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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT

NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

AVERTISSEMENT

L‘Institut Universitaire des Sciences et de Management n‘ayant donné aucune approbation, ni


improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées
comme propres à leur auteur.

Rédigé et soutenu par IMANI ISHIMWE Irène i


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DEDICACE

A mes parents :
:
HATEGEKIMANA JEAN MARIE VIANNEY
&
MUKAYANDUI LIBERATHA

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REMERCIEMENTS

Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à mon encadreur, le Pr JOKUNG


professeur des universités, Président de l‘IUSM pour ses précieux conseils, commentaires et
suggestions tout au long de ce projet.
Mes sincères remerciements vont également à l‘autorité académique et administrative
de l‘Institut Universitaire des Sciences et Management au Cameroun ainsi que son corps
professionnel pour les valeurs d‘excellences académiques qui ont été transmises durant ces
deux années d‘études.
Ma profonde reconnaissance également à l'ensemble du personnel de la DCFM qui a
accepté que je réalise mes recherches dans leur structure dans le cadre de mon projet de
recherche.
Je suis également reconnaissante à Mr ESSEBE mon encadreur professionnel, Mr.
MAYANMA pour leurs différentes suggestions et conseils dans la réalisation de ce travail.
Je remercie également mes parents M. et Mme HATEGEKIMANA pour leur
soutien physique, financier, moral et spirituel. Ils ont offert leur temps et renoncé à beaucoup
de choses justes pour m'aider à devenir ce que je suis aujourd'hui.
Dans l‘impossibilité de citer tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réussite de ce
travail, je vous prie de bien vouloir m‘en excuser. Trouvez ici, l‘expression de ma profonde et
sincère reconnaissance.

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LISTE DES ABREVIATIONS, SYGLES ET


ACCRONYMES

BC/FT : Blanchiment des capitaux et financement du terrorisme


BEAC : Banque des Etats de l‘Afrique Centrale
COBAC : Commission Bancaire d‘Afrique Centrale
MINFI : Ministère des finances
ANIF : Agence nationale d‘investigation financière
COSUMAF : Commission de surveillance du marché financier en Afrique Centrale
CEMAC : Communauté économique monétaire d‘Afrique Centrale
GABAC : Groupe d‘action financière de lutte contre le blanchiment d‘argent et le
Financement du terrorisme
GAFI : Groupe d‘action de lutte contre le blanchiment d‘argent et financement du
Terrorisme en Afrique Centrale
AMLD : Anti Money Laundering Directive
BAD : Banque Africaine de Développement
BM : Banque Mondiale
FMD : Fond Monétaire de Développement.
CMF : Commission des Marchés Financiers
DCFM : Direction de la Coopération Financière
DEA : Diplôme d'Etudes approfondies
DG : Direction Générale
DGTCFM : Direction Générale du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire
FCA : Financial Conduct Authority
FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine
FSA : Agence des Services Financiers
GIT : Global Investment Trading
LLC : Highlife International Limited Liability Compagny
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
MINFI : Ministère des Finances
FMI : Fond monétaire international
NMP : Nouveau Moyen de Payement

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LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1: Répartition du deuxième échantillon suivant la catégorie (en %) ...................... 61


Graphique 2: Répartition des répondants suivant le sexe ........................................................ 71
Graphique 3: Répartition des répondants suivant l'âge ............................................................ 71
Graphique 5: Répartition des individus suivant les raisons d‘utilisation de la cryptomonnaie 73
Graphique 6:Répartition des individus suivant le montant déjà déboursé dans l‘investissement
en cryptomonnaie (en %) ......................................................................................................... 73
Graphique 7: Moyen d‘investissement sur les cryptomonnaies ............................................... 74
Graphique 8: Retour sur investissement de la cryptomonnaie ................................................. 75

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Identification des risques inhérents au mobile money ........................................... 69


Tableau 2 : Types des risques de blanchiment d‘argent inhérent a la cryptomonaie ............... 76

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SOMMAIRE

AVERTISSEMENT ................................................................................................................. i
DEDICACE.............................................................................................................................. ii
REMERCIEMENTS .............................................................................................................. iii
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACCRONYMES......................................... iv
LISTE DES GRAPHIQUES .................................................................................................. v
LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................... vi
SOMMAIRE .......................................................................................................................... vii
RESUME ............................................................................................................................... viii
ABSTRACT ............................................................................................................................ ix
INTRODUCTION GENERALE ........................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS THEORIQUES DES RISQUES DE
BLANCHIMENT DES CAPITAUX LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE........................................................................................................................ 13
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LES RISQUES DE BLANCHIMENT DES
CAPITAUX LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUE .......................... 14
SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL DU RISQUE DE BLANCHIMENT
D’ARGENT............................................................................................................................ 14
SECTION 2 : CADRE THEORIQUE DU BLACHIMENT DES CAPITAUX LIE AUX
SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUE .................................................................... 34
CHAPITRE 2 : TYPOLOGIE DES RISQUES DE BLANCHIMENT DE CAPITAUX
VIA LES SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUE ................................................... 42
SECTION 1 : RISQUES LIES AUX MONNAIES ELECTRONIQUES ........................ 42
SECTION 2 : RISQUES DE BLANCHIMENT EN RAPPORT AVEC LA MONNAIE
VIRTUELLE ......................................................................................................................... 47
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RISQUES DE BLANCHIMENT DES
CAPITAUX LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUES : CAS DU
CAMEROUN ......................................................................................................................... 52
CHAPITRE 3 : CADRE METHODOLIGIQUE DE LA RECHERCHE ....................... 53
SECTION I : PRESENTATION GENERALE DE L’AUTORITE MONETAIRE
(DCFM) .................................................................................................................................. 53
SECTION 2 : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ........................................ 58
CHAPITRE 4 : ANALYSES DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS ........... 60
SECTION 1 : ANALYSES DES RESULTATS.................................................................. 60
SECTION 2 : RECOMMANDATIONS ............................................................................. 77
CONCLUSION GENERALE .............................................................................................. 80
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................ 82
ANNEXES .............................................................................................................................. 85
TABLE DES MATIERES .................................................................................................... 89

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RESUME

Avec l‘avènement des nouvelles technologies, le secteur financier a développé de


nouveaux services en matière de payement pour s‘adapter à cette nouvelle ère. Les services
de payement numériques tels que le mobile money, la carte prépayée et la cryptomonnaie
n‘ont cessé d‘intriguer et d‘intéresser les investisseurs, les entreprises, les gouvernements et
bien d‘autres.. Du point de vue économique, ces services d‘une part ont facilité les
transactions bancaires grâce au mobile money. D‘une part, les individus à faible revenu, les
micro-entrepreneurs et les populations rurales qui étaient auparavant exclus du marché en
raison des coûts élevés des frais de transaction, accèdent maintenant plus facilement aux
services financiers. D‘autre part, la cryptomonnaie avec sa technologie sous-jacente est
également très particulière et offre de nombreuses opportunités. Elle se base principalement
sur la désintermédiation financière et l‘anonymat des transactions. Du point de vue purement
économique, elle ne peut pas être considérée comme monnaie à proprement dites mais plutôt
comme un actif financier numérique qui se différencie par leur volatilité très élevée.
Légalement, elle n‘est pas encore réglementée au Cameroun, ce qui offre des opportunités
pour les criminels financiers de blanchir leurs capitaux provenant des activités illicites.
L‘objectif de ce travail est d‘identifier, d‘évaluer et comprendre les risques de blanchiment de
capitaux liés aux services de payements numériques et proposer des solutions pour atténuer
ces risques. Une analyse est effectuée sur la législation camerounaise en vigueur et le
positionnement du gouvernement concernant ces services. Ce travail est également important
pour comprendre si ce sont simplement des actifs financiers utilisés principalement par les
escrocs à des fins de blanchiment d‘argent ou réellement un moyen qui révolutionnera
entièrement le monde financier. Ce travail va permettre de rappeler dans un premier temps ce
qu‘est le blanchiment d‘argent et comment il est combattu au Cameroun. Une analyse est
effectuée sur les services de payement numérique afin d‘analyser les risques de blanchiment
d‘argent liés aux services de payements numériques ainsi que les règlementations en vigueur.
Les résultats qui ressortent de ce travail montrent que de nombreux risques de blanchiment
d‘argent spécifiques aux services de payements numériques sont élevés. Et que leurs
caractéristiques possèdent beaucoup plus d‘atouts positifs que négatifs pour les criminels
souhaitant blanchir de l‘argent illégalement obtenu.
Mots clés : Risque ; Blanchiment d‘argent ; Mobile money ; Cryptomonnaie.

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ABSTRACT

With emergence the advent of new technologies, the financial sector has developed new
payment services to adapt to this new era. Services digital payment services such as mobile
money, prepaid card and cryptocurrency have continued to intrigue and interest investors,
businesses, governments and even many others ordinary people with no particular experience
in the investment world. From an economic point of view, these services on the one hand
have facilitated banking transactions thanks to mobile money. On the one hand, low-income
individuals, micro-entrepreneurs and rural populations who were previously excluded from
the market due to the high costs of transaction fees, now have easier access to financial
services. .And on the other hand, cryptocurrency with the particularity of its underlying
technology is also very special and offers many opportunities. It is mainly based on financial
disintermediation and the anonymity of transactions. From a purely economic point of view,
it cannot be considered as currencies per se but rather as a digital financial asset which is
distinguished by its very high volatility. Legally, it is not yet regulated in Cameroon, which
provides opportunities for financial criminals to launder their proceeds from illicit activities.
The objective of this work is to identify, assess and understand the risks of money laundering
related to digital payment services and to propose solutions to mitigate these risks. An
analysis will be carried out on the Cameroonian legislation in force and the position of the
government concerning these services. It will also be important to understand whether these
are simply financial assets used mainly by crooks for money laundering purposes or really a
means that will completely revolutionize the financial world. This work will remind us first of
all what money laundering is and how it is fought in Cameroon. Then, an analysis will be
carried out on digital payment services. Finally, in order to analyze the risks of money
laundering related to digital payment services as well as the regulations in force against them
will be exposed. The results that emerge from this work show that many specific money
laundering risks specific to digital payment services are high. And that their characteristics
have many more positives than negatives for criminals wishing to launder illegally obtained
money.

Keywords: Risk; Money laundering; Mobile money; cryptocurrency.

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INTRODUCTION GENERALE

1- Contexte justificatif
La globalisation du crime financier est probablement un sujet transversal majeur du
21esiecle à même titre que les crimes politiques. Si les criminels financiers ont toujours
existé, ils ont développé une dimension transnationale qui touche tous les pays et la totalité
des continents sans distinction.
L'histoire de la lutte contre le blanchiment d‘argent telle que nous la connaissons
aujourd'hui s'étend sur près d'un demi-siècle, voire plus si on inclut les cas des gangsters
américains d'avant la Seconde Guerre Mondiale1. Le terme de « blanchiment » vient
historiquement des années 20 aux Etats-Unis à l‘époque de la prohibition2 avec l‘avènement
des phénomènes tel que le blanchiment d‘argent.
On pourrait résumer ce que recouvre la notion de blanchiment en reprenant la formule de
Jeffrey Robinson dans son ouvrage les Blanchisseurs4 << Le blanchiment de l’argent est
avant tout une question de doigté : c’est un tour de passe-passe capable de générer des
fortunes ; force vitale des trafiquants de drogues, des escrocs, des contrebandiers, des
preneurs d’otages, des marchands d’armes, des raquetteurs et autres fraudes>>.
Le phénomène de blanchiment de capitaux apparait donc comme la conséquence logique
d‘une criminalité d‘une part directement orientée vers la recherche du profit et le financement
des activités criminelles tels que le terrorisme. D‘autre part, ce phénomène est hautement
sophistiqué puisque se manifestant fortement dans les sociétés contemporaines développées et
dotées de mécanismes bancaires évolués et ce, même s‘il reste possible néanmoins de
blanchir encore de manière rudimentaire comme cela a cours dans les pays moins avancés
notamment africains.
Si la lutte contre le blanchiment est inscrite dans différentes conventions
internationales sous l‘égide de l‘ONU, le groupe d‘action financier sur le blanchiment de
capitaux (GAFI) en est la pierre angulaire. Pour autant, le souhait d‘un meilleur contrôle de
la finance internationale trouve ses limites devant le principe de règlementations financières.

2
Petrus C. van Duyne;Jackie H. Harvey;Liliya Y. Gelemerova, The Critical Handbook of Money
Laundering, Policy, Analysis and Myths, avril 2018.
4
Jeffrey Robinson, Hubert Tezenas, les blanchisseurs, septembre 1995.

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In fine, un combat asymétrique émerge entre structures policières et organisations criminelles,


les unes voient leurs actions entravées par des déréglementations différentes que le maillage
de la coopération internationale ne pallie avec suffisamment d‘efficacité. Les autres profitent
de la mondialisation financière des possibilités offertes par les nouvelles technologies et des
résistances opposées par des places offshores agissant au nom de leur souveraineté.
Depuis 2008, les organisations internationales tels que le FMI, le GAFI et certaines
ONG attestent que les estimations chiffrées oscillent entre 1800 et 2000 milliards de dollars
provenant de la criminalité organisée était blanchit dans le Monde5. Cette évaluation citée
avec constance depuis près de deux décennies a fait flores depuis 1995. Si aucun consensus
n‘existe pour chiffrer le phénomène, la majorité des experts ayant renoncé à quantifier
l‘invisible, le montant en jeu demeure considérable. Il continue de s‘accroitre et de pervertir
l‘économie mondiale à mesure que le chiffre des marchés criminels se développe. Plusieurs
outils permettent le blanchiment des capitaux parmi lesquels les services numériques tels que
la monnaie électronique, la monnaie virtuelle.
Selon le règlement n⁰ 01/11/CEMAC/UMAC/CM de l‘exercice de l‘activité
d‘émission de la monnaie électronique définit la monnaie électronique comme une valeur
monétaire incorporée sous forme électronique contre remise des fonds de valeur égale, qui
peut être utilisée pour effectuer des payements à des personnes autres que l‘émetteur, sans
faire intervenir des comptes bancaires dans la transaction.
L‘adoption des stratégies nationales des services financiers digitaux élaborés par
plusieurs Etats membres de la CEMAC, ainsi que l‘adoption et la mise en vigueur de textes
réglementaires favorisant le développement de l‘offre et de la demande des services de
payements numériques contribuant à la diffusion de ces instruments financiers dans la
CEMAC. Cependant cette révolution technologique financière effectuée au moyen des
services de payement numérique peut favoriser le blanchiment d‘argent et le financement du
terrorisme. Outre les méthodes classiques et traditionnelles du blanchiment, l'essor de
nouvelles techniques sophistiquées présente aujourd'hui un nouveau défi. C‘est dans ce sens
que H.Ploix dans son ouvrage Ethique et marchés financiers7, énonce : <<Les technologies
nouvelles qui permettent le développement des techniques financières, telles que les produits
dérivés, ont radicalement transformé la sphère financière au moins dans trois aspects : elles
ont écrasé l‘espace et le temps; elles permettent des effets de levier et des déplacements de

5
Présentation du GAFI dans la partie 3,
7
H.Ploix, Ethique et marchés financiers, 1996.

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monnaie sans rapport avec la réalité des échanges; elles donnent à des machines le pouvoir
d‘agir et de contrôler les actions des hommes [...]. Tous ces éléments concourent à créer un
fossé entre la réalité, le concret et l‘homme de finance. Aujourd‘hui, par exemple, les
volumes des transactions sur les monnaies représentent environ soixante fois le volume des
échanges commerciaux de biens et de services.
De ce fait, nous pouvons dire qu‘au fur et à mesure que le monde économique évolue,
le problème du blanchiment se complexifie. Il ne faut pas croire que les motivations des
blanchisseurs ont changé puisqu‘il s‘agit toujours de donner une existence légale à des biens
acquis illégalement, en camouflant des profits et en dissimulant leur origine criminelle.
Néanmoins, avec l‘avènement (desdites) nouvelles technologies, les moyens diffèrent à
travers les services de payement numérique (monnaie électronique, banques sur Internet).
Sous un autre angle, la mondialisation financière a autorisé une exploitation maximale
des possibilités proposées par les avancées technologiques et le phénomène de
concentrations. Alors, on assiste véritablement à l‘apparition de «l‘ère de l‘argent virtuel »
qui a contribué efficacement à la constitution d‘ « un paradis financier pour les
blanchisseurs».
Ce sont ces multiples raisons qui nous ont orienté à axer notre travail sur ce point, en
définissant ainsi le titre de notre mémoire qui s‘intitule: << Risque de blanchiment des
capitaux liés aux services de payement numérique : cas du Cameroun >>.

2- Problématique et questions de recherche


L‘émergence des services de payements numériques, particulièrement par téléphonie
mobile, les cartes bancaires, les flux de transferts formels et même informels comme la
cryptomonnaie, notamment dans les zones UEMOA et CEMAC, a significativement évolué.
Les transferts numériques nationaux et internationaux et l‘usage de la monnaie numérique
entrainent des risques de fraude, de blanchiment d‘argent et de financement du terrorisme, et
leur développement pose des problèmes de la mise en conformité des nouveaux acteurs aux
réglementations régionales et internationales, de l‘adaptabilité de celles-ci liés aux évolutions
technologiques et de la mise en œuvre des cadres règlementaires adaptés et proportionnés aux
risques et aux opportunités de la digitalisation des transferts. En effet lors de l‘appel de
Genève de 1996, les déclarent ( à chercher)que : <<à l’heure des réseaux informatiques,
d’internet, du modem et du fax, l’argent d’origine frauduleuse peut circuler à grande vitesse
d’un compte à l’autre, d’un paradis fiscal à l’autre, sous couvert de sociétés off-shore,

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anonymes, contrôlées par de respectables fiduciaires généreusement appointes. Cet argent


est ensuite place ou investi hors de tout contrôle. L’impunité est aujourd’hui quasi assurée
aux fraudeurs. Des années seront en effet nécessaires à la justice de chacun des pays africain
pour retrouver la trace de cet argent, quand cela `ne s’avèrera pas impossible dans le cadre
légale actuel, hérite d’une époque où les frontières avaient encore un sens pour les
personnes, les bien et les capitaux>>8
Il est apparu que les défaillances des systèmes financiers à maîtriser les transactions
financières effectuées au moyen des services de payement numérique peuvent favoriser le
blanchiment d‘argent et le financement du terrorisme. Phénomènes qui constituent une
menace pour la stabilité financière et la prospérité économique des Etats (Lawack, 2013)9. En
ce qu‘ils peuvent compromettre l‘intégrité du système financier, fausser l‘allocation des
ressources financières.
A titre illustratif, selon l‘Agence Nationale des Technologies de l‘Information et de la
Communication (ANTIC) du Cameroun, 12 800 cyber - attaques ont été enregistrées en 2017
et 49 millions de cyberattaques ont été neutralisées par Kaspersky en Afrique au premier
trimestre 2014. Ces attaques ont une incidence désastreuse sur l‘économie. A cet effet, selon
une enquête réalisée par une entreprise de conseil en cyber sécurité (SERIANU), la
criminalité informatique a fait perdre à l‘Afrique près de 3,5 milliards de dollars en 201710.
L‘une des avancées majeures en la matière a été l‘arrivée de la monnaie électronique
d‘une part, matérialisée par les nouveaux moyens de paiement (NMP), comme instruments de
règlement et d‘autre part la naissance de la monnaie virtuelle (cryptomonnaie). Toutefois, si
les transactions financières qu‘ils permettent d‘effectuer ne sont pas parfaitement tracées, la
large diffusion des services de payement numérique peut favoriser la réalisation d‘opérations
de blanchiment d‘argent et de financement du terrorisme. Aussi, selon l'Office des Nations
Unies contre la drogue et le crime, le montant estimé du blanchiment d‘argent dans le monde
en une année est de 2 à 5 % du PIB mondial, soit de 800 à 2 000 2 000 de dollars
américains11. Par conséquent, les tentatives mondiales pour étouffer le blanchiment d'argent

8
Appel de Genève, 1er octobre 1996
9
Viviene A. Lawack, Mobile Money,financial inclusion and financial integrity : rhe south african case,8 wash,
J.L Tech.& arts, 2013.
10
INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE ET CYBER CRIMINALITÉ. Impact sur l‘activité économique en Afrique
Central. Dr Christian POUT, Publiée dans le Bulletin "Honneur et Fidélité" des Forces de Défense
Camerounaises de décembre 2020
11
Présentation du GAFI dans la partie 3, Les différents chiffres avancés engendrent toujours quelques débats et
polémiques, notamment étayés par jean Cartier-Bresson (collectif, 2002) mais on peut raisonnablement le
considérer proche de la réalité.

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ont augmenté au fil du temps et sont devenues plus coûteuses que jamais à l'ère des progrès
numériques. Il ressort du présent exercice, des typologies qui portent sur les cartes prépayées,
les paiements faits au moyen d‘un téléphone mobile (mobile money), les crypto monnaies
ainsi que ceux réalisés en ligne sur des sites internet, que le volume des transactions
effectuées au moyen des services de payement numérique, connaît une forte croissance dans
la CEMAC.
Par ailleurs, le manque de traçabilité des paiements réalisés au moyen des services de
payement numérique, les défaillances des dispositifs réglementaires et de surveillance, et
l‘anonymat des auteurs de certaines transactions constituent les principaux facteurs de risques
de blanchiment d‘argent et de financement du terrorisme. En effet, véritable aubaine pour les
blanchisseurs, les nouvelles technologies de paiement rendent l‘identification des utilisateurs
difficile, de même que la libération et la dérégulation des marchés financiers, ont facilité le
blanchiment à grande échelle.
Ouverte à une large clientèle, les services de payement numérique serraient-ils des
instruments au service de délinquants et des personnes coupables d‘activités de blanchiment
de capitaux ou de financement du terrorisme ? Quels sont les risques de blanchiment lies à
ces services au Cameroun.

3- Questions de recherche
Principale

 Quels sont les risques de blanchiment de capitaux liés aux services de payement numériques?

Spécifiques
 Les risques de blanchiment de capitaux sont-ils liés aux services de payements électroniques
(mobile money)?
 Les services de payement virtuel (cryptomonnaie) sont-ils des catalyseurs de l‘augmentation
des risques de blanchiment de capitaux?

4- Objectifs de l’étude
L‘objectif principal est d‘évaluer les risques de blanchiment de capitaux utilisés dans
le secteur de payement numérique.
Les objectifs spécifiques sont :

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- Montrer les typologies et techniques de blanchiment de capitaux liés aux monnaies


électroniques et virtuelles.
- Evaluer l‘adéquation du cadre juridique existant pour la régulation et la supervision
dans secteur de la numérisation des services de payement numérique.
- Déterminer les principaux obstacles à la mise en œuvre effective des normes de
LBC/FT dans secteur de financier numérique dans la région.
- Evaluer et déterminer les méthodes les plus couramment utilisées pour blanchir les
produits illégaux dans secteur financier numérique (payement numérique).

5- Hypothèses de travail
L‘étude s‘appuie sur l‘hypothèse principale selon laquelle la digitalisation des services
des payements est un facteur qui accentue le risque de blanchiment des capitaux au
Cameroun.
Les hypothèses sont donc formulées :
- Hypothèse 1 : La monnaie électronique (mobile money) est un catalyseur de
l‘augmentation de risque de blanchiment de capitaux.
- Hypothèse 2 : La monnaie virtuelle (cryptomonnaie) est un instrument de
l‘accroissement des risques de blanchiment d‘argent.

6- Intérêt de l’étude :
Cette étude s‘inscrit dans le cadre de la complexité du tissu économique du pays, la
structuration de son secteur financier, les contraintes culturelles, les multiples formes que
revêtent les crimes financiers. En effet, le blanchiment de capitaux qui consiste à donner une
apparence légale à des capitaux qui en vérité proviennent des activités illicites (la
cybercriminalité, fraudes fiscales et financière etc.) fragilise davantage les économies. Ainsi
le rapport d‘activité publié par L‘ANIF dévoilant un risque ‗‘ élevé ‗‘ pour ce qui est de la
menace nationale en matière de blanchiment de capitaux d‘autant plus que bon nombre de
secteurs sont en proie à de multiple malversation financières, notamment celui de la banque,
bureaux de change, casinos, pour ne citer que ceux-là.
Cette étude a un intérêt multiple. Nous allons présenter d‘une part l‘intérêt personnel
et d‘autre part l‘intérêt pour l‘autorité monétaire.

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 Intérêt personnel
Ce travail nous donne l‘occasion d‘utiliser les connaissances que nous avons acquises
au cours de nos études, afin de confronter à une situation réelle et pratique. Ensuite elle a un
intérêt dans le fait qu‘elle nous donne la possibilité de nous exercer dans notre domaine
d‘étude en recherchant des solutions adaptées à exercer dans un domaine d‘étude en
recherchant des solutions adaptées a un problème de gestion donnée. Nous avons porté le
choix sur ce sujet dans le but de savoir comment le Ministère des finances mène sa politique
dans la lutte contre les risques de blanchiment des capitaux plus précisément ceux liés aux
nouvelles technologies. Cette étude permettra non seulement d‘acquérir une expérience
professionnelle et de consolider nos connaissances sur différents aspects techniques de la
finance et la banque mais aussi ses fonctionnements et d‘avoir une bonne formation dans le
domaine de lutte contre le blanchiment des capitaux.

 Intérêt pour l’Autorité Monétaire


A partir des connaissances et expériences acquises suite à l‘élaboration de cette étude,
le travail nous permettra de proposer des recommandations à l‘Autorité Monétaire pour la
gestion de risque en matière de blanchiment d‘argent lié aux services numériques financiers.
Cette recherche apportera aux acteurs du secteur économique et à l‘Etat la connaissance des
risques de blanchiment des capitaux associés aux services numériques financiers et un certain
nombre de leviers sur lesquels ils peuvent actionner pour atténuer le risque de blanchiment
des capitaux lies aux services financiers digitaux.

7- Revue de la littérature
Les nouvelles monnaies numériques se multiplient. Monnaies électroniques, mobiles
et autres monnaies virtuelles apparaissent partout dans le monde et suscitent un attrait encore
inédit jusque-là. Or, si le débat économique entre les néo-classiques et les néo-keynésiens
semblait clos sur la question au début des années 2000, les nouveaux supports monétaires
réactivent interrogations et analyses, la problématique de fond restant sur la question de la
dématérialisation et la position face aux monnaies privées. Le système bancaire hiérarchisé
subit directement l‘impact de ce phénomène et le système de paiement que nous connaissons
est remis en cause12. Au-delà des aspects factuels, les nouveaux acteurs et les nouvelles

12
Aglietta Michel et Scialom Laurence, Les risques de la monnaie électronique, L'Économie politique, 2002/2 no 14, p. 82

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monnaies numériques contestent la vision contemporaine de la monnaie puisqu‘ils tendent à


s‘affranchir des institutions monétaires et bancaires. Alain Laurent et Virginie Monvoisin13
suscitent l‘intérêt et la curiosité du grand public et des observateurs ; Apple, Google et
Facebook proposent de nouveaux instruments de paiements. Cette dématérialisation des
supports monétaires concentre bon nombre d‘interrogations. Néanmoins, les innovations
monétaires semblent suivre une dynamique forte qui résulterait de la maturité de grands
groupes issus d‘internet, de créations technologiques et de remises en cause de la finance
traditionnelle au lendemain de la crise financière( krach boursier de 2001-2002, crise de
surinvestissement dans les télécoms et surendettement dans les sociétés ).
Il est vrai que le sujet avait fait l‘objet de nombreux débats à la fin des années 1990 et
au début des années 2000, car cette période correspond à l‘émergence d‘internet, à
l‘électrisation des systèmes de paiement et aux premiers porte-monnaie électroniques. Or
l‘apparition de nouvelles monnaies numériques réactive le débat ancien de la concurrence et
de la pluralité monétaire : cette dernière étape de la dématérialisation monétaire provoque
nécessairement des interrogations, comme les autres phases de la dématérialisation avant
celle-ci. La dimension privée de ces monnaies ravive plus précisément des questionnements
d‘ordre institutionnel autour du système bancaire hiérarchisé, et d‘ordre théorique quant à la
définition de la monnaie et de sa dimension macroéconomique. Dans l‘abondante littérature
qui se fait jour sur la question, le vocabulaire est souvent imprécis et fluctuant. Nous
distinguerons, parmi les nouvelles monnaies numériques, les monnaies électroniques au sens
strict — porte-monnaie électroniques et autres monnaies mobiles, des monnaies virtuelles
comme les crypto monnaies. En effet, ces instruments ne sont pas de même nature et leurs
enjeux sont radicalement différents, du point de vue du système bancaire que de celui de la
théorie monétaire. Grâce aux progrès de la technologie en matière de transmission des
données, et à leur diffusion toujours plus large via des supports variés, ordinateurs, téléphones
mobiles, le monde des paiements s‘est enrichi de nouveaux instruments qui ne sont pas tous
de même nature : on y rencontre de simples instruments innovants de transfert de fonds
(monnaie électronique) mais aussi des monnaies parallèles (monnaies virtuelles de type
cryptomonnaies).

13
Alain Laurent et Virginie Monvoisin, Les nouvelles monnaies numériques : au-delà de la dématérialisation de
la monnaie et de la contestation des banques, Open Edition Journal, automne 2015 .

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Le monde des paiements s‘est également enrichi de nouveaux acteurs : les services de
paiement ne sont plus un monopole aux mains des banques, de nombreuses firmes non
bancaires en sont désormais prestataires — opérateurs de téléphone mobile, réseaux sociaux,
plateformes d‘e-commerce, etc.
Bien que le débat entre économistes néo-classiques et néo-keynésiens sur la monnaie
électronique ait gagné en intensité ces dernières années, la monnaie électronique, en elle-
même, n‘est pas une innovation très récente. Depuis déjà longtemps les systèmes de transferts
électroniques de fonds permettent de débiter et créditer les comptes bancaires en utilisant des
impulsions électroniques.
Selon le rapport de la Banque Mondiale14, les paiements électroniques représentent
près de 90 % de la valeur des transactions dans les pays développés. Pour autant, la monnaie
électronique n‘est pas une réalité facile à circonscrire. Elle apparaît multiforme et évolutive.
Les systèmes de transferts électroniques de fonds désignent une gamme très large de
dispositifs, qui vont du guichet automatique à la banque virtuelle sur Internet. Or, il est
nécessaire de préciser, dans cet éventail de modes de paiement, ceux qui constituent une
simple innovation. Les enjeux de la monnaie électronique systèmes antérieurs, et ceux qui
font véritablement rupture et portent de nouveaux risques. Cette tâche de clarification passe
par la mise en évidence de deux générations de monnaie électronique, qui ne se sont pas
substituées l‘une à l‘autre mais coexistent actuellement, même si, quantitativement, les
paiements qui s‘inscrivent dans la première génération dominent encore largement. La
première génération de monnaie électronique est constituée de modes de paiement opérant
dans des réseaux contrôlés par les banques. On trouve dans cette catégorie les dépôts directs
et les paiements pré- autorisés : ainsi en est-il le plus souvent pour le paiement des salaires,
dividendes, remboursements de frais médicaux ou pour les prélèvements automatiques
assurant le règlement de certaines factures ayant une périodicité fixe. Pour les paiements de
détail, les cartes plastiques sont les instruments électroniques des consommateurs. Cette
forme de monnaie a une acceptabilité plus étendue que les chèques et représente pour les
banques un coût de traitement bien inférieur à celui de la monnaie scripturale. Ces paiements
électroniques de première génération s‘inscrivent dans des circuits fermés : les banques sont
les passages obligés de connexion.

14
Rapport de la banque mondiale : les transactions sont d‘une importance vitale pour la croissance économique,
28 aout 2014

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L‘efficience du système de paiement (réduction des coûts de traitement, accroissement


de la sécurité et de la rapidité) a été accrue par la généralisation de cette monnaie électronique
de première génération, mais la structure du système de paiement n‘a pas été
fondamentalement modifiée : elle demeure hiérarchisée. Les banques endossent la
responsabilité de la sécurisation des paiements de détail par carte, elles ont un droit de regard
sur l‘habilitation d‘un commerçant à être payé par carte, elles imposent des limites de crédit à
chaque détenteur de carte et elles garantissent la finalité des paiements pour le payé en cas de
défaut du payeur. Cette délégation de la sécurité des paiements de détail aux banques a pour
contrepartie le respect des règles prudentielles imposées par la banque centrale.

8- Méthodologie et technique de recherche

L‘élaboration de ce travail s‘est faite en analysant des outils suivant : l‘interview,


l‘observation et l‘histoire de vie qui permettent en fonction du contexte d‘atteindre les
objectifs de recherche souhaités. Elle comporte trois étapes ;

 La première étape consiste à préparer l‘étude. Il s‘agit d‘identifier le problème afin de


déterminer de façon précise l‘objet de l‘étude. Chaque information ayant un cours. Il
est important à ce niveau de s‘assurer que l‘objectif de l‘étude est réalisable compte
tenue du budget attribue. C‘est à ce stade de l‘enquête que l‘on détermine deux
éléments essentiels à la réalisation de l‘étude qualitative : l‘échantillon et le guide
d‘entretien
Dans ce cadre d‘une enquête qualitative, l‘échantillon comporte un petit nombre
d‘individu. Il n‘a donc aucune validité statistique : on ne cherche pas à représenter
statiquement la population mais à identifier l‘ensemble des situations possible. Le guide
d‘entretien s‘articule quant à lui autour de quelques points ou thèmes à aborder et à
approfondir. Les thèmes ne sont pas de questions ouvertes l‘introduction de l‘entretien est une
étape cruciale du guide. Elle vise à installer le contexte de l‘Interview, à placer l‘interview
dans une situation de confiance et à lancer le discours.
 La deuxième étape consiste à la réalisation de l‘étude. Le rôle de l‘‘enquêteur est
d‘inciter le répondant à se livrer librement sans toutefois influencer son discours. En
effet, le déroulement de ce type d‘entretien repose sur les principes de la non

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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directivité ; il s‘agit de recueillir les informations de la personne interrogée sans


influencer le contenu
 La troisième étape est centrée sur un recueil documentaire :
Le recueil documentaire permet de collecter des informations à partir d‘écrits déjà
existants sur le sujet de recherche (documents externes : sites Internet, plaquettes, documents
internes, rapports d‘activités, organigrammes…).
Pour l‘étude sur le blanchiment d‘argent lie à la digitalisation des services financiers
digitaux, un recueil documentaire reviendrait à étudier
- Les sites Internet sur l‘économie numérique : cairn, science direct
- Les textes de loi sur le blanchiment de capitaux et des services numériques :
- Les articles universitaires ou de presse, des entretiens ou des livres à ce
sujet document externe :
- Les rapports d‘activités : rapport d‘activité sur l‘évaluation des risques de blanchiment
des capitaux et financement du terrorisme ; rapport d‘activité de l‘agence nationale
d‘investigation financière (ANIF)
Ainsi pour mieux cerner notre problématique , nous avons procédé à l‘observation directe
de l‘organisation de la direction coopération monétaire et financière plus précisément la
cellule enquête et statiques sur son volet d‘évaluation des risques de blanchiment des
capitaux, des entretiens avec le chef service et responsable de la cellule enquête et statistique,
des questionnaires dirigées aux personnels des organismes de lutte contre le blanchiment des
capitaux , organismes à décomposition des données récoltées en vue d‘émettre un jugement
lié à l‘objectif de notre étude Puisque la gestion des risques de blanchiment des capitaux
bancaires est sujette à une large variété d‘analyses, certaines balises seront appliquées.

9- Annonce du plan
La particularité de cette recherche repose d‘abord sur la délimitation du champ
d‘analyse, à travers un large échantillon d‘acteurs financiers, sur la définition des concepts de
blanchiment des capitaux et digitalisation des services numériques. Cette recherche introduit
également des nouveaux déterminants des risques de blanchiment de capitaux liés aux
services numériques financiers. Enfin, elle s‘intéresse à l‘analyse d‘un type de risque à savoir
le risque de blanchiment des capitaux liés aux services de payement numérique.
Pour répondre à notre problématique et vérifier les différentes hypothèses, ce mémoire
est organisé en deux grandes parties.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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La première partie sera consacrée aux fondements théoriques des risques de


blanchiment de capitaux et digitalisation des services de payement (chapitre1: Généralité sur
le risque de blanchiment d‘argent lié aux services des payement numériques ; chapitre2 :
typologies des risques de blanchiment liés aux services de payement numérique) Quant à la
deuxième partie, il s‘agira de l‘étude empirique et l‘analyse des résultats sur les risques de
blanchiment des capitaux associés aux services de payements numériques au Cameroun
(chapitre3: méthodologie de la recherche ; chapitre4 : analyse des résultats et
recommandations).

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS THEORIQUES DES


RISQUES DE BLANCHIMENT DES CAPITAUX LIES AUX
SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUE
Introduction de la première partie

En 2018, le Forum économique mondial a observé que la criminalité financière était


une industrie de mille milliards de dollars et que les entreprises privées dépensaient environ
8,2 milliards de dollars pour les seuls contrôles de lutte contre le blanchiment d'argent en
2017. Auparavant, le blanchiment d'argent était étroitement associé à des structures de
transaction alambiquées, aux sociétés écrans et aux comptes ‗‘off-shore‘‘. Cependant la
dynamique a radicalement changé avec la technologie et les innovations numériques, car les
criminels exploitent et découvrent de nouveaux moyens de blanchir leurs capitaux faisant
ainsi peser sur le secteur financier de nouveaux risques financiers. Le taux de blanchiment
d'argent a augmenté et est désormais omniprésent dans les innovations technologiques,
notamment les monnaies numériques les portefeuilles électroniques, les cartes prépayées, les
services de paiement par téléphone portable et par cryptage des actifs financiers.
Les monnaies numériques sont généralement préférées dans les contextes où
l'anonymat et l'obscurité des transactions sont valorisés (par exemple, le commerce illégal).
Par exemple, lorsqu'une monnaie numérique telle que l'ecache (qui est une monnaie d'or
numérique) est utilisée par les blanchisseurs d'argent, elle leur permet de rester dans l'ombre
de l'anonymat car les utilisateurs ne sont pas tenus de fournir des informations personnelles
de même, bien que toutes les transactions effectuées.

Nous allons présenter les différentes théories et les concepts sur le risque de
blanchiment lies aux services de payement numérique dans le premier chapitre ; puis les
variables du risque de blanchiment d‘argent via les services de payement numérique au
deuxième chapitre.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LES RISQUES DE


BLANCHIMENT DES CAPITAUX LIES AUX SERVICES DE
PAYEMENT NUMERIQUE

Dans ce chapitre, nous présenterons d‘une part le cadre conceptuel du risque de blanchiment
d‘argent lié au service du payement numérique et d‘autre part présenter les différentes
théories développées par les auteurs sur le risque de blanchiment des capitaux et les services
de payement numérique.

SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL DU RISQUE DE BLANCHIMENT


D’ARGENT

Cette section est destinée à la présentation du cadre conceptuel du blanchiment


d‘argent.

I. Risques de blanchiment d’argent :


Nous présenterons d‘abord le concept de risque ensuite le processus de blanchiment
dirigent et enfin ses sources.
1- Définitions
a- Risque :
On distingue plusieurs types de risques dont les principaux sont :
Risque de crédit : C‘est le risque de signature c‘est-à-dire de non remboursement ou
d‘insolvabilité. Il se matérialise lorsque que le débiteur ne peut honorer son engagement à
l‘échéance.
Risque de marché : C‘est le risque lié à la fracturation des taux d‘intérêts des emplois et des
ressources, des cours de la bourse, des cours de change.
Risque de liquidité : C‘est le risque que la banque se trouve dans l‘impossibilité de faire face
à ces engagements. Répondre à un retrait massif d‘espèces, régler un solde de compensation
rembourser un emprunt obligataire, rembourser une dette interbancaire.
Risque opérationnel : C‘est un Problème découlant des procédures non respectées, de l‘outil
informatique, de la malveillance humaine, de la non-conformité, les règles de droit, des
ressources humaines, des systèmes défaillants, d‘évènement externes.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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Risque systémique : C‘est le risque inhérent à tous le système bancaire : faillite d‘une
banque, contagion, défaillance des systèmes de contrôle. D‘où la nécessité de la supervision
bancaire et des normes prudentielles.
Risque politique : C‘est le risque correspondant à l‘ensemble des évènements ou décisions
d‘ordre politique ou administratif, national ou international pouvant entrainer des pertes
économiques, commerciales ou financières pour l‘entreprise importatrice ou exportatrice, ou
investissant à l‘étranger.

b- Blanchiment d’argent
Le dictionnaire de droit international public décrit le blanchiment d‘argent comme :
<< l‘opération consistant à donner une apparence licite à un bien d‘origine illicite, qu‘il soit
corporel ou incorporel, par des opérations de transfert ou de conversion de ce bien auprès
d‘institutions financière ou de crédit. Le blanchiment peut être le fait soit de l‘auteur de
l‘infraction principale, qui lui a permis de se procurer ce bien, soit d‘un complice de l‘auteur,
soit d‘une personne qui n‘a pris aucune part dans l‘infraction principale, mais qui apporte en
connaissance de cause son concours à la conversation ou au transfert du bien pour en cacher
l‘origine illicite. ».
En fait, ce qui est couramment appelé blanchiment de capitaux d‘après Eric
Venier18suppose la réunion de quatre éléments ; des capitaux d‘origine illicite du point de vue
de la morale, illégales du point de vue du droit ; des opérations financières complexes et
multiples ; des détenteurs qui se sentent dans l‘impossibilité d‘utiliser en état de telle fonds ;
dissimuler l‘origine des fonds afin de permettre à une personne ou organisation criminelle de
les réemployer légalement
Le blanchiment correspond à une sorte d‘opération de change : argent sale contre
argent propre. Il suit en général trois phases : prélavages, lavage, essorage. Il sera investi dans
l‘immobilier ou dans une des entreprises industrielles et se présentera définitivement propre,
engendrant alors de l‘argent tout à fait légal. Le blanchiment d‘argent est un processus servant
à dissimuler la provenance criminelle des capitaux (traffic de drogue, traffic d‘arme,
corruption, prostitution etc.). L‘objectif de l‘opération, qui se déroule en plusieurs étapes,
consiste à faire croire que les capitaux illégalement acquis ont une source illicite et à les
insérer dans le circuit économique.

18
Eric Venier, Blanchiment et moyens de lutte, 4e édition.

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L‘escroquerie, les délits d‘initiés, la corruption ou la fraude informatique permettent


également de dégager des bénéfices importants, ce qui incite les délinquants à «légitimer» ces
gains mal acquis grâce au blanchiment de capitaux.
Les blanchisseurs se sont toujours employés à dissimuler la provenance des valeurs
patrimoniales acquises criminellement pour effacer toute trace de leurs méfaits. Toutefois, les
formes d‘apparition et les dimensions de ce genre de crime ont évolué ces dernières années.
Les méthodes utilisées pour le blanchiment ont beaucoup changé et le criminel venant déposé
les liasses de billets au guichet d‘une banque appartiennent au passé, les techniques de
blanchiment devenant toujours plus sophistiquées.
2-Processus de blanchiment d’argent
Le blanchiment d‘argent est l‘un des crimes les plus importants de l‘époque moderne
vu qu‘il est composé d‘un ensemble d‘opérations financières et commerciales consécutives
destinées à dissimuler la source illicite de l‘argent mal gagné. La première inquiétude
concernant le blanchiment de capitaux est son lien de longue date avec le trafic illégal de
stupéfiants. Les trafiquants de stupéfiants cherchaient généralement à passer du système de
petites coupures à celui de comptes bancaires légaux, d‘instruments financiers ou d‘autres
actifs19
« D‘une certaine façon, ‗‗le processus du blanchiment d‘argent‘‘ à l‘effet d‘un filtre
financier. Les fonds à dissimuler pénètrent à un bout de la machine et en ressortent à l‘autre
bien propre et consciencieusement déguisés. »20
Cette opération complexe qui se matérialise par un cycle de transactions se déroule en trois
stades : tout d‘abord le placement, ensuite la dissimulation et finalement l‘intégration. Nous
évoquerons brièvement en quoi consiste chacune de ces trois phases :

a- Le placement
 Définition
Le placement se caractérise par le débarras des capitaux générés du crime en les faisant
intégrer les circuits commerciaux et/ou financiers. À ce stade, l‘agent, conscient de l‘illicite
de l‘argent qu‘il en a sa possession, cherche à trouver un moyen par lequel il serait possible
d‘injecter les liquidités présentes entre ses mains dans le cycle de l‘économie légale.

19
Cf. La banque mondiale, « Guide de référence sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et contre le
financement du terrorisme ». (2003), chapitre I, p. 7
20

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Cette phase peut revêtir diverses formes, y compris le dépôt des fonds dans un compte, la
conversion des fonds en tout autre devise ou leur échange contre d‘autres modes de paiements
(chèques de voyage et cartes de crédit) et l‘achat de biens meubles et/ou immeubles de grande
valeur (voitures de luxe et antiquités rares). L‘ensemble de ces opérations financières est
souvent réalisé dans des États pratiquant une stratégie économique offshoring ou de paradis
fiscal.
Pour bien cerner le déroulement de cette étape, nous en citerons quelques techniques
et méthodes de « Prélavage ou placement »
Nous allons présenter trois techniques de « prélavage » :
- Fractionner les dépôts bancaires
Pour cette technique, il suffit de déposer l'argent sale, par petites sommes, sur
différents comptes bancaires.
- Déclarer de faux gains aux jeux
Cette méthode consiste à acquérir des plaques de jeux au casino avec de l‘argent
liquide, puis, quelques heures plus tard, les convertir en sommes d‘argent versées par le
Casino. A la question « Comment avez-vous gagné cet argent ? », la réponse sera « Je l‘ai
gagné au jeu. La preuve, voici un bon de versement du casino ».
- Mélanger l'argent sale aux recettes d’un commerce complice
Pour cette méthode les acteurs concernés : les sociétés de pressing, librairies,
boulangeries, bijouteries, casinos, hôtels... Bref, tous les commerces où les clients paient
généralement en liquide, et où il est facile de falsifier le nombre réel de clients. Cette
technique consiste tout simplement à mélanger les billets d'argent sale au reste de la caisse,
puis à tricher sur la comptabilité.

b- La dissimulation
 Définition
La phase de dissimulation est la phase la plus compliquée du processus de
blanchiment d‘argent qui se matérialise par le recours de l‘agent à une série d‘opérations
successives amplement susceptibles d‘ébranler les équilibres économiques dans le système
financier. Le but derrière ces opérations est de brouiller l‘origine frauduleuse de l‘argent ainsi
que la piste de vérification. Il convient de préciser que la plupart des opérations effectuées
sont liées à des comptes ouverts dans des banques offshores ou dans des pays considérés
comme des paradis fiscaux.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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L‘objet de cette phase consiste, d‘une part à rendre les investigations et les recherches
compliquées et de l‘autre, à affaiblir la supervision et le contrôle des autorités sur les
opérations effectuées. Au cours de cette phase, les fonds sont transférés par voie maritime,
terrestre ou aérienne d‘un endroit à l‘autre dans un même pays ou d‘un pays à l‘autre. C‘est à
partir de là que nous pouvons dire que la phase de dissimulation est de nature internationale.

 Méthodes de dissimulation
Les méthodes adoptées aujourd‘hui par les blanchisseurs pour la compilation de leurs
capitaux sont celles relatives aux transferts électroniques et télégraphiques réalisés au sein du
secteur bancaire ;
« Ces transferts offrent aux blanchisseurs une série d‘avantages les aidant à effacer
l‘origine criminelle de leurs opérations comme par exemple : la célérité dans
l‘accomplissement et l‘exécution des transferts, l‘aptitude à dissimuler le nom entre un
nombre considérable de transferts électroniques se déroulant tout au long de l‘année. »
Mis à part le recours à la technique des transferts des capitaux d‘origine illicite, la
dissimulation peut se matérialiser par le recours aux sociétés-écrans ou par l‘achat d‘actions
et d‘investissements via les courtiers.
Finalement, cette phase peut se réaliser par la vente de ce qui a été acheté durant la phase du
placement (les œuvres d‘art, les bijoux, les métaux précieux, les voitures de luxe, etc.) et
l‘effectuation du paiement par chèque, et ce, dans le seul but de rompre le lien existant entre
l‘argent illicite et sa source.

 Éléments clés du stade de dissimulation


Dans son rapport, le GAFI21 a énuméré les éléments-clés de la phase de dissimulation.
Parmi ces éléments citons à titre d‘exemple la création d‘un ensemble complexe de sociétés-
écrans dans plusieurs pays. Pour le GAFI, ces sociétés : « […] permettent de masquer
l‘identité du propriétaire réel des fonds. Leur comptabilité est souvent d‘un accès plus
difficile pour les autorités parce que ces sociétés sont situées dans des zones extraterritoriales
ou appartiennent à des professionnels invoquant le secret et ceux qui les gèrent agissent sur
instructions anonymes et à distance. »

21
GAFI, rapport sur les typologies : vunerabilite sen terme de blanchiment de capitaux, 2021.

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C- L’intégration
Enfin, la phase d‘intégration consiste à réinjecter l‘argent dans les marchés financiers
et de mettre à l‘abri du moindre soupçon cette argent. Cette phase permet de rendre productif
l‘argent du crime d‘une manière conforme au marché. C‘est à partir de là que nous pouvons
parler d‘une « utilisation de l‘argent de façon profitable et respectable » Bref, la phase de
l‘intégration consiste à introduire l‘argent acquis illégalement dans le cycle économique légal.
Conformément au rapport du GAFI, la phase de l‘intégration prend, au Canada, la forme de «
fonds transférés sous forme de prêts à des sociétés au Canada et aux USA ou investis dans des
programmes immobiliers légaux »
Finalement, cette phase est la plus tranquille et la moins risquée du processus de
blanchiment d‘argent puisque les fonds illicites finissent par être combinés avec d‘autres
licites.

3- Les sources de blanchiment d’argent


Deux sources de risques de blanchiment d‘argent sont à distinguer (Gomez et Matelly
22
2018) :
 L‘argent noir ;
 L‘argent sale.
L‘argent noir provient d‘activités légales mais non déclarées. Par conséquent, il s‘agit
de pratiques telles que l‘évasion fiscale et la fraude fiscale. La fraude fiscale est le fait de
falsifier sa déclaration fiscale afin de payer moins d‘impôts en ne déclarant par exemple pas
tout son patrimoine imposable. L‘évasion fiscale quant à elle consiste à éviter ou à faire
diminuer ses impôts en se faisant imposer dans un autre pays, notamment dans un paradis
fiscal. Plusieurs banques suisses ont récemment eu des problèmes avec la justice
internationale pour des motifs d‘aide à l‘évasion fiscale. La plus célèbre d‘entre elles est UBS
qui a été condamnée à plusieurs reprises pour avoir aidé des contribuables à se soustraire à
l‘Administration fiscale de leur pays respectif.
L‘argent sale quant à lui provient d‘activités illégales et criminelles. C‘est l‘argent qui
provient principalement du trafic de drogue et du crime organisé. La transformation de cet
argent « sale » en argent « propre » est le mécanisme de blanchiment.

22
Carole Gomez, sylvie Matelly, argent sale, à qui profite le crime ? la grande hypocrisie, preface de pascal
Boniface, eyrolles, 02/2018.

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2- Organismes de lutte contre le blanchiment d’argent


On les retrouve au niveau international et national

1) Au niveau international
Les organismes qui s‘occupent de la lutte contre le blanchiment et le financement du
terrorisme sont :
- L'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC)
- Le Groupe d'Action Financière sur le Blanchiment des Capitaux (GAFI)
- Le Comité de liaison anti-blanchiment de la Zone Franc (CLAB)
- La Banque mondiale
- Le Fonds Monétaire International (FMI)

a- L’ONUDC

L'Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (en anglais United Nations
Office on Drug and Crime) est un organe du Secrétariat des Nations Unies dont le siège est à
l'Office des Nations Unies de Vienne en Autriche. Fondée en 1997, par la fusion du
Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) et du
Centre pour la prévention internationale du crime des Nations Unies (CPIC), l'organe fut
initialement appelé Bureau du contrôle des drogues et de la prévention du crime et rebaptisé
en octobre 2002. Les objectifs et les domaines de travail de l'ONUDC ont été définis dans sa
stratégie pour la période 2008-2011. Sa mission est d‘assister les États-Membres dans la
réalisation de l‘objectif de sécurité et de justice pour tous en rendant le monde plus sûr face à
la criminalité, aux drogues et au terrorisme.

b- Le GAFI
Au niveau mondial, la lutte contre le blanchiment d‘argent et le financement du
terrorisme est dirigée par le Groupe d‘action financière (GAFI). Le GAFI, dont le siège est à
Paris, est un organisme intergouvernemental qui a été créé en 1989 par le G7 et qui représente
l‘organisation internationale de référence contre la lutte de ces infractions. Le GAFI a pour
but l‘élaboration des normes en matière de lutte contre le blanchiment d‘argent et le
financement du terrorisme. En 1990, l‘organisme a élaboré 40 recommandations visant à
définir un cadre global que chaque pays devrait mettre en place afin de se prémunir contre le
blanchiment d‘argent et également le financement du terrorisme. Ces recommandations sont

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par conséquent les normes internationales que tous les pays appliquer. Suite notamment à
l‘évolution des techniques de blanchiment, elles ont été mises à jour plusieurs fois au fil du
temps, la dernière fois étant en 2012. Tous les pays membres doivent impérativement
respecter les normes du GAFI.

c- CLAB
Le Comité de liaison anti-blanchiment de la Zone Franc (CLAB) regroupe les
institutions impliquées dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme dans les quinze pays africains membres de la Zone franc.
Le Comité de Liaison Anti-Blanchiment de la Zone franc (CLAB) a été créé le 19
septembre 2000, par décision des Ministres des Finances et des Gouverneurs des banques
centrales, réunis à Paris. Le CLAB est chargé de faciliter la concertation entre les pays
membres de la Zone franc et la coordination de leurs actions en matière de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Il leur apporte également un appui
technique dans la mise en conformité des règlementations en vigueur avec les normes
internationales en matière de lutte anti-blanchiment, en particulier les recommandations du
Groupe d‘action financière (GAFI). Il favorise l‘adoption de dispositifs réglementaires et
opérationnels efficaces, au niveau national comme régional. Il concourt, enfin, à la
sensibilisation des opérateurs économiques et des acteurs publics, en veillant à diffuser
l‘information sur les enjeux de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme.

2) Au niveau de la sous-région CEMAC


a- LE GABAC
En Afrique, la lutte contre le blanchiment d‘argent et le financement du terrorisme est
dirigée par le groupe d‘action financière de lutte contre le blanchiment d‘argent en Afrique
Centrale. Le Groupe d‘Action contre le blanchiment d‘Argent en Afrique Centrale (GABAC)
est un organisme de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique Centrale
(CEMAC). Le GABAC a été créé en 2000 avec le mandate de coordonner, dynamiser et
évaluer les actions entreprises au sein des Etats dans le cadre de la lutte contre le blanchiment
d‘argent et le financement du terrorisme. Le GABAC organise également de l'assistance
technique pour ses États membres et facilite la coopération internationale23

23
https://spgabac.org .

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Le GABAC a été reconnu comme organisation observateur auprès du GAFI en février


2012, et depuis, a travaillé avec le GAFI afin de répondre aux critères d'une organisation
régionale de type GAFI (ORTG).
En octobre 2015, le GAFI a reconnu le GABAC comme ORTG et l'a admis comme membre
associé.

b- ANIF
L‘ANIF est une agence nationale (pays de la zone CEMAC) d‘investigation
financière. La création des ANIF et la mise sur pied d‘une instance d‘évaluation des
dispositifs juridiques dans chaque pays en matière, notamment, de lutte contre le financement
du terrorisme, font partie des œuvres accomplies depuis sa création.24

3) Au niveau national
Au niveau national il n‘y a que le MINFI
Au MINFI, la DCMF est une direction générale du ministère des finances Placée sous
l‘autorité d‘un directeur, la direction de la coopération financière et monétaire est chargée : du
suivi de la coopération monétaire et financière internationale, notamment avec le fonds
monétaire international, la banque des états de l‘Afrique Centrale, la zone Franc, le
Commonwealth, les autres unions et zones monétaires ; de la lutte contre la criminalité
économique et le blanchiment d‘argent, en liaison avec l‘agence nationale d‘investigation
25
Financière ; de l‘exécution des enquêtes auprès des établissements de crédit et des
intermédiaires financiers du suivi des investissements directs à l‘étranger et au Cameroun ; du
suivi des mouvements des capitaux du secteur prive avec l‘étranger ; de la tenue des
statistiques monétaires et financières.

II. Les services de paiement numérique


Les instruments de payement numérique sont des signaux enregistrer dans une
mémoire informatique, incorporée dans une carte nominative fournie par l‘émetteur au
porteur (porte-monnaie électronique, incluse dans un ordinateur (Porte-monnaie virtuel) ou
téléphone portable (mobil money) et gérer d‘une façon centralisée ou chargée par
l‘utilisateur. En effet grâce aux progrès de la technologie en matière de transmission des

24
https://www.anif.cm .
25
MINFI, Rapport d‘évaluation sur les risques de blanchiment d‘argent, janvier 2021

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données, et à leur diffusion toujours plus large via des supports variés : ordinateurs,
téléphones mobiles, le monde des paiements s‘est enrichi de nouveaux instruments qui ne
sont pas tous de même nature : on y rencontre de simples instruments innovants de transfert
de fonds (monnaie électronique) mais aussi des monnaies parallèles (monnaies virtuelles de
type cryptomonnaies).

1- Monnaie électronique
1.1- Définitions
Monnaie électronique : C‘est une valeur monétaire incorporée sous forme électronique
contre remise de fonds de valeur égale, qui peut être utilisée pour effectuer des payements à
des personnes autre que l‘émetteur, sans faire intervenir des comptes bancaires dans la
transaction
Porteur : C‘est la personne qui, en vertu d‘un contrat conclu avec un établissement émetteur
de monnaie électronique, détient de la monnaie électronique pour son propre compte
Remboursement de la monnaie électronique : c‘est une conversion de la monnaie
électronique fiduciaire ou scripturale à sa valeur nominale, suivie de sa restitution au porteur
à la demande de celui-ci
Unités de valeur électronique(UV) : Sont des unités de compte de monnaie électronique
Accepteur : Commerçant ou prestataire de services ayant signé un contrat avec un émetteur
de monnaie électronique, en vue de recevoir des règlements par la monnaie électronique
émise par ce dernier.
Autorité de régulation : C‘est un organe chargé d‘autoriser, de contrôler et de surveiller
l‘activité d‘émission de la monnaie électronique.
Comité technique : C‘est une structure ad hoc instituée par le gouvernement BEAC en vue
de l‘instruction des dossiers de demande d‘autorisation d‘exercice de l‘activité de monnaie
électronique.
Distributeur de monnaie électronique : C‘est un établissement offrant au porteur de
l‘instrument électronique, en exécution d‘un contrat conclu avec un établissement émetteur de
monnaie électronique.
Établissement assujettis : C‘est un établissement habilité à exercer l‘activité d‘émission de
monnaie électronique.
Établissement émetteur de monnaie électronique ou émetteur : C‘est un établissement
assujetti débitrice de la créance incorporée dans l‘instrument de paiement électronique.

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1.2- Produits des services électroniques

 Les cartes bancaires internationales prépayées


Dans le système bancaire de la Sous-région, deux types de cartes bancaires circulent :
les cartes de débit, rattachées à un compte bancaire, et les cartes prépayées. Seule. Les cartes
de débit sont adossées à un compte bancaire. Elles permettent à leurs porteurs de retirer des
espèces dans des distributeurs automatiques de billets (DAB) et d‘effectuer des paiements,
soit chez des commerçants équipés de terminaux de paiement électronique (TPE), soit en
ligne auprès de fournisseurs et de banques proposant ce type de règlement. Ces cartes, qui se
présentent sous la forme d‘un support plastique muni d‘une puce, sont personnalisées et
fonctionnent généralement par la saisie d‘un code confidentiel. L‘utilisation de certaines
cartes bancaires peut être limitée à un pays ou à un réseau bancaire. Cependant, les cartes se
rattachant aux circuits de paiement internationaux tels que VISA ou MASTERCARD,
peuvent être utilisées partout dans le monde, dès lors que la fonctionnalité le permettant a été
activée. N‘ayant pas encore adopté les cartes prépayées dans les produits qu‘elles proposent à
leur clientèle, la grande majorité des banques de la sous-région CEMAC continue d‘offrir
uniquement des cartes de débit dont la croissance est proportionnelle au taux de bancarisation
des bénéficiaires.
La carte prépayée fonctionne comme une carte de débit traditionnelle. En effet, le
porteur ne peut effectuer des paiements et/ou des retraits qu‘à concurrence de la valeur
monétaire qui y est stockée. Seulement, contrairement à la carte de débit, la possession d‘une
carte prépayée n‘est pas subordonnée à la détention d‘un compte bancaire. Elle reste toutefois
rattachée à un compte de monnaie électronique ou porte-monnaie électronique et ne peut être
émise que par un établissement expressément habilité. En Afrique Centrale, seuls les
établissements de crédit sont autorisés à émettre la monnaie électronique. Comme avec un
porte-monnaie électronique, le porteur de la carte doit la charger à hauteur d‘un certain
montant. Chaque fois qu‘il réalise une opération d‘achat ou de retrait, les montants et les frais
associés sont soustraits du solde. Et lorsque le solde est épuisé, le porteur doit recharger la
carte pour effectuer de nouvelles transactions. L‘usage de la carte prépayée s‘étend quasiment
à tous : les personnes dépourvues de compte bancaire, les interdits bancaires, les jeunes non
majeurs, les voyageurs et même les titulaires de comptes bancaires qui ne souhaitent pas
fournir leurs coordonnées bancaires.

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En outre, d‘autres fonctionnalités peuvent être associées à une carte prépayée selon les
émetteurs. C‘est le cas des services tels que le transfert d‘argent (carte à carte et mise à
disposition), le paiement de factures ou encore l‘achat de crédit de communication. Sur le
marché bancaire camerounais, certaines banques émettrices de monnaie électronique offrent
même à des entreprises l‘occasion de régler les salaires de leurs employés dépourvus de
compte bancaire, directement dans une carte prépayée créée à cet effet. Toutes ces
fonctionnalités ne sont disponibles qu‘à l‘intérieur d‘une plateforme dédiée, utilisant des
technologies spécifiques et pour la plupart affiliées aux réseaux internationaux Visa et
MasterCard. Les infrastructures logicielles et matérielles varient selon la solution prépayée
retenue par un établissement émetteur. Offrant plusieurs avantages, la carte prépayée est tout
d‘abord une alternative au compte bancaire. Elle permet à son titulaire de bénéficier de
services financiers de base (retraits, paiements, consultation de solde) et de jouir de la
possibilité de stocker ses liquidités sous une forme plus sûre.
Concernant la distribution des cartes bancaires prépayées, un grand nombre de banques
dans la sous-région n‘offrent pas de cartes prépayées. Au Cameroun par exemple, sur les
treize banques qui y sont présentes, seules Ecobank Cameroun, Afriland First Bank,
Atlantique Bank et UBA Cameroun émettent ce type de services de payement numérique.

 Transfert d’argent par ‘‘mobile money’’


Pour l‘essentiel des institutions engagées dans l‘offre de mobile money, ce moyen de
paiement a été introduit dans la Sous-région après 2010. Il permet de réaliser des transactions
grâce à un système d‘unités monétaires via le téléphone mobile. Les transactions par mobile
money sont liées à l‘ouverture d‘un compte électronique. L‘agrément pour offrir un produit
de mobile money par un opérateur de téléphonie mobile est obtenu par une banque partenaire
qui constitue un fonds de garantie permettant de couvrir l‘ensemble des volumes d‘argent
électronique en circulation. Les émetteurs de mobile money sont donc les banques.
Dans la CEMAC, les produits de mobile money suivants sont offerts : Virements
nationaux : transferts d‘argent entre deux personnes résidant dans le même pays ; Stockage
d‘argent : dans certains systèmes, le compte sert à stocker de l‘argent en sécurité, que ce soit
par le biais d‘un compte ouvert dans une banque ou, plus couramment, d‘un compte ouvert au
niveau de l‘opérateur mobile. Paiements de détail : paiements auprès de commerçants
participants. Ces commerçants peuvent être des supermarchés, des distributeurs de biens de

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consommation ou l‘opérateur mobile lui-même (pour l‘achat de crédit de temps d‘appel ou


d‘autres services par les utilisateurs).

1.3- Cadre règlementaire


 Evolution de la réglementation relative aux services de paiement électronique.
La modernisation progressive des systèmes et moyens de paiement dans la sous-région
Afrique Centrale, a conduit à l‘adoption de la monnaie électronique, dont les différents
supports sont regroupés sous l‘appellation NMP, comprenant, comme indiqué, les cartes
prépayées, la téléphonie mobile (mobile money), et les paiements par internet. La
réglementation régissant la monnaie électronique porte d‘abord sur les textes communautaires
relatifs aux moyens de paiement. Elle est par la suite complétée par le règlement nº
01/11/CEMAC/UMAC/CM, l‘instruction nº 01/GR du Gouverneur de la BEAC, ainsi que par
l‘instruction nº 02/GR/ UMAC du 07 mai 2014.
Aussi, ils introduisent pour ces établissements de crédit une obligation d‘information
et le dispositif réglementaire décrit le rôle des intervenants dans l‘activité de monnaie
électronique et les conditions de son exercice. Il a été complété par des dispositions sur le
multibanking, qui visent à garantir l‘interopérabilité dans les transactions par monnaie
électronique dans la CEMAC.

 Dispositif réglementaire relatif aux instruments de paiement électronique.


Le dispositif réglementaire qui régit les instruments de payement numérique dans la CEMAC
s‘inscrit dans le cadre du projet de modernisation des systèmes et moyens de paiement mis en
place par la Banque des Etats de l‘Afrique Centrale (BEAC) en 1999, en vue de moderniser
ces systèmes et de limiter l‘utilisation des espèces dans la Sous-région. Dans le cadre de ce
projet, un dispositif réglementaire a été constitué sous forme des règlements et instructions
suivants :
- Règlement N°01/CEMAC/UMAC/CM du 11 avril 2016 portant prévention et
répression du blanchiment d‘argent et du financement du terrorisme et de la
prolifération en Afrique Centrale. Règlement nº 02/03/CEMAC/UMAC/CM du 04
avril 2003 relatif aux systèmes et moyens de paiement ;
- Règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des établissements assujettis en
matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en

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Afrique Centrale; Règlement COBAC R-2005/02 relatif aux établissements de


monnaie électronique ;
- Règlement nº01/11/CEMAC/UMAC/CM du 18 septembre 2011 fixant les conditions
d‘exercice de l‘activité d‘émission de monnaie électronique, ainsi que les rôles des
autorités de régulation ;
- Instruction nº01-GR du 31 octobre 2011 du Gouverneur de la BEAC, relative à la
surveillance des systèmes de paiement par monnaie électronique, avec en annexe un
cadre référentiel recensant les éléments permettant à la BEAC d‘assurer sa mission de
surveillance de l‘activité;
- instruction nº 02/GR/UMAC du 07 mai 2014 du Gouverneur de la BEAC, 16 relatives
à la mise en place du multibanking dans le cadre de l‘activité d‘émission de la
monnaie électronique.

 Dispositions réglementaires en matière de lutte anti blanchiment et contre le


financement du terrorisme liés aux nouveaux moyens de paiement
Le dispositif règlementaire préconise la mise en place de procédés et de diligences de
lutte anti-blanchiment d‘argent et contre le financement du terrorisme pour pallier les
vulnérabilités liées à l‘utilisation des NMP. Ainsi, le règlement nº 01/CEMAC/UMAC/CM
du 16 avril 2016 portant sur la prévention et la répression du blanchiment des capitaux et du
financement du terrorisme en Afrique Centrale, et les règlements de la COBAC, prévoient
l‘adoption des diligences telles que :
 La connaissance de la clientèle (Know Your Customer, ou le sigle «KYC»): à ce
titre, tout établissement assujetti doit, avant l‘établissement d‘une relation d‘affaires,
prendre des mesures de vigilance (« due diligence ») à l‘égard de ses nouveaux clients.
Elles consistent dans la vérification de l‘identité du client, par l‘exigence de la
présentation d‘un document officiel original en cours de validité, ainsi que dans la
vigilance sur la provenance des fonds, et l‘identification des bénéficiaires et des
personnes qui contrôlent ces fonds ;
 La connaissance des relations d’affaires du client : elle vise à estimer le nombre de
ses relations commerciales. Cette diligence doit être effectuée chaque fois que
surviennent des changements importants dans l‘activité du client. Ce faisant,
l‘assujetti peut apprécier la légitimité des opérations effectuées et détecter celles
suspectes, le cas échéant ;

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 Le contrôle des transactions : les établissements assujettis doivent exercer une


vigilance constante sur leurs relations d‘affaires, et assurer un examen attentif de leurs
transactions pendant toute la durée de la relation. La cohérence des transactions
effectuées par les clients avec la connaissance actualisée de ces derniers, que les
établissements assujettis sont tenus de mettre en œuvre, est ainsi assurée. Cette
diligence est facilitée par la mise en place de systèmes informatisés permettant la
détection d‘opérations atypiques, compte tenu du profil du client ;
 La déclaration de soupçon : les établissements assujettis ont l‘obligation de
désigner au moins un correspondant ANIF (Agence Nationale d‘Investigation
Financière) et COBAC, dont l‘identité est leur communiquée ; ils doivent également
déclarer par écrit, ou, si nécessaire, verbalement, avant ou après exécution, toute
opération objet de soupçon. Tout dirigeant ou agent non officiellement désigné d‘un
assujetti est autorisé à déclarer les soupçons de blanchiment de capitaux et de
financement du terrorisme en cas d‘urgence ;
 La communication des informations: la BEAC et les autres assujettis doivent
communiquer toute information utile à la répression de la criminalité financière aux
cellules de renseignement financier aux autorités de poursuite habilitées et aux
parquets. Les nouveaux moyens de paiement face aux défis de la lutte anti
blanchiment et contre le financement du terrorisme dans la zone CEMAC AOÛT.

2- Monnaie virtuelle

2.1- Définition
Une monnaie virtuelle est une « monnaie non réglementée qui est émise et contrôlée
par ses promoteurs et acceptée au sein d‘une communauté virtuelle déterminée 26» Il existe
plusieurs types de monnaies virtuelles :
 Les monnaies virtuelles circulant en circuit fermé, au sein d‘un groupe de joueurs en
ligne par exemple, comme World of Warcraft Gold. Les joueurs reçoivent (achètent)
une dotation initiale et ne peuvent ensuite acquérir et échanger des unités WOW Gold
que dans le jeu.
 Les monnaies virtuelles utilisables dans une communauté d‘achats, comme les
Facebook Crédits qui, jusqu‘en 2012, permettaient de payer d‘acheter des produits

26
https://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaievirtuelle

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virtuels, comme les jeux sociaux en ligne, ou les Points Nintendo utilisables dans les
magasins ou les jeux Nintendo. Ce type de monnaie s‘achète mais ne peut pas être
converti en monnaie publique, au contraire de la monnaie lancée par Amazon en 2013,
les Amazon Coins. La dotation initiale est perçue à l‘achat d‘une tablette Kindle et les
Amazon Coins servent à acheter des applications.
 Les monnaies virtuelles que l‘on peut acheter et revendre à un taux de change
fluctuant, qui circulent au sein d‘une communauté pour des échanges de produits
virtuels, mais aussi de biens et services dans le monde du commun des mortels. Le
Linden Dollar est ainsi la monnaie virtuelle de la communauté virtuelle Second Life,
au sein de laquelle les internautes créent un avatar qui s‘établit dans un monde virtuel,
y produit, y achète et y consomme des biens et services.
La cryptomonnaie, dite aussi cryptoactif, cryptodevise, monnaie cryptographique ou
encore cybermonnaie, est une monnaie émise de pair à pair, sans nécessité de banque
centrale, utilisable au moyen d'un réseau informatique décentralisé. Elle utilise les principes
de la cryptographie et associe l'utilisateur aux processus d'émission et de règlement des
transactions.

2.2- Origine, fonctionnement et caractéristique de la cryptomonnaie.

a- Origine du terme de cryptomonnaie.


Le terme de « cryptomonnaie » se fonde sur le mécanisme de chiffrement assorti à
cette monnaie d'une nature particulière (en grec ancien kruptos (κρσπτός) : « caché »).
En France, le terme de « crypto-actif » fait référence à « des actifs virtuels stockés sur
un support électronique permettant à une communauté d‘utilisateurs les acceptant en
paiement de réaliser des transactions sans avoir à recourir à la monnaie légale. ». Depuis le
1er janvier 2019, le terme juridique et fiscal consacré dans la loi est celui d'actif numérique,
qui contient techniquement les cryptomonnaies. Auparavant, d'autres termes ont été
successivement utilisés par diverses autorités de régulation.
La Banque de France et même la BEAC réfute le terme de « cryptomonnaie »,
considérant que les cryptomonnaies ne remplissent pas toutes les fonctions d'une monnaie.
Qu'il s'agisse de cryptomonnaie ou de cryptoactif, le radical « crypto » renvoie à la présence
d'un élément « caché », avec le glissement possible vers la connotation négative de
« dissimulé » ou d'occulte, alors que tel n'est pas le cas, puisque l'intégralité des transactions

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sont consultables sur un registre public, exhaustif et mondial, précisant l'horodatage et le


montant échangé entre deux clés cryptographiques publiques (faisant fonction de comptes).
b- Principes de fonctionnement
La cryptomonnaie utilise un système de validation tel que la preuve de travail pour le
protéger des contrefaçons électroniques. Plusieurs variétés de cryptomonnaie sont
développées depuis la première diffusée : le bitcoin introduite en 2009.
Sauf exceptions, la majorité des cryptomonnaies est conçue pour que la création de
nouvelles unités de monnaie soit graduelle, tout en fixant, pour la plupart d'entre elles, un
plafond (une quantité maximale) à la masse monétaire qui sera à terme en circulation. Ce
plafonnement vise à imiter la rareté (et la valeur) des métaux précieux et à éviter
l'hyperinflation. Comparées aux monnaies pourvues d'un cours légal émises par des
institutions financières ou gardées en espèce, les cryptomonnaies sont gérées par un registre
(ou grand livre de comptes) consultable par tous (la blockchain) qui répertorie l'ensemble des
transactions depuis l'origine. Les transactions sont en principe supposées infalsifiables et
inviolables, grâce au recours intensif à la cryptographie. Notons qu'il existe des exceptions à
la règle de l'anonymat, comme le Monero, le Dash, le Zerocoin, le Bytecoin et le Black Coin.

 Minage de cryptomonnaie
Lorsqu'une transaction est émise, elle est transmise et validée par les ordinateurs qui
composent le réseau. Cette validation découle d'un calcul auquel toute personne (ou
ordinateur) peut participer. Dès lors qu'une transaction est validée, chaque ordinateur ayant
participé à sa validation, se voit attribuer un montant de cryptomonnaie, au prorata de sa
participation au calcul. Participer au calcul des transactions de cryptomonnaie requiert un
investissement important, puisqu'il est indispensable d'investir dans des systèmes spécialisés
tels que FPGA ou ASIC (FPGA ou ASIC constituent deux technologies ; les systèmes
spécialisés réunissent le besoin de puissance de calcul nécessaire). D'autres cryptomonnaies
basées sur des algorithmes différents, permettent à des systèmes moins puissants de participer
au calcul. En effet les GPU (processeurs de carte graphique), voir CPU pour certaines
cryptomonnaies, sont suffisamment puissants pour effectuer les calculs rapidement. La
participation à la création monétaire appelée « minage », suit un schéma logarithmique qui a
pour objectif de reproduire la découverte de l'or (ou autres métaux précieux).
Les cryptomonnaies (Altcoin) affichent des ratios de rendement variables (notamment le
Litecoin et le Bitcoin). En effet, les cryptomonnaies secondaires, telles que le Monero ou

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l'Ethereum étant moins répandues, la génération de blocs est plus accessible et moins
concurrentielle. D'autres cryptomonnaies, comme le Gridcoin, reversent une partie du calcul à
des projets scientifiques.
c- Typologies de cryptomonnaies par usage
Chaque cryptomonnaie est adossée à un protocole Blockchain dont la prouesse
technologique pourrait se résumer ainsi l‘échange de valeur par internet est rendu possible.
C'est la naissance des actifs numériques. Alors qu'un fichier électronique peut être copié et
partagé à l'infini (image, texte, musique), la cryptomonnaie n'est pas duplicable.
Cette technologie qui suscite tant d'enthousiasme ouvre la voie à des opportunités
inexplorées. De nombreux projets, portés par des équipes multiples, ont ainsi pu voir le jour.
Voici une classification des différentes crypto-monnaies selon leurs usages.

- Les crypto-monnaies infrastructures


Ces crypto-monnaies sont associées à des plateformes conçues pour exploiter au maximum
les deux aspects évoqués: il s'agit ici de protocoles informatiques permettant la création
d'applications plus complexes, en tirant profit des possibilités offertes par la technologie
Blockchain. Les smart contracts (ou "contrats intelligents") et Dapps (Applications
Décentralisées) en sont les éléments les plus prometteurs. Ces projets se veulent devenir les
socles de création sur lesquels viendront s'appuyer des services nouveaux. Parmi les
applications les plus souvent évoquées, l'on pourrait citer les systèmes de vote décentralisé, la
création de crypto-monnaies dérivées personnalisables, le registre de certifications,
l‘exécution automatique de contrats immuables, la plateforme de levée de fonds, la place de
marché au fonctionnement décentralisé, la base de données publique partagée sécurisée etc.
Exemples : Ethereum, NEO, IOTA, NEM, Waves, Lisk.

-Les crypto-monnaies pour systèmes de paiement


Les monnaies électroniques ici incarnent l'application la plus connue de l'univers blockchain :
un token (ou jeton, pièce, actif numérique) comme unité de valeur pour permettre les
échanges. Il s'agit de l'usage premier du Bitcoin, tel que l'a formulé Satoshi Nakamoto dans
son livre blanc de 2009. Depuis, une multitude de nouvelles crypto-monnaies ont été lancées.
Chacune propose des caractéristiques différentes (Nombre d'unités en circulation, émission et
distribution de la monnaie, rapidité des transactions, niveau d'anonymat, mode de
gouvernance prédéfini etc).
Example: Bitcoin, Bitcoin Cash, Litecoin, Dash, Monero

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-Les crypto-monnaies à usages spécifiques (Services)


De nombreuses applications tentent de s'appuyer sur le potentiel de la technologie Blockchain
pour créer des usages nouveaux. En l'occurrence, la cryptomonnaie est utilisée pour subvenir
à des systèmes économiques variés, en lien avec les services proposés. Pour cette catégorie, le
token répond à une application spécifique. Exemple de Sia qui est un réseau de partage
d'espace de stockage informatique, en pair à pair, et fonctionnant de manière autonome ; ce
système est permis par l'inclusion du SiaCoin, monnaie d'échange sur le réseau, directement
au cœur du protocole. Le champ des possibilités envisageables demeure très large. Les
monnaies électroniques associées répondent à un usage spécifique (preuve d'identification,
échange de service, système de vote, monnaie pour donations, etc).
Exemples : Sia, Storj, Augur, Golem, Civic, Iconomi, Steemit.

2.3- Caractéristiques de la cryptomonnaie


La cryptomonnaie est caractérisée par plusieurs variables à savoir :
 Le réseau de paiement peu développé bien qu'en croissance ;
 Les différentes cryptomonnaies, incompatibles entre elles, avec le développement de
plusieurs types de cryptomonnaies en parallèle ;
 La volatilité élevée ;
 Le risque de déflation/hyperinflation due à création monétaire insuffisante ou trop
importante (quantité de bitcoin limitée à terme par exemple) ;
 La sécurisation nécessaire (comme n'importe quel compte de dépôt ou de paiement) :
mot de passe, double authentification ;
 L‘illégalité dans certains pays;
 La cryptomonnaie perdue (à la suite d'un téléchargement sur une clef USB ou disque
dur) est définitivement perdue ;
 La consommation d'énergie due aux activités de minage de plus en plus importante
 Les monnaies ne dépendant pas de banques centrales ;
 L‘irréversibilité des transactions : le réceptionnaire de la monnaie ne peut pas subir
d'annulation. Inversement, le donneur d'ordre ne peut rétracter son paiement ;
 Le lobby bancaire s'opposant à l'utilisation de ce type de monnaie et défendant les
systèmes de paiement utilisant les monnaies dotées de cours légal ;
 L‘absence de plafond et de minima dans les transferts.

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2.4- Dispositif réglementaire relatif aux services de paiement virtuel.

La Commission de Surveillance du Marché Financier de l‘Afrique Centrale


(COSUMAF) a officiellement interdit toute transaction sur les crypto-actifs le 23 octobre
2020. Une décision qui intervienne dix jours après qu‘elle ait validée le projet de mise en
place d‘une réglementation desdits crypto-actifs le 13 octobre 2020. En effet la COSUMAF
interdit les crypto-monnaies…en attendant la réglementation.
On aurait pu parler de revirement réglementaire mais il n‘en est rien. Dans un
communiqué portant l‘intitulé ―Alerte sur les communications d’offres de crypto actifs‖
et datant d‘hier (23 octobre 2020), l‘ambassadeur Nagoum Yamassoum, président de la
COSUMAF est formel. Il n‘entend pas pratiquer de tolérance administrative à l‘égard des
acteurs des crypto-actifs en Afrique centrale.
« La Commission de Surveillance du Marche Financier de l’Afrique Centrale
(COSUMAF) alerte le public que l’exercice des activités de crypto – actifs dans l’espace de
la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) ne fait pas l’objet
d’encadrement règlementaire. Par conséquent, aucun prestataire d’actifs numériques ne peut
proposer de tels services. » 27
La COSUMAF alerte le public sur la nature risquée de tels investissements et
conseille de rester prudent face à des offres de démarcheurs promettant des rendements
élevés garantis.
Toute entité ou personne se livrant au démarchage du public en vue de réaliser des
placements non règlementés, s’expose à des poursuites conformément aux dispositions
légales et règlementaires en vigueur. »
Telle est la teneur de la sortie du régulateur face à la montée en puissance des activités
de promotion, de placements et d‘investissements dans les crypto-actifs (Bitcoin, Simbcoin,
etc…) dans la sous-région.
Ce qui est interdit par le gendarme financier
En démêlant le Communiqué du 23 octobre, il ressort que deux choses au moins sont
interdites. D‘une part, toutes les activités liées aux crypto-actifs et donc aux crypto-monnaies,
de manière générale. D‘autre part, de manière spécifique, le démarchage financier sur ces
produits numériques.
27
Willy Zogo, CEMAC: la COSUMAF interdit les cryptomonnaies…en attendant la règlementation, droit
médiat finance, 24 octobre 2020( https://droitmediasfinance.com )

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SECTION 2 : CADRE THEORIQUE DU BLACHIMENT DES CAPITAUX LIE AUX


SERVICES DES PAYEMENT NUMERIQUE

Dans cette section, il est question de parler des différentes théories développées dans le
cadre du blanchiment des capitaux inhérent des services de payement numérique.

I. Théorie de l’innovation financière et technologique


Les innovations, qu‘elles soient financières ou technologiques (Fintech), ont fait
l‘objet d‘une série d‘analyses. Nous mettons particulièrement l‘accent sur les innovations
financières dans le cadre de cette réflexion. Les études pionnières de Schumpeter (1934),
Silber (1975) et Kane (1983), demeurent importantes dans l‘explication des innovations
financières. Egalement l‘accent est mis sur les travaux de Silber (1975) et Kane (1983), tout
en évoquant d‘autres analyses relativement récentes. Silber et Kane (1983) s‘intéressent aux
fondements théoriques des innovations liées au relâchement des contraintes comme la
réglementation. Desai et Low (1987) fondent leurs analyses sur le rôle de la demande comme
source d‘innovations. Le point que nous développons met en œuvre uniquement une théorie à
savoir : la théorie de la contrainte. Celle-ci permettra d‘avantage d‘expliquer les motivations
des créateurs et utilisateurs des services de payement numériques et la prolifération de
nouvelle monnaie.
Plusieurs arguments théoriques ont été avancés en premier par Silber (1975) pour
fournir une explication à l‘apparition des innovations financières. Les raisons pour lesquelles
les entreprises sont motivées à innover consistent à contourner certaines contraintes. Ces
dernières sont relatives à la règlementation, l‘intensification de la concurrence, les risques
inhérents à la volatilité accrue des taux d‘intérêts et des taux de change

a- La règlementation
La règlementation influence en permanence le développement et l‘essor de
l‘innovation financière. Cette réglementation pousse les entreprises à adopter des
comportements stratégiques leur permettant de développer des nouveaux produits ou services.
Aux Etats-Unis en début des années 70 par exemple.
L‘écart entre les taux d‘intérêts appliqués et le taux d‘intérêt du marché a été à
l‘origine de l‘éclosion Cameroun des innovations financières. Ainsi, Gurley et Shaw (1960)

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postulent que « dans toute économie, la structure financière est continuellement remodelée
par les efforts des agents économiques afin d‘échapper aux contraintes déjà existantes ».
Miller (1986) indique que l‘innovation financière n‘est que le produit de la taxation. Kan
(1983) met en exergue un schéma séquentiel d‘action-réaction entre innovation et
règlementation. Il existe en effet, une interaction entre les pouvoirs publics et les agents
soumis à la règlementation. Les actions anticipées de l‘autre induisent la modification du
comportement de chacun. Ainsi, s‘accélère une dérèglementation de l‘industrie des services
financiers. Le champ de la concurrence s‘est intensément modifié du fait de la rupture des
frontières séparant autrefois les fonctions des institutions financières. D‘après l‘auteur, les
innovations servent à contourner la règlementation, provoquant à leur tour une adaptation du
champ et du contenu de la règlementation. Le schéma illustratif de cette séquence appelée par
Kan « dialectique de règlementation » se présente de la manière suivante :
Réglementation Contournement par l'innovation Adaptation de la réglementation. •
Innovation Adaptation de la réglementation Contournement par l'innovation.

b- L’intensification concurrence
L‘innovation peut également être le fruit d‘une forte concurrence. Pour maintenir ou
augmenter les parts de marché dans la collecte des ressources, les institutions financières face
à la concurrence sont incitées à développer des innovations financières. Cela permet
d‘accorder à la banque innovante un pouvoir de monopole pour une courte durée et stimule
également l‘investissement dans la recherche et le développement. Porteur (2004) souligne à
cet effet qu‘une forte rivalité sur le marché intérieur est un facteur clé dans l'incitation des
banques à « innover de façon à accroître leur avantage concurrentiel ». Cette concurrence
peut être élargie ou multiforme, pour ce faire, « Tous les intervenants ont modifié leur
comportement et les banquiers sont soumis à une concurrence accrue, venue de l'intérieur du
secteur et de plus en plus de l'extérieur » (Silber, 1975). « Il s‘agit de nouveaux concurrents
dont l'avantage concurrentiel peut être fondé sur la possession d'un réseau, sur l'accès à un
marché où à la connaissance de la clientèle. » (Mathias et Sahut, 1999). Par ailleurs,
l‘émergence d‘autres types de produits résulte de la naissance de banque à distance et de
l‘adoption de l'internet comme canal de distribution des produits et services bancaires. Les
banques classiques sont donc menacées par ces nouveaux concurrents, qui détiennent un
réseau de clients et même des compétences spécifiques dans la maîtrise des informations. Sur
ce point l‘apparition des crypto-monnaies semble remettre énormément en cause le système

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bancaire classique. La concurrence opposée par le système bancaire libre peut entrainer en
effet un déclin des banques classiques. Ainsi, le contexte technologique et l'innovation
peuvent déclencher une « spirale de déclin » dans le secteur bancaire (Dietch, 1996).

C- Risques liés à la volatilité accrue des taux d'intérêts et des taux de change.
Une autre contrainte pouvant stimuler l‘innovation financière, c‘est le risque. Le
système de parité fixe de « Bretton Woods » a été déstabilisé par plusieurs crises spéculatives
et de dévaluations, ces dernières ont été soutenues par une aggravation de fluctuation des taux
d'intérêts et des taux de change. Dans ce type d‘environnement, un moyen permettant de
réduire ce type de risque est donc d‘accélérer les innovations financières. La variation du taux
d‘intérêt stimule donc la demande d‘instruments financiers dans ce type d‘environnement.
Les comptes de dépôts et des investissements, les prêts à taux flottant et les produits dérivés
en sont des exemples. Cela est un moyen de transférer et de diversifier le risque. La monnaie
électronique est une innovation monétaire importante. Elle est une réserve de valeur
prépayée, stockée sur un support informatique ou électronique. Sa capacité à bouleverser
l‘économie des moyens de paiement est encore difficile à estimer. Lorsque la monnaie
électronique est une créance sur une banque, elle n‘est au fond qu‘une promesse de
conversion future en monnaie scripturale. Ceci est vrai tant que l‘émetteur est assujetti à une
réglementation lui imposant la constitution de réserves obligatoires et surtout le caractère
remboursable des sommes en monnaie électronique. On sait à ce propos que le traitement
juridique appliqué aux émetteurs de monnaie électronique est, à quelques aménagements près,
en Europe celui des banques. Dans ce cadre-là, la prise de risque est celle qui tient à
l‘utilisation plus importante des TIC dans l‘activité bancaire.
En revanche lorsque la stratégie de régulation réglementaire est a priori utilisée avec
parcimonie, comme le veut par exemple la culture anglo-saxonne, l‘innovation économique
liée à l‘émission de monnaie électronique et les risques y attenant peuvent se trouver
singulièrement augmentés. Dès lors que la monnaie électronique n‘est plus la certitude d‘une
conversion au taux de un pour un en monnaie bancaire ou en monnaie de la banque centrale,
la prise de risque est radicalement modifiée. Dans un tel cas de figure la notion de
prépaiement devient d‘ailleurs impropre puisque la monnaie électronique cesse d‘être un titre
de créance sur des formes monétaires usuelles.
On le voit, il existe une gradation d‘innovations économiques qui ne se recoupe pas
exactement avec l‘échelle de mesure de l‘innovation technologique. C‘est probablement plus

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sur la première échelle que sur la seconde que se détermine le degré de risque présenté par ces
nouveaux moyens de paiement.
La technologie n‘est pas en soi porteuse de risques ?
La technologie facteur de développement du risque frauduleux ?
L‘idée selon laquelle le degré de sophistication technologique ouvre la porte à des
prises de risque nouvelles et plus importantes est assez souvent relayée. Bien que chaque
innovation technique donne naissance à de nouveaux risques, il n‘est pas possible d‘affirmer
d‘emblée que le système est dans son ensemble davantage exposé au risque qu‘il ne l‘était
auparavant.
Il est vrai que les paiements sur réseaux ouverts (sur internet) donnent naissance à des
risques nouveaux et très spectaculaires lorsqu‘ils sont de nature frauduleuse. Des failles dans
les systèmes les plus sécurisés sont constamment évoqués et font l‘objet d‘une publicité qui
bien souvent empêche de prendre la véritable mesure quantitative de ces problèmes. En
France, l‘année 2000 a vu la condamnation d‘un informaticien pour contrefaçon, falsification
de cartes de paiement et intrusion dans les systèmes de sécurité des paiements. D‘autres
individus ne se sont pas contentés de dénoncer les faiblesses d‘un système mais les ont
exploitées à leur profit. McHugh (2002) rapporte que la fraude est un problème très
préoccupant pour les fournisseurs de systèmes de personne à personne. Par exemple, au cours
de l‘année 2000, un groupe de pirates informatiques russes a commencé à blanchir de l‘argent
à partir de cartes de crédit volées en utilisant l‘intermédiaire d‘un P2P en ligne.
Pourtant, et même si les TIC ouvrent des nouveaux modes d‘utilisation frauduleuse,
elles ne sont pas en elles-mêmes des facteurs de risque.

II. Théorie sur la digitalisation des nouvelles monnaies


Les monnaies numériques occupent à nouveau le devant de la scène. En effet, le
Bitcoin suscite l‘intérêt et la curiosité du grand public et des observateurs ; Apple, Google et
Facebook proposent de nouveaux instruments de paiements. Cette dématérialisation des
supports monétaires concentre bon nombre d‘interrogations. Néanmoins, les innovations
monétaires semblent suivre une dynamique forte qui résulterait de la maturité de grands
groupes issus d‘internet, de créations technologiques et de remises en cause de la finance
traditionnelle au lendemain de la crise financière.

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Il est vrai que le sujet avait fait l‘objet de nombreux débats à la fin des années 2000 et
au début des années 2010, car cette période correspondait à l‘émergence d‘internet, à
l‘électronisation des systèmes de paiement et aux premiers porte-monnaie électroniques. Or
l‘apparition de nouvelles monnaies numériques réactive le débat ancien de la concurrence et
de la pluralité monétaire : cette dernière étape de la dématérialisation monétaire provoque
nécessairement des interrogations, comme les autres phases de la dématérialisation avant
celle-ci. La dimension privée de ces monnaies ravive plus précisément des questionnements
d‘ordre institutionnel autour du système bancaire hiérarchisé, et d‘ordre théorique quant à la
définition de la monnaie et de sa dimension macroéconomique.

Dans l‘abondante littérature qui se fait jour sur la question, le vocabulaire est souvent
imprécis et fluctuant. Nous distinguerons, parmi les nouvelles monnaies numériques, les
monnaies électroniques au sens strict, porte-monnaie électroniques et autres monnaies
mobiles, des monnaies virtuelles comme les cryptomonnaies. En effet, ces instruments ne
sont pas de même nature et leurs enjeux sont radicalement différents, tant du point de vue du
système bancaire que de celui de la théorie monétaire.
Dans le cadre de l‘histoire de la pensée économique, on peut remonter aux débats sur
la concurrence des monnaies initiés dès le XIXe siècle par l‘école autrichienne28. Cette
dernière a particulièrement insisté sur les aspects de concurrence monétaire et « d29‘élection »
des instruments monétaires. Dans les pas de Menger (1871), Von Mises (1881) affirme que la
monnaie n‘a pas de valeur intrinsèque, elle n‘est que subjective. Son utilité, indirecte, ne
réside que dans l‘échange et les agents ont oublié la valeur de cette marchandise.
La fonction d‘intermédiaire des échanges devient fondamentale car la monnaie « se
substitue » au pouvoir d‘achat. Alors, la banque joue un rôle particulier ; elle peut émettre des
« substituts » monétaires à ce pouvoir d‘achat sous forme de monnaies bancaires mais,
finalement, le ou les supports importent peu. Hayek (1976) explique que les banques
devraient être en mesure d‘émettre des certificats que les agents pourraient utiliser comme
moyens de paiement. Les différences de qualité entre ces différentes monnaies se
manifesteraient peu à peu par un processus de découverte et se refléteraient dans les taux de
change qui s‘établiraient entre elles. Seules les monnaies bancaires pouvant offrir un pouvoir

28
THIERRRY AIMAR, les apports de l‘ecole autrichienne d‘economie. Subjectivite, ighorance et
coordination.new letter
29
Carl Menger, principes d‘economie politique, paris,seuil,coll. « economie humaine » 2020,ed.critique
campagholo, pref.bertam schefold

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d‘achat stable pourraient survivre. Un tel système contribuerait à la stabilité monétaire, l‘offre
de monnaie de monnaie étant automatiquement régulée par le marché.
Plus généralement, pour l‘école autrichienne, la création monétaire issue d‘un système
de réserves fractionnaires est sans garde-fou, elle tend à devenir excessive. Ce faisant, elle
pousse artificiellement les taux d‘intérêt à la baisse et conduit à un surinvestissement (Hayek,
1976).30
Lorsque l‘ensemble des monnaies numériques présente de nombreux avantages a
priori, leurs usages connaissent des succès inégaux en fonction de l‘instrument lui-même, des
usagers et des conditions monétaires dans lesquels ces derniers évoluent. Nous l‘avons vu, la
multiplicité des risques associés aux monnaies virtuelles entame la confiance des agents
économiques ; elle nous rappelle alors toute l‘importance de cette dernière et la replace au
centre des réflexions. Ainsi, les interrogations soulevées par ces monnaies et les craintes
exprimées par les autorités monétaires sont réductibles aux questionnements autour de la
confiance et de la légitimité de ces instruments monétaires:
C‘est ce que soulignent maints auteurs lorsqu‘ils analysent l‘acceptation monétaire
comme résultant de l‘action de certaines formes sociales, comme la confiance, l‘habitude ou
la foi, dont la spécificité réside précisément dans le fait que s‘y trouve cristallisé le
« consentement universel des hommes ». (Orléan, 1991)
Comme la question de la légitimité est indissociable du fait monétaire, Aliette et
Orléan mettent en lumière trois types de confiance grâce auxquels les échanges en monnaie
ont lieu ; il est alors possible de mesurer en quoi l‘usage des nouvelles monnaies est
potentiellement problématique pour les échangeurs et pourquoi leur acceptation est plus ou
moins large. Le premier type de confiance est la confiance méthodique, celle qui se réfère à la
sécurité et la routine des relations — il s‘agit clairement de problèmes pratiques. Or les agents
économiques ont conscience des risques autour de ces monnaies et la défiance quant à leur
usage est grande. Le deuxième type de confiance, la confiance hiérarchique, repose sur un
lien social dont l‘essentiel réside dans des actions de protection et de subordination. Pour la
monnaie, il s‘agit d‘une institution qui instaure les règles d‘usage et garantit la qualité des
relations monétaires. Ici, l‘absence d‘institutions de référence (Dupré et al. 2015) et la remise
en cause des institutions bancaires existantes dans le cadre des monnaies virtuelles ont un
certain effet sur le comportement du grand public. Enfin, la confiance éthique, qui fait
référence à un système de valeurs, est peut-être heurtée par la mutation des valeurs que

30
Friedrich hayek, pour une vraie concurrence des monnaies,1976

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porteraient plus spécifiquement les monnaies virtuelles, les monnaies électroniques ne


paraissent pas a priori concernées ici.
Plus concrètement, la place de la confiance méthodique et dans une certaine mesure
celle de la confiance hiérarchique, permet d‘appréhender les situations pourtant diverses en
termes d‘usages des nouvelles monnaies en fonction de quelques éléments clés notamment la
confiance, l‘enjeu et la nature de la monnaie.

a- Enjeux

Les institutions bancaires expriment une inquiétude quant à la multiplication des


monnaies numériques. Or le phénomène semble encore marginal. Pourtant, cette inquiétude
se révèle légitime, car elle fait écho à des implications plus profondes qu‘il n‘y paraît et qui
font débat depuis le XIXe siècle. Clairement, derrière les interrogations des Banques
Centrales face aux nouvelles monnaies, perce la menace de la contestation de la
« souveraineté » de la monnaie publique et des institutions attenantes. Or Blanc (2002)
rappelle que la souveraineté monétaire telle que nous la connaissons actuellement, c‘est-à-
dire à travers un État comme seul dépositaire de la frappe de la monnaie, s‘établit tardivement
dans l‘histoire et ne remonte qu‘à la fin du XIXe siècle. Finalement, ne serait-il pas normal
que les supports monétaires et l‘organisation des paiements évoluent ? Notre système actuel,
jeune au regard de l‘histoire monétaire, n‘est-il pas voué à changer ? En réalité, cela met tout
d‘abord en jeu le rôle même de la monnaie dans l‘économie et dans la société. Les théories
orthodoxes de la monnaie développent au mieux une vision « neutre » de la monnaie comme
objet économique. Elles lui confèrent un rôle marginal, secondaire et elles ignorent en général
les phénomènes purement monétaires — puisque l‘économie est réelle. Pour ce qui est son
acceptation, Samuelson affirme que « la monnaie est acceptée parce qu‘elle est acceptée ».
Pour les auteurs orthodoxes qui traitent tout de même de la question, que ce soit chez Von
Mises ou plus tard dans les modèles microéconomiques de la demande, la monnaie est le fruit
d‘une sélection initiée par les agents économiques entre différents biens ou actifs. Pour
Menger (1871 ; 1892), la monnaie est choisie parmi plusieurs autres marchandises pour ses
qualités spécifiques. En substance, « Menger considérait que la confiance dans la monnaie
venait de la tradition » (Aglietta, 1988) et il « […] débouche sur l‘explication, pour le moins
circulaire, de l‘élection de la monnaie par son élection » (De Boyer des Roches, 2003,

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p. 215)31. Plus tard, dans les modèles de prospection, la monnaie est acceptée car elle réduit
les coûts de recherche des agents. À l‘inverse, les théories hétérodoxes de la monnaie vont
envisager cette dernière comme un objet économique et social complet dont les implications
sont multiples (Théret, 2008, p. 819) qu‘elle confère deviennent alors fondamentaux pour se
saisir de la dynamique économique et sociale. En effet, Orléan (1998) rappelle que les
dimensions de la monnaie dépassent le simple rapport marchand, son origine même étant non
marchande. La monnaie est un « […] fait social total » qui repose sur « […] sur le trépied
dette-souveraineté-confiance » (Théret, 2008).

b- Nature de la monnaie et les nouvelles monnaies


Il est question de confronter la réalité de la nature de la monnaie à celle des nouvelles
monnaies. De fait, l‘abstraction n‘est pas là où on la cherche : la forme, l‘expression concrète
de la monnaie importe peu, car l‘histoire monétaire montre que, de manière contre-intuitive,
la monnaie s‘est construite en référence à une valeur abstraite. Dans la littérature de la fin des
années 90 et du début des années 2000, les promoteurs des monnaies virtuelles et des
monnaies complémentaires. Comme les analyses académiques du développement de la
monnaie électronique partent du postulat selon lequel la véritable nature de la monnaie est
d‘être un simple instrument d‘échange (Ingham, 2002)32. Dans les approches orthodoxes dans
la lignée de l‘analyse de Menger encore une fois, le rôle d‘instrument des échanges est
considéré comme la fonction centrale de la monnaie (Théret, Aglietta et Orléan). La monnaie
apparaît spontanément pour remédier aux inconvénients du troc. La monnaie est la
marchandise la plus facilement échangeable, elle est donc désirée dans le but de maximiser
les échanges. Menger prend l‘exemple du bétail dans les sociétés antiques. Dans cette
perspective, les auteurs négligent totalement l’origine d‘une monnaie de compte. Leur erreur
consiste à prendre pour point de départ la détermination de l‘intermédiaire des échanges et
son support. Or le rôle la fonction d‘équivalent général apparaît très tôt dans l‘histoire
monétaire (Wray, 2000 ; Denizet, 1969), et ce, quelle que soit sa forme. De fait, la
dématérialisation de la monnaie ne concerne en rien son support au sens physique du terme.

31
Jérôme de Boyer des roches, la pensée monétaire, Ed. Les solos, 2003
32
Cécile Ayerbe, Marc Ingham, management des cangement,dunod,2002.

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CHAPITRE 2 : TYPOLOGIE DES RISQUES DE


BLANCHIMENT DE CAPITAUX VIA LES SERVICES DE
PAYEMENT NUMERIQUE

Les risques de blanchiment d‘argent et de financement du terrorisme via les services


de payement numérique dans la CEMAC

L‘essor des Technologies de l‘Information et de la Communication (TIC)


principalement de la téléphonie- et la volonté affirmée des pays de la sous-région de réduire
le phénomène d‘exclusion financière, ont favorisé le développement et l‘expansion de l‘offre
de nouveaux instruments de paiements tels que les cartes prépayées, le mobile money et la
crypto monnaie. Si les avantages et les bienfaits de ce produit ne sont pas à contester,
l‘utilisation peut favoriser certains comportements répréhensibles au sens des lois et
règlements édictés par les Etats membres de la CEMAC. Toutefois il est noté que les risques
de blanchiment d‘argent et de financement du terrorisme découlant de l‘utilisation des
services de payement numérique sont mal appréhendé par les différents acteurs de la chaîne
qui, bien que formés et sensibilisés aux diligences auxquelles ils sont astreints vis-à-vis de
leur clientèle au moment de l‘exécution de leurs opérations courantes, ne sont pas avertis de
l‘utilisation frauduleuse que pourraient en faire les malfaiteurs de toutes sortes.

SECTION 1 : RISQUES LIES AUX MONNAIES ELECTRONIQUES


Les risques de blanchiment d‘argent et de financement du terrorisme découlant de
l‘utilisation des services de payement électronique sont nombreux.

1. Risques liés aux cartes prépayées

1.1- Anonymat des porteurs des cartes prépayées


Peuvent être nominatives ou anonymes selon les options. Généralement, la carte est
vendue à une clientèle occasionnelle Qui n‘est pas systématiquement identifiée et qui règle
son achat ou ses recharges en espèces. L‘achat de la carte pouvant se faire auprès d‘un
établissement assujetti ou chez un distributeur de monnaie électronique. Les fonctionnalités
de la carte étant universellement partagées, les porteurs anonymes jouiraient en principe des
mêmes services que les porteurs régulièrement identifiés. Sans identification formelle par

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contre, l‘établissement assujetti ou le distributeur ne sont pas capables de déterminer l‘identité


du porteur et l‘origine des fonds qui servent à l‘achat de la carte et à sa charge
« Personne physique ou morale n‘ayant pas de compte dans l‘établissement assujetti
auquel elle s‘adresse », Règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des
établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en Afrique Centrale.
Les établissements habilités à émettre de la monnaie électronique, établissement
offrant au porteur de l‘instrument électronique, en exécution d‘un contrat conclu avec un
établissement assujetti, un service de chargement, de rechargement ou d‘encaissement de
monnaie électronique. Les nouveaux moyens de paiement face aux défis de la lutte anti
blanchiment et contre le financement du terrorisme dans la zone CEMAC. En d‘autres termes,
un client en possession d‘argent d‘origine douteuse ou provenant d‘activités illicites peut très
bien insérer le produit de son délit dans le système financier formel via une ou plusieurs
cartes prépayées. Ainsi, l‘anonymat de la carte est une brèche dans laquelle les délinquants et
mafieux de tout genre pourraient aisément s‘engouffrer.

1.2 - Non-respect des plafonds prescrits par la Banque Centrale.


Les plafonds en chargement, retrait, paiement, transfert ou par transaction, qui laissent
croire que la mise à disposition des cartes prépayée s‘est détourné de son objectif d‘inclusion
financière, peuvent entrainer des abus de toutes sortes au regard des statistiques présentées
plus haut. Notamment, lorsque ceux-ci sont très larges et susceptibles de bénéficier à des
porteurs anonymes. Aujourd‘hui, les plafonds en chargement peuvent aller jusqu‘à 10
millions FCFA (€15.245) par mois au Cameroun. Les mêmes plafonds sont pratiqués pour les
retraits GAB et les paiements. Même si les établissements assujettis définissent ces plafonds à
l‘intérieur de plusieurs segments, ils restent pour la plupart très élevés. Surtout pour le cas des
opérations de retrait. Sans compter que, faute d‘un dispositif de centralisation des
informations sur les transactions par les cartes prépayées, un client titulaire ou non de
comptes bancaires peut, tout en respectant les plafonds réglementaires définis par chacune
d‘elles, contourner les plafonds et procéder à des rechargements itératifs dans autant de
banques de son choix dans son pays de résidence et dans la sous-région.

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1.3-risque de blanchiment par le contournement des seuils de déclarations automatiques


La plupart des pays de la sous-région ont adopté des actes réglementaires qui, sous
certaines conditions, obligent les établissements financiers à systématiquement déclarer aux
cellules de renseignement financier toutes les opérations de dépôts en espèces de FCFA
5.000.000 (€7.625 environ). Dans le cadre de la première étape du blanchiment (placement),
des opérateurs pourraient recharger leurs cartes prépayées de manière itératives avec des
montants chaque fois inférieurs aux seuils de déclarations automatiques. Introduisant ainsi
dans le circuit financier, l‘argent qui pourraient provenir par exemple, de la corruption et/ou
des détournement de fonds, de la vente de drogue, de la vente illicite des pierres et métaux
précieux ou de tout autre produit du crime.

1.4- Les risques liés à la réalisation des opérations La maîtrise des flux monétiques
constitue le principal facteur de risque lié à la réalisation des transactions par
l’entremise des NMP.
Dans la Sous-région, les banques n‘ont pas la maîtrise de leurs plateformes
monétiques, qui sont localisées hors de leurs juridictions d‘activités. Ceci peut encourager
une manipulation des informations relatives aux transactions effectuées au moyen de cartes
prépayées depuis les services du prestataire et favoriser la réalisation d‘opérations douteuses.
Par ailleurs, la qualité de la connexion internet peut encourager la réalisation d‘opérations
sans qu‘elles fassent l‘objet d‘une analyse en temps réel. En outre, l‘insuffisance ou le défaut
de formation du personnel des banques sur les systèmes d‘informations en charge des cartes
prépayées et sur la réglementation et les techniques de blanchiment d‘argent, peut favoriser la
réalisation de transactions douteuses du fait des erreurs humaines. Ainsi, en présence
d‘indices d‘une opération de blanchiment d‘argent ou de financement de terrorisme, un agent
pas ou insuffisamment formé sur le sujet ne sera pas en mesure d‘identifier le caractère
douteux d‘opérations et par voie des nouveaux moyens de paiement face aux défis de la lutte
anti blanchiment et contre le financement du terrorisme dans la zone CEMAC par
conséquence, la déclaration de soupçon requise par la législation ne sera pas effectuée, sauf
s‘il existe un système de supervision centralisé, capable de détecter les opérations douteuses
qui ne l‘auraient pas été au premier niveau de vigilance. Il s‘agit là d‘un risque opérationnel
élevé, surtout lorsque les organes de supervision n‘effectuent pas des contrôles réguliers des
opérations. Ce risque est renforcé par le fait que dans ces institutions il n‘existe pas de

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dispositif électronique d‘alerte qui identifie les indices de soupçon de blanchiment d‘argent et
de financement du terrorisme.

2- Risques liés au paiement par transfert mobile money


Les services d‘argent mobile sont actuellement en cours de déploiement au sein de
nombreux marchés dans le monde. Des preuves tangibles indiquent que ces services
améliorent l‘accès aux services financiers formels dans les pays en voie de développement.
Le développement de ces services suscite néanmoins la crainte qu‘ils puissent être utilisés à
des fins de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (BC/FT). Bien qu‘il n‘y
ait eu jusqu‘à présent très peu de cas de BC/ FT, les systèmes d‘argent mobile restent
susceptibles d‘être utilisés à ces fins dans le futur (de la même manière d‘autres services
financiers formels sont actuellement visés). Les risques de blanchiment d‘argent et de
financement du terrorisme attachés à l‘exécution d‘opérations via le mobile money portent
principalement sur les défaillances des systèmes de gestion de ces instruments par les
institutions financières et leurs partenaires respectifs. Ces risques peuvent être classés en deux
groupes : ceux liés à l‘identification de la clientèle et ceux afférents à la réalisation des
opérations à chacun des maillons de la chaîne des acteurs.

2.1- Les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme liés à la


clientèle
D‘une part les risques liés à l‘authenticité des pièces d‘identité Le risque de
blanchiment d‘argent et de financement du terrorisme se trouve accru dans la Sous-région,
dans la mesure où les personnes physiques peuvent plus facilement recourir à des pièces
d‘identification -fausses. L‘absence d‘un dispositif efficace de vérification de l‘authenticité
des pièces d‘identité par les opérateurs de téléphonie mobile constitue une forte limite à la
prévention de ces risques, d‘autant que chez plusieurs opérateurs de téléphonie mobile,
l‘utilisation du mobile money est possible dès l‘identification du client et non Les nouveaux
moyens de paiement face aux défis de la lutte anti blanchiment et contre le financement du
terrorisme dans la zone CEMAC AOÛT 2017 43 après vérification de l‘authenticité de sa
pièce d‘identité. Dans ces structures, c‘est même souvent la copie de cette pièce qui est
présentée et la vérification de l‘authenticité du document d‘identité d‘origine est alors
impossible à réaliser. Aussi, les possibilités qu‘ont les acteurs de passer d‘un pays à un autre,
en l‘absence d‘une base de données sous régionale d‘identification des personnes physiques,

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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peut favoriser la survenance de ces risques. Ainsi, la libre circulation des personnes entre les
pays de la Sous-région constituerait un facteur de risque.et d‘autre part le risque peut se
produire sous la forme d‘un virement classique ayant une origine ou une destination
criminelle (par exemple, financement du terrorisme). Bien que des justificatifs réels puissent
être utilisés lors de la souscription, de fausses informations peuvent également être
présentées. L‘étape de dépôt en compte peut également servir à recycler des fonds d‘origine
frauduleuse via l‘utilisation de cartes bancaires ou cartes de crédit volées (ce qui peut être
considéré comme un processus de « placement »). Les opérations peuvent également servir à
transférer des fonds entre complices, ou à les transférer vers d‘autres pays dont les
juridictions ont des réglementations en matière de LAB/CFT moins lourds, où les fonds
peuvent être utilisés pour financer d‘autres activités criminelles. Cela s‘accompagne alors par
le retrait de ces sommes sous forme d‘espèces pour leur utilisation ou pour leur transfert par
le biais d‘autres moyens.

2.2- Risques liés à la réalisation des opérations


Les risques liés à la réalisation des opérations émanent de différentes variables à
savoir :

 Risques liés aux commerçants


Ces personnes peuvent recevoir des montants substantiels de paiements et les faire
apparaître comme le produit légitime de leur activité (cela pouvant comprendre l‘intégration
de fonds). Les commerçants peuvent être des criminels eux-mêmes, escroquant leur clientèle,
ou servant de façade pour le blanchiment du produit des activités de leurs complices, se
faisant passer eux-mêmes pour des clients

 Risques liés aux agents, intermédiaires et partenaires de détail.


Ils se situent à un emplacement stratégique dans le cycle de paiement des services
d‘argent mobile: le chargement de sommes en espèces, le point de rachat ou retrait, et
également la vente des appareils téléphoniques susceptibles d‘être utilisés pour les opérations.
Ces personnes ont donc la possibilité de falsifier leurs registres, d‘ignorer des soupçons qui
devraient sinon être signalés, ou simplement de constituer un point de faiblesse en n‘exerçant
pas leur fonction avec toute la vigilance nécessaire.

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SECTION 2 : RISQUES DE BLANCHIMENT EN RAPPORT AVEC LA MONNAIE


VIRTUELLE

Le nombre de cryptomonnaies en circulation ainsi que leur utilisation globale a


énormément augmenté ces dernières années ce qui inévitablement augmente le risque de leur
utilisation dans un cadre criminel. Dans un premier temps, les risques proviennent de la
technologie sous-jacente à ces monnaies virtuelles, la BlockChain.

1-Risques liés à l’utilisation de la BlockChain

Les risques liés à l’utilisation de la Blockchain sont :

1.1- L’anonymat du système


La notion d‘anonymat, qui a été expliquée précédemment, est une des caractéristiques
principales de la blockchain et constitue également un des risques principaux. En effet, la
création d‘un portefeuille virtuel sur Internet est gratuite, anonyme et ne demande aucune
compétence particulière. Alors que dans la technologie de la blockchain de Bitcoin la
traçabilité des transactions est totale et pour tous, l‘identité des personnes se trouvant derrière
l‘adresse Bitcoin est inconnue. De plus, l‘association d‘un individu à une adresse Bitcoin est
de plus en plus difficile étant donné qu‘un utilisateur peut disposer de nombreux portefeuilles
différents et que plusieurs adresses différentes peuvent être générées pour un portefeuille (De
Filippi 2018).
Le phénomène de mélange (Cryptocurrency tumbler) est également un procédé qui
menace la traçabilité et l‘identification des adresses impliquées dans un échange. En effet, il
vous permet de dissocier votre cryptomonnaie de votre identité très simplement et à moindre
coût. Ce procédé consiste à transférer un montant de cryptomonnaies sur une plateforme qui
se chargera de transférer à son tour à coup de petites sommes et à destination de multitudes
d‘adresses différentes le montant mis à disposition. Un montant équivalent provenant d‘autres
individus sera par la suite restitué vers la première adresse et les pistes seront ainsi brouillées
(GCBF 2018)33. Les plateformes fournissant ces services sont connues sous le nom de «
Bitcoin Laundry », « BitMix » ou encore « CryptoMixer ».

33
Rapport du GCBF, National risk assessment: le risqué de blanchiment d‘argent et de financement du
terrorisme par les crypto-assets et le crowdfounding, octobre 2003.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

La création de nouvelles monnaies virtuelles basées sur une blockchain différente et


moins transparente telles que Monero ou Zcash rendent cet anonymat encore plus
indétectable avec la non-traçabilité complète des transactions qui est la base du protocole mis
en place. Le risque provenant de l‘anonymat des individus et la non-traçabilité des
transactions pourrait être assimilé à celui d‘une transaction en argent liquide entre deux
individus. Cependant, dans le cadre des cryptomonnaies, la menace est encore plus grande
car, en plus de la caractéristique de l‘anonymat, il y a une rapidité et une mobilité bien plus
importante que pour les monnaies fiduciaires. En effet, il est possible de transférer entre deux
comptes des sommes importantes en quelques secondes (De Filippi 2018)34. L‘adresse
Bitcoin d'une personne est liée à sa véritable identité et toute transaction à partir de cette
adresse est entièrement visible sur la blockchain. La monnaie virtuelle Monero a quant à elle
la particularité d‘être intraçable, anonyme, opaque et parfaitement fongible. Contrairement au
Bitcoin qui est une cryptomonnaie non fongible, chaque Monero ne peut pas être différencié.
Ce genre de cryptomonnaie alternative est plus à même de dissimuler l'activité des utilisateurs
ou tout simplement de préserver des informations considérées comme privées comme le solde
du portefeuille virtuel et le montant des transactions qui sont disponibles à tous dans la
blockchain de Bitcoin (Dumas, Lafourcade, Tichit et Varrette 2018).

1.2- Les mineurs malveillants


Les tâches réalisées par les mineurs sont essentielles pour sécuriser le bon
fonctionnement, l‘authenticité et l‘irréversibilité de la blockchain. Néanmoins, en détenant
plus de 50% de la puissance de minage, un mineur aurait les capacités de modifier la
blockchain en effaçant des transactions ou en validant par lui-même de fausses transactions
(De Filippi 2018). Les opérations de minage sont devenues de plus en plus difficiles au fil du
temps et demandent de plus en plus de puissance, de ressources et d‘énergies. C‘est pourquoi,
des consortiums de mineurs se sont créés dans lesquels ils mettent en commun leur puissance
de calcul dans le but de résoudre les problèmes avec plus d‘efficacité. Par conséquent, cela
augmente le risque qu‘une seule personne détienne plus de 50% de la puissance de calcul (De
Filippi 2018). Cette menace n‘est pas seulement théorique. En effet, cinq cryptomonnaies ont
déjà été la cible de mineurs malveillants qui ont réussi à détenir plus de 50% de la puissance
de minage au sein de la blockchain. Bitcoin Gold, Ethereum classic, Verge, Monacoin et

34
Primavera De Filippi, bockchain et cryptomonnaies,presses universitaires de France, 2018.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

ZenCash ont été la cible d‘une attaque 51% de la part de mineurs (De Filippi 2018). Dans le
cadre de Bitcoin Gold, au mois de mai 2018, un mineur a réussi à prendre le contrôle de plus
de la moitié de la puissance de minage du réseau et a effectué une attaque à double dépense. Il
a effectué deux transactions simultanément en envoyant le même montant à destination d‘une
plateforme d‘échange de cryptomonnaies et à destination d‘un portefeuille détenu au sein de
la blockchain. Il a échangé le montant envoyé sur la plateforme avec d‘autres cryptomonnaies
et a retiré cette somme. Puis, il a profité d‘avoir le contrôle de la blockchain pour annuler les
transactions initiales. Plus de 18.8 USD millions auraient été dérobés lors de cette attaque.
Une attaque à double dépense de ce type serait impossible dans un réseau blockchain dans
lequel aucun mineur ne possède plus de la moitié de la puissance de minage (Cryptonaute
2019). Dans le cas de Monacoin, un mineur a réussi à contrôler 57 % de la puissance de
minage en mai 2018. ZenCash et Ethereum classic ont également subi plusieurs attaques à
double dépenses au mois de juin 2018.

1.3- Risque lié à l’Escroquerie


L‘engouement pour les cryptomonnaies a été fulgurant depuis la forte médiatisation
du Bitcoin en 2017. La facilité à se créer un portefeuille virtuel a permis à de nombreuses
personnes n‘ayant aucune connaissance en investissement et en cryptomonnaie à investir
dessus y voyant un moyen de réaliser des gains importants. Ces personnes ne sont pas
forcément informées des consignes de sécurité à respecter et ils peuvent se faire subtiliser
leurs avoirs. Les pirates informatiques peuvent profiter de ces proies faciles qui, parfois, ne
stockent pas de manière assez sécurisé leur clé cryptographique privée donnant accès à leur
portefeuille virtuel. De plus en plus de cryptomonnaies différentes voient le jour ces dernières
années. En effet, il en existe environ 2200 actuellement (Coinmarketcap 2019). Certaines
d‘entre elles se sont révélées, et d‘autres se révèleront très certainement dans le futur, n‘être
rien d‘autre qu‘une simple escroquerie. L‘attractivité et l‘intérêt grandissant pour ce nouveau
type d‘investissement ont attiré des personnes qui mettent en place des cryptomonnaies dont
l‘unique but est d‘escroquer des potentiels investisseurs. L‘escroquerie est basée sur un
système de pyramide de Ponzi. Dans ce système pyramidal, les escrocs promettent un retour
sur investissement très important aux investisseurs qui sont rémunérés grâce aux fonds des
nouveaux arrivants. Ce montage financier basé sur une promesse de gains importants permet
ainsi d‘attirer de nombreux investisseurs. Ceux ayant investis dans la soi-disant
cryptomonnaie sont par la suite incités à recruter de nouveaux investisseurs parmi leurs

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

connaissances afin que la valeur de la cryptomonnaie reste stable ou augmente. Le manque de


connaissance des investisseurs combinés à la couverture médiatique positive ainsi qu‘à de
bonnes stratégies de vente sont les principales causes de ces escroqueries (GCBF 2018).
Des banques très importantes et connues se sont faites avoir telles que Banco
Santander qui a perdu plus de 3 USD milliards ou encore UBP et HSBC 1 USD milliard
(Weitmann 2009). Dans l‘univers des cryptomonnaies, de nombreux cas ont déjà été
répertoriés. OneCoin, Bitconnect, AriseBank, PayCoin, le fonds Gelfman Blueprint ou encore
Turcoin se sont révélés être des escroqueries basées sur un système de Ponzi (Cryptonaute
2019). En septembre 2017, la FINMA a ordonné la mise en liquidation des sociétés gérantes
de la cryptomonnaie « E-Coin». Contrairement aux cryptomonnaies qui sont basées sur la
blockchain et sur une base de données décentralisée, le « E-Coin » était contrôlé
exclusivement par la société et était sauvegardé sur un serveur local.

2- Risque de blanchiment d’argent lié aux cryptomonnaies illégalement obtenues


Le vol de cryptomonnaies et leur obtention par des fraudes aux investisseurs détaillés
précédemment constituent des infractions préalables au blanchiment d‘argent. Il arrive que les
portefeuilles électroniques qui sont détenteurs des avoirs subtilisés soient mis sur une liste
noire par les utilisateurs du réseau blockchain et qu‘ainsi toutes les demandes d‘utilisation ou
de transfert de la cryptomonnaie soient refusées. Cela est bien évidemment uniquement
possible lorsque la provenance criminelle des avoirs peut être retracée avec certitude, ce qui
est rarement le cas. C‘est d‘autant plus difficile depuis l‘apparition du phénomène de
Cryptocurrency tumbler et des nouvelles monnaies virtuelles de type Monero ou Zcash qui
facilitent la non-traçabilité des transactions. Ces plateformes fournissant ces services de
mixing sont utilisées pour perdre la trace de l‘origine des fonds et ainsi blanchir les monnaies
virtuelles illégalement obtenues (De Filippi 2018). Le recours au ‗‗darknet‘‘ est également
souvent utilisé par les criminels pour blanchir les cryptomonnaies provenant d‘actes illégaux.
Il leur est alors possible de les utiliser pour acheter toutes sortes de produits ou encore de les
revendre à des prix parfois sous évalués contre d‘autres cryptomonnaies. 603 USD millions
ont été envoyés sur le ‗‗darknet‘‘ en 2018. Cette baisse par rapport à 2017 serait due aux
fermetures des deux marchés en ligne darknets AlphaBay et Hansa qui ont fait diminuer
l‘activité (Chainalysis 2019).

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Au Cameroun le payement de la cryptomonnaie intervient dans chaque plateforme où la vente


des Bitcoins se fait à l‘intérieur de cette plateforme. Seuls leurs membres peuvent acheter ces
Bitcoins et procéder directement par transfert d‘argent à travers le mobile money ou par
compte bancaire pour le bénéficiaire en volume de transaction. Cette opération n‘est ni connu
ni maitriser par les institutions financières locale. Sur le plan international, ils agissent
directement par le système bancaire à travers la carte bancaire prépayée, le vendeur peut
directement entrer en possession des fonds sollicités, ou vendre son bitcoin à des entreprises
intégrer pour l‘acquisition de certains produits sans aucun document justifiant la transaction.
Le système s‘assure de l‘envoi des fonds au bénéficiaire en respectant le principe de la
règlementation en vigueur.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RISQUES DE


BLANCHIMENT DES CAPITAUX LIE AUX SERVICES
DE PAYEMENT NUMERIQUES : CAS DU CAMEROUN

Actuellement, les services de payement numérique présentent bon nombre de risques


de blanchiment d‘argent. Parmi ces problèmes, nous avons pu relever le risque lié à la
monnaie électronique (mobil money et carte prépayée) et le risque lié à la monnaie virtuelle
(cryptomonnaie).
Ainsi, l‘ossature de notre deuxième partie sera bâtie autour de deux pôles : notamment
le cadre méthodologique de la recherche qui consistera d‘une part à présenter la DCFM et
d‘autre part à présenter la méthodologie de recherche pour notre étude. Par ailleurs, nous
allons faire l‘analyse, l‘identification et l‘évaluation des risques de blanchiment d‘argent
découlant de ces services de payement numérique enfin, discuter des résultats de l‘analyse et
proposer des solutions.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

CHAPITRE 3 : CADRE METHODOLIGIQUE DE LA


RECHERCHE

De manière générale, la transnalisation d‘une économie monde capitalisée a généré


un ensemble de flux financiers qui a eu un impact sur la circulation non contrôlée des
finances.
A cet effet, nous présenterons d‘une part la structure du MINFI (DCFM) qui est
l‘autorité monétaire au Cameroun en liaison avec l‘ANIF dans la lutte contre de blanchiment
d‘argent à travers son fonctionnement, ses missions. L‘analyse de l‘environnement d‘une
structure sur le plan interne et externe est un facteur très important pour une analyse des
problèmes qui la minent. D‘autre part, nous présenterons la méthodologie de notre recherche.

SECTION I : PRESENTATION GENERALE DE L’AUTORITE MONETAIRE


(DCFM)

I. Présentation de l’environnement interne la DCFM


La Direction Générale du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire
(DGTCFM) du Cameroun est l‘une des quatre Directions Générales créées par le décret
N°2005/119 du 15 Avril 2005 portant organisation du Ministère de l‘Economie et des
Finances37. Cette direction est importante pour l‘autorité monétaire.

1. Fonctionnement de la DCFM
Il fait allusion ici de l‘ensemble des organes qui composent la hiérarchie. Une
structure bien organisée contribue aussi à atteindre les objectifs dans les délais les plus brefs.
De ce fait, la DCFM étant une direction rattachée à la DGTFM, le pouvoir est donc
décentralisé auprès de son directeur et ses sous Directeurs. Son organigramme est le suivant :

37
HTTPS://dgtcfm.com/la-dgtcfm/organigramme/

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Figure 1: Organigramme de la direction

SOURCE: HTTPS://dgtcfm.com/la-dgtcfm/organigramme/

2. Missions de la DCFM

La Direction de la Coopération Financière et Monétaire est chargée du suivi de la


coopération monétaire et financière internationale notamment avec le FMI, la BAD, la
BEAC, la Zone franc, le Commonwealth, les autres unions et zones monétaires. Les
structures qui la composent sont les suivantes :
- la Cellule des Relations Financières Internationales (CRFI) ;
- la Cellule des Enquêtes et des Statistiques (CES) ;
- la Sous-Direction de la Monnaie et des Etablissements de Crédit (SDMEC) ;
- la Sous-Direction des Changes et des Transferts (SDCT).

3. Organisation la DCFM
Placée sous l‘autorité d‘un directeur, la direction de la coopération financière et
monétaire est chargée :
- du suivi de la coopération monétaire et financière internationale, notamment avec le
fonds monétaire international, la banque des états de l‘Afrique centrale, la zone franc,
le Commonwealth, les autres unions et zones monétaires ;

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

- de la lutte contre la criminalité économique et le blanchiment d‘argent, en liaison avec


l‘agence nationale d‘investigation financière
- de l‘exécution des enquêtes auprès des établissements de crédit et des intermédiaires
financiers
- du suivi des investissements directs à l‘étranger et au Cameroun
- du suivi des mouvements des capitaux du secteur prive avec l‘étranger
- de la tenue des statistiques monétaires et financières
- du respect des normes
- du suivi des activités des établissements de crédit
- du développement des stratégies d‘emploi de l‘épargne
- de la conduite des études relatives à la monnaie, au crédit et au financement de
l‘économie
- des études sur la programmation monétaire en liaison avec les administrations
concernées

Placée sous l‘autorité d‘un chef de cellule, la cellule des relations financières
internationales est chargée :
- des relations avec les institutions d‘émissions
- de l‘élaboration des notes de synthèse liées à l‘évolution de l‘environnement
économique et financier international
- du suivi des affaires avec le fonds monétaire international et la banque mondiale
- de la surveillance multilatérale
- du suivi des accords de financement avec les institutions financières internationales,
en liaison avec la caisse autonome d‘amortissement. Elle comprend outre chef de
cellule, 04 charges d‘études assistant.

La cellule des enquêtes et des statiques est chargée


- du suivi de la lutte contre le blanchiment d‘argent et du financement du terrorisme a
liaison avec l‘agence nationale d‘investigation financière
- De l‘exécution des enquêtes auprès des établissements de crédit
- du suivi des contentieux relatif à la réglementation de change
- du suivi des opérations de financement extérieur du secteur prive
- du suivi des opérations de portefeuille de l‘État à l‘étranger

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

- De la tenue et du traitement des statistiques monétaires sur les transactions


financières, les opérations courantes et les mouvements des capitaux. Elle comprend,
outre le chef de cellule, dix charges d‘études assistants

La sous-direction des changes et transfert est chargée


- Du suivi de la de la mise en œuvre de la règlementation
- Des changes- de l‘agrément des bureaux de changes
- Du suivi de la délivrance des autorisations de transferts
- Du suivi des opérations de rapatriement des recettes d‘exploitation en liaison avec les
administrations concernées
- Du suivi de la messagerie financière nationale et internationale

Le suivi des dossiers des emprunts des entreprises privées à l‘étranger. Elle comprend
- Le service de changes (bureau des agréments, bureau des apurements)
- Le service de transfert (bureau de rapatriement, bureau des mouvements des capitaux)
Sous-direction de la monnaie et des établissements de crédit est chargée(SDMEC)
- De la participation à la de finition et à l‘élaboration de la programmation monétaire
nationale, en liaison avec l‘institut démission
- Elaboration et du suivie de l‘application de la réglementation relative aux
établissements de crédits, en liaison avec les organismes professionnelles concernées
- Du suivi du cout de crédit
- Du suivi de La position nette du gouvernement

Ce service comprend :
 Le service de la monnaie
Placée sous l‘autorité du chef service de la monnaie, elle est chargée :
- De la tenue et du suivie des agrégats monétaires ;
- De la participation à la définition et à l‘élaboration de la programmation monétaire
nationale, en liaison avec l‘institut d‘émission et la COBAC ;
- De la conduite des études relatives à la monnaie, en liaison avec l‘institut
d‘émission et la COBAC ;
- De la conduite des études relatives à la monnaie et au crédit.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Ce service comprend outre le bureau des statistiques et le bureau des études


monétaires
 Service des établissements de crédits
Placée sous l‘autorité d‘un chef de service, il est charge :
- d‘élaboration et du suivi de la carte bancaire ;
- de la gestion du contentieux ;
- de l‘étude des dossiers de demande d‘agréments des établissements de crédits ;
- De la collecte et la tenue des statistiques bancaires ;
- De la tenue des fichiers d‘agréments du suivie de l‘application de la réglementation
prudentielle.

II- Présentation de l’environnement externe


Le milieu économique de la DCFM se définit par l‘ensemble des éléments qui se
trouvent autour de celle-ci et qui entrent en interaction avec elle. Il s‘agit donc de l‘ANIF, des
banques, le FMI, la population.

1. L’ANIF
L‘ANIF est un service public de renseignement financier. Elle est dotée de
l‘autonomie financière ainsi que d‘un pouvoir de décision sur les matières relevant de sa
compétence. L‘ANIF est rattaché au Ministère chargé des Finances.
Elle a pour mission de recevoir, traiter et, le cas échéant, transmettre aux autorités
judiciaires compétentes, tous renseignements propres à établir l‘origine des sommes ou la
nature des opérations faisant l‘objet de la déclaration de soupçon au titre de la lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ; l ‘obtenir des informations utiles à
sa mission des autorités judiciaires et de contrôle des assujettis ; constituer une banque de
données contenant toutes informations utiles concernant les déclarations de soupçon prévues
par le Règlement, les opérations effectuées ainsi que les personnes ayant effectué l‘opération,
directement ou par personnes interposées.

2. Les banques
La DCFM a pour rôle de traiter les dossiers concernant la demande d‘agrément des
banques sur avis conforme de la COBAC; veiller au respect des règlementations concernant
les activités des banques. Traitement de requêtes des clients des établissements de crédit

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

portant pour l‘essentiel sur le non-respect du Service Bancaire Minimum Garanti et des
prélèvements que les requérants trouvent indus.

3. Le FMI
Le Fonds Monétaire International (FMI) encourage la stabilité financière et prête des
fonds en contrepartie de réformes aux pays en crise. Le Fonds Monétaire International (FMI)
est une des institutions financières les plus importantes au niveau mondial.

4. La population
La DCFM a pour rôle de traiter les dossiers des clients concernant les plaintes, les
requêtes concernant des contentieux avec les banques, la demande de financement.

SECTION 2 : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE


Cette section vise exposer la méthodologie utilisée pour répondre à notre
problématique de recherche. Nous présenterons dans cette partie les différentes étapes de la
méthodologie utilisée dans notre étude : la stratégie de recherche mise en évidence pour
recueillir les données, une description de l‘échantillon sélectionné, les méthodes de traitement
de données.

I. Méthode de recherche et outils d’analyses

1- Stratégie de recherche
L‘analyse nationale des risques de blanchiment des capitaux liés aux services des
payements numériques permet de mettre en exergue l‘identification des menaces, de mieux
appréhender les vulnérabilités du dispositif camerounais et apprécier à juste titre le risque de
blanchiment inhérent de service de payement numérique auquel le pays est exposé.

2- Outils de collecte des données


Sous cette rubrique, nous présenterons les techniques utilisées pour collecter les
données. Selon Fernandez et Catteuw Ces techniques sont utilisées parce qu‘elles permettent
un recueil exhaustif des données. Dans notre recherche, la méthode de collecte des données
est l‘observation et l‘enquête.
- Observation : pour ce qui est de l‘observation, le chercheur a observer et participer
aux traitement des dossiers concernant le blanchiment d‘argent et la fuite des capitaux
dans le service d‘enquête et statistique de l‘autorité monétaire ; Pour ce qui est de
l‘enquête un questionnaire a été administré au personnel de la DCFM et une tranche
de la population ;

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

- Questionnaire : en effet, le questionnaire est constitué de 10 questions par variable(3)


donc au total 20 questions. Il contient un ensemble de questions qui sont présentées
aux répondant lorsque le chercheur leur présente la cause du questionnaire ;
- Choix des variables et du modèle : les variables choisies sont le mobile money, la
cryptomonnaie.

II. Présentations des variables de l’analyse


Dans cette étude, nous proposons d‘évaluer les formes et les circuits de blanchiment
d‘argent et les risques en rapport avec les services de payement numérique. A cet effet, 2
variables sont indiquées pour le risque de blanchiment d‘argent à travers les moyens de
payements numériques. Il s‘agit de la carte bancaire prépayée, du transfert d‘argent et le
payement par le mobil money et de la cryptomonnaie. Ces problèmes sont liés aux différents
moyens de lutte contre le BC/FT à travers les détections liées à ces opérations.

1- Populations cible et traitement des données


Dans le cadre de cette recherche, les données analysées sont des données primaires.
L‘enquête a été réalisée auprès de l‘ensemble des souscripteurs aux produits de
cryptomonnaie, les call-boxeurs et les personnels du Ministère des Finances (MINFI) en
charges de la Lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme
(LBC/FT). Pour couvrir ces populations, les interviews sont directs, ‘‘face to face’’. En effet,
un questionnaire portant sur les cryptomonnaies a été administré aux utilisateurs des
cryptomonnaies et personnels du MINFI, le deuxième portant sur les transferts mobiles
money a été administré aux call-bosseurs, agent orange et MTN et personnels du MINFI. Et
l‘administration a été faite directement aux personnes concernées.

C‘est ainsi que nous nous sommes proposés d‘enquêter sur les rapports statistiques de
l‘évolution du blanchiment d‘argent à travers les moyens de payement numérique et les
risques encourus dans l‘économie et enquêter l‘impact de la cryptomonnaie dans lutte contre
le BC/FT.
2- Traitement des données
Les données sont analysées à l‘aide du logiciel SPSI. Les hypothèses de recherche
sont testées à l‘aide d‘un tri.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

CHAPITRE 4 : ANALYSES DES RESULTATS ET


RECOMMANDATIONS DES RISQUES DE
BLANCHIMENT DES CAPITAUX EN LIAISON AUX
SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUE

Le présent chapitre nous permettra de dérouler de façon explicite l‘analyse des


risques de blanchiment d‘argent en rapport avec des services de payement numérique. Il
s‘agira, pour des besoins d‘efficiences, d‘établir un tableau synoptique des tenants et des
aboutissants liés aux trafics de blanchiment des capitaux, tout en proposant des pistes de
résolution pour inverser la courbe de la criminalité financière. Les axes de notre chapitre sont
de deux ordres : l‘analyse des résultats obtenus à la suite d‘une enquête auprès de la
population de Yaoundé et le personnel de la DCFM ; proposition des recommandations
pouvant atténuer les risques liés aux trafics de blanchiment des capitaux.

SECTION 1 : ANALYSES DES RESULTATS

L‘analyse des résultats est une étape majeure, qui va mettre en évidence les différentes
menaces identifiées précédemment avec les mesures prises par l‘autorité monétaire.
Il s‘agit de mettre en rapport la probabilité que le risque de blanchiment par le service
mobil money survienne avec l‘importance de son impact. Cette relation met en avant les
points sur lesquels la banque doit se concentrer en priorité. L‘aboutissement de ce travail
permettra de donner une vision globale pour optimiser la gestion des risques de blanchiment
d‘argent inhérent des services de payement numérique.

I. Présentations des résultats des risques de blanchiment d’argent liés aux services
de payement électronique

1- analyse des risques de blanchiment liés du mobil money


L‘analyse du risque de blanchiment d‘argent en liaison avec le ‗‗mobile money‘‘ a été
évaluée à travers un ensemble d‘enquêtes collectées auprès des call-bosseurs, agent orange et
MTN et personnels du MINFI. Le tableau ci-dessous regroupe l‘ensemble des données
collectées. La taille de l‘échantillon en termes de nombre d‘individus à enquêter a été fixée à
38 pour les utilisateurs de ‗‗mobile money‘‘ avant la collecte et de 30 après la collecte soit un

Rédigé et soutenu par IMANI ISHIMWE Irène 60


RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

taux de couverture total de 94,5%. Nous avons en outre interviewé 7 personnels du MINFI
pour avoir suffisamment d‘informations, 17 call-bosseurs offrants des services mobiles
money, et 6 agents Orange et MTN. La qualité des données a été assurée par l‘application des
règles de collecte de données par l‘enquêteur, la validation des données et la précision des
résultats.

a- Description de la population
La répartition de la population étudiée est faite à des niveaux permettant de mettre en
exergue certaines caractéristiques, permettant d‘identifier les individus.

Pour ce qui est de l‘échantillon mobile money concernant le personnel du MINFI, les
call bosseurs et les agents orange et MTN, 56,7% sont des call-bosseurs offrant des services
mobiles money, qui sont face aux clients au quotidien et qui connaissent plus ou moins les
montants et les motivations des transactions. 23,3% sont des agents MTN et Orange qui ont
une autre visibilité sur les transactions et ravitaillent également certains call-bosseurs. 20%
sont personnels du MINFI, qui suit les prestataires de services de paiement, et sont en charge
de la contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme. Cette montre que
les informations collectées sont suffisamment fiables pour appréhender le phénomène de
risque de blanchiment lié au service mobile d‘une part, et d‘autre part

Graphique 1: Répartition du deuxième échantillon suivant la catégorie (en %)

Source : travaux de l‘auteur

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

b- Activité exercée

19,2% 21,2%

26,9%
32,7%

Fonctionnaire Commerçant
Entrepreneur Investisseur

Source : travaux de l‘auteur.


S‘agissant de l‘activité, les commerçants sont les plus représentés, occupant 32,7%
des individus, suivis des entrepreneurs et des fonctionnaires qui représentent respectivement
26,9% et 21,2% des individus de l‘échantillon. Les investisseurs représentent 19,2%. Le fait
que l‘activité de commerce occupe le plus grand pourcentage concernant l‘usage du mobile
money peut traduire que les commerçants sont plus attractifs au blanchiment des capitaux.
En effet, ces personnes peuvent recevoir des montants substantiels de paiements et les faire
apparaître comme le produit légitime de leur activité (cela pouvant comprendre l‘intégration
de fonds). Les commerçants peuvent être des criminels eux-mêmes, escroquant leur
clientèle, ou servant de façade pour le blanchiment du produit des activités de leurs
complices, se faisant passer eux-mêmes pour des clients.

c- Politique de contrôle de blanchiment d 'argent

Appréciation Effectifs Fréquence

y‘a-t-il une politique de contrôle de blanchiment Oui 30 100%


au Cameroun par le mobile money
Non 0

Rédigé et soutenu par IMANI ISHIMWE Irène 62


RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Fréquence des réponses positives liées à la connaissance de


l'existance d'une politique de contrôle de blanchiment au
Cameroun par le mobile money

Total=100

Source : travaux de l‘auteur.


On peut noter par ce diagramme que toutes les entreprises sont au courant de la notion
de blanchiment d‘argent par mobile money.

d- Mise en œuvre des recommandations de l’institution financière dans lutte contre


le BC/FT

Appréciation Effectifs Fréquence


Mettez-vous en œuvre les recommandations de Oui 25 75%
lutte contre le blanchiment des capitaux non 5 25%
concernant le mobile money

Fréquence des réponses positives liées à la mise


25% en œuvre ces recommandations dans l'institution

Fréquence des réponses négatives liées à la


mise en œuvre ces recommandations dans
l'institution
75%

Total=100

source: travaux de l‘‘auteur


Il ressort de l‘analyse de ce diagramme et du tabeau que la majeure partie des
operateurs du mobile money ne mettent pas en œuvre les recommandation en vigueur sur le
contrôle d‘opération mobile money.

Rédigé et soutenu par IMANI ISHIMWE Irène 63


RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

e- Fréquence liée à l’efficacité de la mise en valeur de la règlementation par le


mobile money dans la lutte contre BC/FT
Appréciation Effectifs Fréquence
Est-ce que la réglementation mise en place pour Oui 7 25%
la lutte contre le BC/FT par les services de mobil non 23 75%
money est-il efficace

Nous constatons que 25% des répondants des opérateurs du ‗‗mobile money‘‘ ont
confirmé l‘efficacité de la réglementation de la lutte contre le BC/FT par le mobile money
contre 75%. Cela déduit que la réglementation mise en place pour lutter contre le blanchiment
est pratiquement inefficace ce qui augmente le risque de blanchiment d‘argent.

Fréquence des réponses positives liées à


25% l'efficacité de la mise en valeur de la
réglementation mise en place pour la lutte contre
le BC/FT par les services de mobil money

75% Fréquence des réponses négatives liées à


l'efficacité de la mise en valeur de la
réglementation mise en place pour la lutte contre
Total=100 le BC/FT par les services de mobil money

Source: travaux de l‘auteur.


Pareillement comme décrit plus haut, les opérateurs du mobile money mettent très
difficilement en application la mise en valeur des réglementations en vigueur pour la lutte
contre le blanchiment via mobile money.
f- Fréquence de transaction

80
Fort Fréquence de transaction
60
Fréquence

40 Moyen

20

0
Faible
-20

Effectif

Source: travaux de l‘auteur.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

La fréquence des transactions est très considérable car chaque jour plusieurs
operateurs effectuent des transactions ‗‗mobile money‘‘.

g-Profile de la clientèle
Appréciation Effectifs Fréquence

quel est le profil de base de la clientèle Hétérogène 30 100%

homogène

Hétérégénoité du profil de base de la clientèle

Total=100

Source : travaux de l‘auteur


La clientèle du mobile money est 100% hétérogène. C‘est une clientèle qui ne
considère ni niveau de classe sociale, ni sexe, ni tranche d‘âge. Toute personne peut effectuer
les opérations de ‗‗mobile money‘‘.

h-Volume de transaction
Appréciation Effectifs Fréquence

Le volume de transaction est-il considérable Petit 0 O

Moyen 0 0

grand 20 100%

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Le volume de transfert par mobile money est très important non seulement au regard
du nombre d‘opération et le recours à une multitude d‘agents.

150
Considérabilité du volume de transaction
Fort
100
Fréquence

50

Faible Moyen
-50

Effectif

Source: traveaux de l‘auteur.

Le chiffre d‘affaires. Voici les principaux chiffres du ‗‗mobile‘‘ en Afrique (2021)


avec 36,7 milliards de transactions effectuées

Source: Ecofin, mobile money en Afrique 2021, GSM ASSIONCIATION, agence Ecofine, avril, 2022

i- Existence de la Procédure identification concernant les déposants

Appréciation Effectifs Fréquence

Y‘a-t-il une procédure d‘identification concernant Oui 20%


les déposant des fonds
non 80%

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Concernant l‘identification des déposants, elle est presque inexistante car les déposants des
fonds à travers le service de ‗‗mobile money‘‘ est sans condition.
Effectivité de l'existence d'une procédure
d’identification concernant les déposants des fonds

Non-effectivité de l'existence d'une procédure


d’identification concernant les déposants des fonds

Total=100

Source : travaux de l‘auteur


j- Effectif du personnel capable de traiter les alertes les transactions suspect

Appréciation Effectifs Fréquence

y‘a-t-il assez personnel (agent intermédiaire, Oui 6 30%


partenaire indépendant efficace, honnête et capable
de traiter les alertes du dispositif de détection des
transactions suspect non 14 70%

Pas-assez se personnel efficace et capable de


30% traiter les alertes du dispositif de détection des
transactions suspect

Assez se personnel efficace et capable de


traiter les alertes du dispositif de détection des
70% transactions suspect

Total=100

Il ressort de cette analyse 70% du personnel effectuant des opérations du mobile


money ne peuvent traiter les alertes de transactions suspectes contre 30%. Ainsi, on assiste
d‘une part au risque de blanchiment d‘argent lie aux agents, intermédiaires et partenaires de
détail.
Ils se situent à un emplacement stratégique dans le cycle de paiement des services d‘argent
mobile : le chargement de sommes en espèces, le point de rachat ou retrait, et également la
vente des appareils téléphoniques susceptibles d‘être utilisés pour les opérations. Ces

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

personnes ont donc la possibilité de falsifier leurs registres, d‘ignorer des soupçons qui
devraient sinon être signalés, ou simplement de constituer un point de faiblesse en n‘exerçant
pas leur fonction avec toute la vigilance nécessaire d‘autre part le risque lié au recrutement
des partenaires de distribution. Sur ce point, il convient de préciser tout d'abord que, le
Mobile Money s'appuie sur un réseau de partenaire indépendant. Ces partenaires de
distribution, qui vont du Super Agent à l'agent de détail, ne sont pas assujettis au même titre
que les Etablissements de crédit dont ils distribuent la monnaie électronique. Cet état de fait
constitue aussi également un risque majeur. Supposons encore que, un criminel veuille
blanchir le produit de son activité criminelle. Celui-ci peut aisément se rapprocher d'un des
opérateurs de téléphonie mobile exerçant dans le mobile money pour y souscrire un contrat de
Distribution au travers d'une activité commerciale apparemment banale, qui lui servirait de
couverture. Ce dernier injecterait des sommes issues de son activité illicite pour le
transformer en Money Electronique, et ainsi procéder au blanchiment de ces sommes par la
vente de cette monnaie électronique. Cette étape constituerait la première étape du
Blanchiment de capitaux, appelée le prélavage. Ces sommes pourront ensuite être déposé
dans un compte ayant déjà obtenu un justificatif de l'origine desdits fonds.

k-Mesure de vigilance à l’égard des opérations sur place


Appréciation Effectifs Fréquence

existe-t-il des mesures de vigilance à l‘égard des Oui 7 35%


opérations sur place et hors place (zone
domestique)
non 13 65%

Absence des mesures de vigilance à l’égard des


opérations sur place et hors place (zone domestique)

Existence des mesures de vigilance à l’égard des


opérations sur place et hors place (zone domestique)

Total=100

Source: travaux de l‘auteur

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

2-Identification des risques de blanchiment liés au ‘‘mobil money’’.

Tableau 1: identification des risques inhérents au ‘‘mobile money’’.


Le tableau ci-dessous identifie et évalue les différents risques qui découlent du mobile
money.
CATEGORIE DES ENUMERATION DES RISQUES NIVEAU DE
RISQUES RISQUE

Produit/ Le risque lie à l‘absence d‘un dispositif de vérification de Elevé


services/risques l‘authenticité des pièces, car un client peut se faire
spécifiques enregistrer sous une fausse identité sans que l‘institution
financière ait la possibilité de vérifier en temps réel son
identité à partir d‘une autre source d‘information.

Le risque lie à l‘insuffisance du personnel en capacité et en Moyen


nombre pour le traitement des alertes des dispositifs de
détections des transactions suspectes

Géographique/ Le risque lié aux opérations transfrontalières car des fonds Elevé
risques pays illicites peuvent par ce service, se déplacer par des
juridictions s à risques vers le pays ou entre le pays (flux
entrant et sortant) et les autres Etats de la CEMAC

Risque lié par les partenaires mobile money, call-boxeur et Elevé


agent de supervision

L‘absence de visibilité ou l‘incertitude sur le poids des Moyen


transactions effectuées par les clients non-résidents

Le non actualisation systématique des dossiers Moyen


administratifs et fiscaux des clients personnes morales en
cas de modification de la forme juridique et de
l‘actionnariat de la personne morale

Non identification des déposants des fonds Elevé

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Après avoir observé les résultats ci-dessus, nous constatons que, le risque de blanchiment
d‘argent par le ‗‗mobile money‘‘ est moyennement élevé.
Ce taux s‘étant du fait de la notation de plusieurs variables a l‘instar de , le volume de
transfert par mobil money est très important non seulement au regard du nombre d‘opération
et le recours à une multitude d‘agents et l‘importance de transaction en liquide et la possibilité
de réaliser les payements à distance. Le profil de base de la clientèle est hétérogène (clientèle
aussi bien à faible qu‘à forte valeur nette, PPE) et représente un risque élevé. La réalisation
des opérations anonymes présente un risque très élevé. En effet, la procédure concernant le
dépôt des fonds est anonyme. Tout le monde peut faire un dépôt sans besoin de justificatif de
son identité. Le risque lié à l‘absence d‘un dispositif de vérification de l‘authenticité des
pièces est élevé car, un client peut se faire enregistrer sous une identité anonyme sans que
l‘institution financière ait la possibilité de vérifier en temps réel son identité à partir d‘une
autre source d‘information.

L’hypothèse H1 selon laquelle « La monnaie électronique (mobile money) est un


catalyseur de l‘augmentation de risque de blanchiment de capitaux » est validée.

À cet effet, l‘hypothèse 1 de ce travail est vérifiée

II. Risques de blanchiment des capitaux liés aux services de payement virtuel
(cryptomonnaie).

L‘analyse du risque de blanchiment d‘argent inhérent de la cryptomonnaie a été


évaluée à travers un ensemble d‘enquête collectée auprès de la population de Yaoundé.

La taille de l‘échantillon en termes de nombre d‘individus à enquêter a été fixée à 65


pour les utilisateurs des cryptomonnaies avant la collecte et de 62 après la collecte soit un
taux de couverture total de 94,5%. Le premier échantillon sur la cryptomonnaie est davantage
porté sur les habitants de la ville de Yaoundé utilisant les cryptomonnaies. La répartition est
faite à plusieurs niveaux socioéconomiques, en passant par l‘âge, le sexe, le niveau d‘étude et
le domaine d‘activité etc.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

1. Présentation des analyses


a. Sexe
Les 62 individus qui constituent la population d‘étude se décomposent comme suit :
46 Hommes (soit 62%) et 16 femmes (soit 36%).

Graphique 2: Répartition des répondants suivant le sexe

Source : travaux de l‘auteur


a- Age
Cameroun Avec une moyenne d‘âge située autour de 35 ans, les répondants sont
inégalement répartis suivant l‘âge. En effet, l‘âge minimum est de 14 ans, tandis le plus vieil
répondant est âgé de 71 ans ; ce qui traduit le champ assez vaste de couverture de l‘enquête
effectuée. La figure ci-dessous donne la répartition de l‘échantillon d‘enquête en tranche
d‘âge.
Graphique 3: Répartition des répondants suivant l'âge

Source : travaux de l‘auteur

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Il apparait ainsi que la classe prédominante est la tranche d‘âge de 20 à 30 ans, et l‘âge
médian est 30 ans (la première moitié des répondants (50,9%) comprend des jeunes de moins
de 30 ans et la seconde moitié, les plus de 30 ans).

b- Niveau d’instruction
Le niveau d‘instruction est très relevé dans la population d‘étude, avec près de 65%
des répondants qui ont fait études supérieures. Toutefois, on dénombre 4 individus sans
niveau d‘instruction/illettrés (3,7%)

Graphique 4: répartition du niveau d’instruction.

Source : travaux de l‘auteur.


c- Motivation de l’usage de la cryptomonnaie

Dans notre échantillon, les principales raisons pour lesquelles les individus utilisent la
cryptomonnaie sont le gain, pour 29,7% d‘entre eux, parce que c‘est une recommandation
d‘un proche (28,1%), parce que c‘est de façon anonyme (23,4%) et parce que c‘est un
investissement rentable pour 18,8%.

Les utilisateurs de services de cryptomonnaies se dirige vers les services de crypto


pour des raisons d‘abord de facilitation du gain immédiat, ensuite pour l‘anonymat c‘est à
dire que ce service n‘exige pas des documents pour y accéder.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Graphique 5: Répartition des individus suivant les raisons d’utilisation de la


cryptomonnaie

Investissement 18,8%

Recommandation 28,1%

Gain 29,7%

Anonymat 23,4%

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%

source : travaux de l‘auteur.


d- Investissement en cryptomonnaie
Dans notre échantillon, la plus forte proportion soit 38,5% ont déjà déboursé un
montant compris entre 1 million FCFA et 10 millions FCFA, suivi de ceux qui ont déjà
déboursé un montant compris entre 500 milles FCFA et 1 millions FCFA. Les moins
représentés (5,8%) sont ceux qui ont déjà investi un montant compris entre 50 millions FCFA
et 100 millions FCFA. Ce qui montre que les montant déjà investi dans la cryptomonnaie sont
élevés et pourraient induire des risques de blanchiment.

Graphique 6: Répartition des individus suivant le montant déjà déboursé dans


l’investissement en cryptomonnaie (en %)

10 000 000-50 000 000 21,2%

50 000 000-100 000 000 5,8%

1 000 000-10 000 000 38,5%

500 000-1 000 000 34,6%

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%

Source : travaux de l‘auteur

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

e- Moyen d’investissement sur les cryptomonnaies


A l‘observation de la structure des moyens utilisés pour investir sur les plateformes, il
ressort une prédominance des moyens à faible traçabilité. En effet, étant donné que la plupart
des entreprises proposant des services utilisant la crypto-monnaies, exercent dans l‘illégalité,
il va de soi que ces dernières optent pour des moyens de transfert de fonds qui sont faiblement
contrôlables par les autorités. Ainsi, dans près de 50% des cas, les transactions sont faites par
des dépôts en espèces dans locaux de la structure ; mode n‘assurant aucune main mise de
l‘Etat sur la comptabilité de ces structures, d‘autant plus que très peu de reçus de versement
sont remis aux récipiendaires lors de ces dépôts tel que développé plus bas. En seconde
position, nous retrouvons les dépôts par ‗‗mobile money‘‘ avec 31,4%, qui un moyen dont la
traçabilité est un peu plus élevé que le moyen précédent, grâce notamment au système
d‘identification des puces téléphoniques. Les moyens à fort niveau de traçabilité représentent
moins de 20% : dépôt dans son compte bancaire (5,8%) et virement bancaire (13,0%) ; et les
structures utilisant le plus ces moyens sont Global Invesment Trading (20,4%), Coinbase
(6,2%), Blockchain, Mekit Invest et Petron Pay avec chacun 5,8%.

Graphique 7: Moyen d’investissement sur les cryptomonnaies

Source : travaux de l‘auteur.

f- Retour sur investissement de la cryptomonnaie


A l‘observation de la structure des moyens utilisés pour retour sur investissement , il
ressort une prédominance des moyens à faible traçabilité. En effet, étant donné que la plupart
des entreprises proposant des services utilisant la crypto-monnaies, exercent dans l‘illégalité,

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

il va de soi que ces dernières optent pour des moyens de transfert de fonds qui sont faiblement
contrôlables par les autorités. Ainsi, dans près de 60% des cas nous retrouvons les dépôts par
mobile money qui est un moyen dont la traçabilité est un peu plus moins que la moyenne
grâce notamment dépôt d‘argent sans justificatif d‘origine des fonds. Les moyens à fort
niveau de traçabilité représentent moins de 40% : transfert d‘argent par les prestataires de
services de payement (RIA, Western Union etc) 30% ; dépôt dans son compte bancaire
(10%).
Graphique 8: Retour sur investissement de la cryptomonnaie

Par transfert d’argent mobil


Par banque
Par prestataire de service de transfert (western
Union, ria etc.)

Voies de perception des avoirs

Source : travaux de l‘auteur

g- Risqué lie à la cryptomonnaie


Le recours aux services de cryptomonnaie engendre d‘énorme risque par les clients à
l‘instar arnaque, escroquerie, vol ; de la cybercriminalité ; volatilité des prix c‘est un service
ou il y‘a absence de réglementation pour encadrer ce nouveau service,
Graphique 7 : risques lies a l’investissement de la cryptomonnaie
60

40 Risques liés à l'investissement à la cryptomonaie

20

0
10 10 20
ie
ix


pr

er

ali
qu
s

in
de

ro

im
sc
é

cr
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be
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ol
ol

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V
V

/
ue
aq
rn
A

Source: travaux de l‘auteur.

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3-Identification des risques de blanchiment d’argent inhérent la cryptomonnaie

Tableau 2; types des risques de blanchiment d’argent inhérent la cryptomonnaie


Le tableau ci-dessous ressort l‘ensemble des risques inhérent des services de cryptomonnaie.
CATEGORIE DES ENUMERISATION DES RISQUES NIVEAU DE
RISQUES RISQUE
Produit/ services/risques l‘absence d‘une règlementation pour encadrer la Elevé
spécifiques cryptomonnaie Absence de réglementation c‘est-à-
dire au Cameroun certaines plates-formes offrent
des services de cryptomonnaie malgré
l‘interdiction de ce service de payement et cela
accentue le risque de blanchiment d‘argent
l‘escroquerie, mineur malveillant, piratage Elevé
La désintermédiation financière des transactions Elevé
est également une caractéristique qui favorise les
possibilités de blanchiment d‘argent car de ce fait,
aucun contrôle n‘est effectué par une entité
centrale.
La flexibilité transactionnelle Elevé
Le traitement des paiements qui ne requiert pas Elevé
d‘intermédiaire
Géographique/ risques La transférabilité internationale de la Elevé
pays cryptomonnaie
L‘absence de mesure de vigilance à l‘égard des Elevé
opérations de cryptomonnaie

Risques client Risque lié à l‘anonymat ou le non identification Elevé


systématique des investisseurs dans la
cryptomonnaie
L‘absence de visibilité ou l‘incertitude sur le poids Elevé
des transactions effectuées par les clients

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Conclusion
En somme, après avoir observé les résultats ci-dessus, nous constatons que le risque
de blanchiment des capitaux lié à la cryptomonnaie est très élevé.
Ce taux s‘étant du fait de la notation de plusieurs variables. A l‘instar l‘anonymat ou il y‘a
possibilité d‘ouvrir plusieurs comptes pour dissimuler la provenance de ces dépôts ;
Transfert c‘est à dire les noms des suspects ne peuvent être repérés par le système les
criminels sont donc indétectable suivant les méthodes blacklists ; Fugacité : les fond en
provenances des différents comptes peuvent être retirés en même temps ; Rapidité : les
criminels peuvent déposer des fonds puis les transférer sur un autre compte en quelques
secondes.
À cet effet, l‘hypothèse 2 de ce travail est vérifiée.
L’hypothèse H2 selon laquelle « La monnaie virtuelle (cryptomonnaie) est un instrument de
l‘accroissement des risques de blanchiment d‘argent » est validée.

SECTION 2 : RECOMMANDATIONS

Le risque peut être ramené à un niveau faible par l‘application de quelques mesures de
prévention. Ces quelques mesures essentielles de prévention du risque peuvent être mises en
œuvre en fonction des environnements dans lesquels ces services sont offerts. Tout au long de
cette section, nous allons proposer des mesures de préventions pour atténuer le risque de
blanchiment des capitaux liés aux services de payement numérique à l‘égard de l‘autorité
monétaire et autres institutions de lutte conte BC/FT au Cameroun et présenter leur
implication.

1- Recommandations liées aux services de payements électroniques (mobile money)


BC/FT PAR LA CLIENTEL
La première recommandation est la mise en place de limites sur le nombre de
comptes, fréquences d‘opérations, volumes et montants de virement pouvant être réalisés sur
une certaine période de temps. Cela peut être efficace si les montants et volumes d‘opérations
sont très bas.
La seconde est la surveillance au niveau du système des flux d‘opérations visant à
signaler au prestataire d‘argent mobile toute séquence d‘opérations suspecte (de manière
similaire aux systèmes de LAB/ CFT actuellement utilisés par les banques et les systèmes de
détection des fraudes utilisés par les opérateurs de téléphonie mobile). Ces mesures se

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NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

renforcent l‘une l‘autre, parce que les limites imposées obligent les criminels et terroristes à
fractionner leurs opérations, les rendant ainsi plus susceptibles d‘être détectés par le système.
Lorsque les clients effectuent des volumes d‘opérations importants avec une fréquence
élevée, ce qui constitue un risque de BC/FT, ils peuvent alors être obligés de souscrire en
personne et de confirmer leur identité. L‘idée importante ici est la mise en œuvre de mesures
de prévention proportionnées en fonction des risques rencontrés.
BC/FT par les commerçants: ces intervenants présentent un niveau de risque plus élevé. La
prévention du risque au moyen de procédures de vérification approfondies au début et en
cours de relation permet néanmoins de réduire le risque jusqu‘à un niveau faible. La
sensibilisation des commerçants constitue également un élément essentiel: ils ont la
préoccupation de la viabilité de leur entreprise, et la connaissance des conséquences des
activités criminelles diminue la probabilité qu‘ils y participent. Les autres méthodes
d‘évaluation et de réduction des risques sont la formation, les contrôles et les « visites
mystère » de la boutique des commerçants.
BC/FT par les agents, intermédiaires et partenaires de détail: le risque le plus important
de BC/FT dans le système d‘argent mobile se trouve au niveau des agents et détaillants
participants ayant la possibilité de donner accès au service de paiement, de charger des
sommes sur le système ou de conduire les procédures de vérification pour le compte de
l‘opérateur de téléphonie mobile. Ces risques peuvent néanmoins être atténués, mais cela
nécessite des procédures de vérification approfondies au début et en cours de relation ainsi
qu‘une surveillance continue du respect des obligations. Les prestataires peuvent par exemple
vérifier le bon respect des règles et l‘intégrité de leurs agents par le biais de « visites mystère
» contrôlant ces agents. Ils peuvent également demander aux agents et détaillants associés
d‘assurer une formation de leur personnel sur LAB/CFT, en apportant leur assistance et en
effectuant une surveillance de cette formation. Par le biais d‘une surveillance des activités sur
site, ils peuvent aussi identifier les activités inhabituelles et/ou suspectes, enquêter, et prendre
les mesures correctives nécessaires.
BC/FT par le biais des paiements transfrontaliers: ces paiements sont susceptibles
d‘accroître les risques, mais les outils de surveillance des opérations, des limites sur les
montants et la fréquence des opérations et des procédures de vérification appropriées au
niveau des clients peuvent permettre de les contrôler et de repérer les opérations inhabituelles
ou suspectes, ramenant ainsi le risque à un niveau faible. Cette analyse repose sur une
approche adaptée au niveau de risque. Les procédures de vérification.

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B-Rôle de l’état dans la LBC relativement à la dynamique de digitalisation des services


de payement électronique (mobile money)
L‘autorité monétaire doit de mettre sur pied au niveau national une plateforme entre les
services de police et les fournisseurs des services de mobile money à partir de laquelle ces
derniers pourraient vérifier en temps réel les informations relatives à l‘identité des clients et
les enregistrements sous les fausses identités. Renforcer les dispositifs de contrôle interne et
des risques par le renforcement des capacités humaines et l‘acquisition des outils de sécurités
robustes capable de détecter de manière automatique les opérations suspectes effectuées via
mobile money et de réagir aux attaques cybercriminelles.

2- Recommandations liées à la cryptomonnaie


Rôle de l’Autorité Monétaire
Soumettre les nouveaux acteurs à l‘obtention d‘un agrément. Cela a été rendu possible avec
le cas des établissements de paiements électroniques. C‘est également un des objectifs de
l‘étude en cours sur les crypto-monnaies (encadrer les PSAV Désigner une autorité de
régulation ou de supervision pour des inspections afin d‘éviter que ces entités ne soient
abusivement utilisées à des fins de BC/FT.
Conclusion partielle
En définitif, l‘autorité monétaire est dans l‘obligation de prendre des mesures pour
pouvoir atténuer les risques, car les risques de blanchiment de capitaux liés aux services de
payement numérique sont élevés à cause de la non réglementation de la monnaie virtuelle, du
non-respect du seuil de transaction par la carte payée, de la non identification des déposants
d‘argent lors des dépôts d‘argent etc. ainsi la situation économique peut se dégrader
rapidement. Elle a pour priorité l‘anticipation des risques financiers qui se rapportent aux
services des payements numériques, la nécessité de la réglementation de la monnaie virtuelle.
Comme nous avons pu le voir, de nombreux moyens et techniques permettent de quantifier et
d‘évaluer le danger de chaque service de payement numérique. Le risque de blanchiment est
toujours présent dans chaque économie d‘un pays et chaque jour des criminelles inventent de
nouvelles techniques pour rendre légale les biens illicites. Ainsi, l‘autorité monétaire doit
trouver des solutions pour atténuer ces risques de blanchiment liés aux services de payement
numérique.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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CONCLUSION GENERALE

L‘analyse des risques de blanchiment d‘argent dans un pays est très importante. Le
risque de blanchiment d‘argent reste et demeure une préoccupation majeure tant pour les
autorités publiques et les chercheurs du monde entier en général que ceux de l‘Afrique
Subsaharienne en particulier. Cela se justifie par son statut de bien public qu‘elle représente.
Dans cette étude, sur un premier plan, relatif au statut théorique des risques de blanchiment
d‘argent inhérent aux services de payement numérique, les monnaies numériques éclairent
d‘un jour nouveau l‘opposition entre la monnaie conçue comme une marchandise et la
monnaie conçue comme une valeur abstraite. L‘originalité de cette recherche repose d‘abord
sur la délimitation du champ d‘analyse à travers un large échantillon, sur la définition des
concepts de risque du blanchiment d‘argent et les services de payement numérique. L‘Etat de
lieux des services de payement numérique au Cameroun. Elle introduit des nouveaux
déterminants (‗‘mobile money‘‘, cryptomonnaie) qui sont susceptible d‘engendrer des risques
financiers, des risques BC/FT. Sur un second plan nous avons essayé de présenter les
opportunités et les risques que représente la prolifération des services de payement
numérique. En tant que sophistication des modes de paiement, elles semblent a priori
attractives en regard des instruments traditionnels. Pourtant leur circulation reste plus limitée
que prévu. Les services de payement numérique se développent à grande vitesse, sinon dans
leur usage du moins dans leur nombre. D‘une part les cryptomonnaies, en particulier le
Bitcoin, ont connu une popularité immense auprès des investisseurs en très peu de temps.
Certains y voient tout simplement un bon moyen de spéculer tant leur volatilité est élevée,
d‘autre part comme une technologie innovatrice permettant de désintermédier la confiance
par biais de la décentralisation, d‘autres encore comme un outil plébiscité par les criminels
voulant agir dans l‘anonymat le plus total. Ce qui est certain est que la blockchain est une
technologie révolutionnaire qui va très certainement transformer le paysage et les habitudes
de notre société. Les intermédiaires financiers traditionnels ainsi que les gouvernements ont
été surpris par l‘arrivée des cryptomonnaies et ont tardé à s‗y intéresser. Cette technologie a
créé des opportunités pour de nouveaux types d‘intermédiaires financiers comme les
fournisseurs de portefeuilles virtuels ou les plateformes de négociation qui ne sont pas tous

Rédigé et soutenu par IMANI ISHIMWE Irène 80


RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
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soumis à la législation en vigueur. D‘autre part la monnaie électronique à l‘instar du mobile


money, carte prépayée sont des nouveaux services de payement qui ont du mal à emporter
l‘adhésion du grand public car les risques liés à leur utilisation restent difficiles à évaluer et la
confiance peine à s‘installer. En définitive, au terme de cette étude, l‘on peut noter que la
digitalisation des services de payement présente de nombreux risques de blanchiment
d‘argent. Toutefois, les différents acteurs doivent se préparer à relever les différents défis que
présente cette nouvelle donne. L‘Autorité Monétaire en particulier doit s‘adapter à ces
changements afin de mieux jouer son rôle.

Rédigé et soutenu par IMANI ISHIMWE Irène 81


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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I OUVRAGES
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dématérialisation de la monnaie et de la contestation des banques, Open Edition Journal,
automne 2015.

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Friedrich Hayek, Pour Une Vraie Concurrence Des Monnaies, PUF Paris, 1976.

J. L. Herail, P. Ramael, Blanchiment d’argent et crime organisé, Presses Universitaires de


France, 1996.

Pascal Kerebel, Management Des Risques Inclus Secteur Banques Et Assurances, Groupe
Eyrolles, 2009.

Petrus C. van Duyne;Jackie H. Harvey;Liliya Y. Gelemerova, The Critical Handbook of Money


Laundering, Policy, Analysis and Myths, Palgrave Macmillan, Avril 2018.

Usaid and Booz Allen Hamilton, Mobile Financial Services Risk Matrix, KSMS, 2010.

II- ARTICLES
Aglietta Michel Et Scialom Laurence, Les Risques De La Monnaie Electronique, L'Économie
Politique, 2002/2 No 14, P. 82-95.

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Babacar Sambe FMD/BAD, Opportunités et risques de la digitalisation sur le marché des


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BEHRING société d‘avocat.

Beaugas Orain Djoyum, Les 15 Risques Du Paiement Mobile Pouvant Entraîner Le


Blanchiment D‘argent En Zone CEMAC, 16 août 2017, Digital Business Africa.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Brahim Lahraoua, Etude Sur Les Aspects Criminologiques Du Blanchiment D´Argent, Refeg
4/2016.

Carl Menger, Principes D‘économie Politique, Paris,Seuil,Coll. « Economie


Humaine » 2020,Ed.Critique Campagholo, Pref.Bertam Schefold.

Cécile Ayerbe, Marc Ingham, Management Des Cangement, Dunod, 2002.


Ecofin, Mobile Money En Afrique 2021, GSM ASSIONCIATION, Agence Ecofine, Avril,
2022.

Éric ROSSIGNOL, Xavier LAURENT, la Blockchain, Un Levier de digitalisation pour les


Banques de Financement et d‘investissement (BFI) 3 Août 2017.
Helene Ploix, Ethique et marchés financiers, 1996, Revue d‘Economie Financière.

Jean-Charles Rochet Et Marianne Verdier, Banques Monnaies Et Payement, 2021, Revue


d‘Economie Financière.

Mahtab Kouhizadeh, Sara Saberi, Joseph Sarkis Blockchain technology and the sustainable
supply chain: Theoretically exploring adoption barrier. International Journal of Production
Economics, 2020.

Marina Solin Et Andrew Zerzan, Argent Mobile: Méthodologie D‘évaluation Des Risques
Liés Aux Blanchiments Des Capitaux Et Financement Du Terrorisme, Juin 2009.

Nadine FULA, Zoom, RDC : Avantages Et Inconvénients D‘utilisation De La Monnaie


Virtuelle, 14 Novembre 2018.

Lefèvre, Pauline, Risques et Contrôle Des Entreprises Qui Traitent Avec Les Monnaies
Virtuelles, Le Cas Des Bitcoins En Particulier. Louvain School Of Management, Université
Catholique De Louvain, 2019. Prom. : Vandenborre, Bernard.

Shesney ; ‗‘privatisation du terrorisme‘ ‘le monde, 6 mai 2003.

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African case, wash, J.L Tech.& arts, 2013.

III-MEMOIRE EN LIGNE
Théo MALACARI, Evaluation du risque de blanchiment d‘argent lié aux cryptomonnaies,
Genève 12 Juillet 2019.

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

IV-AUTRES DOCUMENTS
ANIF, Rapport d‘évaluation de la lutte contre le blanchiment d‘argent et financement du
terrorisme au Cameroun, 2019.

Cf. La banque mondiale, « Guide de référence sur la lutte contre le blanchiment de capitaux
et contre le financement du terrorisme ». (2003), chapitre I, p. 7

GABAC, .Les nouveaux moyens de paiement face aux défis de la lutte anti blanchiment et
contre le financement du terrorisme dans la zone CEMAC AOÛT 2017.

GAFI, rapport sur les typologies : vulnérabilité sen terme de blanchiment de capitaux, 2021.

MINFI, Rapport d‘évaluation du risque de blanchiment d‘argent contre les risques de


blanchiment d‘argent et financement du terrorisme, 2021.

PAUL .R. DICTIONNAIRE de langue française, Paris, Hachette, 1950, 1088 pages.

Rapport du GCBF, National risk assessiment: le risqué de blanchiment d‘argent et de


financement du terrorisme par les crypto-assets et le crowdfounding, octobre 2003.

V- SITES WEB
https://spgabac.org
https://www.anif.cm
HTTPS://dgtcfm.com/la-dgtcfm/organigramme/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaievirtuelle

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NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

ANNEXES

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NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

Annexe 1 : QUESTIONNAIRE POUR L’ANALYSE DES RESULTATS

Thème analyse risques de blanchiment d‘argent liés aux services de payement numérique.
Je me nomme Imani Irène étudiante en master 2 a l‘institut universitaire des sciences et
management (IUSM) filière banque et institution financière. Je voudrai utiliser ce canal pour
obtenir plus d‘informations possible afin de mener à bien mon étude. Les informations ci-
dessous seront utilisées essentiellement pour la recherche pour la rédaction de mon mémoire.
Merci d‘avance.

Indentification du répondant
Instructions
Pour ce qui est des cases veillez cocher la repose qui vous semble juste

A- Questionnaire lie au transfert d’argent par le mobile money ? (au personnel de


l’autorité monétaire)
1– y‘a-t-il une politique de contrôle de blanchiment au Cameroun par le mobile money
Oui Non
2-est-ce que la règlementation mise en place pour la lutte contre le BC/FT par le service de
mobile money est-il efficace ?
Oui Non
3-quel est le profil de base de la clientèle
Hétéroclite Homogène
4-quel est la fréquence de transaction ?
Faible moyen forte
5-Le volume de transaction est-il considérable ?
Petit moyen grand
6-Y‘a-t-il une procédure concernant les déposant des fonds ?
Oui non
7- a- existe-il une réglementation pour le mobile money ?

a- si oui, la règlementation mise en place pour le mobil money est-elle respectée ?


8-existe-t-il un dispositif de vérification de l‘authenticité des pièces d‘identités des clients ?
Oui Non

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

9-y‘a-t-il assez se personnel efficace et capable de traiter les alertes du dispositif de détection
des transactions suspect ?
Oui Non
10-existe-t-il des mesures de vigilance à l‘égard des opérations sur place et hors place (zone
domestique ?
Oui Non

B-Cartes prépayées à l’international ( au personnel du MINFI)


1- Ya-t-il présence ou absence de visibilité ou d‘un dispositif de suivi des opérations
effectuer par les non résident
Présence absence
2- Ya-t-il un seuil par personne et par porteur pour les opérations intra zone
Oui Non
3- Peut-on effectuer les opérations à distance avec la carte prépayée dans la mesure où
elle
Peut-être rechargée dans un pays et utilise dans un autre
Oui Non
4- Existe-t-il un système automatique de rapprochement automatique de données de
l‘identification et d‘opérations effectues aux moyens des cartes prépayées
Oui non

5- Est-ce qu‘une personne peut-il détenir plusieurs cartes prépayées auprès des
différentes institutions bancaire et effectuer plusieurs opérations journalière sans que
cela ne soit perçu ?
Oui Non
6- Existe-t-il de fraude cyber criminelle : contrefaçon des cartes, contrefaçon des
terminaux, accès au serveur des cartes prépayées ?
Oui Non
7- Y‘a-t-il présence d‘un dispositif informatique d‘analyser les indices ou de détections
automatique des opérations suspectes ?
Oui Non
8- Est-ce que tous les utilisateurs de la carte prépayée sont toujours identifies ?
Oui Non

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

9- Y‘a-t-il une maitrise des plateformes monétiques qui sont localisées hors des
juridictions des activités des établissements bancaires ?
Oui Non
10- Ya-t-il suffisamment de contrôle des organes de supervision ?
Oui Non

C-Questionnaire lie à la cryptomonnaie (aux habitants de Yaoundé)


1- Quel Age avez-vous ?
20-30 30-40 40-50 50-60
2-De quel sexe êtes-vous ?
Masculin féminin
3-Quel est votre niveau d‘étude ?
Aucun primaire secondaire universitaire
4-Quel est votre domaine d‘activité ?
Fonctionnaire Commerçant Businessman Médecin Autres
5-a)Avez-vous connaissance de la cryptomonnaie ?
Oui Non
b-Si oui quelles plates-formes utilisez-vous?

6-Quel est votre appréciation globale sur les cryptomonnaie ?


Nul Moyen Bien
Excellent
7-Qu‘est-ce qui vous pousse à utiliser le service de cryptomonnaie
Anonymat Gain investissement
8- comment arrivez-vous à percevoir vos avoirs ?
Par banque par transfert argent (mobile money) prestataire de
services de transfert (western union, ria, money gram etc.)
9-Quelle procédure employez-vous pour investir dans les plates-formes ?
Virement bancaire transfert d‘argent chèques
10-l‘investissement en cryptomonnaie est-il risqué?

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT ................................................................................................................... i
DEDICACE ............................................................................................................................... ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ iii
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACCRONYMES .............................................. iv
LISTE DES GRAPHIQUES ..................................................................................................... v
LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................ vi
SOMMAIRE ........................................................................................................................... vii
RESUME ................................................................................................................................ viii
ABSTRACT ............................................................................................................................. ix
INTRODUCTION GENERALE............................................................................................... 1
1- Contexte justificatif .............................................................................................................. 1
2- Problématique et questions de recherche ...................................................................................... 3
3- Questions de recherche ........................................................................................................ 5
4- Objectifs de l‘étude ......................................................................................................................... 5
5- Hypothèses de travail ........................................................................................................... 6
6- Intérêt de l‘étude : ................................................................................................................. 6
7- Revue de la littérature .......................................................................................................... 7
8- Méthodologie et technique de recherche ......................................................................... 10
9- Annonce du plan ................................................................................................................. 11
PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS THEORIQUES DES RISQUES DE
BLANCHIMENT DES CAPITAUX LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE ......................................................................................................................... 13
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LES RISQUES DE BLANCHIMENT DES
CAPITAUX LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUE ................................ 14
SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL DU RISQUE DE BLANCHIMENT D‘ARGENT 14
I. Risques de blanchiment d‘argent : ................................................................................ 14
1- Définitions ........................................................................................................................... 14
a- Risque : ................................................................................................................................ 14
b- Blanchiment d‘argent ......................................................................................................... 15

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

2- Processus de blanchiment d‘argent .................................................................................. 16


a- Le placement ................................................................................................................................... 16
b- La dissimulation ............................................................................................................................. 17
C- L‘intégration .................................................................................................................................. 19
3- Les sources de blanchiment d‘argent ............................................................................... 19
4- Organismes de lutte contre le blanchiment d‘argent ...................................................... 20
4.1) Au niveau international ...................................................................................................... 20
a- L‘ONUDC ....................................................................................................................................... 20
b- Le GAFI .......................................................................................................................................... 20
c- CLAB ............................................................................................................................................... 21
4.2.) Au niveau de la sous-région CEMAC.............................................................................. 21
a- LE GABAC ......................................................................................................................... 21
b- ANIF ..................................................................................................................................... 22
4.3) Au niveau national .............................................................................................................. 22
II. Les services de paiement numérique ......................................................................... 22
1- Monnaie électronique ......................................................................................................... 23
1.1- Définitions ................................................................................................................................... 23
1.2- Produits des services électroniques ........................................................................................ 24
1.3- Cadre règlementaire............................................................................................................ 26
2-Monnaie virtuelle ............................................................................................................................ 28
2.1 Definition ...................................................................................................................................... 28
2.2- Origine, fonctionnement et caractéristique de la cryptomonnaie. ........................................ 29
a- Origine du terme de cryptomonnaie. ................................................................................ 29
b- Principes de fonctionnement ............................................................................................. 30
c- Typologies de cryptomonnaies ......................................................................................... 31
2.3- Caractéristiques de la cryptomonnaie ...................................................................................... 32
2.4- Dispositif réglementaire relatif aux services de paiement virtuel. ....................................... 33
SECTION 2 : CADRE THEORIQUE DU BLACHIMENT DES CAPITAUX LIE AUX
SERVICES DES PAYEMENT NUMERIQUE ...................................................................... 34
I. Théorie de l‘Innovation financière et technologique .................................................... 34
a- La règlementation ........................................................................................................................... 34
b- L‘intensification concurrence ....................................................................................................... 35
C- Risques liés à la volatilité accrue des taux d'intérêts et des taux de change. ......................... 36

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

II. Théorie de la digitalisation des nouvelles monnaies ..................................................... 37


a- Enjeux .............................................................................................................................................. 40
b- Nature de la monnaie et les nouvelles monnaies ....................................................................... 41
CHAPITRE 2 : TYPOLOGIE DES RISQUES DE BLANCHIMENT DE CAPITAUX VIA
LES SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUE ................................................................ 42
SECTION 1 : RISQUES LIES AUX MONNAIES ELECTRONIQUES .............................. 42
1. Risques liés aux cartes prépayées................................................................................................. 42
1.1- Anonymat des porteurs Les cartes prépayées ......................................................................... 42
1.2 - Non-respect des plafonds prescrits par la Banque Centrale. ................................................ 43
1.3-Risque de blanchiment par le contournement des seuils de déclarations automatiques ..... 44
1.4- Les risques liés à la réalisation des opérations La maîtrise des flux monétiques constitue
le principal facteur de risque lié à la réalisation des transactions par l‘entremise des NMP. ... 44
2- Risques liés au paiement par transfert mobile money ................................................... 45
2.1- Les risques de blanchiment d‘argent et de financement du terrorisme liés à la clientèle . 45
2.2- Risques liés à la réalisation des opérations ..................................................................... 46
SECTION 2 : RISQUES DE BLANCHIMENT EN RAPPORT AVEC LA MONNAIE
VIRTUELLE ........................................................................................................................... 47
1-Risques liés à l‘utilisation de la blockChain ................................................................................ 47
1.1- L‘anonymat du système ..................................................................................................... 47
1.2- Les mineurs malveillants .................................................................................................. 48
1.3- Risque lies a l‘Escroquerie ................................................................................................ 49
2- Risque de blanchiment d‘argent lié aux cryptomonnaies illégalement obtenues .......... 50
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RISQUES DE BLANCHIMENT DES CAPITAUX
LIE AUX SERVICES DE PAYEMENT NUMERIQUES : CAS DU CAMEROUN ........... 52
CHAPITRE 3 : CADRE METHODOLIGIQUE DE LA RECHERCHE ............................... 53
SECTION I : PRESENTATION GENERALE DE L‘AUTORITE MONETAIRE (DCFM) 53
I.presentation de l‘lenvironnement interne ........................................................................... 53
1. Fonctionnement de la DCFM ............................................................................................ 53
2. Missions de la DCFM ........................................................................................................ 54
3. Organisation la DCFM ....................................................................................................... 54
II- Présentation de l‘environnement externe .................................................................. 57
1. L‘ANIF ................................................................................................................................. 57
2. Les banques ......................................................................................................................... 57

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

3. Le FMI ................................................................................................................................. 58
4. La population....................................................................................................................... 58
SECTION 2 : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE .............................................. 58
I. Méthode de recherche et outils d‘analyses .................................................................... 58
1- Stratégie de recherche ........................................................................................................ 58
2- Outils de collecte des données .......................................................................................... 58
II. Présentations des variables de l‘analyse .................................................................... 59
1- Populations cible et traitement des données .................................................................... 59
2- Traitement des données...................................................................................................... 59
CHAPITRE 4 : ANALYSES DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS ................. 60
SECTION 1 : ANALYSES DES RESULTATS ..................................................................... 60
I. Présentations des résultats des risques de blanchiment d‘argent liés aux services de
payement électronique .......................................................................................................... 60
1- Analyse des risques de blanchiment liés du mobil money ...................................................... 60
a- Description de la population ............................................................................................. 61
b- Activité exercée................................................................................................................... 62
c- Politique de contrôle de blanchiment d 'argent ............................................................... 62
d- Mise en œuvre des recommandations de l‘institution financière dans lutte contre le
BC/FT… .............................................................................................................................................. 63
e- Fréquence liée à l‘efficacité de la mise en valeur de la règlementation par le mobile
money dans la lutte contre BC/FT .................................................................................................... 64
f- Fréquence de transaction ................................................................................................... 64
g-Profile de la clientèle ...................................................................................................................... 65
h-Volume de transaction .................................................................................................................... 65
i- Existence de la Procédure identification concernant les déposants ......................................... 66
j- Effectif du personnel capable de traiter les alertes les transactions suspect ........................... 67
k-Mesure de vigilance à l‘égard des opérations sur place ............................................................. 68
2-Identification des risques de blanchiment liés du mobil money. .............................................. 69
II. Risques de blanchiment des capitaux liés aux services de payement virtuel
(cryptomonnaie).................................................................................................................... 70
1. Présentation des analyses ................................................................................................... 71
a. Sexe ...................................................................................................................................... 71
a- Age........................................................................................................................................ 71

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RISQUES DE BLANCHIMENT D’ARGENT LIES AUX SERVICES DE PAYEMENT
NUMERIQUE : CAS DU CAMEROUN

b- Niveau d‘instruction ........................................................................................................... 72


c- Motivation de l‘usage de la cryptomonnaie .................................................................... 72
e- Moyen d‘investissement sur les cryptomonnaies ........................................................... 74
f- Retour sur investissement de la cryptomonnaie ............................................................. 74
2- identification des risques de blanchiment liés à la cryptomonnaie ......................................... 75
SECTION 2 : RECOMMANDATIONS ................................................................................. 77
1- Recommandations liées aux services de payements électroniques (mobile money) ............. 77
2- Recommandations liées à la cryptomonnaie ................................................................... 79
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................. 80
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................ 82
ANNEXES .............................................................................................................................. 85
TABLE DES MATIERES ...................................................................................................... 89

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