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Ohadata D-09-40

REFLEXIONS SUR LA MODIFICATION DU CONCORDAT


PREVENTIF EN DROIT OHADA

Par Mayatta Ndiaye MBAYE


Docteur en Droit Privé
Maître-assistant associé FSJP/UCAD

mayus1976@yahoo.fr

***************

Abstract : La modification du concordat préventif, contrairement à celle du concordat de


redressement, est autorisée par l’acte uniforme portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif en son article 21 alinéa 1. La présente étude s’intéresse,
dès lors, aux conditions de forme et de fond de modification du concordat préventif. Elle
revient sur le pouvoir accordé à la juridiction compétente en la matière et surtout sur les deux
cas de modification (modification de nature à abréger ou à favoriser l’exécution du
concordat) pour déceler leurs difficultés d’application.

***************

I- Une modification autorisée


A- L’exclusion d’une modification d’accord-parties du concordat préventif
1- Une exclusion justifiée par la nature juridique du concordat préventif
2- Une exclusion préservant les intérêts des créanciers
B- L’admission d’une modification judiciaire du concordat préventif
1- La procédure de modification du concordat préventif
a) La saisine de la juridiction compétente
b) L’intervention obligatoire du syndic
2- Le pouvoir souverain de la juridiction compétente
II- Une modification encadrée
A- Les cas de modification du concordat préventif
1- La modification de nature à abréger l’exécution du concordat préventif
2- La modification de nature à favoriser l’exécution du concordat préventif
B- Les difficultés d’application des cas de modification du concordat préventif
1- La difficile conciliation des cas de modification du concordat préventif
2- La conciliation des cas de modification avec les autres dispositions
gouvernant le règlement préventif

****************

1
1- Depuis les années soixante, le droit des entreprises en difficulté a connu de nombreuses
adaptations. Le législateur de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires (OHADA), dans la même lignée, a construit un dispositif visant au règlement des
créanciers, au redressement de l’entreprise et, partant, à la sauvegarde de l’emploi1. Il s’agit
des procédures collectives qui peuvent être définies comme des procédures faisant intervenir
la justice lorsque l’entreprise est en état de cessation des paiements ou connaît, à tout le
moins, de sérieuses difficultés financières2.

2- Le dispositif contenu dans l’Acte Uniforme du 10 avril 1998 portant Organisation des
Procédures Collectives d’Apurement du Passif (AUPCAP)3 peut être décomposé en trois
phases dont l’observation dépend de la situation financière et économique de l’entreprise
concernée : la phase préventive qui permet de détecter et de résoudre les difficultés de
l’entreprise avant que sa situation ne devienne irréversible : c’est la procédure de règlement
préventif4 ; la phase de redressement judiciaire qui permet au juge de sortir l’entreprise de son
état de cessation des paiements : c’est la procédure de redressement judiciaire ; la phase de
liquidation de l’entreprise lorsque la poursuite de l’activité ou la cession de l’entreprise
s’avère impossible : c’est la procédure de liquidation des biens. Ces trois procédures
collectives sont les seules prévues par l’AUPCAP5.

3- Le règlement préventif est défini par l’AUPCAP comme « une procédure destinée à éviter
la cessation des paiements ou la cessation d’activité d’une entreprise, et à permettre
l’apurement de son passif au moyen d’un concordat préventif »6. Cette procédure collective
exige ainsi, pour son aboutissement, l’existence d’un concordat préventif7.

1
Ce dispositif est venu remplacer dans la plupart des Etats parties de l’OHADA la législation inspirée du droit
français ou encore le droit français encore applicable. En effet, les législations de certains Etats parties étaient
inspirées du droit positif français, d’autres comme le Mali ou le Sénégal avaient adopté littéralement la loi
française du 13 juillet 1967, tandis que pour la plupart, les autres Etats restaient soumis au Code de commerce de
1807 tel que modifié par les textes de 1838, 1889 et 1935. Voir sur ce point J. ISSA-SAYEGH, Présentation des
dispositions sur les procédures collectives d’apurement du passif, www.ohada.com/doctrine, ohadata D-06-07, p.
1.
2
Le droit des entreprises en difficulté est, en effet, le droit de la maladie et de la mort des entreprises.
3
J.O. OHADA n° 7 du 01 juillet 1998, p. 1 et s. Ce texte est entré en vigueur le 1er janvier 1999 et s’applique à
toutes les procédures ouvertes après son entrée en vigueur (article 257 AUPCAP).
4
Le règlement préventif n’est une procédure collective au sens strict du terme en ce sens qu’il intervient avant la
cessation des paiements à l’initiative exclusive du débiteur qui en sollicite le bénéfice alors que les procédures
collectives sont réputées intervenir en cas de cessation des paiements. Il est considéré comme une procédure
collective qui intervient pour éviter la cessation des paiements de l’entreprise. P. TIGER classe les procédures
collectives en deux catégories : la procédure collective avant cessation des paiements qui est le règlement
préventif et les procédures collectives après cessation des paiements, à savoir le redressement judiciaire et la
liquidation des biens. Voir P. TIGER, Les procédures collectives après cessation des paiements en droit
harmonisé OHADA, Les Petites Affiches du 13 octobre 2004, n° 205, p. 35.
Pour une étude globale des trois procédures collectives dans le cadre de l’OHADA, voir F. M. SAWADOGO,
Droit des entreprises en difficulté, éd. Bruylant, Bruxelles, coll. Droit uniforme africain, 2002.
5
Il faut préciser que ces différentes procédures ne sont pas des passages obligés. En effet, la juridiction
compétente qui constate la cessation des paiements de l’entreprise choisit d’ouvrir soit le redressement judiciaire,
soit la liquidation des biens en tenant compte de la capacité de redressement de l’entreprise (article 33 de
l’AUPCAP). Ainsi, le débiteur ne peut faire grief au tribunal d’avoir ouvert une procédure de liquidation des
biens sans redressement au préalable. Voir notamment Cour de cassation française, Com., 12 mai 1998, RJDA
1998, n° 10, n° 1140.
6
Article 2-1 AUPCAP. Précisons qu’il y a cessation des paiements lorsque le débiteur est dans « l’impossibilité
de faire face à son passif exigible avec son actif disponible » (article 25 AUPCAP).
7
L’idée de remédier aux difficultés des entreprises par des mesures préventives n’est pas nouvelle. Les
concordats amiables étaient utilisés au XIXe siècle pour éviter la mise en faillite du débiteur. Voir notamment F.
DERRIDA, Concordat préventif et droit français, in Dix ans de concours d’agrégation, Etudes de droit

2
4- Le concordat préventif est un accord entre le débiteur et les créanciers. Il se distingue du
concordat de redressement judiciaire par le fait que les créanciers ne sont pas ici constitués en
masse8. Il consiste, pour le débiteur, à conclure un accord avec chacun des créanciers sur les
délais ou les remises qu’il consent9. Dans le cadre du concordat préventif, chaque créancier
est donc libre de refuser tout délai ou remise sans que cela empêche la formation du
concordat, en tenant compte des mesures que le débiteur entend prendre pour parvenir à
l’assainissement rapide de l’entreprise et garantir le paiement des créanciers10. L’accord de
tous les créanciers n’est donc pas requis pour la conclusion du concordat préventif. Mais, dans
certains cas et sous certaines conditions, le concordat peut être opposé à des créanciers l’ayant
refusé11. De même, les délais et remises consentis par les créanciers peuvent être différents.
Ce sont ces délais et remises consentis à l’entreprise débitrice qui vont lui permettre d’éviter
la cessation des paiements ou la cessation d’activité en ce sens qu’elle va disposer de temps et
d’avantages pour retrouver sa santé financière.

5- Avant son homologation, le concordat préventif reste l’affaire des parties, du débiteur et de
ses créanciers. En cette période, il est une convention modifiable d’un commun accord. Il peut
dès lors faire l’objet de modification par les parties, la juridiction compétente n’intervenant
pas à cet instant12. Ainsi, un créancier peut, en cette période, modifier les délais qu’il a
consentis au débiteur tout en se conformant aux limites légalement fixées. De même, il peut
consentir une remise qu’il avait auparavant refusée au débiteur.

6- Mais, dans tous les cas, le concordat préventif conclu par les créanciers et le débiteur doit,
pour s’imposer aux premiers au profit du second13, être validé, entériné, homologué par la
juridiction compétente14.
L'homologation est, selon C. FARDET, un acte normateur et perfecteur15. Elle est un acte
«normateur» en ce qu'elle assure la reconnaissance d’un acte par l'autorité publique et

commercial offertes à Joseph Hamel, Dalloz, 1961, p. 489 ; P. ROUSSEL-GALLE, OHADA et difficultés des
entreprises - Etude critique des conditions et effets de l’ouverture de la procédure de règlement préventif, 1ère
partie, Revue de jurisprudence commerciale, février 2001, n° 2, p. 9. Pour la deuxième partie de cet article, voir
la même revue, numéro de mars 2001, p. 62 et s.
8
Voir sur ce point F. M. SAWADOGO, ouvrage précité, n° 78.
9
Aux termes de l’article 15-2 de l’AUPCAP, « …Les délais et remises consentis par les créanciers peuvent être
différents ».
10
Il peut s’agir notamment des mesures citées par l’article 7 de l’AUPCAP. Exemples : licenciements pour motif
économique, remplacement de dirigeants, la fourniture de garanties.
11
En effet, l’article 15-2 de l’AUPCAP prévoit, dans tous les cas où le concordat préventif comporte une
demande de délai n’excédant pas deux ans, la possibilité pour la juridiction compétente de rendre ce délai
opposable aux créanciers qui ont refusé tout délai et toute remise, à l’exclusion des créanciers de salaires, sauf si
ce délai met en péril l’entreprise de ces créanciers.
Il faut préciser que les créanciers de salaires sont rigoureusement protégés : ils ne peuvent consentir des remises
et on ne peut leur imposer un quelconque délai (article 15-2 AUPCAP).
12
La situation de l’article 21 alinéa 1 dans l’AUPCAP portant sur la modification du concordat préventif montre
que l’acte uniforme s’intéresse exclusivement à la modification du concordat préventif homologué et laisse au
débiteur et à ses créanciers la latitude de modifier les délais ou remises accordés avant l’homologation.
13
L’homologation du concordat préventif rend celui-ci obligatoire pour tous les créanciers antérieurs à la
décision de règlement préventif, quelle que soit la nature de leurs créances, dans les conditions de délais et de
remises qu’ils ont consenties au débiteur ou dans les conditions de délais qui leur ont été imposées par le juge
(article 18 AUPCAP).
14
Au Sénégal, il s’agit du Tribunal régional.
15
C. FARDET, La notion d’homologation, Droits 1999, p. 181. Il faut préciser que son étude se limite à
l’examen de la notion en droit public mais les critères dégagés peuvent être transposés au droit privé comme le
souligne C. HUGON, Existe-t-il un droit commun de l’homologation judiciaire ?, Les Petites Affiches n° 247 du
11 décembre 2003, p. 4, contribution aux sixièmes rencontres juridiques de l’Université de Lyon 2 organisées
par le professeur S. CABRILLAC sur « l’homologation ».

3
«perfecteur» en ce qu'elle se greffe sur un acte préexistant, soit pour lui faire produire des
effets, soit pour les renforcer. Elle est l’une des manifestations d'un « passage d'un ordre
juridique imposé à un ordre juridique négocié »16. En effet, à travers l’homologation, il
apparaît clairement que « le juge qui tranche recule au profit du juge qui soutient »17.
L’homologation se caractérise par un compromis entre la liberté laissée aux justiciables
d'organiser leurs relations, de négocier ensemble la solution de leurs litiges, et le maintien
d'un certain contrôle judiciaire. Elle ne consiste pas pour le juge à donner acte à l’accord des
parties18 ou à se constituer témoin solennel des parties. Il s’agit plutôt pour le juge d’imposer
un certain contrôle pour conférer la force exécutoire à un acte extérieur19.
Ainsi, dans le règlement préventif, la solution obtenue est le résultat de la bonne volonté des
parties au concordat préventif. Il n'y a ni perdant, ni gagnant, mais un débiteur et des
créanciers qui sont parvenus, par des efforts réciproques, à trouver une juste solution. Le
concordat homologué est donc le résultat d'un accord librement débattu sur lequel le juge
exerce un contrôle portant sur sa qualité avant de lui donner force exécutoire. En effet, la
décision d’homologation est subordonnée à la réunion d’un certain nombre de conditions20 et
ne peut être prononcée que si la situation du débiteur le justifie, c’est-à-dire lorsqu’il n’est pas
en état de cessation des paiements et peut redresser son entreprise par l’exécution du
concordat préventif.
Par l’effet de l’homologation du concordat préventif, tous les créanciers auxquels celui-ci
s’impose se voient interdire l’exercice de leurs droits ou actions à l’égard du débiteur21 qui,
lui, recouvre la liberté d’administration et de disposition de ses biens. Toutefois, il est tenu de
respecter ses engagements concordataires, attitude faisant l’objet d’un contrôle par les organes
mis en place par la juridiction compétente22.
L’intervention de l’autorité judiciaire à l’acte homologué donne à celui-ci une nature hybride.
Celui-ci se présente, en raison du contrôle opéré par le juge, comme un acte « mi-judiciaire,
mi-conventionnel »23. Ce qui fait que l’accord homologué n’est pas un contrat judiciaire24.
Toutefois, l'homologation, même si elle ne correspond pas à la définition classique de l’acte
juridictionnel25, n’en reste pas moins un si l’on sait que l’acte juridictionnel peut être un acte

16
L. CADIET, Solution judiciaire et règlement amiable des litiges ; de la contradiction à la conciliation, in
Mélanges CHAMPAUD, Dalloz 1997, p. 123.
17
C. HUGON, article précité.
18
I. BALENSI, L’homologation judiciaire des actes juridiques, RTD Civ. 1978, p. 43.
19
R. PERROT, L’homologation des transactions (article 1441-4 du Nouveau Code de Procédure Civile),
Procédures, 1999, n° 8-9, p. 3. Cet auteur revient sur l’intérêt du recours à la procédure gracieuse avec la
possibilité donnée par l’article 1441-4 du NCPC à une partie à une transaction de saisir le juge pour que soit
conférée à celle-ci force exécutoire.
20
Pour l’homologation du concordat préventif, l’article 15-2 de l’AUPCAP requiert les conditions suivantes : la
validité du concordat, l’absence d’atteinte à l’intérêt collectif ou à l’ordre public, la possibilité de redresser
l’entreprise et de régler le passif par l’exécution du concordat préventif, l’existence de garanties suffisantes
d’exécution du concordat, le respect des limites légales pour les délais consentis par les créanciers.
21
Mais, par souci de préserver leurs intérêts, la prescription de leurs droits ou actions est suspendue.
22
En effet, l’homologation du concordat préventif donne au débiteur une liberté sous contrôle. Ce contrôle porte
sur l’exécution du concordat préventif. Il est l’œuvre du juge-commissaire, et, s’ils sont désignés, du syndic et
des contrôleurs (article 16 AUPCAP).
23
B. BLOHORN-BRENNEUR, La médiation judiciaire en matière prud’homale, le protocole d’accord et la
décision d’homologation, D. 2001, chron. P. 251.
24
L. CADIET, Droit judiciaire privé, Litec, n° 325 ; Y. MULLER, v. Contrat judiciaire, Répertoire de Procédure
civile, Dalloz, n° 20-23.
25
C’est-à-dire un acte consistant « de la part du juge agissant dans le cadre de formes spéciales tendant
notamment à garantir la possibilité d’un débat contradictoire, à faire application d’une règle juridique en vue
de trancher un conflit d’intérêt par l’accueil ou le rejet de la prétention soumise à la justice ». Voir sur ce point
G. COUCHEZ, Procédure civile, Dalloz, 12ème éd., n° 211 et s.

4
contentieux ou non contentieux, c’est-à-dire gracieux26. En considération d’une telle
qualification, l’AUPCAP fait de l’autorité de la chose jugée un obstacle à la recevabilité
d'actions en nullité contre le concordat préventif homologué sauf pour dol découvert après
l’homologation et ce, dans un délai d’un an à compter de cette découverte et à l’initiative du
seul représentant du ministère public27. Les parties ne peuvent donc valablement saisir le juge
d’une action en nullité du concordat préventif homologué28. Toutefois, l’homologation ne
transforme pas la nature contractuelle du concordat. C’est la raison pour laquelle, le juge ne
peut modifier unilatéralement les termes du concordat préventif. Ce dernier doit, en principe,
être exécuté sans aucune modification. Mais, l’article 21 alinéa 1 de l’AUPCAP prévoit
qu’il29 peut être modifié par la juridiction compétente selon certaines modalités. La
modification du concordat préventif homologué est donc autorisée, mais, il est interdit au
débiteur et à ses créanciers d’y procéder seuls.

7- Il faut préciser que ce qui est admis pour le concordat préventif est exclu pour le concordat
de redressement. En effet, l’AUPCAP n’autorise pas une modification du concordat de
redressement homologué, même par la juridiction compétente. La modification est donc une
spécificité du concordat préventif. Elle est régie par l’article 21 alinéa 1 de l’AUPCAP qui la
soumet à une procédure spéciale qui se caractérise par une liberté encadrée du juge dans le
processus de modification du concordat préventif.
Au-delà de cette procédure, l’AUPCAP détermine les conditions de fond qui peuvent ouvrir
droit à une modification du concordat préventif. En effet, la modification ne peut être
prononcée que lorsqu’elle « abrège ou favorise l’exécution du concordat préventif ». Mais,
ces deux cas de modification du concordat préventif sont-ils cumulatifs ou alternatifs ? En
d’autres termes, la modification peut-elle être prononcée si elle favorise l’exécution du
concordat tout en la prolongeant ?

8- L’étude de la modification du concordat préventif permet d’appréhender les conditions de


forme et de fond de cette modification. Il s’agira ainsi de répondre aux questions suivantes :
d’abord, comment peut-on modifier le concordat préventif homologué ? Ensuite, quand peut-
on modifier le concordat préventif homologué ? C’est toute la question de la modification du
concordat préventif.

9- On s’aperçoit que, même si l’AUPCAP s’intéresse à la mise en place d’un régime juridique
unique applicable au concordat30, qu’il s’agisse de concordat préventif ou de concordat de

26
Dans le même sens, voir notamment P. HEBRAUD, Commentaire de la loi du 15 juillet 1944, D. 1946,
Législation, p. 333 ; J. VINCENT et S. GUINCHARD, Procédure civile, Dalloz, 26ème éd., n° 165 ; G. CORNU
et J. FOYER, Procédure civile, PUF, 3ème éd., n° 17 ; G. WIEDERKEHR, L’évolution de la justice gracieuse, in
Mélanges offerts à P. DRAI, Dalloz, 2000, p. 483.
L’homologation intègre en effet la définition de l’acte juridictionnel telle que donnée par MOTULSKY. Selon
cet auteur, l’acte juridictionnel est « l’acte qui émane d’un organe judiciaire, qui est rendu selon les formes
d’une procédure et qui tranche une prétention concernant une situation juridique par application d’une règle de
droit ». Voir MOTULSKY, Les ordonnances sur requête, in Ecrits, T. I., Dalloz, 1973, p. 184 et s.
27
Article 140 AUPCAP.
28
Pour MOTULSKY, il s’agit d’une question litigieuse débattue et tranchée par le juge. MOTULSKY, Pour une
délimitation plus précise de l’autorité de la chose jugée en matière civile, in Ecrits, T. 1, p. 201, n° 37.
29
Même si l’article 21 ne précise pas qu’il s’agit du concordat préventif homologué, l’esprit du texte englobe
cette idée. En effet, ce texte subordonne la modification du concordat préventif à une intervention du syndic, s’il
en a été désigné. Or, le syndic ne peut être désigné que si le règlement préventif est ouvert (article 16 AUPCAP)
et le règlement préventif ne peut être ouvert que si le concordat préventif est homologué (article 15 AUPCAP).
30
Cette attitude législative apparaît notamment par l’unicité du régime juridique applicable à la résolution et à
l’annulation des concordats préventif et de redressement. Il s’agit des articles 139 à 143 de l’AUPCAP auxquels
renvoie l’article 21 alinéa 2 de l’AUPCAP.

5
redressement, il reconnaît une certaine spécificité du concordat préventif. C’est ainsi que la
modification du concordat préventif est autorisée (I) contrairement à celle du concordat de
redressement. Toutefois, cette modification est bien encadrée (II), ne laissant pas à la
juridiction compétente une large marge de manœuvre.

I- Une modification autorisée

10- L’AUPCAP admet la modification du concordat préventif et non celle du concordat de


redressement. En effet, il autorise la juridiction compétente à effectuer des modifications sur
le concordat préventif tel qu’homologué et refuse ainsi toute modification de celui-ci par le
débiteur et les créanciers signataires. Les dispositions de l’AUPCAP excluent donc toute
modification d’accord-parties du concordat préventif (A) et n’admettent que la modification
judiciaire de celui-ci (B).

A- L’exclusion d’une modification d’accord-parties du concordat préventif

11- Dès son homologation par la juridiction compétente, toute modification du concordat
préventif par le débiteur et ses créanciers est exclue. Cette exclusion résultant de l’article 21
alinéa 1 de l’AUPCAP se justifie par la nature juridique du concordat préventif homologué
(1) et a pour conséquence, la préservation des intérêts des créanciers (2).

1- Une exclusion justifiée par la nature juridique du concordat préventif


homologué

12- Le concordat préventif est une convention de droit privé. Conformément au principe de
liberté contractuelle, les parties devraient pouvoir le modifier librement en l’absence de
prohibition légale. Il en est ainsi notamment en droit français où la loi n’envisage nullement,
dans le cadre de la procédure de conciliation31, la modification de l’accord amiable32 constaté
ou homologué. Dans ce cas, la doctrine préconise que les parties anticipent et règlementent
dans l’accord amiable ses modifications éventuelles33. Le débiteur qui ne parviendrait plus à
faire face à ses obligations pourtant allégées et solliciterait de nouveaux reports d’échéance
pourrait obtenir modification de l’accord amiable en application des termes de cet accord34. A
défaut, il ne peut modifier unilatéralement celui-ci.

13- Mais, à la différence du droit français qui reste silencieux sur la question, l’AUPCAP
prévoit la possibilité, pour la juridiction compétente, de modifier le concordat préventif
homologué. La modification n’est donc pas prohibée d’une manière générale ; mais, les
parties ne peuvent y procéder seules.
L’absence de pouvoir des parties quant à la décision de modification du concordat préventif
s’explique par la nature juridique du concordat préventif homologué. Ce dernier constitue
l’essence de la procédure de règlement préventif : sans concordat préventif, il ne peut y avoir

31
Cette procédure est analysée comme l’équivalent du règlement préventif. Articles L 611-4 à L 611-15 du code
de commerce français.
32
Il s’agit de l’équivalent du concordat préventif utilisé dans la procédure de conciliation française.
33
Voir notamment M. JEANTIN et P. LE CANNU, Droit commercial, Entreprises en difficulté, Précis Dalloz,
7ème éd., 2007, n° 140.
34
Toutefois, il faut préciser que pour certains auteurs, « dans la mesure où l’article L 611-8 du code de
commerce dispose que l’accord amiable est soit constaté, soit homologué par le juge, il serait conforme au
principe du parallélisme des formes que la modification de l’accord soit, à son tour et de la même façon,
constatée ou homologuée ». Voir F. PEROCHON et R. BONHOMME, Entreprises en difficulté – Instruments de
crédit et de paiement, Exercices corrigés, LGDJ, 5ème éd., 2007, p. 41.

6
de règlement préventif35. Le concordat préventif homologué est une solution proposée par le
débiteur à ses créanciers pour résoudre ses difficultés, acceptée par ces derniers et reconnue
par le juge comme pouvant permettre au débiteur de se redresser. Cette reconnaissance n’est
pas à minimiser : elle est essentielle pour que le concordat préventif puisse être obligatoire
pour tous les créanciers antérieurs à la procédure de règlement préventif ayant consenti des
délais ou remises au débiteur ou à qui est opposé le délai de deux ans36. Il ne perd pas sa
nature contractuelle37 mais n’est plus un contrat laissé à la liberté des parties (le débiteur et
ses créanciers)38. Il pourrait être rapproché du contrat dirigé dont le contenu est
essentiellement fixé par la loi en ce sens qu’ici le contenu, tel que vérifié et validé par la
juridiction compétente, ne peut être modifié que par cette dernière. L’exclusion de la
modification d’accord-parties du concordat préventif rentre donc dans le cadre du respect du
principe du parallélisme des formes.

14- Le concordat préventif homologué n’est donc pas un contrat comme les autres qui
laisserait aux parties une liberté de modification de son contenu et interdirait au juge de
toucher aux termes contractuels déjà acceptés. Cette exclusion de la modification d’accord-
parties du concordat préventif homologué préserve les intérêts de tous les créanciers auxquels
s’impose celui-ci.

2- Une exclusion préservant les intérêts des créanciers

15- La procédure de règlement préventif, comme le souligne l’article 2-1 de l’AUPCAP, est
« une procédure destinée à éviter la cessation des paiements ou la cessation d’activité de
l’entreprise et à permettre l’apurement de son passif au moyen d’un concordat préventif ».
Son objectif premier est le redressement de l’entreprise qui, lui, dépend du concordat
préventif. Ce redressement de l’entreprise débitrice aura ensuite pour corollaire l’apurement
du passif. Il appartient ainsi aux créanciers d’aider, par la conclusion du concordat préventif,
le débiteur à se redresser et à apurer ses dettes. Ce sacrifice de la part des créanciers39 se
manifeste par l’obligation qui pèse sur eux, dès l’homologation du concordat préventif, de
respecter les délais et remises consentis au débiteur40. Il est encadré par la loi et par la
juridiction compétente qui jouent un rôle de superviseur mais également de régulateur dans la
procédure de règlement préventif41 qui est une procédure à grande dimension consensuelle.
Même si le débiteur peut être apprécié comme la partie faible dans le règlement préventif et

35
La décision d’ouverture du règlement préventif est, en effet, subordonnée à l’homologation du concordat
préventif.
36
Article 18 AUPCAP.
37
Voir notamment Cour d’appel d’Abidjan, arrêt n° 1129 du 8 novembre 2002, www.ohada.com/jurisprudence,
ohadata J-03-291. Dans cet arrêt le juge a rappelé que « le concordat préventif a une nature contractuelle qu’il
conserve même après son homologation par le tribunal ».
38
Voir sur ce point P. ROUSSEL-GALLE, article précité, 1ère partie, n° 4. Selon cet auteur, les pouvoirs
reconnus au juge dans l’adoption ou non du concordat préventif sont justifiés par l’objectif poursuivi par la
procédure de règlement préventif : le redressement de l’entreprise et l’apurement du passif.
39
La notion de sacrifice des créanciers peut même être décelée dans l’article 15 de l’AUPCAP. En effet, en
précisant que lorsque que « le concordat préventif comporte une demande de délai n’excédant pas deux ans, la
juridiction compétente peut rendre ce délai opposable aux créanciers qui ont refusé tout délai et toute remise
sauf si ce délai met en péril l’entreprise de ces créanciers », le législateur montre qu’il est difficile pour les
créanciers d’accepter l’offre concordataire du débiteur de telle sorte qu’on peut y être forcé sous certaines
conditions.
40
Article 18 AUPCAP
41
Cela se manifeste notamment par l’homologation du concordat dès la réunion des conditions requises par
l’article 15 de l’AUPCAP.

7
que les règles qui gouvernent cette procédure semblent plus protectrices des intérêts du
débiteur42, il est clair que les créanciers ne sont pas des laissés-pour-compte.

16- En effet, les conditions fixées pour l’homologation du concordat préventif mettent la
pression sur le débiteur pour atteindre les objectifs escomptés. En conséquence, le débiteur
qui obtient la confiance des créanciers sur la base des propositions concordataires initiales ne
peut revenir sur celles-ci que par l’intermédiaire de la juridiction compétente. Cette dernière,
dans son rôle de contrôle, ne cherche plus seulement le redressement de l’entreprise débitrice,
mais plutôt le respect de ses engagements concordataires par le débiteur. Or, s’il était permis
au débiteur de demander directement aux créanciers la modification du concordat préventif,
une porte serait ouverte aux dérives : le débiteur, parfois en totale difficulté ou en cessation
des paiements demandant des modifications successives du concordat préventif, les créanciers
exigeant toujours des garanties supplémentaires et hypothéquant au fur et à mesure leur
chance de recevoir paiement43. L’exclusion de la modification d’accord-parties du concordat
préventif assainit ainsi la procédure de règlement préventif qui, elle, pourra atteindre son
objectif, au bonheur du débiteur et de ses créanciers.

17- Cette exclusion de la modification par les parties du concordat préventif homologué ne
résulte pas de manière expresse de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP mais plutôt d’une
admission expresse de la seule modification judiciaire du concordat préventif.

B- L’admission d’une modification judiciaire du concordat préventif

18- La modification du concordat préventif tel qu’homologué par la juridiction compétente est
décidée selon une procédure spéciale (1). Toutefois, une analyse approfondie de la procédure
de règlement préventif montre que la juridiction compétente dispose toujours d’un pouvoir
souverain dans la modification du concordat préventif (2).

1- La procédure de modification du concordat préventif

19- Aux termes de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP, « à la demande du débiteur et sur


rapport du syndic chargé du contrôle de l’exécution du concordat préventif, s’il en a été
désigné un, la juridiction compétente peut décider toute modification de nature à abréger ou
à favoriser cette exécution ». Il résulte deux étapes de la procédure de modification du
concordat préventif : la saisine de la juridiction compétente (a) et l’intervention obligatoire du
syndic (b).

a) La saisine de la juridiction compétente

20- La saisine de la juridiction compétente d’une demande de modification du concordat


préventif ne peut se faire qu’à l’initiative du débiteur. Ainsi le juge ne peut se saisir d’office et
les créanciers ne peuvent également le saisir.

42
Cela apparaît notamment avec la limitation des cas d’annulation du concordat préventif. Celui-ci ne peut, en
effet, être annulé qu’en cas de dol découvert après l’homologation, dans un délai d’un an suivant la découverte
du dol et sur demande du seul représentant du ministère public (article 140 AUPCAP).
43
Il faut reconnaître que l’efficacité du règlement préventif passe nécessairement par une prise de conscience
suffisante des difficultés de l’entreprise tant par le débiteur que par ses créanciers. Ce qui n’est pas toujours le
cas.

8
21- Une telle limite concernant la saisine du juge trouve dans un premier temps sa
justification dans le parallélisme des formes retenu dans la procédure de règlement préventif.
En effet, le débiteur étant le seul à pouvoir solliciter l’ouverture du règlement préventif44, il
est également le seul à pouvoir proposer des solutions à ses difficultés au moyen d’un
concordat préventif45 et à demander une modification de celui-ci dès lors qu’il estime que son
exécution risque de se heurter à certains obstacles.

Elle trouve une seconde justification dans la protection des droits acquis par le débiteur. En
effet, s’il était permis au créancier de déclencher la procédure de modification du concordat
préventif, le débiteur pourrait se retrouver devant la réduction des avantages qui lui ont été
antérieurement octroyés par un créancier. Ainsi, un créancier aurait pu demander la réduction
des délais ou des remises consentis au débiteur en fonction de sa propre situation économique
et financière et, ce, en cours d’exécution du concordat préventif.
Il en serait ainsi également s’il était permis au juge de revenir sur sa décision d’homologation
du concordat préventif. En se prononçant sur l’homologation, le juge apprécie la situation
économique et financière globale du débiteur mais doit également tenir compte des
concessions faites au débiteur par ses créanciers. En admettant une remise en cause par le seul
juge, et sur sa propre initiative, des éléments qui l’ont poussé à homologuer le concordat
préventif, le législateur reconnaîtrait au juge la possibilité de revenir sur l’homologation déjà
accordée.

Il faut préciser que le juge tend à s’arroger le droit de modifier les conditions contenues dans
le concordat préventif au moment de l’homologation pour prononcer sa décision
d’homologation en conformité avec les limites légales fixées par l’acte uniforme. Il en a été
ainsi dans un jugement du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar du 6 août 2004. Dans
cette affaire, le juge, pour prononcer la décision d’homologation du concordat préventif et
d’ouverture du règlement préventif a, au préalable, réduit à trois ans le délai de cinq ans
consenti par les banques qui étaient les créanciers les plus importants au motif que ce délai
excédait celui prescrit par l’article 15 de l’AUPCAP46.
Toutefois, il faut reconnaître qu’au-delà de cette possibilité qui est en amont de
l’homologation du concordat préventif, il n’est pas possible pour le juge de se saisir d’office
pour modifier le concordat préventif après son homologation. La demande de modification du
concordat préventif homologué est donc un droit exclusif du débiteur.

22- A côté de cette première étape de la procédure de modification du concordat préventif,


l’Acte Uniforme prévoit une intervention obligatoire du syndic chargé du contrôle de
l’exécution du concordat préventif.

b) L’intervention obligatoire du syndic

23- La demande du débiteur n’est pas la seule condition de forme exigée pour la modification
du concordat préventif. En effet, il résulte de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP qu’à la
réception de la demande du débiteur, la juridiction compétente ne peut statuer sur la
modification que sur rapport du syndic chargé du contrôle de l’exécution du concordat
préventif, s’il en était désigné un. Il apparaît, à travers cette exigence « relative » que la place

44
Article 5 AUPCAP.
45
Article 7 AUPCAP.
46
Tribunal Régional Hors Classe de Dakar, jugement n° 105 du 6 août 2004, inédit.

9
de l’intervention du syndic dans le processus de modification du concordat préventif dépend
de la désignation ou non d’un syndic dans le cadre de la procédure de règlement préventif47.

24- Ainsi, dès lors que la juridiction compétente homologuant le concordat préventif a choisi
de désigner un syndic, celui-ci doit participer à la procédure de modification du concordat
préventif. La désignation d’un syndic contraint donc la juridiction compétente à le solliciter
pour la modification du concordat. La conjonction de coordination « et » entre la demande du
débiteur et le rapport du syndic, montre que ce sont des conditions cumulatives requises par
l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP48. C’est ce que rappelle notamment la cour d’appel
d’Abidjan dans son arrêt en date du 27 mars 200149.

Dans cette affaire, le débiteur a bénéficié d’un règlement préventif fixant la durée du
concordat à trois ans. Il a ensuite obtenu, compte-tenu de la situation sociopolitique en Côte
d’Ivoire empêchant les financements, une ordonnance de prorogation de l’exécution dudit
concordat sans que le juge ait pris connaissance du rapport du syndic. Après que cette
ordonnance a été rétractée par le juge des référés, le débiteur a attaqué cette décision de
rétractation au motif notamment qu’il est manifeste que la prorogation est une mesure de
nature à favoriser l’exécution du concordat. La cour d’appel d’Abidjan, a alors annulé
l’ordonnance de prorogation du concordat au motif qu’elle a été rendue sans que le juge ait
pris connaissance du rapport du syndic. La cour a ici réaffirmé le principe selon lequel les
modifications à apporter au concordat préventif ne peuvent se faire qu’à la demande du
débiteur et sur rapport du syndic.

Il faut relever que, dans cette affaire, la cour d’appel d’Abidjan avait la possibilité de rappeler
également l’organe judiciaire compétent pour décider la modification du concordat préventif.
En effet, dans cet arrêt, la décision de modification du concordat préventif a été l’œuvre du
président de la juridiction50. Or, la seule juridiction compétente pour décider de la
modification du concordat préventif est celle qui a homologué le concordat préventif.
L’AUPCAP, faisant la distinction entre la juridiction compétente elle-même et le président de
celle-ci, détermine leurs compétences : le président de la juridiction saisie n’est aucunement
compétent pour connaître de l’homologation du concordat préventif51 qui est réservée
exclusivement à la juridiction compétente elle-même52. Dès lors, la cour d’appel d’Abidjan
aurait pu, pour admettre la nullité de la prorogation du concordat, ne pas s’intéresser à
l’absence du rapport du syndic et prononcer l’annulation de la décision de modification pour
incompétence de l’autorité judiciaire qui l’a prononcée. Espérons juste qu’il en a été ainsi

47
Précisons que la désignation d’un syndic n’est pas obligatoire dans la procédure de règlement préventif. En
effet, il résulte de l’article 16 alinéa 1 de l’AUPCAP qu’il s’agit d’une faculté pour la juridiction compétente. Il
en est autrement des procédures de redressement judiciaire ou de liquidation des biens dans lesquelles la
désignation d’un syndic est obligatoire (article 35 alinéa 1 AUPCAP).
48
Aux termes de ce texte « A la demande du débiteur et sur rapport du syndic (…), la juridiction compétente
peut décider toute modification (…) ».
49
Cour d’appel d’Abidjan, arrêt n° 367 du 27 mars 2001, www.ohada.com/jurisprudence, ohadata J-02-94,
observations J. ISSA-SAYEGH.
50
Cela résulte de l’utilisation de la notion d’ordonnance.
51
Il participe simplement à la préparation de celle-ci. En effet, c’est lui qui saisit la juridiction compétente aux
fins d’homologation du concordat préventif et convoque le débiteur à comparaître devant cette juridiction, ainsi
que l’expert rapporteur et tout créancier qu’il juge utile d’entendre (article 14 AUPCAP).
52
Article 15 AUPCAP.

10
parce que la situation était urgente et, partant, entrait dans le champ de compétence du
président du tribunal en tant que juge des référés53.

25- En revanche, si la juridiction compétente homologuant le concordat préventif n’a pas


désigné un syndic, la seule demande du débiteur suffit pour que la juridiction statue
valablement sur la modification du concordat préventif54. En effet, l’alinéa 1 de l’article 21 de
l’AUPCAP pose comme condition d’existence de l’obligation de solliciter le rapport du
syndic à l’occasion d’une demande de modification du concordat préventif la désignation de
celui-ci. Ainsi, en l’absence de désignation d’un syndic, la juridiction compétente est
dispensée de cette condition de modification du concordat préventif.

26- A travers la faculté qu’il reconnaît à la juridiction compétente de désigner un syndic dans
la procédure de règlement préventif55, le législateur semble ainsi offrir à celle-ci la possibilité
de se donner les pleins pouvoirs dans toute la procédure de modification du concordat
préventif homologué. En effet, si la juridiction compétente opte pour l’absence de syndic et de
contrôleurs, ses pouvoirs s’étendent en ce sens qu’elle pourra décider d’une modification du
concordat préventif de manière unilatérale dès que la demande en sera faite par le débiteur.
Cette affirmation se justifie encore plus lorsqu’on peut remarquer que dans le cas où un
syndic n’est pas désigné, le législateur ne prévoit pas l’intervention du juge-commissaire,
chargé de contrôler l’exécution du concordat préventif, dans le processus de modification de
celui-ci.

Il ne fait donc aucun doute que, malgré la « judiciarisation » de la modification du concordat


préventif qui, à notre sens, permet entre autres de préserver les intérêts des créanciers, ces
derniers ne sont pas protégés. En effet, le syndic qui représente les créanciers et protège leurs
intérêts, peut facilement être écarté du processus de modification du concordat préventif. Or,
son intervention aurait pu permettre la prise en compte des intérêts des créanciers dans la
décision de modification du concordat préventif. C’est d’ailleurs, à notre sens, la raison de la
mise en place d’autres garde-fous, non pas procéduraux, mais plutôt de fond, avec l’exigence
d’une motivation de la modification intervenue. Mais, même avec ces exigences de fond, la
juridiction compétente conserve un pouvoir souverain d’appréciation pour décider ou non de
la modification du concordat préventif demandée par le débiteur.

2- Le pouvoir souverain de la juridiction compétente

27- L’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP prévoit qu’« à la demande du débiteur et sur


rapport du syndic (…), la juridiction compétente peut décider toute modification (…) » du
concordat préventif. Il résulte de ce texte que la juridiction compétente, devant une demande
de modification du concordat préventif, sollicite l’avis du syndic, qui contrôle l’exécution du
concordat, sur l’opportunité de cette modification, mais détient le monopole de la décision.
Elle peut choisir entre modifier ou ne pas modifier le concordat préventif, peu importe la
position du syndic, représentant des créanciers, dans le rapport qui lui est adressé. Ce pouvoir

53
En l’absence de précisions, sauf pour ce qui concerne la rétractation, nous ne pouvons que formuler un tel
souhait. Dans le cas contraire, l’on se retrouverait devant une véritable méconnaissance de la règle de
compétence.
54
Il faut reconnaître que, dans la pratique, avec les difficultés que rencontre le juge-commissaire, seul organe de
contrôle obligatoire dans la procédure de règlement préventif (article 16 alinéa 2 AUPCAP), pour assurer
rigoureusement le contrôle de l’exécution du concordat préventif, il est rare de voir une procédure de règlement
préventif sans désignation de syndic. Ce qui est faculté en droit est donc obligation de fait en raison des besoins
de la procédure de règlement préventif.
55
Article 16 AUPCAP.

11
souverain se présente de manière plus flagrante lorsqu’un syndic n’a pas été nommé dans la
procédure de règlement préventif. Dans ce dernier cas, la juridiction compétente n’a à
solliciter l’avis de qui que ce soit ; elle décide seule sans voir la position des créanciers qui, en
l’absence de syndic, n’ont pas leur mot à dire dans le processus de modification du concordat
préventif essentiellement composé de faveurs qu’ils ont accordées au débiteur56.

28- Ainsi, il appartient à la juridiction compétente de vérifier l’existence ou non des


conditions de fond de la modification57. Mais, même lorsque ces conditions sont réunies58, la
juridiction compétente peut refuser la modification demandée par le débiteur. Il en est ainsi
notamment lorsque, ayant retrouvé sa santé financière, le débiteur demande la modification
des délais consentis par ses créanciers dans le concordat préventif dans le sens d’une
réduction de ceux-ci. Il s’agit là d’une modification dans l’intérêt des créanciers parce
qu’abrégeant l’exécution du concordat préventif. Mais, elle pourrait être refusée par la
juridiction compétente, notamment lorsqu’elle est source éventuelle d’une « rechute » de
l’entreprise débitrice qui aurait mal apprécié ses aptitudes à payer ses dettes par anticipation
par rapport aux délais consentis par les créanciers dans le concordat préventif.

29- Toutefois, les pleins pouvoirs reconnus à la juridiction compétente dans le processus de
modification du concordat préventif n’ouvrent pas la voie à l’arbitraire du juge. En effet, les
créanciers ou le débiteur disposent d’une voie de recours contre la décision de la juridiction
compétente acceptant ou refusant la modification du concordat préventif.
Cette décision fait partie de celles de la juridiction compétente relatives au règlement
préventif pour lesquelles, l’article 23 de l’AUPCAP prévoit la voie de l’appel comme seule
voie de recours. En effet, la décision de la juridiction compétente acceptant ou refusant la
modification du concordat préventif est une décision relative au règlement préventif en ce
sens qu’elle peut influer sur le sort à réserver à la procédure déjà enclenchée. Elle est
exécutoire par provision et ne peut être attaquée que par la voie de l’appel qui doit être
interjeté dans le délai de 15 jours à compter de son prononcé59. Il en a été ainsi dans l’affaire
jugée par la cour d’appel d’Abidjan le 27 mars 2001. Dans cette affaire, le débiteur a interjeté
appel contre la décision du juge des référés ayant rétracté l’ordonnance de prorogation de
l’exécution du concordat préventif60.

30- Au-delà d’une telle protection en aval des créanciers, le législateur a prévu une autre, en
amont, liée essentiellement à la motivation de la modification du concordat préventif décidée
par la juridiction compétente. Ainsi, hormis l’aspect procédural de la modification du
concordat préventif qui protège légèrement les créanciers, l’AUPCAP encadre
rigoureusement celle-ci quant au fond.

56
Il faut rappeler que l’objectif primordial du débiteur dans le cadre de la procédure de règlement préventif est
d’obtenir des délais et peut-être des remises de la part des créanciers qui s’engagent à patienter ou à renoncer à
certains de leurs droits pour lui permettre de retrouver sa santé financière. C’est sur la base de ce concordat qu’il
va bénéficier de la suspension des poursuites des créanciers. Par l’effet de l’homologation du concordat
préventif, les créanciers (ayant consenti au concordat ou à qui les délais du concordat sont imposés) ne peuvent
plus exercer leurs droits ou actions pendant toute la durée de l’exécution du concordat préventif homologué
(article 18 AUPCAP). Voir sur ce point également F. M. SAWADOGO, ouvrage précité, n° 82 ; B. MATOR, N.
PILKINGTON, D. SELLERS, S. THOUVENOT, Le droit uniforme africain des affaires issu de l’OHADA, éd.
Litec, coll. JurisClasseur Affaires Finances, 2004, n° 809 et s.
57
Il apprécie souverainement les effets de la modification demandée sur l’exécution du concordat préventif.
58
Il s’agit des effets de la modification envisagée résultant de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP : abréger
ou favoriser l’exécution du concordat préventif.
59
Article 23 alinéa 1 de l’AUPCAP
60
Cour d’appel d’Abidjan, arrêt n° 367 du 27 mars 2001, www.ohada.com/jurisprudence, ohadata J-02-94,
observations J. ISSA-SAYEGH.

12
II- Une modification encadrée

31- L’encadrement de la modification du concordat préventif par l’AUPCAP se manifeste par


la détermination des cas dans lesquels la juridiction compétente peut décider la modification
(A). L’acte uniforme limite ainsi les pouvoirs du juge en la matière. Toutefois, au regard de la
rédaction de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP et de l’objectif de la procédure de
règlement préventif, ces cas de modification du concordat préventif paraissent difficilement
applicables (B).

A- Les cas de modification du concordat préventif

32- Ils peuvent être analysés comme les conditions de fond de la modification du concordat
préventif et sont essentiellement liés à la finalité de celle-ci. En effet, aux termes de l’alinéa 1
de l’article 21 de l’AUPCAP, « à la demande du débiteur et sur rapport du syndic chargé du
contrôle de l’exécution du concordat préventif, s’il en a été désigné un, la juridiction
compétente peut décider toute modification de nature à abréger ou à favoriser cette
exécution ». Il résulte de ce texte que la seule modification admise est celle de nature à
abréger (1) ou à favoriser (2) l’exécution du concordat préventif.

1- La modification de nature à abréger l’exécution du concordat préventif

33- Le règlement préventif est ouvert à l’initiative du débiteur qui, par requête, expose au juge
sa situation économique et financière et présente les perspectives de redressement de
l’entreprise et d’apurement du passif61. Aucune autre personne ne peut saisir le juge qui ne
peut également se saisir d’office62. Le dépôt de la requête est accompagné ou suivi dans les
trente jours d’une offre de concordat préventif par le débiteur précisant les mesures et
conditions envisagées pour le redressement de son entreprise63. Ces mesures étant
insuffisantes pour aboutir au redressement si les créanciers continuent à poursuivre le
débiteur, ce dernier leur demande de lui consentir des délais et remises pour y parvenir. Dès
lors, la suspension des poursuites est-elle analysée comme l’objectif premier du débiteur64.
Celle-ci est obtenue provisoirement dès le dépôt de la requête65 et pour la durée de l’exécution
du concordat dès l’homologation de celui-ci par la juridiction compétente66. Toutefois,
l’homologation du concordat préventif suspend les poursuites des créanciers en fonction des
délais qu’ils ont consentis au débiteur67.
En effet, les délais consentis par les créanciers au débiteur peuvent différer, chaque créancier
agissant individuellement. Dès que le concordat est homologué, les délais consentis ou

61
Article 5 de l’AUPCAP
62
L’exclusion de toute autre personne se justifie par le fait que le débiteur n’est pas encore en état de cessation
des paiements mais pourrait l’être. L’état de cessation des paiements ne se présentant pas encore, les tiers ne sont
pas censés savoir la situation difficile du débiteur.
63
L’article 7 de l’AUPCAP en donne quelques exemples.
64
Dans le même sens voir F. M. SAWADOGO, ouvrage précité, n° 72.
65
Article 8 AUPCAP.
66
Article 18 AUPCAP.
67
Rappelons que le concordat préventif consiste, pour le débiteur, à conclure un accord avec chacun des
créanciers sur les délais ou les remises qu’il consent. Dans le cadre du concordat préventif, chaque créancier est
donc libre de refuser tout délai ou remise sans que cela empêche la formation du concordat, en tenant compte des
mesures que le débiteur entend prendre pour parvenir à l’assainissement rapide de l’entreprise et garantir le
paiement des créanciers.

13
opposés68 aux créanciers s’imposent à eux et fixent la durée d’exécution du concordat
préventif. En conséquence, la modification de nature à abréger l’exécution du concordat
préventif n’est rien d’autre que celle qui vise à réduire les délais accordés au débiteur.

34- Dès lors, les délais qui s’imposent aux créanciers par l’effet du concordat préventif
homologué ne peuvent être modifiés que dans un seul sens : lorsqu’ils sont abrégés. Quel que
soit le délai consenti au débiteur, celui-ci, en application de l’alinéa 1 de l’article 21 de
l’AUPCAP, ne peut être modifié que dans le sens de sa réduction.
Cette solution est valable même dans le cas où la modification du délai demandée par le
débiteur dans le sens de sa prorogation ne porte pas atteinte aux limites légales. En effet,
parmi les conditions d’homologation du concordat préventif, figure une limitation quant aux
délais accordés au débiteur : les délais consentis ne doivent pas excéder trois ans pour
l’ensemble des créanciers et un an pour les créanciers de salaires et ceux opposés aux
créanciers ayant refusé tout délai et toute remise ne doivent pas excéder deux ans69. L’acte
uniforme ne permet donc pas à la juridiction compétente de proroger le délai contenu dans le
concordat préventif homologué jusqu’à hauteur de la limite légale mais plutôt interdit toute
prorogation du délai accordé au débiteur.

35- Une telle condition de fond de la modification du concordat préventif protège les intérêts
des créanciers et montre l’efficacité de la procédure de règlement préventif quant à la
résolution des difficultés économiques et financières rencontrées par le débiteur. En effet, « le
concordat préventif a une nature contractuelle qu’il conserve même après son homologation
par la juridiction compétente »70. Les termes de l’accord ne peuvent donc être modifiés par le
juge sauf si cette modification satisfait toutes les parties. Il apparaît que le législateur fait
primer cette idée sur celle de modification par les parties elles-mêmes : la modification qui
abrège l’exécution du concordat préventif (donc réduit les délais accordés par les créanciers)
est demandée par le débiteur et est dans l’intérêt des créanciers qui vont recevoir paiements de
leurs créances par anticipation.

36- A côté de ce premier cas de modification, l’acte uniforme pose un second : le cas où la
modification favorise l’exécution du concordat préventif.

2- La modification de nature à favoriser l’exécution du concordat


préventif

37- Aux termes de l’article 2-1 de l’AUPCAP, « le règlement préventif est une procédure
destinée à éviter la cessation des paiements ou la cessation d’activité de l’entreprise et à
permettre l’apurement de son passif au moyen d’un concordat préventif ». Le concordat
préventif permet donc au débiteur de sortir de ses difficultés et d’apurer son passif.

38- L’exécution du concordat est favorisée dès lors que les mesures prises permettent à
l’entreprise débitrice de se redresser et au débiteur d’apurer son passif. Par conséquent, la
modification de nature à favoriser l’exécution du concordat préventif est celle qui permet au
68
La juridiction compétente peut imposer aux créanciers qui ont refusé tout délai et toute remise au débiteur le
délai du concordat n’excédant pas deux ans sauf si ce délai met en péril l’entreprise de ces créanciers (article 15
AUPCAP). Il en a été ainsi notamment dans le jugement du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar du 6 août
2004 précité : dans cette affaire, après avoir relevé que les autres fournisseurs ou du moins la moitié d’entre eux
avaient accepté les délais sollicités par le débiteur, le juge a étendu le délai de deux ans à l’autre catégorie de
fournisseurs ayant refusé tout délai. Voir Tribunal Hors Classe de Dakar, jugement n° 105 du 6 août 2004, inédit.
69
Article 15 AUPCAP
70
Cour d’appel d’Abidjan, arrêt n° 1129 du 8 novembre 2002, www.ohada.com/jurisprudence, ohadata J-03-291.

14
débiteur d’améliorer les mesures et les conditions envisagées pour le redressement de
l’entreprise telles que contenues dans le concordat homologué par la juridiction compétente. Il
s’agit donc, pour favoriser l’exécution du concordat préventif, de modifier, dans le sens de
leur amélioration, les solutions concordataires proposées par le débiteur, acceptées par les
créanciers et entérinées par la juridiction compétente. La prorogation du délai accordé par les
créanciers au débiteur pourrait donc constituer une modification de nature à favoriser
l’exécution du concordat préventif. C’est ce qu’a invoqué le débiteur dans l’affaire jugée par
la cour d’appel d’Abidjan le 27 mars 200171.

39- Aussi, la juridiction compétente peut-elle décider la modification du concordat préventif


s’il résulte de son appréciation souveraine que la modification envisagée favorise l’exécution
du concordat préventif, permettant au débiteur de retrouver sa santé financière et aux
créanciers de recouvrer leurs créances.

40- A travers la détermination de ces deux cas de modification du concordat préventif, le


législateur semble vouloir protéger les créanciers. Dès lors, ne serait admise que la
modification qui met les créanciers dans des conditions plus favorables que celles contenues
dans le concordat initial homologué. L’article 21 est ainsi analysé par la doctrine72. Mais, il
apparaît que ces cas de modification du concordat préventif sont d’application difficile.

B- Les difficultés d’application des cas de modification du concordat préventif

41- Les difficultés d’application des cas de modification du concordat préventif se


manifestent par la difficile conciliation des cas de modification du concordat préventif (1).
Elles ne peuvent être résolues que par la conciliation des cas de modification avec les autres
dispositions gouvernant le règlement préventif (2).

1- La difficile conciliation des cas de modification du concordat préventif

42- Elle apparaît d’abord à travers la détermination des modifications de nature à abréger ou à
favoriser l’exécution du concordat préventif. En effet, F. M. SAWADOGO s’est interrogé sur
la notion de « modification de nature à favoriser l’exécution du concordat préventif ». Mais,
au lieu d’avancer une définition générale, il a opté pour un exemple qu’il apprécie comme un
cas de modification favorisant l’exécution du concordat préventif : il s’agit d’un paiement
plus important et plus rapide demandé par le débiteur qui, à la suite d’une succession, a
retrouvé brusquement sa santé financière73. Toutefois, cet exemple donné semble également
rejoindre la « modification de nature à abréger l’exécution du concordat préventif » dans la
mesure où un paiement plus important et plus rapide entraîne essentiellement une réduction
des délais initialement accordés au débiteur. Un autre exemple est celui du débiteur qui

71
Cour d’appel d’Abidjan, arrêt n° 367 du 27 mars 2001, www.ohada.com/jurisprudence, ohadata J-02-94. Le
débiteur a ici soutenu que la prorogation de l’exécution du concordat préventif est une mesure de nature à
favoriser cette exécution en ce sens que la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire empêchait les financements
auxquels était subordonné le redressement de l’entreprise.
72
Dans le même sens, voir F. M. SAWADOGO, ouvrage précité, n° 83 ; F. M. SAWADOGO, Commentaires
de l’acte uniforme du 10 avril 1998 portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif, in
OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, Juriscope, 3ème édition, 2008, p. 867 et s, précisément
commentaires sous l’article 21 (p. 910 et 911) ; B. MATOR, N. PILKINGTON, D. SELLERS, S.
THOUVENOT, ouvrage précité, n° 812.
73
F. M. SAWADOGO, ouvrage précité, n° 83.

15
considère la prorogation même de l’exécution du concordat préventif comme une
modification de nature à favoriser cette exécution74.
Le malaise est donc flagrant quant à la définition des « modifications de nature à abréger ou
à favoriser le concordat préventif ».

43- La conciliation des deux cas de modification du concordat préventif présente ensuite des
difficultés relatives aux rapports qu’ils entretiennent. La question qui se pose est de savoir si
le législateur a voulu dissocier les deux cas de modification du concordat préventif. Le « ou »
utilisé par le législateur entre les deux cas de modification est-il exclusif ou additif ?75 Les cas
de modification sont-ils alternatifs ou cumulatifs ?

44- Ce qui est évident, c’est que tout ce qui abrège l’exécution du concordat préventif la
favorise. Le débiteur qui retrouve sa santé financière et qui demande une réduction des délais
accordés par les créanciers voit une telle modification abréger mais également favoriser
l’exécution du concordat préventif76. Ce qui revient à dire que le cumul de motivations est
possible. Ainsi, devant une telle situation, la juridiction compétente n’aurait aucune difficulté
à prononcer la modification du concordat préventif qui abrège et favorise l’exécution de ce
concordat.

45- Mais, l’inverse n’est pas toujours vrai : ce qui favorise l’exécution du concordat préventif
ne l’abrège pas toujours. Il en est ainsi de l’affaire précitée jugée par la cour d’appel
d’Abidjan le 27 mars 2001. Pour avoir un fil conducteur nous permettant de déceler la
difficile conciliation entre les cas de modification du concordat préventif, il convient de
présenter une situation « fictive » dans laquelle le débiteur demande une modification du
concordat préventif.
En l’espèce, la société A, concessionnaire automobile, a conclu un concordat préventif avec
son principal créancier, son concédant, la société B, aux termes duquel la société A bénéficie
d’une remise de dettes de 30% et d’un rééchelonnement sur trois ans du solde de sa dette. Le
concordat préventif a été homologué par la juridiction compétente. Après quelques mois au
cours desquels l’échéancier prévu a été respecté, la société A demande le rééchelonnement
sur deux ans supplémentaires du solde de la créance moyennant constitution d’une
hypothèque sur un immeuble appartenant au gérant de la société A.

46- La société A demande une modification concernant le délai consenti par la société B dans
le sens d’une prorogation. Toutefois, elle apporte une nouvelle garantie qui vient conforter les
mesures et les conditions envisagées pour le redressement de l’entreprise77. La modification
du concordat préventif ainsi demandée n’abrège pas l’exécution du concordat mais la
favorise. Cela est plus visible si l’on remarque que l’activité de la société débitrice A dépend
essentiellement du contrat qui la lie à la société B, le principal créancier ayant signé le
concordat préventif78.
Dans ce cas, la juridiction compétente doit-elle modifier le concordat préventif en motivant sa
décision par le fait que cette modification favorise l’exécution du concordat préventif,

74
C’est le cas de l’affaire précité jugée par la cour d’appel d’Abidjan le 27 mars 2001. Il n’a pas tors si l’on sait
que la prorogation pourrait lui permettre de respecter, ultérieurement, ses engagements concordataires.
75
Aux termes de l’alinéa 1 de l’article 27 de l’AUPCAP in limine, « (…), la juridiction compétente peut décider
toute modification de nature à abréger ou à favoriser » l’exécution du concordat.
76
C’est la même analyse qui est à faire de l’exemple donné par F. M. SAWADOGO (ouvrage précité, n° 83).
77
L’article 7 de l’AUPCAP considère les garanties fournies pour assurer l’exécution du concordat comme des
mesures et conditions pour le redressement de l’entreprise. La modification ici concerne la constitution d’une
nouvelle garantie : la constitution d’une hypothèque sur l’immeuble appartenant au gérant de la société débitrice.
78
Le concessionnaire automobile n’est rien sans son concédant.

16
marquant ainsi l’absence d’influence de la prorogation du délai initialement consenti par le
créancier résultant de la modification ? Ou encore, doit-elle refuser la modification du
concordat préventif au seul motif que l’exécution de celui-ci, même si elle est favorisée, n’est
pas abrégée mais plutôt prorogée ?
De prime abord, il est difficile de faire primer l’un des cas sur l’autre :
- Accepter la modification du concordat préventif reviendrait à imposer au créancier
un délai79 qu’il n’a pas accordé au débiteur et, de surcroît, qui excède le délai légal
fixé80, déjà consenti dans le concordat initial ;
- Refuser la modification du concordat préventif reviendrait à pousser le débiteur à
l’inexécution de ses engagements concordataires et à s’exposer à la résolution du
concordat préventif81 pouvant avoir pour corollaire l’ouverture du redressement
judiciaire ou de la liquidation des biens si l’état de cessation des paiements est
constaté82.

47- Pour sortir de cette impasse, une seule solution s’impose : concilier les cas de
modification du concordat préventif avec les autres règles gouvernant le règlement préventif.

2- La conciliation des cas de modification avec les autres dispositions gouvernant le


règlement préventif

48- La modification du concordat préventif présente une sérieuse difficulté d’articulation avec
les autres dispositions qui gouvernent le règlement préventif. Pour appréhender les différentes
possibilités qui s’offrent à la juridiction compétente dans le cadre de la modification du
concordat préventif, la réponse à deux questions s’avère fondamentale. D’abord, est-il
possible pour la juridiction compétente de proroger le délai contenu dans le concordat
préventif déjà homologué ? Ensuite, les dispositions relatives aux délais contenus dans le
concordat préventif sont-elles d’ordre public ?

49- Pour la première question, il faut reconnaître que « le concordat préventif a une nature
contractuelle qu’il conserve même après son homologation par la juridiction compétente »83.
Par conséquent, les délais consentis par les créanciers dans le concordat préventif homologué
ne peuvent être modifiés dans le sens de leur prorogation.
La loi admet une dérogation à la logique contractuelle contenue dans l’article 15 de
l’AUPCAP : il s’agit de la possibilité pour la juridiction compétente d’opposer le délai qui
n’excède pas deux ans à des créanciers ayant refusé tout délai et toute remise. Mais, il faut
reconnaître que cette possibilité ne s’applique pas après l’homologation mais plutôt dans la
décision d’ouverture du règlement préventif. En effet, l’article 15 de l’AUPCAP est
exclusivement réservé à l’audience d’homologation. Ce qui signifie que lorsque la juridiction
79
Ou une remise. Ce qui est, il faut le reconnaître, rare en ce sens que la remise est une renonciation à un droit
qui ne peut émaner que de la personne titulaire de ce droit. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, l’AUPCAP ne
prévoit la possibilité d’étendre le concordat à des créanciers non signataires qu’en ce qui concerne les délais et
non les remises (article 15 AUPCAP).
80
Article 15 AUPCAP. Il résulte de ce texte que les délais consentis ne doivent pas excéder trois ans pour
l’ensemble des créanciers et un an pour les créanciers de salaires et ceux opposés aux créanciers ayant refusé
tout délai et toute remise ne doivent pas excéder deux ans.
81
Article 139 1° AUPCAP. Selon ce texte, la résolution du concordat préventif peut être prononcée en cas
d’inexécution, par le débiteur, de ses engagements concordataires ou des remises et délais consentis.
82
Article 141-1 AUPCAP. Il résulte de ce texte que la juridiction compétente doit prononcer le redressement
judiciaire ou la liquidation des biens si, en cas de résolution du concordat préventif, elle constate la cessation des
paiements.
83
C’est un principe réaffirmé par la cour d’appel d’Abidjan dans son arrêt n° 1129 du 8 novembre 2002,
www.ohada.com/jurisprudence, ohadata J-03-291.

17
compétente n’a pas opposé un tel délai aux créanciers ayant refusé tout délai et toute remise à
l’occasion de la décision d’homologation, celui-ci ne s’imposera pas aux créanciers qui n’y
ont pas consenti.

Ainsi, lorsqu’un créancier a consenti au débiteur un délai d’un an dans un concordat préventif
homologué, ce délai ne peut être prorogé ni par la juridiction compétente, ni par le créancier
ou le débiteur. Le choix irrévocable84 du délai consenti au débiteur est donc à effectuer avant
l’homologation en ce sens que l’intervention de l’homologation suppose notamment que les
délais consentis permettent au débiteur de se redresser et d’apurer son passif. Il apparaît dès
lors qu’il n’est pas possible, pour la juridiction compétente, de modifier, dans le sens de sa
prorogation, le délai consenti ou imposé à un créancier lorsque le concordat préventif est
homologué. La lumière apportée par une telle réponse nous permet de considérer que la
modification du concordat préventif qui favorise mais proroge son exécution est contraire non
seulement aux dispositions de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP mais aussi à la logique
contractuelle qui gouverne la procédure de règlement préventif.

50- Pour la seconde question, il faut reconnaître que, dans un premier temps, le Tribunal
Régional Hors Classe de Dakar penchait en faveur d’une règle supplétive à laquelle les parties
pouvaient déroger. En effet, il a pu être jugé que « le délai maximum de trois ans pour
l’exécution du concordat préventif prévu par l’article 15 de l’AUPCAP n’étant pas d’ordre
public, les créanciers en faveur de qui il est prévu ont la faculté de concéder au débiteur un
délai plus long conformément à l’esprit du consensus qui gouverne le règlement préventif et
le concordat qui remplit les conditions prévues par l’article 15 susvisé peut être
homologué »85. Dans cette affaire, certains créanciers avaient accepté d’étaler leurs créances
sur six ans et d’autres avaient consenti un différé de cinq ans.
Mais, la position actuelle de cette juridiction, même si elle est implicite, penche en faveur du
caractère d’ordre public des règles qui gouvernent l’homologation. En effet, le tribunal
régional hors classe de Dakar a, pour homologuer le concordat préventif, ramené le délai de 7
ans consentis par les créanciers à 3 ans au motif que le premier délai était contraire aux
dispositions de l’AUPCAP86. Il en a été ainsi également dans une affaire similaire où le délai
de 10 ans consenti par les créanciers a été ramené à 3 ans87. Dans une autre affaire, la même
juridiction a affirmé qu’ « en application de l’article 15 de l’AUPCAP, les délais d’exécution
du concordat ne sauraient excéder le délai de 3 ans »88. Ces différentes affaires ont vu le
concordat préventif homologué. Mais, au préalable, le juge a vérifié la conformité des délais
consentis avec l’article 15 de l’AUPCAP et, s’est senti tenu de rendre conforme le délai avant
de prononcer l’homologation du concordat préventif.

Cette position jurisprudentielle est plus soutenable surtout si l’on sait que le règlement
préventif crée une période relativement courte pendant laquelle le débiteur cherche à retrouver
sa santé financière. Il ne s’agit pas d’une « fin en soi ». Les délais fixés par l’article 15 de
l’AUPCAP89 sont donc d’ordre public. Et, au regard d’un tel caractère, l’interdiction qui est

84
La réduction de ce délai par le juge à la demande du débiteur et sur rapport du syndic étant possible en vertu
de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP.
85
Tribunal Régional Hors Classe de Dakar, jugement n° 1466 du 30 juillet 2001, www.ohada.com/jurisprudence,
ohadata J-04-339.
86
Tribunal Régional Hors Classe de Dakar, jugement n° 010 du 10 février 2006, inédit.
87
Tribunal Régional Hors Classe de Dakar, jugement n° 105 du 6 août 2004, inédit.
88
Tribunal Régional Hors Classe de Dakar, jugement n° 021 du 7 avril 2006, inédit.
89
Il résulte de ce texte que les délais consentis ne doivent pas excéder trois ans pour l’ensemble des créanciers et
un an pour les créanciers de salaires et ceux opposés aux créanciers ayant refusé tout délai ne doivent pas
excéder deux ans.

18
faite de consentir des délais excédant ceux légalement fixés au moment de l’homologation
s’applique également à la modification du concordat homologué.

51- La modification du concordat homologué ne peut violer la règle que le juge a été tenu de
respecter pour prononcer l’homologation. La juridiction compétente ne peut donc, en aucun
cas, modifier le concordat préventif en prorogeant son exécution. Ainsi, même si la
modification du concordat préventif favorise son exécution, elle ne pourra être prononcée par
la juridiction compétente que dans le cas où elle ne proroge pas cette exécution.
Au contraire, le fait pour le débiteur demander la prorogation des délais contenus dans le
concordat préventif homologué peut être apprécié comme un indice des difficultés rencontrées
dans l’exécution de celui-ci qui, si elles se concrétisent en inexécution des engagements
concordataires, peuvent pousser la juridiction compétente à prononcer la résolution du
concordat préventif90.

52- En définitive, la modification qui abrège prend le dessus sur la modification qui favorise
l’exécution du concordat préventif. Dans tous les cas, dans le souci de protéger les créanciers
et de jauger la crédibilité et la viabilité de l’entreprise débitrice, l’exécution du concordat
préventif ne saurait être prorogée91.

***************

53- Par une lecture simpliste de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP, l’on ne se rend pas
compte de la difficulté que présente la modification du concordat préventif. Mais, une analyse
minutieuse de ce texte accompagnée d’un regard sur la jurisprudence et les autres dispositions
qui gouvernent la procédure de règlement préventif fait apparaître une véritable source de
contentieux.

En effet, il ne fait aucun doute que le concordat préventif, qui est un plan de redressement au
moyen d’une proposition de paiement échelonné de la part du débiteur, constitue l’essence de
la procédure de règlement préventif. Son homologation par la juridiction compétente est
subordonnée aux possibilités de redressement qu’il offre au débiteur mais également au
respect des règles qui gouvernent la procédure de règlement préventif. C’est seulement
lorsque les conditions requises par l’article 15 de l’AUPCAP92 sont réunies que la juridiction
compétente homologue le concordat préventif.

90
Article 139 AUPCAP.
91
Nous pouvons juste regretter que la cour d’appel d’Abidjan ne se soit pas prononcée sur la question dans son
arrêt n° 367 du 27 mars 2001 (www.ohada.com/jurisprudence, ohadata J-02-94). En effet, dans cette affaire, le
débiteur avait demandé la modification du concordat préventif nécessitée par la situation sociopolitique de la
Côte d’Ivoire qui empêchait les financements mais qui consistait en une prorogation de l’exécution dudit
concordat. Le juge s’est limité au constat d’un défaut d’intervention du syndic dans le processus de modification
pour rejeter la demande du débiteur.
92
Selon ce texte, la juridiction compétente rend une décision de règlement préventif et homologue le concordat
préventif en constatant les délais et remises consentis par les créanciers et en donnant acte au débiteur des
mesures proposées pour le redressement de l’entreprise si les conditions suivantes sont réunies :
- les conditions de validité du concordat sont réunies ;
- aucun motif tiré de l’intérêt collectif ou de l’ordre public ne paraît de nature à empêcher le concordat ;
- le concordat offre des possibilités sérieuses de redressement de l’entreprise, de règlement du passif et
des garanties suffisantes d’exécution ;
- les délais consentis n’excèdent pas trois ans pour l’ensemble des créanciers et un an pour les créanciers
de salaires.

19
54- Dès lors, il serait inconcevable de permettre au débiteur d’obtenir la modification du
concordat homologué en cours d’exécution de celui-ci s’il est confronté à des difficultés
d’exécution et ne parvient plus à faire face à ses obligations pourtant allégées et sollicite de
nouveaux reports d’échéance. La modification du concordat préventif ne peut être prononcée
par le juge que si elle est avantageuse pour les créanciers : ces derniers ne sauraient se
sacrifier deux fois pour la survie de l’entreprise débitrice93. La doctrine s’accorde ainsi sur le
fait que la modification du concordat préventif n’est possible que si elle va dans l’intérêt des
créanciers94. Cela signifie que le débiteur ne peut l’obtenir que s’il propose aux créanciers des
conditions plus favorables que celles contenues dans le concordat préventif initial. Il s’agira
donc pour lui, après avoir retrouvé sa santé financière, de demander au juge de retirer des
faveurs qui lui étaient accordées par les créanciers. C’est dans ce seul sens qu’il faut analyser
les dispositions de l’alinéa 1 de l’article 21 de l’AUPCAP pour conserver l’homogénéité des
règles gouvernant la procédure de règlement préventif.

55- Reconnaissons dès lors qu’il appartient au juge d’assurer le respect de cette homogénéité.
En conséquence, toute demande du débiteur consistant en une modification du concordat
préventif tendant à proroger son exécution ou, d’une manière générale, en porte-à-faux avec
les intérêts des créanciers95 doit être considérée comme un indice d’inexécution présente ou
imminente par le débiteur de ses engagements concordataires et des délais ou remises
consentis. Ce qui équivaudrait à vérifier si le débiteur mérite toujours le règlement préventif
dont il a bénéficié ou s’il doit faire l’objet d’un redressement judiciaire ou d’une liquidation
des biens96.

Cette décision ne peut être prononcée que si la situation du débiteur le justifie, c’est-à-dire lorsqu’il n’est pas en
état de cessation des paiements.
Si le concordat préventif comporte une demande de délai n’excédant pas deux ans, le tribunal peut opposer ce
délai aux créanciers qui ont refusé tout délai et toute remise sauf si ce délai met en péril l’entreprise de ces
créanciers. Toutefois, sont exclus de cette opposabilité forcée du délai les créanciers de salaires qui ne l’ont pas
consenti.
93
C’est la position du législateur. En effet, selon l’article 5 alinéa 3 de l’AUPCAP, « aucune requête en
règlement préventif ne peut être présentée par le débiteur avant l’expiration d’un délai de cinq ans suivant une
précédente requête ayant abouti à une décision de règlement préventif ».
94
Voir F. M. SAWADOGO, ouvrage précité, n° 83 ; F. M. SAWADOGO, Commentaires de l’acte uniforme du
10 avril 1998 portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif, in OHADA, Traité et actes
uniformes commentés et annotés, Juriscope, 3ème édition, 2008, p. 867 et s, précisément commentaires sous
l’article 21 (p. 910 et 911) ; B. MATOR, N. PILKINGTON, D. SELLERS, S. THOUVENOT, ouvrage précité,
n° 812.
95
L’intérêt primordial du créancier c’est d’obtenir le paiement de sa créance.
96
C’est l’esprit des articles 139 1° et 141-1 de l’AUPCAP.

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