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Ile Maurice et Seychelles

Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet


Dans Revue française de droit constitutionnel 2013/4 (n° 96), pages 1019 à 1034
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 1151-2385
ISBN 9782130618447
DOI 10.3917/rfdc.096.1019
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CHRONIQUE

Droit constitutionnel étranger :


Ile Maurice et Seychelles

rajendra parsad gunputh


laurent sermet

I – LA RÉPUBLIQUE DE L’ÎLE MAURICE


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Cette partie de chronique couvrira la période allant de 2010 à 2012 concer‑
nant la pratique constitutionnelle de la Cour Suprême de la République de l’île
Maurice bien que cette période soit présentée, pour son autorité, sa clarté et sa
précision1 en l’absence de revirement jurisprudentiel du Comité Judiciaire du
Conseil Privé à l’île Maurice, qui fête ses vingt bougies le 12 mars 2012.
Après avoir subi une double colonisation, française et anglaise, l’État indé‑
pendant de Maurice a pu être qualifié de monarchie constitutionnelle en 1968
avant de devenir une République en 1992. L’héritage juridique de l’île est plu‑
riel : un droit mixte, assurément, mais aussi métisse (A). Le Comité judiciaire
du Conseil privé (B) est maintenu alors que l’État est souverain et démocratique.
On se pose toujours la même question : est‑ce que la protection des droits fonda‑
mentaux se caractérise par un métissage ou un absorption (C) ?

A – Le droit de l’île Maurice, droit mixte, droit métisse ?

Le droit mauricien naît au dix‑huitième siècle, avec l’arrivée des Français


en 1715. Ils légueront plusieurs codes, dont notamment le Code Napoléon

Rajendra Parsad Gunputh, docteur en droit public (Univ. Paris V – René Descartes), doc‑
teur en droit privé (Univ. de la Réunion), post doctorat (Univ. Paris X‑Nanterre), H.D.R
(Univ. de la Réunion), Professeur associé à l’Université de Maurice, Chef du Département de
droit ; Laurent Sermet, Professeur à l’Université de la Réunion.
1. Les décisions de la Cour suprême sont compilées chronologiquement dans le Mauritius
Report (MR) et dans le Supreme Court Judgments (SCJ) et les arrêts sont classés alphabétique‑
ment. Désormais, toutes les décisions de toutes les cours locales, y compris les décisions ren‑
dues par les Law Lords du comité judiciaire du Conseil privé, peuvent être consultées sur le
site de la Cour Suprême afin que tous les juristes mauriciens et étrangers soient informés des
décisions rendues localement profitant pour préciser ici que la jurisprudence locale étant une
source intarissable du droit mauricien. Voir : http://www1.gov.mu/scourt/home/welcome.do

Revue française de Droit constitutionnel, 96, 2013


1020 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet

de 18042, le code de commerce français de 1807, l’odieux Code noir de 17233


et évidemment le Code pénal français de 1791. Selon Me Edwin Venchard
qui déclara dans son Codes Annotés de l’Ile Maurice‑Code Civil (note p. V, Vol. 1,
Deuxième Édition) que :
Notre droit civil commence à l’aube du xixe siècle lorsque l’arrêté du
25 Vendémiaire An XIV (23 octobre 1805) étendit provisoirement aux lointaines
îles Maurice et de la Réunion, alors Isles de France et de Bourbon, le Code Civil des
Français qui, le 21 mars 1804, avait réuni en un seul corps les 36 lois qui régissent
le droit civil en France…
La présence juridique des codes sera bien plus longue que la présence poli‑
tique française. Après la cuisante défaite des Français en 1810, à la suite de plu‑
sieurs batailles navales contre les Britanniques, sous le pavillon de l’Union Jack,
la France perd sa souveraineté sur l’île de France.
À l’exception du Code noir de 1723, la plupart de ces codes survivront grâce
à l’Acte de Capitulation de 1810 sous réserve d’amendements. Alors que le
Code pénal de 1791 et le Code Napoléon7 de 1804 garderont toutes leurs splen‑
deurs, le Code de commerce sera retravaillé afin d’y inclure des lois d’inspiration
anglaise. Pour en revenir à l’Acte de Capitulation de 1810, sa Gracieuse Majesté
la Reine Elisabeth ordonna sur le champ que les habitants de l’Isle de France
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conserveront leurs lois, coutumes et religions et ceci en vertu de l’article 8 de
l’Acte de Capitulation en date du 3 décembre 1810.
Certaines des sections les plus importantes du Code pénal français de 1791
furent traduites en anglais afin que les avocats et autres juristes britanniques, qui
se trouvaient sur l’île, aient la possibilité de découvrir un code pénal qui ne leur
appartenait pas et de défendre leurs clients.
Ainsi est né le droit mixte mauricien, dépassant le clivage de deux grands
systèmes de droit, pour les faire cohabiter sans véritable anicroche et faire vivre
les codes français et les lois d’inspiration anglaise. Cette cohabitation peut‑être
présentée comme un partage des espaces. La procédure (plaint with summons, inter‑
locutory injunction), reconnue universellement et pour sa grande célérité, éclipse
petit à petit la procédure française, jugée trop lente et passive. La plupart des
lois de procédure civile ou criminelle sont empruntées du droit anglais, les lois
substantielles sont d’inspiration anglaise (Labour Act 1975 qui est maintenant
abrogé ou repealed, Employment Rights 2008, Employment Relations Act 2008) alors
que les lois d’ordre général sont typiquement d’inspiration française. Les Law
Lords sont souvent conduits à interpréter des textes anglais et français à la fois.
Cohabitation ou métissage juridique4 ? Le droit mauricien est aussi métissé.
Pour le Professeur Xavier Blanc‑Jouvan5 : « c’est surtout qu’il réalise une sorte
2. R. P. Gunputh, « L’Interprétation du Code Napoléon par les juridictions mauriciennes »,
Revue de la Recherche juridique d’Aix en Provence, Droit Prospectif, RRJ‑2006‑1, pp. 2057‑2088
3. R. P. Gunputh (2009), « La malédiction du Code Noir de 1723 dans les îles mascareignes »,
Revue de la Recherche Juridique d’Aix en Provence, Presse Universitaire de France, pp. 919‑934.
4. R. P. Gunputh (2008), « Les limites d’adaptation‑interprétation du Code civil français
dans la synthèse du droit mixte mauricien ‑ Coexistence et influence dans les Mascareignes »,
Revue Internationale de Droit Comparé, n° 4. Octobre‑Décembre 2008, pp. 885‑925, Revue
trimestrielle publiée avec le concours du CNRS.
5. X. Blanc‑Jouvan, L’introduction a l’étude comparée des droits de l’Océan indien, pp. 23 à 33,
in Gérard Conac (dir), Études de droit privé français et mauricien, note 196, p. 31
Droit constitutionnel étranger : Ile Maurice et Seychelles 1021

de synthèse entre deux systèmes qui s’opposent sur le terrain de la technique


juridique et qui appartiennent à deux familles différentes ». Personne n’inter‑
roge les sources de ce métissage juridique. Les praticiens ont d’autres soucis
puisque le droit mauricien soulève d’autres questions encore plus importantes ;
à savoir notamment comment une instance aussi puissante et populaire que le
Comité judiciaire du Conseil privé peut‑elle rendre des décisions dans un sys‑
tème doté d’une codification à la fois réelle (common law) et formelle (France) ?
Le doctorant Parvèz A.C. Dookhy6, Mauricien spécialisé dans l’étude du
Comité judiciaire du Conseil privé dans un système de droit mixte, mérite d’être
cité ici pour ses travaux et recherches. Selon sa thèse de doctorat sous la direction
du Professeur Gérard Conac de l’Université Paris I Panthéon‑Sorbonne :

Les juges locaux appliquaient le Code Civil à la lumière des arrêts de


la Cour de cassation française, tout en gardant une indépendance vis‑à‑vis de la
juridiction suprême de l’ancienne métropole. Dans l’affaire Mungroo v. Dahal de
1937, le juge Le Conte de la Cour Suprême de Maurice refusait d’appliquer le revi‑
rement de la jurisprudence des Chambres réunies de la Cour de Cassation française
à propos d’une interprétation de l’article 1384 alinéa premier du Code Civil en
matière de responsabilité du fait des choses dans l’affaire Jand’heur. Les arrêts de
la Cour de Cassation n’avaient désormais qu’une forte autorité morale (persuasive
authority) et non obligatoire à l’égard du juge local et celui‑ci ne voulait trahir
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sa nouvelle fidélité et loyauté au Comité Judiciaire et était lié par ses décisions.
L’anglicisation du Code Pénal n’a que partiellement eu lieu. Le Code Pénal de
1791 fut remplacé en août 1838 par un code basé essentiellement sur le droit
pénal français d’alors. Le Code, qui est toujours en vigueur, fut rédigé à la fois en
français et en anglais, étant entendu qu’en cas de divergence entre les deux textes,
le premier primerait. Mais cette prédominance du français ne dura pas longtemps.
Une Ordonnance en Conseil de 1842 disposait que toute modification législative
et toute nouvelle loi devraient être rédigées en anglais. L’évolution du droit civil
et du droit pénal s’opérait désormais dans un contexte anglais. Certaines nouvelles
lois françaises furent traduites et reproduites par le législateur. Les termes quasi
intraduisibles furent reproduits entre parenthèses dans les lois nouvelles et ce ne
fut qu’en 1962 que la Couronne permit les réformes en français lorsqu’il s’agissait
des textes d’origine française.
En effet, les juristes mauriciens ont besoin d’une maîtrise du droit romaniste
français et de la common law ainsi que des deux langues s’ils veulent plaider en
pourvoi devant les Law Lords. En plus, les avocats Mauriciens doivent se rendre à
Londres afin de défendre leurs clients devant cette instance quoique depuis 2010
ce sont le plus souvent les Lords qui font le déplacement à Maurice. Quant à la
doctrine locale elle est relativement pauvre en la matière. Aussi les praticiens se
partagent entre les ouvrages français de droit civil (l’Encyclopédie Dalloz), droit
social (Pr Camerlynck) ou droit pénal (Pr. Émile Garçon) et les ouvrages de droit
anglais (Pr Anderman, Pr Uglow).

6. Dr Parvèz A.C. Dookhy (Secrétaire général de la Société des Juristes Francophones du


Commonwealth (Londres), Le Comité Judiciaire du Très Honorable Conseil Privé de sa Majesté la
Reine Elisabeth II d’Angleterre et le droit mauricien, Université Paris I Panthéon‑Sorbonne, Faculté
de Droit, présentée et soutenue publiquement le 26 février 1997, thèse pour l’obtention du
titre de Docteur en droit.
1022 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet

B – Le Comité Judiciaire du Conseil Privé : aspects généraux

Le rôle du Comité judiciaire du Conseil privé dans le système judiciaire


d’une autre nation fait débat. Alors que plusieurs grandes nations (l’Inde et le
Canada notamment) ont renoncé à cette juridiction, ainsi que certains pays du
Commonwealth (l’Australie et le Singapore), le Comité judiciaire du Conseil
privé perpétue ses jours de gloire et son titre de noblesse dans la petite île de la
République de Maurice7.
Il lui arrive de renverser sur son passage certaines des grandes décisions ren‑
dues par les juges de la Cour suprême8. C’est le cas tout récemment avec Total
Mauritius Limited (Appellants) v. Mauritius Revenue Authority (Respondents) 2010
PC No 989, décision rendue le 25 octobre 2011.
Ainsi (voir tableau ci‑dessous) les décisions des juges supposés suprêmes de
Maurice sont de plus en plus contestées devant le Comité du Conseil privé, aussi
bien en ce qui concerne les droits fondamentaux des citoyens que les droits poli‑
tiques et sociaux.

Arrêt de la Cour Suprême Décision CJCP


1 Lebon & Bonnenfant v. Aqua Salt Co. Autorise l’appel
Ltd 2007 PC No. 26
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2 Elaheebocus v. State of Mauritius 2007 Autorise l’appel mais seulement sur le
PC 75 nombre d’années d’emprisonnement
3 Fun World Co. Ltd v. Municipal Coun‑ Autorise l’appel
cil of Quatre Bornes 2008 PC No. 46
4 D. Hurnam v. K. Bholah 2 009 PC Le pourvoi est rejeté. Abuse of the process
No. 102/ 2010 UKPC 12/ Décision of the court.
rendue le 12 juillet 2010
5 Mirbel & Others v. Te State of Mauri‑ Autorise l’appel
tius 2009 PC No. 46/ 2010 UKPPC
16/ Decision rendue le 21 juillet 2010
6 Leedon Ltd b. Hurry 2009 SCJ No 84/ Le pourvoi est rejeté
2010 UKPC 27/ Decision rendue le 3
nov. 2010

7. R. P. Gunputh (2010), « Le Comité judiciaire du Conseil privé dans les anciennes colo‑
nies anglaises : les pouvoirs, compétences et mécanismes de pourvoi selon les lois en vigueur »,
in University of Mauritius Research Journal, Issue : Volume 16 ‑ Year 2010.
8. La section 75(1) de la Constitution prévoit que : « There shall be a Supreme Court for
Mauritius which shall have unlimited jurisidiction to hear and determine any civil or cri‑
minal proceedings under any law other than a disciplinary law and such jurisdiction and
powers as may be conferred upon it by this Constitution or any other law » alors que selon la
traduction française : « La Cour suprême de Maurice est investie d’une compétence générale
pour entendre et juger tout procès civil ou pénal en application de toute loi non disciplinaire.
Elle est également investie de la compétence et des pouvoirs qui lui sont conférés par la
Constitution ou tout autre loi ».
9. Selon Lord Phillips et Lord Mance : « For these reasons the Board has concluded that
the Supreme Court erred in holding that deposits were subject to income tax as trading
receipts, just as it erred in holding that they were chargeable to VAT. The appeal is accor‑
dingly allowed ».
Droit constitutionnel étranger : Ile Maurice et Seychelles 1023

Arrêt de la Cour Suprême Décision CJCP


7 G. Aubeeluck v. The State of Mauri‑ Autorise l’appel
tius 2009 PC No. 75/2010 UKPC 13/
Décision rendue le 21 juillet 2010
8 Société Royal Gardens et Compagnie & Autorise l’appel
138 Others v. The Mauritius Revenue
Authority 2009 PC No. 50
9 Parsooramen & Co. Ltd v. Nahaboo Autorise l’appel
2009 PC No. 62
10 Adamas Limited v. Mrs Y.T.P.H. Le pourvoi est rejeté
F. Cheung 2010 PC No. 22/ 2011
UKPC 32/ Décision rendue le 9 août
2011
11 Legal Representative of Succession of Le pourvoi est rejeté
Paul de Maroussem v. Director Gene‑
ral, Mauritius Revenue Authority 20
10 PC 81
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12 Marie & Vencadsamy & Others v. The Le pourvoi est rejeté. Pas de special leave
electoral Commissioner, The Electoral
Supervisory Commission and The State
of Mauritius 2010 PC No. 70
13 Sugar Investment Trust v. Jeetun 2010 Le pourvoi est rejeté
PC No. 99/ 2011 UKPC 47/ decision
rendue le 20 déc. 2011.

14 National Transport Authority v. Autorise l’appel


Mauritius Secondary Industry Limited
2010 PC No. 6/ 2010 UKPC 31/Déci‑
sion rendue le 13 déc. 2010
15 Moodoosoodun v. The State of Mauri‑ Autorise l’appel
tius 2010 PC No. 1/ 2010 UKPC 17/
Décision rendue le 21 juillet 2010

16 Li Chen Ling Kaw v. Société Piang Autorise l’appel


Sang Père et Fils 2010 PC No.
109/2012 UKPC 19/Décision rendue
le 23 mai 2012
17 Total Mauritius Ltd v. Mauritius Autorise l’appel
Revenue Authority 2010 PC No. 98/
2011 UKPC 40/ Décision rendue le 25
oct. 2011
18 DPP v. Bholah 2010 PC 59/ Autorise l’appel
2011UKPC 44
1024 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet

Arrêt de la Cour Suprême Décision CJCP


19 M. Toumany & J. Mullegadoo v. Autorise l’appel
M. Verasamy 2010 PC 117/ 2012
UKPC 13/ Décision rendue le 10 mai
2012
20 St Aubin Limitée v. Alian Jean Fran‑ Le pourvoi est rejeté
çois de Spéville 2011 PC No. 3/ 2011
UKPC 42/ Decision rendue le 23 nov.
2011
21 Dookee v. State of Mauritius 2011 PC Demande à la CS de revoir sa décision
No 26 ainsi que le nombre d’années imposé
22 Smegh Ltée v. Sh. Persad 2011 PC No. Le pourvoi est rejeté
9/ 2012 UKPC 23/ Décision rendue le
28 mai 2012

23 Patel v. Beenessreesingh and SICOM Autorise l’appel et rejette la décision


LTD 2011 PC No. 79/2012 UKPC 18 de la Cour d’appel civile

24 Celine v. The State of Mauritius 2011 Autorise l’appel


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PC No. 42
25 Beerjeraz v. Dabee 2011 PC No. Le pourvoi est rejeté
11Lamusse Sek Sum & Co. v. Late
Bai Rehmatbai Waqf 2011 PC No.
11/2012 UKPC 22
26 Lamusse Sek Sum & Co. V. WAQF Bai Autorise l’appel
Rehmabhai (Late) 2011 PC No. 66/
2012UKPC 14

Les décisions du Comité judiciaire du Conseil privé sont omniprésentes dans


les décisions locales. Elles sont souvent reproduites dans les décisions de la Cour
suprême de l’île Maurice et inspirent les juristes de tous bords et concernent
l’ensemble des disciplines du droit, privé, pénal, public, constitutionnel.
Pourquoi insister sur les décisions des Law Lords et maintenir le Comité
judiciaire du Conseil privé dans une institution judiciaire autonome et si indé‑
pendante ? Selon une décision de la Cour suprême du 04 novembre 1936 dans
l’arrêt Toolseeram Mungroo v. Seejooparsad Dahal MR 1937:

Quand ces juridictions françaises interprètent un texte incertain, il nous faut


hésiter très longtemps avant de statuer a l’encontre de leur opinion. Mais si nous consi‑
dérons qu’elles ont atténué un texte de loi ou ajouté à ses dispositions, nous ne devons
certainement pas les suivre. Si nous sommes dans l’erreur, l’autorité convenable pour
nous remettre dans le droit chemin est le Comité Judiciaire du Conseil Privé à Londres.
La Constitution de 1968 donne tous les pouvoirs nécessaires à la Cour suprême
afin que les juges puissent autoriser un pourvoi devant les Law Lords du Comité
judiciaire du Conseil privé sous certaines conditions. D’emblée, il faut préciser
Droit constitutionnel étranger : Ile Maurice et Seychelles 1025

que la Constitution de 1968 n’agit pas seule non plus. Elle est renforcée par
d’autres lois internes ainsi que certaines lois typiquement britanniques telles que
The Judicial Committee Act 1833 Act, The Statute of Westminster 1931 ainsi que The
Judicial Committee Act 1844, qui permettent aux Lords du Comité judiciaire du
Conseil privé de délibérer en toute sérénité et de rendre des décisions qui ont été
initialement délibérées dans un ou d’autres pays membres du Commonwealth
(Trinidad & Tobago) et qui l’ont maintenu malgré qu’ils sont des États souve‑
rains et judiciairement indépendants, et qu’il reste à élucider.
La section 81 de la Constitution de 1968 prévoit toutes les conditions de fond
alors que The Mauritius (Appeals to Privy Council) Order du 12 mars 1968 prévoit
les conditions de forme à remplir. Quand l’île Maurice devint la République
de Maurice le 12 mars 1992, le Parlement britannique promulgua aussitôt The
Mauritius Republic Act 1992 afin que la Reine d’Angleterre puisse conférer juri‑
diction aux Law Lords du Comité judiciaire du Conseil privé, grâce à un Order in
Council, The Mauritius Appeals to Judicial Committee Order 1992.
Désormais, le recours au Comité judiciaire du Conseil privé est possible à la
condition d’avoir eu l’autorisation de la Cour suprême et épuisé tous les recours
internes possibles (exhaust all available remedies). Mais cette instance d’outre‑mer
ne statuera pas comme une cour d’appel (Re Dillet 1887 12 App. Cas. 45910) et
l’intéressé (applicant) aura fait sa demande d’appel (Notice of Appeal) selon la sec‑
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tion XI (2)11 du Judicial Committee (Appellate Jurisdiction) Rules Order 2009 dans
un délai maximal de 56 jours. Les deux juges mauriciens12, dans Y.K. J. Yeung
Sik Yuen v. Ramdoo 2003 SCJ 318, rappellent que leur rôle est toutefois limité
aux conditions prévues à la section 81 de la Constitution et à la section 413 du
Mauritius (Appeals to Privy Council) Order1968.
Avec la perte de sa monarchie constitutionnelle, il va de soi alors que la
République de Maurice restera pays membre du Commonwealth et que cela ne
changera en rien les pouvoirs de la Cour suprême de la République de Maurice
d’autoriser ou pas un pourvoi, prévu à la section 81 de la Constitution de 1968,
au Comité judicaire du Conseil privé. Et néanmoins ce sera toujours un régime

10. Selon les Law Lords dans Re Dillet 1887 12 App. Cas. 459 : « In the present case
an Indian petition for special leave to appeal against conviction and sentence of death for
murder‑the only real point is a point for argument on a section of a statute, and al that the
petitioner can say is that it was wrongly decided. That is to ask the Board to sit as a Court of
Criminal Appeal and nothing else. »
11. Aux termes de la section 11(2) du Judicial Committee (Appellate Jurisdiction ) Rules
Order 2009 : « An application for permission to appeal must be filed within 56 days from
the date of the order or decision of the court below or the date of the court below refusing
permission to appeal (if later). »
12. Selon le juge K. P. Matadeen et le juge P. Balgobin dans l’arrêt Y.K. J. Yeung Sik Yuen
v. Ramdoo 2003 SCJ 318: « It is appropriate that we stress at the very outset and this at the
risk of stating the obvious, that we are not sitting on appeal over the decision of the Supreme
Court. The proper authority to hear the appeal is the Judicial Committee of the Privy Council
and the law regulating appeals to the Judicial committee of the Privy Council is to be found
in section 81 of the Constitution and the Mauritius (Appeals to Privy Council) Order1968.
Our role is simply to consider whether the applicants satisfy the test laid down in section 81
and to impose the conditions as required by section 4 of the Order. »
13. Selon la section 4 du Mauritius (Appeals to Privy Council) Order1968 : « The appellant
should enter into good and sufficient security to the satisfaction of the Supreme Court within a
period to be fixed by the court but not exceeding 90 days from the date of hearing. The section
also contains provisions about the preparation of the record and its dispatch to England. »
1026 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet

parlementaire avec un Premier ministre fort, digne de son pouvoir exécutif, et


pour assurer un équilibre parfait entre les institutions publiques. La doctrine de
la séparation des pouvoirs entre le pouvoir judiciaire, exécutif et législatif, sera
néanmoins maintenue, rappelle le Chef Juge Rault de la Cour Suprême dans
l’arrêt Mahboob v. Government of Mauritius 1982 MR 135. En l’espèce, il s’agissait
d’une vente entre la partie plaignante et un étranger que le pouvoir législatif
voulait usurper en validant cette vente alors même que la Cour Suprême l’avait
annulée. Cette décision a mis un point final à la question de savoir où commence
et où s’arrêtent les deux pouvoirs.
La démocratie et la stabilité entre les différentes souches sociales et eth‑
niques, souvent sur la corde raide, sont désormais assurées. Cela explique en
quelque sorte l’harmonie presque parfaite et l’amour partagé entre les différentes
communautés hindoues, tamoules, musulmanes, chinoises et créoles entre autres
tous des déracinés14 de la terre15. Les élections municipales et générales se ter‑
minent le plus souvent en une fête nationale et presque dans une joie retrouvée
entre les Malabars et les Créoles.

C – La protection des droits fondamentaux :


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métissage ou absorption ?

On parle ainsi assez souvent de ‘métissage juridique’ puisque le droit mau‑


ricien dans son ensemble est né de parents étrangers en l’occurrence le droit
romano‑germanique et la common law britannique. Peut‑on aussi parler d’un
métissage constitutionnel ? En effet, il est évident que certaines sections de la
Constitution, où la Cour suprême tire ses nombreux pouvoirs, sont empruntées
aux grands textes fondamentaux tels que la Déclaration universelle des droits
de l’homme de 1948 et la Convention européenne des droits de l’homme de
1950 entre autres. Évidemment, ses grands textes internationaux se retrouvent
au statut de droit interne et c’est ainsi que le Chapitre II de la Constitution
de 1968 prévoit les droits fondamentaux de chaque citoyen de la République
de Maurice.
Lorsque l’île Maurice obtient son indépendance en 1968, au terme d’un pro‑
cessus rapide et pacifique16, et devient la République de l’île Maurice le 12 mars
1992, le constitutionnalisme mauricien entre « brusquement dans une phase
d’intense activité volcanique » (Professeur Gérard Conac17). Les principaux
acteurs de l’indépendance de l’île Maurice insistèrent auprès des Britanniques

14. R. P. Gunputh (2006), « Du droit positif pour les déracinés de la terre dans les anciennes
colonies. La cas de l’ile Maurice » in Revue Juridique et Politique des Etats Francophones, n° 4,
octobre‑décembre 2006, pp. 530‑559.
15. R. P. Gunputh (2008), « Déportation dans la région de l’Afrique australe : l’affaire
Chagosienne ou l’histoire de l’extinction d’une peuple en exil », in Revue Juridique et Politique
des États Francophones, n° 2, juillet‑septembre 2008, pp. 315‑ 345.
16. L’île Maurice est l’un des rares pays, il faut le souligner, où l’indépendance s’acheva
dans la paix et sans la moindre goutte de sang.
17. G. Conac, « Le processus de démocratisation en Afrique », pp. 1 à 41 in G. Conac (dir) :
L’Afrique en transition vers le pluralisme politique, la vie du droit en Afrique, Economica, 1993,
517 p., p. 11
Droit constitutionnel étranger : Ile Maurice et Seychelles 1027

pour que le système légal mauricien soit doté d’une Constitution écrite, de
pouvoirs au Premier ministre calqués sur le modèle de Westminster, d’une Cour
suprême, d’un droit d’appel devant deux Cours d’appel (au civil et au cri‑
minel), d’une déclaration de droits fondamentaux. Certaines spécificités mau‑
riciennes seront retenues comme notamment le lien juridique maintenu avec le
Royaume‑Uni grâce au pourvoi devant le Comité judiciaire du Conseil privé.
Politiquement, Maurice est membre à part entière du Commonwealth avec des
échanges commerciaux (sucre, café, épices, tabac, le tourisme y compris le savoir
faire des Mauriciens entre autres). Autre spécificité : des droits électoraux basés
sur le système de best loser 18.
L’originalité de la Constitution de 1968 est ce qu’elle prévoit les droits fon‑
damentaux liés directement aux droits de l’homme. Mais son originalité n’est
pas substantielle. En effet, le Chapitre II de la Constitution de 1968, s’inti‑
tule « Protection des droits fondamentaux et des libertés individuelles », et une
lecture rapide des sections 3 à 16 soulignent qu’elles ont été inspirées, pour
ne pas dire copiées, des grands textes fondamentaux et tout particulièrement
la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et, évidemment, la
Convention européenne des droits de l’homme de 1950.
Le tableau ci‑après démontre le rapprochement frappant entre les diverses sec‑
tions de la Constitution de 1968 et les articles correspondants de la Déclaration
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universelle des droits de l’homme (DUDH) de 1948 et la Convention euro‑
péenne des droits de l’homme (CEDH) 1950.

18. R.P. Gunputh (2009), « Droit électoral. Projet de réforme électorale prospective en
droit constitutionnel ou la pratique du Best Loser System et du système proportionnel au
service du pluralisme ethnique : justice constitutionnelle ou injustice parlementaire ? » Revue
Française de Droit Constitutionnel (France), No. 78, avril 2009. pp. 431‑445.
1028 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet

Sections Constitution de 1968 DUDH CEDH


3 Droits fondamentaux et libertés indivi- Article 10 Article 5
duelles
4 Protection du droit à la vie Article 2‑1 Article 2,
Article 8
5 Protection de la liberté individuelle Article 5, Article 6
Article 10
6 Protection contre l’esclavage et le travail Article 4‑1 Article 3,
forcé Article 4
7 Protection contre les traitements inhu- Article 3 Article 3,
mains Article 4
8 Protection contre les atteintes à la pro- Article 17 Arti le 8
priété
9 Protection de l’intimité du domicile Article 12, Article 8
Article 13
10 Garantie du respect des droits de la Article 6‑1, Article 5,
défense Article 10, Article 7
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Article 11
11 De la liberté de conscience Article 16, Article 9,
Article 18 Article 12
12 De la liberté d’expression Article 19 Article 10
13 De la liberté de réunion et d’association Article 17, Article 11
Article 20‑2
14 De la liberté de fonder des écoles Article 26 Article 9
15 De la liberté d’aller et venir Article 13
16 Protection contre toute discrimination Article 7 Article 14

Selon le juge D.B. Seetulsingh19 sur la Constitution et les droits fondamentaux :

La Constitution donne elle aussi des pouvoirs considérables à la Cour suprême et


lui permet d’exercer efficacement son autorité. Les cours inférieures sont tenues de
soumettre chaque question ayant trait aux droits fondamentaux à la Cour suprême
qui est seule habilitée à interpréter la Constitution. Éventuellement, le justiciable
peut toujours faire appel au Comité judiciaire du Conseil privé. La Constitution
accorde au chef Juge le pouvoir de faire des règles de procédure en la matière. La per‑
sonne qui estime que ses droits ont été lésés doit en appeler à la Cour suprême dans
les six mois qui suivent. Cette période de prescription peut toutefois être étendue
par la Cour suprême s’il est prouvé à sa satisfaction que le retard était causé par des

19. D.B. Seetulsingh, Protection des droits fondamentaux et systèmes juridiques, Les appels au
Comité judiciaire du Conseil privé du Royaume Uni, Colloque international AUPELF‑UREF
à Maurice.
Droit constitutionnel étranger : Ile Maurice et Seychelles 1029

motifs raisonnables. La Cour suprême est ainsi le garant des droits fondamentaux,
protégeant les citoyens contre des abus.

Quoi qu’il en soit, inspirées ou pas, les sections 3 à 16 sont des véritables
remparts visant à protéger le suspect ou l’accusé contre les diverses allégations
pendant sa détention ou remand en bail selon les dispositions prévues au Bail
Act 1999, sa garde à vue ou en attendant son appel devant la Cour suprême
ou la Cour d’appel civile ou criminelle et au cas où sa requête en pourvoi est
acceptée par la Cour suprême, l’affaire sera entendue devant le Comité judiciaire
du Conseil privé, à Londres.
Ce dernier, en guise de conclusion, tranchera le point de savoir si la décision
de la Cour suprême ou éventuellement de la Cour d’appel civile ou cour d’appel
criminelle est une bonne ou mauvaise décision. Aucun juge de la Cour suprême
ou des Cours d’appels n’a rejeté ou contesté les décisions des Law Lords, en tout
cas jusqu’à présent.
Dans la grande affaire Bishop of Roman Catholic Diocese of Port Louis and Others
v. Suttyhudeo Tengur and Others 2004 les Law Lords expliquent qu’une réservation
de 50 % des élèves catholiques dans les collèges confessionnels est une violation
des droits de l’homme et est discriminatoire à l’égard d’autres communautés qui
existent sur l’île et renversent la décision de la Cour suprême qui avait mal‑
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heureusement affirmé autrement. Suttyhudeo Tengur, parent d’élève, contes‑
tait ce quota obligatoire par le Bishop of Roman Catholic Diocese of Port Louis and
Others, et gagna son procès en pourvoi devant le Comité judicaire du Conseil
privé. Malheureusement, cette décision du Comité judiciaire du Conseil privé n’a
jamais eu d’effet. Selon les Law Lords, la Constitution de la « République de Maurice
est claire et sans ambigüité ‘by precluding discrimination on grounds of religion…
where apparently discriminatory treatment is shown ».
Le Chapitre II de la Constitution de 1968 est à la fois une véritable Charte
des droits de l’homme et produit une source intarissable de la procédure crimi‑
nelle. Avec les sections 3 à 16 de la Constitution de 1968 les juristes locaux et
internationaux et autres défenseurs des droits de l’homme vont certainement
se plaire. Ils découvrent des droits fondamentaux constitutionnels qui sont
capables de protéger le suspect et/ou l’accusé pendant ou après son arrestation.
Et c’est à maintes reprises que le Comité judiciaire du Conseil privé a renversé
les décisions des juges de la Cour suprême pour vice de procédure et/ou viola‑
tions des droits de l’homme.
Ce Chapitre II est une véritable éponge des grandes conventions internatio‑
nales et régionales. Apportant plein de choses mais en fait rien de nouveau auto‑
matiquement on retrouve les mêmes droits de l’homme tels que le droit d’être
entendu devant une cour indépendante et impartiale, le droit d’être entendu
dans un délai raisonnable (Nordally v. Attorney General and DPP 1986 MR 204),
le droit au suspect ou l’accusé de se faire représenter par un avocat de son choix,
la non‑rétroactivité d’une loi pénale, protection du droit à la vie, protection de
la liberté individuelle (Sheriff v. District Magistrate of Port‑Louis 1989 MR 260),
protection contre l’esclavage et le travail forcé, protection sur les traitements
inhumains (Virahsawmy v. Commissioner of Police 1972 MR 255), protection contre
les atteintes à la propriété (Société United Docks v. Govt. of Mauritius 1985 AC 585
et Mahboob v. Government of Mauritius 1982 MR 135), protection de l’intimité du
1030 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet

domicile, garantie du respect de la défense, la liberté de conscience (Veeramootoo


v. Veeramootoo 1991 MR 39 et Minerve v. Minerve 1987 MR 45), la liberté
d’expression (Duval v. Commissioner of Police 1974 MR 130, Cie de Beau Vallon v.
Nilkomol 1979 MR 254), la liberté de réunion et le droit d’association (Duval v.
The Commissioner of Police 1974 MR 130), la liberté de fonder des écoles, la liberté
d’aller et venir (Coorbanally v. The Queen 1981 MR 369), protection contre toute
discrimination (Lagesse v. DPP 1990 MR 194, Jaulim v. DPP MR 1976, Matadeen
v. Pointu 1999 1 AC 98) entre autres.
Dans l’arrêt Joseph Stewart Celine (Appellant) v. The State of Mauritius (Respondent)
2011 PC No. 42 les Law Lords ont rendu leur décision le 16 août 2012. Ils ont
substitué une peine d’emprisonnement de dix‑huit mois pour faux en signature de
la Cour suprême, qui elle‑même a réduit la peine d’emprisonnement de trois ans
de servitude pénale imposée par la Cour Intermédiaire, à neuf mois d’emprisonne‑
ment au motif que l’État n’a pas permis à l’accusé d’avoir un procès juste et équi‑
table tenu dans un délai raisonnable (section 10 (1) de la Constitution de 1968).
Ces décisions locales démontrent et prouvent à la fois que les juridictions
inférieures ont négligé en quelque sorte les droits fondamentaux de chaque
citoyen et que les juges de la Cour suprême ont tant bien que mal redressé
ce préjudice et les Law Lords, à leur tour, ont envoyé un signal fort à la Cour
suprême dans les pourvois qui leur ont été soumis afin que les droits des citoyens
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mauriciens ne soient pas violés (comme cela a été le cas dans l’arrêt Bishop of
Roman Catholic Diocese of Port Louis and Others v. Suttyhudeo Tengur and Others 2004
PC No. 21 of 2003, Mauritius Commercial Bank v. Lesage).
Ce sont surtout des affaires criminelles qui mettent en doute ces droits fonda‑
mentaux. C’est le cas notamment de l’arrêt Wong 1985 où Wong fut coupable de
vol mais la section 86 du Courts Act 5/1945 qui permet au suspect d’être entendu
devant un autre magistrat en cas de mutation par exemple. Faute d’avoir été
rejugé, les Law Lords estiment que l’applicant n’a pu jouir d’un procès équitable.
Ce précédent a été suivi ensuite dans l’affaire Marday Curpen 1999 PC No. 1.
Tout récemment, dans l’arrêt Mauritius Commercial Bank v. Lesage, dans une
affaire de détournement de fonds, la Cour commerciale, présidée par le juge Paul
Lam Shang Leen, le 30 juin 2010, avait condamné Robert Lesage à verser près
de Rs 1 milliard, avec accumulations d’intérêts, à la MCB. En pourvoi devant
le Comité judiciaire du Conseil privé les Law Lords du Conseil privé de la reine
d’Angleterre ont ordonné, jeudi 20 décembre 2012, que le procès contre Robert
Lesage soit recouvert au motif qu’il pourrait y avoir une perception qu’il n’ait
pas eu droit à un procès juste et équitable, un des droits fondamentaux de la
Constitution de 1968. Toutefois, ce jugement ne remet nullement en cause le fond
de l’affaire qui sera de nouveau débattue par une cour différemment constituée.
Rajendra Parsad Gunputh

II – LA RÉPUBLIQUE DES SEYCHELLES

De façon très parallèle à Maurice, l’archipel des Seychelles fut colonie fran‑
çaise avant de passer sous souveraineté anglaise en 1810, ce qui fut confirmé en
Droit constitutionnel étranger : Ile Maurice et Seychelles 1031

1814 par l’article 8 du traité de Paris. L’héritage colonial, dans sa dimension


juridique, est caractérisé par un droit mixte en ce sens que le droit civil est subs‑
tantiellement d’origine française, contrairement au droit pénal et à la procédure.
Il existe un code civil20, et non un droit civil basé sur les précédents de Common
Law, qui tire son existence du Code Napoléon. Celui‑ci avait été promulgué
aux Seychelles le 21 avril 1808 par le Général Decaen. Il est resté en vigueur
jusqu’en 1976, date à laquelle il a été remplacé par le code civil des Seychelles,
qui représente : « la source du droit civil » (art. 4)21. Son article 5 précise : « Les
décisions judiciaires ne lieront absolument pas le juge mais auront une haute
autorité persuasive dont il ne se séparera que pour de bonnes raisons ».
L’indépendance fut acquise le 29 juin 1976 et, le 5 juin 1977, France Albert
René accéda au pouvoir par un coup d’État. Une Constitution fondée sur l’idéo‑
logie du parti unique fut adoptée le 26 mars 1979, ouvrant la voie d’une deuxième
République. Le multipartisme fut accepté le 3 décembre 1991. La Constitution
actuelle, celle de la troisième République, démocratique et multipartite, a été
approuvée par référendum le 18 juin 1993. Elle consacre une déclaration de
droits22 et retient que le Président est le chef de l’État et de gouvernement, com‑
mandant en chef des forces armées (article 50), et élu au suffrage universel direct

20. Pour la consultation du code : http://www.seylii.org/sc/legislation/consolidated‑act/33.


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21. Voir A.G. Chloros, Codification in a Mixed Jurisdiction. The Civil and Commercial Law of
Seychelles. Introduction and Texts, coll. European Studies in Law, vol. 3, Amsterdam, New‑York,
Oxoford, Noth‑Holland Publishing Compagny, 1977, 589 p.
22. Le Chapitre III de la Constitution, dans sa Partie I, détaille la Charte Seychelloise des
droits et libertés, comme suit :
Article 15. Droit à la vie
Article 16. Droit à la dignité
Article 17. Interdiction de l’esclavage et du travail forcé ou compulsif
Article 18. Droit à la liberté
Article 19. Droit à un procès équitable et public
Article 20. Droit à la vie privée
Article 21. Liberté de conscience
Article 22. Liberté d’expression
Article 23. Droit de réunion et d’association
Article 24. Droit de participer aux activités politiques
Article 25. Liberté de déplacement
Article 26. Droit de propriété
Article 27. Droit à une égale protection de la loi
Article 28. Droit d’accès aux informations officielles
Article 29. Droit à la santé
Article 30. Droit des femmes
Article 31. Droit des enfants
Article 32. Droit à la protection des familles
Article 33. Droit à l’éducation
Article 34. Droit au logement
Article 35. Droit au travail
Article 36. Droit des personnes âgées et des personnes handicapées
Article 37. Droit à la sécurité sociale
Article 38. Droit à un environnement propre, sain et équilibré
Article 39. Droit à la vie culturelle
1032 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet

pour un maximum de trois mandats de cinq ans (article 52). Le pouvoir législatif
est exercé par un parlement monocaméral, l’Assemblée nationale (article 85).
L’organisation juridictionnelle des Seychelles forme un système complexe et
original (article 119). Une partie conséquente des décisions produites, notam‑
ment par les cours supérieures (Cour d’appel ; Cour suprême ; Cour constitution‑
nelle) sont accessibles à partir du site Southern African Legal Information Institute
(SAFLII)23. Une rapide présentation générale s’impose. La plus haute juridiction
de l’État est la Cour d’appel des Seychelles et se présente comme la juridiction de
dernière instance, pour toutes les catégories de litiges, y compris ceux de nature
constitutionnelle. La Cour suprême est juridiction de première instance pour les
réclamations importantes en matière civile et pénale. Elle est chargée du contrôle
des décisions des cours inférieures, qui prennent pour nom : Magistrates Courts of
Seychelles. Celles‑ci ont compétence pour les litiges civils de faible importance et
pour les affaires criminelles les moins graves. Elles interviennent également pour
les premières étapes de la garde à vue. Toutes les décisions de la Cour suprême,
qui porte bien mal son nom, peuvent être portées devant la Cour d’appel. Un
certain nombre de juridictions inférieures spécialisées est aussi établi. Elles ont
compétence notamment pour les conflits de nature prud’hommale (Employment
Tribunals), les différends familiaux (The Family Tribunal) et les litiges entre pro‑
priétaires et locataires (The Rent Control Board). Cette hiérarchie judiciaire est
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« inhabituelle » dans les pays de Common Law et la toute proche Afrique du
sud le confirme. Selon le système judiciaire rénové qui y est consacré24, la Cour
constitutionnelle est au sommet de la hiérarchie judiciaire et possède des com‑
pétences exclusives, suivie de la Cour suprême, des hautes cours, dont la haute
cour d’appel, et des cours inférieures.
La Cour constitutionnelle des Seychelles est présidée par l’un des trois juges
de la Cour suprême. Elle est compétente pour connaître de toute violation de la
Constitution de la République des Seychelles, y compris portée par un particu‑
lier qui estime que ses droits constitutionnels ne sont pas respectés. Le droit de
recours contre une décision constitutionnelle est juridiquement admis devant la
Cour d’appel des Seychelles, qui de ce fait devient Cour constitutionnelle d’appel.

III – nomination des juges de nationalité étrangère.


impartialité et indépendance du juge. présentation
constitutionnelle. nomination présidentielle.

L’affaire Viral Dhanjee contre James Michel, Président de la République et 6 autres


(dont le juge Domah), Cour constitutionnelle, le 17 janvier 2012 (constitutional
case, n° 15 of 2011) mérite considération.
L’affaire soulève comme problématique générale la réalisation de la justice,
comme indépendante et impartiale, dans un aussi petit État que Les Seychelles
(env. 80.000 habitants) et aussi sur leur recrutement : comment y trouver des
23. Voir : http://www.saflii.org/content/seychelles‑index.
24. Duard Kleyn et Frans Viljoen, Beginner’s Guide for Law Students, Juta, 2002 , 3d ed.,
sp. p. 200.
Droit constitutionnel étranger : Ile Maurice et Seychelles 1033

juges compétents et qualifiés, y compris en faisant appel aux juges étrangers ?


En droit français, le recours aux juges de nationalité étrangère est inconstitu‑
tionnel, mais pas la contractualisation de l’office juridictionnel. Tous les juges
sont nommés par le Président de la République après leur présentation par l’au‑
torité constitutionnelle indépendante de nomination des juges (articles 123,
127 de la Constitution). Le recours à cette autorité est l’une des innovations de
la Constitution de 1993, par comparaison aux Républiques précédentes où le
Président avait l’entière maîtrise du processus de nomination. Désormais les pou‑
voirs sont partagés entre les deux autorités. La première sélectionne en toute indé‑
pendance (art. 139 (2)) ; la seconde nomme. Si le juge est de nationalité étrangère,
il peut être présenté et nommé pour une période ne dépassant pas plus de 7 années
(art. 131 (3)). Si des circonstances exceptionnelles sont démontrées, il peut être à
nouveau présenté et nommé, s’il a achevé son premier terme, que ce soit de façon
consécutive ou non, pour une période ne dépassant pas plus de 7 ans (art. 131 (4)).
Ce mécanisme est censé garantir l’impartialité des juges et témoigne de la
distanciation requise de l’exécutif dans la nomination des juges. Cette exigence
est particulièrement importante dans un petit pays où – insularité oblige – les
affaires mêmes judiciaires tendent à être très personnalisées. C’est donc un défi
que d’y rendre la justice. L’objectif de nomination doit être aussi : « immaculé,
transparent, juste et méritocratique » que possible. Seuls des hommes et des
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femmes « intègres, compétents expérimentés, indépendants et impartiaux »,
doivent être nommés.
Le requérant Viral Dhanjee, un homme politique de l’opposition, précédem‑
ment écarté de la course aux élections présidentielles par la Cour a quo (Dhanjee
v Electoral Commissioner and Others, Constitutional case n° 3, of 2011), porte
son affaire contre, outre le Président de la République, le juge Domah d’ori‑
gine mauricienne et le responsable de l’autorité constitutionnelle de nomina‑
tion des juges. Le juge Domah, juriste mauricien, membre de la Cour suprême
de Maurice, fin juriste, membre du Comité des Nations unies contre la tor‑
ture, avait été nommé pour une première période de moins de 7 ans (5 années).
Pouvait‑il être renommé pour une période de deux années supplémentaires ?
L’autorité le pensait25.
La Cour constitutionnelle va déclarer que la seconde présentation constitu‑
tionnelle, pour deux années, était illégale, n’ayant pas à envisager si la condition
liée aux circonstances exceptionnelles était établie. En effet, une prolongation,
quelles que soient les circonstances, exceptionnelles ou non, ne pourrait pas être
contractualisée. Pour la Cour, il y a lieu d’interpréter isolément l’art. 131 (3),
dans le cadre de cette affaire, dès lors que cette prolongation ne saurait tomber

25. Selon la lettre de l’autorité constitutionnelle : « Dear Mr. President, In accordance with
the powers conferred upon the Constitutional Appointments Authority by the Constitution of
the Republic of Seychelles, the Constitutional Appointments Authority hereby recommends
per approval the extension of the contract of Justice S.B. Domah for an additional two year
term as permitted by the Constitution (Article 131(3) in view of the exceptional circums‑
tances related to Justice Domah. Justice Domah’s contribution to the good performance of
the Seychelles Court of Appeal is very much appreciated by his colleagues and the public
in general. Apart from his extensive qualifications and experience he is among the few to be
familiar with the French Civil Law/Code Napoléon which largely serves as the basis of our
Civil Code. Copies of Justice Domah’s letter referring to above and that of the president of the
Court of Appeal’s recommendations are enclosed. »
1034 Rajendra Parsad Gunputh, Laurent Sermet

sous le chef de l’art. 131 (4). Le juge ne peut pas demander à prolonger son
mandat pour deux années. La Cour ne répond pas à la question suivante : le fait
de ne pas avoir effectué un premier mandat de 7 ans ouvre‑t‑il le droit à bénéfi‑
cier de l’art. 131 (4) ? Voilà pourquoi, la proposition de l’autorité indépendante
de nomination des juges est jugée inconstitutionnelle et la demande de prolon‑
gation de mandat est nulle et de nul effet depuis l’origine.
La position de la Cour constitutionnelle a été renversée par la Cour d’appel.
Deux décisions complémentaires ont été rendues.
La première concernait la récusation de l’entière Cour d’appel suspectée de ne
pas pouvoir rendre la justice, ici une suspicion légitime : James Alix Michel Mr.
and others v Mr. Viral Dhanjee and others, Case n° SCA 5 and 6 of 2012, Aug. 31,
2012 ( [2012] SCCA 23). La récusation a été repoussée à l’unanimité des trois
juges et l’opinion a été rédigée par le juge Matilda Twomey, première femme
juge aux Seychelles. La juge Twomey a visé l’article 19 (7) de la Constitution,
relatif à l’impartialité des juges, qui constitue la référence éthique de la fonc‑
tion juridictionnelle. Elle s’est ensuite tournée vers le droit constitutionnel
comparé, notamment la Cour constitutionnelle sud‑africaine, qui avait rejeté
le recours en défaut d’impartialité dirigé contre les juges constitutionnels, dans
une affaire mettant en cause le Président Mandela, dès lors que les juges avaient
été nommés par lui : Africa and Others v South African Rugby Football Union and
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Others ‑ Judgment on recusal application (CCT16/98) [1999] ZACC 9 ; 1999 (4)
SA 147 ; 1999 (7) BCLR 725 (4 June 1999). Dans cette affaire, le rejet de la
demande se fonda sur le « test » de l’appréhension raisonnable du juge de ses
fonctions et de l’exigence d’impartialité et d’indépendance.
Elle s’est aussi fondée sur la fameuse opinion du juge Trott dans l’affaire Pilla
v American Bar Association, 542F.2d 56, 59 (8th Cir. 1976) selon laquelle : « the
underlying maxim for the rule of necessity is that where all are disqualified,
none are disqualified ». Lorsqu’aucun juge n’est impartial, ils sont tous impar‑
tiaux. L’impartialité comme une qualité réversible ! Cette exception de nécessité
semble devoir s’appliquer parfaitement aux Seychelles selon la juge Towmey qui
emporte l’adhésion de ses deux collègues.
La juge Tomwey n’a pas cité la jurisprudence européenne, pourtant au fait
des questions d’impartialité objective, qui est dérivée de la Common Law et selon
laquelle : « Justice must not only be done, it must be seen as to be done » (Voir
Cour EDH, 17 janvier 1970, Delcourt c. Belgique, n° 2689/65, pour la toute pre‑
mière appropriation de l’adage par la Cour).
Puis, le même jour, l’affaire a été jugée au fond : James Alix Michel Mr. and
others v Mr. Viral Dhanjee and others, Case n° SCA N° 05 & 06 of 2012, Aug.
31, 2012, ([2012] SCCA 10). La juge Towney a rédigé l’opinion majoritaire.
Il n’y aurait pas lieu de mobiliser l’article art. 131 (4) de la Constitution dans
cette affaire car il s’agissait d’une extension du contrat initial, qui n’avait nul
besoin de l’aval de l’autorité constitutionnelle, et non pas d’un renouvellement
de contrat, qui la sollicite. Quant à la possibilité du Président de la République
d’accorder un contrat d’une période de 5 ans, elle ne saurait rencontrer aucune dif‑
ficulté constitutionnelle. Quant au juge Fernando, dans son opinion dissidente, il
semble reprocher au juge Domah une position critique au travers « d’une déclara‑
tion tout à fait injuste, injustifiée et injustifiable » envers les membres de la Cour
constitutionnelle, pour ne pas partager l’opinion majoritaire.

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