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Rajendra Parsad Gunputh, docteur en droit public (Univ. Paris V – René Descartes), doc‑
teur en droit privé (Univ. de la Réunion), post doctorat (Univ. Paris X‑Nanterre), H.D.R
(Univ. de la Réunion), Professeur associé à l’Université de Maurice, Chef du Département de
droit ; Laurent Sermet, Professeur à l’Université de la Réunion.
1. Les décisions de la Cour suprême sont compilées chronologiquement dans le Mauritius
Report (MR) et dans le Supreme Court Judgments (SCJ) et les arrêts sont classés alphabétique‑
ment. Désormais, toutes les décisions de toutes les cours locales, y compris les décisions ren‑
dues par les Law Lords du comité judiciaire du Conseil privé, peuvent être consultées sur le
site de la Cour Suprême afin que tous les juristes mauriciens et étrangers soient informés des
décisions rendues localement profitant pour préciser ici que la jurisprudence locale étant une
source intarissable du droit mauricien. Voir : http://www1.gov.mu/scourt/home/welcome.do
7. R. P. Gunputh (2010), « Le Comité judiciaire du Conseil privé dans les anciennes colo‑
nies anglaises : les pouvoirs, compétences et mécanismes de pourvoi selon les lois en vigueur »,
in University of Mauritius Research Journal, Issue : Volume 16 ‑ Year 2010.
8. La section 75(1) de la Constitution prévoit que : « There shall be a Supreme Court for
Mauritius which shall have unlimited jurisidiction to hear and determine any civil or cri‑
minal proceedings under any law other than a disciplinary law and such jurisdiction and
powers as may be conferred upon it by this Constitution or any other law » alors que selon la
traduction française : « La Cour suprême de Maurice est investie d’une compétence générale
pour entendre et juger tout procès civil ou pénal en application de toute loi non disciplinaire.
Elle est également investie de la compétence et des pouvoirs qui lui sont conférés par la
Constitution ou tout autre loi ».
9. Selon Lord Phillips et Lord Mance : « For these reasons the Board has concluded that
the Supreme Court erred in holding that deposits were subject to income tax as trading
receipts, just as it erred in holding that they were chargeable to VAT. The appeal is accor‑
dingly allowed ».
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que la Constitution de 1968 n’agit pas seule non plus. Elle est renforcée par
d’autres lois internes ainsi que certaines lois typiquement britanniques telles que
The Judicial Committee Act 1833 Act, The Statute of Westminster 1931 ainsi que The
Judicial Committee Act 1844, qui permettent aux Lords du Comité judiciaire du
Conseil privé de délibérer en toute sérénité et de rendre des décisions qui ont été
initialement délibérées dans un ou d’autres pays membres du Commonwealth
(Trinidad & Tobago) et qui l’ont maintenu malgré qu’ils sont des États souve‑
rains et judiciairement indépendants, et qu’il reste à élucider.
La section 81 de la Constitution de 1968 prévoit toutes les conditions de fond
alors que The Mauritius (Appeals to Privy Council) Order du 12 mars 1968 prévoit
les conditions de forme à remplir. Quand l’île Maurice devint la République
de Maurice le 12 mars 1992, le Parlement britannique promulgua aussitôt The
Mauritius Republic Act 1992 afin que la Reine d’Angleterre puisse conférer juri‑
diction aux Law Lords du Comité judiciaire du Conseil privé, grâce à un Order in
Council, The Mauritius Appeals to Judicial Committee Order 1992.
Désormais, le recours au Comité judiciaire du Conseil privé est possible à la
condition d’avoir eu l’autorisation de la Cour suprême et épuisé tous les recours
internes possibles (exhaust all available remedies). Mais cette instance d’outre‑mer
ne statuera pas comme une cour d’appel (Re Dillet 1887 12 App. Cas. 45910) et
l’intéressé (applicant) aura fait sa demande d’appel (Notice of Appeal) selon la sec‑
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10. Selon les Law Lords dans Re Dillet 1887 12 App. Cas. 459 : « In the present case
an Indian petition for special leave to appeal against conviction and sentence of death for
murder‑the only real point is a point for argument on a section of a statute, and al that the
petitioner can say is that it was wrongly decided. That is to ask the Board to sit as a Court of
Criminal Appeal and nothing else. »
11. Aux termes de la section 11(2) du Judicial Committee (Appellate Jurisdiction ) Rules
Order 2009 : « An application for permission to appeal must be filed within 56 days from
the date of the order or decision of the court below or the date of the court below refusing
permission to appeal (if later). »
12. Selon le juge K. P. Matadeen et le juge P. Balgobin dans l’arrêt Y.K. J. Yeung Sik Yuen
v. Ramdoo 2003 SCJ 318: « It is appropriate that we stress at the very outset and this at the
risk of stating the obvious, that we are not sitting on appeal over the decision of the Supreme
Court. The proper authority to hear the appeal is the Judicial Committee of the Privy Council
and the law regulating appeals to the Judicial committee of the Privy Council is to be found
in section 81 of the Constitution and the Mauritius (Appeals to Privy Council) Order1968.
Our role is simply to consider whether the applicants satisfy the test laid down in section 81
and to impose the conditions as required by section 4 of the Order. »
13. Selon la section 4 du Mauritius (Appeals to Privy Council) Order1968 : « The appellant
should enter into good and sufficient security to the satisfaction of the Supreme Court within a
period to be fixed by the court but not exceeding 90 days from the date of hearing. The section
also contains provisions about the preparation of the record and its dispatch to England. »
1026 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet
14. R. P. Gunputh (2006), « Du droit positif pour les déracinés de la terre dans les anciennes
colonies. La cas de l’ile Maurice » in Revue Juridique et Politique des Etats Francophones, n° 4,
octobre‑décembre 2006, pp. 530‑559.
15. R. P. Gunputh (2008), « Déportation dans la région de l’Afrique australe : l’affaire
Chagosienne ou l’histoire de l’extinction d’une peuple en exil », in Revue Juridique et Politique
des États Francophones, n° 2, juillet‑septembre 2008, pp. 315‑ 345.
16. L’île Maurice est l’un des rares pays, il faut le souligner, où l’indépendance s’acheva
dans la paix et sans la moindre goutte de sang.
17. G. Conac, « Le processus de démocratisation en Afrique », pp. 1 à 41 in G. Conac (dir) :
L’Afrique en transition vers le pluralisme politique, la vie du droit en Afrique, Economica, 1993,
517 p., p. 11
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pour que le système légal mauricien soit doté d’une Constitution écrite, de
pouvoirs au Premier ministre calqués sur le modèle de Westminster, d’une Cour
suprême, d’un droit d’appel devant deux Cours d’appel (au civil et au cri‑
minel), d’une déclaration de droits fondamentaux. Certaines spécificités mau‑
riciennes seront retenues comme notamment le lien juridique maintenu avec le
Royaume‑Uni grâce au pourvoi devant le Comité judiciaire du Conseil privé.
Politiquement, Maurice est membre à part entière du Commonwealth avec des
échanges commerciaux (sucre, café, épices, tabac, le tourisme y compris le savoir
faire des Mauriciens entre autres). Autre spécificité : des droits électoraux basés
sur le système de best loser 18.
L’originalité de la Constitution de 1968 est ce qu’elle prévoit les droits fon‑
damentaux liés directement aux droits de l’homme. Mais son originalité n’est
pas substantielle. En effet, le Chapitre II de la Constitution de 1968, s’inti‑
tule « Protection des droits fondamentaux et des libertés individuelles », et une
lecture rapide des sections 3 à 16 soulignent qu’elles ont été inspirées, pour
ne pas dire copiées, des grands textes fondamentaux et tout particulièrement
la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et, évidemment, la
Convention européenne des droits de l’homme de 1950.
Le tableau ci‑après démontre le rapprochement frappant entre les diverses sec‑
tions de la Constitution de 1968 et les articles correspondants de la Déclaration
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18. R.P. Gunputh (2009), « Droit électoral. Projet de réforme électorale prospective en
droit constitutionnel ou la pratique du Best Loser System et du système proportionnel au
service du pluralisme ethnique : justice constitutionnelle ou injustice parlementaire ? » Revue
Française de Droit Constitutionnel (France), No. 78, avril 2009. pp. 431‑445.
1028 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet
19. D.B. Seetulsingh, Protection des droits fondamentaux et systèmes juridiques, Les appels au
Comité judiciaire du Conseil privé du Royaume Uni, Colloque international AUPELF‑UREF
à Maurice.
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motifs raisonnables. La Cour suprême est ainsi le garant des droits fondamentaux,
protégeant les citoyens contre des abus.
Quoi qu’il en soit, inspirées ou pas, les sections 3 à 16 sont des véritables
remparts visant à protéger le suspect ou l’accusé contre les diverses allégations
pendant sa détention ou remand en bail selon les dispositions prévues au Bail
Act 1999, sa garde à vue ou en attendant son appel devant la Cour suprême
ou la Cour d’appel civile ou criminelle et au cas où sa requête en pourvoi est
acceptée par la Cour suprême, l’affaire sera entendue devant le Comité judiciaire
du Conseil privé, à Londres.
Ce dernier, en guise de conclusion, tranchera le point de savoir si la décision
de la Cour suprême ou éventuellement de la Cour d’appel civile ou cour d’appel
criminelle est une bonne ou mauvaise décision. Aucun juge de la Cour suprême
ou des Cours d’appels n’a rejeté ou contesté les décisions des Law Lords, en tout
cas jusqu’à présent.
Dans la grande affaire Bishop of Roman Catholic Diocese of Port Louis and Others
v. Suttyhudeo Tengur and Others 2004 les Law Lords expliquent qu’une réservation
de 50 % des élèves catholiques dans les collèges confessionnels est une violation
des droits de l’homme et est discriminatoire à l’égard d’autres communautés qui
existent sur l’île et renversent la décision de la Cour suprême qui avait mal‑
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De façon très parallèle à Maurice, l’archipel des Seychelles fut colonie fran‑
çaise avant de passer sous souveraineté anglaise en 1810, ce qui fut confirmé en
Droit constitutionnel étranger : Ile Maurice et Seychelles 1031
pour un maximum de trois mandats de cinq ans (article 52). Le pouvoir législatif
est exercé par un parlement monocaméral, l’Assemblée nationale (article 85).
L’organisation juridictionnelle des Seychelles forme un système complexe et
original (article 119). Une partie conséquente des décisions produites, notam‑
ment par les cours supérieures (Cour d’appel ; Cour suprême ; Cour constitution‑
nelle) sont accessibles à partir du site Southern African Legal Information Institute
(SAFLII)23. Une rapide présentation générale s’impose. La plus haute juridiction
de l’État est la Cour d’appel des Seychelles et se présente comme la juridiction de
dernière instance, pour toutes les catégories de litiges, y compris ceux de nature
constitutionnelle. La Cour suprême est juridiction de première instance pour les
réclamations importantes en matière civile et pénale. Elle est chargée du contrôle
des décisions des cours inférieures, qui prennent pour nom : Magistrates Courts of
Seychelles. Celles‑ci ont compétence pour les litiges civils de faible importance et
pour les affaires criminelles les moins graves. Elles interviennent également pour
les premières étapes de la garde à vue. Toutes les décisions de la Cour suprême,
qui porte bien mal son nom, peuvent être portées devant la Cour d’appel. Un
certain nombre de juridictions inférieures spécialisées est aussi établi. Elles ont
compétence notamment pour les conflits de nature prud’hommale (Employment
Tribunals), les différends familiaux (The Family Tribunal) et les litiges entre pro‑
priétaires et locataires (The Rent Control Board). Cette hiérarchie judiciaire est
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25. Selon la lettre de l’autorité constitutionnelle : « Dear Mr. President, In accordance with
the powers conferred upon the Constitutional Appointments Authority by the Constitution of
the Republic of Seychelles, the Constitutional Appointments Authority hereby recommends
per approval the extension of the contract of Justice S.B. Domah for an additional two year
term as permitted by the Constitution (Article 131(3) in view of the exceptional circums‑
tances related to Justice Domah. Justice Domah’s contribution to the good performance of
the Seychelles Court of Appeal is very much appreciated by his colleagues and the public
in general. Apart from his extensive qualifications and experience he is among the few to be
familiar with the French Civil Law/Code Napoléon which largely serves as the basis of our
Civil Code. Copies of Justice Domah’s letter referring to above and that of the president of the
Court of Appeal’s recommendations are enclosed. »
1034 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet
sous le chef de l’art. 131 (4). Le juge ne peut pas demander à prolonger son
mandat pour deux années. La Cour ne répond pas à la question suivante : le fait
de ne pas avoir effectué un premier mandat de 7 ans ouvre‑t‑il le droit à bénéfi‑
cier de l’art. 131 (4) ? Voilà pourquoi, la proposition de l’autorité indépendante
de nomination des juges est jugée inconstitutionnelle et la demande de prolon‑
gation de mandat est nulle et de nul effet depuis l’origine.
La position de la Cour constitutionnelle a été renversée par la Cour d’appel.
Deux décisions complémentaires ont été rendues.
La première concernait la récusation de l’entière Cour d’appel suspectée de ne
pas pouvoir rendre la justice, ici une suspicion légitime : James Alix Michel Mr.
and others v Mr. Viral Dhanjee and others, Case n° SCA 5 and 6 of 2012, Aug. 31,
2012 ( [2012] SCCA 23). La récusation a été repoussée à l’unanimité des trois
juges et l’opinion a été rédigée par le juge Matilda Twomey, première femme
juge aux Seychelles. La juge Twomey a visé l’article 19 (7) de la Constitution,
relatif à l’impartialité des juges, qui constitue la référence éthique de la fonc‑
tion juridictionnelle. Elle s’est ensuite tournée vers le droit constitutionnel
comparé, notamment la Cour constitutionnelle sud‑africaine, qui avait rejeté
le recours en défaut d’impartialité dirigé contre les juges constitutionnels, dans
une affaire mettant en cause le Président Mandela, dès lors que les juges avaient
été nommés par lui : Africa and Others v South African Rugby Football Union and
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