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Décembre 2014
UNIVERSITE DE YAOUNDE II – FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION 2
DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Remerciements
Je rends un hommage mérité à M. Ebe-Evina J-C, expert financier près les Cours, qui
guide mes pas dans la vie avec beaucoup d’affection depuis plus d’une décennie ;
Mes remerciements vont aussi à Mme Sibe Sylvie pour l’évaluation critique ex-ante
du thème de la recherche et l’implication dont elle a su faire preuve pendant la
collecte des informations à la Société de Recouvrement des Créances ;
Je suis très reconnaissant envers tous mes camarades de classe qui m’ont soutenu
pendant le déroulement des cours et envers toutes les personnes qui de près ou de loin
ont contribué à la réalisation de ce travail ;
Toute ma reconnaissance aussi à Mme Agoume Lydie pour le soutien moral sans cesse
renouvelé ;
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION ACADEMIQUE : LES PROBLEMES JURIDIQUES POSES PAR LA LIQUIDATION DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT : CAS DE LA BMBC
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Sommaire
SIGLES ET ABREVIATIONS ......................................................................................................................................4
RESUME ..........................................................................................................................................................................5
ABSTRACT....................................................................................................................................................................6
INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................................................7
PARTIE I : LES PROBLEMES DE DETERMINATION DU CADRE JURIDIQUE ................ 18
CHAPITRE 1 : UN CADRE JURIDIQUE COMPLEXE .................................................................................... 19
SECTION 1 : UN CADRE JURIDIQUE FRAGMENTE ET CONSEQUENCES ........................................ 19
SECTION I1 : UN CADRE JURIDIQUE INSUFFISAMMENT COHERENT ET CONSEQUENCES ... 48
CHAPITRE 1I : ESQUISSE DE SOLUTIONS POUR LA SIMPLIFICATION DU CADRE JURIDIQUE 61
SECTION I : LA DYNAMISATION DE LA COOPERATION JUDICIAIRE ENTRE LES ORDRES
JURIDIQUES DE LA CEMAC/COBAC ET DE L’OHADA ............................................................................. 61
SECTION II : LA REVISION DE LA PROCEDURE DE LIQUIDATION INSTITUEE PAR LA COBAC
ET LA SOLUTION INSPIREE DU DROIT COMPARE ................................................................................... 64
PARTIE II : LES PROBLEMES RELATIFS A LA CONDUITE DES OPERATIONS DE
LIQUIDATION ....................................................................................................................... 80
CHAPITRE 1 : LES IMPLICATIONS DU CARACTERE COMPLEXE DU CADRE JURIDIQUE SUR LA
CONDUITE DES OPERATIONS DE LIQUIDATION .................................................................................... 81
SECTION I : UNE REPARTITION DES COMPETENCES INOPERANTE ENTRE LES
LIQUIDATEURS BANCAIRE ET JUDICIAIRE................................................................................................... 81
SECTION II : LA CESSION INCONTROLEE DES IMMEUBLES ET L’ENLISEMENT DE LA
PROCEDURE DE LA LIQUIDATION DE LA BMBC ...................................................................................... 85
CHAPITRE 1I : ESQUISSE DE SOLUTIONS POUR LA RESTRUCTURATION DE LA LIQUIDATION
BMBC ........................................................................................................................................................................... 89
SECTION I : L’AUDIT INDEPENDANT DE LA LIQUIDATION BMBC ................................................... 89
SECTION II : LA SUPPRESSION DE LA DUALITE DE LIQUIDATEUR .................................................... 90
CONCLUSION GENERALE .......................................................................................................................... 93
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................................................... 94
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................................ 96
LISTE DES TABLEAUX.......................................................................................................................................... 103
LISTE DES ANNEXES ............................................................................................................................................ 104
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SIGLES ET ABREVIATIONS
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RESUME
D’une part, le cadre juridique sus évoqué coalise des normes issues des sources juridiques
différentes, autonomes et concurrentes (pour certaines d’entre elles) : les textes nationaux
camerounais, les normes communautaires de la COBAC et les normes communautaires de
l’OHADA.
Il s’ensuit une série de conséquences immédiates tirées au niveau de l’analyse dudit cadre
juridique et qui se déclinent comme suit :
D’autre part, le caractère complexe du cadre juridique entraîne les implications ci-dessous
au niveau de la conduite des opérations de liquidation des établissements de crédit en
général, et de la liquidation BMBC en particulier :
Une répartition des compétences inopérante entre les liquidateurs bancaire et judiciaire ;
La cession incontrôlée des immeubles et l’enlisement de la procédure de la liquidation BMBC.
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ABSTRACT
The study of the liquidation of credit institutions in the CEMAC region in general and
Cameroon in particular, showed that the legal problems linked to this procedure are the
complex nature of the legal framework (fragmented and insufficiently coherent).
On one hand, the above mentioned legal framework, integrates rules derived from different
autonomous and competing (as some of them are concerned) legal sources: the Cameroon
national laws, community rules of COBAC and OHADA1.
It follows a series of immediate conclusions drawn in the analysis of that legal framework and
are as follows:
On the other hand the complex nature of the legal framework leads to the following
implications, when conducing liquidation operations of credit institutions in general and in
particular the BMBC liquidation:
An inoperative distribution of competences between the liquidator appointed by the COBAC and
the judicial liquidator;
The uncontrolled disposal of buildings and the stalemate of the BMBC liquidation proceedings.
The simplification of the legal framework of the procedure of liquidation of credit institutions
thus understood, focusing essentially on the revitalization of the judicial cooperation between
the legal systems of the CEMAC / COBAC and OHADA, the suppression of duality of liquidators
and the definition of a clear and coherent enough applicable law on the subject;
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INTRODUCTION GENERALE
Le même article 4 énumère la liste des opérations de banque qui correspond à celle de
l’article 4(1) du décret n°90/1469 sus évoqué en l’occurrence, ’’la réception de fonds du
public, les opérations de crédit ainsi que la mise à la disposition de la clientèle les moyens de
paiement ou leur gestion’’.
L’article 4(2) du décret n°90/1469 énumère les autres opérations pouvant être
effectuées par les banques : ‘’le change ; le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la
garde et la vente de valeurs mobilières et tout produit financier ; le conseil et l’assistance en
matière de gestion du patrimoine ; le conseil et l’assistance en matière de gestion financière,
l’ingénierie financière et, d’une manière générale, tous les services destinés à faciliter la création
et le développement des entreprises, sous réserve des dispositions législatives et réglementaires
relative à l’exercice de certaines professions ; la banque-assurance’’.
L’article 5 du décret n°90/1469 distingue deux types de banques à savoir, les banques de
dépôts et les banques spécialisées.
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1. Les établissements financiers de promotion de la consommation qui consentent des facilités aux
ménages pour leurs besoins courants et surtout pour l’acquisition de biens semi-durables ;
2. Les établissements financiers de promotion des investissements qui financent les immobilisations des
entreprises, amortissables sur une longue période ;
3. Les établissements de courtage financier qui jouent le rôle d’intermédiaire entre les prêteurs et les
emprunteurs de capitaux ;
4. Les établissements de factoring qui rachètent les créances en vue de leur recouvrement ;
5. Les établissements de recouvrement qui se chargent de recouvrer les créances pour le compte des
tiers ;
6. Les établissements de crédit-bail qui se chargent des opérations de location des biens d’équipement,
d’outillage, d’immeubles ou de leasing industriel et commercial, avec option d’achat.
Par conséquent, ce sont surtout les activités de collecte des dépôts et l’octroi du
crédit qui permettent d’identifier une banque.
3. Liquidation : selon le lexique des termes juridiques4, c’est l’ensemble des opérations
préliminaires au partage d’une indivision, quelle qu’en soit l’origine (succession,
dissolution d’une société). Elle consiste à payer le passif sur les éléments de l’actif, à
convertir en argent liquide tout ou partie de ces éléments afin que le partage puisse être
effectué. Elle permet de dégager l’actif net et de le conserver jusqu’au partage.
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La clarification des concepts clés de l’étude implique un rappel de son contexte, qui montre
que la seconde moitié des années 80 et le début des années 90 ont été marqués au
Cameroun par une crise systémique sans précédent du secteur des établissements de crédit
en général et du secteur bancaire en particulier, liée à la conjonction des principaux facteurs1
suivants : le poids des pouvoirs publics dans la structure financière des banques, une politique
monétaire interventionniste, une faible régulation prudentielle.
S’agissant du poids des pouvoirs publics, il faut noter que sur les douze (12) banques en
activité au Cameroun à cette époque, seule la Banque Unie de Crédit (BUC) avait un capital
entièrement détenu par des privés camerounais. ‘’La participation de l’Etat du Cameroun au
capital social des banques atteignait les 67%’’, faisant de lui l’actionnaire principal dans la plupart
des cas, et par ricochet l’acteur majeur de la politique de gestion de ces entreprises. La
trésorerie générale de l’Etat ayant été frappée à cette époque par une crise inhérente à la
baisse drastique des recettes des principaux produits d’exportation (cacao, café, etc.), le
trésor public ponctionna les avoirs bancaires pour faire face aux déficits de budget ; l’Etat accumula
les arriérés de la dette intérieure, provoquant la baisse des dépôts privés ; la plupart des crédits
adossés sur les marchés publics enregistrèrent des impayés qui alourdirent le portefeuille des
banques2.
Les taux d’intérêt peu élevés, rigides, étaient fixés de façon discrétionnaire par le banquier
central sans rapport avec leur niveau d’équilibre, conditionné par une conjoncture interne et
externe très fluctuante ;
Le contrôle qualitatif et/ou sélectif du crédit accordait la préférence aux secteurs dits privilégiés
(Trésors nationaux, PME nationales, unités de commercialisation agricoles, particuliers nationaux
pour leurs opérations de constructions immobilières).
La crise de la trésorerie générale de l’Etat sus évoquée, couplée avec une expansion rapide
du crédit a entraîné la dégradation de la situation monétaire de la BEAC. Ainsi, le compte
1 Mathurin Tchakounte Njoda & Charles Alain Bita, ‘’la réforme du secteur bancaire camerounais’’, Revue africaine de
l’Intégration Vol. 3, n° 2, Octobre 2009.
2 Joseph Mbouombouo Ndam, Banque contre Micro finance : les enjeux de l’intermédiation financière dans la zone
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d’opérations, principale composante des avoirs extérieurs, qui totalisait 305,8 milliards de
FCFA au 31 janvier 1986, est devenu débiteur de 58,4 milliards de FCFA au 30 novembre
1987. Reflétant cette évolution, le taux de couverture extérieure de la monnaie a régressé
de 63,7% à 13,6%, alors que les statuts imposent un minimum de 20%. Face à cette crise, le
banquier central a maintenu les principes de sa politique monétaire.
Au final, la crise se manifeste au niveau du fonctionnement des banques par les effets
suivants : défauts de paiement ; créances douteuses ; suspension des découverts ; pertes financières
des agents économiques du fait de l’illiquidité des banques ; faillites (fermetures d’agences ou de
certaines banques).
En substance, la perte pour l’ensemble du secteur se chiffrait en 1989, à près de 700 millions
de FCFA en bilan cumulé, soit un peu plus de 40 % du total des bilans bancaires qui était
estimé à l’époque à 1 520 milliards de FCFA. Par la suite, la perte atteindra le chiffre record de
52,884 milliards en 1990 et 50 milliards au cours de la première moitié de 1995.
Pour corriger les effets dévastateurs de cette crise, les autorités camerounaises ont
entrepris une vaste opération de réforme du secteur bancaire, soit de façon autonome au
plan national, soit de concert avec les autres Etats de la CEMAC et dont la trame est
articulée comme suit :
Ces réformes ont été adossées sur un ensemble de textes au double plan national et
communautaire. Au plan national, on peut citer :
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Les réformes sus évoquées ont été menées en deux phases. La première allant de 1988 à
1990, a connu un échec dans la mesure où ‘’seules trois banques sur les huit en activité ont des
bilans acceptables en fin 1994/95’’1. La deuxième phase a démarré au début de l’année 1995.
Elles ont abouti en substance aux résultats suivants :
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Pour ce qui est de la liquidation des banques, l’on notera qu’elle a été conduite au Cameroun
sous l’empire d’une réglementation hybride comprenant :
2. Les liquidations amiables : elles sont d’abord instituées par le décret n°89/1283 du 18
août 1989 portant création de la SRC, modifié et complété par le décret n°96/139 du 24
juin 1996, qui dispose à son article 3 que la SRC est chargée :
- De la liquidation amiable des actifs et passif de la Société Camerounaise de Banque non
repris par la Société Commerciale de Banque-Crédit Lyonnais Cameroun ;
- De la liquidation à l’amiable des actifs et du passif de tout établissement public de crédit qui
lui est confiée par l’autorité de tutelle, etc.
Ce régime dérogatoire et exclusif de tout autre mode de liquidation institué par l’article 2 de
l’ordonnance n°003 sus évoquée, implique la mise à l’écart pour la liquidation des établissements
1 Ndjom Nack Elie Désiré, les liquidations administratives, éditions Imprimerie Nationale, novembre 1992.
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Le code de commerce de 1807 tel qu’il a été fondu par la loi du 28 mai 1838, qui mettait en
avant le paiement des créanciers et la punition du débiteur. La loi du 28 mai 1838 a réformé le
code dans le sens de l’adoucissement ;
La loi du 4 mars 1889 qui instituait la liquidation judiciaire, tout en créant une seconde procédure
réservée aux débiteurs malheureux et de bonne foi qui déposent leur bilan dans les quinze jours de
la cessation de leurs paiements. De tels débiteurs restent à la tête de leurs affaires assistés d’un
liquidateur judiciaire ;
Les décrets-lois du 8 août et du 30 octobre 1935 : le décret-loi du 8 août avait étendu les
déchéances de la faillite et les sanctions de la banqueroute aux dirigeants sociaux tandis que celui
du 30 octobre avait accéléré et simplifié la procédure en apportant des modifications aux
dispositions du Code du Commerce ;
La loi du 13 juillet 1967 soumettait l’entreprise redressable au règlement judiciaire et l’entreprise
non redressable à la liquidation des biens. Quant aux débiteurs ou aux dirigeants sociaux, ils
encourraient les déchéances et interdictions de la faillite personnelle ainsi que les peines de la
banqueroute s’ils étaient fautifs.
‘’Le retrait d’agrément est prononcé par l’Autorité Monétaire, soit à la demande de l’établissement de
crédit, soit d’office lorsque l’établissement ne remplit plus les conditions auxquelles l’agrément est
subordonné, lorsqu’il n’a pas fait usage de son agrément dans un délai de douze mois ou lorsqu’il
n’exerce plus son activité depuis au moins six mois.
Il peut aussi être prononcé à titre de sanction disciplinaire par la Commission Bancaire conformément
aux dispositions de l’article 13 de la Convention du 16 octobre 1990.
1 Filiga Michel Sawadogo, Commentaires de l’Acte Uniforme portant Organisation des Procédures Collectives
d’Apurement du Passif, pp. 11-12, éditions FFA.
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Il est notifié à l’établissement concerné et publié au journal officiel et dans au moins un des principaux
organes de la presse nationale.
Tout établissement de crédit dont l’agrément a été retiré entre en liquidation. Celle-ci est prononcée
d’office par les instances judiciaires compétentes sur saisine soit de l’Autorité Monétaire, soit du
liquidateur nommé par la COBAC en vertu de l’article 15 de la Convention du 16 octobre 1990.
Par conséquent, pour éviter tout conflit de lois dans le temps entre la réglementation
nationale en vigueur en la matière et les normes COBAC, les autorités camerounaises ont
édicté l’ordonnance n°96/02 du 24 juin 1996 modifiant l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990
fixant les conditions de liquidation des banques, qui dispose à l’article 2 (nouveau) :
- (1) ‘’Les conditions de liquidation des banques définies par la présente ordonnance ne
sont applicables qu’aux établissements de crédit mis en liquidation avant le 09 juillet
1992, date d’entrée en vigueur de la Convention du 10 octobre 1990 portant
création de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale’’.
- (2) La liquidation des banques visés à l’alinéa (1) s’effectue dans le cadre amiable,
selon les dispositions dérogatoires au droit commun et exclusives de tout autre
mode de liquidation’’.
Autrement dit, la liquidation amiable reste en vigueur pour les banques mis en liquidation
avant le 09 juillet 19921, date d’entrée en vigueur de la Convention COBAC, alors que pour
les banques dont l’ouverture de la procédure de liquidation coïncide ou est postérieure au
09 juillet 1992, c’est le régime institué par la COBAC qui est applicable.
1 Il s’agit de l’application du principe de la non-rétroactivité des lois consacré et garanti par le préambule de la loi
constitutionnelle du 18 janvier 1996.
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Seulement, le 17 octobre 1993 est signé entre seize pays1 africains y compris le Cameroun,
le traité OHADA portant sur l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, et
dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 1998. Ce traité annonce huit (08)
instruments principaux sous la forme d’actes uniformes relatif à : Droit de l’arbitrage, Droit
commercial général, Droit des sociétés commerciales et du GIE, Comptabilité des entreprises, Droit
des sûretés, Procédures de recouvrement des créances, Procédures collectives d’apurement du passif,
Transport des marchandises par route.
L’article 10 du texte fondateur précise que ‘’Les Actes uniformes sont directement
applicables et obligatoires dans les Etats Parties nonobstant toute disposition contraire
de droit interne, antérieure ou postérieure’’.
1Les Etats signataires sont les suivants : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République Centrafricaine, Comores, Congo,
Côte-D’ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo.
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Aucun texte n’a été édicté en vue d’harmoniser l’ordre juridique de la CEMAC dont est
issu la COBAC avec celui de l’OHADA ;
La liquidation des banques pourrait être la suite logique soit de la dissolution de la société
dans les conditions prévues par l’Acte uniforme OHADA relatif au Droit des Sociétés et du GIE1
(AUDSG) ou bien2 de la décision de justice prononcée selon les modalités fixées par l’Acte
Uniforme portant Procédures Collectives d’Apurement du Passif (AUPC), soit du retrait
d’agrément selon les prescriptions de l’article 17 (Annexe à la Convention de 1992
portant Harmonisation de la Réglementation Bancaire).
En effet, aussi bien les normes consacrées par la COBAC, que les normes issues de l’ordre
juridique OHADA ont été dotées par leurs traités fondateurs respectifs, de la même
vocation supranationale et du même effet immédiat, tout en ayant au plan du droit
constitutionnel camerounais la même valeur juridique.
Par conséquent, comment pourrait-on raisonnablement établir une hiérarchie entre ces deux traités
ayant vocation à régir la liquidation des établissements de crédit ? De cette question, découle la
problématique centrale de l’étude :
1 Cf. Article 200 : 1°) Expiration du temps pour lequel elle a été constituée ; 2°) Réalisation ou extinction de son objet ;
3°) Annulation du contrat de société ; 4°) Décision des associés aux conditions prévues pour modifier les statuts ; 5°)
Dissolution anticipée prononcée par la juridiction compétente, à la demande d’un associé pour justes motifs, notamment
en cas d’inexécution de ses obligations par un associé ou de mésentente entre associés empêchant le fonctionnement
normal de la société ; 6°) Effet d’un jugement ordonnant la liquidation des biens de la société ; 7°) Toute autre cause
prévue par les statuts.
2 L’article 203(3) AUDSG précise que les dispositions de l’AUDSG ‘’ne s'appliquent pas lorsque la liquidation intervient
dans le cadre des dispositions de l'Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du passif’’.
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Le caractère fragmenté du cadre juridique s’explique par la coexistence dans le même espace
juridique, des normes issues des sources juridiques tantôt différentes et autonomes, tantôt
concurrentes (Paragraphe I). La fragmentation du cadre juridique emporte des conséquences
immédiates (Paragraphe II).
L’étude s’attèlera à démontrer en quoi les sources juridiques dont dérivent les normes en
question sont concurrentes (B), après avoir examiné leurs caractères différents et
autonomes (A).
Elles font l’objet d’une intense activité normative de la part du pouvoir exécutif. Elles sont
édictées en vertu de la Constitution de la République du Cameroun du 02 juin 1972, révisée
le 18 janvier 1996. On distingue les ordonnances des décrets.
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et pour des objets déterminés. L’ordonnance doit être ratifiée à la fois par le Parlement et le
Sénat par la loi d’habilitation. Elle a un caractère réglementaire tant qu’elle n’a pas été
ratifiée. Toutefois, elle demeure en vigueur tant que le Parlement n’a pas refusé de la ratifier.
C’est sur cette base que le Président de la République a été amené à édicter les
ordonnances ci-dessous pour fixer la procédure de liquidation des établissements de crédit :
Le décret est un acte qui relève du pouvoir réglementaire exercé par le Président de la République
en vertu des articles 27 et 31 de la Constitution du 02 juin 1972 révisée le 18 janvier 1996.
C’est dans ce cadre que le Président de la République a pris les décrets ci-dessous, en
matière de liquidation des établissements de crédit :
Elles sont issues des traités internationaux pour lesquels l’Etat du Cameroun a donné son
consentement à être lié selon le principe ‘’Pacta sunt servanda’’1. On notera à cet effet :
1 Principe selon lequel, les traités et plus généralement les contrats, doivent être respectés par les parties qui les ont
conclus.
2 L’Union Economique de l’Afrique Centrale (UEAC) ; l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) ; le Parlement
l’Afrique Centrale (BEAC) ; la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) ; la Commission
Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC).
4 Comité Monétaire ; Banque des Etats de l’Afrique Centrale ; Commission Bancaire de l’Afrique Centrale.
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L’article 7(bis) de la Convention précise que la COBAC est chargée de ‘’veiller au respect par
les établissements de crédit des dispositions législatives et réglementaires édictées par les Autorités,
par la Banque2 ou par elle-même et qui leur sont applicables, et de sanctionner les manquements
constatés’’.
En réalité, ces deux conventions font partie du Traité3 instituant la CEMAC. Il en ressort que
la COBAC en tant qu’organe de régulation du secteur bancaire en zone CEMAC, exerce
trois fonctions principales (administrative, réglementaire, disciplinaire) en matière de
réglementation bancaire, qui font d’elle le ‘’Gendarme’’ du système bancaire.
La délivrance d’avis conformes pour l’agrément des établissements de crédit, de leurs dirigeants et
Commissaires aux comptes ;
La délivrance des autorisations préalables pour la modification de situation des établissements de crédit
(augmentation de capital, restructuration juridique, acquisition de participations) ;
1 Supra, p. 15.
2 Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC).
3 Voir l’article 3 du Traité du 16 mars 1994 instituant la CEMAC, modifié le 25 juin 2008, qui précise que les
différentes Conventions sont ‘’à annexer au présent Traité et dont elles feront intégralement partie’’.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Elaborer les normes en matière prudentielle destinées à assurer la solvabilité, la liquidité et la rentabilité
des établissements de crédit, et plus généralement l’équilibre de leur situation financière ;
Exécuter des contrôles sur pièces et/ou sur place de la gestion des établissements de crédit.
Par le biais de la fonction disciplinaire, elle est qualifiée pour l’ouverture de procédures
disciplinaires pouvant déboucher sur le prononcé de sanctions, dont la gamme varie entre
l’avertissement et le retrait d’agrément
Le traité OHADA intègre à l’origine huit (08) instruments principaux1 sous la forme d’actes
uniformes portant sur :
Le droit de l’arbitrage ;
Le droit commercial général ;
Le droit des sociétés commerciales et du GIE ;
La comptabilité des entreprises ;
Le droit des sûretés ;
Les procédures simplifiées de recouvrement des créances et des voies d’exécution ;
Les procédures collectives d’apurement du passif ;
Le transport des marchandises par route.
1 A ces premiers instruments, il faut ajouter l’acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives, adopté
le 15/12/2010.
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Les sources juridiques de ces normes sont concurrentes, parce qu’elles poursuivent pour
certaines d’entre elles les mêmes objectifs d’une part (1), et réglementent la même branche
du droit d’autre part (2).
‘’Conscients que la cohérence des réglementations bancaires de leurs Etats conditionne le bon
fonctionnement de la nouvelle institution et, par delà, la pleine réalisation des objectifs qui ont
commandé sa mise en place…’’.
L'article 2 du Traité dispose que : « le présent Traité a pour objet l'harmonisation du droit des
affaires dans les Etats parties par l'élaboration et l'adoption de règles communes simples, modernes
et adaptées à la situation de leurs économies...».
Les sources juridiques sus citées fixent le régime juridique de la faillite ou plus précisément
de la procédure de liquidation des entreprises en général, et/ou de la firme bancaire en
particulier. On distingue :
La réglementation des conditions de liquidation des banques par les lois nationales ;
La réglementation de la procédure de liquidation des établissements de crédit par la
COBAC dans les Etats de l’Afrique Centrale ;
La réglementation des procédures collectives d’apurement du passif des entreprises en difficultés
par l’OHADA.
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Réglementation de l’OHADA
10 avril 1998 Acte Uniforme portant Procédures Collectives d’Apurement du Passif (OHADA)
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Les divergences des procédures de liquidation ainsi instituées peuvent s’apprécier tant au
niveau des conditions (1) que des organes (2) et des effets (3).
L’analyse des divergences au niveau des conditions retiendra les points suivants :
1.1 Le retrait d’agrément : condition unique de l’ouverture de la procédure de liquidation selon les
normes de la COBAC
En effet, l’alinéa 4 de l’article 17 sus cité précise que ‘’Tout établissement de crédit dont
l’agrément a été retiré entre en liquidation’’.
En outre, on peut distinguer deux types de causes pour le retrait d’agrément à savoir les
causes explicitement énumérées par les textes et une cause implicite identifiée par la doctrine1.
1 Jean Marie Nyama, Droit des entreprises en difficultés, CERFOD, édition 2004, pp. 374-375.
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Parlant des causes explicites, on retiendra l’article 17(2)(3) sus évoqué et l’article 48 du
règlement COBAC R-2009/03 du 15/12/2009 relatif à l'organisation et au fonctionnement du
Fonds de Garantie des dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)1.
Il ressort de l’article 17(2)(3) que les causes du retrait d’agrément sont les suivantes :
La cause implicite du retrait d’agrément est identifiée par le Dr Jean Marie Nyama3 qui,
parlant des critères d’ouverture de la liquidation en l’espèce, affirme que la liquidation d’un
établissement de crédit intervient beaucoup plus souvent ‘’en cas de non respect des ratios
prudentiels de gestion ayant conduit à une cessation des paiements’’.
1 Mécanisme de garantie des dépôts mis en place en date du 20/04/2009 par le Règlement n°
01/09/CEMAC/UMAC/COBAC du Comité Ministériel de l’UMAC, sous l’appellation FOGADAC (Fonds de Garantie des
Dépôts en Afrique Centrale). Aux termes de l’article 1er du règlement n°01/09, le Fonds est chargé d'indemniser les
épargnants d'un établissement de crédit en cas d'indisponibilité de leurs dépôts (dépôts à vue ou à terme, comptes sur livret,
soldes créditeurs des comptes courants ou des comptes ordinaires) telle que définie par un Règlement de la Commission
Bancaire ; d'apporter son concours à un établissement de crédit dont la situation laisse craindre dans les brefs délais une
indisponibilité totale ou partielle des dépôts ou de tous les autres fonds remboursables.
L’article 16 précise que le Fonds est alimenté par les contributions des établissements de crédit, les produits de
placements de ces contributions, les dons et subventions.
L’article 15 Règlement COBAC R-2009/03 relatif à l'organisation et au fonctionnement du FOGADAC ajoute que le
montant des cotisations annuelles ne saurait être inferieur a 30 millions de FCFA par établissement de crédit.
2 ‘’Si un établissement de crédit n’a pas déféré à une injonction ou n’a pas tenu compte d’une mise en garde, ou a
enfreint gravement la réglementation, la Commission Bancaire peut prononcer une ou plusieurs des sanctions
disciplinaires suivantes : l’avertissement ; le blâme ; l’interdiction d’effectuer certaines opérations ou toutes autres limitations
dans l’exercice de ses activités ; la révocation du ou des commissaires aux comptes ; la suspension ou la démission d’office
du ou des dirigeants responsables ; le retrait d’agrément…’’
3 Jean Marie Nyama, op. cit.
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Par ordonnance n°627/PTGI/W/DLA du 07 juillet 2005, M. SOPPO Paul Alphonse est nommé liquidateur provisoire
de la BMBC aux côtés de M. MBELLA MBOU Simon. Cette fonction sera confirmée par jugement civil n°164 du 1 er
décembre 2005. Par ce jugement, M. SOPPO Paul Alphonse est nommé co-syndic de la liquidation judiciaire BMBC.
1.2 Les conditions de l’ouverture de la procédure de liquidation selon les normes OHADA
Cette formalité est prescrite par l’article 37 de l’Acte Uniforme portant Droit Commercial
Général (AUDCG), qui précise que ‘’la dissolution d'une personne morale pour quelque cause
que ce soit doit être déclarée, en vue de son inscription au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier, dans le délai d'un mois au Greffe de la juridiction compétente auprès de laquelle elle est
immatriculée. Il en est de même pour la nullité de la société à compter de la décision qui l’a
prononcée’’.
L’article 37 précité ajoute que ‘’la radiation doit être demandée par le liquidateur dans le délai
d'un mois à compter de la clôture des opérations de liquidation’’.
S’agissant des personnes physiques, l’Acte Uniforme OHADA soumet aux procédures
collectives (règlement préventif, redressement judiciaire, liquidation) seulement les
personnes physiques ayant la qualité de commerçant.
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Par contre, en ce qui concerne les personnes morales, le dispositif normatif de l’OHADA en
matière de procédures collectives tient compte tant des personnes morales commerçantes
que des personnes morales n’ayant pas la qualité de commerçant.
C’est pour cela que le Pr Filiga Michel Sawadogo affirme que, ‘’l’Acte Uniforme OHADA retient
très simplement les personnes physiques commerçantes d’une part, les personnes morales de droit
privé d’autre part’’1 (article 2(4) AUPC).
La cessation des paiements est définie par l’article 252 AUPC comme la situation où le débiteur
est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Il est tenu de
faire dans les trente jours de la cessation des paiements une déclaration aux fins d’ouverture
d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle que soit la
nature de ses dettes. La requête est déposée au greffe de la juridiction compétente contre
récépissé.
Selon le Pr Filiga Michel Sawadogo3, la cessation des paiements contient deux éléments
fondamentaux notamment l’élément de liquidité et l’insuffisance de l’actif disponible.
S’agissant de la liquidité, elle implique que ‘’le passif exigible est reflété par les éléments de la
cessation des paiements ouverte (non-paiement d’une dette certaine, liquide et exigible) ou
de la cessation des paiements déguisée (maintien du service de caisse par des expédients) 4’’.
‘’L’impossibilité de faire face’’ suppose que l’actif total soit supérieur au passif total mais que
l’actif disponible soit inférieur au passif exigible.
(cessation des paiements ouverte, cessation des paiements déguisée), avant d’évoluer vers la conception unitaire
intégrant les deux aspects.
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Actif Passif
Actif non disponible Passif non exigible
- Immobilisations : 50 000 000 - Capitaux propres : 30 000 000
Le tableau ci-dessus montre qu’il y a cessation des paiements puisque l’actif disponible est inférieur au passif exigible.
Il est important de noter toutefois que la notion de cessation des paiements a été adaptée à
l’activité bancaire par le législateur français avec l’aide de la doctrine2 et de la jurisprudence3.
En effet, l’article 88 de la LESF4 dispose que ‘’Par dérogation aux dispositions de l’article 35 de
la loi n°85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des
entreprises, sont en état de cessation des paiements les établissements de crédit qui ne sont pas en
mesure d’assurer leurs paiements, immédiatement ou à terme rapproché’’.
Commerce de Paris a eu à trancher entre deux thèses : par la première l’application stricte de la loi de 1985, tant que la
banque pouvait se refinancer sur le marché, elle n’était pas en état de cessation des paiements ; pour la seconde la banque
ne respectant plus les ratios prudentiels, les financements obtenus devenaient irréguliers.
Dans sa décision, le Tribunal a tenu compte aussi bien de la loi de 1985 que de la loi bancaire. Il a fondé sa décision
d’une part, sur la constatation de l’existence d’une gestion anormale destinée à tromper la Commission bancaire en
dissimulant la valeur exacte des ratios prudentiels et d’autre part, sur le constat par la banque elle-même, du caractère
notoirement insuffisant des remèdes financiers dont elle disposait.
4 Loi relative à l’Epargne et à la Sécurité Financière du 25 juin 1999 (dite ‘’LESF’’)
5 Voir la définition classique de la cessation des paiements à savoir l’impossibilité de faire face à son passif exigible par
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paiements qui se réfère à des passifs à exigibilité non immédiate mais peu éloignée comme par
exemple les comptes et plans d’épargne-logement ou les dépôts à terme. Elle se rapproche ainsi de
la notion d’insolvabilité’’.
Actif Passif
Banque A Banque B Banque C Banque A Banque B Banque C
Opérations avec la clientèle 34 50 8,2 Opérations avec la clientèle 31,5 6,6 5,8
Opérations de marché 59,7 37,8 75,8 Opérations de marché 58,9 81,2 75,7
Immobilisations 6,3 12,2 16 Capitaux permanents 9,6 12,2 18,5
Les équilibres partiels du bilan peuvent être calculés en déterminant : les soldes des opérations
avec la clientèle, des opérations de marché et des capitaux permanents sur les immobilisations. En
prenant l’exemple du solde des opérations avec la clientèle, on posera pour le cas de la
banque B : Actif (50) – Passif (6,6) = 43,4. Ce qui montre un excédent des prêts sur les
ressources clientèle en compte à cet instant précis. On dit qu’elle est prêteuse nette en
capitaux clientèle. Si sa trésorerie prévisionnelle montre qu’elle risque de ne pas être en
mesure de faire face à des remboursements des dépôts de la clientèle à un instant i,
notamment à cause des retards au niveau du recouvrement des créances, elle peut emprunter
auprès de la clientèle par l’émission des titres de placements bancaires (bons de caisse, comptes à
terme, certificats de dépôts), ou bien s’adresser aux banques consœurs par le biais du compartiment
interbancaire du marché monétaire.
Ainsi, tant que sa crédibilité lui permet de jouer ainsi avec la collecte des fonds et l’octroi du
crédit, synchronisée par la durée des opérations, dans le respect des ratios prudentiels (ratio
de liquidité notamment), il sera difficile de parler de la cessation des paiements au sens
comptable.
En résumé, l’élément fondamental d’une défaillance bancaire réside, surtout dans une crise
de liquidités ‘’puisque leur bilan financier, du fait de leur activité de ‘’transformation’’ peut se
caractériser par un passif court et un actif long’’.
Il ressort de la lecture des articles 3, 25, 28, 29 de l’AUPC que l’intervention du juge en
matière de procédures collectives d’apurement du passif des entreprises est obligatoire.
D’après l’article 25, la saisine du juge peut être faite à l’initiative du débiteur alors que
l’article 28 prescrit que le créancier puisse le faire aussi.
In fine, le juge peut même se saisir d’office selon les dispositions de l’article 29, ‘’… sur la
base des informations fournies par le représentant du Ministère Public, les commissaires aux
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comptes des personnes morales de droit privé lorsque celles-ci en comportent, les associés ou
membres de ces personnes morales ou les institutions représentatives du personnel qui lui indiquent
les faits de nature à motiver cette saisine’’.
Tableau 2 - Synthèse des conditions de la liquidation instituées par les différentes sources juridiques
Conditions
Texte
Condition de forme Conditions de fond Condition de procédure Condition principale Causes de la condition principale
Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 Aucune condition spécifiée
- L'inscription de la - La condition juridique : la
décision portant qualité de commerçant
dissolution de la La condition de procédure :
OHADA : AUPC + AUDCG + AUSCG - La condition économique
personne morale au l'intervention du juge
ou financière : la cessation
RCCM (Article 37
des paiements
AUDCG)
- Le refus de déférer à une injonction
de la COBAC
- Le refus de tenir compte d'une mise
en garde de la COBAC
- L'atteinte grave à la réglementation
Réglementation COBAC :
- L'établissement de crédit ne remplit
- Convention du 16 octobre 1990 +
- Le retrait d'agrément plus les conditions auxquelles
Annexe
l'agrément est subordonné
- Convention du 17 janvier 1992 + Annexe
- Le non usage de son agrément par
l'établissement de crédit dans un délai
de 12 mois
- Le défaut d'exercice de son activité
depuis au moins 6 mois
L’examen des divergences au niveau des organes permet de présenter successivement les
organes de la liquidation consacrés par l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990, les organes
prévus par la réglementation COBAC et ceux issus des normes OHADA.
2.1 Les organes de la liquidation consacrés par l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990
Les organes institués par l’ordonnance n°003 en matière de liquidation des établissements de
crédits sont l’Autorité de tutelle, le liquidateur, les créanciers, l’assemblée générale des actionnaires
et le juge.
Elle n’est pas clairement identifiée par l’ordonnance n°003. Son identité peut être déduite de
l’ordonnance n°85/002 du 31 août 1985 relative à l’activité des établissements de crédit,
dans la mesure où l’ordonnance n°003 modifie et complète l’ordonnance n°85/002. En effet,
l’ordonnance n°85/002 confère un important pouvoir de contrôle de l’activité des établissements
de crédit (agrément1, sanctions disciplinaires1, tutelle2 sur le Conseil National de Crédit et sur
1 Article 3.
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La lecture de l’ordonnance n°003 laisse entendre qu’il est le principal organe de contrôle de
la procédure de liquidation des banques ainsi instituée. A ce titre, il exerce les attributions
suivantes :
- Vise l’état des créances vérifiées et arrêtées par le liquidateur (article 11(1)) ;
- Il apprécie le compte-rendu établi par le liquidateur, relatif aux réalisations du trimestre
précédent et à celles qu’il entend initier durant le trimestre suivant (article 16) ;
- Il apprécie le rapport annuel d’activités produit par le liquidateur et retraçant les opérations
de l’exercice écoulé (article 17).
2.1.2 Le liquidateur
Personnage central des opérations de liquidations, l’ordonnance n°003 lui confie des
attributions à la mesure de sa mission :
- Il reçoit les déclarations des créances faites par les créanciers, procède à leur vérification et
les valide (articles 6 à 9) ;
- Il procède aux opérations de recouvrement des créances des banques en liquidation (article
12) ;
- Il réalise les actifs corporels et incorporels par voie de ventes amiables ou de ventes aux
enchères publiques (article 14) ;
- Il adresse à l’Autorité de tutelle, un compte-rendu des réalisations du trimestre précédent et
de celles qu’il entend initier durant le trimestre suivant (article 16) ;
- Il soumet chaque année à l’appréciation de l’Autorité de tutelle, un rapport d’activités
retraçant les opérations de l’exercice écoulé (article 17) ;
- Il établit le bilan de clôture de la liquidation qu’il soumet à l’assemblée générale des
actionnaires (article 18).
Les articles 6 à 8 leur donne le droit de faire valoir leurs créances sur les banques en
liquidation auprès du liquidateur ou de ses mandataires.
Aux termes de l’article 10, ‘’le créancier dont la production a été rejetée partiellement ou en
totalité peut en référer dans les quinze (15) jours de la notification du rejet au Président du Tribunal
de Grande Instance du siège social de la banque en liquidation qui statue par ordonnance en
premier et dernier ressort après débat contradictoire’’.
1 Article 41.
2 Articles 31 et 34.
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Il statue en premier et dernier ressort après débat contradictoire sur toutes les
contestations relatives au rejet total ou partiel par le liquidateur de la production des
créances, déférées à sa compétence par les créanciers (article 10).
2.2.2 La COBAC
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Aux termes de l’article 17(3) de l’Annexe à la Convention, les instances judiciaires sont
chargées de prononcer d’office la liquidation de l’établissement de crédit ayant perdu son
agrément, sur saisine soit de l’Autorité Monétaire, soit du liquidateur nommé par la
COBAC.
Le FOGADAC est un mécanisme de garantie des dépôts mis en place en date du 20/04/2009
par le Règlement n° 01/09/CEMAC/UMAC/COBAC du Comité Ministériel de l’UMAC.
Aux termes de l’article 1er du règlement n°01/09, le Fonds est chargé d'indemniser les
épargnants d'un établissement de crédit en cas d'indisponibilité de leurs dépôts
(dépôts à vue ou à terme, comptes sur livret, soldes créditeurs des comptes courants
ou des comptes ordinaires) telle que définie par un Règlement de la Commission
Bancaire ; d'apporter son concours à un établissement de crédit dont la situation
laisse craindre dans les brefs délais une indisponibilité totale ou partielle des dépôts
ou de tous les autres fonds remboursables.
L’article 16 précise que le Fonds est alimenté par les contributions des établissements de
crédit, les produits de placements de ces contributions, les dons et subventions.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Les organes prévus par les normes OHADA dans le cadre des procédures collectives
d’apurement du passif sont les organes judiciaires (juridiction compétente, juge-commissaire,
ministère public, contrôleurs), les syndics ou liquidateurs, la masse des créanciers.
Tableau 3 – Synthèse des Organes de la procédure de liquidation institués par les différentes sources juridiques
Texte Organes
- L’Autorité de tutelle : le Ministère de finances
- Le liquidateur
Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 - Les créanciers
- L’assemblée générale des actionnaires
- Le juge (Tribunal de Grande Instance)
- Les organes judiciaires : la juridiction compétente, le
d’apurement du passif : La liquidation des biens du
Acte uniforme OHADA portant procédures collectives juge-commissaire, le ministère public, les contrôleurs
débiteur en vue de l'apurement collectif de son passif - Le syndic ou liquidateur
- L’assemblée des créanciers
- L’Autorité Monétaire (Ministre chargé de la Monnaie et
Normes communautaires de la COBAC : du Crédit)
- Convention du 16 Octobre 1990 portant création de la - La COBAC
COBAC + Annexe
- Le liquidateur désigné par la COBAC
- Convention du 17 janvier 1992 portant Harmonisation de
la Réglementation Bancaire + Annexe - Les syndics ou liquidateurs judiciaires
- Les instances judiciaires
- Le FOGADAC
Les effets de la procédure divergent selon qu’il s’agisse de l’ordonnance n°003 (1), de la
réglementation de la COBAC (2) ou bien des normes prescrites par l’OHADA(3).
3.1 Les effets de l’ouverture de la procédure de liquidation prévue par l’ordonnance n°003 du 27
avril 1990
3.1.2 L’arrêt du cours des intérêts de toute créance à l’exception de celles représentées par des
dépôts sur livrets (article 4(1))
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3.2 Les effets de l’ouverture de la procédure de liquidation prévue par les normes COBAC
Ces effets prévus par l’article 17(5) de l’Annexe à la Convention concernent d’une part la
limitation du champ d’activités de la personne morale à l’objet de la liquidation, et la
modification du statut social de l’entreprise d’autre part.
Cette limitation découle de l’article 17(5) de l’Annexe à la Convention, qui précise que
l’entreprise ‘’ne peut effectuer que des opérations strictement nécessaires à l’apurement de sa
situation’’.
Cette modification ressort également de l’article 17(5) précité qui dispose que l’entreprise
‘’ne peut faire état de sa qualité d’établissement de crédit qu’en précisant qu’elle est en liquidation’’.
3.3 Les effets de l’ouverture de la procédure prévus par les normes OHADA
Ces effets sont observés tant au niveau du patrimoine du débiteur qu’à celui de la personne
du débiteur et des créanciers.
Le regroupement des créanciers en une masse, la révision des droits de certains créanciers, la
classification des différentes catégories de créanciers et leurs droits.
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Tableau 4 – Synthèse des effets de la procédure de liquidation prévus par les différentes sources juridiques
Texte Effets
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Elle est consacrée par l’article 15 de l’annexe à la Convention du 10 octobre 1990 portant
création de la COBAC. Ce texte précise que ‘’La Commission Bancaire peut nommer un
liquidateur aux établissements de crédit qui cessent d’être agrées ou qui exercent sans
agrément l’une des activités visées à l’article 21’’.
Cette nomination manque de base légale parce qu’aucun des textes de lois cités par l’arrêté
n°00299 en guise de base légale audit arrêté notamment la Convention du 16 octobre 1990, la
Convention du 17 janvier 1992, l’ordonnance 85/002 du 31 août 1935, l’ordonnance n°96/03 du
1 La réception de fonds du public, l’octroi de crédits, la délivrance de garantie en faveur d’autres établissements de
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Il ressort de l’article 17 sus évoqué que les organes de la liquidation des établissements de
crédit sont l’Autorité Monétaire, la COBAC, les liquidateurs bancaire et judiciaire, les instances
judiciaires. Seulement, la formulation du paragraphe 4 dudit article 17 confine les instances
judiciaires dans un rôle frustre consistant uniquement à prononcer d’office le retrait de
l’agrément de l’établissement de crédit. Aucune mention n’est faite à l’instar de l’AUPC,
de l’intervention du juge-commissaire qui devrait être le ‘’personnage central que certains
qualifient de ‘’Chef-d’orchestre’’1 de la procédure de liquidation.
Elle découle de l’arrêt n°175/REF du 27 octobre 2008, Sté OBA-SCI c/ Liquidation BMBC.
Les faits dans cette affaire sont les suivants :
1 Paul Alphonse Soppo, Le liquidateur et la gestion des biens, éditions Véritas, collection Economia, p. 90.
2 Suivant acte n°1535 du répertoire de Me Enpe Pascal, notaire à Douala.
3 Selon le juge, l’avis d’appel d’offre a été largement publié dans Cameroon Tribune n°2925 du 09 juillet 1998.
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par l’ordonnance n°058/PTGI/DLA rendue le 28/10/2005, aux motifs que les articles 470 et
5721 du Code de Commerce avaient été violés.
La SCI-OBA a fait appel de l’ordonnance sus citée devant la Cour d’Appel du Wouri, en
arguant que la décision attaquée avait violé l’article 452 du Code de Commerce. Selon le juge
d’appel, en chargeant spécialement le juge-commissaire ‘’d’accélérer et de surveiller les
opérations et la gestion de la faillite’’, l’article 452 sus évoqué ne lui donne pas ‘’compétence pour
annuler une vente d’immeuble passée par le liquidateur’’.
La partie adverse argue quant à elle en appel, qu’aussi bien les textes ouvrant la procédure
de liquidation de la BMBC que l’article 17 de la Convention du 17 janvier 1992 ne font
aucune mention du juge-commissaire comme organe de la liquidation des établissements de
crédit, qui en outre ‘’déroge aux règles de droit commun du Code de Commerce et de l’Acte
Uniforme organisant les procédures collectives d’apurement du passif’’.
Le juge d’appel s’est pour l’essentiel appuyé sur les moyens de défense de la société OBA-
SCI, à savoir que les règles de la liquidation des établissements de crédits établies par la
réglementation de la COBAC sont spécifiques et n’admettent pas de juge-commissaire ; pour rendre
sa décision.
Dans sa note d’observations relatives à la décision d’appel sus citée, le Pr Yvette Rachel
Kalieu Elongo, affirme qu’en ‘’dépit de l’adoption de l’AUPCAP et même sous l’empire de la
législation antérieure à savoir le code de commerce pour le cas d’espèce, les établissements de crédit
restent soumis à des règles particulières en cas de liquidation. Cette particularité peut être notée au
niveau des procédures applicables mais elle l’est aussi et d’abord au niveau des organes compétents
pour la mise en œuvre de ces procédures’’.
1‘’Les syndics seuls seront admis à poursuivre la vente ; ils seront tenus d’y procéder dans la huitaine, sous l’autorisation
du juge-commissaire suivant les formes prescrites pour la vente des biens des mineurs’’.
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1 Jean Marie Nyama, Droit des Entreprises en Difficultés, p. 383, CERFOD, édition 2004.
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION ACADEMIQUE : LES PROBLEMES JURIDIQUES POSES PAR LA LIQUIDATION DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT : CAS DE LA BMBC
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Cette notion est recouverte d’incertitudes d’une part parce que l’article 17(6) n’en donne
aucune définition (1), alors même qu’elle ne nous semble pas pertinente comme critère de
répartition de compétences entre les liquidateurs bancaire et judiciaire (2).
1. Le fonds de commerce de la banque : une notion non définie par l’article 17(6) de
la Convention du 17 janvier 1992
3. Le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au commerçant
d’attirer et de conserver une clientèle. Il regroupe différents éléments mobiliers, corporels et
incorporels3. Le fonds de commerce comprend obligatoirement la clientèle et l’enseigne ou le nom
commercial4.
4. Le fonds de commerce peut comprendre en outre, à condition qu’ils soient nommément désignés,
les éléments suivants : les installations, les aménagements et agencements, le matériel, le mobilier, les
marchandises en stock, le droit au bail, les licences d’exploitation, les brevets d’invention, marques de fabrique
et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de propriété intellectuelle nécessaires à l’exploitation5.
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Par déduction, on peut penser que le fonds de commerce de la banque renvoie à l’ensemble
d’éléments meubles, corporels (installations, aménagements et agencements, matériel, mobilier,
marchandises en stock) ou incorporels (clientèle, nom commercial, enseigne, brevets d’invention,
marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de propriété
intellectuelle), regroupés par le banquier en vue de l’exploitation de son activité.
La doctrine sous la plume du Dr Jean Marie Nyama, semble corroborer cette conception du
fonds de commerce de la banque lorsqu’elle précise que ‘’la Convention de 1992 a limité le rôle
du liquidateur bancaire à la réalisation des seuls éléments composant le fonds de commerce de
l’établissement de crédit. Ce qui exclut la vente des immeubles’’2.
Le fonds de commerce est une universalité de fait, c’est-à-dire un ‘’ensemble de biens formant
une entité juridique complexe prise globalement comme un bien unique (par ex. à l’occasion d’une
vente ou d’un legs) et soumise à un régime juridique particulier’’3. Le fonds de commerce n’a pas
la personnalité morale. Autrement dit, il est une entité non autonome qui n’existe que parce
que l’entreprise existe ; une entreprise ayant cessé ses activités ne pouvant donc de ce fait
revendiquer la possession de quelque fonds de commerce que ce soit. C’est pour cela que
Yves Guyon écrit que ‘’le fonds de commerce permet essentiellement de retenir et de développer
une clientèle attirée par le savoir-faire du commerçant, la qualité des marchandises vendues,
l’emplacement de l’établissement, l’enseigne, etc.’’4. Il fait donc partie du patrimoine du
commerçant. En conséquence, seul le commerçant est titulaire des créances et des dettes qui
résultent de l’exploitation du fonds de commerce.
Comme le fonds de commerce ne constitue pas un patrimoine composé des créances et des
dettes, ce n’est donc pas une universalité de droit. Plus précisément, ses éléments ne peuvent
être classés en actif (avoirs) et en passif (dettes) ; l’actif devant répondre du passif, c’est-à-dire que
l’ensemble de l’actif ne peut être transmis que sous déduction du passif.
1 OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, Juriscope, Collection Droit Uniforme Africain.
2 Jean Marie Nyama, op. cit. p. 382.
3 Gérard Cornu, op. cit., p.1051.
4 Yves Guyon, Droit des affaires – T1 droit commercial général – 7e édition – Economica, Paris, 1992, p. 651, note
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Dès lors, le fonds de commerce n’étant pas une universalité de droit, comment pourrait-il
constituer un critère de répartition des compétences entre les liquidateurs bancaire et
judiciaire, à partir du moment où la liquidation d’une entreprise consiste à ‘’réaliser l’actif pour
apurer le passif’’.
2.2.1 La clientèle
Dans un système concurrentiel, l’entreprise n’a pas une clientèle qui lui est propre. Car, en cas
de non compétitivité de ses produits, cette clientèle peut s’adresser à ses concurrents.
La prise en compte de la clientèle dans le fonds de commerce lui confère une valeur subjective
lors des négociations de vente de l’entreprise. Car, en réalité, les nouveaux repreneurs n’ont pas
la garantie de la conserver dans sa globalité.
S’agissant d’un établissement de crédit, elle est constituée de la masse des déposants qui sont
titulaires d’un compte ouvert dans les livres dudit établissement. Même dans ce cas précis, elle
n’est pas transférable en l’état ; plusieurs paramètres intervenant pour son maintien dans le
portefeuille d’un éventuel repreneur. A titre d’exemple, lors de la restructuration de la SCB, le Crédit
Lyonnais français a ainsi repris uniquement les actifs sains de la défunte SCB et le passif a été transféré
à la SRC.
La clientèle n’existe que parce que l’entreprise est en activités2. En d’autres termes, elle disparaît
si l’activité de l’entreprise cesse. S’agissant une fois de plus d’un établissement de crédit, la
clientèle se fond dans la masse des créanciers en cas de disparation de la personne morale, car
les déposants d’hier deviennent détenteurs d’une créance sur ledit établissement.
La détermination de sa valeur est basée sur l’existence de critères subjectifs tels que la
notoriété, ou encore la crédibilité acquise par l’entreprise auprès du public.
Ce sont des éléments dont la valeur se déprécie avec le temps. Il peut donc arriver qu’au
moment où l’entreprise entre en liquidation, cette valeur soit nulle ou voisine de zéro.
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Ce sont des éléments corporels soumis le plus souvent à une forte dépréciation. S’agissant
d’un organisme de crédit, sa valeur peut être nulle ou voisine de zéro au moment de sa mise
en liquidation.
En matière de liquidation, l’on ne saurait parler de droit au bail si l’entreprise est locataire et
non titulaire de l’immeuble. Le droit au bail n’existe que lorsque l’entreprise est en activité,
ou lorsque celle-ci est engagée dans un processus de vente de l’établissement.
Elles sont souvent propres à l’établissement et ne sont pas cessibles. La valeur dans le fonds
de commerce est de ce fait subjective.
Ils peuvent conférer une valeur au fonds de commerce dans d’autres secteurs d’activités.
Mais, s’agissant d’une banque en liquidation, leur prise en compte dans le fonds de commerce
ne saurait se justifier.
Ce sont des éléments qui n’engendrent pas des décaissements ni d’encaissements immédiats,
et peuvent même parfois revêtir une nature provisionnelle. Autrement dit, ils constituent
des événements qui ne peuvent même jamais se produire.
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Le tableau ci-dessous donnent des indicateurs chiffrés portant sur la valeur du fonds de
commerce de l’ex-BMBC, déterminée d’une part par les commissaires aux comptes au
30/06/1994, et par le Cabinet d’Audit Arthur & Anderson au (10/09/1996)1.
Rapport Rapport
Commissaires/Comptes Audit/Arthur Anderson
Rubrique
30/06/1994 10/09/1996
Montant Fcfa Montant Fcfa
Fonds de commerce 139 000 000 860 228 161
Dépôt de la clientèle 92 459 144 190
Aménagement, agencements, installations 499 111 819
Matériel et mobilier 361 116 342
Notes :
1. Le rapport des commissaires aux comptes ne donne pas des détails sur la valeur2 globale du
fonds de commerce.
2. La valeur globale nette (Fcfa 860 228 161) du fonds de commerce ressortant du rapport du
Cabinet Arthur & Anderson tient uniquement compte des éléments suivants : aménagement,
agencements, installations, matériel et mobilier. Les autres éléments (clientèle, engagements reçus et
donnés) étant exclus pour les raisons sus évoquées.
3. En outre, le rapport d’Audit du Cabinet Arthur & Anderson, montre que la valeur nette des dépôts
de la clientèle3 est estimée au 30/09/1996 à Fcfa 92 459 144 190.
4. Enfin, le montant total de la masse des créanciers de l’ex-BMBC est estimé environ à 20 milliards
Fcfa4.
5. Dès lors, se pose la question de savoir comment apurer un passif de Fcfa 20 milliards par un fonds de
commerce dont la valeur estimée est de Fcfa 860 228 161, soit 4% en valeur relative ?
rapport d’audit sus évoqué notamment, les prêts des établissements financiers (Fcfa 2 660 185 101) et les autres
dépôts et comptes créditeurs (Fcfa 4 970 143 941).
4 Dixit Paul Alphonse Soppo.
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Lorsque le débiteur, personne physique ou personne morale, possède des biens et des
créances situés dans deux ou plusieurs Etats, il est fait appel au droit de la faillite
internationale qui pose deux problèmes majeurs1 : la compétence internationale des juridictions
et l’effet des jugements rendus à l’étranger.
A titre d’exemple, il eut été intéressant en ce qui concerne la Commercial Bank Cameroon
(CBC) mise sous administration provisoire le 06/11/2009 par la COBAC, de voir comment
le liquidateur bancaire se serait comporté au cas où l’administration provisoire aurait abouti
à la mise en liquidation de cette banque, car celle-ci possède des succursales dans plusieurs
Etats de la CEMAC (Cameroun, Centrafrique, Guinée-Equatoriale, Tchad).
1 Selon Michel Filiga Sawadogo, op. cit., deux théories s’opposent en la matière : la théorie dite de l’universalité de la
faillite qui veut qu’une seule procédure soit ouverte contre le débiteur et permette d’appréhender l’ensemble de ses
biens quel que soit leur lieu de localisation et de payer ses créanciers domiciliés dans les différents Etats sur un pied
d’égalité ; la théorie des procédures dites plurales et territoriales, permet l’ouverture d’une procédure dans tout Etat où le
débiteur possède des biens.
2 Michel Filiga Sawadogo, op. cit.
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L’harmonisation des normes nationales avec les normes de la COBAC se traduit à la fois par
l’abrogation sélective des textes nationaux contraires (A) et la mise en vigueur
conditionnelle de la réglementation COBAC (B), sans oublier la soustraction de la liquidation
des établissements de crédit détenus par l’Etat du Cameroun de la procédure de liquidation
des entreprises publiques (C).
Cette abrogation sélective des textes nationaux en matière de liquidation des établissements
de crédit, est prescrite par l’ordonnance n°96/02 du 24 juin 1996 modifiant l’ordonnance
n°003 du 27 avril 1990 fixant les conditions de liquidation des banques, qui dispose à l’article
2 (nouveau) :
- Alinéa 2 - La liquidation des banques entamée avant le 09 juillet 1992, date d’entrée en
vigueur de la Convention du 16 octobre 1990 portant création de la Commission
Bancaire de l’Afrique Centrale s’effectue dans le cadre amiable, selon les dispositions
dérogatoires au droit commun et exclusives de tout autre mode de liquidation.
A contrario, la liquidation amiable est abrogée pour les établissements de crédit dont la mise
en liquidation coïncide ou est postérieure au 09 juillet 1992.
Cette application conditionnelle ressort une fois de plus de l’ordonnance n°96/02 du 24 juin
1996 modifiant l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990 fixant les conditions de liquidation des
banques, qui dispose à l’article 2 (nouveau) :
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La loi n° 99/016 du 22 décembre 1999, portant statut général des établissements publics et
des entreprises du secteur public et parapublic, précise à son article 2 les différentes formes
pouvant être prises par les organisations administratives ainsi constituées :
2. Société à capital public : personne morale de droit privé, dotée de l'autonomie financière
et d'un capital - actions intégralement détenu par l'Etat, une ou plusieurs collectivités
territoriales décentralisées ou une ou plusieurs autres sociétés à capital public, en vue de
l'exécution dans l'intérêt général, d'activités présentant un caractère industriel,
commercial et financier.
L’article 2 sus évoqué ajoute que ces entreprises sont soumises à la double tutelle1 technique
et financière de l’Etat du Cameroun.
Il s’ensuit de là qu’un établissement de crédit peut être créé par l’Etat du Cameroun sous la
forme d’une entreprise publique comme c’est le cas des deux banques (la Banque des
Petites et Moyennes Entreprises ; la Cameroon Rural Financial Corporation
(CARFIC)) à capitaux 100% publics (10 milliards Fcfa chacune) dont les assemblées générales
constitutives se sont tenues le 1er juin 2011 sous la présidence du Ministre des Finances.
1 La tutelle technique a pour objet de fixer les objectifs assignés à l'ensemble des entreprises du secteur considéré et, en
tant que de besoin, d'en assurer la régulation, en vue d'un fonctionnement normal.
La tutelle financière a pour objet d'apprécier les opérations de gestion incidence financière des établissements publics
administratifs, et d'examiner a posteriori les comptes des autres catégories d'entreprises du secteur public et
parapublic. Elle est exercée par le Ministère chargé des finances pour les établissements publics administratifs, les
sociétés à capital public ayant l'Etat comme unique actionnaire, ainsi que les sociétés à capital public et les sociétés
d'économie mixte où l'Etat détient au minimum vingt cinq pour cent (25 %) du capital.
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A partir de là, la question peut être posée à savoir quelle réglementation sera appliquée en
cas de liquidation des établissements de crédit sus cités ?
Elle se traduit par l’absence de référence aux actes uniformes dans la réglementation
COBAC et vice versa.
Il n’en pouvait peut-être être autrement, le traité OHADA n’ayant été signé qu’en 1993 et
son entrée en vigueur prévu au plus tard le 01/01/1998. En état de cause, l’on note que
malgré la signature de l’accord-cadre de coopération entre la CEMAC et l’OHADA
intervenue le 24 juin 2002, la coopération entre les deux organisations internationales
régionales est peu dynamique.
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Ces conflits de droit se traduisent par l’effectivité des conflits des lois secrétées par les deux
ordres juridiques (1), et par une possibilité d’occurrence de conflit entre les juridictions tant
nationales qu’internationales instituées par lesdits ordres juridiques (2).
Le conflit de lois se présente en la matière, sous la forme du concours devant le juge, des
normes issues des ordres juridiques de la COBAC et de l’OHADA, relativement à la
liquidation des établissements de crédit. Plus précisément, ces deux ordres juridiques ont
tous les deux, vocation à régir la procédure de liquidation des établissements de crédit. Cela
revient à poser la question de savoir quelle est la réglementation applicable en matière de faillite
des établissements de crédit ? La réglementation COBAC ou celle de l’OHADA, ou encore les deux ?
Cette question a occupé le centre des débats de l’affaire Société OBA-SCI c/ Liquidation
BMBC sus évoquée1, dans laquelle la contestation d’une ordonnance prise par le juge-
commissaire (personnage central des procédures collectives d’apurement du passif institué
par l’AUPC), annulant une vente d’immeuble, avait été déférée devant le juge d’appel par la
société en question.
Le juge d’appel a répondu très clairement que la procédure de liquidation des établissements
de crédit réglementée par les normes de la COBAC est une ‘’procédure spéciale dérogatoire
aux règles de droit commun du Code de Commerce et de l’Acte Uniforme organisant les procédures
collectives d’apurement du passif’’.
Cette position du juge camerounais est contraire à celle de ses homologues burkinabé,
gabonais et sénégalais, qui ‘’suggèrent de croire que les banques et les établissements de crédit,
tout comme les compagnies d’assurance, seraient soumis aux procédures collectives de droit
commun, sous réserve de leurs règles spéciales’’2 : TGI de Ouagadou, jugement du 12 janvier 1994
prononçant la liquidation judiciaire de la Banque nationale de développement ; TPI Libreville,
jugement n°001/2000/2001, Répertoire, 5 janv. 2001 concernant le redressement judiciaire de la
Banque populaire du Gabon, et CA de Dakar, arrêt n°222 du 1er avril 2001 rendu à propos de la
liquidation de la Nationale d’assurance.
1Supra, p. 39.
2Denis Roger Soh Fogno, in ‘’Les grandes decisions de la cour commune de justice et d’arbitrage de l’OHADA’’ (Sous la
direction de Paul Gérard Pougoue, Sylvain Sorel Kuate Tamaghe), pp. 273-286, l’Harmattan).
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Cette divergence d’opinion existe aussi sur le plan doctrinal : le Pr Filiga Michel Sawadogo1 qui
estime que la liquidation des établissements de crédit relève au principal du droit de l’OHADA, sous
réserve de l’application du droit spécial, en tout cas avant la cessation des paiements, alors que le
Dr Jean Marie Nyama2 classe la restructuration des établissements de crédit dans un régime spécial,
et va même jusqu’à préciser qu’il s’agit des procédures qui se singularisent ‘’par leur caractère
amiable et un effacement plus ou moins accentué du rôle des tribunaux dans la conduite des
opérations’’.
Les deux ordres juridiques CEMAC/COBAC et OHADA ont institué deux juridictions
internationales chargées chacune en ce qui la concerne, de veiller à l’uniformisation du droit
de la sphère juridique à laquelle elle appartient.
Il est utile de présenter ces deux juridictions avant d’analyser la possibilité de conflits de
juridictions.
Elle est instituée par la Convention régissant la Cour de Justice de la CEMAC. Elle comprend
une chambre judiciaire et une chambre des comptes.
L’article 2 de cette convention lui confie la responsabilité du ‘’contrôle juridictionnel des activités
de l’exécution budgétaire des institutions de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique
Centrale’’.
1 Filiga Michel Sawadogo, op. cit., pp. 129 et s., (cité par Denis Roger Soh Fogno).
2 Jean Marie Nyama, op. cit., p. 317, (cité par Denis Roger Soh Fogno).
3 Denis Roger Soh Fogno, op. cit.
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Elle rend en dernier ressort des arrêts sur les cas de violation des Traités de la CEMAC et des Conventions
subséquentes dont elle est saisie conformément à ses règles de procédure.
Elle est juge, en dernier ressort, du contentieux de l’interprétation des Traités Conventions et autres Actes
juridiques de la CEMAC.
Elle est juge en appel et en dernier ressort des litiges opposant la COBAC aux établissements de crédit
assujettis. Elle est juge, en premier et en dernier ressort, des litiges nés entre la CEMAC et les Agents des
Institutions de la Communauté, à l’exception de ceux régis par des contrats de droit local.
Dans le cadre de son rôle consultatif (article 6), la Cour de Justice émet des avis sur la
conformité aux normes juridiques de la CEMAC des actes juridiques ou des projets d’Actes
initiés par un Etat membre ou un Organe de la CEMAC dans les matières relevant du
domaine des Traités, etc.
Aux termes de l’article 171, elle procède à l’uniformisation du droit de la CEMAC par la
technique du renvoi préjudiciel2, qui est un mécanisme de coopération entre les juridictions
nationales et une juridiction communautaire par lequel le juge national, au cours d’un contentieux,
sursoit à statuer, pour poser au juge communautaire une question d’interprétation ou d’appréciation
de validité relativement à une disposition communautaire dont l’applicabilité est invoquée.
La CCJA est la juridiction suprême de l’ordre juridique OHADA, instituée par le traité de
Port-Louis du 17/10/1993. Ce traité attribue à la Cour dans son titre III, une clause générale
de compétence en ce qui concerne le contentieux relatif à l’interprétation et à l’application
des actes uniformes.
Il ressort de ce texte que la technique d’unification du droit OHADA par la Cour se trouve
être le pourvoi de cassation. En effet, la compétence de la Cour est retenue pour ‘’Les
décisions rendues par les juridictions d'Appel des Etats Parties dans toutes les affaires
soulevant des questions relatives à l'application des actes uniformes et des règlements prévus
au présent traité à l'exception des décisions appliquant des sanctions pénales’’ (Article 14 du
traité de Port-Louis).
La lecture conjointe des articles 14 (sus cité), 15, 16, 20 du Traité et des articles 47 à 49 du
Règlement de Procédure de la Cour permet d’affirmer que :
La CCJA bénéficie d’une supériorité organique par rapport aux juridictions nationales des Etats parties
y compris leurs juridictions suprêmes de cassation. En effet, ‘’La saisine de la Cour Commune de
Justice et d'Arbitrage suspend toute procédure de cassation engagée devant une juridiction nationale contre
la décision attaquée’’ (Article 16) ; ‘’Les pourvois en cassation prévus à l'article 14 sont portés devant la
Cour Commune de Justice et d'Arbitrage, soit directement par l'une des parties à l'instance, soit sur renvoi
d'une juridiction nationale statuant en cassation…’’ (Article 15) ;
La décision de cassation de la Cour est une ‘’cassation sans renvoi’’ (Article 14), contrairement à la
pratique judiciaire habituelle selon laquelle, la cassation d’une décision par l’instance suprême implique
1 « La Chambre Judiciaire statue à titre préjudiciel sur l’interprétation du Traité de la CEMAC et des Textes
subséquents, sur la légalité et l’interprétation des Statuts et des Actes des Organes de la CEMAC, quand une juridiction
nationale ou un organisme à fonction juridictionnelle est appelé à en connaître à l’occasion d’un litige ».
2 Dr Kamwe Mouaffo, ‘’Le renvoi préjudiciel devant la cour de justice de la CEMAC’’, (article juridique),
http://www.legavox.fr/blog/dr-kamwe-mouaffo.
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un renvoi du réexamen au fond par une juridiction d’appel autre que celle ayant produit la décision
cassée ;
Il est fait quasi automatiquement apposition de la formule exécutoire sur les décisions de
la Cour (Article 20) ;
Les voies de recours ordinaires (opposition, appel) ne peuvent être intentées contre les décisions de la
Cour ;
Tout au plus, les décisions de la Cour ne peuvent être contestées que par la voie de la tierce-opposition
et de la révision dans des conditions strictement réglementées (Articles 47 à 49, Règlement de
Procédure de la Cour).
Elle peut s’analyser à deux niveaux à savoir entre une des juridictions internationales et les
juridictions nationales ou bien entre les deux juridictions internationales.
2.2.1 La possibilité de conflits entre l’une des juridictions internationales et les juridictions
nationales : Juridictions nationales c/ CCJA
Cette possibilité de conflits existe si l’on se réfère à deux décisions de justice prises dans
deux affaires différentes ; dont l’une par le juge national camerounais et l’autre par la CCJA,
et dans lesquelles l’une des questions débattues se rapportait à l’intervention du juge-
commissaire dans la procédure de liquidation des établissements de crédit. Le juge camerounais
récuse de façon univoque le juge-commissaire, alors que le juge suprême supranational
qu’est la CCJA le reconnaît implicitement. Cette divergence de position emporte des
conséquences au plan du droit.
Cette récusation ressort de l’arrêt n°175/REF du 27/10/2008 plusieurs fois cité, opposant la
Société OBA-SCI c/ Liquidation BMBC, où le juge camerounais d’appel affirme très
clairement que la spécificité de la procédure de liquidation des banques implique qu’elle
n’admet pas de juge-commissaire.
Par une ordonnance n°177 rendue le 05 janvier 2006 par le président du tribunal de grande
instance du Wouri à Douala, le liquidateur judiciaire de la BIAO Meridien Bank Cameroon
était autorisé à ‘’procéder exceptionnellement au règlement intégral de la créance de la SFIC
SA B.P. 1084 Douala-Cameroun’’. En exécution de ladite ordonnance, le compte n°207069-
01-J de la liquidation BMBC, ouvert dans les livres de la Commercial Bank of Cameroon
(CBC), avait été débité le 12 janvier 2006 de la somme de Fcfa 714 609 147.
Par la suite, s’étant ravisé et estimant que le fonctionnement courant de la liquidation BMBC
ne saurait être bloqué par le manque de moyens financiers et que le délai de règlement
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La liquidation BMBC a demandé à la Cour dans son mémoire en défense du 10 mars 2006,
de déclarer le pourvoi irrecevable au motif que c’est au mépris des dispositions de l’article 40(3)
de l’AUPC (prescrivant que la seule voie de recours contre les décisions du juge-commissaire est
l’opposition et non le pourvoi en cassation, sauf s’il intervient suite à la décision rendue sur
opposition), que la SFI SA a formé le pourvoi.
iii. Les conséquences de la divergence de vues entre le juge national camerounais et la CCJA
Au vu de la supériorité organique sus visée de la CCJA par rapport aux juridictions nationales des Etats
parties au Traité OHADA, un justiciable peut-il dans une affaire pendante devant les tribunaux
camerounais portant sur le rôle du juge-commissaire dans la liquidation des firmes bancaires, invoquer
cet arrêt n°007/2008 de la CCJA pour légitimer l’intervention dudit juge en la matière ?
Que décidera la CCJA le jour où elle sera emmenée à examiner un pourvoi dont la question centrale des
débats porte sur la spécificité de la procédure de liquidation des banques, et par ricochet sur le rôle du
juge-commissaire en la matière1 ?
1 Denis Roger Soh Fogno conclue dans ses observations déjà évoquées, à un silence couard de la CCJA sur les questions
implicites et périphériques (la spécificité de la procédure de liquidation de la firme bancaire ; le bien fondé de
l’intervention du juge-commissaire en la matière), lors même qu’elle aurait dû user de son rôle pédagogique, à côté de
ses missions classiques et régaliennes de juridiction de cassation.
2 Selon Georges Taty, (juge à la chambre judiciaire de la Cour de Justice de la CEMAC), ‘’(…) la multiplicité des règles
internationales, conséquence des adhésions multiples des Etats à diverses organisations internationales parfois concurrentes, est
susceptible de désorienter le justiciable’’. (Intervention faite au Colloque organisé par le Centre de Recherche et de
Documentation de l’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (CREDERSUMA) sur le thème ‘’De la Concurrence à la
cohabitation des Droits Communautaires‘’, Cotonou (BENIN) du 24 au 26 janvier 2011)).
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La CCJA ayant compétence1 pour régler au fond les litiges de droit interne relatif au
droit supranational de l’OHADA et à son droit matériel dérivé2, il n’est pas impossible
qu’elle retienne sa compétence pour une affaire relative au droit bancaire pour laquelle la
Cour de Justice de la CEMAC a vocation à être elle aussi compétente.
Un ordre normatif ou juridique3 est un système de normes qui règlent la conduite d’êtres
humains. L’ordre juridique des Etats modernes est caractérisé par une structure pyramidale des
normes4, au sommet de laquelle se trouve la constitution ou loi fondamentale. Dans cette
architecture, toute norme inférieure est créée en vertu de la constitution qui fonde la
validité de ladite norme.
1. Le principe de l’application directe attaché aux normes sécrétées par les ordres
juridiques de la COBAC et de l’OHADA
Ce principe signifie que les normes produites par les deux ordres juridiques en présence
sont directement applicables après leur entrée en vigueur par simple publication par toutes
les voies légales prévues à cet effet. Il n’est point besoin d’une ‘’formalité spéciale de
1 Abdoulaye Diallo, ‘’Les conflits de lois dans le droit uniformisé de l'espace OHADA’’, mémoire de DEA, Université Gaston
Berger de Saint-Louis, 2009 : ‘’La CCJA est érigée par le traité OHADA comme étant une juridiction de troisième degré. Ainsi,
elle connait en dernier ressort le contentieux relatif à l'application des Actes uniformes. Dans ce cas, la compétence des juridictions
nationales de cassation, dans les litiges relatifs à l'application des Actes uniformes, est dévolue à la CCJA qui est investi d'un pouvoir
d'évocation’’, c’est-à-dire ‘’la faculté qui est donnée à la CCJA de se prononcer sur le fond de l'affaire, et de ne plus opérer de
renvoi après la cassation. Ceci étant, la CCJA se substitue donc aux cours de cassation des différents Etats parties, mais elle se
substitue surtout à la juridiction nationale de fond qui aurait été normalement compétente à statuer après la cassation. Cependant
ce mécanisme de substitution de la CCJA aux juridictions nationales connaît une limite concernant les décisions appliquant des
sanctions pénales’’. (Ndiaw Diouf, Actes uniformes et droit pénal des Etats signataires du traité de l'OHADA : la difficile
émergence d'un droit pénal communautaire des affaires dans l'espace OHADA, Revue Burkinabé de droit, n° 39-40, numéro
spécial).
2 Dr Kamwe Mouaffo, op. cit., ‘’Le droit communautaire dérivé peut être défini comme l’ensemble des textes communautaires pris
en application du droit communautaire primaire’’. Le droit communautaire primaire étant le ‘’droit issu des textes fondamentaux
de la Communauté : traités et textes subséquents’’.
3 Hans Kelsen, Théorie pure du droit, p. 193, Bruylant LGDJ, 2e édition 1962.
4
Hans Kelsen, op. cit., p. 224, la théorie de la pyramide juridique : ‘’L’ordre juridique n’est pas un système de normes juridiques
placées toutes au même rang, mais un édifice à plusieurs étages superposés, une pyramide ou hiérarchie formée (pour ainsi dire)
d’un certain nombre d’étages ou couches de normes juridiques. Son unité résulte de la connexion entre éléments qui découle du fait
que la validité d’une norme qui est créée conformément à une autre norme repose sur celle-ci ; qu’à son tour, la création de cette
dernière a été elle aussi réglée par d’autres, qui constituent à leur tour le fondement de sa validité ; et cette démarche régressive
débouche finalement sur la norme fondamentale, - norme supposée. La norme fondamentale hypothétique – en ce sens – est par
conséquent le fondement de validité suprême, qui fonde et scelle l’unité de ce système de création’’.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
réception’’1 de la norme dans l’ordre interne, à l’exemple d’un acte législatif comme en
Grande-Bretagne. En tout état de cause, le mécanisme de la réception ‘’gomme les aspérités
internationales de la règle, qui devient une simple norme de droit national’’2, pouvant être
modifiée par le parlement national.
Le principe de l’application directe des normes est consacré par les textes de chacun des
ordres juridiques.
Elle est matérialisée par l’article 7 de l’Annexe à la Convention du 16 octobre 1990 portant
Création de la COBAC, qui précise que ‘’Les décisions de la COBAC sont exécutoires de plein
droit dès leur notification aux Autorités Monétaires Nationales et aux établissements concernés’’.
Cette consécration est prescrite par l’article 10 du Traité OHADA, qui affirme que ‘’Les
actes uniformes sont directement applicables et obligatoires dans les Etats Parties…’’.
Elle est proclamée par l’article 3 de la Convention du 17 janvier 1992, portant harmonisation
de la réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale. Ce texte précise que ‘’Les
dispositions de la présente convention l’emportent de plein droit sur toutes réglementations
nationales qui leur seraient contraires’’.
1 Narcisse Mouelle Kombi, ‘’La loi constitutionnelle camerounaise du 18 janvier 1996 et le droit international’’, in La
Réforme Constitutionnelle du 18 janvier 1996 au Cameroun : Aspects Juridiques et Politiques, p. 137. (Publication de
l’Association Africaine de Science Politique (Section Camerounaise, GRAP)).
2 Narcisse Mouelle Kombi, Idem.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Cette affirmation ressort une fois de plus de l’article 101 du Traité OHADA, qui affirme
que ‘’Les actes uniformes sont directement applicables et obligatoires dans les Etats Parties
nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure’’.
Il s’ensuit que la supranationalité des normes de l’OHADA est absolue en ce sens qu’elle
emporte abrogation des lois internes tant antérieures que postérieures qui lui sont contraires.
Autrement dit, elle met à l’écart le principe cardinal de la non-rétroactivité de la loi
consacrée avec force juridique par le préambule de la Constitution camerounaise du 18
janvier 1996.
Cette valeur juridique est relative à la définition des rapports entre le droit interne
camerounais et le droit international par la Constitution du 18 janvier 19962. Il faut noter
d’emblée que ‘’les rapports de système entre le droit international et le droit interne se construisent
traditionnellement selon deux paradigmes : le dualisme et le monisme. Le premier repose sur
une conception séparatiste des deux ordres juridiques, considérés comme égaux, mais distincts,
indépendants et autonomes, entretenant tout au plus des liens de coordination. Quant au monisme,
il postule une unité, une identité essentielle entre les deux ordres juridiques. Il embrasse dans le
même champ formel la totalité des normes juridiques internes et internationales, les unes
entretenant des liens de subordination avec les autres, dans un ordre fondamentalement
hiérarchique’’3.
Les ordres juridiques de la COBAC et de l’OHADA étant issus des accords internationaux
régulièrement approuvés par l’Etat du Cameroun, ces ordres juridiques reçoivent derechef la
même valeur supra légale au plan interne.
1 Initiée par la République de Côte-d’Ivoire conformément aux articles 14(2) et 53 du règlement de procédure de la
CCJA, par lettre n°137/MJ/CAB-3/KK/MB du 11/10/2000 et enregistrée sous la référence 002/2000/EP du
19/10/2000, une demande d’avis contenant les questions suivantes : l’article 10 contient-il une règle de supra
nationalité ? Cette disposition contient-elle une règle relative à l’abrogation du droit interne par les actes uniformes ? Cette
disposition peut-être considérée comme abrogeant tout texte législatif ou réglementaire de droit interne ayant le même
objet que les actes uniformes ? ou encore comme abrogeant uniquement les dispositions d’un texte législatif ou
réglementaire de droit interne ayant le même objet que celui des actes uniformes et étant contraire à celui-ci ?
Avis n°002/2001/EP, séance du 30/04/2001 de la CCJA : La réponse du juge a été sans équivoque : a) ‘’L’article 10
du Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique, contient une règle de supranationalité parce qu’il prévoit
l’application directe et obligatoire dans les Etats parties des Actes Uniformes et institue, par ailleurs, leur suprématie sur les
dispositions de droit interne antérieures ou postérieures’’ ; b) ‘’En vertu du principe de supranationalité qu’il consacre, l’article
10 du Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique, qui prévoit l’application directe et obligatoire des
Actes Uniformes dans les Etats parties, nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure,
contient bien une règle relative à l’abrogation du droit interne par les Actes Uniformes’’.
2 Narcisse Mouelle Kombi, op. cit.
3 Narcisse Mouelle Kombi, idem.
4 Narcisse Mouelle Kombi parle de ‘’la sanctification du droit international’’.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Selon Hans Kelsen1, un conflit de normes existe en droit interne lorsqu’une des normes
dispose qu’une certaine conduite doit avoir lieu, alors que l’autre dispose que doit avoir lieu
une conduite inconciliable avec la première : si par exemple, la première de ces normes disposait
que l’adultère doit être puni, et la seconde, que l’adultère ne doit pas être puni ; ou si la première
disposait que le vol doit être puni de mort, la seconde que le vol doit être puni de prison.
Pour résoudre les conflits de lois en droit interne Hans Kelsen propose des solutions qui
dépendent d’un certain nombre de paramètres :
S’il s’agit de normes générales qui ont été posées par un seul et même organe, mais
à des moments différents, il doit être fait application du ‘’principe lex posterior derogat priori’’
c’est-à-dire que la validité de la norme posée le plus récemment annule la validité de la norme posée
plus anciennement et qui la contredit.
Si les normes en conflit ont été posées en même temps par un seul et même acte
d’un seul et seul et même organe : on peut laisser la latitude aux tribunaux soit de choisir
entre les deux normes ; soit d’admettre (si les deux normes ne se contredisent que
partiellement), que l’une des normes limite la validité de l’autre.
S’il s’agit du conflit entre deux normes individuelles posées par des organes
différents, par exemple deux décisions de justice, le conflit est résolu par le fait que l’organe
chargé de l’exécution matérielle des normes a le choix de se conformer ou à l’une ou à l’autre
des deux décisions ou normes individuelles.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Le conflit entre des normes inégales est résolu par application des principes de la théorie
de la pyramide juridique qui pose que la règle supérieure fonde la validité de la règle inférieure,
qui doit être abrogée si elle contredit la norme qui lui est supérieure.
A l’évidence, aucune de ces solutions n’est opérationnelle pour le cas concerné par l’étude
en ce sens que leur efficacité présuppose, que le corpus de règles appartienne au même
ordre juridique (interne ou interétatique) construit autour de la hiérarchie des normes.
4.2 L’inefficacité des solutions des conflits de lois inspirées du droit international privé
Le droit international privé est l’ensemble des règles juridiques ayant pour objet les relations
internationales entre personnes privées. Il vise de ce fait à apporter des solutions aux
conflits de lois nés des différends impliquant des personnes privées et comportant un
élément d’extranéité ou étranger. Par exemple, dans une instance relative à la validité d’un
testament, plusieurs lois peuvent avoir vocation à s’appliquer en considération soit du lieu de
rédaction du testament, soit de la nationalité du testateur ou encore du domicile du testateur.
La méthode conflictuelle a été érigée par le droit international privé comme méthode par
excellence de résolution des conflits de lois. Elle consiste pour le juge saisi en premier du litige
(juge du for) à se référer à la règle de conflit qui lui permet de déterminer le droit applicable au cas
dont il est saisi, et par voie de corollaire l’ordre juridique sous l’empire duquel le litige sera examiné.
Ce peut être sa propre règle de conflit (lex fori) ou celle du juge étranger qui a lui aussi la
même prétention à trancher le litige.
Bien que présentant les mêmes caractères que les conflits de lois en droit international privé,
les conflits de normes entre les ordres juridiques de la COBAC et de l’OHADA ne peuvent
être résolus par application de la méthode conflictuelle du droit international privé car ‘’les
critères permettant au juge d'opérer un choix entre les différentes règles juridiques en présence ne
peuvent être transposés dans les conflits de normes. Ces dernières, comme nous l'avons souligné,
sont investies d'une même force normative qui les présente devant le juge avec la même teneur et
les mêmes caractères’’1.
Les problèmes identifiés au niveau du cadre juridique pourraient être résolus par
l’harmonisation complète dudit cadre.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
L’esquisse de solutions pour la simplification du cadre juridique s’articule autour des points
suivants :
Le 24 juin 2002, un accord1 cadre de coopération2 technique permanente3 a été signé entre
le secrétariat permanent4 de l’OHADA et le secrétariat exécutif5 de la CEMAC. Il n’est pas
inutile de rappeler l’objet et les domaines sans oublier les modalités pratiques de mise en
œuvre de cet accord (Paragraphe I), avant de plaider pour la dynamisation de son aspect
judiciaire (Paragraphe II).
Les domaines de l’accord sont suffisamment explicites (2), alors que l’objet est très précis
(1).
Il est précisé par l’article 1er de l’accord qui dispose que ‘’l’OHADA et la CEMAC s’engagent à
harmoniser leurs initiatives et démarches législatives, à s’accorder mutuellement et dans la mesure
du possible toutes les facilités de nature à favoriser l’accomplissement de leurs missions’’.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
a) Mise en œuvre des politiques d’intégration et de coopération juridique et judiciaire entre les
Etats membres ;
b) Programme de formation communautaire pour l’intégration juridique des pays de l’UEAC1.
En tenant compte de l’accord de coopération du 24 juin 2002 sus évoqué et des traités
organiques de la CEMAC et de l’OHADA, les piliers de la coopération judiciaire entre les
deux organisations internationales devraient être les cours de justice instituées par elles
(Cour de Justice de la CEMAC, Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA).
Pour dynamiser la coopération judiciaire entre la CEMAC et l’OHADA, ces deux juridictions
devront procéder au dépassement de l’actuelle tendance à la non-ingérence judiciaire
observée par elles dans leurs domaines de compétence respectifs (A), pour définir des
mécanismes de coopérations judiciaire en matière contentieuse (B).
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Dans cet avis initié par l’Etat du Sénégal, la CCJA a semblé s’interdire de se prononcer sur
des textes autres que ceux de l’OHADA, notamment en l’espèce, les textes adoptés dans le
cadre d’autres organisations d’intégrations1.
Dans cette affaire jugée le du 3 juillet 2003 la Chambre judiciaire de la Cour de Justice de la
CEMAC s’est montrée réticente quant à l’examen des moyens tirés de l’inobservation des
dispositions de l’Acte uniforme OHADA sur les sociétés commerciales.
Ce mécanisme consistera pour le juge de l’une des juridictions qui juge une affaire dans
laquelle parmi les questions de droit débattues figurent une question ressortant de la
compétence exclusive de l’autre juridiction, de diviser le litige de manière à se prononcer
uniquement sur les questions relevant de sa compétence exclusive, puis de saisir l’autre
juridiction pour trancher la question relevant de sa compétence exclusive.
Ce peut être une instance portant sur la liquidation d’un établissement de crédit devant la
Cour de Justice de la CEMAC, pendant laquelle est posée la question de la légalité de la
tenue d’une assemblée générale des actionnaires. Le juge de la CEMAC pourra dans ce cas,
saisir le juge de la CCJA sur cette question précise et intégrer les conclusions de son
homologue dans sa décision.
1 P. K. Agbyibor, Revue de droit des affaires internationales, 2000, n° 7, p. 915 du 18 août 1999, (cité par Issa
Sayegh, op. cit.).
2 Voir arrêt du 3 juillet 2003, TASHA LOWEH (Affaire AMITY BANK), cité par Georges Taty, op. cit.
3 Lexique des Termes Juridiques, 17 e édition 2010, Dalloz, ‘’Acte par lequel un magistrat délègue ses pouvoirs à un
autre magistrat ou à un officier de police judiciaire, pour qu’il exécute à sa place un acte d’instruction’’.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
2. Le renvoi préjudiciel
Il consistera pour le juge d’une des juridictions internationales, qui examine un litige
soulevant entre autres questions aux débats, une question pour laquelle seule l’autre
juridiction est compétente, à surseoir à statuer puis renvoyer la question à ladite juridiction
selon le schéma esquissé par la brillante expression de Georges TATY1 ‘’le triangle question-
réponse-application ou exclusion de l’application’’.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Elle confortera la COBAC dans son rôle de gendarme du système bancaire en zone CEMAC, qui
continuera d’exercer son contrôle quoique de manière conjointe avec la justice sur le même pied
d’égalité ;
Elle marquera définitivement et officiellement la particularité de la procédure de liquidation des
établissements, qui est inhérente à leur double nature de sociétés commerciales et d’acteurs du
système monétaire et financier ;
Elle restaurera l’efficacité et la célérité si nécessaires aux procédures collectives d’apurement du
passif.
L’intégration explicite des principales règles consacrées par l’AUPC dans la réglementation
bancaire en zone CEMAC apportera des clarifications sur les points ci-dessous :
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
La durée maximale de la mission de l’expert technique devra être de six (06) mois non
renouvelable. A la fin de sa mission, le liquidateur judiciaire prendra le relais des opérations
de liquidation.
Régie par les dispositions de l’AUPC, il existe pour le déroulement des opérations de la
liquidation judiciaire une ossature juridique et organisationnelle qui fait d’elle ‘’un organe
d’ordre public’’1, car elle ‘’permet d’assurer la continuité de l’ordre social établi et de
garantir les droits et la dignité des hommes’’2 ;
Par voie de corollaire, la liquidation judiciaire offre plus de garanties pour l’indemnisation
des créanciers ;
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
apurement du passif), ou encore du régime des sanctions liées à la clôture de la liquidation pour
cause d’insuffisance d’actif.
Nommé par la juridiction compétente (article 35 AUPC), le syndic (liquidateur) est à la fois :
La compétence territoriale et matérielle ainsi que les règles de saisine de la juridiction sont
définies par les articles 4 et 5 de l’AUPC. Son intervention est encadrée par les articles 29 à
46 de l’AUPC. Il ressort de ces dispositions, qu’elle administre et surveille la procédure de
liquidation. Ses principales attributions en la matière sont les suivantes :
Il faut noter qu’au Cameroun, seul le Tribunal de Grande Instance est compétent en matière de
procédures collectives d’apurement du passif.
iii. Le juge-commissaire
1 ‘’Le ou les syndics sont chargés de ‘’représenter les créanciers sous réserve des dispositions des articles 52 et 53 ci-
après. Ils ont la qualité de mandataires rémunérés et son civilement responsables de leurs fautes dans les termes du
droit commun, sans préjudice de leur responsabilité pénale’’.
2 ‘’Les actes, droits et actions du débiteur concernant son patrimoine sont accomplis ou exercés, pendant toute la durée
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
C’est pour cela qu’il est à la fois considéré par Paul Alphonse Soppo comme le ‘’Personnage
central’’ et ‘’le cordon ombilical qui relie la juridiction compétente au liquidateur’’1.
Devant les tribunaux judiciaires, le ministère public2 est le corps hiérarchisé (et subordonné
au garde des sceaux) des magistrats chargés de représenter l’Etat dans les divers types de
juridiction, qui comprend des éléments dans chaque cour d’appel (parquet général) et
chaque tribunal de grande instance (parquet du TGI) et peut être représenté devant le
tribunal de police, par un commissaire de police, avec pour mission d’agir comme partie
principale dans tous les procès répressifs, de déclencher l’action publique et de l’exercer, et
mission d’agir ou d’intervenir en matière civile, comme partie principale ou partie jointe.
Son rôle en matière de procédures collective d’apurement du passif peut être apprécié à
deux niveaux à savoir le suivi du déroulement de la procédure de liquidation et les sanctions
pénales3.
Au plan des sanctions pénales inhérentes à la faillite personnelle4 (clôture de la liquidation pour
insuffisance d’actif), il exerce les attributions suivantes :
1 Paul Alphonse Soppo, Le liquidateur et la gestion des biens, op. cit., p. 90.
2 Gérard Cornu, op. cit., p. 657.
3 Selon l’AUPC, titre V, banqueroute et autres infractions, section III, poursuite des infractions de banqueroute et des
anormal ou immoral pour une durée de trois à dix ans. Il s’agit de l’interdiction générale de faire du commerce, de
diriger, administrer ou contrôler une entreprise commerciale, ainsi que des interdictions politiques, électives,
administratives.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Leur intervention est prévue par les articles 48 à 49 AUPC. Ils sont choisis par le juge-
commissaire, et l’assistent dans sa mission de surveillance du déroulement de la procédure
collective.
Ces effets sont prévus par les articles 52 à 118 AUPC. Il faut faire un distinguo entre les
effets de la décision d’ouverture à l’égard du débiteur (l’entreprise en liquidation) et les
effets de la décision d’ouverture à l’égard des créanciers.
L’entreprise en faillite ne peut plus accomplir seule des actes juridiques sous peine
d’inopposabilité à la masse. La continuation de l’activité ne peut se faire que pour les besoins
de la liquidation sur autorisation de la juridiction compétente et dans des conditions
restrictives (Intérêt public ou celui des créanciers (article 113 AUPC)). Dans ce cas, c’est le
syndic (liquidateur) qui gère l’activité.
Parlant des créanciers, on notera pour l’essentiel qu’ils sont regroupés ‘’en une masse
représentée par le syndic (liquidateur) qui, seul, agit en son nom et dans l’intérêt collectif et peut
l’engager’’ (article 72). Cela emporte les conséquences suivantes :
i. La réalisation de l’actif
Les actifs dont la cession relève de la seule responsabilité du liquidateur (article 147(1)(2)
AUPC) : les meubles, la matériel, les marchandises, les stocks, le recouvrement des
créances…
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Les actifs pour lesquels l’autorisation du juge-commissaire est nécessaire avant toute cession
(articles 53 et 150 AUPC) : les immeubles bâtis ou nus, les immeubles par destination.
L’on notera que le passif est constitué de l’ensemble des dettes de l’entreprise. C’est pour
cela qu’‘’Apurer le passif, dans la technique comptable et financière, c’est vérifier les comptes qui le
constituent et en déterminer le solde’’1. Les créanciers ayant été regroupés en masse
conformément l’article 72 AUPC, vont être classés en fonction des privilèges dont ils sont
bénéficiaires. Ainsi, on distinguera :
Ces créanciers sont ainsi classés après la déclaration de créances (article 78 AUPC), la
vérification et l’admission desdites créances (article 84 AUPC).
Le règlement des créances est soumis au respect du principe cardinal de ‘’l’égalité des
créanciers’’ qui recommande que ‘’tous les créanciers de même rang soient traités dans un
système égalitaire’’2 (articles 166 – 167 AUPC).
2.2.4 Le régime des sanctions liées à la clôture de la liquidation pour cause d’insuffisance d’actif
(faillite personnelle)
Ce régime distingue les sanctions civiles (articles 189, 191 AUPC) des sanctions pénales
(article 226 AUPC).
Dans le souci d’élargir les perspectives de solution des problèmes juridiques posés par la
liquidation des établissements de crédit, l’étude s’est intéressé au droit comparé, par la mise
en contribution de la loi-cadre portant réglementation bancaire en zone UEMOA (A) et le droit
des défaillances bancaires en France (B).
La solution tirée du droit bancaire de la zone UEMOA est marquée par une originalité
certaine (1), malgré des points de ressemblance assez nuancés avec le droit bancaire
communautaire de la CEMAC (2).
1 Paul Alphonse Soppo, Le liquidateur et la gestion des biens, op. cit., p. 164.
2 Paul Alphonse Soppo, idem, p. 222.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
A titre d’illustration, l’article 88 de ladite loi dispose que ‘’les procédures de redressement
judiciaire et de liquidation des biens, instituées par l’Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif, ne peuvent être ouvertes à l’égard d’un établissement
de crédit qu’après avis conforme de la Commission Bancaire, suivant la procédure décrite ci-après’’.
Ce qui implique que ce sont les prescriptions de l’AUPC qui font office de droit applicable pour la
liquidation des établissements de crédit en zone UEMOA, sous réserve du respect de certaines
particularités liées au retrait d’agrément par la Commission Bancaire (article 90) ou par le
Ministre chargé des Finances (article 91), à la nomination du liquidateur bancaire par le Ministre
chargé des Finances (article 90) et à l’intervention de l’organisme chargé de la gestion du système
de garantie des dépôts (article 93(2)).
Par voie de corollaire, des conséquences immédiates peuvent être tirées sans ambiguïté
relativement aux organes de la liquidation, aux effets de la décision d’ouverture de la liquidation, à
l’exécution matérielle des opérations de liquidation (réalisation de l’actif, apurement du passif), et au
régime de responsabilité de la faillite personnelle.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
L’article 86 de la loi-cadre sus évoquée, dispose que ‘’Nonobstant les dispositions de l’article 25
de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif, sont en
état de cessation des paiements, les établissements de crédit qui ne sont pas en mesure d’assurer
leurs paiements, immédiatement ou à terme rapproché’’.
Il est à noter que l’article 25 AUPC sus visé, définit la cessation des paiements comme
l’impossibilité dans laquelle se trouve le débiteur de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible.
A l’évidence, on retrouve ici la différence (déjà expliquée par l’étude1) entre l’aspect
comptable de la cessation des paiements contenu dans l’AUPC et son aspect financier
consacré par le législateur2 français pour adapter la cessation des paiements à l’activité des
établissements de crédit.
Il est prévu par l’article 91 de la loi-cadre pour ‘’les établissements dont le passif envers les tiers,
à l’exception des dettes qui ne sont remboursables qu’après désintéressement complet des
créanciers chirographaires, est effectivement supérieur à l’actif net diminué des provisions devant
être constituées’’.
1Supra, p. 29.
2Article 88 de la LESF, repris par l’article 46-2 de la loi bancaire française auquel correspond l’article L 613-26 du Code
Monétaire et Financier.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Tout comme en zone CEMAC, la procédure de liquidation des établissements de crédit est
bâtie autour de la dualité de liquidateur. Toutefois, les zones d’intervention respectives des
liquidateurs (liquidateur bancaire, liquidateur judiciaire ou syndic) paraissent 1 mieux
délimitées, et sont marquées par la prééminence du liquidateur judiciaire.
Nommé par le Ministre chargé des Finances conformément à l’art 62, il procède à la
liquidation du fonds de commerce de l’établissement de crédit et assiste le syndic dans la
liquidation des autres éléments du patrimoine de la personne morale (article 90).
Aux termes de l’article 92(1), il est désigné par la juridiction compétente en vertu de l’article 35
AUPC. Il exerce les attributions suivantes (articles 91, 94, 98) :
Le droit à l’information reconnu à cet organisme par l’article 88, relative à l’ouverture de la
procédure de redressement ou de la liquidation des biens ;
1 D’une part la répartition des compétences entre les deux liquidateurs n’est pas aussi précise qu’en droit bancaire
français, d’autre part la notion de fonds de commerce apparaît ici une fois de plus comme un critère décisif pour cette
répartition ; critère dont l’analyse a suffisamment relevé les faiblesses.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Le devoir d’information des déposants qui lui incombe, au sujet du montant des créances exclues
de son champ d’intervention, et la précision des modalités de déclaration desdites créances
auprès du syndic, en cas de liquidation et de redressement judiciaire (Article 93(2)).
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Le droit interne1 des défaillances bancaires en France, est construit à ce jour autour des
principales lois suivantes :
La n°84-46 du 24 Janvier 1984, modifiée relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit,
dite ‘’ loi bancaire’’ ;
La loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des
entreprises ;
La loi n° 99-532 du 25 juin 1999 relative à l’Epargne et à la Sécurité Financière dite ‘’LESF’’.
Il en ressort que la solution inspirée par le droit français en matière de liquidation des
établissements de crédit, fait montre d’une particularité certaine au niveau de la dualité de
liquidateur symbolisée par la répartition très précise des compétences consacrant la prééminence du
liquidateur bancaire (3). En outre, la spécificité des conditions d’ouverture (1) par rapport au droit
commun français est ostentatoire, alors même que la cohabitation des institutions chargées du
déclenchement de la procédure est marquée par la prépondérance de la Commission Bancaire, les
‘’mains liées’’ du Tribunal du Commerce, le rôle influent du Fonds de Garantie des Dépôts (2).
Il s’agit tel qu’expliqué par l’analyse, d’une conception plus large de la notion comptable de la
cessation des paiements, qui lui donne une connotation plus financière et plus proche de
l’insolvabilité.
1 L’analyse parle de droit interne par différence au droit communautaire de l’Union Européenne en la matière (droit
communautaire de la ‘’faillite’’ bancaire), dont le texte de référence à ce jour est la Directive 2001/24/CE du Parlement
européen et du Conseil du 4 avril 2001, relative à l’Assainissement et à la Liquidation d’un Etablissement de Crédit dite
‘’DALEC’’. Seules les solutions du droit interne français seront retenues par l’étude.
2 Voir loi n°99-532 du 25 juin 1999 relative à l’Epargne et à la Sécurité Financière, dite ‘’LESF’’.
3 Voir loi n°85-98 du 25 janvier 1985, op. cit.
4 Supra, p. 29.
5 Voir la définition classique de la cessation des paiements à savoir l’impossibilité de faire face à son passif exigible par
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Elle est formulée par l’article 88(2) de la LESF2 lequel dispose que ‘’la procédure de liquidation
judiciaire peut être ouverte à l’égard des établissements de crédit qui ont fait l’objet d’une mesure de
radiation prononcée par la Commission bancaire et dont le passif, dont ils sont tenus envers les tiers,
à l’exception des dettes qui ne sont remboursables qu’après désintéressement complet des
créanciers chirographaires, est effectivement supérieur à l’actif net diminué des provisions devant
être constituées’’.
Elle est caractérisée par la prépondérance de la Commission Bancaire (1), les ‘’mains liées’’
du Tribunal du Commerce (2) et le rôle influent du Fonds de Garantie des Dépôts (3).
Cette prépondérance ressort de l’article 46-3 de la loi bancaire qui prévoit que ‘’les
procédures de redressement et de liquidation judiciaires instituées par la loi n°85-98 du 25 janvier
1985 ne peuvent être ouvertes à l’égard d’un établissement de crédit ou d’une entreprise
d’investissement qu’après avis de la Commission bancaire’’. Selon Christophe Leguévaques3 citant
Lambert4, cette disposition accorde à la Commission bancaire un ‘’pouvoir important,
exorbitant du droit commun’’.
Les mains du Tribunal de Commerce sont liées, par l’obligation prescrite par l’article 46-3
sus visée pour ce Tribunal, de devoir au préalable recueillir l’avis de la Commission bancaire,
avant l’ouverture de la procédure de liquidation à l’égard d’un établissement de crédit.
Léguevaques.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Il est symbolisé par la répartition très précise des compétences entre les liquidateurs
bancaire et judiciaire, consacrant la prééminence du liquidateur bancaire.
L’article 46(6) de la loi bancaire précise expressément que le liquidateur bancaire ‘’procède à
l’inventaire des actifs, aux opérations de liquidation ainsi qu’aux licenciements, dans les conditions et
selon les modalités prévues au titre III de la loi n°85-98 du 25 janvier 1985 précitée’’1.
La mission du liquidateur judiciaire est réduite à celle de représentant des créanciers par
l’article 46(5) de la loi bancaire, qui en outre exclut expressément de sa mission, l’inventaire
des biens de l’entreprise, les opérations de liquidation, et les licenciements. De la sorte, il procède
à la réception et la vérification des créances, ainsi qu’au classement de l’ordre des créanciers. Il
peut aussi introduire les actions qui relèvent de la compétence du représentant des
créanciers.
Au terme de la première partie de l’étude, il apparaît clairement que les problèmes découlant
du cadre juridique de la procédure de liquidation des établissements de crédit sont inhérents
au caractère complexe (fragmenté et insuffisamment cohérent) dudit cadre. Ce qui entraîne des
conséquences certaines expliquées par l’étude, au plan de l’examen des textes. La solution à
ces problèmes, suggérée par l’analyse, est la simplification du cadre juridique en question.
1
Christophe Léguevaques, op. cit., p. 468.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Les problèmes relatifs à la conduite des opérations de liquidation en ce qui concerne tout au
moins la liquidation BMBC, sont inhérents aux insuffisances relevées par l’analyse au niveau
du cadre juridique notamment la fragmentation et l’insuffisante cohérence dudit cadre
(chapitre I). Les solutions à ces problèmes devraient être recherchées au niveau de la
restructuration de la liquidation BMBC (chapitre II).
Pour ce qui est des implications au plan pratique du caractère fragmenté et insuffisamment
cohérent du cadre juridique, on peut mettre en lumière en ce qui concerne la liquidation
BMBC les points suivants :
Une répartition des compétences inopérante entre les liquidateurs bancaire et judiciaire (section
I) ;
La cession incontrôlée des immeubles et l’enlisement de la procédure de la liquidation BMBC
(section II).
Les clarifications apportées par le Dr Jean Marie Nyama1 relativement à cette répartition des
compétences, font comprendre que d’une part, le liquidateur judiciaire serait chargé de la
liquidation du patrimoine immobilier (immeubles bâtis ou non bâtis) alors que le liquidateur nommé
par la COBAC aurait la charge de la réalisation des seuls éléments composant le fonds de
commerce de l’établissement de crédit.
En tout état de cause, cette répartition des compétences dont les incertitudes entourant le
principal critère de répartition à savoir la notion de ‘’fonds de la commerce de la banque’’,
ont déjà été identifiées2 par l’étude, s’est avérée inopérante en pratique. Pour preuves, on
citera : les conflits de compétence entre les liquidateurs bancaire et judiciaire (Paragraphe I), la
division discutable du patrimoine de la liquidation (Paragraphe II) ; la conduite non concertée des
opérations de liquidation (Paragraphe III).
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
L’ampleur des conflits de compétence entre les liquidateurs bancaire et judiciaire est illustrée
par les affaires Société OBA-SCI c/ Liquidation BMBC (A) et SRC1 (B).
La SCI-OBA a fait appel de l’ordonnance sus citée en date du 02/11/2005 devant la Cour
d’Appel du Wouri, en arguant que la décision attaquée avait violé l’article 452 du Code de
Commerce, qui selon le juge d’appel, en chargeant spécialement le juge-commissaire
‘’d’accélérer et de surveiller les opérations et la gestion de la faillite’’, ne lui donne pas ‘’compétence
pour annuler une vente d’immeuble passée par le liquidateur’’.
Cette affaire a été le lieu d’un affrontement par personne interposée, en l’occurrence la
Société SCI-OBA, entre le liquidateur judiciaire (M. Mbella Boum Simon) et le liquidateur
bancaire qu’est la SRC. Le premier tenant à sa compétence de responsable de la liquidation
du patrimoine immobilier de l’ex-BMBC, a commis le rapport ayant motivé l’annulation de la
vente d’immeuble par la SRC à la Société SCI-OBA.
B. L’AFFAIRE SRC
Baptisée comme telle par l’actuel liquidateur judiciaire Paul Alphonse Soppo dans son illustre
document intitulé ‘’Réflexion sur la liquidation de la BMBC’’ à la page 23, l’affaire SRC illustre
avec éloquence la qualité exécrable des relations entre les deux structures de liquidation.
En effet, le 11 août 2008, le liquidateur judiciaire publie dans le journal Cameroon Tribune
un communiqué annonçant la vente de quelques immeubles répertoriés dans le fichier de
l’ancien liquidateur judiciaire M. Mbella Mboum Simon ; et dont l’un d’eux était utilisé par la
du juge-commissaire suivant les formes prescrites pour la vente des biens des mineurs’’.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Par une lettre en date du 11 septembre 2008, la SRC lui demande de bien vouloir surseoir à
la vente de cet immeuble, compte tenu de l’importance des dossiers qui y sont archivés. Par
la suite, la SRC saisit le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice Garde des Sceaux, pour
intervention.
Au vu des clarifications sus visées du Dr Jean Marie Nyama relativement à la répartition des
compétences, le liquidateur judiciaire devrait s’occuper de la réalisation du patrimoine
immobilier (immeubles bâtis ou non bâtis) de la BMBC en liquidation.
Seulement, seuls les immeubles appartenant personnellement à l’ex-BMBC ont été remis à la
disposition du liquidateur judiciaire. Le rapport du cabinet Arthur & Anderson indique que
leur valeur nette au 10/09/1996 était de Fcfa 3 207 304 767.
Les immeubles objets des hypothèques obtenues en guise de garanties des crédits
octroyés mais irrécouvrables à ce jour, sont restés dans le portefeuille de la SRC.
La BIAO Cameroun a été dissoute par une décision de l’assemblée générale extraordinaire
des actionnaires du 17 avril 1991. Sa liquidation a été confiée par les autorités
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
gouvernementales camerounaises à la SRC, qui l’a conduite sous l’empire des lois nationales
consacrant le régime dérogatoire de la liquidation amiable1.
Ce qui implique qu’à la dissolution de la nouvelle entité à savoir la BMBC, l’actif et le passif
de la société dissoute devrait être globalement transféré à la liquidation. Ce qui n’a pas été le
cas de la BMBC, car la SRC conserve à ce jour dans son portefeuille, le patrimoine immobilier de la
BIAO2.
En vertu des règles de répartition des compétences entre les deux liquidateurs, la SRC a
hérité de l’actif financier de la BMBC évalué par le cabinet Arthur & Anderson au 10/09/1996
à Fcfa 39 214 102 437 et réparti comme suit :
Elle se traduit par l’absence d’échange d’informations entre les deux structures de liquidation
(A) et l’impossible établissement du bilan consolidé de la liquidation (B).
A titre d’exemple, selon le liquidateur judiciaire3, il y a à peine deux mois qu’il a pu entrer en
possession du rapport d’audit du cabinet Arthur & Anderson portant sur le bilan d’ouverture
de la liquidation daté du 26/02/1997, alors qu’il ne cesse de réclamer ce rapport à la SRC
depuis son entrée en fonction le 1er décembre 2005.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
C’est certainement pour cette raison que le nouveau Directeur Général de la SRC vient de
lancer un appel d’offres national1 restreint visant quatre (04) cabinets d’audit et de conseil
notamment Okalla Ahanda & Associés, KPMG, PriceWaterHouse Coopers, CLS Audit
Conseil. L’objet dudit appel d’offres porte sur l’audit des liquidations BMBC et Crédit
Agricole.
Ce qui revient à dire comme l’a souligné fort à propos le juge d’appel dans l’affaire Société
OBA-SCI c/ Liquidation BMBC que ‘’le rôle de surveillance et de supervision des opérations de
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
liquidation étant dévolu à la COBAC’’. Autrement dit, aucune opération de réalisation des
immeubles ne saurait échapper au contrôle de la COBAC.
Ces opérations portent sur la vente de certains immeubles ayant appartenu à l’ex-BMBC
pour un montant total de Fcfa 5 822 000 000, réalisée apparemment par le premier
liquidateur judiciaire avec la caution du liquidateur bancaire (SRC).
De l’aveu de l’actuel liquidateur judiciaire, outre le fait que les prix de vente desdits
immeubles étaient de loin inférieurs à leur valeur à l’époque de l’opération, aucune pièce du
dossier n’attestait du contrôle effectué par la COBAC selon les prescriptions de l’article 17
sus évoqué.
Pour les raisons sus citées, le liquidateur judiciaire a intenté une action en annulation des
ventes sus évoquées, qui a reçu l’assentiment du juge d’instance. L’affaire est pendante à ce
jour devant la Cour d’Appel.
Il est nécessaire de rappeler le délai légal prescrit en la matière (1) avant de parler de son
dépassement anormal dans le cadre de la liquidation BMBC (2).
Le délai légal de trois (03)1 ans prescrit pour la conduite de la liquidation des établissements
de crédit a été relevé dans le ‘’Projet de cadre général pour la liquidation d’un établissement
de crédit’’ sus visé2.
1 Aucun texte national ni de la COBAC n’a permis de savoir la durée légale prescrite pour la liquidation des
établissements de crédit.
2 Il s’agit d’un document interne de la COBAC annexé à une correspondance du gouverneur de la BEAC en date du 24
mai 1999 adressée au liquidateur du Crédit Agricole du Cameroun. Ce document prescrit une série de règles très
proches de celles énoncées par l’AUPC, devant gouverner la procédure de liquidation des établissements de crédit.
Toutefois, la nature juridique de ce document n’a pu être déterminée au regard de la hiérarchie des normes juridiques
de la CEMAC telle que précisée par l’article 41 du Traité CEMAC. Ce texte distingue : les règlements, les règlements
cadres, les directives, les décisions, les recommandations et les avis.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Le Comité de suivi de la liquidation BMBC a été mis en place par un arrêté ministériel (1). A
ce jour, il est victime d’une paralysie notoire (2).
Ayant perçu que la dualité des liquidateurs risquerait d’entraver le bon fonctionnement de la
liquidation de la BMBC, le Ministre d’Etat chargé de l’Economie et des Finances1, avait dû par
arrêté n°00060/MINEFI/CAB du 07 mars 1997, mettre en place un comité de suivi de la
liquidation de la BMBC auquel avaient été assignées les missions suivantes :
Les assises de ce comité en date du 24 mars 1999 avaient abouti dans le cadre de la
deuxième phase des indemnisations des créanciers, aux résolutions suivantes :
A ce jour, le comité de suivi de la liquidation de la BMBC est paralysé pour ne pas dire
inexistant.
1 Cette fonction était assurée à cette époque par M. Edouard AKAME MFOUMOU.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Le recouvrement des dépôts de la BMBC dans les banques étrangères nécessite la maîtrise
du droit de la faillite internationale que l’étude se propose de rappeler (1), avant de parler de
la négligence desdits dépôts dans les banques étrangères (2).
Lorsque le débiteur, personne physique ou personne morale, possède des biens et des
créances situés dans deux ou plusieurs Etats, il est fait appel au droit de la faillite
internationale qui pose deux problèmes majeurs1 : la compétence internationale des juridictions
et l’effet des jugements rendus à l’étranger.
Cette négligence s’est traduite par le non recouvrement à ce jour, de 17 milliards de Fcfa de
créances appartenant à l’ex-BMBC dans le réseau MIBL3/SARDANIS.
La solution à ces difficultés d’ordre pratique devrait être inspirée par la restructuration
pragmatique de la liquidation BMBC.
1 Selon Michel Filiga Sawadogo, op. cit., deux théories s’opposent en la matière : la théorie dite de l’universalité de la
faillite qui veut qu’une seule procédure soit ouverte contre le débiteur et permette d’appréhender l’ensemble de ses
biens quel que soit leur lieu de localisation et de payer ses créanciers domiciliés dans les différents Etats sur un pied
d’égalité ; la théorie des procédures dites plurales et territoriales, permet l’ouverture d’une procédure dans tout Etat où le
débiteur possède des biens.
2 Michel Filiga Sawadogo, idem.
3 Meridien International Bank Limited.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
L’audit indépendant devra être confié à des experts financiers (de préférence internationaux)
ayant une expérience avérée en matière de liquidation d’entreprises en général et
d’établissements de crédit en particulier. Il visera à produire des états situationnels de la
réalisation de l’actif (Paragraphe I) et de l’apurement du passif (Paragraphe II).
Cet état présentera des données chiffrées exactes sur la réalisation du patrimoine
immobilier ayant appartenu à l’ex-BMBC et sur celle des immeubles reçus à titre
d’hypothèques pour la garantie des financements octroyés.
La SRC ayant retenu dans son portefeuille les immeubles appartenant à l’ex-BIAO, dont elle
avait assuré la liquidation sous l’empire du régime dérogatoire de la liquidation amiable,
l’audit devra aussi formuler une opinion sur la situation de ces immeubles.
Un état situationnel relatif à l’actif financier estimé par le cabinet Arthur & Anderson à Fcfa
39 214 102 437 au 10/09/1996, fournira des informations chiffrées exactes sur le total des
créances recouvrées, abandonnées, celles faisant l’objet d’éventuelles transactions et celles
restant à recouvrer.
1 L’étude y a pensé dans la première mouture soumise à la sanction du Pr TCHAKOUA Jean-Marie en juillet 2014,
avant la publication au mois d’août 2014 par la Direction Générale de la SRC, d’un appel d’offres national restreint
portant sur l’audit des liquidations BMBC et Crédit Agricole et visant quatre (04) cabinets d’audit et de conseil
notamment Okalla Ahanda & Associés, KPMG, PriceWaterHouse Coopers, CLS Audit Conseil.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Cette situation devra être présentée dans un tableau synoptique où les créanciers seront
regroupés par classe de privilèges et qui fait ressortir les montants déjà payés et ceux
restant à payer ou une indication appropriée si la dette est apurée.
Cette situation sera aussi présentée dans un tableau synoptique où les créanciers auront été
regroupés par classe de privilèges et qui fait ressortir les montants à payer.
Au vu des difficultés pratiques ayant émaillé la conduite des opérations de liquidation de l’ex-
BMBC, notamment les conflits de compétence entre les liquidateurs, il serait judicieux pour
assainir cette liquidation, de supprimer la dualité de liquidateur1. Compte tenu de
l’indemnisation urgente des créanciers, la suppression de la dualité de liquidateur en l’espèce
n’implique pas la révision de la réglementation en vigueur. C’est pour cela que cette
suppression risquerait de manquer de base légale solide2. Pour éviter cela, elle devrait faire l’objet
d’une concertation tripartite entre la COBAC, l’Autorité Monétaire et les instances judiciaires dans
l’intérêt des créanciers3. Elle pourrait donc aboutir à l’option pour la liquidation bancaire
(Paragraphe I), ou à celle pour la liquidation judiciaire (Paragraphe II). Cette tendance à la
suppression de la dualité de liquidateur a été observée au niveau de la liquidation du Crédit
Agricole (Paragraphe III).
1 Manuel Roland Tcheumalieu Fansi, pense dans son ouvrage intitulé ‘’Droit et pratique bancaire dans l’espace OHADA’’
(2014), ‘’(…) à l’instar des procédures de liquidation des biens des sociétés commerciales, un liquidateur ou syndic unique aurait
contribué à simplifier davantage la procédure, car la clarté et la précision riment ici avec l’efficacité (…) la dualité d’un liquidateur
bancaire et judiciaire (syndic) ne débouche pas toujours sur l’efficacité escomptée’’, p. 376.
2 En fait, la SRC avait été nommé liquidateur bancaire par une décision non attaquée par la COBAC du Ministre camerounais
de l’Economie et des Finances, et qui portait atteinte à la Convention de 1992 ; le liquidateur judiciaire avait été nommé par
le Tribunal ; le délai légal de trois ans prescrit pour la clôture de la liquidation ne figure pas dans la Convention de 1992
mais plutôt dans une note interne de la COBAC à la nature juridique incertaine au regard de la hiérarchie des normes de la
CEMAC, consacrée par l’article 41 du Traité CEMAC.
3 Ceci s’inscrit dans l’esprit de la correspondance de référence LC-COB/30 adressée par le Gouverneur de la BEAC
(Président de la COBAC) en date du 24 mai 1999 au liquidateur du Crédit Agricole du Cameroun (CAC) et dont l’objet était
‘’cadrage des opérations de liquidation’’. Le Gouverneur de la BEAC affirme précisément que ‘’Après avoir examiné au cours de
sa session du 22 mai 1998 la question de la délimitation des domaines de compétence respectifs des autorités judiciaires et de la
COBAC, la Commission Bancaire a estimé qu’en attendant d’ouvrir des négociations avec les pouvoirs publics et les tribunaux pour
arrêter d’accord parties un cadre juridique propre à la liquidation des établissements de crédit,…’’.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
La SRC ayant déjà nommé comme liquidateur bancaire par l’arrêté n°00299/MINEFI/CAB du
10 septembre 1996, une décision de justice devra la nommer aussi liquidateur judiciaire.
Il devra être mis fin à la fonction de liquidateur bancaire par une décision de la COBAC.
Cela mettra fin au règne de l’illégalité1 et restaurera la COBAC dans sa compétence
exclusive consacrée en la matière par l’article 17 de la Convention du 17 janvier 1992.
Le liquidateur judiciaire ayant déjà été nommé le jugement civil n°164 du 1er décembre 2005,
une décision de la COBAC le confirmera comme liquidateur bancaire de l’ex-BMBC.
Créée en 1990 par l’Etat du Cameroun sous le numéro matricule 91.W.01010, le Crédit
Agricole a vu sa situation financière se déséquilibrer et se compromettre profondément en
fin mars 1997. En effet, le total des crédits bruts à la clientèle se chiffre à 56 milliards, dont 68%,
largement compromis; tandis que la part des crédits considérés comme sains et facilement
recouvrables atteignaient à peine 18 milliards.
Il faut noter qu’au vu des premiers signes des difficultés liées à la gestion de la banque, la
COBAC l’avait placée sous administration provisoire le 21 novembre 1996.
1 L’arrêté n°0299 de l’Autorité Monétaire (Ministre de l’Economie et des Finances) nommant la SRC comme liquidateur
bancaire a été pris en violation de la compétence exclusive de la COBAC en la matière consacrée par l’article 17 de
la Convention du 17 janvier 1992.
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DESS GESTION BANCAIRE ET DES ETABLISSEMENTS FINANCIERS
Le 12 juin 1997, M. Claude Tournaire est nommé en qualité de liquidateur bancaire par la
COBAC. M. Frédéric Ekande sera nommé co-liquidateur le 24 juin 1997.
Au départ de M. Claude Tournaire, en août 1997, la COBAC n’a pas jugé utile de nommer
un autre liquidateur bancaire.
De la sorte, M. Frédéric Ekande sera nommé comme Syndic de faillite et donc liquidateur
judiciaire par le jugement n°09 du 02 octobre 1997, qui prononce en même temps la faillite
du Crédit Agricole du Cameroun, et constate aussi la nomination de Dame Noah née Ebella
Marie en qualité de juge-commissaire.
M. Frédéric Ekande, initialement nommé comme co-liquidateur cumule les deux fonctions de
co-liquidateur et de liquidateur judiciaire par le biais du jugement n°09 sus visé. Il est resté à
ce poste jusqu’à son remplacement en 2002, par M. Aaron Kaltjob.
Le fait que Messieurs Frédéric Ekande et Aaron Kaltjob aient conduit tour à tour la
liquidation du CAC en qualité de liquidateur unique, confirme cette tendance à la
suppression de la dualité de liquidateur.
En définitive, la liquidation du Crédit Agricole a été confiée à la SRC qui demeure à ce jour
l’unique liquidateur.
Il a été démontré tout au long de cette deuxième partie de l’étude, que les implications du
caractère complexe (fragmenté et insuffisamment cohérent) du cadre juridique de la
procédure de liquidation des établissements de crédit, se traduisent au plan de la liquidation
BMBC par :
Une répartition des compétences inopérante entre les liquidateurs bancaire et judiciaire ;
La cession incontrôlée des immeubles ;
L’enlisement de la procédure de liquidation ;
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CONCLUSION GENERALE
La question centrale ayant constitué l’épine dorsale de la recherche était celle de savoir quels
pourraient être les problèmes juridiques posés par la liquidation des établissements de crédit ?
L’essai de réponse à cette question a emmené l’analyse à ‘’suspecter scientifiquement’’ le
cadre juridique tout en le confrontant au cas de la liquidation de la BMBC ayant servi de
prototype.
Il a été démontré par l’analyse que le caractère fragmenté et insuffisamment cohérent du cadre
juridique de la liquidation des établissements de crédit, emporte des conséquences
immédiates au plan de l’analyse de la réglementation en vigueur et qui sont les principaux
vecteurs des difficultés rencontrées dans la conduite des opérations de liquidation, à tout le
moins en ce qui concerne la liquidation de la BMBC.
La solution à ces difficultés a été envisagée à deux niveaux à savoir la révision radicale du cadre
juridique ainsi expliqué et la restructuration pragmatique de la liquidation BMBC. La
restructuration de la liquidation BMBC devrait s’articuler autour de deux axes majeurs
notamment un audit comptable, financier et même social, et la suppression de la dualité de
liquidateur, cause principale des conflits de compétence et de l’enlisement de cette liquidation.
La révision radicale du cadre juridique devrait viser deux objectifs fondamentaux à savoir :
L’harmonisation rationalisée des deux ordres juridiques (COBAC, OHADA) qui le structurent ;
La suppression officielle de la dualité de liquidateur, laquelle suppression s’affirme de plus en
plus comme le gage d’efficacité et de célérité dont a besoin la procédure de liquidation des
établissements de crédit qui est avant tout, comme toute procédure de liquidation, une ‘’voie
d’exécution d’urgence’’ .
Cette révision devrait être conduite dans un esprit de modestie consistant à s’inspirer des
points forts de ce qui se fait ailleurs dans la zone UEMOA ou en France précisément.
Ainsi, des clarifications pourront être apportées aux autres procédures de liquidation ayant
attrapé le virus de l’enlisement soit du fait des intrigues créées par les différents acteurs
tirant parti d’une réglementation ‘’tatillonne’’ ; soit du fait des procédures judiciaires
contentieuses soulevant des questions difficiles à résoudre par les juges à cause des
défaillances suffisamment expliquées de la réglementation par l’analyse. Il s’agit de manière
non exhaustive des liquidations Crédit Agricole et AMITY BANK.
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Jean Marie Nyama, Droit des entreprises en difficultés, CERFOD, 2004.
Joseph Mbouombouo Ndam, Banque contre Micro finance : les enjeux de l’intermédiation
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Manuel Roland Tcheumalieu Fansi, Droit et pratique bancaire dans l’espace OHADA, 2014.
Ndjom Nack Elie Désiré, Les liquidations administratives, éditions Imprimerie Nationale,
novembre 1992.
Paul Alphonse Soppo, Le liquidateur et la gestion des biens, éditions Veritas, collection
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Paul Gérard Pougoue, Sylvain Sorel Kuate Tamaghe, Les grandes décisions de la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA, l’Harmattan.
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DEA, Université Gaston Berger de Saint-Louis, 2009, http://www.memoireonline.com.
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Page
Tableau I - Chronologie de la réglementation en matière de liquidation des
24
établissements de crédit
Tableau 4 – Synthèse des effets de la procédure de liquidation prévus par les différentes
37
sources juridiques
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Annexe 1
Ordonnance n°003 du 27 avril 1990 modifiant et complétant les dispositions
de l’ordonnance n°85/002 du 31 août 1985, fixant les conditions de liquidation des banques
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Annexe 2
Ordonnance n°9/005 modifiant et complétant les dispositions
de l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990, fixant les conditions de liquidation des banques
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Annexe 3
Ordonnance n°96/02 modifiant et complétant les dispositions de l’ordonnance n°003 du 27 avril
1990, fixant les conditions de liquidation des banques
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Annexe 4
Décret n°89/1283 portant création de la SRC
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Annexe 5
Décret n°96/139 modifiant certaines dispositions du décret n°89/1283
du 18 août 1989 portant création de la SRC
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Annexe 6
Décisions relatives à l’ouverture de la liquidation BMBC
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Annexe 7
Convention portant harmonisation de la réglementation bancaire
dans les Etats de l’Afrique Centrale et son Annexe
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Annexe 8
Règlement n°01/09/CEMAC/UMAC/COBAC portant création
du Fonds de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)
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Annexe 9
Règlement COBAC R-2009/03 du 15/12/2009 relatif à l'organisation et au fonctionnement du Fonds
de Garantie des Dépôts en Afrique Centrale (FOGADAC)
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Annexe 10
Extrait de la loi-cadre portant réglementation bancaire en zone UEMOA
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Annexe 11
Extrait de la loi française n°84-46 du 24 Janvier 1984, modifiée relative à l’activité
et au contrôle des établissements de crédit, dite ‘’ loi bancaire’’
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Annexe 12
Extrait de la loi française n° 99-532 du 25 juin 1999 relative à l’Epargne et à la Sécurité Financière
dite ‘’LESF’’
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Annexe 13
Accord de coopération du 24 juin 2002 signé entre la CEMAC et l’OHADA
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