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«€L’ACTION DU GAFI€: UNE POLITIQUE EVOLUTIVE€».

SOMMAIRE€:

Section I- Une remise à jour permanente des mesures préconisées par le GAFI pour
la lutte contre le blanchiment d’argent sale€:
§1 / Les tendances actuelles du blanchiment de capitaux,€ou la nécessité de rest
er à la pointe de la criminalité.
A/ Une criminalité mouvante :
B/ Les nouvelles technologies au service du blanchiment international€: une nouv
elle échappatoire pour le blanchiment.

§2/ La remise à jour perpétuelle des 40 recommandations et le suivi de leurs ap


plications pratiques dans les Etats membres€:
A/ La remise à jour des 40 recommandations€:
B/Le contrôle de l’application des mesures€: les rapports du GAFI sur la France.

Section II- L’expansion à tous les niveaux des prérogatives et du rayonnement du


GAFI à l’international€:
§1/ L’extension du GAFI à l’échelle planétaire,€pour une lutte renforcée contre
le blanchiment€:
A/ Le rayonnement international du GAFI€:
B/ L’outil coercitif du GAFI€: la liste des PTNC.

§2€/ Le défi majeur du GAFI€: la lutte contre le financement du terrorisme.


A/ Quelle type connexité entre terrorisme et blanchiment d’argent sale€:
B/Les recommandations spécifiques à la lutte contre financement du terrorisme€:

INTRODUCTION

Selon la€“ légende€“, c’est à partir des années 20 que le blanchiment au sens pr
opre a été créé. Dans un premier temps il a consisté à laver en machine les faux
billets de manière à leur donner un aspect vieilli, pour ensuite les introduire
sur le marché légal aux cotés des billets édités par l’Etat. Par la suite il s’
est sophistiqué, en s’orientant vers l’achat de chaîne de laveries automatiques,
qui permettaient de couvrir les sommes obtenues grâce aux trafics divers (issus
de la vente d’alcool prohibé, du racket, de la prostitution...), puisqu’elles é
taient directement mêlées à l’argent des ménagères. Les capitaux ainsi purifiés,
étaient déclarés au fisc le plus légalement du monde, puis déposés à la banque.
C’est durant cette période que Maïer Lansky, conseiller financier d’Alfonso Capo
ne comprit que l’internationalisation bancaire et la garantie du secret bancaire
faciliteraient le blanchiment de l’argent sale, lui même renforcé par la corrup
tion qui octroyait à la pègre une influence et un pouvoir sans précédent.
En accord avec le professeur Jeffrey Robinson, cette soit disant légende est que
lque peu exagérée, et n’explique pas l’origine du mot «€money laundering€».
Selon lui, le blanchiment d’argent est ainsi nommé car c’est un terme qui décrit
parfaitement le processus mis en œuvre€: puisqu’on fait subir à de l’agent illi
cite, un certain nombre de transactions visant à le rendre légal, c est-à-dire à
le laver. L’origine des fonds est ainsi obscurcie au maximum, grâce à la multip
lication des opérations financières, jusqu’au moment où les fonds pourront réapp
araître sous forme de revenus légitimes. Le blanchiment recouvre donc empiriquem
ent l’ensemble des techniques légales ou illégales, à la complexité variable sui
vant les besoins du blanchisseur et la nature des fonds, qui ont pour ultime but
d’intégrer et de dissimuler des fonds frauduleux au sein de l’économie légale.
De manière générale cette infraction passe par 3 étapes distinctes et fondamenta
les, qui lorsqu’elles sont réunies rendent possible l’intégration de capitaux il
licites dans l’économie légale.
La première étape, plus communément appelée placement, consiste à se déb
arrasser matériellement d’importantes sommes en numéraire. Les criminels, loin d
’être naïfs, savent pertinemment que le déplacement d’importantes sommes attire
l’attention des autorités, c’est pourquoi les capitaux sont déplacés loin du lie
u d’acquisition, par petites tranches. Cette phase est l’une des plus délicate,
car c’est la plus apparente du fait de la manipulation de sommes très importante
s€: c’est le moment où les autorités répressives ont le plus de chances de détec
ter l’infraction. Les blanchisseurs doivent donc à cette occasion se débarrasser
de masses d’espèces, auprès d’établissements financiers, par le biais du commer
ce de détail, ou encore grâce au transfert de devises hors du pays. A ce stade l
es services financiers jouent le rôle le plus important, car ils sont les princi
paux agents de transmission des fonds
La seconde étape, ou empilage, est le stade grâce auquel toute possibili
té de remonter l’origine illicite des fonds est annihilée, puisque les pistes so
nt brouillées définitivement grâce à un système plus ou moins complexe de transa
ctions financières successives destiné à travestir la trace comptable de ces pro
fits. Cette phase consistera essentiellement en une multiplication des virements
d’un compte à un autre. Ces mêmes comptes se diviseront en sous comptes, et per
mettront de fractionner les capitaux de telle manière que leur provenance ne soi
t plus identifiable.
Les blanchisseurs utilisent à cette fin les réseaux internationaux bancaires et
favorisent les moyens très sophistiqués de virements électroniques (qui permette
nt des transactions quasi anonymes grâce au système de codes secrets utilisés po
ur déplacer les capitaux), les banques fictives et autres sociétés écrans. A la
fin de ce processus les fonds sont éclatés, répartis sur des centaines de compte
s, ce qui permet leur manipulation et leur regroupement ultérieur au sein de com
ptes spéciaux, qui permettront l’utilisation des fonds en toute liberté par les
organisations criminelles.
La dernière étape se nomme l’intégration et constitue la phase ultime du
blanchiment car elle permet aux criminels d’utiliser légalement les fonds qui s
ont réinvestis ou réutilisés dans l’économie légale. A ce stade on confère une a
pparente légalité aux fonds d’origine criminelle. Les plans d’intégrations repla
cent les produits blanchis dans l’économie de façon à ce qu’ils soient assimilés
par le système bancaire classique, en apparaissant alors comme des profits norm
aux liés à une affaire commerciale.
Ces trois phases décrivent le cheminement du blanchiment, et permettent de compr
endre d’une part, que cette infraction revêt différentes formes et change de faç
on permanente ses moyens d’actions, et d’autre part d’entrevoir la difficulté po
ur les autorités de la détecter.
Le blanchiment est aussi cette capacité à exploiter les failles présentes dans l
es systèmes économiques, juridiques et financiers, de telle manière à les retour
ner contre ceux qui les ont mis au point, pour permettre la transformation de l
’argent sale qui viendra à son tour gangrener l’économie légale. Appréhender, dé
tecter les nouveaux subterfuges utilisés par les blanchisseurs n’est pas une min
ce affaire, car ils ont très souvent plusieurs longueurs d’avance sur les autori
tés de lutte. C’est pourquoi les Etats doivent rester vigilants en permanence et
ne cesser de traquer les réseaux de blanchiment.
La notion de blanchiment au sens juridique du terme est beaucoup plus dure à app
réhender, ce qui rend sa définition quelque peu complexe.
La difficulté réside dans le fait que le blanchiment a besoin d’une infraction s
ource pour exister, c est-à-dire que l’argent doit provenir d’une infraction. La
qualification et la preuve du dol s’en trouvent alors considérablement compliqu
é. Il faut dans un premier temps dissimuler l’origine frauduleuse des biens. Ce
camouflage des avoirs est l’étape qui consiste à€convertir, transférer les biens
dans le but d’en dissimuler ou d’en déguiser l’origine illicite. Ensuite, il fa
ut prouver que le blanchisseur a eu connaissance de l’origine des biens, et que
par conséquent il est de mauvaise foi. Pour finir, il faut que la preuve de l’ex
istence d’un trafic préalable soit faite, autrement dit il faut la constitution
avérée d’un élément intentionnel.
La Convention de Palerme a le mérite de cerner judicieusement le blanchiment. Se
lon elle, il consiste à€:
convertir ou transférer des biens dont le blanchisseur sait qu’ils sont le produ
it d’un crime, dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdi
ts biens ou d’aider toute personne qui est impliqué dans la commission de l’infr
action principale à échapper aux conséquences juridiques de ses actes€;
dissimuler ou déguiser la nature véritable, de l’origine, de l’emplacement, de l
a disposition, du mouvement ou de la propriété de biens ou de droits qui y sont
relatifs dont l’auteur sait qu’ils sont le produit du crime€;
acquérir, détenir ou utiliser des biens dont celui qui les acquiert, les détient
ou les utilise sait qu’ils sont le produit du crime€;
participer à l’une des infractions établies conformément au présent article ou à
toute autre association, entente, tentative, ou complicité par fourniture d’ass
istance, d’aide ou de conseils en vue de sa commission.
Dans cette Convention, l’appréhension de l’infraction semble être la plus complè
te et permet de couvrir aussi bien le blanchiment par les criminels et leur comp
lices, que le blanchiment rendu possible grâce à la connivence de certains profe
ssionnels.
Le choix de la définition internationale s’explique par le fait que le blanchime
nt d’argent du crime est par nature une infraction transnationale, liée aux faci
lités de communication et à la perméabilité des frontières et constitue de ce fa
it une des pièces maîtresses de la criminalité internationale.
En effet on constate que cette infraction a littéralement révolutionné la crimin
alité financière, ce qui a eu pour conséquence de la rendre très populaire. La g
lobalisation des marchés et la libre circulation des capitaux, quelle que soit l
eur origine ou nature, offrent aujourd’hui des moyens pour blanchir l’argent qui
sont de plus en plus faciles et accessibles. Ce phénomène mondial se diversifie
et s’amplifie de jour en jour grâce à cette internationalisation des relations
de commerce et des flux financiers.
Il est vrai que les principaux acteurs de cette criminalité restent les mafias e
t autres organisations douteuses, mais son évolution a fait que d’autres partici
pants s’y sont associés, c’est ce qu’on appelle la délinquance économique et fin
ancière en «€col blanc€». Ces derniers sont en apparence hors de tous soupçons,
mais cachent derrière cette respectabilité des pratiques dignes des plus grands
criminels. Cette nouvelle tendance en plein essor, est hypermédiatisée ce qui a
permis la révélation de nombreux abus, tous plus scandaleux les uns que les autr
es.
Par ailleurs, il convient de souligner les nombreux risques pour les ordres publ
ics économiques nationaux et internationaux, qui sont directement générés par ce
tte infraction. En effet, celle-ci peut remettre en cause la stabilité économiqu
e et politique de certains Etats. Ainsi, les blanchisseurs sont très peu intéres
sés par le rendement de leurs investissements, car ils ne sont aucunement guidés
par une logique financière ou économique, ce qui a pour conséquence de fausser
certains secteurs d’activités qui peuvent être dopés artificiellement. L’exemple
des investissements effrénés dans les secteurs touristique et hôtelier le montr
e bien, puisqu’on a vu la création de complexes de luxes dans des régions où la
demande était pratiquement inexistante, et cela dans le seul but de servir des i
ntérêts illégaux.
Ces investissements fondés sur des bases factices ont fait naître dans ces Etats
des espoirs de prospérité qui sont anéantis dès que les blanchisseurs se retire
nt ou se font prendre, déstabilisant ainsi l’économie et même la politique de ce
s territoires fragilisés.
La présence de l’argent du crime est parfois telle qu’elle éclipse à elle seule
les budgets nationaux, surtout dans les pays en voie de développement où ce phén
omène a pour conséquence parfois de priver les gouvernants de leur pouvoir de dé
cision. Ces fonds seraient donc un moyen de pression pour les criminels surtout
à l’encontre d’Etats en grande difficulté économique, et où les réseaux criminel
s acquièrent par voie de conséquence un véritable pouvoir, leur permettant de fa
ire de ces territoires de véritables bases arrières de leur trafic.
Cette criminalité financière induit également des incidences néfastes pour la so
uveraineté et la réputation des Etats. Ceux-ci peuvent se retrouver sous le coup
de mesures de mise à l’écart internationale, voire même de sanctions économique
s lorsque des preuves viennent établir la participation à des pratiques de blanc
himent, ou de financement du terrorisme.
Dès lors, il faut affirmer que cette infraction dépasse l’atteinte à l’ordre pub
lique et remet clairement en cause l’ordre public économique. En faussant la don
ne financière et les investissements, les criminels attaquent la stabilité même
des Etats au niveau économique et politique et cela à l’échelle mondiale.
A l’heure actuelle les autorités mondiales ont clairement pris conscience des da
ngers inhérents à la prospérité du blanchiment de capitaux, dont le produit sera
it équivalent à plus ou moins 5% du PIB mondial selon le FMI, soit 600 milliard
de $US, ce qui représente un pourcentage énorme.
On comprend aisément pourquoi la lutte contre cette infraction sans frontière es
t une nécessité vitale, qui doit passer par une collaboration renforcée entre le
s autorités judiciaires interétatiques et par la fixation d’un socle commun de r
ègles de prévention et de lutte.
Une approche concertée et soudée du problème par la communauté internationale se
mble être nécessaire pour la pérennité de l’ordre public international.
C’est dans cette optique que le Groupe d action financière contre le blanchiment
d’argent (GAFI) a été créé en 1989, lors du sommet de l’Arche, et dont la missi
on allait être la coordination de la lutte internationale contre blanchiment.
Cet organisme multidisciplinaire rassemble en son sein la capacité d’experts jur
idiques, financiers et opérationnels délégués par ses membres et a pour vocation
d’orienter l’action des pouvoirs publics. C’est aussi un organisme intergouvern
emental qui a pour objectif de concevoir et de promouvoir, aussi bien à l échelo
n national qu international, des stratégies de lutte contre le blanchiment de ca
pitaux et, depuis 2001, le financement du terrorisme.
Le Groupe d action est donc un organe de décision qui s efforce de susciter la v
olonté politique nécessaire pour réformer au plan national et international les
lois et réglementations dans les domaines de sa compétence.
En parallèle, il effectue des études fréquentes et prépare des comptes rendus su
r les tendances et les techniques de blanchiment et sur les contre-mesures corre
spondantes. Enfin, il assure la promotion et l’application de ses normes de lutt
e contre le blanchiment à l’échelle mondiale. Dans l exercice de ces activités,
il collabore avec d autres organismes internationaux engagés dans cette même lut
te pour maximiser l’efficacité de son action. Sa durée de vie n’est pas sans lim
ite, mais jusqu’ici son mandat toujours été reconduis, probablement en raison de
son efficacité.
Dès lors on peut se demander dans quelle mesure l’action un tel organe, supranat
ional, qui fédère de nombreux Etats et autres organismes, peut-elle être efficac
e alors qu’autant d’intérêts souverains sont en jeu€? Comment le GAFI a-t-il ren
du possible la coordination des actions, mais surtout sa démarche s’est elle avé
rée efficace dans les faits€? Quelle stratégie a été employée pour enrayer cette
criminalité financière multiforme et changeante, peut-on réellement parler de p
olitique évolutive€?
Pour répondre à ces interrogations il conviendra de mettre en évidence, dans un
premier temps, la volonté du GAFI de rester le plus possible en adéquation avec
les mécanismes actuels du blanchiment de capitaux de manière à réajuster ses sta
ndards en fonction de ces éléments (I). Dans un second temps, il sera nécessaire
d’établir et de prouver l’impact des recommandations préconisées par le GAFI, a
u niveau national et international (II).

Section I- Une remise à jour permanente des mesures préconisées par le GAFI pour
la lutte contre le blanchiment d’argent sale€
De manière à rester en phase avec les techniques actuelles du blanchiment, le GA
FI mène une politique d’information constante qui passe à la fois par une anal
yse des informations nationales et par des enquêtes qu’il diligente (§1), ce qu
i lui permet d’orienter de façon optimale ses 40 recommandations (§2.)
§1 / Les évolutions actuelles du blanchiment de capitaux€ou la nécessité de rest
er à la pointe de la criminalité.
A/ Une criminalité mouvante€:
Les tendances actuelles du blanchiment font l’objet de rapports réguliers de la
part du GAFI. Les rapports de typologie dressés par ses experts ont pour but pri
ncipal de permettre aux autorités et aux organes de lutte d’appréhender avec plu
s ou moins d’exactitude les tendances les plus actuelles du blanchiment d’argent
provenant d’activités criminelles. Ces rapports en les ciblant et en les analys
ant permettent ainsi de prévenir les nouvelles menaces qui prennent de l’ampleur
dans les faits, et permettent de proposer des contre- mesures pour les éradique
r ou du moins les limiter.
Ils contribuent par la même occasion à fournir une base permettant d’évaluer en
permanence la pertinence et la cohérence du train de contre-mesures adoptées par
le GAFI. Ces rapports sont aussi l’occasion de mettre en relation divers expert
s, qui partagent ainsi leurs informations sur les différentes typologies de blan
chiment ayant cours dans leur région d’origine. Ils permettent plus de communica
tion et de coopération entre les différent organes de lutte nationaux et interna
tionaux, et maximisent l’efficacité de leurs luttes respectives.
De manière générale au cours des différents rapports dressés par le GAFI les exp
erts ont pu dégager quelques pratiques constantes€:
le trafic de stupéfiants et la criminalité financière restent les sources princi
pales du blanchiment€;
l’accroissement de la contrebande de cigarette et d’alcool, des infractions sur
le taux d’usure, la fraude à l’investissement et à la TVA, les fausses factures
et les fraudes fiscales ont connu un important accroissement depuis quelques ann
ées€;
il a été constaté un déplacement de plus en plus marqué de certaines activités d
e blanchiment du secteur financier traditionnel vers les professions ou entrepri
ses non financières, mais aussi vers les bureaux de changes et autres compagnies
d’assurances€;
l’intervention des changeurs manuels semble dorénavant reléguée au troisième sta
de du processus de blanchiment, c est-à-dire celui de l’empilage, ce qui apparaî
t plus sûr pour la préservation des sommes d’argent.
Le rapport de 1997-1998, a permis entre autre de mettre en évidence la typologie
des méthodes de blanchiment dans le cadre des professions non financières. Le r
apport va également pointer d’autres pratiques qui sont en pleine expansion à ce
tte époque, mais qui ne disparaîtront pas par la suite malgré le fait qu’on les
ait mises en exergue.
Les casinos sont aussi dénoncés comme favorisant le blanchiment d’argent, et le
GAFI encourage les fermetures administratives des établissements contrevenant à
la loi.
Le blanchiment à long terme de l’argent par le biais des contrats d’assurance et
des primes en découlant a eu tendance à se développer. Loin d’être endiguée de
manière préventive, cette pratique s’est ancrée et a notamment été pointée du do
igt par la Commission de contrôle des assurances en 2003, avec les détournements
et les fraudes dans le cadre des assurances-vie et de la capitalisation. Le rap
port de 2004 du GAFI confirme les risques inhérents à ce secteur d’activité en a
rguant du fait que la diversité des produits d’assurances, des sociétés ….etc, s
ont autant de vecteurs qui rendent vulnérables ce secteur d’activité économique.
Les compagnies d’assurances se sont longtemps cachées derrière l’évidence de la
manipulation des systèmes bancaires, pour nier toute infiltration de l’argent s
ale dans leur secteur d’activité. C’est pourquoi elles limitaient leur déclarati
on de soupçon. Ainsi pour la longue période allant de 1991 à 1997, on dénombrait
seulement 105 déclarations.
Pour remédier à cet état de fait, TRACFIN décida d’envoyer des experts chargés d
’enquêter sur les pratiques de ces sociétés, ce qui eut pour conséquence de doub
ler le nombre de déclarations en une année et même d’aboutir à des renvois pour
instruction d’infraction de blanchiment. Ces révélations eurent pour effet de fa
ire prendre conscience des dangers réels encourus par ce secteur d’activité du f
ait de l’infraction de blanchiment de capitaux illicites. Suite à cela, afin de
réduire les risques inhérents aux activités d’assurance, de nombreux pays dont l
a France, ont choisi de soumettre certaines branches de ce secteur à des obligat
ions formelles de lutte contre le blanchiment, par exemple le devoir de vigilanc
e vis-à-vis de la clientèle et l’obligation de déclaration des opérations suspec
tes.
Il existe en outre des normes internationales de lutte contre le blanchiment (qu
i viennent compléter celles du GAFI), proposées par les assureurs eux-mêmes et d
iffusées par l’intermédiaire de l’Association Internationale des services de Con
trôles des Assurances (AICA ou International Association of Insurance Supervisor
s, IAIS), qui encouragent le respect des obligations de vigilance vis-à-vis de l
a clientèle et la mise en oeuvre de programmes de formation destinés au personne
l.
Selon les constatations du GAFI ces pratiques perdurent et se diversifient. A ti
tre d’exemple l’on peut ici citer un cas exposé dans le rapport de 2004€:
«€Exemple 12 : Des membres d’un réseau de criminalité organisée blanchissent de
l’argent grâce à des polices d’assurance-vie€»
Dans le pays X, des agents des douanes ont lancé une enquête, qui a permis de ré
véler qu’une organisation de trafic de drogue avait utilisé le secteur de l’assu
rance pour blanchir les produits de ses activités. Les enquêtes menées par les a
utorités opérationnelles de plusieurs pays ont montré que les trafiquants blanch
issaient les fonds par l’entremise de la compagnie d’assurance Z, située dans un
territoire offshore.
La compagnie d’assurance Z propose des produits d’investissement qui s’apparente
nt à des fonds communs de placement. Le taux de rendement était indexé sur de gr
ands indices boursiers internationaux, si bien que ces polices d’assurance pouva
ient servir de placements. Les souscripteurs investissaient un maximum d’argent
dans la police d’assurance, et en versaient des indemnités afin de couvrir le co
ût des pénalités de retrait anticipé. Les fonds sortaient alors sous la forme d’
un virement ou d’un chèque émanant de la compagnie d’assurance, ce qu leur confé
rait une apparence de « propreté ».
A ce jour, l’enquête a montré que plus de USD 29 millions avaient été blanchis p
ar ce biais. En outre, grâce aux efforts déployés conjointement par les agents d
es douanes du pays Y (pays d’origine des stupéfiants) et du pays Z, plusieurs av
is de recherche et mandats d’arrêt ont pu être exécutés concernant les personnes
ayant participé aux activités de blanchiment par l’intermédiaire de la compagni
e d’assurance Z.
Par ailleurs on a assiste à la multiplication des intermédiaires, qui vont du né
gociant en bateaux, aux avocats, en passant par les comptables… Tous ces acteurs
ont pour but de d’opacifier les pratiques liées au blanchiment, qui impliquaien
t classiquement les professions financières ou fortement impliquées dans le doma
ine économique.
Pour ne citer qu’elle, la profession d’avocat est clairement dénoncée pour les b
lanchiments multiples auxquels elle participe et qui consistent entre autres à d
époser de l’argent en plusieurs fois sur des comptes fiduciaires d’avocats, arge
nt qui est finalement utilisé pour de l’investissement immobilier.
Une autre pratique plus simple consiste en un délit de crédit€: dans ce cas l’av
ocat dépose les espèces sur un compte en instruments de paiement, et celles-ci s
ont ensuite encaissées par un intermédiaire.
Le rapport condamne aussi les comptables ainsi que les notaires, qui sont très s
ouvent des acteurs majeurs de l’entreprise, ou des transactions financières impo
rtantes. Les secteurs de l’investissement immobilier et de la vente d’objets d’a
rts figurent en haut de la liste des moyens de blanchiment, avec principalement,
des transactions en chaîne qui empêchent toute traçabilité, ou des investisseme
nts très important dans des complexes immobiliers touristiques ou de loisirs.
Cela a permis la constitution au niveau de l’Union européenne d’un groupe de tra
vail qui a finalement rendu possible l’harmonisation des contre-mesures préconis
ées par le GAFI officialisées par la Directive du 10 juin 1991.
L’application croissante des dispositifs de lutte contre le blanchiment dans les
Institutions financières, augmente le risque d’être découvert pour ceux qui che
rchent à utiliser le système bancaire afin de blanchir les produits de leurs act
ivités criminelles. Les conseils et les informations précieuses diffusées par le
GAFI ont permis d’établir de véritables remparts contre ces pratiques frauduleu
ses dans le cadre de ces professions à risque.
En effet, les blanchisseurs recherchent les conseils ou les services de professi
onnels spécialisés, afin de faciliter leurs opérations financières, en accord av
ec les constatations du rapport de 2004.
Cette tendance à l’implication de différents spécialistes des questions juridiqu
es ou financières (ou « ouvreurs de porte »€/ « gatekeepers») dans les montages
de blanchiment s’est clairement renforcée et reste une réalité aujourd’hui. Les
différents types de manipulations de ces professions non financières restent les
mêmes que celles précédemment énoncées, à la seule différence qu’elles se sont
quelques peu banalisées.
Il faut souligner que la version révisée des Quarante recommandations du GAFI pu
bliée en juin 2003 aborde ce problème et appelle au renforcement des mesures fin
ancières préventives vis-à-vis des professions juridiques et financières qui cou
rent le risque d’être impliquées dans des opérations de blanchiment.
Dans le rapport établi en 2001-2002, le GAFI s’est plutôt attaché au contrôle de
s valeurs boursières et autres instruments négociables.
Ainsi, les valeurs mobilières au porteur restent un des moyens classiques de bla
nchiment de sommes importantes d’origine illicite ou opaque.
Le problème se pose réellement lorsque le bénéficiaire est inconnu, notamment da
ns le cas des bons au porteur. Ces derniers sont cessibles et négociables, ce qu
i a pour conséquence d’en faire des instruments de blanchiment à la portée de to
us.
C’est dans cette perspective que différents cas propices au blanchiment, ont été
pointés par le GAFI, dont voici quelques exemples€:
le cas des chèques au porteur est flagrant, car ce sont des ordres inconditionne
ls, qui lorsqu’ils sont présentés au banquier, doivent être payés au porteur et
non pas au destinataire inscrit sur le titre en question. Ces derniers sont inte
rdits en France, ce qui est une bonne chose pour lutter contre cette délinquance
financière, mais ils restent utilisés dans d’autres Etats, ce que déplore le GA
FI.
Les chèques de voyages sont eux aussi utilisés pour le blanchiment, puisque ces
instruments financiers n’ont pas à être déclarés fiscalement et permettent le ve
rsement d’espèces de suite sans difficulté. Ils permettent aux criminels de libé
rer des sommes importantes à l’étranger sans être inquiétés, car la transaction
reste anonyme.

Ces deux exemples sommaires traduisent bien la pérennité d’une pratique ancienne
de blanchiment d’argent. Ces d’instruments sont des portes ouvertes aux blanchi
sseurs, qui n’hésitent pas à les utiliser, malgré le fait qu’ils soient connus e
t reconnus des autorités de répression. Il semblerait qu’une lutte et une législ
ation conjointes permettraient d’endiguer un tel phénomène, ou au moins de le li
miter, puisqu’il est avéré que la division des régimes répressifs et des actions
, ne profitent en définitive qu’aux malfaiteurs. Cependant la souveraineté des E
tats et la difficulté de mener à bien des négociations à l’échelle international
e sont autant de freins à l’élaboration d’une répression et d’une prévention com
mune.
Il a également été constaté un engouement certain des criminels pour le marché d
e l’or. En effet, cette valeur sûre est un refuge et un moyen d’échange qui rend
possible l’anonymat, mais aussi l’empilage de l’argent sale avec des risques li
mités, car ce métal précieux reste compact et facile à transporter, avec une for
te valeur ajoutée. Sa valeur universelle permet de le vendre et de l’acheter dan
s le monde entier sans grande difficulté et cela en période de guerre ou de paix
. De la même façon le diamant et autres pierres précieuses sont utilisés par les
blanchisseurs du fait de leur discrétion et de leur valeur intrinsèque considér
able. La rareté et la facilité de transport qu’ils offrent les rendent particuli
èrement vulnérables à des détournements illégaux par des criminels.
Plusieurs membres du GAFI ont indiqué à ce propos qu’ils avaient enregistré des
affaires concrètes d’utilisation criminelle du commerce de diamants en vue de pr
océder au blanchiment de capitaux.
Comme dans le cas de l’or, la typologie la plus simple en matière de dia
mant consiste à acheter directement des diamants avec le produit d’activités cri
minelles. Selon d’autres sources, des personnes physiques ou morales actives dan
s le secteur du diamant ont été impliquées dans des affaires plus complexes de b
lanchiment de capitaux liées aux diamants. Certains de ces mécanismes servaient
de couverture pour le blanchiment du produit du trafic illicite de diamants. Ain
si des opérations de commerce de diamants servaient d’écran, pour le blanchiment
des produits générés par d’autres activités criminelles, notamment le trafic il
légal de stupéfiants et divers types de fraudes.
Les opérations de blanchiment les plus courantes liées à ce secteur comprennent
les opérations de change, l’achat de plaques de jeu dans des casinos, ou l’émis
sion de fausses factures, ainsi que la confusion de produits légitimes et illici
tes dans les comptes de sociétés de négoce de diamants, et plus particulièrement
des virements internationaux entre ces comptes.
Malgré la directive européenne (Directive 2001/97/CE du Parlement européen et du
Conseil du 4 décembre 2001 relative à la prévention de l utilisation du système
financier aux fins du blanchiment de capitaux entrée en vigueur le 15 janvier 2
003) et les mesures de contrôle préconisées par le GAFI, la lutte contre ces deu
x types de trafic reste imparfaite et manque de cohérence, à l’heure actuelle. C
ette inefficacité est renforcée par l’instabilité croissante de l’une des zones
les plus importantes de production, à savoir l’Afrique de l’Ouest, où les bénéfi
ces tirés de la vente de diamants, passent pour favoriser des conflits armés en
cours en procurant des revenus pour l’achat d’armes. Les conflits politiques inc
essants, notamment en Côte d’Ivoire constituent un moyen sûr pour les criminels
d’échapper à une répression efficace de la part des autorités, ce phénomène pouv
ant par la même occasion expliquer l’impossibilité de coordonner une action de l
utte efficace avec les autorités de ces pays. Il est possible par cet exemple de
confirmer les propos précédents s’agissant des dangers pour l’ordre public écon
omique et politique. En effet, le blanchiment peut avoir des répercussions grave
s sur la stabilité entière d’une région€: le trafic de diamant est dans ce cas u
n réel facteur aggravant.
Pour finir, les différents rapports du GAFI ont mis en évidence la parti
cipation de personnes politiquement exposées, lors d’ opérations de blanchiment
en mettant en garde les Etats sur le danger qu’elles représentent pour la répres
sion de la criminalité financière. Celles-ci sont des vecteurs parfois fondament
aux du blanchiment en ce qu’elles rendent possible cette criminalité.
En effet, ces personnes politiquement exposées, ou PPE, sont des personnes qui e
xercent (ou ont exercé) d’importantes fonctions publiques dans un pays donné, et
qui du fait de leur position sociale spéciale et avantageuse, par un jeu de cor
ruption participent voire même facilitent des transactions illégales. Ces person
nes vont du chef d’État ou de gouvernement, aux hommes politiques de haut rang,
en passant par les hauts fonctionnaires, les magistrats ou militaires de haut ra
ng, les dirigeants d’entreprises publiques ou encore les dirigeants de partis po
litiques. Ces acteurs agissent seuls ou très souvent à l’aide de tiers qui peuve
nt être des employés ou même leur propre famille.
Très souvent lorsqu’une PPE se trouve impliquée dans un activité criminelle de q
uelque nature qu’elle soit, la discrétion traditionnelle eut égard aux activités
financières de ces personnes très spéciales se transforme souvent en obstacle l
orsqu’il s’agit de déceler l’activité à laquelle ils ont pris part ou d’enquêter
à son sujet.
Classiquement on assistera au blanchiment de sommes issues de pots-de-vin, de co
mmissions illégales ou autres produits directement issus de la corruption. Mais
on peut aussi constater des actes de blanchiment pour des sommes en provenance d
e détournement divers, voire de vols purs et simples d’actifs publics, ou de fon
ds appartenant à des partis politiques ou à des syndicats, ou bien encore de fra
ude fiscale.
Dans les cas les plus extrêmes, le GAFI a constaté que des PPE pouvaient être im
pliquées ou aux commandes directes d’activités illégales telles€que le trafic de
stupéfiants et autres pratiques illicites. Il faut également souligner, que les
risques liés à cette catégorie de personnes sont présents partout dans le monde
, mais s’accroissent fortement lorsqu’il s’agit d’Etats où la corruption est end
émique.
Ces types d’exactions sont mises à jour dans deux cas selon le rapport de 2004€:
- à chaque changement de pouvoir politique, de telles pratiques sont dénoncée
s€;
- lorsque des transactions suspectes ou inhabituelles, dans lesquelles des pers
onnes agissant pour le compte de PPE sont impliquées, et que en fonction des cir
constances, des éléments peuvent amener les autorités à soupçonner que les fonds
ou les actifs concernés ont une origine illégale.
Il convient par ailleurs de souligner que les PPE concernées ne sont pas seuleme
nt des hauts dignitaires, mais couvrent également des personnes de pouvoirs de r
angs inférieurs, d’où l’importance de surveiller aussi cette catégorie. Les expe
rts du GAFI en ont conclu qu’il fallait astreindre les PPE et leurs personnels à
des obligations de vigilances renforcées pour pallier à ces pratiques illicites
de blanchiment. En effet pour endiguer ce phénomène, il convient de les obliger
à se soumettre aux principes de connaissances de leur clientèle, comme pour les
professions non financières. En parallèle, il conviendrait de dresser un fichie
r d’informations concernant ces personnes, idéalement au niveau international ou
du moins national pour permettre de suivre ces PPE même lorsqu’elles changent d
e poste.
Ces rapports dans leurs grandes lignes révèlent les tendances actuelles
des modes de blanchiment et couvrent les moyens, les acteurs et les pratiques pr
ivilégiés par les blanchisseurs et par la criminalité organisée en générale. Ces
différentes informations sont autant de sources décisives qui permettent d’orie
nter la lutte du GAFI contre la criminalité financière, au jour le jour en tenan
t compte de la réalité du terrain.
Cependant son action est remise en cause en raison de la modernisation des modes
de communication. Le blanchiment a en effet trouvé un nouveau moyen d’expansion
€: l’Internet.
B/ Les nouvelles technologies au service du blanchiment international€: une nouv
elle échappatoire pour le blanchiment
Face aux tracasseries administratives, policières, gouvernementales et étatiques
, les blanchisseurs ont semble-t-il tendance à dématérialiser leurs échanges de
manière à sécuriser leur exactions.
Ils affectionnent tout particulièrement le détournement de fonds et le blanchime
nt de fonds par voie électronique, via Internet, et portent une attention toute
particulière aux sites et serveurs dédiés au recyclage et aux transferts de la m
onnaie électronique.
Selon les spécialistes, et en accord avec les constations du GAFI, l’emprise cro
issante des sociétés criminelles sur l’économie mondiale est liée au développeme
nt du libre échange et aux télécommunications à très grande vitesse. En effet lo
rs du colloque ARPEJE sur la lutte contre la criminalité organisée économique et
financière de 1999, Mme M. Ballestrazzi [sous-directrice des affaire économique
et financière au sein de la direction centrale de la police judiciaire] a affir
mé très justement que€: «€Le visage le plus moderne du crime économique, est le
blanchiment d’argent, qui constitue un objectif principal de l’office central de
lutte contre la délinquance financière, mais aussi les grandes fraudes communau
taires et le cybercrime en tant qu’outil de fraude économique .€»
Ainsi on se rend bien compte du caractère multifacettes de cette criminalité trè
s organisée, au fait de la moindre innovation technologique. A l’heure actuelle
selon les études du GAFI, il y aurait blanchiment d’au moins un milliard de doll
ars par jour pour un total annuel minimum de 500 milliard de dollars. Sachant le
s blanchisseurs à l’affût de la moindre innovation technologique pouvant facilit
er leur travail, on aurait mal imaginé les criminels passer à coté des facilités
et des possibilités très étendues offertes par l’Internet.
Le schéma d’action reste classique€: placement, empilage et intégration. Grâce à
la virtualisation de l’argent le maniement de l’argent est plus aisé qu’avec le
s liquidités classiques,€ce qui permet ainsi aux blanchisseurs de monter des op
érations plus ou moins complexes, en faisant varier le facteur temps entre les d
ifférentes étapes, pour un maximum d’efficacité.
Ceci explique les difficultés éprouvées par les autorités pour qualifier les inf
ractions et pour obtenir la preuve du dol. En effet, une enquête classique sur u
ne affaire de blanchiment doit permettre la mise en évidence de l’infraction pri
ncipale génératrice des gains, qui doit à son tour permettre la mise à jour les
flux financiers qui ont suivis, de manière à percer le schéma du circuit jusqu’a
u bénéficiaire. Lorsque les investigations sont menées pour un blanchiment de ty
pe classique, les relevés bancaires et la comptabilité, permettent au final l’id
entification et l’établissement des mouvements. L’exemple des sociétés tradition
nelles commerciales va dans ce sens, puisque ces éléments sont facilement access
ibles et vérifiables.
Mais c’est lorsqu’une partie de la manœuvre de blanchiment est exercée sur Inter
net que les choses se compliquent réellement et que le suivi devient presque imp
ossible. Avec l’expansion du web et son utilisation croissante par les sociétés,
on assiste de plus en plus à une virtualisation des transactions commerciales,
ce qui favorise l’existence de sociétés non déclarées, de comptabilités occultes
voire même à des dissimulations d’activités commerciales. La lutte contre ce ty
pe de blanchiment est rendue plus difficile par la perméabilité des frontières,
et surtout par la virtualité des communications qui permettent de donner à n’imp
orte quelle action un caractère international dans l’anonymat le plus complet.
L’utilisation du net pour les opérations de banque à distance, permet notamment
la dissimulation de l’identité du donneur d’ordre ou du bénéficiaire réel de la
transaction demandée ou opérée.
Ces pratiques ont été révélées en premier lieu lors du Forum de l’agence américa
ine, Financial Crimes Enforcement Network, et ont été confirmées en second lieu
par les rapports et réunions du GAFI qui ont suivi.
Ainsi le système des codes secret permettant une sécurisation des transactions a
urait pour conséquence de favoriser l’opacité de l’identité de celui qui effectu
e l’opération réellement par exemple, de sorte qu’il peut être dégagé un schéma
de base du blanchiment d’argent sur Internet€:
1-Une société constituée peut convertir des fonds illégalement acquis, e
n jouant, plaçant ou achetant des biens sur un site virtuel implanté dans un ce
ntre offshore (casinos virtuels bourses en ligne…)€;
2-Ensuite les gains en apparence acquis, transiteront vers d’autres sociétés vir
tuelles ou écran, pour finalement atterrir dans une société réelle, qui permettr
a de récupérer l’argent blanchi.
Des études très diverses ont été effectuées sur le blanchiment d’argent
par le biais d’Internet. Le GAFI reste malgré tout très en retard par rapport au
x agences de renseignements américaines qui ont développé des études importantes
sur cette cybercriminalité et particulièrement sur le blanchiment des crimes li
és à l’Internet.
Des experts dans ce domaine (dont ceux du GAFI) ont clairement dégagés les point
s vulnérables de ces nouvelles technologies€:
incapacité à identifier et authentifier les parties faisant appel à ces technolo
gies€;
degrés de transparence des transactions trop aléatoire€;
traçabilité presque impossible€;
longueur des procédures pour l’obtention des commissions rogatoires permettant d
es investigations internationales, qui ne rendent très souvent pas possible l’in
tervention avant la disparition des preuves matérielles€;
absence ou inadéquation du contrôle, du suivi, de la conservation d’enregistreme
nt, de déclaration de l’opération suspecte€;
recours à des cryptages non pénétrables par les services étatiques.
Ils ont également dressé une liste des activités virtuelles et des moyens de pai
ement les plus vulnérables qui sont des cibles de choix pour les blanchisseurs e
t les criminels,€à savoir€:
les cartes préchargées€;
les cartes permettant les chargements et le transfert de sommes importantes€;
les services bancaires en ligne permettant le transfert en ligne des actifs€;
les moyens de paiement par le biais de la monnaie électronique€;
les casinos virtuels€;
les banques en ligne, les coutiers en ligne (grandes difficultés pour identifier
les titulaires de comptes)€;
les sites de vente aux enchères€;
le commerce électronique en général (fausses facturations dans le cadre d’un rés
eau d’entreprises totalement virtuelles)…
L’exemple russe semble être le plus révélateur de la dangerosité croissante des
blanchisseurs et met en évidence le schéma complet du blanchiment sur Internet (
infraction et blanchiment réalisés en totalité sur le net).
En 1991, il existait dans l’Ex-URSS 785 gangs mafieux et en mars 96, l’Etat russ
e en dénombrait déjà 5700€! Ce phénomène impressionnant a été renforcé par la ch
ute et la déliquescence du bloc communiste au fil des années. A l’heure actuelle
ces bandes regroupent et emploient près de 100000 membres à temps plein, et prè
s de 3 millions de scientifiques et d’informaticiens experts ayant appartenus au
KGB ou au complexe politico-militaire de l’ex-URSS. Ces cadres sont attirés par
les salaires très attractifs auxquels ils peuvent prétendre, ce qui constitue f
inalement un palliatif financier non négligeable pour ces cerveaux laissés à l’a
bandon par l’Etat qui jadis les employait et gérait de bout en bout leur existen
ce.
Ces opérateurs clandestins, au service de firmes criminelles ultra puissantes, o
bservent des règles de sécurité renforcées comparables à celles utilisées par le
s services soviétiques et qui les rendent très difficilement détectables (commun
ications cryptées, adresses informatiques non fixes…). Ils détournent de cette f
açon des sommes énormes en forçant les codes d’accès des clients, et des banques
, dans un anonymat presque total.
Leur efficacité est décuplée par le matériel utilisé qui est à la pointe de la t
echnologie et qui leur assure la suprématie technique sur les autorités chargées
de les combattre. Ils agissent avec minutie, en multipliant le plus rapidement
possible les transferts d’argent sale, rendant ainsi ces transactions pratiqueme
nt indécelables. Ensuite intervient la phase de blanchiment qui consiste à dépla
cer encore et encore les sommes illicites, et à les réintégrer dans le circuit l
égal et cela sans avoir jamais touché physiquement cet argent.
Ces détournements par voie électronique ont un atout majeur€: la sécurité. En ef
fet, un braquage classique d’argent rapporte par exemple 3551$ en moyenne aux Et
ats-Unis, mais il y a par contre 82% de chance pour le gangster de se faire arrê
ter. Cependant dans le cas d’un hold-up électronique le gain avoisine en moyenne
250000$, avec seulement 2% de chances de terminer en prison. Ces sommes d’argen
t détournées, puis blanchies grâce à l’Internet génèrent des revenus astronomiqu
es pour ces mafias, ce qui a pour conséquence de renforcer leur rayonnement et l
eur importance au sein du système économique légal.
Cet exemple sommaire illustre bien les avantages d’Internet, tout en mettant en
évidence les dangers liés à son utilisation abusive par les groupes criminels tr
ansnationaux. L’omniprésence et l’impact du web sur les activités économiques c
oncourent au développement des activités de blanchiment et de détournement de fo
nds virtuels, renforçant ainsi la pénétration criminelle dans le tissu économiqu
e sain.
Les parades préconisées contre ce phénomène sont simples mais nécessitent des mo
yens matériels et humains considérables. En effet, la traçabilité des transactio
ns est possible techniquement parlant, mais elle requiert des moyens considérabl
es pour reconstituer les différents stades du processus de blanchiment, ainsi qu
e pour la conservation de ces données et leur mise à disposition des autorités j
udiciaires en cas de besoin.
De plus le niveau technique des blanchisseurs est de plus en plus élevé et rend
la tâche du repérage plus difficile, surtout lorsqu’il s’agit d’organisations cr
iminelles très puissantes.
Ainsi, les rapports de typologie de 1999-2000 puis de 2001 établis par le GAFI o
nt pris en compte ces préoccupations et ont proposé des contre-mesures palliant
aux problèmes d’identification des clients de réseaux bancaires en ligne.
Concernant les difficultés du suivi des liens sur l’Internet entre d’éventuels p
roduits d’activités criminelles et l’individu qui tente de blanchir ces fonds, l
es experts ont formulé les propositions suivantes :
• Imposer aux fournisseurs d’accès à l’Internet (FAI) la tenue de registres fiab
les de leurs abonnés avec des renseignements d’identification convenables€;
• Imposer aux FAI de créer des fichiers d’archivage des connexions, comportant d
es données de trafic reliant le numéro de protocole Internet à l’abonné et au nu
méro de téléphone utilisé lors de la connexion€;
• Imposer la conservation de ces renseignements durant une période raisonnable (
6 mois à un
An)€;
• Veiller à ce que ces renseignements puissent être communiqués à l’échelle inte
rnationale, en temps utile à l’occasion d’enquêtes criminelles.
Ces mécanismes ont été mis en place assez efficacement pour le démantèlement des
réseaux transnationaux de pédophilie, qui utilisent énormément l’outil informat
ique pour prospérer mais qui très souvent sont utilisés par des personnes non ex
pertes en informatique. Force est de constater que la coopération entre les diff
érents organes de lutte au niveau international, ainsi que les moyens mis à leur
disposition ont largement contribués aux succès de la répression de ce type de
criminalité.
En ce qui concerne la criminalité économique et financière, des efforts importan
ts restent à faire pour endiguer réellement ce fléau. Le GAFI reste un acteur de
premier ordre dans cette lutte grâce au réseau d’experts qu’il a mis en place d
ans chacun des pays membres, permettant ainsi la création d’une véritable coopér
ation complétée par des échanges d’informations au niveau national et internatio
nal. Les efforts les plus considérables que le GAFI devra mener concerneront la
mise en place d’un système spécialement destiné à endiguer le blanchiment de l’a
rgent sale grâce à l’utilisation des nouvelles technologies.
Ainsi les différents rapports de typologie du blanchiment ont permis un réajuste
ment nécessaire de l’action du GAFI et ont révélés l’un des dangers majeur qui e
st lié à l’utilisation frauduleuse de l’outil Internet. Les tendances du blanchi
ment sont remises en cause périodiquement car les criminels sont en permanence o
bligés de réorienter leurs pratiques, de manière à se faire le plus discret poss
ible. Rester en adéquation avec les techniques employées par la criminalité orga
nisée financière est donc plus qu’une nécessité€: c’est un gage d’efficacité. Sa
ns ces études annuelles, l’action du GAFI ne pourrait évoluer positivement en fo
nction de la réalité concrète du blanchiment, ce qui ferait tomber en désuétude
sa politique de lutte ainsi que les normes qu’il édicte et qu’il réoriente en fo
nction des besoins réels.
§2/ La remise à jour perpétuelle des 40 Recommandations et le suivi de leur appl
ication pratique dans les Etats signataires€:
A/ La remise à jour des 40 recommandations€:
Pour garantir l’efficacité des fameuses 40 Recommandations, il fallait pour le G
AFI garder une certaine ouverture d’esprit, c est-à-dire être disposé à autorise
r la modification future de celles-ci. Ces normes reflètent la nécessité de couv
rir tous les aspects de la lutte contre le blanchiment de capitaux. Elles porten
t sur le système de justice pénale et l’application des lois, le système financi
er et sa réglementation, ainsi que sur la coopération internationale.
Ces informations recueillies au fil des rapports de typologie et enquêtes, ont r
évélé la nécessiter de recadrer les Recommandations initiales avec la réalité de
cette criminalité. Il n’est pas étonnant par conséquent, de voir évoluer les no
rmes fondatrices du GAFI qui sont restées relativement stables jusqu’en 2003, av
ec une seule note interprétative adoptée en 1996 qui concernait le signalement d
es opérations suspectes découlant d’infractions pénales en général alors qu’avan
t celui-ci restait cantonné aux infractions découlant du trafic de stupéfiant.
Dès 2000 on envisageait de façon informelle une remise à jour des mesures de bas
es, voire même une refonte totale de ces dernières. Cette idée gagnant du terrai
n, il fut décidé officiellement de mettre en œuvre cette entreprise (qui fut for
tement encouragée par le sommet du G7 de 2000 d’Okinawa) en tenant compte des la
cunes identifiées dans les différents territoires des Etats membres, mais aussi
des Etats non coopératifs, et enfin en référence aux changements techniques en m
atière de blanchiment de capitaux analysés dans le cadre des exercices annuels d
e typologie.
C’est dans cette perspective que l’on dressa une liste des divers domaines à rév
iser€:
les ouvreurs de portes servant d’intermédiaires avec le système financier intern
ational€;
le système de paiement international (tout particulièrement les virements électr
oniques internationaux)€;
les structures sociétaires (sur les problèmes d’information sur l’identification
du propriétaire réel)€;
les actifs publics volés.
La réformation des normes allait être menée par des groupes de travail dont l’ac
tion irait plus en profondeur que les précédentes équipes dépêchées en 1990 pour
dresser un état des lieux sur la situation des mesures de lutte contre le blanc
himent et leur efficacité réelle. Le processus débuta en 2000 pour s’achever en
2003, année qui vit l’adoption définitive des 40 recommandations lors de la sess
ion plénière du 20 juin à Berlin.
Les modifications des mesures initiales consistent en des changements stylistiqu
es et des ajouts, voire parfois des suppressions. Les textes ont vraiment été re
maniés en profondeur. Ces innovations donnent une souplesse nécessaire au texte
en lui permettant de faire face aux nouveaux domaines, mais également en lui don
nant une signification plus large. Les recommandations initiales du GAFI dérivai
ent des obligations contenues dans la Convention de l’ONU de 1988 sur le trafic
de stupéfiants, ce qui avait pour conséquence de limiter leur impact et de favor
iser leur inadéquation avec les tendances criminelles de l’époque. Les quatre gr
andes parties du texte initial ont subis des modifications qu’il est possible d’
organiser méthodiquement, par thème, comme il suit€:
La première recommandation portant sur la criminalisation du blanchiment fait l’
objet d’une lecture nouvelle ayant pour dessein l’harmonisation dans le cadre de
l’approche de cette question. Elle consacre la démarche selon laquelle les juri
dictions devraient «€appliquer la notion de délit de blanchiment de capitaux à t
outes les infractions graves, pour couvrir l’éventail le plus large possible d’i
nfractions principales€».€Cet objectif pouvant être atteint par divers moyens, s
ur la base de tous les délits, par le recours à un système de seuil, en adoptant
l’approche par liste, ou encore en combinant les trois approches. Mais il est t
out de même exigé un certain seuil minimum qui devrait «€inclure un certain nomb
re de délit dans chaque catégorie d’infractions désignées€» (catégories désignée
s dans le glossaire qui vont du piratage au classique trafic de stupéfiants, et
mentionnent tout de même le terrorisme et son financement ainsi que la corruptio
n et les pots-de-vin).
La deuxième catégorie de recommandations ayant attrait à la coopération internat
ionale a également été améliorée et s’est vraisemblablement inspirée des critère
s utilisés pour le régime des PTNC (pays et territoires non coopératifs). En eff
et, pour ne citer qu’un exemple le motif fiscal a été supprimé et ne constitue p
lus un motif de refus de coopération, ce qui est un traitement spécifique des PT
NC notamment. L’évolution générale tend à aller vers l’applicabilité absolue des
normes du GAFI€: il est clairement affirmé que les concessions classiques ne do
ivent pas s’appliquer lorsqu’il s’agit d’un fléau à l’échelle mondiale que l’on
veut combattre par tous les moyens.
Les mesures de prévention et de vigilance devant être prises par les institution
s financières et autres professions et entités non financières (qui sont explici
tement visées à présent aux recommandations 8, 12, & 16, et qui englobent les pr
ofessions juridiques, les casinos, les négociants en matériaux précieux…..) ont
également été modifiées surtout au niveau de la section B. Les modifications se
sont clairement inspirées du rapport «Customer Due Diligence for Banks» d’octobr
e 2001 du Comité de Bâle sur la supervision des activités bancaires, et de sa vi
sion très moderne sur la question. Le GAFI s’est engagé à fixer «€des normes plu
s strictes et plus détaillées, mais qui offrent aussi le degré de souplesse et s
ont conformes aux pratiques actuelles dans le secteur€». Ainsi, la recommandatio
n 5 établit les mesures de prudence de base à prendre à l’égard des clients dés
lors que les institutions financières établissent un premier contact d’affaire o
u procèdent à des opérations spécifiées, dans le cas où il existerait un fort so
upçon d’opération de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme, ou
lorsqu’il y a des doutes sur la véracité des informations données par le client
. Ces mesures visent à identifier le client et le propriétaire final et à obteni
r des informations sur la nature et le but de l’opération de manière à exercer u
ne vigilance constante sur les relations d’affaires pour s’assurer de la licéité
de celles-ci. Le GAFI souhaite ici conférer une plus grande exactitude aux dili
gences préventives, pour une meilleure identification des risques qu’encourt l’é
tablissement en l’incitant à faire varier son contrôle (allant du simple au ren
forcé) en fonction du type de clientèle, de relation d’affaire ou de transaction
qui sont en cours.
Certains de ces domaines à haut risque, lorsqu’ils sont identifiés, doivent fair
e l’objet d’un traitement renforcé, notamment pour les PPE aux termes de la sixi
ème recommandation. En effet, outres les mesures normales il est préconisé de pr
endre les mesures suivantes€:
disposer de systèmes de gestion des risques adéquats afin de déterminer si le cl
ient est ou non une PPE€;
obtenir l’autorisation de la haute direction avant de nouer une relation d’affai
re avec de tels clients€;
prendre toutes les mesures raisonnables pour identifier l’origine du patrimoine
ou des fons€;
s’assurer d’une surveillance renforcée et continue de la relation d’affaire.
Il faut également noter le renforcement du système de déclaration obligatoire de
transactions suspectes (recommandation 13), l’interdiction officielle des banqu
es fictives (recommandation 18), et la consolidation du traitement des vulnérabi
lités générées par les relations entre banques correspondantes (recommandation 7
à 18).
Enfin le GAFI a tenu à concrétiser la nécessité de poursuivre et d’instruire les
affaires de blanchiment, thème sous jacent dans les premières recommandations m
ais qui ne fût pas traité à part entière. La mesure 26 recommande la centralisat
ion des déclarations de soupçon auprès d’une cellule de renseignement financier
ou CRF, et préconise en plus la réunion des poursuites liées au blanchiment au s
ein d’une juridiction spécialisée.
Au regard de ces modifications diverses et nécessaires, il est possible d’affirm
er que la révision des 40 recommandations a été salutaire en ce qu’elle a permis
de recadrer l’action du GAFI sur les points où une action renforcée devait être
menée à l’avenir.
L’organisation met un point d’honneur à contrôler périodiquement la mise en œuvr
e des mesures par les Etats membres pour garantir l’efficacité de la lutte contr
e cette criminalité.
B/Le contrôle de l’application des mesures€: les rapports du GAFI sur la France
Dans la conclusion du rapport annuel du GAFI de 1990, l’organisation a reconnu q
u’«une évaluation régulière des progrès réalisés dans la mise en œuvre des mesur
es de lutte contre le blanchiment de capitaux inciterait les pays à donner à ces
questions une véritable priorité…€».€€Il apparaît donc vital pour la pérennité
de l’action de son action de contrôler la mise en œuvre concrète des mesures. Le
s pays membres se sont engagés à respecter une discipline en matière de surveill
ance multilatérale et d examens par les pairs. Le contrôle va être axé sur un sy
stème d auto-évaluation et sur une procédure d évaluation mutuelle, qui vont con
stituer les instruments essentiels permettant un suivi des progrès réalisés par
les gouvernements membres dans la mise en œuvre des recommandations.
Dans le cadre de l exercice d auto-évaluation, chaque pays membre fournit des re
nseignements sur sa situation en indiquant où il en est dans la mise en œuvre de
s quarante Recommandations et des huit Recommandations Spéciales sur le terroris
me, en répondant chaque année à un questionnaire standard. Ces renseignements so
nt ensuite centralisés et analysés, et servent de base pour évaluer le niveau d’
application de Recommandations par les pays pris individuellement et dans leur e
nsemble.
La deuxième méthode qui permet de surveiller la mise en œuvre des quarante recom
mandations est€ HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/pages/0,2966,fr_32250379_322
36982_1_1_1_1_1,00.html" la procédure d évaluation mutuelle, qui fut mise en pla
ce en complément de la première en 1991. Cette procédure est clairement inspirée
du droit international dans lequel très souvent sont mis en place des systèmes
de contrôle par des pairs, identiques à celui-ci. Chacun des pays membres est pa
ssé en revue par le GAFI par le biais d une visite effectuée par une équipe de t
rois ou quatre experts d’autres pays membres choisis dans les domaines juridique
, financier et opérationnel. L’objet de la visite est de rédiger un rapport éval
uant dans quelle mesure le pays concerné a progressé dans la mise en œuvre d un
système efficace de lutte contre le blanchiment de capitaux, et soulignant les d
omaines dans lesquels des progrès restent à faire.
De manière générale, le GAFI affirme l’absence d’indicateur infaillible qui pour
rait révéler l’efficacité des dispositifs de lutte contre le blanchiment. Il s’a
ppuie sur les données communiquées par le pays membre examiné, comme le nombre d
e déclarations de soupçon, le montant des actifs confisqués, ou encore sur le no
mbre de mis en examen, ou de poursuites entamées. L’objectif visé est l’évaluati
on de la mise en œuvre des mesures essentielles liées aux 28 recommandations du
GAFI qui nécessitent des mesures spécifiques.
Le processus d évaluation mutuelle est renforcé par la politique du GAFI à l éga
rd des membres qui ne respectent pas les recommandations. La politique est axée
sur une approche graduée qui tend à renforcer la pression des pairs sur les gouv
ernements membres, de manière à les obliger à resserrer leur système de lutte co
ntre le blanchiment. C’est dans cette optique qu’il est demandé au pays examiné
de présenter un rapport sur l état d avancement de ses travaux, lors des réunion
s plénières. Par la suite en cas de constatation de carences une mission de haut
niveau peut être dépêchée dans le pays membre défaillant.
En guise de sanction le GAFI peut appliquer la Recommandation 21, qui prévoit la
diffusion d une déclaration demandant aux institutions financières d accorder u
ne attention particulière à leurs relations d affaires et à leurs transactions a
vec les personnes, sociétés et institutions financières domiciliées dans le pays
qui n applique pas les Recommandations, ou plus radicalement suspendre l’adhési
on du pays.
Pour illustrer ces propos et donner une dimension concrète à ces différentes mét
hodes d’évaluations, il a semblé judicieux de prendre l’exemple de la France. Le
s deux premiers cycles d’évaluation mutuelle du GAFI en 1992 et en 1996, ont per
mis l’amélioration considérable des outils juridiques et opérationnels existants
.
En 1992, il a été constaté que le système mis en place par la France dépassait d
éjà le cadre des recommandations du GAFI et qu’elle «€avait crée un véritable mo
dèle de lutte contre le blanchiment de capitaux€». Pour autant les évaluateurs a
vaient souligné que pour être encore plus efficace, le système français ne pouva
it se limiter au seul produit du trafic de stupéfiants et qu’il fallait élargir
le délit de blanchiment à l’ensemble des infractions pénales graves (mesure qui
sera officialisée avec la révision des recommandations en 2003). Ces mesures fur
ent prisent en compte très sérieusement, puisque dès 1993, il y eut extension du
champ d’application de la procédure de déclaration de soupçon au blanchiment pr
ovenant des activités d’organisations criminelles.
Lors de l’évaluation de 1996, l’efficacité des améliorations portées par les loi
s du 29 janvier 1993 et du 13 mai 1996 fut reconnue. Malgré le faible nombre de
déclaration de soupçon, le GAFI ne put remettre en cause l’approche française de
lutte contre le blanchiment, qui demeurait sans nul doute pertinente et efficac
e. Il faudra attendre 2000-2001, pour assis
ter à une contre évaluation du système français. Le secteur évalué dans l’ensemb
le très lié à la finance, comprenait€: les banques, les bureaux de change, les i
ntermédiaires financiers, les sociétés d’assurance, les services de remise de fo
nd et enfin les centrales de virement. Le GAFI constatât, que seulement 25 des 2
8 mesures les plus importantes étaient réellement mises en œuvre. On reprocha à
la France de ne pas avoir mis en place de procédures adéquates lors de l’embauch
e du personnel, qui aurait du être régie par une procédure de vérification d’ide
ntité renforcée et d’antécédents judiciaires. De la même façon on lui reprocha d
e ne pas avoir établi de directives officielles «€pour aider les institutions fi
nancières à détecter les modes de comportements suspects de leurs clients€», mai
s surtout, de ne pas avoir pris de dispositions visant la formation adéquate des
personnels de ces mêmes institutions en accord avec la recommandation 28. En de
rnier lieu, le GAFI dénonça la pratique selon laquelle la France «€ne peut accor
der l’entraide judiciaire quand l’élément intentionnel de l’infraction de blanch
iment de capitaux est la négligence€», et qui est en totale opposition avec la r
ecommandation 33.
La France fait figure de bon élève dans l’ensemble et confère une place considér
able à cette infraction en lui consacrant le titre VI du livre V du Code monétai
re et financier. C’est l’un des Etats les plus coopératif et les plus disposé à
renforcer sa lutte contre le blanchiment. Depuis ces différentes évaluatio
ns, les choses ont bien évolué et l’on se dirige doucement mais sûrement vers un
e répression coordonnée, clairement inspirée par les recommandations du GAFI.
Face aux évolutions constantes de cette criminalité, la France a semble-t-il été
capable de faire avancer sa législation, alors même que les recommandations ini
tiales n’avaient pas été modifiées. Elle a crée en 1990 une cellule de renseigne
ment financier appelée le TRACFIN, qui est «€un centre national pour recueillir,
analyser et transmettre les déclarations d’opération suspectes et d’autres info
rmations concernant des actes susceptibles d’être constitutifs de blanchiment de
capitaux et de financement du terrorisme€». Elle a ainsi renforcé les obligatio
ns de vigilance, en a étendu l’application notamment aux professions non financi
ères, et a même porté atteinte au secret professionnel si souvent invoqué par ce
s derniers, pour rendre plus efficace son système.
Tout cet arsenal juridique a eu pour conséquence de voir le nombre de déclaratio
ns faite au TRACFIN augmenter considérablement, puisque l’on passe de 900 déclar
ations en 1990 à 2537 pour la seule année 2OOO. Cet argument est étayé par un in
dicateur de qualité qui est celui du nombre de dossiers transmis par TRACFIN à l
a justice, qui passe de 47 en 1996 à 156 en 2000.
La France est très active et encourage peu à peu la lutte contre le blanchiment.
Cependant elle ne peut agir seule et a besoin d’organisations inte
rnationales comme le GAFI pour renforcer sa répression sur son territoire, mais
aussi dans le monde. Comme on le sait le blanchiment de capitaux illicite reste
une infraction transnationale par excellence et nécessite l’intervention de nomb
reux acteurs pour renforcer la lutte. Seul un front uni au plan international pe
rmettra d’enrayer cette criminalité financière, d’où l’importance pour le GAFI d
’assurer son rayonnement international.
Section II- L’expansion inévitable des prérogatives et du rayonnement du GAFI à
l’international€:
Le GAFI a su se faire un nom et une réputation au niveau international qui lui o
nt permis de réussir à diffuser et faire appliquer les standards de lutte qu’il
promeut (§1). De la même façon il a étendu son mandat au financement du terroris
me, de manière à renforcer et à compléter son action contre la criminalité finan
cière (§2).
§1/ Les progrès et l’expansion du GAFI à l’échelle internationale€:
A/ Le rayonnement international du GAFI€:
Depuis sa création au sommet de l’Arche en 1989, le GAFI a considérablement évol
ué sur différents plans fondamentaux - structurel, organisationnel, relationnel
avec les pays - et a fait de son expansion internationale une mission première.
Il est à l’heure actuelle composé des membres suivants€: HYPERLINK "http://www
.fatf-gafi.org/document/60/0,2340,fr_32250379_32236869_36394428_1_1_1_1,00.html"
Afrique du Sud, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/63/0,2340,fr_3225
0379_32236869_36387903_1_1_1_1,00.html" Allemagne, HYPERLINK "http://www.fatf-g
afi.org/document/32/0,2340,fr_32250379_32236869_36375904_1_1_1_1,00.html" Argent
ine, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/20/0,2340,fr_32250379_3223686
9_36376084_1_1_1_1,00.html" Australie, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/docu
ment/22/0,2340,fr_32250379_32236869_36376534_1_1_1_1,00.html" Autriche, HYPERLI
NK "http://www.fatf-gafi.org/document/6/0,2340,fr_32250379_32236869_36381830_1_1
_1_1,00.html" Belgique, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/24/0,2340,
fr_32250379_32236869_36382680_1_1_1_1,00.html" Brésil, HYPERLINK "http://www.fa
tf-gafi.org/document/16/0,2340,fr_32250379_32236869_36383376_1_1_1_1,00.html" Ca
nada, HYPERLINK "http://europa.eu.int/comm/index_fr.htm" \t "_blank" Commission
européenne, Conseil de coopération du golfe , HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.
org/document/14/0,2340,fr_32250379_32236869_36387406_1_1_1_1,00.html" Danemark,
HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/20/0,2340,fr_32250379_32236869_363
96884_1_1_1_1,00.html" Espagne, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/30
/0,2340,fr_32250379_32236869_36397534_1_1_1_1,00.html" Etats-Unis, HYPERLINK "h
ttp://www.fatf-gafi.org/document/45/0,2340,fr_32250379_32236869_36392557_1_1_1_1
,00.html" Fédération de Russie, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/43
/0,2340,fr_32250379_32236869_36387563_1_1_1_1,00.html" Finlande HYPERLINK "http
://www.fatf-gafi.org/document/36/0,2340,fr_32250379_32236869_36387684_1_1_1_1,00
.html" France, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/29/0,2340,fr_322503
79_32236869_36388637_1_1_1_1,00.html" Grèce, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.or
g/document/7/0,2340,fr_32250379_32236869_36388807_1_1_1_1,00.html" Hong-Kong, Ch
ine, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/54/0,2340,fr_32250379_3223686
9_36389046_1_1_1_1,00.html" Irlande, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/docume
nt/45/0,2340,fr_32250379_32236869_36388973_1_1_1_1,00.html" Islande, Ita HYPERLI
NK "http://www.fatf-gafi.org/document/54/0,2340,fr_32250379_32236869_36389238_1_
1_1_1,00.html" lie, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/44/0,2340,fr_3
2250379_32236869_36389548_1_1_1_1,00.html" Japon, HYPERLINK "http://www.fatf-ga
fi.org/document/31/0,2340,fr_32250379_32236869_36389855_1_1_1_1,00.html" Luxembo
urg, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/6/0,2340,fr_32250379_32236869
_36391302_1_1_1_1,00.html" Mexique, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/documen
t/15/0,2340,fr_32250379_32236869_36392399_1_1_1_1,00.html" Norvège, HYPERLINK "
http://www.fatf-gafi.org/document/17/0,2340,fr_32250379_32236869_36391697_1_1_1_
1,00.html" Nouvelle-Zélande, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/20/0,
2340,fr_32250379_32236869_36391572_1_1_1_1,00.html" Royaume des Pays-Bas, HYPER
LINK "http://www.fatf-gafi.org/document/39/0,2340,fr_32250379_32236869_36392423_
1_1_1_1,00.html" Portugal, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/58/0,23
40,fr_32250379_32236869_36397370_1_1_1_1,00.html" Royaume-Uni, HYPERLINK "http:
//www.fatf-gafi.org/document/20/0,2340,fr_32250379_32236869_36394324_1_1_1_1,00.
html" Singapour, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/15/0,2340,fr_3225
0379_32236869_36397007_1_1_1_1,00.html" Suède, HYPERLINK "http://www.fatf-gafi.
org/document/61/0,2340,fr_32250379_32236869_36397117_1_1_1_1,00.html" Suisse, H
YPERLINK "http://www.fatf-gafi.org/document/61/0,2340,fr_32250379_32236869_36397
245_1_1_1_1,00.html" Turquie.€
On constate que le GAFI a profondément renforcé son influence et son rayonnement
international, conférant à son action un impact d’envergure.
Ce qui amène à se demander pour quelles raisons l’expansion géographique du GAFI
et de ses normes constitue une nécessité.
Cet organe a mis au point une véritable stratégie d’élargissement qui se dévelop
pe sur trois terrains différents, et dont la nécessité peut être expliquée par l
e fait que les techniques de blanchiment modernes, très élaborées, sont mises au
point par des experts financiers passés maîtres dans l’art d’identifier et d’ex
ploiter les failles des structures nationales et internationales de lutte contre
le blanchiment. Ces réseaux ont une capacité de mobilité géographique important
e, qui leur permet de se replier vers des territoires où la législation contre c
ette criminalité est peu développée voire même inexistante.
On peut distinguer diverses étapes dans le processus d’expansion du rayonnement
international du GAFI.
La première phase de cette stratégie passe par l’adhésion directe d’autres pays
à l’organisation. Avec l’arrivée de l’Argentine, du Mexique et du Brésil, notamm
ent, le groupe d’action financière s’ouvre à des parties clés du monde et renfor
ce considérablement son action dans cette région.
Le second volet de cette stratégie d’expansion consiste en un élargissement par
le biais de la création de sous-groupes, crées à partir du modèle du GAFI. Dans
un premier temps, afin de limiter les conséquences des pratiques opportunistes d
es blanchisseurs, le GAFI a estimé nécessaire d’obtenir la coopération active de
s pays non membres. Au cours du sommet du G7 de Houston, les pays non-membres fu
rent invités€«€à participer à lutte contre le blanchiment de capitaux et à la mi
se en œuvre des recommandations du GAFI€».
Au cours du premier cycle de 1990-1991, il fut décidé que la première étape pass
erait par la présentation et l’explication du programme d’action élaboré par le
GAFI dans les différentes régions du globe. Le dessein final était «€d’obtenir d
es approbations officielles et, dans la mesure du possible, une application effe
ctive de ces recommandations au niveau international€». Cette étape de ralliemen
t au programme d’action du GAFI ainsi que la quête d’un engagement politique de
la part des pays non-membres, ont perduré durant toute la décennie 90.
Dans un second temps, et en parallèle le GAFI a décidé lors de l’exercic
e 1992-1993 d’aller plus loin dans sa politique de renforcement en instaurant to
ut simplement des sous- groupes de travail à vocation régionaliste, composés de
pays déjà membres et de nouveaux pays bien entendu. Le travail de ces nouvelles
entités allait s’axer autour de séminaires et de programmes de formation à la lu
tte contre le blanchiment, et serait renforcé par une collaboration active avec
des organismes internationaux. Ces sous-groupes d’action ont rendu possible l’e
xtension des normes de lutte à des pays non membres du GAFI, qui fonctionnent su
r son modèle, et qui développent à l’échelle régionale une action effective en a
déquation avec les réalités d’une partie du monde donnée. Ces organisations déri
vées ont pour but de promouvoir l’application des 40 recommandations dans ces pa
ys, qui eux-mêmes s’engagent dans la mesure du possible à les respecter et à tou
t faire pour les rendre applicables sur leur territoire. Des systèmes d’évaluati
on simples ou mutuelles sont également en vigueur pour un contrôle optimal de l’
application des mesures par les membres.
Pour encourager le dynamisme de ces groupements régionaux, le GAFI leur propose
volontiers une assistance technique ainsi qu’une mise à leur disposition d’exper
ts. Ce parrainage est conduit par des membres appartenant au GAFI qui ont le tit
re de «€pays coopératifs et de soutien€», et qui vont dans une région choisie po
ur agir en faveur du développement des normes de lutte en accordant aux novices
une aide financière et technique. De plus le GAFI peut également assister et par
ticiper aux sessions organisées par les groupes régionaux, mais il ne dispose pa
s d’un droit de regard ou de veto sur leurs décisions qui conservent une indépen
dance certaine à ce niveau. Cette diffusion internationale, par le biais de sous
-groupes, a un avantage considérable€: il limite les adhésions et le nombre de p
articipants aux différentes sessions de discussion, favorisant ainsi l’élaborati
on de politiques et de mesures de lutte (le consensus étant plus facile à attein
dre en petit comité).
A l’heure actuelle on dénombre 6 sous-groupes du GAFI dans le monde :
Le HYPERLINK "http://www.cfatf.org/" \t "_blank" Groupe d’action financière des
Caraïbes (GAFIC)€: Son objectif principal e
st sensiblement le même que le GAFI. Il vise à l’application des recommandations
préconisées pour enrayer le blanchiment de capitaux illicites et le financement
du terrorisme, dans la région caraïbes. Le dispositif mis en place compr
end même un organe de centralisation des déclarations à Kingston en Jamaïque, qu
i est censé encourager et encadrer l’application des dites mesures.
Il faut souligner le fait que c’est l’un des groupes les plus développé par le G
AFI, qui lui accorde une grande attention du fait de l’importance des paradis fi
scaux dans cette région. Il actuellement composé des Etats suivants€: Antigua &
Barbuda, Anguilla, Aruba, les Bahamas, la Barbade, Belize, les Bermudes, les Ile
s Vierges Britanniques, les Iles Cayman, le Costa Rica, la République Dominicain
e, la Dominique, les Iles Grenades, le Guatemala, la Guyane, la République d’Haï
ti, le Honduras , la Jamaïque, Montserrat, les Antilles néerlandaises, le Nicar
agua, le Panama, St. Christopher & Nevis, St. Lucie, St Vincent & Grenadines, Su
riname, les Iles Turks & Caicos, Trinidad & Tobago, et le Venezuela .
HYPERLINK "http://www.apgml.org/" \t "_blank" Groupe Asie/Pacifique sur le blan
chiment de capitaux (APG): Cette organisation est constitué€du€: Japon, des Phil
ippines, de l’Australie, de la Malaisie, de la Chine, de la Corée, du Bangladesh
, du Sultanat de Brunei, des Iles Cook, de l’Inde, de l’Indonésie, de Macao, des
Iles Marshall, du Népal, de la Nouvelle Zélande, de Niue, du Pakistan, de Palau
, de Samoa, de Singapour, du Sri Lanka, de Taiwan, de la Thaïlande, des USA et
de Vanuatu.
HYPERLINK "http://www.esaamlg.org/" \t "_blank" Groupe anti-blanchiment de l’Af
rique orientale et australe (GABAOA)€:
Il se compose des pays suivants€:Botswana, le Kenya, le Lesotho, le Malawi, l’Il
e Maurice, le Mozambique, la Namibie,, Les Seychelles, l’Afrique du Sud, le Swaz
iland, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe€.
HYPERLINK "http://www.gafisud.org/" \t "_blank" Groupe d’action financière sur
le blanchiment de capitaux en Amérique du sud€(GAFISUD)€:
Il es composé entre autre de€: l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Chili,
de la Colombie, du Paraguay, de l’Equateur, du Pérou, et de l’Uruguay.
HYPERLINK "http://www.euroasiangroup.org/" \t "_blank" Groupe Eurasie (GEA)€:
Il est composé de€: la Fédération de Russie, la Belarus, la Chine, du Kazakhstan
, du Tadjikistan, et du Kirghizistan.

HYPERLINK "http://www.menafatf.org/" \t "_blank" Groupe d Action Financière du


Moyen-Orient et de l Afrique du Nord (GAFIMOAN)€:
Il est né en novembre 2004 et est composé de€: l’Algérie, de Bahrain, de l’ Egyp
te, la Jordanie, le Koweït, le Liban, le Maroc, Oman, le Qatar, l’ Arabie Saoudi
te, la Syrie, la Tunisie, les Emirats Arabes Unis, le Yémen, l’Iraq,et enfin de
la République islamique de Mauritanie.
D’autres groupes régionaux sont en cours de constitution, ou sont déjà quasi-opé
rationnels, il s’agit€:
du groupe anti-blanchiment pour l’Afrique de l’ouest (GIABA)€;
et du groupe anti-blanchiment pour l’Afrique centrale (GABAC).
Par ailleurs le GAFI n’a pas limité sa collaboration aux Etat et a su s’entourer
d’organisations internationales divers pour optimiser son action de sensibilisa
tion.
La liste de ses partenaires est longue et concerne aussi bien des organismes à v
ocation universelle, que des organismes spécialisés au niveau régional, et même
des banques régionales de développement.
On citera quelques unes d’entres elles, les plus importantes€à savoir€:
La Banque Africaine de développement/ la Banque asiatique de développement/ la B
anque centrale européenne(BCE)/ la Banque européenne pour la reconstruction et l
e développement (BERD)/ la Banque interaméricaine de développement(BID)/ la Banq
ue mondiale Secrétariat du Commonwealth/ Europol/ le Fonds monétaire internation
al(FMI)/ le Groupe d Egmont des cellules de renseignements financiers/ le Groupe
des organismes de supervision bancaire offshore(GOSBO)/ Interpol/ l’Organisatio
n pour la coopération et le développement économiques (OCDE)/ l’Organisation des
Nations Unies/ l’Office contre la drogue et le crime (ONUDC)/ l’Organisation de
s Etats américains/ le Comité interaméricain contre le terrorisme (OEA/CICTE)/ l
’Organisation des Etats américains/ la Commission interaméricaine de lutte contr
e les abus de drogues(OEA/CICAD)/ l’Organisation internationale des commissions
de valeurs(OICV)/ l’Organisation mondiale des douanes (OMD)….
Cette collaboration a rendu possible des actions communes, avec par exemple en 1
993, 1994 et 1995, la mise en place de « la Commercial Crime Unit€»€qui consista
it en l’organisation de conférences à Singapour, en Malaisie et au Japon. Celles
-ci avaient pour dessein de sensibiliser les gouvernements de la région Asie-Pac
ifique à la menace représentée par le blanchiment d’argent sale et à l’évolution
de lutte internationale à ce sujet. Le GAFI collabora par la suite à la premièr
e conférence sur le blanchiment en Afrique Australe et orientale très touché par
le phénomène.
Cette coopération est certes efficace mais est aussi vitale. En effet les moyens
limités dont dispose le siège du GAFI à Paris ne lui permettent pas d’assurer p
ar lui-même toutes les opérations d’assistance technique ainsi que les opération
s de suivi dans les Etats non-membres.
Cependant avec le développement croissant des sous-groupes ainsi que l’universal
isation des mesures de lutte contre le blanchiment, ces problèmes sont largement
dépassés puisqu’il s’agit aujourd’hui de renforcer les systèmes régionaux actue
ls de manière à rendre cette action la plus cohérente possible.
Ces diverses copies du GAFI, dispatchées un peu partout, ont renforcé co
nsidérablement la diffusion et l’application des recommandations initiales, rend
ant possible par là même une certaine unification de la démarche de lutte contre
le blanchiment de capitaux illicites, en donnant à celle-ci une cohérence d’ens
emble qui finirait par affaiblir concrètement les réseaux criminels. Le GAFI s’é
tait crée à la fin des années 80, dans la plus complète anarchie au niveau de l
a lutte nationale ou internationale, contre cette délinquance financière, entraî
nant ainsi la prospérité des réseaux hors la loi. Dorénavant et après un process
us long et laborieux de sensibilisation et d’incitation, le GAFI est arrivé à fé
dérer les législations de par le monde. L’écoute et la coopération avec le GAFI
ne se sont pas toujours faites plein gré. En effet sans la mise à l’index de cer
tains pays non coopératifs la généralisation internationale de lutte contre le b
lanchiment n’aurait pas été possible.
B/ L’outil de coercitif du GAFI€: la liste des PTNC.
En parallèle de ces efforts menés avec le consentement des Etats pour la globali
sation de la lutte, le GAFI a du favoriser également une approche plus brusque,
plus anticipatrice en matière de conformité aux normes pertinentes, action forte
ment insufflée par les membres du G7. En effet ces derniers s’inquiétant de la p
ersistance d’Etats non-coopératifs, de centres financiers off-shore et de pratiq
ues favorisant les sociétés écrans, ont demandé explicitement au GAFI d’étudier
le problème et d’y remédier radicalement.
En réponse à ces attentes, le groupe d’action a mis en place une cellule de trav
ail sur les fameux PTNC, avec pour mission d’élaborer en premier lieu une défini
tion de la non-coopération, et en second lieu de créer un faisceau de critères p
ermettant de les repérer en pratique. Il en est ressorti une liste de 25 critère
s identifiant les «règles et pratiques préjudicielles€» qui nuisent à l’effort m
ondial de lutte contre le blanchiment. Ils vont des carences de la réglementatio
n financière jusqu’à l’affectation de ressources insuffisantes à lutte contre ce
fléau. S’agissant des mesures de sanction, il est prévu de recourir à une procé
dure de contrôle des juridictions. Une liste des mesures concrètes pouvant être
prises à l’encontre des PTNC pour les inciter à respecter les mesures internatio
nales a été dressée. La persistance de ces derniers dans la non application des
mesures de lutte contre cette infraction pourrait même donner lieu dans les cas
les plus extrêmes à des restrictions, ou à des interdictions de mener des transa
ctions financières avec eux (recommandation 21). Ces mesures peuvent également ê
tre prises pour inciter les institutions financières à être vigilantes à l’égard
des opérations conduites avec des personnes, entreprises ou banques, présentes
ou établies dans les pays ou territoires ayant des systèmes de lutte contre le b
lanchiment défaillants.
Une liste noire des PTNC a finalement été dressée en 2000, comprenant une quinza
ine d’Etat dans lesquels de graves atteintes avaient été décelées.
La majorité de ces territoires se trouvaient dans la zone Asie-Pacifique, du fai
t de l’importance numéraire des centres off-shore, mais également en Israël et e
n Russie.
Ces Etats furent priés de mettre à jour leur système répressif sur cette questio
n, et pour les encourager notamment les membres du G7 assurèrent les territoires
non conformes de la mise à leur disposition d’une aide et d’une assistance pour
la réalisation des réformes nécessaires. Une procédure à suivre a été mise en p
lace, aboutissant au retrait de la liste€:
le GAFI doit s’assurer que la juridiction en question a remédié efficacement à s
es problèmes, grâce à des textes législatifs appropriés€;
il va porter une attention toute particulière aux changements opérés dans le dro
it pénal au niveau de surveillance financière, à l’identification des clients, à
la coopération internationale et enfin au système de déclaration des transactio
ns suspectes€;
ces textes portant modification du système de lutte anti-blanchiment, doivent êt
re entrés en vigueur et doivent trouver application concrète dans les faits€;
le GAFI met en place pour clore son enquête un mécanisme exigeant de surveillanc
e visant au soutien des réformes établies.
Les pays figurant sur la liste doivent obligatoirement faire des efforts allant
dans le sens de la répression de cette criminalité financière sous peine de se m
ettre au ban de la communauté internationale, ainsi que de se voir infliger des
sanctions financières importantes. L’effet dissuasif est avéré. On peut citer pa
r exemple le cas de l’Arabie Saoudite qui de peur d’être sanctionnée par le GAFI
, a décidé de modifier d’emblée sa législation, avant même que la visite du grou
pe n’ait lieu.
Les Îles Cook, l’Indonésie et les Philippines ont été retirées de la liste très
récemment. Les visites du GAFI dans ces pays ont confirmé que ces derniers mette
nt effectivement en oeuvre des mesures conformes et effectives de lutte contre l
e blanchiment de capitaux pour remédier à leurs carences dans ce domaine.
Ces îles ont élaboré des systèmes de lutte contre le blanchiment de capitaux, n
otamment, des mesures strictes d’identification de la clientèle, une obligation
de déclaration des opérations suspectes, des mesures de supervision bancaire et
des moyens juridiques permettant d’enquêter et d’engager des poursuites contre d
es faits de blanchiment. Ces trois pays ont institué en complément des Cellules
de renseignements financiers, unités spécialisées chargées d’analyser les inform
ations financières, de coordonner les efforts faits à l’échelle nationale et de
faciliter la coopération internationale.
A l’heure actuelle seul deux Etats sont sur la liste€: Myanmar & le Nigeria. Ils
sont sous le coup de mesures de sanctions pour les obliger à remédier à leurs d
éfaillances.
Des critiques s’élevèrent malgré tout à l’encontre de ce système d’opprobre et d
e sanction, puisque les critères utilisés pour qualifier les PTNC, sont largemen
t plus exigeants que ceux contenus dans les recommandations elles-mêmes. De plus
, il semblerait que le GAFI ait des pratiques discriminatoires, puisqu’il a acce
pté de se contenter de l’auto-évaluation pour juger du degré de conformité de se
s membres alors qu’il impose des mesures beaucoup plus lourdes pour les pays non
membres. Le groupe d’action serait également beaucoup plus exigeant envers les
PTNC désireux de devenir membres de l’organisation.
Les limites du système de procédure de PTNC sont visibles et peuvent être corrig
ées, mais elles ne doivent pas occulter l’effet très positif de ce mécanisme de
contrôle/sanction. En effet, il a pu permettre d’élargir grandement le système d
e lutte contre le blanchiment de capitaux illicites.
Le combat international contre ce fléau s’en est trouvé fortement renforcé. Les
Etats dissidents ne peuvent plus à l’heure actuelle se mettre en marge de ce mou
vement, sans voir leur réputation et leur activité commerciale atteinte.

§2€/ Le défi majeur du GAFI€: la lutte contre le financement du terrorisme.


A/ Connexité entre terrorisme et blanchiment d’argent sale€:
Le lien entre terrorisme et blanchiment de capitaux n’a pas toujours été vraisem
blable. La question du financement du terrorisme n’est finalement devenue une ré
elle préoccupation qu’à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Le phénomèn
e terroriste n’est pas une nouveauté internationale, mais c’est la première fois
que sa redoutable efficacité fait naître de profondes interrogations, liées not
amment au type de financement nécessaire pour concrétiser ces crimes. Ces évènem
ents ont permis de mettre en avant l’importance du financement au sein de l’entr
eprise terroriste, et donc de conclure qu’en le combattant il était possible d’e
nrayer ce phénomène.
Le financement du terrorisme international se sert de la criminalité organisée t
ransnationale et du blanchiment de son produit, pour financer ses opérations ill
icites. Malgré sa vocation première à semer la terreur, le terrorisme a du s’org
aniser de manière à pouvoir générer les fonds nécessaires pour mener ses actions
à bien et a donc emprunté le modèle de fonctionnement des organisations crimine
lles classiques qui ont pour but premier le gain financier. Quand bien même des
fonds licites serviraient à ce financement, leur seule destination n’aurait pour
seul effet que de les noircir, c est-à-dire de les rendre illicites par destina
tion. Cette tendance à s’appuyer sur des fonds issus de la criminalité organisée
transfrontière s’est accentuée selon le GAFI, au motif que «€les Etats étant dé
sormais plus réticents à soutenir directement le terrorisme, les groupes terrori
stes ont dû se tourner vers les activités criminelles classiques pour trouver le
s fonds nécessaires...€». (Rapport de 2000-2001)
L’imbrication entre financement licite et financement illicite fait du blanchime
nt de capitaux à des fins terroristes une infraction extrêmement complexe et dif
ficile à appréhender.
Les groupes terroristes ont besoin de mettre en place autour d’eux une infrastru
cture financière solide. Ils doivent à cette fin trouver des sources de financem
ent, des moyens de blanchir les fonds, puis de les réutiliser pour acheter du ma
tériel ainsi que les éléments logistiques nécessaires à la perpétration de leurs
actions. Il découle de ces constations que le terrorisme, outre le fait d’être
un danger pour les structures étatiques, est une véritable source de criminalité
.
Ainsi, le GAFI a pu dans son rapport de 2000-2001, mettre en évidence les différ
entes sources de blanchiment qui financent le terrorisme (énumérés par ordre d’i
mportance)€:
le trafic de stupéfiants€;
l’extorsion de fonds€;
l’enlèvement contre rançon€;
le vol avec violence€;
la fraude€;
jeux de hasard€;
contrebande et trafic de contrefaçons.
Ces différentes infractions sont l’une des sources les plus importantes des reve
nus des terroristes et servent à financer leurs exactions. Ces fonds illégaux fo
nt souvent l’objet de blanchiment. Les circuits de blanchiment peuvent aller du
plus complexe au plus simple, mais préfèrent privilégier des moyens traditionnel
s, officieux, tels que les «€hawalas€» (technique de compensation financière eff
ectuée par une communauté ethnique dans ses transactions commerciales), ou encor
e les fourmis japonaises. Ces réseaux discrets et informels contrastent avec les
systèmes les plus sophistiqués et servent mêmes à blanchir des produits boursie
rs très importants. Ils ont l’avantage de faire appel à la solidarité ce qui les
rend très attrayant pour les groupes terroristes qui vivent clandestinement. Il
s utilisent donc des techniques semblables à celles utilisées par les réseaux cr
iminels transnationaux. Selon le GAFI, «€les mouvements de fonds clandestins en
espèce, les dépôts ou les retraits fractionnés sur des comptes bancaires, les ac
hats de diverses catégories d’instruments financiers (chèques de voyages, mandat
s, bons au porteur€....), l’utilisation de cartes de crédit ou de débit, et les
virements€» sont à l’heure actuelle les moyens les plus utilisés pour le blanchi
ment à des fins terroriste.
Très récemment, le GAFI s’est lancé en parallèle dans un projet ambitieux€: celu
i d’un partenariat avec le Groupe Asie-Pacifique sur le blanchiment d’argent dan
s le but d’étudier les liens entre les phénomènes de corruption, de blanchiment
d’argent et de financement du terrorisme.
Cette démarche permettra de déterminer de quelle façon l’expérience du GAFI en m
atière de blanchiment et de financement du terrorisme pourra contribuer à renfor
cer la lutte contre ces menaces. Le groupe d’action a également accueilli favora
blement la Résolution 1617 prise en 2005 par le Conseil de sécurité des Nations
Unies qui « engage vivement tous les États Membres à appliquer les normes intern
ationales détaillées » du GAFI telles qu’elles sont comprises dans les quarante
Recommandations sur le blanchiment d’argent et les neuf Recommandations Spéciale
s sur le financement du terrorisme. Cette approbation officielle des standards d
u GAFI par le Conseil de sécurité des Nations Unies constitue le premier pas ver
s une mise en œuvre efficace des Recommandations à travers le monde.
En 2005 le GAFI a évalué les systèmes de lutte contre le blanchiment et le finan
cement du terrorisme de trois pays : l’Australie, l’Italie et la Suisse. Les pre
mières conclusions de ce troisième cycle d’évaluation démontrent que bien que le
s membres du GAFI travaillent activement à la mise en oeuvre des nouveaux standa
rds, des efforts restent encore à faire. Le GAFI continuera de contrôler les pro
grès accomplis par ses membres.
B/Les recommandations spécifiques à la lutte contre le terrorisme€:
Les années 9O ont été marquées par la volonté de viser le cœur financier des rés
eaux de trafic de stupéfiants, des groupes du crime organisé, et de tout ceux qu
i sont impliqués dans la corruption et le blanchiment à grande échelle. Pour voi
r l’apparition de normes visant explicitement la lutte contre le terrorisme, il
faudra attendre 1999 avec la fameuse Convention internationale des Nations Unies
pour la répression du financement du terrorisme, la détection, le gel et la con
fiscation des fonds du terrorisme.
Avant le 11 septembre le thème du financement du terrorisme n’occupait pas une p
lace importante dans les activités du GAFI. Mais suite à ces évènements les 15 E
tats membres de l’UE, suivis du G7 demandèrent l’élargissement de son mandat à c
ette question. L’élaboration des mesures de lutte contre cette facette du blanch
iment de capitaux, ainsi que la localisation des pays favorisant le financement
du terrorisme allait se dérouler en parallèle de la révision des 40 recommandati
ons.
C’est à la fin du mois d’octobre 2001 que la réunion de Washington DC fut organi
sée par le GAFI pour l’adoption de ces recommandations spéciales sur le financem
ent du terrorisme.
Lors de cette réunion, l’importance vitale de ces mesures fut soulignée compte t
enu du contexte international très instable.
Par ailleurs on peut se demander pourquoi ces nouvelles règles ne furent pas dir
ectement incorporées au corpus des mesures de base. La raison est simple, les co
ncepteurs et donc le GAFI, ont voulu mettre en valeur ces règles complémentaires
s’appliquant à un domaine très spécifique, et par là même souligner leur caract
ère décisif.
Ces dispositions consistent en ce qui suit€:
1) Ratification et mise en oeuvre des instruments des Nations Unies
Chaque pays devrait prendre les mesures immédiates pour ratifier et pour mettre
en œuvre sans restriction la Convention de 1999 des Nations Unies pour la répres
sion du financement du terrorisme. Les pays devraient également mettre en œuvre
immédiatement les résolutions des Nations Unies relatives à la prévention et la
répression du financement des actes terroristes, notamment la Résolution 1373 du
Conseil de sécurité des Nations Unies.
Cette première mesure vise la Convention des Nations Unies de 1999qui reste la r
éférence internationale en la matière, mais elle vise également les résolutions
du Conseil de Sécurité qui seraient pertinentes pour renforcer le lutte. On rema
rque ici que le droit international fait office de base fondamental de départ co
mme pour les 40 recommandations initiales de 1989. Ce constat ne ferme en aucune
façon la voie de l’innovation, en effet le GAFI sera très probablement à même d
e compléter judicieusement au fil du temps ces différentes normes internationale
s.
2) Incrimination du financement du terrorisme et du blanchiment de capitaux comm
is dans le cadre des activités terroristes.
Chaque pays devrait ériger en infraction pénale le financement du terrorisme, de
s actes terroristes et des organisations terroristes. Les pays devraient s’assur
er que de telles infractions sont désignées comme des infractions sous-jacentes
au blanchiment de capitaux.
Cette seconde disposition va plus loin que la convention de l’ONU, puisqu’ elle
impose en plus de l’incrimination de financement du terrorisme, l’obligation de
reconnaître en droit national, une infraction de blanchiment en vue financer le
terrorisme. Les experts du GAFI ont voulu par là éviter de laisser une porte ou
verte aux criminels, et ont ainsi réaffirmé la corrélation forte qui existe entr
e le blanchiment de capitaux illicites et le financement du terrorisme. Le fait
de retenir le blanchiment comme source de financement du terrorisme permet de qu
alifier l’infraction quelle que soit l’origine des fonds en question. Le fait d’
utiliser même des fonds licites pour financer des actes terroristes, a pour cons
équence de noircir ces capitaux et donc de le rendre illicite de par leur destin
ation. Ainsi la France a déjà transposé cette infraction dans son ordre juridiqu
e interne en incriminant le financement du terrorisme à l’article 421-2-2 du Cod
e pénal.
3) Gel et confiscation des biens des terroristes
Chaque pays devrait mettre en œuvre des mesures pour geler sans délai les fonds
ou autres biens des terroristes et de ceux qui financent le terrorisme et les or
ganisations terroristes, conformément aux résolutions des Nations Unies relative
s à la prévention et la répression du financement des actes terroristes.
Chaque pays devrait également adopter et mettre en œuvre des mesures, y
compris de nature législative, afin de permettre aux autorités compétentes de s
aisir et de confisquer les biens qui sont utilisés pour, ou destinés ou alloués
à être utilisés pour le financement du terrorisme, des actes terroristes ou des
organisations terroristes, ou qui en constituent le produit.€
Le GAFI a voulu mettre l’accent sur les mesures préventives nécessaires aux effo
rts pour interrompre les apports de fonds ou d’autres biens à des groupes terror
istes ainsi que leur utilisation par de tels groupes. Cette mesure semble être t
rès judicieuse dans le sens où elle touche le point névralgique du terrorisme c
est-à-dire son financement, sans lequel aucune action n’est possible pour les cr
iminels. Elle doit néanmoins être utilisée avec précaution, c est-à-dire que le
gel des fonds doit être mis en œuvre en cas d’existence de motifs raisonnables o
u sur une base raisonnable pour soupçonner qu’ils pourraient servir au financeme
nt d’activités terroristes. Cela implique la possibilité de geler les fonds, les
débloquer, ou d’interdire des transactions sur ces derniers. Cette procédure au
rait pour conséquence finale d’établir des listes de noms de personnes physiques
et morales soupçonnées ou directement impliquées dans le financement de ces cri
mes, ce qui permettait là encore une action de surveillance, de contrôle, renda
nt possible une réelle action préventive.
4) Déclaration des transactions suspectes liées au terrorisme€:
Si les institutions financières, ou les autres entreprises ou entités assujettie
s aux obligations relatives à la lutte contre le blanchiment de capitaux, suspec
tent, ou ont des motifs raisonnables de suspecter que des fonds sont liés, assoc
iés ou destinés à être utilisés pour le financement du terrorisme, des actes ter
roristes ou des organisations terroristes, elles devraient être tenues de déclar
er rapidement leurs soupçons aux autorités compétentes.
Cet élargissement du champ de la déclaration de soupçon permet de cibler les fin
ancements licites et illicites du terrorisme, et vient compléter la seconde reco
mmandation spéciale, en permettant de sanctionner le blanchiment qui est illici
te de par sa source, mais aussi de par la destination des fonds. Il faut avouer
en accord avec le GAFI que ce cas de figure (dans lequel l’établissement sera à
même de différencier un blanchiment classique d’un blanchiment en vue de perpétr
er des actes terroristes) semble illusoire, sauf ouverture d’un compte par un te
rroriste connu pour ses activités hors-la loi...
5) Coopération internationale€:
Chaque pays devrait apporter aux autres pays, sur le fondement d’un tra
ité, d’un accord ou de tout autre mécanisme relatif à l’entraide judiciaire ou à
l’échange de renseignements, l’assistance la plus large possible dans le cadre
des enquêtes, investigations ou procédures pénales, civiles ou administratives c
oncernant le financement du terrorisme, des actes terroristes et des organisatio
ns terroristes. Les pays devraient également prendre toutes les mesures possible
s en vue d’assurer qu’ils ne fournissent pas de refuge aux personnes poursuivies
pour le financement du terrorisme, des actes terroristes, ou des organisations
terroristes, et ils devraient mettre en œuvre, dans la mesure du possible, des p
rocédures permettant l’extradition de telles personnes.
6) Remise de fonds alternative€:
Chaque pays devrait prendre des mesures afin de s’assurer que les perso
nnes physiques ou morales, y compris les agents, qui fournissent un service de t
ransmission de fonds ou de valeurs, y compris la transmission à travers un systè
me ou réseau informel visant le transfert de fonds ou de valeurs, obtiennent une
autorisation d’exercer ou s’inscrivent sur un registre, et qu’elles soient assu
jetties à toutes les Recommandations du GAFI qui s’appliquent aux banques et aux
institutions financières non bancaires. Chaque pays devrait s’assurer que les p
ersonnes physiques ou morales qui fournissent ce service illégalement soient pas
sibles de sanctions administratives, civiles ou pénales.
Cette disposition vise ici expressément les services de fonds ou de valeurs info
rmels, qui favorisent le transmission de capitaux plus ou moins importants entre
les personnes tout en évitant un quelconque contact physique entre elles, puisq
ue l’argent est acheminé par le biais de courtiers qui font office d’intermédia
ires. Leurs activités peuvent être cachées et se dérouler dans un total anonymat
s’ils le désirent, c’est pourquoi le GAFI préconise que leurs services soient€:
*sou
mis à une obligation d’autorisation officielle pour exercer, ou à une inscriptio
n sur un registre pour exercer€;
* soumis aux 40 recommandations et aux recom
mandations spéciale€;, * suscepti
bles de faire l’objet de sanctions en cas de violation.
7) Virements électroniques€:
Les pays devraient prendre des mesures afin d’obliger les institutions finan
cières, y compris les services de remise de fonds, à inclure des renseignements
exacts et utiles relatifs au donneur d’ordre (nom, adresse et numéro de compte)
concernant les transferts de fonds et l’envoi des messages qui s’y rapportent. L
es renseignements devraient accompagner le transfert ou le message qui s’y rappo
rte tout au long de la chaîne de paiement. Les pays devraient prendre des mesu
res pour s’assurer que les institutions financières, y compris les services de r
emise de fonds, mettent en oeuvre une surveillance approfondie et un suivi aux f
ins de détection des activités suspectes des transferts de fonds non accompagnés
de renseignements complets sur le donneur d’ordre.
Ces précautions ont pour objectif de rendre le plus difficile possible l’accès
aux systèmes de virements électroniques pour les terroristes potentiels. Il faud
ra principalement s’acquitter des obligations de vérification des identités des
donneurs d’ordre qui effectue le virement, pour prévenir les abus. Il s’agira de
rendre ces informations selon le GAFI, directement accessibles aux autorités po
licières et judiciaires, aux cellules de renseignements financiers et enfin aux
institutions financières elles-mêmes pour une action préventive en profondeur. G
râce à cela une base de donnée sera en circulations entre les différents acteurs
de lutte contre le blanchiment, et permettra surtout une traçabilité complète d
es transactions qui partira du donneur d’ordre pour arriver aux destinataires de
s fonds. Le GAFI reste conscient des moyens à mobiliser pour concrétiser le proc
essus, mais veut éradiquer la pratique qui consiste en la non identification du
donneur d’ordre grâce à des formules opaques telles que «€un de nos clients, fro
m one of our customer€». Le groupe d’action financière attire aussi l’attention
des organisations financières sur la nécessité de sécuriser les transmissions d’
informations, qui pourraient faire l’objet de détournements, et les encourage à
développer des systèmes permettant un stockage important des informations pour u
ne action préventive cohérente.
8) Organismes à but non lucratif (OBNL)€:
Les pays devraient entreprendre une revue de l’adéquation de
leurs lois et réglementations relatives aux entités qui peuvent être utilisées
afin de financer le terrorisme. Les organismes à but non lucratif étant particul
ièrement vulnérables, les pays devraient s’assurer qu’ils ne peuvent pas être ut
ilisés€: *par les organisations terroristes
se présentant comme des entités légitimes *afin d’exploite
r des entités légitimes comme moyens de financement du terrorisme, y
compris pour éviter les mesures visant le gel des biens ;
*et afin de dissimuler ou de voiler l’acheminement clandest
in des fonds destinés à des fins légitimes pour approvisionner les organisations
terroristes.
Sont visées les organisations de levées de fonds et à la distribution d’argent d
ans un but caritatif, social, religieux, philanthropiques... Ces OBNL, font des
victimes toutes désignées pour le détournement de leur mission initiale, à des f
ins terroriste. Celles-ci lorsqu’elles sont de niveau international génèrent des
sommes considérables et jouissent d’une notoriété très importante auprès de l’o
pinion publique, mais aussi auprès du pouvoir en général. C’est pourquoi le GAFI
a souligné par cette disposition l’importance de contrôler le licéité de leurs
actions. Celui-ci passerait par en premier par la tenue rigoureuse de la comptab
ilité de ces OBNL, qui se devrait d’être transparente à tous les niveaux financi
ers. (Audits périodiques, gestion de fonds par des établissements financiers off
iciellement agrées). Il convient également pour ces OBNL, d’assurer un suivi ef
ficace de l’argent collecté et redistribué, mais aussi en complément de permettr
e un contrôle de ses propres institutions, à un niveau différent qui serait effe
ctué par une autorité de tutelle ou de surveillance, pour renforcer la transpare
nce des actions, de l’organisation, des prises de décisions... enfin pour parfai
re ce système il conviendra selon le GAFI de sanctionner les OBNL qui se rendrai
ent coupable de financement d’actions terroristes.
9) Les passeurs de fonds€:
Les pays devraient avoir en place des mesures destinées à détecter les transport
s physiques transfrontaliers d’espèces et instruments au porteur, y compris un s
ystème de déclaration ou toute autre obligation de communication.
Les pays devraient s’assurer que leurs autorités compétentes sont dotées d
u pouvoir de bloquer ou retenir les espèces ou instruments au porteur soupçonnés
d’être liés au financement du terrorisme ou au blanchiment de capitaux, ou fais
ant l’objet de fausses déclarations ou communications. Les pays devraient s’assu
rer que des sanctions efficaces, proportionnées et dissuasives peuvent s’appliqu
er aux personnes qui ont procédé à des fausses déclarations ou communications. L
orsque des espèces ou instruments au porteur sont liés au financement du terrori
sme ou au blanchiment de capitaux, les pays devraient aussi adopter des mesures,
y compris de nature législative, qui autorisent la confiscation de telles espèc
es ou de tels instruments. L’idée phare de ces mesures combinées à la lutte classi
que contre le blanchiment, était de créer un cadre répressif destiné à prévenir,
détecter et réprimer le terrorisme et son financement.
Cette nouvelle mesure, a été ajouté postérieurement aux 8 recommandations initia
les contre le financement du terrorisme, et appelle entre autre, les pays à b
loquer les mouvements transfrontaliers d’espèces ou instruments au porteur serva
nt au financement du terrorisme et au blanchiment de capitaux et à confisquer de
tels fonds. Ces passeurs ou€«€petites fourmis€», permettent le transport transf
rontalier des capitaux (espèces ou instruments négociables au porteur) jusqu’aux
organisations terroriste en personne.
Le GAFI en votant cette nouvelle mesure voulait s’assurer que les Etats étaient
en mesure de repérer ces transports illicite de ces instruments financiers, de l
es bloquer les aux frontières lorsque de forts soupçons d’activités terroristes
existent, ou si le transporteur a fait de fausses déclarations sur les fonds tra
nsportés. Enfin, le GAFI exige que ces passeurs soient poursuivis et sanctionnés
.
Il appelle également à renforcer l’échange de renseignements entre les pays sur
les mouvements d’espèces servant au financement du terrorisme ou au blanchiment
de capitaux, et encourage cette procédure de blocage tout en mettant en garde l
es Etats sur de possibles violations de la liberté de circulation des capitaux,
et plus généralement sur des atteintes aux activités économiques.
Cette série de mesures destinée à la lutte contre le financement du terrorisme,
offre des mécanismes juridiques de lutte très complets qui ont vocation a enraye
r cette modalité spécifique du blanchiment de capitaux. Dorénavant plus aucun Et
at n’a de raison de se cacher derrière l’absence de convention ou de normes perm
ettant d’enrayer cette criminalité qui se démarque du blanchiment classique en c
e qu’elle a pour objectif de financer la destruction politique et économique des
Etats. Avant les attentats de 2001 cette criminalité était mal connue. A l’heur
e actuelle, elle fait l’objet d’enquêtes rigoureuses qui ont pour but d’identifi
er le mieux possible ses mécanismes et d’élaborer des moyens de répression adéqu
ats. Le blanchiment d’argent qui n’avait qu’une finalité vénale à ses débuts, es
t devenu un outil de la lutte idéologique voire politique€: c’est en cela que ré
side sa dangerosité nouvelle. On est amené à se demander si dans un futur proche
le GAFI créera ou non une liste de pays et territoire non coopératifs dans le d
omaine du blanchiment d’argent à des fins terroriste... Une telle liste pourrait
s’avérer très utile, et permettrait comme dans les cas des 40 recommandations d
’aligner les législations de l’ensemble des Etats du monde. De plus, cela permet
trait de forcer les Etats qui financent directement certaines actions, à adopter
une autre conduite et à stopper ces financements illicites.
En conclusion il est possible d’affirmer que le GAFI a rendu possible une répres
sion efficace de la criminalité financière transnationale, en ancrant son action
dans un cadre concret. En effet en traquant les moindres évolutions du blanchim
ent, cet organisme a su s’adapter au blanchiment qui par définition est une infr
action extrêmement instable et changeante. Grâce à cette politique évolutive le
GAFI a connu un réel succès et a permis une lutte unie des Etats contre ce phéno
mène.
BIBLIOGRAPHIE€:

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