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Les défis de l'agriculture paysanne : le cas du Burkina Faso

Rémy Herrera, Laurent Ilboudo


Dans L'Homme & la Société 2012/1 (n° 183-184), pages 83 à 95
Éditions Association pour la Recherche de Synthèse en Sciences Humaines
(ARSSH)
ISSN 0018-4306
ISBN 9782336004495
DOI 10.3917/lhs.183.0083
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Les défis de l’agriculture paysanne :
le cas du Burkina Faso
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Rémy HERRERA et Laurent ILBOUDO

Introduction
Le Burkina Faso, qui apparaît régulièrement parmi les dix pays les plus
pauvres du monde dans les annuaires statistiques des organisations inter-
nationales, compte à l’heure actuelle près de 16 millions d’habitants. Ses
274 000 km sont totalement enclavés en Afrique occidentale — l’accès à
la mer lui étant possible par le chemin de fer reliant Ouagadougou (et
même Kaya) à Abidjan en Côte d’Ivoire, ou la route menant à Accra au
Ghana (plus aisément praticable que celles vers le Togo ou le Bénin), tan-
dis que le Mali et le Niger bordent ses frontières nord. Il se caractérise par
une économie à forte dominance agricole, soumise à un climat plutôt dur.
L’agriculture occupe une très large majorité de la population active bur-
kinabé et contribue pour plus d’un tiers au produit intérieur brut (PIB).
Les productions agricoles comprennent une gamme relativement limitée
de cultures vivrières subsahariennes traditionnelles (céréales, oléagineux,
légumineuses à graines, tubercules…) et maraîchères, ainsi que des pro-
duits de l’élevage et beaucoup plus marginalement de la pêche, mais aussi
et surtout plusieurs cultures commerciales de rente, dont la plus impor-
tante est le coton. Le Burkina Faso était d’ailleurs, jusqu’en 2008, le
premier exportateur cotonnier africain. Les évolutions du marché mondial
depuis le tournant du siècle et les récentes émeutes de la faim consécu-
tives à la hausse des prix des denrées alimentaires ont toutefois conduit
maints observateurs à remettre (enfin) en cause la pertinence de la spécia-
lisation cotonnière et son aptitude à dynamiser les cultures vivrières. Le
présent article se propose d’analyser les problèmes majeurs actuellement
rencontrés par l’agriculture paysanne, de façon générale, puis dans le cas
du Burkina Faso, avant de discuter de pistes de réflexion pour un avenir
meilleur des sociétés paysannes.

L’homme et la société, no 183-184, janvier-juin 2012


84 Rémy HERRERA et Laurent ILBOUDO

I. Principaux problèmes des agricultures paysannes aujourd’hui


La crise alimentaire, qui explosa en 2007-2008 et provoqua les effets
catastrophiques que l’on sait sur les populations de nombreux pays du
Sud, spécialement en Afrique, représente l’une des dimensions de la crise
actuelle du système mondial capitaliste — parmi d’autres, elles aussi ex-
trêmement graves (économique, sociale, politique, énergétique, climati-
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que…). La dimension alimentaire de la crise a révélé au grand jour les
profonds dysfonctionnements qui caractérisent le « modèle agricole » im-
posé à l’échelle mondiale depuis l’ère néolibérale, débutée à la fin des
années 1970 et introduite en Afrique à travers les plans d’ajustement struc-
turel (PAS) 1.
Ces dysfonctionnements du secteur agricole se traduisent par de très
puissants paradoxes. Ainsi, près de trois milliards de personnes sur terre
continuent aujourd’hui à souffrir de la faim (pour un tiers d’entre eux) ou
de carences alimentaires (pour les deux autres tiers), alors que les produc-
tions agricoles excèdent largement les besoins (d’environ 50 %) 2. Et l’im-
mense majorité de ces personnes (approximativement les trois quarts) sont
eux-mêmes des paysans. Dans le même temps, l’extension observée des
surfaces mises en culture au niveau mondial s’est accompagnée d’un net
recul des populations paysannes relativement à celles des villes, qui absor-
bent les flux massifs d’exode rural. De surcroît, une proportion croissante
de terres est cultivée par des firmes transnationales qui ne destinent plus
leurs productions agricoles à la consommation alimentaire des ménages,
mais à des débouchés énergétiques ou industriels (comme les agro-car-
burants, par exemple). Dans la plupart des pays du Sud qui se trouvent
exclus des bénéfices de la « mondialisation », tout particulièrement en
Afrique subsaharienne, un dynamisme (relatif) des exportations agricoles
dérivées de cultures commerciales de rente coexiste avec des importa-
tions de biens alimentaires de base allant croissant 3.
Ajouté à ceci, le fait est que dans maintes sociétés africaines, la terre
ne fait que rarement l’objet d’une appropriation privée, telle que peut
l’entendre le droit capitaliste moderne. Aussi, les systèmes fonciers dits
« traditionnels » ou « coutumiers » sont-ils fondés sur ce continent, dans

1. Rémy HERRERA, Un autre capitalisme n’est pas possible, Syllepse, Paris, 2010.
2. Marcel MAZOYER, « Une situation agricole mondiale insoutenable, ses causes et les
moyens d’y remédier », Mondes en développement, 2002, vol. 30, n° 117, p. 25-37 ;
Marcel MAZOYER et Laurence ROUDART (dir.), « La fracture agricole et alimentaire mon-
diale : état des lieux, causes, perspectives et propositions d’actions », Revue politique et
parlementaire, Paris, n° 1051, avril 2009.
3. Laurent DELCOURT, « L’Avenir des agricultures paysannes face aux nouvelles pres-
sions sur la terre », Alternatives Sud, 2010, vol. 17, n° 3, p. 7-34.
Les défis de l’agriculture paysanne : le cas du Burkina Faso 85

la grande majorité des cas, sur une possession de la terre non pas indi-
viduelle, mais communautaire, avec indivision et droit de préemption des
sols. Il s’agit donc en fait moins d’une « propriété » foncière au sens strict
du terme que d’un accès à l’usage de la terre, lié à la présence de groupes
(qui peuvent être sédentaires ou nomades) et à son exploitation des sols.
La terre y est plus qu’une ressource naturelle ; elle constitue, en même
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temps qu’un moyen de subsistance, l’un des fondements majeurs de l’iden-
tité et de la cohésion de la communauté en question. Le milieu physique
appartient aux hommes autant que l’inverse, car l’étroite relation qui unit
l’environnement naturel aux vivants est aussi un rapport aux ancêtres —
et aux descendants —, légitimant l’accès à cette terre. D’elle dépendent la
sécurité alimentaire comme la reproduction de l’ensemble du corps social.
En conséquence, de très lourdes pressions sont exercées sur les insti-
tutions traditionnelles (communautés, villages, familles, mais aussi systè-
mes de valeurs, mentalités…), en particulier par le truchement des PAS,
dans le but d’individualiser et privatiser la propriété des terres coutumiè-
res, à travers l’établissement de cadastres, de titres de propriété et d’un
véritable « marché foncier ». Le phénomène a été d’autant plus prononcé
et visible que certains pays avaient auparavant expérimenté — à des de-
grés plus ou moins poussés — des processus de réforme agraire, comme
au Burkina Faso entre 1984 et 1987 à l’époque de la révolution conduite
par le président Thomas Sankara. Au cours de cette période, la tendance
générale fut à la socialisation de terres, par l’intermédiaire de la loi de
Réorganisation agraire et foncière, notamment — tendance qui allait être
inversée et réorientée dans le sens de l’individualisation des terres avec
l’implantation du PAS de 1991.
Accentuée par l’intégration de l’agriculture dans le périmètre des né-
gociations du GATT, puis de l’OMC, la concurrence internationale a accru
les importations alimentaires à bas prix — y compris en provenance de
pays industrialisés du Nord subventionnant leurs exportateurs — et désta-
bilisé un nombre toujours croissant de petits producteurs dans les sociétés
paysannes. Alors que les politiques et structures publiques de soutien aux
agricultures ouest-africaines ont été presque complètement démantelées
au cours des dernières années, dans le mouvement de libéralisation du
secteur (qui prit la forme, au Burkina Faso, de l’entrée en vigueur du Plan
d’ajustement du secteur agricole), ces producteurs locaux, pauvres pour la
plupart, doivent faire face au dumping des exportations du Nord. À titre
d’exemple, parmi beaucoup d’autres, on estime que le coton que les
86 Rémy HERRERA et Laurent ILBOUDO

États-Unis exportent sur les marchés mondiaux serait vendu à un prix in-
férieur d’environ la moitié de son coût de production 4.
La conjonction de ces évolutions très défavorables pour les pays les
moins avancés du Sud entraîne, logiquement, l’appauvrissement de masses
de plus en plus nombreuses de paysans, souvent contraints à s’endetter,
ou placés dans l’incapacité totale d’assurer leur propre survie. Pour beau-
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coup d’entre eux, l’issue réside dans l’abandon de leurs terres et l’exil
vers la ville. De là l’aggravation de la misère de masse et de la polari-
sation sociale caractéristiques de ces sociétés, avec une concentration de
plus en plus poussée de la propriété foncière et un essor tout à fait dra-
matique des bidonvilles urbains. On comprendra mieux, dans de telles
conditions, pourquoi l’Afrique indépendante, qui était au tout début de la
décennie 1960, dans l’ensemble, autosuffisante pour ses approvisionne-
ments en nourriture, est désormais devenue globalement une région im-
portatrice de denrées alimentaires.
Les cultures commerciales de rente destinées à l’exportation, sources
d’entrées de devises, occupent de plus en plus de surfaces ensemencées
dans le monde — en premier lieu dans les sociétés du Sud. Néanmoins,
cette spécialisation est loin de ne présenter que des avantages. Outre
l’occupation de terres, ce type de cultures nécessite, en règle générale, le
financement d’investissements assez élevés, car les productions sont rela-
tivement capitalistiques et exigent fréquemment l’acquisition de matériels
spéciaux et d’inputs onéreux — ce qui exclut de facto les familles pay-
sannes les plus pauvres. Elles sont aussi susceptibles de provoquer l’évic-
tion de certaines cultures de subsistance, auxquelles seront allouées moins
de ressources en travail, terres et capitaux. Les sols et l’environnement
risquent de se dégrader plus rapidement du fait de l’utilisation plus pous-
sée d’engrais et de pesticides. Une autre conséquence, fondamentale, est
la subordination et la vulnérabilité des petits producteurs locaux face aux
transnationales de l’agrobusiness qui dominent les marchés mondiaux.
Mais comment ces effets touchent-ils l’agriculture burkinabé ?

4. IATP, WTO Agreement on agriculture : a decade of dumping. United States dum-


ping on agricultural markets, Trade Observatory, Genève, 2005.
Les défis de l’agriculture paysanne : le cas du Burkina Faso 87

II. L’agriculture burkinabé : données et débats


À l’heure présente, l’agriculture (et l’élevage) emploient, en moyenne
nationale, 81,6 % de la population économiquement active burkinabé, soit
environ 13 millions de personnes 5. Et cette population agricole a même
continué à croître, assez vivement, pendant les années 2000. Toutes les
régions du pays — à l’exception du Centre, où se situe la capitale Oua-
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gadougou — sont majoritairement agricoles. La proportion des ménages
agricoles dépasse les 90 % dans neuf des 13 régions administratives que
compte le pays, le plus fort taux étant observé dans celle du Sahel
(95,5 %).
Durant la décennie 2000, l’agriculture a contribué à hauteur de 35 à
40 % au PIB — avec une tendance observée à la hausse entre la fin des
années 1980 et le début des années 2000 6. Mais le taux de croissance du
secteur a été très heurté, et la productivité faible et stagnante. Les équi-
pements agricoles demeurent encore extrêmement rudimentaires, et moins
de 15 % des surfaces cultivées sont irriguées, situées principalement dans
les périmètres aménagés par les programmes publics des grandes plaines,
comme celles des vallées du Sourou (affluent du Mouhoun [Volta noire],
seul grand cours d’eau permanent du pays, au Nord-Ouest) et du Kou
(près de Bobo-Dioulasso dans le Sud-Ouest), ou encore avec le barrage
de Bagré au Centre-Est). L’agriculture burkinabé est donc essentiellement
de subsistance, pluviale et extensive.
Le coton constitue la principale culture de rente du Burkina Faso
grâce à une production de 483 865 tonnes en 2007-2008 (le point cul-
minant ayant été atteint lors de la campagne de 2006-2007, avec 759 858
tonnes de coton-graine). Il arrive loin devant d’autres productions com-
merciales d’exportation, telles que l’arachide (330 623 tonnes en 2007-
2008), le sésame (20 000 tonnes ces mêmes années) ou le soja (5 800
tonnes). Plus des trois quarts de cette production cotonnière se trouvent
concentrés dans les régions à pluviométrie relativement forte des Hauts
Bassins (41 %) et de la Boucle du Mouhoun (37 %).
Le système cotonnier remonte aux choix de spécialisation de l’admi-
nistration coloniale de la Haute-Volta dans les années 1920, qui se sont
vus entérinés à l’indépendance en 1960, puis confirmés par les priorités
de cultures de rente définies par les PAS de la période néolibérale con-
temporaine (depuis 1991). Néanmoins, cette stratégie d’insertion dans le
marché mondial, imposée dans une très large mesure de l’extérieur —

5. Rapport sur les performances du secteur agricole.


6. Comptes économiques de la Nation publiés par l’Institut national de la statistique et
de la démographie.
88 Rémy HERRERA et Laurent ILBOUDO

bien que la culture du coton ait été de longue date une production tradi-
tionnelle, mais restée assez marginale jusqu’au début du XXe siècle —
n’est pourtant pas parvenue, à ce jour, à promouvoir un développement
rural. Durant la période révolutionnaire (1984-1987), la transformation
sur place du coton avait été soutenue, notamment dans les usines de tex-
tile de Faso Dan Fani.
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En 2009-2010, le Burkina Faso n’abandonna (à l’Égypte) sa place de
premier exportateur africain de coton qu’en raison du vif essor du secteur
minier, et notamment aurifère, au cours des derniers mois. Il n’en demeure
pas moins que, malgré les fortes fluctuations enregistrées par les taux de
croissance du secteur cotonnier (comme par les cours mondiaux de ce
produit), une tendance nettement haussière de la production peut être ob-
servée, due à l’accroissement constant des surfaces mises en culture (da-
vantage qu’à celui des rendements, qui stagnent sur le moyen terme).
Dans ces conditions, le coton demeure une source de revenus extrê-
mement importante au Burkina Faso, tant pour les familles paysannes qui
dépendent de sa production (3,5 millions de personnes approximative-
ment) que pour l’État lui-même, par le truchement des entrées de devises
et des taxes générées par ses exportations — recettes indispensables pour
financer les importations, à commencer par celles de biens alimentaires.
Car les productions agricoles locales, générées par les cultures vivrières
et maraîchères (sorgho, mil, maïs, riz, mais aussi fonio, niébé, vouand-
zou…), ne suffisent pas à assurer l’équilibre alimentaire. Celui-ci n’est
obtenu que grâce à des importations de céréales — représentant de
100 000 à 200 000 tonnes annuellement et composées principalement de
blé et surtout de riz (respectivement 21 et 77 % des importations de den-
rées alimentaires, aides comprises) — et de produits animaux (8 000 ton-
nes de lait et près de la moitié de la quantité d’œufs commercialisés par
an en moyenne…).
Plutôt que de développer les cultures vivrières — dans un pays qui en
a les possibilités, même si les conditions sont souvent très difficiles —,
certains soutiennent l’idée que c’est le coton qui fournirait les devises né-
cessaires pour couvrir le financement des importations 7, et qu’il exerce-
rait des effets d’entraînement (rendements, productivité, modernisation…)
sur le reste de l’agriculture locale 8. Tel est le cas des acteurs dominants

7. R. GRISTEN, A. BRAUN et B. KENNEDY, Examen de l’intervention gouvernementale


dans la commercialisation des produits vivriers au Togo, action recommandation pour
l’action future ou l’État, Banque mondiale, janvier 1984.
8. Voir ici les conclusions de la 68e Rencontre du Comité consultatif international sur
le coton (CCIC) tenu à Cape Town les 7-11 septembre 2009.
Les défis de l’agriculture paysanne : le cas du Burkina Faso 89

de ces secteurs, comme les transnationales et les organisations de produc-


teurs aux niveaux national (Union nationale des producteurs de coton
burkinabé, UNPC-B) et régional (Association des producteurs de coton
africain, APROCA). Pour nombre d’experts satellisés par les milieux aca-
démiques orthodoxes et les organisations internationales, la corrélation
serait même établie entre les exportations de coton et la sécurité alimen-
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taire au Burkina Faso 9.
La question n’est pas tant ici de promouvoir les cultures vivrières con-
tre celles du coton, de l’arachide ou du sésame — car l’importance de ces
productions reste tout à fait vitale pour le pays 10, sans que les conditions
d’une « sortie » des cultures de rente ne soient jusqu’à présent réunies, ni
envisageables —, mais de savoir s’il est rationnel de privilégier ces der-
nières, en particulier le secteur cotonnier, par le biais de multiples mé-
canismes de soutien (semences améliorées, intrants divers, crédits desti-
nés à se procurer du matériel agricole…), au point de faire dépendre de
leurs recettes d’exportation la sécurité alimentaire du pays.
Toutefois, d’autres auteurs, plus critiques, ont vu, dans la récurrence
des crises alimentaires de l’Afrique, l’une des conséquences de la spécia-
lisation des pays dans les cultures de rente 11 — et de l’utilisation con-
jointe de l’« arme » de l’aide alimentaire 12 —, et affirmé qu’un petit pays,
ne disposant que de rares ressources, ne pouvait fonder sa stratégie de
développement sur des flux de recettes d’exportations agricoles anticipés
pour assurer sa sécurité alimentaire.

9. Alfred SCHWARTZ, « Culture du coton, sécurité alimentaire et développement dura-


ble dans les savanes de l’Afrique subsaharienne. L’exemple du Burkina Faso », Colloque
du 2 décembre 1999, « Crise alimentaire et développement durable », de la Fondation
Singer-Polignac, Paris ; François TRAORE, « Le rôle du coton dans la sécurité alimentaire
débattu au CCIC », 2009, en ligne, url :
http://www.aproca.net/index.php?option=com_content&task=view&id=157&Itemid=
60&lang=fr.Traoré (2009).
10. K. MCPHAIL et C. POLTI, Évaluation de l’impact économique et social des pro-
grammes de développement cotonnier au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Togo, Dé-
partement des Évaluations rétrospectives, Banque mondiale, Washington D.C., 1988.
11. M. ANSON-MEYER, « Les Illusions de l’autosuffisance alimentaire : exemple du
Bénin, du Ghana, du Rwanda et du Togo », in Frédéric GAGEY (dir.), Comprendre
l’économie africaine, L’Harmattan, Paris, 1985 ; Kostas VERGOPOULOS, « Les dangers et
les limites des politiques agricoles extraverties dans les pays en développement », Pro-
blèmes économiques, 1985, n° 1907 ; Claude ALBAGLI, L’économie des dieux céréaliers :
les lois de l’autosuffisance alimentaire, L’Harmattan, Paris, 1989.
12. Basile Laetare GUISSOU, Burkina Faso : un espoir en Afrique, L’Harmattan, Paris,
1995.
90 Rémy HERRERA et Laurent ILBOUDO

Plusieurs études ont démontré que, durant les périodes de sécheresse,


les paysans tendaient à réduire les superficies cultivées en coton de façon
à se concentrer sur les cultures vivrières, tandis que, pendant les périodes
où les conditions devenaient plus favorables, la production de coton re-
trouvait sa vitalité. Cela plaiderait en faveur de l’idée selon laquelle, au
plan national, ce serait plutôt les cultures vivrières qui « causeraient » les
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cultures de rente (en l’occurrence de coton), davantage que l’inverse 13.
C’est aussi dans les zones de production cotonnière (Hauts Bassins,
Boucle du Mouhoun, Cascades, Sud-Ouest) que l’on trouve les terres les
plus fertiles et la meilleure pluviométrie, et que la complémentarité entre
cultures cotonnière et vivrière est vérifiée. D’autant que l’Ouest du pays
est moins touché par le phénomène de dégradation des terres, car moins
affecté par la pression foncière caractérisant la compétition pour l’accès à
la terre dans les autres régions. Mais au niveau national, ce sont les cultu-
res vivrières qui semblent exercer des effets positifs sur les cultures d’ex-
portation, plus que le contraire. Si les cultures vivrières étaient davantage
soutenues, non seulement l’autosuffisance alimentaire serait réalisable,
mais également l’effet d’entraînement induit sur les cultures de rente per-
mettrait d’entrevoir une réduction concrète de la pauvreté, comme de la
dépendance extérieure. Cette dernière reculera d’autant plus encore que
progresseront les opportunités locales de transformation de produits des
cultures de rente, plutôt que leur exportation.
Le soutien aux cultures de rente — et d’abord au coton — est sans
doute encore nécessaire, mais n’implique pas la continuité de la logique
d’administrations coloniale, puis néolibérale. Il n’est surtout pas exclusif
de la construction d’une politique agricole et de la redynamisation des
cultures vivrières et maraîchères (comme aussi de l’élevage) et de la so-
ciété paysanne dans son ensemble. Si l’essor du coton depuis l’indé-
pendance a montré l’importance de cette culture commerciale encadrée
en tant que source de revenus pour les paysans burkinabé, la crise des
années 2000 a brutalement rappelé le risque que fait peser sur la popu-
lation entière une telle culture d’exportation.

13. Voir, par exemple, Claude WETTA, « Culture de coton et cultures vivrières : com-
plémentarité ou substitution ? Le cas du Burkina Faso », CEDRES, Université de Ouaga-
dougou, Ouagadougou, 1999.
Les défis de l’agriculture paysanne : le cas du Burkina Faso 91

III. Propositions pour un avenir meilleur des agricultures paysannes


Le développement de la société paysanne burkinabé passera d’abord
et avant tout par une réduction progressive et contrôlée de la dépendance
vis-à-vis du coton et des cultures de rente, ainsi que par la mise en œuvre
simultanée de nouveaux et efficaces mécanismes de soutien de produc-
tions vivrières destinés à garantir la sécurité alimentaire de l’ensemble de
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la population et l’amélioration concrète et significative des conditions de
vie des familles en zones rurales. Aussi, la Confédération paysanne du Fa-
so (CPF), créée en 2002 et membre du Réseau des organisations paysan-
nes et des Producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) appuie-
t-elle un projet d’agriculture paysanne fondée sur l’accès à la terre, la mo-
dernisation de productions grâce à l’acquisition d’intrants et d’équipe-
ments, le développement de travaux d’irrigation et d’infrastructures, l’in-
tégration du secteur par le renforcement des industries de transformation
— pour rendre les produits locaux plus attractifs aux consommateurs —
ou la multiplication des formations pour agriculteurs.
Puisque près des trois quarts de la population mondiale sont encore
paysans, les questions qui nous occupent sont étroitement liées à celle de
la détermination d’un avenir meilleur pour les agricultures paysannes.
Cela implique de rechercher les conditions qui garantissent à tous les pay-
sans du monde le droit d’accès aux ressources productives, et d’abord à la
terre. Sa mise en œuvre exigera les réformes adéquates des systèmes fon-
ciers et là, où et quand cela est nécessaire, des réformes agraires. La sou-
veraineté alimentaire est loin d’être reconnue comme un droit des États
(ou des régionalisations), qui doivent pouvoir déterminer souverainement
leur politique agricole interne et son insertion dans l’économie mondiale.
Dans des conditions collectivement acceptables, cela passe notamment
par : une protection à l’importation de l’agriculture par des prix garantis
aux producteurs ; la subvention des consommateurs, avec distribution de
biens alimentaires à des coûts extrêmement bas ; l’encadrement des acti-
vités de commerce et d’intermédiaire de façon à éviter qu’apparaissent
d’éventuelles opérations spéculatives et que soient pénalisés producteurs
et consommateurs ; une politique agricole de soutien de l’investissement
et de modernisation des exploitations ; l’arrêt de la promotion de l’agro-
business et de l’accaparement de grandes propriétés foncières par les fir-
mes transnationales au détriment des familles paysannes ; le renforcement
de la coordination internationale, pour empêcher les surproductions pro-
voquant l’effondrement des cours…
92 Rémy HERRERA et Laurent ILBOUDO

Ce qu’il s’agit de penser et de construire, c’est un monde fondé sur la


reconnaissance du caractère non marchand de la nature et des ressources
naturelles de la planète, à commencer par les terres agricoles 14. Ces
ressources sont au cœur de la nouvelle conquista moderne lancée par le
modèle capitaliste néolibéral, qui tend à soumettre tous les aspects de la
vie sociale, presque sans exception, au statut de marchandises. Privati-
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sation et marchandisation à outrance entraînent des effets dramatique-
ment dévastateurs, avec le gaspillage des ressources renouvelables ou non
(eau…), la dégradation de la biodiversité et les menaces écologiques,
comme également l’anéantissement des sociétés paysannes expulsées de
leurs terres 15. Tous ces éléments doivent être tenus pour des « biens pu-
blics de l’humanité », pour lesquels les décisions d’allocation ne doivent
plus relever du marché, mais des pouvoirs publics, eux-mêmes placés
sous le contrôle des peuples. L’objectif est de parvenir non seulement à
une gestion démocratique des ressources naturelles, mais encore à subor-
donner sa définition à un principe vital supérieur, celui au droit à la vie,
afin de contrecarrer la logique de destruction des formations sociales et
de la planète elle-même.
Une série de propositions d’actions concrètes mériterait d’être discu-
tée — au-delà des cercles de spécialistes des questions agricoles. Articu-
lées aux niveaux à la fois micro- et macroscopiques (c’est-à-dire des
sociétés civiles et des États), elles s’inscrivent dans des stratégies devant
favoriser le renforcement de la convergence des résistances populaires et
l’émergence d’une conscience collective. Citons ici, à titre d’exemples :
le rejet pour cause d’illégalité des contrats imposant une forte dépendance
des agriculteurs vis-à-vis des firmes transnationales productrices de se-
mences ; la protection des ressources biologiques et génétiques contre la
pratique du « brevetage-pillage » de ces mêmes firmes ; la lutte contre la
privatisation de l’eau — y compris sous forme de nouveaux partenariats
privé-public — et la garantie effective donnée à tout être humain des
quantités nécessaires d’eau dans le respect du renouvellement des nappes
phréatiques…

14. Voir l’Appel de Bamako du Forum mondial des Alternatives, en janvier 2006.
15. Samir AMIN (dir.), Les luttes paysannes et ouvrières face aux défis du XXIe siècle,
Éditions Les Indes Savantes, Paris, 2005.
Les défis de l’agriculture paysanne : le cas du Burkina Faso 93

La souveraineté alimentaire est le droit qui devrait être reconnu à cha-


que État (ou groupe d’États) pour définir sa politique agricole intérieure et
le type d’insertion qu’il souhaite dans le marché mondial, tout comme de-
vrait l’être celui de se protéger efficacement à l’importation et de subven-
tionner ses agriculteurs à condition de s’interdire toute exportation agri-
cole à des prix inférieurs aux coûts de production (hors subventions di-
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rectes ou indirectes). Elle constitue l’un des leviers permettant de recou-
vrer une souveraineté nationale dans tous les domaines, en même temps
qu’un vecteur de promotion de la démocratie puisqu’elle exige d’impli-
quer la participation des différents acteurs des filières agroalimentaires à
la définition des objectifs et des moyens, en commençant par les produc-
teurs.
À ces fins, les États doivent garantir l’accès des exploitations paysan-
nes aux ressources productives — et en tout premier lieu à la terre —, et
arrêter de promouvoir l’agrobusiness, avec accaparement de terres par les
bourgeoisies nationales et transnationales au détriment des exploitations
paysannes. Cela implique de trouver les mécanismes nécessaires pour fa-
voriser l’investissement des petites exploitations familiales et les indus-
tries locales de transformation. Mais par-dessus tout, l’accès à la terre de
tous les paysans du monde doit être reconnu comme un droit fondamen-
tal. Sa mise en œuvre exige la transformation progressive — et, lorsque
cela s’impose, profonde — des systèmes fonciers.
Plusieurs instruments de régulation des échanges agricoles seraient à
instaurer pour rendre effective cette souveraineté alimentaire : une protec-
tion efficace à l’importation, fondée sur des prélèvements (pouvant être
variables) garantissant un prix d’entrée fixe afin d’assurer des prix inté-
rieurs minima sécurisant les investissements des producteurs agricoles
(ainsi que les prêts des banques), avec des droits de douane suffisamment
protecteurs face à des prix mondiaux fluctuants et soumis aux aléas des
taux de change ; une élimination des formes de dumping, en interdisant
l’exportation en dessous du coût de production (sans subventions) ; des
mécanismes de coordination et de maîtrise de l’offre de façon à éviter les
surproductions provoquant la chute des prix ; la contestation des règles
iniques de l’Organisation mondiale du commerce et la sortie de l’agri-
culture de leurs champs d’application, afin de pouvoir confier la régula-
tion internationale des échanges agricoles à une institution relevant des
Nations Unies et fonctionnant selon un modèle tripartite associant des re-
présentants des syndicats agricoles (comme Via Campesina, par exemple),
des entreprises agroalimentaires et des États.
94 Rémy HERRERA et Laurent ILBOUDO

Finalement, pour que ces derniers puissent recouvrer leur pleine sou-
veraineté, notamment alimentaire, une intégration régionale s’avère tout à
fait indispensable pour de petits pays comme le Burkina Faso. À cet effet,
il conviendrait de réformer en profondeur les institutions actuelles, telles
que l’UEMOA et la CEDEAO, trop dépendantes des puissances du Nord,
et pour que ce type de régionalisation ne fonctionne plus, comme aujour-
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d’hui, en tant que courroie de transmission de la mondialisation néoli-
bérale.

Conclusion
L’essor de la filière cotonnière burkinabé cache un profond malaise.
Celui-ci s’est traduit, notamment, lors du sommet de l’OMC en 2003, par
les revendications des pays membres du « C4 » (regroupant, aux côtés du
Burkina Faso, le Mali, le Bénin et le Tchad) visant à faire respecter les
« règles de la concurrence internationale » dans le cadre de l’initiative sec-
torielle en faveur du coton et à condamner les méfaits provoqués par les
subventions aux exportations des pays du Nord et subis par les petits
producteurs ouest-africains 16. Les fluctuations amples et désordonnées des
cours du coton sur les marchés mondiaux, liées tout particulièrement aux
comportements de spéculateurs diversifiant leurs placements financiers en
ces temps de crise et à l’arrimage du franc CFA sur l’euro, mais aussi aux
pressions exercées par de nouveaux acteurs sur les marchés mondiaux ou
à la concurrence des fibres textiles synthétiques 17, montrent que les diffi-
cultés du secteur cotonnier sont loin d’être surmontées. Dans le cas du
Burkina Faso, la complémentarité entre cultures cotonnière et vivrières ne
peut être extrapolée au-delà des zones productrices bénéficiaires de con-
ditions favorables. Au plan national, c’est le développement des cultures
vivrières qui semble soutenir les cultures de rente, plutôt que l’inverse.
Une politique agricole rationnelle et davantage tournée vers les intérêts
nationaux devrait privilégier l’appui aux petites exploitations familiales et
aux cultures vivrières afin de couvrir prioritairement les besoins alimen-

16. Sur l’impact des subventions occidentales, voir Michel FOK, « Crises cotonnières
en Afrique et problématique de soutien », Biotechnology, Agronomy, Society, and Envi-
ronment, 2006, vol. 10, n° 4, p. 311-323 ; Kako NUBUKPO, « La soutenabilité du coton
d’Afrique zone franc à l’épreuve des mutations agronomiques et institutionnelles », Com-
munication à la 26e Journée du développement de l’Association Tiers-Monde, Strasbourg,
juin 2010 ; Laurent ILBOUDO et Yankou DIASSO, « Le coton ouest-africain : chocs
exogènes, mécanismes de régulation et difficultés structurelles », Première Conférence
annuelle des jeunes chercheurs en économie et en gestion, Amiens, octobre 2010.
17. Voir ici FAO, « Investir dans l’agriculture pour endiguer l’exode rural », Étude
sur le rôle de l’agriculture, Rome, 2006.
Les défis de l’agriculture paysanne : le cas du Burkina Faso 95

taires, sans soumettre ces derniers aux aléas des recettes d’exportation
tirées des cultures de rente. La sécurité alimentaire doit être fondée sur
l’autosuffisance nationale plutôt que sur des importations par trop dépen-
dantes des contraintes des marchés mondiaux. Le piège d’une politique
agricole orientée vers les cultures de rente s’est d’ailleurs implacablement
refermé sur l’économie burkinabé il y a quelques mois, durant la crise ali-
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mentaire de 2007-2008.
Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne - CNRS
UMR 8174 - Centre d’Économie de la Sorbonne

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