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Amandine CHABRIER

G11

Dissertation n° 2 : La démocratie peut-elle se passer du Parlement ?

27% des élus à l’Assemblée Nationale sont des femmes.


En dépit de la loi du 6 juin 2000 sur la parité, il est clair qu’il existe toujours une prépondérance masculine
en politique et particulièrement au sein du palais Bourbon ; tout comme il existe une surreprésentation des
cadres ou une sous représentation des ouvriers. Une question se pose ; celle de la représentativité. Le
Parlement est-il vraiment démocratique s’il représente de manière partielle ou bafouée la population ? Face
aux critiques qui lui sont portées, on peut se demander si la démocratie peut se passer du Parlement.
La démocratie, du grec « démos » et « kratos » signifie littéralement « le pouvoir au peuple ». Elle
est une forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté émane du peuple. Ce dernier peut participer
aux affaires de la cité soit de façon directe (ce qui aujourd’hui n’existe quasiment plus), soit par le biais de
ses représentants. De cette façon, le peuple est invité a élire ses représentants. Mais il ne faut réduire la
démocratie aux élections. Robert Dahl établit une grille d’évaluation de la démocratie se basant sur 8 critères
: la liberté d’association, la liberté d’expression, le droit de vote, le droit d’éligibilité, le droit des leaders
politiques à rivaliser pour le soutien populaire, la diversité des sources d’informations, les institutions
garantissant que les politiques gouvernementales d pendent des voies exprim es et l’organisation d’élections
libres, justes et régulières. La démocratie repose sur la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif,
judiciaire), la souveraineté du peuple ainsi que la formation d’un Etat de droit. Il existe différents types de
démocratie : les systèmes démocratiques direct, mixte ou représentatif. La démocratie représentative est la
plus retenue car elle permet de gagner en efficacité en facilitant les prises de décisions. Ce système repose
essentiellement sur la confiance que les citoyens accordent dans leurs représentants ; qu’ils soient élus ou
tirés au sort. Dans les démocraties représentatives, le pouvoir législatif est incarné par le Parlement, une
assemblée qui peut disposer d’une (monocaméral) ou de deux (bicaméral) chambres. Il semble alors, de
premiers abords, impossible de s’en passer puisqu’il jour un rôle de porte parole au près du peuple. En
revanche, il semble qu’il puisse avoir de nombreux défauts qui nuiraient à sa démocraticité.
En ce sens, il convient de déterminer comment le Parlement peut être anti démocratique ; si il existe
une meilleure façon de gouverner sans lui et si il est d’ailleurs possible de le faire. En bref, nous pouvons
nous poser la question suivante : de quelle façon devrait-on gouverner pour être le plus démocratique
possible ?

I - Le Parlement comme impératif dans tous les systèmes démocratiques contemporains

A - Le peuple souverain exerce le pouvoir par le biais de ses représentants

- En démocratie directe, le peuple possède le pouvoir et l’exerce sans passer pas des intermédiaires. Mais
voilà une organisation bien trop idéale et possible seulement dans les sociétés ne concentrant que peu de
membres. Ainsi, se sont où les systèmes mixes où les démocraties représentatives qui sont le plus souvent
retenues. Les systèmes mixtes empruntent des caractéristiques de la démocratie directe et de la démocratie
représentative ( Athènes : souveraineté du peuple à l’Ecclésia mais aussi représentation à la Boulè).
Actuellement, il n’existe presque que des démocraties représentatives ; les citoyens déléguent une partie
de leur souveraineté à des représentants. Exemple : article 42 de la constitution belge : « Les membres des
deux Chambres représentent la Nation, et non uniquement ceux qui les ont élus ».

- Même dans les systèmes représentatifs, il existe des procédés de démocratie semi directe permettant aux
citoyens de participer directement à la politique : le référendum, le véto populaire, la pétition… Exemple :
article 3 alinéa 1 de la Constitution française : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui
l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum ».

- Pour que l’ élection des représentants soit démocratique, certaines conditions doivent être appliquée :
nécessité d’un vote secret, égal, universel (pas censitaire ni capacitaire). Le mode de scrutin varie aussi
d’un Etat à l’autre.

B - Quel rôle joue le Parlement en démocratie ?

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- Le Parlement représente donc les citoyens. Il peut être monocaméral ou bicaméral. La chambre dite
« basse » est élue au suffrage universel. L’élection de la chambre « haute » varie selon les Etats. Les
régimes bicaméraux ont pour but de modérer le pouvoir de la chambre basse. Exemple : le Portugal est
doté d’un parlement monocaméral tandis que la France est dotée d’un Parlement bicaméral (composé de
l’Assemblée Nationale et du Sénat)

- Le Parlement, incarnant le pouvoir législatif doit pouvoir protéger les droits des citoyens (liberté
d’expression, de réunion, de culte…). Il fixe les lois et les politiques de la société de manière à garantir
l’Etat de droit. Exemple : article 34 alinéa 1 de la Constitution française : « La loi fixe les règles
concernant : - les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l'exercice
des libertés publiques ; la liberté, le pluralisme et l'indépendance des médias ; les sujétions imposées par
la défense nationale aux citoyens en leur personne et en leurs biens ; ».

- En démocratie, le Parlement doit être représentatif (sociologiquement), transparent, accessible (les


citoyens doivent avoir la possibilité de participer à son action) et efficace. Enfin, les parlementaires
doivent également ne pas trahir la confiance de leurs électeurs.

- Le Parlement légifère : il délibère puis vote les lois. Il doit pouvoir contrôler l’action du Gouvernement,
en ayant la possibilité de le renverser. Il peut voter son budget, contrôler son exécution… Exemple :
article 70 de la Constitution italienne, « La fonction législative est exercée collectivement par les deux
chambres ».

—> Ainsi le principe de séparation des pouvoirs apparait comme fondamental.

II - Des débats quant à l’institutionnalisation des pouvoirs et à la question représentativité

A - Le principe de séparation des pouvoirs au coeur de la démocratie : une question d’indépendance


ou confiance ?

- On doit la théorie de la séparation des pouvoirs à Locke ou Montesquieu. Dans De l’esprit des Lois,
Montesquieu distingue les 3 pouvoirs (éxécutif, législatif, judiciaire) et explique qu’il est nécessaire de les
séparer pour ne pas que l’un prenne le dessus sur l’autre : « le pouvoir arrête le pouvoir » dit-il. La
séparation des pouvoirs est essentielle en démocratie car un bon équilibre entre les pouvoirs signifie que le
pouvoir n’est pas monopolisé, ce qui est la base de l’Etat de droit. D’ailleurs, Montesquieu défend la
démocratie représentative. Selon lui, le peuple n’est pas apte à exercer le rôle de législateur mais il peut
élire ses représentants.

- On distingue la séparation verticale des pouvoirs et la séparation horizontale des pouvoirs ( entre les
organes, celle de Montesquieu). C’est cette dernière qui nous intéresse ici.

- Lorsque les pouvoirs sont strictement séparés (séparation stricte) et qu’il y a une séparation fonctionnelle
des organes, on parle de régime présidentiel, c’est le cas du système politique américain. Aucun pouvoir
ne peut renverser l’autre. Toutefois, cela n’exclue pas l’existence de divers moyens de contrôle ( les check
and balances ) ; chaque organe peut intervenir dans la sphère de l’autre par faculté d’empêcher. Ex :
lorsqu’une loi est votée par le Congrès, elle est transmise au président de la République qui dispose de
10jours pour la promulguer. Dans ce délais, il peut décider de renvoyer la loi au congrès en faisant usage
de son véto. L’avantage de ce système est que le Congrès exerce le pouvoir législatif et contrôle
véritablement l’administration. En revanche, le président peut être vite paralysé par un Parlement hostile
et la rigidité des pouvoirs peut ralentir le processus démocratique.

- Lorsque les pouvoirs sont au contraire séparés de manière souple, on parle de régime parlementaire. Ce
dernier repose sur la confiance entre les différents organes. Il ne peut exister que si une majorité stable
s’engage à soutenir le gouvernement. Le régime parlementaire peut donc être majoritaire ou rationalisé.
Lorsqu’il est rationalisé, cela signifie que le gouvernement est responsable devant le Parlement, donc que
le Parlement dispose de la capacité à renverser le gouvernement. L’avantage du régime parlementaire est
que le Parlement est très peu paralysé. Et les désavantages sont que le gouvernement n’est pas lu
directement par le peuple et que le Parlement est soumis au contr le du gouvernement d s que celui-ci
d tient une majorit des si ges en chambre. Exemple de régime parlementaire : Japon.

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- Il existe également des régimes aux pouvoirs confondus, qui profitent à un seul organe ou pouvoir. Ceux-
ci ne sont démocratiques, d’où la nécessité d’étudier les constitutions pour bien identifier la séparation des
pouvoirs. Exemple : Corée du Nord depuis 2019 qui consacre Kim Jung comme chef d’E

B - Des représentants pas si représentatifs…

- Le problème toutefois des régimes représentatifs, qu’elle que soient leurs formes (présidentiel,
parlementaire), c’est que les représentants ne sont pas toujours en adéquation avec la réalité. Comme on
l’a vu en introduction, sociologiquement, les élus représentent mal la population. Par conséquent, les
électeurs ne se retrouvent pas forcément dans leurs représentants ce qui peut les conduire à une certaine
aliénation au sein de la politique.
- Certains proposent de remplacer les élections par le tirage au sort pour égaliser les chances des citoyens à
participer à la vie politique. Mais cependant, cette méthode semble utopiste, le processus
d’échantillonnage serait bien trop complexe et il parait impossible de retirer le droit de vote aux citoyens.

En conclusion, on peut dire que la démocratie semble ne pas pouvoir se passer du Parlement. Le Parlement
permet de représenter le peuple, ce qui est nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie puisqu’il est
impossible d’exercer une démocratie directe dans nos sociétés contemporaines. Son rôle est de protéger ses
citoyens en délibérant et votant des lois. Ce qui permet d’évaluer la démocraticité d’un régime se porte sur la
manière d’élire les représentants (suffrage) , sur le pluralisme politique ou encore sur le principe de
séparation des pouvoirs. La séparation des pouvoirs, qu’elle soit stricte ou souple doit être prévue dans la
constitution des Etats et doit permettre de répondre efficacement aux enjeux politiques. Il ne doit y avoir un
pouvoir plus fort que l’autre, d’où la nécessité de contrôler cette division des pouvoirs dans l’optique de
trouver un équilibre. Il ne semble pas y avoir un régime parfait, les régimes présidentiel et parlementaires
ayant chacun des inconvénients et des avantages. Toutefois, le système parlementaire semble mieux faire ses
preuves puisqu’il est utilisé par plusieurs démocraties libérales tandis que le régime présidentiel est le
modèle institutionnel américain. Bien que le Parlement fasse consensus (tous les Etats modernes en sont doté
d’un, qu’il soit démocratique ou non), sa capacité à être démocratique varie selon les critères institués par
Dahl ainsi que la représentativité du peuple par les élus. Pour autant, en dépit du manque de représentativité
qu’il peut parfois exister, il semble impossible de se passer de parlementaires et encore moins d’élus. Le
vote, autant que le Parlement sont incontournables dans nos démocraties. Mais une chose est sure, nos
démocraties sont perfectibles à l’infini.

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