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PLAN

INTRODUCTION…………………………………………………………………………….1

I-Conceptualisation du phénomène…………………………………………………………....2

1- Origine et définition de l’expression……..……………………………………………2


2- Ampleur de la criminalité………………………………………………………………2
3- Motifs liés au blanchiment d’argent……………………………………………………3

II- Le processus et les méthodes de blanchiment d’argent…………………………………….4

1- Le processus de blanchiment d’argent…………………………………………………4


2- Les méthodes de blanchiment d’argent………………………………………………..6

III- Les enjeux économiques du blanchiment d’argent………………………………………..8

IV- la lutte contre le blanchiment d’argent : un enjeu mondial………………………………..9

1- Au niveau international………………………………………………………………..9

a- Le groupe d’action financière contre le blanchiment des capitaux GAFI……………9

b- Implication des institutions bancaires dans la lutte………………………………….11

2- Au niveau africain…………………………………………………………………….12
a- En zone CEMAC……………………………………………………………………..13
b- En zone UEMOA……………………………………………………………………..13

CONCLUSION………………………………………………………………………………15

BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………..16

WEBOGRAPHIE…………………………………………………………………………….17

1
INTRODUCTION

La criminalité économique a fait son apparition pour contourner les législations fiscales. Avec
le temps, par l'avancée des techniques modernes, elle est devenue un domaine où le crime
organisé est source de gains énormes. Les entreprises criminelles vont en permanence tenter
d’envahir l’espace de l’économie légale.

Dans le sillage de la mondialisation et de la libéralisation des échanges, les syndicats du crime


organisé et des individus entreprenants tirent profit de l'ouverture des frontières, de la
privatisation, des zones de libre échange, de la faiblesse de certains Etats, des transferts
financiers électroniques et des techniques bancaires de l'âge cybernétique pour blanchir
chaque jour des millions de dollars de profits tirés des trafics de tout genre. Le blanchiment
d’argent est un phénomène ancien dans son concept, dont les modalités de mise en œuvre sont
à l'image du système financier moderne : évolutives, sophistiquées et internationales.

Selon le FMI, le blanchiment d’argent représente chaque année près de 590 à 1500 milliards
de dollars US à l’échelle planétaire, ceci démontre que les volumes financiers d’origine
criminelle sont très importants. Face aux préoccupations croissantes que suscite ce fléau, des
réponses législatives pénales et administratives évolutives sont présentes, le champ du
blanchiment étant toujours un sujet mouvant.

Cette note de réflexion a pour but de mettre en exergue la nécessité de lutter contre le
blanchiment d’argent. Ainsi, elle essaiera de retracer la dynamique du blanchiment, d’en
décrire les multiples pratiques et de préciser l’objectif et le contenu des politiques anti-
blanchiments, tant au niveau international qu’en Afrique.

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I-CONCEPTUALISATION DU PHENOMENE

1- Origine et définition de l’expression

L'expression « blanchiment d'argent » (money laundering en anglais) vient du fait que l'argent
acquit illégalement est appelé de l'argent sale (finance noire). Cet argent est souvent issu de
trafics d'armes, de drogue, d'êtres humains, de prostitution ou d'autres activités mafieuses. Le
blanchiment permet à cet argent de passer pour propre, c'est-à-dire de prendre une apparence
honnête.
Une autre origine peu vraisemblable est souvent avancée, l'expression « blanchiment d'argent
» viendrait du fait qu’Al Capone (chef d'une famille mafieuse) aurait racheté en 1928, à
Chicago, une chaîne de blanchisseries : les Sanitary Cleaning Shops. Cette façade légale lui
permettait ainsi de recycler les ressources tirées de ses nombreuses activités illicites.

En résumé, on retient que le blanchiment d’argent définit l’action de dissimuler la provenance


d’argent acquis de manière illégale.

2- L’ampleur de la criminalité

Drogue, prostitution, fabrication de fausse monnaie, vols, trafics en tous genres, immigrations
clandestines … par cela il est très difficile d’évaluer les profits générés par les activités
criminelles. C’est parce qu’elles parviennent à blanchir les revenus des activités illicites que
les organisations criminelles prospèrent.
Le blanchiment est conçu sur un modèle d’une véritable industrie à l’échelle planétaire. Il
utilise des passeurs, des hommes de mains, des centaines d’avocats d’affaires, des hommes
politiques, c'est-à-dire un ensemble de compétences qui intervient d’un bout à l’autre de la
chaine de recyclage avec pour seul objectif que cet argent sente bon l’honorabilité.

Estimation des profits générés par la criminalité

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milliards d’euros source
Drogue 300 à 500 / an PNUCID
Prostitution 60 / an EUROPOL
Trafic de médicaments 12 / an OMS
Contrefaçons commerciales 150 à500 / an MINEFI
Immigration clandestine 7 / an LE MONDE
Trafic de femmes 4 / an LE MONDE
Trafic de déchets polluants 12 / an LE MONDE

PNUCID : Programme des Nations Unies pour le Contrôle International des Drogues
Europol : European police office
OMS : Organisation Mondial de la Santé
MINEFI : Ministère de l’Economies, des Finances et de l’Industrie (France)

3- Motifs liés au blanchiment d’argent

Dans la perspective d’une lutte contre le blanchiment d’argent il est nécessaire de comprendre
les fondements auxquels se réfèrent ses acteurs. En réalité, ils nourrissent plusieurs ambitions
qui justifient leur conduite qui se résume en trois points à savoir :
 le désir d’empêcher la preuve de l’illégalité de leur activité économique
(dissimulation)
Les organisateurs du blanchiment d’argent vivent avec le risque permanent de se faire arrêter
pour les activités mafieuses qu’ils réalisent. En effet, il est très difficile de ne pas éveiller les
soupçons avec des sommes aussi faramineuses comme celles issues du milieu du commerce
de la drogue. Pour se protéger, ils ont recourt au blanchiment en introduisant dans l’économie
légale les fonds issus de leur criminalité. Ainsi, le blanchiment n’est pas une branche de
l’activité des organisations criminelles. Il est la condition sine qua non de leur pérennité.
 Le besoin de pérenniser leurs activités et d’augmenter leurs profits
L’argent une fois purgé de tout soupçon, pourrait être utilisé pour financer des activités
légales. On note aussi que les blanchisseurs rencontrent un besoin de financer leurs activités
qui requièrent d’importantes sommes d’argent. Ce faisant ils obtiennent un pouvoir
économique incontournable employé pour influencer tout ce qui s’opposerait à leur pratique
en usant de la corruption par exemple.
 La capacité à jouir librement de leurs recettes

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Etant donné que les blanchisseurs possèdent de l’argent sale en quantité énorme et qu’ils
doivent préserver les deux points précités, un devoir de discrétion leurs est contraint. Mais dès
que l’argent est blanchit cette discrétion s’atténue.

NB : Si le blanchiment d’argent s’observe aujourd’hui avec acuité, il faut remarquer que


certaines conditions semblent favoriser son ampleur. Ce sont les possibilités offertes par la
globalisation des marchés et la libre circulation des capitaux qui sont à leur tour accentués par
les progrès techniques bancaires (le secret bancaire, les conditions de transfert d’un pays à
l’autre…).

II- LE PROCESSUS ET LES METHODES DE BLANCHIMENT D’ARGENT

1- Le processus de blanchiment

Les théoriciens distinguent habituellement trois phases dans le blanchiment d’argent :

 Prélavage ou placement

Le prélavage consiste à placer des liquidités qui proviennent du crime dans les circuits
commerciaux ou financiers. C’est la phase la plus vulnérable pour le criminel car c’est l’étape
ou on peut facilement faire le lien entre l’argent blanchi et son origine.

 Brassage ou empilement

Grâce aux techniques de « prélavage », l'argent sale a été placé sans éveiller de
soupçons. Il faut désormais définitivement brouiller les pistes par des transactions
financières complexes (transfert de comptes en comptes, les transactions sur le
marché financiers, les services sur internet,…), puis rapatrier cet argent sur un
compte propre d'une grande banque réputée, en légitimant au maximum son origine.

 Essorage ou intégration

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L’argent étant blanchi et son origine masquée, les investissements dans l’économie légale
peuvent commencer. Il s’agit tout simplement de dépenser dans l’économie légale l’argent
issu de la criminalité.

Argent liquide

Recettes Gain Dépôts Fausses


Prélavage fictives s paradis factures
fictifs fiscal
hôtel, restaurant casino, PMU entreprises

complices

Argent placé à la banque

Montages Sociétés Transferts


financiers écrans bancaires
Brassage

Marchés financiers holding, banques,

sociétés offshore… paradis fiscaux

Origine des fonds indécelable

Essorage Placement Achat Placement


s d’entreprise financier
immobilier s

2- Les méthodes de blanchiment

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La liste qui va suivre fait état de quelques méthodes de blanchiment, par conséquent elle n’est
pas exhaustive. En effet beaucoup d’autres techniques existent, inventées en permanence.

 Le schtroumpfage

Le schtroumfage est probablement la méthode la plus courante de blanchiment d’argent. Cette


méthode nécessite l’implication de nombreuses personnes dont le rôle consiste à déposer des
sommes en espèces dans des comptes bancaires afin d’éviter le seuil de déclaration.

 Déclarer de faux gains aux jeux

Cette technique consiste à acheter des plaques de jeux au casino en échange d’argent
comptant, puis par la suite les convertir en argent versé par le casino. Il existe également des
techniques via le PMU ou la loterie, en effet il suffit que des gérants soient complices et
donnent le ticket gagnant.

 Acheter des objets de luxe

Voitures, objets d'art, bijoux, parfums, antiquités…De nombreux objets de luxe


peuvent être payés en argent liquide. Cela permet de les revendre à une
boutique complice, ou utiliser ces articles tout en s’en distanciant, en les enregistrant
ou en les achetant au nom d’un associé.

 Mélanger l’argent sale aux recettes d’un commerce complice

Sont concernés : les librairies, les boulangeries, les bijouteries, les casinos, les hôtels…
Bref, tous les commerces où les clients paient généralement en liquide, et où il est facile de
falsifier le nombre réel de clients.
Cette technique consiste tout simplement à mélanger les billets d’argent sale au reste de la
caisse, puis à tricher sur la comptabilité.

 Rater volontairement un envoi à l’étranger

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Cette technique consiste à se présenter au guichet d’un bureau de poste avec une
somme d’argent liquide inférieure au seuil de déclaration, et demander à
l’envoyer par mandat au crédit d’une personne fictive dans un pays lointain. Au
bout de trente jours, personne n’étant allé retirer l’argent au bureau de
poste du destinataire, il suffit de demander le remboursement du mandat, qui
s’effectuera par un chèque tiré sur le trésor public.

 Transporter l’argent sale à l’étranger

Après passage au bureau de change pour convertir de l'argent liquide en devises,


il suffit d’envoyer physiquement l'argent liquide vers des pays moins rigoureux
sur le blanchiment, par exemple la Russie. Certains pays, hors paradis fiscaux,
proposent des comptes bancaires anonymes. C'est le cas de l'Autriche qui,
pour environ 8 millions d'habitants, possède 25 millions de comptes anonymes. Il
est possible d’y déposer des sommes sans avoir de compte à rendre sur son
identité.
Mais les meilleurs pays où transporter l’argent sale, ce sont les paradis fiscaux.

Un paradis fiscal est un territoire ou un État présentant les caractéristiques


suivantes :
- système fiscal réduit: les impôts sur l e s revenus, les bénéfices ou la fortune sont
inexistants ou réduits, les droits de succession sont avantageux,…
- absence de coopération judiciaire internationale : les paradis fiscaux freinent ou refusent
toute coopération avec la Justice des autres pays.
- immunité judiciaire : la plupart des paradis fiscaux ont en matière de
criminalité économique une législation laxiste ou non appliquée.
- secret bancaire quasi absolu : Il est extrêmement difficile de connaitre l’identité
des personnes y déposant des fonds. La législation des paradis fiscaux prévoit
généralement des sanctions lourdes si les employés de banque transgressent cette
règle.

Au total on dénombre plus d’une cinquantaine de paradis fiscaux repartis aux quatre coins de la
planète. Les paradis fiscaux constituent ainsi de véritables « boîtes noires » au

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sein de l'économie mondiale. Toutes ces dispositions visent à attirer les
détenteurs de capitaux, quelle que soit l’origine des fonds. Les paradis fiscaux
proposent une multitude de montages financiers et structures juridiques permettant
l’évasion fiscale, la dissimulation de revenus ou de bénéfices, l’optimisation de la
gestion des capitaux. Les formalités sont généralement réduites au minimum.

III- LES ENJEUX ECONOMIQUES DU BLANCHIMENT D’ARGENT

Bien que difficile à quantifier, le blanchiment d'argent est préjudiciable à l'économie d'un
pays. Ainsi il entraine :

 Une distorsion économique

Le blanchiment d'argent empêche le développement du secteur privé par le fait que les
blanchisseurs utilisent des sociétés écrans qui mêlent le produit d’activités illicites à
des fonds d’origine licite pour en dissimuler l’origine. Ainsi des commerces de
services tels des restaurants peuvent casser les prix du marché et évincer des
entreprises du secteur privé.

En outre, le blanchiment d'argent peut aussi causer des changements imprévisibles


dans la demande monétaire ainsi qu’une grande fluctuation dans les flux de capitaux
internationaux et de taux de change.

 L’érosion du secteur financier

Alors que le secteur financier est perçu comme un élément clé dans le financement de
l'économie légitime, il peut être aussi vu comme un véhicule à faible coût pour les
criminels qui veulent blanchir leurs fonds. Par conséquent, les flux de grosses sommes
de fonds blanchis versés dans ou hors des institutions financières pourraient nuire à la
stabilité des marchés financiers. En outre, le blanchiment d'argent peut nuire à la
réputation des institutions financières impliquées dans ce genre de délit entraînant par
la suite une perte de confiance des acteurs principaux de ce secteur. Dans le pire des
cas, le blanchiment d'argent peut conduire à des faillites dans le secteur bancaire et des
crises financières.

 Une réduction des recettes publiques

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Le blanchiment d'argent réduit également les recettes fiscales étant donné que les
recettes découlant des opérations liées au blanchiment se déroulent souvent dans
l'économie souterraine.

 Des couts socio-économiques

Les effets socio-économiques créés par le blanchiment d'argent sont nombreux.


Lorsque l'argent sale est converti en fond légitime, il est dans la plupart des cas soit
utilisé pour étendre les activités criminelles déjà existantes soit à en financer d’autres.
Par conséquent, le blanchiment d'argent peut ainsi causer un transfert du pouvoir
économique du marché, du gouvernement et des citoyens aux criminels, entrainant
dans son sillage une hausse dans le taux de criminalité et de corruption dans le pays.

IV- LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT : UN ENJEU MONDIAL

La stabilité du système financier mondial dépend des mesures collectives prises au plan
international, mais aussi de l’existence de systèmes nationaux effectifs. La mise en place de
dispositifs solides de lutte contre le blanchiment des capitaux est un pilier essentiel du
système international de réglementation et de supervision et s’inscrit pleinement dans la
lignée des efforts consentis aujourd’hui pour renforcer le cadre financier mondial.

1- Au niveau international

a- Le groupe d’action financière contre le blanchiment des capitaux GAFI

Créé lors du sommet du G7 à Paris en 1989, le Groupe d'action financière (GAFI) est un
organisme intergouvernemental qui a pour objectif de concevoir et de promouvoir des
politiques de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme aussi
bien à l'échelle nationale qu'internationale.

Le GAFI surveille les progrès réalisés par ses membres dans la mise en œuvre des mesures
nécessaires, examine les techniques et contre-mesures propres au blanchiment de capitaux et
au financement du terrorisme, et encourage l'adoption et la mise en œuvre des mesures
adéquates au niveau mondial. Le GAFI, dans l'exercice de ses activités, collabore avec
d'autres organismes internationaux engagés dans cette même lutte (le FMI, l’Union
Européenne).

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En 1990, le GAFI a rédigé un plan d'action contre le blanchiment des capitaux sous forme de
quarante (40) recommandations. Elles traitent du rôle du système de justice pénale dans cette
lutte, du rôle du système financier et de sa réglementation ainsi que de la coopération
internationale. Chaque Etat-membre s'est engagé à mettre en œuvre ces 40 principes, en
fonction de ses propres spécificités et contraintes.

Une vingtaine de recommandations concerne plus particulièrement le système financier


(banques et institutions financières non bancaires). Par exemple, ces entreprises doivent :
- identifier tous leurs clients et conserver les documents appropriés (recommandations10 à 12)
- déclarer les transactions suspectes (recommandation 15) et mettre en place des mesures de
contrôle interne (recommandation 19)
- accroître leur vigilance dans toutes leurs relations avec les pays dont les dispositifs anti-
blanchiment sont défaillants (recommandations 20 et 21).

Ces 40 recommandations ont été révisées, afin de faire face à l'évolution des techniques du
blanchiment. Parmi les principaux changements on peut noter :
- l'élargissement du champ des infractions sous-jacentes au blanchiment à toutes les
infractions graves ;
- l'extension des mesures anti-blanchiment aux entreprises et professions non financières
telles que les casinos, les agents immobiliers, les négociants en pierres ou métaux précieux,
les comptables, les avocats, notaires et professions juridiques indépendantes, les prestataires
de services aux sociétés et trusts ou structures similaires ;
- de plus grandes exigences de transparence nécessitant l'obtention d'informations pertinentes
et à jour relatives au bénéficiaire effectif des personnes morales telles que les sociétés, ou des
constructions juridiques telles que les trusts ou structures similaires ;
- l'extension des obligations anti-blanchiment à la lutte contre le financement du terrorisme.

Cependant cette structure est sans réel pouvoir, et la motivation des pays pour appliquer les
recommandations du GAFI reste très limitée. Tout en tenant un discours anti blanchiment, le
gouvernement français a par exemple créé deux nouveaux paradis fiscaux près de la
Guadeloupe. Autre exemple : le GAFI a retiré la Russie de sa liste des pays non coopératif en
matière de lutte contre le blanchiment d’argent, car le gouvernement russe a enfin voté une
législation contre le blanchiment. Néanmoins, aucun système d’application de cette loi n’est
mis en place. Notons que la « liste noire » du GAFI, qui comptait plus de 20 pays lors de sa

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création, n’inclut désormais que trois pays, à savoir la Birmanie, Nauru et le Nigéria. Le rôle
très superficiel du GAFI illustre le manque de volonté des gouvernements concernés pour
s’attaquer au cœur du problème.

Au niveau européen, plus précisément en France, il existe deux organismes principaux :

 L’un placé auprès du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie : le TRACFIN


(Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits Financiers Clandestins) chargé du
volet préventif du dispositif. Il coordonne le renseignement sur les circuits financiers
clandestins, en recueillant, traitant et diffusant les informations. Il reçoit et enrichit les
déclarations de soupçons. Ces déclarations constituent la clé de voûte du dispositif français
anti-blanchiment.
 L’autre placé au sein de la Direction Centrale de la Police Judiciaire : l’OCRGDF (Office
Central pour la Répression de la Grande Délinquance Financière) en charge du volet répressif
de la lutte contre le Blanchiment. Son rôle est de coordonner l'action des services de police et
de gendarmerie. Il enquête notamment sur les présomptions de soupçon transmises par le
TRACFIN. Il est également chargé de la coopération Interpol.

b- Implication des institutions bancaires dans la lutte

Les institutions bancaires sont totalement engagées dans la lutte contre le blanchiment. Elles
respectent les réglementations adoptées par les pouvoirs publics et ont mis en place les
moyens humains, organisationnels et informatiques nécessaires pour remplir leurs obligations
de déclarations et de vigilance sur les opérations qu'elles effectuent.

De nouvelles règles leur sont fixées :

 Connaitre le client : on récupère l’information nécessaire à l’identification du client,


le client ou le bénéficiaire effectif doit présenter un document officiel en cours de
validité comportant une photographie. L’établissement financier doit vérifier le nom,
le prénom, la date et lieu de naissance, la date et lieu de délivrance du document ainsi
que la qualité de la personne qui a délivré le document. La connaissance du client doit
permettre l’identification des ressources du client, il convient donc également de
connaître sa situation économique. Concernant la situation économique du client,
l’établissement financier se doit d’obtenir la justification de l'adresse du domicile à
jour au moment où les éléments sont recueillis, les activités professionnelles
actuellement exercées, tout élément permettant d'apprécier le patrimoine, les revenus

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ou tout élément permettant d'estimer les autres ressources. Ces éléments permettent
d’analyser les opérations économiques du client afin de savoir si elles correspondent
aux capacités économiques du client ou si au contraire elles relèvent un caractère
suspect.
 Etablir une cartographie des risques : selon leur domaine d’activité, la nature des
opérations financières, la nature du client, zone géographique dans laquelle se réalise
l’opération etc.…
 Vigilance renforcée lorsque le risque est élevé (client non présent physiquement,
lorsque le produit ou l’opération favorise l’anonymat…)
 Déclaration de soupçons (les diverses institutions sont obligées de déclarer tous
soupçons au TRACFIN)
 Obligation de dénonciation : les employés ont le devoir de dénoncer un autre salarié
soupçonné d’établir un financement terroriste ou facilitant le blanchiment d’argent
 Exonération de secret professionnel
 Exonération de confidentialité des échanges avec les clients

Toute une industrie s'est développée autour de la fourniture de logiciels pour analyser les
transactions. Ces logiciels permettent de contrôler efficacement les transactions client de la
banque sur une base quotidienne et, en utilisant les informations historiques de la clientèle et
le profil de compte, fournir une «vue d'ensemble » à la direction de la banque. La
surveillance des transactions peuvent inclure les dépôts en espèces, les retraits, les virements...
Dans les milieux bancaires, ces applications sont connues comme logiciel AML (Anti Money
Laundering).

2- Au niveau africain

Les observations du GAFI indiquent qu’en Afrique, l’un des principaux éléments susceptibles
de favoriser le blanchiment réside dans le très fort besoin en investissements extérieurs, ce qui
peut conduire à ne pas porter une attention suffisante à l’origine des capitaux investis. En
Afrique de l’Ouest et Centrale, les fonds à blanchir proviennent de trafics de toute nature,
portant non seulement sur les stupéfiants, mais aussi sur les pierres précieuses, les armes, les
êtres humains…

Dans ce contexte, les Ministres des Finances et les Gouverneurs des Banques centrales de la
Zone franc avaient insisté, lors de leur réunion à Paris le 19 septembre 2000, sur la nécessité
et l’urgence de l’adoption de normes juridiques visant à incriminer le blanchiment,

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conformément aux recommandations du GAFI (Groupe d’Action Financière contre le
Blanchiment des Capitaux).

Un Comite de liaison anti-blanchiment de la zone franc a été créé, afin de faciliter la


coordination et la concertation en la matière, d’apporter un appui technique pour mettre en
œuvre les recommandations du GAFI, et de sensibiliser les acteurs économiques à la lutte
anti-blanchiment.

a- En zone CEMAC

La Conférence des Chefs d’État de la CEMAC a créé en décembre 2000, le Groupe d’Action
contre le Blanchiment d’Argent en Afrique Centrale (GABAC).

Le GABAC a pour missions :

La lutte contre le blanchiment de l’argent et des produits du crime ;

La mise en place harmonisée et concertée des mesures appropriées à cette lutte dans la zone
CEMAC ;

L’évaluation des résultats de l’action et de l’efficacité des mesures adoptées ;

L’assistance des Etats membres dans leur politique anti-blanchiment ;

La collaboration avec les structures similaires existant en Afrique et au niveau international.

b- En zone UEMOA

La décision de création du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment en


Afrique (GIABA) a été prise lors de la 22 ème session de la conférence des chefs d’Etat et de
gouvernement tenue à Lomé en 1999, et sur recommandation des partenaires sociaux.

Le GIABA est un organisme intergouvernemental technique chargé d’organiser et de conduire


la lutte contre le blanchiment de capitaux au sein de la CEDEAO.

Le GIABA a pour objectif de mettre en place des mesures de lutte appropriées devant
consister à une protection du système bancaire et financier des produits issus du blanchiment
de capitaux et la mise en place d’un instrument juridique de lutte.

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Le GIABA est chargé entre autres de mener une formation à la lutte contre le blanchiment ;
d’évaluer les progrès accomplis et l’efficacité des mesures prises pour lutter efficacement
contre le blanchiment de capitaux ; de susciter d’autres Etats africains….

Il participe donc à la prévention du blanchiment de capitaux. Même si la prévention participe


à une meilleure façon de lutter contre le blanchiment, mais il arrive des cas où la prévention
demeure insuffisante, avec notamment la réalisation de l’infraction de blanchiment. Dans ce
cas, il est tout à fait logique de prévoir des sanctions pénales. Donc si un individu réussit à
passer les mailles de la prévention, le meilleur moyen d’arrêter son acte illicite, c’est de lui
appliquer une sanction.

Toujours dans la lutte contre le blanchiment dans les Etats membres de l’UEMOA, une
Directive a été mise sur pied le 19 septembre 2002. Cette Directive a pour objet de définir le
cadre juridique relatif à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les États membres, afin
de prévenir l’utilisation des circuits économiques, financiers et bancaires de l’Union à des fins
de recyclage de capitaux ou de tous autres biens d’origine illicite. Dans le souci de la
détection du blanchiment de capitaux, chaque Etats membres de l’UEMOA institue une
Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), placée sous la
tutelle du Ministre chargé des Finances.
La CENTIF est un Service Administratif doté de l’autonomie financière et d’un pouvoir de
décision autonome sur les matières relevant de sa compétence.
Sa mission est de recueillir et de traiter les renseignements financiers sur les circuits de
blanchiment de l’argent.
La CENTIF peut recourir à des correspondants au sein des services de la police, de la
gendarmerie, des douanes ainsi que des services judiciaires de l’État.
Concernant la répression de cette infraction qu’est le blanchiment, des mesures coercitives
sont prises, comme :

- la saisie ou la confiscation par le juge des biens en relation avec le blanchiment, le gel
des sommes d’argent et opérations financières portant sur ces biens ;
- des sanctions pénales applicables aux personnes auteurs du blanchiment.

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CONCLUSION

A travers cette note de réflexion nous avons pu constater l’ampleur et l’urgence de lutter
contre le blanchiment d’argent. Beaucoup d’états et d’institutions sont biens conscients du
danger que représente ce fléau et tentent par leurs actions d’en réduire les effets sur
l’économie mondiale.

Néanmoins, même si l’objectif de lutte contre la criminalité est légitime, beaucoup


considèrent que les directives menacent directement les droits de l’homme et posent de réels
problèmes éthiques à tous les niveaux.

Est-il possible de trouver un juste milieu ? N’est-il pas possible de lutter contre la criminalité
sans écorcher les mœurs et la morale ?

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BIBLIOGRAPHIE

Comment blanchir l’argent sale ? Les renseignements généreux mars 2008

La politique de lutte contre le blanchiment des capitaux d’origine criminelle de l’Union


Européenne, par Chantal Cutajar, maitre de conférences à la faculté de droit, de sciences
politiques et de gestion de Strasbourg ; 29 avril 2004

GIABA, rapport annuel 2009

Directive n°07/2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002

Règlement n°01 03 CEMAC-UMAC-CM du 04 avril 2003 portant prévention et répression


du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme en Afrique Centrale

Criminalité financière ; Ludovic François, Marc Chesney, Pascal Gneau ; Editions


d’Organisation ; 2002

Combattre le blanchiment d’argent ; Edouardo, Daniel Hardy, R. Barry Johnstone, 2007

WEBOGRAPHIE

17
www.google.fr

www.uemoa.com

www.wikipédia.com

http://www.les-renseignements-genereux.org/
www.gafi.com

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