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SOMMAIRE ............................................................................................................................. i
AVERTISSEMENT ................................................................................................................ ii
DEDICACE ............................................................................................................................ iii
REMERCIEMENTS .............................................................................................................. iv
SIGLES ET ABREVIATIONS ...............................................................................................v
LISTE DES ILLUSTRATIONS, FIGURE, GRAPHIQUES, TABLEAUX ET
ANNEXES .............................................................................................................................. vi
RESUME ............................................................................................................................... vii
ABSTRACT ................................................................................................ viii
INTRODUCTION GENERALE ......................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : LE CADRE NORMATIF ET INSTITUTIONNEL DE LA
ZLECAf………………………………………………………………………………….23
CHAPITRE I : L’OSSATURE NORMATIVE DE LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE
CONTINENTALE AFRICAINE (ZLECAf) .............................................................................. 25
SECTION I : LE TRAITE D’ABUJA : MECANISME REGIONAL
D’ENCADREMENT DE LA ZLECAf ................................................................................ 25
SECTION II : L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE (OMC) :
MECANISME INTERNATIONAL D’ENCADREMENT DE LA ZLECAf .................... 30
CHAPITRE II: L’ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE DE LA ZONE DE LIBRE-
ECHANGE CONTINENTALE AFRICAINE (ZLECAf) .............................................. 37
SECTION I : LA STRUCTURE DE LA ZLECAF ............................................................. 38
SECTION II : L’ORGANE DE REGLEMENT DES DIFFERENDS DE LA ZLECAF..
................................................................................................................................................. 51
DEUXIEME PARTIE : LES ENJEUX DE LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE
AFRICAINE (ZLECAf) POUR L’AFRIQUE CENTRALE .............................................. 62
CHAPITRE III : LA ZLECAf : UN ACCORD POUR LE DEVELOPPEMENT
DURABLE EN AFRIQUE CENTRALE ............................................................................. 65
SECTION I. LES ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES DE LA ZLECAf POUR
L’AFRIQUE CENTRALE..................................................................................................... 65
SECTION II : LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DE LA ZLECAF EN
AFRIQUE CENTRALE ........................................................................................................ 76
CHAPITRE IV : LES DEFIS LIES A LA MISE EN ŒUVRE DE LA ZLECAF EN
AFRIQUE CENTRALE ........................................................................................................ 84
SECTION I : LES DEFIS D’ORDRE ENDOGENE ET EXOGENE DE LA ZLECAf EN
AFRIQUE CENTRALE ........................................................................................................ 84
SECTION II : LES RECOMMANDATIONS POUR UN COMMERCE REGIONAL
PLUS BENEFIQUE ............................................................................................................... 93
CONCLUSION GENERALE ........................................................................... 99
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................... 103
ANNEXES ................................................................................................. 112
TABLE DES MATIERES ................................................................................................... 113
i
AVERTISSEMENT
ii
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
Ce travail qui est l’aboutissement d’une longue période de recherche ne saurait être
possible sans le soutien sans faille et la contribution de plusieurs personnes. Il s’agit de :
À toute la 12e promotion « Adamou NDAM NJOYA » pour leur contribution morale
et aux débats d’idées tout au long de notre formation.
À mes tantes DANNODJI Esther et Nenon NDEIMIAN pour leurs prières et soutiens.
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
v
LISTE DES ILLUSTRATIONS, FIGURE, GRAPHIQUES,
TABLEAUX ET ANNEXES
vi
RESUME
Notre travail de recherche dont la thématique porte sur les dynamiques de l’évolution
du commerce intra-régional à l’épreuve de la mise en place de la Zone de Libre-Echange
Continentale Africaine (ZLECAf), traite de l’impact de cette libéralisation des échanges sur le
commerce régional en Afrique Centrale. Il repose sur une question de recherche principale :
comment peuvent être appréhendées les dynamiques de l’évolution du commerce intra-
régional dans l’espace CEEAC à l’épreuve de la ZLECAf ? Dès lors, nous avons fait appel à
la théorie des avantages comparatifs comme une théorie permettant de démontrer les
opportunités qu’ont les Etats à se spécialiser dans la production des biens pour lesquels leur
avantage comparatif est plus élevé. La théorie de l’inter-gouvernementalisme originel a
également été mobilisée en ce sens qu’elle, met les Etats au cœur des initiatives d’intégration
régionale, et comme nous le savons la ZLECAf est d’abord une initiative des Etats telle que
consacrée dans l’accord portant création de ce vaste marché commun. Ainsi, nous avons
utilisé la méthode de collecte des données notamment, l’analyse documentaire et les entretiens
semi-directifs.
En guise de résultat, nous sommes parvenus à l’évidence que, à court terme, la
suppression des barrières tarifaires dans le cadre de la ZLECAf impactera négativement
plusieurs pays de l’Afrique Centrale, mais ces pertes seront récompensées par les effets
positifs de la ZLECAf à long terme. En effet, à court terme, la suppression des barrières
tarifaires entrainera une perte des recettes douanières pour les pays de la région. A long terme,
la ZLECAf permettra l’amélioration de l’environnement des entreprises locales, la croissance
et l’expansion des entreprises.
vii
ABSTRACT
Our research work, theme of which relates to the dynamics of the evolution of intra-
regional trade under the test of the African Continental Free Trade Area (AFCFTA), deals
with the impact of this trade liberalization on trade area in Central Africa. It is based on main
research question: How can the dynamics of the evolution of intra-regional trade within the
ECCAS space be apprehended under the AFCFTA? Therefore, we have appealed to the
theory of comparative advantages as a theory to demonstrate the opportunities that states have
to specialize in the production of goods for which their comparative advantage is higher. The
theory of original intergovernmentalism was also mobilized in order to be able to emphasize
the possibilities offered by AFCFTA for intra-regional trade in Central Africa. Therefore, we
used the method of data collection such as: documentary analysis and semi-strutured
interviews.
As a result, we have found that in short term, the removal of tariff barriers under the
AFCFTA will have negative impact on several countries in Central Africa, but these losses
will be offset by the positive effects of the AFCFTA in the long term. In the short term, the
removal of tariff barriers will lead to a loss of customs revenue for the countries in the region.
In the long term, the AFCFTA will improve the environment for local businesses, promote
growth and expansion of businesses.
Keywords : Free Trade Area, intra-regional trade, economic and trade integration
viii
INTRODUCTION GENERALE
Compte tenu du fait que, l’exigence scientifique nous impose de situer un sujet de
recherche dans un contexte précis, nous sommes partis du postulat selon lequel, le processus
d’intégration régionale en Afrique remonte à la création de l’union douanière d’Afrique
Australe (SACU) le 29 juin 1910 1, mais surtout au début des années 1960 avec la naissance de
l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Dès lors, à la fin des années 1970, avec la
déclaration de Monrovia de 1979 on aboutira à l’adoption du plan d’action de Lagos (PAL) et
de son acte final en 1980.
Ce plan d’action vise l’autosuffisance nationale et collective dans le domaine
économique et social en vue de l’instauration du nouvel ordre économique international, et
ceci à travers les Communautés Economiques Régionales (Cers) 2, considérées comme les
piliers de l’intégration économiques du continent. Le plan d’action de Lagos a été adopté dans
un contexte particulier, au moment où, les institutions internationales avaient soumis les pays
Africains aux programmes d’ajustement structurel (PAS), ce plan d’action était alors perçu
comme un moyen pour faire face aux méfaits du multilatéralisme auxquels l’Afrique faisait
face. Ainsi, ce plan d’action de Lagos avait pris un certain nombre de mesures parmi
lesquelles : la réduction ou l’élimination des barrières commerciales, les mécanismes et
mesures en vue de faciliter et développer le commerce, la création des sociétés
multinationales de production et d’entreprises conjointes africaines. Ensuite, on avait abouti à
la signature de l’un des traités majeurs qu’est le traité d’Abuja. Ce dernier fut signé le 03 juin
1991 et entrée en vigueur le 12 Mai 1994, instituant la mise en place d’une Communauté
Economique Africaine basée sur six(06) étapes3, au cours d’une période de transition
1
Le nom initial fut Customs Union Agreement (CUA), elle rassemblait entre temps : l’Union Sud-Africaine, le
Botswana, le Lesotho, et le Swaziland.
2
Il existe 08 Communautés Economiques Régionales reconnues par l’Union Africaine. Il s’agit de l’Union du
Maghreb Arabe, communauté des Etats Sahélo-sahariens, Marché Commun de l’Afrique Orientale et australe
(COMESA), Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale
(CEEAC), Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Autorité
Intergouvernementale pour le Développement (IGAD), communauté du développement de l’Afrique Australe
(SADC), ces Cers concurrent à la création d’un marché au sein de leur espace géographique. Il existe également
des Communautés Economiques Sous Régionales à l’instar de la CEMAC.
3
Première étape : le renforcement du cadre institutionnel des communautés économiques existantes et création
des nouvelles communautés là où il n’existe pas ;
1
n’excédant pas 34 ans. Il est non seulement la concrétisation de l’article II 4 de l’OUA mais
constitue également une base juridique pour la réalisation d’un futur marché commun. Il
attribue à bien des égards une particularité au processus d’intégration économique en Afrique.
Malgré les efforts fournis par l’OUA, à la déclaration de Syrte du 09 septembre 1999,
transforme l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en l’Union Africaine (UA), avec pour
objectif principal l’intégration économique de l’Afrique, à l’image de l’Europe avec l’Union
Européenne.
Dès lors, La CEMAC est considérée par l’Union Africaine comme une sous-région et
simplement comme une organisation de coopération car, après l’accession à la souveraineté
internationale, les Etats d’Afrique centrale se sont lancés dans un processus d’intégration
économique qui a conduit à la signature du traité de la CEMAC en 1994. Ce processus a
commencé en 1959, avec les membres de l’ancienne Fédération de l’Afrique Equatoriale
Française : la République Centrafricaine, le Tchad, la République du Congo et le Gabon ont
signé une Convention instituant l’Union Douanière Equatoriale (UDE). En 1964, l’Union
douanière s’est élargie lorsque le Cameroun et l’UDE se sont joints à l’Union Douanière et
Economique de l’Afrique Centrale (UDEAC), rejointe par la Guinée Equatoriale en 1983. Les
crises économiques des années 1980 ont donné une impulsion à la poursuite de l’intégration
économique, ce qui a conduit à la création de la CEMAC, appelant à la création d’un marché
commun et d’une union monétaire. Cependant, ce n’est qu’en 1999 que la CEMAC est
devenue effective et a remplacé l’UDEAC.
Dans la zone CEMAC, Il était initialement prévu que la zone de libre-échange
envisagée dans le traité de 1994 se matérialiserait en 1998 avec l’introduction d’un tarif
préférentiel exonéré sur les échanges intracommunautaires. Le commerce dans cette sous-
région est régi par les instruments instituant l’UEAC, qui prévoient un marché commun des
Deuxième étape : stabilisation des barrières tarifaires et non tarifaires des droits de douanes et des taxes
intérieurs, fixer un calendrier pour l’élimination de ces barrières ;
Troisième étape : création d’une zone de libre-échange et progressivement la création d’une union douanière
Quatrième étape : l’adoption d’un tarif extérieur commun ;
Cinquième étape : l’établissement d’un marché commun africain ;
Sixième étape : de la création union économique et panafricaine au parachèvent de la mise en place des
structures des organes exécutif de la communauté ;
4
L’article II de l’OUA était relatif aux objectifs de l’organisation qui sont entre autres : Renforcer l’unité et la
solidarité des Etats africains ; Coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts pour offrir de meilleures
conditions d’existence aux peuples d’Afrique ; Défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur
indépendance ; Eliminer, sous toutes ses formes, le colonialisme de l’Afrique ; Favoriser la coopération
internationale, en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des
Droits de l’Homme. A ces fins, les Etats membres coordonneront et harmoniseront leurs politiques générales, en
particulier dans les domaines suivants : politique et diplomatie ; économie, transports et communications ;
éducation et culture ; santé, hygiène et nutrition ; science et technique ; défense et sécurité.
2
produits agricoles à travers plusieurs mesures notamment l’élimination des droits de douanes
nationales et des obstacles non tarifaires, L’établissement d’une politique commune envers les
pays tiers, L’établissement de politiques de concurrence, notamment en ce qui concerne les
aides de l’État, La mise en œuvre du principe de la libre circulation des personnes, des
services et des capitaux, l’harmonisation enfin la reconnaissance des normes techniques et des
procédures de certification. Il est à noter que, la CEMAC a été la première sous-région
d’Afrique à transmettre en septembre 2019, à la Commission de l’Union Africaine, sa liste
commune de concessions tarifaires, respectant les critères et seuils de libéralisation
recommandés par l’accord instituant la mise en œuvre d’une Zone de Libre-Echange
Continentale Africaine5.
En 2012, l’UA adopte un plan d’action pour promouvoir et stimuler le commerce
intra-africain (BIAT)6 et une feuille de route pour l’établissement d’une zone de libre-échange
continentale (ZLECAf), avec l’adoption en mars 2018 d’un accord pour la mise en œuvre de
cette zone. Il est à souligner que, le montant total des échanges africains (exportations et
importations) a augmenté entre 1996 et 2011, passant de 251 à 1151 milliards de dollars.
Ainsi, en 2011, la valeur des exportations et des importations de l’Afrique était de 582 et 569
milliards de dollars respectivement 7. Il est donc clair qu’il existe un énorme potentiel autour
du développement du commerce intra-africain. Et effectivement, La ZLECAf est destinée à
dynamiser le commerce intra-africain (en agissant sur les politiques et tarifs douaniers, et en
accroissant les conditions préférentielles entre ses membres) d’une part et à accélérer une
meilleure insertion de l’Afrique dans le commerce mondial d’autre part. La création d’une
zone de libre-échange continentale africaine doit profiter à tous les pays africains sans laisser
personne à la traine conformément aux aspirations consignées dans l’agenda 2063 et dans les
objectifs de développement durable. C’est également une idée d’ensemble, propre à assurer la
cohérence des politiques commerciales en Afrique, dans un monde en plein changement.
Dans un continent où, les réticences aux projets intégrateurs sont devenues une norme,
les Etats africains ont compris qu’il faut s’engager vers la libéralisation du commerce pour
5
C’est lors d’un entretien que, Michel NIAMA, commissaire en charge du marché commun de la communauté
économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), expliquait les mesures prises par les six pays de l’espace
CEMAC et les défis qu’ils sont prêts à relever dans l’opérationnalité de la ZLECAf.
6
L’objectif de la BIAT est d’approfondir l’intégration des marchés africains afin d’accroitre considérablement le
volume des échanges. Le plan d’action de BIAT prévoit l’évaluation des flux commerciaux globaux de l’Afrique
et des possibilités de stimuler le commerce intra-africain en abordant les domaines prioritaires clés, et en
identifiant les domaines importants pour faire du commerce un moteur important de l’intégration régionale, de la
transformation structurelle et du développement en Afrique. Le plan d’action de BIAT repose sur sept piliers
pour essentiels afin de rehausser le niveau du commerce intra-africain.
7
Conférence des Nations sur le commerce et le développement(CNUCED), le développement économique de
l’Afrique, commerce intra-africain : Libérer le dynamisme du secteur privé, rapport 2013.
3
pouvoir réduire les différents crises et conflits que vivent les Etats et les sous-régions. Les
pays africains connaissent une croissance raisonnable depuis une dizaine d’années, mais cette
croissance n’a pas créé d’emploi et elle résulte de l’instabilité des prix des produits de base. Il
est dorénavant admis qu’il faut diversifier l’économie pour créer des emplois et soutenir la
croissance d’où l’importance de la ZLECAf. En Afrique, étant donné que le commerce
régional repose généralement sur l’activité manufacturière, on considère que les échanges
régionaux peuvent favoriser la diversification et augmenter par ce fait, les perspectives de
croissance et de développement sur le continent. À ce propos, on a observé une augmentation
des revenus et de la taille de la classe moyenne en Afrique au cours de la dernière décennie.
Ces deux tendances montrent qu’il existe des débouchés et un marché actif pour le commerce
régional des biens et des services. Le développement des échanges intra-africains permettra
d’exploiter ces débouchés8.
Le président nigérien Mahamadou ISSOUFOU déclarait lors du 30e sommet de l’Union
Africaine en ce qui concerne la ZLECAf : « C'est un accord qui aura un impact économique
considérable et positif sur nos populations et le continent en général. Grâce à cela, nous
créons un marché unique qui stimulera l'industrialisation, la diversification économique et le
commerce. Ce sera également un instrument qui va nous rassembler et nous permettre
d'élaborer un agenda commun pour que « l'Afrique parle d'une seule voix et agisse à
l'unisson, tout en misant sur nos points forts dans le cadre de nos engagements commerciaux
et diplomatiques avec le reste du monde »9.
Compte tenu du fait qu’on ne peut étudier tout à la fois, et que toute démarche
scientifique implique indispensablement un découpage de la réalité10, il nous apparait
important de faire une délimitation à la fois spatiale (A) et temporelle (B) afin de mener à bien
ce travail de recherche.
8
Ibid.
9
Annonce faite par le président nigérien Mahamadou Issoufou, chargé du dossier de la ZLECAf lors de 30e
sommet de l’Union Africaine tenu à Addis Abeba.
10
Madeleine GRAWITZ, Méthodes de Sciences Sociales, op.cit, p.107.
4
A. Délimitation spatiale
Notre étude est circonscrite à l’espace géographique de la CEEAC11. En effet la
Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale est une organisation régionale qui
regroupe six(11) pays d’Afrique Centrale notamment parmi lesquels : L’Angola, avec une
superficie de 1.246.700 km², et une population estimée à 34.500.000 personnes. Le Burundi,
avec une superficie de 27.834 km² et une population estimée à 12.83.000 personnes, le
Cameroun avec une superficie de 475.442 km² et une population estimée à 27.800.000 de
personnes. La Guinée Equatoriale avec une superficie de 28.051 km² et une population
estimée à 1.403.000 de personnes en 2020 selon la Banque Mondiale, cette population
atteindra en fin 2022, 1.505.651 personnes. Le Congo-Brazzaville pour lui a une superficie de
342.000 km² avec une population de 5.657.017 de personnes en 2022. La RDC avec
superficie de 2.345.000 km² et une population estimée à plus de 107.000 de personnes. La
République Centrafricaine(RCA) pour sa part a une superficie qui est de 623.000 km² et une
population estimée à 5.073.131 personnes. Le Gabon a une superficie de 267.667 km² avec
une population de 2.350.702 de personnes. Le Rwanda, avec une superficie de 26.338 km² et
une population estimée à 13.46.000 personnes. São Tomé-et-Principe avec une superficie de
963,5 km² et une population estimée à 223 107 personnes Enfin le Tchad qui a une superficie
de 1.284.000 km², avec une population qui atteindra 17.844.762 de personnes à la fin 2022.
Ainsi, la superficie de la zone CEEAC est de 6 642 012 km² avec une population totale
estimée à 218 261 591 de personnes.
11
La CEEAC fut créée en octobre 1983 à Libreville au Gabon, elle a été créée par les Etats membres de
l’UDEAC et ceux de la communauté économique des pays des grands lacs.
5
Figure 1: Carte des pays de l'espace CEEAC
Source : www.ceeac.int/Etats_membres.com
B. Délimitation temporelle
Les limites temporelles de notre étude partent du lancement du processus d’intégration
régionale en Afrique en général et en Afrique centrale de manière particulière. Dès lors, nous
considérerons de la période allant des années 1960 à Octobre 2022. La principale raison étant
que, le début des années 1960 renvoie non seulement à la consolidation des processus
d’intégration régionale en Afrique centrale mais aussi sur le plan continental avec notamment
la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Dès lors, les années 1960 sont
importantes pour comprendre la ZLECAf qui fut un rêve des pères panafricanistes.
Octobre 2022 parce que, entre 2021-2022 marque la mise en marche effective de la
Zone de Libre-échange Continentale Africaine après les dégâts causés par la pandémie de la
COVID-19 empêchant sa mise en marche plus tôt.
Parlant de la définition des concepts, Madeleine GRAWITS souligne que «le concept
est un élément indispensable de toute recherche Ceci dans la mesure où il organise la réalité
en retenant les caractères distinctifs, significatifs des phénomènes, il permet de guider la
6
recherche en lui procurant au départ un point de vue»12. Ainsi, le chercheur vigilant
indiquera la définition adoptée pour les concepts qu’il utilise 13 car, la définition des concepts
est une étape nécessaire à toute investigation scientifique 14. Dans le cadre de notre recherche,
nous tenterons de clarifier les concepts de : Commerce International, le commerce intra-
régional et de la Zone de Libre-Echange.
A. Commerce International
Selon Olivier NAY « le commerce international est l’ensemble des échanges
internationaux de biens et services conclus entre des opérateurs économiques» 15 . Le
commerce international de marchandises en volume (à prix constants) croit plus vite que la
production mondiale 16. Alain BEITONE vient ajouter en définissant le commerce
international aussi bien au sens strict qu’au sens large. Au sens strict, le commerce
international concerne les opérations d’achat et de vente de biens réalisées entre territoires
économiques différents17. Au sens large, le commerce international inclut également les
transactions internationales qui portent sur des activités de services (transports, assurance,
tourisme, etc.) qui sont comptabilisés dans la balance des transactions courantes de la balance
des paiements. La valeur des exportations et celle des importations constitue le solde
commercial18. Pour Emmanuel NYOHOHO et Pierre Paul PROULX Le commerce
international exige une habilité à traiter avec les lois, les coutumes, les pratiques d’affaires et
les formalités douanières non seulement de son propre pays mais aussi du pays convoité 19.
Dans le cadre de ce travail, on s’appuiera sur la définition de Pierre BEZBAKH et de
Sophie GHERARDI selon laquelle, le commerce international est défini comme « les
échanges entre les nations, par opposition au commerce intérieur, qui concerne les résidents
d’un même pays. Ainsi, toutes régions du monde ne participent pas de la même façon au
12
Ibidem
13
ibidem
14
Emile DURKHEIM, les règles de la méthodologie, 22eme Edition, Paris, Quadrige, 1996 cité par Ousmane
YEO, l’attitude de l’Union Africaine vis-à-vis de la cour pénale internationale, mémoire pour l’obtention de
Master II en stratégie, défense, sécurité, gestion de conflits et catastrophe, Université de Yaoundé II, 2012.
15
Olivier NAY, lexique de science politique, Paris, 4e Edition, 2017, p.169.
16
En cinquante ans il a été multiplié par trente alors que alors que la production mondiale par dix. Il y a donc eu
des ouvertures de plus en plus croissantes des économies jusqu’à de nos jours, même si certaines de ces
économies mettent des barrières à certains moments pour limiter les importations
17
Il est mesuré (en valeur ou en volume) par le montant total des exportations ou des importations de biens qui
sont enregistrées dans la balance commerciale
18
Alain BEITONE & al, Dictionnaire de Science Economique, 6e édition, Dunod 2019, p. 79
19
Emmanuel NYOHOHO et Pierre Paul PROULX, le commerce International : politiques et perspectives
industrielles, Québec, Presses Universitaires du Québec, 3e Edition, 2006.
7
développement du commerce international»20. Ainsi l’ouverture d’un marché commercial
international est largement basée sur l’absence des restrictions tarifaire et non tarifaires entre
les nations en question21.
B. Le commerce intra-régional
D’après Peter Lloyd, le commerce intra-régional renvoie aux échanges effectués dans
le cadre des accords commerciaux régionaux22. L'intégration des économies de la zone
pourrait permettre d'exploiter les complémentarités entre pays côtiers et pays enclavés, de
réaliser des économies d'échelle substantielles et constituer un ensemble économique mieux à
même d'affronter la concurrence mondiale dans un contexte où l'aide internationale se
raréfie23.
Dans le cadre de notre étude nous nous appuierons sur la définition de Merdan
NGATTAI-LAM, pour qui le commerce intra régional est défini comme un ensemble des
relations économiques entre un groupe de pays membres d’une communauté, unis souvent par
des liens historiques et politiques et poursuivant un même but 24. Dans l’espace CEMAC,
comme dans les autres parties du continent africain, les accords de coopérations ou
d’intégration réduisent des inégalités économiques et créent ainsi des espaces régionaux ou
sous régionaux intégrés25.
C. La zone de libre-échange
Le libre-échange est défini par Pierre BEZBAKH et Sophie GHERARDI comme
« un mode d’organisation des relations commerciales internationales dans lequel les Etats
ne mettent aucun obstacle à l’entrée des biens produits à l’étranger et destinés à être vendus
ou transformés sur le territoire national, aux mêmes conditions fiscales et réglementaires que
les produits nationaux »26. Ainsi, la mise en place d’une politique de libre-échange implique
le démantèlement des mesures relevant du protectionnisme : abolition des droits de douane,
20
Pierre BEZBAKH et Sophie Gherardi, Dictionnaire de l’économie, Paris, Editions Larousse, 2000, p.208
21
Stéphanie ROHLFING-DIJOUX, developing exchanges trought the abolition of commercial and tariff
barriers : myth or reality ? , Bruxelles, Editions scientifiques internationales, 2017.
22
Peter J. Lloyd, régionalisme et commerce mondial, revue économique de l’OCDE, n°18, printemps 1992.
23
Johny EGG, les échanges agricoles intra régionaux en Afrique de l’Ouest, Economie Rurale, 188, 1988,
pp.32-37
24
Merdan NGATTAI-LAM, intégration régionale et échanges commerciaux intra sous-régionaux : cas de la
Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), Paris, Editions Publibook, 2014
25
Merdan NGATTAI-LAM, intégration régionale et échanges commerciaux intra sous-régionaux : cas de la
Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), op.cit, p.25
26
Pierre BESBAKH et Sophie Gherardi, op.cit, P.355
8
suppression des barrières non tarifaires. Le libre-échange renvoie donc ainsi, à la libre
circulation des biens et des services entre les pays. Il renvoie la suppression de toute entrave
aux échanges internationaux. Les obstacles au libre-échange sont toutes les formes de
barrières qui freinent l’entrée des marchandises dans plusieurs pays ou bien leurs sorties.
Pour FWELEY DIANGITUKWA « Les Accords de Libre-Echange(ALE) sont
désormais un symbole des liens étroits établis entre les Etats, et ils font l’objet d’une véritable
course, qui est en train de faire basculer la communauté internationale dans une ère
nouvelle »27. Cette implication de l’Union africaine dans la construction économique du
continent n’est pas fortuite.
Dans le contexte qui est le nôtre, nous considérerons la définition d’Alain BEITONE
pour qui une zone de libre-échange résulte d’un accord de réciprocité entre les nations
voisines ou non qui décident d’éliminer les droits de douane et les restrictions au commerce
entre elles tout en conservant les barrières nationales particulières dans les échanges avec le
monde extérieur à la zone. Une zone de libre-échange continentale peut-être donc ainsi une
première étape d’une intégration régionale poussée 28.
27
Les cahiers du Japon n° 104, « cité dans géopolitique, intégration régionale et mondialisation », FWELEY
DIANGITUKWA, 2006, p.10
28
Alain BEITONE, Al, Dictionnaire de science économique, Paris, Armand Colin, 4ème édition, 2013.
29
Paul N’DA, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines, Réussir sa thèse, son mémoire de
master ou professionnel, et son article, Paris, harmattan, 2015, p.93
30
Ibid.
9
Dès lors, La problématique du commerce intra-africain dispose d’une littérature aussi
vaste que variée, en ce qui concerne cette étude, la revue de la littérature sera axée sur deux
(02) principaux centres d’intérêts, notamment celui des causes de l’échec des initiatives
d’intégration régionale en Afrique d’une part, et d’autre part celui de la mise en œuvre de la
Zone de libre-échange Continentale Africaine (ZLECAf).
31
FWELEY DIANGITUKWA, l’Afrique dans la dynamique de l’intégration régionale, Paris, Harmattan, 2021,
p.21
32
ibidem
33
FWELEY DIANGITUKWA, l’Afrique dans la dynamique de l’intégration régionale, Op.cit, p.07
34
Anicet Oloa Zambo, L'intégration africaine en question, Paris, Harmattan, 2011.
35
Hakim Ben Hammouda, intégration régionale en Afrique Centrale : Bilan et perspectives, Paris, Editions
Karthala, 2003.
10
Jean-Bedel NORODOUM KIARI parlant de la construction des initiatives
d’intégration régionale en Afrique, analyse la politique de la France qui consistait à créer une
zone intégrée en Afrique Centrale, l’auteur nous ramène aux sources du processus
d’intégration en Afrique Centrale, en se demandant si cette politique peut être considérée
comme une véritable politique d’intégration, car selon lui, c’est l’ancienne puissance
colonisatrice qui a lancé ce processus 36, la France voulait avoir une zone sous son contrôle, il
soulignait que : « les enjeux économiques du projet d’intégration en Afrique Centrale sont
liés aux perspectives séduisantes qu’offre l’acquisition du Cameroun pour le développement
de l’Afrique Equatoriale Française (AEF)37 ». FWELEY DIANGITUKWA ajoute que, les
initiatives d’intégration régionale en Afrique centrale par rapport à d’autres zones
d’intégration, souffrent de plusieurs séquelles parmi lesquelles celles liées au système de
colonisation qui était essentiellement fondé sur le seul rapport de force ou sur la volonté de
prédation38. Beaucoup d’experts se posent la question de savoir, pourquoi les Etas ayant
combattu longtemps pour leur indépendance, au prix du sang et de lourds sacrifices peuvent-
ils décider à un moment donné de partager les attributs essentiels de cette souveraineté 39 ? la
réponse à cette question est donc, tributaire du fait que , l’intégration économique dépend
fortement de l’assistance financière, technique et logistique et même militaire que fournissent
les institutions internationales et certains bailleurs de fonds. Cette dépendance vis-à-vis
d’acteurs extérieurs soulève la question de l’appropriation du projet d’intégration par les
acteurs locaux. Ainsi, les bailleurs externes influencent et peuvent même contrôler l’ordre du
jour de l’intégration régionale en Afrique et dans les Communautés Economiques Régionales.
De plus Merdan NGATTAI-LAM souligne que, l’intégration en Afrique Centrale à
un caractère externe à sa dynamique, c’est-à-dire est suscitée de l’extérieur par des
métropoles. Ce processus pourrait ainsi être contraire aux idéaux des pays qui sont censés être
intégrés dans cette logique40. Daniel BACH complète en disant que, les risques d'une
segmentation accrue des espaces politiques subsahariens vont de pair avec l'échec des
institutions d'intégration régionale, et une crise politico-financière de l'État postcolonial41.
36
Jean-Bedel NORODOUM KIARI, l’intégration régionale en Afrique centrale (1916-1960) : une analyse des
jalons posés par la France, Paris, Harmattan, 2012
37
Jean-Bedel NORODOUM KIARI, Op.cit p. 26
38
FWELEY DIANGITUKWA, l’Afrique dans la dynamique de l’intégration régionale, op.cit, p.25
39
Guy MVELLE, intégration régionale et coopération en Afrique, la difficile rencontre entre les théories et les
faits, harmattan Cameroun, 2014.
40
Merdan NGATTAI-LAM, intégration régionale et échanges commerciaux intra sous-régionaux : cas de la
Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), op.cit, p.
41
Daniel BACH C, les dynamiques paradoxales de l’intégration en Afrique Subsaharienne : le mythe du hors-
jeu. In Revue française de science politique, 45e année, no6, 1995, pp- 1023-1038
11
Allant dans le même sens, Edouard GNIMIPIEBA TONNANG souligne que,
comparativement aux autres ensembles sous régionaux du continent, la doctrine
intégrationniste s’est très tôt développée en Afrique noire francophone, à travers un artifice
institutionnel hérité de la colonisation française.
Pour d’autres à l’instar de François GUONGUE, La faible complémentarité des
économies est un facteur non négligeable qui participe à l’échec des projets d’intégration
régionale, c’est le cas des pays d’Afrique centrale, on s’aperçoit que l’économie est,
substantiellement, axée sur la production des biens primaires, de sorte qu’il est clairement
établi que la faiblesse principale de l’économie de l’Afrique centrale tient au fait que c’est une
économie de rente, marquée par des défaillances réelles au niveau de la spécialisation ou de
l’investissement intérieur42. Elle est dans l’ensemble, polarisée sur les exportations des
produits de base, en l’occurrence le pétrole qui crée des déséquilibres verticaux dans la sous-
région. L’Afrique a des exportations essentiellement inter-régionales et ce malgré la
multiplicité des accords régionaux.
Pour d’autres auteurs, les initiatives d’intégration régionale sont fortement confrontées
à l’appartenance de plusieurs Etats dans les Communautés Economiques Régionales (Cers) 43,
dénommée comme l’effet bol de spaghetti. C’est ainsi que, Gislain Stéphane GANDJON
FANKEM démontre d’une part que, les adhésions multiples ne permettent pas à la plupart
des États concernés de respecter leurs obligations financières à l’égard des CER auxquelles ils
appartiennent. En conséquence, les pays sont lents à ratifier les traités et n’appliquent pas les
programmes intégrateurs dont ils sont tenus. D’autre part, l’appartenance des pays à plusieurs
CER en même temps influence négativement le commerce intra-zone via la multiplication des
procédures d’agréments des produits, des modèles de preuves documentaires de l’origine, des
droits compensatoires et surtout des règles d’origine 44. Abordant la question du
chevauchement des Cers, FWELEY DIANGITUKWA l’assimile au comportement d’un
homme ou d’une femme qui aime plusieurs partenaires mais qui, en réalité, n’aime vraiment
personne à part sa propre personne et qui vit dans une solitude intérieur angoissante45.
42
François GUONGUE, Planifier et organiser la diversification économique en Afrique centrale, Revue
congolaise de gestion, (numéro 21-22), 2016, p.46 à 90.
43
Benjamin ALLAHAMNE MINDA, la coopération intra-africaine : Etude de l’accord portant création de la
zone de libre-échange continentale africaine, Paris, Harmattan, 2022.
44
Gislain Stéphane GANDJON FANKEM, Région et Développement, La prolifération des communautés
économiques régionales constitue-t-elle une barrière aux échanges pour les pays d’Afrique Centrale ? , n° 45,
2017, pp. 60-78.
45
FWELEY DIANGITUKWA, Géopolitique, intégration régionale et mondialisation: Plaidoyer pour la
création d'une communauté économique des pays côtiers de l'Afrique centrale, Paris, Harmattan, 2006.
12
Nul n’est sans ignorer que, une intégration économique aboutie nécessite les voies de
communication pouvant faciliter les échanges entre les pays, mais force est de constater qu’en
Afrique de manière générale et en Afrique centrale en particulier les infrastructures de
transport et de communication sont soit insuffisantes soit inexistantes, c’est ainsi que
MALICK SANE met l’accent sur le fait que La prise en compte des infrastructures physiques
(routes, ponts, aéroports et les télécommunications) est déterminante dans le développement
des rapports commerciaux 46, FWELEY DIANGITUKWA en parlant des Etats de l’Afrique
Centrale vient ajouter à la suite de Malik SANE que, les transformations dans la partie
d’Afrique Centrale s’opère de façon plus lente que dans la plupart des parties du continent.
Cette lenteur peut être mieux représentée par une ligne qui va du nord vers le sud et l’ouest
vers l’Est et qui se brise en plein milieu d’Afrique Centrale parce qu’il n’y existe pas de
routes et de chemin de fer interconnectés et parce que l’intégration y est encore très faible, par
conséquent les projets intégrateurs sont à la traine 47.
46
Malick SANE, « Infrastructures, commerce intra-africain et développement économique en Afrique »,
Revue Interventions économiques [En ligne], Hors-série. Transformations | 2017, mis en ligne le 01 mars
2017, pp 55-60.
47
FWELEY DIANGITUKWA, l’Afrique dans la dynamique de l’intégration régionale, op.cit, p.26
48
Emmanuel MBARGA, sur le chemin de l’intégration : comprendre la Zone de Libre-Echange Continentale
Africaine, Paris, Harmattan, 2021.
49
IGHOBOR Kingsley, ZLECAf : l'Afrique se prépare au libre-échange dès janvier 2021 Enthousiasme des
commerçants malgré les retards au démarrage et la COVID-19, Afrique Renouveau: Novembre Décembre 2020.
Disponiblesurhttps://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/novembre-decembre2020/zleca-lafrique-
sepr%C3%A9pare-au-libre-%C3%A9change-d%C3%A8s-janvier-2021, consulté le 10 juillet 2022.
13
demander si les pays africains répondront réellement aux problèmes économiques africains au
moyen d’une zone de libre-échange, aussi ambitieuse soit-elle. Il est nécessaire de souligner
que, l’intégration régionale en Afrique comme le souligne plusieurs études, est un processus
« sud-sud » d’économies peu industrialisées, généralement tributaire de l’agriculture et dans
lequel, le commerce intra régional, un des indicateurs clés de ce processus est négligeable 50.
Pour Viner les effets statiques traditionnels des zones de libre-échange est que la
création du commerce est le volume supplémentaire issu de la suppression des barrières
commerciales dans une zone de libre-échange Les pays membres peuvent ainsi faire valoir
leurs avantages comparatifs à travers une meilleure allocation de leurs ressources et créé ainsi
les échanges dans la zone. Il y a création de commerce lorsque la réduction ou la suppression
des tarifs résultant de l'accord permet aux pays membres d'importer des produits moins chers.
Hicham SABER en s’appuyant sur l’accord portant création de la ZLECAf souligne le fait
que, La ZLECAf ne se substituera pas aux accords existants qui seront tout au plus, solidaires
les uns des autres, ne serait-ce que par le biais de la clause de la nation la plus favorisée 51.
BELLALIJ LAMIAE et MEZENE Mohamed à la suite de Hicham SABER
constatent que, quelques Communautés Economiques Régionales (Cers) n’ont pas encore
réussi à mettre en place leur zone de libre-échange, tandis que, d’autres en sont soit à l’étape
de la Zone de Libre Echange partielle ou de l’union douanière partielle. Toutefois, les
dirigeants africains semblent tous très éveillés des enjeux stratégiques liés à l’instauration
immédiate d’une zone de libre-échange continentale52. Emmanuel MBARGA dans le cadre
de ce marché panafricain que, rien ne sera facile jusqu’à son l’accomplissement total. C’est
dans ce sens que, Benjamin ALLAHAMNE MINDA met l’accent sur le fait que, le
chevauchement des CER53 reste l’un des principaux défis de la ZLECAf. Wend-Vénègda
Arsène DIPAMA complète à la suite d’Emmanuel MBARGA et Benjamin
ALLAHAMNE MINDA en s’attelant sur l’importance du modèle d’industrialisation dans le
contexte de la ZLECAf, car, Les processus d’industrialisation adoptés par les pays en
50
Ibid.
51
Hicham SABER, L’intelligence économique dans la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine Enjeux et
défis, Dossiers de Recherches en Economie et Gestion Dossier 9, N° 1 Juin 2020, pp.283-300.
L’accord portant création de de la ZLECA reconnait dans son préambule que les Zones de libre-Échange des
Communautés économiques régionales (CER), servent de piliers, à la création de la Zone de libre-échange
continentale africaine ZLECA. Dans son article 18, alinéa 3, il précise que l’accord n’annule, ne modifie, ni
n’abroge les droits et obligations découlant d’accords commerciaux préexistants que les États parties ont conclus
avec des tierces parties.
52
BELLALIJ LAMIAE et MEZENE Mohamed, Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit, La Zone de
Libre-Echange Continentale Africaine : une intégration au bout de chemin ?, Numéro 6, Septembre 2018, pp.
221-231.
53
Ibid.
14
développement au lendemain des indépendances n’ont pas donné des résultats à la hauteur des
attentes, malgré les énormes potentialités du continent 54.
Pour Cécile Bastidon la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf),
adoptée est le premier accord multilatéral régional au monde en terme de nombre de pays et
d’habitants. En parallèle, les dynamiques du multilatéralisme en Afrique sont multiples55.
Ainsi, certaines communautés économiques régionales (CEDEAO, COMESA)
s'élargissent à de nouveaux partenaires, tandis que l'UMA est en situation de blocage.
Ces constats suscitent l'essor de travaux ayant pour objet d'identifier les facteurs
économiques et institutionnels d'une intégration réussie, ainsi que les avantages et les
limites économiques et monétaires des processus d'intégration en Afrique.
Ces perspectives, bien qu’intéressantes, n’abordent pas de façon concrète l’aspect
relatif à notre étude. Dès lors, tout au long de ce travail de recherche nous privilégierons la
perspective selon laquelle, il existe plusieurs enjeux de la ZLECAf pour l’Afrique Centrale
notamment les enjeux socio-économiques et les enjeux environnementaux.
54
Wend-Vénègda Arsène DIPAMA, les processus d’industrialisation dans le monde en développement
: Quel modèle dans le contexte de la Zone de Libre-échange Continentale Africaine ?, Revue scientifique des
arts, communication, lettres, sciences humaines et sociales, N°002, Vol.4, pp. 438 – 451, Décembre 2021.
55
Cécile Bastidon & al, la Zone de Libre-échange Continentale Africaine et intégration régionale en Afrique,
Paris, Harmattan, 2020.
56
Luc Van CAMPENHOUDT et Raymond QUIVY, manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 4e
édition, 2011, p.85.
15
l'objet d'étude et précisément du problème de recherche 57. Dès lors, la question principale de
ce travail est celle de savoir :
1. Quels sont les moyens dont dispose la ZLECAf et pouvant permettre de stimuler
le développement du commerce intra-régional en Afrique Centrale ?
57
Ibid.
58
Madeleine GRAWITZ, méthodes de sciences sociales, paris, Dalloz, 1990, p.443.
59
Omar AKTOUF, méthodologie des sciences sociales et approches qualitative des organisations, une
introduction à la démarché classique et une critique, Montréal, les presses de l’université du Québec, 1987, p.53
60
Paul N’DA, op.cit, p.39
16
Les dynamiques de l’évolution du commerce intra-régional à l’épreuve de la mise en
place de la ZLECAf impliquent la suppression progressive des Barrières Tarifaires et
Non Tarifaires entre les pays de l’espace CEEAC.
- La première hypothèse secondaire énonce que (HS1). : La ZLECAf dispose des moyens
juridiques et institutionnels pouvant faciliter le développement du commerce intra-
régional en Afrique Centrale.
A. L’intérêt scientifique
Sur le plan scientifique, cette recherche a pour ambition de compléter le peu de production
scientifique existant dans le domaine du commerce intra-régional, en analysant de façon
spécifique les opportunités de la ZLECAf mais surtout les défis et les obstacles qui freinent le
développement du commerce intra-africain de manière générale.
Dès lors, ce travail s’inscrit dans les apports de la recherche pour le développement
économique, social et politique de l’Afrique Centrale.
B. L’intérêt pratique
Sur le plan pratique, le choix de ce sujet de mémoire est lié à notre ambition d’analyser
et de comprendre l’évolution du commerce intra-africain à travers l’entrée en vigueur de la
zone de libre continentale Africaine (ZLECAf). La fin de notre cursus académique mais
également pour le parcours professionnel que nous souhaitons. La zone de libre-échange
continentale Africaine aura un impact significatif sur les conditions des vies des pays
Africains en général et ceux de l’Afrique Centrale en particulier.
17
Et aussi, après une formation en Intégration régionale et Management des Institutions
Communautaires, travailler sur un sujet capital pour le développement du continent africain,
c’est alors ce qui justifie le choix de ce thème relatif au commerce intra-africain.
A. L’inter-gouvernementalisme originel
La théorie de l’inter-gouvernementalisme originel émane du paradigme réaliste des
relations internationales car, elle met l’accent sur la prépondérance de l’Etat en tant que
principal acteur des relations internationales. Autrement dit, ce ne sont pas les institutions qui
décident du processus de l’intégration régionale mais plutôt les hautes autorités politiques des
Etats qui décident de la défense des intérêts nationaux.
Les institutions d’intégration régionale ne s’engageant que lors de la mise en œuvre des
décisions des autorités politiques nationales. L’inter-gouvernementalisme originel est incarnée
par Stanley Hoffmann est établie en opposition aux théories néo-fonctionnalistes et est
considérée comme un dérivé de l'analyse réaliste car elle postule que les relations
internationales sont dominées par des stratégies rationnelles menées par les Etats visant à
maximiser leur puissance et leur sécurité dans un environnement international conflictuel et
anarchique63.
L’inter-gouvernementalisme originel est pertinent dans le cadre de notre étude dans ce
sens qu’elle met en exergue l’Etat comme principal acteur des relations internationales, et
61
LAWRENCE Olivier et Jean-François PAYETTE, argumenter son mémoire ou sa thèse, Québec, presses de
l’université du Québec, 2010, P.19
62
Ibid.
63
Stanley HOFFMANN, Une morale pour les monstres froids, Paris, Seuil, 1982.
18
comme nous le savons la ZLECAf est d’abord une initiative des Etats telle que consacrée dans
l’accord portant création de ce vaste marché commun.
David Ricardo qui soutient que, les pays ont intérêt à se spécialiser dans une activité,
même si ils n’ont pas d’avantages absolus, c’est-à-dire de secteur d’activité dans lequel leur
productivité du travail est supérieure à celle des Etats partenaires 64. Pour cet auteur, les
nations doivent se spécialiser dans les secteurs dans lesquels ils ont un avantage relatif, c’est-
à-dire là où leur avantage en terme de productivité relative est le plus élevé, où là ou leur
désavantage est le plus faible. Ricardo met aussi en avant l’intérêt des échanges
internationaux pour différents pays. Il se base sur la lecture de Recherches sur la nature et les
causes de la richesse des nations d’Adam Smith pour aborder la notion de coûts
comparatifs65.
Selon Ricardo, même si un pays ne dispose d’aucun avantage absolu, il peut avoir intérêt à
se spécialiser et à échanger s’il dispose d’un avantage comparatif. Il vient donc, compléter les
fondements théoriques du commerce international Il présente lui-même l’exemple de la
production du drap et du vin en Angleterre et au Portugal. Cet exemple est basé sur les coûts
de production de chaque pays qui correspondent à la quantité de travail nécessaire pour
obtenir ces deux marchandises, quelle que soit l’unité de mesure utilisée.
Les avantages comparatifs de chaque Etats sont intimement liés dans leurs différences de
dotations en facteurs de production. Un pays se spécialise dans la production du bien dont il
sait qu’il a le facteur en abondance sur le territoire. Car, s’il est abondant, le coût de ce facteur
64
David Ricardo a apporté ainsi, l’une des théories les plus déterminantes dans le commerce international. En
suivant d’ailleurs la théorie des avantages comparatifs, les pays de l’espace CEMAC peuvent se spécialiser dans
les domaines auxquels, ils sont dotés d’énormes potentialités, d’autant plus que, certains ont des climats
favorables à certaines activités spécifiques.
65
La théorie des avantages absolus est née avec Adam Smith et son ouvrage intitulé recherche sur la nature et
les causes de la richesse des nations, c’est alors ainsi qu’il va aborder la question du commerce international.
Cet ouvrage d’Adam Smith est une réponse aux mercantilistes qui pensent que, le commerce international est un
jeu à somme nulle, dans lequel un Etat gagne forcement ce qu’un autre perd. Selon Adam Smith chaque pays ne
peut et doit se spécialiser dans la production des choses dont il a « un avantage absolu »65. Dès lors Adam Smith
soutient donc que, c’est la division du travail qui permet la richesse des nations. Pour une bonne division du
travail, il préconise d’augmenter la taille des marchés, en augmentant la taille des marchés, on augmente
l’intensité de la division du travail par la spécialisation internationale. Ainsi, il est clair que, pour le père
fondateur de cette théorie, les pays peuvent échanger uniquement lorsqu’ils disposent d’avantages absolus, c'est-
à-dire quand leur productivité pour la production d’un bien est largement au-dessus de celle des autres pays65.
Par exemple, si deux Etats ont chacun un avantage absolu, alors il est dans leur intérêt mutuel d’échanger entre
eux (on achète chez le plus productif car ses produits coûtent moins cher). C’est donc le partage international des
avantages absolus, qui fait le commerce international suivant la logique d’Adam Smith.
19
de production sera plus faible et les entreprises ont tout intérêt à préférer des productions qui
l’utilisent. À l’inverse, les pays ont intérêt à importer les produits dont le facteur de
production est très rare sur leur territoire.
Ainsi, la théorie des avantages comparatifs, va nous permettre de comprendre pourquoi
certains pays et principalement les pays africains devront se spécialiser aux secteurs
d’activités dans lesquels leur productivité du travail est supérieure à celle des Etats partenaires
surtout dans le cadre de la ZLECAf, afin de mieux maximiser leurs profits.
- La recherche documentaire
66
Jean-Louis Laubert DEL BAYLE, Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, Paris,
Harmattan, 2000.
67
KAPLAN cité par Madeleine GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, 7ème édition DALLOZ,
1986, p.19.
68
Paul N’DA, op.cit, P.129
69
Ibid.
20
sciences sociales parce que, publics ou privés, ils constituent des sources d'information
riches et diversifiées »70. La collecte des données est la phase qui nous permet de découvrir
les travaux, les discours, les accords et traités qui tournent autour de la problématique du
commerce intra-africain et la question de la mise place de la ZLECAf. Dès lors, nous allons
exploiter l’accord portant la mise en œuvre de la ZLECAF, les œuvres scientifiques, les
articles, et consulter des bibliothèques, enfin faire les recherches sur internet.
- L’entretien semi-directif
L’entretien a toujours occupé une place de choix dans chaque recherche scientifique à
caractère qualitatif. Elle est définie comme un procédé d’investigation scientifique qui utilise
un processus de communication pour recueillir des informations en rapport avec le but fixé.
C’est notamment une technique de collecte des données qui consiste à interroger les experts,
les universitaires ou encore les acteurs qui exercent dans le cadre du commerce intra-africain,
en relation ainsi avec notre objet d’étude.
L’entretien semi-directif correspond à une série de questions ouvertes, préalablement
établi par un guide d’entretien, permet d’avoir un contact avec la réalité vécue par les acteurs,
il s’agit des questions orales. C’est également, un entretien exploratoire qui est axé sur
l’aspect qualitatif, et où une marge de manœuvre a été laissée aux personnes interviewées.
Les entretiens ont été menés en fonction des questions de recherche et des hypothèses
préalablement établies. Ainsi, nous avons eu des entretiens semi-directifs aussi bien avec des
experts exerçants dans les institutions africaines qu’avec des chercheurs. Il s’agit notamment
de Monsieur Amine IDRISS Adoum, Directeur de l’exécution et de la Coordination du
programme AUDA-NEPAD, Monsieur ALLAMNE MINDA Benjamin, chercheur en Droit
international Public, Européen et Comparé, et enfin Monsieur DJERANE Siméon de
chercheur en Relations Internationales et Etudes Stratégiques,
B. Méthode d’analyse des données
Laurence BARDIN définit l’analyse des données comme étant une stratégie de mise au
point par et pour les sciences humaines ayant pour objectif une lecture seconde d’un message
pour substituer à l’interprétation intuitive ou interprétation construite 71. L'analyse des
70
Paul N’DA, op.cit, P.130
71
Laurence BARDIN, « L’analyse de contenu », In Communication et langages, vol 35, N°1, 1977, p. 123-124.
21
données, porte sur différentes sortes de messages étudiés systématiquement selon des règles
assez précises d'analyse et d'interprétation des textes 72.
Cette analyse des données est caractérisée par la méthode hypothético-déductive, qui
selon Carl Popper, qui consiste de partir d’un problème auquel on propose des solutions,
lesquelles sont soumises aux tests de falsifiabilité et de réfutabilité sur la base de l’observation
et de l’expérience.
C’est ainsi que, nous avons mis en exergue l’analyse de plusieurs travaux de recherches,
des ouvrages, des articles et des colloques relatifs au commerce régional. Ces différents
éléments nous ont permis d’avoir un ensemble des données et des informations nécessaires
ayant servi à la réalisation de ce travail, malgré les difficultés auxquelles nous nous sommes
confrontées.
72
Paul N’DA, op.cit, P.134
22
PREMIERE PARTIE :
LE CADRE NORMATIF ET INSTITUTIONNEL DE LA ZLECAf
23
Le but de la ZLECAf est de créer un marché unique des biens et des services pour
faciliter la libre circulation des personnes et des investissements, de mettre ainsi en place un
socle pour une union douanière continentale. Le plan de ce marché est bâti autour des États
membres qui entreprennent avec succès des activités et des programmes pour améliorer sept
groupes d’actions prioritaires identifiés par le Plan d’action de l’UA pour stimuler le
commerce intra-africain. Ces groupes d’actions sont : la politique commerciale, la facilitation
du commerce, la capacité de procédure, l’infrastructure liée au commerce, le financement du
commerce, l’information commerciale et l’intégration des marchés des facteurs. Le cadre
normatif et institutionnel est donc un impératif et un préalable permettant l’atteinte des
objectifs que la Zone s’est fixée. Dès lors, il serait nécessaire de présenter d’abord le cadre
normatif (CHAPITRE I) avant de mettre l’accent sur le cadre institutionnel (CHAPITRE II).
24
CHAPITRE I :
Le traité d’Abuja apparait à bien des égards comme une base juridique non seulement
pour le renforcement de l’intégration régionale mais également en ce qui concerne la Zone de
Libre-Libre Continentale Africaine. Dès lors, il est important de souligner d’une part le traité
d’Abuja comme cadre pour le développement en Afrique Centrale (A) et d’autre part la place
des CERs dans le traité d’Abuja (B).
Dans les années 1980, les Etats africains ont manifesté leurs intérêts de faire de
l’intégration régionale un important atout pour le développement d’où la mise en œuvre du
plan d’action de Lagos, et ensuite du traité d’Abuja instituant la Communauté Economique
Africaine. Le traité d’Abuja apparait donc comme un important levier pour la libéralisation
des échanges commerciaux en Afrique (A) tout en considérant les Etats comme des acteurs
importants dans ce processus (B).
25
A- Le traité d’Abuja et la libéralisation des échanges commerciaux en Afrique
73
Mahamat ABDOULAHI, centre africain pour les politiques commerciales, évaluation des efforts d’intégration
régionale en Afrique en vue de promouvoir le commerce intra-africain, No 30, 2005, p.01-59.
26
Pour la cinquième étape, au cours d’une période de (4) années au maximum,
l’établissement d’un marché commun par l’adoption d’une politique commune dans un certain
nombre de domaines tels que, l’agriculture, les transports et communications, l’industrie,
l’énergie et la recherche scientifique ainsi que, l’harmonisation des politiques monétaires,
financières et fiscales tout comme, la mise en œuvre du principe de la libre circulation des
personnes et l’application des droits de résidence et d’établissement, favoriser la création de
ressources propres à la Communautés telles que prévues par le traité74.
Pour la sixième étape souligne, il faut qu’au cours d’une période de (5) années au
maximum, la consolidation et le renforcement de la structure du marché commun Africain par
la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux, des services ainsi que d’une Union
Economique et Monétaire Panafricaine.
B- Les Etats comme principaux acteurs du commerce régional dans le cadre du traité
d’Abuja
Dans le cadre du traité d’Abuja, les Etats Africains ont pris un nombre d’engagements
qui consistent au développement du commerce régional et intra régional en Afrique. En effet,
les Etats membres se sont engagés à orienter leurs efforts pour réunir les conditions favorables
au développement de la communauté et à la réalisation de ses objectifs, notamment par
l’harmonisation de leurs stratégies et politiques. Ils s’abstiennent de prendre une quelconque
mesure unilatérale susceptible d’en compromettre la réalisation 75. Les Etats membres de
chaque communauté économique régionale se sont engagés sur le fait d’éliminer les droits de
douane, des contingentements, restrictions ou prohibitions ainsi que les obstacles d’ordre
administratif au commerce et toute autre barrière non tarifaire76. Ensuite, l’adoption d’un tarif
douanier extérieur commun. Chaque Etat membre s’engagent à assouplir progressivement et
à éliminer définitivement, au plus tard à la fin de la troisième étape toute les barrières
tarifaires et non tarifaires.
Le traité stipule qu’au cours de la deuxième étape, les Etats membres de chaque
communauté économique régionale s’abstiennent de créer entre eux de nouveaux droits de
douane ni d’augmenter ceux qu’ils appliquent dans leurs relations commerciales mutuelles 77.
A la fin de la troisième étape, aucun Etat membre au niveau de chaque communauté
économique régionale, ne prélèvera de droits de douane sur les marchandises originaires d’un
74
Cf, paragraphe 2, article 2 du traité d’Abuja.
75
Op.cit, art 5.
76
Op.cit, art 29.
77
Op.cit, art 30
27
Etat membre et importées d’un autre Etat membre. Les Etats membres s’engagent à s’abstenir
d’adopter des textes législatifs qui comportent une discrimination directe ou indirecte des
produits identiques ou similaires provenant d’un autre Etat membre 78. Les membres
s’engagent également à promouvoir le commerce régional à travers la prise en compte d’un
certain nombre d’activités. Il s’agit de :
- promouvoir l’utilisation des matières premières, des biens intermédiaires et des facteurs
de production ainsi que des produits finis en provenance de la Communauté ;
- D’Adopter la foire Commerciale Panafricaine de l’OUA comme instrument de la
Communauté pour la promotion des échanges commerciaux ;
- De Mettre en place un réseau intra-communautaire d’informations commerciales reliant
les systèmes d’informations commerciales informatisés des communautés économiques
régionales actuelles et futures à ceux des Etats membres de la communauté
- De Promouvoir la diversification des marchés africains pour les produits de la
communauté ;
- De Participer aux foires commerciales extra-communautaires, particulièrement dans le
cadre de la coopération Sud-Sud, et participer aux échanges commerciaux extra-
communautaires et aux fora d’investisseurs ;
Aussi, au terme de l’article 43, les Etats membres s’engagent à prendre, individuellement, au
plan bilatéral ou régional, les mesures nécessaires à la réalisation progressive de la libre
circulation des personnes et à assurer la jouissance des droits de résidence et d’établissement à
leurs ressortissants à l’intérieur de la Communauté.
Les Etats membres conviennent par ailleurs, de coopérer en vue de développer
l’agriculture, la sylviculture, l’élevage et la pèche dans le but d’assurer la sécurité alimentaire,
l’accroissement de l’agriculture et la valorisation de la production agricole, végétale et
animale79. Et enfin, les Etats membres s’engagent à promouvoir l’industrialisation en vue
d’un commerce régional abouti.
28
Dès lors, il apparait important de mettre l’accent d’une part sur l’apport des Communautés
Economiques Régionales dans la libéralisation des échanges commerciaux en Afrique (A) et
d’autre part sur les Communautés Economiques Régionales comme promotrices du
développement du commerce régional en Afrique (B).
La CEEAC a adopté, au cours du premier trimestre 2004 les textes relatifs à la mise en
place de son schéma de libéralisation des échanges en vue de la création de sa zone de libre-
échange à l’horizon 2008, car juste après sa naissance, elle a mis en place un processus de
libéralisation des échanges à exécuter en trois (3) étapes80.
La première étape consiste à la stabilisation du régime fiscal et douanier en vigueur à la
date de l’entrée en application du traité, et l’élaboration des études afin de fixer le calendrier
pour l’élimination progressive des obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce intra-
communautaire. La deuxième étape consiste à la création d’une zone de libre-échange (en
application du calendrier pour l’élimination progressive des obstacles tarifaires et non
tarifaires du commerce intra-communautaire). La troisième étape est la mise en place de
l’Union Douanière et donc de l’adoption d’un tarif extérieur commun. Il est toute
recommandé que les Etats membres de la CEEAC s'inspirent des progrès réalisés dans
d’autres CERs dans la conception de mécanismes innovants d'autosuffisance, en termes de
financement. Pour stimuler le commerce intra-CEEAC81. Ainsi, Il est nécessaire de souligner
que, Dans le domaine du commerce et de la douane, la CEMAC et la CEEAC se sont
engagées dans une unification des instruments du marché régional par l’uniformisation des
règles d’origine, des certificats d’origine et autres documents d’accompagnement, des
procédures d’agrément au tarif préférentiel, du droit compensatoire, du régime des
marchandises en transit et des tarifs extérieurs commun82.
En zone CEMAC principalement, la question de l’enclavement de certains Etats membres
a fait l’objet d’importantes rencontres entre les fonctionnaires des pays concernés et ceux des
autres membres de la Communautés afin de trouver des solutions idoines mais toujours est-il
80
Traité créant la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), Libreville, 1983, art 6.
81
Commission de l’Union Africaine : Département des Affaires Economiques, Rapport sur l’état d’intégration
régionale en Afrique, 2019, p.07.
82
Emmanuel Kam Yogo, Le Processus d’Intégration Régionale en Afrique Centrale : État des Lieux et Défis,
Center for European studies, No. 27, 2016, p.1-28.
29
que, le problème persiste. Aussi, malgré quelques avancées notables, beaucoup reste à faire et
à améliorer afin de mettre un terme aux obstacles commerciaux intra-CEMAC.
Le traité d’Abuja instituant la CEA est caractérisé par un certain nombre de schémas83.
L’objectif principal étant de créer un Zone de Libre-Echange dans chaque CER afin de
faciliter le commerce régional, suivie d’une union douanière et éventuellement d’un marché
commun et ensuite d’une union économique. C’est dans ce sens que, les principales missions
de la CEEAC est de : Promouvoir et renforcer une coopération harmonieuse dans les
domaines de l’industrie, de l’agriculture, des ressources naturelles, des infrastructures de
transport de l’énergie et des télécommunications, du commerce, des douanes, des finances et
de la monnaie, de l’éducation, de la santé, de la culture et du tourisme 84.
Par ailleurs, les CERs adoptent des politiques et mettent en œuvre des mesures
conformément à leurs obligations au titre de l’accord général sur le commerce des services
(AGCS) de l’OMC et du protocole sur le commerce des services de l’Accord instituant la
Zone de Libre-Echange Continentale Africaine, en vue de libéraliser leur secteur des services
au sein de la communauté, ainsi, la réussite de la ZLECAf dépend fortement de la
performance des CERs.
Le respect des règles de l’OMC offre un cadre de référence commun à l’ensemble des
pays. Il assure une visibilité pour les partenaires et l’assurance que les obstacles au commerce
ne seraient pas appliqués de façon discrétionnaire et arbitraire85. Les pays en développement
ne considèrent aucunement le régionalisme comme le remplaçant du système multilatéral. Ils
participent donc activement à la préparation des cycles de l’OMC et aux négociations.
83
Ces schémas sont entre autres : La suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, la promotion du
commerce régional, un environnement macro-économique stable, l’adoption des documents douaniers
d’accompagnement, des produits originaires, l’adoption d’un tarif extérieur commun, la facilitation du
commerce.
84
Ibid.
85
Cours, Lahcen ACHY, Le commerce intra régional: l’Afrique du Nord est-elle une exception?, Institut
National de Statistique et d’Economie Appliquée Rabat, Maroc, 2006.
30
Dans le cadre de cette section, il sera question de souligner d’une part l’assistance de
l’OMC comme condition de réussite de la ZLECAf (Paragraphe I) et d’autre part de mettre
l’accent sur l’accord, de la facilitation des échanges comme un instrument pour la Zone de
Libre-Echange Continentale Africaine (Paragraphe II).
Un élément positif réside dans le fait que 40 pays africains ont ratifié l’Accord de l’OMC
sur la facilitation des échanges (AFE), qui vise principalement à réduire les Obstacles Non
Tarifaire. C’est un bon indicateur de l’engagement à relever les défis posés par les Obstacles
Non Tarifaires en assurant la transparence, la prévisibilité, la simplicité, l’harmonisation et la
normalisation des procédures du commerce international. Il serait donc très important pour le
Secrétariat de la ZLECAf d’encourager et d’aider les pays non seulement à ratifier l’Accord,
mais aussi à le mettre en œuvre86. Nous soulignerons d’une part l’Accord général sur le
commerce des services de l’OMC de 1994 (A) et d’autre part nous mettrons l’accent sur
l’accord général du GATT sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 (B).
L’article IV de l’accord général sur le commerce des services met l’accent sur le fait que,
la participation croissante des pays en développement au commerce mondiale sera facilitée
par des engagements, notamment le renforcement de leurs capacités, ainsi que de l’efficience
et de la compétitivité87. C’est dans ce sens que, L’article IV paragraphe 3 du présent accord,
mentionne que, « une priorité spéciale sera accordée aux pays les moins avancés
Membres(…). Il sera tenu compte en particulier des graves difficultés que les pays les
moins avancés ont à accepter des engagements spécifiques négociés en raison de leur
situation économique spéciale et des besoins de leur développement, de leur commerce et de
leurs finances ».
86
Op.cit, p.86.
87
L’accord général sur la facilitation des échanges, article IV.
31
Par ailleurs, l’article 1 de l’Accord général de l’OMC sur le commerce des services stipule
que, « le présent accord n’empêchera aucun des membres d’être partie ou de participer à
un accord libéralisant le commerce des services entre deux (2) parties audit accord ou plus,
à condition que cet accord couvre : Couvre un nombre substantiel de secteurs, et prévoit
l’absence ou l’élimination pour l’essentiel de toute discrimination (…) entre deux parties
ou plus dans les secteurs visés à l’alinéa(a) »88. Ainsi, dans le cas où les pays les moins
avancés sont parties à un accord de ces types, une certaine flexibilité leur sera ménagée pour
ce qui est des conditions énoncées au paragraphe 1 de ce présent accord. Dès lors, un membre
qui est partie à un accord visé au paragraphe 1 ne pourra en aucune façon, demander de
compensation pour les avantages commerciaux qu’un autre membre pourrait tirer dudit
accord89.
Aussi, « Les membres qui sont parties à tout accord visé au paragraphe 1 notifieront
dans les moindres détails au conseil du Commerce des services tout accord de ce genre et
tout élargissement ou toute modification notable d’un tel accord »90.
Il est important de souligner que, l’assistance technique est principalement destinée aux
fonctionnaires gouvernementaux des pays en développement, des pays les moins avancés, des
pays en transition et des pays en voie d’accession à l’OMC. Elle s’adresse aussi aux
représentants de la société civile, aux journalistes, aux universitaires et au secteur privé91. Il
est donc organisé près de 300 activités d’assistance technique chaque année et l’OMC forme
plus de 14 000 fonctionnaires92. Par ailleurs, l’organisation propose des cours avancés en
politique commerciale d’une durée de deux mois dispensés à Genève, des cours régionaux de
politique commerciale de niveau intermédiaire, des séminaires régionaux, des ateliers et des
formations sur des sujets particuliers. Les activités d’assistance financière et de renforcement
des capacités visent à permettre les PMA de tirer pleinement des opportunités qu’offre le
commerce mondial. Les activités de formation de l’OMC comprennent : les conférences, les
exposés, des tables rondes, des réunions avec des experts, des exercices de simulation et la
participation à des réunions de l’OMC93.
Du point de vue de financement, le plan d’assistance technique est couvert par le budget
de l’OMC. L’une des principales difficultés de l’OMC est d’accroitre la stabilité du
88
Op.cit, article IV, paragraphe 1.
89
Op.cit, article 8, paragraphe 8.
90
Op.cit, article IV, paragraphe 6 (a).
91
Ibid.
92
Op.cit, 12h49.
93
Op.cit, www.wto.org, 03 janvier 2023.
32
financement des activités d’assistance et de s’assurer que les contributions sont reçues en
temps voulu. En 2021, près de 62% des ressources pour l’assistance technique de l’OMC
provenaient des contributions volontaires des membres donateurs, et les 38% restants, du
budget ordinaire de l’OMC. Le financement des donateurs est donc essentiel pour continuer à
fournir une assistance technique de meilleure qualité aux pays les moins avancés 94.
L’assistance technique, financière et le renforcement des capacités de l’OMC visent à
permettre aux pays africains perçu pour la plupart comme des PMA, de mieux commercer
entre eux afin de mieux peser sur le commerce international. Les pays africains ont
notamment appelé à la solidarité internationale pour une assistance financière et technique
accrue propre à réduire le fossé qui existe entre pays développés et pays en développement
s’agissant des ressources technologiques et humaines95.
L’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 ou encore le GATT
de 1994, est composé des dispositions de l’accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce d’octobre 194796. Ainsi, plusieurs instruments juridiques étaient entrés en vigueur
en vertu du GATT de 1947 bien avant la date d’entrée en vigueur de l’accord sur l’OMC.
Autrement dit, après la naissance de l’OMC, le GATT a été remplacé. Toutefois, le terme
GATT servira toujours à l’appellation des accords sur les biens, négociés avant même la
naissance de l’OMC et dont l’accord de Marrakech portant création de l’OMC est tenu de
faire respecter les différents principes.
Dans l’article XXIV de l’accord sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994, la
question des Unions Douanières et des Zones de Libre-Echanges nouvelles ou élargies a été
évoqué. En effet, l’accord donne un certain nombre de directives à suivre dans le cas où des
parties contractantes formant une union douanière penseraient à relever les droits de douane
consolidés. A cet effet, a été également évoquée, la question des obligations des parties
contractantes en ce qui concerne les mesures qui ont été prises par les gouvernements ou
administrations régionaux ou locaux sur leur territoire.
94
Ibid.
95
Commission Economique pour l’Afrique, rapport sur l’intégration régionale en Afrique du Nord : Echanges
intra régionaux et facilitation du commerce, 2013, p.25.
96
Ibid.
33
L’Accord entend par territoire douanier, « Tout territoire pour lequel un tarif
douanier distinct ou d’autres réglementations commerciales distinctes sont appliqués pour
une part substantielle de son commerce avec les autres territoires »97. L’Accord souligne
aussi que, ces différentes dispositions ne doivent pas être considérées comme faisant obstacle
aux avantages accordés par une partie contractante à des pays limitrophes pour faciliter le
trafic frontalier 98.
Par ailleurs, l’Accord stipule que, les parties contractantes reconnaissent l’importance
d’augmenter la liberté du commerce en développant, par le moyen d’accords librement
conclus, une intégration plus étroite des économies des pays participants à de tels accords.
« Les parties contractantes reconnaissent également que l’établissement d’une Union
douanière ou d’une zone de Libre-Echange doit avoir essentiellement pour but de faciliter
le commerce entre les territoires constitutifs et non d’opposer des obstacles au commerce
d’autres parties contractantes avec ces territoires »99.
Il est également stipulé dans l’article XXVIII que, l’accord avait envisagé des
nouveaux mécanismes pour la négociation des compensations chaque fois que, les
consolidations tarifaires sont modifiées ou retirées, l’objectif principal est d’augmenter la
capacité des pays les moins avancés à mieux commercer entre eux afin de peser sur le
commerce mondial100.
Le protocole de l’Uruguay Round qui fut annexé au GATT de 1994, met l’accent la
faveur sur la accordée aux pays les moins avancés. En effet, ces pays ne sont pas tenus de
contracter des engagements et de faire des concessions incompatibles avec les différents
besoins du développement, des finances et du commerce de chacun d’entre eux101.
C’est en 2013, lors de la Conférence ministérielle de Bali que les membres de l’OMC ont
décidé de la mise en place d’un accord très important relatif à la facilitation des échanges102.
Cet accord est appelé, l’accord sur la facilitation des échanges (AFE), et est entré en vigueur
97
Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994, article XXV alinéa 2.
98
Op.cit, article XXIV alinéa 3 (a).
99
Op.cit, article XXIV alinéa 4.
100
Ibid.
101
Ibid.
102
Site officiel de l’Organisation mondiale du Commerce, consulté le 02 janvier 2023 à 11h06h.
34
le 22 février 2017, à la suite de la ratification par les deux tiers des membres de l’OMC. Il
sera question de souligner d’une part les dispositions générales de l’accord (A) et d’autre part
la place du traitement spécial différencie (B).
Ainsi, l’apport effectif de l’accord sur la facilitation des échanges à l’endroit des pays les
moins avancés (PMA), se cristallise dans la réadaptation du système commercial multilatéral
qui contraint normativement les Etats à rendre plus sophistiquées leurs structures
commerciales et douanières internes104. Dès lors, cela crée un cadre adéquat pour le
développement et la croissance économique, tout en respectant les droits fondamentaux et en
contribuant à réduire la corruption et la pauvreté105.
Selon les estimations, la mise en œuvre effective de l’accord pourrait réduire les coûts du
commerce de 14,3% en moyenne et accroitre le commerce mondial de 1000 milliards de
dollars EU par an, les pays pauvres enregistreront ainsi les gains importants. L’accord
souligne en outre qu’une assistance et un soutien devront être fournis aux pays les moins
avancés pour les aider à acquérir la capacité nécessaire. Un mécanisme pour l’Accord sur la
facilitation des échanges (TFAF) a été créé pour contribuer à faire en sorte que les pays en
développement et les pays les moins avancés reçoivent l’assistance nécessaire pour tirer
103
Organisation Mondiale des Douanes (OMD), l’accord de l’OMC sur la facilitation des échanges : la Douane
sur le devant de la scène, n°74, juin 2014, p.9.
104
Micky Rafael NIVAR ROCHA, la facilitation des échanges comme instrument au service des pays en
développement, Thèse de Doctorat en Droit International, Ecole Doctorale des sciences juridiques, Strasbourg,
2021.
105
Ibid.
35
pleinement parti de l’accord sur la facilitation des échanges 106. Dans le cadre de ce
mécanisme, le Secrétariat de l’OMC, élargira ses programmes d’assistance technique, fournira
par ailleurs des renseignements sur les programmes d’assistance mis à disposition par les
donateurs et d’autres organisations internationales et aidera aussi à mettre en relations les
donateurs et bénéficiaires107.
Les pays, les moins avancés évaluent leur capacité d’appliquer l’AFE par rapport à trois
catégories (catégorie A, B et C) des dispositions de l’accord qui sont les suivantes :
La première catégorie correspondant aux mesures que le membre mettra en œuvre au
moment de l’entrée en vigueur de l’accord, dans le cas des PMA un délai d’un an après
l’entrée en vigueur. La deuxième catégorie correspond aux dispositions que le membre mettra
en œuvre après la période de transition suivant l’entrée en vigueur de l’accord. La dernière
catégorie correspond aux dispositions qui nécessitent une assistance et un soutien au
renforcement des capacités pour permettre aux membres de les mettre en œuvre après une
période de transition suivant l’entrée en vigueur de l’accord. Ainsi, « Chaque pays en
développement et pays moins avancé membre désignera lui-même, individuellement, les
dispositions qu’il inclura dans chacune des catégories A, B, et C »108.
L’accord sur la facilitation des échanges vise principalement à mettre fin aux obstacles
non tarifaires, 40 pays africains ont déjà ratifié cet accord109. Une étude menée par la Banque
Mondiale sur les effets économiques et redistributifs de la ZLECAf a pu déterminer qu’avec
la pleine mise en application de l’accord sur la facilitation des échanges de l’OMC, on
pourrait aboutir à une hausse de salaire de 10% 110. D’après le PNUD, il serait très important
d’encourager le Secrétariat de la ZLECAf d’encourager et d’aider les pays non seulement à
ratifier l’accord mais aussi et surtout de le mettre en œuvre 111.
106
OMC, accord sur la facilitation des échanges : Faciliter la circulation des marchandises à travers les
frontières.
107
Ibid.
108
Op.ci, article 14, paragraphe 2.
109
PNUD, op.cit, 84.
110
PNUD, op.cit, p.19.
111
Ibid.
36
CHAPITRE II:
L’ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE DE LA ZONE DE
LIBRE-ECHANGE CONTINENTALE AFRICAINE
L’accord a pour ambition d’aider les PMA : En les aidants notamment à évaluer leur
capacité de mettre en œuvre l’accord et leurs besoins d’assistance pour la mise en place de
certaines de ses dispositions, en mettant en place un circuit d’échanges de renseignement pour
identifier les donateurs. Le mécanisme complète les efforts faits par les organismes régionaux
et multilatéraux, des donateurs bilatéraux et d’autres parties prenantes pour fournir une
assistance technique et un soutien au renforcement des capacités en matière de facilitation des
échanges. Par ailleurs, les pays les moins avancés doivent informer l’Organisation Mondiale
des Douanes de ces catégorisations, selon les échéanciers spécifiques énoncés dans l’Accord
qui sont différents pour les pays en développement membres, et les pays les moins avancés
membres. « Ils doivent également fournir des dates indicatives dans un premier temps, puis
définitives par la suite pour la mise en œuvre des dispositions qu’ils ont désignées dans les
catégories B et C »112.
Enfin, l'accord a sept objectifs spécifiques. Il s'agit : d’éliminer progressivement les
barrières tarifaires et non tarifaires au commerce des marchandises ; libéraliser
progressivement le commerce des services ; coopérer en matière d'investissement, de droits de
propriété intellectuelle et de politique de la concurrence ; coopérer dans tous les domaines liés
au commerce ; coopérer sur les questions douanières et la mise en œuvre des mesures de
facilitation des échanges ; mettre en place un mécanisme de règlement des différends
concernant les droits et obligations des membres ; et d’établir et maintenir un cadre
institutionnel pour la mise en œuvre et l'administration de la ZLECAf.
112
Organisation Mondiale des Douanes, l’accord de l’OMC sur la facilitation des échanges et programme
mercator de l’OMD stratégie pour la mise en œuvre de l’accord, 2013, p.16.
37
Le cadre institutionnel de la ZLECAf est chargé de l’administration, de la facilitation,
du suivi et de l’évaluation de la ZLECAf. Ce cadre est chargé d’assurer une politique
cohérente de transformation structurelle des économies africaines 113.
Ainsi, l’accent sera mis d’une part sur les institutions qui caractérisent la mise en
œuvre de la ZLECAf (SECTION I) et d’autre part sur son organe de règlement des différends
(SECTION II).
SECTION I : LA STRUCTURE DE LA ZLECAF
113
Mouhamadou Moustapha Ly Bertrand BIO-MAMA (2019) « La ZLECAf : c’est (presque) parti ! », article
publié dans le site web du Policy Center for the New South, juillet 2019,
https://www.policycenter.ma/opinion/la-zlecaf-c%E2%80%99est-presque-parti.
114
La Zone de Libre-Echange Continentale Africaine : un guide du tralac, 7e édition, Août 2020.
38
organe de la ZLECAf115. La conférence a également une autorité exclusive pour adopter les
interprétations du présent Accord sur recommandation du Conseil des ministres. L’adoption
d’une interprétation est faite par consensus. La Conférence, en tant qu’organe suprême de
prise de décision de l’UA, exerce un contrôle et donne des orientations stratégiques sur le
fonctionnement de la ZLECAf, y compris le Plan d’action pour stimuler le commerce intra-
africain (BIAT). La Conférence crée le Secrétariat, décide de sa nature, sa localisation
et approuve sa structure ainsi que son budget 116.
Par ailleurs, la conférence définit les politiques de l’UA, fixe ses priorités, adopte son
programme annuel et assure le contrôle de la mise en œuvre de ses politiques et décisions, elle
élit le président et le vice-président de la Commission de l’UA, nomme les commissaires de la
commission et détermine leurs fonctions et leurs mandats, adopte le budget de l’UA, prends
des décisions sur les questions majeures concernant l’UA. La conférence peut également créer
tout comité, groupe de travail ou commission qu’elle juge nécessaire. Elle peut également
déléguer les pouvoir et fonctions à tout autre organe de l’Union Africaine, le cas échéant. Le
25 novembre 2022, le Niger a accueilli une session extraordinaire de la Conférence de l’UA
consacrée à l’industrialisation et à la diversification Economique et la Zone de Libre-Echange
Continentale Africaine, le Président de la Commission de l’Union Africaine déclara lors de ce
sommet que «(…) Au-delà de toutes ces dimensions connues que je viens de rappeler, je
retiens que l’industrialisation, la diversification économique, la ZLECAf sont déterminants
assurément. Il reste cependant solidement établi que les immenses difficultés à aplanir, tant
au niveau des infrastructures de base qu’aux niveaux juridiques et techniques, ne seront
jamais surmontées sans une forte volonté politique (…) Le jour où elle le fait industrialisation
et la ZLECAF seront devenues ces deux bâtisseurs de l’Afrique que nous voulons: une Afrique
intégrée, prospère et en paix ».
C’est en 2019 que les Chefs d’Etats Africains ont choisi le Ghana afin qu’il puisse
abriter le siège du secrétariat de la ZLECAf, lors d’un Sommet des chefs d’État de l’UA tenu
à Niamey au Niger, qui avait donné le coup d’envoi à la mise en œuvre de l’Accord de libre-
échange qui devrait stimuler les échanges commerciaux régionaux entre les pays membres.
Président du Ghana avait déclaré «L’intégration économique de l’Afrique cimentera les
fondements d’une Afrique qui saura s’affranchir de l’aide internationale. Le nouveau
sentiment d’urgence qu’éprouve l’Afrique pour une véritable autonomie et son aspiration à y
accéder trouvent largement leur expression dans la cérémonie d’aujourd’hui ».
115
Accord portant création de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine, article 10.
116
Ibid.
39
La Conférence crée le Secrétariat décide, de sa nature, sa localisation et approuve sa
structure ainsi que son budget. La Commission aide le Secrétariat provisoire, jusqu’à ce que
celui-ci devienne pleinement opérationnel. Le Secrétariat est un organe institutionnel du
système de l’Union africaine ayant une autonomie fonctionnelle et doté d’une personnalité
juridique indépendante ; le Secrétariat est autonome vis-à-vis de la Commission de l’Union
africaine ; les fonds du Secrétariat proviennent du budget annuel global de l’Union africaine;
les pouvoirs et les fonctions du Secrétariat sont déterminés par le Conseil des ministres du
Commerce. Le secrétariat signe également divers accord dans le but de permettre aux Etats
membres de mieux aborder la mise en œuvre effective de ce vaste marché. A l’exemple de
l’accord avec Afreximbank pour la gestion du fonds d’ajustement de la ZLECAf. En effet, cet
accord fut signé au Caire en Egypte, le 09 février 2022. Ce fonds aidera les pays africains au
nouvel environnement commercial crée dans le cadre de la ZLECAf. Le fonds d’ajustement
est composé d’un fonds de base, d’un fonds général et d’un fonds de crédit. Par ailleurs, le 17
juillet 2022, le secrétariat de la ZLECAf, Afreximbank et le PAM signent un accord cadre
pour collaborer sur le développement agricole, l’action pour le climat et le commerce en
Afrique117
Le secrétariat de la ZLECAf, en collaboration avec les Communautés Economiques
Régionales et ses Etats parties s’engage à promouvoir des programmes d’accès au marché et
des procédures douanières simplifiées pour les produits agricoles et la sécurité alimentaire,
ainsi que le développement de chaînes de valeurs régionales axée sur l’agriculture 118. Abdu
Mukhtar, le Directeur du département du développement industriel et du commerce à la
Banque Africaine de développement affirme « la relation entre le secrétariat de la ZLECAf et
le groupe de la Banque Africaine de Développement est cruciale pour la concrétisation d’un
commerce continental plus important et de la transformation économique de l’Afrique ».
S’agissant du conseil des ministres, il est composé des ministres africains en charge du
commerce, ou d’autres ministres, autorités ou fonctionnaires dûment désignés par les États
parties. Le Conseil des ministres rend compte à la Conférence par l’intermédiaire du Conseil
exécutif. Le Conseil des ministres, dans le cadre de son mandat : prend des décisions
conformément au présent Accord ; assure et veille à la mise en œuvre effective de l’Accord ;
117
AFREXIMBANK, Site officiel, consulté le 15 Décembre 2022 à 10h53mn
118
Op.cit, consulté le 15 Décembre 2022 à 10h40mn
40
prend les mesures nécessaires pour la promotion des objectifs du présent Accord et d’autres
instruments y afférents ; travaille en collaboration avec les organes et institutions compétents
de l’UA ; encourage l’harmonisation des politiques, stratégies et mesures appropriées pour la
mise en œuvre effective du présent l’Accord ; institue des comités, groupes de travail ou
groupes d’experts ad hoc ou permanents et leur délègue des responsabilités ; élabore son
propre Règlement intérieur ainsi que celui de ses organes subsidiaires créés pour faciliter la
mise en œuvre de la ZLECAf, et les soumet au Conseil exécutif pour approbation ; supervise
les travaux de tous les comités et groupes de travail qu’elle peut créer en application du
présent Accord ; examine les rapports et activités du Secrétariat et prend les mesures
appropriées; élabore les règlements, émet des directives et fait des recommandations
conformément aux dispositions du présent Accord ; examine et propose, pour adoption par la
Conférence, le statut du personnel et le règlement financier du Secrétariat ; examine et soumet
pour adoption par la Conférence, par l’intermédiaire du Conseil exécutif, la structure
organisationnelle du Secrétariat; approuve les programmes de travail de la ZLECAf et de ses
organes examine les budgets de la ZLECAf et de ses organes et les soumet à la conférence par
l’intermédiaire du Conseil Exécutif ; formule des recommandations à la Conférence pour
l’adoption de l’interprétation faisant autorité ; et exerce toute autre fonction conformément au
présent Accord ou toute autre fonction qui pourrait lui être confiée par la Conférence.
Le Conseil des ministres se réunit au moins deux fois par an en session ordinaire et, en
tant que de besoin, en sessions extraordinaires. Aussi, Les décisions prises par le Conseil des
ministres, dans l’exercice de son mandat, sont contraignantes pour les États parties. Les
décisions ayant une incidence juridique, structurelle ou financière sont, dès leur adoption par
la Conférence, contraignantes pour les Etats parties. Enfin, Les États parties prennent les
mesures nécessaires en vue de mettre en œuvre les décisions du Conseil des ministres.
Le Comité des Hauts fonctionnaires du commerce est composé de secrétaires généraux ou
directeurs généraux, ou de tout autre fonctionnaire désigné par chaque État partie. Le Comité
des Hauts fonctionnaires du commerce :
met en œuvre les décisions du Conseil des ministres;
il est responsable du développement des programmes et plans d’actions pour la mise
en œuvre de l’Accord;
assure le suivi, examine en permanence et s’assure du bon fonctionnement et du
développement de la ZLECAf, conformément aux dispositions du présent Accord;
41
crée des comités ou d’autres groupes de travail, en tant que besoin ; supervise la mise
en œuvre des dispositions du présent Accord et, à cette fin, peut demander à un
Comité technique d’étudier toute question particulière ;
instruit le Secrétariat de la ZLECAf de mener des missions spécifiques; et
assume toutes autres fonctions conformément au présent Accord ou qui peuvent être
requises par le Conseil des ministres. Sous réserve de toutes directives émanant du
Conseil des ministres, le Comité des Hauts fonctionnaires du commerce se réunit au
moins deux fois par an et fonctionne conformément au règlement intérieur, tel
qu’adopté par le Conseil des ministres.
Lors de la 6ème réunion des Ministres du commerce de l’Union Africaine, le Commissaire
au commerce et à l’industrie de l’UA souligne que «(…) il y a des risques émergents dans
l’environnement commercial international, à la suite de la guerre commerciale imminente. Le
suivi rapide de l’entrée en vigueur des instruments juridiques établissant la Zone de Libre-
Echange Continentale africaine et de la mise en œuvre qui en résulte, peut atténuer les effets
néfastes de la commerciale imminente, cependant, nous pouvons encore en être ses victimes.
Souvenons-nous tous que les victimes innocentes font partie de la triste histoire de
l’humanité ». allant dans le même sens, lors de la 9ème réunion des hauts fonctionnaires
chargés du commerce de la ZLECAF Mme Zada Mariama, Secrétaire Générale du ministère
du commerce et de la promotion du secteur privé du Niger déclare «La Zone de libre-échange
continentale africaine changera structurellement la situation par l’intégration de nos
économies à travers le transport, les interconnexions communautaires et énergétiques, la
libéralisation de nos économies ainsi que la facilitation de la libre circulation à travers nos
frontières. De ce marché intégré émergeront des opportunités qui attireront les
investissements à grande échelle et la transformation structurelle. Ce qui, en retour, nous
permettra d’accélérer la diversification économique, la création d’emplois, la réduction de la
pauvreté et le renforcement de notre compétitivité au plan mondial ».
42
l’acte constitutif de l’Union Africaine, l’importance de la création des institutions financières
Panafricaines en plus de ces institutions Financières d’autres institutions ont été mises en
place Ces institutions sont considérées dans une large mesure comme étant le socle de la
ZLECAf. Nous évoquerons d’une part la place des institutions financières panafricaines dans
la mise en œuvre de la ZLECAf (A) et d’autre part les institutions non financières dans la
mise œuvre de la ZLECAf (B).
119
Sara ALLALI, aperçu sur l’évolution de la notion « d’intégration régionale » : Focus sur la Zone de Libre-
Echange Continentale Africaine, International Journal of Accounting, Finance, Auditing, Management and
Economics, Volume 3, 2022, pp.230-241.
120
Site officiel de la BAD, consulté le 16 Décembre 2022 à 10h03min
43
développement, poursuit le même élan qui prévalait lorsqu’il avait accordé un premier appui
de 5 millions de dollars à l’Union Africaine. Ce deuxième appui qui a toujours pour objectif
d’encourager le commerce inter africain durable et d’inciter à accroitre la part des pays
africains dans le commerce intra africain, entend intensifier la mise en œuvre effective de la
ZLECAf. Il va s’agir notamment, tant pour le secrétariat que pour les pays de la Zone.
Par ailleurs, le projet prévoit d’engager des études et des initiatives pour identifier de
nouvelles opportunités commerciales et économiques pour les femmes, d’aider à l’élaboration
du protocole de la ZLECAf sur les femmes et les jeunes dans le commerce, et d’appuyer le
renforcement des capacités et l’acquisition des compétences commerciales ciblées pour les
femmes121. En marge de la rencontre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur le
bilan 2021 de l’aide pour le commerce, la Banque africaine de développement, l’Organisation
des Nations unies pour le développement industriel et le Centre du commerce international
avait organisé un webinaire sur le thème suivant : « La mise en œuvre de la ZLECAf : la
nécessité d’approfondir l’engagement et la participation active du secteur privé ».
Le protocole de la Banque Africaine d’Investissement souligne dans son préambule que,
l’acte constitutif de l’Union Africaine a établi la Banque Africaine d’Investissement en article
19 (c), la Banque est un organe de l’Union Africaine conformément aux dispositions de
l’article 5(i) de l’acte. Dans l’article 6, il est mentionné que tous les Etats membres de l’Union
Africaine, parties au protocole sont membres de la Banque. Peuvent également devenir
membres : Les Institutions Financières ou les entreprises publiques des Etats parties, les
ressortissants des Etats parties, les personnes morales enregistrées dans les Etats parties, les
institutions financières des communautés économiques Régionales. La Banque a pour
structure de gestion, l’Assemblée Générale, le Conseil d’Administration et le Président122.
L’Assemblée Générale est composée des actionnaires ou leurs représentants, ses prérogatives
sont entre autres :
Fixer le nombre d’administrateurs et déterminer la composition du conseil
d’administration ;
Elire et suspendre les membres du Conseil d’ Administration et arrêter les conditions
de leur admission au sein du Conseil d’Administration ;
Nommer, révoquer et suspendre le Président de la Banque sur recommandation du
Conseil d’Administration ;
121
Ibid.
122
Op.cit, art 13
44
Adopter son propre règlement intérieur, le règlement intérieur du Conseil
d’Administration, ainsi que le code de conduite de la Banque ;
Proposer pour adoption par la conférence des projets d’amendements au protocole et
aux statuts ;
Admettre de nouveaux membres et arrêter les conditions de leur admission
conformément à l’article 5 des présents statuts ;
Augmenter ou réduire le capital social autorisé de la banque ;
Déterminer les conditions de prêt de la banque ;
Nommer les commissaires aux comptes et décider de leur mandat et leur
rémunération ;
Adopter le rapport annuel du conseil d’administration et le rapport annuel de la
Banque ;
Approuver les états financiers annuels de la banque ;
Autoriser la conclusion d’accords de coopération de caractère général ;
La Banque est par ailleurs dirigée par un président assisté dans ses fonctions par des vices
présidents, des hauts fonctionnaires et par un personnel professionnel, technique et
administratif. Il est le chef exécutif et le représentant légal de la Banque.
La Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) est une institution Financière
multilatérale Panafricaine consacrée au financement et à la promotion du commerce intra et
extra-africain123. Afreximbank déploie des structures innovantes pour fournir des solutions de
financement qui facilite la transformation de la structure du commerce africain et accélèrent
l’industrialisation et le commerce intrarégional, soutenant ainsi l’expansion économique en
Afrique.
Depuis sa création la Banque a beaucoup œuvré pour le soutien au pays africain en temps
de crise. A travers notamment, le dispositif d’atténuation de l’impact de la pandémie sur le
commerce (PATIMFA) lancé en Avril 2020, Afreximbank a décaissé plus de 7,5 milliards de
dollars US en 2020 afin d’aider les pays membres à amortir les effets négatifs des chocs
financiers, économiques et sanitaires causés par la pandémie de COVID-19. Fervent
défenseur de l’accord sur la ZLECAf, Afreximbank a développé un système panafricain de
règlement et des paiements (PAPSS) qui a été adopté par l’Union Africaine comme la
plateforme de paiement et de règlement devant appuyer la mise en œuvre de la ZLECAf. A la
123
AFREXIMBANK, Site officiel, consulté le 15 Décembre 2022 à 09h55mn.
45
fin de 2020, le total des actifs et des garanties de la Banque s’élevait à 21,5 milliards de
dollars US et les fonds de ses actionnaires s’établissent à 3,4 milliards de dollars U.S.
Il est important de souligner le fait que, le Secrétariat de la ZLECAf et Afreximbank
avaient été mandatés par le sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernemnt de l’Union
Africaine et le Conseil des Ministres en charge du commerce de la ZLECAf pour faciliter la
mise sur pieds du Fonds d’ajustement de la ZLECAf afin d’aider les Etats parties à la
ZLECAf à s’adapter au nouvel environnement commercial libéralisé et intégré établi en vertu
de l’accord sur la ZLECAf124. Le fonds d’ajustement est composé d’un Fonds de base, d’un
fonds général et d’un fonds de crédit. Le fonds de base est nourri par la contribution des Etats
parties, de subventions et d’un fonds d’assistance technique pour faire face aux pertes de
recettes tarifaires pouvant résulter de l’élimination des droits de douane. Il aidera également
les pays à mettre en œuvre diverses dispositions de l’accord sur la ZLECAf, de ses protocoles
et de ses annexes125. Le secrétaire Général de la ZLECAf avait souligné l’importance du
Fonds d’ajustement qui constitue l’un des instruments conçus pour soutenir la mise en œuvre
de la ZLECAf et aider ses Etats parties à faire face aux pertes de recettes tarifaires à court
terme, il disait que, « Au moment où nous réalisons des avancées significatives dans
l’établissement des listes de concessions tarifaires, la finalisation du fonds d’ajustement nous
permettra de maintenir et même d’accélérer la dynamique. Nous disposons désormais d’un
excellent outil pour apporter un soutien à nos Etats parties et à leur secteur privé par le biais
de financements, d’une assistance technique, de subventions et de fonds de compensation. Le
fonds les aidera à atténuer les pertes de recettes et les pressions concurrentielles qui
pourraient résulter de la réduction des droits de douane et de la libéralisation des marchés.
Cela leur permettra de tirer parti des opportunités offertes par la ZLECAf. Il s’agit d’une
autre étape importante vers la mise en œuvre réussie de l’accord de libre-échange
continental »126.
S’agissant du Fonds Monétaire Africain, il est également établi par l’acte constitutif de
l’Union Africaine en son article 19 (c). L’objectif du fonds est de faciliter l’intégration des
économies africaines par le biais de l’élimination des restrictions commerciales, d’une
intégration plus accrue, du financement nécessaire de la croissance, de la réduction de la
pauvreté et de l’endettement des Etats parties, conformément aux objectifs de l’Union127.
124
Op.Cit, 16 décembre 2022, 11h50min.
125
Ibid.
126
Il s’agit de la cérémonie de la signature de l’accord entre le secrétariat Général de la ZLECAf et Afrximbank,
le 02 septembre 2022.
127
Article 13 du protocole et statuts du Fonds Monétaire Africain.
46
Les fonctions et activités du Fonds sont nombreuses parmi lesquelles :
Promouvoir et faciliter le commerce, le règlement des paiements courants et encourager
les mouvements de capitaux entre les Etats parties ;
Octroyer des facilités de prêts de soutien à la balance des paiements à court et moyen
terme conformément à la politique des crédits fixée par le Conseil d’Administration,
fournir l’assistance techniques et des conseils aux Etats parties afin de les aider à
financer leurs déficits de leurs balance de paiement ;
Coopérer avec les institutions Financières Africaines et Internationales afin de réaliser
ses objectifs ;
Effectuer des missions de consultation périodiques auprès des Etats parties au sujet de
leurs politiques économiques pour permettre au Fonds et aux Etats parties d’atteindre
leurs objectifs ;
Exécuter toutes les autres tâches qui pourraient lui être confiées par le Conseil des
Gouverneurs.
128
Au départ, 11 États membres africains ont adhéré à la Déclaration et se sont solennellement engagés à aller
jusqu’au bout afin de créer le marché unique. Ces États membres se sont constitués en groupes de travail
ministériels chargés de suivre la mise en œuvre du marché unique et de sensibiliser d’autres États membres pour
qu’ils adhèrent à ce marché.
47
de la 24ème Session ordinaire tenue en janvier 2015 à Addis-Abeba, en Ethiopie. C’est une
initiative de l'Union africaine visant à créer un seul marché unifié du transport aérien en
Afrique, à libéraliser l'aviation civile sur ce continent et à y impulser l’intégration
économique129.
Lors de la commémoration du cinquantième anniversaire de l'OUA/UA en 2013, les
dirigeants de l'Union africaine (UA) ont exprimé le désir de donner un nouvel élan plus
ambitieux au programme de développement et d'intégration socio- économique du continent.
Au cours de cet événement, l'Agenda 2063 de l'Union africaine (UA) a été élaboré, il
comprend certains projets importants désignés grâce à leur potentiel à changer définitivement
la face de l'Afrique pendant cette période. Parmi ces projets figurent la création d'un marché
unique du transport aérien africain et l’adoption d’un passeport africain. Les avantages de la
création du Marché unique du transport aérien africain s’inspirent de la réussite de marchés
libéralisés sur d’autres continents le Marché unique européen du transport aérien et les
marchés libéralisés des transports aériens latino-américains (Chili, Costa Rica et Brésil). Le
transport aérien peut ouvrir et relier les marchés, rendre les échanges commerciaux plus
fluides et permettre aux entreprises africaines de s’intégrer aux chaînes d'approvisionnement
mondiales130. Il occupe une place importante dans la production industrielle en flux tendus
mondiale et permet aux marchés concernés de recevoir plus rapidement les produits frais des
communautés agricoles. Améliorer la connectivité aérienne contribue à accroître la
productivité, encourage les investissements et l'innovation, améliore les opérations
commerciales et leur efficacité.
Le Parlement Panafricain fut créé en 2004 à Midrand en Afrique du Sud. L’objectif à
terme était qu’il fallait que, le Parlement ait les pouvoirs législatifs et que les représentants
soient élus au suffrage universel direct. Pour le moment, le PAP exerce seulement un pouvoir
consultatif et de supervision budgétaire au sein de l’Union Africaine 131. Le protocole de l’acte
constitutif de l’Union Africaine relatif au parlement panafricain a été adopté lors de la 23 e
session ordinaire de la Conférence tenue à Malabo en Guinée Equatoriale. Le Parlement
Panafricain a plusieurs objectifs parmi lesquels 132 :
Faciliter la mise en œuvre effective des politiques et objectifs de l’Union Africaine ;
129
PIDA, interconnecting, integrating & transforming, Le Marché unique du transport aérien africain : Un projet
phare de l’agenda 2063.
130
Ibid.
131
Ibid
132
Protocole de l’acte constitutif de l’Union Africaine relatif au Parlement Panafricain, article 3.
48
Promouvoir les principes des Droits de l’Homme et des peuples et de la démocratie en
Afrique ;
Encourager la bonne gouvernance, le respect de l’état de droit, la transparence et
l’obligation redditionnelle dans les Etats membres ;
Promouvoir la Paix, la stabilité, et la sécurité ;
Contribuer à un avenir plus prospère pour les peuples africains en favorisant
l’autosuffisance collective et le redressement économique
Faciliter le développement et la coopération en Afrique ;
Renforcer la solidarité, la coopération et le développement continentaux et créer le
sentiment de communauté de destin ;
Faciliter la coopération entre les Communautés Economiques Régionales et leurs forums
parlementaires ;
Encourager les parlements nationaux et régionaux à ratifier les traités adoptés par l’UA
et les incorporer dans leurs systèmes juridiques.
Le PAP discute également de toutes les questions pertinentes par rapport à l’Union
Africaine, et fait des recommandations au conseil ou à la conférence le cas échéant133. Par
ailleurs, elle promeut les programmes et les objectifs de l’Union Africaine dans les Etats
membres.
Créé en octobre 2001 à Lusaka en Zambie, son objectif est la mise en place d’une vision
globale et un cadre politique pour accélérer la coopération et l’intégration économique.
Cependant, lors de la 31e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etats et de
Gouvernement de l’Union Africaine tenue à Nouakchott en Mauritanie en juillet 2018
qu’une décision avait été adoptée, celle de transformer l’Agence de Planification et de
coordination du NEPAD (NPCA) en agence de développement de l’Union Africaine
(AUDA-NEPAD)134. La création de cette dernière est étroitement liée aux multiples
réformes institutionnelles de l’Union Africaine, sa mission est de favoriser le développement
du continent par une planification, une coordination et une mise en œuvre efficace et
intégrée de l’agenda 2063 avec les Etats membres, les Communautés Economiques
Régionales, et les institutions Panafricaines tout en tirant parti des partenariats et de la
coopération technique135.
133
Op.cit, article 8 (b)
134
AUDA-NEPAD : Agence de développement de l’Union Africaine, Rapport Annuel, 2020.
135
Ibid.
49
L’agence de développement de l’Union Africaine (AUDA-NEPAD), qui se concentre
sur la mise en œuvre de l’agenda 2063 a fait un certain nombre d’études visant à générer des
connaissances et des données pertinentes pour soutenir et renforcer la capacité des Etats
membres à mettre en œuvre la ZLECAf, notamment en ce qui concerne le renforcement de
l’alignement et de la cohérence des politiques stratégiques, la garantie des décisions
d’investissement appropriées et de haute qualité et la promotion de la coopération
transfrontalière dans les secteurs tels que l’industrie et les services commercialisables, la
connectivité des rapports et des TIC136. L’étude constate qu’au cours des vingt dernières
années, l’Afrique a reçu davantage de recettes tarifaires du reste du monde, soit environ 1,5
% du PIB africain (37 milliards USD), comme le montre la Figure 1. Toutefois, l’Afrique a
payé moins de droits de douane au reste du monde et a reçu moins d’autres pays africains.
Les tarifs payés par l’Afrique au reste du monde représentent moins de 0,2 % du PIB
africain (4,8 milliards USD). Les recettes tarifaires du commerce intra africain s’élevaient à
0,1 % en 2015 (3,5 milliards USD). AUDA-NEPAD reconnait que, le succès de la ZLECAf
est essentiel pour le succès global de l’Agenda 2063. Par conséquent, avec le mandat
d’encourager la mise en œuvre des initiatives de développement de Afrique 137.
AUDA-NEPAD souligne par ailleurs que, Le succès de la ZLECAf à contribuer à la
prospérité continentale partagée sera finalement mis en balance avec les difficultés
rencontrées lors de sa mise en œuvre. Par conséquent, sa durabilité est, dans une certaine
mesure, liée à la capacité de l’AUDA-NEPAD et du leadership national d’établir des
politiques qui atténuent ces risques de façon appropriée et de compenser les pays, les
entreprises et les individus qui sont relativement désavantagés lors de son adoption. Selon
l’agence de développement de l’Union Africaine, La ZLECAf aura un impact sur les zones de
libre-échange (ZLE) multilatérales préexistantes au sein des Communautés économiques
régionales (CER) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les CER ne sont pas
seulement les composantes économiques de l’intégration africaine, elles sont aussi des
partenaires clés de l’UA pour assurer la stabilité, la paix et la sécurité 138.
La Cour Africaine de Justice et des Droits de l’Homme a été créée en 1998 à
Ouagadougou au Burkina-Faso et entrée en vigueur en 2004. Cette cour assure la protection
des Droits de l’Homme et des peuples, des libertés et des devoirs. Elle complète et renforce
les fonctions de la commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples. La Cour
136
Rapport, AUDA-NEPAD : Agence de développement de l’Union Africaine, conditions de réussite dans la
mise en œuvre de l’accord de Libre-Echange Continental Africain, p12.
137
Ibid.
138
AUDA-NEPAD, op.cit, p14.
50
Africaine de Justice et des Droits de l’Homme est l’organe judicaire principal de l’Union
Africaine139. La compétence de la Cour s’étend à toutes les affaires et à tous les différends
d’ordre juridique, dès lors on peut dire que cette Cour assistera l’Organe de règlement des
Différends de la ZLECAf. Par ailleurs, la Cour se compose de seize (16) juges qui sont
ressortissants des Etats parties. Sur recommandation de la Cour, la Conférence pourra réviser
le nombre de juges140. La Cour siège en deux (2) section : la section des affaires générales
composée de huit (8) juges et la section des Droits de l’Homme composée de huit juges (8) 141.
139
Protocole portant statut de la Cour Africaine de Justice et des Droits de l’Homme, article 2, Malabo, 2014.
140
Op.cit, article 3.
141
Op.cit, art 16.
142
Article 20 de l’accord portant création de la ZLECAf
143
Jules Masuku Ayikaba, le mécanisme de règlement des différends de la ZLECAf : un choix adéquat pour
l’intégration économique en Afrique ? , VRU WC, 54, 2021, 528-551.
51
règlements des différends prévoit un certain nombre des principes fondamentaux et des
procédures qui visent la bonne marche du processus des règlements des différends. Dès lors
l’accent sera mis non seulement sur les principes fondamentaux de ce mécanisme (A) mais
également sur l’organe de règlement des différends (B)
Il est stipulé dans le protocole relatif aux règles et procédures des règlements des
différends que, les Etats parties à l’accord sont tenu de respecter un certain nombre de
principes s’ils décident de faire recours à ce mécanisme. Ces principes sont entre autres le
recours à une seule voie et la bonne foi144.
Le recours à une seule voie est autorisé par le protocole lorsqu’il s’agit de régler les
différends qu’il vise. C’est-à-dire, un Etat partie qui invoque les règles de procédures de ce
protocole en relation avec une question spécifique, n’a plus le droit de faire recours à un autre
forum de règlement des différends pour la même affaire 145. Il est un de même en cas d’une
décision de recourir à l’arbitrage visée aux articles 7 et 27 du protocole relatif aux règles et
procédures des règlements des différends. Compte tenu de cet état des faits, les Etats parties à
un différend ont l’opportunité de faire recours à l’arbitrage sur la base d’un commun-accord et
décider de la procédure à suivre. Mais dans le cas où, les Etas parties décident de faire recours
à l’arbitrage, ils ne peuvent pas soumettre simultanément la même question à l’organe en
charge de règlement des différends de la ZLECAf. Les Etats doivent plutôt notifier leur
convention à l’Organe de règlement des différends de la ZLECAf 146. Dans le cas où, l’un des
Etats refuse de coopérer afin de trouver une solution au litige qui les oppose par arbitrage, la
partie lésée peut renvoyer l’affaire à l’organe de règlement des différends afin de statuer147.
En effet, il est également imposé aux Etats en conflit de faire preuve de bonne foi,
lorsqu’ils font appel au mécanisme de règlement des différends de la ZLECAf. Il est question
pour les Etats, de mettre en place des conditions nécessaires afin de trouver un issu favorable
à leurs différends148. Cela consiste notamment à l’engagement des Etats parties d’observer la
144
Ibidem
145
Article 3 de l’accord portant création de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf).
146
Ainsi dans l’article 27 points 5 et l’article 7 du protocole relatif aux règles et procédures de règlement des
différends, les parties à une procédure d’arbitrage se soumettent à la sentence arbitrale et cette dernière est à
notifier à l’organe de règlement des différends de la ZLECAf pour qu’elle puisse être exécutée.
147
PRPRD, L’article 27 points 6.
148
Du protocole relatif aux règles et procédures de règlement des différends de la ZLECAf, Op.cit article 4,
alinéa 5.
52
bonne foi quand cela est utile, les orientations, les décisions et les prescriptions du groupe
spécial de règlement des différends concertant entre autres les questions de procédure149.
Il est mis en place un Organe de règlement des différends afin d’assurer, la mise en
œuvre effective des dispositions du mécanisme de règlement des différends de la ZLECAf
prévues dans le protocole relatif aux règles et procédures de règlement des différends, cet
organe est essentiellement composé par les Etats parties à l’accord150. L’organe de règlement
des différends à un seul président, élu par les Etats parties. L’organe peut établir dans le cadre
de ses missions des groupes spéciaux de règlement des différends et également un organe
d’appel151. L’organe de règlement des différends peut également adopter les rapports des
groupes spéciaux et des organes d’appel, garantir la surveillance de la mise en œuvre des
décisions et recommandation des groupes spéciaux, et de l’organe d’appel, et autoriser la
suspension des concessions et bien d’autres obligations qui résultent de la ZLECAf 152.
149
Il est mentionné dans l’article 6 alinéa 4 du protocole que, les Etats parties devraient à titre illustratif présenter
leurs conclusions, arguments et objections dans le délai et la forme fixés par le groupe spécial.
150
Op.cit, article 5.
151
Ibid.
152
Op.cit, article 6 et 7.
153
Ibid.
154
Op.cit, article 5 alinéa 7.
155
Op.cit, article 2
53
de procédures en vue de faciliter les rapports entre les Etats parties, notamment les
consultations les bons offices, la médiation et la conciliation.
Il est donc prévu que, lorsqu’un désaccord survient entre les Etats parties, ces derniers
doivent essayer de le régler à l’amiable. Cela est possible à travers le recours préalable à la
procédure des consultations en vue de trouver une telle solution 156. Ainsi, chaque Etat partie
s’engage à examiner toutes présentations que pourra lui adresser un autre État partie au sujet
des mesures affectant la bonne application des règles de la ZLECAf157. La requête en vue de
l’ouverture d’une procédure des consultations doit être transmise à l’Organe Règlement des
Différends. L’accent doit être mis sur les raisons de la demande, notamment l’identification
des mesures en cause et une indication du fondement juridique de la plainte 158. Il est
important de souligner par ailleurs que les consultations sont confidentielles et sans préjudice
des droits que tout État partie peut exercer dans une suite éventuelle de la procédure159. Sauf
décision contraire des parties, les consultations peuvent se tenir sur le territoire de la partie
défenderesse. A moins d’une volonté contraire des parties, les consultations sont considérées
achevées dans un délai de soixante jours. Cependant, lorsqu’il n’a pas été possible de trouver
une solution à l’amiable, la partie lésée, après notification faite aux autres parties au différend,
peut recourir à une autre action prévue dans le PRPRD. En effet, lorsqu’un État partie ne
répond pas à une demande formulée dans un délai de dix jours suivant la date de réception de
la demande, ou refuse d’engager des consultations dans un délai de trente jours, ou dans un
délai convenu par ailleurs de commun accord, après la date de réception de la demande, l’État
partie qui a demandé l’ouverture des consultations peut saisir l’ORD pour demander
l’établissement d’un Groupe spécial de règlement des différends, en vue de la résolution dudit
différend . De même, en cas d’urgence notamment pour des marchandises périssables, lorsque
les parties ne parviennent pas à régler le différend dans un délai de vingt jours après la date de
réception de la requête des consultations, la partie demanderesse peut référer l’affaire à
l’Organe de Règlement des Différends pour l’établissement d’un Groupe spécial.
Lorsqu’un État partie qui n’est pas partie au différend considère qu’il a un intérêt
commercial substantiel dans des consultations, cet État partie peut, dans un délai de dix (10)
jours à compter de la date de transmission de la demande de consultations, demander aux
parties à un différend, à être admis à participer aux consultations. Lorsque les parties au
156
Op.cit, article 6 alinéa 1
157
ibid.
158
ibid
159
ibid
54
différend reconnaissent l’existence d’un intérêt substantiel bien fondé, la tierce partie est
admise à participer aux consultations. Si la demande à participer aux consultations n’est pas
acceptée, l’État partie requérant informe l’ORD et est dans ce cas libre de demander des
consultations.
Tout État partie à un différend peut à tout moment entreprendre volontairement les
procédures de bons offices, conciliation ou de médiation. Ces procédures sont confidentielles
et sans préjudice des droits des États parties dans toutes autres procédures160.
Les bons offices, la conciliation ou la médiation peuvent être demandés à tout moment par
l'une des Parties à un différend. Ces procédures peuvent commencer à tout moment et il peut y
être mis fin à tout moment. Lorsqu'il est mis fin aux procédures de bons offices, de
conciliation ou de médiation, la Partie plaignante peut demander la mise en place d'un Groupe
spécial161. Lorsque les bons offices, la conciliation ou la médiation sont engagés après la date
de réception d'une demande de consultations, l’État partie plaignant attend que s’écoule un
délai de soixante (60) jours après la date de réception de la demande de consultations pour
demander la mise en place d'un groupe spécial. La partie plaignante 63 peut demander
l'établissement d'un groupe spécial dans le délai de soixante (60) jours si les États parties au
différend considèrent tous que les procédures de bons offices, de conciliation ou de médiation
n'ont pas abouti à un règlement du différend 162. Les États parties participant auxdites
procédures au titre du présent article peuvent suspendre ou mettre fin auxdites procédures, à
tout moment, s’ils considèrent que les bons offices, la conciliation ou la médiation n'ont pas
abouti à un règlement du différend. Si les États parties à un différend en conviennent, les
procédures de bons offices, de conciliation ou de médiation peuvent continuer pendant que les
travaux du groupe spécial se poursuivent 163.
Tout État partie à un différend peut demander au chef du Secrétariat de faciliter le
processus des bons offices, de conciliation ou de médiation, ou d’offrir de tels services. Une
telle demande est notifiée à l’ORD et au Secrétariat164.
160
Op.cit, article 8 alinéa.
161
Op.cit, article 9 alinéa2.
162
Op.cit, article 9 alinéa 3.
163
Op.cit, article 9 alinéa 4.
164
Op.cit, article 9 alinéa 5
55
Paragraphe II : les groupes spéciaux dans le cadre de la ZLECAf
Dans l’article 5 du protocole sur les règles et procédures relatives au règlement des
différends, il est mentionné que, lorsqu’il n’a pas été possible de trouver une solution à
l’amiable à travers des consultations ou les procédures des bons offices de conciliation ou de
médiation, la partie plaignante peut saisir l’Organe de règlement des Différends pour
l’établissement d’un groupe spécial. Il est question de souligner d’une part l’établissement des
groupes spéciaux (A) et d’autre part les procédures, les fonctions et l’adoption du rapport d’un
groupe spécial (B).
165
Op.cit, article 9 alinéa 1
166
Op.cit, article 9 alinéa 2.
167
Op.cit, article 9 alinéa 3.
168
Op.cit, article 9 alinéa 4
169
Op.cit, article 9 alinéa 5
170
Op.cit, p.64
56
indicative est soumise par le Secrétariat pour examen et adoption par l’ORD 171. Les personnes
inscrites sur la liste indicative doivent :
d’avoir une expertise et une expérience en droit, en commerce international et autres
questions couvertes par l’Accord ou en matière de règlement des différends découlant
des accords commerciaux internationaux ;
être choisies strictement sur la base de l’objectivité, la fiabilité et le discernement;
faire preuve d’impartialité, d’indépendance d’esprit et n’être rattaché à aucune partie
au différend ni recevoir d’instructions d’aucune de ces parties; et respecter le code de
conduite adopté par le Conseil des Ministres.
Les membres du Groupe spécial sont sélectionnés de manière à assurer leur indépendance et
intégrité et ils doivent disposer d’une expertise avérée dans les questions relevant du
différend, à moins que les parties au différend n’en conviennent autrement.
En vue d’assurer et de garantir l’impartialité et l’indépendance des membres du Groupe
spécial, des ressortissants des États parties à un différend ne font pas partie du groupe spécial
chargé du règlement du différend en question, à moins que les parties au différend n’en
conviennent autrement 172.
Le Secrétariat propose aux parties au différend des personnes désignées comme
membres du Groupe spécial. Les parties au différend ne s'opposeront pas à ces désignations,
sauf pour des raisons justifiées173. Si un accord sur la composition d’un Groupe spécial
n'intervient pas dans un délai de trente (30) jours après la date d'établissement du Groupe
spécial, le Chef du Secrétariat, à la demande de l'une ou l'autre des parties et en accord avec le
Président de l'ORD et avec le consentement des États parties au différend, détermine la
composition du groupe spécial en désignant les personnes qui lui paraissent les mieux
indiquées174. Le Président de l’ORD informe les États parties à un différend de la
composition du Groupe spécial ainsi constitué au plus tard dix (10) jours après la date à
laquelle il reçoit une telle demande. Lorsque deux (2) États sont parties à un différend, le
Groupe spécial est composé de trois (3) membres. Lorsqu’il y’a plus de deux (2) États parties
à un différend, le Groupe spécial est composé de cinq (5) membres. Les personnes appelées à
faire partie des Groupes spéciaux siègent à titre personnel et non en qualité de représentants
d’un gouvernement ou d’une organisation quelconque. Les membres du Groupe spécial ne
171
Ibid.
172
Op.cit, art art 10 alinéa 5.
173
Op.cit, art 10 alinéa 6.
174
Op.cit, article 10 alinéa 7.
57
reçoivent aucune instruction des États parties et ne sont nullement influencés par ceux-ci, lors
de l’examen des questions dont ils sont saisis.
Le Groupe spécial a le mandat ci-après, à moins que les parties au différend n’en
conviennent autrement dans un délai de vingt (20) jours à compter de la date de
l'établissement du groupe spécial :
examiner, à la lumière des dispositions pertinentes de l’Accord visé par les parties au
différend, l’affaire dont l’ORD est saisi par la partie plaignante ; et
faire des constatations propres à aider l'ORD à formuler des recommandations ou à statuer
sur la question, ainsi qu'il est prévu par l’Accord.
Le Groupe spécial examine les dispositions pertinentes de l'Accord visées par les parties
au différend.
Lorsqu'il établit un Groupe spécial, l'ORD peut autoriser son Président à en définir le
mandat en consultation avec les États parties au différend, sous réserve des dispositions de
l’alinéa 1 du présent article. Le mandat ainsi défini est communiqué par le Président à tous
les États parties. Si un mandat autre que le mandat type est accepté, tout État partie peut
soulever toute question à son sujet à l'ORD.
Il s’agit de souligner les procédures d’un groupe spécial ensuite les fonctions et l’adoption
de rapport d’un groupe spécial. Il existe plusieurs procédures nomment les procédures en cas
de la pluralité des plaignants et la procédure des groupes spéciaux.
En effet, s’agissant des procédures en cas de la pluralité des plaignants, le protocole
souligne dans son article 15 que : lorsque plusieurs Etats parties demandent la mise en place
d’un groupe spécial en relation avec la même question, un seul groupe spécial est mis en place
pour examiner leur plainte en tenant compte les droits de tous les parties concernés. Un seul
groupe spécial unique est établi pour examiner ces plaintes en cas de besoin. Ensuite, le
groupe spécial présente ses constatations l’ORD, en évitant de compromettre les avantages
dont les parties au différend auraient joui si des groupes spéciaux distincts avaient examiné
leurs plaintes respectives. Si l’une des parties au différend le demande, le groupe spécial
présente des rapports distincts concernant le différend en question. Les communications
écrites de chacune des parties plaignantes sont mise à la disposition des autres et chacune a le
droit d’être présente l’une des autres expose ses vues au groupe spécial. Ainsi, si plusieurs
58
groupes spéciaux sont établis pour examiner des plaintes relatives à la même question, les
personnes font parties de chacun de ces groupes dans toute la mesure du possible et le
calendrier des travaux des groupes spéciaux saisis de ces différends sera harmonisé 175.
En ce qui concerne la procédure des groupes spéciaux, celle-ci, met en œuvre une
flexibilité suffisante pour assurer un règlement effectif et rapide des différends. Dès lors,
après consultations, les membres du groupe spécial établissent dans un délai de (07) jours
suivant la composition du groupe spécial et la détermination de son mandat, un calendrier de
travaux de ce groupe. Le calendrier ainsi établis est transmis à tous les Etats parties 176. Ainsi,
une fois le calendrier du groupe spécial fixé, les membres de ce groupe doivent dans
l’intervalle de (10) jours ouvrables, après l’expiration du délai de (07) jours énoncés à l’alinéa
2 fixer les délais imparties pour le dépôt des communications des parties au différend. Toutes
les parties doivent ainsi se conformer aux délais fixés. Par ailleurs, le délai au cours duquel le
groupe spécial exerce ses activités, depuis la date de l’établissement du groupe spécial jusqu’à
la date à laquelle le rapport final est transmis aux parties au différend, n’excède pas (5) mois
en cas d’urgence, notamment pour le cas des marchandises périssables, le délai ne dépasse pas
quarante-cinq (45) jours.
Dans le cas où les parties au différend ne trouvent pas une solution mutuellement
satisfaisante le groupe spécial présente ses constatations sous la forme d’un rapport écrit à
l’ORD. Le groupe spécial expose dans ce rapport leurs constatations de fait, l’applicabilité des
dispositions en la matière et les justifications fondamentales de leurs constatations et
recommandations. Dans les cas où un règlement intervient entre les parties au différend, le
groupe spécial se limite dans son rapport, à exposer succinctement l’affaire et à faire savoir
qu’une solution a été trouvée. Cependant, lorsque le groupe spécial estime qu’il ne peut pas
déposer son rapport dans (5) mois, ou dans quarante-cinq jours en cas d’urgence, il informe
automatiquement l’ORD par écrit les raisons de ce retard et lui indique dans quel délai il va
pouvoir lui transmettre son rapport177.
Car, lorsqu’un groupe spécial ne peut produire un rapport dans les délais spécifiés, il le
produit dans un délai de (9) mois à compter de la date de sa composition. Les rapports du
groupe spécial sont rédigés en l’absence des parties au différend et se fondent sur les
informations et preuves fournies par les parties et tout autre organisme conformément au
protocole. Le rapport produit par le groupe spécial est unique et reflète l’opinion de la
175
ibid.
176
Ibid.
177
OP.Cit, p.68
59
majorité de ses membres. Le groupe spécial à également le pouvoir de suspendre à tout
moment ses travaux à la demande des parties au différend, pendant un délai qui n’excède pas
(12) mois et les reprend à la fin du délai convenu à la demande de l’Etat plaignant. Dans la
mesure où, l’Etat plaignant ne demande pas la levée de la suspension jusqu’à l’expiration du
délai convenu, la procédure est terminée. Toutefois, la suspension et l’arrêt du groupe spécial
sont sans préjudices sur les droits des parties au différend dans une autre instance portant sur
la même question.
La principale fonction d’un Groupe spécial est d’aider l’ORD à s’acquitter de ses
responsabilités au titre de l’Accord178. Dans l’exécution de cette fonction, le Groupe spécial
procède à une évaluation objective de la question dont il est saisi, y compris une évaluation
objective des faits, de l’applicabilité des dispositions pertinentes de l’Accord ainsi que de la
conformité des faits aux dispositions de l’Accord et formule des constatations propres à aider
l’ORD à faire des recommandations et à prendre des décisions. Le Groupe spécial consulte
régulièrement les parties à un différend et leur donne des possibilités d’élaborer une solution
mutuellement satisfaisante179.
178
Op.cit, p.66.
179
Ibid.
60
Dans cette première partie, il était question de présenter la ZLECAf. Pour ce faire, il
nous a paru important de procéder en deux étapes. La première étape nous a permis de
souligner l’ossature normative et dans la seconde étape nous avons évoqué l’architecture
institutionnelle de la ZLECAf.
S’agissant de l’ossature normative, nous avons mis l’accent sur le traité d’Abuja
comme mécanisme régional d’encadrement de la ZLECAf, en évoquant son importance dans
la libération des échanges commerciaux en Afrique et aussi le fait que, ce traité considère les
Etats comme les principaux acteurs du commerce régional. Par ailleurs, dans le traité d’Abuja,
les Communautés Economiques Régionales sont considérées non seulement comme les piliers
du commerce régional mais également comme les promotrices du développement et du
commerce régional. Nous avons également souligné l’Organisation Mondiale du commerce
(OMC) comme mécanisme international d’encadrement de la ZLECAf, en évoquant les
accords généraux de l’OMC sur le commerce de services et les tarifs douaniers de 1994
comme instrument pour la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf).
En ce qui concerne l’architecture institutionnelle, il nous a paru opportun de souligner
la structure de la ZLECAf et son fonctionnement. La structure de la ZLECAf a été présentée
comme suit, d’une part les principaux organes de la ZLECAf et d’autre part les acteurs
continentaux d’encadrement d la ZLECAf.
61
DEUXIEME PARTIE :
LES ENJEUX DE LA ZONE DE LIBRE-ECHANGE AFRICAINE
(ZLECAf) POUR L’AFRIQUE CENTRALE
62
La réalisation de l’agenda 2063 de l’Union Africaine est fortement conditionnée par le
total succès de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine. En effet, parvenir à
l’Afrique que nous voulons ne saurait être possible sans une intégration économique et
commerciale plus poussée capable de réduire et mettre fin aux différents problèmes dont le
continent est confronté. Et surtout, Longtemps observateur passif de l’évolution du volume
des échanges commerciaux intracommunautaires ailleurs dans le monde et qui représente
respectivement près de 70% en Europe, 60% en Amérique du Nord et 51% en Asie 22%180,
les dirigeants africains semblent depuis quelques années prendre conscience du déficit de la
quasi-inexistence des échanges commerciaux entre leurs pays et leurs apports sur le
développement économique et social du continent 181.
Tel que, contenu dans le traité portant sa création, la mise en œuvre de la ZLECAf
s’appuie essentiellement sur les huit (08) Communautés Economiques Régionales (CERs)
reconnues par l’Union Africaine. Ainsi, pour l’Afrique Centrale, il s’agit de la CEEAC
toutefois, 90% des Etats d’Afrique Centrale sont membres d’au moins 02 CERs 182. Dès lors, il
est nécessaire de mentionner au préalable que la question de la ZLECAf concerne entièrement
la CEMAC même si cette dernière est considérée par l’Union Africaine comme une initiative
régionale de coopération et non en tant que Communauté Economique Régionale ayant la
vocation de créer un marché commun. Le principal objectif donc de la ZLECAf, est la fusion
des marchés africains pouvant permettre au continent de combattre le sous-développement et
d’atteindre les Objectifs de Développement Durable. Ainsi, la mise en œuvre réussie de
l’accord de Libre-Echange pourrait accélérer l’augmentation de la rémunération des femmes
et sortir 30 millions de personnes dans l’extrême pauvreté d’ici 2035 183.
Selon les études menées par la CNUCED caractéristique importante du commerce
intra-africain est également la forte concentration sur quelques pays. L'Afrique du Sud est à
elle seule la source d'environ 36 % de toutes les importations intra régionales en Afrique (et
d'environ 40 % des importations intra régionales de produits manufacturés. L'Afrique du Sud
(part de 36 %) et le Nigeria (8 %), qui sont les plus grandes économies du continent,
représentent près de 50 % du commerce intra-africain, suivis par l'Égypte (5 %), la Tunisie et
la Zambie (4 % chacun).
180
« Examen statistique du commerce mondial 2018 » Organisation Mondiale du commerce (OMC), rapport,
2018, cité par SIDIBE Oumar.
181
Ibid.
182
Ibid.
183
Nation Unies, ONU Info : l’actualité Mondiale, un regard humain- https://news.un.org/fr/, consulté le 21
décembre à 21h10min.
63
Selon l’économiste en chef de la Banque Mondiale pour la région Afrique Albert
ZEUFACK « la Zone de libre-échange continentale africaine a la capacité d'accroître les
possibilités d'emploi et les revenus, ce qui contribue à élargir les perspectives de tous les
Africains. Elle devrait permettre de sortir de la pauvreté modérée environ 68 millions de
personnes et de rendre les pays africains plus compétitifs. Néanmoins, la réussite de sa mise
en œuvre sera primordiale et il conviendra notamment de suivre attentivement ses effets sur
tous les travailleurs femmes et hommes, qualifiés et non qualifiés dans tous les pays et
secteurs afin de garantir que l'accord porte pleinement ses fruits »184. De tout ce qui précède,
la ZLECAf apparait comme une aubaine pour le développement socio-économique et
commercial de l’Afrique Centrale (CHAPITRE I) mais qui implique des nombreux défis
(CHAPITRE II).
184
https://www.banquemondiale.org/fr/topic/trade/publication/the-african-continental-free-
tradearea.print.%20Zone%20de%20libre%C3%A9change%20continentale%20africaine%20:%20effets%20%C3
%A9conomiques%20et%20redistributifs.%2027%20juillet%202020. Consulté le 21/01/2022 à 22h 05min.
64
CHAPITRE III :
LA ZLECAf : UN ACCORD POUR LE DEVELOPPEMENT
DURABLE EN AFRIQUE CENTRALE
185
AUDA-NEPAD, deuxième rapport continental pour la mise en œuvre de l’agenda 2063, février 2022.
186
Op.Cit, p.10.
187
AUDA-NEPAD, Op.cit, P.3.
188
Moubarack LO et Amaye SY, Défis, opportunités, impacts et facteurs de succès de la ZLECAf, Policy
Center, Septembre 2022, PP - 13/22.
65
I) et l’accélération du développement de l’Afrique Centrale dans plusieurs domaines
(PARAGRAPHE II).
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
1990 2017
Ainsi en complétant la FMI sur le pic du commerce des biens et des marchandises atteint
en 2011, La CNUCED souligne que, sur la période allant de 2000 à 2011, le commerce intra-
africain a augmenté aussi bien en valeur nominal qu’en valeur réelle.
66
Graphique 2: L'augmentation du commerce intra-africain en valeur
nominal (2000-2011)
1.4E+11
1.2E+11
1E+11
8E+10
6E+10
4E+10
2E+10
0
2000 2011
commerce intra-africain
2000 2011
La valeur du commerce extra-africain reste néanmoins six fois supérieure aux flux
commerciaux intra-africains189. L'accord de la ZLECAf exige des pays membres qu'ils
189
Ibid.
67
suppriment progressivement les droits de douane sur au moins 97 % des lignes tarifaires qui
représentent 90 % des importations intra africaines. Les études sélectionnées montrent toutes
des effets faibles mais positifs de la suppression des droits de douane sur le bien-être et le
commerce, même si les résultats diffèrent fortement 190. Car, les pays de la Communauté
économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) appliquent encore des taux tarifaires allant jusqu'à
20 % sur les importations en provenance d'autres pays africains et régions (CNUCED 2020).
Nous évoquerons d’une part l’impact positif de la ZLECAf sur les pays d’Afrique
Centrale (A) et d’une d’autre part l’impact socio-économique négatif de la ZLECAf sur les
pays d’Afrique Centrale (B).
Le contexte externe apparait dans le cadre de la ZLECAf comme un point important pour
le développement du commerce dans une région donnée. Ainsi, du point de vue de ce contexte
externe, la ZLECAf peut être observée sous les dimensions économique, politique,
administrative et juridique, sociale et culturelle ainsi que sous celle des intervenants191.
Malgré donc les asymétries observées entre les pays africains, la santé économique de certain
pays africains apparait largement comme un atout pour le développement de ce nouveau
marché continental. A l’exemple des pays d’Afrique Centrale dont le commerce régional est
au plus bas niveau. Tandis que, les économies des pays comme l’Algérie, l’Afrique du Sud,
l’Angola, l’Egypte, le Maroc, le Nigéria ou encore le Soudan sont des moteurs pour le
développement du continent 192, il s’agit pour ces pays de tirer le commerce régional et sous
régional vers le haut.
190
Ibid.
191
Josiane LKENFACK, Charlie MBALLA, le libéralisme économique en marche : la ZLECAf ou la voie
africaine, volume 2, numéro 3, août 2019.
192
Ibid.
68
bon nombre des spécialistes, la ZLECAf constitue un accord de libre-échange le plus
ambitieux que les formules traditionnelles en la matière, étant donné qu’il dépasse les seules
considérations d’élimination des droits de douane et des quotas sur le commerce des
marchandises193. La ZLECAf est une aubaine pour l’Afrique Centrale tant pour le secteur
public et privé que pour la société civile des CERs, pour cela il faut travailler ensemble pour
rationaliser l’adoption par les CER d’une harmonisation sectorielle des politiques qui
éventuellement peuvent résoudre le problème de chevauchement »194. Aussi,
l’AFREXIMBANK apparait à la fois comme un instrument et un moyen pouvant permettre
l’atteinte des objectifs des pays de l’Afrique Centrale.
Le secteur privé est considéré depuis des années comme l’un des piliers de l’intégration
régionale195, deux objectifs ont été définis d’une part promouvoir les chaines de valeur
mondiales en d’une insertion rapide des économies africaines et d’autre part développer le
secteur numérique pour booster la croissance économique 196. La suppression des barrières
facilite l’accès à des nouveaux marchés pour la région, avec un nombre de consommateurs
assez nombreux et attire les investisseurs étrangers avec l’affluence des partenaires d’affaires
pour la région et continent.
Il est important de souligner que, les entreprises seront plus efficaces pour accroitre leurs
bénéfices avec désormais une facilité d’accès aux intrants à prix réduits ainsi qu’aux transferts
technologiques. S’agissant du secteur public et de la société civile, la ZLECAf contribue à
accélérer la transformation structurelle de l’économie à travers sa politique d’industrialisation,
qui favorise la création d’emplois, le développement du capital humain et l’amélioration du
bien-être social à travers l’entreprenariat, l’abondance des prêts à la consommation et des
biens et services.
193
Elle prend en compte le commerce des marchandises, les services, les investissements, les droits de propriété
intellectuelle et la politique de la concurrence.
194
Entretien réalisé avec Monsieur Amine Idriss Adoum, Directeur de l’exécution et de la coordination des
programmes AUDA-NEPAD, via les TIC, juillet 2022.
195
Arès, Mathieu, Eric Boulanger et Christian Deblock, « d’un régionalisme à l’autre : Intégration ou
Interconnexion ? », Revue Interventions Economiques, numéro 55, 2016.
196
Ibid.
69
l’Ouest et de l’Est, suivie par l’Afrique centrale, l’Afrique du Nord et l’Afrique australe 197.
Toujours d’après l’étude, l’ouverture accrue du commerce permettra d’accroître les gains de
productivité découlant des transferts de technologie et l’accès à des prix plus bas augmentera
l’accès des ménages à un plus grand nombre de biens.
Toujours, selon le NEPAD, l’accord crée des gains de productivité supplémentaires qui
peuvent débloquer 1,4 milliard de dollars supplémentaires d’activité économique d’ici 2063
(3,4 % du PIB à cette date), bien que ces gains ne soient pas répartis de manière égale au
niveau régional. Les plus grands gains de croissance du PIB en 2063 reviennent à l’Afrique de
l’Ouest (1,3 trillion de dollars), à l’Afrique de l’Est (560 milliards de dollars), à l’Afrique
centrale (430 milliards de dollars). L’étude souligne par ailleurs que, c’est en Afrique Centrale
(13,3 %) que la ZLECAf a la plus grande capacité d’augmenter le PIB à long terme. la
ZLECAf offre une opportunité à contribuer au développement des chaînes de valeur
régionales qui recèlent un potentiel considérable étant donné la croissance prévisible de la
population de la région et l’essor de la classe moyenne urbaine. Elle permet aussi au continent
de mieux valoriser les chaînes de valeur mondiales 198. Le protocole pour le commerce des
services de la ZLECAf est un excellent outil pour le développement du commerce des
services en Afrique Centrale. En effet, Le Protocole a pour ambition d’accroître le commerce
intra africain en levant les obstacles au commerce des services et à la circulation des
personnes et des capitaux sur le continent, en vue de la création d’un marché unique des
services pour l’Afrique, et en encourageant les investissements dans des services
d’infrastructure essentiels, tels que l’énergie, les TIC et les transports. Une grande partie du
contenu du Protocole sur le commerce des services est tirée des dispositions de l’Accord
général sur le commerce des services (AGCS) de l’Organisation mondiale du commerce. Les
États membres de l’UA ont décidé d’utiliser cet accord comme base, mais d’élaborer un texte
légèrement différent 199.
197
AUDA-NEPAD, op.cit, p.15.
198
MARSIGNE Samedi, la prise en compte des Objectifs de développement Durable dans la mise en œuvre de la
Zone de Libre-Echange Continentale Africaine, mémoire, 2021, p.82.
199
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les futurs de la ZLECAf : Au service des
femmes, 2020.
70
seront partagées dans la région de manière plus rapide et plus simple, et des connaissances et
compétences seront échangées entre les individus à travers toute l’Afrique200.
Il est estimé que, certains pays parmi lesquels : le Tchad, la République démocratique du
Congo, les Comores et la République centrafricaine dépendent tous des tarifs intra-africains
pour plus de 5 % des recettes publiques totales. Ainsi, en période de pleine application de la
ZLECAf en 2025, 24 pays devraient subir des pertes nettes de recettes supérieures à 1 % par
rapport à la trajectoire actuelle. Ces pays intra africains tributaires des tarifs douaniers seront
probablement confrontés à une période d’ajustement difficile à moyen terme 201. D’aucuns
craignaient un éventuel recours accru aux barrières non tarifaires (qui peuvent inclure des
normes et des réglementations techniques) pour limiter les importations en provenance d’États
parties à l’Accord. En raison du nombre élevé de devises, les systèmes de paiement étaient
également source d’inquiétude, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises
(PME)202.
Cette ouverture des marchés africains tels que voulu par l’UA pourrait accroitre
d’avantage la dépendance des économies africaines à importation et ruinerait les productions
locales203. Cet accord est d’ailleurs décrié par de nombreux pays africains notamment le
Nigeria qui le perçoit comme une menace pour son programme d’industrialisation comme sa
ratification du traité de la ZLECAF séjournée pour évaluation d’impact pour son secteur
industriel. Cette attitude du Nigeria constitue l’un des défis qu’à affronte l’UA dans la mise en
œuvre du projet de la ZLECAF204.
Même si l’on peut encore fortement développer le commerce en Afrique, les avantages et
les coûts liés à l’expansion des échanges commerciaux peuvent se ré- partir inégalement au
sein des pays et entre eux. En Afrique, les inégalités sont très importantes. Il n’est donc pas
inutile d’examiner les effets que l’augmentation des flux commerciaux associée à la ZLECAf
200
Op.cit, p.60.
201
Ibid.
202
Reda Cherif et Yunhui Zhao, La zone de libre-échange continentale changera-t-elle la donne en Afrique ?,
perspective économique régionale : Afrique subsaharienne, p.41-57, 2019.
203
Jacques Berthelot, « L’agriculture africaine dans la tenaille libre-échangiste », Le Monde Diplomatique, 2017,
cité par SIDIBE Oumar.
204
Ibid.
71
pourrait avoir sur ce plan205. Ainsi, « l’une des craintes concernant la ZLECAf est que les
réductions tarifaires entraînent des pertes de recettes et créent des tensions budgétaires, par
conséquent un pays comme le Tchad risque de connaitre l’un des pires crises économiques de
son existence »206.
L’importance du secteur informel dans en Afrique Centrale en particulier et dans les pays
africains en général est l’une des raisons pour lesquelles le renforcement de l’intégration
commerciale y a des effets limités sur les inégalités. Par nature, le secteur informel est plus
inégalitaire (s’il concerne surtout des activités peu qualifiées) et concentré dans les biens et
les services non exportables, ce qui le rend relativement insensible aux effets de l’intégration
commerciale et isole une grande partie de la population des effets du commerce.
Ainsi, ces dispositions démontrent clairement l’engagement des pays africains en faveur
de l’égalité du genre, de l’autonomisation des femmes et du développement des jeunes. En
conséquence, la ZLECAf créé des opportunités commerciales et entrepreneuriales pour les
femmes travaillant dans les divers secteurs de l’économie formelle ou informelle, notamment
dans le domaine de l’agriculture, la fabrication et les services. Selon le rapport le rapport du
PNUD, l’idéal d’un commerce inclusif, avec les débouchés pour les femmes et les jeunes,
figure dans le préambule et les objectifs généraux de l’accord sur la ZLECAf, qui met l’accent
205
Sept des dix pays les plus inégalitaires au monde sont en Afrique
(www.indexmundi.com/facts/indicators/si.pov.gini/rankings)
206
Entretien effectué avec Monsieur DJERANE Siméon, doctorant en relations et études stratégiques à
l’université de Yaoundé II, le 31 octobre 2022 à 16h 12m.
207
Op.cit, PNUD, 2016, p.4.
208
Ibid.
72
sur l’importance du genre209. « La coopération entre les Etats sera déterminante, dans cette
optique de réduction de la pauvreté en Afrique Centrale, cette coopération qui est caractérisé
par la mise en œuvre de la ZLECAf et qui a commencé depuis la création de l’Organisation
de l’Unité Africaine »210.
Le protocole sur le commerce des services prévoit en effet explicitement de renforcer les
capacités d’exportation des femmes et des jeunes. Il faut souligner que, le dividende
démographique était également bien présent à l’esprit des négociateurs, car d’ici 2050, la
population africaine devrait compter 2,5 milliards de personnes et représenter 26% de la
population mondiale en âge de travailler 211. Il était donc primordial de créer des emplois pour
les jeunes qui arrivent sur le marché du travail chaque année en Afrique. De nos jours
beaucoup de jeunes entrepreneurs se tournent de plus en plus en plus vers les secteurs liés aux
TIC qui servent l’économie numérique, la libéralisation progressive de ces services permettra
donc de propulser le commerce numérique à travers toute l’Afrique centrale.
Alors que le commerce électronique enregistre une croissance annuelle de 40% en Afrique
et pèsera plus de 300 milliards d’ici 2025 212. Cette croissance du commerce numérique
profitera donc également au pays de l’Afrique Centrale. Toutefois, cette croissance pourrait se
voir freiner en l’absence de solide système des droits de propriété intellectuelle permettant de
protéger les créations des inventeurs. Ainsi, concernant les jeunes et les femmes, il sera
crucial de veiller à ce que la ZLECAf soit mise en œuvre de sorte que les changements
relatifs aux échanges commerciaux se traduisent par des avancées perceptibles sur le terrain
pour l’ensemble de la société. Faute d’une solution à certains des obstacles au commerce que
rencontrent les petites entreprises en général, et les jeunes et les femmes en particulier, il
pourrait rester difficile pour les chefs d’entreprises d’opérer au niveau international.
Ainsi, es avantages apportés par la réduction de ces obstacles devaient pas seulement
profiter aux acteurs du commerce régulier, dès lors, les entrepreneurs poursuivront leurs
différentes activités dans le secteur informel devraient pouvoir en profiter 213. Pour ce faire la
ZLECAf devrait contribuer concrètement à la régulation de l’économie informelle en
réduisant les entraves au commerce qui peuvent s’avérer onéreuses pour les acteurs du secteur
informel.
209
Ibid.
210
Entretien effectué avec Monsieur ALLAHMNE MINDA Benjamin, via les TIC, août 2022.
211
Programme des Unies pour le Développement (PNUD), op.cit, P.33.
212
Ibid.
213
Ibid.
73
B- Le développement de l’agroalimentaire et des chaines de valeurs régionales
En 2016, les échanges commerciaux dans les Communautés Economiques Régionales ont
été considérables, comme l’illustre le graphique ci-dessous.
CEEAC 8000000
IGAD 2500000000
CAE 3100000000
UMA 4200000000
COMESA 10700000000
CEDEAO 11400000000
CEN-SAD 18700000000
SADC 34700000000
2016
214
Op.cit, p.30.
215
Ibid.
74
produits agricoles216. Les possibilités de développer le commerce intra régional sont
particulièrement importantes pour certains produits de base liés à l’agriculture notamment les
produits alimentaires et aussi les produits liés aux industries manufacturières, ainsi que dans
certaines communautés économiques sous régionales africaines où le volume des échanges est
particulièrement plus bas que dans d’autres communautés 217. C’est allant dans ce sens que,
l’initiative sur le commerce guidé a été lancée le 07 octobre 2022.
En effet, l’initiative sur le commerce guidé vise à permettre des échanges commerciaux
assez importantes et donc à tester ainsi, l’environnement opérationnel, institutionnel, juridique
et de politique commerciale de la ZLECAf. D’après le secrétaire générale de la ZLECAf, les
produits prévus dans le cadre de cette initiative comprennent les carreaux de céramique, les
accumulateurs, le thé, le café, les produits carnés transformés, l’amidon de maïs, le sucre, les
pâtes, le sirop de glucose, les fruits secs et la fibre de sisal entre autres, conformément à
l’accent mis par la ZLECAf sur le développement de la chaine de valeur 218. D’autres pays
pourront également prendre part à cette initiative notamment, les pays ayant satisfait aux
exigences et ont déployé le livre des tarifs douaniers électroniques de la ZLECAf et le manuel
des règles d’origine, qui ont officiellement publié leurs taux tarifaires et les ont fait approuver
par le secrétariat, pourront également prendre part à l’initiative sur le commerce guidé.
Le 10 mars 2022, trois institutions internationales ont déclaré aidé les pays africains dans
la mise en œuvre effective de la ZLECAf, notamment le cadre intégré renforcé (CIR), la
Commission Economiques des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et la société
Internationales Islamique de financement du commerce (SIFC) 220. C’est ainsi que, la sous-
secrétaire générale des Nations Unies et secrétaire exécutive de la CEA avait souligné que, ce
216
Simon Yannick FOUDA EKOBENA, commerce intra régional et croissance économique : quels enjeux pour
la sécurité alimentaire dans l’espace CEMAC, contribution pour la conférence annuelle du Projet d’analyse du
commerce mondial (GTAP), 2014.
217
Op.cit, P.42.
218
Les pays qui participent à cette initiative sont : le Cameroun, l’Egypte, le Ghana, le Kenya, Maurice, le
Rwanda, la Tanzanie et la Tunisie représentant ainsi toutes les cinq régions d’Afrique.
219
www.un.org/africaenewal/fr/magazine/, l’initiative sur le commerce guidé prend son envol, octobre-2022.
220
Le projet vise à soutenir plus de 30 activités dans les stratégies de la ZLECAf du Burkina Faso, de la Cote
d’ivoire, de la guinée, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Togo et de la Tunisie.
75
projet conjoint peut potentiellement faire passer les niveaux de commerce régional de 18% à
25% en une seule décennie221. Le représentant permanent de la suède auprès de l’OMC a
déclaré que ce projet témoigne de l’importance pour le CIR de continuer à encourager la
programmation régionale et d’approfondir les relations avec les partenaires pour leur relance
économique et donc du développement de l’agriculture à travers la transformation des
produits locaux222.
221
www.agenceecofin.com/economie/1403-957741, la ZLECAf : trois institutions internationales vont aider les
pays africains à la rendre opérationnelle, mars 2022.
222
www.uneca.org, nouveau projet d’appui de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine, 2022.
76
Paragraphe I : LA ZLECAf : Un outil de lutte contre le changement climatique en
Afrique Centrale
Bien que l’Afrique n’ait que peu contribué aux changements climatiques, elle subit certains de
ses effets les plus dévastateurs. Selon les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat, l’Afrique devrait être durement touchée par les changements
climatiques, avec une augmentation des températures supérieure à la médiane mondiale, une
multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes et l’assèchement accru des régions
arides. L’Accord de Paris contient l’engagement de maintenir le réchauffement climatique
mondial bien en deçà de la barre des 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de
poursuivre les efforts pour limiter cette hausse des températures à 1,5 °C 224.
Une étude du PNUD prend pour exemple, Dans le scénario d’un réchauffement élevé,
le Soudan et la République-Unie de Tanzanie pourraient, par exemple, tous deux perdre 18,6
% de leur PIB d’ici 2050, selon les estimations. La Guinée-Bissau, le Libéria et la Mauritanie
pourraient quant à eux connaître une diminution de 16 % de leur PIB d’ici la moitié du
siècle225. Le Niger pourrait voir son PIB chuter de 19,8 %. Les chocs météorologiques
attribuables à des conditions climatiques, tels que le cyclone Idai, qui a causé des dégâts
s’élevant à 2 milliards USD au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe, menacent
gravement le développement. La sécheresse de 2019 a provoqué une inflation de 8 % au
Mozambique et de 19,3 % au Malawi.
223
Banque Africaine de Développement, Les solutions pour le changement climatique : la réponse de la Banque
africaine de développement aux impacts en Afrique, 2012, p.01.
224
Op.cit, p.21.
225
PNUD, op.cit, p.22.
77
turbines et les systèmes photovoltaïques, des listes de produits sensibles et exclus ; libéraliser
en priorité le commerce des services concernant l’environnement étant donné que ce secteur
ne
figure pas parmi les cinq secteurs de services prioritaires (C’est-à-dire services fournis aux
entreprises, services financiers, services de transports, services de communication et services
de tourisme) définis par les négociateurs de la ZLECAf comme étant les premiers à devoir
être libéralisés ; accorder l’attention nécessaire à l’harmonisation et au renforcement des
normes et réglementations environnementales en vertu des dispositions marchandises et du
Protocole sur le commerce des services de la ZLECAf ainsi que dans le cadre du programme
africain sur les normes de qualité ; et pleinement tenir compte des considérations climatiques
dans les négociations sur les investissements, les droits de propriété intellectuelle, la politique
de concurrence et le commerce électronique.
L’ODD 13 (lutte contre les changements climatiques) met lui aussi en évidence l’urgence
de coopérer à l’échelle mondiale pour lutter contre les changements climatiques 226. Au titre de
cet ODD, les pays sont invités à intégrer des mesures de lutte contre les changements
climatiques dans leurs politiques, stratégies et planifications nationales, notamment au travers
d’un soutien en matière de financement, de capacités et de technologies pour faciliter la
transition verte des pays en développement. Cette transition exige avant tout de se détourner
des systèmes énergétiques à haute intensité de carbone pour adopter une production d’énergie
reposant sur le renouvelable, et d’utiliser davantage les outils d’atténuation et d’adaptation.
226
Op.cit, p.40.
78
propres ainsi que dans les emplois et les infrastructures verts. Dans un avenir proche, une
nouvelle alliance transatlantique pour la lutte contre les changements climatiques pourrait voir
le jour pour donner l’impulsion mondiale qui permettra de donner un nouveau souffle à
l’Accord de Paris227.
Dès lors, la mise en œuvre de la ZLECAf s’inscrira dans le contexte d’une dynamique
favorable à cette transition. Les engagements plus importants en faveur de solutions de
production et de livraison sans incidence négative sur le climat, facilitées par des technologies
présentant un bon rapport coût-efficacité, auront un impact sur le commerce et les
investissements. Le non-respect des règles en vigueur coûtera de plus en plus cher à mesure
que les sanctions seront appliquées. Les chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales
devront de plus en plus s’aligner sur les comportements des consommateurs, qui refléteront
leur préférence pour des solutions respectueuses de l’environnement et des processus de
production durables.
Dans son discours, le coordonnateur d’ATPC, David Luke souligne que, la ZLECAf offre
au continent africain une opportunité de lutter contre le changement climatique car « une
adaptation bien encadrée au changement climatique offre une opportunité d’expansion du
commerce dans le cadre de la ZLECAf à travers les chaînes de valeurs régionales et
mondiales »228. Ainsi, le développement durable est d’une importance primordiale pour
l’Afrique et la ZLECAf peut jouer un rôle clé dans la réalisation de cet objectif, notamment en
soutenant un changement dans les modèles de production loin de la dépendance vis-à-vis des
industries extractives des matières premières 229. Aussi, la consultante principale de
l’évaluation environnementale stratégique, Hannah Ryder, déclare que, une évaluation
environnementale de la ZLECAf est plus que jamais nécessaire puisque la COVID-19 a
démontré la nécessité d’établir des chaînes d’apprivoisement régionales plus résilientes qui
peuvent mieux gérer les effets du changement climatique 230.
227
Ibid.
228
www.uneca.org, l’ATPC entreprend la toute première évaluation environnementale de la ZLECAf pour
inaugurer un commerce respectueux de l’environnement sur le continent, avril 2021.
229
Ibid.
230
Ibid.
79
Paragraphe II : La ZLECAf : Une opportunité pour la conservation de la nature en
Afrique Centrale
Un moyen pour la conservation de la nature à travers l’exploitation des ressources
renouvelables (A) et la conservation de la Biodiversité (B)
Vu l’importance des enjeux liés aux forêts d’Afrique centrale, les Etats de cet espace
géographique avaient décidé de mettre sur pieds, une Commission des Forêts d’Afrique
centrale (COMIFAC) à travers un traité signé en 2005 à Brazzaville au Congo. La COMIFAC
fut ainsi reconnue comme une institution spécialisée de la CEEAC. Le traité de la COMIFAC
231
MARSIGNE Samedi, op.Cit, p.58.
232
Ibid.
233
Ibid.
80
a pour but de parvenir à une conservation et à une gestion durable des écosystèmes forestiers
d’Afrique centrale grâce à une coopération sous régionale en la matière. La volonté des dix
Etats signataires de ce traité est de faire émerger une vision commune et d’œuvrer ensemble
pour la préservation de leurs forêts234.
Il est évident qu’une transition vers des stratégies de croissance verte, notamment au
travers de l’utilisation durable des abondantes ressources de l’Afrique riches en biodiversité,
pourrait avoir un impact positif sur l’emploi. Actuellement, la part des biens
environnementaux dans l’ensemble des échanges commerciaux de l’Afrique est négligeable.
En moyenne, l’Afrique a importé pour 20 milliards USD de biens environnementaux entre
2014 et 2018, ce qui représente 3,6 % de ses importations totales, et seulement 0,84 % de
l’ensemble de ses exportations concernaient ce type de biens. À l’échelle de la planète,
l’Afrique ne représente que 3,4 % des importations de biens environnementaux et 0,71 % des
exportations235.
2014-2018
234
Emmanuel Kam Yogo, Op.cit, p.12.
235
Ibid.
81
En utilisant de manière efficace les services écosystèmes de manière efficace on peut
protéger les ressources naturelles et augmenter donc ainsi le volume des échanges aussi bien
au sein de la région qu’avec le reste du monde, et cette protection est assurée avec des coûts
supplémentaires minimes ou nuls236. L’approche fondée sur l’écosystème est méthode
agricole qui favorise la conservation et la durabilité grâce à une gestion intégrée des terres, de
l’eau et des ressources. Cette approche augmente le volume des échanges agricoles grâce à
des rendements plus élevés. Aussi, un plus recours à l’approche fondée sur les écosystèmes
favorisera le passage de méthodes traditionnelles à des méthodes agricoles durables parce que
le marché mondial des biens et services environnementaux connait une croissance rapide.
236
UN, le commerce en Afrique : une affaire inachevée, volume 28, n°2, 2014.
82
Dans ce présent chapitre, nous nous sommes appesantis sur les enjeux de la ZLECAf.
De ce fait, nous avons mis un accent particulier sur les enjeux socio-économiques et les
enjeux environnementaux.
Les enjeux socio-économiques sont tournés vers les possibilités de libéralisation du
commerce pour la région à travers l’impact positif de la ZLECAf sur les pays d’Afrique
Centrale et surtout le possible impact négatif qu’elle aura à court terme sur les économies des
Etats de la région, car plusieurs pays à l’instar du Tchad, de la République Centrafricaine, et
de la République Démocratique du Congo dépendent tous des tarifs douaniers intra-africains.
Les enjeux sociaux concernent non seulement la prise en compte des questions de genre et la
réduction de la pauvreté mais aussi le développement de l’agroalimentaire et des chaines de
valeur régionales.
S’agissant des enjeux environnementaux, nous avons souligné le fait que, la ZLECAf
apparait d’une part comme un moyen de lutte contre le changement le climatique et d’autre
part comme un moyen pour la conservation de la nature par le biais de l’exploitation des
ressources renouvelables et de la conservation de la biodiversité et de l’écosystème.
83
CHAPITRE IV :
LES DEFIS LIES A LA MISE EN ŒUVRE DE LA ZLECAF EN
AFRIQUE CENTRALE
Mis à part les droits de douane, l’état des routes est un véritable obstacle au commerce
entre les régions d’Afrique plus que dans d’autres régions du monde, c’est le signe que
certains facteurs non tarifaires alourdissent singulièrement le coût du commerce des
marchandises pour les pays africains et contribuent sans doute aux déficits commerciaux
régionaux.
L’un des facteurs essentiels est la médiocrité des services facilitant les échanges,
comme la logistique et les infrastructures de transport, les procédures à la frontière et les
pratiques douanières. Les barrières non tarifaires courantes telles que les contingents, les
licences et les règles d’origine complexes ou dissemblables ainsi que les obstacles sanitaires,
phytosanitaires et techniques jouent également un rôle critique, de même que l’absence
d’environnement économique et réglementaire approprié. À cet égard, les pays africains font
partie des pays où les coûts non tarifaires du commerce sont les plus élevés au monde237.
Compte tenu de la multiplicité des défis à relever pour la mise en œuvre effective de la
ZLECAf, nous avons décidé dans le cadre de ce chapitre de regrouper d’une part les défis
d’ordre endogène (SECTION I) et d’autre part les défis d’ordre exogène (SECTION II).
237
Op.cit, p.48.
84
routes, de voies ferrées, de télécommunications et d'oléoducs238. Il notamment des défis
d’ordre endogène (Paragraphe I) et des défis d’ordre exogène (Paragraphe II).
Ainsi, en ce qui concerne les défis endogènes, l’accent sera mis d’une part sur la multi
appartenance des Etats à plusieurs CERs comme frein au développement économique et
commercial en Afrique Centrale (A) et d’autre part sur les barrières non tarifaires (BNT)
comme principal obstacle au développement économique et commercial et Afrique
Centrale(B).
238
Commission de l’Union Africaine : Département des affaires économiques, rapport sur l’état d’intégration
régionale en Afrique, février 2018.
239
Il s’agit de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), la Communauté
Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs
(CEPLG). L’adhésion des Etats à plusieurs CERs implique le non-respect par la plupart des États concernés du
respect leurs obligations financières à l’égard des CERs auxquelles ils appartiennent. En conséquence, les pays
sont lents à ratifier les traités et n’appliquent pas les programmes intégrateurs dont ils ont convenu. Or l’absence
de mise en application de ceux-ci entrave le développement des échanges intra-communautaires. Aussi,
l’appartenance des pays à plusieurs CER en même temps influence négativement le commerce intra-zone via la
multiplication des procédures d’agréments des produits, des modèles de preuves documentaires de l’origine, des
droits compensatoires et surtout des règles d’origine.
240
Gislain Stéphane GANDJON FANKEM, op.cit, p.60.
241
Op.Cit, p.26.
85
Tableau 1 : Appartenance des pays d’Afrique Centrale à plusieurs CER
SEN-
Pays CEEAC CEMAC CEPLG COMESA CAE SADC Total
SAD
Angola 3
Burundi 4
Cameroun 2
Congo 2
Gabon 2
Guinée 2
Equatoriale
RCA 3
RDC 4
Rwanda 3
Sao Tomé 1
et Principe
Tchad 3
Les communautés économiques régionales africaines ont tendance à réaliser une part
importante de leurs échanges commerciaux en Afrique au sein de leurs propres blocs
commerciaux régionaux242. À l’exception de la Communauté économique des États de
l’Afrique centrale (CEEAC) concernant cette dernière l’un des principaux problèmes réside
dans l’appartenance des Etats membres à plusieurs CERs. La coexistence de la CEEAC avec
la CEMAC dans la même région et les adhésions multiples des Etats d’Afrique centrale aux
CER altèrent le processus d’intégration économique régionale dans cette partie du continent.
Pour surmonter ces obstacles et faire des CER de véritables instruments de développement,
les Etats africains ont opté depuis le Traité d’Abuja en 1991 pour la rationalisation de celles-
ci243. En Afrique Centrale, les adhésions multiples ont plutôt pour résultat le non-paiement des
contributions financières de la plupart des États vis-à-vis des CER. En conséquence, les pays
sont lents à ratifier les traités et n’appliquent pas les programmes convenus (notamment en ce
qui concerne les infrastructures, la convergence des politiques macroéconomiques, la libre
242
CNUCED, op.Cit, P.142.
243
OpCit, P.18
86
circulation des personnes et des biens, le droit d’établissement, l’énergie, la paix et la
sécurité)244.
SEN-
CEEAC CEMAC CEPLG COMESA CAE SADC
SAD
Objectifs,
définitions
générales
Règles d’origine
Barrières non
tarifaires
Convergence des
pol. macro.
Transit et facilités
de transit
Coopération
douanière
Fonds de
compensation
Libre circulation et
droit
d’établissement
Chambre de
compensation
Agriculture
Industrie
Transports et
communications
Sciences et
technologies
Énergie
Ressources
naturelles
Éducation,
formation et
culture
Tourisme
Procédures et doc.
Commerciaux
Investissement
Paix et sécurité
87
Les ressources limitées des communautés économiques régionales ne leur permettent pas
de contribuer pleinement à plus d’une institution multilatérale car, l’appartenance à plusieurs
communautés nécessite de suivre l’évolution rapide des réalités économiques, politiques et
sécuritaires. Le chevauchement des CERs met par ailleurs en concurrence les Etats
appartenant à différentes communautés économiques régionales.
Pendant que la ZLECAf ambitionne de supprimer des obstacles liés aux barrières tarifaires,
il est de plus en plus évident que la persistance des barrières non-tarifaires (BNT) qui ont étouffé le
commerce transfrontalier dans le passé pourrait continuer à constituer un obstacle majeur pendant la
mise en œuvre de ce vaste marché. En effet, améliorer la logistique du commerce les services
douaniers par exemple et remédier à la médiocrité de l’infrastructure pourraient quadrupler l’efficacité
d’une baisse des droits de douane pour stimuler les échanges. En outre, la réduction des obstacles non
tarifaires accentuerait l’effet stimulant des baisses de droits de douane sur le commerce, surtout dans
les pays enclavés et à faible revenu.
245
C’est lors de la 13éme conférence des chefs d’Etats et de gouvernement de la CEEAC tenue en octobre 2007
à Brazzaville, que les présidents en exercice de la CEMAC et de la CEEAC avaient décider de la mise en place
d’un comité de pilotage pour assurer la rationalisation des deux principales communautés.
88
continental246. Cela nécessitera une amélioration de la gouvernance, une réduction de la
corruption et un accompagnement notable des flux transfrontaliers. Cet accompagnement
(avec des accords de partage de données améliorés) devrait être une priorité. L’amélioration
du traitement du commerce transfrontalier devrait également être une priorité de
l’amélioration de la capacité de gouvernance pour stimuler le commerce dans le contexte de la
ZLECAf.
En ce qui concerne les défis d’ordre exogène de la ZLECAf, il s’agit d’une part des
Accords de Partenariat Economiques (APE) et la dépendance économique des Etats d’Afrique
Centrale (A) d’autre part de la dépendance alimentaire et de l’absence de transfert de
technologie (B).
Plusieurs analyses ont été faites et la conclusion étant que, dans le cadre des APE,
l’Afrique va perdre des revenus considérables si l’on supprimait entièrement les taxes sur les
importations en provenance de l’Union européenne. En effet, alors que de moins en moins de
246
NEPAD, op.cit, p.19.
247
Moubarack LO et Amaye SY, op.Cit, p.12.
89
pays alimentent leurs recettes par les droits de douane, certaines estimations récentes montrent
qu’à long terme, les pays africains pourraient perdre jusqu’à 71 % de leurs recettes douanières
avec ce genre d’accord248. Dès lors, les pays signataires de l’accord doivent donc étudier avec
une plus grande attention les dispositions de cet accord. Les conséquences négatives
découlant des APE sont nombreuses. On peut évoquer l'érection des producteurs locaux, la
baisse des échanges intra-africains au profit des échanges entre les pays de la ZLECAf et UE,
le détournement de commerce et la chute des recettes budgétaires se rattachant au droit de
douane249.
Autre conséquence des APE, est le fait que, du fait de baisse des prix considérable qui
aura lieu dans le cadre de cet accord, les produits locaux risqueront de perdre en valeur et en
visibilité. Aussi, le risque de désindustrialisation de l’Afrique des pays de l’Afrique Centrale
s’accroit dans le cadre de cet accord. L’industrialisation qui est déjà dans un niveau très bas
dans cette région. Par ailleurs, la production agricole et avicole est également en grand
danger. Car, les agriculteurs et les aviculteurs de nombreux pays d’Afrique Centrale seront
soumis à la concurrence directe et inégale des producteurs européens.
Bien que l’Union Européenne ait décidé d’augmenter l’accès au marché, pour tous les
pays d’Afrique Centrale, rien ne laisse être enthousiaste qu’il en sera ainsi. Surtout que, les
pays d’Afrique Centrale devront faire face non seulement à des règles d’origine très stricte qui
limite le nombre d’exportation préférentiel mais également au renforcement continu des
mesures sanitaire et phytosanitaires qui entravent l’accès au marché européen. Aussi, il existe
manque d’autonomie régionale car les principales décisions sont fréquemment prises à
l’extérieur250. Compte tenu de ce qui précède, d’autres partenaires tels que la Chine et l’Inde
risquent de solliciter les mêmes avantages pour ne pas voir leurs produits être moins
compétitifs que ceux des pays de l’UE sur le marché des pays signataires. Étant donné que ces
accords prévoient l'interdiction de l'augmentation ou de la création de droits de douane à
l'importation, les conséquences risquent de pénaliser fortement l’économie des pays africains
signataires.
248
Op.cit, p.61.
249
L'intervention lors du colloque organisé par Pluriagri, Notre Europe et FARM les 27,28 et 29 novembre
2006, sous le thème « quel cadre pour les politiques agricoles, demain, en Europe et dans les pays en
développement ?» cité par Jean C. Boungou Bazika dans son article intitulé, « les APE: atouts et freins à
l'intégration régionale des pays de la CEMAC» et par MARSIGNE Samedi dans son mémoire intitulé «La prise
en compte des objectifs de développement durable dans la mise en œuvre de la ZLECAf ».
250
Alfredo Suarez, Contraintes et perspectives de l’intégration économique en Afrique, Critique économique, n°
37, 2018, p.101-115.
90
B. La dépendance alimentaire et l’instabilité politique comme frein à la ZLECAf en
Afrique Centrale
D’après les études effectuées, les dépenses de l’Afrique relatives à l’importation des
produits alimentaires sont énormes, en 2016 la facture s’est élevée à 35 milliards de dollars
Africains. Et si cela continu, on atteindra 110 milliards de dollars d’ici 2025 251. Les pays les
moins avancés (PMA) souffrent de graves handicaps qui nécessitent à ce titre l’appui
particulier de la part de la communauté internationale 252.
D’après une étude effectuée par l’OCDE, parmi les producteurs régionaux,
l’amélioration de la productivité est indispensable pour pouvoir relever, à terme, le « défi fin
zéro »253. Toujours selon l’étude, il faut aussi des relations commerciales ouvertes et fiables
pour garantir la sécurité alimentaire, sinon l’Afrique subsaharienne de manière générale et les
pays d’Afrique Centrale en particulier vont de plus en plus dépendre des importations en
provenance d’autres régions, car la hausse de la demande ne pourra pas être satisfaite en
totalité par la production locale.
Les conflits et les chocs climatiques subis par la production sont les principaux
facteurs qui expliquent la recrudescence récente de la sous-alimentation, en particulier en
Afrique Centrale. Les guerres et les troubles civils perturbent les activités économiques, réduit
les recettes en devises et désorganisent la production vivrière locale 254. La dépendance à
l’égard des importations alimentaires, en particulier des importations de céréales, demeure
élevée dans plusieurs des PMA les plus touchés par l’insécurité alimentaires à tous les
niveaux. Dans les pays où ils existent les chocs climatiques et les climats ont des
conséquences très négatives sur la sécurité alimentaire des populations. En 2016, ils ont
gravement compromis la sécurité alimentaire dans plusieurs PMA 255.
251
BAD, nourrir l’Afrique : Assurer la transformation agricole de l’Afrique, 2018.
252
OCDE/FAO, perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2018-2027, Paris, Editions OCDE, 2018, p.35.
253
Ibid.
254
Ibid.
255
Il s’agit de l’Afghanistan, le Burundi, la RCA, la RDC, la Somalie, Soudan du Sud et Yémen.
91
mesure d’atteindre l’objectif de développement durable fixé par l’ONU qui prévoit
d’éradiquer la malnutrition partout en Afrique d’ici 2030256. Pour arriver à cela, il va falloir
doubler d’efforts pour apaiser les conflits tout en aidant les petites et moyennes entreprises à
accroitre la production locale et à améliorer leur résilience face au changement climatique et
aux chocs météorologiques.
S’agissant de l’instabilité politique, elle a un impact sur tous les programmes qu’un
pays peut entreprendre, lorsqu’un Etat qui est membre d’une organisation régionale fait face à
des problèmes d’insécurité, c’est souvent toute la région qui est plus ou moins touchée.
L’impact de de l’instabilité politique sur les projets d’intégration en Afrique, peut être observé
dans plusieurs domaines260.
256
Ibid.
257
Forum d’expert de haut niveau, le défi spécifique de l’Afrique subsaharienne, Rome, 2009.
258
Ibid.
259
Op.cit, p.95.
260
Issaka Souaré, regard critique sur l’intégration Africaine : comment relever les défis, institut d’étude de
sécurité, n°140, 2007, p.1-10.
92
plusieurs pays d’une même région sont engagés dans des guerres fratricides ou le terrorisme
au même moment notamment le cas des deux Soudans, le Tchad ou même le Cameroun ou
même les guerres interétatiques (l’Ethiopie contre l’Erythrée).
Enfin, l’instabilité politique à un impact sur les projets intégrateurs à travers le fait
qu’elle ne permet pas la libre circulation des biens et des personnes entre les Etats qui font
face aux conflits internes et au terrorisme. Surtout, les investisseurs étrangers peuvent être
retissants, car personne ne peut décider d’investir son argent dans un endroit où l’insécurité
est galopante. Dès lors, l’instabilité politique met en mal non seulement le développement
économique et commercial mais détruit aussi une grande partie des budgets des communautés
économiques régionales.
Par ces termes, on mettre l’accent sur le fait que, un commerce régional qui répond au
développement des pays d’Afrique Centrale nécessite la prise en compte d’un certain nombre
d’obstacle et l’envie d’apporter des solutions à ces problèmes. Nous soulignerons d’une part
les recommandations liées aux défis endogènes (Paragraphe I) et d’autre les recommandations
liées aux défis exogènes (PARAGRAPHE 2).
S’agissant des recommandations liées aux défis endogènes nous mettrons l’accent aussi
bien sur l’importance de la volonté politique et la bonne gouvernance des Etats de la
région(A) que sur la réduction de la fracture numérique et l’accélération du commerce
numérique (B).
93
A. L’importance de la volonté politique et la bonne gouvernance des Etats d’Afrique
Centrale
Après la mise en œuvre de la ZLECAf, la volonté politique des Etats apparait comme une
condition importante pour une mise en œuvre totale, d’autant plus que, la mise en œuvre
complète implique aux Etats d’une région donnée d’accepter un certain nombre d’exigences.
Ainsi, les points suivants sont nécessaires à prendre en compte par les Etats d’Afrique
Centrale, il s’agit de : La sensibilité aux obstacles non tarifaires au commerce, y compris la
gouvernance, l’infrastructure et les passages de frontières, et la prévalence du commerce
informel; L’amélioration du suivi du commerce transfrontalier; La coordination de
l’harmonisation des politiques commerciales dans le cadre des accords commerciaux
nationaux, régionaux, continentaux et mondiaux; Un mécanisme de coordination pour le
traitement des différends commerciaux261.
Ainsi, comme dans le cadre du traité d’Abuja, les Etats Africains doivent un certain
nombre d’engagements qui consistent au développement du commerce régional et intra
régional en Afrique. En effet, les Etats membres doivent engagés à orienter leurs efforts pour
réunir les conditions favorables au développement de la ZLECAf et à la réalisation de ses
objectifs, notamment par l’harmonisation de leurs stratégies et politiques. Ils doivent
s’abstenir de prendre une quelconque mesure unilatérale susceptible d’en compromettre la
réalisation262. Les Etats membres de la ZLECAf doivent également être engagés dans le
processus d’élimination progressive des droits de douane, des contingentements, restrictions
ou prohibitions ainsi que les obstacles d’ordre administratif au commerce et toute autre
barrière non tarifaire.
Aussi, les gouvernants doivent faire l’effort d’informer les populations pour lesquelles, ils
sont censés agir afin qu’ils se sentent concernés par leurs actions. Il y a également un manque
d’information à l’égard des communautés nationales, malgré la présence des commissions
nationales des initiatives d’intégration régionale 263.
261
NEPAD, op.cit, p.07.
262
Op.cit, art 5.
263
Ibid.
94
A côté de son importance pour la stabilité politique d’un pays, la bonne gouvernance joue
également un rôle important dans l’application de la réussite des différents projets
d’intégration. Comme nous l’avons souligné au préalable, c’est le manque de volonté
politique qui est l’un des principaux obstacles à l’application par les Etats, des accords de
différentes institutions africaines 264. C’est également ce qui explique le manque de suivi des
projets intégrateurs surtout que, c’est durant ces dernières années qu’on essaye de créer au
sein des Etats membres des départements consacrés à l’intégration régionale au sein des
ministères.
264
Ibid.
265
PNUD, P.04, 2021, cité par Bernard Conte, Equipe Mondialisation, Politiques de l'Information et Régulations
Economiques et Sociales, Centre d’Economie du Développement – Université Montesquieu-Bordeaux IV.
266
Op.cit, 72.
95
jeunes du continent et d’Afrique Centrale, afin qu’il ne puisse pas seulement être des
consommateurs mais également des créateurs267.
Ainsi, le commerce numérique prenant de plus en plus de l’ampleur, les efforts devront
être faits pour permettre aux personnes vulnérables et à faible revenu d’y avoir accès, il s’agit
des jeunes mais surtout des femmes qui sont des principales actrices du commerce
transfrontalier que ce soit au sein de la région ou au niveau continental.
Afin de faire progresser le commerce régional, il est nécessaire que les CERs poursuivent
leurs programmes de libéralisation des échanges, dès lors, elles sont obligées d’accorder une
attention particulière aux différentes questions qui influencent leur fonctionnement, c’est ainsi
qu’en ce qui concerne cette partie, nous mettrons l’accent sur la révision des accords
commerciaux internationaux (A) et l’annulation de l’aide publique au développement (B).
Les APE sont des accords commerciaux qui ont pour objectif d’augmenter le libre-
échange entre les pays d’Afrique et les pays d’Europe268. Ainsi, au lieu de renforcer
l’intégration régionale, les APE ont plutôt un effet désintégrateur pour la plupart des régions
d’Afrique y compris l’Afrique Centrale 269. Ainsi, d’après le Centre Africain pour le
commerce, l’intégration et le Développement, beaucoup d’Etats qui avaient démarré les
négociations dans le cadre de leur bloc d’intégration régionale ont été obligés de signer seuls
les APE intérimaires pour ne pas perdre le bénéfice de l’accès au marché de l’UE270. Ces APE
intérimaires ont des effets négatifs sur l’intégration régionale. Il apparait important de
souligner que, l’Afrique Centrale n’a pas signé les APE en tant qu’une Région, c’est le
Cameroun qui a signé l’accord et l’a ratifié en 2014. Toutefois, le Cameroun a suspendu le
démantèlement tarifaire depuis la survenue de la COVID-19 à cause des impacts négatifs sur
ses recettes fiscales271.
267
Ibid.
268
Entre également l’Europe et les Caraïbes et les pays de la Pacifique.
269
www.endacacid.org, que sont devenus les accords de partenariat économique en Afrique, 2021.
270
Ibid.
271
Ibid.
96
Mis à part les APE, il est clair que, la majorité des pays membres de la ZLECAf sont
également membres de l’OMC, comprenant donc ainsi les pays d’Afrique Centrale. Ces pays
sont soumis aux règles standards de l’OMC, dès lors, les accords bilatéraux tels que les APE
entrent dans cette logique. Les APE apparaissent comme des accords inégaux car du point de
vue économique et commercial elles favoriseront plus les pays occidentaux que les pays les
moins avancés. Ainsi, dans un monde ou de plus en plus les ambitions de puissances sont au
cœur des débats les pays d’Afrique en générale en ceux d’Afrique centrale en particulier
gagneraient en négociant de manière rude et intelligente ces genres d’accord. Aussi, la
participation juridique au commerce international se traduit par l’instauration d’accords
régionaux internes et externes et donc l’adhésion au système multilatéral de l’OMC
impliquant posant ainsi le problème des engagements juridiques simultanés mettant en mal
les pays en voie de développement272.
En 2000, les Etats-Unis d’Amérique ont adopté une loi sur la croissance et les
opportunités de développent en Afrique en signant avec les Etats Africains l’AGOA. Qui est
une politique grâce à laquelle l’Amérique offre d’importants avantages commerciaux,
notamment une baissent sur des droits de douane sur les importations des droits de douane sur
les importations aux Etats-Unis. Il apparait important de souligner que, ces avantages sont liés
au respect d’un certain nombre de critères. L’un de ces critères est la possibilité de dépasser
les normes de l’OMC en matière de propriété intellectuelle. Le danger que cet accord
représente est que, les USA peuvent à tout moment restreindre les avantages de leurs
partenaires africains.
Dès lors, en prenant en compte les différents accords commerciaux bilatéraux des pays
africains y compris ceux de l’Afrique Centrale, nous sommes en mesure de dire que ces
accords compromettent terriblement le succès de la ZLECAf.
272
Aminata TOGUYENI, la participation juridique de l’Afrique de l’Ouest au commerce international : entre
régionalisme et système multilatéral de l’OMC, thèse de doctorat, Ecole Doctorale Langages Idées, Sociétés,
Institutions, Territoire.
97
matière d’aide extérieure. Toutefois, les pays ayant profité d’aide au développement sont
toujours à la traine du développement.
En effet, l’aide publique au développement ne contribue pas au développement du
commerce en Afrique, elle enfonce plutôt l’Afrique dans la pauvreté car cet argent finit dans
les firmes multinationales étrangères et dans les poches de certains dirigeants. Cette aide
contribue à maintenir l’Afrique dans son rôle d’éternel assisté. Ainsi, cette aide doit être
annulée parce que, les grandes puissances à l’instar de la France, contribue à maintenir cet état
de choses par manque de volonté ou par cynisme diplomatique273. L’aide publique au
développement favorise donc la mainmise sur les ressources des pays pauvres par la classe
dirigeante des pays occidentaux. Dès lors, l’aide contribue à maintenir les pays pauvres dans
une relation de dépendance envers l’occident274. Ainsi, l’aide publique au développement est
un instrument de domination des pays développés sur les pays économiquement faible.
Malgré la récurrence de l’aide au développement, il est incompréhensible de comprendre
aujourd’hui que la pauvreté a encore augmenté les problèmes d’ordre économique depuis
l’ajustement structurel des années 1980 persistent notamment les crises économiques.
Enfin, l’aide publique au développement nuit à l’entreprenariat et met en mal le
fonctionnement des marchés. Cette aide contribue par ailleurs à gonfler les effectifs
d’administrations publiques pléthoriques et inefficaces dans les pays destinataires, elle
apporte aussi son soutien à des régimes et des dirigeants corrompus et non démocratiques275.
L’un des effets pervers de cette aide est le fait qu’elle crée, une relation de dépendance des
pays africains vis-à-vis des donateurs. Dès lors, il apparait nécessaire pour les pays d’Afrique
Centrale de prendre leur destin en main et de se prendre en soin eux-mêmes.
273
Sylvie BRUNEL, le gaspillage de l’aide au développement, Paris, Seuil, 2021.
274
CHARNOZ, l’aide au développement une fois de plus sous le feu de la critique, Revue internationale de
politique de développement, 2010, p.141-147.
275
Ibid.
98
CONCLUSION GENERALE
99
En somme, ce travail de recherche intitulé « Les dynamiques de l’évolution du
commerce intra-régional à l’épreuve de la mise en place de la ZLECAf : Le cas de
l’Afrique Centrale », a pour objectif de mettre l’accent sur l’impact de la ZLECAf sur les
pays de l’Afrique Centrale. Notre question centrale était de savoir, comment peuvent être
appréhendées les dynamiques de l’évolution du commerce intra-régional en Afrique Centrale
à l’épreuve de la mise en place de la ZLECAf ? Cette préoccupation Centrale nous a poussés à
dégager deux interrogations subsidiaires, la première interrogation porte sur, quels sont les
moyens dont dispose la ZLECAf et pouvant permettre de stimuler le développement du
commerce en Afrique Centrale? La seconde interrogation est relative à, quels sont les enjeux
de la ZLECAf en Afrique Centrale ? Pour essayer d’apporter des réponses à ces questions,
nous avons élaboré une hypothèse Centrale et deux hypothèses subsidiaires. L’hypothèse
centrale admet que, les dynamiques de l’évolution du commerce intra-régional à l’épreuve de
la ZLECAf impliquent la suppression progressive des Barrières Tarifaires et Non Tarifaires
entre l’espace CEEAC et les autres régions d’Afrique. Notre première hypothèse subsidiaire
souligne que, la ZLECAf dispose des moyens juridiques et institutionnels pouvant faciliter le
développement intra-régional en Afrique Centrale. La seconde hypothèse affirme que, les
enjeux de la ZLECAf en Afrique Centrale se caractérisent par l’augmentation du commerce
intra-régional et de l’élimination de la pauvreté dans cet espace.
Dès lors, nous nous sommes appuyés sur la théorie de l’inter-gouvernementalisme
originel et la théorie des avantages comparatifs, mais c’est surtout grâce à la collecte des
données à travers notamment, la recherche documentaire et les entretiens menés d’une part et
l’analyse des données d’autre part, que nous sommes parvenus à obtenir les résultats de notre
étude. Ainsi, pour une organisation cohérente de ce travail nous avions structuré notre travail
en deux (02) grandes parties relatives à nos deux hypothèses secondaires. La première partie
est intitulée le cadre normatif et institutionnel de la ZLECAf. S’agissant de l’ossature
normative de la ZLECAf nous avons abordé le traité d’Abuja comme un mécanisme régional
d’encadrement de la ZLECAf. En effet, au-delà du fait que, le traité d’Abuja donne une
particularité au processus d’intégration régionale en Afrique, il constitue également une base
juridique pour la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf). Ce traité
considère les Communautés Economiques régionales comme des piliers du commerce intra-
africain et met l’accent sur les Etats comme des garants du processus d’intégration régionale
du Continent. Par ailleurs, nous avions aussi souligné l’Organisation Mondiale du Commerce
(OMC) comme mécanisme international d’encadrement de la ZLECAf, car l’OMC à travers
100
ces accords généraux sur le commerce de service et les tarifs douaniers de 1994 constitue un
instrument pour la ZLECAf, accompagnant donc ainsi, les Etats Africains dans leur processus
d’intégration économique et commerciale, c’est dans ce sens qu’elle assiste financièrement et
techniquement le développement du commerce régional en Afrique.
Dans la seconde partie de cette recherche, nous avons parlé des enjeux de la ZLECAf
pour l’Afrique Centrale. Cette partie est également structurée en deux chapitres. En effet, la
ZLECAf présente plusieurs enjeux pour l’Afrique Centrale notamment les enjeux socio-
économiques et les enjeux environnementaux. S’agissant des enjeux socio-économiques, il a
paru important de souligner les possibilités de libéralisation du commerce entrainant ainsi, un
impact positif sur les pays d’Afrique Centrale mais également le possible impact négatif
qu’entrainera la ZLECAf sur l’économie et le commerce des Pays d’Afrique Centrale. En ce
qui concerne les enjeux sociaux, nous avions évoqué la prise en compte des questions de
genre et la réduction de la pauvreté, et aussi le développement de l’agroalimentaire et des
chaines de valeur régionales. Enfin, les enjeux environnementaux renvoient au fait que, la
ZLECAf apparait comme un moyen pour la lutte contre le changement climatique en Afrique
Centrale et surtout comme une opportunité pour la conservation de la nature à travers
l’exploitation des ressources renouvelables, la conservation de la biodiversité et de
l’écosystème.
Dans notre Chapitre IV, il était question de souligner les défis liés à la mise en œuvre
de la ZLECAf en Afrique Centrale. Ces défis sont aussi bien d’ordre endogène qu’exogène.
Dès lors, nous ne pourrions parler des défis du commerce en Afrique Centrale sans mettre un
accent particulier sur le chevauchement ou la multi appartenance des Etats de cet espace à
plusieurs Communautés Economiques Régionales. Par ailleurs, nous nous sommes aussi
focaliser sur les barrières non tarifaires (BNT) qui constituent depuis des années un obstacle
majeur au développement du commerce régional en Afrique. Nous avions parlé des défis
exogènes en évoquant les accords bilatéraux à l’exemple des accords de partenariat
économique (APE), la dépendance économique et alimentaire des pays d’Afrique Centrale, et
enfin, l’instabilité politique des pays membres des organisations économiques régionales.
Nos recommandations ont été construites pour répondre d’une part aux défis
endogènes et d’autre part pour répondre aux défis exogènes. Les recommandations liées aux
défis exogènes sont entre autres : l’importance de la volonté politique, la bonne gouvernance,
et la réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale. Nos recommandations liées aux
défis exogènes sont relatives à la révision des accords commerciaux bilatéraux comme c’est le
101
cas des APE ou encore de l’annulation de l’aide publique au développement, une aide qui
contribue à maintenir l’Afrique dans son rôle d’éternel assisté.
102
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
1- Ouvrages généraux
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I- TRAVAUX DE RECHERCHE
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Université de Yaoundé II-Soa, 2001, 370 pages.
- CHOUALA Yves Alexandre, Désordre et Ordre en Afrique centrale actuelle:
démocratisation, conflictualisation et transition géostratégique régionale, Thèse de
doctorat de troisième cycle en Relations Internationales, IRIC-UYII, 1999.
- EBALE Raymond, L’Europe et l’Afrique : de la colonisation à la coopération pour
le développement l’exemple des relations économique entre le Cameroun et la CEE,
1960-1990, Thèse de Doctorat en histoire, université de paris VII 1996.
- FOZEIN KWANKE Thomas, L’Europe communautaire et l’Afrique subsaharienne
du traité de Rome au système de Lomé, IRIC, Thèse, 1991, FOZ ,226 pages.
- NIVAR ROCHA Micky Rafael, la facilitation des échanges comme instrument au
service des pays en développement, Thèse de Doctorat en Droit International, Ecole
Doctorale des sciences juridiques, Strasbourg, 2021.
- TOGUYENI Aminata, la participation juridique de l’Afrique de l’Ouest au
commerce international : entre régionalisme et système multilatéral de l’OMC, thèse
de doctorat, Ecole Doctorale Langages Idées, Sociétés, Institutions, Territoire, 2013,
2- Mémoires
3- Articles scientifiques
106
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sur la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine », International Journal of
Accounting, Finance, Auditing, Management and Economics, Volume 3, 2022.
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l’autre : Intégration ou Interconnexion ? », Revue Interventions Economiques, numéro
55, 2016.
- BACH Daniel C, « les dynamiques paradoxales de l’intégration en Afrique
Subsaharienne : le mythe du hors-jeu », In Revue française de science politique, 45e
année, n°6, 1995.
- BART Isabelle et BOBOT Lionel, « Négociation commerciale : fondements et
perspectives », in Economie et Management, n°137, octobre 2010.
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Continentale Africaine : une intégration au bout de chemin ? », Revue du Contrôle de
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- BOULANGER Éric et DEBLOCK Christian (2016). « D'un régionalisme à l'autre :
intégration ou interconnexion ? », Revue Interventions économiques, n°55, 29 juin
2016.
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modèles ? », Entreprises et histoire, vol. 90, n°1, 2018.
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environnement. Un avant-propos », Revue économique, n°6, 2010.
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Revue internationale de politique de développement, 2010.
- CHAVAGNEUX Christian, « quel avenir pour l’aide au développement », Economie
politique, n°28, 2005.
107
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économiques régionales constitue-t-elle une barrière aux échanges pour les pays
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- UICN, Rapport, « la stratégie mondiale de la conservation : la conservation des
ressources vivantes au service du développement durable »,1980.
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- UA, L'acte constitutif de l'Union Africaine du 11 juillet 2000 à Lomé (Togo).
- UA : Accord de Zone de Libre-échange Continentale Africaine du 12 mars 2018 à
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- UN, Note d'orientation sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
- UA, rapport, Marché Unique du Transport Aérien Africain : vers un ciel unique
africain, 2018.
III- WEBOGRAPHIE
110
- UN, l’actualité Mondiale, un regard humain https://news.un.org/fr/, 21 décembre
2022.
- UA, déclaration solennelle sur le cinquième anniversaire de l’OUA/UA, 2013,
consultable https://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/50anniv_declaration_2013f.pdf.
111
ANNEXES
112
ANNEXE I : GUIDE D’ENTRETIEN
1- Quels sont les principaux accords instituant la libéralisation des échanges en Afrique
Centrale ?
2- Quel est l’état des lieux du commerce intra et extra-CEEAC ?
3- Quels sont les principaux produits concernés par la libéralisation des échanges dans le
cadre de la ZLECAf ?
2- pourquoi la ZLECAf peut avoir des effets négatifs sur l’économie des pays d’Afrique
Centrale ?
113
4- la ZLECAf est-elle une idée qui a été nourrie par les pères fondateurs du
panafricanisme ?
- Quels sont les secteurs clés dans lesquels les pays d’Afrique Centrales sont mieux
placés pour commercer ?
- De quelle façon les APE pourront-ils impacter l’accord sur la ZLECAf en Afrique
Centrale du commerce en Afrique Centrale ?
- Quelles sont les opportunités que la ZLECAf présente pour un pays comme le Tchad ?
114
ANNEXE 2 : LISTE DES PERSONNES INTERVIEWEES
115
ANNEXE 3 : PROTOCOLE SUR LE COMMERCE DES MARCHANDISES
PRÉAMBULE :
DÉTERMINÉS à prendre les mesures nécessaires pour réduire le coût des activités
économiques et créer un environnement favorable au développement du secteur privé et, ce
faisant, stimuler le commerce intra-africain ;
116
ENGAGÉS à accroitre le commerce intra-africain à travers l’harmonisation, la coordination
de la libéralisation du commerce et la mise en œuvre des instruments de facilitation des
échanges dans toute l’Afrique, ainsi que la coopération dans le domaine des infrastructures de
qualité, de la science et de la technologie et dans l’élaboration et la mise en œuvre de mesures
liées au commerce ; et
(b) « Comité », le Comité sur le Commerce des marchandises prévu à l’article 29 du présent
Protocole ;
(c) « Droit de douane », un droit ou une taxe de quelque nature que ce soit imposés sur
l’importation ou l’exportation d’un produit, y compris toute forme de surtaxe ou d’impôt
supplémentaire imposée à l’égard de cette importation ou exportation;
117
(g) « Arrangements commerciaux préférentiels », tout arrangement par lequel un État partie
accorde des préférences aux importations originaires d’un autre partie ou partie tierce et qui
inclut des mécanismes de préférence non réciproque accordés par le biais d’une renonciation ;
(h) « Liste des concessions », une liste des concessions tarifaires et engagements spécifiques
négociés par chaque État partie. Elle présente, de manière transparente les termes, conditions,
et qualifications d’après lesquelles les marchandises peuvent être importées dans le cadre de
la ZLECAf.
(i) « Accord sur les Mesures de sauvegarde », l’Accord sur les Mesures de sauvegarde de
l’OMC ;
(j) « OTC », Obstacles techniques au commerce ; et
(k) « Accord OTC », l’Accord sur les Obstacles techniques au commerce de l’OMC.
Article 2
Objectifs
1. L’objectif principal du présent Protocole est de créer un marché libéralisé pour le
commerce des marchandises, conformément à l’article 3 de l’Accord.
2. L’objectif spécifique du présent Protocole est de stimuler le commerce intra-africain des
marchandises par :
(a) l’élimination progressive des tarifs douaniers ;
(b) l’élimination progressive des barrières non-tarifaires ;
(c) l’amélioration de l’efficacité des procédures douanières, la facilitation des échanges et du
transit ;
(d) le renforcement de la coopération dans le domaine des obstacles techniques au commerce
et des mesures sanitaires et phytosanitaires ;
(e) le développement et la promotion des chaines de valeurs aux niveaux régional et
continental ; et
(f) le renforcement du développement socio-économique, de la diversification et de
l’industrialisation en Afrique.
Article 3 : Champ d’application
1. Le présent Protocole s’applique au commerce des marchandises entre les États parties.
2. Les Annexes sur les Listes de concessions tarifaires (Annexe 1) ; les
Règles d’origine (Annexe 2) ; la Coopération douanière et l’assistance administrative
mutuelle (Annexe 3) ; la Facilitation des échanges (Annexe 4) ; les Barrières non-tarifaires
118
(Annexe 5) ; les Obstacles techniques au commerce (Annexe 6) ; les Mesures sanitaires et
phytosanitaires (Annexe 7) ; le Transit (Annexe 8) et les Mesures correctives commerciales
(Annexe 9), dès leur adoption, font partie intégrante du présent Protocole.
4. Nonobstant les dispositions des alinéas 2 et 3 du présent article, un État partie n’est pas
tenu d’étendre à un autre État partie des préférences commerciales accordées à d’autres États
parties ou tierce partie avant l’entrée en vigueur du présent Accord. Un État partie accorde
aux autres États parties la possibilité de négocier ces préférences sur la base de la réciprocité,
tenant compte des niveaux de développement des Etats parties.
Chaque État partie accorde aux produits importés d’autres États parties un traitement non
moins favorable que celui qu’il accorde aux produits similaires domestiques d’origine
nationale, après que les produits importés auront été dédouanés. Ce traitement concerne toutes
les mesures touchant la vente et les conditions de vente de ces produits, conformément à
l’article III du GATT de 1994.
119
Article 6 : Traitement spécial et différencié
1. Les États parties éliminent progressivement les droits à l’importation ou les taxes à effet
équivalent sur les produits originaires du territoire d’un autre État partie, conformément à
leurs listes de concessions tarifaires dans l’Annexe 1 du présent Protocole.
2. Pour les produits soumis à la libéralisation, sauf dans les cas prévus par le présent
Protocole, les États parties n’imposent pas de nouveaux droits à l’importation ou taxes d’effet
équivalent sur les marchandises provenant du territoire d’un autre État partie.
3. Les droits à l’importation comprennent tous les droits ou impositions de quelque nature
qu’ils soient, perçus à l’importation ou en relation avec l’importation de marchandises
expédiées d’un État partie vers un destinataire dans un autre État partie, y compris toutes
formes de surtaxe. Ces droits ne couvrent pas :
(a) les taxes équivalentes aux taxes intérieures imposées, conformément à l’article III, alinéa
2, du GATT de 1994 et à ses notes interprétatives, à l’égard de produits similaires directement
concurrents ou directement substituables de l’État partie ou à l’égard de produits à partir
desquels les produits importés ont été entièrement ou partiellement fabriqués ou produits;
(b) les droits antidumping ou les droits compensateurs institués conformément aux articles VI
et XVI du GATT de 1994 et de l’Accord de l’OMC sur les subventions et les mesures
compensatoires et à l’article 16 du présent Protocole ;
(c) les droits ou prélèvements liés aux mesures de sauvegarde, conformément à l’article XIX
du GATT de 1994, à l’Accord de l’OMC sur les mesures de sauvegarde et aux articles 18 et
19 du présent Protocole ; et
(d) d’autres redevances ou taxes instituées conformément à l’article VIII du GATT de 1994.
120
Article 8 : Liste des concessions tarifaires
1. Chaque État partie applique des tarifs préférentiels aux importations des marchandises
originaires d’autres États parties, conformément à sa liste des concessions jointe à
l’Annexe 1 du présent Protocole et aux modalités tarifaires adoptées. La liste des
concessions tarifaires, les modalités tarifaires adoptées, et tout travail non achevé sur
les modalités tarifaires à négocier et à adopter font partie intégrante du présent
Protocole
2. Nonobstant les dispositions du présent Protocole, les États parties membres d’autres
communautés économiques régionales (CER) qui, entre eux, ont atteint des niveaux
concernant l’élimination des droits de douane et barrières non-tarifaires plus élevés
que ceux prévus par le présent Protocole, maintiennent ces niveaux élevés de
libération des échanges et, si possible, les améliorent.
Les États parties n’imposent pas de restrictions quantitatives aux importations ou aux
exportations dans le cadre des échanges avec d’autres États parties, sauf dispositions
contraires du présent Protocole, de ses Annexes et de l’article XI du GATT de 1994 et
d’autres accords pertinents de l’OMC.
121
2. Dans de telles circonstances exceptionnelles, l’État partie concerné ci-après dénommé
l’«État partie apportant une modification » soumet au Secrétariat une demande écrite
accompagnée d’une preuve des circonstances exceptionnelles d’une telle demande.
3. Dès réception de la demande, le Secrétariat la transmet immédiatement à tous les
États parties.
4. Lorsqu’un État partie considère qu’il a un intérêt substantiel, ci-après
dénommé « l’État partie ayant un intérêt substantiel », dans la liste de concessions de
l’État partie qui demande une modification, il le communique par écrit, dans un délai
de trente (30) jours avec preuve à l’appui par l’intermédiaire du Secrétariat, à l’État
partie apportant une modification. Le Secrétariat transmet immédiatement de telles
requêtes à tous les États parties.
5. L’État partie apportant une modification et tout autre État partie ayant un intérêt
substantiel tel que prévu à l’alinéa 3 du présent article engagent des négociations sous
la coordination du Secrétariat en vue de parvenir à un accord sur toute mesure
compensatoire nécessaire. Dans le cadre de ces négociations et accords, les États
parties maintiennent un niveau général d’engagements mutuellement avantageux non
moins favorable que le niveau d’engagement initial.
6. Les conclusions des négociations et la modification subséquente de la
tarification douanière et de toute mesure compensatoire y afférente ne prennent effet
qu’après approbation par les États parties ayant un intérêt substantiel et notification au
Secrétariat qui les transmet aux autres États parties. Les mesures compensatoires sont
effectuées conformément à l’article 4 du présent Protocole.
7. L’État partie apportant une modification ne modifie pas son engagement, avant
d’avoir effectué les ajustements compensatoires prévus à l’alinéa 6 du présent article
et approuvés par le Conseil des ministres. Les conclusions des ajustements
compensatoires doivent être notifiées aux États parties.
122
Article 13 : Règles d’origine
Les marchandises sont éligibles au traitement préférentiel au titre de ce Protocole, si elles sont
originaires de l’un des États parties conformément aux critères et conditions énoncés dans
l’Annexe 2 sur les Règles d’origine et conformément à l’Appendice sur les règles générales et
spécifiques des produits qui sera développée.
Les États parties prennent des mesures appropriées, y compris des dispositions en matière de
coopération douanière et d’assistance administrative mutuelle, conformément aux dispositions
de l’Annexe 3 sur la Coopération douanière et l’assistance administrative mutuelle.
Les États parties prennent des mesures appropriées, y compris des dispositions en matière de
facilitation des échanges, conformément aux dispositions de l’Annexe 4 sur la Facilitation des
échanges.
Article 16 : Transit
Les États parties prennent des mesures appropriées y compris des dispositions concernant le
transit conformément aux dispositions de l’Annexe 10 sur le transit.
1. Sous réserve des dispositions du présent Protocole, les États parties sont habilités à
appliquer des mesures antidumping et des mesures compensatoires.
2. Dans l’application du présent article, les États parties sont guidés par les dispositions de
l’Annexe 9 sur les mesures correctives commerciales et les directives de la ZLECAf sur la
mise en œuvre des mesures correctives commerciales conformément à l’Accord de l’OMC
y relatif.
123
La mise en œuvre du présent article se fait conformément aux dispositions de l’Annexe 9 sur
les mesures correctives commerciales et les directives sur la mise en œuvre des mesures
correctives commerciales, à l’Article XIX du GATT de 1994 et à l’Accord de l’OMC sur les
mesures de sauvegarde.
1. Les États parties peuvent appliquer des mesures de sauvegarde aux situations dans
lesquelles il y a une augmentation soudaine des importations d’un produit dans un État
partie dans des conditions qui causent ou menacent de causer un dommage grave aux
producteurs nationaux de produits similaires ou directement concurrents sur le territoire.
2. La mise en œuvre du présent article se fait conformément aux dispositions de l’Annexe 9
sur les Mesures correctives commerciales et les Directives de la ZLECAf sur la Mise en
œuvre des mesures correctives commerciales.
Les États parties coopèrent dans le domaine des mesures correctives commerciales,
conformément aux dispositions de l’Annexe 9 sur les Mesures correctives commerciales et les
Directives sur la Mise en œuvre des mesures correctives commerciales.
L’application du présent article se fait conformément aux dispositions de l’Annexe 6 sur les
Obstacles techniques au commerce.
L’application du présent article se fait conformément aux dispositions de l’Annexe 7 sur les
Mesures sanitaires et phytosanitaires.
124
ANNEXE 4 : PROTOCOLE SUR LE COMMERCE DES SERVICES
PREAMBULE :
DÉSIREUX de créer, sur la base d’une libéralisation progressive du commerce des services,
un marché unique de services, ouvert, fondé sur des règles, transparent, inclusif et intégré qui
offre des opportunités dans tous les secteurs, pour l'amélioration du bien-être économique et
social, de l’ensemble de la population africaine ;
125
TENANT COMPTE des graves difficultés que rencontrent les pays les moins avancés, les
pays enclavés, les États insulaires et les économies vulnérables en raison de leur situation
économique spéciale et de leurs besoins de développement, de leur commerce et de leurs
finances ;
PREMIÈRE PARTIE
DÉFINITIONS
Article premier :
Définitions :
(b) Impôts directs », tous les impôts sur le revenu total, sur le capital total ou sur des
éléments du revenu ou du capital, y compris les impôts sur les plus-values réalisées sur la
cession de marchandises, les impôts sur les mutations par décès, les successions et les
126
donations, et les impôts sur les montants totaux des salaires ou traitements versés par les
entreprises, ainsi que les impôts sur les plus-values en capital ;
(c) « Personne morale » toute entité juridique dûment constituée ou autrement organisée,
conformément à la législation en vigueur des Etats parties, à des fins lucratives ou non, et
détenue par le secteur privé ou le secteur public, y compris toute société, société de fiducie
(trust), société de personnes, (partnership) coentreprise, entreprise individuelle ou association
;
(i) « détenue » par des personnes d’un État partie si plus de 50 pourcent de son capital social
appartient en pleine propriété à des personnes de cet État partie ;
(ii) « contrôlée » par des personnes d’un État partie si ces personnes ont la capacité de
nommer une majorité des administrateurs, ou sont autrement habilitées en droit à
diriger ses opérations ;
(iii) « affiliée » à une autre personne lorsqu’elle contrôle cette autre personne ou est contrôlée
par elle ; ou lorsqu’elle même et l’autre personne sont toutes deux contrôlées par la même
personne ;
(e) « Personne morale d’un autre État partie » une personne morale qui est :
(i) constituée ou organisée autrement, conformément à la législation de cet autre État partie, et
qui effectue d’importantes opérations commerciales sur le territoire de cet État partie ou de
tout autre État partie ; ou
(ii) dans le cas de la fourniture d’un service à travers la présence commerciale qui est détenue
ou contrôlée par :
(f) « Mesure » : toute mesure prise par un État partie, que ce soit sous forme de loi, de
règlement, règle, procédure, décision, action administrative, ou sous toute autre forme ;
(g) « Mesures d’États parties affectant le commerce des services » : des mesures relatives
à:
127
(ii) l’accès à/et l’utilisation, dans le cadre d’une fourniture de services, des services dont il
est exigé par ces États parties, qu’ils soient mis à disposition du public en général ; et
(iii) la présence, incluant la présence commerciale, de personnes d’un État partie pour la
fourniture d’un service dans le territoire d’un autre État partie.
(h) « Fournisseur monopolistique d’un service » toute personne, publique ou privée qui,
sur le marché concerné du territoire d’un État partie, est agréée ou établie formellement ou
dans les faits par cet État partie comme étant le fournisseur exclusif de ce service ;
(i) « Personne physique d’un autre État partie » une personne physique résidant sur le
territoire de l’autre État partie ou de tout autre État partie et qui, conformément à
législation de cet ou de tout autre État partie :
(i) En rapport avec un engagement spécifique, secteur qui couvre un ou plusieurs ou tous
les sous-secteurs de ce service, ainsi que spécifié dans la liste des engagements
spécifiques pris par un État partie.
(ii) Sinon, secteur qui couvre l'ensemble de ce secteur de service, y compris tous ses sous-
secteurs.
ii. dans le cas de la fourniture d’un service à travers une présence commerciale ou par la
présence de personnes physiques, par un fournisseur de services de cet autre État partie.
128
(o) « Prestation de services » : la production, la distribution, le marketing, la vente et la
fourniture d’un service ;
ii. sur le territoire d’un État partie à l’intention d’un consommateur du service de tout
autre État partie ;
iii. Par un fournisseur de services d’un État partie, à travers une présence commerciale sur
le territoire de tout un autre État partie ; et
iv. par un fournisseur de services d’un État partie, à travers la présence de personnes
physiques d’un État partie sur le territoire de tout autre État partie.
DEUXIÈME PARTIE
CHAMP D’APPLICATION
Article 2
Champ d’application
1. Le présent Protocole s'applique aux mesures prises par les États parties, qui affectent
le commerce des services.
2. Aux fins du présent Protocole, le commerce des services se fonde sur les quatre (04)
modes de fourniture d’un service tels que définis à l’Article 1(p) du présent Protocole.
3. Aux fins du présent Protocole, (les mesures prises par les Etats parties
s’entendent des mesures) on entend par :
ii. les organismes non gouvernementaux lorsqu’ils exercent des pouvoirs délégués par des
gouvernements ou administrations centraux, régionaux ou locaux des États parties.
129
son territoire, les gouvernements et administrations régionaux et locaux et les organismes
non gouvernementaux les respectent ;
(b) « services », tous les services de tous les secteurs à l’exception des services fournis
dans l’exercice du pouvoir gouvernemental ; et
(c) « service fourni dans l’exercice du pouvoir gouvernemental », tout service qui n’est
fourni ni sur une base commerciale, ni en concurrence avec un ou plusieurs fournisseurs
de services.
4. Sont exclus du champ d’application du présent Protocole, l’acquisition, par des organes
gouvernementaux, de services achetés pour les besoins des pouvoirs publics et non pas
pour être revendus dans le commerce.
(a) les droits de trafic aérien, quelle que soit la manière dont ils sont attribués ; ou
(b) les services directement liés à l’exercice des droits de trafic aérien.
TROISIÉME PARTIE :
OBJECTIFS
Article 3
Objectifs
(a) renforcer la compétitivité des services grâce aux économies d’échelle, à la réduction
des coûts des affaires, à l’amélioration de l’accès au marché continental et à une meilleure
130
affectation des ressources, notamment le développement des infrastructures liées au
commerce ;
(e) libéraliser progressivement le commerce des services sur le continent africain sur la
base des principes d’équité, d’équilibre et d’avantages mutuels, en éliminant les barrières
au commerce des services ;
(i) promouvoir la recherche et le progrès technologique dans le domaine des services afin
d'accélérer le développement économique et social.
QUATRIÉME PARTIE
OBLIGATIONS ET DISCIPLINES GÉNÉRALES
Article 4
Traitement de la Nation la plus favorisée
1. En ce qui concerne toutes les mesures couvertes par le présent Protocole, chaque État
partie accorde, dès son entrée en vigueur, immédiatement et sans condition, aux services
131
et fournisseurs de services de tout autre État partie un traitement non moins favorable que
celui qu'il accorde aux services similaires et fournisseurs de services similaires de toute
tierce partie.
4. Sous réserve des dispositions de l’alinéa 2, un État partie n’est pas tenu d’étendre des
préférences convenues avec une tierce partie avant l’entrée en vigueur du présent
Protocole, dont cet État partie était membre ou bénéficiaire. Un État partie peut donner
aux autres États
parties la possibilité de négocier les préférences qui y sont accordées sur une base
réciproque.
5. Les dispositions du présent Protocole ne doivent pas être interprétées comme interdisant
à un État partie de conférer ou d’accorder des avantages aux pays limitrophes afin de
faciliter les échanges limités aux zones frontalières contiguës de services produits et
consommés localement.
6. Un État partie peut maintenir une mesure incompatible avec l’alinéa 1 du présent
article, à condition qu'elle soit inscrite sur la liste d'exemptions de la nation la plus
favorisée (NPF). La liste convenue des exemptions de la NPF est annexée au présent
Protocole. Les États
132
parties réexaminent régulièrement les exemptions de la NPF, en vue de déterminer celles
qui peuvent être éliminées.
Article 5
Transparence
1. Chaque État partie publie dans les moindres délais, à travers un moyen accessible, sauf
en cas d’urgence, au plus tard au moment de leur entrée en vigueur toutes les mesures
d’application générale pertinentes qui visent ou qui affectent la mise en œuvre du
présent Protocole. Les Accords internationaux et régionaux visant ou affectant le
commerce des services dont un État partie est signataire sont également publiés.
3. Chaque État partie notifie au Secrétariat, dans les moindres délais et au moins une
fois par an, de l’introduction de toute nouvelle loi, ou de modifications apportées à des
lois, règlements ou directives administratives en vigueur, qui affecte de manière
significative le commerce des services en vertu du présent Protocole.µ
5. Chaque État partie répond dans les moindres délais à toutes les demandes de
renseignement spécifiques émanant de tout autre État partie sur l’une quelconque de
ses mesures d’application générale ou de tous les Accords internationaux et/ou
régionaux au sens de l’alinéa 1 du présent article. Les États répondent également à
toute question émanant de tout autre État partie concernant une mesure en vigueur ou
proposée, qui pourraient substantiellement affecter la mise en œuvre du présent
Protocole.
5. Chaque État partie établit les points d’information pertinents chargés de fournir aux
États parties qui en font la demande, des renseignements spécifiques sur toutes les
133
questions concernant le commerce des services, ainsi que toutes les questions qui sont
soumises à l’exigence de notification requise ci-dessus.
Article 6
Article 7
Afin de garantir une participation accrue et bénéfique de l’ensemble des parties, les États
parties :
(a) accordent une attention particulière à la libéralisation progressive des secteurs des
services et des modes de fourniture en vue de promouvoir les secteurs essentiels de la
croissance et un développement économique social et durable ;
(b) tiennent compte des défis auxquels les États parties pourraient être confrontés, et
peuvent accorder, au cas par cas, des flexibilités telles que des périodes transitoires, en
raison de leur situation économique spéciales et de leur besoins de développement, de leur
commerce et de leur finances dans la mise en œuvre du présent Protocole pour la création
d’un marché unique intégré et libéralisé du commerce des services ; et
Chaque État partie peut réglementer et introduire de nouvelles réglementations sur les
services et les fournisseurs de services sur son territoire afin d'atteindre les objectifs de la
politique nationale, pourvu que de telles réglementations ne portent pas atteinte aux droits
et obligations découlant du présent Protocole.
134
Article 9
Réglementation nationale
1. Dans les secteurs où des engagements spécifiques sont entrepris, chaque État partie
veille à ce que toutes les mesures de portée générale affectant le commerce des services
soient administrées de manière raisonnable, objective, transparente et impartiale.
2. Chaque État partie maintien ou institue aussitôt que possible des tribunaux ou des
procédures judiciaires, arbitraux ou administratifs qui permettent, à la demande d'un
fournisseur de services affecté, de réviser dans les moindres délais, les décisions
administratives affectant le commerce des services. Et dans les cas où ces procédures ne
sont pas indépendantes de l’organe chargé de prendre la décision administrative en
question, l’État partie veille à ce que les procédures permettent en fait de procéder à une
révision objective et impartiale.
3. Dans les cas où une autorisation est requise pour la fourniture d’un service libéralisé en
vertu du présent Protocole, les autorités compétentes d’un État partie informent le
requérant, dans les moindres délais, après la présentation d’une demande jugée complète
au regard des lois et réglementations intérieures, de la décision concernant la demande. A
la demande du requérant, les autorités compétentes de l’État partie fournissent, sans retard
indu, des renseignements sur la suite de la demande.
Article 10
Reconnaissance mutuelle
135
2. Un État partie qui est partie à un Accord ou un arrangement du type visé à l’alinéa 1
du présent article, existant ou futur, ménagera aux autres États parties intéressés une
possibilité adéquate de négocier leur adhésion à cet Accord ou arrangement ou de
négocier des Accords ou arrangements qui lui sont comparables. Dans les cas où un
État partie accorde la reconnaissance de manière autonome, il ménagera à tout autre
État partie, une possibilité de démontrer que l’éducation ou l’expérience acquise, les
licences ou les certifications obtenues ou les prescriptions remplies sur le territoire de
cet autre État partie devraient être reconnues.
(a) informe le Secrétariat, dans les douze (12) mois à compter de la date à laquelle
l’Accord entre en vigueur pour lui, de ses mesures de reconnaissance existantes et
indique si ces mesures sont fondées sur des accords ou des arrangements du type visé
à l’alinéa 1 du présent article;
(b) informe dans les meilleurs délais les États parties à travers le Secrétariat, aussi
longtemps à l’avance que possible, de l'ouverture des négociations au sujet d’un
Accord ou arrangement du type visé à l’alinéa 1 du présent article afin de ménager à
tout autre État partie une possibilité adéquate de faire savoir s’ils souhaitent participer
aux négociations avant que celles-ci n'entrent dans une phase de fond ; et
(c) informe dans les meilleurs délais les États parties, à travers le Secrétariat lorsqu'il
adopte de nouvelles mesures de reconnaissance ou modifie de manière significative les
mesures existantes et indique si les mesures sont fondées sur un Accord ou
arrangement du type visé à l’alinéa 1 du présent article.
5. Chaque fois que cela est approprié, la reconnaissance est fondée sur des critères
convenus entre les États parties. Dans les cas où cela est approprié, les États parties
136
collaborent avec les organisations intergouvernementales et non gouvernementales
compétentes à l’établissement et à l'adoption de normes et critères continentaux
communs pour la reconnaissance de normes continentales communes pour l’exercice
des activités et professions pertinentes en rapport avec les services.
Article 11
Monopoles et fournisseurs exclusifs de services
1. Chaque État partie veille à ce que tout fournisseur monopolistique d’un service sur
son territoire n’agisse pas, lorsqu’il fournit un service monopolistique sur le marché
considéré, d’une manière incompatible avec les obligations de cet État partie et ses
engagements spécifiques au titre du présent Protocole.
2. Dans les cas où tout fournisseur monopolistique d’un État partie entre en
concurrence, soit directement, soit par l’intermédiaire d’une société affiliée, pour la
fourniture d’un service hors du champ de ses droits monopolistiques et faisant l’objet
d’engagements spécifiques de cet État partie, l’État partie fait en sorte que ce
fournisseur n’abuse pas de sa position monopolistique pour agir sur son territoire
d’une manière incompatible avec ces engagements.
3. Un État partie qui a des raisons de croire qu’un fournisseur monopolistique d’un
service de tout autre État partie agit d’une manière incompatible avec les alinéas 1 et 2
du présent article peut inviter l’État partie qui établit, maintien ou autorise un tel
fournisseur à fournir des renseignements spécifiques concernant des opérations
pertinentes.
4. Si, après la date d’entrée en vigueur du présent Protocole, un État partie accorde des
droits monopolistiques en ce qui concerne la fourniture d’un service visé par ses
engagements spécifiques, cet État partie le notifie au Secrétariat trois (3) mois au
moins avant la date prévue pour l’octroi effectif des droits monopolistiques, et les
dispositions concernant la modification des engagements spécifiques s’applique.
5. Les dispositions du présent article s’appliquent également aux cas des fournisseurs
de services exclusifs lorsqu'un État partie, par voie formelle ou de fait :
(a) autorise ou établit un petit nombre de fournisseurs de services ou en définit le
nombre ; et
137
(b) empêche, de manière significative, la concurrence entre ces fournisseurs sur son
territoire.
Article 12
Pratiques commerciales anticoncurrentielles
Article 13
Paiements et transferts
1. Sauf dans les circonstances prévues à l'article 14 du présent Protocole, un État partie
n'appliquera pas de restrictions aux transferts et paiement internationaux concernant
les transactions courantes ayant un rapport avec ses engagements spécifiques.
2. Aucune disposition du présent Protocole n'affecte les droits et obligations résultant,
pour les membres du Fonds monétaire international, des Statuts du Fonds, y compris
l'utilisation de mesures de change qui sont conformes auxdits Statuts, étant entendu
qu'un État partie n’impose pas de restrictions à des transactions en capital de manière
incompatible avec ses engagements spécifiques qu’il a pris en ce qui concerne de
telles transactions, sauf en vertu de l'article 14 du présent Protocole ou à la demande
du Fonds.
138
Article 14
Restrictions destinées à protéger l’équilibre de la balance des paiements
139
6. Le Comité sur le Commerce des services définit les procédures de consultation
périodique dans le but de permettre que les recommandations qu’il juge appropriées
soient faites à l'État partie concerné.
7. De telles consultations ont pour objet d’évaluer la situation de la balance des
paiements de l'État partie concerné et les restrictions qu’il a adoptées ou qu’il
maintient au titre du présent article, compte tenu, entre autres choses, de facteurs tels
que :
(a) la nature et l’étendue des difficultés posées par sa balance des paiements et sa
situation financière extérieure ;
(b) l'environnement économique et commercial extérieur de l'État partie appelé en
consultation ; et
(c) les mesures correctives alternatives auxquelles il est possible de recourir.
8. Les consultations porteront sur la conformité de toutes restrictions avec l’alinéa 2,
particulièrement sur l'élimination progressive des restrictions conformément à l’alinéa
2 (e) du présent article.
9. Au cours de ces consultations, toutes les constatations d’ordre statistique ou autres
faits qui seront communiqués par le Fonds monétaire international en matière de
change, de réserve monétaire et de balance des paiements seront acceptées et les
conclusions seront fondées sur l'évaluation par le Fonds de la situation de la balance
des paiements et de la situation financière extérieure de l'État partie appelé en
consultation.
10. Si un État partie qui n'est pas membre du Fonds monétaire international souhaite
appliquer les dispositions du présent article, le Conseil des ministres élabore une
procédure d’examen et toute autre procédure nécessaire.
140
TABLE DES MATIERES
S0MMAIRE………………………………………………………………………………………..i
AVERTISSEMENT ................................................................................................................... ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iv
SIGLES ET ABREVIATIONS....................................................................................................v
ABSTRACT…………………………………………………………………………………………………………………………………viii
A. L’intérêt scientifique.......................................................................................................... 17
141
B. La théorie des avantages comparatifs ................................................................................. 19
CHAPITRE I : .......................................................................................................................... 25
B- Les Etats comme principaux acteurs du commerce régional dans le cadre du traité
d’Abuja. .................................................................................................................................... 27
142
B. L’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 de l’OMC : GATT de 1994
……………………………………………………………………………………………………………..33
Paragraphe II : L’accord sur la facilitation des échanges de l’OMC de 2014 : Un instrument pour
la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf) ..................................................... 34
B. Le traitement spécial différencié de l’accord sur la facilitation des échanges de l’OMC : Une
opportunité pour la ZLECAf ..................................................................................................... 36
143
LA ZLECAf : UN ACCORD POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE
CENTRALE ............................................................................................................................. 65
CHAPITRE IV :........................................................................................................................ 84
A. La multi appartenance des Etats aux Communautés Economiques Régionales comme frein
au développement économique et commercial en Afrique Centrale ............................................ 85
144
Paragraphe II : Les défis d’ordre exogène à la ZLECAf ............................................................. 89
Paragraphe II : les recommandations liées aux défis exogènes de la ZLECAf en Afrique Centrale
................................................................................................................................................. 96
CONCLUSION GENERALE.................................................................................................... 99
145