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Royaume Du Maroc

Ministère De Justice Et Libertés

Institut Supérieur De La Magistrature

Direction De Formation Des Attachés


De Justice Et Des Magistrats

Programme de formation de la promotion 41 des attachés de justice

Mémoire De Fin De Formation Au Sein De L’ISM


Sous Le Thème

La Faute Bancaire

Encadré par professeur : Ela oré par l’atta hée de


justice :
Abdelatif OUARDANE
Samah FARRAKI
Vice-président du tribunal
Promotion 41
civil de Casablanca

2016-2018
***********La faute bancaire **********

Avant –propos

Au cours de mon parcours universitaire j'ai pu, entre autre, être sensibilisée au
domaine du droit affaires. Ce domaine, a suscité chez moi un grand intérêt et m'a
notamment donné envie d'approfondir mes connaissances en la matière.

Dans cette optique, j‟ai commencé la recherche en droit pénal des affaires par une
étude théorique à titre d‟un projet de fin d‟étude en licence sous le thème „‟ la
disparition de l’élément moral dans la criminalité des affaires’’, et je l‟ai
illustré par deux types d‟infraction d‟affaires : Les infractions boursières et les
infractions douanières.

Ainsi, pour plus se familiariser avec le côté pratique et rester toujours dans le
même domaine de recherche que j‟ai choisi au début, j‟ai opté pour l'exercice de
mon rapport de stage au sein du conseil déontologique des valeurs mobilières
qui constituait à mes yeux un bon moyen d'enrichir mes connaissances en droit
boursier , tout en mettant en évidence le rôle de cet organisme dans lutte
contre les comportements proscrits sur le marché boursier marocain.

A l‟heure j‟ai choisi de finaliser mon cursus en sein de l‟institut supérieur de la


magistrature ISM , par une étude en mettant le point cette fois-ci sur la
particularité et l’originalité qui marque le régime de la responsabilité du
banquier par rapport aux règles du droit commun et notamment la diversité des
fautes bancaires en tenant compte bien évident de la spécificité de la matière
bancaire , sans oublier pour autant d’analyser la jurisprudence dans ce domaine
qualifié d’éparse.

Tout l'intérêt du sujet réside dans ces quelques points : Je voulais apporter ici
quelques éclaircissements sur une approche particulière des composants éparses
du droit marocain en la matière, et ce par le biais d‟une analyse des réformes qu‟a
connu ce dernier, tout on relevant les normes ainsi que la jurisprudence et la
doctrine y relatives.

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Sommaire

Première Partie : L‟appréciation des fautes liées à l‟exercice de


l‟activité bancaire par le juge de fond

Chapitre 1 : La faute due à la responsabilité liée aux principaux contrats


bancaires

Section 1 : La faute du banquier mandataire et du banquier dépositaire


Paragraphe 1 : faute du banquier mandataire
Paragraphe 2 : faute du banquier dépositaire

Section 2 : La faute du banquier créditeur et celle liée aux services annexes


Paragraphe 1 : la faute du banquier distributeur de crédit
Paragraphe 2 : les fautes liées aux services commerciaux annexes

Chapitre 2 : La faute due à la responsabilité délictuelle du banquier pour


manquement de l‟obligation de vigilance

Section 1 : La faute due à la mauvaise foi du banquier lors de la gestion des


comptes

Paragraphe 1 : La faute liée à l‟ouverture de compte

Paragraphe 2 : La faute du banquier en cas de clôture abusive du compte

Section 2 : les fautes issues à l‟occasion de communication de


renseignements

Paragraphe 1 : La faute due à l‟immixtion ou l‟ingérence dans les affaires


du client
Paragraphe 2 : Les fautes liées aux informations obligatoires et au secret
bancaire

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Deuxième Partie : Etude jurisprudentiel de la mise en cause de


la responsabilité civile du banquier au Maroc

Chapitre 1 : les modalités de preuve de la responsabilisation du banquier


fautif

Section 1 : la charge de la preuve

Paragraphe 1 : le principe légal : qui prévoit un dommage le prouve

Paragraphe 2 : la preuve de la décharge

Section 2 : les moyens de preuve admise par la juge marocain

Paragraphe 1 : les règles légales de la preuve

Paragraphe 2 : le recours aux dispositions spécifiques

Chapitre 2 : la sanction de la faute du banquier

Section1 : un véritable droit à réparation des fautes bancaires

Paragraphe 1 : les modalités de réparation : position de la jurisprudence


marocaine

Paragraphe 2 : le degré de respect des dispositions du DOC en la matière

Section 2 : les effets de l‟expertise judiciaire admise pour la détermination


de la réparation

Paragraphe 1 : l‟expertise judiciaire et le pouvoir d‟appréciation du le juge


de fond

Paragraphe 2 : la jurisprudence marocaine tend-t-elle vers un


adoucissement ou alourdissement de la responsabilité du professionnel ?

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Dédicaces

Je dédie mon travail

A ma mère la perle de ma vie et qui m’a donné la vie, la tendresse et le

courage pour réussir. « Tout ce que je peux vous offrir ne pourrait

exprimer l’amour et la reconnaissance que je vous porte »

A mon père et mes frères et ma sœur au même temps, je vous offre ce

modeste travail pour vous remercier pour tes sacrifices

A ma famille

A mes amis et à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de

loin à la réalisation de ce travail

Merci du fond du cœur.

Samah

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Remerciements

Je tiens à présenter mes sincères et vifs remerciements à mon


encadrant, Pr. OUARDANE Abdelatif, pour son aide précieuse ainsi
que son disponibilité, sa bienveillance à mon égard, les informations
indispensables et les directions constructives de sa part données dans le
but du bon aboutissement de ce labeur.

Je souhaite également adresser mes sincères remerciements à tous les


membres d‟administration de l‟ISM et tous le personnel , pour le temps leur
disponibilité, leurs conseils et la transmission d‟une part de leur savoir
professionnel , et au corps enseignant à l‟institut supérieur de la
magistrature, pour tout le savoir et l‟expérience qu‟ils ont su aimablement
nous inculquer tout au long de notre formation en sein de cet institut, afin
de permettre aux futurs juges que nous sommes.

Ce travail n‟aurait pu aboutir sans l‟aide de nombreuses personnes. Que me


pardonnent celles que j‟ai oubliées ici.

Merci à ma sœur Fatima Zahra FARRAKI pour m‟avoir aidé dans


l‟élaboration de ce tarvail.

Enfin, je présente mes remerciements à toute personne ayant contribué de


près ou de loin au bon accomplissement de ma mémoire de fin d‟études au
sein de l‟institut supérieure de la magistrature, et j‟espère que celui-ci soit à
la hauteur de leurs attentes et satisfasse toute perspective visée.

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Liste des abréviations

Art : Article

Banque : Revue Banque

Banque de Droit : Revue banque en droit.

Bull Civ : Bulletin civil de la cour de cassation.

C.Cass : Cour de cassation

C.Civ : Code civil

C.Ap : Cour d‟appel

C.C : Code de commerce.

C.P : Code pénal.

C.P.P : Code de procédure pénale.

D.P.A : Droit pénal des affaires.

Ch.Com : Chambre commerciale

Ch.Civ : Chambre civile

V.M : Valeur Mobilière

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Introduction

Définition du sujet
La spécificité du secteur bancaire se reflète directement sur son
activité, qui connait actuellement selon le degré d‟ouverture de chaque
pays un tournant décisif, aussi bien sur le plan national que sur le plan
international.

En effet, la banque est une profession qui bouge , elle a conne ces derniers
décennies une évolution surprenante due notamment à l‟extension de
l‟informatique et c‟est ce que Mr Mernissi a qualifié « de bancarisation de
la société ».1

A l‟heure de la mondialisation financière, le secteur bancaire et


l‟environnement des affaires d‟une manière générale a connu des
transformations : le Maroc, pays largement ouvert sur l‟extérieur, s‟est doté
pour la première fois en juillet 1993 d‟une réglementation spéciale
régissent l‟activité du banquier 2; destinée à promouvoir une concurrence
saine et loyale entre les établissements de crédit. Telle qu‟elle était
complété et modifié par la loi 103-12 et il a entamé dès le milieu des
années quatre-vingt une importance réforme de son système bancaire qui a
pour but de doter notre pays d‟un système bancaire dynamique.

De même, malgré l‟adoption de cette nouvelle loi, on relève que la


question de la responsabilité du banquier est régie notamment par les cadres
classiques du droit commun. A ce titre, la responsabilité liée aux

1
Mohamed MERNISSI « Revue a o ai e de d oit et d’ o o ie du devloppe e t »n°16, 1988,P 9-10.
2
au Maroc les premiers textes en la matiére datent du 1943 « arrété du directeur des finaces du 31 mars
1943 », cette date marque le point de départ de la responsabilité disciplinaire du banquier .
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transactions banquière ne connaît pas de règles juridiques qui lui soient


propres , en raison de la pluralité des taches et des services rendus par ce
dernier à ses clients , en tant qu‟intermédiaire dans les opérations de
paiements (service de caisse)3 ; ou entant distributeur de crédit , ou en
fournissant des services annexes tel que la location des coffres fort ; la
fourniture des renseignements , l‟émission et la gestion des valeurs
mobilières..etc

Considérant alors le banquier comme un professionnel exerçant une activité


d‟intérêt général, qui peut voir sa responsabilité engagée selon un régime à
la fois plus strict en exigent au banquier une diligence plus étendue que
celle d‟un bon pére de famille ; et plus souple que celui de la responsabilité
en droit civil, tant qu‟il faut prendre en considération les rapports
privilégiés tissés entre le banquier et son client voir aussi certains
exigences d‟ordre technique liés à la nature de son activité.

Ainsi, la conciliation entre ces deux situations contradictoires nécessite du


juge l‟élargissement du champ des obligations d‟ordre contractuelles et
d‟autres découlant de la loi ; et dont la non-exécution constitue une faute
qui est l‟œuvre de responsabilité civile de ce dernier.

En effet, la faute contractuelle du banquier découlera soit de la non-


exécution, la mauvaise exécution, ou du retard d‟exécution de l‟obligation
mise à sa charge au regard du contrat le liant avec le client. S‟agissant de la
faute délictuelle du banquier elle constitue notamment des fautes
d‟imprudence, de négligence ou d‟incompétence qui cause un préjudice à
un tiers.

3
La banquier dans ce cadre est à la fois en qualité de dépositaire et en qualité de madataire , car il
procéde aux paiements pour le compte de son client en vertu du mandat lui est confié , et il restitue
par-là les lo s u’il avait e d pôt. Les se vi es de aisse e glo e les op atio s paie e ts ,
encaissements, change.
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En outre, le secteur bancaire s‟est engagé dans un mouvement de


libéralisation, de déréglementation, de modernisation et d‟ouverture sur
l‟international, accompagné d‟une révolution technologique qui a
complètement modifié le métier de banquier. Eu égard de ces innovations,
les banquiers marocains doivent être conscients de degré de leur
responsabilisation en raison des erreurs commises dû à l‟utilisation de ce
nouveau instrument informatique, qui a bouleversé complétement le
système inter et intra bancaire et a élargie la marge de la faute bancaire.

Intérêt de sujet :

L‟objet de cette recherche est d'étudier la faute du banquier en


droit marocain en tenant compte bien évident du développement croissant
de l‟activité bancaire, et la multiplicité des tâches effectuées par le banquier
qui font, en effet, ressortir sa responsabilité à des ordres juridiques distincts.

Comme on a souligné auparavant on assiste de nos jours à une


augmentation des risques d‟erreurs ou de fautes mettant en cause la
responsabilité du banquier ; et ce là en raison de l‟expansion du commerce
bancaire , de la diversification des opérations de banque et de l‟utilisation
de l‟outil informatique. Portant que ces fautes n‟œuvrent pas toutes à une
action en justice, elles restaient à la base d‟une jurisprudence relativement
fournie.

L‟intérêt du présent travail découle du fait que malgré la place de plus en


plus croissante qu‟occupe la fonction du banquier dans le monde des
affaires aussi bien sur le plan national et qu‟international ; alors que peu
sont des auteurs marocains qui en font des sujets de leurs études.
Néanmoins, ce n'est que récemment avec ce mouvement de modernisation
du marché financier marocain que les recherches dans ce domaine ont pu

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avoir une importance non négligeable par rapport aux études des règles et
des principes généraux du droit.

Problématique du sujet :

Partant de l‟idée que contrairement à son homologue français, notre


droit national n‟admet pas la théorie de la responsabilité pour risque
appliquée à l‟activité bancaire. Toutefois, on garde toujours une certaine
particularité de la profession bancaire malgré que les règles générales de la
responsabilité civile qui sont applicables en la matière.

En effet, la problématique de ce sujet réside dans le fait que, d‟étudier le


degré d‟intangibilité de la théorie de responsabilisation du banquier fondée
sur la faute, tout en mettant en exergue la nature et le régime de cette faute.
Et de savoir dans quelle mesure la sévérité d‟appréciation jurisprudentielle
des fautes liées à l‟activité bancaire par les tribunaux ; en raison de son
caractère professionnel, affecte-elle le régime de la réparation et celui de la
preuve. Tout en cherchant si l‟évolution de la question du régime de la
responsabilité de ce banquier, tout en adoptant la théorie pour risques ou
d‟une présomption de faute.

Ainsi borné, nous verrons dans cette étude, et afin d'apporter quelques
éléments de réponse à cette problématique qu'on a choisi pour notre travail ,
on va commencer par une revue de certaines opérations susceptibles de
causer aux clients et aux tiers des dommages, et une analyse des
dispositions légales régissant le régime de la faute bancaire au Maroc , et ce
dans une première partie avant d‟envisager la deuxième partie qui, elle,
portera sur la mise en œuvre de ces dispositions régissant cette
responsabilité par les tribunaux étatiques en tenant compte bien évident de
la spécificité de la matière.

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Première Partie: L’appréciation des fautes liées à


l’exercice de l’activité bancaire par le juge de fond

A l‟occasion des services et opérations du banquier en faveur de ses


relations, des préjudices peuvent être causes à ces mêmes relations voire
aux tiers.
Ainsi, la faute du banquier étant un élément fondateur d‟une responsabilité
d‟un professionnel, son appréciation incombant au juge de fond qui est tenu
lors de cette opération de prendre en considération le niveau de
développement du pays de celui su secteur bancaire d‟un côté, et la qualité
de la partie défenderesse d‟un autre côté.

De ce fait, la banque de l‟exercice de activité, il peut voir sa responsabilité


engagée à des ordres juridiques différents ; soit à titre d‟une responsabilité
découlant du nom respect d‟une clause contractuelle ou de la loi ; cette
responsabilité fait infligée bien évident la théorie générale de la
responsabilité du fait de la chose et celle du fait d‟autrui, à condition de
respecter le principe légal y régissant , posé notamment par l‟article 85 du
code des obligations et des contrats qui dispose que « on est responsable
non seulement du dommage que l‟on cause par son propre fait, mais encore
de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre »4. A
ce titre, la banque est tenue de répondre aux erreurs commises par leurs
préposés (lien de subordination) à l‟occasion de l‟exercice de leurs

4
Cet article constitue le droit commun de la responsabilité de la banque dans la mesure où celle-ci est
u e pe so e o ale, e pouva t agi da s la vie ju idi ue ue pa l’i te diai e de ses espo sa les
légaux et préposés.
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fonctions bancaires, et qui causent préjudice soit au client ou à un tiers


entrant en relation avec la banque.5

En guise d‟illustration, la cour de cassation française a rendu un arrêt dont


elle a reconnu la responsabilité de la banque des faits commis par son
préposé , et elle a argumenté son arrêt comme sui « attendu que le lien
entre la faute du préposé et ses fonctions existe et que ce dernier a commis
un abus de fonctions ce qui constitue bien évident un acte non indépendant
du rapport de préposition - Banque - Préposé , alors le détournements des
fonds d‟un compte qui ont été retirés par ce préposé , sans instructions
écrites de la part des titulaires du compte, ce dont il résulte que le préposé
n‟avait pas agi hors de ses fonctions….. et la banque se trouve engagé
envers eux » 6

Au même titre, un arrêt de la cour de d‟appel de commerce de FEZ juge


que l‟aveu d‟un fonctionnaire de la banque du fait de la falsification d‟un
certain nombre de lettres de change, tout on utilisant le scruptin de signature
d‟un client déposé auprès du commettant (banque) , et sa poursuite pénale ,
justifie l‟engagement de la responsabilité de la banque et en même temps la
restitution des montants dus au client lésé… »7

Certes, les fautes qui peuvent être commises par le banquier quel que soit la
mission accomplie, ne sortent pas du cadre de la non-exécution, mauvaise
ou retard d‟exécution d‟une obligation contractuelle (chapitre I), ou de
celui d‟une observation d‟une obligation découlant de la loi , source de
responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle(chapitre 2).

5
Le o etta t est elui ui, faisa t appel pou so o pte et so p ofit pe so el au se vi es d’u e
autre personne, a le droit de lui donner des ordres et des instructions sur la manière de remplir les
fo tio s u’il lui a o fi es. Le p pos toute pe so e su la uelle s’e e e le d oit de di e tio , de
surveillance et de contrôle du commettant. Le lien de préposition étant le lien de subordination qui place
le préposé sous les ordres du commettant.
6
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 14 décembre 1999 N° de pourvoi: 97-
15241
7
A t de la ou d’appel de FES ° e du le -2-2012.
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Chapitre 1 : La faute due à la responsabilité liée aux principaux contrats


bancaires

L'inexécution fautive, partielle, totale voir défectueuse, de l‟obligation


contractuelle incombant au banquier est constitutive d'une faute. Cela peut
engendrer des dommages intérêts compensatoires ou en cas de retard, des
dommages intérêts moratoires. Lorsque la faute est liée à une obligation de
résultat non atteint, le client peut obtenir réparation par la simple preuve de
l'inexécution de l'obligation. Pourtant, en cas d'obligation de moyens, le
comportement fautif peut parvenir du banquier qui doit, en tant que
professionnel, attirer l'attention du client, dans le cadre de ses devoirs
d‟information et de conseil, sur les conditions particulières d'utilisation des
produits bancaires.8
En effet , vu que la qualification de la faute du banquier diffère selon la
nature du contrat qui le lie avec son client, dans ce chapitre on va essayer
de faire une synthèse des fautes contractuelles issues de l‟exercice de
l‟activité bancaire ,sous l‟angle de la jurisprudence marocaine et française
statuant sur ces points, tout en traitant les principaux contrats qui lient le
banquier à ses clients à savoir le contrat de mandat et de dépôt (Section 1)
et le contrat de crédit outre les autres prestations de services dites annexes
dont le banquier ne joue que le rôle d‟un gardien (Section 1).
Section I : le banquier mandataire et le banquier dépositaire
La banque lors de l‟exercice de son activité, est soumise aux ordres de son
client en fonction de la nature du contrat qui leur unit. Soit un contrat de
mandat dont le banquier agit pour le compte de son client (Paragraphe 1),
ou un contrat de dépôt dont le banquier agit à titre de dépositaire des fonds
ou des titres de son client (Paragraphe 2).

8
Khalid ELYAZIDI « la responsabilité civile du banquier au Maroc »,édition 1985.p 56
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Paragraphe 1 : La faute du banquier mandataire


Le mandataire est tenu d‟agir dans les limites du mandat qui lui a été
octroyé par le mandant, sinon il peut voir sa responsabilité engagée9.
L‟article 908 du DOC prévoit que « le mandataire qui agit sans mandat ou
au-delà de son mandat est tenu des dommages envers les tiers avec lesquels
il a contracté, si le contrat ne peut être exécuté… ». Ainsi, La faute du
banquier mandataire se fonde notamment sur le devoir de diligence (1) ;
dont il faut en étudier la portée (2).10

1 - Principe légal : devoir de diligence.


L‟article 922 du DOC précise que « le mandataire est tenu d‟apporter à la
gestion dont il est chargé la diligence d‟un homme attentif et scrupuleuses,
et il répond du dommage causé au mandat par le défaut de cette diligence,
tel que l‟inexécution volontaire de son mandat ou des instructions spéciales
qu‟il a reçus, ou l‟omission de ce qui est d‟usage dans les affaires ».
A cet égard, la principale obligation mise à la charge du banquier entant
que mandataire, est le devoir de diligence ; en vertu duquel ce dernier est
tenu d‟agir en bon père de famille ; et cela en tenant compte bien évident
du caractère spécifique qui marque son activité, de sa compétence, de sa
technique et des moyens dont il dispose ; de telle sorte que la spécificité de
la responsabilité se trouve liée à la spécificité de la faute.
Le problème qui se pose est l‟absence de cadres légaux spéciaux prévus par
le législateur, celui-ci détermine les obligations qui incombent aux parties
Ce rôle dévolu à l‟usage accentue le caractère professionnel de la faute, car

9
L’a ti le du DOC stipule ue : « le a dat est u o t at pa le uel u e pe so e ha ge u e aut e
d’a o pli u a te li ite pou le o pte du o etta t. Le a dat peut t e do aussi da s l’i t t
du a da t et du a datai e, ou da s elui du a da t et d’u tie s, et e e lusive e t da s
l’i t t d’u tie s ».
10
l’a ti le du DOC p ise ue « le a datai e est te u d’appo te à la gestio do t il est ha g la
dilige e d’u ho e atte tif et s upuleuses , et il po d du do age aus au a dat pa le d faut
de ette dilige e , tel ue l’i e utio volo tai e de so a dat ou des i st u tio s sp iales u’il a
eçus , ou l’o issio de e ui est d’usage da s les affai es»
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il est rare que les parties en effectuant une opération bancaire précisent
préalablement et en détail leurs obligations respectives.11
En effet, le manquement à un usage reconnu peut s‟analyser comme un
manquement à une obligation de diligence, c‟est-à-dire comme une faute à
la charge du banquier qui ne s‟est pas comporté comme un professionnel
avisé et agissant dans des conditions similaires .Plus précisément, la faute
professionnelle pouvant entraîner sa responsabilité contractuelle résulte de
son défaut de ne pas agir en « bon père de famille ». 12 De ce fait, le
banquier doit faire preuve de diligence .Dans le cadre du mandat dont il a la
charge du service rendu, le banquier assure diverses tâches pour lesquelles
il doit agir avec diligence, prudence et soin.
Dans cet ordre d‟idées , le tribunal de commerce de Tanger avait décider
que le fait pour la banque de refuser le paiement d‟un chèque pour motif de
la non-conformité de signature alors que la véritable raison en est le blocage
du compte du client sous prétexte que le montant y figurant provient d‟un
vol commis par son mari à l‟encontre du même établissement bancaire ,
engage la responsabilité du banquier , du fait du principe de l‟indépendance
des comptes , ce qui rend la demande de la demanderesse appuyée sur une
base légale et doit être statué comme demandé.. »13
Une autre illustration jurisprudentielle française qui justifie le pouvoir de
mandant et l‟obligation qui pèse sur le banquier dans le cadre de ce type de
contrat, rentre dans le cadre notamment de l‟obligation de suivre les
instructions du client, il s‟agit notamment d‟un arrêt de la cour de cassation
qui argument sa décision comme suit « Attendu que les époux X... ont
confié à la société Barclays bank la gestion d‟un portefeuille de valeurs
mobilières ; que cette société a adressé le 17 décembre 1986, un projet
d‟investissement en précisant que selon les instructions données par les
11
Mohamed SABRI « les fautes bancaires : la base de la responsabilité du banquier de la non-conformité
du dit ave l’i t t du lie t » e ditio , A ajah Aljadida, 2007.p 83.
12
Mohamed Larbi BENOTHMANE « la profession bancaire au Maroc » , ed la porte 2007.p :47.
13
Jugement du tribunal de commerce de Tanger n° 1188 du 20/10/2009 , dossier n° 287/31/2007.
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époux X... une première répartition devait être fait entre des placements de
trésorerie à court terme….. Attendu que la société Barclays bank fait grief à
l‟arrêt (Dijon,51 novembre 5992), d‟avoir dit que la société Barclays bank a
commis dans l‟exécution de son mandat de gestion du portefeuille de
valeurs des époux X... une faute qui engage sa responsabilité et d‟avoir
nommé un expert en vue de l‟évaluation du préjudice, alors, selon le
moyen, que, de première part, l‟arrêt ne pouvait déclarer que le projet
d‟investissement avait été accepté par ses destinataires avant que ceux-ci ne
l‟ait reçu ; alors, de seconde part, qu‟en retenant que la banque ne pouvait
agir que conformément aux directives du projet, la cour d‟appel a méconnu
les dispositions du mandant, laissant à la seule appréciation de la banque le
choix des placements …..Mais attendu qu‟ayant recherché la commune
intention des parties lors de l‟établissement du “projet” d‟investissement, la
cour d‟appel a pu estimer, sans encourir les griefs du moyen, que la banque
avait transgressé son mandat ; Non-respect du mandat donné par le client.
.. ».14
2 - La portée du devoir de diligence.
Agissant en qualité de mandataire, le banquier doit suivre les instructions de
son client. De même, « 15la banque agissant que mandataire de son client
donc il est tenu de la diligence autant qu‟un homme attentif et scrupuleuses
conformément aux dispositions de l‟article 924 du code de commerce ».

Comme a souligné un arrêt de la cour de cassation français on précisant que


« l‟affectation par la banque au remboursement de dettes antérieures
nécessite un accord préalable du client et a défaut , cela constitue une faute
de la banque ayant énoncé que les rapports entre un banquier et son client
son basés, de part et d‟autre, sur la confiance et le respect des accords
arrêtés entre eux et relevé qu‟il n‟avait été à aucun moment prévu que le

14
Arrêt de la cour de cassation française chambre commerciale , audience publique 23/02/2013.
15
Jugement du tribunal de commerce de Oujda rendu le 01/12/2005 dossier n° 146/2005/16.
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crédit accordé par une banque à deux sociétés devait servir à apurer les
découverts des comptes courants débiteurs de ces entreprises, les juges du
fond ont pu en déduire que l‟affectation d‟initiative par la banque à cet
apurement constituait de sa part une faute génératrice de
responsabilité…. ». 16
Pour que le mandataire banquier ne voie pas sa responsabilité engagée, il
lui faut agir dans les strictes limites des pouvoirs qui lui sont donné par le
client mandant. Le cas de force majeure, tel que l‟ordre de la loi, ne peut
être invoqué à sa décharge qu‟autant que le texte de la loi invoquée
s‟applique sans discussion possible.17
Ainsi, une banque étant mandataire salariée de son client, a le devoir strict
de l‟avertir d‟une difficulté rencontrée dans l‟accomplissement de sa
mission et de solliciter de sa part des instructions nouvelles pour
sauvegarder sa propre responsabilité. Si elle manque à ce devoir, elle
commet par la même une faute caractérisée dont elle doit rendre compte à
son mandant. La banque est d‟autre part responsable vis-à-vis de son
mandant, d‟un manque de diligence dans obligations. Mais le mandant a
également le devoir de ne pas rester inactif.18
Ainsi, le banquier qui exécute mal une opération de paiement engage sa
responsabilité tout à la fois, à l‟égard de son client qui est son mandat et de
celui à qui revient la provision, devenu son créancier.19
En outre, vis-à-vis du mandant, la responsabilité du banquier est encourue
dans les cas d‟exécution défectueuse ou d‟inexécution injustifiés. Un
jugement de tribunal de première instance de Casablanca a en effet décidé
que celui-ci doit s‟assurer de la conformité de l‟ordre de son client.

16
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 3 novembre 1992 N° de pourvoi: 90-
19304
17
Mohamed Azzedine BERRADA « le casse-tête des erreurs bancaire sur les intérêts et les commissions
au Maroc », édition Secea, Casablanca, 2012.p 59.
18
Mohamed Larbi BENOTHMANE « la profession bancaire au Maroc » , ed la porte 2007.p :68.
19
,‫الدار الب ض ء‬-‫ أس س المس ل البنك عن عد مائم اائتم ن مع مص ح الزب ن"النج ح الجد دة‬: ‫محمد صبر " الخط ء البنك‬
. ‫ص‬ ‫الطبع اأ ل‬
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Inséparable en droit et en fait des opérations de paiements, l‟intervention du


banquier en matière d‟encaissements peut également engager sa
responsabilité.20
Ainsi, la cour de cassation française dans son arrêt juge que « La société
fait grief à la Banque populaire d‟avoir manqué à son devoir de vigilance en
acceptant à l‟encaissement, sans les examiner, les chèques qui lui étaient
remis et qui présentaient selon elle des irrégularités suffisamment grossières
pour attirer l‟attention d‟un employé de banque normalement diligent. A cet
effet, la société produit les chèques litigieux. Un simple examen de ces
chèques laisse apparaître que la signature, La falsification était donc
identifiable. Ainsi en l‟espèce, en s‟abstenant de faire cette vérification qui
aurait permis de déceler les anomalies apparentes de ces chèques, la Banque
populaire a commis une faute engageant sa responsabilité à l‟égard de son
client ».21
A cet titre et afin d‟illustrer la portée et l‟étendu du devoir dont il est tenu
le banquier, la cour de cassation française a rendu l‟arrêt suivant « Attendu
que ce placement n‟a pas été effectué dans le cadre d‟un mandat de gestion
général donné à la Banque mais ponctuellement à l‟instigation de Monsieur
X... qui a signé l‟ordre d‟achat ratifiant en cela le choix effectué ; Attendu
que le tribunal après avoir rappelé l‟obligation de prudence et de diligence
de la banque à l‟égard de son client a justement souligné que l‟étendue de
cette obligation devait être appréciée en fonction des connaissances de
celui-ci et qu‟en l‟espèce Monsieur X... n‟était pas profane en matière de
placements financiers puisqu‟il était le Président de la Société Holding
financière du Groupe DIMOTRANS, société de transports qu‟il avait créée

20
La eptio ou l’e utio d’u o d e de vi e e t au p ofit du lie t e soul ve pas de diffi ult s, le
banquier doit se conformer aux instructions de celui- i et à l’usage p ofessio el o pte te u des
particularités de chaque opération.
21
Cou d’appel de Lyon , Audience publique du 13 décembre 2007 N° de RG: 06/07439

Page 18
***********La faute bancaire **********

22
; Attendu qu‟il résulte en outre de l‟audition de Monsieur A..., directeur
de l‟agence du CREDIT AGRICOLE de MEYZIEU, recueillie au cours de
l‟enquête effectuée par le conseiller de la mise en état que Monsieur X...
effectuait des placements à partir de son compte courant personnel depuis
de nombreuses années et qu‟il suivant de très près l‟évolution de ses titres
.; » 23
Paragraphe 2 : la faute du banquier dépositaire
C‟est ainsi, qu‟à défaut de prudence et de diligence de la part du banquier
préposé, le banquier commettant ou l‟établissement bancaire pourra voire sa
responsabilité civile engagée dans le cadre des dispositions de l‟article 81
du DOC.
Le dépôt de fonds est le contrat par lequel une personne dépose des fonds
auprès d'un établissement bancaire quel que soit le procédé de dépôt et lui
confère le droit d'en disposer pour son propre compte à charge de les
24
restituer dans les conditions prévues au contrat. Par conséquent,
l‟obligation principale qui pèse sur le banquier dans le cadre de contrat de
dépôt est l‟obligation de restitution outre l‟obligation de garde. En effet, Le
banquier est dépositaire à double titre :
Dans le cadre du dépôt de fonds(1) ;
Dans le cadre du dépôt de titres (2).
1- Le dépôt de fonds en banque
L‟opération de dépôt de fonds est actuellement régie par le code du
commerce25, le dahir des obligations et contrats (D.O.C) 26
et par la loi
n°103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés.

22
L’o ligatio de p ude e et de dilige e d’u e a ue à l’ ga d de so lie t doit s’app ie e
fonction des connaissances de celui- i. E l’esp e, e peut t e o sid o e p ofa e e ati e de
pla e e ts fi a ie s u p side t d’u e so i t de t a spo ts u’il a lui-même créée et qui effectue par
ailleurs des placements à partir de son compte courant personnel depuis de nombreuses années tout en
suiva t de t s p s l’ volutio de ses tit es.
23
Cou d’appel de L o , Audie e pu li ue du f v ier 2002
24
Article 509 du code de commerce
25
Article 509 du code de commerce
26
Article 926 du code des obligations et des contrats.
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***********La faute bancaire **********

L‟article 0 de cette loi définit les fonds reçus du public comme étant des
fonds qu‟une personne recueille de tiers sous forme de dépôt ou autrement,
avec le droit d‟en disposer pour son propre compte à charge pour elle de les
restituer .27 il faut procéder dans un premier temps, à l‟analyse le régime
juridique du contrat de dépôt fonds (a); ensuite présenter les fautes qui
peuvent engagé la responsabilité qui découle de la réalisation de cette
opération pour le banquier dépositaire (b).
a- Régime juridique du contrat de dépôt de fonds
Considéré comme l‟un des principaux critères de la définition de la
profession bancaire. , le dépôt de fonds a depuis toujours fait l‟objet d‟une
large discussion doctrinale, notamment sur sa nature. 28
La nature juridique du contrat de dépôt de fonds en banque a longtemps fait
l‟objet de controverse doctrinale. Ce débat a évolué et on tend actuellement
vers une reconnaissance de la nature « sui generis » de ce contrat.29
D‟abord, pour les économistes les fonds déposés se confondent avec le
solde créditeur des comptes en banque, peu importe l‟opération qui a donné
naissance à cette créance.30
Pour les juristes les avis sont nombreux. Certains considèrent le contrat de
dépôt de fonds comme un dépôt irrégulier par opposition au dépôt régulier
en droit commun. D‟autres, par contre traitent cette opération d‟un contrat
de prêt à consommation ; cela en se basant sur l‟article 782 du D.O.C.31
Actuellement, on accorde à qualifier cette opération bancaire de contrat

27
Article 3 loi n° 103-12
28
Pou e tai s auteu s, p o hes de la visio iviliste, e o t at s’a al se o e u d pôt irrégulier, car
le d positai e devie t p op i tai e des fo ds d pos s. Le d positai e ’est do pas o lig de estitue la
hose à l’ide ti ue, ais seule e t l’ uivale t. A l’i ve se, d’aut es auteu s o sid e t e o t at
comme un prêt de consommation. Ils o sid e t ue le lie t p te l’a ge t i s it à so o pte à so
banquier.
29
Tahar DAOUDI « Les opérations de banque »collection BANQUE ; 2003. P : 35.
30
Article 2 al.2 loi n° 1.3-12.
31
« Lorsqu'on remet à quelqu'un des choses fongibles, des titres au porteur ou des actions industrielles à
titre de dépôt, mais en autorisant le dépositaire à en faire usage, à charge de restituer une quantité
égale de choses de mêmes espèce et qualité, le contrat qui se forme est régi par les règles relatives au
prêt de consommation ».
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***********La faute bancaire **********

innommé ou sui generis, à cause de ses spécificités qui empêchent de le


classer dans une catégorie existante des contrats.32
b- Responsabilité du banquier dépositaire
Le contrat de dépôt de fonds met à la charge du banquier principalement
trois obligations : l‟obligation de vigilance au moment de réception des
fonds, qui est une obligation générale, celle de les garder33 et enfin
l‟obligation de restituer les fonds reçus en dépôt. La responsabilité du
banquier est essentiellement contractuelle.34
Pour illustrer le devoir du banquier de mettre à la disposition de ses clients
les sommes reçues à tout moment, le tribunal de commerce de Tanger, à
l'occasion d'une action dans laquelle le demandeur prétend que la banque lui
a privé de son droit de disposer librement de ses fonds déposés dans son
compte, sous prétexte que ces montants sont saisis par l'Etat marocain ; et
après instruction de l'affaire, il est apparu qu'il n' y a aucune saisie ou
mesure juridique prise à l'encontre des fonds du demandeur, et a décidé
d'obliger la banque défenderesse d'autoriser le demandeur de se servir de
son compte. Le tribunal avait jugé, dans la même affaire, mais dans un
jugement ultérieur que « le fait pour la banque de refuser au demandeur de
se servir de son compte durant toute la période écoulée sans excuse légale
ou administrative, et en contradiction avec les règles et les pratiques
encadrant le domaine bancaire, comme il est établi par le jugement en
dernier ressort cité ci-dessus, est considéré une faute de la part de la

32
L’o igi alit du o t at a ai e de d pôt de fo ds s’e pli ue pa le fait ue le a uie d positai e
peut librement disposer des reçus de ses clients, il est seulement tenu de restituer son équivalent.
Autrement dit, il devient prop i tai e des fo ds d pos s. Les d posa ts ’o t u’u d oit de a e
o te lui. Il s’agit là d’u e e eptio i po ta te au gles du d oit o u du o t at de d pôt telles
que prévues par les articles 781 à 817 du D.O.C.
33
La ou d’appel de o e e de FEZ a jugé dans son arrêt n° 1042 du 03/10/2002 dossier n° 745/02
juge que le banquier dépositaire agit entant que salarié de son client , et de ce fait sa responsabilité de
garder la chose déposée est soumise aux règles des articles 804 et 807 du DOC Et l’a ti le du ode de
commerce.
34
l’a ti le de la loi ° -12
Page 21
***********La faute bancaire **********

défenderesse et rend la demande du défendeur, de réparer le préjudice direct


et personnel subi, bien basée et partant obtient gain de cause ».35
Quant à a responsabilité du banquier en cas de non-respect de l‟obligation
de restitution : L‟obligation de restitution est une obligation de résultat. Par
conséquence, sa simple inexécution suffit pour engager la responsabilité du
banquier.36
Dans le cas d‟un dépôt à vue la restitution l‟absence de restitution, voire le
retard dans celle-ci, constitue une faute qui pourrait engendrer la
responsabilité du banquier en cas de dommages causés aux clients.
Toutefois, le banquier peut refuser de restituer les fonds en cas de saisie-
37
revendication par un tiers sur les fonds déposé. Dans ce cas la banque
informe le client de cette mesure judiciaire. En dehors de cas, le banquier
est tenu de restituer les fonds déposés et cela est une obligation de résultat.38
En guise d‟illustration un arrêt de D‟APPEL DE VERSAILLES a exonéré
le banquier de son obligation de restitution en cas de faute prouvée
commise par son client, en argument sa décision « le dépositaire ne doit
restituer la chose déposée qu‟à celui qui lui a confiée, ou à celui au nom
duquel le dépôt a été fait, ou à celui qui a été indiqué pour le recevoir, alors
une banque dépositaire de fonds ne peut se dégager de l‟obligation de
restitution qui lui incombe qu‟en prouvant une faute commise par le
déposant. Le fait qu‟une banque ait démontré qu‟elle s‟est dessaisie des
fonds confiés par le déposant consécutivement à la production d‟un faux, et
qu‟en conséquence le faussaire avait nécessairement eu connaissance des
références du compte de la victime et de sa signature, n‟établit pas les

35
Jugement de tribunal de commerce de Tanger n°901 du 29/09/2009 dossier n°1362/31/2007.
36
Cette o ligatio de estitutio peut s’e ute de dive ses a i es :
o e d’u h ue ou de tout aut e tit e ou pa vi e e t ;

E p ati ue, ette o ligatio s’effe tue selo plusieu s odalit s. S’il s’agit d’u d pôt à te e, le
banquier doit restitue les fo ds d pos s ave ve tuelle e t des i t ts s’ils avaie t t stipul s.
37
Article.803 du DOC
38
‫ ط اأ ل‬,‫قرارا المح ك التج ر "مطبع أمبل الرب ط‬ ‫عبد الع ل العضرا '' المس ل المدن لأبن ف ض ء أحك‬
.
Page 22
***********La faute bancaire **********

circonstances dans lesquelles l‟auteur du faux a eu connaissances de ces


éléments et ne prouve pas davantage qu‟ils aient été obtenus par l‟effet
d‟une imprudence ou d‟une inattention imputable à la victime. Il s‟ensuit
qu‟à défaut pour la banque d‟établir la faute commise par le déposant, sa
responsabilité à l‟égard de son client est engagée.39
Dans le même ordre d‟idée un jugement rendu par le tribunal de commerce
de MEKNES a exonéré la banque de son obligation de restitution des fonds
dés qu‟elle les a mis à la disposition des héritiers de défunt après avoir
établie les vérifications nécessaires et se rassurer de la véracité de leur
situation juridique , et que l‟apparition de nouveaux héritiers renverse et
met la responsabilité à la charge de celui qui a tenu des fonds et les a gardé
sans justificatif légal en application des dispositions de l‟article 22 du
DOC.. »40
Pourtant, « la banque n‟est plus exonéré de la responsabilité sur les choses
sous sa garde même en cas de force majeur et ce on application des
dispositions de l‟article 152 du code de commerce ».41
De même, en cas de refus de restitution des fonds déposés, « la banque
engage sa responsabilité conformément aux règles régissant le contrat de
dépôt… ».42
Quant à la responsabilité du banquier en cas de perte des fonds déposés : Le
banquier doit veiller sur les fonds déposés. Il en assume la responsabilité en
cas de perte éventuelle. Sa responsabilité est certaine, car même la force
majeure ne le libère point. La banque est toutefois libérée en cas de
prescription décennale au profit du trésor public.43

39
COUR D’APPEL DE VERSAILLES CM-MIR Arrêt n° du 9 mars 2000 RG n° 1543-96, Audience publique du 9
mars 2000
40
Jugement de tribunal de commerce de MEKNES rendu le 23/03/2006 dossier n°4/4/816 non publié.
41
Jugement du tribunal de commerce de Tanger rendu le 26/07/2005 dossier n° 83/6/2005.
42
Jugement du tribunal de commerce de OUAJDA rendu le 28/06/2005 dossier n° 383/03/05.
43
Article 114 de la loi 103-12.
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2- Le dépôt de titres en banque


Les banques sans exception possèdent un service titres. Le plus souvent, il
s‟agit d‟un département peu rentable en soi mais qui permet au banquier
d‟accroitre sa clientèle ou de la conserver, en lui fournissant un service
complémentaire.
Le contrat de dépôt de titre et le type classique de dépôt régulier soumis aux
règles générales du DOC.44 Les obligations qui en résultent pour le
banquier ne soulèvent pas de problèmes particuliers. Aux termes de la loi,
celui-ci est tenu à la conservation et à la restitution de la chose déposée.45
L‟obligation de conservation consiste pour le banquier à assurer en tant que
professionnel rémunéré, la garde des titres qui lui sont confiés. Aussi, est-il
tenu de s‟entourer de toutes les mesures juridiques et précautions
matérielles nécessaires pour la préservation des valeurs déposées chez lui.46
Dans le cadre de cette opération, l‟obligation de restitution implique la
remise des titres à la demande du client. Cette remise peut être faite entre
les mains de celui-ci, de son mandataire habilité ou de ses ayants-cause ; ce
qui suppose une vérification de l‟identité et de la qualité de ces derniers.47
En guise d‟illustration , le tribunal de commerce de OUAJDA rend un
jugement dont il souligne l‟obligation principale qui pèse sur le banquier
dépositaire sur les titres qui a reçu à titre de dépôt , à savoir son obligation
de garde et de restitution et ce conformément aux dispositions de l‟article
804 du DOC sous peine de réparation du préjudice qui pourra en résulté en
cas de perte … et il ajoute dans ses arguments que la banque n‟est plus
exonéré de cette obligation même si la cause de la perte due à une autre
partie telle la poste , et en contrepartie la banque garde son droit de retour

44
Les articles 781 et suivant du code des obligations et des contrats.
45
Mohamed Larbi BENOTHMANE « la profession bancaire au Maroc » , ed la porte 2007.p 96
46
Conformément aux dispositions des articles 791, 792 et 807 du D.O.C.
47
Khalid ELYAZIDI « la responsabilité civile du banquier au Maroc »,édition 1985.p 65.
Page 24
***********La faute bancaire **********

contre le tireur du chèque pour récupérer ce qu‟elle a payé comme


dommages et intérêts… ».48
Ces principes peuvent cependant être tempérés dans certains cas. Le
banquier dépositaire peut différer ou refuser l‟exécution de la demande de
restitution dans les hypothèses suivantes : exercices d‟un droit de rétention,
une opposition frappant les titres lui est notifiée en qualité de tiers saisi.49
Mais, il faut préciser à ce propos que ces causes d‟exonération sont en
principes sévèrement appréciées par les juridictions.
Ainsi, le banquier est gardien de la chose déposée. Toute faute de sa part
engagera sa responsabilité. Raison pour laquelle ce dernier est tenu de
prendre des précautions pour mieux conserver les titres dont il est
dépositaire.50
Ainsi , la nature de la responsabilité et la qualification de la faute y afférente
diffère en cas de perte du titre (objet de contrat de dépôt ) diffère bien
évident en fonction de la partie attaquée en justice , à ce titre la cour de
cassation marocaine a rendu un arrêt dont elle a souligné qu‟en cas de perte
de chèque , la faute imputable au banque dépositaire et une faute d‟œuvre
contractuelle alors que la faute de la banque sur laquelle le chèque est tiré
est de qualification délictuelle malgré l‟existence de relation contractuelle
entre ce dernier et le deuxième client…. ».51

Section 2 : La faute du banquier distributeur de crédit et celle liée aux


services annexes
Comme on a signalé au début de notre chapitre la responsabilité du
banquier peut être engagée à des ordres juridiques différents selon la nature
de l‟opération et de la relation qui lui unit avec son client. A ce titre au
48
Jugement de tribunal de commerce de OUAJDA rendu le 27/09/2005 dossier n°536/04/5.
49
Co pte te u de es e pe tatio s, l’o ligatio de estitutio s’a al se do ais e t o e u e
o ligatio de sultat do t le a uie e peut se li e u’e i vo ua t u e ause d’e o atio .
50
Mohamed LAFROUJI « les contrats bancaires entre le code du commerce et la loi bancaire » série
études juridiques, 1 ère édition, Annajah Aljadida, 1998.p 42.
51
Arrêt de la cour de cassation marocaine rendu le 28/6/2006 dossier commercial n°284/3/2§2003.
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***********La faute bancaire **********

niveau de cette section on va mettre le point sur les fautes qui peuvent être
commises lors de l‟opération de distribution de crédit (paragraphe 1), et
celles liées notamment aux prestations de services dites annexes
(paragraphe 2).

Paragraphe 1 : la faute du banquier distributeur de crédit

La responsabilité du banquier distributeur de crédit doit en principe être


appréhendée à travers l‟analyse de la jurisprudence ayant eu à se prononcer
à ce sujet. L‟étude de double responsabilité du banquier en matière de crédit
pour octroi de crédit (1) et pour rupture de crédit (2) révèle qu‟il s‟agit en
réalité d‟une fausse contradiction.52

1- Faute due au refus de financement ou à un financement excessif ou


hasardeux
A la demande de financement, le banquier est libre de sa décision.53
Le banquier, donc, tout en ayant cette liberté d‟accepter ou de refuser
un financement (a), peut voir sa responsabilité engagée en cas de
refus abusif ou de financement excessif ou hasardeux (b) ;54
a- le refus de financement
Partant du principe que le banquier rend un mauvais service en
accordant tout ce qui est demandé, ce dernier reste libre de refuser un
financement d'autant qu'elle peut voir sa responsabilité engagée en

52
e ui est pa fois ep o h au a uie da s la dist i utio des dits ’est pas l’o t oi p op e e t
dit , ui est la aiso e de so a tivit , ais u d faut de dis e e e t da s l’app iatio de la
situation financière du lie t ui p de la d isio d’o t oi ou de ai tie du dit ; le a uie ’a
pas le droit de prendre des risques illégitimes.
53
Cette dernière, qui repose en général sur la confiance que vient conforter les informations recueillies
sur le client, pourra aller du refus à l'acceptation, en passant par une acceptation conditionnelle avec ou
sans prises de garanties.
54
Ce professionnel averti est soumis à des obligations et devoirs bancaires. Il ne peut se satisfaire des
données brutes délivrées par son client, mais il doit :
- da s le ad e de so devoi d’i fo atio , s'i fo e su la situatio fi a i e elle
- da s le ad e de so devoi de o seil, tudie l’oppo tu it et la e ta ilit de l’op atio p ojet e
pour ne pas faire courir de risques inconsidérés au client
Page 26
***********La faute bancaire **********

cas de financement fautif. En contrepartie de ce droit exorbitant, le


banquier n'a pas le droit de rompre des pourparlers trop avancés, ni
de ne pas mettre en place un financement déjà promis.
Mais il n'y a pas faute de refus dans certains cas tels que : des fonds
propres insuffisants ou en cas de règlement amiable, car au droit de
refuser un financement correspond un devoir bancaire de ne pas
octroyer un financement aggravant la situation du client et
préjudiciable pour les tiers. D‟où une obligation bancaire de conseil
du client et des garants si le financement est contraire aux usages
bancaires.55
b- l‟octroi abusif de crédit : financement excessif ou hasardeux
Néanmoins, bien que le financement doive être raisonnable et
raisonné, il en résulte, parfois, des abus qui peuvent être considérés
comme des comportements fautifs qui engagent la responsabilité du
banquier. 56
 Quant au financement excessif : Le comportement est fautif, pour
financement excessif, lorsque le montant du crédit accordé est
disproportionné par rapport aux facultés de remboursement du client
ou lorsque les frais financiers sont anormalement élevés et
incompatibles avec toute rentabilité.

La Loi bancaire n'évoque pas cet aspect, mais le montant du crédit excessif
peut devenir pénal pour la banque qui a fourni des moyens inadéquats dans
son activité de crédit. Mais il n'y a pas de faute si le préjudice résulte autant
de la mauvaise gestion que de l'octroi de concours bancaire ou si le montant
accordé n'est pas anormal.57

55
. ‫ص‬. ,'' ‫محم د مخت ر أحمد بربر '' المس ل الت ص ر ل مصرف عند ط فتح ااعتم دا‬
56
,‫الدار الب ض ء‬-‫ أس س المس ل البنك عن عد مائم اائتم ن مع مص ح الزب ن"النج ح الجد دة‬: ‫محمد صبر " الخط ء البنك‬
. ‫ص‬. ‫الطبع اأ ل‬
57
Ayoub BERDAI « Le cadre juridique du crédit bancaire en droit marocain » Université Hassan II-
Casablanca - Licence en droit privé 2015, p 69.
Page 27
***********La faute bancaire **********

 Quant au financement hasardeux : L‟activité bancaire trop risquée et


imprudente peut donner lieu à un financement hasardeux. Il y a
financement hasardeux quant à l'objet du financement, en référence
aux devoirs d‟information, de diligence (parfois appelé vigilance) et
devoir de conseil. Le banquier peut être condamné pour inexécution
de ces devoirs, notamment de conseil, face à une rentabilité
insuffisante, un projet manifestement non crédible ou des charges
financières trop lourdes.
Dans le même ordre d‟idées , la cour d‟appel d‟AIX en PROVENCE a
rendu son arrêt du fait que « Faute Il ne peut être reproché à une banque
une faute engageant sa responsabilité pour avoir accordé un crédit
disproportionné aux facultés de remboursement d‟un couple, alors, d‟une
part, que le prêt litigieux s‟inscrivait dans l‟activité professionnelle générant
des revenus pour le couple, et d‟autre part, qu‟il n‟est pas établi que la
banque ait eu sur la situation de la société en nom collectif des informations
ignorées par l‟un des membres du couple emprunteur ».58
Mais il n'y a pas faute du banquier lorsque ce dernier justifie qu'un cas de
force majeur l'ayant empêché d'exécuter ses obligations.59
En outre, pour mériter le qualificatif d‟abusif l‟octroi de crédit doit remplir
certaines conditions posées par la jurisprudence française : en premier lieu,
il doit être inadapté à la situation de l‟entreprise bénéficiaire, en second lieu,
le caractère inopportun du crédit doit résulter d‟une erreur d‟appréciation du
banquier sur la véritable situation économique et financière de l‟entreprise.
En troisième lieu, il doit avoir été consenti à une entreprise dont la situation
est irrémédiablement compromise.

- Les tribunaux français déterminent l‟octroi abusif de crédit en tenant


compte de trois éléments objectifs et d‟un élément subjectif : Le

58
Cou d’appel d’Ai -en-Provence , Audience publique du 31 mai 2005
59
Mimoun CHARQUI « droit bancaire marocain » éd 2009, p : 47.
Page 28
***********La faute bancaire **********

premier élément objectif pris en considération d‟où sont déduits les


deux autres éléments objectifs est la situation de l‟entreprise : deux
conditions doivent être réunies : crédit à une entreprise dont la
situation est sans issue : le banquier masque la réalité économique et
permet ainsi que s‟accroissent les pertes d‟exploitation60, Négligence,
imprudence, ou « myopie » de la banque.61Le deuxième élément
objectif pris en considération est l‟incapacité de l‟entreprise de
rembourser le crédit consenti par ses propres forces d‟exploitation ; le
troisième élément objectif pris en considération est la conséquence
naturelle des précédents, il s‟agit de l‟accroissement de l‟insuffisance
d‟actif engendrée par l‟octroi de nouveaux crédits.62

Enfin , l‟élément subjectif pris en considération par le tribunal pour


déterminer l‟octroi abusif du crédit consiste dans la connaissance par le
banquier des trois éléments objectifs au moment où il a consenti le crédit.

En effet , la cour d‟appel de LYON rend son arrêt à ce même titre on


l‟argumentant comme suit « le soutien artificiel à une entreprise dont la
situation était irrémédiablement compromise - Connaissance par la banque
Afin que le grief invoqué par la caution à l‟encontre de la banque pour
soutien abusif soit retenu, la caution doit démontrer qu‟à la date ou les
concours bancaires ont été consentis, la situation financière du débiteur était
irrémédiablement compromise et que la banque avait connaissance de cette
situation. Or les difficultés que pouvaient rencontrer le débiteur et
l‟insuffisance de trésorerie que justifiait le découvert bancaire accordé ne

60
Il commet une faute car il manque à son devoir de discernement que la doctrine a dégagé au travers
de multiples applications jurisprudentielles. Peu importe que le banquier se soit trompé dans ses
appréciations, qu’il ait t si ple e t i pude t, u’il se soit laiss te te pa la fuite e ava t.
61
il ’appa aît pas de faute pou favo ise u ed esse e t p se ta t des ha es aiso a les de
su s, au o e t de l’o t oi ou au o e t du ai tie des dits.
62
Andre Buthurieux : « Responsabilité du banquier, Edition litec , paris 1999. P 56.
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***********La faute bancaire **********

suffisent pas à caractériser une situation sans issue, la banque n‟a, donc,
commis aucune faute en maintenant le découvert ». 63

Et dans le même logique la dite cour d‟appel a rendu un autre arrêt jugeant
« la banque responsable d‟un octroi abusif de crédit, cas où elle commet
une faute et se rend coupable de soutien abusif la banque qui octroie un
3ème prêt à son client, sans le mettre en garde sur les risques qu‟il avait à
financer un emprunt par un autre ».64

Outre le cas où la banque Commet une faute incontestable engageant sa


responsabilité, la banque qui, tout en ayant connaissance des difficultés de
trésorerie de l‟emprunteur, lui accorde un prêt ayant pour objet de couvrir le
solde débiteur de son compte courant professionnel sans avoir pris de
renseignement complémentaire sur la situation exacte de son activité.65

2- La rupture abusive de crédit


Le principe générale c'est qu'il n'y a point de droit au crédit. Nul ne peut
donc en vertu de ce principe forcer un banquier à accorder son concours
contre son gré. Le refus de crédit ne peut alors engendrer ni la
responsabilité contractuelle ni la responsabilité délictuelle du banquier.66
Ainsi, et afin de limiter le pouvoir du prêteur et d'éviter tout abus de droit,
et au sens de la loi édictant les mesures de protection du consommateur,
toute clause est réputée non écrite lorsqu'elle autorise le fournisseur à mettre
fin sans un préavis raisonnable à un contrat à durée indéterminée, sauf en
cas de motif grave.67
Qu'en est-il alors si la banque opère une rupture abusive ?

63
Cou d’appel de L o ha e ivile Audie e pu li ue du as
64
Cou d’appel de L o Audie e pu li ue du jui N° de RG: /
65
Cou d’appel de L o Audience publique du 27 janvier 2004 N° de RG: 2002/04757
66
Abdelhamid EL BOUHADI « Introduction à la technique bancaire »,impression top presse Rabat , éd
décembre 2007. P : 98.
67
. ‫ الطبع اأ ل‬, E.N.J.U.D.A.E ," ‫ ع ض ء ال ن ن المتع ق بتداب ر حم المست‬: ‫محمد جنكل '' المس ل المدن‬
. ‫ص‬
Page 30
***********La faute bancaire **********

Tout d'abord il est à préciser que l'action en responsabilité peut être intentée
par l'emprunteur bénéficiaire à titre principal du concours ou par toute
personne ayant souffert par la dite rupture intempestive, et ce sur la base des
principes de la responsabilité civile édictée par les dispositions des articles
77 et 78 du D.O.C. et qui engagent la responsabilité du professionnel qui a
manqué de prudence et de diligence.68
Enfin et comme tout principe a ses exceptions, la rupture abusive de crédit
en connait une multitude. En effet il existe des exceptions d'origines légales
-respect des conditions posées : Article 525 du code de commerce : «
L'ouverture de crédit à durée illimitée, expresse ou tacite, ne peut être
résiliée ou réduite que sur notification écrite et à l'expiration d'un délai fixé
lors de l'ouverture de crédit, ce délai ne peut être inférieur à 60 jours », par
cet article, conventionnelles -volonté des parties- et même purement
prétoriennes, où la rupture brutale n'engagera pas la responsabilité du
banquier.69
Au-delà d'un simple préjudice financier, la rupture abusive peut entraîner un
redressement judiciaire qui s'analyse en une perte de chance. Cela peut être
encore plus grave pour la banque.
En guise d‟illustration jurisprudentiel , la Cour d‟appel de Riom a rendu
son arrêt conformément aux termes de l‟article L 252-12 du Code
monétaire et financier, pour juger « tout concours à durée indéterminée
qu‟un établissement bancaire consent à une entreprise, ne peut être réduit ou
interrompu que sur notification écrite et à l‟expiration d‟un préavis ; cette
double exigence cède, selon l‟alinéa deux du même article, en cas de
comportement gravement répréhensible du bénéficiaire du crédit ou au cas
où la situation de ce dernier s‟avérerait irrémédiablement compromise ; la

68
‫ ط اأ ل‬, ‫ال راق ال طن‬ ‫ المطبع‬, ‫محمد صبر " اائتم ن البنك " مس ل البن المدن عند تج ز أذ ن ااعتم دا‬
. ‫ص‬
69
Qu'elle soit à durée limitée ou illimitée, l'établissement bancaire peut y mettre fin sans délai en cas de
cessation notoire de paiements du bénéficiaire ou de faute lourde commise à l'égard dudit établissement
ou dans l'utilisation du crédit [...] »
Page 31
***********La faute bancaire **********

conjonction “ou” montre que l‟une des deux constatations suffit pour que la
banque cesse ses concours sans forme ni délai, et pour que les juges
refusent toute indemnisation à l‟entrepreneur. Est répréhensible le
comportement de l‟entrepreneur qui altère notablement la confiance de la
banque, même en dehors de tout acte pénalement punissable et même si
l‟unité économique reste viable ; le dépassement de découvert autorisé est
indéniablement de nature à perturber la relation entre une banque et
l‟entreprise ; il altère profondément la confiance surtout lorsque la
convention des parties est toute récente, a été mise au point à la suite de
premières difficultés et est immédiatement et plusieurs fois violée par
l‟entrepreneur ».70
Tous ces aspects ne sont pas évoqués par la loi bancaire, mais le Code
Marocain de Commerce (loi 15-95), dans le volet relatif aux contrats
bancaires, donne les démarches à suivre pour la clôture d‟un compte. Il fait
une distinction entre le compte à vue et le compte à terme.71
En principe, lorsqu‟il s‟agit d‟un contrat d‟ouverture de crédit à durée
déterminée, le banquier est tenu de respecter son engagement jusqu‟au
terme prévu dans le contrat ; en effet, les conventions légalement formées
tiennent lieu de loi à ceux qui les ont conclues et une rupture unilatérale de
la part du banquier serait abusive et engagerait sa responsabilité.72

Malgré l‟existence de l‟une des causes exagératrice du respect du délai de


préavis, le banquier reste tenu de l‟obligation de la notification de la
rupture.

Plusieurs arrêts de la jurisprudence française confirment l‟importance de


cette obligation. Dans un arrêt du 19 février 1988 , la cour a estimé que si le

70
Cou d’appel de Rio Audie e pu li ue du o to e N° de RG: /
71
La loi 15-95, articles 503 et 504 pour le compte à vue et 508 pour le compte à terme
72
Vu l'énorme carence législative et jurisprudentielle marocaine en la matière, on s'est trouvé dans
l'obligation de recourir à la jurisprudence française afin de mieux cerner les conditions nécessaires pour
déterminer la responsabilité du banquier en la matière.
Page 32
***********La faute bancaire **********

banquier était dispensé de respecter un délai de préavis par application de


l‟article 22 de la loi du 04 janvier 5984 , car la situation de l‟entreprise était
irrémédiablement compromise , il n‟en restait pas moins tenu de notifier par
écrit à son client , l‟interruption de son concours, car si la résiliation sans
préavis est une faculté pour la banque , le client , est toujours en droit de se
demander si la banque exerce ou non cette faculté.

Dans un autre arrêt du 19-2-1991, après jugement de mise en observation, la


chambre commerciale de la cour a précisé que le banquier qui est habilité
dans les termes de l‟alinéa 0 de l‟article 22 à réaliser unilatéralement le
crédit pour l‟une des causes indiquées à l‟alinéa 5 de l‟article 22 doit
néanmoins respecter l‟obligation de notifier sous forme écrite, la résiliation
du crédit, les ruptures unilatérales ne prouvent être même en période de
l‟observation sauvages. En outre, la responsabilité contractuelle du
banquier à l‟égard de ses clients peut être engagée pour l‟inexécution ou
révocation injustifiée d‟une ouverture de crédit.73

Paragraphe 2 : les fautes liées aux services commerciaux annexes


On va mettre le point cette fois si sur les fautes du banquier commise lors
de la gestion des coffres- fort (1), et celles liées à l‟opération de gestion des
valeurs mobilières (2).
1- La location des coffres-fort

Le contrat de location de coffre-fort peut être défini comme la convention


par laquelle le banquier met à la disposition de son client un coffre-fort pour
y placer, en sécurité et à l‟abri ses objets quelconques.

73
Pou ue ette espo sa ilit puisse t e e gag e, t ois o ditio s doive t t e u ies à savoi u’ :
– il faut en premier lieu que le client ait subi un préjudice du fait de la rupture de crédit.
– Il faut en second lieu, que la rupture de crédit ait un caractère abusif, ce qui implique la faute du
banquier.
– Il faut e t oisi e lieu, u’il ait u lie de ausalit e t e la faute du a uie et le p judi e su i pa
le client.
Page 33
***********La faute bancaire **********

La nature juridique de cette convention est très controversée et a donné lieu


à une littérature juridique impressionnante. Une certaine doctrine y décèle
un contrat de location au sens des dispositions du droit commun. Cette
conception ne résiste pas à l‟analyse car elle ne tient pas compte de
l‟obligation de surveillance assumée par le banquier et constitue un aspect
déterminant du contrat.74D‟autres auteurs y voient un contrat de dépôt.

Cette situation explique la démarche d‟une doctrine récente qui tend à


définir cette convention comme étant un contrat sui generis s‟apparentant au
contrat de garde qui met à la charge du banquier une obligation de
surveillance de coffre-fort et des objets qu‟il contient. L‟obligation de
surveillance étant une obligation de résultat, la faute est présumée dès que
survient un vol ou la destruction des valeurs et objets contenus dans le
coffre.75 Le banquier ne peut, en conséquence, s‟exonérer comme pour les
autres opérations qui impliquent la même obligation, qu‟en cas de force
majeure ou d‟une faute imputable à la victime.

En effet, à ce titre un arrêt de la cour de cassation française juge que « la


banque disposant de l‟usage d‟une combinaison provisoire. N‟a pas tiré de
ses propres constatations les conséquences légales qui en résultent, la Cour
d‟appel qui a estimé que les fautes d‟un hôtel, dans la garde d‟un coffre-fort
qu‟il mettait quelques heures par mois à la disposition de la banque chargée
de verser la paye de son personnel, avaient été l‟unique cause du vol du
contenu de ce coffre-fort, alors qu‟il résulte de son arrêt, d‟une part, que
l‟établissement et l‟usage d‟une combinaison provisoire faisaient partie des
moyens dont la mise en œuvre avait été confiée à la banque par la
convention intervenue et ne pouvaient donc pas constituer une initiative
échappant à ladite banque, et, d‟autre part, qu‟une telle mesure aurait été de

74
Mohamed Larbi BENOTHMANE « la profession bancaire au Maroc » , ed la porte 2007. P : 63.
75
Mohamed LAFROUJI « les contrats bancaires entre le code du commerce et la loi bancaire » série
études juridiques, 1 ère édition, Annajah Aljadida, 1998
Page 34
***********La faute bancaire **********

nature à rendre le vol impossible pendant “la durée très courte” dont
disposait le voleur ». 76 Dans ce même ordre d‟idées un autre arrêt statut en
cas de vol des choses mises dans un coffre-fort « faute de surveillance ,la
responsabilité d‟une banque dans un vol d‟espèces placées dans un placard
de la salle des coffres mis gratuitement à la disposition de la victime , les
juges du fond peuvent estimer, sans contradiction, que l‟espace de quatre
heures séparant les rondes des veilleurs ne permettait pas d‟ouvrir un coffre
blinde, mais laissait a un individu le temps de faire un trou dans le plafond
du placard, sans être inquiète, et estimer ainsi qu‟à cet égard cette mesure de
surveillance était moins efficace ». 77

A ce titre, quant à l‟étendue de l‟obligation de surveillance dont le banquier


est débiteur un arrêt de la cour de cassation statuant sur le fait que « la
BANQUE lors des Services connexes octroyés à ces clients notamment le
service de location de coffre-fort , l‟étendue de son obligation à ce titre se
mesure du contrat par lequel une banque loue à un client un compartiment
ou un coffre, dont elle assume la surveillance et auquel le client ne peut
accéder qu‟avec le concours du banquier ».78
Pourtant la BANQUE comme on a déjà souligné a une Obligation de
surveillance dont la jurisprudence a précisé la portée, alors, « La preuve en
cas de vol dans un coffre-fort loué par une banque et l‟existence d‟un
préjudice ayant été rapportées par le client locataire du coffre, et la banque
ne peut s‟exonérer de sa responsabilité qu‟en démontrant que le préjudice
était dû à un cas de force majeure ou au fait de la victime… ». 79

76
Cour de cassation française, chambre civile 1, Audience publique du 3 juin 1982
77
Cour de cassation française, chambre civile 1, Audience publique du 10 octobre 1960
78
Cour de cassation française, chambre commerciale, audience publique du 23/04/2013.
79
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 15 janvier 1985 N° de pourvoi: 83-
12226
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***********La faute bancaire **********

2- L‟émission et la souscription de valeurs mobilières

L'intervention du banquier lors de l'émission de valeurs mobilières est très


recherchée par les sociétés et collectivités émettrices. Son rôle
d'intermédiaire entre ces entités et le public, lui fait assumer cependant des
obligations envers les deux protagonistes de l'émission.80

A l'égard de l'entité émettrice, la liberté contractuelle est considérable


puisque le contrat le liant à cette dernière sous-entend qu'il est renseigné sur
sa situation financière et sur les conditions de l'émission.

En application de ce contrat, il est amené à prêter ses guichets pc placer et


recevoir les souscriptions. Il peut, éventuellement se porter garant de
l'émission ou même prendre ferme tout ou partie des titres vue de les céder
au moment qu'il jugera propice. Dans l'une ces hypothèses, il peut être
considéré comme ayant accepté l'engagement de conseiller son
cocontractant, de veiller sur les formalités à e prendre ainsi que, d'une façon
générale, sur la régularité de l'émission.81 A ce titre, il assume les
obligations du mandataire responsable en cas d'inexécution ou d'exécution
déficiente des tâches qui lui incombent.

Vis-à-vis des souscripteurs, la responsabilité du banquier peut être


engagée dans deux hypothèses, notamment l'émission et la négociation des
titres. L'appréciation de sa responsabilité devrait alors être recherchée à
travers le contenu de l'opération considérée. Ce contenu découle de la loi si
l'opération est règlementée des termes du contrat passé par le banquier
et/ou de l'usage.82

80
Mohamed Larbi BENOTHMANE « la profession bancaire au Maroc » , ed la porte 2007. P : 67.
81
Dedier R.MARION « Droit commercial et bancaire Marocain »,éd AL madariss 3 éme éd 2003.p 42.
82
Mohamed Larbi BENOTHMANE « la profession bancaire au Maroc » , ed la porte 2007p 68.
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***********La faute bancaire **********

Chapitre 2 : La faute due à la responsabilité du banquier pour


manquement de l‟obligation de vigilance

Ainsi, le banquier autant que professionnel doit être vigilant, cette


obligation de vigilance qui prend des dimensions variées, à titre d‟exemple
on peut citer le cas d‟un arrêt qui ordonne qu‟en cas de contradiction dans
les termes d‟une révocation de procuration générale bancaire, il y a lieu à
interprétation du document. Ainsi, face à une telle contradiction dans les
termes, l‟établissement bancaire qui ne sollicite pas auprès de son client une
explication sur le sens à donner à sa lettre de révocation, manque à son
devoir de vigilance et commet une faute pour laquelle il doit réparation, dès
lors qu‟il a donné suite aux ordres de virement donnés par l‟ancien
mandataire dont la procuration a été révoquée.83

À ce titre et afin d‟essayer de borner quelque aspect de ce devoir de


vigilance et après avoir s‟étalait dans un premier chapitre sur les différents
protagonistes de responsabilisation du banquier dans le cadre du contrat qui
lui unit avec son client , on va mettre le point dans ce chapitre sur les fautes
source de responsabilité du banquier à l‟occasion de gestion des comptes
bancaires( Section 1 ) , à celles issues à l‟occasion de communication de
renseignements ( Section 2).

Section 1 : La faute due à la mauvaise foi du banquier lors de la gestion des


comptes
Cette section serait consacrée à une étude la faute liée à l‟opération
d‟ouverture de compte (Paragraphe 1), et celle liée à la clôture abusive du
compte (Paragraphe 2).

83
Cou d’appel de Besa ço deu ie e ha e o e iale , Audie e pu li ue du as , N°
de RG: 06/014801

Page 37
***********La faute bancaire **********

Paragraphe 1 : La faute liée à l‟ouverture de compte

Le champ de la faute bancaire est très vaste. Ces fautes qui ne sont
pas, dans la plupart des cas, intentionnelles ou recherchés par leurs auteurs,
sont difficiles à détecter et surtout à justifier. Parmi les principales fautes
bancaires nous pouvons citer, celles liées à la mauvaise foi du banquier (1)
et au moment de l‟ouverture de compte bancaire (2).
1- La faute due à la mauvaise foi du banquier
Bien que le banquier doive informer et conseiller en bonne foi, il
arrive, parfois, que des comportements fautifs soient enregistrés. La loi
bancaire n‟évoque pas l‟aspect de ce comportement du à la mauvaise foi. 84
Mais, c‟est lorsqu‟on peu reproché au banquier d'user de manœuvres
dolosives en vue de bénéficier d‟avantages que le comportement de ce
dernier peut être mis en cause.85
C'est, surtout, au moment de l'octroi de crédits (contrats de prêts) que l'on
peut se placer pour déterminer la faute bancaire du la mauvaise foi. Si un
des contractants n'agit pas de bonne foi, le juge peut prononcer la résolution
du contrat sur le fondement de l‟article 10 du DOC (Dahir Obligations et
Contrats), qui précise que le dol donne ouverture à la rescision lorsque les
manœuvres ou les réticences de l‟une des parties, de celui qui la représente
ou qui est de complicité avec elle, sont de telle nature que, sans ces
manœuvres ou ces réticences, l‟autre partie n‟aurait pas contracté. Il ajoute
que le dol pratiqué par un tiers a le même effet, lorsque la partie qui en
profite en avait connaissance.86
Ainsi, on remarque que le dol, manœuvre illicite est une cause de nullité des
contrats qui lient le banquier à ses clients. Lorsqu'il peut être établi qu'il y a

84
Mimoun CHARQUI « droit bancaire marocain » éd 2009. P : 96.
85
Le dol ne se présume pas, il doit t e p ouv p so ptio s, t oig ages,…et . . Mais il peut t e
simplement constitué par le silence dissimulateur d'un fait (réticence dolosive), qui s'il avait été connu
par l'autre, il ne l'aurait pas fait contracter ou apporter sa garantie
86
Ayoub BERDAI « Le cadre juridique du crédit bancaire en droit marocain » Université Hassan II-
Casablanca - Licence en droit privé 2015, p : 65.
Page 38
***********La faute bancaire **********

eu manœuvre d'une des parties et que sans cela l'autre n'aurait pas contracté,
le dol est une cause de nullité du contrat de financement.87
2- La faute à l‟ouverture de compte
Outre le droit commercial qui régit les contrats et obligations en général, la
nouvelle loi bancaire précise la relation de partenariat qui lie la banque à
son client. Elle introduit la notion de droit au compte bancaire et de
transparence de la tarification des produits et services bancaires.
La question qui se pose, est ce que toutes les banques, qui exercent sur tout
le territoire Marocain, établissent ces conventions conformément aux
88
exigences de la loi bancaire? Aussi, ces banques remettent-elles aux
clients des copies de ces conventions ? Cela constitue-il une faute
bancaire ? Sûrement oui. C‟est une violation des termes de la loi en vigueur
qui précise bel et bien que l‟ouverture de compte doit faire l‟objet d‟une
convention, entre les parties, qui précise les conditions de fonctionnement et
de clôture de ce nouveau compte.
L‟article 559 de la loi précitée, précise que «toute personne s‟estimant
lésée, du fait d‟un manquement par un établissement de crédit aux
prescriptions de la présente loi et des textes pris pour leur application, peut
saisir Bank Al-Maghrib qui réservera à la demande la suite qu‟elle juge
appropriée. A cette fin, Bank Al-Maghrib peut procéder à des contrôles sur
place ou demander à l‟établissement concerné de lui fournir, dans les délais
fixés par ses soins, tous les documents et renseignements qu‟elle estime
nécessaires pour l‟examen de ces demandes ». 89

87
L’a ti le du DOC stipule ue le dol ui po te su les a essoi es de l’o ligatio et ui e l’a pas
déterminée e peut do e lieu u’à des do ages-intérêts
88
L’a ti le de la loi - , elative au ta lisse e ts de dits, stipule ue «toute ouve tu e d’u
o pte à vue ou à te e ou d’u o pte tit es doit fai e l’o jet d’u e o ve tio ite e t e le lient et
son établissement de crédit. Cette convention, dont copie est remise au client, doit notamment préciser
les conditions de fonctionnement et de clôture dudit compte».
89
Malheu euse e t, e ge e de faute ’est pas, souve t, po t à la o aissa e de l’i stitutio de
o t ôle BAM et ela est dû, esse tielle e t, à des o sta les d’o d e su tout ultu el, ue ous
essayerons de dévoiler au deuxième chapitre de cette partie.
Page 39
***********La faute bancaire **********

Ainsi, toute personne, qui s'est vu refuser l'ouverture d'un compte de dépôt,
peut demander à Bank Al-Maghrib de désigner un établissement de crédit
auprès duquel elle pourra se faire ouvrir un tel compte. 90 Donc le refus des
banques n'est pas fondé, la banque centrale désigne l'établissement auprès
duquel le compte sera ouvert.
La convention de compte bancaire est un contrat passé entre le client et sa
banque, qui régissent les rapports entre le détenteur du compte en banque et
son établissement.

Paragraphe 2 : La faute du banquier en cas de clôture abusive du compte

Le banquier est tenu de respecter les formalités exigées par la loi avant de
procéder à la rupture d‟un compte bancaire, il s‟agit notamment de se
rassurer de la situation du compte de son client (1) après il doit respecter le
délai de préavis(2).

1- La situation du compte objet de la clôture

Une personne ouvre généralement un compte pour une durée indéterminée.


Le client et la banque peuvent chacun demander la clôture du compte. La
banque ou le titulaire n'est pas tenu de motiver sa décision de clôture.91

La loi marocaine distingue deux situations. La première où le compte est


créditeur, la loi prévoit que: «les établissements de crédit dépositaires de
fonds et valeurs clôturent les comptes qu‟ils tiennent lorsqu‟ils n‟ont fait
l‟objet, de la part de leurs titulaires ou ayants droit, d‟aucune opération ou
réclamation depuis 10 ans». Ces établissements de crédit sont tenus
d‟adresser, dans un délai de six mois avant l‟expiration de la période, un
avis recommandé au titulaire de tout compte, ou à ses ayants droit. Ces
90
L'article 65 de cette nouvelle loi stipule que "toute personne, qui s'est vu refuser l'ouverture d'un
compte de dépôt après l'avoir demandée par lettre recommandée avec accusé de réception à plusieurs
établissements de crédit, peut demander à Bank Al-Maghrib de désigner un établissement de crédit
auprès duquel elle pourra se faire ouvrir un tel compte".
91
M’ha ed KETTANI « la a ue au Ma o », op atio s a ai es ou a tes et sp ialis es,
conception et impression Phedirrint, 1 ed 2001. P : 102.
Page 40
***********La faute bancaire **********

fonds et valeurs sont versés à la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) qui les
détiendra pour le compte de leurs titulaires ou ayants droit jusqu‟à
l‟expiration d‟un nouveau délai de 1 ans. Passé ce délai, ces fonds et valeurs
sont prescrits à l‟égard de leurs titulaires ou ayants droit et acquis de droit
au profit du Trésor.

Par ailleurs, la deuxième situation est celle où le compte est débiteur. Dans
ce cas, la banque est soumise aux dispositions de l‟article 122 du code du
commerce, faisant obligation de clôture du compte. En effet, Le client qui
cesse d'alimenter son compte pendant une année à compter de la date du
dernier solde débiteur inscrit en son compte donnera droit à la banque de
mettre fin à son compte. Toutefois, celle-ci est tenue d‟informer
préalablement le client de cette clôture.92

Dans tous les cas, le banquier ne peut pas clôturer le compte de façon
abusive, sinon sa responsabilité pourrait être engagée. Il doit envoyer une
lettre recommandée avec accusé de réception pour informer son client de sa
décision.93

A ce titre, un arrêt de la cour de cassation marocaine a cassé l‟arrêt de la


cour d‟appel de Casablanca on argumentant sa décision comme suit « la
banque n‟est plus responsable et elle n‟a pas commis de faute, lorsqu‟elle a
clôturé un compte ouvert sur ses registres, en raison de la situation débitrice
de ce dernier , et la cessation de paiement de son titulaire jugée par les juges
de fond.. ».94

Enfin en cas de décès, la banque doit bloquer la provision disponible sur


son compte. Elle doit également bloquer tous les autres comptes pouvant

92
C’est le dahi ° -14-142 du 22 août 2014 pris pour l'application de la loi n° 134-12, abrogeant et
remplaçant les dispositions de l'article 503 de la loi formant code de commerce, publiée au bulletin
officiel du 11 septembre 2014, qui a introduit cette nouvelle règle qui va assainir la relation entre les
banques et leurs clients.
93
A et de la ou d’appel de FES ° e du le -12-2004 dossier n° 04-892 et 04-1146.
94
Arrêt n° 757 rendu le 5/7/06 dossier n° 06/508.
Page 41
***********La faute bancaire **********

être ouverts. Mais il est fréquent que les banques acceptent de débloquer
une partie du solde ou la totalité afin de permettre au conjoint survivant ou
héritiers de faire face à certaines dépenses. Lorsque le titulaire d'un compte-
joint décède, ce décès n'entraîne pas le blocage du compte. Le survivant
peut continuer de l'utiliser. Lorsque le titulaire a donné antérieurement une
procuration et décède, son décès entraîne automatiquement la révocation de
la procuration.95

2- L‟obligation de la banque avant de clôturer un compte : la


notification

Le compte à vue prend fin par la volonté de l'une des parties, sans préavis
lorsque l'initiative de la rupture a été prise par le client, sous réserve du
préavis prévu au chapitre régissant l'ouverture de crédit lorsque la banque a
pris l‟initiative de la rupture. Le compte est également clôturé par le décès,
l'incapacité, le redressement ou la liquidation judiciaire du client.96

Lorsque l'initiative de clôture appartient à la banque, elle doit se faire dans


des conditions telles qu'elles ne causent pas au client de gêne. La banque
peut décider de clôture le compte, même si celui-ci est créditeur, c'est-à-dire
suffisamment approvisionné. Le banquier est tenu d'informer par écrit ses
clients préalablement à la fermeture du compte et de respecter un délai de
préavis. Il doit permettre au client d'organiser son départ. Le préavis peut
être abrégé en cas de graves dysfonctionnements du compte.97

La nouvelle loi n°103-12 abroge et remplace ces dispositions pour


permettre aux banques de clôturer les comptes de leurs clients si le client
cesse d‟alimenter son compte pendant la durée d‟une année à compter de
la date du dernier solde débiteur inscrit en compte.

95
Mohamed EL ABDAIMI, « Le système de financier marocain face au problème de l'endettement »,
édition 1989, p : 28.
96
Selo l’a ti le du ode de o e e,
97
Aicha CHERKAOUI MALKI » Précis du droit bancaire marocain »,2 éme édition, Bourgreg 2007. P : 49.
Page 42
***********La faute bancaire **********

Ainsi, la banque doit, avant la clôture du compte, en informer le client, par


lettre recommandée avec accusé de réception transmise à sa dernière
adresse communiquée à son agence bancaire. Si le client n‟a pas exprimé sa
volonté de maintenir son compte ouvert dans un délai de 60 jours, le compte
est clôturé.98

A ce titre un arrêt de la cour de cassation française illustre l‟application de


ces dispositions : « cet arrêt a considéré que la continuité avec un solde
débiteur dans un compte en banque contrairement aux dispositions de
l‟article 104 du code de commerce , constitue une obligation de la banque
envers son titulaire de continuer d‟alimenter et d‟ouvrir le dit compte tout
accordant à son titulaire des moyens de paiements à son profit même en
absence de toute stipulation écrite ….et à ce niveau-là si la banque estime
clôturé le compte , elle est tenu e respecter le délai de préavis de 60 jours
afin d‟informer son client par cette mesure. Toutefois, la banque est
exonérée de cette formalité de notification si la situation financière du
titulaire de compte est critique ou s‟il est en cessation d‟activité ou s‟il a
commis une faute lourde à son encontre …. ».99

Dans cette même logique un autre arrêt de la cour de cassation française est
rendu « Deux époux avaient souscrit auprès de la Caisse de crédit agricole
…ce compte étant devenu débiteur, le Crédit agricole avait, courant 1986 et
de sa propre initiative, clôturé les plans d‟épargne logement pour en
transférer les soldes sur le compte de dépôt…. Ils avaient obtenu
partiellement satisfaction en première instance mais la cour d‟appel avait
infirmé le jugement en retenant, d‟une part, « que la faute de la banque est
très atténuée par la propre faute des époux »……. La Chambre commerciale
a cassé cet arrêt, le 21 novembre 0222, en reprochant à la cour d‟appel de
n‟avoir pas recherché si le préjudice des époux n‟avait pas consisté dans la

98
L’a ti le du ode de o e e.
99
Arrêt de la cour de cassation n°1142 rendu le 11/09/2002 dossier n°153/02
Page 43
***********La faute bancaire **********

perte des avantages financiers liés aux plans qu‟ils avaient souscrits.
Cependant, la cour d‟appel de renvoi, devait, comme précédemment,
infirmer le jugement et rejeter les demandes en considérant, cette fois, que
le mari, qui n‟avait pas protesté à réception de la lettre que lui avait adressée
le Crédit agricole pour l‟aviser de la clôture de son plan d‟épargne logement
et qui avait continué à effectuer des retraits sur le compte de dépôt
réalimenté par ce transfert, avait entériné le transfert et que la clôture du
plan de l‟épouse, qui était intervenue après une mise en demeure d‟avoir à
régulariser le compte de dépôt, n‟avait pas non plus été fautive. Il s‟en
déduit qu‟en le clôturant de sa propre initiative en dehors de ces hypothèses,
l‟établissement co-contractant commet une faute dont il doit répondre. Il
était acquis, qu‟en l‟espèce, les titulaires des plans n‟avaient jamais
demandé le retrait partiel ou total des fonds déposés….. Or, pour statuer
comme elle l‟avait fait,et, ensuite, que le mari avait tacitement approuvé
l‟opération litigieuse en s‟abstenant de protester à réception de ses relevés
de compte ».100

Section 2 : les fautes issues à l‟occasion de communication de


renseignements

Au niveau de ce chapitre on va s‟étaler sur les principaux obligations et


devoirs du banquier autant que professionnel , et savoir notamment
l‟étendue de ses obligations d‟information et de conseil , sans s'immiscer ou
s‟ingérer dans les affaires de son client (Paragraphe 1) , pour différencier
par la suite la portée notamment de ce devoir d‟information et ses limites
liées notamment à l‟obligation de confidentialité liée au secret professionnel
dont il est tenu le banquier ( Paragraphe 2).

100
Cour cassation française Chambre commerciale, 22 novembre 2005 (pourvoi n° 04-14 142)
Page 44
***********La faute bancaire **********

Paragraphe 1 : La faute due à l‟immixtion ou l‟ingérence dans les affaires


du client
Le présent paragraphe serait consacré à la principale obligation dont il est
tenu un banquier autant que professionnel et technicien en la matière, à
savoir son obligation de conseil liée directement à celle d‟information (1),
après avoir précisé les limites de ces obligations tout en étudiant un principe
posé par la jurisprudence française , qui est le principe de la de non-
ingérence dans les affaires du client (2).

1- l‟obligation de conseil et d‟information

Le devoir de conseil du banquier accessoire a été découvert par la


jurisprudence et la pratique financière pour rétablir l‟équilibre entre le
banquier et son client alors même que l‟obligation de conseil contractuel est
une prestation de service vendue par le banquier à son client.101

Le banquier est tenu donc d'une obligation d'information et de conseil,


laquelle s'apprécie en fonction de l'ignorance du souscripteur sur les
avantages et les inconvénients liés au produit bancaire proposé.102

En effet, Le devoir de mise en garde attachement lié au devoir de conseil du


banquier envers son client a notamment pour objet d‟éclairer un emprunteur
sur les risques entrainés par la souscription d‟un contrat de prêt bancaire.103
Cette obligation se distingue du devoir de conseil ou d‟information dont le
banquier dispensateur de crédit est tenu envers son client. La jurisprudence

101
Abdelhamid EL BOUHADI « Introduction à la technique bancaire »,impression top presse Rabat , éd
décembre 2007. P : 83.
102
L'information donnée doit être pertinente afin de permettre la compréhension des avantages liés au
contrat en tenant compte de la situation personnelle du souscripteur.
103
Le devoir de mise en garde du banquier envers son client se décompose en réalité en trois obligations
particulières, à savoir : L’o ligatio de e pas a o de à u e p u teu u dit e essif ou
disp opo tio o pte te u de so pat i oi e et de ses eve us ;L’o ligatio de se e seig e su les
apa it s de e ou se e t de l’e p u teu ;L’o ligatio d’ale te su les is ues encourus en cas de
o e ou se e t du dit pa l’e p u teu .
Page 45
***********La faute bancaire **********

de la cour de cassation française à ce titre distingue entre emprunteur «


averti »104 et « non-averti » et ne fait bénéficier que ce dernier du devoir de
mise en garde du banquier. Cette qualité de l‟emprunteur averti est
appréciée cas par cas par les juges de fond.

De sorte, la Cour de cassation a jugé, le 4 juin 0254, qu‟en présence d‟un


emprunteur « non-averti » ou profane ayant souscrit un prêt disproportionné
par rapport à ses capacités financières, la responsabilité de la banque
pouvait être engagée, s‟il existait au moment de la souscription du crédit
litigieux un risque de non remboursement.105 A cet égard, la cour de
cassation exige de l‟emprunteur qu‟il rapporte la preuve du fait que le crédit
était excessif.

C‟est dans ce cadre qu‟intervient la loi 25-08 relative à la protection des


consommateurs, qui a eu un impact direct sur l‟économie nationale,
généralement et sur l‟activité bancaire spécialement. Ce texte a introduit de
nouvelles dispositions régissant le crédit à la consommation et le crédit
immobilier dont il souligné un certain nombre de droit dont il doit jouir un
profane désirant bénéficier d‟un prêt : - Le droit à l‟information106, le droit à
une OPC107, le droit à la rétractation, le droit de la protection, le droit au
remboursement par anticipation partielle ou totale, le droit d‟avoir un
contrat en arabe.

De même, la Cour de cassation française a reconnu explicitement


l‟existence d‟un devoir de conseil. On peut citer à cet égard, l‟arrêt du 03
juin 1995 rendu par la première chambre civile. Dans cette affaire, la Cour

104
L’e p u teu ave ti est elui ui dispose de o p te es et o aissa es effe tives e ati e
financière.
105
Cass. Civ. I, 4 juin 2014, no 13-10975)
106
Le professionnel est tenu de fournir au consommateur toutes les informations utiles et nécessaires
ava t la o lusio du o t at, ota e t les o ditio s de l’assu a e p opos e, sa du e, les is ues
couverts et ceux exclus, le coût global du crédit et du taux effectif global, le montant de l'échéance, dont
la part correspondant aux intérêts, le montant de la TVA, etc.
107
L’o ga is e a ai e est o lig de lui sou ett e g a ieuse e t u e off e p ala le de dit OPC .
Page 46
***********La faute bancaire **********

décide que « la présentation d‟une offre préalable conforme aux exigences


de l‟article 1 de la loi du 52 juillet 5939 ne dispense pas l‟établissement de
crédit de son devoir de conseil à l‟égard de l‟emprunteur.». Certes, un arrêt
de la cour d‟appel jugeant que Les appelants font valoir un manquement du
banquier à son obligation de conseil ayant consisté à ne pas s‟assurer de la
validité de l‟engagement de la caution. Mais le fait qu‟il n‟ait pas attiré
l‟attention de la caution sur la nécessité de respecter les dispositions des
articles 1326 et 2015 du Code Civil, ne saurait constituer un manquement à
cette obligation, dès lors que les compétences généralement reconnues au
banquier excluent qu‟il puisse être tenu de répondre de la validité comme de
l‟efficacité juridique de la convention constituant l‟accessoire de l‟opération
de crédit qui, elle, constitue son domaine d‟intervention.108
Dans le même ordre d‟idées , un arrêt est rendu attestant que « Lorsque par
sa structure financière, un fonds commun de placement ne correspond pas à
un placement spéculatif, le dépositaire du fonds de placement a, envers son
client lors de sa souscription, une obligation générale de conseil, limitée à la
vérification de l‟adéquation du placement projeté aux capacités financières
de l‟intéressé et de l‟équilibre entre le risque pris et le rendement escompté
compréhensible par toute personne normalement avisée. Dès lors, justifie
s‟être acquitté de son devoir d‟information, le dépositaire du fonds de
placement qui a remis à son client la notice sur les caractéristiques du
placement, et dont les indications mentionnent la possibilité d‟une perte de
capital ; et ne constitue pas un manquement fautif, l‟absence de prévision et
d‟information spécifique donnée au-delà de l‟aléa inhérent à la nature
109
boursière du placement ».
Quant à l‟étendue de ce devoir de conseil , la cour de cassation française
dans un arrêt considère que « Ne commet pas de faute la banque qui n‟a pas
vérifié les énonciations mentionnées au contrat de construction d‟une
108
Cou d’appel d’Age , Audie e pu li ue du o to e , N° de RG: 01/1155
109
Cou d’appel de Besa ço ha e ivile Audie e pu li ue du f v ie N° de RG: /
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***********La faute bancaire **********

maison individuelle sans fourniture de plans puisque l‟article L 025-10 du


code de la construction et de l‟habitation n‟est pas applicable à ce type de
contrat. En revanche, a manqué à son obligation de renseignement,
d‟information et de conseil, la banque qui n‟a pas perçu la nullité du contrat
en ne sollicitant pas la communication du contrat de construction, alors
même que le prêt destiné à financer la construction était assis sur ce contrat,
et que seul ce document permettait d‟une part de déterminer en fonction de
la nature du contrat, l‟étendue du contrôle qu‟elle devait exercer, et d‟autre
part de vérifier la réalisation effective de l‟opération projetée, et le sérieux
de celle-ci ».110
Et au même titre dans un autre arrêt la cour de cassation en cas
d‟Emprunteur averti que « la cour d‟appel qui a relevé qu‟une banque avait
consenti un prêt à des emprunteurs avertis ayant fait état de revenus certains
auxquels devaient être ajoutés d‟autres revenus allant raisonnablement leur
échoir au titre d‟activités professionnelles secondaires, a pu en déduire que
celle-ci n‟avait pas commis de faute ».111

2- La faute due à l‟immixtion ou l‟ingérence dans les affaires du


client
Partant du fait qu‟il n‟y a pas une grande différence entre l‟immixtion et
l‟ingérence, deux sens sont envisageables dans la notion d‟immixtion.
D‟une part, au sens large, l‟immixtion désigne „‟toute intervention sans titre
dans les affaires d‟autrui, se traduisant par l‟accomplissement d‟un acte “ et
d‟autre part, au sens strict, l‟immixtion peut être retenue quand il s‟agit
d‟une ” intervention illicite dans les affaires d‟autrui en l‟absence de tout
titre d‟intervention (mandat, habilitation judiciaire, pouvoir légale…etc.).112

110
Cou d’appel d’Ai -en-Provence , Audience publique du 28 mars 2008 N° de RG: 06/08605
111
Cour de cassation chambre civile 1 Audience publique du 12 juillet 2005 N° de pourvoi: 02-13155
112
C. Gavalda et J- Stoufflet « Droit bancaire » 7 è édition, Litec, 2008, n°250, T. Bonneau. P 113.
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***********La faute bancaire **********

Il ne semble pas que l‟immixtion puisse en elle-même caractériser la faute


nécessaire à la mise en cause de la responsabilité du banquier. Il s‟agit tout
au plus d‟une qualification de gestion de fait et la responsabilité dans ce cas
induit une faute de gestion de la part du gestionnaire de fait.
La déontologie du banquier lui impose à ne pas s'immiscer dans les affaires
de sa clientèle. Mais parfois, ce dernier cherche à limiter son risque en
influençant son client. Entre son obligation de non-ingérence et ses devoirs
de conseil et d‟information, une pression trop marquée du banquier peut
constituer une immixtion coupable. La faute du banquier peut être
enregistrée lorsque ce dernier n‟applique pas le principe de non-ingérence et
ne se borne pas à apporter son soutien sans diriger ni influencer les affaires
de son client. Ainsi, une fois l‟immixtion du banquier dépasse les limites de
son devoir de conseil, cela peut constituer une faute susceptible d‟engager
la responsabilité de ce dernier.113
A ce titre, la jurisprudence française apporte l‟éclaircissement suivant : la
non-ingérence signifie que le banquier n‟est pas obligé d‟intervenir pour
empêcher son client d‟accomplir un acte irrégulier, inopportun ou
dangereux.
Néanmoins, ce principe légal de non immixtion du banquier tend à
disparaitre et la Cour de cassation française a fait évoluer sa position en
mettant à la charge du banquier dispensateur de crédit un devoir de mise en
garde de son client. Ce devoir de mise en garde du banquier envers son
client est consacré notamment au travers de quatre arrêts de principe rendus
le 12 juillet 2005 puis confirmés dans plusieurs arrêts ultérieurs.

En 2005, la Cour de cassation a jugé que « la banque avait méconnu ses


obligations à l'égard de ces emprunteurs profanes en ne vérifiant pas leurs

113
DECOCQ, GERARD, YVES, MOREL-MAROYER, JULIETTE « Droit bancaire », RB édition, 2010, p 126.
Page 49
***********La faute bancaire **********

capacités financières et en leur accordant un prêt excessif au regard de leurs


facultés contributives, manquant ainsi à leur devoir de mise en garde ».114

A cet égard, la Cour de cassation exige de la banque qui accorde un crédit à


un emprunteur profane de vérifier d‟abord les capacités financières de ce
dernier, avant de lui accorder le prêt demandé sous peine de manquer à son
devoir de mise en garde.
Paragraphe 2 : Les fautes liées aux informations obligatoires et au secret
bancaire
Le banquier dans son activité d‟ordre public est tenu d‟un certain nombre
d‟obligations liées à la fourniture des informations obligatoires, dont il faut
étudier l‟étendue (1), pour tracer par la suite les limites liées au secret
professionnel dont il est tenu ce dernier (2).
1- La faute liée aux informations obligatoires
Pour servir convenablement sa clientèle, la banque est tenue
obligatoirement à fournir certaines informations et documents avant le
contrat, dans le contrat puis postérieurement.
Mais, c‟est surtout au moment de l'offre, puis du contrat que l'on doit se
placer pour déterminer la faute bancaire, éventuelle, par manque des
informations obligatoires. Des textes divers et multiples renforcent la
protection des clients, en prévoyant soit des informations soit des mentions
obligatoires que la banque ne respecte pas toujours.115
Ainsi, dès l‟ouverture d‟un compte, certaines obligations d‟information et
de conseil sont mises à la charge du banquier dans le cadre de ses
activités. En effet, l‟ouverture de compte ou „‟contrat de compte‟‟ implique
que lorsque le banquier reçoit des fonds pour son client, il doit les recevoir,
en inscrire le montant au crédit et en informer le client par le biais d‟une

114
Cass. Civ. I, 12 juillet. 2005, pourvoi n° 03-10921
115
. ‫ الطبع اأ ل‬, E.N.J.U.D.A.E ," ‫ض ء ال ن ن المتع ق بتداب ر حم المست‬ ‫ ع‬: ‫محمد جنكل '' المس ل المدن‬
. ‫ص‬
Page 50
***********La faute bancaire **********

copie de l‟extrait de compte, envoyé à ce dernier ou mis à sa disposition au


moins une fois tous les trois mois.116
Le but est de permettre au client de vérifier les opérations passées en
compte et de capitaliser, éventuellement, les intérêts. L‟omission de l‟envoi
de l'extrait de compte ou son caractère tardif, peut être considéré comme
une faute susceptible d‟engager la responsabilité du banquier. Il est à
rappeler que cet extrait doit, conformément à la réglementation en vigueur,
préciser les informations obligatoires telles que le taux des intérêts et des
commissions, leurs montants, et leurs modes de calcul.117

En plus, de l‟information du client par le biais de l‟extrait de compte,


l‟article 552 de la loi 522-12 précise que les conditions appliquées par les
établissements de crédit à leurs opérations118, notamment en matière de taux
d‟intérêt débiteurs et créditeurs, de commission et de régime de dates de
valeur, doivent être portées à la connaissance du public dans les conditions
fixées par circulaire du gouverneur de Bank Al-Maghrib, après avis du
Comité des établissements de crédit. L‟indisponibilité de ces informations
constitue une faute qui peut engager la responsabilité de l‟établissement de
crédit. Par ailleurs, précisons-nous que, suivant la nature du „‟contrat‟‟ qui
lie la banque avec le client, d‟autres manquements au devoir d‟information
peuvent constituer des fautes qui engagent la responsabilité du banquier.

Toutefois, il est largement reconnu en doctrine et jurisprudence, notamment


française, que l‟absence de protestation des extraits de compte et des relevés
périodiques dans un délai raisonnable vaut approbation en application de la
théorie de «l‟approuvé implicite». Ce principe, ainsi que le délai de

116
Article 491 de la loi 15-95 formant Code de commerce
117
Article 496 de la loi 15-95 formant Code de commerce
118
L’a ti le de la loi -12 stipule que :« En matière judiciaire, les relevés de comptes, établis par les
établissements de crédit selon les modalités fixées par circulaire du gouverneur de Bank Al-Maghrib,
après avis du Comité des établissements de crédit, sont admis comme moyens de preuve entre eux et
leu s lie ts, da s les o te tieu les opposa t, jus u’à p euve du o t ai e».
Page 51
***********La faute bancaire **********

protestation sont généralement précisés dans les conditions générales


auxquelles le client avait adhéré.119

A ce titre , un arrêt de la cour de cassation française confirme l‟obligation


d‟information dont il est tenu le banquier « La banque, souscripteur d‟une
assurance de groupe, est tenue envers l‟emprunteur d‟une obligation
d‟information et de conseil qui ne s‟achève pas avec la remise de la notice ;
en remettant à l‟emprunteur un tableau d‟amortissement incluant des
cotisations d‟assurance constantes jusqu‟au terme du prêt, créant ainsi
l‟apparence trompeuse d‟une garantie totale jusqu‟à cette date quand la
notice prévoit par ailleurs une cessation partielle avant la fin du contrat,
l‟organisme de crédit commet un manquement à son devoir d‟information et
de conseil dont il doit répondre ».120

Et dans la même logique un autre arrêt de la cour d‟appel d‟Agen « Le


banquier satisfait à l‟obligation d‟information à laquelle il est tenu à l‟égard
des souscripteurs de parts ou d‟actions d‟OPCVM par la remise de la notice
d‟information comportant les caractéristiques objectives du produit
financier proposé, tant sur chacun des ordres d‟achat et de vente d‟OPCVM
souscrits que sur le formulaire d‟ouverture du PEA signé par l‟appelant
ainsi que sur la notice concernant le support qui indique les caractéristiques
financières des placements classifiés…. Au vu des indications mentionnées
dans ces différents documents, la POSTE a satisfait à son obligation
d‟information à l‟égard des souscripteurs. »121.

Pourtant, un autre arrêt de la cour de cassation française juge que « Aux


termes de l‟article L.525-73 du Code monétaire et financier, avant de
refuser le paiement d‟un chèque pour défaut de provision suffisante, la

119
DECOCQ, GERARD, YVES, MOREL-MAROYER, JULIETTE « Droit bancaire », RB édition, 2010 p : 102.
120
Cour de cassation chambre civile 2 Audience publique du 13 janvier 2005 N° de pourvoi: 03-17199
121
Cou d’appel d’Age ha e ivile Audie e pu li ue du ja vie N° de RG: /
Page 52
***********La faute bancaire **********

banque a l‟obligation d‟informer le titulaire du compte par tout moyen


approprié des conséquences du défaut de provision. Pour pouvoir donner
lieu à indemnisation, il faut que cette faute de la Banque est entraîné un
préjudice. En l‟espèce il doit être démontré que, si la banque avait respecté
son obligation, la société aurait pu combler le découvert et reconstituer une
provision suffisante pour les paiements ».122

2- Le secret professionnel

Le principe de respect à la vie privée se trouve transcrire dans bon nombre


de constitutions en l‟occurrence la nouvelle constitution Marocaine du 09
juillet 2011.123 Cette disposition constitutionnelle respectable du principe au
droit au respect de la vie privée, est ancré dans l‟arsenal juridique Marocain
sous plusieurs manifestations entre autres, le secret bancaire, l‟objet de ces
quelques lignes qui vont suivre.

Le secret bancaire proviendrait du principe d‟ordre général de secret


professionnel, qui a pour objet la confidentialité des informations que
certains professionnels doivent envers leurs clients au nom du respect de
leur vie privée formulée par la loi fondamentale.124 Ce principe est posé
avant tout dans la constitution sous le concept générique du droit au
respect à la vie privée, mais surtout de manière spécifique dans la loi 103-
12 et dans le code pénal dans son article 446 alinéa1.

Le secret bancaire étant un concept flou d‟autant plus que les textes de lois
n‟en donnent aucune précision quant à son objet : les textes de lois
bancaires ne donnent aucune information quant aux informations couvertes
par le secret bancaire ; c‟est ce qui résulte en tout cas de l‟analyse de ces

122
Cou d’appel de Douai ha e o e iale Audie e pu li ue du ja vie N° de RG:
05/06724
123
L’a ti le ali a ue « toute pe so e a le d oit au espe t de sa vie p iv e ».
124
Olivier JEREZ : « le secret Bancaire au Maroc».paris septembre 2000, p : 89.
Page 53
***********La faute bancaire **********

différentes textes de lois. C‟est ainsi que s‟avère primordiale la


détermination des informations couvertes par le secret bancaire.

Le secret ne porterait que sur des obligations confidentielles, c'est-à-dire


l‟ensemble des faits que le client ait confiés à son banquier ou dont ce
dernier a la connaissance à l‟occasion de son activité professionnelle.125
Selon la jurisprudence, les informations couvertes par le secret sont celles
qui comportent un degré de précision important, par opposition aux
informations dites générales.126

Ainsi quant aux personnes qui sont tenues au secret bancaire : toutes les
personnes, même à titre quelconque qui participent à l‟administration, à la
direction ou à la gestion d‟un établissement de crédit, ou qui sont
employées de cet établissement, les membres du conseil national du crédit
et de l‟épargne, du comité des établissements de crédit, de la commission de
coordination des organes de supervision du secteur financier et même les
personnes chargées exceptionnellement, de travaux se rapportant au
contrôle des établissements. A cela, s‟ajoute, toute personne appelée à titre
quelconque, à connaître ou à exploiter des informations se rapportant à ces
établissements. Incontestablement, le secret protège le client. Mais il se
trouve que la notion de client est difficile à définir. Couvrant non seulement
le client au sens strict en plus de toute personne faisant « partie du cercle
des ayants droit aux informations couvertes par le secret ».127

Pourtant , le banquier peut dans une certaine mesure déroger à l‟obligation


de confidentialité selon les cas expressément prévus par la loi : Dans ce
cadre, nous trouvons des dérogations pour des raisons de police bancaire 128,

125
Olivier JEREZ : « le secret Bancaire au Maroc».paris septembre 2000 ; p 102.
126
Une jurisprudence Française en date de 2007, clarifie que ne sont pas couvertes par la confidentialité
des i fo atio s d’o d e g al et o o i ue su la solva ilit d’u de ses lie ts do es pa u
banquier à un tiers dans le cadre de renseignements commerciaux.
127
Dedier R.MARION « Droit commercial et bancaire Marocain »,éd AL madariss 3 éme éd 2003. P : 105.
128
l’a ti le de la loi -12 formant code bancaire.
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***********La faute bancaire **********

le secret professionnel ne saurait être opposé à Bank-Al-Maghrib et à


129
l‟autorité judiciaire agissant dans le cadre d‟une procédure pénale, le
droit de communication de l‟administration fiscale , la limite étanche au
secret bancaire pour des raisons de lutte contre le financement du terrorisme
ou de blanchiment de capitaux,130 outre la limite contenant dans la loi 02-03
relative à l‟entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc et
l‟émigration et l‟immigration irrégulières. Enfin, dans le cadre de la
coopération internationale, il arrive que le secret bancaire se décline au
profit d‟intérêts imminents de police bancaire.131

De ces dérogations, s‟ajoutent celles due pour des raisons procédurales et de


réalisation d‟opérations internes de la banque : Tel est le cas par exemple,
lorsqu‟une banque transmette des informations confidentielles à des
agences de notations pour les besoins de notations des produits financiers.
Voir aussi, en cas de procédure collective de concours, de multiples textes
permettent la communication d‟informations sur l‟entreprise concernée au
profit du tribunal de commerce ou du juge-commissaire.132

En dehors des dérogations légales, la question de la levée du secret bancaire


s‟est posée dans le cadre d‟un litige opposant le banquier à son client. Dans
ce cas de figure, la jurisprudence Française décida que le secret n‟est plus
applicable, la seule limite étant que la production des documents est
justifiée par la défense des intérêts de la banque.

En guise d‟illustration un arrêt de la cour de cassation française juge


que « Les juges du fond qui relèvent qu‟une banque a été seulement

129
l’auto it judi iai e agissa t da s le ad e d’u e p o du e p ale su o issio ogatoi e d’u juge
d’i st u tio ou i st u tio du p o u eu du Roi peut eleve le se et a ai e. Et selo la ju isp ude e
Française, le banquier ne peut informe so lie t d’u e telle de a de
130
Les dispositions de la loi 03-03 d relative à la lutte contre le terroriseme.
131
par exemple, du dahir n°1-00- du av il po ta t pu li atio de l’a o d o lu à Pa is le
Mai 200 entre le Maroc et la France, relatif à la coopération en matière de sécurité.
132
Mohamed Azzedine BERRADA « le casse-tête des erreurs bancaire sur les intérêts et les commissions
au Maroc », édition Secea, Casablanca, 2012. P : 153.
Page 55
***********La faute bancaire **********

chargée par un client de recueillir des renseignements exprès d‟un autre


banquier sur le tiré d‟une lettre de change, qu‟il ne lui a pas été demandé de
procéder elle-même à des recherches ou des vérifications sur la solvabilité
de ce tiré et qu‟elle a exécuté avec exactitude la mission reçue, peuvent
considérer qu‟elle n‟a commis aucune faute en transmettant des
informations erronées. Alors S‟il appartient à une banque qui s‟estime liée
par le secret bancaire de refuser de fournir des renseignements sur un client,
cette obligation de discrétion ne l‟autorise pas à fournir des renseignements
inexacts. Et l‟imprudence qu‟a pu commettre le demandeur de
renseignements sur la solvabilité d‟un tiré d‟une lettre de change en ne
vérifiant pas le registre des protêts ne peut, à elle seule, exonérer de sa
propre responsabilité le banquier qui a fourni des renseignements
erronés ».133
Et dans un autre arrêt elle a considéré que « Est exempt de contradiction
l‟arrêt qui retient d‟une part qu‟en raison du secret professionnel les
banquiers ne sauraient sans risquer d‟engager leur responsabilité fournir à
des tiers des renseignements d‟ordre confidentiel sur leurs clients ou portant
atteinte au secret des affaires et d‟autre part qu‟en raison de leur rôle
économique de distributeur de crédit et de la foi qui s‟attache à leurs
affirmations, ils sont également tenus envers les tiers à un certain devoir de
renseignement dont la méconnaissance est susceptible d‟engager leur
responsabilité quasi délictuelle. Dès lors, une Cour d‟appel qui considère
qu‟une banque n‟avait pas assorti les termes d‟une lettre écrite à une
personne entrée en relation d‟affaires avec un de ses clients des nuances et
des réserves nécessaires et avait, de la sorte créé une apparence de crédit, a
pu en déduire que la banque avait commis une faute ayant concouru au
préjudice causé par le rejet postérieur d‟une lettre de change mise en

133
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 9 janvier 1978 N° de pourvoi: 76-
13107
Page 56
***********La faute bancaire **********

recouvrement ».134
A l'occasion d'une affaire du genre, le tribunal de commerce de Casablanca
avait tranché par retenir la responsabilité de la banque qui a refusé de
déléguer des renseignements sur l'identité du tireur du chèque à son
bénéficiaire qui n'a pas obtenu paiement dudit chèque. Le tribunal a
considéré que :
« .. . La délivrance des informations sur l'identité du tireur du chèque à son
bénéficiaire ne constitue pas un préjudice à ce premier, dire le contraire de
cette vérité ne permet pas de dépasser le phénomène des chèques impayés.
Attendu que la responsabilité de la défenderesse est établie dans cette
affaire, considérant que les banques doivent disposer de la confiance de ses
clients, et veiller pertinemment à ne pas tripoter leurs fonds ou les moyens
de leur recouvrement. Attendu que le fait de ne pas transmettre ces
renseignements à son demandeur lui a engendré une perte d'occasion de
recouvrer la valeur du chèque, chose qui rend la défenderesse responsable
des dommages qu'il a atteint ».135

134
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 9 juin 1980 N° de pourvoi: 78-15100
135
Jugement du tribunal de commerce de Tanger no 638 du 28/05/2009, dossier no 86/31/2008
Page 57
***********La faute bancaire **********

Deuxième Partie : Etude jurisprudentiel de la mise en


cause de la responsabilité civile du banquier au Maroc

Le contrat librement formé, entre le banquier et son client, tient lieu de loi.
De ce fait, la base de la détermination de la faute contractuelle part du texte
même du contrat signé par les parties. L'inexécution fautive, partielle, totale
voir défectueuse, de l‟obligation principale d'un contrat est constitutive
d'une faute. Cela peut engendrer des dommages intérêts compensatoires ou
en cas de retard, des dommages intérêts moratoires. Lorsque la faute est liée
à une obligation de résultat non atteint, dont le banquier s'engage
contractuellement sur un résultat promis, le client peut obtenir réparation
par la simple preuve de l'inexécution de l'obligation.
Le contrat recèle également des obligations de moyens, appelé aussi
obligations accessoires, envers le client profane. En cas d'obligation de
moyens, le comportement fautif peut parvenir du banquier qui doit, en tant
que professionnel, attirer l'attention du client, dans le cadre de ses devoirs
d‟information et de conseil, sur les conditions particulières d'utilisation des
produits bancaires. Dans ce cas, le client doit prouver que le banquier n'a
pas agi au mieux. Pour ce genre d‟obligation de moyens, dont le résultat ne
peut être garanti, la victime doit prouver une diligence insuffisante eu égard
aux usages de la profession du banquier.
Ainsi , Le banquier a pour principales missions la collecte de l‟épargne,
l‟octroi de crédit ainsi que le paiement et l‟encaissement. A Chacune de ses
opérations correspond une responsabilité spécifique.
Dans les développements qui suivent, il ne s‟agira nullement d‟étudier en
détail chaque opération de banque, mais plutôt en une étude jurisprudentiel
afin de rechercher les fondements de la responsabilité et la sanction
(Chapitre 2) et le régime de la preuve qui en découlent (Chapitre 1).
Page 58
*********La faute bancaire*********

Chapitre 1 : les modalités de preuve de la responsabilisation du banquier


fautif

La spécificité de la faute bancaire implique bien évident une étude des


modalités de sa preuve, afin de discerner à qui incombe le fardeau de la preuve
en la matière (Section 1), et les moyens admise par le juge de fond en la
matière (Section 2).

Section 1 : la charge de la preuve

Il faut partir du principe légal, c‟est-à-dire qui prévoit un dommage le


prouve (Paragraphe 1), pour étudier par la suite la preuve de la décharge
(Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : le principe légal : qui prévoit un dommage le prouve

Le principe en matière de preuve est que la victime est tenu de prouvé la faute
qui lui a fait subir un préjudice (1) , ce principe se trouve atténué par une
préemption (2).

1- Principe : La faute prouvée


De ce fait, l'inexécution fautive, partielle, totale voir défectueuse, de
l‟obligation contractuelle incombant au banquier est constitutive d'une faute.
Cela peut engendrer des dommages intérêts compensatoires ou en cas de
retard, des dommages intérêts moratoires136. Lorsque la faute est liée à une
obligation de résultat non atteint, le client peut obtenir réparation par la simple
preuve de l'inexécution de l'obligation. Pourtant, en cas d'obligation de
moyens, le comportement fautif peut parvenir du banquier qui doit, en tant que
professionnel, attirer l'attention du client, dans le cadre de ses devoirs

136
Mohamed SABRI « les fautes bancaires : la base de la responsabilité du banquier de la non-conformité du
dit ave l’i t t du lie t » e ditio , A ajah Aljadida, .p .
Page 59
*********La faute bancaire*********

d‟information et de conseil, sur les conditions particulières d'utilisation des


produits bancaires. 137
Pour ce genre d‟obligation de moyens, dont le résultat ne peut être garanti, la
victime doit prouver une diligence insuffisante eu égard aux usages de la
profession du banquier.
Ainsi, la responsabilité du fait personnel est fondée sur la faute prouvée de
l‟auteur du dommage. On a longtemps considéré que la responsabilité du fait
d‟autrui est fondée toujours sur une présomption de faute. Cette conception
était celle des premiers commentateurs du code Napoléon. Elle pourrait être
transposée en droit marocain parce que sur ce point le DOC reproduit
défilement les dispositions du code civil français.138
Que signifie la présomption de faute ? La réponse à cette question se trouve
dans l‟article 449 du DOC qui dispose que : « les présomptions sont des
indices au moyen desquels la loi ou le juge établit l‟existence de certains faits
inconnus ». L‟existence d‟un fait ou d‟un acte juridique peut parfois être trop
difficile à établir. Dans certains cas, la loi dispense de la preuve directe et
déduit la vérité de certains indices connus.
D‟une application extrêmement fréquente, la responsabilité des « maîtres et
commettants »139. L‟expression légale vise essentiellement les employeurs,
même si elle dépasse cette catégorie de personnes, à laquelle nous nous en
tiendrons. Leur responsabilité présente une caractéristique essentielle quant à
ses effets : c‟est une présomption de responsabilité. Il résulte en effet de
l‟article 81, alinéa 1 que cette responsabilité à lieu à moins que ces
commettants ne prouvent qu‟ils n‟ont pu empêcher le fait qui donne lieu à
cette responsabilité.

137
Dans ce cas, le client doit prouver que le banquier n'a pas agi au mieux
138
Andre Buthurieux : « Responsabilité du banquier, Edition litec , paris 1999. P 31.
139
L’a ti le du ode des o ligatio s et des o t ats
Page 60
*********La faute bancaire*********

En règle générale, il n‟y pas de responsabilité générale du fait d‟autrui, mais


seulement des cas particuliers limitativement prévus par le législateur et qui
doivent faire l‟objet d‟une interprétation restrictive.140
En effet, ce régime de responsabilité est fondé sur le risque est une
responsabilité objective. Elle n‟implique aucun jugement de valeur sur les
actes du responsable.141
Cette théorie des risques veut que celui qui tire profit de l‟activité d‟une
personne, doive en assumer les risques, même s‟il n‟a aucune faute à se
reprocher.
Ce texte fait peser sur le commettant une présomption de responsabilité
(responsabilité de plein droit). Le commettant assume toutes les conséquences
liées à l‟article du préposé; il est responsable même s‟il n‟a pas commis de
faute en raison du fait dommageable commis par son préposé et ne peut s‟en
dégager en apportant la preuve contraire qu‟il n‟a pas pu empêcher la
réalisation du dommage.142
Les banques étant toujours des personnes morales, leur responsabilité est
engagé par leurs représentants et préposés et ce vertu de l‟article 81 2 eme
alinéa du DOC, comme il a été précédemment mentionné, pour les dommages
causés par ces derniers dans les fonctions auxquelles ils sont employés, la
responsabilité de la banque suppose que l‟employé c‟est-à-dire le banquier
étant coupable de détournement ou de négligence ait agi en qualité de préposé
de la banque et dans l‟exercice de ses fonctions.

140
M’ha ed KETTANI « la a ue au Ma o », op atio s a ai es ou a tes et sp ialis es, o eptio
et impression Phedirrint, 1 ed 2001.
141
Elle fait supporter aux inpidus, par exemple aux employeurs qui créent des risques graves pour autrui en
aiso des a tivit s u’ils p ati ue t.
142
Il suppo te e uel ue so te le is ue d’avoi al hoisi le p pos u’il a e au h et, de e fait
garantira les réparations de la victime.
Page 61
*********La faute bancaire*********

2- Exception : la présomption de la faute


Ainsi, l‟établissement bancaire doit répondre des fautes commises par les
personnes qu‟il emploi à son service, sans qu‟il soit nécessaire de rapporter la
preuve d‟une faute à sa charge. Reste à préciser que la mise en jeu de la
responsabilité du commettant suppose que soit préalablement établie la faute
du préposé.143 Le préposé doit avoir agi dans l‟exercice de ses fonctions et être
soumis au commettant par un rapport d‟autorité. A défaut, la responsabilité de
ce dernier n‟est pas engagée.
Il ne suffit pas que la victime d‟un dommage ait prouvé l‟existence d‟un lien
de préposition entre le préposé et son commettant, ainsi que l‟existence d‟une
faute du premier. Elle doit en outre établir un rapport entre les fonctions du
préposé et sa faute.144
Ainsi, l‟acte doit être commis dans le cadre des fonctions qui sont assignées au
banquier. Un lien de connexité ou de causalité est nécessaire. Pour la
jurisprudence française, la connexité peut être établie sur la base de critère
objectifs à savoir : le temps, le lieu, les moyens et enfin le but et l‟intérêt de la
commission.145
Ainsi, à titre d‟illustration un arrêt de la cour d‟appel de cassation française
juge a inversé la charge de la preuve « la cour d‟appel qui pour débouter le
titulaire d‟un compte bancaire de sa demande en remboursement du montant
d‟un chèque volé qui avait été payé par la banque bien que revêtu d‟une fausse
signature, retient qu‟il appartenait au titulaire du compte d‟établir les
conditions de surveillance et de conservation de son chéquier et les
circonstances exactes de sa disparition et qu‟à défaut par lui d‟apporter la

143
Khalid LYA)ID « la espo sa ilit du a uie au MAROC » oi e pou le diplô e d’Etudes sup ieu e
en sciences juridiques univeristé Mohamed V , année universitaire 1981-1982. P : 53.
144
L’a ti le ali a disposant que « les maîtres et les commettants répondent des dommages causés par
leurs domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés ».
145
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 12 décembre 2002 N° de pourvoi: 87-
12235
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moindre précision à cet égard, il ne prouvait pas qu‟il n‟avait pas commis la
faute ayant consisté dans le défaut de surveillance de ses chéquiers, que lui
imputait le banquier pour s‟exonérer de sa responsabilité contractuelle » .146
-la preuve, par celui qui l'invoque de la violation du contrat : le client doit
établir que la banque a commis une faute dans l'exécution de ses obligations et
a ainsi mal accompli l'une des différentes opérations bancaires qui le lient
contractuellement à son client. -1 'existence d'un lien de causalité entre la faute
contractuelle et le dommage.
Le tribunal de commerce de Casablanca, à l'occasion d'un différend entre un
client et une banque, a décidé de retenir la responsabilité du banquier qui n'a
pas honoré son engagement sans motif acceptable, alors que son client a
exécuté sa part de l'obligation. Dans l'affaire, le tribunal a motivé sa décision
comme : « Attendu qu 'il est établi que le demandeur a exécuté sa part des
engagements, il a souscrit le contrat d'assurance et a inscrit l'hypothèque,
alors que la banque n'a pas confié le montant du crédit au client, chose qui
fait que la faute de la banque est établie et engage se responsabilité,
puisqu'elle a consenti le crédit ….Attendu que devant la responsabilité de la
banque sur le défaut de remise du montant de crédit, elle endosse une autre
faute résultante du fait de ne pas lever la main sur l'hypothèque, pour que le
demandeur puisse chercher d'autres sources de financement, ce qui engage sa
responsabilité sur cette faute aussi ».147 La jurisprudence au Maroc semble
faire largement application à cette philosophie. Les juridictions tiennent les
banques responsables des dommages chaque fois qu'il y a preuve de leurs
fautes. Les illustrations ne manquent pas , par exemple , le tribunal de
commerce de Casablanca a déclaré la banque responsable du fait de refuser à
tort de payer la valeur d'un chèque pour motif d'insuffisance de provision,
146
Cour de cassation chambre commerciale Audience publique du 13 décembre 1988 N° de pourvoi: 87-
12661
147
Jugement de tribunal de commerce de Casablanca n° 10823 du 04/10/2006 dossier n° 5590/17/2004.
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*********La faute bancaire*********

alors que compte était amplement débiteur d'un montant dépassant la valeur
dudit chèque. La motivation du tribunal était irréfragable : «attendu qu'il est
avéré, de ce qui précède, que la faute de la banque, consistant dans le fait de
remettre le chèque portant le montant de ...Dhs impayé, pour insuffisance de
provision, est établie ; alors que son solde était débiteur d'un montant de
…. ». Attendu que la faute indiquée en haut est une faute bancaire émanant
du défendeur et engageant sa responsabilité ; et partant elle implique devoir
de réparation du préjudice éprouvé par le client . . . ».148. Étant donné qu'il est
très difficile de retenir la responsabilité du banquier fondée sur un délit
exercé volontairement à l'encontre de son client, le plus souvent pour défaut
de preuve c'est sa faute absorbée qui est le plus souvent recherchée. Sa
preuve et son appréciation ne revêt pas la même difficulté. Pour en
témoigner, le tribunal commercial de Rabat a retenu la banque responsable
du montant soustrait du compte du client sans ordre de sa part. Il lui a chargé
en plus de dédommager le client, du fait que sa responsabilité est établie sur
sa privation du bénéfice de ses fonds sans aucune voie de droit »149

Paragraphe 2 : la preuve de la décharge

Le banquier peut se trouvé à l‟abri de toute responsabilité soit s‟il a bien


respecté ses obligation et il a arrivé à prouver qu‟il agit en toute vigilance
(1), ou bien lorsqu‟il a prévu aux contrats des clauses exonératoires, ces
derniers qui peuvent résulter des fois de la nature du service rendu (2).

148
Jugement du tribunal de commerce de Casablanca n° 9922 du 17/10/2005, dossier no 10405/5 Inédit.
Traduction officieuse.
149
Jugement du tribunal de commerce de Casablanca n° 2319 du 17/07/2008, dossier no 1202/15/2008
Inédit.
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1- Banquier agissant en bon père de famille


Le banquier est tenu d‟une obligation générale de vigilance dont il doit
s‟acquitter afin d‟éviter que sa responsabilité peut être engagée, et en plus tant
qu‟il est professionnel technicien en sa matière, le banquier doit prouver qu‟il
a accomplie sa mission en bon et de termes, agissant en bon père de famille
pour ne pas être qualifié de négligeant. En outre, le banquier se trouve aussi
irresponsable lorsqu‟il prouve qu‟il procédé aux formalités et exigences dont il
est tenu et que l‟erreur commise lors d‟une opération ou d‟une transaction
bancaire est due notamment à une faute de son client.150

Les illustrations jurisprudentielles à ce niveau ne manque pas, ainsi, un arrêt


de la cour d‟appel commercial de de FES considère que la banque est tenu des
vérifications nécessaires lors de l‟encaissement et du paiement d‟un effet en
banque , surtout la véracité de la signature , sous peine d‟engagement de sa
responsabilité à ce titre en raison du préjudice qui pourra en résulté..151

De même, puisque le contrat fait la loi des parties, le banquier peut prévoir de
telles clauses. Cependant, dans ces clauses, il n'est pas toujours facile de
distinguer les dispositions qui suppriment une obligation de celles qui portent
seulement exonération de responsabilité en cas d'inexécution. Dans les deux
cas, l'efficacité est subordonnée à la connaissance de la stipulation par le client
et à son acceptation, au moins tacite.152

Les clauses qui aménagent une répartition des risques entre le banquier et son
client sont souvent stipulées à l'occasion des contrats de la mise à disposition

150
Mohammed Drissi Alami : Droit et pratique Bancaires : Rapport de synthèse. Revue Marocaine de Droit et
d’ o o ie du d veloppe e t. N° . .
151
A t de la ou d’appel de FES ° du / / dossie ° / .
152
Mohamed Wargui "Les réformes financières au Maroc : séquences et agendas" Économies du Maghreb,
2009.
Page 65
*********La faute bancaire*********

153
des moyens de paiement ; il est dégagé de la responsabilité pour les
opérations faites après l'opposition sur lesdites opérations.

Dès lors, la détermination de la date de l'opposition s'avère être importante


pour l'appréciation des responsabilités respectives du banquier et du client.
Néanmoins, la responsabilité de ce dernier pour les opérations antérieures à
l'opposition pour perte ou vol du chéquier ou de la carte bancaire est
légalement plafonnée

En témoignage de cette position, la cour d'appel commerciale de Casablanca


avait retenu la responsabilité de la banque qui n'a pas pris en considération la
déclaration de perte de la carte guichet formulée par son client ni son
opposition sur toute opération exercée par ladite carte survenue après cette
opposition. La cour suprême est allée dans le même sens en confirmant l'arrêt
de la cour d'appel, en précisant que « la banque demanderesse n'a pas établi la
preuve qu'elle a signalé à ses agences, comme aux autres banques membres
du régime 'visa' de bloquer l'utilisation de la carte perdu, (. . . ) »154.

2- Autres cas d‟exonération de responsabilité


Quant aux clauses d'exonération de responsabilité, elles n'ont qu'une portée
relative, puisqu'elles n'ont pas pour effet juridique d'effacer la responsabilité
du banquier lorsque sa faute est lourde, selon la stipulation expresse de
l'article 232 du D.O.C.155

En outre, le banquier peut être désengagé aussi on avançant plusieurs


exceptions qui concernent divers opérations effectuées par lui :

153
En cas de carte bancaire et chéquier par exemple selon ces clauses, le client porteur de la carte ou du
chéquier est responsable des opérations effectuées avant l'opposition, même en l'absence de toute faute de
sa part
154
Arrêt de la cour suprême no 439 du 22/03/2000, dossier commercial no 819/1999. Publié dans la revue
o
Jurisprudence de la cour suprême, n 56, PP. 297 et s. Traduction officieuse.
155
La responsabilité née des fautes légères peut être supprimée, mais en cas de fautes lourdes, la clause
d'exonération n'a pour seul effet que de renverser la charge de la preuve
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 Conflits à l'occasion de l'escompte des effets de commerce :


La question peut se poser à l'occasion de l'opposition du tireur sur le paiement
du chèque pour des raisons juridiques, comme sa perte ou son vol, ou pour des
raisons non juridiques, comme la non-exécution de son cocontractant de son
obligation réciproque objet du paiement par ce chèque. Le banquier, dans le
cas d'espèce, doit se plier à l'opposition et ne pas exécuter le paiement, à
défaut pour lui d'engager sa responsabilité, même si cette opposition est basée
sur des causes non juridiques ; car c'est le tireur qui engage sa responsabilité,
et le bénéficiaire se voit ouvrir le droit de s‟adresser au juge des référés pour la
levée de l'opposition.156

La responsabilité du banquier à l'occasion de l'escompte des effets de


commerce peut être retenue également pour cause de manquement de la
banque aux procédures légales poursuivies habituellement. Comme par
exemple, le fait de garder des lettres de change, délivrées à elle pour fin
d'escompte, et ne pas les transmettre aux clients en cas de refus de paiement.
Cette position est partagée par la jurisprudence qui estime que : « la banque
appelante devais rendre les deux lettres de change impayées au bénéficiaire
dans le juste temps pour qu'il puisse entreprendre les mesures nécessaires
contre le tireur ou avaliseur, et puisqu‟il a préféré garder la traite chez lui, il
n‟a point satisfait son obligation…. ».157

 Arrêt unilatéral de facilitées de caisse :


En règle générale, il est indispensable que l'accord de crédit fasse l'objet d'un
contrat entre le banquier et son client ; mais il y a des cas où ce contrat n'est
pas matérialisé ; pourtant, le banquier autorise que le compte de son client soit
débiteur. C'est ce qu'on appelle « découvert autorisé » ou facilitées de caisse ».

156
. ‫ص‬ ‫ط اأ ل‬,‫ الرب ط‬, ‫ مكتب الت م‬, ‫ الش‬, ‫ السند أمر‬, ‫ الكمب ل‬: ‫ل س م ن لبعب د " اأ راق التج ر ف التشر ع المغرب‬
157
A t de la ou d’appel o e iale de FES du / / dossie / .
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À moins qu'il y ait une convention entre le client et son banquier fixant le
plafond de facilitées accordées, les pratiques, bancaire comme celle judiciaire,
restent laconiques sur ce point, particulièrement lorsque le montant accordé est
clairement affiché ; et partant, la responsabilité du banquier sur les dommages
subis par le client est engagée chaque fois qu‟il arrête unilatéralement ces
facilités.158

La jurisprudence est allée dans le même sens. Le tribunal de commerce de


Casablanca a déclaré la banque responsable de l'arrêt de facilitées
précédemment accordées, elle a motivé sa position par : « Attendu que
l'expertise a indiqué que la banque a refusé l'escompte des effets de commerce
au moment où le solde était suffisant pour les honorer. Attendu que le déficit
prétendu par la banque au compte du demandeur n'est apparu qu'au début de
2004, c'est-à-dire directement après son refus de lui accorder la garantie de
l'admission temporaire. Attendu que le demandeur ne s'identifie pas comme
étant dans l'un des cas indiqués dans l'article 63 de la loi bancaire, et que l'arrêt
d'ouverture de crédit soudainement ou le refus de délivrer l'admission
temporaire cause ay demandeur un grand préjudice, ne lui permettant pas
d'honorer ses engagements à temps. Attendu, cela étant, que les trois éléments
sine qua non pour retenir la responsabilité de la banque sont réunis».159

Dans une affaire similaire, le tribunal de commerce de Casablanca est sorti du


même verdict. Il a avait trouvé que le compte du client, dans son côté
créditeur, marque des montées et des descentes, ce qui implique que le client

158
Abdelhamid EL BOUHADI « Introduction à la technique bancaire »,impression top presse Rabat , éd
décembre 2007. P : 153.
159
Jugement du tribunal de commerce de Casablanca n° 10633 du 2/10/2006 dossier n° 6274/17/2004.
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payait ses dettes et n'était point en situation de cessation de paiement qu'après


le refus de la banque de décaisser la valeur des chèques tirés sur lui ».160

La juridiction du second degré partage cet avis. Elle a admis dans un arrêt du
genre que : « la continuité des transactions entre la banque et son client, après
l'arrêt du compte, et le bénéfice de ce client du tableau d'utilisation, et le
virement du montant résultant du crédit de consolidation au débit du compte
courant, est considérée comme renouvellement du compte, même à défaut de
contrat expresse ; et partant, il n y a lieu de demander le créancier en justice
que dans le cadre des actions relatives à la nouvelle obligation, dont il y a
aucun élément de preuve de sa méconnaissance par l'appelant. Dès lors, la
décision attaquée par cet appel, jugeant d'une autre manière, n'est pas bien
fondée et il échet de la déclarer rejetée».161

De même, la cour suprême a confirmé cette position lorsqu'il s'est prononcé


comme suit : « quand la banque a refusé le paiement d'un nombre de chèques
dont le montant a dépassé un million de Dhs, il n'a fait que prendre garde
contre l'éventualité d'insolvabilité du client, particulièrement avec un solde
créditeur de . . . Dhs au moment où l'appelante a tiré les chèques impayés.
Cette motivation a montré sa justesse, et il a laissé entendre que la
défenderesse n'a pas arrêté les facilitées de caisse en dessous du plafond
convenu, mais s'est abstenu de payer les montants dépassant ce plafond. Dès
lors, la banque n'est pas obligée de mettre en garde le client, puisque son
agissement était dans le cadre de ce qui est contractuellement convenu, ce qui
rend l'exception avancée non fondée ».162

160
Jugement du tribunal de commerce de Casablanca no 7969 du 02/07/2002, dossier no 5201/98. Publié
dans le guide intégral des opérations et documents des banques, Op. Cit PP. 26 et s.
161
Arrêt de la cour d'appel commerciale de Fès no 615 du 24/05/2001, dossier no 878/2000. Publié dans la
magazine Al monadara, no 8, juin 2003, P. 198
162
Arrêt de la cour suprême no 1194 du 23/11/2005, dossier commercial no 442/3/1/2004. inédit officieuse
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Section 2 : les moyens de preuve admise par la juge de fond

Partant à ce titre des règles générales de la preuve en droit commun u


(Paragraphe 1) ; afin de se borner par la suite sur les dispositions spécifiques
en matière bancaire (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : les règles légales de la preuve

Afin d‟étudier les règles générales de preuve, il fallait mettre l‟accent sur le
principe de la preuve en droit commercial notamment les dispositions de
l‟article 334 du c.com (1), avant de s‟étaller sur la spécificité des régles de
preuve en matière bancaire (2).

1- L‟article 224 du code de commerce marocain

Le banquier et son client entrent dans une relation contractuelle dès


l‟ouverture du compte. Le contrat impose des obligations réciproques à l‟égard
de toutes les parties.

La responsabilité civile du banquier ne peut être engagée qu‟en cas de non-


respect de ses engagements contractuels à l‟égard de son client. Le non-
respect des engagements contractuels peut découler d‟une mauvaise exécution,
d‟une exécution partielle ou tardive par le débiteur de l‟obligation
contractuelle.163
Lorsque le banquier est débiteur d‟une obligation contractuelle à l‟égard de
son client et ne l‟exécute pas dans les règles de l‟art, sa responsabilité
contractuelle est susceptible d‟être engagée, car toute obligation de faire ou de

163
Il s’agi a de la auvaise e utio d’u e op atio de a ue, ou d’u e e utio ta dive ui ’est pas
sa s o s ue e su les affai es du lie t do eu d’o d e.
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*********La faute bancaire*********

ne pas faire se résout en dommages et intérêts en cas d‟inexécution de la part


du débiteur.164

Les codes Marocains ne formulent aucune règle générale de la charge de


preuve. Le droit positif repose donc, soit sur certains textes fragmentaires, soit
sur certains principes généraux du droit dégagés par la doctrine et sanctionnés
par la jurisprudence si elle existe.

Ainsi, le code de commerce Marocain adopte, dans le domaine commercial, le


principe de liberté de preuve. L‟article 224 de cette loi précise : « En matière
commerciale la preuve est libre. Toutefois, elle doit être rapportée par écrit
quand la loi ou la convention l‟exigent ». Aussi, l'article 399 du Code
marocain des Obligations et Contrats stipule que « la preuve de l'obligation
doit être faite par celui qui s'en prévaut » Réciproquement, « celui qui affirme
qu'elle est éteinte ou qu'elle ne lui est pas opposable doit le prouver. »165

La preuve peut faire l‟objet soit d‟un fait ou d‟un acte juridique :

 Le fait juridique, s'analyse comme tout événement ou toute activité


d'une personne physique ou morale qui produit des effets juridiques
sans que les intéressés les aient volontairement recherchés.
 Les actes juridiques, eux sont les manifestations de volonté qui tendent
à produire des effets de droit.
La preuve peut être aussi subdivisée en deux sortes, qui sont la preuve parfaite
et la preuve imparfaite. La preuve parfaite est représentée par les écrits ou les
preuves littérales telles que les actes authentiques ou les actes privés, comme
les actes sous seing privé, 166ou les écrits spéciaux.

164
Dedier R.MARION « Droit commercial et bancaire Marocain »,éd AL madariss 3 éme éd 2003. P :15.
165
Art.400 du D.O.C
166
Ils tirent toute leur valeur de la signature des parties intéressées dont ils sont revêtus
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*********La faute bancaire*********

Certaines déclarations peuvent aussi faire l‟objet de preuve parfaite. En ce qui


concerne la preuve imparfaite elle peut être une déclaration faite par une
personne sur des faits ou un serment supplétoire.

2- Les règles de preuve en matière bancaire


Par ailleurs, il est nécessaire de signaler que le droit en matière financière
révèle, aujourd‟hui, une tendance de la volonté de protéger une des parties
quand l'autre est un professionnel. Mais, en cas de litige et en l‟absence,
jusqu‟à nos jours, d‟une loi protégeant le consommateur marocain, ce dernier
aura toujours la charge de preuve.167

Pourtant , en matière bancaire et malgré qu‟en est en présence d‟un sphère


d‟argent purement commercial , la preuve reste conditionnée et cela du
notamment à la spécificité de la matière qui implique que les transactions et
les opérations bancaires doivent être établies et prouvés par écrits afin de
laisser une trace qui facilite la circulation bancaire et l‟échange financier d‟une
manière générale.

A ce titre, la jurisprudence marocaine était sage de argumenté sa position dans


plusieurs jugements « pour prouver une transaction de dépôt de fonds effectué
par le client , le recours au „‟bon de caisse „‟ justifiant cette opération est
nécessaire , et il fait foi, et le non enregistrement du montant objet de la
transactions dans le solde du compte de ce client constitue une faute justifie la
réparation équivalent au montant des intérêts légales depuis la date de dépôt
des fonds jusqu‟au jours de l‟exécution de ce jugement.. ».168

Dans le même ordre d‟idées le tribunal de commerce de OUAJDA confirme


que les documents issus de la banque tel que les bons de caisse et le document

167
‫ ص‬. ‫ الطبع اأ ل‬, E.N.J.U.D.A.E ," ‫المست‬ ‫ض ء ال ن ن المتع ق بتداب ر حم‬ ‫ ع‬: ‫محمد جنكل '' المس ل المدن‬
.
168
Jugement du tribuna de commerce de FES n° 523/12 rendu le 12/09/2008.
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*********La faute bancaire*********

attestant l‟arrêt provisoire de compte sont des documents établis par la banque
elle-même, et que leur contenu fait foi jusqu‟à preuve de faux.. ».169

Enfin, il faut signaler qu‟en sphère de l‟informatisation des données dont le


domaine bancaire n‟a pas échappé, la preuve électronique est effectivement
admise en droit marocain, dans conditions bien précises et strictes afin que
l‟identité des personnes concernées et le contenu du document soient
garantis.170 En revanche, le simple échange de mails est insuffisant en soi et
doit être complété par d‟autres éléments afin d‟établir la réalité d‟un fait ou
d‟un acte.

Paragraphe 2 : le recours aux dispositions spécifiques

Les dispositions régissant la preuve de l‟activité bancaire révèlent une


spécificité de sorte que l‟exigence d‟un écrit constitue même une condition de
validité des actes accomplis dans ce cadre (1), parmi ces écrits il existe le
relevé de compte qui constitue le document bancaire qui sert en matière de
preuve par excellence (2).

1- L‟écrit : règle irréfragable en matière bancaire

La matière bancaire garde une spécificité au sein du monde des affaires, cette
particularité s‟apparente à différents niveaux .En fait, les modalités de la
preuve n‟échappe pas à ses aspects de particularité.

Comme on a signalé au début la preuve en matière commerciale est écrite , au


point que même la validité des opérations bancaires exigent l‟établissement
d‟un document écrit , qui justifie les ordres donnés par le client à son banquier

169
Jugement n° 523 rendu le 03/02/2005 dossier n° 02/4/243.
170
comnféremement aux dispositions de la loi 53- elative à l’ ha ge le t o i ue de do es
juridiques
Page 73
*********La faute bancaire*********

agissant autant que mandataire sur son compte ; à ce titre un jugement du


tribunal de commerce de MEKNES juge que l‟opération de virement de
compte à compte n‟est valable qu‟ne vertu d‟un ordre écrit donné par le client
, à défaut duquel la banque peut trouver sa responsabilité engagée à ce
titre.. »171

Les litiges entre citoyens et banques sont légion, ce qui est d‟ailleurs normal et
témoigne d‟une certaine vitalité de l‟économie nationale. Etant donné qu‟en
cas de conflit les avis des deux parties divergent, le législateur, dans sa grande
sagesse, a instauré des règles précises, afin de faciliter le traitement de ce
genre d‟affaires. Ainsi lors d‟un désaccord bancaire porté devant la justice, le
dahir du 2 juillet 5992, réglementant l‟activité des institutions bancaires
prévoit que le relevé de compte, issu des registres comptables de la banque fait
foi entre les parties, jusqu‟à preuve du contraire. C‟est le fameux article 522
dont l‟application a fait, et fait encore, couler beaucoup d‟encre. Cet article
précise, notamment, que ces relevés doivent respecter les mesures édictées par
la Banque du Maroc, entre autres la présence obligatoire de certaines
mentions comme le mode de calcul des intérêts, le taux d‟intérêt appliqué ou
encore la nature et le montant des taxes prélevées.172

Or les banques n‟appliquent que rarement ces dispositions, et ont tendance à


confondre «l‟extrait de compte» avec le «relevé de compte», le premier étant
moins précis que le second. Dès lors, les tribunaux se retrouvent bien
embarrassés lorsqu‟il s‟agit de statuer. Ils arrivent ainsi à prononcer des
jugements cocasses, pour ne pas dire plus.

En effet, les relevés de comptes sont une transcription réputée fidèle de toutes
les transactions faites sur le compte d‟une personne. Ils sont très précis et

171
Jugement n° 5536 rendu le 12/09/2006dossier n° 4/06/322.
172
Art. 1 et 2 de la circulaire n° 4/98 du wali de Bank Al Maghrib
Page 74
*********La faute bancaire*********

donnent des renseignements tels que le lieu de l‟achat, sa date ainsi que le
moyen de paiement utilisé, tous les retraits y apparaissent également. L‟envoi
de relevés de comptes bancaires, que ce soit par support papier ou électronique
est une obligation qui pèse sur le banquier. Ce dernier engage sa responsabilité
s‟il ne le communique pas à son client et que des anomalies apparaissent sur le
compte.

2- L‟appui du relevé de compte en matière de preuve


La tendance jurisprudentielle marocaine suit le même raisonnement exposé
dans le paragraphe précédent, juge que le relevé de compte est une preuve
irréfragable conformément aux dispositions de l‟article 490 du code de
commerce et l‟article 558 de la loi 522-50, à condition qu‟il soit détaillé et
rempli les conditions exigées par la circulaire n° 4/98 du BANK
ALMAGHRIB.173

Ainsi, les achats ou opérations bancaires apparaissant sur les relevés de


comptes sont présumées être fait par le titulaire du compte. Néanmoins, existe-
t-il une possibilité de contester un relevé de banque et par quel moyen ?

On considère que le client a toujours la faculté de contester le relevé de


banque et ce pour une raison simple: le relevé de banque n‟est en réalité
qu‟une preuve que la banque se constitue à elle-même ; Une preuve de sa
gestion des capitaux qui ont été remis entre ses mains contre rémunération.
C‟est pourquoi, c‟est à la banque de prouver, aussi bien l‟envoi du relevé de
banque que la véracité de son contenu, en cas de contestation. Néanmoins, on
ne saurait admettre que le client puisse contester un relevé bancaire pendant
une période indéterminée.174 La jurisprudence française a donc cherché un

173
Plusieurs jugements et arrêts sont rendu , en confirmant cette règle.
174
Si la jurisprudence française reconnait au consommateur le droit de contester son relevé de compte il est
dans son intérêt de se manifester le plus vite possible , dans le cas contraire il risque de voir son silence
interpréter comme une approbation du relevé.
Page 75
*********La faute bancaire*********

juste milieu entre la protection du client et le besoin légitime des banques


d‟être sûres que les relevés ne pourraient être contestés des années après leur
émission. Dans un premier temps, les juges ont considéré que le défaut de
protestation emportait renonciation à contester la légitimité du relevé
bancaire.175

Par un arrêt du 3 novembre 2004, la Haute juridiction a finalement considéré


que « l'absence de protestation du client dans le délai d'un mois de la réception
des relevés de compte n'emporte, selon la convention des parties, qu'une
présomption d'accord du client sur les opérations y figurant, laquelle ne prive
pas celui-ci de la faculté de rapporter, pendant la durée de prescription légale,
la preuve d'éléments propres à l'écarter. »176 Cette position a été confirmée par
la Cour de Cassation en 2005.177

Le client conserve donc, même après l‟expiration du délai de 5mois, ou tout


autre délai prévu par la convention conclue entre les parties, la faculté
d‟engager la responsabilité de la banque. De même, la 1re chambre civile de la
Cour de cassation a jugé abusive la clause selon laquelle, à l'expiration d'un
délai de trois mois à compter de l'édition du relevé de compte, les opérations
mentionnées sont considérées comme approuvées.178

Néanmoins, il convient de préciser que plus le client attend avant de contester


le relevé de compte, plus il encourt le risque que les tribunaux concluent à une
responsabilité partagée entre la banque et lui. Ce dernier ayant gardé le silence

175
Arrêt de la cour de cassation française ,com., 29 janv. 1985
176
Cass. com., 3 nov. 2004, no 01-16.238, Bull. civ. IV, no 187.
177
Cass. com., 22 nov. 2005, no 04-12.900, RTD com. 2006,
178
Cass. 1re civ., 8 janv. 2009, no 06-17.630, RTD com. 2009.
Page 76
*********La faute bancaire*********

; le juge pourra considérer que son silence est fautif, en fonction des
circonstances.179

Chapitre 2 : la sanction de la faute du banquier

L'intérêt de l'étude de la responsabilité civile du banquier, c'est qu'elle met en


jeu un grand principe, celui de la protection de la partie faible dans un
rapport juridique apparent de service public. En effet puisque , le banquier
dans ces rapports avec ses clients et avec tout son entourage , c‟est-à-dire mêle
avec un tiers reste limité et soumis à un certain nombre d‟obligations qui
trouvent leur source au sein d‟un devoir général de vigilance dont il est tenu ce
dernier , tout cela afin de garder l‟équilibre contractuelle , surtout qu‟en est en
présence d‟un professionnel blindé qualifié d‟ingénieur financier. Donc, il est
normal que la constatation toute inexécution d‟une obligation, omission,
négligence ou dol du banquier de l'un de ses engagements soit sanctionnée,
par l‟octroi d‟une réparation afin de compenser le préjudice qu‟a subi le client
à ce titre (Section 1). Cette réparation soumise au pouvoir d‟interprétation et
d‟appréciation du juge de fond se fait notamment à la lumière d‟un rapport
d‟expertise judiciaire dont il faut étudier les effets (Section 2).

Section1 : un véritable droit à réparation des fautes bancaires

La réparation des fautes bancaires restent soumises aux règles et modalités de


réparation prévues dans le code des obligations et des contrats, dont la
jurisprudence tend d‟aménager en tenant compte de particularité de la matiére
bancaire ( Paragraphe 1), ce qui laisse se demander à cause de ces tentatives
d‟adaptation de ces règles d‟ordre général aux circonstances de cause , sur le
degré de respect de ces dispositions du DOC (Paragraphe 2).

179
La Cour a récemment ajouté que le fait pour le client de recevoir des relevés de comptes contenant des
i fo atio s su le tau des ’i t ts p ati u s e as de solde d iteu et de e pas les o teste e po te
acceptation de ce taux .
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*********La faute bancaire*********

Paragraphe 1 : les modalités de réparation : position de la jurisprudence


marocaine

Il faut mettre l‟accent sur les règles de détermination des dommages-intérêts


(1) et celles liés à l‟appréciation de son montant (2).

1- La condamnation au paiement des dommages-intérêts :

Les dommages et intérêts ont pour objet de procurer l'équivalent au client


créancier du préjudice causé par le défaut d'exécution de l'obligation de la
banque. Il s'agit donc bien ici d'une sanction de l'inexécution du banquier
débiteur par équivalent. Cette sanction est à distinguer de la sanction en nature
qui correspond à l'exécution forcée de l'opération qui peut être jugée en
matière civile. L'obligation de réparation -stipulée explicitement sous forme
d'une sanction ne consiste donc pas en l'exécution de la prestation originale
par le banquier ; car, le plus souvent, elle n'a plus lieu ; mais à l'obtention
d'une compensation sous forme d'une somme d'argent due par lui.180

En application de ce principe, le tribunal de commerce de Tanger avait jugé


que : « la responsabilité du banquier à l'occasion de la perte des effets de
commerce déposés chez lui pour fin d'escompte, quoi qu'elle soit retenue, sa
portée doit être mesurée par rapport à l'amplitude de préjudice causé au client
». Le tribunal a motivé sa décision comme suit : « attendu que la lettre de
change objet de la demande atteint son échéance le 09/05/2005 selon les
documents du dossier, et que l'action en paiement à l'encontre de son tireur -le
second intervenant- n'est pas encore prescrite, et que le représentant légal de
ce dernier a comparu à l'audience d'enquête et a confirmé l'existence de la
créance de son entreprise, et a exprimé sa détermination de payer sa valeur ;
chose qui fait que le préjudice subi par le demandeur, suite à la faute du

180
les articles 77 et 78 du code des obligations et des contrats.
Page 78
*********La faute bancaire*********

banquier, n'atteint pas le degré d'astreindre ce dernier au paiement du montant


intégral de la lettre de change, puisque son paiement reste possible. échoit
seulement de limiter le montant des dommages intérêts que la banque doit
payer au demandeur au montant de.. ».181

Ainsi, la jurisprudence marocaine prévoit outre les dommages et intérêts


compensatrices du préjudice causé au client en raison soit de la perte de gain
ou de chance182 ou de retard d‟exécution, un droit à la restitution du montant
contenant dans un effet de commerce par exemple ou objet d‟une transaction
commerciale.183

A titre d‟illustration la cour de cassation a rendu un arrêt en jugeant que la


banque dépositaire ne peut décaissé des montants du compte dépôt de son
client que suite à une double signature , à défaut elle trouve sa responsabilité
contractuelle engagée , et elle tenu de restituer le montant objet de l‟opération
décaissement outre les dommages-intérêts compensatrice de sa faute
contractuelle.184

2- L'appréciation du montant des dommages et intérêts

Selon l'expression même de « dommages et intérêts » on comprend le principe


selon lequel le calcul de la somme d'argent due par le banquier est fait. En
effet, il faut compenser la perte subie par le client (damnum emergens) ; c'est-
à-dire le dommage subi, mais il faut aussi compenser le gain dont il a été privé

181
Jugement du tribunal de commerce de Tanger no 674 du 22/05/2008, dossier no 140/31/2006. Inédit
182
A t de la ou d’appel de FES ° du / / dossie ° / .
183
Jugement de tribunal de commerce de Oujda rendu le 07/10/2004 dossier n° 03/05/326
184
Arrêt de la cour de cassation marocaine n° 214 rendu le 11/2/2009 dossier commercial n°
1280/3/1/2007.
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(lucrum cesans), c'est-à-dire l'intérêt qu'il aurait pu tirer de l'exécution de


l'obligation du banquier.185

Ce principe de la réparation intégrale du préjudice est prévu les règles du


D.O.C qui stipule que « les dommages, dans le cas de délit ou de quasi-délit,
sont la perte effective éprouvée par le demandeur, les dépenses nécessaires
qu'il a dû ou devrait faire afin de réparer les suites de l'acte commis à son
préjudice, ainsi que les gains dont il est privés dans la mesure normale en
conséquence de cet acte ».186 Généralement, la jurisprudence fait une
application stricte à ce principe. Le montant des dommages intérêts qui sont
jugés dépendent largement du préjudice subi, à la seule condition qu'il soit
prouvé.

À titre d'illustration, le tribunal de commerce de Casablanca a écarté le


montant de dédommagement sollicité, et l'a fixé à un autre selon son intime
conviction, mais en prenant en considération tous les éléments entourant
l'affaire. Le tribunal a jugé que : « la demanderesse n'a pas justifié l'ampleur
des dommages qu'elle a subi du fait de l'altération de sa relation d'affaire avec
la société .elle est la seule bénéficiaire des chèques retournés impayés dont la
responsabilité de la banque reste établie. Chose qui fait que les dommages
intérêts dus au client ne dépasseront pas le cadre des difficultés éprouvées du
fait de l'obligation de paiement ultérieur des transactions qui surviendront, et
sa privation des facilitées qu'elle lui accordait. Attendu, cela étant, que le
tribunal ne peut estimer le montant de la réparation que dans le périmètre des
dommages prouvés, et dans la mesure normale en conséquence de
l'acte. Attendu qu'en application de son intime conviction, et prenant en
considération la valeur des chèques impayés et les autres préjudices (détaillés
185
. ‫ ط اأ ل‬,‫المح ك التج ر "مطبع أمبل الرب ط‬ ‫قرارا‬ ‫ف ض ء أحك‬ ‫'' المس ل المدن لأبن‬ ‫عبد الع ل العضرا‬
. ‫ص‬
186
L'article 98 du code des obligations et des contrats.
Page 80
*********La faute bancaire*********

dans la décision), le tribunal fixe les dommages intérêts en la somme de . .


.Dhs ».187

Paragraphe 2 : le degré de respect des dispositions du DOC en la matière

A ce titre, on va mettre l‟accent le principe consacré par le DOC à savoir ,


m‟auteur d‟un dommage le répare(1) , pour étudier par la suite la tendance
jurisprudentielle de répartition de responsabilité qui constitue une
concrétisation pratique de la régle général de droit (2).

1- Le banquier fautif tenu de la réparation

L'article 77 du D.O.C nous donne la nature de la sanction de l'inexécution en


disposant que « tout fait ... oblige son auteur à réparer ledit dommage... ». La
réparation se fait généralement par la condamnation au payement de
dommages et intérêts par les juridictions commerciales. L‟auteur de dommage
causé au client qui est la banque est tenu bien évident d‟une réparation selon
les modalités qu‟on a précisées précédemment, c‟est la règle qui règne sur le
plan pratique.188

La jurisprudence soit marocaine ou française tend à mettre à la charge du


banquier cette obligation de réparation tout seul, sauf dans des cas spécifiques
ou elle décide un partage de responsabilité et ce dans des circonstances bien
précise.

Ainsi, le principe de réparation intégrale dont il doit répondre le banquier tout


seul , sans prendre compte même de l‟attitude de la victime , qui peut être
fautive des fois- s‟explique notamment par le souci de la protection de la
partie faible dans le rapport , en tenant compte qu‟on est devant un
professionnel technicien qui maitrise bien les outils de son métier , et dont on
187
Jugement du tribunal de commerce de Casablanca no 5795 du 12/05/2009, dossier no 12600/17/2007,
188
Andre Buthurieux : « Responsabilité du banquier, Edition litec , paris 1999. P : 59.
Page 81
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attend un professionnalisme sans identique , ou la marge d‟erreur doit être trop


réduite voir nihiliste. Certes, cette règle reste plus moins relative parce qu‟il
faut bien prendre en considération la nature de la victime, son niveau
intellectuel, scolaire, professionnel…, car tous ces critères peuvent être justifié
un partage de responsabilité voir même une décharge, si on est par exemple
devant une victime avertie et négligente, contrairement si c‟est on est en
présence d‟une victime profane qui nécessite une forte protection.

Après avoir examiné le principe selon lequel la faute du banquier qui


n'exécute pas ou exécute en retard son obligation conduit au paiement de
dommages et intérêts couvrant la perte et le manque de gain subis par le client
qui l'on préjudicié immédiatement, on va voir que ce principe connaît des
exceptions.

2- Vers un partage de responsabilité entre le banquier et son client

En effet, le banquier peut s'exonérer partiellement de la responsabilité


contractuelle dans le cas où il a été empêché de tenir de ses obligations
convenablement par le fait du client lui-même.

Le fait du client est l'hypothèse où l'inexécution de l'opération est en tout ou


en partie imputable à l'inexécution ou à toute autre cause rattachée au client.
imprudence dans la garde des chéquiers, laissés accessibles au malfaiteur,
défaut ou retard caractérisé dans le pointage des relevés de compte, ce qui a
permis la multiplication des chèques frauduleux sur une période étalée dans le
temps, retard à signaler la disparition du chéquier, défaut de surveillance d'un
préposé, etc.189

La personnalité du client est un élément à prendre en considération. Le fait


que le client soit un initié peut justifier une moindre diligence du banquier ;
189
Andre Buthurieux : « Responsabilité du banquier, Edition litec , paris 1999. P 64.
Page 82
*********La faute bancaire*********

toutefois, sa négligence justifiera un partage de la charge du dommage. Ce


principe se réalise par l'obligation faite au banquier de payer une partie de la
perte subie par le client.190

Si le fait du client est pour partie à l'origine de l'inexécution ou de la mauvaise


exécution, mais que le banquier a également commis une faute, l'inexécution
serait alors imputable aux deux, et on peut retenir le principe du partage du
dommage. Souvent, par souci de protection, la jurisprudence en France
n'accepte de limiter la responsabilité de la banque que si le débiteur cumule
plusieurs fautes.

Par contre, en matière de faux chèque, la jurisprudence semble favorable à la


victime et on a pu voir des décisions tendant à valider la notion <<faute
absorbante » des légèretés de la victime.

Au Maroc, la jurisprudence semble être strictement attachée aux règles de


droit commun en matière de preuve, en l'absence de toute autre considération
de protection. Le tribunal de commerce de Casablanca, dans une affaire du
genre a décidé le partage de responsabilité entre le banquier et son client, non
sur la totalité de l'objet de l'action, mais sur la parcelle dont laquelle ce partage
est justifié. Il a ainsi décidé que : « concernant le préjudice résultant du refus
de paiement des chèques tirés en faveur de la société .., il est établi au tribunal
que la faute est partagée entre la banque et la demanderesse. Si des chèques se
sont vu refuser le paiement par faute de la banque ; d'autres trouvaient le
même sort, mais pour ignorance de la demanderesse de la manière de libeller
les chèques et le fait de ne pas les cacheter par le sceau comme stipulé, choses

190
Khalid ELYAZIDI « la responsabilité civile du banquier au Maroc »,édition 1985. P : 36.
Page 83
*********La faute bancaire*********

qui doivent être prises en considération lors de la détermination des dommages


intérêts.191

Section 2 : les effets de l‟expertise judiciaire admise pour la détermination de


la réparation

Après avoir examiné les modalités et les règles de réparation dans un


premier lieu, il fallait chercher à ce niveau le degré d‟affectation de
l‟expertise judicaire sur le pouvoir d‟appréciation du juge de fond
(Paragraphe 1) pour étudier par la suite le degré de développement de la
jurisprudence marocaine en la matiére (Paragraphe 2)

Paragraphe 1 : l‟expertise judiciaire et le pouvoir d‟appréciation du le juge de


fond

L‟expertise judiciaire constitue le principal moyen de preuve admis en matiére


de la responsabilité du banquier (1) , afin de permettre l‟appréciation de la
faute bancaire et de son degré par le juge de fond (2).

1- Le rôle de l‟expertise judiciaire en matiére des fautes bancaires

La jurisprudence française qualifie volontiers l‟expert judiciaire de


«collaborateur occasionnel du service public de la justice. ». L‟expert
judiciaire est en effet appelé, à la demande du juge sur sa propre initiative ou
sur celle d‟une partie au litige, à donner éclairage objectif sur un point
technique.

Le recours à l‟expertise juridique dispose d‟un double avantage : le rapport de


l‟expert peut constituer un moyen de preuve supplémentaire pour les parties ;

191
Jugement du tribunal de commerce de Casablanca no 5795 du 12/05/2009, dossier no 12600/17/2007.
Page 84
*********La faute bancaire*********

le recours à l‟expertise peut également favoriser la conciliation entre les


parties.192

Ainsi, il s‟agit de conserver ou d‟établir la preuve de faits dont le demandeur


ne dispose pas ou qu‟il souhaite conserver. Même si l‟expertise est demandée
afin d‟obtenir la preuve de faits, un minimum d‟éléments sera nécessaire. En
revanche, en principe, l‟expert ne pourra se prononcer sur des points qui ne
font pas partie de sa mission.193

Il est un axiome qui ne saurait être contredit : bien souvent, le magistrat ne


peut se passer du recours à l'expert afin de rendre justice. Le juge n'est pas un
spécialiste des disciplines extra-juridiques notamment en matière bancaire.
Aussi, pour le prononcé de son jugement entre les prétentions du plaignant et
les arguments du défendeur, le magistrat a souvent nécessairement, voire
inévitablement, besoin d'un recours à l'expert qui sera à même d'éclairer la
justice sur le bien-fondé des prétentions, arguments et contre-arguments des
uns et des autres.

Or le choix de l'expert est à plus d'un titre important et déterminant. La


responsabilité qui incombe à l'expert est importante en ce sens que son rapport
va permettre d'éclairer le juge afin que la décision appropriée soit prise,
comme il pourra, à contrario, induire en erreur le juge.194

Pourtant, force est de relever que nombre d'experts désignés comme tels par
les tribunaux ne sont pas en mesure et/ou ne s'acquittent pas correctement de
leurs missions selon les règles de l'art. Il ne suffit pas d'être un expert
généraliste des écritures comptables pour connaître des réalités, du droit et de

192
. ‫ص‬. ,'' ‫محم د مخت ر أحمد بربر '' المس ل الت ص ر ل مصرف عند ط فتح ااعتم دا‬
193
Les dispositions des articles 526 et suivants du code de procédure civile.
194
Les conditions requises afin de se retrouver "expert" et de surcroit agréé par les tribunaux ou près les
tribunaux sont décisives. N'importe qui ne devrait pas se retrouver "expert" et encore moins agrée près les
tribunaux.
Page 85
*********La faute bancaire*********

la pratique bancaires. Or, si les banques avec leurs compétences, leurs savoirs
et leurs moyens trouvent des difficultés en raison et en relation avec la qualité
des "expertises" qui leur sont opposées et auxquelles il leur faut faire face, que
dire du simple citoyen, du commun des justiciables?

En effet, le recueil d‟un nombre d‟arrêt montre clairement comment la


jurisprudence marocaine exploite l‟expertise judiciaire en matiére bancaire, à
titre d‟exemple on peut citer un arrêt de la cour d‟appel de FES qui juge que
« l‟expertise judiciaires objective faites en conformité avec les dispositions
juridiques , en bon est du forme, constitue un moyen de preuve par excellence
de la faute de la banque … ».195

Et dans un autre arrêt la cour d‟appel juge que « le tribunal repose dans son
appréciation des faits du procès sur l‟expertise judiciaires qui respecte les
dispositions et les formalités exigées par la loi ».196

2- Le pouvoir d‟appréciation du juge de fond

La reconnaissance d‟une faute à l‟encontre du banquier auteur d‟un dommage


suppose pour la victime d‟établir l‟existence d‟un écart de conduite. Deux
méthodes d‟appréciation sont envisageables :

 La méthode d‟appréciation in concreto : Selon cette méthode, il


convient de tenir compte des seules circonstances de la cause pour
apprécier la faute de l‟auteur du dommage, Cela revient à comparer la
conduite de l‟auteur du dommage à celle que l‟on était légitimement en
droit d‟attendre de sa part, eu égard à ce dont il est usuellement
capable.197 Ce conduit à apprécier la faute subjectivement.

195
Arrêt n° 1319 rendu le 27-10-2005 dossier n ° 05-1439 / 05-949
196
Arrêt n° 791 rendu le 07-06-2005 dossier n ° 201/2005.
197
Aut e e t dit, selo l’app iatio i o eto, l’ a t de o duite se a app i e o sid atio des
seules aptitudes propres de la personne mise en cause.
Page 86
*********La faute bancaire*********

 La méthode d‟appréciation in abstracto : Selon cette méthode, il


convient de faire abstraction des circonstances de la cause ; le modèle
de comportement auquel l‟appréciation in abstracto conduit à se référer
est invariable d‟un cas d‟espèce à l‟autre. Il aura vocation à s‟appliquer
à n‟importe quelle cause, peu importent les aptitudes de la personne
mise en cause. Cela revient donc à comparer la conduite de l‟auteur du
dommage à la conduite que l‟on était légitimement en droit d‟attendre
d‟un bon père de famille.198 Cette méthode conduit à apprécier la faute
objectivement, indépendamment de la prise en compte de critères
subjectifs.199

La faute est l'élément le plus original de la responsabilité du banquier, et, elle


sera, selon le cas, de nature contractuelle ou délictuelle ; mais ce sera toujours
200
une faute appréciée in abstracto par rapport au comportement du bon
banquier. Cette faute est originale d'autant plus qu'il s'agit d'apprécier le
comportement d'un professionnel. Elle prend une connotation particulière et sa
définition n'est plus aisée. Il s'agit donc d'une faute professionnelle et la
principale difficulté c'est de la définir.

En effet , le juge de fond au lieu de procéder à une analyse explicative des


différentes fautes pouvant être reprochées au banquier, il adopte plutôt la
démarche préconisée tout ou demandant de respecter une obligation générale
de vigilance. Il faut admettre, en effet, que la prudence d'un « bon banquier »
l'oblige à veiller au caractère rationnel du service rendu et de son opportunité
pour le client. Enfin, la méthode d‟appréciation retenue par la jurisprudence
198
E d’aut es te es, selo l’app iatio i a st a to, l’ a t de o duite est app i e se référant à un
od le de o duite o je tif, soit le o po te e t u’au ait adopt le o p e de fa ille.
199
Le o p e de fa ille e s’appa e te pas à u ho e pa fait. Il s’agit seule e t d’u ho e
aiso a le, ui ’est pas à l’a i de toute e eu
200
Selon le Lexique des termes juridiques l'appréciation in concreto se dit de la manière d'apprécier le
comportement d'une personne dans une situation donnée, en ne tenant compte que de ses propres
aptitudes, sans références à ce qu'aurait été le comportement standard d'une personne avisée.
Page 87
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marocaine te française est, sans aucun doute, la méthode d‟appréciation in


abstracto que la jurisprudence retient pour apprécier la faute civile du
banquier.

Pourtant, le modèle de conduite auquel va être comparé le comportement de


l‟auteur du dommage est invariable, ne peut être établie sans tenir compte de
certaines circonstances de la cause, afin de ne pas risquer qu‟une application
trop rigide de la méthode d‟appréciation in abstracto ne conduise les juges à
être, tantôt trop exigeants , tantôt trop laxistes . En effet, certaines
circonstances de la cause soient susceptibles d‟être prises en compte afin
d‟apprécier l‟écart de conduite du banquier fautif (aptitude professionnelle de
la victime, averti ou profane, condition physique, personne physique ou
morale…).201

Paragraphe 2 : la jurisprudence marocaine tend-t-elle vers un adoucissement


ou alourdissement de la responsabilité du professionnel ?

La jurisprudence marocaine en matiére e la responsabilité du professionnel


d‟une manière et de celle du banquier d‟une manière spécial connait un
développement considérable avec l‟apparition de la théorie de la protection du
profane, reste à comparer ici la position de la jurisprudence marocaine (1) et
celle de la jurisprudence française en la matiére (2).

1- Position de la jurisprudence marocaine

Pour que les lois, qui sont en vigueur dans un pays, constituent un système
cohérent, il est nécessaire de les interpréter dans un même esprit, sans
s‟attarder aux circonstances, dans lesquelles les unes et les autres ont été
promulguées.

201
Arrêt de la cour de cassation marocaine n° 588 rendu le 15/04/2006 dossier commercial n°
1449/3/1/2006.
Page 88
*********La faute bancaire*********

L‟existence, parmi nos lois, d‟un nombre important de textes inadaptés à la


nouvelle conjoncture économique de notre pays et qui nécessitent des mises à
jour dans l‟immédiat, représente un autre élément qui n‟encourage nullement
la mise en œuvre de la responsabilité du banquier fautif.

Ainsi, la responsabilité de ce professionnel averti reste soumise aux règles du


droit des obligations et des contrats outre quelques dispositions du code de
commerce, pose un grand problème vu que ces dispositions se voient dépasser
à cause du développement et de l‟évolution du secteur bancaire et du monde
su affaires en général.

Pourtant, le droit marocain poursuit son processus de rapprochement avec le


droit de l‟Union européenne. Le droit de la consommation offre un bel
exemple du dynamisme de ce processus. Après la loi 31-08 du 18 février 2011
édictant des mesures de protection du consommateur , dans un but de atténuer
en quelque sorte ce décalage entre la législation et le besoin du monde des
affaires, cette loi malgré qu‟elle concentré notamment sur le crédit de
consommation et immobilier, il a montré que le législateur tient compte à ce
stade du bénéficiaire de la prestation bancaire : client profane ou client
professionnel Tout de même , le texte de la loi 31-08 n'évoque pas la
protection contre les risques professionnels menaçant la santé des
consommateurs, le droit à la réparation du préjudice subi.202

En outre, la jurisprudence marocaine à ce niveau reste médiocre, la notion du


client profane et du client averti ou professionnel203, reste encore une notion

202
‫ص‬. ‫ الطبع اأ ل‬, E.N.J.U.D.A.E ," ‫المست‬ ‫ض ء ال ن ن المتع ق بتداب ر حم‬ ‫ ع‬: ‫محمد جنكل '' المس ل المدن‬
.
203
Le p ofa e est elui ui ’est pas e esu e d’ value les is ues u’il p e d e sous iva t u dit pa
e e ple, ota e t pa e u’il ’a pas toutes les o p te es pou le fai e ; Le lie t ave ti est elui
apa le d’ value les is ues u’il p e d e sous iva t u e p u t. C’est le as des p ofessio els ou des
spécialistes qui ont à leur disposition toutes les informations nécessaires pour les anticiper, ou de
l’i vestisseu hev o .
Page 89
*********La faute bancaire*********

théorique, nouvelle. Certes, dans un arrêt de la cour de cassation daté de


15/04/2009 le juge marocain a infligé la notion du consommateur
professionnel dans sa relation avec une banque juge que « le client d‟une
banque est présumé consommateur non professionnel dès qu‟il ne maitrise pas
toutes les techniques et les formalités liées à l‟activité bancaire …et que la
banque est tenu de répondre aux dommages causées par ses préposés … ».204

Pourtant , et loin de la théorie de la protection de la partie non-professionnelle


, un arrêt de la cour de cassation a jugé la banque qui effectue une opération
d‟échange et de transfert des devises étrangères en dirhams marocains ; elle
doit être en mesure de la situation ces devises , vue qu‟il est avisé
régulièrement par le BAM des devises non … et que le conversion de ses
devises non.. en dirhams constitue une faute engageant sa responsabilité
envers son client qu‟il soit un simple client ou même un agent
d‟échange.. ».205

2- Position de la jurisprudence française

Les banquiers sont rémunérés pour ce service et leurs clients s‟attendent, en -


contrepartie, à être judicieusement guidés dans les arbitrages qu‟ils ont à faire
d‟un point de vue juridique, fiscal et patrimonial. Lorsqu‟ils ne remplissent
pas correctement leur rôle, qu‟ils donnent un « mauvais conseil » ou négligent
d‟attirer l‟attention de leur client sur un risque ou un point particulier, ils
engagent leur responsabilité professionnelle. Parfois, les conséquences de leur
défaillance sont si lourdes pour le particulier que ce dernier ne peut subir son
sort sans réagir.206

204
Arrêt de la cour de cassation marocaine n°588 daté de 15/04/2006 dossier commercial n°
1449/3/1/2006.
205
Arrêt n° 400 daté de 2/4/2008 dossier commercial 287/3/1/2005.
206
Thierry BONNEAU « Droit bancaire », éd Montchrtien,Paris, 4 éme 2 éd , 2001. P : 58.
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*********La faute bancaire*********

Pour voir reconnaître la faute d‟un professionnel et obtenir une indemnisation,


il n‟est pas forcément nécessaire de se lancer dans une procédure judiciaire.
Avant de penser au tribunal, il y a d‟autres voies de recours à tenter. Même
lorsque les chances de réussite sont faibles, la démarche amiable auprès du -
professionnel concerné est inévitable. Dans le milieu bancaire, la médiation
peut permettre de trouver un compromis. Chaque banque est en effet
légalement tenue de proposer à ses clients un médiateur indépendant et en
toute confidentialité. La médiation constitue un recours amiable après
épuisement des recours engagés auprès du responsable de l‟agence, puis du
service de relations clientèle de l‟établissement. Et avant une éventuelle action
en justice.207

Les avocats, notaires, banquiers, conseils en investissements financiers


engagent, dans l‟exercice de leurs fonctions, leur responsabilité
professionnelle en cas de faute.

En effet, les juges français sont de plus en plus sévères à l‟égard des
professionnels du conseil : en l‟absence de définition légale du « devoir de
conseil » ou de « l‟obligation d‟information », les juges ont été amenés à
préciser ces notions et à les relier à une obligation générale de prudence, de
diligence et à un devoir de mise en garde. Et à définir ce qui était constitutif
d‟un manquement à ce devoir de conseil, constitutif d‟une faute. D‟une -
profession à l‟autre, le contenu et l‟étendue de ces obligations varient, mais à
l‟égard de toutes, la tendance jurisprudentielle se caractérise par une sévérité
accrue à l‟encontre des professionnels. Ainsi, depuis quelques années, assiste-
t-on à un renversement de la charge de la preuve. La tendance a été amorcée
vis-à-vis des professionnels. En matière de respect du devoir d‟information et
de conseil, la jurisprudence admet à leur encontre une « présomption de

207
Jean –pierre DESCHANEL « Droit bancaire », éd Dalloz 1995.p : 125
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*********La faute bancaire*********

faute ». Ce n‟est plus au client accusateur de prouver qu‟il y a eu une faute (ou
un manquement), mais au professionnel de prouver, face à ces accusations,
qu‟il a bien rempli son obligation de conseil.208 Néanmoins, la responsabilité
peut être atténuée si le client est un professionnel : La jurisprudence fait en
effet une distinction entre le client averti et le client profane209

Face à un client averti, la banque ne peut être tenue pour responsable, sauf si
le client démontre qu‟elle possédait sur sa situation financière des
renseignements que lui-même avait ignorés. Face à un client profane, la
banque peut se voir accuser d‟avoir méconnu ses obligations et ce sera à elle
de prouver qu‟elle a bien vérifié les capacités financières de son client avant
de lui accorder le prêt.210

208
ass. iv. e du . . , ° - ; pou u otai e : ass. iv. e du . . , ° -13201
209
ass. o . du . . , ° -11489 et cass. civ. 1re du 12.7.05, n° 02-13155
210
cass. civ. du 30.4.09, n° 07-18334
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*********La faute bancaire*********

Conclusion

Le sujet de la faute bancaire est un sujet très important à l'heure actuelle,


d'autant plus qu'il très délicat en raison de l‟étendue du champ d‟intervention
de ce dernier et des multiplicité des fautes et erreurs qui peuvent être à l‟œuvre
de son activité rattachée aux transmutations et évolutions économiques
reconductibles que connaissait. Cette évolution de la pratique bancaire et les
fautes et les inexactitudes commises par les établissements bancaires, d'après
une première constatation, progressent d'une manière non équilibrée avec le
régime de la responsabilité civile opéré par les juridictions du royaume.211

En effet, une analyse des dispositions juridiques encadrant la responsabilité


civile dans la plupart de ses facettes, et l'exploration d'un certain nombre de
jugements et d'arrêts statuant sur le sujet, ont dévoilé un certain nombre de
remarques.

D'abord, le rôle joué par les experts comptables et financiers dans le


déroulement et l'aboutissement des actions exposées devant la justice. On n'a
pas manqué de soulever que ces experts ont de plus en plus le contrôle des
éléments de l'établissement de la responsabilité civile du banquier et sa
communication au tribunal. En fait, quoi que l'expertise ne soit qu'un moyen
parmi d'autres mis à la disposition des tribunaux lors de l'instruction de
l'affaire, et que les magistrats soient libres de la retenir ou non selon leur
conviction ; la pratique nous renseigne que les tribunaux sont loin de s'en
passer, et qu'ils en font usage chaque fois qu'elle est opérée selon les

211
Cette situation de déséquilibre a suscité notre curiosité pour la recherche et l'évaluation de l'autorité de
la justice commerciale dans le domaine juridico-économique.
Page 93
*********La faute bancaire*********

conditions de forme et de fond exigées, entourant tous les éléments de conflit


et n'a fait l'objet d'aucune opposition.

Ensuite, on a soulevé qu'au Maroc, l'étendue de l'application de la


responsabilité civile du banquier s'exerce le plus classiquement sur le domaine
du crédit et les activités qui s'y rattachent. Les domaines nouveaux de l'activité
bancaire, quoi qu'ils aient commencé à être développés, tels que les services
rattachés à l'utilisation des cartes bancaires, la location des coffres forts, le
service de placements de valeurs mobilières, le marketing des services
d'assurance, etc. ils sont toujours tranchés par le même raisonnement classique
défini par les règles de preuve de droit commun.

C'est-à-dire que, non seulement la doctrine, mais aussi la jurisprudence


marocaine fonde la responsabilité civile de l'établissement bancaire sur la
théorie personnelle bâtie sur les trois fameux éléments : la méconnaissance du
débiteur de son obligation contractuelle ( faute) (certaine, valide et échue) qui
en résulte un préjudice (personnel, actuel et direct), et un lien de causalité
entre cette faute bancaire et le dommage qui a atteint un intérêt légitime du
titulaire de compte ou d'un tiers. La faute est ici la pierre angulaire pour
l'établissement de la responsabilité, et il n'y a point dans ce scénario de place
pour une cause étrangère, telle que la force majeure ou fait imprévisible.
D'autant plus que la faute du débiteur ou du tiers ou la clause d'exonération de
responsabilité sont rarement invoquées. Pourtant un certain éveil est constaté
en la matière avec l‟avènement de la nouvelle théorie de protection de
consommateur, qui prévoit des mesures en faveur du profane- client de la
banque.212

212
La loi 31-08 édictant des mesures de protection de consommateur.
Page 94
*********La faute bancaire*********

Le constat est fait collationnement avec la jurisprudence comparée qui retient


la responsabilité civile de la banque sur la base de la responsabilité
professionnelle, c'est-à-dire celle qui érige le comportement du banquier en un
professionnel averti. C'est pour cette raison qu'elle le traite d'une manière
inflexible et retient sa responsabilité sur tout écart marqué de sa part, puisqu'il
s'agit d'un professionnel spécialisé et rémunéré sur les tâches qui lui sont
dévolues. Sa responsabilité peut être engagée sur la seule base de la faute.

Enfin, s'il est possible d'étudier la responsabilité civile du banquier, vis-à-vis


de ses clients, personnes physiques ou morales, à travers les jugements et les
arrêts de la justice, cette étude nous révèle qu'il n'y a pas de particularités
majeures qui servent de source pour une divergence entre les diverses
juridictions du royaume. La raison en est -comme mentionné auparavant- que
la responsabilité civile est enclenchée selon les règles de droit commun, que
les juridictions attestent d'une rigueur dans le respect, et qu'elle dépend
essentiellement du pouvoir d'en rapporter la preuve.

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*********La faute bancaire*********

Lexique

Actions ‫أس‬ Stocks

securities
‫المن ل‬ ‫ال‬
Valeurs Mobiliéres

Faute bancaire Bank fault


‫الخط البنك‬

Devoir Diligence ‫اج الرع‬ Duty of diligence

Compte à terme Term account


‫دع‬ ‫حس‬

Obligation d‟information ‫اج ااعا‬ Obligation of information

Obligation de conseil ‫اج النصح‬ Obligation of advice

Deposit contract
Contrat de dépôt ‫ع د ال د ع‬

Contrat de mandat ‫عد كل‬ Mandate contract

Titres ‫سندا‬ Securities

Secret professionnel ‫السر الم ن‬ Professional secreté

Prêt des titres ‫إقراض السندا‬ Securities lending

Titrisation des créances ‫تسن د الد ن‬ Securitization of receivables

Transactions financière Financial operation


‫ع‬ Page 96
*********La faute bancaire*********

Résumé

Le développement croissant de l'activité bancaire fait ressortir la responsabilité


du banquier à des ordres juridiques différents. Généralement, la responsabilité
du banquier est engagée selon les règles générales du Dahir des Obligations et
contrats. La responsabilité du banquier est alors mise en cause sur la base de la
faute et du dommage, c'est pourquoi la personne qui a subi un dommage dans
le cadre de la responsabilité contractuelle doit prouver, en plus de l'existence
du que la banque n'a pas honorer une de ses obligations ; alors que dans la
responsabilité délictuelle, il lui faut prouver que la banque a commis une
faute, et le lien de causalité entre cette faute et le dommage

La détermination du critère de la faute pose des difficultés : S'agissant de la


responsabilité contractuelle, le critère de la faute est déterminé selon le
contenu de l'obligation, et à la lueur des caractéristiques générales de la
profession bancaire. La diligence exigée du banquier peut être évaluée selon le
sens du droit civil de la notion du 'bon père de famille'. S'agissant de la
responsabilité délictuelle, une simple faute résultante de la négligence peut
constituer une faute professionnelle grave.

Dans ce sens, et par un survol des jugements émis par les juridictions
commerciales, on se rend compte que ces juridictions ont décidé de retenir la
banque comme responsable des dommages subis par les clients pour son
ignorance de l'obligation de vigilance quand elle a omis de prêter conseil, dont
elle est obligée, à son client ; pour sa méconnaissance du devoir du secret
professionnel et du devoir général d'information, à l'occasion du non-respect
des dispositions du livre V du code de commerce qui instaure des procédures
particulières concernant les entreprises en difficultés, à l'occasion de
l'escompte des effets de commerce. Bref, la jurisprudence marocaine, quoi que
fidèle au régime classique de responsabilité, marque une avancée considérable
et concrète dans le domaine de la faute bancaire, et encercle de plus en plus les
côtés du sujet. Ces juridictions produisent depuis pas mal de temps des
décisions et des principes féconds permettant la stimulation des meilleurs
pratiques juridictionnelles, voire professionnelles bancaires.

Page 97
‫*********‪*********La faute bancaire‬‬

‫ملخص‬

‫ا ت‬ ‫ا اأخ أث ء‬ ‫ا ‪ ،‬ع أس خ أ ا ت‬ ‫سؤ‬ ‫ا‬


‫ش‬ ‫ا‬ ‫اع ‪،‬‬ ‫اا ت ا‬ ‫ف‬ ‫ع‬ ‫ف ا اع ا ع ا‬
‫ع ‪،‬ع ا أ‬ ‫ث ا‬ ‫ا أ‬ ‫‪،‬ا ا‬ ‫ش‬ ‫ع ‪ ،‬ف س سؤ‬
‫ا س ا‬ ‫اث ء تأ ا‬ ‫ا أ‪،‬‬ ‫ا ت ع‪ ،‬ع افع ت ع ‪ ،‬ا ا‬ ‫سؤ‬
‫ست ‪.‬‬
‫‪ ،‬ت‬ ‫ا ت‬ ‫ا‬ ‫ع‬ ‫‪،‬‬ ‫تع‬ ‫ا‬ ‫سؤ‬ ‫ت‬
‫ا ت ااخ خ أ اعت‬ ‫ف‪،‬‬ ‫س‬ ‫غ ا‪،‬‬ ‫ا ت‬ ‫‪،‬‬ ‫ت‬ ‫سؤ‬
‫ا ع‬ ‫فت‬ ‫ا‬ ‫ع ا ع‪ ،‬ف سؤ‬ ‫ا‬ ‫ا‬ ‫ات ا ‪،‬‬ ‫اخاا‬
‫ا‬ ‫ا تع‬ ‫سؤ‬ ‫س‬ ‫تع ع ا ت‬ ‫ع‪،‬‬ ‫اس ا أ ا‬
‫سؤ‬ ‫س‬ ‫ف‬ ‫اخ أ ا ت ا ت ‪،‬‬ ‫ا‬ ‫‪،‬‬ ‫ج ا‬ ‫عا ع‬
‫‪،‬ا‬ ‫‪ ،‬س اء ع ا اء‬ ‫ا ت خ‬ ‫ا‬ ‫ا ع ا‬ ‫‪ ،‬تع ع‬ ‫ات‬
‫‪.‬‬ ‫ا أ ا‬ ‫‪ ،‬اث ا عا‬ ‫تع ع ا ت‬ ‫ف‬ ‫ف عا ت ع ا غ ‪،‬‬
‫ء‬ ‫ت اا ت ا ‪ ،‬ع‬ ‫ف‬ ‫ا‬ ‫أ‬ ‫ا‬ ‫ع‬ ‫ا تع ‪ ،‬ت ت‬ ‫سؤ‬ ‫س‬
‫س‬ ‫ع ا أ‬ ‫‪-‬‬ ‫ا‬ ‫‪ ،‬ف ع ا‬ ‫ا‬ ‫ئ اع‬ ‫ا‬
‫‪le bon père de‬‬ ‫‪،‬‬ ‫ا‬ ‫ا‬ ‫ء‬ ‫ع‬ ‫ت‬ ‫اع ا ع ‪،‬‬
‫ات ‪ ،‬ج ا‬ ‫ع‬ ‫اع ا‬ ‫ف‬ ‫ا اء ا ت ا ت‬ ‫‪ ،famille‬ع ا تأ ع‬
‫‪ ،‬فت ا ا‬ ‫ات‬ ‫سؤ‬ ‫س‬ ‫ع ع ا أ ‪.‬ا‬ ‫ت ت‬ ‫ع ا سؤ‬
‫ا‬ ‫‪،‬‬ ‫ت ت ع اا‬ ‫خ‬ ‫ث ف‬ ‫ا ع ‪،‬‬ ‫ا‬ ‫ج‬
‫‪.‬‬ ‫ت ا أا‬ ‫ا‬
‫ف ‪،‬‬ ‫ف ا‬ ‫‪ ،‬ات تت‬ ‫ا‬ ‫اع‬ ‫ءا ت‬ ‫ا أع‬ ‫عت‬
‫اع ف ع‬ ‫‪،‬ع‬ ‫ا‬ ‫ء اس‬ ‫ع‬ ‫‪ ،‬ا‬ ‫ج ت‬ ‫ع‬
‫ش ‪ ،‬تأ‬ ‫ا غ ‪،‬‬ ‫ا‬ ‫ا‬ ‫ا ت ا اا‬
‫ات ا‬ ‫ت‬ ‫ا‬ ‫ف اع‬ ‫ا ا‬ ‫عت‬ ‫ا ‪،‬‬ ‫ا ع ا‬
‫‪.‬‬ ‫ات‬ ‫ع ف‬ ‫ع‬ ‫ف ‪،‬‬

‫‪Page 98‬‬
*********La faute bancaire*********

Tables des matières

Avant-propos………………………………………………………………....1
Dédicaces………………………………………………..…………………….2
Remercîment……………………………………………………………….....3
Abréviations………………………………………………………………….4
INTRODUCTION…………………………………………………………...5
- Définition de sujet
- Intérêt de sujet
- Problématique
Première Partie : L‟appréciation des fautes liées à l‟exercice de
l‟activité bancaire par le juge de fond..……………………………..7
Chapitre 1 : La faute due à la responsabilité liée aux principaux contrats
bancaires…………………………………………….………………………..55

Section 1 : La faute du banquier mandataire et du banquier dépositaire…….10


Paragraphe 1 : faute du banquier mandataire……………………………….10
1- Principe légal : devoir de diligence…………………………………....12
2- La portée du devoir de diligence……………………………………....13
Paragraphe 2 : faute du banquier dépositaire……………………………….54
1- Le dépôt des fonds en banque………………………………………...15
2- Le dépôt des titres en banque…………………………………………58

Section 2 : La faute du banquier créditeur et celle liée aux services


annexes…59
Paragraphe 1 : la faute du banquier distributeur de crédit………………….59
3- Faute due au refus de financement ou à un financement excessif ou
hasardeux……………………………………………………………...22
4- La rupture abusive de crédit…………………………………………...23
Paragraphe 2 : les fautes liées aux services commerciaux annexes………...25
3- La location des coffre-fort…………………………………………….03
4- L‟émission et la souscription de leurs valeurs mobilières ……………09

Chapitre 2 : La faute due à la responsabilité délictuelle du banquier pour


manquement de l‟obligation de vigilance…………………………………...25

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*********La faute bancaire*********

Section 1 : La faute due à la mauvaise foi du banquier lors de la gestion des


comptes……………………………………………………………………….31
Paragraphe 1 : La faute liée à l‟ouverture de compte……………………….20
3- La faute due à la mauvaise foi du banquier…………………………..34
4- La faute à l‟ouverture de compte………………………………….…..22
Paragraphe 2 : La faute du banquier en cas de clôture abusive du compte….29
3- La situation du compte objet de la clôture…………………………….41
4- L‟obligation de la banque avant de clôturer un compte : la
notification…………………………………………………………….41
1- La faute à l‟ouverture de compte……………………………………...41
2- La faute du banquier en cas de clôture abusive du compte…………42

Section 2 :les fautes issues à l‟occasion de communication de


renseignements.43
Paragraphe 1 : La faute due à l‟immixtion ou l‟ingérence dans les affaires du
client………………………………………………………………………….44
1- l‟obligation de conseil et d‟information……………………………44
2- La faute due à l‟immixtion ou l‟ingérence dans les affaires du
client….41
Paragraphe 2 : Les fautes liées aux informations obligatoires et au secret
bancaire………………………………………………………………………43
1- La faute liée aux informations obligatoires…………………….49
2- Le secret professionnel …………………………………………..52
Deuxième Partie : Etude jurisprudentiel de la mise en cause de la
responsabilité civile du banquier au Maroc……………………………….…12
Chapitre 1 : les modalités de preuve de la responsabilisation du banquier
fautif………………………………………………………………………….55
Section 1 : la charge de la preuve…………………………………………….55
Paragraphe 1 : le principe légal : qui prévoit un dommage le prouve……12
1- Principe : la faute prouvée………………………………………….....13
2- Exception : la présomption de la faute…………………………….....59
Paragraphe 2 : la preuve de la décharge………………………………….....61
3- Banquier agissant en bon père de famille……………………………..25
4- Cas d‟exonération de responsabilité…………………………………..20

Section 2 : les moyens de preuve admise par la juge marocain……………..64


Page 100
*********La faute bancaire*********

Paragraphe 1 : les règles légales de la preuve……………………………....21


3- L‟article 224 du code de commerce marocain………………………..65
4- Les règles de preuve en matière bancaire……………………….….…22
Paragraphe 2 : le recours aux dispositions spécifiques……………………..23

3- L‟écrit : règle irréfragable en matière bancaire…………………………..29


4- L‟appui du relevé de compte en matière de preuve……………………..35

Chapitre 2 : la sanction de la faute du banquier……………………..……..30


Section1 : un véritable droit à réparation des fautes bancaires………………30
Paragraphe 1 : les modalités de réparation : position de la jurisprudence
marocaine………………………………………………………………….....73
3- La condamnation au paiement des dommages-intérêts………………..32
4- L'appréciation du montant des dommages et intérêts………………….75
Paragraphe 2 : le degré de respect des dispositions du DOC en la matière…77
3- Le banquier fautif tenu de la réparation………………………………33
4- Vers un partage de responsabilité entre le banquier et son client…….39

Section 2 : les effets de l‟expertise judiciaire admise pour la détermination de


la réparation…………………………………………………………..………82
Paragraphe 1 : l‟expertise judiciaire et le pouvoir d‟appréciation du le juge du
fond……………………………………………………………………….......80
3- Le rôle de l‟expertise judiciaire en matiére des fautes bancaires…..80
4- Le pouvoir d‟appréciation du juge de fond………………………….82
Paragraphe 2 : la jurisprudence marocaine tend-t-elle vers un adoucissement
ou alourdissement de la responsabilité du professionnel ?.............................83
3- Position de la jurisprudence marocaine…………………………….83
4- Position de la jurisprudence française……………………………....86
Conclusion…………………………………………………………………………..…..89
Lexique……………………………………………………………………………….…91
Bibliographie ……………………………………………………………………...……92
Résumé …………………………………………………………………………………96
‫……………………………………………………………………………………ملخص‬..97
ANNEXES…………………………………………………………………………….104

Page 101
*********La faute bancaire*********

Annexes

Page 102
*********La faute bancaire*********

Annexe 1 :
Décisions et arrêts
de justice des
juridictions
marocaines

Page 103
*********La faute bancaire*********

Annexe 2 :
Décisions et arrêts de
justice des
juridictions
françaises

Page 104
*********La faute bancaire*********

Bibliographie

Ouvrages :
o Aicha CHERKAOUI MALKI » Précis du droit bancaire marocain »,2 éme édition,
Bourgreg 2007.
o Abdelhamid EL BOUHADI « Introduction à la technique bancaire »,impression top
presse Rabat , éd décembre 2007.
o Andre Buthurieux : « Responsabilité du banquier, Edition litec , paris 1999.
o C. Gavalda et J- Stoufflet « Droit bancaire » 7 è édition, Litec, 2008, n°250, T.
Bonneau.
o DECOCQ, GERARD, YVES, MOREL-MAROYER, JULIETTE « Droit bancaire
», RB édition, 2010
o Dedier R.MARION « Droit commercial et bancaire Marocain »,éd AL madariss 3
éme éd 2003.
o Jean –pierre DESCHANEL « Droit bancaire », éd Dalloz 1995.
o Khalid ELYAZIDI « la responsabilité civile du banquier au Maroc »,édition 1985.
o Mohamed SABRI « les fautes bancaires : la base de la responsabilité du banquier
de la non-conformité du crédit avec l‟intérêt du client » 1 er édition, Annajah
Aljadida, 2007.
o Mimoun CHARQUI « droit bancaire marocain » éd 2009.
o Mohamed Azzedine BERRADA « le casse-tête des erreurs bancaire sur les intérêts
et les commissions au Maroc », édition Secea, Casablanca, 2012.
o Mohamed LAFROUJI « les contrats bancaires entre le code du commerce et la loi
bancaire » série études juridiques, 1 ère édition, Annajah Aljadida, 1998.
o Mohamed EL ABDAIMI, « Le système de financier marocain face au problème de
l'endettement », édition 1989
o Mohamed Larbi BENOTHMANE « la profession bancaire au Maroc » , ed la porte
2007.
o Olivier JEREZ : « le secret Bancaire au Maroc».paris septembre 2000.
o T.BONNEAU. F.DRUMMOND, « droit des marchés financiers », éd economica
2010.
o Tahar DAOUDI « Les opérations de banque »collection BANQUE ; 2003.
o M‟hamed KETTANI « la banque au Maroc », opérations bancaires courantes et
spécialisées, conception et impression Phedirrint, 1 ed 2001.
o Thierry BONNEAU « Droit bancaire », éd Montchrtien,Paris, 4 éme 2 éd , 2001.

Page 105
*********La faute bancaire*********

Mémoires et Thèses :
o Ayoub BERDAI « Le cadre juridique du crédit bancaire en droit marocain »
Université Hassan II- Casablanca - Licence en droit privé 2015
o Fatimazehra HAJJI : « La libéralisation du marché financier marocain », Thèse de
Doctorat en Sciences Economiques, Faculté Agdal, année universitaire 2005-2006.
o Hayat BERDOUZ "Les réformes du système financier international: quelle
adaptabilité du système financier marocain?" Université Mohammed I Oujda
FSJES- DESA, 2005.
o Khalid LYAZID « la responsabilité du banquier au MAROC » mémoire pour le
diplôme d‟Etudes supérieure en sciences juridiques univeristé Mohamed V , année
universitaire 1981-1982.

Rapports :
o Rapport du Haut-commissariat Au Plan « PROSPECTIVE MAROC 2030 : LE
SYSTÈME FINANCIER MAROCAIN » 2006.

Articles, revue et travaux :


o Mohamed Wargui "Les réformes financières au Maroc : séquences et agendas"
Économies du Maghreb, 2009.
o Mohammed Drissi Alami : Droit et pratique Bancaires : Rapport de synthèse. Revue
Marocaine de Droit et d‟économie du développement. N°52.5988.
o Hmad JARI : « La régulation des marchés financiers : ses acteurs et ses limites »,
Article in Revue des Etudes Juridiques, Economiques et Politiques Mélanges en
hommage au Pr Jalal ESSAID, tome 3, 2007.
o Revue Al Maliya N° 21 « Bilan du développement du système financier marocain »,
Février 2000
o Revue de Droit bancaire et de la bourse n°25.
o Revue de Droit bancaire et Financier , n° 1 Janvier / Février 2001.

References législative :.
o Dahir (9 ramadan 1331) formant Code des obligations et des contrats (B.O. 12
septembre 1913
o .Dahir n°1.96.83 du 15 Rabii I 1417 (1er aout 1996) portant promulgation de la loi
n° 15-95 formant code de commerce

Page 106
*********La faute bancaire*********

o Dahir n°1-14-193 du 1er Rabii I 1436 (24 décembre 2014) portant promulgation de
la loi n°103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés.
o Dahir n°1-11-03 du 14 Rabii I 1432 (18 février 2011) portant promulgation de la loi
n° 3108 relative à la protection des droits des consommateurs.

References Webographiques :
o Site Banque ALMAGHRIB
o Site de la cours de cassation française
o Site de la cours de cassation marocaine
o www.leconomistes.fr
o www.monjuriste.com
o www.dictionnaire.com
o www.easydroit.fr/jurisprudence/courdecassation.
o www.dictionnaire.reverso.net
o www.revuebanque.fr
o www.lexinter.fr
o www.wikipedia.org
o www.justice.gov.ma
o www.worldbank.org.ma

‫المراجع باللغ العربي‬


‫ المراجع العام و الخاص‬-1
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.0222,'' ‫ااعت ا‬
" ‫ا‬ ‫ا‬ ‫ات ت‬ ‫ء‬ ‫ف‬ ‫ا ج '' ا ع ا‬ ‫ ا‬-
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Page 107
‫*********‪*********La faute bancaire‬‬

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‫‪ ,‬اأ ‪.5932‬‬ ‫‪ ,‬ت ات ‪,‬ا‬ ‫أ ‪,‬ا‬
‫أ‬ ‫ع ت‬ ‫ا‬ ‫ا‬ ‫" سؤ‬ ‫ا‬ ‫" اائت‬ ‫‪-‬‬
‫‪ ,‬اأ ‪.0225‬‬ ‫ااعت ا ‪ ,‬ا ع ا ا ا‬
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