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UNIVERSITE DE CARTHAGE

COURS DROIT DES PROCEDURES COLLETIVES

Deuxième Année Master Révision Comptable

Dispensé par : Mme Salma KHALED

Année Universitaire 2022-2023

1
INTRODUCTION

Les procédures collectives sont des procédures essentiellement propres à l'activités des
commerçants.

« C’est une vérité d’évidence que dans toute communauté sociale la vie du droit est largement
conditionnée par la vie économique ; vérité de tous les pays mais qui s’affirme de nos jours
avec une particulière insistance ; de plus en plus l’économique bouscule le juridique lui impose
sa loi, le façonne à son image. 1»
L’impact des phénomènes économiques sur les textes de loi est donc certain, les modifications
législatives sont généralement dictées par les variations que subit incessamment le monde des
affaires.
La modification profonde qu’a subi le droit Tunisien des procédures collectives par l’adoption
de la loi n°95-34 du 17/4/1995 relative au redressement des entreprises en difficultés
économiques, a été en effet dictée par des considérations économiques. Les dispositions du
code de commerce alors en vigueur n’étaient plus adaptées au contexte économique, ni aux
situations auxquelles elles étaient applicables.
Le législateur a alors innové ; par l’abrogation des dispositions relatives au concordat préventif,
on est passé d’un droit des faillites visant à garantir le paiement des créanciers et à sanctionner
un débiteur défaillant, a un droit des entreprises en difficultés ayant pour objectif primordial le
redressement de celles qui sont viables. La distinction en l’Homme et l’entreprise est ainsi
établie. Loi de 1995 a alors remplacé les dispositions du code de commerce relative au
concordat préventif), sans pour autant qu’elle soit intégrée au code.
Il s’agit d’un texte séparé du code, le législateur a alors décodifié la matière en réglementant
les difficultés économiques des entreprises par un texte spécial. Cependant, ce texte fut modifié
à plusieurs reprises en 1999 la loi n° 99-63 du 15/7/1999 puis celle n°2003-79 du 29/12/2003
afin d’améliorer les résultats escomptés.
Historiquement,
En droit Romain, les créanciers trouvaient un réconfort dans le principe suivant lequel : la
personne du débiteur constitue une garantie pour ses créanciers, c’était la servitude pour dettes,
les créanciers pouvaient réduire le débiteur insolvable à l’esclavage par la suite le principe de
l’exécution sur la personne avait céder la place à celui de l’exécution sur le débiteur et ses
biens : outre son emprisonnement les créanciers pouvaient procéder à la vente globale aux
enchères des biens du failli pour se répartir le prix entre eux .

1
Josserand L., « Comment les textes de loi changent de valeur au gré des phénomènes économiques », in études
de droit civil à la mémoire d’Henri Capitant, Paris, 1977, p.367.

2
Au moyen âge, la faillite été identifiée à la fuite du débiteur qui échappait à ses obligations et
le débiteur insolvable était assimilé à un fraudeur.2
En droit civil, lorsque le débiteur devient dans l’impossibilité de payer ses dettes ont dit qu’il
est en état de déconfiture. C’est une situation de fait, qui n’offre pas une grande sécurité pour
les créanciers, car elle n’est pas constatée par un jugement.3 Le créancier qui veut s’en prévaloir
doit l’établir lui-même, les créanciers du débiteur en état de déconfiture peuvent agir
individuellement, le premier qui réclame sa créance, sera désintéressé en premier lieu : le
paiement est « le prix de la course ».
En droit commercial, le débiteur insolvable est déclaré par un jugement du tribunal
territorialement compétent en état de faillite.
A partir de cette date, les créanciers ne peuvent plus agir individuellement, une procédure
collective est ouverte, tous les créanciers seront soumis à un traitement égalitaire. Cette
procédure était applicable uniquement au débiteur ayant la qualité de commerçant, elle s’étend
par l’effet de l’article 475 nouveau du Code de commerce aux sociétés et aux personnes
physiques visées à l’article 416 nv du même code. 4
La faillite tend d’une part à sanctionner un débiteur insolvable et à payer ses créanciers. La
déclaration de la faillite était précédée par le concordat préventif qui visait à prévenir la faillite
il s’agit d’un accord entre le débiteur et ses créanciers quant au paiement de ses dettes.
Cette législation méconnaissait la réalité économique des entreprises et tenait compte de la
moralité du commerçant qui pour bénéficier de la procédure devait être de bonne foi. Une
entreprise saine exploitée par un escroc sera ruinée, alors qu’on essayera de sauver une
entreprise vouée à la ruine dont le dirigeant est connu par sa loyauté.
Inspirée par la législation française5, le législateur Tunisien a adopté en 1995 la loi sur le
redressement des entreprises en difficultés économiques, abrogeant les articles 413 à 444 du
code de commerce relatifs au concordat préventif. La faillite est devenue une procédure
subsidiaire, à laquelle on ne peut recourir malgré la cessation des paiements du débiteur, qu’en
cas d’échec de la procédure du redressement ou d’impossibilité de redresser l’entreprise par
application de la loi du 17/4/1995.
Cette loi a introduit une profonde mutation en droit des procédures collectives tunisien,
l’objectif n’est plus de sanctionner le débiteur défaillant mais plutôt de l’aider à surmonter ses
difficultés tant que son entreprise est encore viable et d’assurer d’autre part un équilibre entre
les différents intérêts en jeu, à savoir : l’intérêt des employés, des créanciers et de l’entreprise
débitrice.
Cependant, la mise en œuvre de la procédure établie par la loi s’est révélée inefficace, n’ayant
pas permis d’atteindre l’objectif recherché à travers le redressement : le sauvetage des
entreprises. La lenteur des procédures et l’incompatibilité des délais, a fait que la procédure ne

2
Khaled S., Les créanciers et le règlement judiciaire des entreprises en difficultés économiques, Mémoire DEA
Fdspt,1996., p.1-2.
3
‫ دار الميزان للنشر‬، ‫ الحماية القانونية للدائن العادي‬،‫حاتم بن عبد الحميد الرواتبي‬
4
L’article 475 de la loi n° 36-2016 du 29/4/2016 prévoit que la faillite peut être prononcée par le tribunal à
l’encontre du commerçant et toutes les personnes visées à l’article 416 nv du code de commerce, c'est-à-dire les
personnes bénéficiaires des procédures de redressement et qui sont : les personnes morales et les personnes
physiques soumises au régime d’imposition réel exerçant une activité commerciale au sens de l’article 2 du c.com
ou une activité artisanale et les sociétés commerciales par la forme exerçant une activité agricole ou de pêche.
5
Décret du 20/5/1955, loi du 1/3/1984 et du 25/1/1985.

3
soit pas parfaitement adaptée aux situations économiques et financières des entreprises
bénéficiaires. C’est pour ces raisons et bien d’autres, qu’on développera ci-après, que le
législateur Tunisien a recodifié la matière en intégrant pas la loi n° 36-2016 du 29/4/2016 de
nouvelles dispositions relatives aux procédures collectives dans le code de commerce.
Abrogeant la loi de 1995 la loi de 2016 l’a remplacé en intégrant le code de commerce.
Depuis 2010 une commission de réforme a travaillé en vue de l’élaboration d’un projet de loi
réformant les procédures collectives, lequel projet fut achevé en 2012, et soumis à l’assemblée
du peuple pour vote, mais sans résultat, les priorités étaient autres.
Une autre commission chargée pour revoir le projet, qui fut repris dans certaines de ces
dispositions qui donna naissance à la loi du 29 AVRIL 2016. Les Raisons de cette recodification
peuvent être expliquées par la diversité des textes et leur éparpillement en dehors du code. Dans
un objectif d’harmonisation, le législateur a repris les principales dispositions de la loi 1995 en
les améliorant d’une part et en adaptant les vielles dispositions applicables à la faillite à la
procédure du redressement et à l’esprit de ces mesures de sauvetage évitant le déphasage qui
existait entre l’esprit de la loi de 1995 et des dispositions de 1959 applicables à la faillite qui
répondent à une philosophie tout à fait différente de celle des procédures de redressement.
Cette modification a été expliquée et justifiée dans l’exposé des motifs de la loi par la nécessité
d’améliorer la procédure de notification en élargissant la liste des personnes concernées par la
notification.
La loi vise aussi à améliorer la procédure du règlement amiable en insistant sur le caractère
amiable de la procédure, et précisant le rôle du juge dans le cadre de cette procédure. Et en
créant l’institution du conciliateur dont les qualités et le rôle seront déterminés par un décret.
La loi a aussi supprimé certaines dispositions qui se sont révélées en pratiques lentes et
inefficaces.
En outre et pour plus d’effectivité des procédures collectives, le législateur ne fait plus de la
faillite solution subsidiaire, mais au contraire il permet au juge de la prononcer chaque fois que
ses conditions sont réunies pendant n’importe quelle phase de la procédure de redressement.
Il a par ailleurs renforcer le rôle de plusieurs intervenants, dans l’intérêt de la bonne marche de
la procédure il a consolider le rôle du juge en lui conférant la possibilité de réduire les intérêts
des dettes dans le principal, et a fixé la durée d’exécution du plan de redressement à sept années ,
ce qui limite considérablement le rôle du tribunal dans la fixation de cette durée qui n’était pas
limitée.
Le débiteur a été aussi appelé à jouer un rôle effectif dans la procédure en participant à
l’élaboration du plan de sauvetage, les procédures de recouvrement ne seront plus suspendues,
contrairement aux procédures d’exécution qui le seront. L’ambigüité a été aussi levée
concernant la période suspecte, comme dans la procédure de faillite, dans le règlement
judiciaire il existe une période suspecte qui permet d’annuler les actes qui y sont conclus.
La loi a aussi renforcé le rôle de l’administrateur judiciaire en précision ses fonctions et en
insistant sur sa neutralité.
Enfin les créanciers jouissent d’une meilleure protection, en leur permettant de se regrouper par
catégorie afin de défendre leurs intérêts et de désigner pour chaque catégorie un représentant.

La nouvelle loi comprend cinq titres répartis comme suit :


Titre un : le redressement des entreprises en difficultés économiques

4
Titre deux : La faillite
Titre trois : Les voies de recours
Titre quatre : De l’ordre des créanciers et de la distribution des deniers
Titre cinq : Les actions en responsabilité et les sanctions pénales
La loi aurait ainsi rajouté au code de commerce trois nouveaux titres, permettant de clarifier
certaines questions qui sont restées jusque-là ambigües.
Il convient avant d’aborder les procédures collectives telles qu’elles ont été réorganisées par loi
de 2016 de préciser que ce texte a prévue des dispositions transitoires dans le cadre des articles
13 à 15 ;
Ainsi, la loi ne s’applique pas aux entreprises soumise déjà à la procédure de faillite avant la
promulgation de la loi.
Par contre, les dispositions de l’ancienne loi restent applicables aux entreprises pour les quelles
une procédure de règlement judiciaire a été ouverte ou de faillite à la date de la promulgation
de la loi ; les entreprises pour lesquelles ont été déjà ouvertes des procédures de règlement
judiciaire, à condition qu’elles soient soumises aux nouvelles dispositions de la faillite à la fin
du règlement judiciaire s’il n’a pas abouti.
La société soumise à la faillite avant l’entrée en vigueur de la présente loi.
Ainsi, la loi ancienne demeure en applicable pour les situations ouvertes sous son empire.
La loi de 2016 couvre ainsi le champ de notre cours relatif aux procédures collectives, l’article
413 nouveau du code de commerce l’a précisé.
Les procédures collectives englobent selon le même texte ; les procédures de redressement et
la Faillite. L’article 415 nouveau du code de commerce, précise à son tour que le régime du
redressement comprend, la notification des signes précurseurs de difficultés économiques, le
règlement judiciaire et le règlement amiable. Le domaine de la matière étant alors précisé, il
convient de fixer les finalités de la loi ainsi que les entreprises concernées.
Quant à sa finalité, l’article 415 nouveau § 1 du code de commerce, prévoit que le régime du
redressement vise à aider les entreprises à poursuivre leurs activités, à maintenir les emplois et
à payer leurs dettes.
L’objectif de la nouvelle loi est le même que celui qui a été prévu à l’article 1 er de loi du 17
avril 1995, la première priorité est celle de permettre à l’entreprise de poursuivre son activité,
et c’est grâce à cette poursuite que les deux autres objectifs pourront voir le jour, le maintien
des emplois et le paiement des créanciers.
Avec la loi de 2016 le législateur a repris les dispositions de la loi de 1995, en y apportant
quelques modifications ; mais il a en reprenant les dispositions de la faillite introduit des
nouvelles dispositions qui constituent une refonte de la matière, essayant de réaliser un équilibre
entre les différentes procédures collectives et une harmonisation entre elles.
Cependant, malgré l’abrogation de la loi de 1995, ses dispositions restent en vigueur pour les
procédures déjà ouvertes et soumises à son empire. La nouvelle loi ne s’applique que sur les
procédures ouvertes à partir de son entrée en vigueur, ainsi toute nouvelle procédure de
règlement amiable, ou judiciaire se fera conformément aux dispositions des s 413 nouveau et
suivants.
En effet, le législateur a prévu des dispositions transitoires à travers les articles 13,14 et 15 de
la loi de 2016 et précise à travers les articles14 et 15 que les entreprises pour lesquelles une
procédure de faillite a été déjà déclenchée ne peuvent bénéficier du régime de redressement.

5
L’article 15 précise quant à lui que les entreprises jouissant à la date de la promulgation de la
loi de 2016 du règlement amiable reste soumises à cette loi, mais se verra appliquer les
dispositions de la loi 2016 si une procédure de règlement judiciaire sera ouverte. Par ailleurs,
le même article précise que l’entreprise bénéficiant du règlement judiciaire lors de la
promulgation de la loi de 2016, sera soumise à la loi de 1995 pour cette procédure, mais en cas
de sa mise en faillite, elle sera soumise aux nouvelles dispositions du code de commerce
applicables à la faillite.

Le présent cours sera présenté sous forme de quatre chapitres :


Chapitre 1 : La procédure de notification des signes précurseurs de difficultés économiques
Chapitre 2 : Le règlement amiable
Chapitre 3 : Le règlement judiciaire
Chapitre 4 : La faillite.

6
CHAPITRE I : LA NOTIFICATION DES SIGNES PRECURSEURS DE
DIFFICULTES ECONOMIQUES

C’est l’idée de prévention qui est à l’origine de l’institution de cette procédure. En France c’est
essentiellement à partir de 1975, que l’on a commencé à insister sur la nécessite de développer
l’idée des clignotants destinés à prévenir le chef d’entreprise de l’importance des difficultés qui
la menacent. Ainsi est né ce que l’on appelle le droit « d’alerte » : le droit de l’information sur
les difficultés des entreprises. Il s’agit de tirer la sonnette d’alarme à chaque fois que l’entreprise
passe par des difficultés, c'est-à-dire de prévenir les difficultés qui menacent la poursuite de son
activité, dans ce cas le traitement des difficultés économiques et financières et extra judiciaire.
Toutefois, il faut que l’entreprise ne soit pas en état de cessation des paiements.
La procédure d’alerte a été organisée par le législateur à travers les articles 418 à 421 nouveau
du code de commerce.

La loi de 2016 à l’instar de la loi de 1995 a prévu des organes chargés de la procédure d’alerte,
il s’agit d’organes interne à l’entreprise (Section 1) et d’organes externes, qui en raison de leurs
rapports avec celle-ci, peuvent connaître sa situation financière de très près et se rendre compte
de ses difficultés (Section 2).

SECTION I : L’ALERTE INTERNE


Elle est dite interne parce qu’elle est faite par un organe ou un membre se trouvant au sein de
l’entreprise, il peut s’agir du propriétaire de l’entreprise individuelle ou de son dirigeant (§1)
du commissaire aux comptes de l’entreprise en difficultés (§2), ou des associés (§3).

Paragraphe 1 : L’alerte par le propriétaire de l’entreprise ou par le dirigeant

L’article 419§1 nouveau du code de commerce a clairement mis à la charge de l’entrepreneur


individuel et dirigeant de l’entreprise sociétaire, l’obligation d’alerter la commission de suivi
des entreprises en difficultés économiques, des difficultés qui surviennent au cours de l’activité
et qui risquent d’entraîner si elles persistent la cessation des paiements.
L’obligation pesant ainsi à leur charge, est celle de tenir la commission de suivi informée de
ces difficultés.
Le simple avis laissant une trace écrite, suffirait pour les décharger de toute responsabilité.
Le propriétaire et le dirigeant sont en effet les personnes les plus et mieux informés sur la
situation économique et financière de l’entreprise et peuvent se rendre compte en temps
opportun de la gravité et du sérieux de certains actes et de l’effet qu’ils peuvent avoir sur le
fonctionnement futur de la société et sa survie.
En contrepartie de la responsabilité mise à leur charge d’alerter, le législateur a prévu des
sanctions pénales, c’est dans ce sens que l’article 593 nouveau du code de commerce prévoit
une sanction d’amende et d’emprisonnement pour l’entrepreneur ou le dirigeant qui ne procède
pas à l’alerte ou entrave la procédure.
Ainsi le §1 de l’article précité prévoit une sanction d’amende de mille à dix mille dinars, en cas
ou le dirigeant ou l’entrepreneur n’alerte pas intentionnellement la commission de suivi. La

7
même sanction est applicable en cas d’abstention de production des documents ou données cités
à l’article 417 ou 435 du code de commerce.
L’emprisonnement est encouru, il varie entre six mois et trois ans, lorsque les personnes
chargées d’alerter ont :
-fait une fausse déclaration ou a dissimulé ses biens ou ses dettes même partiellement ou crée
intentionnellement un document de nature à influer sur le déclenchement de la procédure de
redressement ou sur le plan de redressement.
-bloqué ou tente de bloquer intentionnellement la procédure de redressement….
En prévoyant une responsabilité pénale, qui risque d’être encourue par le dirigeant et le
propriétaire de l’entreprise, le législateur met l’accent sur l’importance de leur rôle dans le
déclenchement de la procédure d’alerte et vise principalement le sauvetage de l’entreprise, en
prévoyant des règles rigoureuses.

Paragraphe 2: L’alerte déclenchée par les associés

Elle trouve son fondement légal dans les dispositions de l’article 419 § 2 nouveau du code de
commerce, qui met à la charge des associés une obligation d’alerter la commission de suivi des
entreprises économiques. Ainsi, l’article dispose que l’alerte doit être déclenchée par le ou les
associés détenant cinq pourcent du capital de la société connaissant des difficultés
économiques, lorsque celle-ci est une société de capitaux ou une société à responsabilité limitée.
Dans les autres types de sociétés l’alerte doit être déclenchée par un ou plusieurs associés, quel
que soit la proportion qu’ils détiennent dans le capital social.
Les associés ont donc l’obligation de procéder à l’alerte à chaque fois qu’ils constatent une
anomalie dans la gestion qui risque de compromettre la continuité de l’activité sociale. Le droit
à l’information dont ils disposent leur permet en effet de connaitre la véritable situation de la
société.
Les associés sont tenus d’alerter, mais le texte ne précise pas quel organe alerter, doivent-ils
informer le commissaire aux comptes qui à son tour informera le président du tribunal ? Ou
d’alerter la commission de suivi ?
Il semble plus logique et en harmonie avec l’esprit de la procédure d’alerte, que les associés
informent la commission de suivi des entreprises économiques en tant qu’organe central, le
paragraphe trois du même article prévoit que les administrations telles que la CNSS,
l’administration fiscale et autres sont tenues d’informer la commission de suivi, en application
du principe de parallélisme des formes , il convient de retenir que l’alerte faite par les associés
se fait à la commission de suivi.

Paragraphe 3: L’alerte par le commissaire aux comptes

Sa mission était déterminée par les dispositions de l’article 6 de la loi de 1995, actuellement
régie par les dispositions de l’article 420 nouveau du code de commerce qui prévoit que le
commissaire aux comptes demande au dirigeant des éclaircissements par écrit à l’occasion de
l’exercice de ses fonctions, à chaque fois qu’il constate l’existence de données ou d’actes
menaçant la poursuite de l’activité de l’entreprise.

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Le dirigeant doit répondre dans un délai de huit jours à partir de la réception de la demande du
commissaire aux comptes.
En cas de silence ou en cas de réponse non convaincante, le commissaire aux comptes doit
soumettre la question au conseil d’administration de l’entreprise ou son conseil de surveillance,
ou appelle les actionnaires à se réunir en assemblée générale, et ce dans un délai ne dépassant
pas un mois à partir de la réception de la réponse du dirigeant ou l’expiration du délai de
réponse.
En cas de persistance des mêmes menaces, le commissaire aux comptes est tenu de dresser un
rapport écrit qu’il communiquera au président du tribunal dont une copie sera envoyée à la
commission de suivi des entreprises économiques et ce dans un délai d’un mois suivant
l’accomplissement des formalités précédentes.
Le rôle du commissaire aux comptes dans la procédure d’alerte ainsi déterminé, il convient de
faire les remarques suivantes :
1-Le législateur a introduit certaines modifications dans la rédaction de l’ancien article 6 de la
loi de 1995 en rajoutant l’expression « données », en effet le commissaire aux comptes peut à
l’occasion de l’exercice de ses fonctions vérifier non seulement des actes mais des données,
des chiffres ou des indices révélateurs d’une anomalie de fonctionnement , c’est pour cela et
dans un objectif d’élargir son champs d’intervention le législateur lui a mis a la charge
l’obligation d’alerter en présence de données ou actes menaçant la poursuite de l’activité de
l’entreprise.
2-Par ailleurs, il convient de remarquer que le législateur a réduit le délai de réponse du dirigeant
aux éclaircissements demandés par le commissaire aux comptes , les 15 jours sont ainsi réduits
à huit jours, cette réduction s’explique par la volonté d’avoir une réponse plus rapide et de
prendre à temps les mesures nécessaires, c'est-à-dire d’alerter à temps.
L’alerte est ainsi une obligation mise à sa charge, il convient de déterminer son domaine
d’intervention (A) et les sanctions qui découlent du défaut d’alerte (B).

A) Le domaine de l’alerte

A la lecture de l’article 420 nouveau du code de commerce, on remarque que l’alerte faite par
un commissaire aux comptes concerne essentiellement les entreprises sociétaires à qui la loi
exige la nomination d’un commissaire aux comptes.
Conscient du rôle déterminant que joue le commissaire aux comptes en tant qu’organe de
contrôle au sein de la société, et son intime connaissance de la situation comptable et financière
de l’entreprise, le législateur a exigé qu’il fasse partie de toute société , voulant assurer la
sécurité dans les transactions financières par le biais de la loi n° 96-2005 du 18/10/2005 il a
modifié l’article 13 du code des sociétés commerciales, considérant qu’il soit obligatoire dans
toutes les sociétés de capitaux et que sa présence ne devient telle dans les autres sociétés
qu’après le premier exercice social.
La procédure d’alerte profite ainsi à toute société dotée d’un commissaire aux comptes, ce
dernier est doté d’un pouvoir discrétionnaire pour décider de demander au dirigeant des
éclaircissements et des explications, si des données ou des actes sont de nature à menacer la
poursuite de l’activité. Cette expression du législateur est assez vaste et seul un expert peut
réellement détecter si un acte ou une donnée est effectivement menaçante.

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Dans ce contexte quelques précisions doivent être apportées à l’obligation d’alerte du
commissaire aux comptes :
- Les données ou actes doivent être relevés à l’occasion de l’exercice de ses fonctions.
C’est à travers l’analyse des comptes sociaux, leur certification, que le commissaire
pourra observer ou se rendre compte des données ou actes pouvant engendrer des
difficultés de nature à affecter le fonctionnement normal de la société, ou sa poursuite.
Ce dernier peut à toute époque de l’année opérer toutes les vérifications nécessaires et
se faire communiquer les documents dont il a besoin pour l’accomplissement de sa
mission (voir code des sociétés commerciales). En effet, pour que l’alerte soit efficace
il faut que l’obligation pesant à la charge du commissaire aux comptes fasse partie du
caractère permanent de sa mission.
- Les actes ou données cités à l’article 420 nouveau du code de commerce (6 loi 1995),
doivent être sérieux de nature à menacer la poursuite de l’activité, risquant de la
compromettre en engendrant un disfonctionnement, si aucune mesure n’est prise en
temps utile. Il en est ainsi par exemple de : la rupture d’un concours bancaire,
l’accumulation d’exercices déficitaires, l’accroissement excessif des charges, les
mésententes graves entre associés pouvant provoquer la dissolution de la société, abus
des biens et du crédit social du dirigeant etc…

D’une manière générale, les expressions actes et données menaçant la poursuite de l’activité,
sont trop vagues et peuvent embrasser plusieurs situations, il appartient au commissaire aux
comptes de dévoiler qui de ces actes est réellement menaçant, un indice doit être pris en
considération : la gravité des actes.
Le devoir d’alerte du commissaire aux comptes consiste à demander par écrit au dirigeant de
l’entreprise, des éclaircissements relatifs à toutes données ou acte de nature à menacer la
poursuite de l’activité de l’entreprise. Par « dirigeant », le législateur entend, l’entrepreneur
individuel dans le cadre de l’entreprise individuelle, ou le gérant de la SARL ou de la SNC
lorsque l’entreprise est sociétaire. Dans la société anonyme, c’est le président du conseil
d’administration ou le directoire qui est visé et ce selon le type d’administration choisie.6
Si le dirigeant répond dans le délai qui lui a été accordé (huit jour dans la loi de 2016), et que
sa réponse est convaincante pour le commissaire aux comptes la procédure d’alerte s’arrête à
ce niveau.
En l’absence de réponse, ou en cas de réponse insuffisante, le commissaire aux comptes doit à
défaut d’urgence, convoquer le conseil d’administration ou le conseil de surveillance dans un
délai ne dépassant pas un mois de la date de la réception de la réponse ou de l’expiration du
délai de réponse.
En cas d’urgence, ce dernier est tenu, dans le même délai de convoquer l’assemblée générale
des actionnaires. Cette convocation, se substitue en cas d’urgence à la convocation du conseil
d’administration ou de surveillance, ceci se justifie par le terme « ou » employé par la version
arabe du texte.
Enfin, et si après l’accomplissement de la deuxième phase, le commissaire aux comptes
constate la persistance des mêmes menaces, il adresse dans un délai d’un mois un rapport au

6
Le code des sociétés commerciales prévoit deux types d’administration pour la société anonyme : a conseil
d’administration ou à directoire et conseil de surveillance.

10
président du tribunal dont une copie doit être adressée aussi à la commission de suivi des
entreprises économiques (seule la commission était concernée par ce rapport sous la loi de
1995).
Il convient de noter que dans les entreprises individuelles qui n’ont pas de commissaire aux
comptes, la procédure d’alerte ne pourra être déclenchée ! le législateur a-t-il ignorer ces
entreprises ou compté sur les autres organes, tels que les organes externes pour le faire ?

B) Les sanctions de l’alerte

Le législateur a mis à la charge du commissaire aux comptes une obligation d’alerte. Ce dernier
est ainsi obligé d’alerter le président du tribunal de toute donnée ou acte menaçant l’activité de
l’entreprise si le dirigeant, conseil d’administration ou de surveillance, ou l’assemblée des
actionnaires échouent à échapper aux conséquences que ces actes menaçants la poursuite de
l’activité.
Le commissaire aux comptes engage sa responsabilité civile et pénale en cas de défaillance à
son devoir d’alerte, qui fait partie intégrante de ses fonctions.
Il peut être tenu pour responsable de ne pas avoir déclenché l’alerte pour de simples difficultés
qui se sont avérées par la suite graves et se sont répercutées sur la situation de l’entreprise.
En effet, si l’alerte est trop tardive, elle risque de ne pouvoir redresser une situation
irrémédiablement compromise ; si au contraire elle est trop précoce elle risque d’aggraver les
difficultés naissantes en perturbant les relations entre l’entreprise et ses partenaires tels que les
banques et les fournisseurs.
Cependant, la responsabilité peut aussi être partagée avec le dirigeant de l’entreprise qui refuse
de répondre ou donne des réponses peu suffisantes et compromet par ses agissements le succès
de la procédure d’alerte.
La loi de 2016 a prévu des sanctions spécifiques applicables au commissaire aux comptes en
tant qu’organe d’alerte. C’est dans ce sens que l’article 594 nouveau du code de commerce
prévoit que le commissaire aux comptes qui ne déclenche pas la procédure d’alerte, malgré sa
connaissance des difficultés de l’entreprise, est sanctionné pénalement par la même sanction
que subit le dirigeant de l’entreprise ou son propriétaire qui ne procède pas à l’alerte. La
sanction est uniquement pécuniaire pour le commissaire aux comptes, elle consiste en une
amende variant entre mille et dix mille dinars.

SECTION II : L’ALERTE EXTERNE

Elle est principalement accomplie par la commission de suivi des entreprises économiques et
par le président du tribunal de première instance. Cependant, l’article 419 nouveau §3 du code
de commerce, met à la charge de certains organes externes à l’entreprise mais en rapport avec
elle ; il s’agit de l’inspection du travail, de la caisse nationale de la sécurité sociale, les services
de la comptabilité publique et du recouvrement, les services du control fiscal et les
établissements financiers. Ces organes ont une obligation de procéder à l’alerte de la
commission de suivi à chaque fois qu’elles dénotent des actes de nature à menacer la poursuite
de l’activité d’une entreprise pouvant jouir des procédures de redressement au sens de la loi de
2016.

11
Il convient de déterminer le rôle de ces organes (Paragraphe 1), celui de la commission de suivi
(paragraphe 2), enfin celui du président du tribunal de première instance (paragraphe 3).

Paragraphe 1 : Les administrations

A l’occasion de l’exercice de son activité, l’entreprise qu’elle soit individuelle ou sociétaire,


elle est obligée de s’inscrire auprès de certaines administrations et de procéder à des
déclarations patronale, fiscales et autres…
Ainsi le non-paiement des cotisations sociales, ou des impôts, les poursuites engagées par
l’administration fiscale ou encore le non-paiement d’un crédit bancaire ou d’un loyer de leasing,
est un signe de difficultés certes.
C’est dans ce contexte que la loi du 17/4/1995 a prévu dans son article 5 que ces administrations
doivent, en cas de non-paiement des dettes 6 mois après leurs échéances, ces administrations
sont tenues d’informer la commission de suivi.
Cependant, il convient de noter que le critère du non-paiement des dettes 6 mois après leurs
échéances a été supprimé par le législateur qui s’est contenté à travers l’article 419 d’unifier le
critère de notification soit la notification des actes menaçant la poursuite de l’activité de
l’entreprise.
Le même article précise dans son dernier paragraphe que les critères de la notification seront
fixés par décret. Lequel décret n’a pas encore été pris ni publié.

Paragraphe 2 : La commission de suivi des entreprises économiques

Elle a été créée en 1995 par la loi du 17/4/1995 relative au redressement des entreprises en
difficultés économiques.
Elle se trouve au sein du ministère de l’industrie auquel elle est rattachée et contient un
observatoire national créé par la loi de 1999 qui a modifié celle de 1995.
Avec la loi de 2016, l’article 418 nouveau du code de commerce réorganise la commission de
suivi des entreprises économiques et la dote d’un observatoire chargé de rassembler et
d’analyser et d’échanger les données relatives aux entreprises en difficultés économiques dans
le cadre dans réseau informatique avec les parties concernées.
Celle-ci est chargée d’informer le président du tribunal de toutes les données dont elle dispose.
Le deuxième paragraphe de l’article 418 prévoit un critère de notification pour la commission,
en effet, celle-ci est tenue d’alerter le président du tribunal à chaque fois que les pertes atteignent
les trois quarts du capital social, ainsi qu’en cas d’existence d’actes menaçant la poursuite de
l’activité et la stabilité de l’entreprise.
La commission est tenue selon le même article de dresser un rapport argumenté sur ladite
entreprise.
La commission de suivi est en effet un organe central, elle est au cœur de la procédure d’alerte
car elle détient l’information sur les entreprises en difficultés de plusieurs sources, les services
de comptabilité publique, l’administration fiscale, les établissements bancaires et financiers
etc…
La commission de suivi fait le relais entre ces divers organes aussi bien internes qu’externes
pour transmettre les informations et les signes précurseurs de difficultés économiques au

12
président du tribunal, dont le rôle est déterminant dans la procédure de notification et dont la
décision a un grand impact sur l’avenir de la société.
Le président décidera du sort de l’entreprise à l’achèvement de la notification par la commission
de suivi ou par le commissaire aux comptes qui a le pouvoir de lui révéler directement des
anomalies de fonctionnement après avoir accompli son devoir en réunissant les organes de
gestion et de délibération de la société.

Paragraphe 3 : Le président du tribunal

L’article 421 nouveau du code de commerce que le président joue aussi un rôle dans la
notification.
Il a la charge de convoquer le dirigeant de l’entreprise ou son propriétaire dès la réception des
signes précurseurs des difficultés économiques.
La convocation doit être faite par écrit afin d’en conserver la preuve. Laquelle preuve est
nécessaire, car celui qui ne comparaît pas devant le juge malgré sa convocation, commet le délit
d’entrave à la procédure de redressement tel que prévu à l’article 593 nouveau du code de
commerce.
Le président lui demandera de produire des justificatifs et des éclaircissements sur les mesures
qu’il envisage prendre afin d’éviter que l’entreprise ne cesse de fonctionner normalement et lui
donne un délai à cet effet. Il est tenu aussi de produire tous les documents cités à l’article 417
du même code que la loi exige pour l’ouverture d’une procédure de redressement.
La loi fixe ce délai à un mois. Passé ce délai, avec ou sans réponse le président du tribunal est
tenu de statuer sur la situation de l’entreprise et de prendre sa décision. Il peut ordonner si le
débiteur l’accepte l’ouverture d’une procédure de règlement amiable, ou d’une procédure de
règlement judiciaire si ses conditions sont réunies essentiellement si l’entreprise se trouve en
état de cessation des paiements.
Il convient de noter qu’à la lecture du texte, on remarque que l’ouverture de la procédure du
règlement amiable est tributaire de la volonté du débiteur alors que celle du règlement judicaire
ne l’ai pas, le juge dispose dans ce cas d’un pouvoir discrétionnaire.

13
CHAPITRE II : LE REGLEMENT AMIABLE

Le règlement amiable est une procédure basée essentiellement sur un accord entre le débiteur
et ses créanciers, il dépend dans une large mesure des sacrifices que ces derniers consentent
au profit de l’entreprise en difficultés. Le juge n’intervient que pour désigner à l’ouverture de
la procédure le conciliateur et pour homologuer l’accord convenu entre les deux parties en fin
de règlement amiable.
Le règlement amiable apparaît comme une procédure permettant d’éviter la détérioration de
l’activité sociale, en présentant des moyens et des techniques de sauvetage avant que
l’entreprise ne soit déclarée en état de cessation des paiements.
De nature semblable au concordat préventif qui été régi par les dispositions du Code de
commerce, le règlement amiable en est bien différent car contrairement au concordat préventif
son objectif principal est de sauver le débiteur en assurant la continuité de son activité. Ce que
le concordat préventif ne permettait pas de réaliser.
Organisée par la loi du 17/4/1995 (les articles 9 à 17) la procédure du règlement amiable fait
l’objet des dispositions nouvelles contenues dans le code de commerce (articles 422 à 432).
L’étude de la procédure du règlement amiable exige de s’attarder d’abord sur le déclenchement
de la procédure (Section 1), ensuite sur les principaux organes intervenants (Section 2) l’accord
de règlement (Section 3) et enfin le dénouement de la procédure (Section 4).

Section 1 : Le déclenchement de la procédure de règlement amiable

L’ouverture de la procédure de règlement amiable nécessite la réunion de certaines conditions


tant de forme que de fond (§1) lesquelles conditions une fois réunies nécessitent l’intervention
du juge pour déclarer ouverte la procédure (§2).
Paragraphe1 : Les conditions d’ouverture du règlement amiable
La lecture de la loi laisse entendre l’exigence de deux catégories de conditions : de frome (A)
et de fond (B).

A. Les conditions de forme

Le bénéfice de la procédure de redressement est soumis à une exigence de forme contenue dans
les dispositions de l’article 417 nouveau du code de commerce. Lequel article prévoit la

14
nécessité de formuler une demande écrite adressée au président du tribunal, avec adjonction de
pièces justificatives.
Le législateur indique aussi le contenu de la demande de bénéfice du règlement amiable. Le
demandeur doit indiquer le nom de l’entreprise demanderesse ou sa dénomination sociale, le
nom de son représentant légal, son adresse personnelle, le siège social, le numéro
d’immatriculation au registre de commerce ainsi que son identifiant fiscal et son numéro
d’affiliation à la caisse nationale de la sécurité sociale. La nature de l’activité doit être aussi
spécifié, la liste des employés, des créanciers des débiteurs ainsi que tout document contenant
une information de nature à éclairer le juge afin de prendre sa décision quant à l’admission ou
au rejet de la demande de règlement amiable.7 Les rapports des commissaires aux comptes ainsi
que les bilans doivent aussi accompagner la demande.

L’absence de ces documents justificatifs, sans motif sérieux, entraîne le rejet de la demande de
règlement amiable. C’est ce qui découle des dispositions du dernier paragraphe de l’article 417,
ceci se justifie par l’impossibilité pour le juge de prendre sa décision en l’absence de visibilité
et de données claires et réelles sur la véritable situation de l’entreprise qui veut bénéficier de
cette mesure de redressement.

B. Les conditions de fonds

Elles se divisent en deux catégories, certaines sont relatives aux entreprises concernées par la
procédure (1) d’autres ont trait à la situation de l’entreprise (2).

1. Les entreprises concernées

D’après l’article 416nouveau du code de commerce, la procédure de redressement,


particulièrement celle du règlement amiable, s’applique aussi bien aux personnes physiques(a),
qu’aux personnes morales (b).

a. Les personnes physiques

Le régime du redressement s’applique à toute personne morale, mais aussi à toute personne
physique soumise au régime d’imposition réel8, exerçant une activité commerciale au sens de
l’article 2 du code de commerce ou artisanale.
Le texte vise la nature de l’activité exercée et non la qualité de la personne.
Ceci implique que toute personne exerçant une activité commerciale au sens de l’article 2 du
code de commerce, c'est-à-dire, accomplissant un acte de production de circulation, de
spéculation ou d’entremise, à titre professionnel, pourra prétendre au bénéfice du régime de
redressement. L’appartenance au régime d’imposition réel est une condition cumulative et non
supplétive.
En outre, le même article étend aussi l’application du régime de redressement aux artisans. La
loi n°2005-15 du 16/2/2005 relative à l’organisation du secteur des métiers9, définit dans son

7
V° article 417 nv C.Com.
8
Article 416 C.Com.
9
JORT N° 14 du 18/2/2005, p. 420 et svts.

15
article 16 l’artisanat comme « toute activité de production, de transformation ou de réparation
essentiellement manuelle qui répondent à des besoins utilitaires, fonctionnels ou de décoration,
portant un aspect artistique et culturel inspiré de l’identité et du patrimoine national ».
Ainsi, toute personne physique exerçant soit une activité commerciale soit artisanale, peut
prétendre au bénéfice de la procédure de redressement, à condition qu’elle soit soumise au
régime d’imposition réel.
Le législateur a ainsi visé des activités déterminées, des activités qui font impérativement partie
du circuit économique affectant certes l’économie nationale entière. Ainsi, le même régime
s’applique aux personnes morales.

b. Les personnes morales

Le législateur vise dans la première partie du paragraphe 1 de l’article 416 les activités
commerciales et artisanales qui sont exercées par des personnes physiques ou des personnes
morales.
Ainsi, toute personne morale exerçant une activité artisanale ou commerciale peut bénéficier
du régime de redressement.
En outre une autre catégorie de personnes morales est visée par la loi, il s’agit des sociétés
commerciales par la forme exerçant une activité agricole ou de pêche.
Il convient dans ce contexte de préciser que les sociétés commerciales sont soumises au régime
du redressement soit en raison de leur forme qui est commerciale ou en raison de leur objet qui
est commerciale.
Dans le premier cas, les sociétés commerciales par la forme ont été citées à l’article 7 du code
des sociétés commerciales, il s’agit de la société à responsabilité limitée, de la société anonyme
et de la société en commandite par actions. Ces types de société peuvent être admises au
bénéfice du redressement au sens de la loi de 2016 même si leur activité est civile (objet), il en
est ainsi de l’activité agricole ou de pêche.
Dans le deuxième cas, lorsque la société est commerciale par l’objet, c'est-à-dire, en dehors des
types cités à l’article 7 du code des sociétés commerciales, c’est l’activité commerciale ou
artisanale qui doit être prise en considération afin de vérifier les conditions d’admission au
régime de redressement.
Enfin, l’article 416 § 2 exclut du bénéfice de ce régime les entreprises et les établissements
publics au sens de la loi n°9 -1989 du 1/2/1989 relative aux participations, aux établissements
et entreprises publiques.
Sont considérées entreprises publiques au sens de l’article 8 nouveau de la présente loi 10 : « -
les établissements publics à caractère non administratif et dont la liste est fixée par décret - les
sociétés dont le capital est entièrement détenu par l'Etat - les sociétés dont le capital est détenu
par l'Etat, les collectivités locales, les établissements publics et les sociétés dont le capital est
détenu entièrement par l'Etat à plus de 50% chacun individuellement ou conjointement. Sont
considérées participations publiques, les participations de l'Etat, des collectivités locales, des
établissements publics et des sociétés dont le capital est entièrement détenu par l'Etat. »

10
Loi n° 96-74 du 29 juillet 1996, modifiant et complétant la loi n° 89-9 du 1er février 1989 relative aux
participations et entreprises publiques telle que modifiée et complétée par la loi n° 94-102 du 1er août 1994.

16
2. La situation exigée

Le législateur exclut du bénéfice du régime du règlement amiable, l’entreprise qui se trouve en


état de cessation de ses paiements. Ceci se déduit de la lecture des dispositions de l’article 422
nouveau du code de commerce prévoit expressément que le règlement amiable vise la
conclusion d’un accord de règlement amiable entre l’entreprise qui n’a pas cessé ses paiements
et ses créanciers.
Ainsi, la procédure est ouverte au profit des entreprises qui continuent à honorer leurs
engagements, mais le font difficilement. Bien que le législateur ne l’ai pas précisé, il faut qu’il
s’agisse de difficultés sérieuses risquant d’entraîner la cessation des paiements, et à l’arrêt de
toute activité. C’est dans ce sens que l’article 417exige l’indication de la nature des difficultés
dans la demande de règlement.
La demande de règlement amiable respectant les conditions de forme et de fond doit être remise
au président du tribunal qui statuera sur l’admission ou le rejet de la demande. Alors que dans
l’ancien texte la CSEE établissait le diagnostic préliminaire et l’adressait au président du
tribunal, la demande est désormais adressée directement au juge qui l’étudiera au vu des
documents présentés, il pourra aussi demander des informations auprès de toute administrations
ou établissement public ou financier pouvant l’éclairer sur la véritable situation de l’entreprise
par application de l’article 426 nouveau du code de commerce.

Section2 : Les organes Intervenants :

Le président du tribunal est l’organe central car, il intervient au déclenchement de la procédure


et à sa clôture (§1). D’autres organes interviennent à titre principal comme le conciliateur (§2).

Paragraphe 1 : Le rôle du président du tribunal

Le président du tribunal est l’organe chargé de réceptionner la demande de règlement amiable


formulée par l’entrepreneur ou par le dirigeant. L’article 423 nouveau du code de commerce
dispose que c’est à lui que la demande doit être adressée et l’article 424 prévoit qu’il peut
ordonner l’ouverture de la procédure du règlement amiable. La rédaction de l’article laisse
entendre qu’il dispose d’un pourvoir d’appréciation souverain pour étudier la demande,
l’accepter ou la rejeter.
A la lecture des dispositions applicables au règlement amiable 422 à 432 nouveau du code de
commerce, on remarque que le président du tribunal intervient à l’étude de la demande, au
déclenchement de la procédure, en cours de procédure et en fin lors de l’homologation.
Toutefois, ces différentes interventions n’affectent pas le fond de l’accord de règlement amiable
dont le contenu est librement déterminé par les parties.

*Le juge intervient à l’étude de la demande car, c’est à lui que celle-ci est adressée, il lui revient
de l’étudier au vu des documents qui ont été annexés à la demande conformément aux
dispositions de l’article 417 nouveau du code de commerce. Il statue sur l’acceptation ou le
rejet de celle-ci.

17
Le refus d’admission de l’entreprise au bénéfice du règlement amiable, peut être justifié par des
considérations optimistes (les difficultés pouvant être résolues sans recours au règlement
amiable), soit par des considérations pessimistes, l’entreprise a déjà cessé ses paiements.

Une fois la décision d’ouverture prise, la procédure de règlement amiable est déclenchée.

*Le juge intervient ainsi au déclenchement de la procédure pour nommer le conciliateur chargé
d’emmener les parties à l’entente en vue d’élaborer un accord de règlement amiable.11
Il fixe à cet effet, la mission du conciliateur et sa durée, ses honoraires. Il procède à son
remplacement s’il est nécessaire.
Le président du tribunal peut s’il le juge nécessaire et afin de faciliter la tâche de conciliation
peut être faite par la commission de suivi des entreprises économiques qui le fera gratuitement.
(Article 424 §1et svts…).
Le conciliateur reçoit l’ordre d’accomplir sa mission de conciliation entre le débiteur et ses
créanciers par le président du tribunal, qui reçoit un rapport mensuel de sa part et ou final à la
fin de sa mission, c'est-à-dire, à l’expiration des trois mois (prorogeables d’un mois) fixés à
l’article 425.
La mission du conciliateur, consiste à faire procéder à une enquête et à l’étude du dossier par
la CSEEE. Il peut aussi demander des informations à toute administration ou établissement
financier et les transmettre au conciliateur avec le résultat de l’enquête de la CSEE (article 426
Nv Code de commerce.)

*Le rôle le plus important du juge au cours du règlement amiable consiste à suspendre les
poursuites de recouvrement et d’exécution.
Ainsi, le législateur lui accorde un large pouvoir d’appréciation pour statuer sur une demande
de suspension des procédures de recouvrement et d’exécution visant une créance antérieure, ou
encore la récupération d’un bien meuble ou immeuble.

En effet, l’article 427 nouveau du code de commerce prévoit que le président du tribunal ne
peut ordonner la suspension des procédures de recouvrement et d’exécution visant le paiement
d’une créance antérieure ou visant la récupération de bien meubles ou immeubles sauf si ces
biens ou ces créances sont nécessaires à l’activité de l’entreprise débitrice. Ceci implique que
le président dispose d’un pouvoir d’appréciation pour décider au vu de l’importance de la
créance et ou des biens à récupérer et de l’impact de la procédure de recouvrement ou
d’exécution sur la continuité de l’activité sociale, qui risque d’être compromise par le paiement
des dettes ou la récupération des biens, auquel cas le président se trouvera dans l’obligation de
suspendre la poursuite.
Le législateur dote aussi le président du tribunal du pouvoir de suspendre les délais de
prescription. En cas où, il ordonne la suspension de certains recours, il doit mentionner les actes
qu’il ordonne de suspendre.

11
La loi prévoit que la liste des conciliateurs sera fixée par arrêté du ministre de la Justice, qui n’a pas encore vu
le jour.

18
Le président du tribunal est aussi investi du pouvoir d’ordonner la suspension des poursuites
visant le paiement d’une créance salariale, la suspension n’est possible dans ce cas que lorsque
le paiement est de nature à empêcher le redressement et à l’exception des montants
insaisissables.

Le président du tribunal est tenu de convoquer les créanciers, les cautions ou garants ainsi que
tout débiteur solidaire. Il peut ordonner la suspension des poursuites à leur égard.
Ainsi, le président a un pouvoir d’appréciation de la suspension ou de la continuité des actions
individuelles en recouvrement des créances ou en exécution, ce pouvoir doit être exercé dans
l’intérêt de l’entreprise débitrice et uniquement dans cet intérêt : la suspension doit permettre
d’assurer la poursuite de l’activité et de réaliser le redressement recherché à travers l’ouverture
de la procédure de règlement amiable.

*En fin le président du tribunal intervient avant la clôture de la procédure pour homologuer
l’accord e règlement entre le débiteur et ses créanciers.
L’homologation, n’a pas pour effet de donner une force exécutoire à l’accord de règlement qui
tire sa force de la volonté des parties qui l’ont signé.

Paragraphe 2 : Le conciliateur

Le conciliateur est un organe important dans la procédure du règlement amiable. Il exerce ses
fonctions conformément aux dispositions de l’article 425 nouveau du code de commerce qui
prévoit ce qui suit : « Le conciliateur procède à la conciliation entre le débiteur et ses créanciers
dans un délai ne dépassant pas trois mois prorogeable d’un seul mois par décision du président
du tribunal. »
Il convient de préciser que la loi ne précise pas le statut du conciliateur, elle
Il est donc important de s’attarder sur le statut du conciliateur (A) et de préciser par la suite ce
qu’on entend pas conciliation dans le cadre des procédures collectives en la distinguant d’autres
modes de règlement des différends (B).

A. Le statut du conciliateur

Le conciliateur de justice est une personne désignée par le juge afin de rapprocher les parties et
de les convaincre en vue de conclure un accord de règlement amiable. Sa nomination se fait
automatiquement par le juge dès la prise de décision d’ouverture du règlement amiable, sans
qu’aucune requête ne soit présentée par l’entreprise débitrice. Contrairement au droit français
qui exige qu’une requête soit déposée par le dirigeant au greffe du tribunal.12
Le conciliateur doit être choisi parmi les personnes se trouvant sur la liste qui doit être établie
par le ministre de la justice en application de l’article 424 nouveau du code de commerce.
Ayant la tâche d’intervenir dans le cadre d’un désaccord ou d’un litige, dans sa phase pré-
judiciaire, le conciliateur doit avoir certaines qualités.

12
Articles L.611-4 à L.611-15, R.611-22 à R.611-46 du Code de commerce.

19
Bien que les nouvelles dispositions du code de commerce ne le précisent pas, le conciliateur
doit avoir les mêmes qualités que le juge. Il doit être neutre, et impartial. Et doit
obligatoirement respecter l’obligation de confidentialité.
En France, les conciliateurs sont généralement choisis parmi les administrateurs judiciaires
ayant une expérience en matière de redressement, habitués à mener des négociations entre le
débiteur et créanciers.
Sa mission a été précisée par la loi, elle consiste selon l’article 425 à favoriser la conclusion
entre le débiteur et ses principaux créanciers, d’un accord amiable destiné à mettre fin aux
difficultés de l’entreprise.
Le conciliateur doit rendre compte au président du tribunal du résultat de son activité soit
mensuellement en dressant un rapport ou à la fin de sa mission.
La mission du conciliateur prend fin soit à l’expiration du délai qui lui est imparti pour établir
son rapport et ce au plus tard dans un délai de quatre mois à partir de l’ouverture du règlement
amiable ; soit en cours de procédure lorsque les parties ne sont pas parvenues à un accord ou
que le débiteur a cessé ses paiements, le président du tribunal, met fin à sa mission (article 432
nvCC).

B.La conciliation
Considérée comme un mode de règlement des différends, la conciliation a été choisie par le
législateur comme moyen servant à rapprocher le débiteur et ses créanciers en vue de conclure
un accord de règlement amiable.13
Le législateur ne définit pas la conciliation, mais réglemente plutôt la transaction qui est aussi
un mode servant à trancher les litiges, mais qui en reste bien différent.
La conciliation a été définie comme « un accord par lequel deux personnes en litige mettent fin
à celui-ci (soit par transaction soit par abandon unilatéral ou réciproque de toute prétention) la
solution du différend résultant non d’une décision de justice, mais de l’accord des parties elles-
mêmes. »14
L’article 1458 du code des obligations et des contrats définit la transaction comme étant « un
contrat par lequel les parties terminent ou préviennent une contestation moyennant la
renonciation de chacune d’elles à une partie de ses prétentions réciproques, ou la cession qu’elle
fait d’une valeur ou d’un droit à l’autre partie. »
Ainsi la conciliation se rapproche de la transaction dans la mesure où elles mettent toutes les
deux fins au litige, mais elles sont bien différentes car la conciliation n’est pas en elle-même un
contrat, mais peut aboutir à la conclusion d’un contrat dans le cadre duquel les parties
concrétisent leur façon de mettre fin au litige qui les oppose, ainsi une conciliation peut aboutir
à une transaction.
La conciliation se rapproche aussi de la médiation, mais reste bien différente, car si le
conciliateur a pour mission principale de rapprocher les parties, le médiateur, se contente de
leur proposer une solution à leur litige et sans que cette solution ne leur soit imposée à l’instar
de la décision de justice.

13
Loquin E. « La distinction de l’arbitrage et de la médiation ou de la conciliation », RTDCom. 2002, p.40.
14
Cornu G., Vocabulaire juridique, Association Henri CAPITANT, éd.PUF 1987.

20
La conciliation a un point commun avec la médiation et la transaction c’est qu’elle est extra
judiciaire. Cependant, dans certains cas elle est faite par le juge (en matière familiale par
exemple avant le prononcé du divorce le juge joue le rôle de conciliateur).
Enfin, la conciliation est différente de l’arbitrage dans la mesure où l’arbitrage est un mode
privé de règlement des différends qui aboutit à une sentence arbitrale que l’arbitre ou le tribunal
arbitral rend et dont le contenu s’impose aux parties.
Le conciliateur est ainsi une personne chargée de concilier entre les parties c'est-à-dire de les
rapprocher en vue de conclure un accord dans une phase qui peut être judiciaire comme elle
peut être extrajudiciaire.
Dans le cadre des procédures collectives, le conciliateur désigné à l’ouverture d’une procédure
de règlement amiable aura pour mission d’emmener les parties à conclure un accord de
règlement. Il ne leur propose pas de solution, et n’impose pas un accord. Il n’est pas à ce titre
doté d’un quelconque pouvoir de rendre obligatoire une décision ou une solution. La
détermination du contenu de l’accord est soumise à la liberté des parties.

Section 3 : L’accord de règlement amiable


L’accord de règlement amiable est conclu à l’issu de la procédure de conciliation menée par le
conciliateur et supervisée par le président du tribunal.
L’article 428 nouveau du code de commerce soumet la conclusion de l’accord à la liberté des
parties (§1) la participation à sa conclusion est aussi laissée à la liberté des parties qui peuvent
contribuer à sa conclusion, comme ils peuvent rester en dehors de l’accord (§2).
Paragraphe 1 : Le contenu de l’accord
Le débiteur avec ses créanciers conviennent après conciliation du contenu de l’accord de
règlement amiable. Lequel accord porte généralement sur les modalités de paiement des dettes.
L’article 428 précise qu’il peut porter sur le rééchelonnement des dettes, leurs remises, ainsi
que sur l’arrêt du cours des intérêts.
Le débiteur propose ainsi à ses créanciers lors de l’élaboration de l’accord de règlement les
mesures qu’il compte prendre afin de sauvegarder son entreprise et de redresser son activité.
Chaque créancier a le choix d’accepter ou de refuser la proposition du débiteur de rééchelonner
la dette ou de renoncer à tout ou partie de sa créance. Les créanciers ne sont pas aussi obligés
d’inclure toutes leurs créances dans le règlement, ils peuvent se contenter de faire un
arrangement concernant certaines à l’exclusion d’autres.
Les créanciers consentent généralement des sacrifices dans le cadre d’un arrangement amiable
avec leur débiteur afin de l’aider à surmonter les difficultés dont il souffre, ils peuvent lui
accorder des délais de paiement supplémentaires, donc prévoir un rééchelonner des dettes, ou
encore consentir une remise de leurs créances, c'est-à-dire renoncer à réclamer le paiement soit
d’une partie de la créance soit de la totalité, soit encore des intérêts générés par la créance.
Les créanciers peuvent aussi en vue d’aider l’entreprise accepter d’augmenter son capital s’il
s’agit d’une société soit en convertissant leurs créances en actions ou parts sociales, soit en
faisant un apport en numéraire ou en nature.
C’est ce qui découle de l’article 429 nouveau du code de commerce qui prévoit une priorité au
paiement au profit des créanciers ayant soutenu l’entreprise pendant le règlement amiable, en
cas d’ouverture ultérieure de règlement judiciaire ou du prononcé de la faillite.

21
Il convient de noter que seule la durée de l’accord a été délimitée par la loi. Les parties ne sont
en effet libres que pour déterminer les mesures de sauvetage. La durée de l’exécution d l’accord
ne peut dépasser trois années. Le §2 de l’article 428 le prévoit expressément.
A sa conclusion, l’accord de règlement amiable est signé par le débiteur et ses créanciers. Et
sera homologué par le juge.
Le législateur exige le dépôt d’une copie de l’accord au greffe du tribunal qui le dépose au
registre du commerce et l’envoie d’une copie à la CSEE.
Paragraphe 2 : Les effets de l’accord
L’accord de règlement amiable n’entraîne pas de déssaisissement du débiteur, toutefois ce
dernier est tenu de respecter ses engagements pris dans le cadre de l’accord signé avec les
créanciers (A), ce dernier produit des effets aussi bien à l’égard des parties qu’à l’égard de la
caution (B).
A. Les effets à l’égard des créanciers
L’accord de règlement amiable produit comme tout accord des effets à l’égard des parties
(débiteur et créanciers). L’article 428 infine prévoit que les créanciers partie à l’accord se voient
suspendre leurs recours visant le recouvrement ou l’exécution pour le paiement d’une créance
antérieure ou la récupération d’un bien meuble ou immeuble jusqu’à la fin de la période de
l’accord.
Il convient de noter que les créances dont le recours est suspendu sont celles que le créancier a
intégré dans l’accord et pour lesquelles il a fait un arrangement avec le débiteur. Les recours
relatifs aux créances restées en dehors de l’accord ne peuvent alors être suspendus.
Il faut noter que les délais de prescription sont aussi suspendus avec les recours suspendus.
Quant aux créanciers étrangers à l’accord de règlement, il est à noter que l’accord ne produit à
leur égard qu’un effet relatif, dans la mesure où il ne leur profite pas. Cependant, le président
du tribunal peut impliquer les créanciers qui sont restées en dehors de l’accord en ordonnant le
rééchelonnement de leurs créances lors de l’homologation de l’accord signé par les créanciers
représentant les 2/3 de la dette globale.

B. Les effets à l’égard de la caution


Il faut distinguer entre la caution simple et la caution solidaire.
1. La caution simple
L’article 1516 du COC prévoit que : « la remise des dettes accordée au débiteur libère la
caution. »
Lorsqu’il s’agit d’une prorogation du terme consentie au profit du débiteur principal, la caution
en profite. En effet, l’article 1519 du COC dispose que la « prorogation du terme accordée au
débiteur principal profite à la caution. » Toutefois, le même article précise « qu’à moins que
cette remise ne soit accordée en raison de l’état de gêne du débiteur. Par conséquent la caution
ne peut profiter des délais accordés par le créancier au débiteur principal demandeur du
règlement amiable qui se trouve en état de gêne telle que prévu par cet article.
Par contre lorsque l’accord de règlement ne retient que le rééchelonnement des dettes, la caution
doit pouvoir en profiter (article 1502 coc) .
2. La caution solidaire

22
Par application des principes généraux régissant le cautionnement15, le sort de la caution
solidaire est le même que celui du débiteur principal. Sauf si l’accord de règlement amiable
n’ait prévu le contraire. Ainsi, la remise de dettes accordée au débiteur principal profite à la
caution solidaire.
C’est pourquoi il serait opportun d’appeler les cautions à participer à la négociation d’un accord
de règlement amiable.
C’est d’ailleurs, dans ce contexte que la loi de 2016 a prévu à l’article 427 nouveau la
convocation du créancier, de sa caution et des codébiteurs solidaires afin de les associer à la
procédure.

Section 4 : Le dénouement de la procédure


A l’achèvement de l’accord de règlement amiable et sa signature par les parties (débiteur et
créanciers), le juge l’homologue. Les parties sont obligées de respecter son contenu et de
l’exécuter dans un délai ne dépassant pas trois ans comme le prévoit l’article 428 nouveau du
code de commerce.
Toutefois, les parties peuvent :
-Soit ne pas aboutir à la conclusion d’un accord pour défaut d’entente, aucun accord de
règlement n’est conclu.
- Soit faillir à leurs engagements, et c’est généralement le débiteur qui peut être, pour des motifs
purement financiers défaillant et risque de cesser ses paiements entre temps, le juge déclarera
ouverte une procédure de règlement judiciaire.
L’accord de règlement amiable peut donc échouer (§1) et par conséquent être résilier (§2).
Paragraphe 1 : L’échec de l’accord de règlement
Il découle des articles 430 et 432 nouveau du code de commerce que lorsque le débiteur
bénéficiaire du règlement amiable n’a pas pu aboutir à la conclusion d’un accord, ou qu’il a été
déclaré en été de faillite ou de règlement judiciaire, la procédure de règlement amiable a échoué.
Le législateur prévoit à l’article 432 nouveau du code de commerce, qu’en cas d’échec, le juge
convoque le débiteur, s’il n’a pas comparu devant le conciliateur, ou qu’il a cessé ses paiements.
L’article 430 prévoit par ailleurs, qu’en cas de conclusion d’un accord de règlement, mais du
défaut d’exécution des engagements de la part du débiteur à l’égard de l’un de ses créanciers,
l’accord de règlement amiable peut être résilié à la demande de tout intéressé, suit à une
demande adressée au tribunal, ainsi que la déchéance du terme.

Paragraphe 2 : La résolution de l’accord


Elle peut être facultative :

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Articles 180-182-184 COC

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Elle est prononcée à la suite d’un défaut d’exécution du débiteur des engagements pris dans le
cadre de l’accord de règlement amiable aux termes de l’article 430§1. La résolution de l’accord
de règlement doit être prononcée par le juge et fait rentrer les parties dans l’intégralité de leurs
droits avant la conclusion de l’accord déduction faite de ce qui a été payé. La demande de
résolution de l’accord faite par tout intéressé auprès du tribunal compétent, la requête sera
introduite selon la procédure des référés.

Elle peut être de plein droit :


Dans ce cas la résolution intervient systématiquement d’après l’article 431 lorsque pendant le
règlement amiable, le débiteur a été déclaré en état de faillite ou a été ouverte à son profit une
procédure de règlement judiciaire. Les créanciers partis à l’accord rentrent dans l’intégralité de
leurs droits, déduction faite des sommes perçues.

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