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Le plagiat (II)

Grands Repères

Université Paris Nanterre

Année universitaire 2019-2020


Semestre I
Table des
matières

Objectifs 3

I - 4. La révolte. Le plagiat tue la littérature. 4

1. Beaumarchais et les droits d'auteur ............................................................................................. 4

2. Érasme contre le piratage ............................................................................................................ 5

II - 5. Plagiat artistique et plagiat scientifique 8

1. Plagiat artistique et plagiat scientifique ....................................................................................... 8

2. Réversibilité : étudiants plagiaires, étudiants plagiés ................................................................... 9

3. Bonnes pratiques. ....................................................................................................................... 10


3.1. Conclusion ............................................................................................................................................ 11

III - Testez vos connaissances 12

IV - Les différentes manières de citer 14

Question de synthèse 16

Glossaire 17

Références 18
Objectifs

Comprendre les enjeux du plagiat, clarifier ses idées sur cette notion et ses conséquences dans la
pratique universitaire
Distinguer l'emprunt créatif et la copie
Effectuer des repérages dans l'histoire culturelle, autour de la question du statut de l'auteur
Engager une réflexion sur la tension entre liberté et propriété dans le domaine culturel
A la fin de ce cours, vous aurez réfléchi sur la manière dont vous devez utiliser vos sources, et mis
en place quelques points de culture générale.

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4. La révolte. Le plagiat tue la littérature.

4. La révolte. Le
plagiat tue la I
littérature.

Beaumarchais et les droits d'auteur 4


Érasme contre le piratage 5

Dans cette partie, nous évoquerons le moment de la révolte contre cette situation, en France ; et
nous verrons que des mécontentements s'étaient manifestés dès le XVIe siècle.

1. Beaumarchais et les droits d'auteur


Comment subsister si l'on n'est pas noble ?

La notion de plagiat n'a pas toujours existé : cela ne veut pas dire que le plagiat n'existe pas,
mais qu'il a été inventé  ; qu'il n'est pas une loi sacrée ayant toujours existé, mais une
convention. Qui l'a inventé  ? des juristes  ? Des bourgeois, obsédés par l'idée de propriété  ?
Nullement  : la notion de plagiat a été inventée par des auteurs  ; et ces auteurs, ce sont les
philosophes des Lumières, ceux qui affirment par ailleurs que la propriété est une invention de la
société, qui n'existe pas dans la nature.
Les inventeurs de la notion juridique de plagiat sont les prérévolutionnaires, Beaumarchais
notamment, celui qui, dans le Mariage de Figaro, s'en prend aux privilèges de l'aristocratie, et
au fait qu'un homme doué, mais mal né, ne peut pas se faire une place dans la société :

Non, monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas.


Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand
génie !... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier !
Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de
naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ; tandis que
moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de
science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis
cent ans à gouverner toutes les Espagnes [...].

Que demandent ces écrivains philosophes et révolutionnaires ? Des lois. Pourquoi ? Parce que
les lois sont faites pour défendre deux des devises que la France s'apprête à adopter : l'égalité
(des chances), et la liberté (de ne pas être volé).

L'invention du droit d'auteur, 12 ans avant la Révolution

Que dit Beaumarchais ? Il dit que sans loi, les écrivains ne peuvent pas vivre de leur travail.
Dans son cas particulier, celui d'un écrivain de théâtre, il accuse les acteurs de se réserver
l'argent de la billetterie. Le résultat est concret : ses enfants ne mangent pas à leur faim. A ceux
qui l'accusent de ne pas se contenter de la gloire, il répond :

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4. La révolte. Le plagiat tue la littérature.

On a raison : la gloire est attrayante ; mais on oublie que, pour en jouir


seulement une année, la nature nous condamne à dîner trois cent
soixante-cinq fois.

Ceux qui connaissent leur cours sur l'argumentation apprécieront la perfidie de la concession.
Les auteurs, jusqu'ici isolés, commencent à s'unir pour former des groupes de pression : en 1777,
Beaumarchais fonde avec ses amis la Société des auteurs et des compositeurs
dramatiques. Le droit d'auteur est né. Il est fils d'un créateur, de la Révolution, et de
l'autonomie de l'écrivain. Désormais, l'écrivain est libre, indépendant. Il ne doit plus rendre de
comptes à un protecteur, un mécène. Il doit donc être protégé, mais par des lois démocratiques.

Remarque
Le mécénat n'a pas disparu  ; les droits d'auteur ne suffisent pas souvent à vivre. Il s'est plutôt
transformé : il est plus le fait d'institutions ou d'entreprises soigneuses de leur image de marque que
de hauts personnages fortunés. L'échange est moins sentimental, plus professionnel.

2. Érasme contre le piratage


L'imprimerie, ou la porte ouverte au piratage

Bien entendu, cette démarche n'est pas sortie du néant. Si à l'âge classique la doctrine de
l'imitation domine, cette réclamation contre la "liberté de copier" n'était pas entièrement
nouvelle. On l'avait déjà entendue, dès le XVIe siècle (au moins). A l'époque de l'imitation et
du respect des Anciens, une voix s'était faite entendre, fortement, pour réclamer une protection
juridique des œuvres publiées. Cette voix, c'est celle du prince des humanistes, du symbole du
partage des idées, du très pacifiste Érasme. Elle s'exprime dans un ouvrage qui illustre
parfaitement la démarche des humanistes, les Adages, où il recueille des proverbes de l'Antiquité
et les commente, très librement.

Dans l'un de ses commentaires, Érasme, l'ami des imprimeurs, s'en prend pourtant à cette
profession, expliquant qu'ils sont parfois plus dangereux que les copistes du Moyen Age  :

1001. Hâte-toi lentement, Festina lente


[...]
Autrefois, on n'avait pas moins de scrupules à copier des livres à la
main que n'en ont aujourd'hui les notaires publics et les avocats
assermentés [...]. Il n'y a pas eu de plus importante source de confusion
dans les textes, que le fait de confier sans discernement une
responsabilité si sacrée à d'obscurs anonymes, à des moines ignorants
et plus tard même à des femmes. Pourtant, un scribe peu soigneux ou
ignorant cause bien moins de dommage qu'un imprimeur ! Sur cette
question, les lois publiques dorment. On punit celui qui vend du tissu
teint en Angleterre en le faisant passer pour du tissu teint à Venise,
alors que celui qui met sur le marché de pures horreurs, des coliques
intellectuelles, pour de bons auteurs, jouit de son audace.

Érasme n'est pas en avance sur son époque en ce qui concerne les femmes, mais pour ce qui
touche au plagiat, il a franchi un pas qui le met en avance sur Beaumarchais  : la propriété
intellectuelle est pour lui un produit comme un autre, dont la contrefaçon n'a aucune raison
de rester impunie.

Piratage et plagiat : nuances

Ce qui est en cause ici c'est la part la plus concrète de la production intellectuelle, l'impression.

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4. La révolte. Le plagiat tue la littérature.

Le phénomène est proche de ce qui se passe aujourd'hui. Un nouveau moyen technologique


(l'imprimerie hier, le numérique aujourd'hui) permet de nouvelles manières de copier, et les
multiplie. Nous voyons dans le cours sur la révolution de l'imprimé que cette technologie est un
facteur de multiplication sans précédent ; elle multiplie aussi les possibilités de copier.
Ce n'est pas tout à fait de plagiat qu'il s'agit ici, mais de ce que nous appelons aujourd'hui du
piratage, c'est-à-dire la copie et la diffusion d'une œuvre sans accord de son auteur, contre une
rémunération. Piratage et plagiat sont proches, mais ne se confondent pas tout à fait. Au XVIe
siècle, on reste peu sensible au problème du plagiat, mais à la suite d'Érasme, plusieurs auteurs
se sont plaints des éditions pirates. C'est la naissance d'un sentiment de propriété par rapport
aux œuvres intellectuelles.

Comme nous le voyons dans le cours sur l'invention de


l'imprimerie, le privilège royal, qui peut apparaître comme un
moyen de contrôle des publications, a d'abord été demandé
par les auteurs et imprimeurs, comme
protection de leur travailDu plagiat. François Ier, Henri II et
Charles IX octroient ainsi des privilèges autorisant la
publication des œuvres de Rabelais et Ronsard – et les
protégeant contre la copie, par la même occasion. C'est un
contrat « gagnant gagnant ».

Privilège royal pour les


oeuvres de Louise Labbé,
1556
 

Les lois sur le plagiat, une conséquence de la liberté intellectuelle

Ce qui est en cause ici, c'est une fois encore la disparition du mécénat. Avant la Révolution
française, les écrivains n'ont pas à vivre de leur plume. Leur subsistance ne dépend pas de la
vente de leurs livres (qui n'intéresse que les imprimeurs et libraires), mais du fait qu'ils soient
ou non protégés par un aristocrate. Molière bénéficie tout au long de sa vie de protections
dans la bourgeoisie puis dans la noblesse la plus proche du roiDu plagiat. Vous avez sans doute
entendu parlé des rapports entre La Fontaine et Fouquet, surintendant du roi Louis XIV, qui
finit disgracié, et serait le modèle de l'Agneau dans la fable « Le Loup et l'Agneau ».
À l'époque classique, le plagiat est essentiellement une question morale. Plagier, est-ce bien,
est-ce mal ? On peut toujours en discuter, et la réponse ne fait pas mourir des gens. Il y a bien
une part économique, celle de la protection du droit des imprimeurs : le privilège royal apparaît
comme une solution adéquate pour protéger ces derniers.
A l'aube de la Révolution, le plagiat devient une question économique et presque vitale. Pour
simplifier un peu  : plus d'aristocrates, plus de protecteurs. Les écrivains peuvent toujours se
réfugier auprès de la bourgeoisie, mais cette dernière donne moins facilement son argent (qu'elle
a obtenu par le travail, et non par héritage...en principe du moins). Il faut désormais vivre de sa
plume, c'est-à-dire du succès de ses œuvres : c'est le prix de la démocratie.
Dans ces conditions, que devient le plagiat ? Il devient un acte grave, dangereux, qui met en
danger la vie d'une personne, son aptitude à développer son art. Si l'on ne légifère pas, il
deviendra impossible de continuer à produire des œuvres. Alors on légifère. Pendant la
Révolution française, plusieurs lois établissent que seul l'auteur a le droit de reproduire ses
œuvres, puis que ce droit se transmet à ses héritiers pendant cinq ans. Dans les mêmes années,
la constitution des États-Unis adopte des principes similaires. Cela n'empêche pas que l'on
connaisse encore bien des flottements au cours du XIXe siècle, comme on l'a vu dans les parties

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4. La révolte. Le plagiat tue la littérature.

précédentes, mais un mouvement est lancé. Au cours du XXe siècle, la durée de protection des
droits d'auteur pour les héritiers est augmentée. Au début du XXIe, le champ du droit d'auteur,
qui s'applique également à la musique et au cinéma, s'étend à la création numérique  : jeux
vidéo, logiciels, bases de données.

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5. Plagiat artistique et plagiat scientifique

5. Plagiat artistique
et plagiat scientifique II

Plagiat artistique et plagiat scientifique 8


Réversibilité : étudiants plagiaires, étudiants plagiés 9
Bonnes pratiques. 10

Dans cette partie, nous nous demandons quelles conclusions tirer de ce parcours pour les productions
universitaires.
Plagiat, littérature, droits de l'Homme, trois inventions des Lumières.
L'objectif de ce cours est de relativiser la notion de plagiat, de la situer historiquement, non pas
pour l'affaiblir, mais au contraire pour vous faire sentir son importance. Il s'agit de vous montrer
que l'interdiction du plagiat n'est pas un décret tombé du ciel mais une règle inventée pour de
bonnes raisons, à l'époque de la Révolution française et de l'invention des Droits de l'Homme. Les
plaintes des libraires et de certains auteurs existaient depuis longtemps, mais il a fallu, pour que la
nécessité de légiférer s'impose, que disparaisse le système du mécénat.
On peut noter aussi que cette règle s'est mise en place à peu près à l'époque où s'est défini le
concept de «  littérature  », c'est-à-dire d'une discipline à part, regroupant toutes les écritures
créatives. A l'âge classique, les différents savoirs communiquaient entre eux  ; plusieurs disciplines
pouvaient être pratiquées par une même personne.
A l'époque du romantisme et de la révolution industrielle, c'est-à-dire au XIXe siècle, les sciences se
séparent des activités esthétiques. Les deux domaines deviennent hétérogènes et presque
antagonistes, jusqu'à ce qu'apparaisse une zone intermédiaire, celle des "sciences humaines". Dans ce
domaine, celui de l'écriture non artistique, que vous pratiquez dans vos études universitaires, que
devient le plagiat ?

1. Plagiat artistique et plagiat scientifique


Copier les idées, est-ce plagier ?

Vos compte-rendu, exposés, dissertations réalisés à la maison sont-ils de l'écriture d'art  ?


Peut-être, mais avant tout, ils sont des écrits de nature scientifique. La situation est-elle la
même ? En réalité, elle est beaucoup plus simple. Car dans ce cas, la forme importe moins. Ce
que l'on est susceptible de copier, ce sont des données, des informations recueillies par un autre,
ou des idées. Il faut ici ajouter une précision :
Le plagiat peut être la reprise des mêmes mots, un calque. C'est le degré le plus
simple de la copie, facile à prouver.
Bien souvent, le plagiaire s'ingénie à changer les mots, par un «  démarquage habile
"Le plagiat littéraire..."
  », pour éviter une reconnaissance trop facile, effectuant une sorte d'
étrange traduction qui lui demande d'ailleurs du travail. Mais le lecteur avisé ou le
logiciel antiplagiat reconnaissent assez facilement ces manipulations.
On peut copier les mots, mais on peut aussi copier un scénario, une idée, une
thématique. C'est là que les choses se compliquent : il devient alors difficile de faire la
différence entre le plagiat et les autres formes d'intertextualité. Difficile, mais nécessaire :
il serait ridicule de dire que Boileau a plagié Ovide  ; mais si un écrivain australien
raconte la même histoire qu'un écrivain brésilien en changeant seulement les lieux et les

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5. Plagiat artistique et plagiat scientifique

noms, deux ou trois ans plus tard, le plagiat est manifeste. Dans le domaine scientifique,
la publication d'une idée contraint tout successeur à y faire référence. Le chercheur, quel
que soit son niveau, doit se tenir informé des acquis dans sa discipline.

2. Réversibilité : étudiants plagiaires, étudiants plagiés


Une contre-attaque massive

Hélène Maurel-Indart raconte parmi d'autres cas celui d'un


historien qui a fait paraître en 1994 un essai intitulé De Nantes
à la Louisiane : l'histoire de l'Acadie, l'odyssée d'un peuple
oublié, ce qui lui a valu d'être «
 accueilli avec tous les honneurs à l'université de Moncton [...] ,
au Canada, lors d'un congrès mondial portant sur l'histoire des
AcadiensPlagiats, les coulisses...
  ». Le président de l'université est allé jusqu'à préfacer
l'ouvrage. Le problème est que les spécialistes de cette question
étaient présent à ce congrès ; ils ont tout de suite reconnu de
larges emprunts à un ouvrage de référence, Histoire des
Acadiens de Bona Arsenault (Montréal, Fides), et à une thèse,
Les Acadiens aux îles Saint-Pierre et Miquelon, 1758-1828 :
trois déportation, trente années d'exil, Michel Poirier, éd.
d'Acadie, Moncton, 1984.
Le président de l'université s'est rétracté, organisant une
exposition sur le plagiat, et plusieurs articles ont paru pour
confondre le faussaire. Michel Poirier a monté un dossier Homme acadien (gravure de
prouvant le recopiage de sa thèse. Comme cela arrive souvent, Jacques Grasset de Saint
certaines données, coupées du raisonnement dont elles faisaient Sauveur "Encyclopédie des
partie, n'avaient plus aucun sens. voyages" - 1796)
 

Mais ce n'est pas si facile

Il arrive que des universitaires utilisent abusivement les travaux de leurs étudiants. Le scénario
est souvent le même  : un jeune thésard rencontre un professeur à un colloque, lui confie ses
travaux, et les retrouve quelques années plus tard publiés dans un ouvrage qui vaut honneurs et
avancement de carrière à son «auteurIb.». Des procès se tiennent, et donnent lieu au versement
de dommages et intérêts (H. Maurel-Indart évoque des sommes allant de 10 000 à 22 800 euros Ib.
). Mais vous imaginez la position d'un jeune chercheur attaquant un professeur réputé, dans un
monde où tout se sait. Engager des poursuites judiciaires, c'est mettre en danger sa carrière
future. selon H. Maurel-Indart, en France notamment, la question du plagiat reste tabou.
Elle-même n'a d'ailleurs pas manqué d'être inquiétée. Voilà pourquoi le combat doit être
commun. Il ne faut pas laisser les victimes se débrouiller seules.

Et dans le sens inverse ?

Bien entendu, il faut aussi imaginer la situation inverse : un chercheur reconnu peut attaquer un
jeune chercheur qui utiliserait ses travaux sans les citer. Les cas d'étudiants empruntant tout ou
partie de leur mémoire de master à des sources extérieures sans y faire référence se multiplient.
Dans le cas d'une utilisation sans publication mais pour valider un examen, les choses sont assez
simples. Même si l'auteur ne veut pas s'impliquer dans des poursuites, les services centraux de
l'université invalideront le diplôme de l'étudiant, et peuvent aller jusqu'à l'interdire de tout
examen ou concours d'état pendant une durée de cinq ans. Il vaut mieux avoir passé le permis
de conduire avant...
Université Toulouse-Le-Mirail, juin 2007 : peine d'exclusion de 2 ans de tout établissement
d'enseignement public pour cause de plagiat dans un mémoire de thèse. (pdf)

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5. Plagiat artistique et plagiat scientifique

Complément : Les sanctions disciplinaires applicables aux étudiants


En cas de plagiat constaté, le directeur de l'UFR concernée s'adresse au Président de l'université,
lequel saisit la section disciplinaire de l'université, afin qu'elle se réunisse pour émettre un jugement
et une sanction. Il existe plusieurs degrés de sanctions selon la gravité des faits, et l'existence ou non
de récidive :
1. Avertissement
2. Blâme
3. Exclusion de l'établissement pour une durée maximum de 5 ans (éventuellement avec sursis si
l'exclusion n'excède pas 2 ans)
4. Exclusion définitive de l'établissement
5. Exclusion de tout établissement public d'enseignement supérieur pour une durée maximum de 5
ans
6. Exclusion définitive de tout établissement public d'enseignement supérieur.

3. Bonnes pratiques.
Le pire est qu'il est tout à fait honorable de citer des travaux antérieurs. La science n'avance
que de cette manière. Mais il faut citer ses sources et en utiliser plusieurs, pour construire votre
raisonnement. Vous devez choisir entre plusieurs modes de présence des idées d'autrui dans
votre texte :

La citation directe.

Elle se justifie quand la formulation est importante, frappante, particulièrement efficace, ou au


contraire, lorsque vous entendez la mettre à distance et donc laisser l'auteur assumer ses
propos. On utilise alors une formule d'introduction («  comme le dit...  », «  c'est ce
qu'affirme... »), les guillemets, et l'on met la référence entre parenthèses ou en note.

Exemple
Selon H. Maurel-Indart, le plagiat se situe dans une ""zone grise", difficilement localisable, entre
emprunt servile et emprunt créatif" (H. Maurel-Indart, Du Plagiat, Paris, Folio Essais, 2011 (rééd.),
p. 11).
Les cours de méthodologie vous montrent comment procéder pour que vos citations soient
efficaces. Elles doivent :
être bien ciblées, en général courtes,
être nettement démarquées, par des guillemets,
être introduites par une formule du type : "comme le dit...", "selon..."
signaler clairement la référence de l'ouvrage dont elles sont tirées.

La paraphrase.

Elle permet de résumer une idée sans citer tout un paragraphe. Il faut faire attention à ne
pas déformer les propos de l'auteur. Là aussi il faut introduire les propos («  c'est la thèse
défendue par... »), et comme toujours, donner les références précises.

Exemple
La dénonciation du plagiat reste un tabou dans le système universitaire français. C'est la thèse
défendue par H. Maurel-IndartPlagiats, les coulisses de l'écriture (H. Maurel-Indart, Plagiats, les coulisses de
l'écriture, Paris, la Différence, 2007, p. 11).

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5. Plagiat artistique et plagiat scientifique

Le renvoi.

Si vous utilisez une idée assez connue, vous n'avez pas besoin de citer directement la source.
Mais il faut tout de même indiquer dans quel ouvrage on trouve des développements sur cette
idée, entre parenthèses ou en note.

Exemple
Quand on fait l'éloge de l'efficacité des travailleurs dans les pays protestants, on reprend
implicitement la thèse weberienne de l'interférence entre protestantisme et capitalisme, qui n'est pas
exempte de critiques.

3.1. Conclusion
*  *
*
Nous avons vu se croiser deux angles de vue : l'angle économique, et le moral. Les écrits scientifiques
sont par eux-mêmes peu rémunérés : sauf exception, bourse, prix, une thèse ne donne lieu à aucune
rétribution (et coûte plutôt cher à son auteur). Les articles écrits par les chercheurs ne sont généralement
pas rémunérés. Dans ce cas, la faute liée au plagiat est avant tout morale. Mais elle n'est pas légère. Que
vole-t-on quand on vole le travail d'un autre, si on ne lui prend pas d'argent ? Son travail, des années de
recherche, tout ce qu'il s'est imposé à lui-même, tout ce que sa famille a accepté de subir pour qu'il puisse
mener à bien son enquête. On lui vole, à lui et à ses proches, une partie de sa vie.
Au demeurant, des intérêts économiques sont tout de même en jeu, car dans sa carrière, un chercheur
doit passer des évaluations, des diplômes (l'habilitation à diriger des recherches par exemple), des grades,
qui se traduisent aussi en termes d'avancement et de rétribution. C'est pourquoi même lorsque l'on plagie
un ouvrage non publié ou à faible tirage, on s'expose au versement d'importants dommages et intérêts.
A l'inverse en citant les travaux d'autrui, vous montrez que vous avez travaillé, que vous avez classé vos
sources, et que vous êtes capables de les utiliser tout en ayant éventuellement un regard critique sur elles.
Tout cela est parfait.
Il ne faut donc pas se laisser aller au plagiat par omission, celui qui consiste à ne pas citer pour aller
plus vite, s'épargner un travail un peu fastidieux, car les conséquences sont graves.
Ces arguments pourront-ils convaincre ceux qui en seraient tentés d'éviter le plagiat délibéré, celui qui
consiste à reprendre toute une partie d'un ouvrage pour s'en attribuer la gloire ? Ce n'est pas sûr, car une
telle entreprise semble supposer une volonté délibérée de s'approprier l'effort et les capacités d'autrui  :
dans ce cas, il ne reste sans doute qu'à faire parler les règles et la répression. Du moins après ce cours
aucun étudiant de Paris Nanterre ne peut dire qu'il ne savait pas !

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Testez vos connaissances

Testez vos
connaissances III

Exercice 1 : Le nom des périodes


Dans ce cours, vous avez traversé l'histoire culturelle et notamment littéraire. Assurons-nous que les
principaux repères sont bien en place. Nous commencerons avec le nom donné à chaque période. A
vous de placer le nom dans la bonne case.
1. Lumières
2. Époque des romantiques
3. Age classique
4. Renaissance

XVIe siècle XVIIe siècle XVIIIe siècle XIXe siècle

Exercice 2 : Où est qui ?


Précisons un peu les choses. Dans ce cours il a été question de plusieurs très grands auteurs.
Êtes-vous sûrs de bien les placer dans les différentes périodes ?
1. Kafka
2. Lamartine
3. Molière
4. La Fontaine
5. Corneille
6. Erasme
7. Rousseau
8. Montaigne
9. Voltaire
10. Musset
11. Beaumarchais

XVIe (Renaissance) XVIIe (âge classique) XVIIIe (Lumières) XIXe (Romantiques) XXe siècle

Exercice 3 : Qui a fait quoi ?


Dans le cours, vous avez pu voir l'attitude de plusieurs grands auteurs classiques par rapport au
plagiat. Réussirez-vous à faire le lien entre l'attitude et l'auteur ? Ce sera le moyen de retenir
quelques exemples parlants de l'histoire du plagiat.
1. A l'époque où l'idée de plagiat n'existait pratiquement pas, il s'est insurgé contre les
imprimeurs qui copient des textes sans autorisation, donnant une formulation très précoce de
la propriété intellectuelle.
2. Il emprunte de nombreuses citations aux auteurs antiques, et plus discrètement, à ses

12
Testez vos connaissances
2.
contemporains ; lui-même sera largement repris par Pascal, qui ne prendra pas souvent la
peine de citer son nom.
3. On lui attribue les vers "O Temps, suspends ton vol !", et "Un seul être vous manque, et tout
est dépeuplé", mais il les a empruntés à des poètes moins célèbres.
4. L'une de ses pages les plus célèbres est celle où il évoque les souvenirs que peut rappeler la
dégustation d'une madeleine, renvoyant, par son goût, sa texture et son odeur, au passé dans
lequel il en mangeait avec son thé. Mais cette idée d'un lien entre les sens et les souvenirs
avait déjà été évoquée par plusieurs auteurs de son époque, quoique de manière moins
frappante.
5. Il emprunte de nombreuses histoires aux poètes de l'Antiquité, et plus discrètement, à ses
contemporains.
6. A l'aube de la Révolution française, cet homme de théâtre s'est insurgé contre le système du
mécénat et a inventé les droits d'auteur.

La Fontaine Montaigne Érasme Beaumarchais Lamartine Proust

Exercice 4 : Trouvez la définition


Il s'agit ici de trouver la définition des grandes notions-clé du cours.
1. Idéal selon lequel on doit chercher à atteindre la perfection des Anciens, de la culture antique,
en s'appropriant leurs œuvres et en les transposant dans la culture française.
2. Idée selon laquelle il faut s'imprégner de l’œuvre d'autrui, s'en nourrir, pour produire ses
propres œuvres.
3. Image symbolisant l'idée selon laquelle il faut s'inspirer de plusieurs auteurs pour produire
son œuvre.
4. Utilisation d'un travail antérieur de manière à faire avancer les connaissances, en faisant
référence aux étapes franchies par les précédents chercheurs.
5. Utilisation d'une œuvre de manière à en créer une autre, non pas en reproduisant la première
mais en prenant appui sur elle.
6. Utilisation d'une œuvre ou d'un texte sans y faire référence, visant à masquer sa source.
7. Idéal de communication libre et prolifique entre les grands auteurs, indépendamment de leur
patrie d'origine ; ce rêve a favorisé une attitude très libérale vis-à-vis du plagiat.
8. Phénomène selon lequel tout texte est porteur de la trace des textes qui l'ont précédé.

République Doctrine de Plagiat Imitation Influence Innutrition Abeille Intertextualité


des Lettres l'imitation créatrice scientifique butineuse

13
Les différentes manières de citer

Les différentes
manières de citer IV

Dites à quel mode de présence correspondent les passages suivants, pris dans ce cours, citation,
paraphrase ou renvoi :

Exercice 1 : Question 1
L'une des conséquences de cette idée d'imitation vertueuse est le concept de plagiat par
anticipation, développé par les surréalistes, et repris récemment par un universitaire amateur de
paradoxes, Pierre BayardLe plagiat par anticipation- p.17 §
*

Renvoi.

Citation

Paraphrase

Exercice 2 : Question 2
« Le texte valait pour lui-même, presque indépendamment de sa signature », explique la spécialiste
française du plagiat, H. Maurel-IndartPlagiats, les coulisses de l'écriture, Paris, la Différence
Renvoi.

Citation

Paraphrase

Exercice 3 : Question 3
La spécialiste française du plagiat, H. Maurel-IndartDu plagiat, explique qu'il y a une quinzaine
d'années, le sujet était tabou. On n'osait guère parler de plagiat, car on sentait bien que les grands
auteurs eux-mêmes risquaient d'être mis en cause
Renvoi.

Citation

Paraphrase

Exercice 4 : Question 4
. ... a donné lieu à un procès qui s'est soldé par « 45% environ des gains de Gotye [...] aux proches
du chanteur brésilien » (qui n'avaient sans doute pas hérité autant de leur aïeulPourquoi parle-t-on du "plagiat
- p.18 ¤ ).
*

Renvoi.

14
Les différentes manières de citer

Citation

Paraphrase

Exercice 5 : Question 5
Les humanistes passent beaucoup de temps à traduire les œuvres des Anciens ; mais ces traductions
sont plutôt des adaptations : «
traduire un poète latin ou grec, pour un Ronsard ou pour un Du Bellay, c'est écrire une œuvre
autre, à la fois dans la continuité du passé et déjà sur la voie d'une langue plus riche et plus
complète. À l'époque de la Renaissance des lettres par la découverte des textes anciens, la mission
d'auteur s'accomplit d'ores et déjà à travers le travail de la traduction Le plagiat littéraire : une contradiction en
soi ?
».
Renvoi.

Citation

Paraphrase

Exercice 6 : Question 6
Selon H. Maurel-Indart, le scénario est souvent le même : un jeune thésard rencontre un professeur
à un colloque, lui confie ses travaux, et les retrouve quelques années plus tard publiés dans un
ouvrage qui vaut honneurs et avancement de carrière à son « auteurIb.».
Renvoi.

Citation

Paraphrase

15
Ressources annexes

Question de synthèse

16
Glossaire

Glossaire

Le plagiat par anticipation


P. Bayard, Le plagiat par anticipation, Paris, éd. de Minuit, 2009, 150 p.

17
Références

Références

Pourquoi parle-t-on du
"plagiat
«  Pourquoi parle-t-on du "plagiat" de Gotye mais des "samples" de Daft Punk ?
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