend de
réorganiser le fonctionnement du régime
et de l'économie du pays. Les factions au
sein du Parti sont interdites, tandis
qu'une résolution, adoptée sous
l'impulsion de Lénine, élève le rôle
dirigeant du parti unique au rang de
composante du marxisme. Les révoltes,
dont celle de Kronstadt, ayant montré
l'urgence de procéder à des réformes et
d'améliorer les conditions de vie de la
population, Lénine parvient à faire
adopter par le Parti son projet de
Nouvelle politique économique (NEP),
qui met fin au communisme de guerre.
Le commerce extérieur est libéralisé et la
création de petites entreprises privées
autorisée. Lénine entend ainsi assurer
une transition vers le socialisme[174],[171].
Le XIe congrès, en 1922, poursuit la
réorganisation du Parti : Joseph Staline
devient Secrétaire général, fonction
apparemment technique mais qui lui
permet de contrôler les nominations de
cadres et de constituer un réseau. Le
30 décembre 1922, l'Union des
républiques socialistes soviétiques
(URSS) naît d'un traité qui réunit au sein
d'une fédération la République socialiste
fédérative soviétique de Russie et les
autres Républiques socialistes
soviétiques issues de l'ex-Empire
russe[175].
Le nouvel État normalise
progressivement ses relations
internationales : dès 1922, le traité de
Rapallo établit des relations
diplomatiques et commerciales avec
l'Allemagne de Weimar. L'ensemble des
pays occidentaux noue ensuite des
contacts avec l'URSS. À partir de 1924,
Staline s'oppose à la ligne de Trotski ; ce
dernier prône une « révolution
permanente », soit l'exportation à court
terme du modèle soviétique par le biais
d'une révolution internationale, condition
indispensable à ses yeux pour bâtir le
« socialisme ». Staline impose au
contraire la politique du « socialisme
dans un seul pays », qui vise à consolider
en priorité le « socialisme » dans la seule
URSS afin de se donner les moyens de
réaliser plus tard la révolution
mondiale[176].

Essor international et
premiers revers

De la naissance du Komintern au
reflux de la vague
révolutionnaire

Articles connexes : Guerre civile


finlandaise, Révolution allemande de
1918-1919, Révolte spartakiste de Berlin,
République des conseils de Hongrie,
République des conseils de Bavière,
Internationale communiste et Guerre
soviéto-polonaise.

Publication de l'Internationale communiste.

Plaque commémorative à l'effigie de Rosa


Luxemburg.
Dans l'ensemble de l'Europe, les partis
socialistes et sociaux-démocrates sont
divisés entre partisans et adversaires de
la Révolution d'Octobre. En Finlande,
toute juste indépendante, une guerre
civile oppose, de janvier à mai 1918, les
« Rouges » - la faction radicale du Parti
social-démocrate de Finlande - soutenus
par les bolcheviks et les « Blancs »
soutenus par l'Empire allemand : les
révolutionnaires sont vaincus et, réfugiés
en Russie, y constituent le Parti
communiste de Finlande. En Allemagne,
la chute de l'Empire est accompagnée
par une vive opposition entre les sociaux-
démocrates réformistes et les
révolutionnaires spartakistes. Le chef du
gouvernement provisoire Friedrich Ebert
s'en tient à une ligne légaliste, tandis que
les dirigeants spartakistes Karl
Liebknecht et Rosa Luxemburg
s'opposent à la démocratie parlementaire
et prônent une « République des
Conseils », soit un régime dirigé par les
conseils ouvriers. Le 1er janvier 1919, les
spartakistes fondent le Parti
communiste d'Allemagne (KPD). Le
lendemain, une manifestation ouvrière
provoque des affrontements à Berlin :
Liebknecht, emporté par le mouvement,
appelle à renverser le gouvernement. Le
soulèvement berlinois de janvier 1919
est vite écrasé par le gouvernement
social-démocrate appuyé par les Corps
francs. La répression est sanglante ; Karl
Liebknecht et Rosa Luxemburg sont eux-
mêmes assassinés par des
militaires[177].

Proclamation de la République des conseils de


Hongrie.

D'autres mouvements favorables à la


révolution russe apparaissent en Europe,
qu'ils prennent d'emblée ou non le nom
de « communistes ». Le Parti socialiste
italien, dont les « maximalistes » ont pris
le contrôle, passe dans les rangs
révolutionnaires. L'Italie entre dans la
période d'agitation politique et de grèves
sauvages appelée le biennio rosso
(« deux années rouges ») [178].

Le 2 mars 1919 se tient à Moscou le


congrès fondateur de l'Internationale
communiste (ou Komintern, ou
« Troisième Internationale »), qui
ambitionne de supplanter la « Deuxième
internationale » discréditée par les
soutiens des socialistes à la guerre.
D'emblée contrôlée par les Russes, elle a
pour tâche de coordonner et d'impulser
des mouvements révolutionnaires dont
on pense alors qu'ils vont s'étendre et
soutenir la Russie soviétique[179],[180].
Plusieurs partis communistes
apparaissent alors en Europe, comme en
Bulgarie[181] ou en Pologne[182]. Dès le
22 mars 1919, le Parti socialiste italien
rejoint l'Internationale communiste[183].

Le Parti des communistes de Hongrie est


fondé en Russie par des prisonniers de
guerre Hongrois convertis au
communisme. Son chef Béla Kun, une
fois revenu dans son pays tout juste
indépendant, profite du chaos politique
qui y règne : le 21 mars 1919, les
communistes, alliés aux sociaux-
démocrates, prennent le pouvoir et
proclament la République des conseils
de Hongrie. Le régime se rend vite
impopulaire par ses nationalisations
autoritaires et ses campagnes de
répression baptisées, comme en Russie,
« terreur rouge ». Les communistes
hongrois tentent en outre de récupérer
les territoires perdus par le pays à la fin
de la guerre : ils entrent en conflit avec la
Roumanie, ce qui provoque leur chute au
bout de trois mois. Béla Kun fuit à
l'étranger et les communistes hongrois
sont brutalement réprimés[184],[185]. En
Allemagne, une République des conseils
de Bavière est proclamée le 7 avril, mais
écrasée par les Corps francs dès les
premiers jours de mai[186]. En juin de la
même année, le Parti communiste
d'Autriche échoue dans sa tentative
d'insurrection à Vienne[187].

La forte présence de Juifs, non


seulement en Russie au sein de la
direction des bolcheviks et de l'appareil
de la Tchéka, mais aussi dans les
gouvernements hongrois et bavarois,
contribue à alimenter la thèse antisémite
du judéo-bolchevisme : l'idée voulant que
le communisme soit issu d'un complot
juif est largement diffusée, en Europe
comme sur le continent américain,
durant tout l'entre-deux-guerres[188],[189].
Premier drapeau de la République populaire

mongole.

En Italie, le PSI arrive en tête aux


élections, mais refuse de participer au
gouvernement : l'un de ses principaux
animateurs, Amadeo Bordiga, prône
l'abstention et la préparation de
l'insurrection. Au début des années 1920,
Lénine critique vivement les stratégies
« gauchistes » au sein du mouvement
communiste, qu'il juge stériles et inaptes
à accéder au pouvoir : il expose ses vues
sur la « Gauche communiste » —
représentée notamment par Bordiga en
Italie, ou par Anton Pannekoek aux Pays-
Bas — dans le livre La Maladie infantile du
communisme (le « gauchisme »), publié
en mai 1920[178].

Au-delà des désaccords stratégiques, les


communistes s'interrogent sur la
meilleure manière pour exporter la
révolution. Quand la Pologne tente
d'annexer l'ouest du territoire ukrainien,
Lénine y voit l'occasion de passer à la
« guerre révolutionnaire » préconisée dès
1918 par les « communistes de gauche ».
L'Armée rouge parvient en effet à
repousser les troupes polonaises : le
second congrès de l'Internationale
communiste a lieu le 9 juillet 1920 durant
l'offensive soviétique en direction de
Varsovie, alors que les conditions d'une
révolution mondiale semblent être
réunies[190]. Ce congrès définit
également 21 conditions d'admission
pour les partis souhaitant rejoindre le
Komintern, stipulant notamment que les
PC doivent être organisés et hiérarchisés
selon les principes du centralisme
démocratique et viser la révolution en
combinant les actions légales et
illégales, avec l'aide de structures
clandestines cohabitant avec le parti
officiel[191]. Plusieurs Asiatiques
participent à ce second congrès : Lénine
considère en effet que la révolution
soviétique doit trouver des alliés hors
d'Europe, afin de miner les arrières des
puissances coloniales qui lui sont
hostiles[192]. Le mois suivant se tient à
Bakou le « Congrès des peuples de
l'Orient », qui établit des liens avec des
mouvements nationalistes
asiatiques[193].

Les espoirs d'extension de la révolution


en Europe sont cependant éphémères :
dès le mois d'août 1920, la contre-
attaque des troupes polonaises arrête
l'Armée rouge devant Varsovie. La Russie
soviétique doit ensuite reconnaître sa
défaite[194]. Quelques mois plus tôt, en
Allemagne, le soulèvement de la Ruhr,
lancé en réaction à une tentative de
putsch nationaliste, est mis en échec par
l'armée. En mars 1921, une nouvelle
tentative d'insurrection allemande
débouche sur un échec complet[195].

Lors de son troisième congrès en 1921,


l'Internationale communiste reconnaît
que la phase révolutionnaire née en 1917
est terminée[196]. Si la progression du
communisme connaît un coup d'arrêt en
Europe, la Russie se trouve un nouvel
allié en Asie : en Mongolie-extérieure, les
communistes locaux profitent du chaos
provoqué par l'extension de la guerre
civile russe pour prendre le pouvoir en
juillet 1921. Trois ans plus tard, le pays
devient la République populaire mongole,
État satellite de l'URSS[197].

Échecs et divisions du
mouvement communiste

Musée du premier congrès du Parti communiste


chinois, à Shanghai.

Au cours des années 1920 et 1930, des


partis communistes continuent
d'apparaître sur tous les continents, en
Europe, en Asie, sur le continent
américain et jusqu'en Océanie. En France,
lors du congrès de Tours de 1920, la
SFIO connaît une scission entre les
partisans de la Russie soviétique et les
modérés conduits par Léon Blum. La
Section française de l'Internationale
communiste, regroupant les premiers qui
sont alors majoritaires, prend ensuite le
nom de Parti communiste français[198].
Dès l'année suivante, cependant, les
socialistes reprennent l'ascendant sur les
communistes, dont les effectifs
s'effondrent alors que la vague
révolutionnaire s'essouffle en Europe[199].
En Italie, les partisans d'Antonio Gramsci
et Amadeo Bordiga quittent en 1921 le
Parti socialiste italien et fondent le Parti
communiste d'Italie. La gauche italienne
se divise au pire moment, alors que le
fascisme est en pleine
ascension[200],[201],[202]. Les dimensions
des PC sont très inégales selon les pays :
certains ont de nombreux militants,
d'autres ne sont que des
groupuscules[203]. La direction de
l'Internationale communiste est assurée
jusqu'en 1934 par des Soviétiques
(Grigori Zinoviev, Nikolaï Boukharine,
Viatcheslav Molotov puis Dmitri
Manouïlski) mais les cadres
communistes exilés de leur propre pays
occupent une place importante dans sa
hiérarchie, à l'image de l'Italien Palmiro
Togliatti, du Finlandais Otto Wille
Kuusinen, des Hongrois Mátyás Rákosi et
Béla Kun ou du Bulgare Georgi
Dimitrov[204].

Aux Indes orientales néerlandaises, le


Parti communiste indonésien,
indépendantiste, attire de nombreux
militants. C'est cependant en Chine que
le communisme connaît son
développement le plus lourd de
conséquences pour l'avenir de l'Asie.
Alors que la République de Chine est en
plein chaos depuis 1916, des groupes
marxistes apparaissent dans la
mouvance du nationalisme chinois[205].
La Russie soviétique et le Kuomintang,
parti de Sun Yat-sen, nouent une
alliance : le Komintern s'emploie dès lors
à favoriser la naissance en Chine d'un
parti communiste qui épaulerait les
nationalistes. Différents groupes, issus
notamment du mouvement du 4-Mai et
encadrés par le Komintern, s'unissent
pour former en juillet 1921 le Parti
communiste chinois (PCC), qui s'allie au
Kuomintang au sein d'un Front
uni[206],[207]. En Asie du Sud-Est, un agent
du Komintern, le Vietnamien Nguyên Ai
Quôc (futur Hô Chi Minh), est chargé
d'encadrer les organisations locales. Il
fonde en 1930 le Parti communiste
indochinois, qui vise l'indépendance des
pays de l'Indochine française[208].
À l'échelle internationale, la mouvance
communiste est parcourue de divisions.
La tendance dite de la Gauche
communiste s'oppose à l'autoritarisme
des conceptions léninistes : des militants
et intellectuels se réclament en effet du
luxemburgisme — c'est-à-dire des idées
de Rosa Luxemburg — et prônent la prise
en main du prolétariat par lui-même, via
notamment des conseils ouvriers, plutôt
que par des partis politiques. Les
principales figures du communisme de
conseils, comme les Néerlandais Anton
Pannekoek et Herman Gorter, sont
rapidement exclues du Komintern et le
courant conseilliste est marginalisé dès
1921[209],[92]. Paul Levi tente de préserver
l'héritage politique de Rosa Luxemburg
au sein du KPD, mais il est exclu pour
avoir critiqué le rôle des envoyés du
Komintern lors des évènements de mars
1921[195].

Au cours des années 1920,


l'Internationale communiste envoie des
émissaires chargés de surveiller la
conformité idéologique des partis et
d'homogénéiser leur fonctionnement sur
le modèle bolchevik. En 1924 commence
la phase dite de « bolchevisation » des
partis communistes, afin de les
réorganiser après l'échec des révolutions
européennes[210]. Des organisations de
masse (l'Internationale syndicale rouge,
l'Internationale paysanne rouge, la Ligue
contre l'impérialisme et l'oppression
coloniale...) animées par des cadres
spécialistes de l'agitprop comme
l'allemand Willi Münzenberg, sont
fondées pour concurrencer celles de la
social-démocratie. Le syndicalisme
communiste progresse surtout en
France, grâce au contrôle de la
CGTU[211],[212].

Au cours des années 1920 et 1930, le


Komintern ne parvient guère à
concrétiser ses ambitions : aucun
soulèvement communiste ne réussit et
les PC échouent à endiguer la montée
des mouvements fascistes et assimilés,
à qui la peur du communisme permet au
contraire de se renforcer[213]. En
Allemagne, après l'échec du coup de
force de mars 1921[195], une nouvelle
tentative d'insurrection tourne au fiasco
en octobre 1923[214]. Divers PC, en
Europe ou ailleurs, sont réduits à la
clandestinité ou à l'exil, que ce soit en
Yougoslavie, en Hongrie, en Finlande, au
Portugal, en Espagne ou au
Japon[215],[216]. L'insurrection de 1923 du
Parti communiste bulgare échoue
totalement[217]. Le Parti communiste
d'Italie est interdit en 1926 par le
gouvernement de Benito Mussolini.
Gramsci, chef du parti, est arrêté[218] :
pendant son emprisonnement, il se
consacre à l'écriture d'une œuvre
théorique qui fait par la suite de lui, post
mortem, un penseur marxiste très
influent[219]. En Amérique latine, des
soulèvements au Salvador et au Brésil
sont écrasés durant les années 1930 :
celui du Salvador, notamment, est
réprimé de manière sanglante[220],[221].
Aux Indes orientales néerlandaises et en
Indochine française, les communistes
tentent de soulever la population mais
sont réprimés par les autorités
coloniales. L'Internationale communiste
subit un revers particulièrement cuisant
en Chine, pays sur lequel elle fondait
d'importants espoirs. Le Parti
communiste chinois, qui infiltre les rangs
de son allié le Kuomintang, s'est
beaucoup renforcé ; mais, en avril 1927,
Tchang Kaï-chek, chef militaire du
Kuomintang, rompt avec les
communistes lors du massacre de
Shanghai. Les communistes chinois -
dont émergent des cadres comme Zhou
Enlai et Mao Zedong - ne désarment
cependant pas et lancent une série
d'insurrections qui marquent le début de
la guerre civile chinoise[206].

Le régime de Staline en URSS

De la mort de Lénine à
l'ascension de Staline
Articles connexes : Stalinisme et Histoire
de l'URSS sous Staline.

Portait de Joseph Staline par Isaak Brodsky.

Alors que le mouvement communiste se


développe dans le monde, le pouvoir
change de mains en URSS du fait de la
maladie de Lénine. Victime d'une attaque
en mai 1922, le chef du gouvernement
soviétique ne peut reprendre ses
fonctions qu'à l'automne. Dans
l'intervalle, il s'inquiète du comportement
de Staline, nommé peu de temps
auparavant secrétaire général du Parti
communiste. Jugeant que Staline, qu'il
trouve trop « brutal », détient désormais
un pouvoir excessif dont il risque
d'abuser, Lénine envisage de le faire
remplacer par une personnalité plus
consensuelle. Mais, le 10 mars 1923, une
nouvelle attaque le met définitivement
hors jeu[222]. Trotski, rival de Staline,
attend l'automne 1923 pour s'attaquer de
front à ce dernier : en octobre, les
partisans et alliés de Trotski (que l'on
tend dès cette époque à appeler
« trotskistes »), regroupés au sein de
l'opposition de gauche[223], dénoncent
dans une lettre ouverte la « dictature de
l'appareil » et la bureaucratisation du
Parti communiste. Au sein du Politburo,
Staline est soutenu notamment par
Zinoviev et Kamenev, qui s'inquiètent des
ambitions de Trotski : en janvier 1924, le
secrétaire général et ses alliés font
condamner par le Parti le « révisionnisme
anti-bolchevique » et la « déviation anti-
léniniste » de l'opposition de
gauche[224],[225].

Lénine meurt le 21 janvier 1924. Son


corps est embaumé et exposé au sein
d'un mausolée construit à cet effet : sa
personnalité et ses écrits sont désormais
présentés dans des termes quasiment
religieux, tandis que le léninisme, codifié
par Zinoviev et Staline, est proclamé
« idéologie légale exclusive de l'État
soviétique ». Le terme marxisme-
léninisme apparaît ensuite pour désigner
la lecture léniniste du marxisme, mise en
orthodoxie par Staline[226],[227],[61].

Après la défaite de l'opposition de


gauche et le départ de Trotski du
gouvernement en 1925, l'alliance entre
Staline, Kamenev et Zinoviev se délite.
Zinoviev critique notamment la
conception de la NEP par Staline et
Boukharine ; Kamenev dénonce quant à
lui la « gestion dictatoriale » de Staline.
Ce dernier entreprend alors de réduire le
pouvoir de ses opposants : Zinoviev, chef
du Parti à Leningrad, est démis de son
poste et remplacé par Kirov. Zinoviev et
Kamenev s'allient alors à Trotski et à
d'autres adversaires du secrétaire
général, comme Radek, Antonov-
Ovseïenko et divers représentants de
l'opposition ouvrière. Staline parvient
cependant à réorganiser le Politburo à
son avantage et fait surveiller ses
opposants par le Guépéou, la police
secrète qui a succédé à la Tchéka. Fin
1926, il fait exclure Trotski et Kamenev
du Politburo. En décembre, Zinoviev est
remplacé par Boukharine à la tête de
l'Internationale communiste. L'année
suivante, Trotski et Zinoviev sont exclus
du Parti, et Kamenev du Comité central.
En janvier 1928, Trotski et d'autres
opposants sont exilés à Alma-Ata[228].

Famines et répressions en URSS

Articles connexes : Planification en


URSS, Dékoulakisation, Collectivisation
en Union soviétique, Famines
soviétiques de 1931-1933 et Goulag.

Manifestation organisée contre les « koulaks ».


Le jour de la constitution : tableau d'Isaak Brodsky,
dans un style réaliste socialiste.

À l'hiver 1927-1928, confronté à un


effondrement des livraisons de produits
agricoles, Joseph Staline a recours à des
réquisitions d'urgence. Jugeant la
paysannerie responsable de la crise, il
décide de mettre un terme à la NEP et de
réorganiser le monde rural sous la forme
d'exploitations collectives censées être
des « forteresses du socialisme », les
kolkhozes (coopératives agricoles) et les
sovkhozes (fermes d'État). Au sein du
Comité central, Nikolaï Boukharine
critique ce retour à une politique de
réquisitions : Staline fait alors
condamner la « déviation droitière » par
le Politburo et le CC. Il achève ensuite
d'évincer ses rivaux. En janvier 1929, il
fait expulser Trotski d'URSS[229],[230],[231] ;
il élimine ensuite l'« opposition de
droite » de Boukharine, Rykov et Tomski,
qui sont démis de leurs fonctions.
Boukharine — bientôt exclu du Politburo
— et ses partisans sont soumis à une
violente campagne de presse, qui fustige
leur collusion avec les « capitalistes » et
les « trotskistes ». Staline nomme ses
fidèles aux postes-clés du Parti[232] et fait
adopter un plan quinquennal prévoyant la
collectivisation de 20 % des foyers
paysans et une industrialisation accrue.
Un culte de la personnalité se développe
autour de lui ; toute liberté de critique
disparaît au sein du Parti[233].

Staline, ayant désormais les mains libres,


se lance dans une politique de
collectivisation intensive, au plan
irréaliste, censée débarrasser l'URSS des
« capitalistes ruraux »[234]. Face aux
résistances paysannes, le dirigeant
soviétique préconise la « liquidation des
koulaks en tant que classe »[235]. Les
paysans sont « dékoulakisés », c'est-à-
dire massivement arrêtés et déportés :
entre la fin de 1929 et le début de 1932,
près de deux millions de personnes sont
envoyées dans des régions
inhospitalières ou sur des grands
chantiers[236],[237]. Le système
concentrationnaire soviétique, désormais
baptisé Goulag, devient un véritable
« État dans l'État »[238]. Les réquisitions
massives dans l'agriculture ont des
conséquences catastrophiques : une
terrible famine ravage plusieurs régions
du pays et fait environ 6 millions de
victimes[239]. En Ukraine - où la période
est appelée par la suite l'Holodomor - la
famine est particulièrement meurtrière,
causant la mort d'environ 30 % du groupe
ethnique ukrainien[240].
Apogée des campagnes de
terreur

Articles connexes : Procès de Moscou,


Grandes Purges et Déportation des
peuples en URSS.

Monument aux victimes des Grandes Purges, à


Moscou.

Au milieu des années 1930, Staline


affermit encore son contrôle sur le Parti ;
le culte de la personnalité dont il
s'entoure est de plus en plus marqué.
Lors du XVIIe congrès du PC, en 1934, il
est qualifié de « chef des classes
ouvrières du monde entier »,
d'« incomparable génie de notre
époque » et de « plus grand homme de
tous les temps et de tous les
peuples »[241]. Le 1er décembre de la
même année, l'assassinat de Sergueï
Kirov, chef du Parti à Leningrad, donne à
Staline l'occasion de lancer une vaste
campagne de terreur, pour purger
l'appareil du PC et la société soviétique
en vue d'éliminer définitivement toute
forme d'opposition réelle ou potentielle.
Staline vise à débarrasser la société
soviétique de ses éléments présumés
hostiles, mais aussi à finir d'épurer le
Parti et le régime au profit de ses fidèles.
Zinoviev et Kamenev sont arrêtés pour
« complicité idéologique » avec les
assassins de Kirov[242],[243]. Le NKVD,
police politique qui a pris la succession
du Guépéou, lance ensuite une vaste
campagne d'arrestations de cadres du
Parti, censés être des « trotskistes » ou
des « zinoviévistes ». Des dizaines de
milliers de personnes « peu sûres » ou
présumées « antisoviétiques » sont
déportées, notamment sur des critères
ethniques[244]. En 1935-1936, Staline
achève de renforcer sa position en
nommant à des postes clés des fidèles
comme Anastase Mikoyan, Andreï
Jdanov, Nikita Khrouchtchev ou Nikolaï
Iejov. Il s'emploie à réécrire à sa gloire
l'histoire du bolchevisme. La propagande
s'exerce tant dans le monde du travail,
avec la campagne en faveur du
« stakhanovisme »[242], que dans les arts,
avec le « réalisme socialiste »[245], ou
dans les sciences, avec le soutien au
pseudo-biologiste Trofim Lyssenko qui
fait régner la terreur dans les milieux
scientifiques[246].

La période 1936-1938 marque l'apogée


de la terreur stalinienne. En août 1936
s'ouvre une parodie de procès - le
premier des « procès de Moscou » - qui
permet de liquider seize vétérans
bolcheviks, parmi lesquels Lev Kamenev,
Grigori Zinoviev et Mikhaïl Tomski. Mis
en accusation par le procureur Andreï
Vychinski, les accusés sont contraints à
des « aveux » humiliants[247],[248],
reconnaissant avoir comploté contre
Staline en liaison avec Trotski et
participé à l'assassinat de Kirov ; ils sont
tous condamnés à mort. En septembre
1936, Nikolaï Iejov est nommé à la tête
du NKVD avec pour mission d'achever de
démasquer le « bloc trotskiste-
zinoviéviste ». En janvier, un second
procès de Moscou aboutit à la
condamnation de 17 accusés, parmi
lesquels Gueorgui Piatakov et Karl
Radek, pour participation à un « centre
trotskiste antisoviétique » en liaison avec
l'Allemagne nazie et l'Empire du Japon.
Entre février 1937 et mars 1938, la purge
du Parti atteint son apogée : des
dizaines, voire des centaines de milliers
de responsables sont destitués ou
arrêtés. Ils sont remplacés par une
nouvelle génération de cadres (celle de
Léonid Brejnev, Alexis Kossyguine ou
Andreï Gromyko). L'état-major de l'Armée
rouge est décimé[249].

Le NKVD, sous la direction de Iejov, se


livre à une campagne sans précédent de
terreur, d'arrestations et de déportations
visant les « ennemis » et les éléments
« socialement dangereux » au sein de la
population. Les militaires, les
scientifiques, l'intelligentsia, le clergé, les
« koulaks » ou supposés tels, ainsi que
diverses minorités ethniques, sont ciblés
à une grande échelle. Les « Grandes
Purges » de Staline, également appelées
« Grande Terreur », se soldent par des
centaines de milliers d'exécutions[250],
passées ensuite sous silence durant des
décennies[251].

Lors du troisième procès de Moscou, 21


personnalités, parmi lesquelles Nikolaï
Boukharine et Alexeï Rykov (mais
également Guenrikh Iagoda qui dirigeait
le NKVD au moment du premier procès),
sont condamnées pour un ensemble de
complots. Un grand nombre de
communistes étrangers présents en
URSS - Allemands, Finlandais, Hongrois,
Polonais... - et de cadres du Komintern,
sont arrêtés et exécutés, à l'image de
Béla Kun[250],[252],[253]. La situation
devenant chaotique, Staline met fin aux
purges de l'appareil à la fin de 1938. Iejov,
blâmé pour les « excès » de la terreur, est
remplacé par Lavrenti Beria à la tête du
NKVD, avant d'être lui-même arrêté, jugé
et exécuté[250],[254]. L'historien Robert
Conquest, en cumulant les exécutions et
les personnes mortes en prison ou en
déportation, évalue le bilan humain de la
période stalinienne des années 1930 à
environ 20 millions de victimes[255].
Le communisme
international, de la
stalinisation à l'approche de la
guerre

De la ligne « classe contre


classe » aux fronts populaires

Articles connexes : Front populaire


(France), Front populaire (Espagne) et
Histoire du Parti communiste français.

Le contrôle sur l'Internationale


communiste est également renforcé, et
les partis communistes nationaux
soumis à une stricte surveillance de la
part des envoyés de Moscou[256] :
l'appareil du Komintern est repris en main
par des fidèles de Staline comme Dmitri
Manouïlski et Viatcheslav Molotov[257].
La « bolchevisation » des PC nationaux,
entamée dès 1924, s'accompagne de
l'épuration de l'appareil dirigeant de
nombreux PC[258]. Les personnalités
jugées trop indépendantes ou ne suivant
pas d'assez près la ligne dominante sont
évincées : c'est le cas de Boris Souvarine,
exclu du Komintern pour avoir pris la
défense de Trotski[259], ainsi que
d'Amadeo Bordiga, exclu du parti italien
en exil pour « gauchisme »[209]. Le Parti
communiste français, alors isolé face à
la SFIO[260], est réorganisé au profit d'un
nouveau secrétariat, composé de
Maurice Thorez, Jacques Duclos et
Benoît Frachon[261]. La ligne du
Komintern, donc de l'URSS et plus
précisément de Staline, prime désormais
largement sur les intérêts des partis
nationaux[262].

Couverture d'une brochure antiraciste éditée en 1931


par le Parti communiste USA.

Des communistes opposés à Staline


créent de nouvelles organisations
dissidentes, qui tentent de rivaliser avec
les partis du Komintern. En 1929, des
exclus du Parti communiste d'Allemagne
forment le Parti communiste
d'Allemagne - opposition ; en Espagne,
différents groupes opposés au Parti
communiste d'Espagne fusionnent en
1935 au sein du Parti ouvrier d'unification
marxiste (POUM). Mais malgré les
tentatives de constituer une
internationale rivale du Komintern, les
dissidences demeurent très minoritaires
et le communisme reste dominé par le
parti soviétique[263].

Dans les pays occidentaux, la dimension


électorale des PC est très inégale au
tournant de la décennie 1930. Le Parti
communiste d'Allemagne est alors le
plus puissant d'Europe de l'Ouest[264] ; le
Parti communiste français[265] et le Parti
communiste tchécoslovaque disposent
d'une réelle assise électorale. D'autres,
comme le Parti communiste de Grande-
Bretagne, le Parti communiste USA ou le
Parti communiste du Canada, demeurent
très minoritaires[266],[267] ,[268]. Les PC
fonctionnent souvent comme des
« contre-sociétés », à la profonde ferveur
militante[269].
Statue de Georgi Dimitrov, secrétaire général du
Komintern à partir de 1934 (sculpture exposée à
Memento Park, Budapest).

À compter de 1929, l'Internationale


communiste, se conformant aux
instructions de l'URSS, prévoit
l'effondrement rapide du capitalisme, ce
que la Grande Dépression paraît dans un
premier temps confirmer. Les PC sont
tenus d'adopter une ligne « classe contre
classe », qui consiste à s'opposer
radicalement aux partis de gauche
modérés. Les socialistes sont désormais
accusés de « social-fascisme » ou
qualifiés de « sociaux-traîtres », tandis
que les communistes considèrent
comme secondaires les périls posés par
le fascisme et, en Allemagne, par le
nazisme[264],[270],[271]. Le résultat de cet
aveuglement est catastrophique : après
l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en
Allemagne, le KPD est interdit, et des
milliers de communistes déportés ou
tués, dans le pays qui aurait
théoriquement du être le fer de lance de
la révolution européenne[264],[272],[273],[274].
En 1934, des cadres du Komintern
comme Dimitrov et Togliatti réussissent
à convaincre Staline d'adopter une
nouvelle ligne. L'URSS envisage
désormais une alliance avec la France et
le Royaume-Uni contre l'Allemagne nazie,
et le Komintern préconise la formation de
« fronts populaires » contre le danger
« fasciste ». Dimitrov, principal avocat de
cette stratégie, devient le chef de l'IC[275].
L'Allemagne nazie conclut quant à elle
avec l'Empire du Japon un traité
d'alliance anticommuniste, le Pacte anti-
Komintern — auquel adhèrent ensuite
l'Italie, la Hongrie, puis l'Espagne
franquiste. L'antifascisme - le
« fascisme », pris au sens large, étant
présenté comme une forme tardive du
capitalisme - devient un élément clé de la
propagande communiste : on le retrouve
plus tard, après 1945, dans le discours
officiel des pays du bloc de l'Est[276].

Les partis communistes — désormais


alliés aux sociaux-démocrates, aux
libéraux et même à certains milieux
religieux — gagnent, grâce à la cause
antifasciste, de nombreux
sympathisants[277]. En outre, la
méconnaissance des réalités soviétiques
permet alors à l'économie planifiée
soviétique d'apparaître à beaucoup
comme une alternative souhaitable aux
incertitudes de l'économie de marché
dont le monde a souffert à la suite du
krach de 1929[278]. Le communisme
séduit tout particulièrement les milieux
artistiques et intellectuels
occidentaux[279],[280],[281],[282],[283].

Le Parti communiste français, dirigé par


Maurice Thorez, profite pleinement de la
nouvelle stratégie du Komintern : un
Front populaire est formé avec les
anciens ennemis socialistes et radicaux.
Le PCF parvient en outre à accroître
considérablement son influence
syndicale grâce à la réunification de la
CGTU avec la CGT, qui entre dans l'orbite
communiste. Le Front populaire
remporte les législatives de mai 1936. Le
PCF, transformé en mouvement de
masse, devient le deuxième parti de
France derrière la SFIO ; il soutient, sans
y participer, le gouvernement de Léon
Blum et s'associe aux acquis du Front
populaire (accords Matignon, congés
payés), sans avoir à se soumettre aux
risques de l'exercice du pouvoir[284].

Le Parti communiste d'Espagne (PCE)


forme lui aussi un Front populaire avec le
Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE)
et divers partis de gauche comme le
Parti ouvrier d'unification marxiste
(POUM, PC anti-stalinien)[285]. En février
1936, le Front populaire espagnol
remporte les élections générales mais
doit, quelques mois plus tard, affronter
un soulèvement militaire qui marque le
début de la guerre d'Espagne[286].

En Amérique latine, la nouvelle politique


du Komintern porte aussi ses fruits : au
Chili, le Front populaire formé par le Parti
communiste du Chili, le Parti socialiste
du Chili et le Parti radical, accède au
pouvoir en 1938. L'entente entre
socialistes et communistes chiliens ne
résiste cependant pas au déclenchement
de la Seconde Guerre mondiale et à la
polémique sur la politique suivie par
l'URSS[287]. Toujours en Amérique latine,
le parti communiste de Cuba s'allie avec
l'homme fort du pays, Fulgencio
Batista[288]. La stratégie des fronts
populaires est également appliquée en
Asie : le Parti communiste d'Inde, qui
militait jusque-là pour une révolution
immédiate contre les Britanniques,
modère son discours et s'allie avec les
nationalistes du Congrès dans la lutte
pour l'indépendance. Cette nouvelle ligne
permet aux communistes indiens de
gagner en influence, notamment dans les
syndicats[289].

Conflits armés de l'entre-deux-


guerres

En Chine
Articles connexes : Guerre civile
chinoise, Longue Marche et Guerre sino-
japonaise (1937-1945).

Monument à la Longue Marche devant le mausolée


de Mao Zedong.

En Chine, la situation est particulière, le


pays étant depuis 1927 le théâtre d'une
guerre civile entre communistes et
nationalistes. Le 7 novembre 1931, le
Parti communiste chinois, fédérant
l'ensemble discontinu de territoires qu'il
contrôle, proclame la République
soviétique chinoise, avec Mao Zedong
comme président. Dès 1930, le chef
nationaliste Tchang Kaï-chek lance de
nouvelles campagnes contre les
« bandits communistes » et tente,
d'abord sans succès, d'anéantir leurs
bases[290]. Le Komintern, trouvant Mao
trop indépendant, entreprend de favoriser
à ses dépens le groupe des « 28
bolcheviks » formés à Moscou[291], mais
à la fin 1934, les troupes nationalistes
parviennent à prendre la principale base
communiste, dans le Jiangxi : Mao
Zedong et plusieurs dizaines de milliers
de communistes doivent entamer la
Longue Marche, qui les mène un an plus
tard dans la base du Shaanxi. Mao établit
alors son nouveau quartier général à
Yan'an et bénéficie d'un leadership
renforcé sur le Parti communiste, grâce
notamment au prestige personnel retiré
de la Longue Marche[292],[293].
Parallèlement, l'Empire du Japon
poursuit ses visées expansionnistes en
Chine. En 1936, le camp nationaliste et le
Komintern font respectivement pression
sur Tchang Kaï-chek et Mao Zedong pour
qu'ils unissent leurs forces contre les
Japonais : l'accord de Xi'an aboutit à la
formation d'un deuxième front uni entre
le Kuomintang et le PC chinois, ce qui
constitue l'application en Chine de la
stratégie des fronts populaires[294].
Bénéficiant de cette trêve, Mao met au
point une version « sinisée » du
marxisme, qu'il mêle à la philosophie
chinoise et adapte aux réalités locales. Il
en résulte une doctrine connue en
Occident sous le nom de maoïsme et en
Chine sous celui de « pensée Mao
Zedong »[295] : pour conquérir le pouvoir,
Mao mise sur la mobilisation
permanente de la population et les
tactiques de guérilla[296],[295]. En 1937,
l'Empire du Japon envahit la République
de Chine, déclenchant la seconde guerre
sino-japonaise. Les troupes
communistes participent aux combats
contre les Japonais aux côtés des
nationalistes, mais privilégient la
consolidation de leurs propres forces
afin de pouvoir vaincre plus tard leurs
alliés du moment[297]. La résistance anti-
japonaise permet aux communistes
d'affermir leur influence dans les
campagnes où vit la majorité de la
population chinoise[298]. Commencée
avant le déclenchement de la Seconde
Guerre mondiale, la guerre sino-
japonaise devient ensuite un théâtre
d'opérations de ce nouveau conflit. Entre-
temps, Mao consolide son autorité sur le
PCC, aux dépens notamment de Wang
Ming que le Komintern avait envoyé à
Yan'an pour superviser le parti chinois. Le
PCC est soumis à partir de 1942 à une
purge interne, baptisée « campagne de
rectification », qui permet à Mao
d'achever d'en prendre le contrôle. En
1943, Mao devient Président du Parti
communiste chinois ; il s'affirme ensuite
comme le chef absolu du Parti, dont sa
pensée devient la doctrine
officielle[299],[300].

Bannière communiste en Espagne, 1936,


photographiée par Mikhaïl Koltsov.

En Espagne
Article connexe : Guerre d'Espagne.

En Espagne, la guerre civile voit l'alliance


antifasciste préconisée par le Komintern
affronter de manière directe les
« fascistes » et assimilés. Durant les
premiers mois du conflit, plusieurs
régions espagnoles connaissent une
« révolution sociale » : les milices
« prolétariennes », anarchistes,
socialistes, communistes et
« poumistes » prennent le contrôle de
nombreuses localités, notamment en
Catalogne et en Aragon. Des terres
agricoles sont expropriées et l'économie
« socialisée » de manière spontanée, plus
ou moins contre le gré des directions des
organisations ouvrières[301].

Parallèlement à cette période d'euphorie


révolutionnaire, les zones républicaines
sont le théâtre d'une « terreur rouge »,
commise à la fois par les communistes
et les anarchistes contre les catégories
sociales suspectées de « fascisme »
(clergé, monarchistes, personnes « de
droite »...). Le gouvernement républicain
est dépassé et la terreur rouge - qui se
déroule en parallèle à la terreur
nationaliste exercée par les troupes de
Franco - choque l'opinion internationale,
poussant la France et le Royaume-Uni à
choisir la non-intervention[302],[303]. Les
nationalistes sont de leur côté soutenus
par Hitler et Mussolini ; l'URSS,
officiellement neutre, envoie en renfort
des républicains des « volontaires »
(pilotes de guerre, mais aussi agents du
NKVD et du GRU). Des groupes de
combattants venus de divers pays, les
Brigades internationales, sont recrutés et
encadrés par des agents du
Komintern[304],[305]. Le gouvernement
espagnol, entretemps, rétablit l'ordre et
revient sur le décret de collectivisation
des terres confisquées, avec l'appui des
communistes qui en profitent pour régler
leurs comptes avec leurs adversaires
d'extrême-gauche. La guerre d'Espagne
connaît alors au sein du camp
républicain une « guerre civile dans la
guerre civile », lors des purges
sanglantes lancées par les communistes
contre les anarchistes et le POUM. Le
conflit s'achève en 1939 par la victoire
des franquistes. Les communistes
espagnols sont réduits à la clandestinité
ou à l'exil[306],[305],[307].

La dissidence trotskiste

Articles connexes : Trotskisme et


Quatrième Internationale.

Léon Trotski en exil au Mexique, entouré de militants


trotskistes américains.

Exilé d'URSS et établi dans divers pays


successifs - il s'installe finalement au
Mexique à partir de janvier 1937 - Léon
Trotski tente de définir une stratégie
contre la politique stalinienne, dont il
conteste d'ailleurs souvent moins les
principes que la pratique[308]. Il
correspond avec un réseau de
sympathisants, dont la Ligue
communiste française est l'un des
principaux foyers[309]. Des groupes
trotskistes apparaissent également très
tôt en Amérique latine[310].
D'abord réticent à créer une nouvelle
internationale, Trotski prend acte de
l'absence de réel sursaut anti-stalinien au
sein de la IIIe Internationale et entreprend
de réorganiser les groupes trotskistes.
Dans le cadre d'une alliance antifasciste,
il préconise par ailleurs l'« entrisme » au
sein des partis sociaux-démocrates. Une
première réunion destinée à préparer la
création d'une Quatrième Internationale
se tient en février 1934 à Bruxelles, en
présence de quatorze délégués[311].

Le trotskisme entreprend dès cette


époque de se positionner comme un
« autre communisme », qui s'oppose à la
version en vigueur en URSS tout en
revendiquant l'héritage léniniste. La
formation de la IVe Internationale est
cependant lente et laborieuse, tandis que
les trotskistes font l'objet de campagnes
de dénigrement et de persécutions
politiques en URSS : Staline, dénonce à
l'époque Trotski comme le maître d'un
complot anti-soviétique[312]. La famille de
Trotski, restée en URSS, est décimée ;
son fils Lev Sedov, qui contribuait à
coordonner les groupes trotskistes à
travers le monde, meurt à Paris en février
1938 dans des circonstances obscures,
à la suite d'une opération[313]. La
Quatrième Internationale est finalement
fondée en septembre 1938 en région
parisienne, en présence de 21 délégués
venus de 11 pays, dont un agent infiltré
du NKVD[312].

À l'approche de la Seconde Guerre


mondiale, les trotskistes demeure
divisés, notamment au sujet du soutien
qu'il conviendrait d'apporter ou non à
l'URSS. Le 21 août 1940, Trotski lui-
même est assassiné dans son exil
mexicain par un agent du NKVD[314].

Le communisme durant la
Seconde Guerre mondiale

Du pacte germano-soviétique à
la guerre contre l'Axe

Articles connexes : Pacte germano-


soviétique, Front de l'Est (Seconde
Guerre mondiale) et Résistance dans
l'Europe occupée par les nazis.

Signature du pacte germano-soviétique.

Face à l'expansionnisme de Hitler en


Europe, préoccupée par la signature du
Pacte antikomintern et n'ayant plus
confiance en la politique de sécurité
collective à la suite des accords de
Munich, l'URSS cherche à éviter d'être
prise en tenaille entre l'Allemagne et le
Japon. En 1938 et 1939, plusieurs
incidents opposent l'Armée rouge à
l'Armée impériale japonaise à la frontière
mongole ; ce conflit aboutit à une trêve,
mais Staline est, à l'été 1939, plus décidé
que jamais à éviter l'encerclement. Ne
comptant plus sur une alliance avec les
Britanniques et les Français, il prend,
avec Viatcheslav Molotov, la décision de
conclure un pacte de non-agression avec
l'Allemagne nazie. Le 23 août 1939,
Molotov et le ministre allemand Joachim
von Ribbentrop signent le pacte
germano-soviétique, créant la stupeur
dans le monde entier. Une clause secrète
délimite les zones d'influence allemande
et soviétique en Europe de l'Est,
prévoyant entre autres le partage de la
Pologne[315]. Plusieurs centaines de
communistes allemands réfugiés en
URSS sont livrés aux nazis[316],[277].

L'Internationale communiste donne


l'ordre aux PC de rester neutres en cas de
guerre en Europe de l'Ouest, qui devra
être considérée comme un conflit
« impérialiste ». Le pacte provoque un
choc profond au sein du mouvement
communiste mondial ; de nombreux PC
connaissent une hémorragie de militants.
En France, un mois après la signature du
pacte, le gouvernement dissout le
PCF[317],[318].

Le 1er septembre, l'Allemagne envahit la


Pologne, déclenchant la Seconde Guerre
mondiale. Le 17, l'Armée rouge pénètre à
son tour en Pologne. Plus de 30000
prisonniers polonais, en majorité des
officiers, fonctionnaires et policiers, sont
tués par les Soviétiques au printemps
1940 : le massacre de Katyń, dans lequel
périssent plus de 20000 militaires
polonais, reste par la suite emblématique
de cette vague d'assassinats dont l'URSS
ne reconnaît la responsabilité que
plusieurs décennies plus tard. En
application du protocole secret, l'URSS
impose peu après des « traités
d'assistance mutuelle » aux pays baltes.
La Finlande ayant repoussé les
exigences soviétiques, l'URSS l'attaque le
29 novembre, déclenchant la « guerre
d'Hiver » : cela lui vaut d'être exclue de la
SDN. Sur les territoires qu'ils occupent,
les Soviétiques créent une « République
démocratique finlandaise », mais les
Finlandais opposent une résistance
inattendue. En mars 1940, par le traité de
Moscou, la Finlande cède finalement à
l'URSS Vyborg et l'isthme de Carélie, mais
le conflit a été, pour les Soviétiques, une
opération bien plus difficile que prévu.
Coûteux en hommes, il révèle en outre
l'impréparation de l'Armée rouge.
Pendant l'été, l'URSS envahit et annexe
l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie[319].
Joseph Staline, Franklin Delano Roosevelt et Winston
Churchill à la conférence de Téhéran.

Dès l'été 1940, les relations germano-


soviétiques se dégradent. L'URSS joue
l'apaisement en proposant d'adhérer au
pacte tripartite ; en avril 1941, elle se
prémunit contre une invasion sur son
flanc asiatique en signant un pacte de
neutralité avec le Japon. Staline, s'il
pense la guerre avec le Reich inévitable à
terme, refuse cependant de croire à
l'imminence de l'attaque allemande et se
montre sourd aux avertissements. Le
22 juin 1941, l'Allemagne déclenche
l'opération Barbarossa, invasion à grande
échelle du territoire de l'URSS, prenant
les Soviétiques de court[320],[321],[322].

Carte de l'opération Barbarossa, qui marque le début


de la « Grande guerre patriotique ».

L'Armée rouge subit des pertes terribles


durant les premiers mois du conflit. Mais
l'URSS, moins isolée que ne l'escomptait
Hitler, bénéficie rapidement du soutien
matériel et financier du Royaume-Uni,
ainsi que de celui des États-Unis dans le
cadre du programme Lend-Lease. La
résistance des troupes soviétiques
parvient à ralentir l'avance des
Allemands et de leurs alliés européens
de l'Axe. Les Soviétiques sont en outre
aidés par les méthodes nazies :
accueillis de manière relativement
favorable en Ukraine ou en Biélorussie,
voire parfois comme des libérateurs
dans les pays baltes, les occupants se
livrent bientôt à des exactions atroces
qui retournent les populations contre
eux. Le conflit est d'une rare violence :
l'Armée rouge perd environ neuf millions
d'hommes au cours de la guerre, qui
entraîne également la mort de quinze à
dix-huit millions de civils
soviétiques[323],[324].

Pour galvaniser la population soviétique,


Staline fait appel dans sa propagande
non plus uniquement à l'idéologie
communiste, mais aussi à la fibre
patriotique et nationaliste : il s'emploie à
susciter un consensus social dans la
« grande guerre patriotique », et multiplie
les mesures de libéralisation. L'URSS
contribue plus que tout autre pays à la
défaite allemande en Europe[325],[324].
Désormais fêté pour sa résistance par la
propagande alliée, Staline entreprend de
rassurer Britanniques et Américains en
dissociant l'URSS de la révolution
mondiale : en mai 1943, l'Internationale
communiste est dissoute, ce qui permet
de supprimer en apparence la
subordination des PC envers l'URSS.
Dans les faits, les fonctions du
Komintern sont transférées au
Département international du Comité
central du Parti communiste de l'Union
soviétique, dirigé par Dimitrov, ancien
chef de l'Internationale[326].

À partir de l'invasion de l'URSS en juin


1941, les communistes européens
entrent en résistance dans tous les pays
occupés. Ils prennent, dans certains
pays, une part essentielle au combat
anti-nazi : la libération nationale est
présentée comme liée au sort de l'URSS,
dans le cadre d'une lutte antifasciste
mondiale. Dans les pays occupés par
l'Allemagne, les communistes sont
réprimés et déportés[327]. En France, où
plusieurs cadres du PCF avaient
envisagé, au début de l'occupation
allemande, de faire légaliser le parti, les
communistes entament la lutte contre
les occupants après Barbarossa. La
politique des Allemands et de Vichy
provoque à partir de 1942 un afflux de
volontaires dans les rangs des Francs-
tireurs et partisans (FTP). Les
communistes, devenus un pilier de la
résistance intérieure française, se
rapprochent de la France libre : à la mi-
1943, le Front national, l'organisation
créée pour chapeauter les actions du
PCF, participe au Conseil national de la
Résistance et au commandement des
Forces françaises de l'intérieur[328]. La
résistance italienne se développe après
la chute de Mussolini et l'invasion
allemande : les communistes tiennent un
rôle de premier plan dans la lutte contre
les Allemands et la République sociale
italienne. Palmiro Togliatti, revenu d'exil,
prêche la modération et convainc les
partisans que la révolution ne sera pas à
l'ordre du jour après-guerre[329].
Des membres de la direction des Partisans
yougoslaves en 1944 ; Tito se trouve à droite.

Dans les Balkans occupés, les factions


communistes et non communistes de la
résistance en arrivent à s'affronter[330].
Le Parti communiste de Grèce forme le
Front de libération nationale (EAM) dont
l'Armée populaire de libération nationale
grecque (ELAS) est la branche armée :
l'EAM-ELAS, de loin le mouvement le plus
puissant de la résistance grecque,
s'attaque aussi bien aux résistants
anticommunistes qu'aux occupants[331].
Josip Broz alias Tito, chef du Parti
communiste de Yougoslavie clandestin,
met sur pied les Partisans et entame le
conflit contre les occupants, dans l'espoir
de l'arrivée de l'Armée rouge. Les
communistes yougoslaves se trouvent
bientôt en conflit avec les Tchetniks,
résistants nationalistes serbes. La guerre
de résistance en Yougoslavie se double
bientôt d'une véritable guerre civile :
divers chefs tchetniks s'allient aux
Italiens, puis aux Allemands, en
privilégiant le combat contre les
communistes. Fin 1943, Churchill décide
de soutenir les Partisans, considérés
comme plus fiables dans la lutte contre
les nazis, au détriment des Tchetniks.
L'organe de direction des Partisans, le
Conseil antifasciste de libération
nationale de Yougoslavie (AVNOJ), se
proclame alors gouvernement légitime
du pays[330],[332],[333]. Dans l'Albanie
annexée par l'Italie, Enver Hoxha
organise une force de résistance et crée,
en novembre 1941, le Parti communiste
d'Albanie[334].

En Asie également, que ce soit en Chine,


en Malaisie ou aux Philippines, des
communistes participent au combat
contre les Japonais. Le poids décisif de
l'URSS dans le conflit mondial, ainsi que
la contribution des communistes aux
mouvements de résistance nationaux,
permettent au régime soviétique et aux
PC de bénéficier, dans le monde entier,
d'une vague de sympathie. Des partis
dont l'image avait souffert du pacte
germano-soviétique peuvent ainsi revenir
sur le devant de la scène, et bénéficier
d'un afflux de militants[330],[335].

Le communisme dans le camp


des vainqueurs

Offensive sur Berlin en 1945.


En 1943-1944, les Soviétiques prennent
face aux Allemands un avantage militaire
décisif : ils remportent les batailles de
Stalingrad et de Koursk, mettent fin au
siège de Leningrad et réalisent une
grande offensive vers l'Ouest, atteignant
la Pologne à l'été 44. Lors du
soulèvement de Varsovie mené pour
l'essentiel par la résistance polonaise
non communiste, l'Armée rouge arrête
son avance sur la capitale, laissant
l'Armia Krajowa, favorable au
gouvernement polonais de Londres, se
faire écraser par les Allemands. L'Armia
Ludowa (Armée du Peuple) et le Comité
polonais de Libération nationale (dit
« Comité de Lublin ») des communistes
polonais peuvent alors occuper le terrain,
avec le soutien des Soviétiques. L'Armée
rouge envahit également la Roumanie, la
Bulgarie et la Hongrie, pays alliés du
Reich : des gouvernements de coalition,
dominés par les communistes locaux ou
incluant ceux-ci, sont formés dans tous
ces pays. En Yougoslavie, l'Armée rouge
effectue une incursion qui permet à Tito
de prendre Belgrade[336],[337]. Les pays
baltes, reconquis par l'URSS,
redeviennent des républiques
soviétiques[338]. En Albanie, le
Mouvement de libération nationale
d'Enver Hoxha prend le pouvoir à la
faveur du retrait allemand[339]. En octobre
1944, les Allemands évacuent la Grèce
tandis que les Britanniques débarquent.
La situation politique grecque se dégrade
très vite : les ministres communistes
démissionnent dès décembre du
gouvernement d'union nationale, et
l'ELAS combat les Britanniques durant
plusieurs semaines avant de déposer les
armes[331]. En Yougoslavie, Tito prend en
mars 1945 la tête d'un gouvernement
provisoire[330].

En octobre 1944, alors qu'une partie de


l'Est de l'Europe est déjà occupée par
l'URSS, Churchill propose à Staline un
plan de partage des zones d'influence : la
Roumanie serait à 90 % sous influence
soviétique et 10 % sous influence
britannique, la Grèce à 90 % sous
influence britannique, la Bulgarie à 75 %
réservée aux Soviétiques, la Hongrie et la
Yougoslavie étant partagées à
50/50 %[337]. La conférence de Yalta, en
février 1945, règle à l'avantage des
Soviétiques plusieurs points
fondamentaux de la situation
européenne, dont le tracé des frontières
polonaises. L'URSS s'engage également à
déclarer la guerre au Japon en échange
de l'annexion du sud de Sakhaline et des
îles Kouriles. En avril et mai, les
Soviétiques entrent dans Berlin, puis
dans Prague. À la fin de la guerre en
Europe, l'Est de l'Allemagne et l'essentiel
de l'Europe orientale sont occupés par
l'Armée rouge[340]. Dans le reste de
l'Europe, malgré un contexte fort
différent qui ne permet pas aux PC
locaux d'espérer prendre le pouvoir,
l'influence des communistes est
également renforcée. Au sortir de la
guerre, de nombreux partis communistes
français participent à des
gouvernements de coalition[328],[329].

Après la fin de la guerre en Europe, et


entre les deux bombardements
atomiques américains, l'URSS envahit la
Mandchourie, les îles Kouriles, la
Mongolie-Intérieure, Sakhaline et la
Corée, accélérant la reddition du Japon
et la fin du conflit mondial. Les
communistes chinois ne bénéficient pas
d'une aide très active de la part des
Soviétiques, mais gagnent de précieuses
bases d'opération en Mandchourie et
s'emparent des armes des Japonais[341].
Le Nord de la Corée est occupé par les
Soviétiques, tandis que les Américains
occupent le Sud[342]. En Indochine
française où l'Armée impériale japonaise
stationnait à sa guise, Nguyễn Ái Quốc
alias Hô Chi Minh, chef du Parti
communiste indochinois revenu au pays
après trente ans d'exil et de missions
pour le compte du Komintern, a créé en
mai 1941 le Việt Minh, qui se veut un
large « front national » indépendantiste et
bénéficie durant la guerre de l'aide des
Américains. Les Japonais anéantissent
l'administration française en Indochine
en mars 1945 ; en août, le Việt Minh
profite du vide politique qui suit leur
reddition, et prend le pouvoir dans le
Nord du territoire vietnamien. Le 2
septembre, Hô Chi Minh proclame
l'indépendance de la « République
démocratique du Viêt Nam »[343],[344].

Le communisme durant la
guerre froide

Article connexe : Guerre froide.


Statue de Lénine.

Après la fin de la Seconde Guerre


mondiale les troupes soviétiques
occupent la majeure partie de l'Europe de
l'Est : Winston Churchill déclare dès mars
1946 qu'« un rideau de fer s'est abattu à
travers le continent »[345]. Les relations
entre l'URSS et ses anciens alliés, le
Royaume-Uni et les États-Unis, se
dégradent très rapidement alors que
l'URSS et les États-Unis, qui apparaissent
comme les deux superpuissances
majeures de l'après-guerre, entreprennent
tous deux de consolider et d'étendre leur
influence internationale. Le président
américain Harry Truman est convaincu
de la nécessité de mettre en place une
politique de « containment »
(endiguement) de l'expansion
communiste, sa position prenant le nom
de doctrine Truman[346],[347]. De son côté,
Staline est convaincu par le plan
Marshall que la confrontation entre pays
communistes et non communistes est
inévitable : en 1947, l'URSS met en place
un nouvel organisme, le Kominform, pour
assurer la liaison entre les partis
communistes européens. Lors de la
première réunion du Kominform, le
délégué soviétique Andreï Jdanov
présente le monde comme divisé entre
un camp « anti-démocratique et
impérialiste » et un autre « anti-
impérialiste et démocratique » ; cette
conception prend le nom de doctrine
Jdanov[348]. La « guerre froide », ainsi
nommée car elle n'impliqua jamais de
conflit militaire direct entre les deux
principales puissances, l'URSS et les
États-Unis, oppose désormais les pays
communistes dans leur ensemble au
« monde libre », entendu comme
l'ensemble des pays non communistes.
Dès ses premières années, la guerre
froide donne cependant lieu à des
conflits militaires ouverts comme la
guerre civile grecque en Europe et, en
Asie, la guerre d'Indochine et surtout la
guerre de Corée[349].

La période 1949-1950 marque le point


culminant de la première phase de la
guerre froide, avec la fin du blocus de
Berlin, la création de deux États
allemands distincts, la formation de
l'OTAN que l'URSS interprète comme une
menace directe. En août 1949, l'URSS fait
exploser sa première bombe A : Staline
réussit ainsi dans son projet de rattraper
le retard militaire sur les États-Unis, en
faisant de son pays une puissance
nucléaire. Enfin, la Chine communiste
naît en octobre 1949, et la guerre de
Corée est déclenchée l'année
suivante[350],[351].

Extension du communisme en
Europe et en Asie

Division de l'Europe par le Rideau


de fer

Division de l'Europe au temps du Rideau de fer.


En URSS, le caractère autoritaire du
régime est réaffirmé de manière souvent
brutale, décevant les espoirs de réformes
nourris pendant la guerre par une partie
de la population. Plus de 40 % des
prisonniers de guerre soviétiques
rapatriés sont renvoyés à l'armée, voire
au goulag. Dans les territoires conquis en
1939-1940 puis réintégrés à l'URSS à la
fin de la guerre - soit l'Ukraine
occidentale, les pays baltes et la
Moldavie - les résistances à l'annexion et
à la collectivisation doivent être
écrasées. Des centaines de milliers de
récalcitrants, de collaborateurs réels ou
supposés et plus généralement
d'éléments de « classes hostiles » sont
déportés. Le système concentrationnaire
atteint son apogée[352]. Le régime
stalinien entreprend en outre à partir de
1946 de reprendre le contrôle de la vie
intellectuelle, qui s'était quelque peu
relâché durant la guerre : Andreï Jdanov
est chargé de remettre au pas la culture
et les arts. Dans le domaine de la
biologie, l'influence du pseudo-
scientifique Lyssenko est plus forte que
jamais[353].

Entre 1945 et 1949, des régimes


communistes sont mis en place dans
l'ensemble des pays d'Europe de l'Est et
d'Europe centrale : ces nouveaux « pays
frères » de l'URSS constituent l'ensemble
connu sous le nom de bloc de l'Est. Dans
tous les pays de l'Est, les seuls partis
politiques autorisés sont désormais soit
le PC local en tant que parti unique
officiel, soit la coalition formée par le PC
et les partis qui lui sont subordonnés.
Les régimes ainsi constitués se
présentent comme des « démocraties
populaires », terme emprunté par Staline
à la propagande des Partisans
yougoslaves pendant la guerre et imposé
ensuite aux dirigeants communistes est-
européens. Dans les démocraties
libérales d'Europe occidentale, la plupart
des partis communistes sont
marginalisés dès le début de la guerre
froide : certains d'entre eux conservent
cependant un électorat important,
notamment en Italie et en France[354],[355].
Le seul pays d'Europe de l'Ouest à avoir -
de 1945 à 1957 - un gouvernement à
majorité communiste est le micro-État de
Saint-Marin, enclavé en Italie et très
influencé par la vie politique italienne[356].

Formation du Bloc de l'Est

Articles connexes : Bloc de l'Est, Coup de


Prague, Blocus de Berlin, Rupture Tito-
Staline et Procès de Prague.

Dans l'ensemble des pays d'Europe de


l'Est, occupés pour la plupart par l'Armée
rouge, des régimes aux structures
calquées sur celles de l'URSS
apparaissent. Aidés par des conseillers
soviétiques, les communistes locaux
s'arrogent - immédiatement ou
progressivement - le monopole du
pouvoir et mettent en place des États
policiers ; l'Europe de l'Est est placée
sous l'étroite influence du gouvernement
de Moscou, dont les nouveaux régimes
apparaissent comme des dépendances
directes[357]. Dans plusieurs pays, des
maquis de résistance anticommuniste
mènent la lutte durant plusieurs années,
notamment en Pologne[358], en
Bulgarie[359] et en Roumanie[360], mais
aussi dans certains territoires reannexés
par l'URSS comme les pays baltes, la
Biélorussie et l'Ukraine[361].
En Yougoslavie, dès la victoire des
Partisans en 1945, le Parti communiste
de Yougoslavie dirigé par Tito détient le
monopole du pouvoir et mène des
purges sanglantes contre les opposants
et les collaborateurs. Des élections
législatives sont organisées dans des
conditions si irrégulières que l'opposition
boycotte le scrutin, laissant les
communistes seuls en lice. La
monarchie est officiellement abolie en
novembre, laissant place à la République
fédérative populaire de Yougoslavie, avec
le PCY comme parti unique. Le pays
devient un État fédéral, avec six
républiques théoriquement placées sur
un pied d'égalité : les nationalités
yougoslaves voient leurs spécificités
reconnues. Dans l'Albanie voisine, le Parti
communiste d'Albanie dirigé par Enver
Hoxha, sous couvert d'un « Front
démocratique », détient tous les pouvoirs
dès l'automne 1944 et remporte
officiellement 93 % des suffrages aux
élections. La République populaire
d'Albanie est proclamée en janvier
1946[362],[363],[364].

Portrait du « Petit père des peuples » Joseph Staline,


affiché à l'occasion du 70e anniversaire de ce dernier,
sur la façade du siège du SED à Berlin-Est.
En Pologne, la coalition dirigée par le
Parti ouvrier polonais obtient
officiellement plus de 80 % des voix lors
d'élections truquées. Les opposants sont
réduits au silence ou à l'exil. Le Parti
socialiste polonais est absorbé par le
Parti ouvrier, qui devient le Parti ouvrier
unifié polonais[365],[366].

En Roumanie, sous la pression des


occupants soviétiques, le PC roumain
entre au gouvernement. Les
communistes épurent l'administration et,
en novembre 1946, sont déclarés
vainqueurs d'élections législatives qu'ils
ont en réalité perdues. Ils s'emparent
ensuite du pouvoir, en s'appuyant
notamment sur leur police politique, la
Securitate. En décembre 1947, le roi
Michel Ier est contraint à l'abdication : la
République populaire roumaine est
proclamée[367],[368].

Portraits de Joseph Staline et du président


tchécoslovaque Klement Gottwald.

En Bulgarie, Georgi Dimitrov, revenu au


pays, reprend la tête du Parti
communiste bulgare. Des purges,
menées dès septembre 1944 lors de
l'invasion du pays par l'Armée rouge,
permettent de neutraliser l'opposition. Au
sein de la coalition du Front patriotique,
les communistes marginalisent leurs
alliés agrariens et sociaux-démocrates.
La monarchie est abolie en septembre
1946 ; Dimitrov devient chef du
gouvernement de la République
populaire de Bulgarie, tandis que les
communistes déclenchent une
campagne de terreur contre leurs
adversaires. Le dernier député
d'opposition est arrêté en juin
1948[369],[370],[371].

En Tchécoslovaquie — pays qui n'est


alors pas occupé par l'Armée rouge — le
Parti communiste tchécoslovaque arrive
au pouvoir par ses propres moyens. En
1945, le PCT, dirigé par Klement
Gottwald, Antonín Zápotocký et Rudolf
Slánský, participe au gouvernement de
coalition mis en place par le président
Edvard Beneš. Bénéficiant d'un vrai
soutien dans la population grâce à leur
opposition aux accords de Munich et à
leur participation à la résistance[372], les
communistes consolident leur influence,
en profitant notamment de la maladie de
Beneš. En février 1948, lors du coup de
Prague, ils prennent le contrôle du pays :
un nouveau gouvernement est formé,
composé pour moitié de ministres PCT.
Beneš est remplacé par Gottwald. Les
partis et l'administration sont épurés et
une nouvelle constitution est adoptée,
achevant d'instaurer le régime
communiste en
Tchécoslovaquie[373],[374].

Walter Ulbricht, secrétaire général du Parti socialiste


unifié d'Allemagne et dirigeant de la République
démocratique allemande.

En Hongrie, le Parti communiste


hongrois, dirigé par Mátyás Rákosi —
membre en 1919 du gouvernement de la
République des conseils — Ernő Gerő et
Imre Nagy détient des ministères clés
dans le gouvernement de coalition :
mais, dépourvu de réel soutien populaire,
il est battu lors des élections de
novembre 1945. Rákosi emploie alors
une stratégie progressive, la « tactique
du salami », pour s'emparer des leviers
du pouvoir et forcer les autres partis à se
scinder ou à fusionner avec le Parti
communiste. László Rajk, ministre
communiste de l'intérieur, met sur pied
une police secrète, l'AVH, et liquide
l'opposition par la terreur. Une nouvelle
constitution est adoptée en 1949 et la
Hongrie prend le nom de République
populaire de Hongrie ; le Parti des
travailleurs - nouveau nom du PC -
devient parti unique[375],[376].

Dans la zone d'occupation soviétique en


Allemagne, le Parti communiste
d'Allemagne est, dès juin 1945, le premier
parti à se reconstituer après la défaite du
régime nazi : ses cadres prennent le
contrôle des administrations avec le
soutien des Soviétiques. En avril 1946,
les parties des appareils du KPD et du
Parti social-démocrate d'Allemagne
présentes dans la zone soviétique
fusionnent au sein du Parti socialiste
unifié d'Allemagne (SED). En juin 1948,
réagissant à la création par les Alliés
occidentaux d'une nouvelle monnaie
dans leur Trizone, Staline ordonne le
blocus de Berlin-Ouest. Durant près d'un
an, l'aviation occidentale ravitaille l'ouest
de la ville via un pont aérien ; Staline finit
par renoncer au blocus. Le 7 octobre
1949, le camp communiste réagit à la
proclamation de la République fédérale
d'Allemagne (RFA, dite Allemagne de
l'Ouest) quelques mois plus tôt, en
proclamant la République démocratique
allemande (RDA, dite Allemagne de l'Est).
L'Allemagne est désormais divisée en
deux entités opposées : en RDA, les seuls
partis autorisés sont le SED et ceux qui
lui sont subordonnés au sein du Front
national[377],[378].
Les dirigeants est-européens sont dans
leur majorité directement subordonnés à
Staline ; des milliers de conseillers
militaires et économiques soviétiques
sont envoyés pour seconder les États du
Bloc. En janvier 1949 est créé le Conseil
d'assistance économique mutuelle,
structure liant l'URSS et les différents
« pays frères »[379]. Les régimes du bloc
de l'Est, très dépendants politiquement et
économiquement de l'URSS, s'inspirent
étroitement du modèle soviétique.
L'armée et les services de police -
notamment les polices politiques comme
la Securitate roumaine ou la Stasi est-
allemande - sont des piliers des
nouveaux régime. Des économies
planifiées sont mises en place, et les
populations embrigadées[380],[381]. Bien
que d'importantes inégalités demeurent,
notamment du fait de l'existence de la
nomenklatura, des mesures destinées à
favoriser le progrès social sont prises.
Les régimes communistes s'emploient à
garantir le droit à l'éducation gratuite
pour tous, l'accès à la culture, aux frais
médicaux et à la retraite, et à réduire les
écarts de salaire[382].

Le bloc de l'Est subit son premier remous


important dès 1948 au moment de la
rupture entre l'URSS et la Yougoslavie :
bien que Tito se montre un stalinien loyal,
Staline s'agace de l'indépendance des
Yougoslaves[383],[363]. La crise éclate en
mars 1948 : quelques mois plus tard, le
Parti communiste de Yougoslavie est
exclu du Kominform. Staline espère que
Tito sera rapidement renversé par la
tendance pro-soviétique du PCY, mais le
dirigeant yougoslave tient au contraire
bon et purge son parti des cadres pro-
soviétiques. Dès 1949, les États-Unis
aident financièrement la Yougoslavie. Le
pays demeure un État à parti unique,
mais Tito favorise une certaine détente :
il fait le choix d'une recherche de
l'efficacité économique et d'un nouveau
modèle officiellement basé sur
l'autogestion, accordant également aux
Yougoslaves davantage de libertés -
notamment de voyage - que les habitants
des autres pays de l'Est[384],[385],[386].

La Yougoslavie est soumise à une


violente campagne de propagande de la
part de tous les PC staliniens[387].
L'accusation de « titisme » devient un
prétexte pour purger les appareils des PC
est-européens, qui sont repris en main
dans les mois suivant la rupture soviéto-
yougoslave. Dès 1948-1949 et jusqu'au
début des années 1950, de nombreux
dirigeants et cadres communistes du
bloc, considérés comme trop
nationalistes ou simplement trop
indépendants, ou bien perçus comme
des rivaux potentiels par d'autres
dirigeants, sont démis de leurs fonctions
et arrêtés, voire exécutés, souvent sous
l'accusation de collusion avec Tito. Ce
prétexte sert ainsi à évincer Władysław
Gomułka en Pologne, Traïcho Kostov en
Bulgarie, László Rajk en Hongrie ou Koçi
Xoxe en Albanie. En Tchécoslovaquie,
divers cadres dirigeants, dont le
secrétaire général du Parti Rudolf
Slánský, sont jugés en novembre 1952
pour trahison et espionnage. La
mascarade judiciaire qui s'ensuit, connue
sous le nom de procès de Prague, est
accompagnée d'une campagne de
propagande aux accents antisémites : la
plupart des accusés étant juifs, ils sont
dénoncés comme « sionistes » et donc
forcément portés à trahir. Cette
campagne contre le « cosmopolitisme »
et le « sionisme » est commune aux
autres pays du bloc : c'est dans ce
contexte qu'est évincée en Roumanie la
ministre des affaires étrangères Ana
Pauker qui était jusque-là l'un des
principaux cadres du régime[388],[389].

Dans les autres pays européens

Emblème du Parti communiste italien.


En Europe de l'Ouest et en Europe du
Nord, les PC déclinent rapidement au
début de la guerre froide : ils ne
demeurent des forces de premier plan
que dans trois des principaux pays
européens, la France, l'Italie et la
Finlande[390]. Le Parti communiste
français réalise une percée historique
lors des élections de 1945 et atteint son
apogée avec celles de novembre 1946,
avec 28,3 % des suffrages. Le PCF
devient le premier parti de France en
nombre de voix : il s'implante très
fortement en milieux ouvrier et rural,
mais aussi dans le monde intellectuel où
les communistes gagnent de nombreux
« compagnons de route » prestigieux[391].
Le PCF participe au gouvernement de
coalition mais la situation intérieure
française se tend, notamment du fait du
contexte international et en particulier de
la guerre d'Indochine : en octobre 1947,
les communistes sont exclus du
gouvernement Ramadier. Tout en restant
très implanté sur le plan électoral, le PCF
se trouve désormais dans l'opposition
pour plusieurs décennies. Les
communistes français usent par ailleurs
de l'argument pacifiste en lançant en
1950 le Mouvement de la paix : l'« appel
de Stockholm », pétition lancée par le
Conseil mondial de la paix pour réclamer
l'interdiction de l'arme atomique, leur
permet de s'approprier en partie, en
France et ailleurs, la thématique
pacifiste[392]. Le culte de la personnalité
de Maurice Thorez atteint son apogée à
la fin des années 1940, tandis que le PCF
connaît plusieurs purges de son appareil.
En 1952, alors que Thorez, malade, est
soigné à Moscou, son entourage évince
de la direction du PCF ses rivaux André
Marty et Charles Tillon[393],[390].

Le Parti communiste italien, dirigé par


Palmiro Togliatti, tire un grand prestige
de sa participation à la résistance contre
l'occupant allemand et les fascistes. En
1946, le nombre de ses adhérents
dépasse deux millions, en comptant les
Jeunesses communistes. Le PCI
participe jusqu'en mai 1947 au
gouvernement de coalition d'après-
guerre, mais en est ensuite évincé sous
la pression des États-Unis[394]. Le Front
démocratique populaire, coalition du PCI
et du PSI, remporte plus de 30 % des voix
lors des élections de 1948, mais est
nettement battu par la Démocratie
chrétienne. Rejeté dans l'opposition sur
le plan national, le PCI conserve
néanmoins une position dominante au
sein de la gauche italienne et reste
implanté dans tout le pays[395].

Le Parti communiste de Finlande


participe au gouvernement de coalition
jusqu'en 1948. Battu aux élections
législatives et relégué dans l'opposition, il
entretient une culture politique
ouvriériste qui lui permet de conserver de
nombreux électeurs : en 1958, la
coalition qu'il dirige, la Ligue
démocratique du peuple finlandais,
remporte 23,3 % des suffrages aux
élections législatives et constitue le
groupe parlementaire le plus important à
la Diète nationale[390].

La Grèce représente en Europe un cas


particulier : la situation politique, déjà
explosive à la fin de la guerre mondiale,
débouche en 1946 sur une guerre civile
qui dure jusqu'en 1949. Staline, qui juge
que l'insurrection en Grèce n'a aucune
chance de réussir et souhaite éviter un
conflit direct avec les pays occidentaux,
n'accorde pas d'aide aux insurgés grecs,
s'irritant même du soutien logistique que
leur apporte la Yougoslavie jusqu'à la
rupture de 1948[396],[397]. Les
communistes grecs, qui réalisent en leur
propre sein des épurations sanglantes,
sont finalement défaits par l'armée
régulière : entre 80 000 et 100 000
d'entre eux doivent se réfugier dans les
pays du bloc de l'Est, où une partie sont
ensuite victimes des purges mises en
œuvre soit par les pays qui les
accueillent, soit par l'appareil du Parti
communiste de Grèce exilé[398].
L'anticommunisme aux États-
Unis

Article connexe : Maccarthysme.

Aux États-Unis, le début de la guerre


froide suscite une vaste campagne
anticommuniste, nouvel avatar de la
« peur rouge » qui avait suivi la
Révolution d'Octobre. Le parti
communiste américain est presque
réduit à néant : ses dirigeants sont
arrêtés en 1948 et condamnés à des
peines de prison pour « conspiration »
contre le gouvernement. À la même
époque, le sénateur Joseph McCarthy
dénonce avec outrance les infiltrations
communistes au sein du gouvernement,
des médias et des milieux culturels : de
nombreuses personnalités sont
interrogées à ce titre par le Comité des
activités anti-américaines de la Chambre
des représentants. La période dite du
maccarthysme s'accompagne de
certaines affaires retentissantes comme
la condamnation à mort des époux
Rosenberg pour espionnage au profit de
l'URSS. McCarthy lui-même est
finalement discrédité du fait de ses abus
de pouvoir, mais sa campagne contribue
à marginaliser totalement les idées
communistes aux États-Unis[399],[400].

Le cas du trotskisme
En dehors du camp stalinien, le
trotskisme, privé de son chef assassiné
en 1940, est très affaibli au sortir de la
guerre mondiale[401]. Le courant continue
néanmoins d'exister, tout en ayant de
grandes difficultés à rester uni. Le
militant d'origine grecque Michel Pablo
entreprend de rassembler la majorité des
trotskistes français au sein du Parti
communiste internationaliste[402]. En
1946, une conférence se tient à Paris
pour reconstituer la Quatrième
Internationale dispersée durant la guerre.
L'Internationale trotskiste connaît avec le
temps de très nombreux départs et
dissensions, dus aux querelles
d'idéologie et de personnes comme aux
désillusions des militants. En 1952, le
trotskisme se scinde entre le courant
« pabliste » (du nom de Pablo) qui prône
la fin de l'opposition systématique envers
l'URSS, et le courant lambertiste (du nom
de Pierre Boussel alias « Lambert ») : les
groupes du monde entier se divisent ou
scissionnent. Malgré une aura parfois
mythique, due en partie à l'idéalisation de
la figure de Trotski mais aussi au culte
du secret pratiqué par beaucoup de ses
organisations, le trotskisme reste divisé
et marginal[403],[404],[405],[406]. Ce n'est
qu'en 1963, après plus de dix ans de
déchirements, qu'est fondé le Secrétariat
unifié de la Quatrième Internationale,
sans que le courant trotskiste ne soit
durablement réunifié[407].

Progrès du communisme en
Extrême-Orient

La naissance de la Chine
communiste

Article connexe : Histoire de la


République populaire de Chine.

Portrait de Mao Zedong, fondateur de la République


populaire de Chine
populaire de Chine.

Hors d'Europe, le communisme connaît


notamment une progression
spectaculaire en Extrême-Orient, ce qui
donne par la suite naissance à
l'expression « rideau de bambou »,
équivalent asiatique du rideau de fer. Au
sortir de la guerre mondiale, la tension
entre les nationalistes du Kuomintang et
le Parti communiste chinois est à
nouveau à son maximum : les États-Unis
tentent en vain une médiation. Le régime
de Tchang Kaï-chek gère l'économie du
pays - ruinée par le conflit - de manière
désastreuse, ce qui profite aux
communistes. Dès 1946, la guerre civile
chinoise reprend. En promettant une
réforme agraire, les communistes
obtiennent l'appui crucial des
campagnes. En janvier 1949, l'Armée
populaire de libération des communistes
encercle Pékin : le gouvernement
nationaliste se réfugie sur l'île de Taïwan
- où il maintient un État appelé
République de Chine - et conserve le
siège de la Chine à l'ONU[408]. Le 1er
octobre 1949, Mao Zedong proclame la
République populaire de Chine, dont il est
le président et Zhou Enlai le premier
ministre[409].

Les Soviétiques sont circonspects face à


ce nouvel allié ; ce n'est que le
14 février 1950 que le pacte sino-
soviétique est signé[410]. Mao, qui
apprécie peu l'attitude de Staline à l'égard
de son pays, a néanmoins besoin de
l'appui des Soviétiques pour rebâtir la
Chine. Par ailleurs, dès octobre 1950, le
Tibet, qui échappait au contrôle chinois
depuis 1912, est envahi par l'armée de
Mao : en mai 1951, le 14e dalaï-lama doit
signer l'accord en 17 points sur la
libération pacifique du Tibet qui
reconnaît la souveraineté chinoise. La
Chine populaire s'emploie à purger les
cadres et partisans du Kuomintang, puis
met en œuvre une réforme agraire qui
détruit les élites villageoises : des
millions d'« ennemis du peuple » sont
envoyés dans des camps. Après avoir,
par des campagnes répressives, réussi à
restaurer l'ordre et à rendre à l'économie
un cours normal, le régime de Mao
s'emploie à « soviétiser » la Chine en
renforçant le pouvoir du Parti, en
collectivisant l'agriculture et en
développant l'industrialisation[411].

La naissance de la République populaire


de Chine a de profondes répercussions :
en faisant basculer le pays le plus peuplé
du monde dans le camp communiste,
elle bouleverse les équilibres
géopolitiques et influe sur d'autres
conflits en cours en Asie, que ce soit en
Indochine française ou en Corée[412],[413].
La Guerre de Corée

Article connexe : Guerre de Corée.

Offensive des communistes durant la guerre de


Corée, au printemps 1951.

Dans le nord de la Corée libérée des


Japonais, les occupants soviétiques
soutiennent en février 1946 la formation
d'un gouvernement provisoire dirigé par
le jeune chef communiste Kim Il-sung -
tout juste revenu de son exil en URSS -
qui crée le Parti du travail de Corée[414].
En 1948, Kim Il-sung proclame la
République populaire démocratique de
Corée (Corée du Nord) qui dispute
aussitôt la souveraineté à la République
de Corée (Corée du Sud). Kim parvient à
convaincre Staline de l'opportunité d'une
attaque contre le Sud, afin de réunifier
toute la Corée sous sa bannière[415] : en
juin 1950, l'attaque du Nord contre le Sud
déclenche la guerre de Corée. L'ONU
autorise alors l'intervention d'une force
militaire - principalement américaine -
pour défendre le Sud[350]. L'avancée des
troupes nord-coréennes est arrêtée net
par les Américains, qui les repoussent
vers le Nord. Staline convainc alors Mao
d'intervenir en Corée : trois millions de
soldats chinois viennent soutenir Kim Il-
sung. L'URSS n'intervient pas
officiellement, mais équipe les troupes
chinoises et nord-coréennes[415].

La Chine paie un lourd tribut au conflit —


plus de 800 000 soldats tués, dont le fils
de Mao — mais elle modernise son
armée tandis que le Parti communiste
chinois renforce son unité dans la lutte
contre l'« ennemi numéro un du peuple
chinois ». La Chine y gagne également le
maintien d'un régime ami à sa frontière.
Après une contre-attaque américaine en
1951, le front se stabilise. L'armistice de
Panmunjeom, en juillet 1953, met un
terme au conflit, scellant la division de la
Coréen, séparée par une zone coréenne
démilitarisée[416]. Ce conflit marque un
tournant dans la guerre froide, le
président américain Harry S. Truman
ayant refusé de recourir à l'arme
nucléaire, dont l'emploi lui semblait trop
risqué et qui aurait pu conduire à une
Troisième Guerre mondiale. Elle renforce
également la cohésion du monde
occidental et de l'atlantisme[417],[418].

La Guerre d'Indochine

Article connexe : Guerre d'Indochine.


Image de la bataille de Diên Biên Phu.

Timbre soviétique à l'effigie de Hô Chi Minh.

En Indochine française, le Corps


expéditionnaire français en Extrême-
Orient débarque en octobre 1945 et
reprend progressivement possession de
la colonie, que le Việt Minh continue de
contrôler au Nord. En novembre, le Parti
communiste indochinois proclame, afin
de rassurer les partenaires du Việt Minh,
son autodissolution : dans les faits, les
chefs communistes restent aux
commandes. En mars 1946, les accords
Hô-Sainteny, conclus par Hô Chi Minh
avec le commissaire du GPRF Jean
Sainteny, prévoient la reconnaissance
par la France d'un État vietnamien au
sein de l'Union française. Le général
Leclerc, chef du Corps expéditionnaire,
peut alors rentrer dans Hanoï[419]. Mais la
conférence de Fontainebleau, censée
définir le statut du Viêt Nam, tourne court
durant l'été. En novembre, les Français
bombardent Hải Phòng ; le 19 décembre,
le Việt Minh tente un coup de force sur
tout le territoire vietnamien. L'insurrection
est contenue et Hô prend le maquis,
déclenchant la guerre d'Indochine[420]. Ce
soulèvement communiste s'identifie
totalement à une lutte nationaliste et
indépendantiste : Hô Chi Minh peut dès
lors apparaître, dans le contexte de la
décolonisation, comme un symbole du
tiers-monde émergent[421]. À l'origine, le
conflit est essentiellement vietnamien :
les indépendantistes laotiens (Pathet
Lao) et cambodgiens (Khmers issarak)
sont très dépendants du Việt Minh[422].
Avec la naissance de la République
populaire de Chine, Hô gagne une
importante base arrière en territoire
chinois[423], ainsi qu'une aide logistique
et des stocks d'armes ; les Français
reçoivent de leur côté l'aide des États-
Unis. En février 1951, l'ancien PC
indochinois renaît officiellement sous le
nom de Parti des travailleurs du Viêt
Nam : les insurgés vietnamiens affichent
désormais ouvertement leurs couleurs
communistes ; la création des « partis
frères » laotien et cambodgien est
décidée[424].

Dès 1953, face à une situation insoluble,


la France envisage une « sortie
honorable » d'Indochine[425]. Des
négociations sont prévues à Genève ; le
chef militaire du Việt Minh, Võ Nguyên
Giáp, décide alors de prendre coûte que
coûte la base de Ðiện Biên Phủ pour être
en position de force lors des pourparlers.
La bataille de Diên Biên Phu, qui dure
près de deux mois, s'achève par la
victoire de l'Armée populaire
vietnamienne, mettant la France en
situation de faiblesse alors que s'ouvre la
conférence. Pierre Mendès France signe
les accords de Genève, qui permettent à
la France de sortir du conflit et mettent
fin à l'Indochine française. Le Viêt Nam
est coupé en deux : le Nord revient à la
République démocratique du Viêt Nam,
dont Hô Chi Minh est le président et
Phạm Văn Đồng le premier ministre, et le
Sud à l'État du Viêt Nam, remplacé
l'année suivante par la République du
Viêt Nam. La séparation du pays est
censée être provisoire en attendant des
élections mais, au Sud, le gouvernement
anticommuniste de Ngô Đình Diệm
refuse d'organiser le scrutin prévu par les
accords. Le Royaume du Laos doit
négocier avec le Pathet lao, tandis que
Norodom Sihanouk, roi du Cambodge,
réussit à éviter toute concession aux
Khmers issarak. Les États-Unis
augmentent leur présence en Asie du
Sud-Est pour y contenir l'avancée du
communisme ; ils remplacent
rapidement les derniers conseillers
français au Sud Viêt Nam[426].
Dans le reste de l'Extrême-Orient

D'autres insurrections communistes ont


lieu, avec moins de succès, dans divers
pays d'Extrême-Orient tout juste
décolonisés ou en passe de l'être : en
Birmanie, peu après l'indépendance, le
Parti communiste de Birmanie lance un
soulèvement sans parvenir à renverser le
gouvernement ; en Indonésie, le Parti
communiste indonésien participe à la
révolution nationale indonésienne contre
le retour des colonisateurs néerlandais,
mais échoue ensuite en 1948 en voulant
se soulever contre le leader nationaliste
Soekarno : les communistes sont
écrasés lors de l'« affaire de Madiun ».
Aux Philippines, les Hukbalahap,
résistants communistes qui avaient
combattu les Japonais, refusent de
déposer les armes : ils lancent en 1946
un soulèvement qui dure jusqu'en
1954[427]. En Malaisie britannique,
l'Armée de libération des peuples de
Malaisie, dirigée par le Parti communiste
malais, déclenche en 1948 une
insurrection ; ce soulèvement a
cependant un caractère essentiellement
ethnique - le PC local regroupant surtout
la minorité chinoise - ce qui réduit son
attrait au sein de la population et
contribue à son échec quelques années
après l'indépendance[427].
De la déstalinisation au
Printemps de Prague

Dernières années et succession


de Staline

Articles connexes : Complot des blouses


blanches et Insurrection de juin 1953 en
Allemagne de l'Est.

Nikita Khrouchtchev.

Au début des années 1950, Staline


prépare une nouvelle purge du Parti et de
la société soviétiques, en usant cette fois
d'une propagande à la tonalité nettement
antisémite : c'est dans ce contexte que
se déroulent les procès de Prague et
l'élimination d'Ana Pauker en Roumanie.
À la fin de 1952, plusieurs médecins,
dont une majorité de Juifs, sont arrêtés
sous l'accusation de complot. En janvier
1953, la Pravda révèle l'affaire, connue
sous le nom de complot des blouses
blanches[428] : c'est l'occasion d'une
campagne de propagande contre les
« nationalistes juifs », pour préparer
l'épuration prévue par Staline. Mais, le 1er
mars 1953, ce dernier est victime d'une
attaque ; il meurt le 5 mars et Gueorgui
Malenkov lui succède à la tête du Conseil
des ministres[429].

Une « troïka » de dirigeants, composée


de Malenkov, Nikita Khrouchtchev et
Lavrenti Beria, prend la tête de l'URSS, qui
connaît une période de détente sur le
plan intérieur. Les « médecins
assassins » de l'affaire des « blouses
blanches » sont réhabilités dès avril ; une
amnistie est prononcée pour tous les
détenus dont la peine ne dépasse pas
cinq ans. En juillet, Beria, qui tentait de se
poser en successeur, est arrêté ; il est
ensuite exécuté. Les services de sécurité,
qu'il avait centralisés sous son autorité,
sont réorganisés en 1954 : la police
politique prend alors le nom de
KGB[430],[431].

Khrouchtchev sort bientôt vainqueur de


la lutte d'influence qui l'oppose à
Malenkov : en septembre, il devient
Premier secrétaire du Parti communiste
de l'Union soviétique (PCUS)[432]. Il lance
des réformes économiques qui
améliorent les conditions de vie des
citoyens soviétiques, tout en écartant ses
rivaux, d'abord Malenkov puis les
conservateurs comme Kaganovitch et
Molotov[433].

Quelques mois après la mort de Staline a


lieu le premier bouleversement politique
au sein du bloc de l'Est. Le 16 juin 1953,
une insurrection populaire éclate en
République démocratique allemande ;
elle est finalement écrasée par
l'intervention des troupes soviétiques. Le
no 1 est-allemand Walter Ulbricht obtient
ensuite une aide économique accrue de
la part de l'URSS pour améliorer le niveau
de vie de la population de la RDA[434]; les
événements de 1953 ont cependant pour
conséquence de souligner le peu de
légitimité populaire dont jouit alors le
régime est-allemand[435].

Première période de détente et


dénonciation posthume de
Staline
Articles connexes : Détente (guerre
froide) et Déstalinisation.

La politique étrangère de l'URSS est


marquée, après la mort de Staline, par
une première phase de détente Est-
Ouest : en juillet 1953, les Soviétiques
favorisent la fin de la guerre de
Corée[436]. Les relations internationales
demeurent néanmoins rythmées par
l'opposition entre les deux
superpuissances. Les États-Unis
demeurent attachés à leur doctrine
d'endiguement. En Amérique latine - où
plusieurs PC gagnent en influence,
notamment en Bolivie, en Argentine ou
au Brésil -, ils incitent les gouvernements
locaux à réprimer les
communistes[437],[438]. Au Guatemala, le
Parti guatémaltèque du travail s'allie -
d'ailleurs contre l'avis des Soviétiques,
qui jugent la démarche imprudente - au
président Arbenz : la CIA soutient alors
un coup d'État qui renverse Arbenz en
1954[439]. À partir de 1955, l'URSS revient
à une politique plus dynamique en
Europe : le 15 mai 1955 naît le Pacte de
Varsovie, une alliance militaire entre
l'Union soviétique et les pays du bloc de
l'Est, destinée à faire pendant à
l'OTAN[440].

L'URSS impose des réformes aux


régimes est-européens, dont les
dirigeants sont contraints à cesser de
cumuler les postes de chefs du
gouvernement et du Parti. En République
populaire de Hongrie, Mátyás Rákosi se
voit imposer en 1953 Imre Nagy,
communiste plus modéré, comme chef
du gouvernement. Nagy entreprend un
mouvement de réformes, mais Rákosi
parvient à obtenir son remplacement en
1955[441]. En République populaire de
Bulgarie, Valko Tchervenkov, qui a
succédé à Dimitrov mort en 1949, cède la
tête du Parti communiste bulgare à
Todor Jivkov, qui l'évince ensuite tout à
fait[442]. En mai 1955, Nikita
Khrouchtchev se rend à Belgrade et
l'URSS se réconcilie avec la Yougoslavie.
Tito, réhabilité dans le camp
communiste, conserve cependant son
indépendance[443] ; il maintient de
bonnes relations avec les États
occidentaux qui soutiennent
financièrement son pays et adopte sur le
plan international une position
neutraliste. En 1955, la Yougoslavie
participe à la conférence de Bandung, qui
donne par la suite naissance au
Mouvement des non-alignés dont elle est
l'un des membres fondateurs. L'État
yougoslave décentralise ses institutions
de manière croissante ; le régime de Tito
devient au fil des ans le plus ouvert et le
plus prospère des pays communistes
européens[444],[445],[446].
En février 1956, lors du XXe congrès du
Parti communiste de l'Union soviétique,
Khrouchtchev lit un « rapport secret »
révélant une partie des crimes de Staline.
Seule une petite partie des exactions
staliniennes est rendue publique et
aucune des grandes orientations prises
depuis 1917 n'est remise en cause : le
rapport Khrouchtchev, dont l'existence
est rapidement connue à l'étranger,
cause cependant un choc considérable.
Les PC occidentaux perdent de très
nombreux adhérents et
sympathisants[447],[448]. Khrouchtchev
rompt également avec la doctrine
Jdanov et prône la coexistence pacifique
entre systèmes politiques différents[449].
Le Kominform est supprimé, en vue de
ne plus faire apparaître de lien de
subordination entre les partis
communistes et le régime soviétique[450].

Évènements de 1956 en Pologne


et en Hongrie

Articles connexes : Soulèvement de


Poznań en 1956 et Insurrection de
Budapest.

Le drapeau hongrois dont le symbole communiste a


Le drapeau hongrois, dont le symbole communiste a
été retiré, lors de l'insurrection de Budapest.

Les répercussions de la déstalinisation


lancée par Khrouchtchev se font sentir
dans l'ensemble du bloc de l'Est, mais
ont des conséquences particulièrement
importantes en République populaire de
Pologne et en République populaire de
Hongrie. Après avoir entendu l'allocution
de Khrouchtchev au congrès du PCUS, le
dirigeant polonais Bolesław Bierut tombe
malade, apparemment victime d'un
infarctus, et meurt à Moscou[451]. Edward
Ochab, qui lui succède, entame une
relative libéralisation[452]. Plusieurs
dizaines de milliers de prisonniers
politiques sont libérés, parmi lesquels
Władysław Gomułka et ses alliés. En juin,
une manifestation ouvrière à Poznań
dégénère en véritable soulèvement, vite
réprimé par l'armée polonaise ; l'agitation
populaire s'accroît néanmoins et des
cadres de l'appareil du Parti ouvrier unifié
polonais réclament bientôt le retour au
pouvoir de Gomułka. Au cours des
bouleversements d'octobre, Gomułka
revient à la tête du Parti, avec l'appui des
Soviétiques qui souhaitent éviter une
situation comparable à la crise
hongroise. Gomułka, attaché aux intérêts
nationaux de son pays, bénéficie alors
d'un réel soutien populaire. Mais, bien
qu'annonçant un programme de
réformes, il garantit aux Soviétiques qu'il
ne touchera pas à leurs intérêts en
Pologne : la démocratisation polonaise
demeure limitée[453],[451].

En Hongrie, la situation évolue au même


moment de manière bien plus
dramatique : en juillet 1956, Mátyás
Rákosi doit, sous la pression des
Soviétiques, céder à Ernő Gerő la tête du
Parti des travailleurs hongrois. László
Rajk est réhabilité au mois d'octobre,
sept ans après son exécution. Le 22
octobre, une manifestation étudiante
débouche sur la publication d'un
manifeste révolutionnaire qui réclame le
départ des staliniens et le retour au
pouvoir du réformateur Imre Nagy. Le
lendemain, la statue de Staline au centre
de Budapest est abattue ; l'agitation vire
bientôt à l'insurrection ouverte. Imre
Nagy, redevenu chef du gouvernement,
est d'abord réticent face au mouvement,
mais évolue bientôt vers un soutien aux
contestataires. Fin octobre, il forme un
gouvernement de coalition avec des non
communistes ; le 31 octobre, il annonce
le départ de la Hongrie du Pacte de
Varsovie et proclame la neutralité du
pays. Les Soviétiques décident alors de
reprendre le contrôle et font intervenir
l'Armée rouge, qui écrase le
soulèvement. János Kádár, qui avait
soutenu Nagy, accepte de former un
nouveau gouvernement favorable à
l'URSS. Nagy est jugé à huis clos, puis
pendu[453],[451].

Poursuite de la déstalinisation et
rupture avec la Chine

Articles connexes : Campagne des Cent


fleurs et Rupture sino-soviétique.

Mao Zedong et Nikita Khrouchtchev en 1958.

Les événements de Hongrie ont un effet


désastreux sur l'image de l'URSS, qui se
trouve encore dégradée dans le monde
entier, quelques mois après la révélation
des crimes de Staline. Dans le monde
entier, les partis communistes perdent à
nouveau de nombreux militants et
sympathisants ; certains, comme le PCF
et le PCI conservent cependant un poids
électoral important. Le PCF, initialement
décontenancé, se convertit à la
déstalinisation ; le PCI affirme
progressivement une liberté de ton et
une autonomie accrues[451],[454].
Statue du « Grand leader » Kim Il-sung à Pyongyang,
Corée du Nord.

La déstalinisation a également des


conséquences en République populaire
de Chine : le Parti communiste chinois
adopte en 1956 un mode de
fonctionnement plus collégial ; la pensée
Mao Zedong disparaît temporairement
des statuts officiels. Deng Xiaoping
devient secrétaire général du Parti, dont
Mao demeure le président[455]. Le
contrôle policier de la population
demeure cependant rigide. Le laogai, un
système de camps comparable au
goulag soviétique, est créé : selon des
estimations très approximatives,
plusieurs dizaines de millions de
prisonniers y auraient transité au fil des
décennies[456]. La collectivisation
agricole est accélérée, mais la logique
productiviste conduit à un échec
économique ; le malaise social et
politique s'accroît en Chine[457]. Mao
prend acte des difficultés et décrète, en
février 1957, une « campagne de
rectification » - dite « campagne des cent
fleurs » - en encourageant la critique sur
l'action du Parti. Cette initiative aboutit
cependant, dans les milieux intellectuels
et étudiants, à un nombre si important de
critiques que Mao finit, dès l'été, par faire
réprimer les contestataires au cours de
purges « anti-droitistes ». Après l'échec
de cette « libéralisation contrôlée », Mao
fait de l'« anti-révisionnisme » l'une de
ses priorités idéologiques[458],[455].

En Corée du Nord, Kim Il-sung, lui aussi


en désaccord avec la déstalinisation,
entreprend de développer l'identité
propre de son régime. Il élabore une
idéologie à usage national, le Juche. La
Corée du Nord, gouvernée selon une
logique militariste, pratique un culte de la
personnalité exacerbé autour du « Grand
leader » Kim Il-sung[459].

En URSS, Nikita Khrouchtchev affirme


son pouvoir en éliminant ses adversaires,
comme Kaganovitch, Molotov et
Malenkov, qu'il fait exclure en 1957 du
Comité central lors de l'« affaire du
groupe anti-parti ». Le no 1 soviétique
encourage une certaine libéralisation
culturelle - qui ne s'étend cependant pas
au domaine religieux - et s'efforce
d'améliorer les conditions de vie en
URSS. La recherche spatiale fait l'objet,
notamment pour des raisons de prestige,
d'une attention particulière[460]. La
déstalinisation, si elle apporte en URSS et
dans le reste du bloc un réel relâchement
politique, demeure finalement d'une
ampleur relative. Les abus les plus
criants sont supprimés du code pénal,
mais celui-ci conserve des articles
permettant de punir toute forme
d'opposition. Aucune étude en
profondeur de la période stalinienne n'est
menée. La censure est maintenue, bien
qu'elle devienne plus souple et permette
la publication d'ouvrages comme Une
journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre
Soljenitsyne[461],[462]. Sur le plan
international, Khrouchtchev adopte une
posture délibérément agressive. Il donne
la priorité à l'armement nucléaire,
considérant la dissuasion atomique
comme le meilleur moyen de prévenir un
conflit avec l'Ouest. Il innove en outre par
rapport à Staline en jouant la carte tiers-
mondiste : soutenant les mouvements de
décolonisation, il entreprend de se
rapprocher des pays « progressistes » du
tiers-monde, même non communistes,
afin d'affaiblir l'Occident et de faire
progresser la cause communiste hors
d'Europe[463].

Après la dissolution du Kominform, le


mouvement communiste international
est incarné pour l'essentiel par les
relations bilatérales des partis : entre
1957 et 1969, cinq conférences
mondiales des Partis communistes sont
organisées. Elles mettent cependant en
évidence des divisions
grandissantes[464]. La déstalinisation
contribue en effet à provoquer une crise
entre l'URSS et la Chine. Mao Zedong, qui
désapprouve la condamnation de Staline
par Khrouchtchev et veut se dégager de
la tutelle soviétique, est hostile à un
rapprochement avec les États-Unis
comme à toute forme de coexistence
pacifique : en novembre 1957, lors de la
conférence des PC à Moscou, il choque
son auditoire en déclarant qu'une guerre
nucléaire pourrait se justifier, les victimes
étant un prix à payer pour la victoire du
socialisme. En 1958, l'URSS montre des
signes d'irritation quand la politique
chinoise provoque la deuxième crise du
détroit de Taïwan. Les rapports sino-
soviétiques se tendent et, en avril 1960,
la presse chinoise condamne avec
virulence le « révisionnisme » soviétique.
En juin de la même année, le congrès des
partis communistes à Bucarest est le lieu
de violentes disputes entre Soviétiques
et Chinois ; les coopérants soviétiques de
l'industrie chinoise sont rappelés. Les
rapports entre les deux pays sont dès
lors franchement mauvais, bien que la
rupture sino-soviétique ne devienne
réellement publique qu'en 1963[465],[466].

À la faveur de la rupture sino-soviétique,


la République populaire d'Albanie
s'éloigne elle aussi de l'URSS : le
dirigeant albanais Enver Hoxha, qui
refuse la déstalinisation au nom de
l'« anti-révisionnisme », s'en prend
violemment aux Soviétiques lors du
congrès de Bucarest de 1960. En 1961,
après que l'URSS a suspendu son aide
économique, l'Albanie choisit de s'aligner
sur la Chine et se tient désormais à
l'écart du bloc de l'Est. Différents PC à
travers le monde connaissent des
scissions ou comportent des fractions
maoïstes : le Parti communiste du Brésil,
scission du Parti communiste brésilien
pro-soviétique, s'aligne ainsi sur la Chine ;
le Parti communiste d'Inde (marxiste)
naît en 1964 en tant que dissidence pro-
chinoise du Parti communiste d'Inde.
L'ambition de la Chine de constituer un
pôle communiste concurrent à celui de
l'URSS n'a finalement guère de succès, et
rien n'est fait pour créer une véritable
« internationale » maoïste. La Corée du
Nord et le Nord Viêt Nam se rapprochent
de la Chine, sans rompre pour autant
avec l'URSS[467],[468],[469],[470]. Dans les
années 1960, la Chine reste isolée : le
seul État réellement aligné sur elle est
l'Albanie, pays éloigné et de dimensions
modestes. Un conflit avec l'Inde à propos
de territoires frontaliers entraîne une
brève guerre entre les deux pays, privant
la Chine de son principal allié en Asie[467].
Zhou Enlai entretient des contacts
diplomatiques en Asie et en Afrique, et la
Chine se pose en champion des peuples
opprimés du tiers-monde ; elle ne
parvient cependant pas à susciter autour
d'elle un « front uni » cohérent[471].

Le désastre du Grand Bond en


avant en Chine

Articles connexes : Grand Bond en avant


et Grande famine en Chine.

Après sa « victoire » de 1957 sur les


« droitistes » et la reprise en main des
villes frondeuses, Mao souhaite
promouvoir la « voie chinoise au
socialisme », en visant l'autosuffisance
du pays et en développant un modèle
spécifiquement chinois, différent du
modèle soviétique jugé trop rigide. Sur
son injonction, la Chine tente de rattraper
à marche forcée son retard économique
en mobilisant la population dans le cadre
d'un effort productiviste et d'une
collectivisation accrue. Des objectifs de
production totalement irréalistes sont
fixés, tandis que 740000 coopératives
agricoles fusionnent en 24000
communes populaires, pour regrouper
l'ensemble des paysans chinois. Toutes
les activités sont collectivisées dans le
cadre du « Grand Bond en avant », dont
Mao attend qu'il fasse « jaillir les
énergies populaires ». Cette campagne,
en grande partie improvisée et
dépourvue de moyens techniques
adéquats, désorganise totalement
l'agriculture chinoise, affamant les
campagnes. Mao, face aux critiques,
opère en avril 1959 une retraite
stratégique et renonce au poste de
président de la République, qu'il laisse à
Liu Shaoqi, pour se concentrer sur celui
de président du Parti. Il refuse cependant
d'écouter les appels à arrêter le Grand
bond en avant, qu'il décide au contraire
de relancer, transformant une politique
dangereuse en véritable désastre
économique et humain. Mao provoque
ainsi l'une des pires famines de l'histoire
chinoise, causant des millions de morts
(les estimations vont de 14 à 43 millions
de victimes). À l'automne 1960, le
gouvernement chinois est contraint, dans
l'urgence, de mettre fin à
l'expérience[472],[455],[473],[474].

En parallèle, la Chine doit également


gérer, en 1959, le soulèvement au Tibet :
la répression de l'insurrection fait entre
2000 et 20000 morts, tandis que le dalaï-
lama se réfugie en Inde. En 1965,
l'administration du Tibet est réorganisée,
donnant naissance à la région autonome
du Tibet[475].

Cuba, théâtre de la guerre froide

Articles connexes : Révolution cubaine et


Crise des missiles de Cuba.
Fidel Castro en visite à Washington, en 1959.

Che Guevara en 1959.

À la même époque, un nouveau régime


politique vient bouleverser les équilibres
internationaux lorsque Fidel Castro prend
le pouvoir à Cuba : le Mouvement du 26-
Juillet, auquel participe, outre Fidel
Castro et son frère Raul, le médecin
argentin Ernesto « Che » Guevara, mène
une insurrection contre le régime de
Fulgencio Batista. La guérilla de Castro,
qui ne se présente alors pas comme
communiste[476], bénéficie initialement
d'une bonne image aux États-Unis, lassés
par les méthodes de Batista ; le Parti
socialiste populaire, le PC cubain, ne se
rapproche que progressivement des
rebelles[477]. L'URSS, qui juge alors
l'insurrection sans espoir, est réservée
devant cette alliance[439]. Fin décembre
1958, l'armée gouvernementale se
débande et Batista prend la fuite. Le
7 janvier 1959, Castro fait une entrée
triomphale à La Havane[477]. D'emblée,
les Américains dénoncent la violente
répression exercée contre les partisans
de Batista : la CIA, qui soupçonne un
« péril communiste », envisage
rapidement une intervention militaire à
Cuba. En mai 1959, une réforme agraire
touche la plupart des domaines sucriers
possédés par des intérêts américains :
alors que ses rapports avec les États-
Unis se dégradent, Cuba se rapproche de
l'URSS, avec laquelle elle conclut en
février 1960 des accords économiques.
La même année, Cuba exproprie
192 sociétés nord-américaines : les
États-Unis répliquent en décrétant un
embargo sur les exportations vers l'île.
Che Guevara, ouvertement communiste,
devient ministre de l'industrie et
responsable de la banque centrale
cubaine, tandis que le Parti socialiste
populaire intègre le
gouvernement[478],[478],[479].

Castro se prépare désormais à une


possible invasion et crée les Comités de
défense de la révolution, destinés à
encadrer la population. Devenu président
des États-Unis en janvier 1961, John
Fitzgerald Kennedy trouve des plans,
préparés sous Eisenhower, qui prévoient
l'invasion de l'île par une troupe
d'opposants cubains exilés. En avril, le
débarquement de la baie des Cochons,
mal préparé, tourne à la débâcle : les
1 500 Cubains anti-castristes débarqués
sont accueillis par des miliciens en
surnombre et vite mis en déroute.
L'opération accélère le rapprochement
soviéto-cubain : Castro proclame Cuba
« État socialiste », se déclare marxiste-
léniniste et annonce la formation d'un
parti unique. Le PSP et le mouvement du
26‑Juillet s'unissent au sein d'un Parti
unifié de la révolution socialiste, rebaptisé
en 1965 Parti communiste de
Cuba[480],[478],[479],[481].

L'URSS entame rapidement des échanges


secrets avec Cuba en vue de prévenir une
autre invasion : Khrouchtchev propose à
Castro d'installer des missiles à Cuba,
pour intimider les États-Unis. En
septembre 1962, les batteries de
missiles soviétiques sont mises en place,
mais leur présence est découverte et
Kennedy exige leur démantèlement. La
crise des missiles entraîne une tension
internationale extrême et fait craindre
une guerre nucléaire ; Castro va jusqu'à
proposer à Khrouchtchev d'utiliser l'arme
atomique contre les États-Unis en cas
d'attaque sur Cuba. Des négociations
américano-soviétiques, dont Castro est
tenu à l'écart, aboutissent finalement au
démantèlement des missiles. Les États-
Unis promettent de leur côté de renoncer
à envahir Cuba[478],[479]. La CIA tente
ensuite à plusieurs reprises de faire
assassiner Castro, qui affirmera avoir
échappé à 600 complots[482].

Le régime cubain accélère la


collectivisation de l'économie, tandis que
Che Guevara mène un ambitieux
programme d'industrialisation. Mais le
développement industriel et agricole à
marche forcée, joint au manque
d'expertise, dégrade bientôt l'économie
du pays ; l'embargo américain aggrave
encore la situation. Guevara, supplanté
par des technocrates soutenus par
l'URSS, quitte le gouvernement pour se
consacrer à la propagation de la
révolution dans d'autres pays[478],[483].

Cuba s'efforce d'exporter son modèle


révolutionnaire dans le reste de
l'Amérique latine. Guevara, s'inspirant de
Mao Zedong et Hô Chi Minh, appelle
ainsi à créer « deux, trois, de nombreux
Viêt Nam » et théorise une insurrection
qui serait provoquée par le foco (feu), une
guérilla d'ampleur réduite représentant
l'avant-garde révolutionnaire. De
multiples groupes insurgés, formés ou
non par les Cubains, apparaissent en
Amérique latine. Guevara tente
d'implanter ses méthodes en Afrique
durant la crise congolaise : son aventure
dans l'ex-Congo belge tourne cependant
au fiasco. La première vague de guérillas
latino-américaines suscite l'agacement
de l'URSS, qui considère la politique de
Castro comme irréaliste, et gênante dans
le cadre de la politique de détente avec
les États-Unis. Certaines guérillas,
comme les FARC et l'ELN en Colombie,
parviennent à s'inscrire dans la durée,
mais la plupart disparaissent avec le
temps. Guevara lui-même, revenu
d'Afrique, lance une petite guérilla en
Bolivie : il est tué le
8 octobre 1967[484],[485].

Évolutions du Bloc communiste


Article connexe : Mur de Berlin.

Chars soviétiques et américains se faisant face sur


Checkpoint Charlie, à la limite entre Berlin-Est et
Berlin-Ouest.

Fortifications sur la Potsdamer Platz, au moment de


la construction du mur de Berlin en 1961.
En Europe, les pays du bloc de l'Est
connaissent des évolutions contrastées.
En République populaire de Hongrie,
János Kádár se livre, dans les années qui
suivent l'écrasement de l'insurrection de
Budapest, à une politique de
libéralisation modérée. Grâce à des
réformes économiques, la Hongrie
communiste connaît une période de
relative prospérité, qualifiée de
« socialisme du goulash »[486],[451].

En République démocratique allemande,


le régime se consolide, mais demeure
handicapé par l'enclave de Berlin-Ouest :
cette vitrine du monde occidental permet
aux Est-allemands de constater l'écart
avec leurs propres conditions de vie,
mais aussi de partir s'installer en
Allemagne de l'Ouest. La nombre
important de départs vers l'Ouest
aggrave les tensions diplomatiques à
Berlin, qui atteignent un point culminant
durant la crise de 1961. Finalement, dans
la nuit du 12 août 1961, la construction
d'un mur séparant Berlin-Ouest de Berlin-
Est est lancée : le mur de Berlin constitue
désormais le symbole le plus visible du
rideau de fer en Europe. La crise
diplomatique est exacerbée par la
construction du mur, mais elle s'apaise à
la fin de 1961 : s'il met fin à l'exode des
Est-allemands, le mur constitue un
désastre en termes d'image pour la RDA
et l'ensemble du camp
communiste[487],[488].

La République populaire roumaine, quant


à elle, se distingue en recherchant plus
d'indépendance vis-à-vis de l'URSS :
Gheorghe Gheorghiu-Dej adopte une
position conciliatrice avec la Chine, noue
des relations cordiales avec l'Occident,
introduit une relative libéralisation
culturelle et proclame en avril 1964
l'« autonomie » de son pays au sein du
bloc. L'Union soviétique s'accommode de
la situation, la Roumanie ne cherchant
pas à rompre avec elle[489].

En URSS, la politique économique de


Nikita Khrouchtchev marque le pas dès
la fin des années 1950. Les résistances à
la déstalinisation demeurent fortes au
sein de l'appareil. L'accumulation de
crises diplomatiques et les résultats
décevants de la politique vis-à-vis du
tiers-monde contribuent à nourrir
l'opposition envers Khrouchtchev, dont
les réformes et le style personnel
suscitent la fronde au sein du PCUS. En
1962, la crise des missiles de Cuba porte
un coup supplémentaire au prestige du
no 1 soviétique. Le 14 octobre 1964,
Khrouchtchev est démis de toutes ses
fonctions : Léonid Brejnev le remplace à
la tête du Parti[461],[490].

La Guerre du Viêt Nam et les


autres conflits en Asie du Sud-
Est

Articles connexes : Guerre du Viêt Nam,


Guerre civile laotienne, Guerre civile
cambodgienne (1967-1975) et
Massacres de 1965 en Indonésie.

Soldats du Việt Cộng durant la guerre du Viêt Nam.

L'Asie du Sud-Est reste dans les années


1960 un foyer de tensions et de conflits
meurtriers. Après la guerre d'Indochine,
le Viêt Nam a été divisé entre deux États
autoritaires, la République démocratique
du Viêt Nam (Nord Viêt Nam)
communiste et le République du Viêt
Nam (Sud Viêt Nam) ; au Laos, le Pathet
lao, dirigé secrètement par le Parti du
peuple lao communiste, cohabite
difficilement avec la droite pro-
américaine et les neutralistes. Norodom
Sihanouk s'efforce de préserver la
neutralité du Cambodge mais sa volonté
d'échapper à l'influence américaine, de
plus en plus lourde dans la région, le
conduit à se rapprocher des pays
communistes ; il noue des relations
amicales avec la République populaire de
Chine, tout en réprimant sur le plan
intérieur les communistes cambodgiens
(surnommés « Khmers rouges »). Le
Nord Viêt Nam soutient la rébellion au
Sud Viêt Nam, tandis que les États-Unis
soutiennent financièrement régime de
Ngô Đình Diệm et tentent en vain de lui
faire amender ses pratiques autoritaires.
La répression anticommuniste
s'intensifiant, les mouvements de guérilla
sudistes forment en 1960 le Front
national de libération du Sud Viêt Nam
(FNL, surnommé par ses adversaires Việt
Cộng, abréviation de communistes
vietnamiens)[491].

La guerre civile laotienne ayant repris et


la contre-insurrection donnant peu de
résultats au Sud Viêt Nam, les États-Unis
craignent un basculement de la région
dans le camp communiste, selon la
logique de la théorie des dominos.
L'impopularité de Diệm pousse des
généraux de son armée à organiser -
avec la bénédiction de la CIA - un putsch
contre lui : le président sud-vietnamien
est tué le 1er novembre 1963. Le chaos
politique au Sud tandis que la piste Hô
Chi Minh - voie de communication
passant le territoire laotien avec l'aide du
Pathet Lao et par le territoire
cambodgien avec l'autorisation de
Sihanouk qui espère préserver sa
neutralité - permet au Nord Viêt Nam de
ravitailler le Việt Cộng. En 1964, la guerre
du Viêt Nam est réellement lancée ;
l'incident du golfe du Tonkin permet au
président Lyndon B. Johnson de faire
passer une résolution qui lui donne toute
latitude pour régler la situation en Asie
du Sud-Est. Les États-Unis interviennent
massivement au Viêt Nam[492]. Des
bombardements intensifs du territoire
nord-vietnamien ne parviennent
cependant pas à éviter l'enlisement du
conflit, tandis que le Việt Cộng et l'Armée
populaire vietnamienne misent sur une
guerre d'usure. Avec les années, la guerre
du Viêt Nam suscite dans le monde une
contestation grandissante qui finit par
s'étendre à l'opinion publique américaine.
Le conflit touche le reste de la péninsule
indochinoise : le Pathet lao, soutenu par
le Nord Viêt Nam, poursuit sa lutte contre
la monarchie et en 1967, les Khmers
rouges lancent une insurrection au
Cambodge contre Sihanouk. En 1968,
l'offensive du Tết prend de court les
Américains : si le FNL n'obtient que des
résultats mitigés et sort décimé des
combats, l'ampleur de l'attaque inquiète
les États-Unis qui perdent espoir de
terminer rapidement la guerre[493],[494].

La guerre froide a également des


conséquences en Indonésie : le Parti
communiste indonésien, réconcilié avec
le président Soekarno et qui participe
désormais au gouvernement, demeure le
PC le plus important d'Asie du Sud-Est.
L'Indonésie se rapproche de la Chine,
préoccupant les Américains, tandis que
le poids des communistes suscite une
tension croissante avec l'armée
indonésienne. Les communistes
indonésiens craignent un coup d'État
militaire, et tentent dès lors de réaliser, le
30 septembre 1965, un soulèvement
préventif. Le général Soeharto obtient
alors les pleins pouvoirs et mène, avec
l'aide des groupes musulmans
conservateurs et le soutien de la CIA, une
répression extrêmement sanglante :
700 000 personnes sont arrêtées, et
plusieurs centaines de milliers de
communistes ou supposés tels
massacrés en quelques mois. Le Parti
communiste indonésien, dont les
principaux cadres sont assassinés ou
exécutés, est anéanti[495],[496],[497].

La Révolution culturelle

Article détaillé : Révolution culturelle.

Exemplaires du Petit Livre rouge.

En République populaire de Chine, après


le désastre du Grand Bond en avant —
dont l'étendue demeure cachée durant
des décennies — la Chine suit une
politique de « réajustement
économique », sous l'égide de Liu Shaoqi
et Deng Xiaoping. Mao Zedong,
relativement mis à l'écart, décide de
récupérer son influence, en s'en prenant
au Parti communiste chinois lui-même et
aux cadres qui discutent ses
orientations[467]. À l'automne 1962, il
pose le principe que les classes et la
lutte des classes subsistent à l'intérieur
du socialisme, et désigne comme
ennemi le « révisionnisme chinois » ; le
PCC lance dans les campagnes un
« mouvement d'éducation socialiste »
afin d'éliminer les « pratiques
capitalistes » réapparues depuis 1960. À
partir de 1964, Mao en appelle à une
« guerre d'extermination » contre les
« bourgeois » au sein de la bureaucratie
du PCC, dont des cadres sont contraints
de faire leur autocritique publique[498].

Slogan sur un mur à Pékin : « Vive l'invincible pensée


Mao Zedong » !

S'étant assuré de l'appui de l'armée et


des services de sécurité, Mao fait lancer
de violentes attaques contre les
intellectuels. Il entretient sa propagande
en diffusant par centaines de millions
d'exemplaires un recueil de ses citations,
le « Petit Livre rouge ». En août 1966, il
proclame officiellement la « Grande
Révolution Culturelle Prolétarienne », en
jouant des frustrations de la jeunesse -
notamment étudiante et ouvrière - qu'il
mobilise contre le Parti[499]. Mao
entreprend d'évincer Liu Shaoqi, Deng
Xiaoping et leurs partisans ; des milliers
de jeunes Chinois sont embrigadés pour
constituer les gardes rouges, encadrés
par l'armée. Ces militants, qui se
présentent comme l'avant-garde de la
révolution, font régner un climat de
terreur et organisent de nombreuses
manifestations au cours desquels des
« intellectuels droitiers » et des
responsables locaux du Parti sont
publiquement humiliés. Les appareils du
PCC sont démantelés, Mao se servant de
la Révolution culturelle pour épurer le
régime. Face à un désordre dont il ne
semblait pas avoir prévu l'ampleur, il
décide cependant de mettre le
mouvement sous tutelle militaire : l'aile la
plus radicale doit se soumettre à l'Armée
populaire de libération. Jiang Qing,
l'épouse de Mao, régente la culture
chinoise durant cette période, tandis que
le chef de l'armée, Lin Biao, apparaît
comme l'étoile montante du régime. Le
Premier ministre Zhou Enlai doit quant à
lui assumer la charge des affaires de
l'État, en pleine désorganisation. Les
gardes rouges, devenus trop
indépendants, sont finalement
démantelés et nombre d'entre eux sont
envoyés dans les campagnes pour être
« rééduqués ». En 1969, au IXe congrès
du PCC, la pensée du « Grand Timonier »
Mao est réintroduite dans les statuts du
Parti. Destitué, le président de la
République Liu Shaoqi meurt en prison.
Lin Biao fait un temps figure de
successeur potentiel de Mao, mais il
tombe en disgrâce dès 1970 et meurt
dans un accident d'avion, dans des
circonstances obscures. La Révolution
culturelle se termine officiellement en
1969 ; le Parti communiste chinois,
épuré, revient ensuite au premier plan, et
son rôle dirigeant est à nouveau mis en
avant[467],[500],[455].

En Afrique et au Moyen-Orient

En Afrique noire, la pénétration du


communisme est laborieuse : l'URSS
accroit après-guerre son intérêt pour
l'Afrique et joue dans la carte du soutien
à la décolonisation. L'URSS fonde
quelque espoir sur ses alliances avec
quelques pays comme la Guinée, le
Ghana et le Mali mais ceux-ci, bien que
se réclamant du socialisme, ne
revendiquent pas une identité
strictement marxiste-léniniste et
montrent peu de cohérence idéologique.
La Guinée s'éloigne de l'URSS dès
1961[501],[502]. Le communisme gagne
cependant en influence en Afrique
lusophone durant les guerres coloniales
portugaises : parmi les mouvements
indépendantistes, le Front de libération
du Mozambique, le Mouvement populaire
de libération de l'Angola et le Parti
africain pour l'indépendance de la Guinée
et du Cap-Vert évoluent, à des degrés
divers, vers le marxisme[503]. En Afrique
du Sud, le Parti communiste sud-africain,
interdit depuis les années 1950, s'allie
avec l'ANC dans la lutte contre
l'Apartheid[504].
L'alliance entre Israël et les États-Unis
amène l'URSS à soutenir les pays arabes
contre l'État hébreu. Cependant,
l'influence de l'URSS dans la région ne se
traduit pas par des progrès
spectaculaires de l'idéologie
communiste dans le monde arabo-
musulman. Malgré les efforts de
Khrouchtchev et les alliances avec des
pays comme l'Égypte de Nasser, aucun
État arabe ne rejoint le « camp
socialiste ». Ce n'est qu'en 1967, après
l'humiliation subie par les nationalistes
arabes lors de la guerre des Six Jours,
que l'idéologie communiste fait de
véritables progrès dans les pays arabes,
avec l'apparition de mouvements
marxistes-léninistes comme le Front
populaire de libération de la Palestine et
la proclamation au sud du Yémen de la
République démocratique populaire du
Yémen (Yémen du Sud), seul régime
communiste du Moyen-Orient. Bien que
gagnant du terrain, le communisme
n'acquiert cependant aucune
prééminence dans le monde arabe. En
Syrie, le Parti communiste est allié au
Baas, mais lui demeure subordonné. En
Irak, après le retour au pouvoir du Baas
en 1968, le Parti communiste irakien se
rapproche du nouveau régime, mais il est
ensuite violemment réprimé sous la
présidence de Saddam Hussein[505],[506].
Le Printemps de Prague

Article détaillé : Printemps de Prague.

En Europe, le bloc de l'Est connaît une


nouvelle crise importante du fait de la
situation en République socialiste
tchécoslovaque. La déstalinisation y a en
effet conduit à un relâchement du
contrôle sur la vie intellectuelle. Au sein
du Parti communiste tchécoslovaque, les
réformateurs gagnent en audace, grâce
notamment à Alexander Dubček, chef de
la branche slovaque du Parti. À partir de
1967, Dubček s'oppose ouvertement au
président Antonín Novotný, que Léonid
Brejnev s'abstient de soutenir[507],[508].
En janvier 1968, Dubček remplace
Novotný à la tête du PCT. Le climat
politique change alors radicalement en
Tchécoslovaquie, ouvrant la période dite
du printemps de Prague : la censure se
relâche et les critiques du système
s'expriment plus ouvertement dans les
médias. Dubček, qui prône un
« socialisme à visage humain » mais
n'envisage tout d'abord qu'une réforme
modérée du système, se trouve bientôt
amené à soutenir les réformateurs les
plus audacieux. Les autres régimes du
bloc de l'Est s'inquiètent et Brejnev lui-
même doit intervenir : en août 1968, lors
d'une réunion du Pacte de Varsovie, est
formulée la « doctrine Brejnev » qui
interdit aux partis communistes de
s'écarter des « principes du marxisme-
léninisme et du socialisme », limitant
explicitement la souveraineté des pays
du bloc. Les armées du Pacte - à
l'exception de la Roumanie qui a refusé
de participer - envahissent la
Tchécoslovaquie, mettant un terme au
printemps de Prague. Dubček est
maintenu un temps au pouvoir, puis doit
céder son poste à Gustáv Husák. La
Tchécoslovaquie est soumise à une
politique de « normalisation ».
L'opposition continue néanmoins
d'exister malgré la censure et les
pressions policières : c'est notamment le
cas du mouvement de la Charte 77, dont
Václav Havel est l'un des principaux
animateurs[508],[507],[509].

Apogée et crises du
communisme

Stagnation politique en URSS

Léonid Brejnev en 1973.

En URSS, l'ère Brejnev se traduit par une


certaine stagnation politique : Brejnev lui-
même, qui s'appuie sur un système de
clientélisme, apparaît avant tout au sein
du PCUS comme une figure consensuelle
et conservatrice. Les réformes
économiques marquent progressivement
le pas et l'industrie comme l'agriculture
s'essoufflent. Sur le plan international,
l'URSS poursuit la politique de détente
avec l'Occident et tente une
réconciliation avec la République
populaire de Chine tout en s'efforçant de
consolider ses positions dans le tiers-
monde. Des négociations sur la
limitation des armements stratégiques
sont poursuivies avec les États-Unis :
l'accord SALT-1 de 1972 consacre la
reconnaissance de l'URSS comme
grande puissance. Malgré ses succès
diplomatiques, l'URSS souffre en interne
du faible taux de renouvellement de son
élite dirigeante, quasi immuable et de
plus en plus vieillissante, comme de ses
lourdeurs bureaucratiques. Des
dissidences se développent en URSS, à
des degrés très divers : Alexandre
Soljenitsyne, expulsé d'Union soviétique
après avoir publié en 1973 L'Archipel du
Goulag, en est l'exemple le plus célèbre.
Au sein même de l'appareil soviétique, de
nombreux cadres souhaitent des
réformes, sans pouvoir exprimer
ouvertement leurs opinions[510],[511].

Politiques du régime castriste à


Cuba
Logo de l'Union des jeunes communistes,
l'organisation de jeunesse du Parti communiste de
Cuba.

L'URSS continue par ailleurs de bénéficier


d'un allié en Amérique latine avec Cuba,
qui intègre en 1972 le Conseil
d'assistance économique mutuelle et
devient le fournisseur officiel en sucre du
bloc de l'Est. Massivement aidée par
l'URSS, dont elle est très dépendante
économiquement, l'île accumule une
importante dette extérieure[512].
Le régime de Fidel Castro réalise des
avancées sociales en créant un système
de santé performant et en améliorant
l'éducation. Mais si les inégalités de
niveau de vie ont été réduites, les
problèmes économiques demeurent
profonds[513]. La population est encadrée
par un ensemble d'organisations et de
lois répressives - visant entre autres les
homosexuels ou les « hippies » - et par
une surveillance policière à grande
échelle. Les compagnons de route de
Castro rétifs au virage marxiste tombent
en disgrâce et sont souvent
emprisonnés. Le Parti communiste de
Cuba reste parti unique[514], les frères
Castro et leur entourage refusant tout
pluralisme[513].

Sur le plan international, Cuba, qui se


présente comme une tête de pont du
combat tiers-mondiste contre
l'impérialisme américain, prône
l'exportation de la révolution, jouant un
jeu de balancier entre son alliance étroite
avec le bloc de l'Est et son appartenance
au Mouvement des non-alignés. De
nombreux coopérants civils et militaires
sont envoyés en Afrique : dans les
années 1970, les troupes cubaines
viennent soutenir le MPLA dans la guerre
civile angolaise[515],[516]. En septembre
1979, Castro est élu à la présidence du
Mouvement des non-alignés. Au sommet
de son rayonnement international, il
ambitionne de faire du Mouvement un
nouvel axe anti-américain et pro-
soviétique : mais, quelques mois après
son élection, sa position est affaiblie par
l'invasion soviétique de l'Afghanistan.
Forcé de prendre position alors que
l'URSS attaque un pays non-aligné,
Castro choisit de soutenir les
Soviétiques, ce qui le décrédibilise durant
son mandat[517].

Basculements du Viêt Nam, du


Laos et du Cambodge

Article connexe : Crimes du régime


khmer rouge.
Boat-people vietnamiens en 1979.

En 1975, la fin de la guerre du Viêt Nam


et des conflits annexes au Laos et au
Cambodge entraîne une avancée
spectaculaire du communisme en Asie
du Sud-Est. En 1969, l'enlisement du
conflit vietnamien contribue à la décision
du président américain Lyndon B.
Johnson de ne pas se représenter. Le
nouveau président, Richard Nixon, vise à
mettre un terme à la guerre mais, en
attendant de pouvoir ouvrir des
négociations, continue de vouloir
contenir les communistes dans la
péninsule : les territoires laotien, puis
cambodgien, sont massivement
bombardés pour tenter de couper la piste
Hô Chi Minh. Au Cambodge, où
l'insurrection progresse, Sihanouk est
renversé par un coup d'État avec
l'approbation des États-Unis ; en
parallèle, les bombardements américains
poussent de nombreux Cambodgiens à
rejoindre les Khmers rouges. Sihanouk,
réfugié à Pékin, forme avec les Khmers
rouges, sur le conseil des Chinois, un
« Front uni national » sans connaître
réellement ses nouveaux alliés[518],[519].
En janvier 1973, les négociations entre
Américains et Nord-Vietnamiens
aboutissent à la signature des accords
de paix de Paris, qui prévoient le retrait
des troupes américaines. Au Laos, le
Pathet lao obtient de former un
gouvernement d'union nationale avec les
monarchistes. Les Khmers rouges,
soutenus par la Chine, refusent en
revanche de participer aux pourparlers.
Au printemps 1975, les communistes
prennent le pouvoir au Viêt Nam, au
Cambodge et au Laos. Les Khmers
rouges s'emparent de la capitale
cambodgienne, tandis que les Nord-
Vietnamiens repassent à l'offensive
contre le Sud Viêt Nam et prennent
Saïgon. Au Laos, le Pathet Lao réalise un
coup d'État et abolit la monarchie. En
1976, le Gouvernement révolutionnaire
provisoire du FNL et le Nord Viêt Nam
fusionnent : le Viêt Nam est réunifié sous
le nom de République socialiste du Viêt
Nam et le Parti communiste vietnamien
devient parti unique[520],[493].

Crânes des victimes des Khmers rouges dans la


prison de Tuol Sleng.
Plusieurs centaines de milliers de « boat-
people » fuient au fil des années le Viêt
Nam[521]. Au Laos, la prise de pouvoir par
les communistes provoque la fuite à
l'étranger, en quelques années, d'environ
400 000 Laotiens, soit 10 % de la
population[522],[523]. Le Laos devient un
satellite du Viêt Nam et les deux pays
s'alignent sur l'URSS[524] ; le Viêt Nam
rejoint en 1978 le Conseil d'assistance
économique mutuelle[525].

Au Cambodge, dès leur victoire, les


Khmers rouges appliquent une politique
particulièrement extrémiste : ils font
évacuer toutes les villes du pays et
obligent la population à s'installer dans
les campagnes, dans des conditions
désastreuses qui causent la mort de
milliers de personnes. Norodom
Sihanouk, officiellement chef de l'État, ne
revient au pays qu'au bout de plusieurs
mois : il réalise tardivement la situation,
puis est mis en résidence surveillée. Le
pays est rebaptisé Kampuchéa
démocratique en janvier 1976 ; en avril, le
secrétaire de l'Angkar, Saloth Sâr alias
« Pol Pot », véritable maître du pays
depuis avril 1975, devient Premier
ministre[519],[493],[526]. Le régime, qui tente
de faire passer directement le pays au
stade du communisme intégral,
fonctionne dans l'arbitraire le plus total.
La population, mise au travail forcé aux
champs, survit dans des conditions
relevant de l'esclavage, sans droit à la
propriété privée ni même à la vie privée.
L'incompétence des Khmers rouges
contribue à provoquer au Cambodge une
terrible famine : s'y ajoutent les
exécutions gratuites — tout peut devenir
prétexte à l'application immédiate de la
peine de mort — les persécutions
ethniques et religieuses et les purges
sanglantes de l'appareil, ce qui entraîne
la mort entre 1975 et 1979, de centaines
de milliers de personnes. Les
estimations du nombre de victimes
varient beaucoup : le chiffre le plus
crédible se monte à 1,7 million, soit 21 %
de la population cambodgienne de
l'époque[519],[493],[527].

Les mauvaises relations des Khmers


rouges avec le Viêt Nam voisin tournent
bientôt au conflit ouvert : le
25 décembre 1978, l'Armée populaire
vietnamienne envahit le Cambodge et les
Khmers rouges sont chassés du pouvoir
en moins de deux semaines. Un nouveau
régime communiste cambodgien, la
République populaire du Kampuchéa, est
mis en place avec le soutien du Viêt Nam
et de l'URSS[519],[493],[526].

Progrès du communisme dans le


tiers-monde
Premières armoiries de la République populaire du
Mozambique.

Entre la fin des années 1960 et le milieu


des années 1970, le communisme fait
également d'importants progrès en
Afrique noire. La République
démocratique somalie, présidée par le
général Siyaad Barre, est proclamée en
octobre 1969, et la République populaire
du Congo, le 31 décembre de la même
année. En novembre 1974, Mathieu
Kérékou, président du Dahomey,
proclame l'adhésion au marxisme-
léninisme de son pays, rebaptisé l'année
suivante République populaire du Bénin.
La monarchie éthiopienne est renversée
en septembre 1974 par la junte militaire
du Derg, qui forme le Gouvernement
militaire provisoire de l'Éthiopie
socialiste. Un vieux conflit territorial entre
la Somalie et l'Éthiopie débouche, en
1977, sur la guerre de l'Ogaden : l'URSS
et Cuba choisissent de soutenir l'Éthiopie
de Mengistu Haile Mariam, pays plus
développé et qui leur paraît un allié plus
intéressant. La Somalie rompt alors avec
l'URSS : tout en continuant de se dire
« marxiste-léniniste », elle se rapproche
de l'Occident et des monarchies arabes.
Le soutien à l'Éthiopie cause cependant
des problèmes aux Soviétiques, le régime
de Mengistu n'ayant ni institutions
stables ni vraie idéologie. Le dirigeant
éthiopien mène par ailleurs une
répression extrêmement meurtrière,
tandis que le pays est ravagé par une
série de guerres[528],[529],[530],[531]. En
décembre 1975, Didier Ratsiraka devient
le président de la République
démocratique de Madagascar, régime
d'inspiration nettement marxiste-
léniniste[532].

Dans les colonies portugaises,


l'indépendance est accélérée par la
révolution des Œillets en métropole, elle-
même provoquée en partie par les
guerres coloniales. En 1975, la victoire
des indépendantistes marxistes est
suivie de l'apparition de nouveaux
régimes communistes : le FRELIMO
proclame l'indépendance de la
République populaire du Mozambique
mais doit par la suite mener une guerre
civile contre la RENAMO ; le MPLA
proclame quant à lui la République
populaire d'Angola mais se trouve lui
aussi en guerre civile avec l'UNITA,
mouvement indépendantiste concurrent.
Le MPLA est soutenu par l'URSS et Cuba,
tandis que l'UNITA reçoit l'appui des
États-Unis et de l'Afrique du
Sud[531],[530],[533],[529],[531]. Les régimes
communistes africains n'ont guère de
cohérence idéologique, le marxisme-
léninisme professé par leurs dirigeants
étant assez superficiel[530] : l'URSS a
quelque difficulté à classer politiquement
ses alliés africains, pour lesquels elle
crée l'appellation « États d'orientation
socialiste »[534],[529].

En Inde, les deux PC locaux, le Parti


communiste d'Inde et le Parti
communiste d'Inde (marxiste),
s'implantent durablement, bien que leurs
électorats restent concentrés dans
certaines régions. Le PCI oscille entre
l'opposition au Congrès et l'alliance avec
celui-ci. Le PCI(m), initialement proche
de la Chine, s'en éloigne au moment de la
révolution culturelle. Les maoïstes
radicaux, qui multiplient les actions
violentes, sont exclus en 1968 du
PCI(m) : constituant la tendance dite
naxalite, ils se lancent dans la lutte
armée contre le gouvernement. Le
PCI(m) recentre quant à lui ses positions
et s'en tient, comme le PCI, à la voie
parlementaire ; à partir des années 1970,
ses scores électoraux dépassent ceux du
PC d'origine qui s'allie de plus en plus
avec le Congrès. À la même époque, le
PCI(m) gagne les élections au Kerala et
au Bengale-Occidental, où il gouvernera
ensuite durant plusieurs décennies. Les
PC indiens adoptent cependant tous
deux des positions de plus en plus
réformistes[535],[536],[537].

Évolution politique en Chine

Deng Xiaoping rencontrant le président américain


Jimmy Carter en 1979.

En République populaire de Chine, Mao


Zedong, vieillissant, délègue de plus en
plus ses responsabilités ; il se contente
pour l'essentiel de tenir l'équilibre entre
ses partisans, regroupés autour de son
épouse Jiang Qing, et les cadres plus
modérés dirigés par Zhou Enlai et Deng
Xiaoping, ce dernier étant revenu sur le
devant de la scène en 1973. Peu à peu, la
balance penche en faveur des modérés
tandis que la Chine se remet lentement
de la Révolution culturelle. Les relations
avec l'URSS demeurent très mauvaises et
dégénèrent même, en 1969, en un bref
conflit frontalier. Zhou Enlai mène alors
une politique d'ouverture en direction des
États-Unis : la République populaire peut
sortir de l'isolement diplomatique et, en
1971, récupère le siège de la Chine à
l'ONU au détriment de Taïwan. En 1972,
la visite en Chine du président Nixon
scelle le rapprochement sino-
américain[467],[538].
Zhou Enlai meurt en janvier 1976, et Mao
Zedong en septembre de la même
année. Dès octobre, le camp des
radicaux est décapité avec l'arrestation
de la « Bande des Quatre » (la veuve de
Mao, Jiang Qing, et trois de ses alliés).
Deng Xiaoping, chef de file des
réformateurs du Parti communiste
chinois, devient ensuite l'homme fort du
régime, évinçant Hua Guofeng qui avait
succédé à Mao et Zhou Enlai. Tout en
maintenant le caractère autoritaire du
régime et la domination du PCC, Deng
réorganise l'économie chinoise.
Recherchant avant tout l'efficacité, il
prône le passage à une « économie
socialiste de marché ». Sur le plan
international, la République populaire de
Chine cultive ses bons rapports avec
l'Occident. Le communisme chinois est
progressivement vidé de sa substance
idéologique et subsiste essentiellement
en tant que régime dictatorial[539].

Dans le monde occidental

Les principaux partis européens

Siège historique de la section du Parti communiste


italien, à Mineo (Sicile).
Dans la majorité des démocraties
d'Europe de l'Ouest, les partis
communistes sont des mouvements très
minoritaires, à l'influence limitée : ils
demeurent cependant puissants dans
plusieurs pays. En Finlande, en vertu de
la politique d'amitié avec l'URSS du
président Kekkonen, le Parti communiste
de Finlande participe à plusieurs
gouvernements de coalition entre 1966
et 1983[540].

En France, le Parti communiste français


conserve, jusque dans les années 1970,
une position dominante à gauche. Il se
rapproche du Parti socialiste avec lequel
il signe en juin 1972 un programme
commun de gouvernement : l'alliance
PCF-PS frôle la victoire lors de la
présidentielle de 1974. Georges
Marchais, chef du PCF, oscille cependant
entre des influences antagonistes,
privilégiant selon le contexte son alliance
avec le PS ou l'état des relations avec
l'URSS[541].

En Italie, la nouvelle génération de cadres


du Parti communiste italien, comme
Enrico Berlinguer ou Giorgio Napolitano,
prône un recentrage. Tout en demeurant
allié de l'URSS, le PCI, qui conserve
d'importants bastions et gagne même
des électeurs, devient avec les années
l'un des partis communistes occidentaux
les plus modérés et les plus
indépendants, jusqu'à s'apparenter dans
les faits à un parti social-démocrate[542].
En 1972, Berlinguer devient secrétaire
général du PCI, dont il accentue
l'évolution ; en 1973, il propose un
« compromis historique » à la
Démocratie chrétienne pour parvenir à un
accord de gouvernement[454].

La chute de plusieurs dictatures durant


les années 1970 permet à des divers PC
de sortir de la clandestinité, mais pas
d'accéder au pouvoir. Après la chute, en
1974, de la dictature des colonels, le
Parti communiste de Grèce est autorisé.
Toujours strictement aligné sur l'URSS, il
continue d'attirer environ 10% de
l'électorat mais n'est plus, comme avant-
guerre, le parti dominant de la gauche
grecque : la place lui est ravie par le
PASOK[543]. Au Portugal, la chute du
régime de l'Estado Novo en 1974 est
favorisée par les guerres coloniales :
après la révolution des Œillets, le Parti
communiste portugais dirigé par Álvaro
Cunhal, est autorisé et rejoint la coalition
au pouvoir. Son activisme fait un temps
croire à un possible basculement du
Portugal dans le camp communiste,
mais le PCP est largement distancé par
la gauche modérée lors des élections
constituantes de 1975 ; une nouvelle
révolution au Portugal apparaît bientôt
improbable[544]. Le Parti communiste
d'Espagne connaît une situation
comparable : autorisé après la fin du
franquisme, le PCE ne parvient pas à
prendre le leadership de la gauche
espagnole, qui revient aux
socialistes[545]. Saint-Marin constitue à
nouveau une exception : le Parti
communiste saint-marinais, qui avait
déjà gouverné entre 1945 et 1957, revient
en effet au pouvoir en 1978. En 1986, ne
disposant plus d'une majorité suffisante,
il forme une coalition avec les
démocrates-chrétiens locaux[356].

L'extrême-gauche en Occident
Emblème des Brigades rouges.

Les années 1960-1970 sont marquées en


Occident par le développement d'une
mouvance « gauchiste » hétéroclite, qui
se réclame souvent à titres divers du
communisme ou du marxisme tout en
s'opposant aux partis communistes pro-
soviétiques et à l'URSS[546]. Che Guevara,
Hô Chi Minh, Léon Trotski et Mao Zedong
font figure d'icônes, y compris chez ceux
qui critiquent les régimes
communistes[547] : la rhétorique
« marxiste-léniniste » est un temps à la
mode chez des contestataires, souvent
radicalisés par l'opposition à la guerre du
Viêt Nam[548].

De multiples mouvements d'extrême


gauche apparaissent à l'époque. Des
partis maoïstes opposés à la
déstalinisation naissent dans les années
1960 après la rupture sino-soviétique[549].
Le maoïsme, par sa radicalité et son
apparente nouveauté, attire de nombreux
militants, guère informés sur les réalités
chinoises[547] : il séduit certaines
personnalités de l'intelligentsia et du
monde culturel comme Jean-Paul Sartre.
Au début des années 1970, les
mouvements maoïstes ont une influence
et une visibilité disproportionnée par
rapport à leurs modestes effectifs.
Cependant, ils disparaissent pour la
plupart avec le temps[550]. Dans les
années 1980, des groupes radicaux
opposés à la libéralisation du régime
chinois continuent d'exister, mais n'ont
plus guère de visibilité en Occident[551].

Les mouvements trotskistes français se


renforcent à partir des années 1960,
sans pour autant sortir de la marginalité
ni surmonter leurs divisions. La Ligue
communiste révolutionnaire, dirigée par
Alain Krivine, subit ainsi la concurrence
de Lutte ouvrière dont Arlette Laguiller
est la porte-parole. Les lambertistes
détiennent quant à eux des positions
dans divers appareils syndicaux.
Militants de la LCR et lambertistes
essaiment dans les syndicats, les
associations et les partis socialistes
modérés, où ils pratiquent l'entrisme ;
cependant, de nombreux militants
s'éloignent du trotskisme pour intégrer
les partis de la gauche modérée[552],[553].
Diverses causes que les partis
communistes orthodoxes condamnent
ou négligent à l'époque, comme le
féminisme ou le militantisme
homosexuel, sont portées dans les
années 1970 par des milieux d'extrême
gauche ou naissent en leur sein, et ne
s'imposent que progressivement au reste
de la gauche, communistes compris[554].

Au cours de la période des « années de


plomb » qui se déroule principalement
durant les années 1970, divers groupes
d'extrême gauche passent, dans des
pays occidentaux ou occidentalisés, à
l'action violente en commettant attentats
et assassinats. C'est le cas des Brigades
rouges en Italie ou de la Fraction armée
rouge en Allemagne de l'Ouest, mais
aussi, hors d'Europe, de l'Armée rouge
japonaise qui participe au conflit israélo-
palestinien en s'alliant avec le Front
populaire de libération de la
Palestine[548],[555]. Parmi ces groupes
terroristes, certains reçoivent l'aide des
services secrets de l'Est, comme la
Fraction armée rouge soutenue par la
Stasi est-allemande[548],[555].

La période de l'eurocommunisme

Article connexe : Eurocommunisme.

Plusieurs partis communistes


occidentaux entreprennent en juillet 1975
de se recentrer, au sein du courant de
l'« eurocommunisme », lancée par le
Parti communiste italien d'Enrico
Berlinguer et le Parti communiste
d'Espagne de Santiago Carrillo : les
dirigeants italien et espagnol réfutent le
concept d'idéologie officielle d'État et
remettent en question l'orthodoxie
soviétique. Le Parti communiste français,
pour des raisons essentiellement
tactiques, se joint à
l'eurocommunisme[82] : en 1976, il
abandonne la notion de dictature du
prolétariat[556]. Très critiqué par les PC
des pays de l'Est, l'eurocommunisme,
auquel se joint également le Parti
communiste japonais, tourne finalement
court : il contribue cependant à semer le
trouble au sein de l'appareil soviétique,
où il influence des cadres aux idées
réformatrices[82].

En 1978, l'assassinat d'Aldo Moro par les


Brigades rouges contribue à faire
échouer le projet de compromis
historique de Berlinguer : le PCI doit
rester dans l'opposition[557]. Le PCF est
quant à lui rejeté dans l'isolement par la
fin, en 1977, de son alliance avec le
PS[558]. Georges Marchais revient à des
positions pro-soviétiques plus
orthodoxes, mais ce revirement
stratégique s'avère désastreux, du fait de
la dégradation de l'image de l'URSS dans
l'opinion française[559].

La fausse victoire des


Soviétiques à Helsinki
Léonid Brejnev rencontrant en 1971 Erich Honecker,
dirigeant de la RDA.

En 1975, dans un contexte international


où les États-Unis sont affaiblis
politiquement par la guerre du Viêt Nam
et l'affaire du Watergate et alors que le
nombre de régimes communistes dans
le monde est plus élevé que jamais,
l'URSS et ses alliés du bloc de l'Est
remportent ce qui apparaît alors comme
un grand succès diplomatique. Les
accords d'Helsinki reconnaît en effet de
manière définitive les frontières
européennes issues de la Seconde
Guerre mondiale, les signataires
s'engageant à ne pas les modifier par la
force. Les accords contiennent
cependant en germe des problèmes
futurs pour le bloc de l'Est, et certains
éléments de sa future dissolution : les
textes affirment en effet les principes
des droits de l'homme et du droit à la
libre information, et précisent que les
frontières peuvent être modifiées par des
voies pacifiques, en accord avec la loi
internationale[560].

Crises en Amérique latine


En 1970, l'influence communiste semble
s'accroître en Amérique latine quand le
socialiste Salvador Allende, candidat de
la coalition de l'Unidad Popular qui
comprend le Parti socialiste et le Parti
communiste, est élu président du Chili. Si
Allende plaide pour une transition
démocratique vers le socialisme, le
soutien que lui apporte Fidel Castro
brouille l'image de son gouvernement,
tandis que sa politique de
nationalisations contribue à causer une
crise économique dans le pays. Le
général Augusto Pinochet, soutenu par la
CIA, renverse le gouvernement lors d'un
coup d'État, au cours duquel Allende
trouve la mort[561].
Après cet échec d'une conquête
démocratique du pouvoir, les
mouvements de guérilla latino-
américains (d'inspiration castriste,
guévariste, ou maoïste) connaissent un
regain d'activité durant le reste des
années 1970, tout particulièrement en
Amérique centrale. Le succès de la
révolution sandiniste au Nicaragua leur
apporte un second souffle
décisif[562],[563] : en 1979, le Front
sandiniste de libération nationale,
d'inspiration castriste, parvient à
renverser le régime en place. Soutenus
par les pays communistes et notamment
par Cuba, les sandinistes entreprennent
de mettre en œuvre un projet
« révolutionnaire » et connaissent une
dérive autoritaire, mais sans pour autant
interdire l'opposition ni procéder à une
étatisation totale de l'économie, n'allant
pas au bout de la transformation du
Nicaragua en pays communiste. Ils
doivent en outre affronter la guérilla des
Contras, soutenue par les États-
Unis[564],[565]. Au Pérou, la guérilla
maoïste du Sentier lumineux, à l'idéologie
particulièrement extrémiste, se
développe dans les années 1980 et fait
régner la terreur dans certaines
régions[566].

Tensions et divisions dans les


pays communistes
Le cas du Cambodge

Article connexe : Conflit cambodgien


(1978-1999).

En Asie, le Cambodge devient, après son


invasion par le Viêt Nam, un théâtre de la
rivalité sino-soviétique en Asie du Sud-
Est. En février 1979, peu après le
renversement des Khmers rouges avec
lesquels elle était alliée, la République
populaire de Chine attaque le Viêt Nam
en représailles : le bref conflit sino-
vietnamien s'achève par le retrait des
troupes chinoises. Dans les années qui
suivent, les Khmers rouges, qui ont
reconstitué leurs forces en Thaïlande,
reprennent le combat contre les
Vietnamiens. Le conflit au Cambodge,
qui oppose d'une part les Khmers rouges
et les Sihanoukistes soutenus aussi bien
par la Chine que par les États-Unis, et
d'autre part le Viêt Nam et la République
populaire du Kampuchéa soutenus par
l'URSS, s'enlise et pèse sur les finances
vietnamiennes et soviétiques[567].

La Yougoslavie et l'Albanie

L'un des 700 000 bunkers albanais construits sous le


régime d'Enver Hoxha : l'Albanie communiste
fonctionnait selon une logique de fermeture et
d'autarcie
d autarcie.

En Europe de l'Est, plusieurs régimes


communistes suivent des voies
particulières. En dehors du bloc de l'Est,
la République fédérative socialiste de
Yougoslavie adopte une organisation de
plus en plus décentralisée — notamment
après le mouvement de contestation du
printemps croate de 1971 - la personne
du maréchal Tito, président à vie,
demeurant le principal ciment politique
du pays. En 1979, l'économie du pays,
jusque-là relativement prospère, est
durement touchée par le deuxième choc
pétrolier[568].
Après la mort de Tito en 1980, la
Yougoslavie adopte un système de
présidence fédérale tournante, sans
parvenir à résoudre ses problèmes de
stabilité politique et d'équilibre entre
nationalités. Dans les années 1980, les
tensions entre les républiques et les
nationalités de la fédération sont de plus
en plus vives[569].

Si la Yougoslavie, bien que demeurant un


État autoritaire à parti unique, fait figure
de régime modéré, la République
populaire socialiste d'Albanie demeure
au contraire gouvernée de manière
stalinienne et professe un marxisme-
léninisme dogmatique. Ayant rompu avec
la Chine par hostilité aux réformes de
Deng Xiaoping, elle fait le choix de
l'isolement à la fin des années 1970 et
demeure le pays le plus fermé d'Europe.
Les dernières années d'Enver Hoxha, qui
meurt en 1985, sont accompagnées de
purges politiques : en 1981, il fait
éliminer le premier ministre Mehmet
Shehu et l'entourage de ce dernier[570].

Le régime de Ceaușescu en
Roumanie

Wojciech Jaruzelski dirigeant de la République


Wojciech Jaruzelski, dirigeant de la République
populaire de Pologne et Nicolae Ceaușescu, dirigeant
de la République socialiste de Roumanie.

Au sein du bloc de l'Est, la Roumanie


(rebaptisée République socialiste de
Roumanie en 1965) occupe une place
particulière de par son autonomie.
Nicolae Ceaușescu, successeur de
Gheorghe Gheorghiu-Dej, poursuit la
politique d'ouverture diplomatique de ce
dernier[489], conserve de bonnes relations
avec les pays occidentaux et fait un
temps figure de modéré. Mais, avec les
années, le président roumain adopte un
style de gouvernement de plus en plus
autoritaire et autocratique : le
« Conducator » Ceaușescu multiplie les
mesures aberrantes, ravage le paysage
rural et urbain du pays en prétendant le
remodeler, soumet sa population à une
surveillance policière constante et fait
l'objet d'un culte de la personnalité aux
accents parfois délirants[571].

Pologne : des émeutes de 1970


au mouvement de Solidarność

Article connexe : État de siège en


Pologne (1981-1983).

Au partir de 1970, la population de la


République populaire de Pologne
exprime son mécontentement de
manière de plus en plus ouverte. En
décembre 1970, un important
mouvement de grèves est lancé dans les
ports de la mer Baltique : la répression
contribue à transformer la contestation
en émeutes. Władysław Gomułka,
dépassé par la situation, doit quitter le
pouvoir. Son successeur, Edward Gierek,
entreprend de se concilier les ouvriers en
améliorant leurs conditions de vie, mais
l'économie polonaise se dégrade à
nouveau à partir de 1976. Les opposants
au régime communiste sont notamment
galvanisés par l'élection du pape
polonais Jean-Paul II. En juillet 1980, la
contestation s'accroît : fin août, le
pouvoir cède et autorise l'existence de
syndicats indépendants. Solidarność est
constitué dans la foulée, sous le
leadership de Lech Wałęsa, et se mue
rapidement en mouvement de masse.
Edward Gierek est remplacé par
Stanisław Kania, qui ne parvient pas
davantage à ramener le calme. En 1981,
le général Wojciech Jaruzelski devient
successivement chef du gouvernement,
puis du Parti ouvrier unifié polonais ; en
décembre, il décrète l'état de siège et fait
réprimer Solidarność. Jaruzelski lève la
loi martiale en 1983 mais, malgré ses
efforts, le mécontentement demeure fort
et l'opposition ne désarme pas[572].

Intervention soviétique en
Afghanistan
Article connexe : Guerre d'Afghanistan
(1979-1989).

Premières armoiries de la République démocratique


d'Afghanistan.

En 1978, les communistes du Parti


démocratique populaire d'Afghanistan
prennent le pouvoir lors de la révolution
de Saur et proclament la République
démocratique d'Afghanistan. Mais le
nouveau régime dresse rapidement
contre lui une partie de la population,
tout en étant parcouru de conflits
internes. Hafizullah Amin, tenant de l'aile
radicale, fait renverser et tuer le président
Nour Mohammad Taraki, plus modéré et
proche des Soviétiques. La situation
chaotique, dans un pays à la frontière de
l'URSS, pousse Moscou à intervenir :
l'Armée rouge envahit l'Afghanistan en
décembre 1979. Hafizullah Amin est tué
et remplacé par le pro-soviétique Babrak
Karmal. L'invasion amplifie la révolte
contre le régime : de nombreux
moudjahidines afghans prennent les
armes et reçoivent bientôt le renfort de
combattants islamiques étrangers.
L'URSS se trouve dès lors impliquée dans
une guerre d'Afghanistan désastreuse
pour son image dans le monde. Le
conflit, qui devient bientôt un gouffre
financier et humain, suscite un
mécontentement croissant au sein de la
société soviétique[573] ; il a également
pour conséquence d'aggraver
brutalement les tensions avec l'Occident,
mettant un terme à la détente et
favorisant l'élection à la présidence des
États-Unis de Ronald Reagan, candidat
au discours vivement
anticommuniste[574].

Le contexte au tournant des


années 1980

Article connexe : Guerre fraîche.


L'URSS et les pays du bloc de l'Est
abordent les années 1980 dans un
contexte difficile, sous les effets
conjugués du conflit afghan, de la
situation en Pologne, de la détérioration
des relations avec les États-Unis, et de
problèmes intérieurs. L'économie
soviétique stagne et ne parvient à
atteindre aucun des objectifs fixés par le
pouvoir, notamment en termes
agricoles[575]. Les économies des pays
du bloc, lourdement déficitaires, sont très
endettés auprès du système bancaire
occidental[576]. L'appareil soviétique,
handicapé par sa bureaucratie
envahissante, est de plus en plus
sclérosé ; l'élite politique prend, sous
Brejnev, l'allure d'une
« gérontocratie »[577].

Dans les pays occidentaux, les


principaux PC déclinent. En France, le
PCF est désormais dépassé dans les
urnes par le Parti socialiste. En 1981,
après l'élection de François Mitterrand, il
participe au gouvernement d'union de la
gauche mais ne parvient guère à peser
sur les décisions ; il rompt avec ses alliés
socialistes en 1984 et, à nouveau dans
l'opposition, poursuit son déclin
électoral[559]. En Italie, le PCI, très
recentré, reste le principal parti à gauche
mais s'essouffle dans les années 1980,
faute de rénovation en profondeur de son
projet et du fait de la concurrence du
PSI[454],[578].

En 1979, un parti communiste prend le


pouvoir à la Grenade, dans la Caraïbe : le
New Jewel Movement, parti pro-castriste
dirigé par Maurice Bishop, prend le
pouvoir et proclame le Gouvernement
révolutionnaire populaire de la Grenade.
Soutenu par Cuba, le régime grenadien
se rapproche de l'URSS et des autres
pays communistes. Mais, en 1983,
Bishop est renversé et tué par ses rivaux
au sein du Parti. Les États-Unis
saisissent l'occasion pour envahir la
Grenade, mettant un terme au
gouvernement communiste[579].
De la perestroïka à la chute des
régimes communistes

Mouvement de réformes en
URSS

Articles connexes : Perestroïka, Glasnost


et Nouvelle détente.

Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1985.


Léonid Brejnev, malade depuis plusieurs
années, meurt en novembre 1982 ; Iouri
Andropov, jusque-là directeur du KGB, lui
succède. La tension avec les États-Unis
est à l'époque particulièrement forte : elle
atteint des sommets lors de la crise des
euromissiles et de la destruction par
l'aviation soviétique du vol Korean
Airlines 007. Andropov montre des
intentions réformatrices, mais sa
mauvaise santé ne lui laisse pas le
temps de les concrétiser ; il meurt en
février 1984 et est remplacé par un
conservateur proche de Brejnev,
Konstantin Tchernenko, qui meurt lui-
même en mars 1985[580],[577]. Mikhaïl
Gorbatchev, un membre de l'entourage
d'Andropov, succède à Tchernenko à la
tête du PCUS. Décidé à débarrasser le
système politique de l'Union soviétique
de ses scléroses, Gorbatchev adopte les
mots d'ordre uskorenie (accélération),
perestroïka (reconstruction) et glasnost
(ouverture, ou transparence, soit une
« critique saine des insuffisances ») ; sa
politique, qui lui vaut des tensions avec
les conservateurs, constitue dans les
faits une poursuite de la déstalinisation.
Des pans cachés de l'histoire soviétique
sont rendus publics, et l'URSS connaît un
important dégel culturel[581],[582].

Entre 1985 et 1987, les rapports Est-


Ouest s'améliorent de façon
spectaculaire. Mikhaïl Gorbatchev
rencontre à plusieurs reprises le
président américain Ronald Reagan, avec
qui il signe en décembre 1987 le traité
sur les forces nucléaires à portée
intermédiaire, engageant un réel
processus de désarmement. Il met en
outre un terme à la guerre d'Afghanistan
en annonçant en 1988 le retrait des
troupes soviétiques. Les relations de
l'URSS avec la République populaire de
Chine sont également normalisées[583].
Gorbatchev procède à de nombreux
limogeages de cadres conservateurs,
s'efforce de faire de l'URSS un État de
droit, allège la censure et facilite les
voyages à l'étranger des citoyens
soviétiques. En 1988, un important projet
de réforme constitutionnelle est lancé.
La perestroïka ne règle cependant pas la
question du multipartisme : de nombreux
« groupes informels » apparaissent pour
exprimer diverses revendications. Les
mesures de libéralisation se révèlent en
outre insuffisantes pour redresser
l'économie soviétique, gangrénée par la
coercition et la corruption[584].

La glasnost, en libérant la mémoire


historique et en encourageant la critique
des défauts du système, contribue
également à déstabiliser en profondeur
l'URSS[585]. Une réflexion sur la période
stalinienne est entamée, mais c'est
bientôt le rôle historique de Lénine lui-
même qui est remis en cause[586]. Des
revendications identitaires se
manifestent dans presque toutes les
Républiques soviétiques, tout
particulièrement dans les pays baltes. En
mars 1990, la Lituanie défie le pouvoir
central en proclamant son
indépendance ; elle est imitée par la
Lettonie et l'Estonie[585].

Conséquences sur les autres


pays communistes

Article connexe : Manifestations de la


place Tian'anmen.
Les réformes politique et structurelles en
URSS ont un effet décisif sur les « pays
frères ». Mikhaïl Gorbatchev encourage
les États satellites d'Europe de l'Est à
mener leur propre « perestroïka » et
diminue l'assistance matérielle à
l'ensemble des alliés du camp
communiste dans le monde. Les régimes
africains précipitent leur abandon du
communisme. En Amérique latine,
Gorbatchev encourage à des solutions
négociées aux conflits, ce qui conduit la
plupart des guérillas à déposer les armes
et, pour certaines, à se transformer en
partis politiques[564]. La diminution, puis
l'arrêt, de l'aide soviétique, plongent Cuba
dans une très grave crise économique à
partir de 1989[587]. Le rapprochement
avec la Chine conduit également l'URSS à
cesser de soutenir l'occupation du
Cambodge par les Vietnamiens, qui
retirent alors leurs troupes ; des
négociations débutent pour mettre un
terme au conflit cambodgien[567]. Le Viêt
Nam lance lui aussi, à partir de 1986, un
mouvement de réforme de son
économie, le Đổi mới, et s'intègre de
manière croissante à l'économie de
marché mondialisée. Le Laos s'engage
dans la même voie en 1989[588].

En République populaire de Chine, les


tensions s'accroissent au sein du PCC,
dont les dirigeants sont en désaccord
quant à la portée des réformes à mener.
Un important mouvement de
contestation étudiante, aux origines plus
sociales que politiques, se déclenche en
1989 à Pékin, encore galvanisé par la
visite en Chine de Mikhaïl Gorbatchev.
Deng Xiaoping choisit finalement
l'épreuve de force : les manifestations de
Pékin sont écrasées par la troupe en juin
1989, faisant plus de 1000 victimes dans
la capitale ; de nombreuses personnes
sont arrêtées. Malgré l'indignation
internationale suscitée par la répression,
les liens de la Chine avec l'Occident ne
sont pas rompus et le camp de Deng
Xiaoping peut maintenir le cap de ses
réformes économiques, tout en
conservant un régime politique
autoritaire[589].

Effondrement du bloc soviétique

Articles connexes : Chute des régimes


communistes en Europe, Die Wende,
Révolution de velours, Révolution
roumaine de 1989 et Putsch de Moscou.

Les dirigeants des pays du Pacte de Varsovie en


1987 : de gauche à droite, Gustáv Husák
(Tchécoslovaquie), Todor Jivkov (Bulgarie), Erich
Honecker (Allemagne de l'Est), Mikhaïl Gorbatchev
(URSS), Nicolae Ceaușescu (Roumanie), Wojciech
Jaruzelski (Pologne), János Kádár (Hongrie).
Chute du mur de Berlin en novembre 1989.

Dans les « démocraties populaires » du


bloc de l'Est, politiquement sclérosées et
économiquement déficientes[590], les
réformes en URSS ont des répercussions
profondes, jusqu'à provoquer
l'écroulement généralisé des régimes à
partir de 1989. Les PC locaux, privés du
soutien soviétique et dépassés par les
contestations internes, abandonnent le
pouvoir et, pour la plupart, renoncent à
leurs identités communistes ; entre 1989
et 1992, des nouvelles constitutions sont
adoptées dans tous les pays, mettant fin
aux régimes marxistes-léninistes. En
République populaire de Hongrie, János
Kádár, âgé et malade, quitte le pouvoir en
1988, et les cadres réformateurs du Parti
socialiste ouvrier hongrois prennent
bientôt le dessus. L'insurrection de
Budapest et la mémoire d'Imre Nagy sont
réhabilitées l'année suivante. En
République populaire de Pologne, le
pouvoir entame des négociations avec
Solidarność. En mai, des élections
législatives partiellement libres sont
organisées : Solidarność remporte
quasiment tous les sièges ouverts à la
compétition électorale. En août, Tadeusz
Mazowiecki devient le premier Premier
ministre non communiste de la
République populaire de Pologne : une
nouvelle constitution entre en vigueur le
31 décembre[591],[592]. En mai 1989, la
Hongrie démantèle la barrière du rideau
de fer le long de sa frontière avec
l'Autriche ; les citoyens de la République
démocratique allemande passent dès
lors à l'Ouest via la frontière hongroise ou
prennent d'assaut l'ambassade
d'Allemagne de l'Ouest à Budapest. La
RDA est confrontée à la fuite de ses
citoyens et à une opposition interne qui
s'exprime de plus en plus ouvertement,
notamment via les manifestations du
lundi. En octobre, le chef du SED Erich
Honecker démissionne. Le
gouvernement de la RDA, dépassé, se
résout en novembre à faire abattre le mur
de Berlin. Le SED s'autodissout et le
régime est-allemand se délite
totalement : l'Allemagne est réunifiée en
octobre 1990[593],[594]. En République
socialiste tchécoslovaque, la
contestation débouche en novembre
1989 sur la révolution de velours ; devant
l'ampleur des manifestations contre le
régime, l'ensemble du bureau politique
du Parti communiste tchécoslovaque
démissionne. Gustáv Husák quitte ses
fonctions le 10 décembre ; le 28
décembre, Alexander Dubček devient
président de l'assemblée et, le
lendemain, Václav Havel est élu
président de la République[595],[596]. En
République populaire de Bulgarie, Todor
Jivkov, au pouvoir depuis 1954, est
démis de ses fonctions par les
réformateurs du Parti communiste
bulgare ; le PC devient le Parti socialiste
bulgare et remporte les premières
élections libres en juin 1990, mais perd le
pouvoir lors d'un nouveau scrutin en
octobre 1991[597],[598]. Si la plupart des
révolutions au sein du bloc de l'Est sont
pacifiques, le régime de Nicolae
Ceaușescu en République socialiste de
Roumanie est, au contraire, renversé par
un soulèvement. Les membres
réformateurs du Parti communiste
roumain prennent bientôt la direction de
la révolte contre le régime : Ceaușescu et
son épouse Elena sont fusillés le 25
décembre après un simili-procès
expéditif[599].

La vague de changements atteint


également l'Albanie et la Yougoslavie,
situées en dehors du bloc de l'Est. En
République fédérative socialiste de
Yougoslavie, les problèmes de stabilité
politique et d'équilibre entre nationalités
n'ont jamais été résolus depuis la mort
de Tito[569] ; au début de 1990, les
membres de la Ligue des communistes
de Yougoslavie se séparent en plein
congrès, pour ne plus jamais se réunir.
Des élections libres sont organisées en
Slovénie et en Croatie, portant au pouvoir
l'opposition séparatiste. Dès 1991, les
problèmes territoriaux commencent à
déboucher sur des conflits armés entre
les États de la fédération, déclenchant la
série des guerres civiles yougoslaves. La
Yougoslavie abandonne toute référence
communiste et cesse ensuite d'exister en
tant qu'État[600],[601]. En République
populaire socialiste d'Albanie, la
contestation se développe également, et
le Parti du travail d'Albanie accepte
d'autoriser les partis d'opposition. Les
communistes, qui continuent de
contrôler les campagnes, gagnent les
premières élections libres en 1991, puis
abandonnent l'idéologie marxiste-
léniniste ; en 1992, de nouvelles
élections, organisées dans des
conditions plus libres, sont remportées
par l'opposition[602],[603].

Hors d'Europe, la plupart des pays


communistes abandonnent également
leur idéologie. La République populaire
mongole connaît sa propre « révolution
démocratique » ; les communistes, seul
parti réellement organisé, gagnent les
premières élections libres, puis
renoncent au marxisme-léninisme et se
convertissent à l'économie de
marché[587]. Au Cambodge, les accords
de Paris de 1991 mettent fin au conflit ;
une transition politique est lancée, les
différentes factions se partageant le
pouvoir. Le pays supprime toute
référence marxiste-léniniste et la
monarchie est restaurée en 1993 : les
anciens cadres communistes de la
République populaire du Kampuchéa
demeurent en place tandis que les
Khmers rouges, sont exclus du jeu
politique après avoir tenté de saboter les
élections[567]. La République
démocratique d'Afghanistan parvient à
résister un temps après le départ des
troupes soviétiques mais cesse d'exister
en 1992, au bout de trois années
supplémentaires de guerre civile. Le
Yémen du Sud communiste se réunifie en
1990 avec le Yémen du Nord. Les
régimes communistes africains cessent
également d'exister ; les guerres civiles
du Mozambique et de l'Angola prennent
fin (provisoirement pour ce qui est de
l'Angola) et le Front de libération du
Mozambique comme le Mouvement
populaire de libération de l'Angola,
convertis au libéralisme, demeurent au
pouvoir. Le Bénin, la République du
Congo et Madagascar adoptent
également le multipartisme et les
élections libres. Dans la corne de
l'Afrique, le régime de la République
démocratique populaire d'Éthiopie de
Mengistu est renversé militairement,
comme celui de la République
démocratique somalie de Siyaad
Barre[587].

Manifestation contre le putsch de Moscou en août


1991.

En URSS même, les réformes politiques


mènent à un délitement du système :
dans les pays baltes et en Géorgie, les
premières élections législatives libres
sont remportées par les nationalistes et
indépendantistes. En juin 1991, Boris
Eltsine, ancien cadre communiste limogé
et passé à l'opposition, est élu président
de la République socialiste fédérative
soviétique de Russie, battant largement
le candidat du PCUS et menaçant
désormais l'autorité de
Gorbatchev[604],[605].

Les conservateurs soviétiques, face à la


déliquescence du pouvoir central et de
l'autorité du Parti, réagissent et mènent
en août un putsch contre Mikhaïl
Gorbatchev, qui est placé en résidence
surveillée. Le coup de force, très mal
préparé, échoue totalement : le président
russe Boris Eltsine défie aussitôt les
putschistes, soutenu à Moscou par des
dizaines de milliers de manifestants. Les
conspirateurs sont arrêtés et Gorbatchev
libéré. Eltsine se trouve en position de
force et, dans les jours qui suivent
l'échec du putsch, huit des républiques
de l'URSS proclament leur indépendance.
Le Parti communiste de l'Union
soviétique et le KGB sont dissous. Le 21
décembre, un sommet entre chefs d'État
de l'Union entérine la fin de l'URSS.
Gorbatchev, qui n'avait même pas été
convié au sommet, démissionne de ses
fonctions de président le 25 décembre, et
l'URSS cesse d'exister[606],[607].
Le communisme après la
guerre froide

Articles connexes : Post-communisme et


Néocommunisme.

Le communisme continue d'exister en


tant que courant politique après la chute
de la majorité des régimes. De nombreux
partis, de dimensions très variables, s'en
revendiquent à titres divers. Cinq régimes
communistes, en République populaire
de Chine, au Viêt Nam, au Laos, en Corée
du Nord et à Cuba, existent encore à ce
jour[608].

La République populaire de Chine,


toujours gouvernée par le Parti
communiste chinois, a acquis depuis les
années 1990 une place essentielle au
sein de l'économie mondiale,
apparaissant bientôt comme une
superpuissance émergente. La Chine
contemporaine est désormais très
éloignée des principes du collectivisme
économique et s'est au contraire
pleinement intégrée au capitalisme
international[609]. Le PCC n'en demeure
pas moins fermement aux commandes
de l'État chinois, et son rôle dirigeant est
encore réaffirmé et renforcé sous la
présidence de Xi Jinping[610]. Le Viêt
Nam et le Laos ont eux aussi libéralisé
leurs économies, sans laisser davantage
d'espace aux libertés publiques[609].
Affiche de propagande en Corée du Nord.

Fidel Castro en 2003.


La Corée du Nord demeure au contraire
un pays très fermé et rétif à toute
démocratisation, au point de faire figure
de « dernier régime stalinien de la
planète »[611] : les difficultés causées par
l'arrêt de l'aide soviétique n'ont fait que
convaincre le régime de persister dans
ses choix idéologiques. Victime dans les
années 1990 d'une terrible famine qui a
nécessité le recours à l'aide
internationale, le pays demeure soutenu
par la Chine. Il se maintient également
par le biais du chantage à la guerre, en
développant son armement. Après la
mort de Kim Il-sung en 1994, son fils Kim
Jong-il devient le numéro un du régime et
gouverne en fonction d'une doctrine
militariste, la politique de songun[612]. En
2011, Kim Jong-un, fils de Kim Jong-il,
succède à ce dernier[613] et demeure
dans la même logique militariste,
notamment en intensifiant le programme
nucléaire nord-coréen[614]. .

À Cuba, malgré les graves difficultés


économiques dues entre autres à la fin
de l'aide soviétique et à l'embargo
américain, Fidel Castro refuse en 1989
tout passage au multipartisme et
réaffirme l'orthodoxie communiste la
plus stricte. Pour redresser son
économie, Cuba mise principalement sur
le tourisme[587],[615]. Fidel Castro,
octogénaire et malade, cède le pouvoir à
son frère Raúl Castro. Un ensemble de
mesures de libéralisation économique
est annoncé en 2011[616]. En décembre
2014, Cuba et les États-Unis entament un
rapprochement diplomatique[617].

« Messieurs les impérialistes, nous n'avons


absolument pas peur de vous ! » : panneau de
propagande anti-américaine à La Havane (Cuba)
installé devant les locaux de la Section des intérêts
des États-Unis.

En Amérique latine, de nombreux leaders


politiques de gauche ou de centre-
gauche - dont certains affichent, sans se
dire communistes, des références
marxistes plus ou moins affirmées -
arrivent au pouvoir dans les années
2000. Hugo Chávez, président du
Venezuela de 1999 à sa mort en 2013, et
partisan d'une « révolution bolivarienne »
d'inspiration socialiste, multiplie
volontiers les références à Fidel Castro
dont il est personnellement proche, voire
à Mao Zedong[618]. Sous les présidences
de Chávez et de son successeur Nicolás
Maduro, le régime castriste bénéficie des
largesses économiques du Venezuela, et
acquiert une influence grandissante sur
les affaires internes de ce
pays[619],[620],[621].
Dans les pays anciennement
communistes, que ce soit en Europe, en
Afrique ou au Cambodge, de nombreux
cadres des anciens régimes demeurent
actifs en politique. Le Parti communiste
de la Fédération de Russie conserve un
poids électoral, mais reste dans
l'opposition. Dans la majorité des
anciens pays du bloc de l'Est, les anciens
PC au pouvoir ont, à l'exception du Parti
communiste de Bohême et Moravie
héritier du PCT, renoncé à l'identité
communiste ; beaucoup se sont
rebaptisés Parti socialiste. D'anciens
cadres des PC sont revenus au pouvoir
dans leur pays à la faveur d'élections
libres, mais aucun de ces dirigeants
« post-communistes » des ex-satellites
soviétiques ne s'est plus présenté
comme communiste ou n'a tenté de
restaurer les anciens régimes. La
« décommunisation » des anciens pays
du bloc s'est déroulée dans des
conditions difficiles : les réformes de
libéralisation économique et les
privatisations, menées à un rythme
souvent trop rapide, ont parfois durement
affecté une population longtemps tenue
à l'écart de l'économie de marché,
entraînant des phénomènes de nostalgie
— dite en Allemagne Ostalgie — sinon
des anciens régimes, du moins de la
sécurité économique qu'ils
garantissaient. Le passage à la
démocratie s'est souvent accompagné
du maintien d'une partie de l'ancienne
élite à de nombreux postes-clés et la
libéralisation économique a souvent
aggravé la corruption. Malgré de graves
imperfections et inégalités, la transition
démocratique et économique s'est
cependant poursuivie dans les anciens
pays communistes[622],[623],[624],[625],[590],.
Dans l'une des anciennes républiques
soviétiques, la Moldavie, le Parti des
communistes de la République de
Moldavie est au pouvoir entre 2001 et
2009, mais sans rétablir l'ancien régime
ni entraver l'économie de marché[626].
Dans les pays démocratiques où les PC
locaux bénéficiaient d'un électorat
important, le communisme connaît des
fortunes inégales après 1989. Le Parti
communiste de Finlande historique
cesse d'exister en 1992, remplacé par
l'Alliance de gauche. Le Parti
communiste italien disparaît en 1991
pour devenir un parti de centre gauche.
Ses anciens cadres qui refusent
d'abandonner l'identité communiste
créent alors le Parti de la refondation
communiste. Le PRC et une scission de
ce dernier, le Parti des communistes
italiens, participent ensuite en diverses
occasions à des coalitions de gauche au
pouvoir, mais dans des positions
subalternes. De nombreux anciens
cadres du PC italien font partie de
mouvements de centre gauche, et ont
adopté des positions social-démocrates
ou social-libérales très éloignées de
celles du PCI historique[627],[454].

Convention du Parti communiste unifié du Népal


(maoïste) en 2013.

A contrario, le Parti communiste français


ne change pas d'identité politique et,
ayant mal négocié le tournant de 1989,
continue de décliner. Bien qu'ayant
participé entre 1997 et 2002 au
gouvernement Lionel Jospin, le PCF subit
une série d'humiliations électorales dans
les années 2000[628]. Il ne trouve un
nouveau souffle qu'en tant que
composante du Front de gauche, dont le
principal dirigeant est le leader du Parti
de gauche, l'ancien socialiste Jean-Luc
Mélenchon, et qui s'appuie l'appareil
militant du PCF[629],[630],[631]. Lors de la
présidentielle 2017, Mélenchon rompt
cependant avec les communistes et se
présente sous l'étiquette de La France
insoumise[632]. Le courant trotskiste
français bénéficie par ailleurs d'un
certain poids électoral : lors de la
présidentielle de 2002, les trois courants
trotskistes (LO, la LCR et le PT
lambertiste) cumulent à eux trois environ
10 % des suffrages[633]. Les résultats des
élections suivantes sont cependant
décevants[634] et lors de la présidentielle
de 2012, les candidats trotskistes sont
marginalisés par le Front de gauche[635].

Outre les cas de la France et de l'Italie,


plusieurs PC sont ou ont été associés au
pouvoir dans des démocraties, comme le
Parti communiste sud-africain, allié à
l'ANC, après la chute de l'apartheid[504]
ou le Parti communiste du Brésil, allié au
PT, à partir de 2003[636]. À Chypre, le
Parti progressiste des travailleurs (AKEL)
est au pouvoir de 2008 à 2013, période
durant laquelle ce pays est le seul État de
l'Union européenne à avoir un président
communiste. Chypre n'en est pas moins
resté acquise à l'économie de marché et
l'élection de 2013 est remportée, sur
fond de crise économique, par le
candidat conservateur[637],[638].

Au niveau européen, divers PC se


réunissent depuis 2004 au sein du Parti
de la gauche européenne, qui ne se limite
cependant pas aux seuls partis
communistes et compte également des
formations socialistes et écologistes
relevant de la gauche radicale, comme
SYRIZA en Grèce[639]. Au niveau
international, les Conférences
internationales des partis communistes
et ouvriers (réseau Solidnet) réunissent
depuis 1999 des PC de plusieurs
continents[640].

En Inde, le Parti communiste d'Inde


(marxiste) et le Parti communiste d'Inde
sont unis au sein de la coalition du Front
de gauche. Ils sont associés au
gouvernement central à deux reprises, en
participant aux coalitions du Front uni
(1996-1998) et de l'Alliance progressiste
unie (2004-2008)[289] : les PC indiens
demeurent cependant des partis
minoritaires et ont rompu en 2008 leur
alliance avec le Congrès. Le Parti
communiste d'Inde (marxiste) perd des
bastions dans les années 2000-2010[641].
La guérilla naxalite est par ailleurs
toujours en cours depuis les années
1960[642].

Au Népal, le Parti communiste du Népal


(maoïste), dirigé par Pushpa Kamal
Dahal dit « Prachanda », mène durant
plusieurs années une guerre civile contre
le gouvernement monarchique ; la
transition politique qui suit les accords
de paix permet ensuite aux maoïstes de
remporter le scrutin de 2008. Le Népal,
pays très pauvre et dépendant des
échanges avec l'Inde, n'est pas pour
autant devenu un pays communiste,
conservant un système d'économie
mixte et des élections libres. Entre 2008
et 2013, le Parti communiste unifié du
Népal (maoïste) alterne au pouvoir avec
une coalition formée par le Parti
communiste du Népal (marxiste-léniniste
unifié) et le Congrès népalais[643] : lors de
l'élection de 2013, le Congrès arrive en
tête, battant nettement les maoïstes[644].

Variations de l'idéologie
communiste avant et après
1989
Après 1917 : domination du
courant léniniste
Couverture d'une édition en langue anglaise du livre
de Lénine, La Maladie infantile du communisme (le
« gauchisme »).

Portrait d'Antonio Gramsci.


Le concept de communisme et les idées
qui y sont associées ont connu, au cours
de l'histoire, de nombreuses
transformations, depuis les formes de
communisme chrétien prônées par
Wilhelm Weitling ou Étienne Cabet, le
blanquisme, les conceptions anarchistes,
les premiers temps du marxisme, et
jusqu'à l'époque actuelle. À compter de la
Révolution d'Octobre, et malgré
l'existence d'écoles de pensée
concurrentes, le communisme s'identifie
essentiellement avec le léninisme. Les
différentes familles de pensée de la
Gauche communiste - qui découle en
partie du luxemburgisme - sont
marginalisées dès les années 1920 : le
communisme de conseils, porté par des
théoriciens comme Anton Pannekoek,
Herman Gorter ou Karl Korsch, se pose
en école de pensée alternative au
léninisme, mais n'est pas en mesure de
rivaliser avec lui[92]. Le courant léniniste
connaît cependant de nombreuses
variations en son sein [59].

Lénine avait pu, de son vivant, faire l'objet


de critiques au sein de la direction du
Parti communiste, y compris après la
Révolution d'Octobre. Dès lors que le
chef des bolcheviks est écarté par la
maladie, sa pensée est exaltée en tant
que doctrine officielle du mouvement par
les différents cadres dirigeants du Parti,
qui cherchent chacun à affirmer leur
légitimité dans la perspective de la
succession. L'idéologie léniniste, déjà
dominante au sein de l'Internationale
communiste, s'impose comme une
référence indépassable au sein du Parti
soviétique[645]. Après la mort de Lénine,
Staline remporte la bataille pour la
succession de ce dernier et réalise une
synthèse doctrinale du léninisme, qu'il
systématise en un tout cohérent, fixant
ainsi pour plusieurs décennies
l'orthodoxie communiste. Ainsi résumée,
la pensée léniniste et les conceptions
marxistes de l'Histoire, de l'économie et
des rapports sociaux sont codifiées
selon une logique de lois historiques
rigides et immuables ; le matérialisme
dialectique, de simple outil d'analyse
philosophique, devient une doctrine à
laquelle doivent se conformer l'ensemble
des sciences[646],[59]. Le marxisme-
léninisme, qui se présente comme une
pensée scientifique englobant la réalité
dans son ensemble, demeure la
tendance dominante au sein de la
mouvance communiste, et le reste
jusqu'à la fin de la guerre froide[59].

Dans l'entre-deux-guerres, le trotskisme


se revendique également du léninisme : à
la différence de la mouvance marxiste-
léniniste et stalinienne qui vise avant tout
à consolider les acquis révolutionnaires
en URSS avant d'envisager une révolution
internationale, l'école de pensée
trotskiste considère, en vertu du concept
de révolution permanente, qu'une
révolution mondiale est un préalable
indispensable à la réalisation du
socialisme. De rares intellectuels
communistes liés à la mouvance pro-
soviétique continuent de faire preuve
dans leurs travaux d'une relative
indépendance de pensée, à l'image de
Georg Lukács, qui entreprend de nuancer
le matérialisme historique et souligne
l'importance des aspects subjectifs et
culturels du marxisme. Antonio Gramsci
suit la même logique en s'écartant de
l'économisme dominant chez le
marxistes, et en considérant que
l'histoire n'est pas déterminée par la
structure économique mais par
l'interprétation que l'on donne de cette
structure et des lois qui la régissent ; il
insiste par ailleurs sur l'importance de
l'action dans le domaine culturel.
Élaborée pour l'essentiel en prison,
l'œuvre théorique de Gramsci ne devient
cependant réellement influente qu'après
la mort de son auteur. Lukács est quant à
lui soumis à de nombreuses attaques au
sein du mouvement communiste, son
hégélianisme l'exposant à des
accusations d'idéalisme[647],[59],[219],[648].
En Chine, toujours durant l'entre-deux-
guerres, Mao Zedong commence à
élaborer sa propre doctrine d'inspiration
léniniste, qui adapte cependant le
marxisme-léninisme aux réalités
chinoises : Mao insiste sur le rôle
déterminant du monde rural et du
sentiment nationaliste dans la révolution
chinoise et énonce les concepts de la
« Nouvelle démocratie » - conçue comme
un front uni englobant tous les Chinois
qui se rallieraient à la cause du PCC - et
de la guerre populaire, c'est-à-dire la
victoire de la révolution par le biais d'une
mobilisation permanente de la
population[295].
Après 1945 : du stalinisme
triomphant à la multiplicité
des tendances

Exemplaires de la revue Socialisme ou barbarie.

Deux intellectuels communistes, le philosophe


hongrois Georg Lukács et la romancière allemande
Anna Seghers.
Buste du maréchal Tito, en Macédoine.

Image de propagande de Mao Zedong.


Au début de la guerre froide, le stalinisme
connaît une période d'apogée en URSS
comme dans les autres régimes
communistes et dans l'ensemble des
PC[649] ; dans les années de l'immédiate
après-guerre, l'influence communiste
atteint des sommets dans les milieux
intellectuels de divers pays occidentaux,
où ils gagnent de très nombreux
« compagnons de route ». Après la
rupture Tito-Staline, le titisme, pratique
politique davantage que doctrine
cohérente, suscite l'intérêt d'une partie
de la gauche occidentale qui voit avec
sympathie la naissance d'un régime
communiste anti-stalinien[69]. Après la
mort de Staline, la déstalinisation qui
s'ensuit n'est accompagnée d'aucune
révision théorique en URSS. Dans le reste
du monde, la dénonciation des crimes de
Staline diminue l'attrait du communisme
soviétique auprès des intellectuels. De
nombreux courants se développent qui,
tout en se réclamant du communisme,
cherchent une alternative au « modèle
soviétique », qu'il s'agisse de réfléchir à
des formes anti-staliniennes de
communisme ou au contraire de
dénoncer la déstalinisation et de revenir
à l'orthodoxie. La pensée marxiste
connaît un renouveau théorique :
certaines démarches intellectuelles
continuent de se situer dans une ligne
stalinienne, mais d'autres au contraire
alimentent la démarche du marxisme
critique, qui contribue à faire
progressivement perdre leur aura
d'autorité aux interprétations soviétiques
du marxisme[650].

En République populaire de Chine, Mao


se positionne en défenseur d'une
conception « anti-révisionniste » du
marxisme-léninisme et dénonce toute
compromission avec le capitalisme : au
moment du Grand Bond en avant, il prône
une politique de développement à
marche forcée de son pays via une
mobilisation de l'ensemble de la
population ; durant la Révolution
culturelle, il se fait l'avocat de la base
militante contre la bureaucratie du Parti
communiste. En Occident, au sein ou à
l'extérieur des appareils militants, des
philosophes comme Herbert Marcuse,
Lucio Colletti ou Louis Althusser
proposent diverses lectures de l'œuvre
de Marx et des théories marxistes[547].

Une partie de l'extrême gauche


occidentale - en premier lieu le
trotskisme - continue de se réclamer des
théories léninistes tout en s'opposant à
l'interprétation qui en est donnée par
l'URSS. Divers courants d'« ultragauche »
critiquent non seulement le
communisme soviétique mais également
le léninisme : Cornelius Castoriadis et
Claude Lefort, issus du mouvement
trotskiste qu'ils quittent par la suite,
animent la revue Socialisme ou barbarie,
dans laquelle ils se livrent à une critique
pointue du système bureaucratique
soviétique et cherchent des alternatives
dans les pratiques conseillistes[405],[80].
Guy Debord et l'Internationale
situationniste reprennent également le
credo du communisme de conseils[651].
Au sein même du PCF, dans les années
1960, les approches philosophiques du
communisme divergent : Roger Garaudy,
tenant d'un « marxisme humaniste »,
s'oppose aux partisans d'Althusser, ce
dernier se situant dans la mouvance
structuraliste et s'attachant à relire les
œuvres de Marx pour en dégager le fond
« scientifique » ; les disciples d'Althusser
se rapprochent ensuite des thèses pro-
chinoises[652].

La redécouverte de l'œuvre de Gramsci,


après-guerre, contribue à nourrir en Italie
une pensée communiste moins
orthodoxe, et plus riche sur le plan
théorique, que dans la plupart des autres
pays. Ses écrits, recueillis dans ses
Cahiers de prison, font de lui, après la
Seconde Guerre mondiale, un penseur
marxiste de première importance.
L'œuvre de Gramsci a cependant été
éditée, et apparemment remaniée, par
Palmiro Togliatti : tout en faisant du
gramscisme la base de sa « voie
italienne du communisme », Togliatti
s'est efforcé de rattacher le marxisme
hétérodoxe de Gramsci au courant
léniniste, et semble, sur certains points,
en avoir altéré le sens[59],[219],[648]. Le
gramscisme fait, notamment après 1968,
l'objet de nombreux débats et
d'interprétations divergentes quant à la
portée de son historicisme, à son
éventuelle appartenance à la famille du
léninisme, et à la nature de ses concepts
sociologiques[653].

L'opéraïsme (soit « ouvriérisme », de


l'italien operaio signifiant ouvrier), courant
d'origine italienne dont Toni Negri est le
théoricien le plus connu, apparaît dans
les années 1960, dans le contexte du
miracle économique italien et de
l'industrialisation du pays. Negri, qui
prône l'usage de la lutte armée dans un
cadre plus vaste de luttes sociales
radicales, exerce une influence sur une
partie de l'extrême gauche italienne
durant les années de plomb[654],[655].

Dans les contextes de la décolonisation,


de la révolution cubaine et de la guerre
du Viêt Nam, l'association du
communisme à un discours tiers-
mondiste, puis à une lutte contre
l'impérialisme américain, lui permet
d'exercer une nouvelle séduction dans
les années 1960-70 ; Mao Zedong, Hô
Chi Minh, ainsi que Fidel Castro et Che
Guevara, font figure d'icônes anti-
impérialistes[656]. À l'époque de la
Révolution culturelle, le maoïsme est
considéré par de nombreux militants
occidentaux - séduits par son
radicalisme verbal et qui ne disposent
sur les réalités chinoises que
d'informations en provenance du régime
- comme une alternative au
communisme soviétique. Plus largement,
les références communistes se mêlent
souvent à l'époque, chez une partie des
sympathisants occidentaux d'extrême
gauche ou plus largement dans la
mouvance de la Nouvelle gauche, à des
discours tiers-mondistes et idéalistes,
souvent en décalage avec la réalité des
régimes politiques ou des personnalités
auxquels ils se réfèrent[547].

Alors que le régime chinois entame sa


libéralisation à la fin des années 1970, le
maoïsme tombe progressivement en
désuétude : toujours officiellement en
vigueur en Chine, il est, dans les faits,
vidé de son contenu idéologique.
Totalement marginalisé en Occident, il
conserve néanmoins davantage de
partisans dans le tiers-monde. Après sa
rupture avec la Chine, l'Albanie d'Enver
Hoxha se pose en gardienne de
l'orthodoxie ; d'anciens groupes maoïstes
et d'autres partis staliniens « anti-
révisionnistes », de dimensions
généralement modestes, constituent une
tendance d'extrême gauche « pro-
albanaise »[657].

La doctrine du Juche, élaborée par Kim Il-


sung en Corée du Nord, représente un
cas particulier : hostile à la
déstalinisation, le dirigeant nord-coréen a
progressivement évacué les références
au marxisme-léninisme pour développer
sa propre idéologie, à usage
essentiellement local. Tout en
conservant des références au socialisme
et au communisme, le Juche se veut une
doctrine originale : il constitue avant tout
une idéologie nationaliste, fondée sur le
concept d'autosuffisance et dans
laquelle l'adulation de la personne du
dirigeant tient un rôle essentiel[459].

Le trotskisme demeure quant à lui,


durant toute son histoire, un courant très
divisé : en France, des organisations
comme LO et le courant lambertiste, au
discours strictement ouvriériste, se
distinguent de la LCR, à l'image plus
« libertaire » et tiers-mondiste[634].

Après 1989 : du déclin de


l'idéologie aux résurgences
néocommunistes
Manifestation du Parti communiste argentin en
2010.

Alain Badiou en 2010.


Un militant du Parti de la refondation communiste en
2007, lors de la gay pride de Milan.

L'historien communiste britannique Eric Hobsbawm.


Après la glasnost, la chute du bloc de
l'Est et les avancées considérables de
l'historiographie, la réalité historique du
communisme est devenue beaucoup
plus accessible qu'auparavant ; les
visions idéalisées du communisme en
tant que phénomène historique, ou en
tant qu'alternative politique, n'ont
cependant pas totalement disparu. En
1995, François Furet juge, dans Le Passé
d'une illusion, que « l'idée de
communisme n'a cessé de protéger à
toutes ses époques l'histoire du
communisme, jusqu'à ce moment ultime
où la seconde, par l'arrêt pur et simple de
son cours, a entraîné la première dans sa
disparition, puisqu'elle l'avait si
longtemps incarnée. Mais la fin du
monde soviétique ne change rien à la
demande démocratique d'une autre
société, et pour cette raison même il y a
fort à parier que cette vaste faillite
continuera à jouir dans l'opinion du
monde de circonstances atténuantes, et
connaîtra peut-être un renouveau
d'admiration. Non que, sous la forme où
elle est morte, l'idée communiste puisse
renaître : la révolution prolétarienne, la
science marxiste-léniniste, l'élection
idéologique d'un parti, d'un territoire et
d'un Empire ont sans doute terminé leur
cours avec l'Union soviétique. Mais la
disparition de ces figures familières à
notre siècle ferme une époque, plutôt
qu'elle ne clôt le répertoire de la
démocratie »[5].

Malgré les crimes commis en son nom,


le communisme, en tant qu'idéal voire en
tant que système politique, n'a pas fait
l'objet de la même condamnation morale
unanime que le nazisme : une distinction
est en effet couramment faite entre
l'idéal du communisme, supposé
généreux, et la réalité politique concrète
qui s'en est réclamée[658]. L'historien des
idées Alain Besançon parle à cet égard
d'« amnésie » des crimes du
communisme, par opposition à
l'« hypermnésie » des crimes du
nazisme[659]. Jean-François Revel
dénonce pour sa part en 1999 un
« négationnisme » pro-communiste qui
tendrait à occulter, voire à nier, les
dimensions criminelles du communisme
en tant que phénomène historique pour
en préserver la « couverture
utopique »[660]. Certains secteurs
d'opinion marqués à gauche ont, suivant
un processus que le politologue Philippe
Raynaud attribue à « un certain
gauchisme », contribué à attribuer la
faillite du communisme non au
communisme lui-même, mais au
« stalinisme »[661]. La figure de Che
Guevara conserve une capacité
d'attraction en tant que symbole
révolutionnaire[662].
Un phénomène parfois désigné sous le
nom de « néocommunisme » tend,
depuis la fin de la guerre froide, à se
développer ; d'une part avec la
permanence ou l'apparition de partis aux
références communistes plus ou moins
affichées comme Die Linke ; d'autre part
avec la récupération, par les tendances
les plus diverses de la gauche et de
l'extrême gauche, d'une partie de
l'univers référentiel, des idéaux et des
engagements communistes. Ceux-ci
peuvent se manifester dans la mouvance
altermondialiste — ou plus largement
celle de la gauche antilibérale — ainsi que
via divers engagements — qu'il s'agisse
de la réduction des inégalités, de la lutte
contre le racisme ou de la défense des
droits de l'homme — sans qu'aucune de
ces causes ne soit réductible à un
engagement communiste. Divers partis
communistes, comme le PCF en France
ou Refondation communiste en Italie,
participent à ce courant, en concentrant
leur discours sur l'anticapitalisme et la
dénonciation du néolibéralisme, ainsi que
sur l'antiracisme, l'écosocialisme, le
féminisme, la défense des immigrés et
des minorités ethniques et sexuelles, et
autres thèmes communs à l'ensemble de
la gauche radicale, voire à une partie de
la gauche modérée. La LCR, en France,
connaît une mutation comparable : dans
les années 2000, elle évolue vers une
rhétorique axée de manière plus large sur
la dénonciation des injustices sociales,
jusqu'à s'éloigner dans les années 2000
de son identité strictement trotskiste
pour devenir le Nouveau Parti
anticapitaliste[634]. S'inscrivant dans un
contexte global de critique des méfaits
du libéralisme et de la mondialisation
économique, cette tendance peut
s'exprimer à travers des évènements
comme le Forum social mondial[663],
autour de nouvelles causes comme celle
des zapatistes au Chiapas et, plus
largement, dans le contexte de la vague
des nouveaux leaders de gauche en
Amérique latine dans les années
2000[664],[665]. Quelques mouvements
européens d'extrême gauche ont par
ailleurs tissé des liens avec des milieux
islamistes[666].

Dans le domaine de la vie intellectuelle,


les réflexions autour de thèmes liés au
marxisme, au communisme ou à leur
univers référentiel demeurent présentes,
dans le cadre d'une critique plus vaste du
capitalisme et de la mondialisation de
l'économie, notamment à l'occasion des
crises financières et crises économiques.
Dans les années 2000, Toni Negri et
Michael Hardt abordent les thèmes de la
globalisation et des « multitudes » en
tant que masses populaires
opprimées[667] ; Alain Badiou consacre
des écrits au thème de « l'hypothèse
communiste » ; il donne cependant du
« communisme » une définition parfois
abstraite, en le présentant par exemple
comme « tout devenir qui fait prévaloir
l'en-commun sur l'égoïsme »[668]. En
2009, un colloque réunissant à Londres
des philosophes, parmi lesquels Alain
Badiou, autour de « l'idée du
communisme », remporte un succès
public inattendu[669], s'inscrivant dans
une démarche qui tend à réhabiliter le
concept de communisme et à critiquer la
notion de totalitarisme, et plus
généralement la pensée « antitotalitaire »
comme ayant nui à la gauche[670]. En
2013, le philosophe marxiste Lucien Sève
continue de réaffirmer « l'urgence
historique de penser avec Marx le
communisme », l'entrée dans « la phase
historique terminale du capitalisme »
imposant à ses yeux d'« actualiser la
visée du communisme »[671].

Le politologue Philippe Raynaud,


commentant en 2010 les conclusions
tirées quinze ans plus tôt par François
Furet, s'interroge pour sa part sur
l'éventuel « avenir d'une illusion », soit sur
une radicalité révolutionnaire toujours
présente dans les idéaux et la vie
intellectuelle et qui, après la chute du
communiste soviétique, adopte de
nouveaux visages. Raynaud tend à
confirmer le jugement de François Furet
quant à l'échec des tentatives de
redonner vie au communisme sous son
ancienne forme, voire à revitaliser la
théorie marxiste : « chez aucun des
auteurs, brillants ou laborieux, nous
n'avons rencontré ce qui faisait la force
de l'illusion communiste : la certitude
d'être au service d'une cause à la fois
juste et scientifiquement fondée, qui
devait inéluctablement conduire à
l'émergence d'une société radicalement
différente » ; il souligne cependant, au-
delà des écrits de philosophes
« néocommunistes » comme Alain
Badiou ou Slavoj Žižek, la permanence de
l'idée communiste, sinon en tant que
projet politique concret et unifié, du
moins en tant que référence de
l'imaginaire social et politique[670].
L'historien Robert Service souligne, pour
sa part que les conditions historiques qui
ont permis la naissance et le
développement de la mouvance
communiste, parmi lesquelles les
injustices politiques et économiques,
sont toujours présentes : si le retour du
communisme en tant que régime
politique sous la forme qu'il a adopté au
e
siècle lui paraît improbable, il estime
néanmoins que son empreinte dans
l'histoire et sur les esprits est
suffisamment profonde pour permettre à
l'idéal communiste de demeurer présent
et de ressurgir sous d'autres formes[672].

Critiques du communisme
Articles détaillés : Critiques du
communisme et Anticommunisme.

Affiche électorale de la CDU ouest-allemande (1953).


Du fait de la diversité du phénomène, les
critiques du communisme peuvent porter
tant sur ses aspects théoriques que sur
ses réalités politiques concrètes. Au
e
siècle, le concept de société
communiste est critiqué, non seulement
par des conservateurs, mais aussi dans
les rangs socialistes et anarchistes.
Lamennais dénonce ainsi le
communisme, au sens de société fondée
sur la propriété commune, comme un
retour à l'esclavage et au « travail forcé,
rétribué au gré de l'État qui
l'impose »[673]. Pierre-Joseph Proudhon,
théoricien du socialisme libertaire,
considère quant à lui dès 1846 que le
projet de société communiste débouche
sur la « dictature partout »[674]. Max
Stirner, l'un des fondateurs de
l'anarchisme individualiste, écrit pour sa
part : « en abolissant la propriété
personnelle, le communisme ne fait que
me rejeter plus profondément sous la
dépendance d'autrui, autrui s'appelant
désormais la généralité ou la
communauté »[675]. Un autre théoricien
anarchiste, Mikhaïl Bakounine, estime
pour sa part en 1866 que « l'État
despotique, mis en place par le
communisme d'État, fera naître une
classe exploitante et privilégiée : la
bureaucratie »[28] ; en 1873, il se définit
comme « collectiviste et pas du tout
communiste », le communisme étant à
ses yeux « la négation de la liberté » en
ce qu'il « fait absorber toutes les
puissances de la société dans l'État [et]
aboutit nécessairement à la
centralisation de la propriété entre les
mains de l'État »[676].

Yves Guyot qualifie en 1893 le principe


de collectivisme de « tyrannique » et juge
que le communisme, en rejetant la
propriété privée, contredit la déclaration
des droits de l'homme et du citoyen de
1789 qui compte la propriété parmi les
« droits naturels et imprescriptibles de
l'homme »[677]. Commentant
l'interprétation soviétique du passage à
la société communiste, l'économiste
André Piettre écrit en 1966 : « on retrouve
là le rêve saint-simonien du
« gouvernement des hommes »
disparaissant dans « l'administration des
choses ». Reste à savoir si, dans cet
immense mécanisme social, l'homme lui-
même ne risque pas d'être traité comme
une chose ? »[678]. Pour le philosophe
André Comte-Sponville, le communisme,
en tant qu'idée, ne peut déboucher que
sur l'utopie ou sur le totalitarisme : les
deux seules options étant d'une part la
« niaiserie », d'autre part la
« dictature »[679].

e
Au siècle, la notion de communisme
ne se rapporte plus à une forme
théorique de société, mais à une réalité
politique concrète : les critiques visent
désormais des courants de pensée
distincts, et des régimes politiques
existants. Les régimes communistes ont
été critiqués en tant que systèmes
dictatoriaux, voire totalitaires, violant à
grande échelle les droits de l'homme,
réprimant toute forme d'opposition, et
surveillant la population suivant des
pratiques d'États policiers[680]. Dès la
Révolution d'Octobre, des critiques se
sont élevées, y compris à gauche, contre
les méthodes des bolcheviks : en 1920,
lors du congrès de Tours, Léon Blum
reproche au gouvernement de Lénine de
détourner la notion de dictature du
prolétariat pour en faire « une dictature
exercée par un parti centralisé, où toute
l'autorité remonte d'étage en étage et finit
par se concentrer entre les mains d'un
comité patent ou occulte » alors que la
dictature du prolétariat, chez Marx, est
conçue comme la « dictature d'une
classe » et non la « dictature de quelques
individus, connus ou inconnus »[681]. Pour
Milovan Djilas, le système de
gouvernement communiste ne peut
qu'être intrinsèquement totalitaire, car
reposant sur la domination sans partage
d'une nouvelle oligarchie qui mène une
« guerre civile » quotidienne contre sa
propre structure sociale et doit, pour
subsister, entretenir une militarisation de
la société[682]. Boris Souvarine qualifie en
1977 les régimes communistes de
« pires oppresseurs des peuples
désarmés » et dénonce l'imposture que
constitue leur référence à Marx ; il
souligne également la responsabilité
d'« une prétendue intelligentsia
européenne » qui « ne craint pas de
justifier les pires brutalités des
descendants de Staline et de Mao en se
référant à Marx, à Hegel ou à Freud, qui
n'en peuvent mais »[683].

Sur le plan idéologique, le marxisme-


léninisme est l'objet de critiques pour ses
aspects à la fois dogmatiques et
« pseudo-scientifiques » : l'historien
Nicholas Riasanovsky juge à cet égard
qu'outre son caractère de pseudo-
science, l'idéologie officielle de l'URSS et
ses autres régimes communistes
possède un caractère de pseudo-religion,
qui se présente comme une explication à
la fois « scientifique » et totalisante de la
réalité, tout en s'arrogeant le droit de
décréter ce qui est bien et ce qui est mal,
et présentant une vision de type religieux,
où le prolétariat joue le rôle du Messie, la
société sans classes celui du Paradis, le
Parti celui de l'Église, et les œuvres de
Marx, Engels, Lénine - et, jusqu'à une
certaine époque, Staline - celui des
Saintes Écritures[684]. Dans les années
1960, le marxologue Kostas
Papaïoannou souligne que le marxisme-
léninisme, malgré son dogmatisme
affiché, est paradoxalement devenu une
pensée singulièrement dépourvue de
contenu, au point de faire figure
d'« idéologie sans doctrine » et
d'« orthodoxie sans dogme », l'orthodoxie
en vigueur dans les pays communistes
n'étant plus définie que par les impératifs
idéologiques du moment et les
déviances qu'il s'agit de dénoncer : la
doctrine s'en trouve dès lors ramenée au
rang d'outil servant à dénoncer tel ou tel
adversaire, tandis que la théorie marxiste
elle-même est réduite à l'état de
« catéchisme primaire à l'usage des
agitateurs »[685].
Des intellectuels marxistes critiques de
l'URSS, comme Charles Bettelheim, ont
jugé que le maintien d'inégalités sociales
et la reproduction en tant que telle de la
classe bureaucratique aboutissaient à ce
que le « socialisme » de type soviétique
ne soit en réalité qu'une forme de
capitalisme d'État, où la classe sociale
dominante était constituée par une
bourgeoisie d'État. Selon ces critiques,
formulées dans le cadre d'une analyse de
type marxien, l'URSS ne pouvait
prétendre au titre de pays
socialiste[686],[687]. De manière plus
générale, le thème du contraste entre la
réalité des sociétés mises en place sous
les régimes communistes et l'idéal
égalitaire dont ils se réclament revient de
manière récurrente. Ainsi, un dicton
populaire de l'époque communiste en
Roumanie était que dans ce régime
« toutes les briques de l'édifice sont
théoriquement égales, mais
pratiquement celles d'en bas doivent
supporter le poids de celles d'en
haut »[688].

Le communisme stalinien est dénoncé


dans des romans comme La Ferme des
animaux et 1984 de George Orwell, Le
Zéro et l'Infini d'Arthur Koestler ou Vie et
Destin de Vassili Grossman[689].
Alexandre Zinoviev a pour sa part
critiqué la société communiste sur la
base de la vie quotidienne en URSS,
revendiquant « d'avoir observé la réalité
soviétique, d'avoir perçu comment le
communiste idéaliste était vaincu par le
communisme réel et d'en avoir conclu
que la société soviétique excluait tout
possibilité de créer le communisme
idéal ». Sans nier les progrès sociaux
dont des familles comme la sienne
avaient bénéficié en URSS, Zinoviev s'est
livré, dans des ouvrages comme Les
Hauteurs béantes, à une satire du
système soviétique[690]. Pour Zinoviev, le
« communisme réel » est, contrairement
à la théorie marxiste de disparition de
l'État, une « organisation générale de
toute la population du pays dans un
système de commandement et de
soumission » au sein d'un « Super-État »,
où tous les citoyens sont soumis au
système de pouvoir du Parti et de la
nomenklatura, qui s'accompagne d'un
« lavage de cerveau » permanent[691] : à
ses yeux, si le « communisme réel » est
bien une dictature dont le pouvoir émane
« par le haut », le système se différencie
du totalitarisme proprement dit en ce que
la violence y est également imposée
« par le bas », la population, bien que
mécontente de son sort, étant incapable
d'imaginer un autre système et percevant
le régime comme son milieu naturel[692].
Des restes du mur de Berlin.

Jacques Julliard pointe du doigt, au


moment de la chute de l'URSS, « les
pleureuses du communisme » qui
tendraient, au sein de la gauche, à en
regretter la disparition et à en excuser les
crimes au nom de l'idéal poursuivi, et
écrit : « le phénomène n'est toujours pas
entré dans nos esprits avec sa véritable
dimension. Quarante millions de morts. Il
y faut un peu d'imagination, car nous
manquons de références. Depuis le
commencement du monde, aucun
régime, aucune dynastie, aucun
monarque n'avait réussi pareille
performance. Même le nazisme qui, sur
la fin, fut pris par le temps. Histoire de
fixer les idées, constatons que le bilan
global du communisme, en matières de
massacres, cela fait environ vingt fois
Auschwitz. Quarante millions ! Combien
de victimes supplémentaires fallait-il aux
pleureuses du communisme pour qu'on
nous donne le droit d'applaudir à la chute
du bourreau ? »[693]. L'écrivain Vladimir
Volkoff parle pour sa part, en 1992, de
« quelque deux cent millions de morts »
imputables au communisme, et juge que
« jamais davantage de mal n'a été fait à
l'humanité par un groupe d'hommes se
voulant expressément solidaires les uns
des autres »[694].

Mémorial des victimes du communisme à Prague.

Les régimes communistes se voient


également reprocher l'échec de leurs
économies planifiées, qui n'ont jamais
réussi à résoudre leurs
dysfonctionnements : durant la guerre
froide, les organisations économiques
des pays communistes se sont traduites
par des phénomènes de pénurie et ont
contraint les travailleurs et les
consommateurs à pallier eux-mêmes aux
carences du système en usant de
méthodes qui relevaient de la
débrouillardise ou de l'économie
parallèle[590].

Une comparaison du communisme avec


le nazisme, sous l'angle des pratiques
dictatoriales des deux régimes —
l'Allemagne de Hitler et l'URSS de Staline
étant comparées en tant que régimes à
parti unique, gouvernés par un chef tout-
puissant[695] — a été pratiquée dès
l'entre-deux-guerres, le mot
« totalitarisme » ayant lui-même été
utilisé dès 1929 pour désigner
conjointement les régimes fasciste et
communiste[696]. La comparaison entre
communisme et nazisme, idéologies
s'étant violemment affrontées au cours
e
du siècle, a été, du fait de sa charge
politique, l'objet de vives polémiques à la
suite de son évocation par François Furet
dans Le Passé d'une illusion puis par
Stéphane Courtois dans Le Livre noir du
communisme[697]. L'historien Serge
Wolikow juge pour sa part que, s'agissant
de l'étude des pratiques autoritaires et
répressives, la comparaison des
idéologies fasciste et communiste « est
légitime à condition de ne pas l'entendre
comme une procédure qui sert à les
assimiler »[696]. Pour les chercheurs
Bruno Groppo et Bernard Pudal, « constat
d'évidence, les études comparatives sont
éminemment souhaitables. Elles peuvent
faire progresser sérieusement la
recherche. On remarque que dans la
période récente s'est affirmée une
tendance à comparer communisme et
nazisme, ou stalinisme et nazisme. Cette
tendance n'est pas nouvelle, et s'inscrit
au moins partiellement dans la filiation
de la théorie du totalitarisme, que ce soit
pour la revendiquer ou pour la rejeter.
L'intérêt principal de cette démarche est
probablement de faire profiter les études
sur le communisme des avancées
méthodologiques réalisées dans le
domaine des études sur le nazisme »[698].

Dès l'entre-deux-guerres, l'Église


catholique a fermement condamné le
communisme : dans l'encyclique Divini
Redemptoris, publiée le 19 mars 1937, le
pape Pie XI dénonce le communisme
comme « intrinsèquement pervers »,
estimant que « l'on ne peut admettre sur
aucun terrain la collaboration avec lui de
la part de quiconque veut sauver la
civilisation chrétienne »[699].

Dans plusieurs anciens pays du bloc de


l'Est, comme la Hongrie, la Lituanie,
l'Estonie et la Lettonie, l'usage des
symboles du communisme est
désormais puni par la
loi[700],[701],[702],[703],[704],[705].

Crimes de masse et violation


des droits de l'homme sous
les régimes communistes

Carte indiquant la localisation des principaux camps


du système concentrationnaire soviétique - puis du
Goulag - ayant existé en URSS entre 1923 et 1961.
La grande famine en URSS ; scène de rue à Kharkiv
durant l'« Holodomor » en Ukraine (1933).

Emblème de la Stasi, le service de renseignements


de la RDA.

Les régimes communistes se sont tous,


à des degrés très divers selon les pays et
les époques, signalés par des violations
des droits de l'homme et des pratiques
meurtrières, certains s'étant rendus
coupables de massacres à grande
échelle envers leurs opposants, voire
envers leurs populations. Les camps de
concentration comme, à diverses
époques, le Goulag soviétique, le Laogai
chinois ou le Kwanliso nord-coréen, ont
fait partie de l'arsenal répressif des pays
communistes. À une moindre échelle, la
prison de Pitești en Roumanie ou le
camp de concentration de Béléné en
Bulgarie sont restés dans les mémoires
pour leurs atrocités. Dès l'époque de la
fondation de la Russie soviétique, dirigée
par Lénine dans un contexte de guerre
civile et d'extrême violence, le Parti
communiste s'est arrogé le monopole du
pouvoir, tandis que la police politique (la
Tchéka, à laquelle ont succédé par la
suite le Guépéou, puis le NKVD et enfin le
KGB) devenait un organe de contrôle
absolu[706].

Le régime de bolcheviks a mené un


politique particulièrement meurtrière à
l'encontre de ses adversaires réels ou
supposés et des catégories sociales
jugées hostiles, de la Terreur rouge à la
décosaquisation et au développement
d'un système concentrationnaire[707],[708].
Le Goulag, la dékoulakisation et les
Grandes Purges se sont, sous Staline,
avérés nettement plus meurtriers[709].
Outre la répression des opposants
politiques et des « ennemis de classe »,
les religions ont également été
persécutées en URSS, les campagnes
antireligieuses atteignant des sommets à
l'époque stalinienne[710]. Les terribles
famines provoquées par les politiques de
collectivisation de Staline ont également
causé des millions de morts en URSS, au
point que l'Holodomor ukrainien est
souvent dénoncé - sans qu'aucun
consensus n'existe à ce sujet - comme
ayant été sciemment provoqué pour
soumettre une population jugée
rebelle[240].

Après-guerre, les régimes du bloc de


l'Est, gouvernés comme l'URSS selon un
système de parti unique de fait ou de
droit, se sont appuyés sur un système
d'espionnage de la population et de
pratiques policières arbitraires, via des
services secrets tout-puissants (Stasi en
RDA, Securitate en Roumanie,
etc)[680],[381] ; l'absence de libertés
publiques s'est également reproduite,
durant la guerre froide, dans les régimes
asiatiques[711],[712] et africains[713], ainsi
qu'à Cuba[513].

Si, après la déstalinisation, la répression


de l'opposition a été moins meurtrière en
URSS, la liberté d'expression a continué
d'y être sévèrement limitée. La critique
du système exposait ceux qui s'y
risquaient à diverses sanctions :
l'exclusion du Parti communiste pour
ceux qui en étaient membres, la perte de
leur emploi, voire l'incarcération, ou
d'autres formes de privation de liberté.
Ainsi, certains dissidents soviétiques,
bien que parfaitement sains d'esprit, ont
été déclarés fous et internés d'office
dans des hôpitaux psychiatriques[714].

Mémorial des victimes du communisme à Vidin


(Bulgarie).
En République populaire de Chine, le
Grand Bond en avant s'est traduit par un
désastre économique et humanitaire,
causant plusieurs dizaines de millions de
morts au cours de l'une des plus grandes
famines de l'histoire[715], tandis que la
Révolution culturelle s'est traduit par une
période d'abus à grande échelle,
détruisant la vie de millions de citoyens
chinois[716]. Le régime cambodgien des
Khmers rouges s'est lui aussi rendu
coupable de massacres de grande
ampleur, provoquant également des
famines par son impéritie et causant la
mort d'une proportion importante de la
population du pays. Pol Pot et Ieng Sary,
deux des principaux dirigeants khmers
rouges, ont été condamnés par
contumace pour « génocide » lors d'un
procès organisé par leurs ennemis
vietnamiens ; le terme de génocide,
couramment employé pour qualifier les
crimes du régime khmer rouge, n'est pas
reconnu au niveau international, mais le
qualificatif de crime contre l'humanité a
été repris dans le cadre du procès des
dirigeants chefs Khmers rouges.
« Douch », l'un des exécutants du régime,
a été condamné en 2012 pour crime
contre l'humanité[717],[519],[718], de même
que deux des anciens dirigeants Khmers
rouges, Nuon Chea et Khieu Samphân,
deux ans plus tard[719]. En novembre
2018, Nuon Chea et Khieu Samphân sont
à nouveau condamnés à la perpétuité,
cette fois pour génocide à l'encontre de
diverses minorités cambodgiennes parmi
lesquelles les communautés
vietnamienne et cham
musulmane[720],[721],[722]

Dans Le Livre noir du communisme,


l'historien Stéphane Courtois, cumulant
les exactions commises sous les
différents régimes communistes, les
famines provoquées par leurs politiques,
et les divers crimes liés aux mouvances
se réclamant de cette idéologie, avance,
pour le bilan humain du communisme, un
chiffre approximatif proche « la barre des
cent millions de morts »[723]. Ce chiffrage
a fait l'objet de nombreuses polémiques
et de critiques d'ordre méthodologique,
en ce qu'il additionne des éléments
provenant de régimes et de phénomènes
politiques très divers, s'étalant sur
plusieurs décennies[724]. Le chiffre de 85
millions de morts - évoqué sur le
bandeau du Livre noir du communisme, et
qui correspond à l'addition des 20
millions de victimes en URSS et de 65
millions en Chine, évoquées par
Stéphane Courtois - a été avancé en tant
que bilan des crimes du
communisme[725],[726]. Les auteurs de
l'ouvrage Le Siècle des communismes
contestent quant à eux le comptage des
victimes par le Livre noir du
communisme, considérant que le terme
de communisme recouvre un ensemble
bien trop varié de réalités politiques pour
faire l'objet d'un jugement unique et
collectif[727].

Stéphane Courtois estime que l'une des


raisons pour lesquelles la « dimension
criminelle du communisme » a
longtemps été occultée tient au fait que
l'Union soviétique a participé avec les
démocraties occidentales à la défaite du
nazisme. De fait, les communistes se
sont engagés dans toute l'Europe dans la
résistance au nazisme, et en ont payé le
prix du sang ; les résistants d'autres
convictions politiques, qui avaient créé
des liens de solidarité avec eux, n'ont pu,
de par la mémoire du combat commun,
se montrer trop critiques envers leurs
anciens frères d'armes une fois la guerre
finie. L'URSS elle-même profitait
pleinement de cette situation, et a
largement mis en avant sa contribution —
réelle, et la plus importante — à la défaite
du nazisme pour museler toute critique à
son égard. L'alibi de l'antifascisme a ainsi
permis au régime communiste soviétique
d'échapper aux critiques que les
démocrates auraient pu lui porter, sur sa
complicité initiale avec le régime hitlérien
lors du pacte germano-soviétique, ou
encore sur le massacre de Katyń ; lors du
procès de Nuremberg, aucun rappel n'est
fait des crimes commis durant la période
1939-41 par les Soviétiques, qui sont au
contraire les procureurs, avec les
puissances occidentales, des exactions
commises par leurs anciens alliés[728].

La résolution 1481 de l'Assemblée


parlementaire du Conseil de l'Europe,
datée du 25 janvier 2006 durant la
session d'hiver, « condamne avec force
les crimes des régimes communistes
totalitaires »[729]. En juin 2008, la
Déclaration de Prague sur la conscience
européenne et le communisme, signée
par un ensemble de personnalités
politiques et d'intellectuels, dont
d'anciens opposants au bloc de l'Est
comme Václav Havel et Joachim Gauck,
a appelé l'Europe à un plus grand travail
de mémoire sur les crimes du
communisme : le Parlement européen a
réagi en septembre de la même année en
faisant du 23 août - jour anniversaire de
la signature du pacte germano-soviétique
- la Journée européenne de
commémoration des victimes du
stalinisme et du nazisme, en mémoire
des victimes de tous les régimes
totalitaires et autoritaires[730]. Par
ailleurs, confirmant « la nécessité d'une
condamnation internationale des crimes
des régimes communistes totalitaires »,
le Parlement européen a voté le 2 avril
2009 une résolution condamnant
« fermement et sans réserve tous les
crimes contre l'humanité et les
innombrables violations des droits de
l'homme commis par tous les régimes
totalitaires et autoritaires »[731],[732],[733].
Le Cambodge a adopté, en juin 2013, une
loi punissant de deux ans de prison
« tout individu qui ne reconnaît pas, qui
minimise ou qui nie » les crimes des
Khmers rouges[734].

Historiographie
Statue de Lénine au musée du communisme à
Kozłówka (Pologne).

L'historiographie du communisme a
connu de nombreuses évolutions au fil
des décennies. L'histoire de la révolution
russe a donné lieu à des interprétations
conflictuelles, dont beaucoup ont, avant
la Seconde Guerre mondiale, servi des
démarches politiques, de justification ou
de glorification. Après-guerre, l'analyse
du phénomène communiste en tant que
réalité politique s'est faite couramment
en Occident sous l'angle du paradigme
totalitaire : cette approche a été en
concurrence, à partir des années 1970,
avec une école « révisionniste »
relativisant le caractère déterminé d'une
partie des phénomènes de terreur et
tendant à contester le lien de filiation
direct entre léninisme et stalinisme[735].
La réflexion sur le phénomène
communiste, et tout particulièrement sur
les dimensions totalitaires du
phénomène stalinien ainsi que sur ses
points communs avec le régime nazi, a
longtemps été freinée, en France, par
l'influence du PCF dans le monde
intellectuel[736].
L'historiographie du communisme a, de
manière générale, longtemps pâti du
manque de documentation, et de
l'existence de régimes communistes qui
bloquaient l'accès à leurs archives,
limitant la connaissance des politiques
internes, des prises de décision, des
responsabilités personnelles des
dirigeants et des phénomènes sociaux
au sein du monde communiste. Du fait
du contexte de la guerre froide, l'étude
des phénomènes communistes a été
handicapée par les attitudes
antagonistes - pro-communisme ou
anticommunisme - qui existaient jusque
dans le monde intellectuel. À l'étude du
communisme dans son ensemble s'est
par ailleurs superposée la discipline de la
soviétologie, soit le champ d'études
portant spécifiquement sur l'URSS. Du
fait des difficultés d'accès aux archives
et plus largement du contexte politique
international, des phénomènes
historiques de première importance,
comme la dramatique famine provoquée
par le Grand Bond en avant, n'ont été
connues qu'avec beaucoup de retard[737].
Dans une introduction, rédigée en 1966,
au troisième tome des Origines du
totalitarisme, Hannah Arendt souligne le
manque criant d'archives qui
permettraient de connaître de l'intérieur
avec précision le fonctionnement de
l'appareil d'État soviétique sous Staline.
Elle montre également une
méconnaissance — qui était alors la
norme en Occident — de la réalité du
régime chinois, en indiquant, alors que le
Grand Bond en avant ne datait que de
quelques années, l'absence de famines
et de crimes de très grande ampleur
dans l'histoire chinoise récente[738].

En URSS même, la période de la glasnost


a permis d'élargir la réflexion sur la
période stalinienne, mais également sur
l'époque de Lénine et sur le rôle
historique de ce dernier : le travail de
mémoire sur la période communiste est
cependant demeuré très inégal et soumis
aux intérêts politiques du moment, y
compris en Russie post-soviétique[586].
L'ouverture après 1989 des archives
soviétiques, et de celle des anciens pays
du bloc de l'Est a, malgré son caractère
inégal, ouvert de nouvelles dimensions
aux chercheurs. Elle a permis à ces
derniers d'avoir accès à une masse
colossale d'informations jusque-là
occultées, en apportant notamment des
informations plus précises sur les
phénomènes sociaux en URSS, les
processus de décision au sein du
pouvoir, les périodes de la guerre civile et
du stalinisme, et le nombre des victimes
durant ces périodes[739],[740],[741].
Les approches historiques continuent de
faire l'objet de controverses
méthodologiques. La parution en 1997
du Livre noir du communisme a été
accompagnée d'un vif débat, aussi bien
historiographique que politique, portant
tant sur l'approche choisie que sur la
teneur de certaines contributions[697]. Le
grand nombre d'ouvrages parus sur les
divers aspects du phénomène
communiste souligne la multiplicité des
approches possibles, dont aucune n'est
en position de revendiquer
l'exclusivité[735].

Voir aussi
Bibliographie

: document utilisé comme source pour


la rédaction de cet article.

Origines

Statue de Karl Marx à Karlovy Vary (République


tchèque).
Annie Kriegel, Les Internationales
ouvrières (1864-1943), Presses
universitaires de France, coll. « Que
sais-je ? », 1983
Bronisław Baczko, Les Imaginaires
sociaux : mémoires et espoirs collectifs,
Paris, Payot, 1984
Karl Marx et Friedrich Engels,
Manifeste du Parti communiste, 1847-
1848 (lire en ligne ).
Friedrich Engels, Socialisme utopique
et socialisme scientifique (lire en
ligne ), 1880
Maximilien Rubel, Karl Marx — Essai de
biographie intellectuelle, Paris, Marcel
Rivière, 1971
Pierre Manent, Naissance de la
politique moderne : Machiavel, Hobbes,
Rousseau, Payot, 1977
Friedrich Engels, L'Origine de la famille,
de la propriété privée et de l'État
Gérard Walter, Les Origines du
communisme (Judaïques - Chrétiennes
- Grecques - Latines), 1974, 359 p.
(ISBN 978-2228325202)
Jean Jaurès et Franck Fischbach
(préf. Adrien Veber), Les origines du
socialisme allemand, Toulouse, Ombres
blanches, coll. « Rue des gestes »,
1891 (réimpr. 2010), 156 p.
(ISBN 978-2-913-91104-8)
Annie Kriegel, Aux origines du
communisme français, Éditions
Mouton /École pratique des hautes
études-Sorbonne, 1964
Alain Besançon, Les Origines
intellectuelles du léninisme, Paris,
Gallimard, coll. « Tel » (no 270),
8 mars 1996 (1re éd. 1977), 384 p.
(ISBN 978-2-070-73622-5)

Courants de pensée
Monument à Lénine, à La Havane (Cuba).

Dominique Colas, Lénine et le


léninisme, Presses universitaires de
France, 1987 (ISBN 978-2130414469)

Henri Lefebvre, Le Marxisme, Presses


universitaires de France, collection Que
sais-je ?, 1948
André Piettre, Marx et marxisme,
Presses universitaires de France, 1966
(ISBN 978-2130329961).
Georges Labica (directeur) et Gérard
Bensussan (directeur), Dictionnaire
critique du marxisme, Presses
universitaires de France, 1985
(ISBN 978-2130387398)
Lucio Colletti, Le Déclin du marxisme,
Paris, PUF, 1984
Michel Winock, Le Socialisme en
France et en Europe, Seuil, 1992
(ISBN 978-2020146586)
Christophe Bourseiller, Les Maoïstes :
La folle histoire des gardes rouges
français, Plon, 2008
(ISBN 978-2757805077)
Christophe Bourseiller, À gauche,
toute ! : Trotskistes, néo-staliniens,
libertaires, « ultra-gauche »,
situationnistes, altermondialistes…,
CNRS éditions, 2009, p. 978-
2271068477
Philippe Raynaud, L'Extrême gauche
plurielle : Entre démocratie radicale et
révolution, Perrin, 2010
(ISBN 978-2262029326)
Daniel Bensaïd, Les Trotskismes,
Presses universitaires de France,
coll. « Que sais-je ? », 2002
(ISBN 978-2130525448).
Christophe Nick, Les Trotskistes,
Fayard, 2002
(ISBN 978-2213611556).
Raymond Aron, Marxismes imaginaires,
Paris, Gallimard, 1970
(ISBN 978-2070404919)
Pierre Broué, Communistes contre
Staline, Paris, Fayard, 2003
(ISBN 978-2213615448)

Théories et essais

Karl Marx, Manuscrits de 1844, Paris,


Flammarion, coll. « Garnier
Flammarion », 4 janvier 1999, 243 p.
(ISBN 978-2-08-070789-5)
Karl Marx et Friedrich Engels, Le
Capital (3 volumes), 1867, 1885 et
1894
Eduard Bernstein, Cromwell and
Communism: Socialism and Democracy
in the Great English Revolution, Paris,
Routledge, 25 septembre 1964, 287 p.
Pierre Kropotkine, La Conquête du pain,
1892 (texte sur Wikisource)
Vladimir Ilitch Lénine, Que faire ?, 1902
Vladimir Ilitch Lénine, L'État et la
Révolution, Gonthier, 1917 (édition de
1964)
Nikolaï Boukharine, L'ABC du
communisme (première partie), Les
Nuits rouges, 1919 (édition de 2007)
Antonio Gramsci, Cahiers de prison (5
volumes), Gallimard, Bibliothèque de
Philosophie, 1996,
(ISBN 978-2070731978)
Mao Zedong, Citations du Président
Mao Zedong, 1964
Louis Althusser, Pour Marx, Maspero,
coll. « Théorie », 1965
Raymond Aron, Introduction à la
philosophie politique. Démocratie et
révolution, Paris, Éditions de Fallois,
1997 (ISBN 978-2253905363) (cours
de l'ENA, 1952)
Kostas Papaïoannou, L'Idéologie
froide : essai sur le dépérissement du
marxisme, Jean-Jacques Pauvert, 1967
(ISBN 978-2910386337)
Alexandre Zinoviev, Le Communisme
comme réalité, éditions L'Âge
d'Homme, coll. « Lausanne », 1981
(ISBN 978-2253032410)
Alain Besançon, Le Malheur du siècle :
sur le communisme, le nazisme et
l'unicité de la Shoah, Fayard, 1998
(ISBN 978-2262022969)
Stéphane Courtois, Communisme et
totalitarisme, Perrin, 2009
(ISBN 978-2221095003)
Svetlana Alexievitch, La fin de l'homme
rouge ou le temps du désenchantement,
Actes Sud, 2013
(ISBN 978-2330023478)
Georges Ripka, Vivre savant sous le
Communisme, Belin, 2011
(ISBN 978-2701130538)
Panaït Istrati, Boris Souvarine et Victor
Serge, Vers l'autre flamme, confessions
pour vaincus, 1929
(ISBN 978-2070324125)

Histoire générale

Sculpture monumentale représentant le jeune Mao, à


Changsha (Chine).
(en) Archie Brown, The Rise and fall of
communism, Vintage Books, 2009
(ISBN 978-1845950675).
Collectif, Le Livre noir du communisme,
Paris, Robert Laffont, 1997
(ISBN 978-2266191876)
Stéphane Courtois (dir.), Du passé
faisons table rase ! — Histoire et
mémoire du communisme en Europe,
Robert Laffont, 2002
(ISBN 978-2266135993)
(en) Robert Service, Comrades :
Communism : a World History, Pan
Books, 2007 (ISBN 978-0330439688)
François Furet, Le Passé d'une illusion :
Essai sur l'idée du communisme au
e
siècle, Robert Laffont, 1995
(ISBN 978-2221071366).
Alexandre Adler, Le Communisme,
Paris, Presses universitaires de France,
coll. « Que sais-je ? », 2001
(ISBN 978-2130514510)
(en) David Priestland, The Red Flag :
Communism and the making of the
modern world, Allen Lane / Penguin
Books, 2009 (ISBN 978-0802145123)
Collectif, Le Siècle des communismes,
Paris, Éditions ouvrières / Éditions de
l'Atelier, 2004 (ISBN 978-2757811061)

Stéphane Courtois (directeur),


Dictionnaire du communisme, Paris,
Larousse, 2007
(ISBN 978-2035837820)
Romain Ducoulombier, De Lénine à
Castro : Idées reçues sur un siècle de
communisme, Le Cavalier bleu, 2011
(ISBN 978-2846703802)
Romain Ducoulombier, Histoire du
communisme, Presses universitaires
de France, coll. « Que sais-je ? », 2014
(ISBN 978-2130626121)
Jacques Droz (directeur), Histoire
générale du socialisme, tome 1 : des
origines à 1875, Presses universitaires
de France, 1972
(ISBN 978-2130361503)
Jacques Droz (directeur), Histoire
générale du socialisme, tome 2 : de
1875 à 1918, Presses universitaires de
France, 1974 (ISBN 978-2130363699)

Jacques Droz (directeur), Histoire


générale du socialisme, tome 3 : de
1918 à 1945, Presses universitaires de
France, 1977 (ISBN 978-2130348757)

Jacques Droz (directeur), Histoire


générale du socialisme, tome 4 : de
1945 à nos jours, Presses
universitaires de France, 1978
(ISBN 978-2130353683)
Georges-Henri Soutou, La Guerre froide
1943-1990, Librairie Arthème Fayard /
Pluriel, 2010 (ISBN 978-2818501276)
Robert Harvey, Comrades : The Rise
and fall of World Communism, John
Murray, 2003 (ISBN 978-0719561474)
Jean Vigreux (dir.), Serge Wolikow (dir.)
et al., Cultures communistes au
e
siècle : Entre guerre et modernité,
Paris, La Dispute, 2003
(ISBN 978-2843030673)
Le Communisme (Anthologie), Éditions
Entremonde, coll. « Lausanne », 2009
(ISBN 978-2-940426-00-3)
[Berg 2003] (en) Axel van den Berg, The
Immanent Utopia : From Marxism on
the State to the State of Marxism, New
Brunswick, Transaction Publishers,
2003 (ISBN 978-0765805171)
Moshe Lewin, Le Siècle Soviétique,
Fayard, 2003 (ISBN 978-2213611075)
Ernst Nolte, La Guerre civile
européenne : National-socialisme et
bolchevisme 1917-1945, Perrin, 2011
(ISBN 978-2262034580)
Eric Hobsbawm, L'Âge des extrêmes :
e
Histoire du court siècle, Complexe,
1999 (ISBN 978-2870277454)
José Gotovitch, Pascal Delwit et Jean-
Michel De Waele, L'Europe des
communistes, Complexe, 1992
(ISBN 978-2870274675)
Karel Bartošek, Les Aveux des archives
— Prague-Paris-Prague, 1948-1968,
Fayard, coll. « Archives du
communisme », 1996
(ISBN 978-2020253857)
Georges Vidal, Histoire des
e
communismes au siècle, Paris,
éditions Ellipses, 2013, 368 p.
Thierry Wolton, Histoire mondiale du
communisme, tome 1 : Les bourreaux,
Grasset, 2015 (ISBN 978-2246732211)
Thierry Wolton, Histoire mondiale du
communisme, tome 2 : Les victimes,
Grasset, 2015 (ISBN 978-2246804246)

Histoires nationales
Armoiries de la République démocratique allemande
de 1953 à 1989.

Manifestation du Parti communiste d'Inde (marxiste),


au Kerala, en 2005.
Meeting de Lutte ouvrière à Paris, en 2008.

(en) Orlando Figes, A People's tragedy :


the Russian revolution 1891-1924,
Penguin Books, 1998
(ISBN 978-0712673273)
John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le
monde, Éditions sociales, 1986
(ISBN 2-2090-5494-X)
(ISBN 978-2-2090-5494-7) - (Ten Days
that Shook the World), 1919
(en) Richard Pipes, The Russian
revolution, Vintage, 1991
(ISBN 978-0679736608)
(en) Sheila Fitzpatrick, The Russian
Revolution, Oxford University Press,
2008 (ISBN 978-0199237678)
Nicolas Werth, Histoire de l'Union
soviétique, Presses universitaires de
France, 2004 (ISBN 978-2130561200)

Andrea Graziosi, Histoire de l'URSS,


Presses universitaires de France, 2010
(ISBN 978-2130518136)
Roy Medvedev, Le Stalinisme : origines,
histoire, conséquences, Seuil, 1972
(ISBN 2226008489)
(en) Robert Conquest, The Great Terror:
A Reassessment, Pimlico, 2008
(ISBN 978-1845951443)
Martin Malia, La Tragédie soviétique.
Histoire du socialisme en Russie, 1917-
1991, Seuil, 1995
(ISBN 978-2020362832)
François Fejtö, Histoire des
démocraties populaires, tome 1 : l'ère de
Staline, Seuil, 1952
(ISBN 978-2020144438)
François Fejtö, Histoire des
démocraties populaires, tome 2 : après
Staline, Seuil, 1972
(ISBN 978-2020144445)
François Fejtö et Ewa Kulesza-
Mietkowski, La fin des démocraties
populaires, Seuil, 1992
(ISBN 978-2020311854)
Marc Ferro, Naissance et effondrement
du régime communiste en Russie,
Librairie générale française, 1997
(ISBN 978-2253905387)
Jean-François Soulet, Histoire
comparée des États communistes de
1945 à nos jours, Armand Colin,
coll. « U », 1996
(ISBN 978-2200014650).
Jean-Luc Domenach et Philippe Richer,
La Chine, tome 1, 1949-1971, Seuil,
coll. « Points Histoire », 1987
(ISBN 978-2020198950).
Jean-Luc Domenach et Philippe Richer,
La Chine, tome 2, de 1971 à nos jours,
Seuil, coll. « Points Histoire », 1995
(ISBN 978-2020218269).
(en) Ezra F. Vogel, Deng Xiaoping and
the Transformation of China, Belknap
Press, 2013
Guy Hermet, La Guerre d'Espagne,
Seuil, 1989 (ISBN 978-2020106467).
Antony Beevor, La Guerre d'Espagne,
Calmann-Lévy, 2006
(ISBN 978-2253120926).
John King Fairbank, La Grande
révolution chinoise 1800-1989,
Flammarion, 1989
(ISBN 978-2081245501).
Jacques Dalloz, La Guerre d'Indochine
1945-1954, Seuil, 1987
(ISBN 978-2020094832).
Pierre Vayssière, Les révolutions
d'Amérique latine, Seuil, 2001
(ISBN 978-2020528863).
Stéphane Courtois et Marc Lazar,
Histoire du Parti communiste français,
Presses universitaires de France, 1993
(ISBN 978-2130510635).
Jeannine Verdès-Leroux, La Foi des
vaincus. Les « révolutionnaires »
français de 1945 à 2005, Fayard, 2005
(ISBN 2-213-62281-7)
(it) Simona Colarizi, Storia del
Novecento italiano : Cent'anni di
entusiasmo, di paure, di speranze, BUR
Rizzoli, 2000 (ISBN 978-8817118767)

(en) Hugh Thomas, Cuba : a History,


Penguin Books, 2001
(ISBN 978-0141034508)
Laurent Cesari, L'Indochine en guerres,
1945-1993, Belin, 1995
(ISBN 978-2701114057)
Ben Kiernan, Le Génocide au
Cambodge 1975-1979 — Race, idéologie
et pouvoir, Gallimard, 1998
(ISBN 978-2070747016)
Marina Anca, Quand la chenille devient
papillon ou La dictature roumaine vue
par une adolescente libre, Editions
auteurs d'aujourd'hui, 2013
Biographies

Hélène Carrère d'Encausse, Lénine,


Fayard, 1998 (ISBN 978-2213601625)

Boris Souvarine, Staline : Aperçu


historique du bolchévisme, Gérard
Lebovici, 1985 (ISBN 978-2851840769)

(en) Robert Service, Lenin : a biography,


Pan Books, 2000
(ISBN 978-0330518383)
(en) Robert Service, Stalin : a biography,
Pan Books, 2004
(ISBN 978-0330518376)
(en) Robert Service, Trotski : a
biography, Pan Books, 2009
(ISBN 978-0330439695)
Jean-Jacques Marie, Lénine, Balland,
2004 (ISBN 978-2715814882)
Ross Terrill, Mao: A Biography, Stanford
University Press, 2000
(ISBN 978-0804729215)
Jung Chang et Jon Halliday, Mao.
L'histoire inconnue, Gallimard, 2005
(ISBN 978-2070775057)
Francis Wheen et Roland Desné, Karl
Marx : Biographie inattendue, Calmann-
Lévy, 2003 (ISBN 978-2702133606)
Tristram Hunt, Engels, Le gentleman
révolutionnaire, Flammarion, 2009
(ISBN 978-2-08-122481-0).
Pierre Broué, Trotsky, Fayard, 1988
(ISBN 2-213-02212-7)
Isaac Deutscher, Trotsky t. 1 Le
prophète armé, 1879-1921, Éd.
Omnibus, 1996 (1re éd. : 1954)
(ISBN 2-0000-2288-X)
Isaac Deutscher, Trotsky t. 2 Le
prophète désarmé, 1921-1929, éd.
Omnibus, 1996 (1re éd. : 1959)
(ISBN 2-0000-2289-8)
Isaac Deutscher, Trotsky t. 3 Le
prophète hors-la-loi, 1929-1940, éd. 10-
18, 1998 (1re éd. : 1963)
(ISBN 2-2640-0288-3)
Jean-Jacques Marie, Trotsky :
Révolutionnaire sans frontières, Payot,
Paris, 2006 (ISBN 2-2289-0038-9)
François Kersaudy, Staline, Perrin,
2012, (ISBN 978-2262038670)

Articles

Jacques Grandjonc, « Quelques dates


à propos des termes communiste et
communisme », Mots, no 7,
octobre 1983, p. 143-148 (lire en
ligne )
Erich Mathias, « Idéologie et pratique :
le faux débat Bernstein-Kautsky »,
Annales — Économie, Société,
Civilisations, no 1, 1964, p. 19-30 (lire
en ligne )
Michel Christian et Emmanuel Droit,
Écrire l’histoire du communisme :
l’histoire sociale de la RDA et de la
Pologne communiste en Allemagne, en
Pologne et en France , Genèses 4/2005
(no 61), p. 118-133
[D'Hondt 1989] Jacques d'Hondt, « Le
meurtre de l'histoire », dans Jean-
François Courtine (dir.), Hölderlin,
Paris, L'Herne, 1989, p. 219-238

Articles connexes

Affiche de propagande soviétique (1940).


Statues de Lénine et Staline à Leipzig (RDA).

La tour du Juche à Pyongyang (Corée du Nord).


A travailleur Campagn
s e des
Anarcho- Cent
B
communi fleurs
sme Biens Capitalis
Anticom commun me d'État
munisme s
Capitalis
Architect Bloc de me
ure l'Est monopoli
stalinienn Bolchevik ste d'État
e s Castrism
Associati Bordiguis e
on me Centralis
internatio C me
nale des démocrat
ique
Chute Collectivi Communi
des sme sme de
régimes Collectivi conseils
communi sme Communi
stes en économiq sme
Europe ue primitif
Classe Collectivi Comparai
sociale sme son entre
Collectivi politique le
sation Commiss nazisme
Collectivi aire et le
sation en politique communi
Union sme
Communi
soviétiqu sme Conféren
e chrétien ces
mondiale
s des Crise des des
Partis missiles Cochons
communi de Cuba De
stes Critique chacun
Conseil du selon ses
ouvrier, capitalis facultés,
soviet me à chacun
Coup de Critiques selon ses
Prague du besoins

Crimes communi Décosaq


du régime sme uisation
khmer D Dékoulaki
rouge sation
Débarque
Crise des Démocrat
ment de
euromissi ie
la baie
les populaire
Déstalinis Économie Eurocom
ation de l'URSS munisme
Dictature Économie Extrême
du de la gauche
prolétaria républiqu F
t e
Dirigisme populaire Famines
de Chine soviétiqu
Déstalinis
Économie es de
ation
marxiste 1931-
Doctrine
1933
Brejnev Économie
planifiée Faucille
Doctrine
et
Jdanov État
marteau
communi
Drapeau
ste Forces
rouge
productiv
Étatisme
E
es Goulag Guerre du
Front de Grand Viêt Nam
l'Est Bond en Guerre
(Seconde avant froide
Guerre Grande H
mondiale famine en
) Chine Histoire
de
G Grandes
l'anarchis
Purges
Gauche me
Guerre
Gauche Histoire
civile
communi de l'URSS
chinoise
ste sous
Guerre
Gauchis Staline
civile
me Histoire
russe
Glasnost du
communi Insurrecti J
sme on de juin
Jdanovis
Hoxhaïs 1953 en
me
me Allemagn
artistique
e de l'Est
Humanis
Juche
me- L'Internati
marxiste onale K

I Internatio
Kolkhoze
nale
Kominfor
Infrastruc communi
m
ture et ste
superstru L
Internatio
cture nale Laogai
Insurrecti communi
Léninism
on de ste
e
Budapest ouvrière
Ligue des Maoïsme n
communi Mao- Mouveme
stes spontex nt
Livre noir Marxisme autonom
du e
Marxisme
communi Mouveme
-
sme (Le) nt
léninisme
Longue communi
Matérialis
Marche ste
me
Lutte des internatio
historique
classes nal
Matérialis
Luxembur Mouveme
me
gisme nt ouvrier
dialectiqu
Lyssenkis e Moyens
me de
Mode de
M productio
productio Nouvelle Partis
n détente communi
Mur de O stes dans
Berlin le monde
Opéraïsm Perestroï
N
e ka
National- Oppositio Phase
bolchevis n supérieur
me communi e de la
Nationali ste société
sation internatio communi
nale ste
Néocom
munisme P Planificati
Néo- on
Pacte de
Stalinism économiq
Varsovie
e ue
Post- par Réalisme
communi l'URSS socialiste
sme Propriété soviétiqu
Printemp e
Propriété
s de collective Révolte
Prague de
Q
Procès de Kronstadt
Moscou Quatrièm Révolte
Procès de e de
Prague Internatio Tambov
nale Révolutio
Procès
des seize R n

Projet Révolutio
Rapports
d'invasion n
de
de la communi
productio
France ste
n
Révolutio roumaine Social-
n cubaine de 1989 démocrat
Révolutio Révolutio ie
n n russe Socialisat
culturelle Rock ion des
Révolutio communi biens
n de ste Socialism
velours Rupture e
Révolutio Tito- Socialism
n Staline e à visage
d'Octobre S humain
Révolutio Socialism
n Siècle des e d'État
mondiale communi
Socialism
smes (Le)
Révolutio e
n
scientifiq Syndicali Titisme
ue sme Totalitaris
Société T me
communi Troisième
ste Terreur
camp
rouge
Société Trotskism
(Espagne
sans e
)
classes
Terreur U
Soulèvem
rouge
ent de Ultragauc
(Russie)
Poznań he
en 1956 Théoricie
Union
ns du
Soviet communi
communi
Stalinism ste
sme
e (groupe)

Liens externes
Communisme sur l'encyclopédie en
ligne Larousse
Archives Internet des anarchistes sur
le communisme
L'archive Internet des marxistes
Karl Marx et Friedrich Engels, LA
SOCIÉTÉ COMMUNISTE. Introduction,
traduction et notes de Roger
Dangeville, 1979. En accès libre dans
Les Classiques des sciences sociales.

Références
1. Le 1er novembre 1918, Martyn Latsis,
définit, dans le journal La Terreur rouge du
1er novembre 1918, les tâches de cette
police politique : « La Commission
extraordinaire n'est ni une commission
d'enquête, ni un tribunal. C'est un organe
de combat dont l'action se situe sur le
front intérieur de la guerre civile. Il ne juge
pas l’ennemi : il le frappe. Nous ne faisons
pas la guerre contre des personnes en
particulier. Nous exterminons la
bourgeoisie comme classe. Ne cherchez
pas, dans l'enquête, des documents et des
preuves sur ce que l'accusé a fait, en acte
et en paroles, contre le pouvoir soviétique.
La première question que vous devez lui
poser, c'est à quelle classe il appartient,
quelle est son origine, son éducation, son
instruction et sa profession. Ce sont ces
questions qui doivent décider de son sort.
Voilà la signification et l'essence de la
Terreur rouge ». Cité par Viktor Tchernov
dans Tche-Ka, ed. E. Pierremont, p. 20 et
par Sergueï Melgounov, La Terreur rouge
en Russie, 1918-1924, éditions des Syrtes,
2004, (ISBN 2-84545-100-8).
2. Le Siècle des communismes 2004, p. 9-
19
3. Denis Berger et Loïc Rignol, article
Communismes, in Michèle Riot-Sarcey,
Thomas Bouchet et Antoine Picon (dir.),
Dictionnaire des utopies, Larousse, 2002,
pages 53-58.
4. Ducoulombier 2011, p. 11
5. Furet 1995, p. 572
6. Communisme , définition sur
Larousse.fr
7. Définition communisme, Grand
Dictionnaire Encyclopédique de la langue
française, éditions de la Connaissance,
1996
8. Ducoulombier 2011, p. 20-22
9. André Lalande, Vocabulaire technique
et critique de la philosophie, Presses
universitaires de France, édition de 2010,
pages 152-153
10. Platon, La République, 457b-458b,
p. 212
11. Gérard Duménil, Michael Löwy,
Emmanuel Renault, Les 100 mots du
marxisme, Presses universitaires de
France, 2009, pages 32-34
12. Piettre 1966, p. 30
13. Gérald Berthoud et Giovanni Busino,
Paroles reçues : du bon usage des
sciences sociales, Genève Suisse, Droz,
coll. « Travaux de sciences sociales »
(no 189), 2000, 432 p.
(ISBN 978-2-600-00453-4)
14. L'Homme selon la science, son passé,
son avenir (1869), Ludwig Büchner (trad.
Letourneau), éd. Reinwald, 1885, p. 224
15. Jules Guesde juge ainsi que les
marxistes se posent en « double qualité
de communistes — comme but — et de
collectivistes — comme moyen — »; cf «
Une formule prétendue communiste »,
L'Égalité, 1882. Il écrit également que « le
collectivisme ne se distingue pas du
communisme scientifique, tel qu'il est
sorti de la critique maîtresse de Karl Marx.
Si cette appellation a prévalu en France,
c’est que, pour les besoins de notre
propagande, il y avait lieu de nous
distinguer des divers systèmes
communistes qui, forgés de toutes pièces
par des hommes de plus ou moins bonne
volonté ou de génie, versaient tous dans
l’utopie » ; cf Le collectivisme , 7 mars
1894. Ainsi, peu après la Commune de
Paris en 1871, certains marxistes se sont
désignés comme « collectivistes » et la
majorité des anarchistes comme
« communistes », du fait que le premier
courant visait la création d'un État dirigé
par les travailleurs et la collectivisation
comme outil de transition, au contraire du
second qui voulait utiliser directement des
moyens libres et autonomes pour
atteindre le but recherché. Le Français
Paul Lafargue estime quant à lui que le
terme de « Collectivisme est un mauvais
synonyme belge pour communisme. Le
communisme a un passé historique et a
eu pour représentants au début du siècle
Owen et Fourier. En 1847, Marx et Engels
ont publié le Manifeste communiste,
document incomparable au XIXe siècle…
Enfin, le mot ne fait en rien l'affaire si nous
propageons les idées du communisme. » ;
cf In Jacques Macé, Paul et Laura
Lafargue — Du droit à la paresse au droit
de choisir sa mort, éd. l'Harmattan, 220 p.,
2001, p. 74.
16. Service 2007, p. 64
17. Lénine 1917, p. 112
18. Vladimir Ilitch Lénine, in Anarchisme et
modernité (recueil de textes), Éditions
sociales, 1958, 10/18, pages 389-390
19. Service 2007, p. 107-108
20. Courtois 2007, p. 209-212
21. Courtois 2007, p. 87-88
22. Daniel Guérin, Pour le communisme
libertaire, Spartacus, 2003, page 168
23. Droz 1972, p. 390-395
24. CABET ÉTIENNE (1788-1856) ,
Encyclopædia Universalis
25. Étienne Cabet, Réalisation de la
communauté d’Icarie, 1847, page 36
26. Friedrich Engels, Description de
colonies communistes surgies ces
derniers temps et encore existantes
(1845), texte sur marxists.org
27. Olivier Meuwly, Anarchisme et
modernité : essai politico-historique sur
les pensées anarchistes et leurs
répercussions sur la vie sociale et
politique actuelle, Lausanne Paris, l'Âge
d'homme, 1998, 223 p.
(ISBN 978-2-825-11091-1,
OCLC 468157615), p. 85-87, 207
28. Christian Dupuy et André Encrevé,
Saint-Junien, un bastion anarchiste en
Haute-Vienne (1893-1923), Presses
Universitaires de Limoges et du Limousin,
2003, page 195
29. Présentation de l'éditeur, in Pierre
Kropotkine, L'État, son rôle historique : Et
autres textes, Le Flibustier, 2009, page 12
30. Leszek Kołakowski, Main currents of
marxism, W.W. Norton & Company, édition
intégrale de 2005, pages 254-256
31. Dmitri Georges Lavroff, Les grandes
étapes de la pensée politique, Paris,
Dalloz, coll. « Précis Dalloz », 1993, 499 p.
(ISBN 978-2-247-01471-2,
OCLC 77249321), p. 446-447
32. Karl Marx et Friedrich Engels,
Manifeste du parti Communiste, Paris,
Editions Mille et une Nuits, 1994
(ISBN 978-2-910-23353-2), p. 43
33. Piettre 1966, p. 79-91
34. Jules Guesde, L'Apôtre et la loi, Claude
Willard, les Éditions ouvrières, coll. La part
des hommes, 1991
(ISBN 978-2-7082-2889-4), p. 70
35. Maurice Barbier, La pensée politique
de Karl Marx, Paris, L'Harmattan, 1992,
447 p. (ISBN 978-2-738-41527-1,
OCLC 398018625), p. 168
36. Lénine 1917, p. 18-21
37. Lénine 1917, p. 101-103
38. Boukharine 1919, p. 76-77
39. Boukharine 1919, p. 122
40. Piettre 1966, p. 83-84
41. Boukharine 1919, p. 80-81
42. Lénine 1917, p. 110
43. Boukharine 1919, p. 68-70
44. Aron 1997, p. 146-148
45. Aron 1997, p. 151-155
46. Labica et Bensussan 1985, p. 728
47. Labica et Bensussan 1985, p. 729
48. Courtois 2007, p. 515
49. Colas 1987, p. 32-33
50. Courtois 2007, p. 481-483
51. Aron 1997, p. 166-170
52. Colas 1987, p. 13-31
53. James D. Young, Socialism Since
1889: A Biographical History, Barnes &
Noble, 1988, page 101
54. Brown 2009, p. 107-108
55. Colas 1987, p. 39-42
56. Labica et Bensussan 1985, p. 650
57. ACADEMIE DES SCIENCES DE
L'U.R.S.S. INSTITUT D'ECONOMIE,
MANUEL D'ECONOMIE POLITIQUE, Paris,
Edition électronique réalisée par Vincent
Gouysse à partir de l’ouvrage publié en
mars 1956 aux Editions Sociales, Paris.
Texte conforme à la 2e édition de 1955.,
1956, 442 p. (lire en ligne ), Une condition
essentielle de la reproduction socialiste
est l'établissement d'un juste rapport entre
les sections I et II de la production sociale,
le rôle déterminant dans toute l'économie
appartenant à la section I, qui fournit les
moyens de production. Sans
développement prioritaire de la production
des moyens de production, la reproduction
élargie est impossible. Pour élargir la
production (« accumuler » au sens absolu
du mot), il est nécessaire de produire
d'abord des moyens de production; il faut
donc, pour cela, élargir la section de la
production sociale qui fournit les moyens
de production. (V. LENINE : Pour
caractériser le romantisme économique,
p. 31, Editions en langues étrangères,
Moscou, 1954.) Lénine indiquait que le
développement prioritaire de la production
des moyens de production par rapport à
celle des biens de consommation, lors de
la reproduction élargie, est une loi
économique. La loi du développement
prioritaire de la production des moyens de
production acquiert en régime socialiste
une importance plus grande encore qu'en
régime capitaliste. Le développement plus
rapide de la section I que de la section II
est la condition nécessaire de l'essor
ininterrompu de la production socialiste
sur la base d'une technique
supérieure(p.380-381)
58. Karl Marx, Le Capital. Critique de
l’économie politique. Livre deuxième,
Paris, Une édition électronique réalisée à
partir du livre de Karl Marx (1867).V. Giard
et E. Brière, livraires-éditeurs, 1900, 592 p.
(lire en ligne ), "Pour assurer la marche
normale des entreprises, l'accumulation
doit être plus rapide dans la [section] 2
que dans [section] 1; sans cela la partie
[section] 1(v + pl) qui est échanger contre
[section ]2(c) augmenterait plus vite que
[section] 2(c)."(le Capital livre 2, p.571-
572) NDLR: Section 2 : production
d'articles de consommation Section 1:
production de moyens de production v:
salaires pl: plus-values c: capital constant
59. Colas 1987, p. 105-113
60. Aron 1997, p. 196
61. Courtois 2007, p. 348
62. Brigitte Studer, Totalitarisme et
stalinisme, in Le Siècle des communismes
2004, p. 36
63. Steve S. K. Chin, The thought of Mao
Tse-Tung: form and content, université de
Hong Kong, Centre of Asian Studies, 1979,
pages 89-91
64. James Salibur O'Donnell, A coming of
age: Albania under Enver Hoxha, East
European Monographs, 1999, page 31
65. Courtois 2007, p. 581-582
66. Labica et Bensussan 1985, p. 1181-
1184
67. Courtois 2007, p. 382-383
68. Courtois 2007, p. 103-104
69. Priestland 2009, p. 318-321
70. Labica et Bensussan 1985, p. 1151-
1154
71. Guigou J. Wajnsztejn, L'individu et la
communauté humaine : Anthologie de
textes de Temps critiques, l'Harmattan,
1998, p. 71-72
72. Vladimiro Satta, I nemici della
Repubblica, Rizzoli, 2016, pages 27-30
73. Andrew C. Janos, East Central Europe
in the Modern World The Politics of the
Borderlands from Pre- to
Postcommunism, Stanford University
Press, 2000, pages 283-284
74. Courtois 2007, p. 332
75. Colas 1987, p. 113-114
76. Priestland 2009, p. 208-209
77. Labica et Bensussan 1985, p. 157-159
78. Jacques Wajnsztejn, Après la
révolution du capital, l'Harmattan, 2007,
pages 81-89
79. Labica et Bensussan 1985, p. 681-683
80. Christophe Bourseiller, À gauche,
toute ! : Trotskistes, néo-staliniens,
libertaires, « ultra-gauche »,
situationnistes, altermondialistes…, CNRS
éditions, 2009, pages 143-144
81. Courtois 2007, p. 282
82. Brown 2009, p. 464-468
83. Brown 2009, p. 101-109
84. Brown 2009, p. 58, 388
85. Les régimes marxistes contemporains,
Communisme no 14, 1990
86. Antony Todorov, À l'Est, tentatives de
réformes, échec, effondrement, Le Siècle
des communismes 2004, p. 447-449
87. Brown 2009, p. 55
88. Maurice Barbier 1992, p. 263-264
89. Aron 1997, p. 181-185
90. Soulet 1996, p. 56-81
91. Tony Cliff (trad. Jacques Fournier,
postface Chris Harman), Le capitalisme
d'État en URSS : de Staline à Gorbatchev
[« State capitalism in Russia. »], Paris,
Études et documentation internationales,
1990, 303 p. (ISBN 978-2-851-39095-0)
92. Winock 1992, p. 64-65
93. Figes 1998, p. 550, 770
94. Soulet 1996, p. 169-170
95. Serge Wolikow, Antony Todorov,
L'Expansion européenne d'après-guerre, in
Le Siècle des communismes 2004, p. 332
96. Droz 1972, p. 55-71
97. Service 2007, p. 14-15
98. Brown 2009, p. 13-14
99. Droz 1972, p. 85-87
100. Droz 1972, p. 89
101. Winock 1992, p. 13
102. Brown 2009, p. 14-15
103. Winock 1992, p. 15-18
104. Droz 1972, p. 262-265
105. Brown 2009, p. 16
106. Winock 1992, p. 146-155
107. Brown 2009, p. 16, 22-25
108. Droz 1972, p. 248-249
109. Priestland 2009, p. 18-19
110. Jacques Grandjonc, « Quelques
dates à propos des termes communiste et
communisme », Mots, no 7, octobre 1983,
p. 143-148
111. Droz 1972, p. 287-286
112. Brown 2009, p. 17-18
113. Winock 1992, p. 42-44
114. Droz 1972, p. 419-427
115. Courtois 2007, p. 482
116. Droz 1972, p. 446-452
117. Priestland 2009, p. 41
118. Winock 1992, p. 107-108
119. Winock 1992, p. 216-221
120. Ducoulombier 2011, p. 9
121. Winock 1992, p. 107-134
122. Droz 1974, p. 54-55
123. Service 2007, p. 30, 48
124. Figes 1998, p. 139-149
125. Droz 1974, p. 404
126. Service 2000, p. 137-142
127. Figes 1998, p. 149-151
128. Service 2009, p. 68-72
129. Service 2009, p. 152-157
130. Figes 1998, p. 1151-153
131. Carrère d'Encausse 1998, p. 127-138
132. Service 2009, p. 88-91
133. Carrère d'Encausse 1998, p. 142-153
134. Carrère d'Encausse 1998, p. 156-157,
176-196
135. Service 2000, p. 189-190, 214-215
136. Carrère d'Encausse 1998, p. 200-206
137. Droz 1977, p. 585-590
138. Winock 1992, p. 137-138
139. Service 2000, p. 235
140. Carrère d'Encausse 1998, p. 216-222
141. Brown 2009, p. 48-49
142. Figes 1998, p. 326-327
143. Brown 2009, p. 49-50
144. Figes 1998, p. 385-386
145. Service 2007, p. 59-60
146. Carrère d'Encausse 1998, p. 265-266,
274
147. Figes 1998, p. 370
148. Figes 1998, p. 421-433
149. Service 2007, p. 60-61
150. Service 2009, p. 178-179
151. Service 2000, p. 292-298
152. Droz 1974, p. 440-441
153. Lénine 1917, p. 91-93
154. Figes 1998, p. 471-472
155. Werth 2004, p. 124
156. Service 2007, p. 67-70
157. Brown 2009, p. 51
158. Werth 2004, p. 124-127, 132-134,
138-140
159. Service 2007, p. 71
160. Service 2000, p. 355
161. Service 2007, p. 70-73
162. Werth 2004, p. 142-163
163. Nicolas Werth, Crimes et violences
de masse des guerres civiles russes ,
Online Encyclopedia of Mass Violence /
Sciences-Po Paris, 2008
164. Figes 1998, p. 535-536, 630-632, 641-
649
165. Figes 1998, p. 745-749
166. Nicolas Werth, Un État contre son
peuple : violences, répression, terreurs en
Union soviétique, in Le Livre noir du
communisme 1997, p. 85
167. Figes 1998, p. 640, 677-679
168. Werth 2004, p. 163-169
169. Figes 1998, p. 751-769
170. Service 2007, p. 138
171. Werth 2004, p. 170-181
172. Courtois 2007, p. 87
173. Nicolas Werth, Un État contre son
peuple : violences, répression, terreurs en
Union soviétique, in Le Livre noir du
communisme 1997, p. 130
174. Figes 1998, p. 770
175. Werth 2004, p. 182-184
176. Brown 2009, p. 84-85
177. Service 2007, p. 86
178. Pierre Milza et Serge Berstein, Le
fascisme italien : 1919-1945, Paris,
Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire »,
1980 (ISBN 978-2-020-05513-0), p. 147-
149
179. Serge Wolikow, Aux origines de la
galaxie communiste : l'Internationale, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 294-
296
180. Service 2007, p. 108-110
181. Droz 1977, p. 294-297
182. Droz 1977, p. 327-328
183. Droz 1977, p. 178
184. Service 2007, p. 87-90
185. Droz 1977, p. 242
186. Service 2007, p. 90-92
187. (en) Donald F. Busky, Communism in
history and theory, Westport, Conn,
Praeger, 2002, 173 p.
(ISBN 978-0-313-01256-3,
OCLC 52923931), p. 66
188. André Gerrits, The myth of Jewish
communism: a historical interpretation,
Peter Lang Pub Inc, 2009, page 20
189. William Brustein, Roots of hate: anti-
semitism in Europe before the Holocaust,
Cambridge University Press, 2003, pages
293-294
190. Werth 2004, p. 169-170
191. Serge Wolikow, Aux origines de la
galaxie communiste : l'Internationale, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 297-
298
192. Carrère d'Encausse 1998, p. 473-475
193. Serge Wolikow, Internationalistes et
internationalismes communistes, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 515
194. Service 2000, p. 406-412
195. Droz 1977, p. 220-222
196. Serge Wolikow, Aux origines de la
galaxie communiste : l'Internationale, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 302
197. Brown 2009, p. 78-79
198. Courtois et Lazar 1993, p. 57-67
199. Winock 1992, p. 84
200. Droz 1977, p. 263-266, 303-304, 310-
314
201. Courtois 2007, p. 78
202. Priestland 2009, p. 242, 268
203. Ducoulombier 2011, p. 53
204. Serge Wolikow, Internationalistes et
internationalismes communistes, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 526-
528
205. Domenach et Richer 1987, p. 9-15
206. Brown 2009, p. 98-99
207. Werth 2004, p. 305
208. Pierre Brocheux, Libération nationale
et communisme en Asie du Sud-Est, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 405-
406
209. Courtois 2007, p. 252
210. Serge Wolikow, Aux origines de la
galaxie communiste : l'Internationale, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 298-
304
211. Courtois 2007, p. 416-417
212. Michel Dreyfus, Syndicalistes
communistes, in Le Siècle des
communismes 2004, p. 691-702
213. Ducoulombier 2011, p. 53-55
214. Droz 1977, p. 222-224
215. Droz 1977, p. 304-306
216. Courtois 2007, p. 93
217. Diniou Charlanov, Lioubomir
Ognianov, Plamen Tzvetkov, La Bulgarie
sous le joug communiste, Courtois 2002,
p. 313-315
218. Droz 1977, p. 189
219. Priestland 2009, p. 111-112
220. Michael Löwy, Figures du
communisme latino-américain, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 678
221. Courtois 2007, p. 80
222. Service 2000, p. 436, 443-473
223. Service 2009, p. 308
224. Werth 2004, p. 212-214
225. Service 2009, p. 308-312
226. Service 2000, p. 381-382
227. Souvarine 1985, p. 310-312
228. Werth 2004, p. 216-222
229. Werth 2004, p. 226-231
230. Service 2004, p. 250-255
231. Service 2009, p. 373-375
232. Souvarine 1985, p. 435
233. Werth 2004, p. 226-235, 251-252
234. Werth 2004, p. 232-235
235. Brown 2009, p. 82-83
236. Werth 2004, p. 238-239
237. Brown 2009, p. 62-77
238. Courtois 2007, p. 544-546
239. Werth 2004, p. 242-243
240. Ducoulombier 2011, p. 89-90
241. Werth 2004, p. 257-258
242. Werth 2004, p. 260-266
243. Service 2007, p. 148-149
244. Nicolas Werth, Un État contre son
peuple : violences, répression, terreurs en
Union soviétique, in Le Livre noir du
communisme 1997, p. 203-205
245. Courtois 2007, p. 173-174
246. Brown 2009, p. 221
247. Service 2007, p. 149
248. Souvarine 1985, p. 514-516
249. Werth 2004, p. 266-269
250. Werth 2004, p. 268-276
251. Nicolas Werth, Un État contre son
peuple : violences, répression, terreurs en
Union soviétique, in Le Livre noir du
communisme 1997, p. 206-225
252. Service 2004, p. 347-356
253. Brown 2009, p. 80-88, 168-169
254. Priestland 2009, p. 179-180
255. Robert Conquest, The Great Terror : a
reassessment, Pimlico, 2008, pages 484-
489
256. Service 2004, p. 281-282
257. Werth 2004, p. 298
258. Claude Pennetier, Bernard Pudal, Du
parti bolchevik au parti stalinien, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 505-
506
259. Furet 1995, p. 139-143
260. Winock 1992, p. 86
261. Courtois et Lazar 1993, p. 95-106
262. Brown 2009, p. 83-86
263. Furet 1995, p. 140
264. Serge Wolikow, Aux origines de la
galaxie communiste : l'Internationale, Le
Siècle des communismes 2004, p. 306-
310
265. Courtois et Lazar 1993, p. 97-109
266. Brown 2009, p. 92-98
267. Service 2007, p. 119-129, 194-201
268. Droz 1977, p. 540
269. Brown 2009, p. 123-128
270. Priestland 2009, p. 185-186
271. Furet 1995, p. 235-237
272. Brown 2009, p. 85-88
273. Courtois et Lazar 1993, p. 110
274. Courtois 2007, p. 93-94
275. Priestland 2009, p. 191-192
276. Furet 1995, p. 249-281
277. Brown 2009, p. 88
278. Brown 2009, p. 118-119
279. Courtois 2007, p. 164
280. Courtois 2007, p. 165
281. Service 2007, p. 203-206
282. Furet 1995, p. 185-188
283. Brown 2009, p. 122-123
284. Courtois et Lazar 1993, p. 123-148
285. Beevor 2006, p. 84-86
286. Priestland 2009, p. 193-194
287. Droz 1978, p. 219-220
288. Thomas 2001, p. 438-445, 458-459
289. Catherine Clémentin-Ojha, Christophe
Jaffrelot, Denis Matringe, Jacques
Pouchepadass, Dictionnaire de l'Inde,
Larousse, 2009, pages 180-182
290. Domenach et Richer 1987, p. 17
291. Fairbank 1989, p. 323
292. Priestland 2009, p. 249-256
293. Brown 2009, p. 100
294. Priestland 2009, p. 255-256
295. Fairbank 1989, p. 347-356
296. Priestland 2009, p. 257-258
297. Brown 2009, p. 146-147
298. Fairbank 1989, p. 349-350
299. Courtois 2007, p. 378-380
300. Priestland 2009, p. 256-258
301. Hermet 1989, p. 119-126, 146
302. Beevor 2006, p. 157-168
303. Hermet 1989, p. 118-136
304. Beevor 2006, p. 290-291
305. Rémi Skoutelsky, Brigadistes
internationaux et résistants, in Le Siècle
des communismes 2004, p. 655-673
306. Brown 2009, p. 89-90
307. Hermet 1989, p. 142-151
308. Service 2009, p. 410-412
309. Nick 2002, p. 174-181
310. Michael Löwy, Figures du
communisme latino-américain, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 681
311. Service 2009, p. 437-440
312. Service 2009, p. 441-445
313. Service 2009, p. 434-435
314. Service 2009, p. 483-495
315. Werth 2004, p. 318-323
316. Service 2004, p. 399-403
317. Service 2007, p. 214-216
318. Courtois et Lazar 1993, p. 167-169
319. Werth 2004, p. 323-326
320. Werth 2004, p. 326-329
321. Brown 2009, p. 136-138
322. Service 2004, p. 399-419
323. Werth 2004, p. 334-339, 346-351
324. Brown 2009, p. 136-142
325. Werth 2004, p. 351-356
326. Service 2007, p. 219-223
327. Droz 1977, p. 493-495
328. Courtois et Lazar 1993, p. 170-202
329. Colarizi 2000, p. 277-293
330. Brown 2009, p. 143
331. Mark Mazower, Inside Hitler's Greece,
Yale University Press, 2001, pages 97-98,
103-106, 329-330, 355-377
332. (en) Stevan K. Pavlowitch, Hitler's
new disorder : the Second World War in
Yugoslavia, New York, Columbia University
Press, 2008, 332 p. [détail de l’édition]
(ISBN 978-1850658955), pages 55-57 et
191-192.
333. Walter R. Roberts, Tito, Mihailović,
and the allies, 1941–1945, Duke University
Press, 1987, pages 312–313
334. Droz 1977, p. 317-318
335. Service 2007, p. 217-223
336. Fejtö 1952, p. 42-45, 134-143
337. Werth 2004, p. 358-360
338. Brown 2009, p. 145-146
339. Brown 2009, p. 145
340. Werth 2004, p. 360-362
341. Fairbank 1989, p. 367-368, 377
342. Priestland 2009, p. 267
343. Dalloz 1987, p. 66-73
344. Cesari 1995, p. 30-31
345. Service 2007, p. 272
346. Priestland 2009, p. 221-225
347. Service 2007, p. 244-245, 272
348. Brown 2009, p. 157-158
349. Brown 2009, p. 157, 190-192, 340
350. Werth 2004, p. 399
351. Service 2004, p. 508-509
352. Werth 2004, p. 374-378, 383-387
353. Werth 2004, p. 378-383
354. Serge Wolikow, Antony Todorov, Le
Communisme comme système, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 332-
333
355. Service 2007, p. 249-250
356. San Marino , Encyclopédie Treccani
en ligne
357. Service 2004, p. 510-512
358. Andrzej Paczkowski et Karel
Bartošek, in Le Livre noir du communisme,
Robert Laffont, 1997, p. 414-416
359. D. Charlanov, L. Ognianov et P.
Tzvetkov, La Bulgarie sous le joug
communiste, in Courtois 2002, p. 346-357
360. Romulus Rusan (dir.), Le système
répressif communiste en Roumanie, in
Courtois 2002, p. 415-420
361. Service 2004, p. 484
362. Brown 2009, p. 151-153
363. Service 2007, p. 252
364. Fejtö 1952, p. 48-75
365. Fejtö 1952, p. 44-47, 206-207
366. Brown 2009, p. 165-169
367. Fejtö 1952, p. 94-95, 102-103, 289-
290
368. Romulus Rusan, Le système répressif
communiste en Roumanie, in Courtois
2002, p. 375-398
369. Fejtö 1952, p. 102-103
370. Brown 2009, p. 172-173
371. Diniou Charlanov, Lioubomir
Ognianov, Plamen Tzvetkov, La Bulgarie
sous le joug communiste, in Courtois
2002, p. 311-334
372. Priestland 2009, p. 213
373. Brown 2009, p. 157-160
374. Fejtö 1952, p. 208-221
375. Miklós Molnar, Histoire de la Hongrie,
Hatier, 1996, pages 384-386
376. Fejtö 1952, p. 105, 263-272
377. Brown 2009, p. 173-176
378. Service 2007, p. 243
379. Service 2007, p. 243-249
380. Fejtö 1952, p. 297-330
381. Soulet 1996, p. 47-49, 54-57, 73-85
382. Service 2007, p. 250
383. Fejtö 1952, p. 197-203
384. Fejtö 1952, p. 222-241
385. Service 2004, p. 516
386. Priestland 2009, p. 319
387. Werth 2004, p. 398
388. Fejtö 1952, p. 245-247, 274-293
389. Soulet 1996, p. 60-61
390. Priestland 2009, p. 292-294
391. Aron 1970, p. 117-159
392. Courtois 2007, p. 372-373
393. Courtois et Lazar 1993, p. 213-287
394. Colarizi 2000, p. 319-325
395. Serge Wolikow, Antony Todorov,
L'Expansion européenne d'après-guerre,
Michel Dreyfus, Bruno Groppo, Les Partis
communistes français et italiens, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 328-
329, 423-438
396. Priestland 2009, p. 217
397. Brown 2009, p. 203, 205
398. Ilios Yannakakis, Les Victimes
grecques du communisme, in Courtois
2002, p. 517-536
399. Service 2007, p. 127-129
400. Droz 1978, p. 77-81
401. Droz 1977, p. 692-693
402. Nick 2002, p. 325-332
403. Service 2009, p. 495-498
404. Nick 2002, p. 7-18
405. Nick 2002, p. 349-350
406. Nick 2002, p. 360-379
407. Droz 1978, p. 195
408. Fairbank 1989, p. 368-380
409. Domenach et Richer 1987, p. 20-21
410. Werth 2004, p. 400
411. Domenach et Richer 1987, p. 33-52
412. Soulet 1996, p. 101-102
413. Priestland 2009, p. 294-296
414. Priestland 2009, p. 267-269
415. Brown 2009, p. 189-192
416. Domenach et Richer 1987, p. 57-62
417. Service 2007, p. 244
418. Soutou 2010, p. 317-346
419. Dalloz 1987, p. 85-97
420. Dalloz 1987, p. 101-114, 130-131
421. Courtois 2007, p. 296
422. Dalloz 1987, p. 115-130
423. Dalloz 1987, p. 157-158
424. Dalloz 1987, p. 165-171, 178-200
425. Dalloz 1987, p. 213-214
426. Dalloz 1987, p. 228-272
427. Priestland 2009, p. 270-272
428. Werth 2004, p. 410-412
429. Brown 2009, p. 220-223
430. Werth 2004, p. 415-419
431. Brown 2009, p. 197
432. Service 2007, p. 310
433. Werth 2004, p. 423-424, 440-447
434. Fejtö 1972, p. 16-20
435. Soutou 2010, p. 389
436. Soutou 2010, p. 394, 420-428
437. Droz 1978, p. 203-211
438. Michael Löwy, Figures du
communisme latino-américain, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 680-
682
439. Soulet 1996, p. 215
440. Werth 2004, p. 428
441. Fejtö 1972, p. 21-26
442. Fejtö 1972, p. 32
443. Fejtö 1972, p. 40-48
444. Brown 2009, p. 203
445. Priestland 2009, p. 320-321
446. Service 2007, p. 255-257
447. Werth 2004, p. 430-434
448. Brown 2009, p. 240-246
449. Soutou 2010, p. 455-456
450. Furet 1995, p. 528
451. Brown 2009, p. 276-292
452. Fejtö 1972, p. 76-77
453. Fejtö 1972, p. 104-131
454. Courtois 2007, p. 441-447
455. Brown 2009, p. 313-331
456. Jean-Louis Margolin, Chine : une
longue marche dans la nuit, in Le Livre noir
du communisme 1997, p. 544-560
457. Domenach et Richer 1987, p. 122-134
458. Domenach et Richer 1987, p. 139-151
459. Priestland 2009, p. 302-303
460. Brown 2009, p. 244-266
461. Werth 2004, p. 440-472
462. Priestland 2009, p. 347
463. Soutou 2010, p. 484-496, 502-517
464. Courtois 2007, p. 393-395
465. Soutou 2010, p. 511-515
466. Brown 2009, p. 318-324
467. Roland Lew, Le Communisme
chinois, in Le Siècle des communismes
2004, p. 372-379
468. Fejtö 1972, p. 167-172
469. Soulet 1996, p. 154-155
470. Bourseiller 2008, p. 58-59
471. Domenach et Richer 1987, p. 243-253
472. Domenach et Richer 1987, p. 156-181
473. Roland Lew, Le Communisme
chinois, in Le Siècle des communismes
2004, p. 369-372
474. Jean-Louis Margolin, Chine : une
longue marche dans la nuit, in Le Livre noir
du communisme 1997, p. 530-541
475. Soulet 1996, p. 102
476. Thomas 2001, p. 580
477. Vayssière 2001, p. 136-141
478. Priestland 2009, p. 383-389
479. Vayssière 2001, p. 142-147
480. Service 2007, p. 345-347
481. Thomas 2001, p. 923-927
482. Priestland 2009, p. 389-392
483. Vayssière 2001, p. 156-157
484. Priestland 2009, p. 390-398
485. Vayssière 2001, p. 173-188
486. Fejtö 1972, p. 104-131, 167
487. Soutou 2010, p. 517-557
488. Service 2007, p. 356-357
489. Fejtö 1972, p. 180-185
490. Brown 2009, p. 264-266
491. Cesari 1995, p. 126-135
492. Cesari 1995, p. 136-159
493. Brown 2009, p. 337-350
494. Cesari 1995, p. 169-187
495. Service 2007, p. 392
496. Soulet 1996, p. 228-229
497. Jean-Louis Margolin, Indonésie
1965 : un massacre oublié . Revue
internationale de politique comparée
1/2001 (vol. 8), p. 59-92.
498. Domenach et Richer 1987, p. 263-278
499. Service 2007, p. 334
500. Domenach et Richer 1987, p. 278-309
501. Droz 1978, p. 333-338
502. Soulet 1996, p. 220-226
503. Priestland 2009, p. 392-398
504. Brown 2009, p. 359-363
505. Priestland 2009, p. 377, 471-472
506. Droz 1978, p. 303-307
507. Brown 2009, p. 368-397
508. Fejtö 1972, p. 245-283
509. Service 2007, p. 383-385
510. Werth 2004, p. 475-535
511. Brown 2009, p. 405-418
512. Vayssière 2001, p. 157-161
513. Vayssière 2001, p. 307-312
514. Vayssière 2001, p. 148-149
515. Vayssière 2001, p. 165-169
516. Brown 2009, p. 365-366
517. Brian Latell, After Fidel, Palgrave
MacMillan, 2007, pages 194-200
518. Cesari 1995, p. 187-219
519. Jean-Louis Margolin, Cambodge : au
pays du crime déconcertant, Le Livre noir
du communisme 1997, p. 631-695
520. Cesari 1995, p. 221-247
521. (en) « Vietnam, post-war Communist
regime (1975 et seq.): 365,000 » ,
Secondary Wars and Atrocities of the
Twentieth Century, mars 2011 (consulté le
27 mai 2008).
522. Carine Hahn, Le Laos, Karthala, 1999,
pages 36, 126-127
523. Brown 2009, p. 342-344
524. Soulet 1996, p. 231-233
525. Service 2007, p. 402-404
526. Cesari 1995, p. 249-274
527. Frank Chalk, Kurt Jonassohn, The
History and Sociology of Genocide:
Analyses and Case Studies, Yale
University Press, 1990, page 406
528. Priestland 2009, p. 480-486
529. Courtois 2007, p. 70-75
530. Soulet 1996, p. 221-226
531. Brown 2009, p. 364-369
532. Revue Madagascar Océan Indien
no 4, l'Harmattan, 1991, page 117
533. Priestland 2009, p. 469-480
534. Yves Santamaria,
Afrocommunismes : Éthiopie, Angola,
Mozambique, in Le Livre noir du
communisme 1997, p. 747
535. Droz 1978, p. 135-142
536. Brown 2009, p. 357-358
537. Christophe Jaffrelot (directeur), L'inde
contemporaine, de 1950 à nos jours,
Fayard-Ceri, 2006, page 451
538. Domenach et Richer 1995, p. 361-390
539. Domenach et Richer 1995, p. 390-
398, 407-448, 632-644
540. David Childs (dir.), The Changing
Face of Western Communism, Croom
Helm Ltd, 1980, page 172
541. Courtois et Lazar 1993, p. 347-351
542. Colarizi 2000, p. 367-368
543. Nikos Marantzidis, in Communist and
post-communist parties in Europe,
Vandenhoeck & Ruprecht, 2008,
p. 246-253
544. Priestland 2009, p. 475-476
545. Country studies : SPAIN , site de la
Bibliothèque du Congrès
546. Droz 1978, p. 637-657
547. Service 2007, p. 371-375
548. Priestland 2009, p. 464-467
549. Bourseiller 2008, p. 108-109
550. Bourseiller 2008, p. 210-334
551. Bourseiller 2008, p. 412-414
552. Raynaud 2010, p. 74-93
553. Nick 2002, p. 485-557
554. Raynaud 2010, p. 34-35
555. Courtois 2007, p. 566-567
556. Courtois et Lazar 1993, p. 356
557. Colarizi 2000, p. 449-452
558. Courtois et Lazar 1993, p. 358-361
559. Courtois et Lazar 1993, p. 386-400
560. Brown 2009, p. 460-464
561. Service 2007, p. 406-409
562. Vayssière 2001, p. 188-200
563. Soulet 1996, p. 219-220
564. Vayssière 2001, p. 239-260
565. Service 2007, p. 469
566. Priestland 2009, p. 566-567
567. Cesari 1995, p. 249-283
568. Fejtö 1972, p. 225-244
569. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 228-235
570. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 328-330
571. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 206-214
572. Brown 2009, p. 423-437
573. Brown 2009, p. 350-356
574. Werth 2004, p. 525-528
575. Werth 2004, p. 493-500
576. Service 2007, p. 417
577. Brown 2009, p. 481-486
578. Michel Dreyfus, L'Europe des
socialistes, Complexe, 1991, page 277
579. Vayssière 2001, p. 165-166
580. Werth 2004, p. 528-534
581. Werth 2004, p. 537-546
582. Brown 2009, p. 486-502
583. Werth 2004, p. 563-567
584. Werth 2004, p. 550-563
585. Werth 2004, p. 546-550
586. Maria Ferretti, La Mémoire refoulée.
La Russie devant le passé stalinien, in
Nazisme et communisme : Deux régimes
dans un siècle, ouvrage dirigé par Marc
Ferro, Hachette, Pluriel, 1999, pages 260-
271
587. Soulet 1996, p. 360-373
588. Brown 2009, p. 606-607
589. Domenach et Richer 1995, p. 547-572
590. Ducoulombier 2011, p. 125-133
591. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 253-259
592. Brown 2009, p. 531-534
593. Brown 2009, p. 534-538
594. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 275-288
595. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 290-304
596. Brown 2009, p. 538-541
597. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 305-312, 368-370
598. Brown 2009, p. 541-542
599. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 313-327
600. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 377-389
601. Brown 2009, p. 546-548
602. Fejtö et Kulesza-Mietkowski 1992,
p. 374-377
603. Brown 2009, p. 544-546
604. Brown 2009, p. 552-553
605. Werth 2004, p. 575-576
606. Werth 2004, p. 576-577
607. Brown 2009, p. 575-573
608. Brown 2009, p. 606
609. Brown 2009, p. 605-606
610. En Chine, la consécration de Xi
Jinping , Le Monde, 24 octobre 2017
611. La Corée du Nord et ses menaces de
guerre nucléaire , Franceinter.fr, 11 avril
2013
612. Priestland 2009, p. 565
613. « La Corée du Nord intronise son
nouveau chef devant une foule de
militaires » , Le Monde, 29 décembre
2011.
614. Les étapes de la montée en
puissance du programme nucléaire nord-
coréen , Le Figaro, 3 septembre 2017
615. Vayssière 2001, p. 323-333
616. Cuba publie les grandes lignes des
réformes économiques , L'Express, 9 mai
2011
617. États-Unis-Cuba : les secrets du
rapprochement , Le Point, 18 décembre
2014
618. Vayssière 2001, p. 352-356
619. Quel avenir pour Cuba après la mort
d'Hugo Chavez ? , Le Monde, 19 mars
2013
620. Comment Nicolas Maduro est
devenu l’élu de Cuba au Venezuela , et Le
rôle de Cuba dans la crise au Venezuela ,
blog America latina sur Le Monde, 16 avril
2013 et 30 avril 2014
621. Cuba fed a president’s fears and took
over Venezuela , Financial Times, 15 avril
2014
622. Courtois 2007, p. 361-369
623. L'Ostalgie fait son business ,
L'Expansion, 9 novembre 2009
624. Priestland 2009, p. 556-566
625. Nostalgia for communism on rise ,
Sydney Morning Herald, 4 novembre 2009.
626. Moldova timeline , BBC, 19 mars
2012
627. Colarizi 2000, p. 498-504, 626-627
628. Courtois 2007, p. 434-441
629. "Avec Mélenchon, le PCF fait le choix
de la raison" , Le Nouvel Observateur, 8
avril 2011
630. Front de gauche : derrière la
déception, des raisons d'espérer , Le
Nouvel Observateur, 23 avril 2012
631. Raynaud 2010, p. 228
632. Les communistes ne s’allient pas à
La France insoumise à l’Assemblée
nationale , Le Monde, 21 juin 2017
633. Raynaud 2010, p. 63-64
634. Raynaud 2010, p. 226-229
635. L'ascension de Mélenchon,
concurrence malvenue pour Hollande , Le
Point, 23 mars 2012
636. Tom Lansford (dir), Political
Handbook of the World 2014, CQ Press,
2014, page 184
637. Le communiste Christofias élu
président de Chypre , L'Express, 25 février
2008
638. Chypre, les banques, priorité no 1
après l'élection présidentielle , Euronews,
25 février 2013
639. site web du PGE
640. Liste de participants au 15e meeting
international Solidnet, 2013
641. Is communism dead in India? BBC,
14 mai 2011.
642. India's forgotten people , BBC, 13
novembre 2010
643. Brown 2009, p. 603-604
644. Election Results in Nepal Signal a
Political Right Turn , The New York Times,
25 novembre 2013
645. Nina Tumarkin, Lenin Lives ! : The
Lenin Cult in Soviet Russia, Harvard
University Press, 1997, page 122
646. Service 2004, p. 244-245
647. Furet 1995, p. 151
648. Gramsci Code. « Les Deux Prisons de
Gramsci », de Franco Lo Piparo , Le
Monde, 30 avril 2014
649. Werth 2004, p. 378-387
650. Raynaud 2010, p. 124-145
651. Laurent Chollet, Les Situationnistes :
l'utopie incarnée, Gallimard, coll.
« Découvertes Gallimard / Culture et
société » (no 463), 2004, pages 41-42
652. Courtois et Lazar 1993, p. 322
653. Labica et Bensussan 1985, p. 509-
513
654. Guigou J. Wajnsztejn, L'individu et la
communauté humaine : Anthologie de
textes de Temps critiques, l'Harmattan,
1998, pages 71-72
655. Pierre Milza, Histoire de l'Italie,
Fayard, 2005, pages 963-964
656. Courtois 2007, p. 102-104
657. Uwe Backes, Patrick Moreau,
Communist and post-communist parties
in Europe, Vandenhoeck & Ruprecht, 2008,
page 28
658. Anne Applebaum, Gulag : a History,
Penguin Books, 2003, pages 5-8
659. Alain Besançon, Le malheur du
siècle : sur le communisme, le nazisme et
l’unicité de la Shoah, Fayard, 1998, page
10
660. Jean-François Revel, La Grande
parade. Essai sur la survie de l'utopie
socialiste, Plon, 2000, 996-114
661. Raynaud 2010, p. 222
662. Priestland 2009, p. 569
663. Courtois 2007, p. 406-408
664. Raynaud 2010, p. 27-28
665. Vayssière 2001, p. 356-364
666. Christophe Bourseiller, À gauche,
toute ! : Trotskistes, néo-staliniens,
libertaires, « ultra-gauche »,
situationnistes, altermondialistes…, CNRS
éditions, 2009, pages 87-92
667. Raynaud 2010, p. 147-170
668. Raynaud 2010, p. 171-195, 233-234
669. Move over Jacko, Idea of
Communism is hottest ticket in town this
weekend , the Guardian, 12 mars 2009
670. Raynaud 2010, p. 217-234
671. Lucien Sève "L’urgence historique de
penser avec Marx le communisme" ,
L'Humanité, 30 août 2013
672. Service 2007, p. 481-482
673. Droz 1972, p. 379
674. Pierre-Joseph Proudhon, Système
des contradictions économiques, tome II,
1846, page 301
675. Charles Bontemps, Écrits sur
l'anarchie, Seghers, 1964, page 41
676. Danic Parenteau, Les Idéologies
Politiques : Le Clivage Gauche-Droite,
Presses de l'Université du Québec, 2008,
page 113.
677. Yves Guyot, La Tyrannie collectiviste,
1893. On peut également se référer aux
Principes de 1789 et le socialisme.
678. Piettre 1966, p. 179
679. André Comte-Sponville, Dictionnaire
philosophique, Presses universitaires de
France, page 118
680. Service 2007, p. 476
681. Winock 1992, p. 82-83
682. Milovan Djilas, The New Class — An
analysis of the communist system, HBJ
Book, édition de 1985, pages 37-100
683. Souvarine 1985, p. 611-612
684. Nicholas Riasanovsky, Histoire de la
Russie, Robert Laffont, 1999, page 509
685. Kostas Papaïoannou, L'idéologie
froide. Essai sur le dépérissement du
marxisme, Jean-Jacques Pauvert, 1967,
pages 99-107
686. Georges Labica, Gérard Bensussan
(dir), Dictionnaire critique du marxisme,
Presses universitaires de France, 1982,
pages 816-821
687. Daniel Aarao Reis, Denis Rolland,
Modernités alternatives : L'historien face
aux discours et représentations de la
modernité, L'Harmattan, 2009, page 96
688. cité dans Bancuri din iepoca
odiosului ("Humour du temps de l'odieux"),
Orientul Latin, Braşov, Roumanie, 1992 et
dans Dana Maria Niculescu-Grasso,
Bancuri politice ("Humour politique"),
Fundaţia Culturală Română, Bucarest
1999.
689. Brown 2009, p. 122-123, 504, 508
690. Brown 2009, p. 67-68
691. Alexandre Zinoviev, Les Confessions
d'un homme en trop, Olivier Orban, 1990,
pages 452-463
692. Hervé Coutau-Bégarie, Aleksandr
Aleksandrovitch Zinoviev. Le
communisme comme réalité -. Sans
illusions -. Nous et l'Occident -. Notes d'un
veilleur de nuit -. Homo sovieticus ,
recension parue dans Politique étrangère,
année 1983, volume 48, numéro 3
693. Jacques Julliard, Les Pleureuses du
communisme , Le Nouvel Observateur, 19
septembre 1991
694. Vladimir Volkoff, La Bête et le venin,
ou la fin du communisme, Éditions de
Fallois / L'Âge d'Homme, 1992, pages 9 et
159
695. Ernst Nolte, La Guerre civile
européenne : National-socialisme et
bolchevisme 1917-1945, Perrin, 2011,
pages 479-510
696. Serge Wolikow, Le communisme
e
dans l'histoire politique du siècle,
Michel Dreyfus et Roland Lew,
Communisme et violence, in Le Siècle des
communismes 2004, p. 709-736
697. Courtois 2002, p. 55-89
698. Bruno Groppo et Bernard Pudal, Une
réalité multiple et controversée, in Le
Siècle des communismes 2004, p. 23-30
699. Encyclique DIVINI REDEMPTORIS -
Pie XI
700. Monuments soviétiques à la
décharge de l’Histoire , Courrier
international, 12 mars 2010
701. En prison pour un tee-shirt du Che ? ,
Presseurop, Rzeczpospolita, 14 juin 2010
702. Gorbatchev, Eltsine et l'hymne russe…
interdits en Lituanie , Ria Novosti, 20 juin
2008
703. Estonie : nazisme et communisme
interdits , Libération, 1er décembre 2006
704. Lithuanian ban on Soviet symbols,
BBC News
705. Latvia Bans Soviet Symbols , The
Moscow Times, 23 juin 2013
706. Winock 1992, p. 148
707. Figes 1998, p. 627-649
708. Carrère d'Encausse 1998, p. 431-433
709. Brown 2009, p. 75-76
710. Service 2004, p. 268
711. Jean-Louis Margolin, Viêt Nam : les
impasses d'un communisme de guerre, in
Le Livre noir du communisme 1997,
p. 621-624
712. Brown 2009, p. 334-337
713. Brown 2009, p. 364-366
714. Brown 2009, p. 575-577
715. Brown 2009, p. 316-318
716. Brown 2009, p. 324-331
717. Brown 2009, p. 345-350
718. Cambodge: "Douch" condamné à la
prison à vie , le Nouvel Observateur, 3
février 2012
719. Deux ex-dirigeants khmers rouges
condamnés pour crimes contre
l'humanité , Le Monde, 7 août 2014
720. Deux anciens dirigeants khmers
rouges condamnés à la perpétuité pour
"génocide" , France Télévisions, 16
novembre 2018
721. Deux anciens dirigeants khmers
rouges condamnés à la perpétuité pour
«génocide» , Libération, 16 novembre
2018
722. AFP, « Le génocide cambodgien
reconnu pour la première fois par le
tribunal international », Le Monde,
16 novembre 2018 (lire en ligne )
723. Stéphane Courtois, Les Crimes du
communisme, in Le Livre noir du
communisme 1997, p. 14
724. Marc Lazar, Le Livre noir du
communisme en débat, Communisme
no 59-60, avril 2000
725. Éric Conan, Le bilan des crimes
communistes dans le monde , L'Express, 6
novembre 1997
726. Jean-François Revel et François
Dufay, 85 millions de morts ! , Le Point, 15
novembre 1997
727. Le Siècle des communismes 2004,
p. 9-18
728. Stéphane Courtois, Les Crimes du
communisme, in Le Livre noir du
communisme 1997, p. 31-32
729. (en) Résolution 1481 (2006) , Conseil
de l'Europe
730. Déclaration du Parlement européen
sur la proclamation du 23 août comme
journée européenne de commémoration
des victimes du stalinisme et du nazisme
731. Résolution du Parlement européen
du 2 avril 2009 sur la conscience
européenne et le totalitarisme. Parlement
européen. Consultée le 27 mars 2010.
732. (en) Europe ponders 'remembrance
day' for communist, Nazi past
733. Le totalitarisme condamné dans
l'indifférence , Courrier international du 30
avril 2009
734. Le Cambodge interdit le
révisionnisme sur les Khmers rouges , Le
Monde, 7 juin 2013
735. Brigitte Studer, Totalitarisme et
stalinisme, in Le Siècle des communismes
2004, p. 33-54
736. Henry Rousso, La Légitimité d'une
comparaison empirique, in Stalinisme et
nazisme : histoire et mémoire comparées,
Complexe, 1999, page 11
737. Jean-Luc Domenach, « 36 millions
de morts » , L'Histoire, 1er septembre 2012
« Mais les autorités chinoises ont tout fait
pour cacher la vérité et c'est lentement
que les bouches se sont déliées. A
l'étranger, deux livres ont joué un rôle
important : d'abord celui de Jasper Becker
qui a fait voir l'immensité du drame et,
surtout, celui de Frank Dikotter qui l'a pour
la première fois analysé, avec une
remarquable lucidité. »
738. Ce point amène Hannah Arendt à
classer la Chine de Mao dans la catégorie
des dictatures et non dans celle des
régimes totalitaires. Cf Hannah Arendt, Le
Système totalitaire, Seuil, 1972, pages 10-
12
739. Courtois 2002, p. 34-35
740. Ducoulombier 2011, p. 163-168
741. Nicolas Werth, L'historiographie de
l'U.R.S.S. dans la période post-
communiste , Revue d’études
comparatives Est-Ouest, Année 1999,
Volume 30, Numéro 30-1

Portail du communisme
Portail du marxisme
Portail de la politique
Portail de l’histoire
Portail de la guerre froide
Portail de l’URSS
Portail de la Chine
Portail de l’anarchisme

Ce document provient de
« https://fr.wikipedia.org/w/index.php?
title=Communisme&oldid=157167515 ».

Dernière modification il y a 14 jour…

Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA


3.0 sauf mention contraire.

Vous aimerez peut-être aussi