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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix – Travail - Patrie Peace – Work - Fatherland


UNIVERSITE DE YAOUNDE II THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES FACULTY OF ECONOMICS AND


ET DE GESTION MANAGEMENT
D.E.S.S DE GESTION BANCAIRE ET DES MASTER IN BANKING AND MANAGEMENT
ETABLISSEMENTS FINANCIERS OF FINANCIAL COMPANIES

LES PROBLEMES JURIDIQUES


POSES PAR LA LIQUIDATION
DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT :
CAS DE LA BIAO MERIDIEN BANK CAMEROON (BMBC)

PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DESS GESTION BANCAIRE


ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Option : JURISTE FINANCIER

Par : Etienne Marcel TONTSOP


Maîtrise en Droit Public

Sous la Direction de : M. le Pr Jean Marie TCHAKOUA


Agrégé des Facultés de Droit

Décembre 2014
UNIVERSITE DE YAOUNDE II – FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION 2
DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

Remerciements
Je rends un hommage mérité à M. Ebe-Evina J-C, expert financier près les Cours, qui
guide mes pas dans la vie avec beaucoup d’affection depuis plus d’une décennie ;

Je voudrais adresser toute ma reconnaissance à M. Paul Alphonse Soppo, l’actuel


liquidateur judiciaire de la BMBC qui m’a accompagné pendant ce travail de
recherche avec une sollicitude inestimable, en mettant à ma disposition toutes les
informations nécessaires tout en me coachant avec pédagogie ;

Je remercie sincèrement Mme Moudissa Angèle (cadre à la Société de Recouvrement


des Créances) pour m’avoir aidé à rencontrer M. Paul Alphonse Soppo ;

Mes remerciements vont aussi à Mme Sibe Sylvie pour l’évaluation critique ex-ante
du thème de la recherche et l’implication dont elle a su faire preuve pendant la
collecte des informations à la Société de Recouvrement des Créances ;

Je ne manquerai pas de reconnaître les observations critiques sans complaisance


formulées par M. Joseph Kono Owona, expert financier agrée près les Cours ;

J’exprime ma gratitude à tout le corps enseignant du cycle du DESS Gestion


Bancaire et des Etablissements Financiers pour le sens du devoir et la rigueur avec
lesquels il nous a encadré ;

Je suis très reconnaissant envers tous mes camarades de classe qui m’ont soutenu
pendant le déroulement des cours et envers toutes les personnes qui de près ou de loin
ont contribué à la réalisation de ce travail ;

Toute ma reconnaissance aussi à Mme Agoume Lydie pour le soutien moral sans cesse
renouvelé ;

Une mention spéciale au Pr Tchakoua Jean-Marie dont la modestie rime


parfaitement avec la rigueur méthodique et l’acuité de l’observation. Il a non
seulement inspiré le thème de la recherche, mais aussi l’a dirigée en mains de maître
tout en me laissant la liberté nécessaire.

MEMOIRE DE FIN DE FORMATION ACADEMIQUE : LES PROBLEMES JURIDIQUES POSES PAR LA LIQUIDATION DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT : CAS DE LA BMBC
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Sommaire
SIGLES ET ABREVIATIONS ......................................................................................................................................4
RESUME ..........................................................................................................................................................................5
ABSTRACT....................................................................................................................................................................6
INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................................................7
PARTIE I : LES PROBLEMES DE DETERMINATION DU CADRE JURIDIQUE ................ 18
CHAPITRE 1 : UN CADRE JURIDIQUE COMPLEXE .................................................................................... 19
SECTION 1 : UN CADRE JURIDIQUE FRAGMENTE ET CONSEQUENCES ........................................ 19
SECTION I1 : UN CADRE JURIDIQUE INSUFFISAMMENT COHERENT ET CONSEQUENCES ... 48
CHAPITRE 1I : ESQUISSE DE SOLUTIONS POUR LA SIMPLIFICATION DU CADRE JURIDIQUE 61
SECTION I : LA DYNAMISATION DE LA COOPERATION JUDICIAIRE ENTRE LES ORDRES
JURIDIQUES DE LA CEMAC/COBAC ET DE L’OHADA ............................................................................. 61
SECTION II : LA REVISION DE LA PROCEDURE DE LIQUIDATION INSTITUEE PAR LA COBAC
ET LA SOLUTION INSPIREE DU DROIT COMPARE ................................................................................... 64
PARTIE II : LES PROBLEMES RELATIFS A LA CONDUITE DES OPERATIONS DE
LIQUIDATION ....................................................................................................................... 80
CHAPITRE 1 : LES IMPLICATIONS DU CARACTERE COMPLEXE DU CADRE JURIDIQUE SUR LA
CONDUITE DES OPERATIONS DE LIQUIDATION .................................................................................... 81
SECTION I : UNE REPARTITION DES COMPETENCES INOPERANTE ENTRE LES
LIQUIDATEURS BANCAIRE ET JUDICIAIRE................................................................................................... 81
SECTION II : LA CESSION INCONTROLEE DES IMMEUBLES ET L’ENLISEMENT DE LA
PROCEDURE DE LA LIQUIDATION DE LA BMBC ...................................................................................... 85
CHAPITRE 1I : ESQUISSE DE SOLUTIONS POUR LA RESTRUCTURATION DE LA LIQUIDATION
BMBC ........................................................................................................................................................................... 89
SECTION I : L’AUDIT INDEPENDANT DE LA LIQUIDATION BMBC ................................................... 89
SECTION II : LA SUPPRESSION DE LA DUALITE DE LIQUIDATEUR .................................................... 90
CONCLUSION GENERALE .......................................................................................................................... 93
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................................................... 94
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................................ 96
LISTE DES TABLEAUX.......................................................................................................................................... 103
LISTE DES ANNEXES ............................................................................................................................................ 104

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SIGLES ET ABREVIATIONS

AUDCG Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général


AUPC Acte Uniforme portant Procédures Collectives
AUSCGIE Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement
d'Intérêt Economique
BEAC Banque des Etats de l'Afrique Centrale
BMBC BIAO Meridien Bank Cameroon
CAC Crédit Agricole du Cameroun
CARFIC Cameroon Rural Financial Corporation
CBC Commercial Bank Cameroon
CCJA Cour Commune de Justice et d'Arbitrage
CEMAC Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
CJC Cour de Justice de la CEMAC
COBAC Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
FOGADAC Fonds de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale
LESF Loi relative à l'Epargne et à la Sécurité Financière
MIBL Meridien International Bank Limited
MINEFI Ministère de l'Economie et des Finances
OHADA Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
RCCM Registre de Commerce et du Crédit Mobilier
SRC Société de Recouvrement des Créances
TGI Tribunal de Grande Instance
TPI Tribunal de Première Instance
UEAC Union Economique de l’Afrique Centrale
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UMAC Union Monétaire de l'Afrique Centrale

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RESUME

L’étude de la procédure de liquidation des établissements de crédit en zone CEMAC en


général, et au Cameroun en particulier, a permis de constater que les problèmes juridiques
posés par cette procédure sont inhérents au caractère complexe du cadre juridique
(fragmenté et insuffisamment cohérent).

D’une part, le cadre juridique sus évoqué coalise des normes issues des sources juridiques
différentes, autonomes et concurrentes (pour certaines d’entre elles) : les textes nationaux
camerounais, les normes communautaires de la COBAC et les normes communautaires de
l’OHADA.

Il s’ensuit une série de conséquences immédiates tirées au niveau de l’analyse dudit cadre
juridique et qui se déclinent comme suit :

 L’institutionnalisation des procédures de liquidation divergentes ;


 La violation par l’autorité monétaire de la compétence exclusive de la COBAC pour la
nomination du liquidateur bancaire ;
 La réduction de la portée du contrôle juridictionnel par la réglementation COBAC ;
 Les incertitudes de la notion de fonds de commerce de la banque ;
 L’oubli du traitement intra-communautaire de la faillite des établissements de crédit par la
réglementation COBAC ;
 Les conflits de droit entre les normes de la COBAC et celles de l’OHADA ;
 L’impossible hiérarchisation des ordres juridiques de la COBAC et de l’OHADA.

D’autre part, le caractère complexe du cadre juridique entraîne les implications ci-dessous
au niveau de la conduite des opérations de liquidation des établissements de crédit en
général, et de la liquidation BMBC en particulier :

 Une répartition des compétences inopérante entre les liquidateurs bancaire et judiciaire ;
 La cession incontrôlée des immeubles et l’enlisement de la procédure de la liquidation BMBC.

Pour résoudre ces problèmes, la présente étude propose en guise de solutions :

 La simplification du cadre juridique de la procédure de liquidation des établissements de crédit


ainsi entendue, axée en substance sur la dynamisation de la coopération judiciaire entre les
ordres juridiques de la CEMAC/COBAC et de l’OHADA, la suppression de la dualité de
liquidateurs et la définition d’un droit applicable suffisamment clair et cohérent en la matière ;
 La restructuration pragmatique de la liquidation BMBC articulée autour d’un audit indépendant
de ladite liquidation et de l’instauration de l’unicité de liquidateur.

Mots clés : banque, établissement de crédit, liquidation.

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ABSTRACT

The study of the liquidation of credit institutions in the CEMAC region in general and
Cameroon in particular, showed that the legal problems linked to this procedure are the
complex nature of the legal framework (fragmented and insufficiently coherent).

On one hand, the above mentioned legal framework, integrates rules derived from different
autonomous and competing (as some of them are concerned) legal sources: the Cameroon
national laws, community rules of COBAC and OHADA1.

It follows a series of immediate conclusions drawn in the analysis of that legal framework and
are as follows:

 The institutionalization of different liquidation procedures;


 The violation by the monetary authority of the exclusive competence of the COBAC for the
appointment of a banking liquidator;
 The reduction of the scope of judicial control by the regulatory COBAC;
 The uncertainty of the so called notion ‘’Commercial banking fund’’;
 Forgetting the intra-Community treatment of the bankruptcy of credit institutions by the
regulatory COBAC;
 Legal conflicts between the rules of the COBAC and those of the OHADA;
 The impossible hierarchization of the two legal systems, namely COBAC and OHADA.

On the other hand the complex nature of the legal framework leads to the following
implications, when conducing liquidation operations of credit institutions in general and in
particular the BMBC liquidation:

 An inoperative distribution of competences between the liquidator appointed by the COBAC and
the judicial liquidator;
 The uncontrolled disposal of buildings and the stalemate of the BMBC liquidation proceedings.

To solve these problems, this study proposes as a solution:

 The simplification of the legal framework of the procedure of liquidation of credit institutions
thus understood, focusing essentially on the revitalization of the judicial cooperation between
the legal systems of the CEMAC / COBAC and OHADA, the suppression of duality of liquidators
and the definition of a clear and coherent enough applicable law on the subject;

 The pragmatic restructuring of BMBC liquidation articulated around an independent audit of


such liquidation and the establishment of a unique liquidator.

Key words: bank, credit institutions, liquidation.

1 Organization for the Harmonization of Business Laws in Africa.

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INTRODUCTION GENERALE

Une bonne circonscription du domaine de la présente étude suppose la précision


terminologique de ses concepts clés à savoir ‘’établissement de crédit, banque,
liquidation’’ de la manière suivante :

1. Etablissement de crédit : l’article 1er du décret n°90/1469 du 09/11/1990 dispose que


‘’les établissements de crédit visés, à l’article 1er de l’ordonnance n°85/002 du 31 août 1985
susvisée, sont des personnes morales qui, dans le cadre de leur profession habituelle, effectuent,
à titre principal, une ou plusieurs opérations de banque’’. Cette définition est quasi-identique
à celle donnée par l’article 4 de l’annexe à la Convention portant harmonisation de la
réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale.

Le même article 4 énumère la liste des opérations de banque qui correspond à celle de
l’article 4(1) du décret n°90/1469 sus évoqué en l’occurrence, ’’la réception de fonds du
public, les opérations de crédit ainsi que la mise à la disposition de la clientèle les moyens de
paiement ou leur gestion’’.

L’article 4(2) du décret n°90/1469 énumère les autres opérations pouvant être
effectuées par les banques : ‘’le change ; le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la
garde et la vente de valeurs mobilières et tout produit financier ; le conseil et l’assistance en
matière de gestion du patrimoine ; le conseil et l’assistance en matière de gestion financière,
l’ingénierie financière et, d’une manière générale, tous les services destinés à faciliter la création
et le développement des entreprises, sous réserve des dispositions législatives et réglementaires
relative à l’exercice de certaines professions ; la banque-assurance’’.

L’article 1er de l’ordonnance n°85/002 du 31/08/1985 relative à l’exercice de l’activité des


établissements cite les deux principaux types d’établissements de crédit à savoir les
banques et les établissements financiers. Cette typologie est affinée par l’article 2 du décret
n°90/1469 qui liste ‘’les banques, les établissements financiers, les caisses d’épargne postale,
les sociétés financières d’investissements et de participations’’.

Par contre, l’article 11 de la Convention portant harmonisation de la réglementation


bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale, exclut de la catégorie d’établissements de
crédit : ‘’les services comptables du Trésor Public ; la Banque des Etats de l’Afrique Centrale
(BEAC) ; les services financiers de l’Administration des postes ; les organismes financiers
multilatéraux et les institutions publiques étrangères d’aide et de coopération, etc.’’

L’article 5 du décret n°90/1469 distingue deux types de banques à savoir, les banques de
dépôts et les banques spécialisées.

L’article 10 du décret n°90/1469 donne la classification catégorielle des établissements


financiers :

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1. Les établissements financiers de promotion de la consommation qui consentent des facilités aux
ménages pour leurs besoins courants et surtout pour l’acquisition de biens semi-durables ;
2. Les établissements financiers de promotion des investissements qui financent les immobilisations des
entreprises, amortissables sur une longue période ;
3. Les établissements de courtage financier qui jouent le rôle d’intermédiaire entre les prêteurs et les
emprunteurs de capitaux ;
4. Les établissements de factoring qui rachètent les créances en vue de leur recouvrement ;
5. Les établissements de recouvrement qui se chargent de recouvrer les créances pour le compte des
tiers ;
6. Les établissements de crédit-bail qui se chargent des opérations de location des biens d’équipement,
d’outillage, d’immeubles ou de leasing industriel et commercial, avec option d’achat.

L’article 11 du décret n°90/1469 exclut du périmètre d’activité des établissements


financiers la réception des fonds du public et la mise à la disposition de la clientèle des moyens
de paiement. Par contre, ils peuvent effectuer une ou plusieurs opérations de banque
définies à l’article 4(2).

2. Banque : selon le dictionnaire Larousse1, le terme banque signifie : ‘’Etablissement privé


ou public qui facilite les paiements des particuliers et des entreprises, avance et reçoit des fonds,
et gère des moyens de paiement’’. Dans le dictionnaire Petit Robert2, on note que le terme
banque a comme racine le mot Banc qui vient du germanique Bank : ‘’siège étroit et allongé’’,
par l’intermédiaire du latin populaire Bancus. L’italien Banca nous a donné Banque ‘’Comptoir
du changeur’’, puis Banqueroute ‘’le comptoir du banquier failli étant brisé’’.

Aux Etats-Unis, d’après l’encyclopédie électronique ‘’Explanation-Guide3’’: ‘’currently the


term bank is generally understood as an institution that holds a banking license. Banking licenses
are granted by financial authorities and provide rights to conduct the most fundamental banking
services such as accepting deposits and making loans’’. Autrement dit, la banque est une
institution qui détient un agrément délivré par les autorités, lui donnant le droit
d’effectuer les services bancaires de base à savoir la réception des fonds et l’octroi du crédit.

Par conséquent, ce sont surtout les activités de collecte des dépôts et l’octroi du
crédit qui permettent d’identifier une banque.

3. Liquidation : selon le lexique des termes juridiques4, c’est l’ensemble des opérations
préliminaires au partage d’une indivision, quelle qu’en soit l’origine (succession,
dissolution d’une société). Elle consiste à payer le passif sur les éléments de l’actif, à
convertir en argent liquide tout ou partie de ces éléments afin que le partage puisse être
effectué. Elle permet de dégager l’actif net et de le conserver jusqu’au partage.

1 100e édition, 2005.


2 Edition 2004, cité par Nacer Bernou dans sa thèse de doctorat en sciences économiques, intitulée ‘’Eléments
d’Economie Bancaire : activité, théorie et réglementation’’, Université lumière – Lyon 2.
3 Nacer Bernou, op. cit.
4 Dalloz, 17e édition 2010.

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En substance, au sens du droit des procédures collectives, la liquidation consiste à réaliser


l’actif (les biens) pour apurer le passif (les dettes), du débiteur en état de cessation des
paiements et dont la situation financière est irrémédiablement compromise (Article 2(3) AUPC).

La clarification des concepts clés de l’étude implique un rappel de son contexte, qui montre
que la seconde moitié des années 80 et le début des années 90 ont été marqués au
Cameroun par une crise systémique sans précédent du secteur des établissements de crédit
en général et du secteur bancaire en particulier, liée à la conjonction des principaux facteurs1
suivants : le poids des pouvoirs publics dans la structure financière des banques, une politique
monétaire interventionniste, une faible régulation prudentielle.

S’agissant du poids des pouvoirs publics, il faut noter que sur les douze (12) banques en
activité au Cameroun à cette époque, seule la Banque Unie de Crédit (BUC) avait un capital
entièrement détenu par des privés camerounais. ‘’La participation de l’Etat du Cameroun au
capital social des banques atteignait les 67%’’, faisant de lui l’actionnaire principal dans la plupart
des cas, et par ricochet l’acteur majeur de la politique de gestion de ces entreprises. La
trésorerie générale de l’Etat ayant été frappée à cette époque par une crise inhérente à la
baisse drastique des recettes des principaux produits d’exportation (cacao, café, etc.), le
trésor public ponctionna les avoirs bancaires pour faire face aux déficits de budget ; l’Etat accumula
les arriérés de la dette intérieure, provoquant la baisse des dépôts privés ; la plupart des crédits
adossés sur les marchés publics enregistrèrent des impayés qui alourdirent le portefeuille des
banques2.

En ce qui concerne la politique monétaire interventionniste, l’analyse retient que ‘’les


pouvoirs publics appliquaient une pensée économique de type dirigiste, croyaient aux vertus
du plan (et moins à celles du marché), et semblaient être à l’aise pour financer le
développement par la création monétaire’’3. Par conséquent, la gestion des principaux
instruments utilisés dans la conduite de la politique monétaire était parfaitement adaptée à
cette vision dirigiste de ladite politique :

Les taux d’intérêt peu élevés, rigides, étaient fixés de façon discrétionnaire par le banquier
central sans rapport avec leur niveau d’équilibre, conditionné par une conjoncture interne et
externe très fluctuante ;
Le contrôle qualitatif et/ou sélectif du crédit accordait la préférence aux secteurs dits privilégiés
(Trésors nationaux, PME nationales, unités de commercialisation agricoles, particuliers nationaux
pour leurs opérations de constructions immobilières).

La crise de la trésorerie générale de l’Etat sus évoquée, couplée avec une expansion rapide
du crédit a entraîné la dégradation de la situation monétaire de la BEAC. Ainsi, le compte

1 Mathurin Tchakounte Njoda & Charles Alain Bita, ‘’la réforme du secteur bancaire camerounais’’, Revue africaine de
l’Intégration Vol. 3, n° 2, Octobre 2009.
2 Joseph Mbouombouo Ndam, Banque contre Micro finance : les enjeux de l’intermédiation financière dans la zone

CEMAC, p. 30, éditions CLE.


3 Mathurin Tchakounte Njoda & Charles Alain Bita, op cit.

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d’opérations, principale composante des avoirs extérieurs, qui totalisait 305,8 milliards de
FCFA au 31 janvier 1986, est devenu débiteur de 58,4 milliards de FCFA au 30 novembre
1987. Reflétant cette évolution, le taux de couverture extérieure de la monnaie a régressé
de 63,7% à 13,6%, alors que les statuts imposent un minimum de 20%. Face à cette crise, le
banquier central a maintenu les principes de sa politique monétaire.

La faible régulation prudentielle se traduit par le non-respect des normes prudentielles.


En effet, sous le prétexte du financement du développement économique du pays, la
distribution généreuse et incontrôlée du crédit montre que le volume des financements
accordés aux projets s’est accru d’environ 374,13 % entre 1976 et 1977. Durant la même
période, le montant des garanties s’est accru de 352,4 %. Pire encore, le remboursement des
crédits octroyés n’est pas effectif. Pour preuve, évalués à 5,6 milliards de FCFA en 1980, le
montant des créances douteuses a atteint 38 milliards de FCFA au plus fort de la crise bancaire.

La réglementation prudentielle (surveillance et sanction) placée sous l’autorité du Ministère


de l’Economie et des Finances (MINEFI) était peu appliquée pour ne pas dire laxiste.

Au final, la crise se manifeste au niveau du fonctionnement des banques par les effets
suivants : défauts de paiement ; créances douteuses ; suspension des découverts ; pertes financières
des agents économiques du fait de l’illiquidité des banques ; faillites (fermetures d’agences ou de
certaines banques).

En substance, la perte pour l’ensemble du secteur se chiffrait en 1989, à près de 700 millions
de FCFA en bilan cumulé, soit un peu plus de 40 % du total des bilans bancaires qui était
estimé à l’époque à 1 520 milliards de FCFA. Par la suite, la perte atteindra le chiffre record de
52,884 milliards en 1990 et 50 milliards au cours de la première moitié de 1995.

Pour corriger les effets dévastateurs de cette crise, les autorités camerounaises ont
entrepris une vaste opération de réforme du secteur bancaire, soit de façon autonome au
plan national, soit de concert avec les autres Etats de la CEMAC et dont la trame est
articulée comme suit :

 La restructuration et/ou la liquidation des établissements bancaires ;


 La création de la Société de Recouvrement des Créances (SRC) à qui a été confiée la lourde mission
d’absorber une grande partie du passif des banques et d’assurer le coût administratif de leur liquidation
et/ou de leur restructuration ;
 La création d’un régulateur communautaire à vocation supranationale à savoir la COBAC par la
Convention du 16 octobre 1990 ;
 L’harmonisation de la réglementation bancaire par la Convention du 17 janvier 1992 ;
 La refonte de la politique monétaire dont le cadre formel est à ce jour la programmation monétaire.

Ces réformes ont été adossées sur un ensemble de textes au double plan national et
communautaire. Au plan national, on peut citer :

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1. L’ordonnance n°96/03 du 24 juin 1996 relative à la restructuration des établissements de crédit ;


2. L’ordonnance n°96/02 du 24 juin 1996 modifiant l’ordonnance n°90/003 du 27 avril 1990 fixant
les conditions de liquidation des banques ;
3. L’ordonnance n°90/006 du 26 octobre 1990 modifiant et complétant les dispositions de
l’ordonnance n°85/002 du 31 août 1985 relative à l’activité des établissements de crédit ;
4. L’ordonnance n°003 du 27 avril 1990 modifiant et complétant les dispositions de l’ordonnance
n°85/002 du 31 août 1985 relative à l’activité des établissements de crédit ;
5. La loi n°90/019 du 10 août 1990 modifiant certaines dispositions de l’ordonnance du 31 août
1985 relative à l’activité des établissements de crédit ;
6. L’ordonnance n°9/005 du 19 septembre 1990 modifiant et complétant les dispositions de
l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990 fixant les conditions de liquidation des banques ;
7. Décret n°89/1283 du 18 août 1989 portant création de la Société de Recouvrement des
créances du Cameroun ;
8. Décret n°96/139 du 24 juin 1996 modifiant certaines dispositions du décret n°89/1283 du 18
août 1989 portant création de la Société de Recouvrement des créances du Cameroun.

Au plan communautaire, l’on retiendra :

1. La Convention du 16 octobre 1990 portant création de la Commission Bancaire de l’Afrique


Centrale (COBAC) et son annexe ;
2. La Convention du 17 janvier 1992 portant Harmonisation de la Réglementation Bancaire et son
annexe.

Les réformes sus évoquées ont été menées en deux phases. La première allant de 1988 à
1990, a connu un échec dans la mesure où ‘’seules trois banques sur les huit en activité ont des
bilans acceptables en fin 1994/95’’1. La deuxième phase a démarré au début de l’année 1995.
Elles ont abouti en substance aux résultats suivants :

 Le désengagement de l’Etat du capital des banques ;


 La correction des bilans des banques en vue d’en établir la sincérité et l’image fidèle a permis de
réajuster le montant des créances douteuses, qui selon les documents comptables établis par les
banques elles-mêmes s’élevaient à 253 milliards de FCFA au 30 juin 1988. Ces créances
douteuses réajustées étaient plutôt estimées à Fcfa 489 milliards de FCFA. Par conséquent, les
104 milliards de FCFA de provisions pour dépréciation au 30 juin 1988 seront à multiplier par
trois pour représenter 334 milliards de FCFA ;
 La restauration durable de la solvabilité, la liquidité et la rentabilité des banques solvables en
difficulté, par leur recapitalisation dont le coût de restructuration actualisé avait été estimé à Fcfa
513 milliard. La quote-part de ce coût pris en charge par l’Etat du Cameroun avait été de Fcfa
370 milliards dont 202 milliards de consolidation de concours BEAC et 168 milliard d’abandon de
dépôts publics et créances fiscales ;
 Le transfert de près de 600 milliards de créances douteuses des banques à la SRC, en vue de leur
recouvrement ;
 Le règlement de la dette de l’Etat envers les banques par titrisation d’une moitié et
amortissement linéaire de l’autre moitié sur une durée de 12 ans après 4 ans de grâce ;

1 Joseph Mbouombouo Ndam, op. cit., p. 35.

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 La réorganisation du fonctionnement de la SRC par l’ordonnance du 17 août 1995 qui intègre


dorénavant un représentant des banques en liquidation dans son conseil d’administration ;
 La liquidation pure et simple des banques ayant des créances compromises supérieures à 50% de
leur portefeuille.

Pour ce qui est de la liquidation des banques, l’on notera qu’elle a été conduite au Cameroun
sous l’empire d’une réglementation hybride comprenant :

1. Les liquidations administratives1 qui sont l’expression de la volonté de l’administration


publique matérialisée soit par un acte administratif unilatéral (décret, arrêté, etc.), soit
par une loi votée par l’assemblée nationale sous l’impulsion du gouvernement de la
République ; ou encore une volonté de l’assemblée des actionnaires entérinée par
l’administration publique. C’est ainsi que le 25 août 1989, une assemblée générale
extraordinaire de la BCD a pris comme résolutions : la dissolution anticipée de la société, la
suppression du Conseil d’Administration et son remplacement par un Comité Interministériel de
Liquidation (CIL). Des comités de liquidation seront aussi créés pour les autres banques en
liquidation à cette époque, à savoir PARIBAS et CAMBANK.

2. Les liquidations amiables : elles sont d’abord instituées par le décret n°89/1283 du 18
août 1989 portant création de la SRC, modifié et complété par le décret n°96/139 du 24
juin 1996, qui dispose à son article 3 que la SRC est chargée :
- De la liquidation amiable des actifs et passif de la Société Camerounaise de Banque non
repris par la Société Commerciale de Banque-Crédit Lyonnais Cameroun ;
- De la liquidation à l’amiable des actifs et du passif de tout établissement public de crédit qui
lui est confiée par l’autorité de tutelle, etc.

Ainsi, la scission-liquidation de la SCB a été décidée suite à de longues négociations


finalisées par une convention entre le Crédit Lyonnais et le Gouvernement camerounais,
consécutives à une décision du Conseil d’Administration de saisir l’Assemblée Générale à
cet effet. Le patrimoine de l’ex-SCB a donc été départagé entre la nouvelle SCB-Crédit
Lyonnais chargée de reprendre l’actif sain avec un passif concurrent, et la SRC devant
reprendre le reliquat de l’actif de l’ex-SCB, le recouvrement de toutes les créances
rejetées par la SCB-CL, et l’extinction du passif exigible non repris.

Ensuite, l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990 modifiant et complétant les dispositions de


l’ordonnance n°85/002 du 31 août 1985 relative à l’exercice de l’activité des établissements
de crédit, précise à son article 2 que ‘’la liquidation des banques s’effectue dans le cadre amiable
selon les dispositions qui dérogent au droit commun et sont exclusives de tout autre mode de
liquidation’’.

Ce régime dérogatoire et exclusif de tout autre mode de liquidation institué par l’article 2 de
l’ordonnance n°003 sus évoquée, implique la mise à l’écart pour la liquidation des établissements

1 Ndjom Nack Elie Désiré, les liquidations administratives, éditions Imprimerie Nationale, novembre 1992.

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

de crédit de la législation française1 relative à la faillite encore en vigueur au Cameroun, et bâtie


autour des textes ci-dessous :

 Le code de commerce de 1807 tel qu’il a été fondu par la loi du 28 mai 1838, qui mettait en
avant le paiement des créanciers et la punition du débiteur. La loi du 28 mai 1838 a réformé le
code dans le sens de l’adoucissement ;
 La loi du 4 mars 1889 qui instituait la liquidation judiciaire, tout en créant une seconde procédure
réservée aux débiteurs malheureux et de bonne foi qui déposent leur bilan dans les quinze jours de
la cessation de leurs paiements. De tels débiteurs restent à la tête de leurs affaires assistés d’un
liquidateur judiciaire ;
 Les décrets-lois du 8 août et du 30 octobre 1935 : le décret-loi du 8 août avait étendu les
déchéances de la faillite et les sanctions de la banqueroute aux dirigeants sociaux tandis que celui
du 30 octobre avait accéléré et simplifié la procédure en apportant des modifications aux
dispositions du Code du Commerce ;
 La loi du 13 juillet 1967 soumettait l’entreprise redressable au règlement judiciaire et l’entreprise
non redressable à la liquidation des biens. Quant aux débiteurs ou aux dirigeants sociaux, ils
encourraient les déchéances et interdictions de la faillite personnelle ainsi que les peines de la
banqueroute s’ils étaient fautifs.

3. Le régime de la liquidation des établissements de crédit institué par la COBAC, consacré


par deux textes fondamentaux :

 La Convention du 16 octobre 1990 portant création de la Commission Bancaire de


l’Afrique Centrale (COBAC) et son annexe : l’article 13 de l’Annexe de ce texte
dispose : ‘’Si un établissement de crédit n’a pas déféré à une injonction ou n’a pas
tenu compte d’une mise en garde, ou a enfreint gravement la réglementation, la
Commission Bancaire peut prononcer une ou plusieurs des sanctions disciplinaires
suivantes : l’avertissement ; le blâme ; l’interdiction d’effectuer certaines opérations ou
toutes autres limitations dans l’exercice de ses activités ; la révocation du ou des
commissaires aux comptes ; la suspension ou la démission d’office du ou des dirigeants
responsables ; le retrait d’agrément…’’.

 La Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation


bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale : l’article 17 de l’annexe de ce texte
prescrit :

‘’Le retrait d’agrément est prononcé par l’Autorité Monétaire, soit à la demande de l’établissement de
crédit, soit d’office lorsque l’établissement ne remplit plus les conditions auxquelles l’agrément est
subordonné, lorsqu’il n’a pas fait usage de son agrément dans un délai de douze mois ou lorsqu’il
n’exerce plus son activité depuis au moins six mois.

Il peut aussi être prononcé à titre de sanction disciplinaire par la Commission Bancaire conformément
aux dispositions de l’article 13 de la Convention du 16 octobre 1990.

1 Filiga Michel Sawadogo, Commentaires de l’Acte Uniforme portant Organisation des Procédures Collectives
d’Apurement du Passif, pp. 11-12, éditions FFA.

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Il est notifié à l’établissement concerné et publié au journal officiel et dans au moins un des principaux
organes de la presse nationale.

Tout établissement de crédit dont l’agrément a été retiré entre en liquidation. Celle-ci est prononcée
d’office par les instances judiciaires compétentes sur saisine soit de l’Autorité Monétaire, soit du
liquidateur nommé par la COBAC en vertu de l’article 15 de la Convention du 16 octobre 1990.

Pendant la durée de la liquidation, l’entreprise demeure soumise au contrôle de la Commission


Bancaire. Elle ne peut effectuer que des opérations strictement nécessaires à l’apurement de sa
situation. Elle ne peut faire état de sa qualité d’établissement de crédit qu’en précisant qu’elle est en
liquidation.

Le liquidateur désigné par la COBAC est responsable de la liquidation du fonds de commerce de la


banque. Les syndics ou liquidateurs judiciaires assurent la liquidation des autres éléments du
patrimoine de la personne morale’’.

En outre, l’article 3 de la Convention de 1992 portant harmonisation de la réglementation


bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale souligne que ‘’les dispositions de la présente
Convention l’emportent de plein droit sur toutes réglementations nationales qui leur seraient
contraires’’. Autrement dit, ce texte abroge toutes les lois nationales qui lui seraient
contraires, en ce qui concerne la liquidation des établissements de crédit, en l’occurrence
l’article 3 du décret n°89/1283 du 18 août 1989 portant création de la SRC, tel que modifié et
complété par le décret n°96/139 du 24 juin 1996, et l’article 3 l’ordonnance n°003 du 27 avril
1990 sus évoqués ayant institué la liquidation amiable.

Par conséquent, pour éviter tout conflit de lois dans le temps entre la réglementation
nationale en vigueur en la matière et les normes COBAC, les autorités camerounaises ont
édicté l’ordonnance n°96/02 du 24 juin 1996 modifiant l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990
fixant les conditions de liquidation des banques, qui dispose à l’article 2 (nouveau) :

- (1) ‘’Les conditions de liquidation des banques définies par la présente ordonnance ne
sont applicables qu’aux établissements de crédit mis en liquidation avant le 09 juillet
1992, date d’entrée en vigueur de la Convention du 10 octobre 1990 portant
création de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale’’.
- (2) La liquidation des banques visés à l’alinéa (1) s’effectue dans le cadre amiable,
selon les dispositions dérogatoires au droit commun et exclusives de tout autre
mode de liquidation’’.

Autrement dit, la liquidation amiable reste en vigueur pour les banques mis en liquidation
avant le 09 juillet 19921, date d’entrée en vigueur de la Convention COBAC, alors que pour
les banques dont l’ouverture de la procédure de liquidation coïncide ou est postérieure au
09 juillet 1992, c’est le régime institué par la COBAC qui est applicable.

1 Il s’agit de l’application du principe de la non-rétroactivité des lois consacré et garanti par le préambule de la loi
constitutionnelle du 18 janvier 1996.

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L’ouverture de la procédure de liquidation de la BIAO MERIDIEN BANK CAMEROON


(BMBC), qui est le résultat de la fusion opérée dans le contexte des réformes sus évoquées,
entre la défunte Banque Internationale de l’Afrique Occidentale (BIAO), mise en liquidation
le 30 avril 1991, et la MERIDIEN BANK CAMEROON dissoute de ce fait ; est encadrée par
les décisions suivantes :

 L’arrêté n°0491/96/MINEFI/CAB du 09 août 1996 portant retrait d’agrément de la BMBC


en qualité d’établissement de crédit ;
 L’arrêté n°0029/MINEFI/CAB du 10 septembre 1996 portant nomination d’un liquidateur
bancaire auprès de la BMBC ;
 Le Jugement civil n°117 du 7 novembre 1995 portant mise en liquidation d’office de la
BMBC, et nommant M. MBELLA MBOUM Simon en qualité de liquidateur judiciaire.

A l’évidence, la liquidation de la BMBC est ouverte conformément aux normes consacrées


par la COBAC en la matière.

Seulement, le 17 octobre 1993 est signé entre seize pays1 africains y compris le Cameroun,
le traité OHADA portant sur l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, et
dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 1998. Ce traité annonce huit (08)
instruments principaux sous la forme d’actes uniformes relatif à : Droit de l’arbitrage, Droit
commercial général, Droit des sociétés commerciales et du GIE, Comptabilité des entreprises, Droit
des sûretés, Procédures de recouvrement des créances, Procédures collectives d’apurement du passif,
Transport des marchandises par route.

Parmi ces instruments, l’Acte uniforme portant organisation des procédures


collectives d’apurement du passif revêt une importante très significative pour les
raisons ci-après :

 Il traite du corpus réglementaire qui organise les procédures de redressement et de


liquidation des personnes exerçant leurs activités dans l’espace géographique OHADA.
De la sorte, ces procédures sont applicables aux établissements de crédit ou plus
précisément aux firmes bancaires, car elles sont avant tout des sociétés
commerciales – Unités économiques marchandes – au sens propre du terme, quoique
spécifiques à cause de leur emprise directe aux conséquences énormes sur le système
économique et financier de chaque pays, de par leur double fonction de création monétaire
et de financement de l’économie.

 L’article 10 du texte fondateur précise que ‘’Les Actes uniformes sont directement
applicables et obligatoires dans les Etats Parties nonobstant toute disposition contraire
de droit interne, antérieure ou postérieure’’.

1Les Etats signataires sont les suivants : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République Centrafricaine, Comores, Congo,
Côte-D’ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo.

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A partir de là, les conséquences suivantes peuvent être tirées :

 Le traité OHADA complète la réglementation communautaire de la CEMAC sus


évoquée en ce qui concerne d’une part la réglementation et le contrôle de l’activité
bancaire, et d’autre part la restructuration et/ou la liquidation des banques, sans oublier
les textes nationaux ;

 Tout comme la réglementation de la COBAC, les règles instituées par l’OHADA


abrogent toute disposition nationale contraire ;

 Aucun texte n’a été édicté en vue d’harmoniser l’ordre juridique de la CEMAC dont est
issu la COBAC avec celui de l’OHADA ;

 La liquidation des banques pourrait être la suite logique soit de la dissolution de la société
dans les conditions prévues par l’Acte uniforme OHADA relatif au Droit des Sociétés et du GIE1
(AUDSG) ou bien2 de la décision de justice prononcée selon les modalités fixées par l’Acte
Uniforme portant Procédures Collectives d’Apurement du Passif (AUPC), soit du retrait
d’agrément selon les prescriptions de l’article 17 (Annexe à la Convention de 1992
portant Harmonisation de la Réglementation Bancaire).

En effet, aussi bien les normes consacrées par la COBAC, que les normes issues de l’ordre
juridique OHADA ont été dotées par leurs traités fondateurs respectifs, de la même
vocation supranationale et du même effet immédiat, tout en ayant au plan du droit
constitutionnel camerounais la même valeur juridique.

Par conséquent, comment pourrait-on raisonnablement établir une hiérarchie entre ces deux traités
ayant vocation à régir la liquidation des établissements de crédit ? De cette question, découle la
problématique centrale de l’étude :

Quel est le droit applicable en matière de liquidation des établissements de crédit au


Cameroun ? Quels sont les problèmes que pose le régime de la liquidation des établissements
de crédit en général, et celui de la liquidation de la BMBC en particulier ?

La formulation de la problématique centrale de l’étude impose la précision de son objectif


principal qui consiste à examiner la procédure de liquidation de la BIAO MERIDIEN BANK
CAMEROON (BMBC) entamée en 1996, pour déterminer les problèmes qu’elle pose au plan du
droit des procédures collectives d’apurement du passif, tirer les conséquences au plan juridique, tout

1 Cf. Article 200 : 1°) Expiration du temps pour lequel elle a été constituée ; 2°) Réalisation ou extinction de son objet ;
3°) Annulation du contrat de société ; 4°) Décision des associés aux conditions prévues pour modifier les statuts ; 5°)
Dissolution anticipée prononcée par la juridiction compétente, à la demande d’un associé pour justes motifs, notamment
en cas d’inexécution de ses obligations par un associé ou de mésentente entre associés empêchant le fonctionnement
normal de la société ; 6°) Effet d’un jugement ordonnant la liquidation des biens de la société ; 7°) Toute autre cause
prévue par les statuts.
2 L’article 203(3) AUDSG précise que les dispositions de l’AUDSG ‘’ne s'appliquent pas lorsque la liquidation intervient

dans le cadre des dispositions de l'Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du passif’’.

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en mettant en exergue les implications de ces problèmes au niveau de la pratique de la liquidation


de la BMBC, sans oublier les propositions de solutions.

L’objectif principal de l’analyse a suscité le choix d’une méthode expérimentale qui


synchronise la pure exégèse juridique avec les faits révélés par la réalité, en vue de tirer des
conclusions déclinées sous forme de propositions de solutions.

In fine, au vu des constats sus mentionnés, de la problématique esquissée et des enquêtes


menées sur le terrain auprès des structures de liquidation (liquidateur bancaire et liquidateur
judiciaire), il convient d’examiner les problèmes de détermination du cadre
juridique de la liquidation des établissements de crédit ainsi que les
conséquences induites, de proposer des solutions susceptibles de réajuster ledit
cadre juridique (Partie 1), avant de présenter les problèmes relatifs à la conduite
des opérations de liquidation de la BMBC, qui sont en réalité les implications des
insuffisances de la réglementation en vigueur. Des solutions devant permettre
d’assainir le déroulement de ces opérations de liquidation seront aussi suggérées
(Partie 2).

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PARTIE I : LES PROBLEMES DE DETERMINATION DU CADRE JURIDIQUE

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Parler du cadre juridique de la liquidation des établissements de crédit, revient à examiner le


corpus de règles de droit qui permettent d’organiser la procédure et de conduire les opérations de
liquidation desdits établissements. A l’analyse, il apparaît que les problèmes juridiques
rencontrés au niveau de la liquidation des établissements de crédit, prennent leur source
dans la complexité du cadre juridique (fragmentation et cohérence insuffisante). Ce qui a
emmené l’étude à tirer des conséquences au plan de l’analyse des textes qui structurent ledit
cadre juridique (chapitre 1). Toutefois, des solutions susceptibles de simplifier ce cadre
juridique ont été esquissées (chapitre 2).

CHAPITRE 1 : UN CADRE JURIDIQUE COMPLEXE

La complexité du cadre juridique de la liquidation des établissements de crédit se traduit par


son caractère fragmenté (section I) et insuffisamment cohérent (section I1). Les
conséquences au plan de l’analyse des textes sont exposées au niveau de chaque section du
chapitre.

SECTION 1 : UN CADRE JURIDIQUE FRAGMENTE ET CONSEQUENCES

Le caractère fragmenté du cadre juridique s’explique par la coexistence dans le même espace
juridique, des normes issues des sources juridiques tantôt différentes et autonomes, tantôt
concurrentes (Paragraphe I). La fragmentation du cadre juridique emporte des conséquences
immédiates (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : DES NORMES ISSUES DES SOURCES JURIDIQUES DIFFERENTES,


AUTONOMES ET CONCURRENTES

L’étude s’attèlera à démontrer en quoi les sources juridiques dont dérivent les normes en
question sont concurrentes (B), après avoir examiné leurs caractères différents et
autonomes (A).

A. DES NORMES ISSUES DES SOURCES JURIDIQUES DIFFERENTES ET AUTONOMES

Ces normes sont d’origine nationale (1) ou d’inspiration internationale (2).

1. Les normes d’origine nationale

Elles font l’objet d’une intense activité normative de la part du pouvoir exécutif. Elles sont
édictées en vertu de la Constitution de la République du Cameroun du 02 juin 1972, révisée
le 18 janvier 1996. On distingue les ordonnances des décrets.

1.1 Les ordonnances

Selon l’article 28 de la Constitution du 02 juin 1972 révisée le 18 janvier 1996, l’ordonnance


est un mode de production des textes par le Président de la République dans les matières
ressortant du domaine de la loi (article 26), sur autorisation du Parlement, pendant un délai limité

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et pour des objets déterminés. L’ordonnance doit être ratifiée à la fois par le Parlement et le
Sénat par la loi d’habilitation. Elle a un caractère réglementaire tant qu’elle n’a pas été
ratifiée. Toutefois, elle demeure en vigueur tant que le Parlement n’a pas refusé de la ratifier.

C’est sur cette base que le Président de la République a été amené à édicter les
ordonnances ci-dessous pour fixer la procédure de liquidation des établissements de crédit :

 Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 modifiant et complétant les dispositions de l’ordonnance


n°85/002 du 31 août 1985, fixant les conditions de liquidation des banques ;

 Ordonnance n°9/005 du 19 septembre 1990 modifiant et complétant les dispositions de


l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990, fixant les conditions de liquidation des banques ;

 Ordonnance n°96/02 du 24 juin 1996 modifiant et complétant les dispositions de l’ordonnance


n°003 du 27 avril 1990, fixant les conditions de liquidation des banques.

1.2 Les décrets

Le décret est un acte qui relève du pouvoir réglementaire exercé par le Président de la République
en vertu des articles 27 et 31 de la Constitution du 02 juin 1972 révisée le 18 janvier 1996.
C’est dans ce cadre que le Président de la République a pris les décrets ci-dessous, en
matière de liquidation des établissements de crédit :

 Décret n°89/1283 du 18/08/1989, portant création de la SRC ;

 Décret n°96/139 du 24 juin 1996 modifiant certaines dispositions du décret n°89/1283 du 18


août 1989 portant création de la SRC.

2. Les normes d’inspiration internationale

Elles sont issues des traités internationaux pour lesquels l’Etat du Cameroun a donné son
consentement à être lié selon le principe ‘’Pacta sunt servanda’’1. On notera à cet effet :

 La Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale, créée par le traité du


16 mars 1994 révisé le 25 juin 2008 : selon l’article 1er, le traité de la CEMAC crée cinq
(5) institutions2 et sept (7) organes3 parmi lesquels la Commission Bancaire de l’Afrique
Centrale (COBAC), mise en place par la Convention du 16 octobre 1990 qui la cite à
son article 1er parmi ‘’les organes chargés de la mise en œuvre de la coopération
monétaire entre les Etats-Membres’’4 ;

1 Principe selon lequel, les traités et plus généralement les contrats, doivent être respectés par les parties qui les ont
conclus.
2 L’Union Economique de l’Afrique Centrale (UEAC) ; l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) ; le Parlement

Communautaire ; la Cour de Justice ; la Cour des Comptes.


3 La Conférence des Chefs d’Etat ; le Conseil des Ministres ; la Commission de la CEMAC ; la Banque des Etats de

l’Afrique Centrale (BEAC) ; la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) ; la Commission
Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC).
4 Comité Monétaire ; Banque des Etats de l’Afrique Centrale ; Commission Bancaire de l’Afrique Centrale.

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 L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) : traité


signé à Port-Louis le 17 octobre 1993 entre 16 pays1 d’Afrique sub-saharienne dont le
Cameroun, son entrée en vigueur avait été prévu au plus tard le 01/01/1998. Le
Cameroun y a adhéré le 20/10/1995, l’a ratifié le 4 octobre 1996 et l’a mis en vigueur le 3
décembre 1996. Selon l’article 1er, ‘’le traité a pour objet l'harmonisation du droit des affaires
dans les Etats Parties par l'élaboration et l'adoption de règles communes simples, modernes et
adoptées à la situation de leurs économies, par la mise en œuvre de procédures judiciaires
appropriées, et par l'encouragement au recours, à l'arbitrage pour le règlement des différents
contractuels’’.

Aux termes de l’article 3, le traité dispose de deux organes principaux à savoir le


Conseil des Ministres et la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage. Le
Conseil des Ministres est assisté d’un Secrétariat Permanent auquel est rattachée
une Ecole Régionale Supérieure de Magistrature.

2.1 Les normes juridiques issues de la réglementation COBAC

En matière de réglementation bancaire en général, et de liquidation des établissements de


crédit en particulier, le dispositif normatif de la COBAC s’appuie fondamentalement sur
deux conventions majeures :

2.1.1 La Convention du 16 octobre 1990 portant création de la COBAC et son Annexe

L’article 7(bis) de la Convention précise que la COBAC est chargée de ‘’veiller au respect par
les établissements de crédit des dispositions législatives et réglementaires édictées par les Autorités,
par la Banque2 ou par elle-même et qui leur sont applicables, et de sanctionner les manquements
constatés’’.

2.1.2 La Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation bancaire


dans les Etats de l’Afrique Centrale et son Annexe

En réalité, ces deux conventions font partie du Traité3 instituant la CEMAC. Il en ressort que
la COBAC en tant qu’organe de régulation du secteur bancaire en zone CEMAC, exerce
trois fonctions principales (administrative, réglementaire, disciplinaire) en matière de
réglementation bancaire, qui font d’elle le ‘’Gendarme’’ du système bancaire.

Par sa fonction administrative, la COBAC exerce les attributions suivantes :

 La délivrance d’avis conformes pour l’agrément des établissements de crédit, de leurs dirigeants et
Commissaires aux comptes ;
 La délivrance des autorisations préalables pour la modification de situation des établissements de crédit
(augmentation de capital, restructuration juridique, acquisition de participations) ;

1 Supra, p. 15.
2 Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC).
3 Voir l’article 3 du Traité du 16 mars 1994 instituant la CEMAC, modifié le 25 juin 2008, qui précise que les

différentes Conventions sont ‘’à annexer au présent Traité et dont elles feront intégralement partie’’.

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 L’opposition de son veto pour la désignation des administrateurs ;


 La nomination du liquidateur bancaire en cas de liquidation de l’établissement de crédit.

Sa fonction réglementaire lui donne pouvoir pour :

 Elaborer les normes en matière prudentielle destinées à assurer la solvabilité, la liquidité et la rentabilité
des établissements de crédit, et plus généralement l’équilibre de leur situation financière ;
 Exécuter des contrôles sur pièces et/ou sur place de la gestion des établissements de crédit.

Par le biais de la fonction disciplinaire, elle est qualifiée pour l’ouverture de procédures
disciplinaires pouvant déboucher sur le prononcé de sanctions, dont la gamme varie entre
l’avertissement et le retrait d’agrément

2.2 Les normes juridiques issues de l’OHADA

Le traité OHADA intègre à l’origine huit (08) instruments principaux1 sous la forme d’actes
uniformes portant sur :

 Le droit de l’arbitrage ;
 Le droit commercial général ;
 Le droit des sociétés commerciales et du GIE ;
 La comptabilité des entreprises ;
 Le droit des sûretés ;
 Les procédures simplifiées de recouvrement des créances et des voies d’exécution ;
 Les procédures collectives d’apurement du passif ;
 Le transport des marchandises par route.

L’Acte uniforme portant procédures collectives d’apurement du passif des


entreprises organise les procédures de redressement et de liquidation des entreprises
exerçant leurs activités dans l’espace géographique OHADA.

1 A ces premiers instruments, il faut ajouter l’acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives, adopté
le 15/12/2010.

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B. DES NORMES ISSUES DES SOURCES JURIDIQUES CONCURRENTES

Les sources juridiques de ces normes sont concurrentes, parce qu’elles poursuivent pour
certaines d’entre elles les mêmes objectifs d’une part (1), et réglementent la même branche
du droit d’autre part (2).

1. La poursuite des mêmes objectifs par les normes d’inspiration internationale

On distingue à ce point, l’harmonisation de la réglementation bancaire en zone CEMAC par


la COBAC de l’harmonisation du droit des affaires par l’OHADA.

1.1 L’harmonisation de la réglementation bancaire par la COBAC

Le préambule de la Convention du 17 janvier 1992 affirme que :

 ‘’Soucieux d’harmoniser leurs politiques relatives à l’exercice et au contrôle de la profession


bancaire conformément aux engagements qu’ils1 ont souscrits dans le cadre de la Convention de
Coopération Monétaire du 22 novembre 1972, notamment en son article 14’’ ;

 ‘’Conscients que la cohérence des réglementations bancaires de leurs Etats conditionne le bon
fonctionnement de la nouvelle institution et, par delà, la pleine réalisation des objectifs qui ont
commandé sa mise en place…’’.

1.2 L’harmonisation du droit des affaires par l’OHADA

L'article 2 du Traité dispose que : « le présent Traité a pour objet l'harmonisation du droit des
affaires dans les Etats parties par l'élaboration et l'adoption de règles communes simples, modernes
et adaptées à la situation de leurs économies...».

2. La réglementation de la même branche du droit

Les sources juridiques sus citées fixent le régime juridique de la faillite ou plus précisément
de la procédure de liquidation des entreprises en général, et/ou de la firme bancaire en
particulier. On distingue :

 La réglementation des conditions de liquidation des banques par les lois nationales ;
 La réglementation de la procédure de liquidation des établissements de crédit par la
COBAC dans les Etats de l’Afrique Centrale ;
 La réglementation des procédures collectives d’apurement du passif des entreprises en difficultés
par l’OHADA.

1 Il s’agit des Etats membres de la CEMAC.

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Tableau 1 - Chronologie de la réglementation en matière de liquidation des établissements de crédit


Législation nationale

Ordonnance n°003 modifiant et complétant les dispositions de l’ordonnance n°85/002 du


27 avril 1990
31 août 1985, fixant les conditions de liquidation des banques

Ordonnance n°9/005 modifiant et complétant les dispositions de l’ordonnance n°003 du


19 septembre 1990
27 avril 1990, fixant les conditions de liquidation des banques

Ordonnance n°96/02 modifiant et complétant les dispositions de l’ordonnance n°003 du


24 juin 1996
27 avril 1990, fixant les conditions de liquidation des banques

18 août 1989 Décret n°89/1283 portant création de la SRC

Décret n°96/139 modifiant certaines dispositions du décret n°89/1283 du 18 août 1989


24 juin 1996
portant création de la SRC

Réglementation bancaire communautaire de la COBAC

16 octobre 1990 Convention portant création de la COBAC et son Annexe

Convention portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de


17 janvier 1992
l’Afrique Centrale et son Annexe

Règlement n°01/09/CEMAC/UMAC/COBAC portant création du Fonds de Garantie des


20 avril 2009
Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)

Règlement COBAC R-2009/03 du 15/12/2009 relatif à l'organisation et au


15 décembre 2009
fonctionnement du Fonds de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)

Réglementation de l’OHADA

10 avril 1998 Acte Uniforme portant Procédures Collectives d’Apurement du Passif (OHADA)

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

PARAGRAPHE II : LES CONSEQUENCES IMMEDIATES DU CARACTERE FRAGMENTE DU


CADRE JURIDIQUE

Les conséquences immédiates du caractère fragmenté du cadre juridique de la liquidation


des établissements de crédit peuvent s’analyser à plusieurs niveaux à savoir :

 L’institutionnalisation des procédures de liquidation divergentes (A) ;


 La violation par l’autorité monétaire de la compétence exclusive de la COBAC pour la
nomination du liquidateur bancaire (B) ;
 La réduction de la portée du contrôle juridictionnel par la réglementation COBAC (C) ;
 Les incertitudes de la notion de fonds de commerce de la banque (D) ;
 L’oubli du traitement intra-communautaire de la faillite des établissements de crédit par la
réglementation COBAC (E).

A. L’INSTITUTIONNALISATION DES PROCEDURES DE LIQUIDATION DIVERGENTES

Les divergences des procédures de liquidation ainsi instituées peuvent s’apprécier tant au
niveau des conditions (1) que des organes (2) et des effets (3).

1. Des divergences au niveau des conditions

L’analyse des divergences au niveau des conditions retiendra les points suivants :

 Le retrait d’agrément comme condition unique de l’ouverture de la procédure de liquidation


selon les normes de la COBAC ;
 Les conditions de l’ouverture de la procédure de liquidation conformément aux normes de
l’OHADA.

1.1 Le retrait d’agrément : condition unique de l’ouverture de la procédure de liquidation selon les
normes de la COBAC

La lecture combinée des articles 13 de l’Annexe de la Convention du 16 octobre 1990 et 17


de l’Annexe de la Convention du 17 janvier 1992, permet d’affirmer que le retrait
d’agrément est la condition unique de l’ouverture de la procédure de liquidation
des établissements de crédit en zone CEMAC.

En effet, l’alinéa 4 de l’article 17 sus cité précise que ‘’Tout établissement de crédit dont
l’agrément a été retiré entre en liquidation’’.

En outre, on peut distinguer deux types de causes pour le retrait d’agrément à savoir les
causes explicitement énumérées par les textes et une cause implicite identifiée par la doctrine1.

1 Jean Marie Nyama, Droit des entreprises en difficultés, CERFOD, édition 2004, pp. 374-375.

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

Parlant des causes explicites, on retiendra l’article 17(2)(3) sus évoqué et l’article 48 du
règlement COBAC R-2009/03 du 15/12/2009 relatif à l'organisation et au fonctionnement du
Fonds de Garantie des dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)1.

 Il ressort de l’article 17(2)(3) que les causes du retrait d’agrément sont les suivantes :

 La sanction disciplinaire prononcée par la COBAC conformément aux dispositions de


l’article 132 sus cité.
 Les autres causes énumérées comme suit :
- La demande de l’établissement de crédit, autrement dit de ses organes dirigeants ;
- L’établissement ne remplit plus les conditions auxquelles l’agrément est subordonné ;
- L’établissement n’a pas fait usage de son agrément dans un délai de douze mois ;
- L’établissement n’exerce plus son activité depuis au moins six mois.

 L’article 48 du règlement COBAC R-2009/03 sus évoqué précise que ‘’l'intervention du


Fonds en vue de procéder au remboursement ou à l'indemnisation totale ou partielle des
titulaires des dépôts et autres avoirs éligibles entraîne le retrait d'agrément de l'établissement de
crédit concerné’’.

La cause implicite du retrait d’agrément est identifiée par le Dr Jean Marie Nyama3 qui,
parlant des critères d’ouverture de la liquidation en l’espèce, affirme que la liquidation d’un
établissement de crédit intervient beaucoup plus souvent ‘’en cas de non respect des ratios
prudentiels de gestion ayant conduit à une cessation des paiements’’.

C’est en vertu de ces dispositions textuelles que la procédure de liquidation de la BMBC a


été ouverte par les décisions suivantes :

 L’arrêté n°0491/96/MINEFI/CAB du 09 août 1996 portant retrait d’agrément de la BMBC en qualité


d’établissement de crédit ;
 L’arrêté n°0029/MINEFI/CAB du 10 septembre 1996 portant nomination d’un liquidateur bancaire auprès de la
BMBC ;
 Le Jugement civil n°117 du 7 novembre 1995 portant mise en liquidation d’office de la BMBC, et nommant M.
MBELLA MBOUM Simon en qualité de liquidateur judiciaire ;

1 Mécanisme de garantie des dépôts mis en place en date du 20/04/2009 par le Règlement n°
01/09/CEMAC/UMAC/COBAC du Comité Ministériel de l’UMAC, sous l’appellation FOGADAC (Fonds de Garantie des
Dépôts en Afrique Centrale). Aux termes de l’article 1er du règlement n°01/09, le Fonds est chargé d'indemniser les
épargnants d'un établissement de crédit en cas d'indisponibilité de leurs dépôts (dépôts à vue ou à terme, comptes sur livret,
soldes créditeurs des comptes courants ou des comptes ordinaires) telle que définie par un Règlement de la Commission
Bancaire ; d'apporter son concours à un établissement de crédit dont la situation laisse craindre dans les brefs délais une
indisponibilité totale ou partielle des dépôts ou de tous les autres fonds remboursables.
L’article 16 précise que le Fonds est alimenté par les contributions des établissements de crédit, les produits de
placements de ces contributions, les dons et subventions.
L’article 15 Règlement COBAC R-2009/03 relatif à l'organisation et au fonctionnement du FOGADAC ajoute que le
montant des cotisations annuelles ne saurait être inferieur a 30 millions de FCFA par établissement de crédit.
2 ‘’Si un établissement de crédit n’a pas déféré à une injonction ou n’a pas tenu compte d’une mise en garde, ou a

enfreint gravement la réglementation, la Commission Bancaire peut prononcer une ou plusieurs des sanctions
disciplinaires suivantes : l’avertissement ; le blâme ; l’interdiction d’effectuer certaines opérations ou toutes autres limitations
dans l’exercice de ses activités ; la révocation du ou des commissaires aux comptes ; la suspension ou la démission d’office
du ou des dirigeants responsables ; le retrait d’agrément…’’
3 Jean Marie Nyama, op. cit.

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

 Par ordonnance n°627/PTGI/W/DLA du 07 juillet 2005, M. SOPPO Paul Alphonse est nommé liquidateur provisoire
de la BMBC aux côtés de M. MBELLA MBOU Simon. Cette fonction sera confirmée par jugement civil n°164 du 1 er
décembre 2005. Par ce jugement, M. SOPPO Paul Alphonse est nommé co-syndic de la liquidation judiciaire BMBC.

1.2 Les conditions de l’ouverture de la procédure de liquidation selon les normes OHADA

Les normes OHADA permettent de distinguer en l’espèce, la condition de forme des


conditions juridique et financière.

1.2.1 La condition de forme : l’inscription de la décision portant dissolution de la personne morale


au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM)

Cette formalité est prescrite par l’article 37 de l’Acte Uniforme portant Droit Commercial
Général (AUDCG), qui précise que ‘’la dissolution d'une personne morale pour quelque cause
que ce soit doit être déclarée, en vue de son inscription au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier, dans le délai d'un mois au Greffe de la juridiction compétente auprès de laquelle elle est
immatriculée. Il en est de même pour la nullité de la société à compter de la décision qui l’a
prononcée’’.

L’article 37 précité ajoute que ‘’la radiation doit être demandée par le liquidateur dans le délai
d'un mois à compter de la clôture des opérations de liquidation’’.

1.2.2 La condition juridique assouplie : la qualité de commerçant

La qualité de commerçant découle de la réunion des conditions posées par l’article 2 de


l’AUDCG1 selon lequel ‘’sont commerçants ceux qui accomplissent des actes2 de commerce et en
font leur profession habituelle’’. Autrement dit, ‘’sur le plan analytique, il faut exercer des actes de
commerce par nature, à titre habituel ou professionnel, en son nom, pour son compte et de manière
indépendante’’3.

L’exigence de la qualité de commerçant est assouplie par l’AUDCG, en ce sens qu’il


discrimine entre les personnes physiques et les personnes morales.

S’agissant des personnes physiques, l’Acte Uniforme OHADA soumet aux procédures
collectives (règlement préventif, redressement judiciaire, liquidation) seulement les
personnes physiques ayant la qualité de commerçant.

1 AUDCG : Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général.


2 Selon les articles 3 et 4, ont le caractère d’actes de commerce, notamment :
- l'achat de biens, meubles ou immeubles, en vue de leur revente ; les opérations de banque, de bourse, de change, de
courtage, d'assurance, et de transit ;les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ; l'exploitation
industrielle des mines, carrières et de tout gisement de ressources naturelles ; les opérations de location de meubles ; les
opérations de manufacture, de transport et de télécommunication ; les opérations des intermédiaires de commerce,
telles que commission, courtages, agences, ainsi que les opérations d'intermédiaire pour l'achat, la souscription, la vente
ou la location d'immeubles, de fonds de commerce, d'actions ou de parts de société commerciale ou immobilière ; les
actes effectués par les sociétés commerciales (article 3) ;
- la lettre de change, le billet à ordre et le warrant (article 4).
3 Filiga Michel Sawadogo, Droit des entreprises en difficulté, p. 86, collection Droit Uniforme Africain.

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

Par contre, en ce qui concerne les personnes morales, le dispositif normatif de l’OHADA en
matière de procédures collectives tient compte tant des personnes morales commerçantes
que des personnes morales n’ayant pas la qualité de commerçant.

C’est pour cela que le Pr Filiga Michel Sawadogo affirme que, ‘’l’Acte Uniforme OHADA retient
très simplement les personnes physiques commerçantes d’une part, les personnes morales de droit
privé d’autre part’’1 (article 2(4) AUPC).

1.2.3 La condition économique ou financière : la cessation des paiements

La cessation des paiements est définie par l’article 252 AUPC comme la situation où le débiteur
est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Il est tenu de
faire dans les trente jours de la cessation des paiements une déclaration aux fins d’ouverture
d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle que soit la
nature de ses dettes. La requête est déposée au greffe de la juridiction compétente contre
récépissé.

Selon le Pr Filiga Michel Sawadogo3, la cessation des paiements contient deux éléments
fondamentaux notamment l’élément de liquidité et l’insuffisance de l’actif disponible.

S’agissant de la liquidité, elle implique que ‘’le passif exigible est reflété par les éléments de la
cessation des paiements ouverte (non-paiement d’une dette certaine, liquide et exigible) ou
de la cessation des paiements déguisée (maintien du service de caisse par des expédients) 4’’.

En ce qui concerne l’insuffisance de l’actif disponible : ‘’l’actif disponible est la trésorerie de


l’entreprise. Il comprend les sommes dont l’entreprise peut disposer immédiatement soit parce
qu’elles sont liquides soit parce que leur conversion en liquide est possible à tout moment et sans
délai : caisse, solde créditeur des comptes bancaires, effets de commerce ou valeurs mobilières
encaissables à vue, etc.’’.

‘’L’impossibilité de faire face’’ suppose que l’actif total soit supérieur au passif total mais que
l’actif disponible soit inférieur au passif exigible.

1 Filiga Michel Sawadogo, op. cit.


2 Il s’agit en réalité de la reprise de l’article 3 de la loi française du 25 janvier 1985 relative à la procédure de
redressement et de liquidation judiciaires des entreprises (intégrée dans le livre VI du Code de Commerce).
3 Filiga Michel Sawadogo, idem.
4 Selon le Pr Filiga Michel Sawadogo, la cessation des paiements a fait l’objet originellement d’une conception dualiste

(cessation des paiements ouverte, cessation des paiements déguisée), avant d’évoluer vers la conception unitaire
intégrant les deux aspects.

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Elle peut être illustrée par le bilan1 hyper-simplifié ci-dessous :

Actif Passif
Actif non disponible Passif non exigible
- Immobilisations : 50 000 000 - Capitaux propres : 30 000 000

Actif disponible Passif exigible


- Caisse / Banque : 20 000 000 - Dettes exigibles : 40 000 000

Total Actif 70 000 000 Total Passif 70 000 000

Le tableau ci-dessus montre qu’il y a cessation des paiements puisque l’actif disponible est inférieur au passif exigible.

Il est important de noter toutefois que la notion de cessation des paiements a été adaptée à
l’activité bancaire par le législateur français avec l’aide de la doctrine2 et de la jurisprudence3.

En effet, l’article 88 de la LESF4 dispose que ‘’Par dérogation aux dispositions de l’article 35 de
la loi n°85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des
entreprises, sont en état de cessation des paiements les établissements de crédit qui ne sont pas en
mesure d’assurer leurs paiements, immédiatement ou à terme rapproché’’.

Selon Christophe Léguevaques, pour un établissement de crédit, le paiement immédiat se


mesure ‘’à sa capacité de rembourser les dépôts à vue’’ ; le paiement à terme rapproché
concerne, par exemple ‘’le remboursement d’une épargne à court terme’’, plan d’épargne
logement, compte d’épargne logement, CODEVI, etc. Il poursuit en indiquant que la LESF a
modifié la notion comptable de la cessation des paiements pour la rapprocher de la notion
‘’plus financière et proche de l’insolvabilité’’. C’est pour cela que Sylvie de Coussergues et
Gautier Bourdeaux6 pensent qu’il ‘’s’agit d’une conception plus large de la cessation des

1 Filiga Michel Sawadogo, op. cit.


2 Nussembaum et Rouger cités par Christophe Léguevaques, Droit des défaillances bancaires, Economica, pp. 325-328.
Le Pr Nussembaum écrit, ‘’l’ensemble des dépôts n’étant pas exigé ne peut être considéré dans sa globalité comme
constituant un passif exigible. La constatation de l’état de cessation des paiements ne peut se résumer à la constatation des
premiers impayés occasionnels du fait de la notion d’impossibilité incluse dans la définition de la cessation des paiements.
C’est pourquoi, on y ajoute l’analyse des ratios prudentiels’’ in ‘’Définir la date de cessation des paiements d’une banque’’,
Banque, n°574, octobre 1996, p. 60 et s. Selon Rouger, ‘’la notion de cessation des paiements ne peut être retenue comme
critère de défaillance, soit parce qu’elle n’a pas de réalité sur le terrain, soit parce qu’elle ne se manifeste que très tard
[…]. Nous voyons que nous revenons aux critères de la situation irrémédiablement compromise […]. Cela suppose que la
notion de passif exigible […] soit également appréciée au regard spécifique de l’activité bancaire. Dans ce sens, le ratio de
liquidité constitue une première piste d’une approche bancaire de la cessation des paiements […]. Il est possible d’imaginer
un ratio de liquidité tel qu’il existe actuellement, constituant un minimum à respecter et un second ratio moins sévère, en-
deçà duquel on pourrait parler de cessation des paiements virtuelle avec les mêmes effets que la cessation des paiements
classique’’, in ‘’Les critères de défaillance d’une banque’’, Colloque de Deauville, Rev. de jur. Com, novembre 1996, n°
spécial.
3 Jurisprudence UBC citée par Christophe Léguevaques op. cit. – Dans son jugement du 5 janvier 1994, le Tribunal de

Commerce de Paris a eu à trancher entre deux thèses : par la première l’application stricte de la loi de 1985, tant que la
banque pouvait se refinancer sur le marché, elle n’était pas en état de cessation des paiements ; pour la seconde la banque
ne respectant plus les ratios prudentiels, les financements obtenus devenaient irréguliers.
Dans sa décision, le Tribunal a tenu compte aussi bien de la loi de 1985 que de la loi bancaire. Il a fondé sa décision
d’une part, sur la constatation de l’existence d’une gestion anormale destinée à tromper la Commission bancaire en
dissimulant la valeur exacte des ratios prudentiels et d’autre part, sur le constat par la banque elle-même, du caractère
notoirement insuffisant des remèdes financiers dont elle disposait.
4 Loi relative à l’Epargne et à la Sécurité Financière du 25 juin 1999 (dite ‘’LESF’’)
5 Voir la définition classique de la cessation des paiements à savoir l’impossibilité de faire face à son passif exigible par

son actif disponible.


6 Dans leur ouvrage collectif intitulé ‘’Gestion de la banque : du diagnostic à la stratégie’’, 6 e édition, p. 79, Dunod.

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

paiements qui se réfère à des passifs à exigibilité non immédiate mais peu éloignée comme par
exemple les comptes et plans d’épargne-logement ou les dépôts à terme. Elle se rapproche ainsi de
la notion d’insolvabilité’’.

A titre illustratif, on utilisera le bilan des différentes banques ci-dessous :

Actif Passif
Banque A Banque B Banque C Banque A Banque B Banque C
Opérations avec la clientèle 34 50 8,2 Opérations avec la clientèle 31,5 6,6 5,8
Opérations de marché 59,7 37,8 75,8 Opérations de marché 58,9 81,2 75,7
Immobilisations 6,3 12,2 16 Capitaux permanents 9,6 12,2 18,5

Les équilibres partiels du bilan peuvent être calculés en déterminant : les soldes des opérations
avec la clientèle, des opérations de marché et des capitaux permanents sur les immobilisations. En
prenant l’exemple du solde des opérations avec la clientèle, on posera pour le cas de la
banque B : Actif (50) – Passif (6,6) = 43,4. Ce qui montre un excédent des prêts sur les
ressources clientèle en compte à cet instant précis. On dit qu’elle est prêteuse nette en
capitaux clientèle. Si sa trésorerie prévisionnelle montre qu’elle risque de ne pas être en
mesure de faire face à des remboursements des dépôts de la clientèle à un instant i,
notamment à cause des retards au niveau du recouvrement des créances, elle peut emprunter
auprès de la clientèle par l’émission des titres de placements bancaires (bons de caisse, comptes à
terme, certificats de dépôts), ou bien s’adresser aux banques consœurs par le biais du compartiment
interbancaire du marché monétaire.

Ainsi, tant que sa crédibilité lui permet de jouer ainsi avec la collecte des fonds et l’octroi du
crédit, synchronisée par la durée des opérations, dans le respect des ratios prudentiels (ratio
de liquidité notamment), il sera difficile de parler de la cessation des paiements au sens
comptable.

En résumé, l’élément fondamental d’une défaillance bancaire réside, surtout dans une crise
de liquidités ‘’puisque leur bilan financier, du fait de leur activité de ‘’transformation’’ peut se
caractériser par un passif court et un actif long’’.

1.2.4 La condition de procédure : l’intervention d’un jugement

Il ressort de la lecture des articles 3, 25, 28, 29 de l’AUPC que l’intervention du juge en
matière de procédures collectives d’apurement du passif des entreprises est obligatoire.

Selon l’article 3, ces procédures relèvent de la juridiction compétente en matière


commerciale.

D’après l’article 25, la saisine du juge peut être faite à l’initiative du débiteur alors que
l’article 28 prescrit que le créancier puisse le faire aussi.

In fine, le juge peut même se saisir d’office selon les dispositions de l’article 29, ‘’… sur la
base des informations fournies par le représentant du Ministère Public, les commissaires aux

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

comptes des personnes morales de droit privé lorsque celles-ci en comportent, les associés ou
membres de ces personnes morales ou les institutions représentatives du personnel qui lui indiquent
les faits de nature à motiver cette saisine’’.

Tableau 2 - Synthèse des conditions de la liquidation instituées par les différentes sources juridiques
Conditions
Texte
Condition de forme Conditions de fond Condition de procédure Condition principale Causes de la condition principale
Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 Aucune condition spécifiée
- L'inscription de la - La condition juridique : la
décision portant qualité de commerçant
dissolution de la La condition de procédure :
OHADA : AUPC + AUDCG + AUSCG - La condition économique
personne morale au l'intervention du juge
ou financière : la cessation
RCCM (Article 37
des paiements
AUDCG)
- Le refus de déférer à une injonction
de la COBAC
- Le refus de tenir compte d'une mise
en garde de la COBAC
- L'atteinte grave à la réglementation
Réglementation COBAC :
- L'établissement de crédit ne remplit
- Convention du 16 octobre 1990 +
- Le retrait d'agrément plus les conditions auxquelles
Annexe
l'agrément est subordonné
- Convention du 17 janvier 1992 + Annexe
- Le non usage de son agrément par
l'établissement de crédit dans un délai
de 12 mois
- Le défaut d'exercice de son activité
depuis au moins 6 mois

2. Des divergences au niveau des organes

L’examen des divergences au niveau des organes permet de présenter successivement les
organes de la liquidation consacrés par l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990, les organes
prévus par la réglementation COBAC et ceux issus des normes OHADA.

2.1 Les organes de la liquidation consacrés par l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990

Les organes institués par l’ordonnance n°003 en matière de liquidation des établissements de
crédits sont l’Autorité de tutelle, le liquidateur, les créanciers, l’assemblée générale des actionnaires
et le juge.

2.1.1 L’Autorité de tutelle : le Ministère des finances

Elle n’est pas clairement identifiée par l’ordonnance n°003. Son identité peut être déduite de
l’ordonnance n°85/002 du 31 août 1985 relative à l’activité des établissements de crédit,
dans la mesure où l’ordonnance n°003 modifie et complète l’ordonnance n°85/002. En effet,
l’ordonnance n°85/002 confère un important pouvoir de contrôle de l’activité des établissements
de crédit (agrément1, sanctions disciplinaires1, tutelle2 sur le Conseil National de Crédit et sur

1 Article 3.

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

la Commission de Contrôle des établissements de crédit) à l’Autorité Monétaire dont les


fonctions sont exercées selon l’article 3 dudit texte, par le Ministre chargé de la Monnaie et
du crédit ou plus précisément le Ministre chargé des Finances. Par conséquent, l’Autorité de
tutelle en l’espèce se trouve être le Ministère chargé des Finances.

La lecture de l’ordonnance n°003 laisse entendre qu’il est le principal organe de contrôle de
la procédure de liquidation des banques ainsi instituée. A ce titre, il exerce les attributions
suivantes :

- Vise l’état des créances vérifiées et arrêtées par le liquidateur (article 11(1)) ;
- Il apprécie le compte-rendu établi par le liquidateur, relatif aux réalisations du trimestre
précédent et à celles qu’il entend initier durant le trimestre suivant (article 16) ;
- Il apprécie le rapport annuel d’activités produit par le liquidateur et retraçant les opérations
de l’exercice écoulé (article 17).

2.1.2 Le liquidateur

Personnage central des opérations de liquidations, l’ordonnance n°003 lui confie des
attributions à la mesure de sa mission :

- Il reçoit les déclarations des créances faites par les créanciers, procède à leur vérification et
les valide (articles 6 à 9) ;
- Il procède aux opérations de recouvrement des créances des banques en liquidation (article
12) ;
- Il réalise les actifs corporels et incorporels par voie de ventes amiables ou de ventes aux
enchères publiques (article 14) ;
- Il adresse à l’Autorité de tutelle, un compte-rendu des réalisations du trimestre précédent et
de celles qu’il entend initier durant le trimestre suivant (article 16) ;
- Il soumet chaque année à l’appréciation de l’Autorité de tutelle, un rapport d’activités
retraçant les opérations de l’exercice écoulé (article 17) ;
- Il établit le bilan de clôture de la liquidation qu’il soumet à l’assemblée générale des
actionnaires (article 18).

2.1.3 Les créanciers

Les articles 6 à 8 leur donne le droit de faire valoir leurs créances sur les banques en
liquidation auprès du liquidateur ou de ses mandataires.

Aux termes de l’article 10, ‘’le créancier dont la production a été rejetée partiellement ou en
totalité peut en référer dans les quinze (15) jours de la notification du rejet au Président du Tribunal
de Grande Instance du siège social de la banque en liquidation qui statue par ordonnance en
premier et dernier ressort après débat contradictoire’’.

1 Article 41.
2 Articles 31 et 34.

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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

2.1.4 L’assemblée générale des actionnaires

Le bilan de clôture de la liquidation est soumis par le liquidateur à l’appréciation de


l’assemblée générale des actionnaires (article 18).

2.1.5 Le juge (Tribunal de Grande Instance)

Il statue en premier et dernier ressort après débat contradictoire sur toutes les
contestations relatives au rejet total ou partiel par le liquidateur de la production des
créances, déférées à sa compétence par les créanciers (article 10).

2.2 Les organes de la liquidation consacrés par la réglementation COBAC

Il ressort de l’article 17 de l’Annexe à la Convention que les organes de la liquidation des


établissements de crédit sont l’Autorité Monétaire, le liquidateur désigné par la COBAC, les
syndics ou liquidateurs judiciaires, les instances judiciaires, auxquels il faut ajouter le Fonds de
Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC) créé en date du 20/04/2009 par le
Règlement n° 01/09/CEMAC/UMAC/COBAC du Comité Ministériel de l’UMAC.

2.2.1 L’Autorité Monétaire

Aux termes de l’article 2 de l’Annexe à la Convention portant Harmonisation de la


Réglementation Bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale, l’Autorité Monétaire est le
Ministre chargé de la Monnaie et du Crédit. Il s’agit plus précisément pour le cas du
Gouvernement de l’Etat du Cameroun du Ministre chargé des Finances ou bien du Ministre
de l’Economie et des Finances, selon le décret portant structure du gouvernement.

L’Autorité Monétaire exerce en partage le pouvoir de retrait d’agrément avec la COBAC


(article 17(1) de l’Annexe à la Convention sus évoquée).

2.2.2 La COBAC

L’article 17 de l’Annexe à la Convention lui confère plusieurs attributions importantes en


matière de liquidation des établissements de crédit :

L’exercice en partage avec l’Autorité Monétaire du pouvoir de retrait de l’agrément ;


Le pouvoir exclusif de désignation du liquidateur bancaire ;
Le pouvoir de contrôle de l’entreprise pendant toute la durée de la liquidation.

2.2.3 Le liquidateur désigné par la COBAC

Il est responsable de la liquidation du fonds de commerce de la banque (article 17(6) de


l’Annexe à la Convention).

2.2.4 Les syndics ou liquidateurs judiciaires

Ils assurent la liquidation des autres éléments du patrimoine de l’établissement de crédit


(article 17(6) de l’Annexe à la Convention).

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2.2.5 Les instances judiciaires

Aux termes de l’article 17(3) de l’Annexe à la Convention, les instances judiciaires sont
chargées de prononcer d’office la liquidation de l’établissement de crédit ayant perdu son
agrément, sur saisine soit de l’Autorité Monétaire, soit du liquidateur nommé par la
COBAC.

2.2.6 Le Fonds de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)

Le FOGADAC est un mécanisme de garantie des dépôts mis en place en date du 20/04/2009
par le Règlement n° 01/09/CEMAC/UMAC/COBAC du Comité Ministériel de l’UMAC.

Aux termes de l’article 1er du règlement n°01/09, le Fonds est chargé d'indemniser les
épargnants d'un établissement de crédit en cas d'indisponibilité de leurs dépôts
(dépôts à vue ou à terme, comptes sur livret, soldes créditeurs des comptes courants
ou des comptes ordinaires) telle que définie par un Règlement de la Commission
Bancaire ; d'apporter son concours à un établissement de crédit dont la situation
laisse craindre dans les brefs délais une indisponibilité totale ou partielle des dépôts
ou de tous les autres fonds remboursables.

L’article 16 précise que le Fonds est alimenté par les contributions des établissements de
crédit, les produits de placements de ces contributions, les dons et subventions.

L’article 15 du Règlement COBAC R-2009/03 relatif à l'organisation et au fonctionnement du


FOGADAC ajoute que le montant des cotisations annuelles ne saurait être inferieur a 30 millions
de FCFA par établissement de crédit.

L’articulation des modalités d’intervention du FOGADAC avec les procédures collectives


(redressement, liquidation) concernant les établissements de crédit est précisée par les
articles 45 à 48 du Règlement COBAC R-2009/03 susmentionné :

 L’article 45 impose au FOGADAC le devoir d’information des ‘’créanciers et du


liquidateur bancaire et/ou judiciaire’’ relativement au détail par déposant des créances
indemnisées par lui ;

 L’article 46 donne au Fonds le droit de se substituer au client indemnisé à


concurrence du montant de l’indemnisation par rapport aux droits détenus par ledit
client à l’encontre de l’établissement de crédit en liquidation ;

 L’article 47 impose au Fonds le devoir d’information des créanciers au sujet de ses


modalités d’intervention (montant et étendue de la couverture, conditions ou délais
d’indemnisation, formalités à accomplir) ;

 L’article 48 fait de l’intervention du Fonds en vue du remboursement ou de


l’indemnisation totale ou partielle, une cause du retrait de l’agrément de
l’établissement de crédit.

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2.3 Les organes de la liquidation consacrés par les normes OHADA

Les organes prévus par les normes OHADA dans le cadre des procédures collectives
d’apurement du passif sont les organes judiciaires (juridiction compétente, juge-commissaire,
ministère public, contrôleurs), les syndics ou liquidateurs, la masse des créanciers.

2.3.1 Les organes judiciaires : la juridiction compétente, le juge-commissaire, le ministère public

i. La juridiction compétente (articles 4 et 5 ; 29 à 46 AUPC)


ii. Le juge-commissaire (article 35 et 39 AUPC)
iii. Les contrôleurs (article 48 à 49 AUPC)
iv. Le ministère public (articles 35, 47 et 66 AUPC)

2.3.2 Le syndic ou liquidateur (articles 35, 43 et 53 AUPC)

2.3.3 La masse des créanciers (article 72 AUPC)

Tableau 3 – Synthèse des Organes de la procédure de liquidation institués par les différentes sources juridiques

Texte Organes
- L’Autorité de tutelle : le Ministère de finances
- Le liquidateur
Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 - Les créanciers
- L’assemblée générale des actionnaires
- Le juge (Tribunal de Grande Instance)
- Les organes judiciaires : la juridiction compétente, le
d’apurement du passif : La liquidation des biens du
Acte uniforme OHADA portant procédures collectives juge-commissaire, le ministère public, les contrôleurs
débiteur en vue de l'apurement collectif de son passif - Le syndic ou liquidateur
- L’assemblée des créanciers
- L’Autorité Monétaire (Ministre chargé de la Monnaie et
Normes communautaires de la COBAC : du Crédit)
- Convention du 16 Octobre 1990 portant création de la - La COBAC
COBAC + Annexe
- Le liquidateur désigné par la COBAC
- Convention du 17 janvier 1992 portant Harmonisation de
la Réglementation Bancaire + Annexe - Les syndics ou liquidateurs judiciaires
- Les instances judiciaires
- Le FOGADAC

3. Des divergences au niveau des effets

Les effets de la procédure divergent selon qu’il s’agisse de l’ordonnance n°003 (1), de la
réglementation de la COBAC (2) ou bien des normes prescrites par l’OHADA(3).

3.1 Les effets de l’ouverture de la procédure de liquidation prévue par l’ordonnance n°003 du 27
avril 1990

3.1.1 L’arrêt des poursuites individuelles (article 3)

3.1.2 L’arrêt du cours des intérêts de toute créance à l’exception de celles représentées par des
dépôts sur livrets (article 4(1))

3.1.3 Le rejet du principe de la déchéance du terme (article 4(2))

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3.2 Les effets de l’ouverture de la procédure de liquidation prévue par les normes COBAC

Ces effets prévus par l’article 17(5) de l’Annexe à la Convention concernent d’une part la
limitation du champ d’activités de la personne morale à l’objet de la liquidation, et la
modification du statut social de l’entreprise d’autre part.

3.2.1 La limitation du champ d’activités de la personne morale à l’objet de la liquidation

Cette limitation découle de l’article 17(5) de l’Annexe à la Convention, qui précise que
l’entreprise ‘’ne peut effectuer que des opérations strictement nécessaires à l’apurement de sa
situation’’.

3.2.2 La modification du statut social de l’entreprise

Cette modification ressort également de l’article 17(5) précité qui dispose que l’entreprise
‘’ne peut faire état de sa qualité d’établissement de crédit qu’en précisant qu’elle est en liquidation’’.

3.3 Les effets de l’ouverture de la procédure prévus par les normes OHADA

Ces effets sont observés tant au niveau du patrimoine du débiteur qu’à celui de la personne
du débiteur et des créanciers.

3.3.1 Les effets sur le patrimoine du débiteur

 Les mesures conservatoires : L’inscription d’hypothèque sur les immeubles du débiteur/failli,


l’inscription ou le renouvellement des sûretés, l’exercice de l’action oblique, la vente des biens
meubles sujets à dépérissement ou à dépréciation.

 Les mesures tendant à la connaissance de l’actif du débiteur/failli : L’inventaire du patrimoine,


l’examen et la clôture des livres et documents comptables.

3.3.2 Les effets sur le débiteur : le dessaisissement (articles 52 à 71 AUPC)

3.3.3 Les effets sur les créanciers (articles 72 à 118 AUPC)

 Le regroupement des créanciers en une masse, la révision des droits de certains créanciers, la
classification des différentes catégories de créanciers et leurs droits.

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Tableau 4 – Synthèse des effets de la procédure de liquidation prévus par les différentes sources juridiques

Texte Effets

- L’arrêt des poursuites individuelles


Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 - L’arrêt du cours des intérêts des créances à l’exception de
celles représentées par des dépôts sur livrets
- Les effets sur le patrimoine du débiteur :
a. Les mesures conservatoires : l’inscription d’hypothèque sur
les immeubles des débiteurs du débiteur/failli, l’inscription
ou le renouvellement des sûretés, l’exercice de l’action
oblique, la vente des biens meubles sujets à dépérissement
ou à dépréciation.
d’apurement du passif : La liquidation des biens du
Acte uniforme OHADA portant procédures collectives b. Les mesures tendant à la connaissance de l’actif du
débiteur/failli : l’inventaire du patrimoine, l’examen et la
débiteur en vue de l'apurement collectif de son passif clôture des livres et documents comptables.
- Les effets sur le débiteur : le dessaisissement
- Les effets sur les créanciers : le regroupement des créanciers
en une masse, la révision des droits de certains créanciers, la
classification des différentes catégories de créanciers et leurs
droits.
Normes communautaires de la COBAC :
Convention du 16 Octobre 1990 portant création de la
- La limitation du champ d’activités de l’établissement de crédit
COBAC + Annexe
à l’objet de la liquidation
Convention du 17 janvier 1992 portant Harmonisation
de la Réglementation Bancaire + Annexe - La modification du statut social de l’établissement de crédit

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B. LA VIOLATION PAR L’AUTORITE MONETAIRE DE LA COMPETENCE EXCLUSIVE DE LA


COBAC POUR LA NOMINATION DU LIQUIDATEUR BANCAIRE

Il est nécessaire de repréciser la compétence exclusive de la COBAC pour la nomination du


liquidateur bancaire (1) avant d’exposer la trame de l’atteinte de cette compétence exclusive
par l’Autorité Monétaire camerounaise (2), s’agissant spécifiquement de la liquidation de la
BMBC.

1. La compétence exclusive de la COBAC pour la nomination du liquidateur


bancaire

Elle est consacrée par l’article 15 de l’annexe à la Convention du 10 octobre 1990 portant
création de la COBAC. Ce texte précise que ‘’La Commission Bancaire peut nommer un
liquidateur aux établissements de crédit qui cessent d’être agrées ou qui exercent sans
agrément l’une des activités visées à l’article 21’’.

En outre, l’article 17 de l’annexe à la Convention du 17 janvier 1992 surenchérit en affirmant


que la liquidation de l’établissement de crédit ‘’est prononcée d’office sur saisine soit de
l’Autorité Monétaire, soit du liquidateur nommé par la COBAC en vertu de l’article 15 de la
Convention du 10 octobre 1990’’.

Aucune disposition des Conventions sus évoquées n’ouvrant la voie à la nomination du


liquidateur bancaire par l’Autorité Monétaire, il est clair que cette prérogative échoit de
manière exclusive c’est-à-dire sans partage à la COBAC.

2. L’absence de base légale à la nomination du liquidateur bancaire par l’autorité


monétaire

Selon l’article 2 de l’annexe à la Convention du 17 janvier 1992, l’Autorité Monétaire est le


Ministre chargé de la Monnaie et du Crédit, en l’occurrence le Ministre des Finances ou bien
le Ministre de l’Economie et des Finances, en fonction du décret portant structure du
gouvernement de la République du Cameroun.

Parlant du cas particulier de la liquidation de la BMBC, il faut noter que la nomination du


liquidateur bancaire a été faite selon l’arrêté n°00299/MINEFI/CAB du 10 septembre 1996, pris
par le Ministre d’Etat chargé de l’Economie et des Finances qui nommait pour le compte de
la SRC, M. Etoundi Oyono Emmanuel à l’époque Directeur Général de la SRC, à cet effet.

Cette nomination manque de base légale parce qu’aucun des textes de lois cités par l’arrêté
n°00299 en guise de base légale audit arrêté notamment la Convention du 16 octobre 1990, la
Convention du 17 janvier 1992, l’ordonnance 85/002 du 31 août 1935, l’ordonnance n°96/03 du

1 La réception de fonds du public, l’octroi de crédits, la délivrance de garantie en faveur d’autres établissements de

crédit, la mise à disposition de la clientèle et la gestion de moyens de paiement.

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24 juin 1996, décret n°92/248 du 7 novembre 1992 portant formation du gouvernement et


modifié par le décret n°94/141 du 21 juillet 1994, le décret n°95/168 du 16 août 1995 portant
organisation du Ministère de l’Economie et des Finances, ne donne compétence au Ministre de
l’Economie et des Finances pour nommer le liquidateur bancaire de la BMBC.

C. LA REDUCTION DE LA PORTEE DU CONTROLE JURIDICTIONNEL PAR LA PROCEDURE


DE LIQUIDATION INSTITUEE PAR LA COBAC

La réduction de la portée du contrôle juridictionnel des opérations de liquidation ressort de


l’article 17 de l’annexe à la Convention du 17 janvier 1992 (1). Elle a été confirmée par le
juge camerounais. Toutefois, les avis de la doctrine sont partagés sur ce point (2).

1. La réduction de la portée du contrôle juridictionnel par l’article 17 de la


Convention du 17 janvier 1992

Il ressort de l’article 17 sus évoqué que les organes de la liquidation des établissements de
crédit sont l’Autorité Monétaire, la COBAC, les liquidateurs bancaire et judiciaire, les instances
judiciaires. Seulement, la formulation du paragraphe 4 dudit article 17 confine les instances
judiciaires dans un rôle frustre consistant uniquement à prononcer d’office le retrait de
l’agrément de l’établissement de crédit. Aucune mention n’est faite à l’instar de l’AUPC,
de l’intervention du juge-commissaire qui devrait être le ‘’personnage central que certains
qualifient de ‘’Chef-d’orchestre’’1 de la procédure de liquidation.

2. La confirmation de la réduction de la portée du contrôle juridictionnel par le juge


camerounais et les avis partagés de la doctrine

La réduction de la portée du contrôle juridictionnel est confirmée par le juge camerounais.


On note cependant que les avis de la doctrine sont partagés en l’espèce.

2.1 La confirmation de cette réduction par le juge camerounais

Elle découle de l’arrêt n°175/REF du 27 octobre 2008, Sté OBA-SCI c/ Liquidation BMBC.
Les faits dans cette affaire sont les suivants :

Ayant bénéficié en date du 31 mars 1999, de l’adjudication d’une vente2 ‘’régulière’’3


d’immeuble (titre foncier n°10/W) réalisée par la SRC, la société immobilière OBA-SCI a pu
obtenir le morcellement du titre foncier n°10/W au point d’être propriétaire de celui
n°30622/W. Saisi d’un rapport du liquidateur judiciaire (M. Mbella Boum Simon) sur la
situation dudit immeuble, le Président du Tribunal de Grande Instance (TGI) du Wouri à
Douala agissant ès-qualité de juge-commissaire dans la liquidation BMBC, a annulé ladite vente

1 Paul Alphonse Soppo, Le liquidateur et la gestion des biens, éditions Véritas, collection Economia, p. 90.
2 Suivant acte n°1535 du répertoire de Me Enpe Pascal, notaire à Douala.
3 Selon le juge, l’avis d’appel d’offre a été largement publié dans Cameroon Tribune n°2925 du 09 juillet 1998.

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par l’ordonnance n°058/PTGI/DLA rendue le 28/10/2005, aux motifs que les articles 470 et
5721 du Code de Commerce avaient été violés.

La SCI-OBA a fait appel de l’ordonnance sus citée devant la Cour d’Appel du Wouri, en
arguant que la décision attaquée avait violé l’article 452 du Code de Commerce. Selon le juge
d’appel, en chargeant spécialement le juge-commissaire ‘’d’accélérer et de surveiller les
opérations et la gestion de la faillite’’, l’article 452 sus évoqué ne lui donne pas ‘’compétence pour
annuler une vente d’immeuble passée par le liquidateur’’.

Les moyens de défense du représentant du liquidateur judiciaire en appel s’appuient en


substance sur les dispositions 470 et 572 sus évoquées du Code de Commerce, qui sont
‘’impératives, impérieuses’’ et par voie de corollaire ‘’d’ordre public’’, ‘’étant donné que le
régime des liquidations participe de l’ordre public’’.

La partie adverse argue quant à elle en appel, qu’aussi bien les textes ouvrant la procédure
de liquidation de la BMBC que l’article 17 de la Convention du 17 janvier 1992 ne font
aucune mention du juge-commissaire comme organe de la liquidation des établissements de
crédit, qui en outre ‘’déroge aux règles de droit commun du Code de Commerce et de l’Acte
Uniforme organisant les procédures collectives d’apurement du passif’’.

Le juge d’appel s’est pour l’essentiel appuyé sur les moyens de défense de la société OBA-
SCI, à savoir que les règles de la liquidation des établissements de crédits établies par la
réglementation de la COBAC sont spécifiques et n’admettent pas de juge-commissaire ; pour rendre
sa décision.

Par conséquent, il a conclu à un excès de pouvoir de la part du juge-commissaire et annulé


l’ordonnance n°058/PTGI/DLA, attaquée devant lui.

2.2 Les avis partagés de la doctrine

2.2.1 La position militante du Pr Yvette Rachel Kalieu Elongo

Dans sa note d’observations relatives à la décision d’appel sus citée, le Pr Yvette Rachel
Kalieu Elongo, affirme qu’en ‘’dépit de l’adoption de l’AUPCAP et même sous l’empire de la
législation antérieure à savoir le code de commerce pour le cas d’espèce, les établissements de crédit
restent soumis à des règles particulières en cas de liquidation. Cette particularité peut être notée au
niveau des procédures applicables mais elle l’est aussi et d’abord au niveau des organes compétents
pour la mise en œuvre de ces procédures’’.

Le Pr Kalieu précise qu’au vu de la réglementation de la COBAC, ‘’les organes de la liquidation


sont le liquidateur judiciaire désigné par les tribunaux et le liquidateur bancaire désigné par la
COBAC qui assure, pour sa part, la supervision de la procédure’’. Le juge-commissaire ne saurait

1‘’Les syndics seuls seront admis à poursuivre la vente ; ils seront tenus d’y procéder dans la huitaine, sous l’autorisation
du juge-commissaire suivant les formes prescrites pour la vente des biens des mineurs’’.

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être un organe compétent dans la conduite de la liquidation de la BMBC, ouverte en outre


avant l’entrée en vigueur du traité OHADA, le 01/01/1998.

Elle conclut en définitive à ‘’l’inapplication des règles traditionnelles d’apurement du passif’’


en matière de liquidation des établissements de crédit.

2.2.2 La position nuancée du Dr Jean Marie Nyama

Tout en reconnaissant que la réglementation de la COBAC ignore l’intervention du juge-


commissaire dans la procédure de liquidation d’un établissement de crédit, le Dr Nyama
affirme que ‘’son utilité se déduit de la présence d’un liquidateur judiciaire dans la réalisation de
certaines opérations. En effet, le juge-commissaire a seul le pouvoir d’ordonner ou d’autoriser un
certain nombre d’actes qui dépassent la compétence du syndic ou liquidateur judiciaire, sans aller
jusqu’à requérir l’intervention du tribunal. Il en est ainsi de la vente des immeubles, des transactions
et compromis, du retrait des fonds déposés en banque ou à la caisse des dépôts et consignation au
nom de la liquidation, de la répartition entre créanciers des fonds provenant de la vente des
immeubles etc. Enfin, c’est à cet organe que doit être dévolu le pouvoir général de surveillance des
actes du syndic ou liquidateur judiciaire désigné par le tribunal’’1.

En tout état de cause, le contrôle juridictionnel des opérations de liquidation des


établissements de crédit s’avère nécessaire pour les raisons suivantes :

 Les opérations de liquidation d’entreprises engendrent très souvent des contestations


qui soulèvent des questions de droit assez complexes : par exemple, les ventes d’immeubles
qui ont lieu suivant les formes prescrites en matière de saisie immobilière ; procédure faisant
souvent intervenir des experts de domaines de connaissance ne parlant pas toujours le même
langage (architectes, techniciens de génie civil, financiers, juristes, environnementalistes, etc.) ;
 Le juge est la personne la mieux qualifiée de par sa formation pour démêler l’écheveau
de ces questions de droit en y apportant des solutions inspirées tant par le droit positif
que sa propre jurisprudence ;
 Le juge étant un agent du pouvoir judiciaire consacré par le ‘’titre V Du Pouvoir
Judiciaire’’ de la constitution camerounaise du 02 juin 1972 révisée le 18 janvier 1996,
son intervention en guise d’autorité de contrôle de la procédure de liquidation des
établissements de crédit, donnerait à cette procédure une force probante indéniable.

A contrario, l’exclusion du contrôle juridictionnel de la procédure de liquidation des


établissements de crédit en général, et de la BMBC en particulier aurait un lien avec les
dérives constatées au niveau de la réalisation de certains immeubles.

1 Jean Marie Nyama, Droit des Entreprises en Difficultés, p. 383, CERFOD, édition 2004.

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D. LES INCERTITUDES DE LA NOTION DE FONDS DE COMMERCE DE LA BANQUE

La notion de fonds de commerce de la banque est consacrée par l’article 17(6) de la


Convention du 17 janvier 1992, comme critère de répartition des compétences entre les
liquidateurs bancaire et judiciaire. En effet, ce texte affirme ‘’le liquidateur désigné par la
COBAC est responsable de la liquidation du fonds de commerce de la banque. Les syndics ou
liquidateurs judiciaires assurent la liquidation des autres éléments du patrimoine de la personne
morale’’.

Cette notion est recouverte d’incertitudes d’une part parce que l’article 17(6) n’en donne
aucune définition (1), alors même qu’elle ne nous semble pas pertinente comme critère de
répartition de compétences entre les liquidateurs bancaire et judiciaire (2).

1. Le fonds de commerce de la banque : une notion non définie par l’article 17(6) de
la Convention du 17 janvier 1992

L’article 17(6) ne donne aucune définition de la notion de ‘’fonds de commerce de la banque’’,


laissant de ce fait perplexe le lecteur qui est obligé de recourir à la notion juridique de fonds
de commerce pour essayer de déterminer l’intention du législateur communautaire.

On peut retenir de la notion juridique de fonds de commerce, les définitions suivantes :

Fonds de commerce : 1. Ensemble des éléments corporels (matériel, outillage, marchandises) et


incorporels (droit au bail, nom, enseigne, brevets et marques, clientèle et achalandage) qui,
appartenant à un commerçant ou à un industriel et réunis pour lui permettre d’exercer son activité,
constitue une universalité juridique et un meuble incorporel soumis à des règles particulières (vente,
nantissement)1.

2. Ensemble des éléments mobiliers corporels (matériel, outillage, marchandises) et incorporels


(droit au bail, nom, enseigne) qu’un commerçant ou un industriel groupe et organise en vue de la
recherche d’une clientèle, et qui constitue une entité juridique distincte des éléments qui le
composent2.

3. Le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au commerçant
d’attirer et de conserver une clientèle. Il regroupe différents éléments mobiliers, corporels et
incorporels3. Le fonds de commerce comprend obligatoirement la clientèle et l’enseigne ou le nom
commercial4.

4. Le fonds de commerce peut comprendre en outre, à condition qu’ils soient nommément désignés,
les éléments suivants : les installations, les aménagements et agencements, le matériel, le mobilier, les
marchandises en stock, le droit au bail, les licences d’exploitation, les brevets d’invention, marques de fabrique
et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de propriété intellectuelle nécessaires à l’exploitation5.

1 Gérard CORNU, Vocubulaire juridique, p. 467, 10 e édition mise à jour.


2 Lexique des termes juridiques, 17e édition 2010, Dalloz, pp. 337-338.
3 Article 103, AUDCG.
4 Article 104, AUDCG.
5 Article 105, AUDCG.

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Il ressort de toutes ces définitions que le fonds de commerce renvoie à un ensemble


d’éléments meubles, corporels ou incorporels que le commerçant regroupe en vue d’exercer son
activité. C’est pour cela que ‘’la clientèle, le nom commercial et l’enseigne forment donc le
noyau dur du fonds de commerce…’’1.

Par déduction, on peut penser que le fonds de commerce de la banque renvoie à l’ensemble
d’éléments meubles, corporels (installations, aménagements et agencements, matériel, mobilier,
marchandises en stock) ou incorporels (clientèle, nom commercial, enseigne, brevets d’invention,
marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de propriété
intellectuelle), regroupés par le banquier en vue de l’exploitation de son activité.

La doctrine sous la plume du Dr Jean Marie Nyama, semble corroborer cette conception du
fonds de commerce de la banque lorsqu’elle précise que ‘’la Convention de 1992 a limité le rôle
du liquidateur bancaire à la réalisation des seuls éléments composant le fonds de commerce de
l’établissement de crédit. Ce qui exclut la vente des immeubles’’2.

2. Le fonds de commerce de la banque : un critère non pertinent pour la répartition


des compétences entre les liquidateurs bancaire et judiciaire

Le fonds de commerce de la banque ne saurait constituer un critère pertinent pour la


répartition des compétences entre les liquidateurs bancaire et judiciaire pour des raisons
tenant d’une part à la nature juridique du fonds de commerce et d’autre part à la nature
intrinsèque des éléments constitutifs du fonds de commerce. Ces arguments sont confortés
par les données chiffrées issues des états financiers de l’ex-BMBC.

2.1 La nature juridique du fonds de commerce

Le fonds de commerce est une universalité de fait, c’est-à-dire un ‘’ensemble de biens formant
une entité juridique complexe prise globalement comme un bien unique (par ex. à l’occasion d’une
vente ou d’un legs) et soumise à un régime juridique particulier’’3. Le fonds de commerce n’a pas
la personnalité morale. Autrement dit, il est une entité non autonome qui n’existe que parce
que l’entreprise existe ; une entreprise ayant cessé ses activités ne pouvant donc de ce fait
revendiquer la possession de quelque fonds de commerce que ce soit. C’est pour cela que
Yves Guyon écrit que ‘’le fonds de commerce permet essentiellement de retenir et de développer
une clientèle attirée par le savoir-faire du commerçant, la qualité des marchandises vendues,
l’emplacement de l’établissement, l’enseigne, etc.’’4. Il fait donc partie du patrimoine du
commerçant. En conséquence, seul le commerçant est titulaire des créances et des dettes qui
résultent de l’exploitation du fonds de commerce.

Comme le fonds de commerce ne constitue pas un patrimoine composé des créances et des
dettes, ce n’est donc pas une universalité de droit. Plus précisément, ses éléments ne peuvent
être classés en actif (avoirs) et en passif (dettes) ; l’actif devant répondre du passif, c’est-à-dire que
l’ensemble de l’actif ne peut être transmis que sous déduction du passif.

1 OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, Juriscope, Collection Droit Uniforme Africain.
2 Jean Marie Nyama, op. cit. p. 382.
3 Gérard Cornu, op. cit., p.1051.
4 Yves Guyon, Droit des affaires – T1 droit commercial général – 7e édition – Economica, Paris, 1992, p. 651, note

643, cité par Paul Alphonse Soppo, op. cit. p. 78.

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Dès lors, le fonds de commerce n’étant pas une universalité de droit, comment pourrait-il
constituer un critère de répartition des compétences entre les liquidateurs bancaire et
judiciaire, à partir du moment où la liquidation d’une entreprise consiste à ‘’réaliser l’actif pour
apurer le passif’’.

2.2 Les caractéristiques intrinsèques1 des éléments constitutifs du fonds de commerce

Ces caractéristiques intrinsèques concernent successivement la clientèle, l’enseigne ou le nom


commercial, les installations, les aménagements et les agencements, le matériel et le mobilier, le
droit au bail, les licences d’exploitation, les brevets d’invention, les engagements hors bilan.

2.2.1 La clientèle

C’est un élément essentiellement volatile pour les raisons ci-dessous :

 Dans un système concurrentiel, l’entreprise n’a pas une clientèle qui lui est propre. Car, en cas
de non compétitivité de ses produits, cette clientèle peut s’adresser à ses concurrents.
 La prise en compte de la clientèle dans le fonds de commerce lui confère une valeur subjective
lors des négociations de vente de l’entreprise. Car, en réalité, les nouveaux repreneurs n’ont pas
la garantie de la conserver dans sa globalité.
 S’agissant d’un établissement de crédit, elle est constituée de la masse des déposants qui sont
titulaires d’un compte ouvert dans les livres dudit établissement. Même dans ce cas précis, elle
n’est pas transférable en l’état ; plusieurs paramètres intervenant pour son maintien dans le
portefeuille d’un éventuel repreneur. A titre d’exemple, lors de la restructuration de la SCB, le Crédit
Lyonnais français a ainsi repris uniquement les actifs sains de la défunte SCB et le passif a été transféré
à la SRC.
 La clientèle n’existe que parce que l’entreprise est en activités2. En d’autres termes, elle disparaît
si l’activité de l’entreprise cesse. S’agissant une fois de plus d’un établissement de crédit, la
clientèle se fond dans la masse des créanciers en cas de disparation de la personne morale, car
les déposants d’hier deviennent détenteurs d’une créance sur ledit établissement.

2.2.2 L’enseigne ou le nom commercial

La détermination de sa valeur est basée sur l’existence de critères subjectifs tels que la
notoriété, ou encore la crédibilité acquise par l’entreprise auprès du public.

2.2.3 Les installations, les aménagements et agencements

Ce sont des éléments dont la valeur se déprécie avec le temps. Il peut donc arriver qu’au
moment où l’entreprise entre en liquidation, cette valeur soit nulle ou voisine de zéro.

1 Paul Alphonse Soppo, op. cit., pp. 79-83.


2 Yves Guyon, op. cit., cité par Paul Alphonse Soppo, op. cit. p. 80, ‘’La clientèle ne saurait exister si l’entreprise cesse
ses activités. Par ailleurs, de par le caractère évanescent de la clientèle, le fonds de commerce devient une notion
ambiguë ; cette notion reposant sur un fondement quasi inexistant’’.

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2.2.4 Le matériel et le mobilier

Ce sont des éléments corporels soumis le plus souvent à une forte dépréciation. S’agissant
d’un organisme de crédit, sa valeur peut être nulle ou voisine de zéro au moment de sa mise
en liquidation.

2.2.5 Le droit au bail

En matière de liquidation, l’on ne saurait parler de droit au bail si l’entreprise est locataire et
non titulaire de l’immeuble. Le droit au bail n’existe que lorsque l’entreprise est en activité,
ou lorsque celle-ci est engagée dans un processus de vente de l’établissement.

2.2.6 Les licences d’exploitation

Elles sont souvent propres à l’établissement et ne sont pas cessibles. La valeur dans le fonds
de commerce est de ce fait subjective.

2.2.7 Les brevets d’invention et autres

Ils peuvent conférer une valeur au fonds de commerce dans d’autres secteurs d’activités.
Mais, s’agissant d’une banque en liquidation, leur prise en compte dans le fonds de commerce
ne saurait se justifier.

2.2.8 Les engagements hors bilan

Ce sont des éléments qui n’engendrent pas des décaissements ni d’encaissements immédiats,
et peuvent même parfois revêtir une nature provisionnelle. Autrement dit, ils constituent
des événements qui ne peuvent même jamais se produire.

En substance, le fonds de commerce disparaît avec la cessation d’activités de l’entreprise. Par


voie de corollaire, il ne peut faire l’objet d’une liquidation.

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2.3 Les données chiffrées issues des états financiers de l’ex-BMBC

Le tableau ci-dessous donnent des indicateurs chiffrés portant sur la valeur du fonds de
commerce de l’ex-BMBC, déterminée d’une part par les commissaires aux comptes au
30/06/1994, et par le Cabinet d’Audit Arthur & Anderson au (10/09/1996)1.

Rapport Rapport
Commissaires/Comptes Audit/Arthur Anderson
Rubrique
30/06/1994 10/09/1996
Montant Fcfa Montant Fcfa
Fonds de commerce 139 000 000 860 228 161
Dépôt de la clientèle 92 459 144 190
Aménagement, agencements, installations 499 111 819
Matériel et mobilier 361 116 342

Engagements reçus 3 544 000 000


Engagements donnés 4 839 518 697

 Notes :

1. Le rapport des commissaires aux comptes ne donne pas des détails sur la valeur2 globale du
fonds de commerce.

2. La valeur globale nette (Fcfa 860 228 161) du fonds de commerce ressortant du rapport du
Cabinet Arthur & Anderson tient uniquement compte des éléments suivants : aménagement,
agencements, installations, matériel et mobilier. Les autres éléments (clientèle, engagements reçus et
donnés) étant exclus pour les raisons sus évoquées.

3. En outre, le rapport d’Audit du Cabinet Arthur & Anderson, montre que la valeur nette des dépôts
de la clientèle3 est estimée au 30/09/1996 à Fcfa 92 459 144 190.

4. Enfin, le montant total de la masse des créanciers de l’ex-BMBC est estimé environ à 20 milliards
Fcfa4.

5. Dès lors, se pose la question de savoir comment apurer un passif de Fcfa 20 milliards par un fonds de
commerce dont la valeur estimée est de Fcfa 860 228 161, soit 4% en valeur relative ?

1 Rapport d’Audit daté au 26/02/1997 et adressé au Ministre de l’Economie et des Finances.


2 Cette donnée a été relevée dans le document intitulé ‘’Réflexion sur la liquidation de la BMBC’’, produit par M. Paul
Alphonse Soppo, plus précisément dans l’annexe présentant le compte des valeurs immobilisées de la BMBC, extrait du
rapport des commissaires aux comptes.
3 Il n’a pas été tenu compte pour la masse des dépôts de la clientèle, des autres éléments d’information figurant dans le

rapport d’audit sus évoqué notamment, les prêts des établissements financiers (Fcfa 2 660 185 101) et les autres
dépôts et comptes créditeurs (Fcfa 4 970 143 941).
4 Dixit Paul Alphonse Soppo.

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E. L’OUBLI DU TRAITEMENT INTRA-COMMUNAUTAIRE DE LA LIQUIDATION DES


ETABLISSEMENTS DE CREDIT PAR LA REGLEMENTATION DE LA COBAC

L’oubli du traitement intra-communautaire de la liquidation des établissements de crédit par


la réglementation de la COBAC pose le problème des règles applicables par le liquidateur
bancaire dans sa sphère de compétence telle que définie par l’article 17 de l’Annexe à la
Convention lorsque l’établissement de crédit détient des succursales dans plusieurs Etats
membres de la CEMAC et même en dehors de la CEMAC (1). Cette question tombe à
l’évidence sous l’empire du droit de la faillite internationale qu’il est nécessaire de clarifier au
préalable (2).

1. Clarification de la notion du droit de la faillite internationale

Lorsque le débiteur, personne physique ou personne morale, possède des biens et des
créances situés dans deux ou plusieurs Etats, il est fait appel au droit de la faillite
internationale qui pose deux problèmes majeurs1 : la compétence internationale des juridictions
et l’effet des jugements rendus à l’étranger.

A la lecture des articles 4 et 247 à 256 de l’AUPC, la réglementation de la l’OHADA est


assez éloquente en la matière, en ce sens ‘’qu’elle admet d’une part que l’on puisse ouvrir une
procédure contre une entreprise n’ayant pas son siège social dans l’Etat dont le tribunal est saisi,
d’autre part prévoit l’existence d’une procédure principale et d’une ou de plusieurs procédures
secondaires. Il est en outre prévu un devoir d’information réciproque entre les syndics et une
hiérarchisation au profit de la procédure principale’’2.

2. Le problème des règles applicables par le liquidateur bancaire lorsque


l’établissement de crédit est installé dans plusieurs Etats

Les lois camerounaises et la réglementation de la COBAC relative à la liquidation des


établissements de crédit, étant restées muettes à ce sujet, il est fort possible que le
liquidateur désigné par la COBAC ou liquidateur bancaire aura des difficultés certaines à
trouver l’ancrage normatif sous l’empire duquel procéder à la liquidation des éléments du
fonds de commerce de la banque.

A titre d’exemple, il eut été intéressant en ce qui concerne la Commercial Bank Cameroon
(CBC) mise sous administration provisoire le 06/11/2009 par la COBAC, de voir comment
le liquidateur bancaire se serait comporté au cas où l’administration provisoire aurait abouti
à la mise en liquidation de cette banque, car celle-ci possède des succursales dans plusieurs
Etats de la CEMAC (Cameroun, Centrafrique, Guinée-Equatoriale, Tchad).

1 Selon Michel Filiga Sawadogo, op. cit., deux théories s’opposent en la matière : la théorie dite de l’universalité de la
faillite qui veut qu’une seule procédure soit ouverte contre le débiteur et permette d’appréhender l’ensemble de ses
biens quel que soit leur lieu de localisation et de payer ses créanciers domiciliés dans les différents Etats sur un pied
d’égalité ; la théorie des procédures dites plurales et territoriales, permet l’ouverture d’une procédure dans tout Etat où le
débiteur possède des biens.
2 Michel Filiga Sawadogo, op. cit.

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SECTION I1 : UN CADRE JURIDIQUE INSUFFISAMMENT COHERENT ET


CONSEQUENCES

Le caractère insuffisamment cohérent du cadre juridique se traduit par l’harmonisation des


normes nationales camerounaises avec celles de la COBAC (Paragraphe I), et l’absence
d’harmonisation de la réglementation COBAC avec celle de l’OHADA (Paragraphe II). Des
conséquences immédiates dérivent du caractère insuffisamment cohérent du cadre juridique
(Paragraphe III).

PARAGRAPHE I : L’HARMONISATION DES NORMES NATIONALES AVEC LES NORMES DE LA


COBAC

L’harmonisation des normes nationales avec les normes de la COBAC se traduit à la fois par
l’abrogation sélective des textes nationaux contraires (A) et la mise en vigueur
conditionnelle de la réglementation COBAC (B), sans oublier la soustraction de la liquidation
des établissements de crédit détenus par l’Etat du Cameroun de la procédure de liquidation
des entreprises publiques (C).

A. L’ABROGATION SELECTIVE DES TEXTES NATIONAUX CONTRAIRES

Cette abrogation sélective des textes nationaux en matière de liquidation des établissements
de crédit, est prescrite par l’ordonnance n°96/02 du 24 juin 1996 modifiant l’ordonnance
n°003 du 27 avril 1990 fixant les conditions de liquidation des banques, qui dispose à l’article
2 (nouveau) :

- Alinéa 2 - La liquidation des banques entamée avant le 09 juillet 1992, date d’entrée en
vigueur de la Convention du 16 octobre 1990 portant création de la Commission
Bancaire de l’Afrique Centrale s’effectue dans le cadre amiable, selon les dispositions
dérogatoires au droit commun et exclusives de tout autre mode de liquidation.

Autrement dit, les textes nationaux camerounais en matière de liquidation des


établissements de crédit, sont prorogés1 de manière provisoire par l’ordonnance n°96/02,
pour les établissements de crédit dont la liquidation ayant démarré avant le 09 juillet 1992,
s’effectue dans le cadre amiable.

A contrario, la liquidation amiable est abrogée pour les établissements de crédit dont la mise
en liquidation coïncide ou est postérieure au 09 juillet 1992.

B. LA MISE EN VIGUEUR CONDITIONNELLE DE LA REGLEMENTATION COBAC

Cette application conditionnelle ressort une fois de plus de l’ordonnance n°96/02 du 24 juin
1996 modifiant l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990 fixant les conditions de liquidation des
banques, qui dispose à l’article 2 (nouveau) :

1 Il s’agit là d’un véritable droit transitoire.

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- Alinéa 1 - ‘’Les conditions de liquidation des banques définies par la présente


ordonnance ne sont applicables qu’aux établissements de crédit mis en liquidation avant
le 09 juillet 1992, date d’entrée en vigueur de la Convention du 10 octobre 1990 portant
création de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale’’.

Plus précisément, la réglementation COBAC en matière de liquidation des établissements de


crédit n’est directement applicable au Cameroun, que pour les banques dont l’ouverture de la
procédure de liquidation coïncide ou est postérieure au 09 juillet 1992.

C. LA SOUSTRACTION DE LA LIQUIDATION DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT DETENUS


PAR L’ETAT DU CAMEROUN DE LA PROCEDURE DE LIQUIDATION DES ENTREPRISES
PUBLIQUES

La loi n° 99/016 du 22 décembre 1999, portant statut général des établissements publics et
des entreprises du secteur public et parapublic, précise à son article 2 les différentes formes
pouvant être prises par les organisations administratives ainsi constituées :

1. Etablissement public administratif : personne morale de droit public, dotée de


l'autonomie financière et de la personnalité juridique ayant reçu de l'Etat ou d'une
collectivité territoriale décentralisée un patrimoine d'affectation, en vue de réaliser une
mission d'intérêt général ou d'assurer une obligation de service public.

2. Société à capital public : personne morale de droit privé, dotée de l'autonomie financière
et d'un capital - actions intégralement détenu par l'Etat, une ou plusieurs collectivités
territoriales décentralisées ou une ou plusieurs autres sociétés à capital public, en vue de
l'exécution dans l'intérêt général, d'activités présentant un caractère industriel,
commercial et financier.

3. Société d'économie mixte : personne morale de droit privé, dotée de l'autonomie


financière et d'un capital - actions détenu partiellement d'une part, par l'Etat, les
collectivités territoriales décentralisées, ou les sociétés à capital public et d'autre part,
par les personnes morales ou physiques de droit privé.

L’article 2 sus évoqué ajoute que ces entreprises sont soumises à la double tutelle1 technique
et financière de l’Etat du Cameroun.

Il s’ensuit de là qu’un établissement de crédit peut être créé par l’Etat du Cameroun sous la
forme d’une entreprise publique comme c’est le cas des deux banques (la Banque des
Petites et Moyennes Entreprises ; la Cameroon Rural Financial Corporation
(CARFIC)) à capitaux 100% publics (10 milliards Fcfa chacune) dont les assemblées générales
constitutives se sont tenues le 1er juin 2011 sous la présidence du Ministre des Finances.

1 La tutelle technique a pour objet de fixer les objectifs assignés à l'ensemble des entreprises du secteur considéré et, en

tant que de besoin, d'en assurer la régulation, en vue d'un fonctionnement normal.
La tutelle financière a pour objet d'apprécier les opérations de gestion incidence financière des établissements publics
administratifs, et d'examiner a posteriori les comptes des autres catégories d'entreprises du secteur public et
parapublic. Elle est exercée par le Ministère chargé des finances pour les établissements publics administratifs, les
sociétés à capital public ayant l'Etat comme unique actionnaire, ainsi que les sociétés à capital public et les sociétés
d'économie mixte où l'Etat détient au minimum vingt cinq pour cent (25 %) du capital.

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A partir de là, la question peut être posée à savoir quelle réglementation sera appliquée en
cas de liquidation des établissements de crédit sus cités ?

L’article 78 du ‘’Titre IV de la dissolution et de la liquidation’’ de la loi n° 99/016 du 22


décembre 1999 est suffisamment clair à ce sujet, lorsqu’il précise que ‘’Les dispositions du
présent titre ne s'appliquent pas aux établissements de crédit’’.

En clair, les établissements de crédit ayant le caractère d’entreprises publiques sont


soustraites du régime de la ‘’liquidation administrative’’1 instituée par la loi n°99/016. En
revanche, la procédure de leur liquidation est derechef soumise à la réglementation COBAC.

PARAGRAPHE II : L’ABSENCE D’HARMONISATION DES NORMES DE LA COBAC AVEC


CELLES DE L’OHADA

Elle se traduit par l’absence de référence aux actes uniformes dans la réglementation
COBAC et vice versa.

A. L’ABSENCE DE REFERENCE AUX ACTES UNIFORMES DANS LA REGLEMENTATION


COBAC

L’article 3 de la Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation


bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale, règle la question du rapport entre le droit
interne de ces états et celui institué par la Convention en précisant que ‘’les dispositions de la
présente Convention l’emportent de plein droit sur toutes réglementations nationales qui leur
seraient contraires’’.

Toutefois, aucune disposition du texte fondateur de la COBAC (Convention du 16 octobre


1990), ni celle de la Convention du 17 janvier 1992 ne fait référence, encore moins ne
prévoit la nature des relations entre les normes de la COBAC et celles de l’ordre juridique
OHADA.

Il n’en pouvait peut-être être autrement, le traité OHADA n’ayant été signé qu’en 1993 et
son entrée en vigueur prévu au plus tard le 01/01/1998. En état de cause, l’on note que
malgré la signature de l’accord-cadre de coopération entre la CEMAC et l’OHADA
intervenue le 24 juin 2002, la coopération entre les deux organisations internationales
régionales est peu dynamique.

B. L’ABSENCE DE REFERENCE A LA REGLEMENTATION COBAC DANS LES ACTES


UNIFORMES

Signé le 17 octobre1993 et entré en vigueur au plus tard le 01/01/1998, le traité OHADA a


réglé la nature des relations entre les normes par lui consacrées et les lois nationales des
Etats parties en ces termes par l’article 10 du texte fondateur ‘’les actes uniformes sont
directement applicables et obligatoires dans les Etats Parties nonobstant toute disposition contraire
de droit interne, antérieure ou postérieure’’.

1 Paul Alphonse Soppo, op. cit. p. 29.

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Seulement, aucune référence n’est faite relativement à la cohabitation des normes de


l’OHADA avec celles de la CEMAC et par voie de corollaire de la COBAC, alors que l’article
46 du Traité fondateur reconnaît la pleine capacité juridique dont la capacité de contracter.

PARAGRAPHE III : LES CONSEQUENCES IMMEDIATES DU CARACTERE INSUFFISAMMENT


COHERENT DU CADRE JURIDIQUE

Les conséquences immédiates découlant du caractère insuffisamment cohérent du cadre


juridique, se présentent sous la forme des conflits de droit entre les normes de la COBAC
et celles de l’OHADA d’une part (A) et de l’impossible hiérarchisation des ordres juridiques
de la COBAC et de l’OHADA d’autre part (B).

A. LES CONFLITS DE DROIT ENTRE LES NORMES DE LA COBAC ET CELLES DE L’OHADA

Ces conflits de droit se traduisent par l’effectivité des conflits des lois secrétées par les deux
ordres juridiques (1), et par une possibilité d’occurrence de conflit entre les juridictions tant
nationales qu’internationales instituées par lesdits ordres juridiques (2).

1. L’effectivité des conflits de lois

Le conflit de lois se présente en la matière, sous la forme du concours devant le juge, des
normes issues des ordres juridiques de la COBAC et de l’OHADA, relativement à la
liquidation des établissements de crédit. Plus précisément, ces deux ordres juridiques ont
tous les deux, vocation à régir la procédure de liquidation des établissements de crédit. Cela
revient à poser la question de savoir quelle est la réglementation applicable en matière de faillite
des établissements de crédit ? La réglementation COBAC ou celle de l’OHADA, ou encore les deux ?

Cette question a occupé le centre des débats de l’affaire Société OBA-SCI c/ Liquidation
BMBC sus évoquée1, dans laquelle la contestation d’une ordonnance prise par le juge-
commissaire (personnage central des procédures collectives d’apurement du passif institué
par l’AUPC), annulant une vente d’immeuble, avait été déférée devant le juge d’appel par la
société en question.

Le juge d’appel a répondu très clairement que la procédure de liquidation des établissements
de crédit réglementée par les normes de la COBAC est une ‘’procédure spéciale dérogatoire
aux règles de droit commun du Code de Commerce et de l’Acte Uniforme organisant les procédures
collectives d’apurement du passif’’.

Cette position du juge camerounais est contraire à celle de ses homologues burkinabé,
gabonais et sénégalais, qui ‘’suggèrent de croire que les banques et les établissements de crédit,
tout comme les compagnies d’assurance, seraient soumis aux procédures collectives de droit
commun, sous réserve de leurs règles spéciales’’2 : TGI de Ouagadou, jugement du 12 janvier 1994
prononçant la liquidation judiciaire de la Banque nationale de développement ; TPI Libreville,
jugement n°001/2000/2001, Répertoire, 5 janv. 2001 concernant le redressement judiciaire de la
Banque populaire du Gabon, et CA de Dakar, arrêt n°222 du 1er avril 2001 rendu à propos de la
liquidation de la Nationale d’assurance.

1Supra, p. 39.
2Denis Roger Soh Fogno, in ‘’Les grandes decisions de la cour commune de justice et d’arbitrage de l’OHADA’’ (Sous la
direction de Paul Gérard Pougoue, Sylvain Sorel Kuate Tamaghe), pp. 273-286, l’Harmattan).

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Cette divergence d’opinion existe aussi sur le plan doctrinal : le Pr Filiga Michel Sawadogo1 qui
estime que la liquidation des établissements de crédit relève au principal du droit de l’OHADA, sous
réserve de l’application du droit spécial, en tout cas avant la cessation des paiements, alors que le
Dr Jean Marie Nyama2 classe la restructuration des établissements de crédit dans un régime spécial,
et va même jusqu’à préciser qu’il s’agit des procédures qui se singularisent ‘’par leur caractère
amiable et un effacement plus ou moins accentué du rôle des tribunaux dans la conduite des
opérations’’.

En substance, deux thèses s’opposent relativement à cette question du droit applicable à la


procédure de liquidation des établissements de crédit : ‘’d’une part, celle qui veut qu’on
considère l’AUPC comme étant un texte de portée générale qui laisserait survivre les textes spéciaux
sur la liquidation des établissements de crédit et des banques. D’autre part, celle qui veut que
l’AUPC régisse aussi les établissements de crédit et les banques, du moment où il ne les a pas
expressément écartés de son champ matériel d’application3’’.

2. La possibilité des conflits de juridictions

Le conflit de juridictions concerne la question de la juridiction compétente pour trancher un


litige, celle de la procédure applicable et éventuellement des d’effets des jugements rendus.

Les deux ordres juridiques CEMAC/COBAC et OHADA ont institué deux juridictions
internationales chargées chacune en ce qui la concerne, de veiller à l’uniformisation du droit
de la sphère juridique à laquelle elle appartient.

Il est utile de présenter ces deux juridictions avant d’analyser la possibilité de conflits de
juridictions.

2.1 La présentation des deux juridictions internationales

Cette présentation est articulée autour de la Cour de Justice de la CEMAC et de la Cour


Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA).

2.1.1 La Cour de Justice de la CEMAC

Elle est instituée par la Convention régissant la Cour de Justice de la CEMAC. Elle comprend
une chambre judiciaire et une chambre des comptes.

L’article 2 de cette convention lui confie la responsabilité du ‘’contrôle juridictionnel des activités
de l’exécution budgétaire des institutions de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique
Centrale’’.

Aux termes de l’article 3, elle exerce un double rôle : juridictionnel et consultatif.

L’article 4 explicite son rôle juridictionnel en ces termes :

1 Filiga Michel Sawadogo, op. cit., pp. 129 et s., (cité par Denis Roger Soh Fogno).
2 Jean Marie Nyama, op. cit., p. 317, (cité par Denis Roger Soh Fogno).
3 Denis Roger Soh Fogno, op. cit.

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 Elle rend en dernier ressort des arrêts sur les cas de violation des Traités de la CEMAC et des Conventions
subséquentes dont elle est saisie conformément à ses règles de procédure.

 Elle est juge, en dernier ressort, du contentieux de l’interprétation des Traités Conventions et autres Actes
juridiques de la CEMAC.

 Elle est juge en appel et en dernier ressort des litiges opposant la COBAC aux établissements de crédit
assujettis. Elle est juge, en premier et en dernier ressort, des litiges nés entre la CEMAC et les Agents des
Institutions de la Communauté, à l’exception de ceux régis par des contrats de droit local.

Dans le cadre de son rôle consultatif (article 6), la Cour de Justice émet des avis sur la
conformité aux normes juridiques de la CEMAC des actes juridiques ou des projets d’Actes
initiés par un Etat membre ou un Organe de la CEMAC dans les matières relevant du
domaine des Traités, etc.

Aux termes de l’article 171, elle procède à l’uniformisation du droit de la CEMAC par la
technique du renvoi préjudiciel2, qui est un mécanisme de coopération entre les juridictions
nationales et une juridiction communautaire par lequel le juge national, au cours d’un contentieux,
sursoit à statuer, pour poser au juge communautaire une question d’interprétation ou d’appréciation
de validité relativement à une disposition communautaire dont l’applicabilité est invoquée.

2.1.2 La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) de l’OHADA

La CCJA est la juridiction suprême de l’ordre juridique OHADA, instituée par le traité de
Port-Louis du 17/10/1993. Ce traité attribue à la Cour dans son titre III, une clause générale
de compétence en ce qui concerne le contentieux relatif à l’interprétation et à l’application
des actes uniformes.

Il ressort de ce texte que la technique d’unification du droit OHADA par la Cour se trouve
être le pourvoi de cassation. En effet, la compétence de la Cour est retenue pour ‘’Les
décisions rendues par les juridictions d'Appel des Etats Parties dans toutes les affaires
soulevant des questions relatives à l'application des actes uniformes et des règlements prévus
au présent traité à l'exception des décisions appliquant des sanctions pénales’’ (Article 14 du
traité de Port-Louis).

La lecture conjointe des articles 14 (sus cité), 15, 16, 20 du Traité et des articles 47 à 49 du
Règlement de Procédure de la Cour permet d’affirmer que :

 La CCJA bénéficie d’une supériorité organique par rapport aux juridictions nationales des Etats parties
y compris leurs juridictions suprêmes de cassation. En effet, ‘’La saisine de la Cour Commune de
Justice et d'Arbitrage suspend toute procédure de cassation engagée devant une juridiction nationale contre
la décision attaquée’’ (Article 16) ; ‘’Les pourvois en cassation prévus à l'article 14 sont portés devant la
Cour Commune de Justice et d'Arbitrage, soit directement par l'une des parties à l'instance, soit sur renvoi
d'une juridiction nationale statuant en cassation…’’ (Article 15) ;

 La décision de cassation de la Cour est une ‘’cassation sans renvoi’’ (Article 14), contrairement à la
pratique judiciaire habituelle selon laquelle, la cassation d’une décision par l’instance suprême implique

1 « La Chambre Judiciaire statue à titre préjudiciel sur l’interprétation du Traité de la CEMAC et des Textes
subséquents, sur la légalité et l’interprétation des Statuts et des Actes des Organes de la CEMAC, quand une juridiction
nationale ou un organisme à fonction juridictionnelle est appelé à en connaître à l’occasion d’un litige ».
2 Dr Kamwe Mouaffo, ‘’Le renvoi préjudiciel devant la cour de justice de la CEMAC’’, (article juridique),

http://www.legavox.fr/blog/dr-kamwe-mouaffo.

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un renvoi du réexamen au fond par une juridiction d’appel autre que celle ayant produit la décision
cassée ;

 Il est fait quasi automatiquement apposition de la formule exécutoire sur les décisions de
la Cour (Article 20) ;

 Les voies de recours ordinaires (opposition, appel) ne peuvent être intentées contre les décisions de la
Cour ;

 Tout au plus, les décisions de la Cour ne peuvent être contestées que par la voie de la tierce-opposition
et de la révision dans des conditions strictement réglementées (Articles 47 à 49, Règlement de
Procédure de la Cour).

2.2 La possibilité de conflits de juridictions

Elle peut s’analyser à deux niveaux à savoir entre une des juridictions internationales et les
juridictions nationales ou bien entre les deux juridictions internationales.

2.2.1 La possibilité de conflits entre l’une des juridictions internationales et les juridictions
nationales : Juridictions nationales c/ CCJA

Cette possibilité de conflits existe si l’on se réfère à deux décisions de justice prises dans
deux affaires différentes ; dont l’une par le juge national camerounais et l’autre par la CCJA,
et dans lesquelles l’une des questions débattues se rapportait à l’intervention du juge-
commissaire dans la procédure de liquidation des établissements de crédit. Le juge camerounais
récuse de façon univoque le juge-commissaire, alors que le juge suprême supranational
qu’est la CCJA le reconnaît implicitement. Cette divergence de position emporte des
conséquences au plan du droit.

i. La récusation univoque du juge-commissaire par le juge national camerounais

Cette récusation ressort de l’arrêt n°175/REF du 27/10/2008 plusieurs fois cité, opposant la
Société OBA-SCI c/ Liquidation BMBC, où le juge camerounais d’appel affirme très
clairement que la spécificité de la procédure de liquidation des banques implique qu’elle
n’admet pas de juge-commissaire.

ii. La reconnaissance implicite du juge-commissaire par la CCJA

La reconnaissance implicite du juge-commissaire dérive de l’arrêt n°007/2008 du 28 février


2008, dans une espèce opposant la Société de Fournitures Industrielles du Cameroun dite
SFIC SA c/ Liquidation BMBC. Les faits dans cette affaire sont les suivants :

Par une ordonnance n°177 rendue le 05 janvier 2006 par le président du tribunal de grande
instance du Wouri à Douala, le liquidateur judiciaire de la BIAO Meridien Bank Cameroon
était autorisé à ‘’procéder exceptionnellement au règlement intégral de la créance de la SFIC
SA B.P. 1084 Douala-Cameroun’’. En exécution de ladite ordonnance, le compte n°207069-
01-J de la liquidation BMBC, ouvert dans les livres de la Commercial Bank of Cameroon
(CBC), avait été débité le 12 janvier 2006 de la somme de Fcfa 714 609 147.

Par la suite, s’étant ravisé et estimant que le fonctionnement courant de la liquidation BMBC
ne saurait être bloqué par le manque de moyens financiers et que le délai de règlement

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préalablement annoncé aux créanciers de la liquidation BMBC était largement dépassé, le


Président du TGI de Douala et juge-commissaire de la liquidation BMBC, rendait le 06
février 2006 l’ordonnance n°246/PTGI/DLA par laquelle il instruisait la CBC de bien vouloir
extourner la somme (Fcfa 714 609 147) débitée du compte de la liquidation BMBC. Cette
ordonnance n°246/PTGI/DLA a été déférée devant la CCJA par les conseils de la SFI SA
pour cassation.

La liquidation BMBC a demandé à la Cour dans son mémoire en défense du 10 mars 2006,
de déclarer le pourvoi irrecevable au motif que c’est au mépris des dispositions de l’article 40(3)
de l’AUPC (prescrivant que la seule voie de recours contre les décisions du juge-commissaire est
l’opposition et non le pourvoi en cassation, sauf s’il intervient suite à la décision rendue sur
opposition), que la SFI SA a formé le pourvoi.

Le juge suprême supranational de l’OHADA a, tout en retenant sa compétence, accédé à la


demande de la Liquidation BMBC en déclarant irrecevable le pourvoi de la SFI SA.

Cette décision de la CCJA consacre implicitement la reconnaissance de l’intervention du


juge-commissaire dans la procédure de liquidation des établissements de crédit.

iii. Les conséquences de la divergence de vues entre le juge national camerounais et la CCJA

Cette divergence de vues relativement à l’intervention du juge-commissaire suscite les


interrogations suivantes :

 Au vu de la supériorité organique sus visée de la CCJA par rapport aux juridictions nationales des Etats
parties au Traité OHADA, un justiciable peut-il dans une affaire pendante devant les tribunaux
camerounais portant sur le rôle du juge-commissaire dans la liquidation des firmes bancaires, invoquer
cet arrêt n°007/2008 de la CCJA pour légitimer l’intervention dudit juge en la matière ?

 Que décidera la CCJA le jour où elle sera emmenée à examiner un pourvoi dont la question centrale des
débats porte sur la spécificité de la procédure de liquidation des banques, et par ricochet sur le rôle du
juge-commissaire en la matière1 ?

2.2.2 La possibilité de conflits entre les deux juridictions internationales

La possibilité de l’existence de conflits entre les deux juridictions internationales à savoir la


Cour de Justice de la CEMAC et la CCJA en matière de liquidation des banques n’est pas à
exclure pour les raisons ci-dessous :

 La faillite des entreprises en général et de la firme bancaire en particulier est susceptible


de soulever comme on l’a vu des questions implicites, périphériques et même incidentes
autour de la question centrale des débats2 ;

1 Denis Roger Soh Fogno conclue dans ses observations déjà évoquées, à un silence couard de la CCJA sur les questions
implicites et périphériques (la spécificité de la procédure de liquidation de la firme bancaire ; le bien fondé de
l’intervention du juge-commissaire en la matière), lors même qu’elle aurait dû user de son rôle pédagogique, à côté de
ses missions classiques et régaliennes de juridiction de cassation.
2 Selon Georges Taty, (juge à la chambre judiciaire de la Cour de Justice de la CEMAC), ‘’(…) la multiplicité des règles
internationales, conséquence des adhésions multiples des Etats à diverses organisations internationales parfois concurrentes, est
susceptible de désorienter le justiciable’’. (Intervention faite au Colloque organisé par le Centre de Recherche et de
Documentation de l’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (CREDERSUMA) sur le thème ‘’De la Concurrence à la
cohabitation des Droits Communautaires‘’, Cotonou (BENIN) du 24 au 26 janvier 2011)).

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 La CCJA ayant compétence1 pour régler au fond les litiges de droit interne relatif au
droit supranational de l’OHADA et à son droit matériel dérivé2, il n’est pas impossible
qu’elle retienne sa compétence pour une affaire relative au droit bancaire pour laquelle la
Cour de Justice de la CEMAC a vocation à être elle aussi compétente.

B. L’IMPOSSIBLE HIERARCHISATION DES ORDRES JURIDIQUES DE LA COBAC ET DE


L’OHADA

Un ordre normatif ou juridique3 est un système de normes qui règlent la conduite d’êtres
humains. L’ordre juridique des Etats modernes est caractérisé par une structure pyramidale des
normes4, au sommet de laquelle se trouve la constitution ou loi fondamentale. Dans cette
architecture, toute norme inférieure est créée en vertu de la constitution qui fonde la
validité de ladite norme.

Parler de la hiérarchisation des ordres juridiques de la COBAC et de l’OHADA, suppose


qu’à la manière de l’ordre juridique interne des Etats, l’un de ces ordres juridiques soit
supérieur à l’autre qui lui est inférieur, et fonde sa validité c’est-à-dire l’obligation pour les
hommes de s’y conformer. Ce qui semble impossible parce que d’une part les normes issues des
deux ordres juridiques en présence jouissent du principe de l’application directe (1) ; d’autre part ces
deux ordres juridiques ont la même vocation supranationale ; et enfin la même valeur juridique au
plan du droit constitutionnel camerounais (2). Ce qui complique la détermination de la norme
applicable à la procédure de liquidation des établissements de crédit (3).

1. Le principe de l’application directe attaché aux normes sécrétées par les ordres
juridiques de la COBAC et de l’OHADA

Ce principe signifie que les normes produites par les deux ordres juridiques en présence
sont directement applicables après leur entrée en vigueur par simple publication par toutes
les voies légales prévues à cet effet. Il n’est point besoin d’une ‘’formalité spéciale de

1 Abdoulaye Diallo, ‘’Les conflits de lois dans le droit uniformisé de l'espace OHADA’’, mémoire de DEA, Université Gaston
Berger de Saint-Louis, 2009 : ‘’La CCJA est érigée par le traité OHADA comme étant une juridiction de troisième degré. Ainsi,
elle connait en dernier ressort le contentieux relatif à l'application des Actes uniformes. Dans ce cas, la compétence des juridictions
nationales de cassation, dans les litiges relatifs à l'application des Actes uniformes, est dévolue à la CCJA qui est investi d'un pouvoir
d'évocation’’, c’est-à-dire ‘’la faculté qui est donnée à la CCJA de se prononcer sur le fond de l'affaire, et de ne plus opérer de
renvoi après la cassation. Ceci étant, la CCJA se substitue donc aux cours de cassation des différents Etats parties, mais elle se
substitue surtout à la juridiction nationale de fond qui aurait été normalement compétente à statuer après la cassation. Cependant
ce mécanisme de substitution de la CCJA aux juridictions nationales connaît une limite concernant les décisions appliquant des
sanctions pénales’’. (Ndiaw Diouf, Actes uniformes et droit pénal des Etats signataires du traité de l'OHADA : la difficile
émergence d'un droit pénal communautaire des affaires dans l'espace OHADA, Revue Burkinabé de droit, n° 39-40, numéro
spécial).
2 Dr Kamwe Mouaffo, op. cit., ‘’Le droit communautaire dérivé peut être défini comme l’ensemble des textes communautaires pris
en application du droit communautaire primaire’’. Le droit communautaire primaire étant le ‘’droit issu des textes fondamentaux
de la Communauté : traités et textes subséquents’’.
3 Hans Kelsen, Théorie pure du droit, p. 193, Bruylant LGDJ, 2e édition 1962.
4
Hans Kelsen, op. cit., p. 224, la théorie de la pyramide juridique : ‘’L’ordre juridique n’est pas un système de normes juridiques
placées toutes au même rang, mais un édifice à plusieurs étages superposés, une pyramide ou hiérarchie formée (pour ainsi dire)
d’un certain nombre d’étages ou couches de normes juridiques. Son unité résulte de la connexion entre éléments qui découle du fait
que la validité d’une norme qui est créée conformément à une autre norme repose sur celle-ci ; qu’à son tour, la création de cette
dernière a été elle aussi réglée par d’autres, qui constituent à leur tour le fondement de sa validité ; et cette démarche régressive
débouche finalement sur la norme fondamentale, - norme supposée. La norme fondamentale hypothétique – en ce sens – est par
conséquent le fondement de validité suprême, qui fonde et scelle l’unité de ce système de création’’.

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réception’’1 de la norme dans l’ordre interne, à l’exemple d’un acte législatif comme en
Grande-Bretagne. En tout état de cause, le mécanisme de la réception ‘’gomme les aspérités
internationales de la règle, qui devient une simple norme de droit national’’2, pouvant être
modifiée par le parlement national.

Le principe de l’application directe des normes est consacré par les textes de chacun des
ordres juridiques.

1.1 La consécration du principe par les normes de la COBAC

Elle est matérialisée par l’article 7 de l’Annexe à la Convention du 16 octobre 1990 portant
Création de la COBAC, qui précise que ‘’Les décisions de la COBAC sont exécutoires de plein
droit dès leur notification aux Autorités Monétaires Nationales et aux établissements concernés’’.

1.2 La consécration du principe par les normes de l’OHADA

Cette consécration est prescrite par l’article 10 du Traité OHADA, qui affirme que ‘’Les
actes uniformes sont directement applicables et obligatoires dans les Etats Parties…’’.

2. Des ordres juridiques ayant la même vocation supranationale

La vocation supranationale desdits ordres juridiques ressort de leurs différents textes.

2.1 L’affirmation de la vocation supranationale des normes de la COBAC

Elle est proclamée par l’article 3 de la Convention du 17 janvier 1992, portant harmonisation
de la réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale. Ce texte précise que ‘’Les
dispositions de la présente convention l’emportent de plein droit sur toutes réglementations
nationales qui leur seraient contraires’’.

1 Narcisse Mouelle Kombi, ‘’La loi constitutionnelle camerounaise du 18 janvier 1996 et le droit international’’, in La
Réforme Constitutionnelle du 18 janvier 1996 au Cameroun : Aspects Juridiques et Politiques, p. 137. (Publication de
l’Association Africaine de Science Politique (Section Camerounaise, GRAP)).
2 Narcisse Mouelle Kombi, Idem.

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2.2 L’affirmation de la vocation supranationale des normes de l’OHADA

Cette affirmation ressort une fois de plus de l’article 101 du Traité OHADA, qui affirme
que ‘’Les actes uniformes sont directement applicables et obligatoires dans les Etats Parties
nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure’’.

Il s’ensuit que la supranationalité des normes de l’OHADA est absolue en ce sens qu’elle
emporte abrogation des lois internes tant antérieures que postérieures qui lui sont contraires.
Autrement dit, elle met à l’écart le principe cardinal de la non-rétroactivité de la loi
consacrée avec force juridique par le préambule de la Constitution camerounaise du 18
janvier 1996.

3. Des ordres juridiques ayant la même valeur juridique interne

Cette valeur juridique est relative à la définition des rapports entre le droit interne
camerounais et le droit international par la Constitution du 18 janvier 19962. Il faut noter
d’emblée que ‘’les rapports de système entre le droit international et le droit interne se construisent
traditionnellement selon deux paradigmes : le dualisme et le monisme. Le premier repose sur
une conception séparatiste des deux ordres juridiques, considérés comme égaux, mais distincts,
indépendants et autonomes, entretenant tout au plus des liens de coordination. Quant au monisme,
il postule une unité, une identité essentielle entre les deux ordres juridiques. Il embrasse dans le
même champ formel la totalité des normes juridiques internes et internationales, les unes
entretenant des liens de subordination avec les autres, dans un ordre fondamentalement
hiérarchique’’3.

La constitution camerounaise du 18 janvier 1996 est marquée en la matière par le monisme


avec primauté du droit international4. Cette tendance du droit constitutionnel camerounais
est matérialisée par l’article 45 de la constitution qui proclame que ‘’les traités ou accords
internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés ont, dès leur publication, une autorité supérieure
à celle des lois, sous réserve pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie’’.

Les ordres juridiques de la COBAC et de l’OHADA étant issus des accords internationaux
régulièrement approuvés par l’Etat du Cameroun, ces ordres juridiques reçoivent derechef la
même valeur supra légale au plan interne.

1 Initiée par la République de Côte-d’Ivoire conformément aux articles 14(2) et 53 du règlement de procédure de la
CCJA, par lettre n°137/MJ/CAB-3/KK/MB du 11/10/2000 et enregistrée sous la référence 002/2000/EP du
19/10/2000, une demande d’avis contenant les questions suivantes : l’article 10 contient-il une règle de supra
nationalité ? Cette disposition contient-elle une règle relative à l’abrogation du droit interne par les actes uniformes ? Cette
disposition peut-être considérée comme abrogeant tout texte législatif ou réglementaire de droit interne ayant le même
objet que les actes uniformes ? ou encore comme abrogeant uniquement les dispositions d’un texte législatif ou
réglementaire de droit interne ayant le même objet que celui des actes uniformes et étant contraire à celui-ci ?
Avis n°002/2001/EP, séance du 30/04/2001 de la CCJA : La réponse du juge a été sans équivoque : a) ‘’L’article 10
du Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique, contient une règle de supranationalité parce qu’il prévoit
l’application directe et obligatoire dans les Etats parties des Actes Uniformes et institue, par ailleurs, leur suprématie sur les
dispositions de droit interne antérieures ou postérieures’’ ; b) ‘’En vertu du principe de supranationalité qu’il consacre, l’article
10 du Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique, qui prévoit l’application directe et obligatoire des
Actes Uniformes dans les Etats parties, nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure,
contient bien une règle relative à l’abrogation du droit interne par les Actes Uniformes’’.
2 Narcisse Mouelle Kombi, op. cit.
3 Narcisse Mouelle Kombi, idem.
4 Narcisse Mouelle Kombi parle de ‘’la sanctification du droit international’’.

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4. La difficile détermination du droit applicable à la liquidation des établissements de


crédit

La difficile détermination du droit applicable à la liquidation des établissements de crédit


s’explique par le fait qu’au vu de la mollesse dont fait preuve l’accord de coopération signé
entre l’OHADA et la CEMAC (dont dérive la COBAC) le 24 juin 2002, les différentes
méthodes classiques de résolution des conflits de droit s’avèrent inefficaces. Cette
inefficacité est constatée tant au niveau des solutions de conflits de lois inspirées du droit
interne que du droit international privé.

4.1 L’inefficacité des solutions de conflits inspirées du droit interne

Selon Hans Kelsen1, un conflit de normes existe en droit interne lorsqu’une des normes
dispose qu’une certaine conduite doit avoir lieu, alors que l’autre dispose que doit avoir lieu
une conduite inconciliable avec la première : si par exemple, la première de ces normes disposait
que l’adultère doit être puni, et la seconde, que l’adultère ne doit pas être puni ; ou si la première
disposait que le vol doit être puni de mort, la seconde que le vol doit être puni de prison.

Par analogie, on pourra transposer cette définition au conflit de normes identifié


relativement à l’intervention du juge-commissaire dans la procédure de faillite des firmes
bancaires en disant que, selon les normes de la COBAC, le juge-commissaire n’est pas un organe
de la procédure de liquidation des banques, alors que les normes de l’OHADA affirment que le juge-
commissaire est un acteur en la matière.

Pour résoudre les conflits de lois en droit interne Hans Kelsen propose des solutions qui
dépendent d’un certain nombre de paramètres :

 S’il s’agit de normes générales qui ont été posées par un seul et même organe, mais
à des moments différents, il doit être fait application du ‘’principe lex posterior derogat priori’’
c’est-à-dire que la validité de la norme posée le plus récemment annule la validité de la norme posée
plus anciennement et qui la contredit.

 Si les normes en conflit ont été posées en même temps par un seul et même acte
d’un seul et seul et même organe : on peut laisser la latitude aux tribunaux soit de choisir
entre les deux normes ; soit d’admettre (si les deux normes ne se contredisent que
partiellement), que l’une des normes limite la validité de l’autre.

 S’il s’agit du conflit entre deux normes individuelles posées par des organes
différents, par exemple deux décisions de justice, le conflit est résolu par le fait que l’organe
chargé de l’exécution matérielle des normes a le choix de se conformer ou à l’une ou à l’autre
des deux décisions ou normes individuelles.

1 Hans Kelsen, op. cit., p. 206.

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 Le conflit entre des normes inégales est résolu par application des principes de la théorie
de la pyramide juridique qui pose que la règle supérieure fonde la validité de la règle inférieure,
qui doit être abrogée si elle contredit la norme qui lui est supérieure.

A l’évidence, aucune de ces solutions n’est opérationnelle pour le cas concerné par l’étude
en ce sens que leur efficacité présuppose, que le corpus de règles appartienne au même
ordre juridique (interne ou interétatique) construit autour de la hiérarchie des normes.

4.2 L’inefficacité des solutions des conflits de lois inspirées du droit international privé

Le droit international privé est l’ensemble des règles juridiques ayant pour objet les relations
internationales entre personnes privées. Il vise de ce fait à apporter des solutions aux
conflits de lois nés des différends impliquant des personnes privées et comportant un
élément d’extranéité ou étranger. Par exemple, dans une instance relative à la validité d’un
testament, plusieurs lois peuvent avoir vocation à s’appliquer en considération soit du lieu de
rédaction du testament, soit de la nationalité du testateur ou encore du domicile du testateur.

La méthode conflictuelle a été érigée par le droit international privé comme méthode par
excellence de résolution des conflits de lois. Elle consiste pour le juge saisi en premier du litige
(juge du for) à se référer à la règle de conflit qui lui permet de déterminer le droit applicable au cas
dont il est saisi, et par voie de corollaire l’ordre juridique sous l’empire duquel le litige sera examiné.
Ce peut être sa propre règle de conflit (lex fori) ou celle du juge étranger qui a lui aussi la
même prétention à trancher le litige.

Bien que présentant les mêmes caractères que les conflits de lois en droit international privé,
les conflits de normes entre les ordres juridiques de la COBAC et de l’OHADA ne peuvent
être résolus par application de la méthode conflictuelle du droit international privé car ‘’les
critères permettant au juge d'opérer un choix entre les différentes règles juridiques en présence ne
peuvent être transposés dans les conflits de normes. Ces dernières, comme nous l'avons souligné,
sont investies d'une même force normative qui les présente devant le juge avec la même teneur et
les mêmes caractères’’1.

Les problèmes identifiés au niveau du cadre juridique pourraient être résolus par
l’harmonisation complète dudit cadre.

1 Abdoulaye Diallo, op. cit.

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CHAPITRE 1I : ESQUISSE DE SOLUTIONS POUR LA SIMPLIFICATION DU


CADRE JURIDIQUE

L’esquisse de solutions pour la simplification du cadre juridique s’articule autour des points
suivants :

 La dynamisation de la coopération judiciaire entre les ordres juridiques de la CEMAC/COBAC et


de l’OHADA (section I) ;
 La révision de la procédure particulière de liquidation instituée par la COBAC et la solution
inspirée du droit comparé (section II).

SECTION I : LA DYNAMISATION DE LA COOPERATION JUDICIAIRE ENTRE LES


ORDRES JURIDIQUES DE LA CEMAC/COBAC ET DE L’OHADA

Le 24 juin 2002, un accord1 cadre de coopération2 technique permanente3 a été signé entre
le secrétariat permanent4 de l’OHADA et le secrétariat exécutif5 de la CEMAC. Il n’est pas
inutile de rappeler l’objet et les domaines sans oublier les modalités pratiques de mise en
œuvre de cet accord (Paragraphe I), avant de plaider pour la dynamisation de son aspect
judiciaire (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : L’OBJET, LES DOMAINES ET LES MODALITES PRATIQUES DE MISE EN


ŒUVRE DE L’ACCORD DE COOPERATION

Les modalités pratiques de mise en œuvre de l’accord de coopération technique permanente


entre la CEMAC et l’OHADA sont variées (B) et sont sous-tendues par un objet et des
domaines clairement précis (A).

A. L’OBJET ET LES DOMAINES DE L’ACCORD

Les domaines de l’accord sont suffisamment explicites (2), alors que l’objet est très précis
(1).

1. L’objet de l’accord de coopération

Il est précisé par l’article 1er de l’accord qui dispose que ‘’l’OHADA et la CEMAC s’engagent à
harmoniser leurs initiatives et démarches législatives, à s’accorder mutuellement et dans la mesure
du possible toutes les facilités de nature à favoriser l’accomplissement de leurs missions’’.

1 Voir : OHADA, journal officiel n°12 du 28 février 2003.


2 Pour les bases juridiques de la coopération technique au niveau de la CEMAC, voir les articles 8 et 9 du Traité
CEMAC du 16 mars 1994 révisé le 25 juin 2008 : Article 8 Alinéa 1 - La communauté établit toutes coopérations utiles
avec les organisations régionales ou sous-régionales existantes. Alinéa 3 : Des accords de coopération et d’assistance
peuvent être signés avec les Etats tiers ou les organisations internationales. Article 9 - Alinéa 1 : La Communauté participe
aux efforts d’intégration dans le cadre de l’Union Africaine et, en particulier, à ceux relatifs à la création d’organisations
communes dotées de compétences propres en vue d’actions coordonnées dans des domaines spécifiques. Alinéa 2 : Elle
établit des consultations périodiques, notamment avec les institutions régionales africaines.
Concernant les bases juridiques de la coopération technique au niveau de l’OHADA (Traité signé à Port-Louis le 17
octobre 1993), le Pr Joseph Issa-Sayegh dans son article de droit intitulé, ‘’Conflit entre droit communautaire et droit
régional dans l’espace OHADA’’ (p. 5), estime qu’elles peuvent ‘’s’induire de l’article 46 qui lui reconnaît la pleine
capacité juridique, dont la capacité de contracter’’.
3 Selon l’article 8, l’accord est conclu pour une période indéterminée.
4 Dr Kwawo Lucien Johnson (Secrétaire Permanent de l’OHADA).
5 Jean Kuete (Secrétaire Exécutif de la CEMAC).

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2. Les domaines de l’accord de coopération

Ils sont énumérés par l’article 2 de l’accord comme suit :

a) Mise en œuvre des politiques d’intégration et de coopération juridique et judiciaire entre les
Etats membres ;
b) Programme de formation communautaire pour l’intégration juridique des pays de l’UEAC1.

B. LES MODALITES PRATIQUES DE MISE EN ŒUVRE DE L’ACCORD

Les multiples modalités pratiques de mise en œuvre de l’accord de coopération entre la


CEMAC et l’OHADA, se déclinent comme suit :

1. L’invitation réciproque à participer aux travaux des organes, commissions et


comités techniques (article 3)

2. L’échange d’informations (article 4)

3. Les réunions périodiques d’évaluation de la coopération (article 5)

4. L’échange de services (article 6)

5. La conclusion d’accord complémentaire portant sur un aspect précis de la


coopération (article 7)

PARAGRAPHE II : LA DYNAMISATION DE LA COOPERATION JUDICIAIRE ENTRE LA CEMAC


ET L’OHADA

En tenant compte de l’accord de coopération du 24 juin 2002 sus évoqué et des traités
organiques de la CEMAC et de l’OHADA, les piliers de la coopération judiciaire entre les
deux organisations internationales devraient être les cours de justice instituées par elles
(Cour de Justice de la CEMAC, Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA).
Pour dynamiser la coopération judiciaire entre la CEMAC et l’OHADA, ces deux juridictions
devront procéder au dépassement de l’actuelle tendance à la non-ingérence judiciaire
observée par elles dans leurs domaines de compétence respectifs (A), pour définir des
mécanismes de coopérations judiciaire en matière contentieuse (B).

A. LE DEPASSEMENT DE LA TENDANCE ACTUELLE A LA NON-INGERENCE JUDICIAIRE

Les deux juridictions internationales observent actuellement une tendance à la non-


ingérence judiciaire dans les sphères de compétence des traités autres que ceux qui leur
donnent vie. Cela ressort de deux avis différents donnés par chacune des deux juridictions
en la matière.

1 UEAC : Union Economique de l’Afrique Centrale.

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1. L’avis de la CCJA du 26 avril 2000

Dans cet avis initié par l’Etat du Sénégal, la CCJA a semblé s’interdire de se prononcer sur
des textes autres que ceux de l’OHADA, notamment en l’espèce, les textes adoptés dans le
cadre d’autres organisations d’intégrations1.

2. L’arrêt2 Tasha Loweh de la Chambre judiciaire de la Cour de Justice de la CEMAC

Dans cette affaire jugée le du 3 juillet 2003 la Chambre judiciaire de la Cour de Justice de la
CEMAC s’est montrée réticente quant à l’examen des moyens tirés de l’inobservation des
dispositions de l’Acte uniforme OHADA sur les sociétés commerciales.

Dans cette affaire, le requérant demandait l’annulation de la décision de la Commission


Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) l’ayant démis de ses fonctions de Directeur
Général et de Président du Conseil d’administration d’une part, et contestait d’autre part les
conditions de convocation et de fonctionnement du Conseil d’administration de la banque au
cours duquel avait été prise notamment une résolution le démettant de ses fonctions de
Président Directeur Général de la banque en violation, soutenait-il des dispositions de l’Acte
uniforme sur les sociétés commerciales.

La chambre s’est abstenue sur ce point précis.

B. LA DEFINITION DES MECANISMES DE COOPERATION JUDICIAIRE EN MATIERE


CONTENTIEUSE

La coopération judiciaire en matière contentieuse entre les deux juridictions internationales


pourrait aboutir par exemple, à la mise en place de l’un des deux mécanismes suivants,
notamment le morcellement et le renvoi du litige avec commission rogatoire (1), le renvoi préjudiciel
(2).

1. Le morcellement et le renvoi du litige avec commission rogatoire3

Ce mécanisme consistera pour le juge de l’une des juridictions qui juge une affaire dans
laquelle parmi les questions de droit débattues figurent une question ressortant de la
compétence exclusive de l’autre juridiction, de diviser le litige de manière à se prononcer
uniquement sur les questions relevant de sa compétence exclusive, puis de saisir l’autre
juridiction pour trancher la question relevant de sa compétence exclusive.

Ce peut être une instance portant sur la liquidation d’un établissement de crédit devant la
Cour de Justice de la CEMAC, pendant laquelle est posée la question de la légalité de la
tenue d’une assemblée générale des actionnaires. Le juge de la CEMAC pourra dans ce cas,
saisir le juge de la CCJA sur cette question précise et intégrer les conclusions de son
homologue dans sa décision.

1 P. K. Agbyibor, Revue de droit des affaires internationales, 2000, n° 7, p. 915 du 18 août 1999, (cité par Issa
Sayegh, op. cit.).
2 Voir arrêt du 3 juillet 2003, TASHA LOWEH (Affaire AMITY BANK), cité par Georges Taty, op. cit.
3 Lexique des Termes Juridiques, 17 e édition 2010, Dalloz, ‘’Acte par lequel un magistrat délègue ses pouvoirs à un

autre magistrat ou à un officier de police judiciaire, pour qu’il exécute à sa place un acte d’instruction’’.

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2. Le renvoi préjudiciel

Il consistera pour le juge d’une des juridictions internationales, qui examine un litige
soulevant entre autres questions aux débats, une question pour laquelle seule l’autre
juridiction est compétente, à surseoir à statuer puis renvoyer la question à ladite juridiction
selon le schéma esquissé par la brillante expression de Georges TATY1 ‘’le triangle question-
réponse-application ou exclusion de l’application’’.

SECTION II : LA REVISION DE LA PROCEDURE DE LIQUIDATION INSTITUEE PAR


LA COBAC ET LA SOLUTION INSPIREE DU DROIT COMPARE

L’étude expliquera la révision de la procédure de liquidation instituée par la COBAC


(Paragraphe I), avant de présenter la solution inspirée du droit comparé (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA REVISION DE LA PROCEDURE DE LIQUIDATION INSTITUEE PAR LA


COBAC

La révision de la procédure particulière de liquidation des établissements de crédit instituée,


implique la révision de la Convention du 17 janvier 1992, portant sur la réglementation
bancaire en zone CEMAC. L’innovation majeure de cette révision sera la suppression de la
dualité de liquidateur2, selon deux options s’offrant au choix du législateur communautaire à
savoir l’option de consolidation de la procédure actuellement en vigueur (A) ou bien celle de
révocation de ladite procédure (B).

A. L’OPTION DE CONSOLIDATION DE LA PROCEDURE ACTUELLEMENT EN VIGUEUR

Avec l’option de consolidation de la procédure de liquidation des établissements de crédit


instituée par l’article 17 de la Convention du 17 janvier 1992, la fonction de liquidateur
judiciaire sera supprimée (1), la nomination du liquidateur bancaire devra être in fine validée
par la justice (2). Par ricochet, les principales règles consacrées par l’AUPC en matière de
procédures collectives d’apurement du passif seront explicitement intégrées dans la
réglementation COBAC (3).

1. La suppression de la fonction de liquidateur judiciaire

La suppression de la fonction de liquidateur judiciaire impliquera l’intronisation officielle du


liquidateur bancaire par la justice après sa nomination par la COBAC.

2. La validation de la nomination du liquidateur bancaire par la justice

La validation de la nomination du liquidateur bancaire par la justice comportera les atouts


majeurs suivants :

1 Georges TATY, op. cit.


2 La fin du règne de la dualité de liquidateur emportera celles des difficultés pratiques y subséquentes largement
commentées par l’étude (infra, partie II, chapitre I).

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 Elle confortera la COBAC dans son rôle de gendarme du système bancaire en zone CEMAC, qui
continuera d’exercer son contrôle quoique de manière conjointe avec la justice sur le même pied
d’égalité ;
 Elle marquera définitivement et officiellement la particularité de la procédure de liquidation des
établissements, qui est inhérente à leur double nature de sociétés commerciales et d’acteurs du
système monétaire et financier ;
 Elle restaurera l’efficacité et la célérité si nécessaires aux procédures collectives d’apurement du
passif.

3. L’intégration explicite des principales règles consacrées par l’AUPC dans la


réglementation bancaire en zone CEMAC

L’intégration explicite des principales règles consacrées par l’AUPC dans la réglementation
bancaire en zone CEMAC apportera des clarifications sur les points ci-dessous :

 Les organes de la liquidation ;


 Les effets de la décision d’ouverture de la liquidation ;
 Les opérations matérielles de liquidation (réalisation de l’actif, apurement du passif) ;
 Le régime des sanctions liées à la clôture de la liquidation pour cause d’insuffisance d’actif.

B. L’OPTION DE REVOCATION DE LA PROCEDURE ACTUELLEMENT EN VIGUEUR

L’option de révocation de la procédure en vigueur se traduira par le remplacement du


liquidateur bancaire par un expert technique chargé de la préparation des opérations de
liquidation (1), en même temps qu’elle consacrera la liquidation judiciaire comme mode
exclusif de la liquidation d’un établissement de crédit (2).

1. Le remplacement du liquidateur bancaire par un expert technique chargé de la


préparation des opérations de liquidation

L’expert technique supposé remplacer le liquidateur bancaire aura la lourde charge de


préparer les opérations de liquidation sous le contrôle exclusif de la COBAC. Nommé par la
COBAC dès le retrait de l’agrément de l’établissement de crédit, son profil et ses fonctions
doivent être précis.

1.1 Le profil de l’expert technique

Ses qualifications devront correspondre aux critères cumulatifs ci-dessous :

 Expert en Banque et Finance ou Juriste Financier ;


 Avoir un niveau de BAC+5 ;
 Etre agréé auprès des tribunaux et de la COBAC ;
 Etre d’une intégrité sans faille ;
 Avoir une expérience professionnelle avérée.

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1.2 Les fonctions de l’expert technique

Il pourra assumer les fonctions suivantes :

 Procéder à l’inventaire exhaustif du patrimoine (immobilier et financier) de l’établissement de


crédit ;
 Etablir les états financiers (bilan, compte de résultat) dès le retrait de l’agrément par les
autorités compétentes (Autorité Monétaire, COBAC) ;
 Formuler une opinion sur lesdits états financiers ;
 Déterminer avec exactitude le montant total des créances et des dettes de l’établissement en
question ;
 Arrêter un calendrier prévisionnel des opérations de liquidation.

La durée maximale de la mission de l’expert technique devra être de six (06) mois non
renouvelable. A la fin de sa mission, le liquidateur judiciaire prendra le relais des opérations
de liquidation.

2. La consécration de la liquidation judiciaire comme mode exclusif de la liquidation


des établissements de crédit

La consécration de la liquidation judiciaire comme mode exclusif de la liquidation des


établissements de crédit comporte des avantages notoires, et confirmera l’empire de l’AUPC
en la matière.

2.1 Les avantages notoires de cette consécration

 Régie par les dispositions de l’AUPC, il existe pour le déroulement des opérations de la
liquidation judiciaire une ossature juridique et organisationnelle qui fait d’elle ‘’un organe
d’ordre public’’1, car elle ‘’permet d’assurer la continuité de l’ordre social établi et de
garantir les droits et la dignité des hommes’’2 ;

 Par voie de corollaire, la liquidation judiciaire offre plus de garanties pour l’indemnisation
des créanciers ;

 La procédure de liquidation est ‘’une voie d’exécution d’urgence’’3.

2.2 La confirmation de l’empire de l’AUPC sur le régime juridique de la liquidation des


établissements de crédit

La mise définitive de la liquidation des établissements de crédit sous l’empire de l’AUPC,


permettra de tirer plus aisément profit de toutes les prescriptions pertinentes de l’AUPC en
la matière, que ce soit au niveau des organes de la liquidation, des effets de la décision
d’ouverture de la liquidation, des opérations matérielles de liquidation (réalisation de l’actif,

1 Paul Alphonse Soppo, Réflexion sur la liquidation de la BMBC, p. 13.


2 Paul Alphonse Soppo, idem, 29.
3 Paul Alphonse Soppo, Le liquidateur et la gestion des biens, op. cit., p. 126.

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apurement du passif), ou encore du régime des sanctions liées à la clôture de la liquidation pour
cause d’insuffisance d’actif.

2.2.1 Les organes de la liquidation

i. Le liquidateur et ses missions

Nommé par la juridiction compétente (article 35 AUPC), le syndic (liquidateur) est à la fois :

 Le représentant des créanciers (article 43 AUPC)1 ;


 Le représentant du débiteur (article 53 AUPC)2.

ii. La juridiction compétente

La compétence territoriale et matérielle ainsi que les règles de saisine de la juridiction sont
définies par les articles 4 et 5 de l’AUPC. Son intervention est encadrée par les articles 29 à
46 de l’AUPC. Il ressort de ces dispositions, qu’elle administre et surveille la procédure de
liquidation. Ses principales attributions en la matière sont les suivantes :

 L’ouverture de la procédure de liquidation ;


 L’instruction d’une enquête relative à la situation et les agissements du débiteur ;
 La nomination du juge-commissaire et du ou des syndics (liquidateurs) ;
 Le contrôle de la procédure de liquidation par le biais des rapports du juge-commissaire et du
liquidateur.

Il faut noter qu’au Cameroun, seul le Tribunal de Grande Instance est compétent en matière de
procédures collectives d’apurement du passif.

iii. Le juge-commissaire

Aux termes de l’article 35 de l’AUPC, ‘’la décision d’ouverture de la procédure de


liquidation nomme un juge-commissaire parmi les magistrats de la juridiction, à l’exclusion
de son président sauf en cas de juge-unique…’’. Ses principales attributions sont définies par
l’article 39 AUPC :

 Il veille au déroulement rapide de la procédure et aux intérêts en présence ;


 Il recueille toutes les informations qu’il juge utiles ;
 Il peut notamment entendre le débiteur ou les dirigeants de la personne morale, leurs préposés, les créanciers ou
toute autre personne…
 Il a le pouvoir de mener des enquêtes sur la situation économique et financière de l’entreprise en s’adressant à
toute personne susceptible de lui donner des informations pertinentes (commissaires aux comptes, comptables,
établissements de crédit, etc.) ;
 Il fait un rapport à la juridiction compétente de toutes contestations nées de la procédure collective.

1 ‘’Le ou les syndics sont chargés de ‘’représenter les créanciers sous réserve des dispositions des articles 52 et 53 ci-
après. Ils ont la qualité de mandataires rémunérés et son civilement responsables de leurs fautes dans les termes du
droit commun, sans préjudice de leur responsabilité pénale’’.
2 ‘’Les actes, droits et actions du débiteur concernant son patrimoine sont accomplis ou exercés, pendant toute la durée

de la liquidation des biens, par le syndic agissant seul en représentant du débiteur’’.

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C’est pour cela qu’il est à la fois considéré par Paul Alphonse Soppo comme le ‘’Personnage
central’’ et ‘’le cordon ombilical qui relie la juridiction compétente au liquidateur’’1.

iv. Le ministère public

Devant les tribunaux judiciaires, le ministère public2 est le corps hiérarchisé (et subordonné
au garde des sceaux) des magistrats chargés de représenter l’Etat dans les divers types de
juridiction, qui comprend des éléments dans chaque cour d’appel (parquet général) et
chaque tribunal de grande instance (parquet du TGI) et peut être représenté devant le
tribunal de police, par un commissaire de police, avec pour mission d’agir comme partie
principale dans tous les procès répressifs, de déclencher l’action publique et de l’exercer, et
mission d’agir ou d’intervenir en matière civile, comme partie principale ou partie jointe.

Son rôle en matière de procédures collective d’apurement du passif peut être apprécié à
deux niveaux à savoir le suivi du déroulement de la procédure de liquidation et les sanctions
pénales3.

Au niveau du suivi du fonctionnement de la procédure de liquidation, le Ministère Public


représenté par le Procureur de la République près la juridiction compétente, bénéficie en
général du droit à l’information sur le déroulement de la procédure prescrit par les articles 35, 47,
66 AUPC.

Au plan des sanctions pénales inhérentes à la faillite personnelle4 (clôture de la liquidation pour
insuffisance d’actif), il exerce les attributions suivantes :

 La surveillance de l’application des dispositions et la poursuite de l’exécution (article 195) ;


 La saisine de la juridiction répressive (article 234) ;
 La sollicitation du syndic l’obtention de toutes les pièces nécessaires pour la poursuite de son
action (article 235) ;
 La charge des frais des poursuites qu’il a intentées (article 237).

v. Le greffier en chef de la juridiction compétente

Il est principalement chargé de la communication des informations relatives au déroulement


de la procédure aux personnes intéressées. Au titre de l’article 35 AUPC, il adresse au
Procureur de la République (Ministère Public) l’extrait de la décision d’ouverture. Il en est de
même de l’article 36 en ce qui concerne l’information des tiers.

1 Paul Alphonse Soppo, Le liquidateur et la gestion des biens, op. cit., p. 90.
2 Gérard Cornu, op. cit., p. 657.
3 Selon l’AUPC, titre V, banqueroute et autres infractions, section III, poursuite des infractions de banqueroute et des

infractions assimilées, dans l’hypothèse de la clôture de la liquidation pour insuffisance d’actifs.


4 Ensemble des déchéances et interdictions dont les dirigeants peuvent être frappées lorsqu’ils ont eu un comportement

anormal ou immoral pour une durée de trois à dix ans. Il s’agit de l’interdiction générale de faire du commerce, de
diriger, administrer ou contrôler une entreprise commerciale, ainsi que des interdictions politiques, électives,
administratives.

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vi. Les contrôleurs

Leur intervention est prévue par les articles 48 à 49 AUPC. Ils sont choisis par le juge-
commissaire, et l’assistent dans sa mission de surveillance du déroulement de la procédure
collective.

2.2.2 Les effets de la décision d’ouverture de la procédure de liquidation

Ces effets sont prévus par les articles 52 à 118 AUPC. Il faut faire un distinguo entre les
effets de la décision d’ouverture à l’égard du débiteur (l’entreprise en liquidation) et les
effets de la décision d’ouverture à l’égard des créanciers.

i. Les effets sur le débiteur (article 52 à 71 AUPC) : le dessaisissement

En ce qui concerne le débiteur, on retiendra en substance le dessaisissement et ses


conséquences. Le dessaisissement implique que les propriétaires de l’entreprise en liquidation ne
peuvent plus agir par l’entremise des dirigeants choisis par eux. Ils sont neutralisés et représentés
par le syndic (liquidateur). Le dessaisissement touche à la fois les biens présents ou à venir
(article 53(2)) de l’entreprise en faillite et l’activité juridique de celle-ci.

L’entreprise en faillite ne peut plus accomplir seule des actes juridiques sous peine
d’inopposabilité à la masse. La continuation de l’activité ne peut se faire que pour les besoins
de la liquidation sur autorisation de la juridiction compétente et dans des conditions
restrictives (Intérêt public ou celui des créanciers (article 113 AUPC)). Dans ce cas, c’est le
syndic (liquidateur) qui gère l’activité.

ii. Les effets sur les créanciers (articles 72 à 118 AUPC)

Parlant des créanciers, on notera pour l’essentiel qu’ils sont regroupés ‘’en une masse
représentée par le syndic (liquidateur) qui, seul, agit en son nom et dans l’intérêt collectif et peut
l’engager’’ (article 72). Cela emporte les conséquences suivantes :

 L’arrêt des poursuites individuelles contre l’entreprise en liquidation ;


 L’arrêt du cours des inscriptions ;
 L’arrêt du cours des intérêts ;
 La déchéance du terme.

2.2.3 Les opérations matérielles de la liquidation

Les opérations matérielles de la liquidation sont la réalisation de l’actif et l’apurement du


passif.

i. La réalisation de l’actif

Pour la réalisation de l’actif, l’AUPC distingue :

 Les actifs dont la cession relève de la seule responsabilité du liquidateur (article 147(1)(2)
AUPC) : les meubles, la matériel, les marchandises, les stocks, le recouvrement des
créances…

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 Les actifs pour lesquels l’autorisation du juge-commissaire est nécessaire avant toute cession
(articles 53 et 150 AUPC) : les immeubles bâtis ou nus, les immeubles par destination.

ii. L’apurement du passif

L’on notera que le passif est constitué de l’ensemble des dettes de l’entreprise. C’est pour
cela qu’‘’Apurer le passif, dans la technique comptable et financière, c’est vérifier les comptes qui le
constituent et en déterminer le solde’’1. Les créanciers ayant été regroupés en masse
conformément l’article 72 AUPC, vont être classés en fonction des privilèges dont ils sont
bénéficiaires. Ainsi, on distinguera :

 Les créanciers super-privilégiés : les anciens salariés de l’entreprise ;


 Les créanciers privilégiés : créanciers publics, créanciers privés munis de privilèges généraux, les
créanciers privilégiés munis de sûretés réelles (hypothèque) ;
 Les créanciers chirographaires ;
 Les créanciers de la masse.

Ces créanciers sont ainsi classés après la déclaration de créances (article 78 AUPC), la
vérification et l’admission desdites créances (article 84 AUPC).

Le règlement des créances est soumis au respect du principe cardinal de ‘’l’égalité des
créanciers’’ qui recommande que ‘’tous les créanciers de même rang soient traités dans un
système égalitaire’’2 (articles 166 – 167 AUPC).

2.2.4 Le régime des sanctions liées à la clôture de la liquidation pour cause d’insuffisance d’actif
(faillite personnelle)

Ce régime distingue les sanctions civiles (articles 189, 191 AUPC) des sanctions pénales
(article 226 AUPC).

PARAGRAPHE II : LA SOLUTION INSPIREE DU DROIT COMPARE

Dans le souci d’élargir les perspectives de solution des problèmes juridiques posés par la
liquidation des établissements de crédit, l’étude s’est intéressé au droit comparé, par la mise
en contribution de la loi-cadre portant réglementation bancaire en zone UEMOA (A) et le droit
des défaillances bancaires en France (B).

A. LA SOLUTION DU DROIT BANCAIRE DE LA ZONE UEMOA

La solution tirée du droit bancaire de la zone UEMOA est marquée par une originalité
certaine (1), malgré des points de ressemblance assez nuancés avec le droit bancaire
communautaire de la CEMAC (2).

1 Paul Alphonse Soppo, Le liquidateur et la gestion des biens, op. cit., p. 164.
2 Paul Alphonse Soppo, idem, p. 222.

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1. L’originalité de la solution du droit bancaire en zone UEMOA

L’originalité de la solution du droit bancaire de la zone UEMOA est matérialisée par la


soumission du régime de la liquidation des établissements de crédit à l’empire de l’AUPC et
la spécificité des conditions d’ouverture comparativement au droit bancaire communautaire
de la CEMAC.

1.1 La soumission du régime juridique de la liquidation des établissements de crédit à l’empire de


l’AUPC

Il ressort clairement du ‘’Titre VIII – Dispositions relatives à l’organisation des procédures


collectives d’apurement du passif’’, comprenant les articles 84 à 100 de la loi-cadre portant
réglementation bancaire dans la zone UEMOA, que la liquidation des établissements de crédit
est placée sous l’empire de l’AUPC.

A titre d’illustration, l’article 88 de ladite loi dispose que ‘’les procédures de redressement
judiciaire et de liquidation des biens, instituées par l’Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif, ne peuvent être ouvertes à l’égard d’un établissement
de crédit qu’après avis conforme de la Commission Bancaire, suivant la procédure décrite ci-après’’.

Ce qui implique que ce sont les prescriptions de l’AUPC qui font office de droit applicable pour la
liquidation des établissements de crédit en zone UEMOA, sous réserve du respect de certaines
particularités liées au retrait d’agrément par la Commission Bancaire (article 90) ou par le
Ministre chargé des Finances (article 91), à la nomination du liquidateur bancaire par le Ministre
chargé des Finances (article 90) et à l’intervention de l’organisme chargé de la gestion du système
de garantie des dépôts (article 93(2)).

Par voie de corollaire, des conséquences immédiates peuvent être tirées sans ambiguïté
relativement aux organes de la liquidation, aux effets de la décision d’ouverture de la liquidation, à
l’exécution matérielle des opérations de liquidation (réalisation de l’actif, apurement du passif), et au
régime de responsabilité de la faillite personnelle.

1.2 Des conditions d’ouverture spécifiques

Contrairement à la zone CEMAC où la réglementation bancaire instituée par la COBAC a


prescrit le retrait d’agrément comme unique condition pour la liquidation d’un établissement
de crédit, le droit bancaire de la zone UEMOA a retenu deux conditions spécifiques qui
rappellent celles du législateur français, à savoir la cessation des paiements, un cas unique de
liquidation en dehors de toute cessation de paiements1.

1 Christophe Léguevaques, Droit des défaillances bancaires, p. 467, Economica.

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1.2.1 La cessation des paiements

L’article 86 de la loi-cadre sus évoquée, dispose que ‘’Nonobstant les dispositions de l’article 25
de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif, sont en
état de cessation des paiements, les établissements de crédit qui ne sont pas en mesure d’assurer
leurs paiements, immédiatement ou à terme rapproché’’.

Il est à noter que l’article 25 AUPC sus visé, définit la cessation des paiements comme
l’impossibilité dans laquelle se trouve le débiteur de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible.

A l’évidence, on retrouve ici la différence (déjà expliquée par l’étude1) entre l’aspect
comptable de la cessation des paiements contenu dans l’AUPC et son aspect financier
consacré par le législateur2 français pour adapter la cessation des paiements à l’activité des
établissements de crédit.

1.2.2 Un cas unique liquidation sans cessation des paiements

Il est prévu par l’article 91 de la loi-cadre pour ‘’les établissements dont le passif envers les tiers,
à l’exception des dettes qui ne sont remboursables qu’après désintéressement complet des
créanciers chirographaires, est effectivement supérieur à l’actif net diminué des provisions devant
être constituées’’.

2. Des points de ressemblance nuancés

Ces points de ressemblance concernent les autorités chargées du déclenchement de la


procédure, la dualité de liquidateur et la clarification des contours de l’intervention de
l’organisme chargé de la gestion du système de garantie des dépôts.

2.1 Les autorités chargées du déclenchement de la procédure

Il s’agit essentiellement de la Commission Bancaire et du Ministre chargé des Finances.

2.1.1 La Commission Bancaire

Elle détient principalement le pouvoir de décision du retrait d’agrément (article 90).


Contrairement à son homologue de la zone CEMAC, elle ne peut nommer le liquidateur bancaire.
En outre, elle donne son avis conforme pour la décision d’ouverture de la procédure de
liquidation (article 88) ; contrôle et surveille l’établissement de crédit en liquidation (article
96).

1Supra, p. 29.
2Article 88 de la LESF, repris par l’article 46-2 de la loi bancaire française auquel correspond l’article L 613-26 du Code
Monétaire et Financier.

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2.1.2 Le Ministre chargé des Finances

Il exerce concurremment le pouvoir de retrait d’agrément avec la Commission Bancaire


(article 91). Contrairement à l’état de la législation bancaire en zone CEMAC, il détient le pouvoir
exclusif de nomination du liquidateur bancaire (article 90).

2.2 La dualité de liquidateur

Tout comme en zone CEMAC, la procédure de liquidation des établissements de crédit est
bâtie autour de la dualité de liquidateur. Toutefois, les zones d’intervention respectives des
liquidateurs (liquidateur bancaire, liquidateur judiciaire ou syndic) paraissent 1 mieux
délimitées, et sont marquées par la prééminence du liquidateur judiciaire.

2.2.1 Le liquidateur bancaire : un assistant du liquidateur judiciaire

Nommé par le Ministre chargé des Finances conformément à l’art 62, il procède à la
liquidation du fonds de commerce de l’établissement de crédit et assiste le syndic dans la
liquidation des autres éléments du patrimoine de la personne morale (article 90).

2.2.2 Le liquidateur judiciaire : un acteur aux attributions étendues

Aux termes de l’article 92(1), il est désigné par la juridiction compétente en vertu de l’article 35
AUPC. Il exerce les attributions suivantes (articles 91, 94, 98) :

 L’établissement des relevés de toutes les créances ;


 L’inventaire des actifs ;
 Les licenciements ;
 L’exécution des opérations de liquidation à l’exclusion du fonds de commerce de
l’établissement de crédit ;
 La présentation au moins une fois tous les trois mois au Ministre chargé des Finances et à la
Commission bancaire et Banque Centrale d’un rapport sur l’évolution des opérations de
liquidation ;
 Il procède à la reddition des comptes (article 98).

2.3 La clarification des contours de l’intervention de l’organisme chargé de la gestion du système


de garantie des dépôts

La clarification des contours de l’intervention de l’organisme chargé de la gestion du système


de garantie des dépôts est matérialisée à deux niveaux à savoir :

 Le droit à l’information reconnu à cet organisme par l’article 88, relative à l’ouverture de la
procédure de redressement ou de la liquidation des biens ;

1 D’une part la répartition des compétences entre les deux liquidateurs n’est pas aussi précise qu’en droit bancaire
français, d’autre part la notion de fonds de commerce apparaît ici une fois de plus comme un critère décisif pour cette
répartition ; critère dont l’analyse a suffisamment relevé les faiblesses.

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 Le devoir d’information des déposants qui lui incombe, au sujet du montant des créances exclues
de son champ d’intervention, et la précision des modalités de déclaration desdites créances
auprès du syndic, en cas de liquidation et de redressement judiciaire (Article 93(2)).

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Tableau 5 - Tableau comparatif de la procédure de liquidation des établissements de crédit


entre les zones CEMAC et UEMOA
Rubrique Zone CEMAC Zone UEMOA
- Cessation des paiements
Conditions de la
- Retrait d’agrément - Cas unique sans cessation des
procédure
paiements
- Ministre chargé des Finances :
- Autorité Monétaire/Ministre chargé pouvoir exclusif de nomination du
des Finances : pouvoir concurrent de liquidateur bancaire, pouvoir
retrait d’agrément concurrent de retrait d’agrément
Autorités chargées du
déclenchement de la - COBAC : pouvoir principal de retrait - COBAC : pouvoir principal de
procédure d’agrément, pouvoir exclusif de retrait d’agrément, avis conforme
nomination du liquidateur désigné par sur la décision d’ouverture de la
la COBAC, pouvoir de contrôle et procédure de liquidation, pouvoir
de surveillance de la procédure contrôle et surveillance de la
procédure
- Juridiction compétente
- Juge-commissaire
- Liquidateur bancaire
- Instances judiciaires (Juridiction
- Liquidateur judiciaire
compétente)
Organes de la procédure - Ministère Public
- Liquidateur bancaire
- Greffier en chef
- Liquidateur judiciaire
- Organisme chargé de la gestion
du système de garantie des
dépôts
- Ne sont pas prévus par la - Le dessaisissement du débiteur
réglementation bancaire - Le regroupement des créanciers en
communautaire masse
- Peuvent être tirés du droit bancaire - L’arrêt des poursuites individuelles
Effets de la décision national de chaque Etat : au - L’arrêt du cours des intérêts
d’ouverture de la Cameroun par exemple : Voir - L’arrêt du cours des inscriptions
procédure de liquidation ordonnance n° 003 du 27 avril - La déchéance du terme des
1990 – arrêt des poursuites créances
individuelles (article 3) ; arrêt du
cours des intérêts (article 4(1)) ; Pas
de déchéance du terme (article 4(2)
- Liquidateur bancaire : procède à
la liquidation du fonds de
commerce de l’établissement de
crédit et assiste le syndic dans la
liquidation des autres éléments du
patrimoine de la personne morale
- Liquidateur judiciaire :
- Liquidateur bancaire : responsable
établissement des relevés de
de la liquidation du fonds de
toutes les créances ; l’inventaire
commerce de la banque
Zones de compétence des des actifs ; exécution des
- Liquidateur judiciaire (syndic) :
liquidateurs opérations de liquidation à
responsable de la liquidation des
l’exclusion du fonds de commerce
autres éléments du patrimoine de la
de l’établissement de crédit ;
personne morale
présentation au moins une fois tous
les trois mois au Ministre chargé
des Finances et à la Commission
bancaire et Banque Centrale d’un
rapport sur l’évolution des
opérations de liquidation ;
reddition des comptes.

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B. LA SOLUTION DU DROIT FRANÇAIS DES DEFAILLANCES BANCAIRES

Le droit interne1 des défaillances bancaires en France, est construit à ce jour autour des
principales lois suivantes :

 La n°84-46 du 24 Janvier 1984, modifiée relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit,
dite ‘’ loi bancaire’’ ;
 La loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des
entreprises ;
 La loi n° 99-532 du 25 juin 1999 relative à l’Epargne et à la Sécurité Financière dite ‘’LESF’’.

Il en ressort que la solution inspirée par le droit français en matière de liquidation des
établissements de crédit, fait montre d’une particularité certaine au niveau de la dualité de
liquidateur symbolisée par la répartition très précise des compétences consacrant la prééminence du
liquidateur bancaire (3). En outre, la spécificité des conditions d’ouverture (1) par rapport au droit
commun français est ostentatoire, alors même que la cohabitation des institutions chargées du
déclenchement de la procédure est marquée par la prépondérance de la Commission Bancaire, les
‘’mains liées’’ du Tribunal du Commerce, le rôle influent du Fonds de Garantie des Dépôts (2).

1. La spécificité des conditions d’ouverture

La spécificité des conditions d’ouverture de la procédure de liquidation d’un établissement


de crédit est matérialisée par la définition spécifique de l’état de cessation des paiements, et
la prescription d’un cas particulier de liquidation judiciaire sans état de cessation de
paiement.

1.1 La définition spécifique de l’état de cessation des paiements

Elle est le résultat de l’adaptation2 à l’activité bancaire, de la notion classique3 de la cessation


des paiements effectuée par le législateur français, suffisamment explicitée4 par l’étude. Elle
est formulée par l’article 88(1) de la LESF qui dispose que ‘’Par dérogation aux dispositions de
l’article 35 de la loi n°85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation
judiciaires des entreprises, sont en état de cessation des paiements les établissements de crédit qui
ne sont pas en mesure d’assurer leurs paiements, immédiatement ou à terme rapproché’’.

Il s’agit tel qu’expliqué par l’analyse, d’une conception plus large de la notion comptable de la
cessation des paiements, qui lui donne une connotation plus financière et plus proche de
l’insolvabilité.

1 L’analyse parle de droit interne par différence au droit communautaire de l’Union Européenne en la matière (droit
communautaire de la ‘’faillite’’ bancaire), dont le texte de référence à ce jour est la Directive 2001/24/CE du Parlement
européen et du Conseil du 4 avril 2001, relative à l’Assainissement et à la Liquidation d’un Etablissement de Crédit dite
‘’DALEC’’. Seules les solutions du droit interne français seront retenues par l’étude.
2 Voir loi n°99-532 du 25 juin 1999 relative à l’Epargne et à la Sécurité Financière, dite ‘’LESF’’.
3 Voir loi n°85-98 du 25 janvier 1985, op. cit.
4 Supra, p. 29.
5 Voir la définition classique de la cessation des paiements à savoir l’impossibilité de faire face à son passif exigible par

son actif disponible.

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1.2 Un cas particulier de liquidation judiciaire sans cessation des paiements1

Elle est formulée par l’article 88(2) de la LESF2 lequel dispose que ‘’la procédure de liquidation
judiciaire peut être ouverte à l’égard des établissements de crédit qui ont fait l’objet d’une mesure de
radiation prononcée par la Commission bancaire et dont le passif, dont ils sont tenus envers les tiers,
à l’exception des dettes qui ne sont remboursables qu’après désintéressement complet des
créanciers chirographaires, est effectivement supérieur à l’actif net diminué des provisions devant
être constituées’’.

2. La cohabitation des institutions chargées du déclenchement de la procédure

Elle est caractérisée par la prépondérance de la Commission Bancaire (1), les ‘’mains liées’’
du Tribunal du Commerce (2) et le rôle influent du Fonds de Garantie des Dépôts (3).

2.1 La prépondérance de la Commission Bancaire

Cette prépondérance ressort de l’article 46-3 de la loi bancaire qui prévoit que ‘’les
procédures de redressement et de liquidation judiciaires instituées par la loi n°85-98 du 25 janvier
1985 ne peuvent être ouvertes à l’égard d’un établissement de crédit ou d’une entreprise
d’investissement qu’après avis de la Commission bancaire’’. Selon Christophe Leguévaques3 citant
Lambert4, cette disposition accorde à la Commission bancaire un ‘’pouvoir important,
exorbitant du droit commun’’.

2.2 Les ‘’mains liées’’ du Tribunal de Commerce

Les mains du Tribunal de Commerce sont liées, par l’obligation prescrite par l’article 46-3
sus visée pour ce Tribunal, de devoir au préalable recueillir l’avis de la Commission bancaire,
avant l’ouverture de la procédure de liquidation à l’égard d’un établissement de crédit.

2.3 Le rôle influent du Fonds de Garantie des Dépôts

L’institutionnalisation du Fonds de Garantie des Dépôts fait l’objet du titre IV de la loi


bancaire intitulé ‘’Protection des déposants et des emprunteurs’’. L’article 52(1) de ladite loi
précise que ‘’Les établissements de crédit agréés en France adhèrent à un fonds de garantie des
dépôts qui a pour objet d'indemniser les déposants en cas d'indisponibilité de leurs dépôts ou autres
fonds remboursables’’.

L’alinéa 2 de l’article 52 susmentionné, prescrit l’intervention du Fonds de Garantie à titre


curatif, sur la demande de la Commission Bancaire, pour prononcer la radiation de
l’établissement qui ‘’n’est plus en mesure de restituer, immédiatement ou à terme rapproché, les
fonds qu’il a reçus du public’’, de la liste des établissements de crédit agréés.

1 Christophe Léguevaques, op. cit., p. 332.


2 Voir l’article 46(2) de la loi bancaire.
3 Christophe Léguevaques, op. cit., p. 335.
4 Lambert, Banques votre santé nous intéresse, Rapport du Sénat, n°52, 1996/1997, p. 153, cité par Christophe

Léguevaques.

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3. Le particularisme de la dualité de liquidateur

Il est symbolisé par la répartition très précise des compétences entre les liquidateurs
bancaire et judiciaire, consacrant la prééminence du liquidateur bancaire.

3.1 Les pouvoirs étendus du liquidateur bancaire

L’article 46(6) de la loi bancaire précise expressément que le liquidateur bancaire ‘’procède à
l’inventaire des actifs, aux opérations de liquidation ainsi qu’aux licenciements, dans les conditions et
selon les modalités prévues au titre III de la loi n°85-98 du 25 janvier 1985 précitée’’1.

3.2 Les pouvoirs limités du liquidateur judiciaire

La mission du liquidateur judiciaire est réduite à celle de représentant des créanciers par
l’article 46(5) de la loi bancaire, qui en outre exclut expressément de sa mission, l’inventaire
des biens de l’entreprise, les opérations de liquidation, et les licenciements. De la sorte, il procède
à la réception et la vérification des créances, ainsi qu’au classement de l’ordre des créanciers. Il
peut aussi introduire les actions qui relèvent de la compétence du représentant des
créanciers.

Au terme de la première partie de l’étude, il apparaît clairement que les problèmes découlant
du cadre juridique de la procédure de liquidation des établissements de crédit sont inhérents
au caractère complexe (fragmenté et insuffisamment cohérent) dudit cadre. Ce qui entraîne des
conséquences certaines expliquées par l’étude, au plan de l’examen des textes. La solution à
ces problèmes, suggérée par l’analyse, est la simplification du cadre juridique en question.

1
Christophe Léguevaques, op. cit., p. 468.

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Tableau 6 - Tableau comparatif de la procédure de liquidation des établissements de crédit


entre la zone CEMAC et le droit français
Rubrique Zone CEMAC Droit français
- Cessation des paiements
Conditions de la
- Retrait d’agrément - Cas unique sans cessation des
procédure
paiements
- Tribunal de Commerce

- Commission Bancaire : pouvoir


- Autorité Monétaire/Ministre chargé
principal de retrait d’agrément,
des Finances : pouvoir partagé de
avis conforme sur la décision
retrait d’agrément
d’ouverture de la procédure de
Autorités chargées du
liquidation, pouvoir contrôle et
déclenchement de la - COBAC : pouvoir principal de retrait
surveillance de la procédure
procédure d’agrément, pouvoir exclusif de
nomination du liquidateur bancaire,
- Fonds de Garantie des Dépôts :
pouvoir de contrôle et de
Intervention à titre curatif par la
surveillance de la procédure
radiation de l’établissement de la
liste des établissements de crédit
agréés
- Tribunal de commerce
- Instances judiciaires (Juridiction
- Juge-commissaire
compétente)
Organes de la procédure - Liquidateur bancaire
- Liquidateur bancaire
- Liquidateur judiciaire
- Liquidateur judiciaire
- Fonds de Garantie des Dépôts
- Ne sont pas prévus par la
réglementation bancaire
communautaire - Le regroupement des créanciers en
- Peuvent être tirés du droit bancaire masse
Effets de la décision national de chaque Etat : au - Protection des déposants par une
d’ouverture de la Cameroun par exemple : Voir dispense partielle de l’obligation
procédure de liquidation ordonnance n° 003 du 27 avril de déclarer leurs créances
1990 – arrêt des poursuites - Protection des investisseurs sur les
individuelles (article 3) ; arrêt du instruments financiers
cours des intérêts (article 4(1)) ; Pas
de déchéance du terme (article 4(2)
- Liquidateur bancaire : procède à
l’inventaire des actifs, aux
opérations de liquidation ainsi
qu’aux licenciements, dans les
- Liquidateur bancaire : responsable
conditions et selon les modalités
de la liquidation du fonds de
prévues au titre III de la loi n°85-
commerce de la banque
Zones de compétence des 98 du 25 janvier 1985 précitée
- Liquidateur judiciaire (syndic) :
liquidateurs - Liquidateur judiciaire : procède à
responsable de la liquidation des
la réception et la vérification des
autres éléments du patrimoine de la
créances, ainsi qu’au classement de
personne morale
l’ordre des créanciers ; peut aussi
introduire les actions qui relèvent
de la compétence du représentant
des créanciers.

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PARTIE II : LES PROBLEMES RELATIFS A LA CONDUITE


DES OPERATIONS DE LIQUIDATION

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Les problèmes relatifs à la conduite des opérations de liquidation en ce qui concerne tout au
moins la liquidation BMBC, sont inhérents aux insuffisances relevées par l’analyse au niveau
du cadre juridique notamment la fragmentation et l’insuffisante cohérence dudit cadre
(chapitre I). Les solutions à ces problèmes devraient être recherchées au niveau de la
restructuration de la liquidation BMBC (chapitre II).

CHAPITRE 1 : LES IMPLICATIONS DU CARACTERE COMPLEXE DU CADRE


JURIDIQUE SUR LA CONDUITE DES OPERATIONS DE LIQUIDATION

Pour ce qui est des implications au plan pratique du caractère fragmenté et insuffisamment
cohérent du cadre juridique, on peut mettre en lumière en ce qui concerne la liquidation
BMBC les points suivants :

 Une répartition des compétences inopérante entre les liquidateurs bancaire et judiciaire (section
I) ;
 La cession incontrôlée des immeubles et l’enlisement de la procédure de la liquidation BMBC
(section II).

SECTION I : UNE REPARTITION DES COMPETENCES INOPERANTE ENTRE LES


LIQUIDATEURS BANCAIRE ET JUDICIAIRE

Traitant de la répartition des compétences entre les liquidateurs bancaire et judiciaire,


l’article 17(6) de la Convention du 17 janvier 1992, précise que ‘’le liquidateur désigné par la
COBAC est responsable de la liquidation du fonds de commerce de la banque. Les syndics ou
liquidateurs judiciaires assurent la liquidation des autres éléments du patrimoine de la personne
morale’’.

Les clarifications apportées par le Dr Jean Marie Nyama1 relativement à cette répartition des
compétences, font comprendre que d’une part, le liquidateur judiciaire serait chargé de la
liquidation du patrimoine immobilier (immeubles bâtis ou non bâtis) alors que le liquidateur nommé
par la COBAC aurait la charge de la réalisation des seuls éléments composant le fonds de
commerce de l’établissement de crédit.

En tout état de cause, cette répartition des compétences dont les incertitudes entourant le
principal critère de répartition à savoir la notion de ‘’fonds de la commerce de la banque’’,
ont déjà été identifiées2 par l’étude, s’est avérée inopérante en pratique. Pour preuves, on
citera : les conflits de compétence entre les liquidateurs bancaire et judiciaire (Paragraphe I), la
division discutable du patrimoine de la liquidation (Paragraphe II) ; la conduite non concertée des
opérations de liquidation (Paragraphe III).

1 Jean Marie Nyama, op. cit., p. 382.


2 Supra, p. 42.

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PARAGRAPHE I : LES CONFLITS DE COMPETENCE ENTRE LES LIQUIDATEURS BANCAIRE ET


JUDICIAIRE

L’ampleur des conflits de compétence entre les liquidateurs bancaire et judiciaire est illustrée
par les affaires Société OBA-SCI c/ Liquidation BMBC (A) et SRC1 (B).

A. L’AFFAIRE SOCIETE OBA-SCI CONTRE LIQUIDATION BMBC

Il n’est pas inutile de rappeler les faits de cette affaire :

Ayant bénéficié en date du 31 mars 1999, de l’adjudication d’une vente2 ‘’régulière’’3


d’immeuble (titre foncier n°10/W) réalisée par la SRC, la société immobilière OBA-SCI a pu
obtenir le morcellement du titre foncier n°10/W au point d’être propriétaire de celui
n°30622/W. Saisi d’un rapport du liquidateur judiciaire (M. Mbella Mboum Simon) sur la
situation dudit immeuble, le Président du Tribunal de Grande Instance (TGI) du Wouri à
Douala agissant ès-qualité de juge-commissaire dans la liquidation BMBC, a annulé ladite vente
par l’ordonnance n°058/PTGI/DLA rendue le 28/10/2005, aux motifs que les articles 470 et
5724 du Code de Commerce avaient été violés.

La SCI-OBA a fait appel de l’ordonnance sus citée en date du 02/11/2005 devant la Cour
d’Appel du Wouri, en arguant que la décision attaquée avait violé l’article 452 du Code de
Commerce, qui selon le juge d’appel, en chargeant spécialement le juge-commissaire
‘’d’accélérer et de surveiller les opérations et la gestion de la faillite’’, ne lui donne pas ‘’compétence
pour annuler une vente d’immeuble passée par le liquidateur’’.

Cette affaire a été le lieu d’un affrontement par personne interposée, en l’occurrence la
Société SCI-OBA, entre le liquidateur judiciaire (M. Mbella Boum Simon) et le liquidateur
bancaire qu’est la SRC. Le premier tenant à sa compétence de responsable de la liquidation
du patrimoine immobilier de l’ex-BMBC, a commis le rapport ayant motivé l’annulation de la
vente d’immeuble par la SRC à la Société SCI-OBA.

B. L’AFFAIRE SRC

Baptisée comme telle par l’actuel liquidateur judiciaire Paul Alphonse Soppo dans son illustre
document intitulé ‘’Réflexion sur la liquidation de la BMBC’’ à la page 23, l’affaire SRC illustre
avec éloquence la qualité exécrable des relations entre les deux structures de liquidation.

En effet, le 11 août 2008, le liquidateur judiciaire publie dans le journal Cameroon Tribune
un communiqué annonçant la vente de quelques immeubles répertoriés dans le fichier de
l’ancien liquidateur judiciaire M. Mbella Mboum Simon ; et dont l’un d’eux était utilisé par la

1 Affaire SRC dixit Paul Alphonse Soppo.


2 Suivant acte n°1535 du répertoire de Me Enpe Pascal, notaire à Douala.
3 Selon le juge, l’avis d’appel d’offre a été largement publié dans Cameroon Tribune n°2925 du 09 juillet 1998.
4 ‘’Les syndics seuls seront admis à poursuivre la vente ; ils seront tenus d’y procéder dans la huitaine, sous l’autorisation

du juge-commissaire suivant les formes prescrites pour la vente des biens des mineurs’’.

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SRC liquidateur bancaire en guise d’archives. Il adresse une correspondance à la SRC le 26


août 2008 dans laquelle il lui demande de libérer l’immeuble en question objet des titres
fonciers n°8618/W et 8599/W, et appartenant à la liquidation judiciaire aux fins de vente.

Par une lettre en date du 11 septembre 2008, la SRC lui demande de bien vouloir surseoir à
la vente de cet immeuble, compte tenu de l’importance des dossiers qui y sont archivés. Par
la suite, la SRC saisit le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice Garde des Sceaux, pour
intervention.

Le 20 octobre 2008, par lettre de Monsieur le Procureur de la République près les


Tribunaux de Grande Instance du Wouri, il est demandé au liquidateur judiciaire de surseoir
à toutes les ventes annoncées.

PARAGRAPHE II : LA DIVISION DISCUTABLE DU PATRIMOINE DE LA LIQUIDATION

La division discutable du patrimoine de la liquidation met en exergue la remise parcellaire du


patrimoine immobilier à la liquidation judiciaire (A) et la conservation par la SRC d’une
fraction hétérogène du patrimoine (B).

A. LA REMISE PARCELLAIRE DU PATRIMOINE IMMOBILIER A LA LIQUIDATION JUDICIAIRE

Au vu des clarifications sus visées du Dr Jean Marie Nyama relativement à la répartition des
compétences, le liquidateur judiciaire devrait s’occuper de la réalisation du patrimoine
immobilier (immeubles bâtis ou non bâtis) de la BMBC en liquidation.

Seulement, seuls les immeubles appartenant personnellement à l’ex-BMBC ont été remis à la
disposition du liquidateur judiciaire. Le rapport du cabinet Arthur & Anderson indique que
leur valeur nette au 10/09/1996 était de Fcfa 3 207 304 767.

Les immeubles objets des hypothèques obtenues en guise de garanties des crédits
octroyés mais irrécouvrables à ce jour, sont restés dans le portefeuille de la SRC.

B. LA CONSERVATION PAR LA SRC D’UNE FRACTION HETEROGENE DU PATRIMOINE

La conservation par la SRC d’une fraction hétérogène du patrimoine de l’ex-BMBC


s’explique par la ‘’main mise’’ sur l’actif immobilier de la BIAO Cameroun (1) et l’héritage de
l’actif financier de la BMBC (2).

1. La ‘’main mise’’ sur l’actif immobilier de la BIAO

La BIAO Cameroun a été dissoute par une décision de l’assemblée générale extraordinaire
des actionnaires du 17 avril 1991. Sa liquidation a été confiée par les autorités

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gouvernementales camerounaises à la SRC, qui l’a conduite sous l’empire des lois nationales
consacrant le régime dérogatoire de la liquidation amiable1.

La BMBC est née de la fusion de la BIAO Cameroun et de la Meridien Bank Cameroon. Ce


qui suppose qu’au vu des règles gouvernant la fusion d’entreprises, il y aurait transfert de
l’actif et du passif des deux sociétés fusionnées à la nouvelle société ainsi formée.

Ce qui implique qu’à la dissolution de la nouvelle entité à savoir la BMBC, l’actif et le passif
de la société dissoute devrait être globalement transféré à la liquidation. Ce qui n’a pas été le
cas de la BMBC, car la SRC conserve à ce jour dans son portefeuille, le patrimoine immobilier de la
BIAO2.

2. L’héritage de l’actif financier de la BMBC

En vertu des règles de répartition des compétences entre les deux liquidateurs, la SRC a
hérité de l’actif financier de la BMBC évalué par le cabinet Arthur & Anderson au 10/09/1996
à Fcfa 39 214 102 437 et réparti comme suit :

Rubrique Montant Fcfa


Crédits à la clientèle 33 477 101 953
Opérations interbancaires 1 382 533 760
Comptes de régularisation 191 824 546

PARAGRAPHE III : LA CONDUITE NON CONCERTEE DES OPERATIONS DE LIQUIDATION

Elle se traduit par l’absence d’échange d’informations entre les deux structures de liquidation
(A) et l’impossible établissement du bilan consolidé de la liquidation (B).

A. L’ABSENCE D’ECHANGE D’INFORMATIONS

L’absence d’échange d’informations sur le déroulement des opérations de liquidation


s’explique par le fait que chaque liquidateur fonctionne en vase clos, en ce qui concerne sa
sphère de compétence supposée, au point où aucun d’eux n’est informé des opérations
conduites par l’autre.

A titre d’exemple, selon le liquidateur judiciaire3, il y a à peine deux mois qu’il a pu entrer en
possession du rapport d’audit du cabinet Arthur & Anderson portant sur le bilan d’ouverture
de la liquidation daté du 26/02/1997, alors qu’il ne cesse de réclamer ce rapport à la SRC
depuis son entrée en fonction le 1er décembre 2005.

1 Voir l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990 et ses textes modificatifs.


2 Voir Paul Alphonse Soppo, Réflexion sur la liquidation de la BMBC, novembre 2004, p. 30.
3 Voir l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder le 2 juillet 2014.

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B. L’IMPOSSIBLE ETABLISSEMENT DU BILAN CONSOLIDE DES OPERATIONS DE


LIQUIDATION

L’absence d’échange d’informations entre les deux liquidateurs emporte comme


conséquence grave, le fait qu’à ce jour, il n’existe pas de bilan consolidé des opérations de
liquidation de l’ex-BMBC. Autrement dit, il est impossible de dire avec précision quelle est la
situation globale de la réalisation de l’actif et celle de l’apurement du passif.

C’est certainement pour cette raison que le nouveau Directeur Général de la SRC vient de
lancer un appel d’offres national1 restreint visant quatre (04) cabinets d’audit et de conseil
notamment Okalla Ahanda & Associés, KPMG, PriceWaterHouse Coopers, CLS Audit
Conseil. L’objet dudit appel d’offres porte sur l’audit des liquidations BMBC et Crédit
Agricole.

SECTION II : LA CESSION INCONTROLEE DES IMMEUBLES ET L’ENLISEMENT


DE LA PROCEDURE DE LA LIQUIDATION DE LA BMBC

L’explication de l’enlisement de la procédure de la liquidation de la BMBC (Paragraphe II)


sera précédée de la présentation de la cession incontrôlée des immeubles (Paragraphe I).

PARAGRAPHE I : LA CESSION INCONTROLEE DES IMMEUBLES

La réalisation incontrôlée des immeubles est la conséquence logique de la réduction de la portée


du contrôle juridictionnel telle qu’expliquée plus haut2 au niveau de la procédure de liquidation
des établissements de crédit. Elle s’est traduite dans le cadre de la liquidation de la BMBC
par l’absence du contrôle de la COBAC pour la vente de certains immeubles ayant
appartenu à l’ex-BMBC (A), laquelle vente a entraîné des contestations en cours d’examens
devant les tribunaux (B).

A. L’ABSENCE DU CONTROLE DE LA COBAC

Il convient de rappeler le principe du contrôle de la COBAC (1), avant de présenter les


opérations de vente réalisées (2).

1. Rappel du principe du contrôle de la COBAC

Le principe de contrôle de la COBAC est prescrit par l’alinéa 5 de l’article 17 de la


Convention du 17 janvier 1992 qui précise que ‘’Pendant la durée de la liquidation,
l’entreprise demeure soumis au contrôle de la Commission Bancaire’’.

Ce qui revient à dire comme l’a souligné fort à propos le juge d’appel dans l’affaire Société
OBA-SCI c/ Liquidation BMBC que ‘’le rôle de surveillance et de supervision des opérations de

1 Voir, le journal ‘’Le Quotidien de l’économie’’ n°0635 du mardi 26 août 2014, p. 5.


2 Supra, p. 39.

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liquidation étant dévolu à la COBAC’’. Autrement dit, aucune opération de réalisation des
immeubles ne saurait échapper au contrôle de la COBAC.

2. Les opérations de vente réalisées sans contrôle de la COBAC

Ces opérations portent sur la vente de certains immeubles ayant appartenu à l’ex-BMBC
pour un montant total de Fcfa 5 822 000 000, réalisée apparemment par le premier
liquidateur judiciaire avec la caution du liquidateur bancaire (SRC).

De l’aveu de l’actuel liquidateur judiciaire, outre le fait que les prix de vente desdits
immeubles étaient de loin inférieurs à leur valeur à l’époque de l’opération, aucune pièce du
dossier n’attestait du contrôle effectué par la COBAC selon les prescriptions de l’article 17
sus évoqué.

B. LES CONTESTATIONS INDUITES

Pour les raisons sus citées, le liquidateur judiciaire a intenté une action en annulation des
ventes sus évoquées, qui a reçu l’assentiment du juge d’instance. L’affaire est pendante à ce
jour devant la Cour d’Appel.

PARAGRAPHE II : L’ENLISEMENT DE LA PROCEDURE DE LA LIQUIDATION

Trois faits majeurs attestent à ce jour de l’enlisement de la procédure de liquidation de l’ex-


BMBC à savoir le dépassement anormal du délai légal prévu à cet effet (A), la paralysie du comité
de suivi de la liquidation BMBC (B) et la négligence des dépôts de la BMBC dans les banques
étrangères (C).

A. LE DEPASSEMENT ANORMAL DU DELAI LEGAL PREVU POUR LA CLOTURE DE LA


LIQUIDATION

Il est nécessaire de rappeler le délai légal prescrit en la matière (1) avant de parler de son
dépassement anormal dans le cadre de la liquidation BMBC (2).

1. Rappel du délai légal prescrit pour la conduit de la liquidation

Le délai légal de trois (03)1 ans prescrit pour la conduite de la liquidation des établissements
de crédit a été relevé dans le ‘’Projet de cadre général pour la liquidation d’un établissement
de crédit’’ sus visé2.

1 Aucun texte national ni de la COBAC n’a permis de savoir la durée légale prescrite pour la liquidation des
établissements de crédit.
2 Il s’agit d’un document interne de la COBAC annexé à une correspondance du gouverneur de la BEAC en date du 24

mai 1999 adressée au liquidateur du Crédit Agricole du Cameroun. Ce document prescrit une série de règles très
proches de celles énoncées par l’AUPC, devant gouverner la procédure de liquidation des établissements de crédit.
Toutefois, la nature juridique de ce document n’a pu être déterminée au regard de la hiérarchie des normes juridiques
de la CEMAC telle que précisée par l’article 41 du Traité CEMAC. Ce texte distingue : les règlements, les règlements
cadres, les directives, les décisions, les recommandations et les avis.

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2. Le dépassement anormal du délai légal

Prononcée par le jugement n°117 du 7 novembre 1996, la liquidation de la BMBC se


poursuit à ce jour en 2014, soit 18 ans après. Au vu du délai légal de trois (03) ans sus
évoqué, cette liquidation aurait dû être clôturée en novembre 1999. Ce qui montre que les
délais légaux prescrits ont été largement dépassés de 15 ans.

B. LA PARALYSIE DU COMITE DE SUIVI DE LA LIQUIDATION BMBC

Le Comité de suivi de la liquidation BMBC a été mis en place par un arrêté ministériel (1). A
ce jour, il est victime d’une paralysie notoire (2).

1. La mise en place du comité de suivi

Ayant perçu que la dualité des liquidateurs risquerait d’entraver le bon fonctionnement de la
liquidation de la BMBC, le Ministre d’Etat chargé de l’Economie et des Finances1, avait dû par
arrêté n°00060/MINEFI/CAB du 07 mars 1997, mettre en place un comité de suivi de la
liquidation de la BMBC auquel avaient été assignées les missions suivantes :

 Clarifier les domaines de compétence du liquidateur bancaire et du liquidateur judiciaire prévus


par la réglementation en vigueur ;
 Définir au cas par cas les règles de fonctionnement sur les aspects de la liquidation relevant des
deux liquidateurs de manière dualiste et non prévues par la réglementation en vigueur ;
 Régler à l’amiable les éventuels litiges entre les deux liquidateurs.

Les assises de ce comité en date du 24 mars 1999 avaient abouti dans le cadre de la
deuxième phase des indemnisations des créanciers, aux résolutions suivantes :

 L’ouverture d’un compte bancaire commun ;


 L’apport de 450 000 000 Fcfa pour la liquidation bancaire ;
 L’apport de 1 100 000 000 Fcfa pour la liquidation judiciaire ;
 La signature du chèque pour l’agence de Yaoundé par le liquidateur bancaire ;
 La signature du chèque pour l’agence de Douala par le liquidateur judiciaire.

2. La paralysie du comité de suivi

A ce jour, le comité de suivi de la liquidation de la BMBC est paralysé pour ne pas dire
inexistant.

1 Cette fonction était assurée à cette époque par M. Edouard AKAME MFOUMOU.

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C. LA NEGLIGENCE DES DEPOTS DE LA BMBC DANS LES BANQUES ETRANGERES

Le recouvrement des dépôts de la BMBC dans les banques étrangères nécessite la maîtrise
du droit de la faillite internationale que l’étude se propose de rappeler (1), avant de parler de
la négligence desdits dépôts dans les banques étrangères (2).

1. Rappel de la notion du droit de la faillite internationale

Lorsque le débiteur, personne physique ou personne morale, possède des biens et des
créances situés dans deux ou plusieurs Etats, il est fait appel au droit de la faillite
internationale qui pose deux problèmes majeurs1 : la compétence internationale des juridictions
et l’effet des jugements rendus à l’étranger.

Les lois camerounaises, moins encore la réglementation de la COBAC relative à la


liquidation des établissements de crédit, ne donnent des indications au sujet de la faillite
internationale. A contrario, à la lecture des articles 4 et 247 à 256 de l’AUPC, la
réglementation de la l’OHADA est assez éloquente en la matière, en ce sens ‘’qu’elle admet
d’une part que l’on puisse ouvrir une procédure contre une entreprise n’ayant pas son siège social
dans l’Etat dont le tribunal est saisi, d’autre part prévoit l’existence d’une procédure principale et
d’une ou de plusieurs procédures secondaires. Il est en outre prévu un devoir d’information
réciproque entre les syndics et une hiérarchisation au profit de la procédure principale’’2.

2. La négligence des dépôts de la BMBC dans les banques étrangères

Cette négligence s’est traduite par le non recouvrement à ce jour, de 17 milliards de Fcfa de
créances appartenant à l’ex-BMBC dans le réseau MIBL3/SARDANIS.

Au terme du présent chapitre, les implications néfastes du caractère fragmenté et


partiellement harmonisé du cadre juridique de la liquidation des établissements de crédit ont
été mises en exergue, en ce qui concerne la conduite des opérations de liquidation de la
BMBC.

La solution à ces difficultés d’ordre pratique devrait être inspirée par la restructuration
pragmatique de la liquidation BMBC.

1 Selon Michel Filiga Sawadogo, op. cit., deux théories s’opposent en la matière : la théorie dite de l’universalité de la
faillite qui veut qu’une seule procédure soit ouverte contre le débiteur et permette d’appréhender l’ensemble de ses
biens quel que soit leur lieu de localisation et de payer ses créanciers domiciliés dans les différents Etats sur un pied
d’égalité ; la théorie des procédures dites plurales et territoriales, permet l’ouverture d’une procédure dans tout Etat où le
débiteur possède des biens.
2 Michel Filiga Sawadogo, idem.
3 Meridien International Bank Limited.

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CHAPITRE 1I : ESQUISSE DE SOLUTIONS POUR LA RESTRUCTURATION


DE LA LIQUIDATION BMBC

La restructuration de la liquidation BMBC devra débuter par un audit indépendant de cette


liquidation (section I), suivi de la suppression de la dualité des liquidateurs (section II).

SECTION I : L’AUDIT INDEPENDANT DE LA LIQUIDATION BMBC1

L’audit indépendant devra être confié à des experts financiers (de préférence internationaux)
ayant une expérience avérée en matière de liquidation d’entreprises en général et
d’établissements de crédit en particulier. Il visera à produire des états situationnels de la
réalisation de l’actif (Paragraphe I) et de l’apurement du passif (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : ETAT SITUATIONNEL DE LA REALISATION DE L’ACTIF

L’état situationnel de la réalisation de l’actif distinguera la réalisation de l’actif immobilier (A)


de celle de l’actif financier (B).

A. ETAT SITUATIONNEL DE LA REALISATION DE L’ACTIF IMMOBILIER

L’état situationnel de la réalisation de l’actif immobilier concerne à la fois l’actif immobilier


appartenant à l’ex-BMBC(1) et l’actif immobilier ayant appartenu à l’ex-BIAO (2).

1. Etat situationnel de la réalisation de l’actif immobilier appartenant à l’ex-BMBC

Cet état présentera des données chiffrées exactes sur la réalisation du patrimoine
immobilier ayant appartenu à l’ex-BMBC et sur celle des immeubles reçus à titre
d’hypothèques pour la garantie des financements octroyés.

2. Etat situationnel de la réalisation de l’actif immobilier ayant appartenu à l’ex-BIAO

La SRC ayant retenu dans son portefeuille les immeubles appartenant à l’ex-BIAO, dont elle
avait assuré la liquidation sous l’empire du régime dérogatoire de la liquidation amiable,
l’audit devra aussi formuler une opinion sur la situation de ces immeubles.

B. ETAT SITUATIONNEL DE LA REALISATION DE L’ACTIF FINANCIER

Un état situationnel relatif à l’actif financier estimé par le cabinet Arthur & Anderson à Fcfa
39 214 102 437 au 10/09/1996, fournira des informations chiffrées exactes sur le total des
créances recouvrées, abandonnées, celles faisant l’objet d’éventuelles transactions et celles
restant à recouvrer.

1 L’étude y a pensé dans la première mouture soumise à la sanction du Pr TCHAKOUA Jean-Marie en juillet 2014,
avant la publication au mois d’août 2014 par la Direction Générale de la SRC, d’un appel d’offres national restreint
portant sur l’audit des liquidations BMBC et Crédit Agricole et visant quatre (04) cabinets d’audit et de conseil
notamment Okalla Ahanda & Associés, KPMG, PriceWaterHouse Coopers, CLS Audit Conseil.

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PARAGRAPHE II : ETAT SITUATIONNEL DE L’APUREMENT DU PASSIF

L’état situationnel de l’apurement du passif présentera la situation des indemnisations déjà


payées (A) et celle des indemnisations à payer (B).

A. LA SITUATION DES INDEMNISATIONS PAYEES

Cette situation devra être présentée dans un tableau synoptique où les créanciers seront
regroupés par classe de privilèges et qui fait ressortir les montants déjà payés et ceux
restant à payer ou une indication appropriée si la dette est apurée.

B. LA SITUATION DES INDEMNISATIONS NON PAYEES

Cette situation sera aussi présentée dans un tableau synoptique où les créanciers auront été
regroupés par classe de privilèges et qui fait ressortir les montants à payer.

SECTION II : LA SUPPRESSION DE LA DUALITE DE LIQUIDATEUR

Au vu des difficultés pratiques ayant émaillé la conduite des opérations de liquidation de l’ex-
BMBC, notamment les conflits de compétence entre les liquidateurs, il serait judicieux pour
assainir cette liquidation, de supprimer la dualité de liquidateur1. Compte tenu de
l’indemnisation urgente des créanciers, la suppression de la dualité de liquidateur en l’espèce
n’implique pas la révision de la réglementation en vigueur. C’est pour cela que cette
suppression risquerait de manquer de base légale solide2. Pour éviter cela, elle devrait faire l’objet
d’une concertation tripartite entre la COBAC, l’Autorité Monétaire et les instances judiciaires dans
l’intérêt des créanciers3. Elle pourrait donc aboutir à l’option pour la liquidation bancaire
(Paragraphe I), ou à celle pour la liquidation judiciaire (Paragraphe II). Cette tendance à la
suppression de la dualité de liquidateur a été observée au niveau de la liquidation du Crédit
Agricole (Paragraphe III).

PARAGRAPHE I : L’OPTION POUR LA LIQUIDATION BANCAIRE

Elle implique la suppression de la fonction de liquidateur judiciaire (A), et la nomination de la


SRC comme liquidateur bancaire et judiciaire (B).

1 Manuel Roland Tcheumalieu Fansi, pense dans son ouvrage intitulé ‘’Droit et pratique bancaire dans l’espace OHADA’’
(2014), ‘’(…) à l’instar des procédures de liquidation des biens des sociétés commerciales, un liquidateur ou syndic unique aurait
contribué à simplifier davantage la procédure, car la clarté et la précision riment ici avec l’efficacité (…) la dualité d’un liquidateur
bancaire et judiciaire (syndic) ne débouche pas toujours sur l’efficacité escomptée’’, p. 376.
2 En fait, la SRC avait été nommé liquidateur bancaire par une décision non attaquée par la COBAC du Ministre camerounais
de l’Economie et des Finances, et qui portait atteinte à la Convention de 1992 ; le liquidateur judiciaire avait été nommé par
le Tribunal ; le délai légal de trois ans prescrit pour la clôture de la liquidation ne figure pas dans la Convention de 1992
mais plutôt dans une note interne de la COBAC à la nature juridique incertaine au regard de la hiérarchie des normes de la
CEMAC, consacrée par l’article 41 du Traité CEMAC.
3 Ceci s’inscrit dans l’esprit de la correspondance de référence LC-COB/30 adressée par le Gouverneur de la BEAC

(Président de la COBAC) en date du 24 mai 1999 au liquidateur du Crédit Agricole du Cameroun (CAC) et dont l’objet était
‘’cadrage des opérations de liquidation’’. Le Gouverneur de la BEAC affirme précisément que ‘’Après avoir examiné au cours de
sa session du 22 mai 1998 la question de la délimitation des domaines de compétence respectifs des autorités judiciaires et de la
COBAC, la Commission Bancaire a estimé qu’en attendant d’ouvrir des négociations avec les pouvoirs publics et les tribunaux pour
arrêter d’accord parties un cadre juridique propre à la liquidation des établissements de crédit,…’’.

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A. LA SUPPRESSION DE LA FONCTION DE LIQUIDATEUR JUDICIAIRE

La suppression de la fonction de liquidateur judiciaire se fera par un acte judiciaire pour


respecter le principe du parallélisme des formes. Elle se traduira par le transfert de toutes
les prérogatives de ce dernier à la SRC, qui deviendra de ce fait le liquidateur unique de l’ex-
BMBC.

B. LA NOMINATION DE LA SRC COMME LIQUIDATEUR BANCAIRE ET JUDICIAIRE

La SRC ayant déjà nommé comme liquidateur bancaire par l’arrêté n°00299/MINEFI/CAB du
10 septembre 1996, une décision de justice devra la nommer aussi liquidateur judiciaire.

PARAGRAPHE II : L’OPTION POUR LA LIQUIDATION JUDICIAIRE

Elle implique a contrario la suppression de la fonction de liquidateur bancaire (A), et la


nomination du liquidateur judiciaire comme liquidateur bancaire et judiciaire (B).

A. LA SUPPRESSION DE LA FONCTION DE LIQUIDATEUR BANCAIRE

Il devra être mis fin à la fonction de liquidateur bancaire par une décision de la COBAC.
Cela mettra fin au règne de l’illégalité1 et restaurera la COBAC dans sa compétence
exclusive consacrée en la matière par l’article 17 de la Convention du 17 janvier 1992.

B. LA NOMINATION DU LIQUIDATEUR JUDICIAIRE COMME LIQUIDATEUR BANCAIRE

Le liquidateur judiciaire ayant déjà été nommé le jugement civil n°164 du 1er décembre 2005,
une décision de la COBAC le confirmera comme liquidateur bancaire de l’ex-BMBC.

PARAGRAPHE III : LE CAS DE LA LIQUIDATION DU CREDIT AGRICOLE - CAC

Avant de parler de la suppression tacite de la dualité de liquidateur au niveau de la


liquidation du Crédit Agricole (B), il faut d’abord rappeler l’historique de la liquidation de
cette banque (A).

A. RAPPEL DE L’HISTORIQUE DE LA LIQUIDATION DU CREDIT AGRICOLE

Créée en 1990 par l’Etat du Cameroun sous le numéro matricule 91.W.01010, le Crédit
Agricole a vu sa situation financière se déséquilibrer et se compromettre profondément en
fin mars 1997. En effet, le total des crédits bruts à la clientèle se chiffre à 56 milliards, dont 68%,
largement compromis; tandis que la part des crédits considérés comme sains et facilement
recouvrables atteignaient à peine 18 milliards.

Il faut noter qu’au vu des premiers signes des difficultés liées à la gestion de la banque, la
COBAC l’avait placée sous administration provisoire le 21 novembre 1996.

1 L’arrêté n°0299 de l’Autorité Monétaire (Ministre de l’Economie et des Finances) nommant la SRC comme liquidateur
bancaire a été pris en violation de la compétence exclusive de la COBAC en la matière consacrée par l’article 17 de
la Convention du 17 janvier 1992.

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La dégradation de la situation financière de la banque a emmené le Ministre de l’Economie et


des Finances à procéder au retrait de l’agrément de cette banque conformément à la
réglementation de la COBAC, par l’arrêté n°0011/MINEFI/CAB du 09 juin 1997.

Le 12 juin 1997, M. Claude Tournaire est nommé en qualité de liquidateur bancaire par la
COBAC. M. Frédéric Ekande sera nommé co-liquidateur le 24 juin 1997.

B. LA SUPPRESSION TACITE DE LA DUALITE DE LIQUIDATEUR

Au départ de M. Claude Tournaire, en août 1997, la COBAC n’a pas jugé utile de nommer
un autre liquidateur bancaire.

De la sorte, M. Frédéric Ekande sera nommé comme Syndic de faillite et donc liquidateur
judiciaire par le jugement n°09 du 02 octobre 1997, qui prononce en même temps la faillite
du Crédit Agricole du Cameroun, et constate aussi la nomination de Dame Noah née Ebella
Marie en qualité de juge-commissaire.

M. Frédéric Ekande, initialement nommé comme co-liquidateur cumule les deux fonctions de
co-liquidateur et de liquidateur judiciaire par le biais du jugement n°09 sus visé. Il est resté à
ce poste jusqu’à son remplacement en 2002, par M. Aaron Kaltjob.

Le fait que Messieurs Frédéric Ekande et Aaron Kaltjob aient conduit tour à tour la
liquidation du CAC en qualité de liquidateur unique, confirme cette tendance à la
suppression de la dualité de liquidateur.

En définitive, la liquidation du Crédit Agricole a été confiée à la SRC qui demeure à ce jour
l’unique liquidateur.

Il a été démontré tout au long de cette deuxième partie de l’étude, que les implications du
caractère complexe (fragmenté et insuffisamment cohérent) du cadre juridique de la
procédure de liquidation des établissements de crédit, se traduisent au plan de la liquidation
BMBC par :

 Une répartition des compétences inopérante entre les liquidateurs bancaire et judiciaire ;
 La cession incontrôlée des immeubles ;
 L’enlisement de la procédure de liquidation ;

En guise de solution susceptible de résoudre ces difficultés d’ordre pratique, l’analyse a


proposé la restructuration pragmatique de la liquidation BMBC.

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CONCLUSION GENERALE

La question centrale ayant constitué l’épine dorsale de la recherche était celle de savoir quels
pourraient être les problèmes juridiques posés par la liquidation des établissements de crédit ?
L’essai de réponse à cette question a emmené l’analyse à ‘’suspecter scientifiquement’’ le
cadre juridique tout en le confrontant au cas de la liquidation de la BMBC ayant servi de
prototype.

Il a été démontré par l’analyse que le caractère fragmenté et insuffisamment cohérent du cadre
juridique de la liquidation des établissements de crédit, emporte des conséquences
immédiates au plan de l’analyse de la réglementation en vigueur et qui sont les principaux
vecteurs des difficultés rencontrées dans la conduite des opérations de liquidation, à tout le
moins en ce qui concerne la liquidation de la BMBC.

La solution à ces difficultés a été envisagée à deux niveaux à savoir la révision radicale du cadre
juridique ainsi expliqué et la restructuration pragmatique de la liquidation BMBC. La
restructuration de la liquidation BMBC devrait s’articuler autour de deux axes majeurs
notamment un audit comptable, financier et même social, et la suppression de la dualité de
liquidateur, cause principale des conflits de compétence et de l’enlisement de cette liquidation.

La révision radicale du cadre juridique devrait viser deux objectifs fondamentaux à savoir :

 L’harmonisation rationalisée des deux ordres juridiques (COBAC, OHADA) qui le structurent ;
 La suppression officielle de la dualité de liquidateur, laquelle suppression s’affirme de plus en
plus comme le gage d’efficacité et de célérité dont a besoin la procédure de liquidation des
établissements de crédit qui est avant tout, comme toute procédure de liquidation, une ‘’voie
d’exécution d’urgence’’ .

Cette révision devrait être conduite dans un esprit de modestie consistant à s’inspirer des
points forts de ce qui se fait ailleurs dans la zone UEMOA ou en France précisément.

Ainsi, des clarifications pourront être apportées aux autres procédures de liquidation ayant
attrapé le virus de l’enlisement soit du fait des intrigues créées par les différents acteurs
tirant parti d’une réglementation ‘’tatillonne’’ ; soit du fait des procédures judiciaires
contentieuses soulevant des questions difficiles à résoudre par les juges à cause des
défaillances suffisamment expliquées de la réglementation par l’analyse. Il s’agit de manière
non exhaustive des liquidations Crédit Agricole et AMITY BANK.

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BIBLIOGRAPHIE

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TABLE DES MATIERES


SIGLES ET ABREVIATIONS ......................................................................................................................................4
RESUME ..........................................................................................................................................................................5
ABSTRACT....................................................................................................................................................................6
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................................................7
PARTIE I : LES PROBLEMES DE DETERMINATION DU CADRE JURIDIQUE ....................................... 18
CHAPITRE 1 : UN CADRE JURIDIQUE COMPLEXE .................................................................................... 19
SECTION 1 : UN CADRE JURIDIQUE FRAGMENTE ET CONSEQUENCES ........................................ 19
PARAGRAPHE I : DES NORMES ISSUES DES SOURCES JURIDIQUES DIFFERENTES, AUTONOMES ET
CONCURRENTES .......................................................................................................................................................... 19
A. DES NORMES ISSUES DES SOURCES JURIDIQUES DIFFERENTES ET AUTONOMES ............................................. 19
1. Les normes d’origine nationale ........................................................................................................................ 19
1.1 Les ordonnances..................................................................................................................................................... 19
1.2 Les décrets .............................................................................................................................................................. 20
2. Les normes d’inspiration internationale......................................................................................................... 20
2.1 Les normes juridiques issues de la réglementation COBAC .............................................................................. 21
2.2 Les normes juridiques issues de l’OHADA .......................................................................................................... 22
B. DES NORMES ISSUES DES SOURCES JURIDIQUES CONCURRENTES ................................................................... 23
1. La poursuite des mêmes objectifs par les normes d’inspiration internationale ................................... 23
1.1 L’harmonisation de la réglementation bancaire par la COBAC ........................................................................ 23
1.2 L’harmonisation du droit des affaires par l’OHADA .......................................................................................... 23
2. La réglementation de la même branche du droit ........................................................................................ 23
PARAGRAPHE II : LES CONSEQUENCES IMMEDIATES DU CARACTERE FRAGMENTE DU CADRE JURIDIQUE ...... 25
A. L’INSTITUTIONNALISATION DES PROCEDURES DE LIQUIDATION DIVERGENTES .......................................... 25
1. Des divergences au niveau des conditions .................................................................................................... 25
1.1 Le retrait d’agrément : condition unique de l’ouverture de la procédure de liquidation selon les normes de
la COBAC ...................................................................................................................................................................... 25
1.2 Les conditions de l’ouverture de la procédure de liquidation selon les normes OHADA ............................... 27
2. Des divergences au niveau des organes ......................................................................................................... 31
2.1 Les organes de la liquidation consacrés par l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990 ..................................... 31
2.1.1L’Autorité de tutelle : le Ministère des finances ............................................................................................... 31
2.1.2Le liquidateur ....................................................................................................................................................... 32
2.1.3Les créanciers ...................................................................................................................................................... 32
2.1.4L’assemblée générale des actionnaires ............................................................................................................. 33
2.1.5Le juge (Tribunal de Grande Instance) ............................................................................................................. 33
2.2 Les organes de la liquidation consacrés par la réglementation COBAC .......................................................... 33
2.2.1L’Autorité Monétaire ........................................................................................................................................... 33
2.2.2La COBAC ............................................................................................................................................................ 33
2.2.3Le liquidateur désigné par la COBAC ............................................................................................................... 33

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2.2.4Les syndics ou liquidateurs judiciaires ............................................................................................................... 33


2.2.5Les instances judiciaires...................................................................................................................................... 34
2.2.6Le Fonds de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC) ............................................................ 34
2.3 Les organes de la liquidation consacrés par les normes OHADA .................................................................... 35
2.3.1Les organes judiciaires : la juridiction compétente, le juge-commissaire, le ministère public ..................... 35
2.3.2Le syndic ou liquidateur (articles 35, 43 et 53 AUPC) ................................................................................... 35
2.3.3La masse des créanciers (article 72 AUPC) ..................................................................................................... 35
3. Des divergences au niveau des effets ............................................................................................................. 35
3.1 Les effets de l’ouverture de la procédure de liquidation prévue par l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990
35
3.1.1L’arrêt des poursuites individuelles (article 3).................................................................................................. 35
3.1.2L’arrêt du cours des intérêts de toute créance à l’exception de celles représentées par des dépôts sur
livrets (article 4(1)) ...................................................................................................................................................... 35
3.1.3Le rejet du principe de la déchéance du terme (article 4(2)) ........................................................................ 35
3.2 Les effets de l’ouverture de la procédure de liquidation prévue par les normes COBAC .............................. 36
3.2.1La limitation du champ d’activités de la personne morale à l’objet de la liquidation ................................. 36
3.2.2La modification du statut social de l’entreprise ............................................................................................... 36
3.3 Les effets de l’ouverture de la procédure prévus par les normes OHADA ..................................................... 36
3.3.1Les effets sur le patrimoine du débiteur........................................................................................................... 36
3.3.2Les effets sur le débiteur : le dessaisissement (articles 52 à 71 AUPC)....................................................... 36
3.3.3Les effets sur les créanciers (articles 72 à 118 AUPC) .................................................................................. 36
B. LA VIOLATION PAR L’AUTORITE MONETAIRE DE LA COMPETENCE EXCLUSIVE DE LA COBAC POUR LA
NOMINATION DU LIQUIDATEUR BANCAIRE ............................................................................................................ 38
1. La compétence exclusive de la COBAC pour la nomination du liquidateur bancaire ....................... 38
2. L’absence de base légale à la nomination du liquidateur bancaire par l’autorité monétaire ............. 38
C. LA REDUCTION DE LA PORTEE DU CONTROLE JURIDICTIONNEL PAR LA PROCEDURE DE LIQUIDATION
INSTITUEE PAR LA COBAC .......................................................................................................................................... 39
1. La réduction de la portée du contrôle juridictionnel par l’article 17 de la Convention du 17 janvier
1992 .............................................................................................................................................................................. 39
2. La confirmation de la réduction de la portée du contrôle juridictionnel par le juge camerounais et
les avis partagés de la doctrine .............................................................................................................................. 39
2.1 La confirmation de cette réduction par le juge camerounais ............................................................................ 39
2.2 Les avis partagés de la doctrine ........................................................................................................................... 40
2.2.1La position du Pr Yvette Rachel Kalieu Elongo ................................................................................................ 40
2.2.2La position du Dr Jean Marie Nyama .............................................................................................................. 41
D. LES INCERTITUDES DE LA NOTION DE FONDS DE COMMERCE DE LA BANQUE ............................................ 42
1. Le fonds de commerce de la banque : une notion non définie par l’article 17(6) de la Convention
du 17 janvier 1992..................................................................................................................................................... 42
2. Le fonds de commerce de la banque : un critère non pertinent pour la répartition des
compétences entre les liquidateurs bancaire et judiciaire............................................................................... 43
2.1 La nature juridique du fonds de commerce ........................................................................................................ 43
2.2 Les caractéristiques intrinsèques des éléments constitutifs du fonds de commerce ...................................... 44

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2.2.1La clientèle ........................................................................................................................................................... 44


2.2.2L’enseigne ou le nom commercial ..................................................................................................................... 44
2.2.3Les installations, les aménagements et agencements ..................................................................................... 44
2.2.4Le matériel et le mobilier ................................................................................................................................... 45
2.2.5Le droit au bail .................................................................................................................................................... 45
2.2.6Les licences d’exploitation .................................................................................................................................. 45
2.2.7Les brevets d’invention et autres ....................................................................................................................... 45
2.2.8Les engagements hors bilan............................................................................................................................... 45
2.2 Les données chiffrées issues des états financiers de l’ex-BMBC....................................................................... 46
E. L’OUBLI DU TRAITEMENT INTRA-COMMUNAUTAIRE DE LA LIQUIDATION DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
PAR LA REGLEMENTATION DE LA COBAC ................................................................................................................ 47
1. Clarification de la notion du droit de la faillite internationale .................................................................. 47
2. Le problème des règles applicables par le liquidateur bancaire lorsque l’établissement de crédit est
installé dans plusieurs Etats..................................................................................................................................... 47
SECTION I1 : UN CADRE JURIDIQUE INSUFFISAMMENT COHERENT ET CONSEQUENCES ... 48
PARAGRAPHE I : L’HARMONISATION DES NORMES NATIONALES AVEC LES NORMES DE LA COBAC ................ 48
A. L’ABROGATION SELECTIVE DES TEXTES NATIONAUX CONTRAIRES ............................................................... 48
B. LA MISE EN VIGUEUR CONDITIONNELLE DE LA REGLEMENTATION COBAC .................................................. 48
C. LA SOUSTRACTION DE LA LIQUIDATION DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT DETENUS PAR L’ETAT DU
CAMEROUN DE LA PROCEDURE DE LIQUIDATION DES ENTREPRISES PUBLIQUES ................................................ 49
PARAGRAPHE II : L’ABSENCE D’HARMONISATION DES NORMES DE LA COBAC AVEC CELLES DE L’OHADA ... 50
A. L’ABSENCE DE REFERENCE AUX ACTES UNIFORMES DANS LA REGLEMENTATION COBAC .......................... 50
B. L’ABSENCE DE REFERENCE A LA REGLEMENTATION COBAC DANS LES ACTES UNIFORMES ......................... 50
PARAGRAPHE III : LES CONSEQUENCES IMMEDIATES DU CARACTERE INSUFFISAMMENT COHERENT DU CADRE
JURIDIQUE ..................................................................................................................................................................... 51
A. LES CONFLITS DE DROIT ENTRE LES NORMES DE LA COBAC ET CELLES DE L’OHADA .................................. 51
1. L’effectivité des conflits de lois ........................................................................................................................ 51
2. La possibilité des conflits de juridictions ....................................................................................................... 52
2.1 La présentation des deux juridictions internationales ........................................................................................ 52
2.1.1La Cour de Justice de la CEMAC....................................................................................................................... 52
2.1.2La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) de l’OHADA................................................................. 53
2.2 La possibilité de conflits de juridictions ................................................................................................................ 54
2.2.1La possibilité de conflits entre l’une des juridictions internationales et les juridictions ................................ 54
nationales : Juridictions nationales c/ CCJA ............................................................................................................... 54
2.2.2La possibilité de conflits entre les deux juridictions internationales............................................................... 55
B. L’IMPOSSIBLE HIERARCHISATION DES ORDRES JURIDIQUES DE LA COBAC ET DE L’OHADA ........................ 56
1. Le principe de l’application directe attaché aux normes sécrétées par les ordres juridiques de la
COBAC et de l’OHADA ........................................................................................................................................ 56
1.1 La consécration du principe par les normes de la COBAC ............................................................................... 57
1.2 La consécration du principe par les normes de l’OHADA ................................................................................. 57
2. Des ordres juridiques ayant la même vocation supranationale ............................................................... 57

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2.1 L’affirmation de la vocation supranationale des normes de la COBAC ........................................................... 57


2.2 L’affirmation de la vocation supranationale des normes de l’OHADA ............................................................ 58
3. Des ordres juridiques ayant la même valeur juridique interne ................................................................ 58
4. La difficile détermination du droit applicable à la liquidation des établissements de crédit .............. 59
4.1 L’inefficacité des solutions de conflits inspirées du droit interne ....................................................................... 59
4.2 L’inefficacité des solutions des conflits de lois inspirées du droit international privé ...................................... 60
CHAPITRE 1I : ESQUISSE DE SOLUTIONS POUR LA SIMPLIFICATION DU CADRE JURIDIQUE 61
SECTION I : LA DYNAMISATION DE LA COOPERATION JUDICIAIRE ENTRE LES ORDRES
JURIDIQUES DE LA CEMAC/COBAC ET DE L’OHADA ............................................................................. 61
PARAGRAPHE I : L’OBJET, LES DOMAINES ET LES MODALITES PRATIQUES DE MISE EN ŒUVRE DE L’ACCORD DE
COOPERATION ............................................................................................................................................................ 61
A. L’OBJET ET LES DOMAINES DE L’ACCORD .......................................................................................................... 61
1. L’objet de l’accord de coopération ................................................................................................................. 61
2. Les domaines de l’accord de coopération..................................................................................................... 62
B. LES MODALITES PRATIQUES DE MISE EN ŒUVRE DE L’ACCORD ....................................................................... 62
1. L’invitation réciproque à participer aux travaux des organes, commissions et comités techniques
(article 3) ..................................................................................................................................................................... 62
2. L’échange d’informations (article 4) ................................................................................................................ 62
3. Les réunions périodiques d’évaluation de la coopération (article 5) ...................................................... 62
4. L’échange de services (article 6) ...................................................................................................................... 62
5. La conclusion d’accord complémentaire portant sur un aspect précis de la coopération (article 7)
62
PARAGRAPHE II : LA DYNAMISATION DE LA COOPERATION JUDICIAIRE ENTRE LA CEMAC ET L’OHADA........ 62
A. LE DEPASSEMENT DE LA TENDANCE ACTUELLE A LA NON INGERENCE JUDICIAIRE ..................................... 62
1. L’avis de la CCJA du 26 avril 2000 .................................................................................................................. 63
2. L’arrêt Tasha Loweh de la Chambre judiciaire de la Cour de Justice de la CEMAC ......................... 63
B. LA DEFINITION DES MECANISMES DE COOPERATION JUDICIAIRE EN MATIERE CONTENTIEUSE .................. 63
1. Le morcellement et le renvoi du litige avec commission rogatoire ........................................................ 63
2. Le renvoi préjudiciel ........................................................................................................................................... 64
SECTION II : LA REVISION DE LA PROCEDURE DE LIQUIDATION INSTITUEE PAR LA COBAC
ET LA SOLUTION INSPIREE DU DROIT COMPARE ................................................................................... 64
PARAGRAPHE I : LA REVISION DE LA PROCEDURE DE LIQUIDATION INSTITUEE PAR LA COBAC ....................... 64
A. L’OPTION DE CONSOLIDATION DE LA PROCEDURE ACTUELLEMENT EN VIGUEUR ...................................... 64
1. La suppression de la fonction de liquidateur judiciaire .............................................................................. 64
2. La validation de la nomination du liquidateur bancaire par la justice ..................................................... 64
3. L’intégration explicite des principales règles consacrées par l’AUPC dans la réglementation
bancaire en zone CEMAC ....................................................................................................................................... 65
B. L’OPTION DE REVOCATION DE LA PROCEDURE ACTUELLEMENT EN VIGUEUR............................................. 65
1. Le remplacement du liquidateur bancaire par un expert technique chargé de la préparation des
opérations de liquidation ......................................................................................................................................... 65
1.1 Le profil de l’expert technique .............................................................................................................................. 65
1.2 Les fonctions de l’expert technique ...................................................................................................................... 66

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2. La consécration de la liquidation judiciaire comme mode exclusif de la liquidation des


établissements de crédit .......................................................................................................................................... 66
2.1 Les avantages notoires de cette consécration ..................................................................................................... 66
2.2 La confirmation de l’empire de l’AUPC sur le régime juridique de la liquidation des établissements de crédit
66
PARAGRAPHE II : LA SOLUTION INSPIREE DU DROIT COMPARE............................................................................. 70
A. LA SOLUTION DU DROIT BANCAIRE DE LA ZONE UEMOA............................................................................... 70
1. L’originalité de la solution du droit bancaire en zone UEMOA ............................................................... 71
1.1 La soumission du régime juridique de la liquidation des établissements de crédit à l’empire de l’AUPC .... 71
1.2 Des conditions d’ouverture spécifiques ................................................................................................................ 71
1.2.1La cessation des paiements ............................................................................................................................... 72
1.2.2Un cas unique liquidation sans cessation des paiements ............................................................................... 72
2. Des points de ressemblance nuancés ............................................................................................................. 72
2.1 Les autorités chargées du déclenchement de la procédure .............................................................................. 72
2.1.1La Commission Bancaire .................................................................................................................................... 72
2.1.2Le Ministre chargé des Finances ....................................................................................................................... 73
2.2 La dualité de liquidateur........................................................................................................................................ 73
2.2.1Le liquidateur bancaire : un assistant du liquidateur judiciaire ...................................................................... 73
2.2.2Le liquidateur judiciaire : un acteur aux attributions étendues ...................................................................... 73
2.3 La clarification des contours de l’intervention de l’organisme chargé de la gestion du système de garantie
des dépôts..................................................................................................................................................................... 73
B. LA SOLUTION DU DROIT FRANÇAIS DES DEFAILLANCES BANCAIRES ............................................................. 76
1. La spécificité des conditions d’ouverture ...................................................................................................... 76
1.1 La définition spécifique de l’état de cessation des paiements........................................................................... 76
1.2 Un cas particulier de liquidation judiciaire sans cessation des paiements....................................................... 77
2. La cohabitation des institutions chargées du déclenchement de la procédure .................................... 77
2.1 La prépondérance de la Commission Bancaire .................................................................................................. 77
2.2 Les ‘’mains liées’’ du Tribunal de Commerce...................................................................................................... 77
2.3 Le rôle influent du Fonds de Garantie des Dépôts ............................................................................................. 77
3. Le particularisme de la dualité de liquidateur ............................................................................................... 78
3.1 Les pouvoirs étendus du liquidateur bancaire..................................................................................................... 78
3.2 Les pouvoirs limités du liquidateur judiciaire ....................................................................................................... 78
PARTIE II : LES PROBLEMES RELATIFS A LA CONDUITE DES OPERATIONS DE LIQUIDATION80
CHAPITRE 1 : LES IMPLICATIONS DU CARACTERE COMPLEXE DU CADRE JURIDIQUE SUR LA
CONDUITE DES OPERATIONS DE LIQUIDATION .................................................................................... 81
SECTION I : UNE REPARTITION DES COMPETENCES INOPERANTE ENTRE LES
LIQUIDATEURS BANCAIRE ET JUDICIAIRE................................................................................................... 81
PARAGRAPHE I : LES CONFLITS DE COMPETENCE ENTRE LES LIQUIDATEURS BANCAIRE ET JUDICIAIRE ........... 82
A. L’AFFAIRE SOCIETE OBA-SCI CONTRE LIQUIDATION BMBC ............................................................................. 82
B. L’AFFAIRE SRC......................................................................................................................................................... 82
PARAGRAPHE II : LA DIVISION DISCUTABLE DU PATRIMOINE DE LA LIQUIDATION ............................................ 83

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A. LA REMISE PARCELLAIRE DU PATRIMOINE IMMOBILIER A LA LIQUIDATION JUDICIAIRE................................. 83


B. LA CONSERVATION PAR LA SRC D’UNE FRACTION HETEROGENE DU PATRIMOINE .................................... 83
1. La ‘’main mise’’ sur l’actif immobilier de la BIAO ........................................................................................ 83
2. L’héritage de l’actif financier de la BMBC ...................................................................................................... 84
PARAGRAPHE III : LA CONDUITE NON CONCERTEE DES OPERATIONS DE LIQUIDATION ................................. 84
A. L’ABSENCE D’ECHANGE D’INFORMATIONS ........................................................................................................ 84
B. L’IMPOSSIBLE ETABLISSEMENT DU BILAN CONSOLIDE DES OPERATIONS DE LIQUIDATION ......................... 85
SECTION II : LA CESSION INCONTROLEE DES IMMEUBLES ET L’ENLISEMENT DE LA
PROCEDURE DE LA LIQUIDATION DE LA BMBC ...................................................................................... 85
PARAGRAPHE I : LA CESSION INCONTROLEE DES IMMEUBLES ................................................................................ 85
A. L’ABSENCE DU CONTROLE DE LA COBAC.......................................................................................................... 85
1. Rappel du principe du contrôle de la COBAC ............................................................................................ 85
2. Les opérations de vente réalisées sans contrôle de la COBAC .............................................................. 86
B. LES CONTESTATIONS INDUITES ........................................................................................................................... 86
PARAGRAPHE II : L’ENLISEMENT DE LA PROCEDURE DE LA LIQUIDATION............................................................ 86
A. LE DEPASSEMENT ANORMAL DU DELAI LEGAL PREVU POUR LA CLOTURE DE LA LIQUIDATION ................. 86
1. Rappel du délai légal prescrit pour la conduit de la liquidation................................................................ 86
2. Le dépassement anormal du délai légal .......................................................................................................... 87
B. LA PARALYSIE DU COMITE DE SUIVI DE LA LIQUIDATION BMBC ...................................................................... 87
1. La mise en place du comité de suivi................................................................................................................ 87
2. La paralysie du comité de suivi......................................................................................................................... 87
C. LA NEGLIGENCE DES DEPOTS DE LA BMBC DANS LES BANQUES ETRANGERES .............................................. 88
1. Rappel de la notion du droit de la faillite internationale ............................................................................ 88
2. La négligence des dépôts de la BMBC dans les banques étrangères....................................................... 88
CHAPITRE 1I : ESQUISSE DE SOLUTIONS POUR LA RESTRUCTURATION DE LA LIQUIDATION
BMBC ........................................................................................................................................................................... 89
SECTION I : L’AUDIT INDEPENDANT DE LA LIQUIDATION BMBC ................................................... 89
PARAGRAPHE I : ETAT SITUATIONNEL DE LA REALISATION DE L’ACTIF ............................................................... 89
A. ETAT SITUATIONNEL DE LA REALISATION DE L’ACTIF IMMOBILIER ................................................................. 89
1. Etat situationnel de la réalisation de l’actif immobilier appartenant à l’ex-BMBC ............................... 89
2. Etat situationnel de la réalisation de l’actif immobilier ayant appartenu à l’ex-BIAO ......................... 89
B. ETAT SITUATIONNEL DE LA REALISATION DE L’ACTIF FINANCIER .................................................................. 89
PARAGRAPHE II : ETAT SITUATIONNEL DE L’APUREMENT DU PASSIF .................................................................... 90
A. LA SITUATION DES INDEMNISATIONS PAYEES .................................................................................................... 90
B. LA SITUATION DES INDEMNISATIONS NON PAYEES .......................................................................................... 90
SECTION II : LA SUPPRESSION DE LA DUALITE DE LIQUIDATEUR .................................................... 90
PARAGRAPHE I : L’OPTION POUR LA LIQUIDATION BANCAIRE ............................................................................. 90
A. LA SUPPRESSION DE LA FONCTION DE LIQUIDATEUR JUDICIAIRE ................................................................... 91
B. LA NOMINATION DE LA SRC COMME LIQUIDATEUR BANCAIRE ET JUDICIAIRE ............................................. 91
PARAGRAPHE II : L’OPTION POUR LA LIQUIDATION JUDICIAIRE ........................................................................... 91

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A. LA SUPPRESSION DE LA FONCTION DE LIQUIDATEUR BANCAIRE ................................................................... 91


B. LA NOMINATION DU LIQUIDATEUR JUDICIAIRE COMME LIQUIDATEUR BANCAIRE...................................... 91
PARAGRAPHE III : LE CAS DE LA LIQUIDATION DU CREDIT AGRICOLE - CAC...................................................... 91
A. RAPPEL DE L’HISTORIQUE DE LA LIQUIDATION DU CREDIT AGRICOLE.......................................................... 91
B. LA SUPPRESSION TACITE DE LA DUALITE DE LIQUIDATEUR ............................................................................. 92
CONCLUSION GENERALE .................................................................................................................................. 93
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................................................... 94
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................................ 96
LISTE DES TABLEAUX.......................................................................................................................................... 103
LISTE DES ANNEXES ............................................................................................................................................ 104

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LISTE DES TABLEAUX

Page
Tableau I - Chronologie de la réglementation en matière de liquidation des
24
établissements de crédit

Tableau 2 – Synthèse des conditions de la liquidation instituées par les différentes


31
sources juridiques

Tableau 3 – Synthèse des organes de la procédure de liquidation des établissements


35
institués par les différentes sources juridiques

Tableau 4 – Synthèse des effets de la procédure de liquidation prévus par les différentes
37
sources juridiques

Tableau 5 – Tableau comparatif de la procédure de liquidation des établissements de


74
crédit entre les zones CEMAC et UEMOA

Tableau 6 – Tableau comparatif de la procédure de liquidation des établissements de


78
crédit entre les zones CEMAC et le droit français

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LISTE DES ANNEXES

Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 modifiant et complétant les dispositions de


Annexe 1 l’ordonnance n°85/002 du 31 août 1985, fixant les conditions de liquidation des
banques
Ordonnance n°9/005 du 19 septembre 1990 modifiant et complétant les
Annexe 2 dispositions de l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990, fixant les conditions de
liquidation des banques
Ordonnance n°96/02 du 24 juin 1996 modifiant et complétant les dispositions de
Annexe 3 l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990, fixant les conditions de liquidation des
banques
Annexe 4 Décret n°89/1283 du 18 août 1989 portant création de la SRC
Décret n°96/139 du 24 juin 1996 modifiant certaines dispositions du décret
Annexe 5
n°89/1283 du 18 août 1989 portant création de la SRC
Annexe 6 Décisions relatives à la l’ouverture de la liquidation BMBC
Convention portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats
Annexe 7
de l’Afrique Centrale et son Annexe
Règlement n°01/09/CEMAC/UMAC/COBAC portant création du Fonds de
Annexe 8
Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)
Règlement COBAC R-2009/03 du 15/12/2009 relatif à l'organisation et au
Annexe 9 fonctionnement du Fonds de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale
(FOGADAC)
Annexe 10 Extrait de la loi-cadre portant réglementation bancaire en zone UEMOA
Extrait de la loi française n°84-46 du 24 Janvier 1984, modifiée relative à l’activité
Annexe 11
et au contrôle des établissements de crédit, dite ‘’ loi bancaire’’
Extrait de la loi française n° 99-532 du 25 juin 1999 relative à l’Epargne et à la
Annexe 12
Sécurité Financière dite ‘’LESF’’
Annexe 13 Accord de coopération du 24 juin 2002 signé entre la CEMAC et l’OHADA

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Annexe 1
Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 modifiant et complétant les dispositions
de l’ordonnance n°85/002 du 31 août 1985, fixant les conditions de liquidation des banques

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Annexe 2
Ordonnance n°9/005 modifiant et complétant les dispositions
de l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990, fixant les conditions de liquidation des banques

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Annexe 3
Ordonnance n°96/02 modifiant et complétant les dispositions de l’ordonnance n°003 du 27 avril
1990, fixant les conditions de liquidation des banques

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Annexe 4
Décret n°89/1283 portant création de la SRC

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Annexe 5
Décret n°96/139 modifiant certaines dispositions du décret n°89/1283
du 18 août 1989 portant création de la SRC

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Annexe 6
Décisions relatives à l’ouverture de la liquidation BMBC

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Annexe 7
Convention portant harmonisation de la réglementation bancaire
dans les Etats de l’Afrique Centrale et son Annexe

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Annexe 8
Règlement n°01/09/CEMAC/UMAC/COBAC portant création
du Fonds de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)

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Annexe 9
Règlement COBAC R-2009/03 du 15/12/2009 relatif à l'organisation et au fonctionnement du Fonds
de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)

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UNIVERSITE DE YAOUNDE II – FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION 114
DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

Annexe 10
Extrait de la loi-cadre portant réglementation bancaire en zone UEMOA

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Annexe 11
Extrait de la loi française n°84-46 du 24 Janvier 1984, modifiée relative à l’activité
et au contrôle des établissements de crédit, dite ‘’ loi bancaire’’

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Annexe 12
Extrait de la loi française n° 99-532 du 25 juin 1999 relative à l’Epargne et à la Sécurité Financière
dite ‘’LESF’’

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Annexe 13
Accord de coopération du 24 juin 2002 signé entre la CEMAC et l’OHADA

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